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Full text of "Glossaire etymologique et historique des patois et des parlers de l'Anjou; comprenant le glossaire proprement dit, des dialogues, contes, récits et nouvelles en patois, le folk-lore de la province"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/glossaireetymolo01verr 


Glossaire   Étymologique   et   Historique 

DES  PATOIS  ET  DES  PARLERS 

DE    L'ANJOU 


Il  a  été  tiré  dix  exemplaires  de  cet  ouvrage  sur  papier  de  Hollande 
numérotés  à  la  main  et  signés  par  les  auteurs 


GLOSSAIRE 

Etymologique  et  Historique 

DES  PATOIS  ET  DES  PADLERS 

DE   L'ANJOU 

Comprenant  le  GLOSSAIRE  proprement  dit 

des  DIALOGUES,   CONTES,  RÉCITS  et  NOUVELLES  en  patois 

le  FOLK-LORE  de  la  province 


A.-J.  VERRIER,  0   I   # 

Professeur  honoraire 

Membre  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts 

d'Angers 


R.    ONILLON 

Instiluteur  au  Longeron 


TOME   PREMIER 


—  Jîlors  que  qu'tu    illi   as   répond? 

—  Jî  ben  faillu  que  j'dise  oui  ! 

—   C'as  yu  tort,  faut  jamais  dire  rji  oui  ni  nori  ; 

faui liait  dire  : 

Vanquiers,  parce  que,  sais-tu  ben,   Vanquiers  oppose  de  men:, 


ANGERS 
GERMAIN    &    G.    GRASSIN,    IMPRIMEURS-ÉDITEURS 

4o,  rue  du  Cornet  et  rue  Saint-Laud 
1908 


^-  ■  / 


A  MES  CAMARADES  DU  COLLÈGE  DE  SAUMUR 

(1846-1856) 

A  MES  ANCIENS  ÉLÈVES  DU  LYCÉE  DAVID  D'ANGERS 

(1861-1863  ;  1868-1905) 

A.-J.  Verrier. 


A  LA  MÉMOIRE  DE  MON  PÈRE 

DE  MES  BONNES  TANTES  ET  DE  MES  GRANDS  PARENTS 

A  MA  VIEILLE  MÈRE  CHÉRIE 

A  MA  SŒUR  ET  A  MA  FEMME  DÉVOUÉES 

Je  dédie  ce  livre 

R.  Onillon. 


VIVE    L'ANJOU  ! 


POLKA    CHANTEE 


Paroles  de  M.  A.  J.  VERRIER 


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Musique  de  M.  X. . . 


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Vi  —  ve    V ANJOU  !  Lors   -    que     le     so 


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—    val, dans  mon  verre,  Ton 


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vin     pé    —    til 


le     —      ra  ' 


Vive  l'Anjou  I  —  Lorsque  le  soleil  dore 
Sur  tes  coteaux  du  pampre  rougissant 

Le  sang. 
Un  gai  sourire  en  mon  cœur  vient  éclore. 
Le  noir  chagrin 
Fuit  Vazur  de  mon  ciel  serein. 


Blonde  liqueur,  tu  verses  Vespérance 
Aux  malheureux  que  le  sort  jour  et  nuit 

Powsuit  ; 
Au  pauvre  l'or,  au  faible  la  puissance  : 
Devant  nos  yeux 
L'avenir  s'ouvre  radieux. 


Chantons  !  le  vent,  de  sa  légère  haleine, 
Emporte  au  loin  par  les  prés  et  les  bois 

Nos  voix  ; 

Nos  gais  refrains  s'envolent  dans  la  filaine. 

Dans  les  buissons 

Les  nids  écoutent  nos  chansons. 


Vive  l'Anjou  !  Quand  je  vois  dans  mon  verre 
En  scintillant  la  mousse  pétiller. 

Briller, 
Ne  suis-je  pas  le  maître  de  la  terre  ? 

Oui,  sur  ma  foi, 
Je  me  crois  plus  heureux  qu'un  roi. 


Salut,  pays  des  joyeuses  vendanges. 
De  la  gnilé,  des  chansons  et  des  fleurs, 

Nos  chœurs 
Célébreront  à  jamais  tes  louanges  ; 
Toujours  les  vins, 
Seront  l'iionneur  de  nos  Jestins. 

6 
Anjou,  salut  !  salut,  douce  lumière  ; 
Saïut,  vallons,  ruisseaux  qui,  par  tes  prés. 

Coure:  ; 
Anjou,  salut!  A  mon  heure  dernière 
Je  veu.x  bénir 
Encor  ton  charmant  souvenir. 


REFRAIN  (après  chaque  coui)let) 

Oui,  boira  qui  voudra 
Le  cidre  ou  bien  la  bière  ; 
Sans  rival  dans  mon  verre 
Ton  vin  pétillera. 


A.  Verrikr. 


(  Chez  tous  les  luthiers,  Piano  et  Chant,  0  fr.  50,  6<=  mille) 


LE  DEUXIÈME  VOLUME  COMPRENDRA 

A     '  — 

La  fin  du  Glossaire. 

B      — 

Deuxième  partie  :  Contes,  Récits,  Nou- 

velles, Dialogues  en  patois. 

C      — 

Troisième  partie  :  Le  Folk-Lore  -. 

I 

Chansons,  Rondes,  Danses. 

II 

'!]  Coutumes,  b)  Costumes. 

III 

Croyances,  Préjugés,  Superstitions. 

IV 

Culture. 

V 

Dictons. 

VI 

Formulettes. 

VII 

Jeux. 

VII 

Langage,    Phrases,    Anecdotes,    Devi- 

nailles. 

IX 

Légendes. 

X 

Mystifications    Amusettes. 

XI 

Noms  propres  :  a)  de  lieux, 

b)  de  familles. 

c)  Prénoms, 

d)  Seigneuries. 

XII 

Nourriture. 

XIII 

Pléonasmes,  Superlatifs. 

XIV 

Remèdes  populaires. 

XV 

Sorciers,  Sortilèges. 

XVI 

Temps. 

XVII 

Proverbes. 

XVIII 

Adages  et  Comparaisons. 

XIX 

Histoire. 

D      — 

Table  des  articles  de  Folk-Lore  dissé- 

minés dans  le  Glossaire. 

E      — 

Supplément  au  Glossaire 

F      — 

Errata. 

G      — 

Table  générale. 

AVANT-PROPOS 


COMMENT    JE    FFS    AMENE    A   ECRIRE 
CE    GLOSSAIRE 

Le  lecteur  qui  consultera  ce  Glossaire 
s'inquiétera  sans  doute  fort  peu  de  savoir 
comment  je  fus  amené  à  l'écrire  ;  mais  j'ai, 
moi,  besoin  de  le  raconter,  pour  expliquer 
les  imperfections  et  les  lacunes  qui  pourront 
s'y  rencontrer.  C'est  une  question  de  cons- 
cience. 

Il  y  a  quelque  trente-cinq  ans,  M.  C.  Port, 
l'archiviste  distingué,  l'auteur  d'ouvrages  si 
érudits  sur  l'Anjou,  dont  j'avais  alors  l'un  des 
fds  dans  ma  classe,  d'après  la  manière  dont  je 
corrigeais  les  copies  de  son  fds,  me  dit  un 
jour  :  «  Vous  me  semblez  avoir  des  disposi- 
tions pour  l'étude  de  l'étymologie  ;  procurez- 
vous  donc  la  Grammaire  et  le  Dictionnaire 
étymologique  de  Brachet  (alors  assez  ré- 
cents, 1869),  ils  vous  intéresseront.  » 

Je  suivis  son  conseil  et  je  lus  ces  ouvrages 
non  seulement  avec  curiosité,  mais,  je 
l'avouerai,  avec  passion.  Peu  à  peu,  j'enri- 
chis ma  biljliothèque  des  traités  qui  parais- 
saient sur  cette  question  un  peu  spéciale  et  je 
finis  par  avoir  de  cette  science  — car  c'en  est 
une,  actuellement  — ■  des  notions  assez  éten- 
dues, quoique  encore  bien  incomplètes,  je  le 
reconnais  humblement. 

Ces  études,  qui  m'intéressaient  si  vive- 
ment, je  crus  que,  présentées  d'une  certaine 
sorte  et  adaptées  aux  besoins  des  «  gens  du 
monde  »,  elles  ne  seraient  pas  sans  intérêt 
pour  le  grand  public. 

C'est  ainsi  que  parut,  le  10  décembre  1896, 
dans  le  Patriote  de  l'Ouest,  sous  le  titre 
Voyage  autour  de  ma  langue,  une  série  d'ar- 
ticles où  j'expliquais  l'étymologie  des  mots 
les  plus  curieux  de  notre  langue  française. 

Après  le  quatorzième  article,  M.  Xarquet, 
qui  m'avait  introduit  au  Patriote,  quitta  la 
direction  de  ce  journal,  où  je  ne  fus  pas  prié 
de  continuer  ma  collaboration. 

î-e  Petit  Courrier  m'offrit  alors  son  hospi- 
talité. J'y  entrai  le  20  juillet  1897  et,  sous  le 


titre,  un  peu  modifié,   de   Zigzags  autour  de 
ma  langue,  je  continuai  ces  études. 

On  me  permettra  de  rappeler  que  j'avais 
imaginé,  pour  me  servir  d'interlocuteur,  un 
certain  Brigadier  des  douanes,  type  assez 
bien  venu,  sans  fausse  modestie,  dont  on  me 
parle  souvent  encore,  quoique  j'aie,  forcé- 
ment, dû  le  laisser  depuis  à  la  surveillance  de 
son  port  '. 

Un  beau  jour,  au  n"  53,  15  avril  1901, 
j'eus,  par  hasard,  à  expliquer  quelques  mot; 
de  patois  angevin,  dont  un  lecteur  me  de 
mandait  le  sens.  J'eus  le  bonheur  de  satis 
faire  sa  curiosité  et  celle  de  bien  d'autres 
personnes,  qui  m'écrivirent  en  m'adressanl 
d'autres  vocables.  «  Voilà  votre  voie  »,  me 
disait-on. 

Une  lettre,  entre  autres,  me  décida.  Un 
vieil  abonné  me  disait  :  «  Ah .!  Monsieur,  vour. 
ne  sauriez  croire  le  plaisir  que  j'ai  eu  à  lire, 
dans  votre  dernier  Zigzag,  l'explication  du 
simple  mot  :  Echilette.  Il  m'a  rappelé  tou:: 
mes  chers  souvenirs  d'enfance,  alors  que, 
armé  de  ces  clochettes,  je  précédais,  en  les 
brandissant  joyeusement,  la  procession  des 
Rogations  par  les  sentiers  de  la  campagne 
que  j'habitais  !  » 

De  plus,  certains  lecteurs  me  reprochaient 
d'apporter  trop  de  science  —  mettons  pédan- 
terie —  dans  mes  explications  ;  il  y  avait 
même  eu  des  plaintes  à  ce  sujet,  adressées  au 
directeur  du  journal,  mieux  que  cela,  des 
menaces  de  désabonnement...  Il  était  si 
facile  de  ne  pas  me  lire  !  D'autres,  par  contre 
y  prenaient  le  plus  vif  plaisir. 

Ces  excursions  dans  le  domaine,  si  riche,  du 
patois  seraient  peut-être  mieux  accueillies. 

Une  diiïiculté,  toutefois,  se  présentait  ici. 
Je  ne  suis  pas  un  patoisant,  on  me  l'a  même 
reproché,  et,  je  l'avoue,  mon  fonds  personnel 
de  vocables  ne  m'eût  pas  mené  bien  loin. 

Comme  j'en  parlais  dans  un  cercle  d'amis, 
l'un  d'eux  me  dit  :  «  J'ai  un  cousin  qui 
s'occupe  de  patois  depuis  une  vingtaine 
d'annés  ;  je  lui  connaies  un  superbe  manus- 

'  Ce  numùro  et  les  suivants  renvoient  aux  Notes 
complémentaires  placées  après  la  Préface. 


AVAXT-PIiOPOS 


crit,  répertoii'c  des  mois  particuliers  à  la 
région  de  Monljean.  Peut-être  consentirait-il 
à  vous  le  prêter.  » 

J'écrivis  à  M.  René  Onillon,  qui  s'em- 
pressa gracieusement  de  mettre  à  ma  dispo- 
sition un  manuscrit  de  761  pages,  grand 
in-quarto,  calligraphié  avec  le  soin  qu'ap- 
portent à  ces  travaux  MM.  les  Instituteurs, 
encadré  de  filets  rouges  et  richement  relié. 

Je  pouvais  me  lancer. 

De  tous  côtés,  les  renseignements  affluèrent, 
très  intéressants,  très  curieux.  A  Angers 
même,  sur  les  boulevards,  dans  les  tramways, 
dans  les  rues,  des  amis,  des  inconnus  m'abor- 
daient, et  ceux-ci  :  «  C'est  vous  qui  êtes 
M.  V.,  me  disaient-ils,  connaissez-vous  le  mot 
jambion?  » 

Et  le  trésor  de  mes  notes  s'enrichissait 
chaque  semaine.  J'ai  recueilli,  personnelle- 
ment, à  ce  jour,  10.652  fiches  (8  avril  1908). 

Malheureusement,  au  début,  n'ayant  nulle- 
ment la  pensée  de  les  réunir  et  de  les  publier 
plus  tard,  je  négligeai  de  prendre  des  rensei- 
gnements sur  les  lieux  d'origine,  la  pronon- 
ciation, etc.  Mes  correspondants  étaient,  le 
plus  souvent,  anonymes  (je  dirai  plus  loin 
pourquoi)  ;  aussi  une  ou  deux  centaines  de 
mots  du  Glossaire  laissent-ils  à  désirer  sur  ces 
points. 

Aujourd'hui,  j'ai  réuni  plus  de  20.000  mots, 
et  je  suis  loin  d'être  complet,  je  le  reconnais. 
Mais  notre  œuvre  ne  sera  pas  inutile  à  celui 
qui,  plus  tard,  voudra  essayer  de  faire  mieux. 

D'une  part,  donc,  de  nombreux  correspon- 
dants patoisants,  mais  ne  pouvant  ou  ne 
voulant  rien  publier  ;  de  l'autre,  moi,  assez 
ignare  en  cette  matière,  mais  tout  prêt  et 
résolu  à  y  consacrer  mon  temps  et  mon  étude 
et  à  en  faire  une  œuvre. 

Cela  rappelle  la  célèbre  fable  de  V Aveugle 
et  le  paralytique  de  Florian,  le  premier  ne 
voyant  pas  à  se  conduire,  le  second  incapable 
de  marcher.  Ils  font  société,  l'un  portant 
l'autre.  Morale  : 

Nous  vous  présentons  le  résultat  de  cette 
collaboration. 


II 


DE    L  UTILITE    DU    GLOSSAIRE 

M.  LiTTRÉ  a  défini  le  patois  :  «  Un  dialecte 
qui,  n'ayant  plus  de  culture  littéraire,  sert 
seulement  aux  usages  de  la  vie  commune.  » 

Et  M.  L.  Favre,  qui  le  cite,  ajoute  :  «  Cette 
définition  est  très  exacte.  Le  patois  n'est  pas 
une  corruption  d'une  langue  correcte,  c'est 
une  vieille  langue  abandonnée  par  les  classes 
supérieures  de  la  société  et  restée  dans  les 
couches  inférieures  de  la  population.  Cette 
persistance  du  vieux  langage  se  remarque 
surtout  à  la  campagne,  dans  les  localités  où 
le  peuple  n'est  point  en  contact  avec  les 
hommes  instruits,   éclairés,   qui  suivent  les 


modifications  et  les  perfectionnements  de  la 
langue.    » 

Etait-il  bien  utile  de  réunir  et  de  conserver 
tous  ces  vieux  mots  de  patois,  toutes-  ces 
formes  de  parler  connues  de  nos  pères,  dont 
plusieurs  déjà  ont  disparu  ou  ne  se  trouvent 
plus  que  dans  le  souvenir  ou  sur  les  lèvres 
de  personnes  très  âgées? 

Nous  l'avons  cru.  D'ailleurs,  toutes  les  pro- 
vinces de  France  ont  un  Glossaire  de  leur 
patois,  un  Folk-Lore  de  leurs  vieilles 
croyances  et  superstitions.  En  Anjou,  nous 
avons  seulement  l'œuvre  de  M.  Ménière, 
tirée  à  fort  peu  d'exemplaires,  peu  connue 
et  introuvable.  Elle  contient  3.987  mots. 

On  voit  que  nous  l'avons  plus  que  quin- 
tuplée. Mais  M.  Mén^ière  a  un  grand  mérite, 
c'est  d'avoir  songé  le  premier  à  ce  Glossaire. 
Nous  lui  avons  fait  de  nombreux  emprunts, 
que  nous  lui  attribuerons,  d'ailleurs,  au 
passage. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  citer  ici  une 
lettre  bien  spirituelle  —  mais  un  peu  longue 
—  où  Ch.  Nodier  raille  le  Conseil  d'arrondis- 
sement de  Cahors  d'avoir  décrété  la  suppres- 
sion du  patois  dans  cette  région.  On  la  trou- 
vera dans  le  Dictionnaire  des  termes  du  vieux 
français,  par  Borel,  revu  et  complété  par 
L.  Favre,  t.  II,  p.  235,  à  Niort,  chez  L.  Favre, 
1882  (2). 


III 


QUELS    MOTS    NOUS    AVONS    ADinS 

Le  Glossaire  est  intitulé  :  Glossaire  des 
patois  et  des  parlers  de  l'Anjou. 

Nous  y  avons  donc  admis,  non  seulement 
les  vocables  véritablement  patois,  mais  la 
plus  grande  partie  des  vocables  français 
défigurés  par  une  prononciation  vicieuse,  par 
exemple  :  Russypère  pour  Erysipèle,  quoique 
ces  formes  soient  rejetées  de  plusieurs 
œuvres  similaires  ;  nous  avons  pensé  qu'elles 
ofTraient  un  véritable  intérêt.  C'est  un 
curieux  tableau  de  la  déformation  des 
mots  (3). 

Entre,  en  principe,  dans  notre  Glossaire, 
tout  mot  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  Nouveau 
dictionnaire  de  Pierre  Larousse,  1906.  Si  nous 
admettons  quelques-uns  de  ceux-ci,  c'est  que 
l'explication  que  nous  en  donnons  offrira  un 
intérêt  particulier. 

L'n  Glossaire  de  patois  n'étant  pas  un 
Dictionnaire  des  Précieuses,  on  trouvera 
dans  le  nôtre  bon  nombre,  trop  peut-être,  de 
mots  qui  ne  .sont  pas  de  la  bonne  compagnie, 
trivials,  grossiers  même.  Mais  quoi  !  un 
peintre  peut-il  oublier,  en  conscience,  une 
verrue  sur  le  nez  de  son  modèle? 

Nous  avons  cependant  banni  avec  soin 
tous  les  termes  obscènes  ou  pornographiques, 
ceux  que  l'on  évite  de  prononcer  même  entre 
hommes.  Pour  les  autres  —  qu'on  nous 
excuse  —  nous  avons,  loyalement,  cru  bien 


AVANT-PROPOS 


faire  en  les  accueillant  dans  ce  répertoire  qui 
serait,  en  vérité,  incomplet  sans  eux. 

Et  nous  les  avons  écrits  intégralement, 
nous  appuyant  —  s'il  le  fallait  —  sur  d'il- 
lustres modèles.  Que  signifie  cette  fausse 
pudeur  d'indiquer  certains  mots  par  leur 
initiale?  Ce  qui  se  lit  mentalement  ne  peut-il 
s'écrire?  On  en  voit  bien  d'autres  dans  les 
livres  spéciaux  de  médecine  !  Permis  à  cer- 
taines personnes  de  demander  à  leur  boucher 
une  indécence  de  veau  ;  nous  nous  exprimons, 
nous,  d'autre  sorte,  sans  cependant  emprun- 
ter à  Rabelais  ses  obscénités. 

Il  existe  des  Dictionnaires  cT  Argot  ;  nous 
n'avons  donc  fait  qu'une  place  très  res- 
treinte à  la  langue  verte,  au  Slang  des 
Anglais. 

Nous  avons  accueilli  des  termes  désuets, 
mais  se  trouvant  dans  de  vieux  auteurs 
angevins. 

N.  —  Tout  mot  imprimé  en  italiques  doit 
se  trouver  dans  le  Glossaire,  sans  qu'il  ait 
besoin  d'être  suivi  de  l'indication  :  V.  c.  m., 
ou  :  Voyez  ce  mot.  On  devra  également  y 
chercher  tous  les  mots  qui  ne  sont  pas  du 
bon  français. 


IV 


nous  vous  en  prions,  non  par  ce  qui  manque, 
mais  par  ce  que  vous  trouverez  dans  ce 
volume. 

Nous  n'avions  pas  à  parler  des  noms  de 
lieux  ;  nous  ne  l'avons  fait  que  rarement  ;  on 
consultera  à  ce  sujet  le  Dictionnaire  de 
M.  C.  Port. 

Nous  avons  expliqué  les  noms  de  baptême 
les  plus  familiers,  des  abréviations,  ordinai- 
rement. 

Les  noms  propres  d'hommes  sortaient 
aussi  de  notre  cadre  :  nous  avons  cependant 
recueilli  les  plus  intéressants.  Dans  le 
Bulletin  de  la  Société  des  Sciences,  Lettres  et 
Beaux-Arts  de  Cholet  et  de  l'arrondissement 
(1889),  M.  le  D''  L.  Pissot  a  publié  une  étude 
très  intéressante  sur  les  noms  propres  du 
pays  choletais,  qu'on  lira  avec  plaisir.  Elle  en 
contient  environ  500,  pages  423  et  suivantes 
(Cholet,  imprimerie  de  H.  Farré,  rue  du 
Verger,  1890). 

Celui  qui  voudra  compléter  notre  oeuvre 
devra  interroger  des  ouvriers  de  tous  les 
corps  de  métiers  pour  dresser  la  liste  des  noms 
patois  de  tous  les  outils  et  de  toutes  les  locu- 
tions qu'ils  emploient. 

Et  cela  dépassera  de  beaucoup  la  fameuse 
énumération  que  fit  Homère  des  vaisseaux 
grecs  dans  son  Iliade. 


NOTRE    TITRE    EST-IL    JUSTIFIE   : 

Le  Glossaire  des  patois  et  des  parlers  de 
l'Anjou  contient  des  termes  envoyés  de 
333  localités  de  cette  province  ;  notre  titre 
est  donc  à  peu  près  justifié. 

Mais  nous  devons  avouer  loyalement 
encore  ici  que,  si  nombre  de  régions  sont 
assez  complètes,  d'autres  le  sont  moins  et  il 
y  aurait  beaucoup  à  glaner  après  nous. 

M.  R.  Onillon  a  sui'tout  traité  les  régions 
de  Montjean,  Saint -Paul -du -Bois,  Saint- 
Augustin,  Tout-le-Monde,  Le  Longeron,  etc., 
qu'il  a  habitées.  V.  sa  note  :  «  Mes  Sources  », 
à  la  suite  du  11*^  tableau. 

Grâce  à  mes  correspondants,  le  Saumii- 
rois,  le  Baugeois,  les  environs  d'Angers,  le 
Segréen,  Lue,  Saint-Aubin-de-Luigné  ont 
fourni  un  assez  fort  contingent  à  notre 
œuvre. 

Peut-être  un  peu  ti'o])  vendéen  au  sud,  pas 
assez  angevin  au  nord.  Mais  le  temps  nous 
presse.  A  notre  âge,  c'est  folie 

De  compter  sur  dix  ans  de  vie. 

Puisse  cet  aveu  désarmer  la  crili({ue. 

Pensez  aux  Suppléments  du  Dictionnaire 
de  LiTTRÉ  ;  c'est  pourtant  celui  de  la  langue 
française,  à  peu  près  fixée,  celle-là. 

Songez  que  le  remarquable  Glossaire  du 
Centre  de  la  France,  de  M.  le  comte  Jaxjbert, 
dont  on  vient  de  donner  une  nouvelle  édi- 
tion (la  deuxième,  de  1864,  a  732  pages,  sur 
deux  colonnes,  in-4o),  a  commencé  par  une 
très  mince  plaquette  de  122  pages  (1842). 

Et,  encore  une  fois,  jugez-nous,  lecteurs, 


CHAPITRE  V 

DE    l'ordre    alphabétique    OBSERVÉ 

Nous  n'avons  rien  innové.  Une  seule 
remarque  :  Dans  les  noms  composés,  nous 
n'avons  pas  tenu  compte  de  la  préposition  ou 
de  l'article  simple  ou  composé  qui  peuvent 
les  unir  ;  nous  les  considérons  comme  s'ils 
étaient  simples,  prenant  modèle  sur  le  Dic- 
tionnaire général.  Ex.  :  Garde-mine,  Gar- 
dénia, Garde-noble  ;  Hautain,  Haut-à-bas, 
Haut-à-haut. 


VI 


DE    l'orthographe    ADOPTÉE 

Le  même  mot  patois  nous  a  été  souvent 
envoyé  sous  cinq  ou  six  graphies  différentes. 
Et  cela  s'explique  d'après  la  façon  dont  il 
est  prononcé  dans  chaque  région.  Le  mot 
Un,  par  exemple,  se  prononce  :  eun,  eune  ; 
in,  ine  ;  ieun,  ieune,  etc.  Nous  avons 
accueilli  toutes  ces  formes. 

Quant  aux  mots  qui  se  prononcent  sen- 
siblement de  la  même  manière,  nous  avons 
adopté  la  graphie  qui  se  rapprochait  le  plus 
"de  la  française. 

Souvent,  ces  différences  de  graphies,  pro- 
venant de  la  prononciation,  sont  ;très  pré- 
cieuses pour  mettre  sur  la  voie  du  sens.  Je 
désespérais  de  comprendre  le  mot  Aclopin, 


XII 


AVAXT-PlîOPOS 


lorsque  le  mot  Aplopin  m'éclaii'u  (ruiie  vive 
lumière  eu  me  conduisaul  à  Hap])elopiu,  la 
vraie  forme,  que  donne  Litteé. 

Sollicités  par  quelques-uns  d'adopter  le 
système  Gilliéron  et  Rotjsselot  pour 
l'impression  de  notre  Glossaire,  nous  nous  y 
sommes  nettement  refusés.  Nous  sommes 
loin,  certes,  de  le  blâmer  ;  il  offre,  par  ses 
caractères  typographiques  particuliers,  une 
excellente  notation  de  la  prononciation  et,  en 
somme,  en  un  quart  d'heure,  on  peut  se  fami- 
liariser avec  l'étude  de  cet  alphabet.  Il  est 
donc  très  scientifique. 

Mais  quelle  difficulté  quand  il  s'agit  de 
consulter  les  Glossaires  imprimés  d'après 
ce  système  ! 

Pour  ti'ouver  un  mot,  il  faut  d'abord 
savoir  où  il  se  trouve  ! 

Je  cherche  :  Imbécile  ;  il  est  noté  Embisil, 
avec  un  accent  circonflexe  sur  l'E.  Jamais 
je  n'aurais  été  le  chercher  à  la  lettre  E.  — - 
Il  faut  chercher  par  un  W  (et  il  y  en  a  de 
deux  sortes)  :  oie,  ouailles,  oiseau,  ouigner  — 
neil,  huis,  huileux,  huisserie. 

Outre  le  désordre  qui  en  résulte,  il  y  a  la 
question  de  frais  ;  toutes  les  imprimeries  ne 
sont  pas  munies  de  ces  caractères.  Il  nous 
aurait  fallu,  enfin,  toute  la  science  d'investi- 
gation et  les  connaissances  approfondies  de 
M.  Ch.  DoTTiN,  par  exemple,  pour  oser  mar- 
cher sur  les  traces  de  l'éminent  auteur  des 
Parlers  du  Bas-Maine  ou  de  la  commune  de 
Pléchâtel.  Notre  œuvre  est  plus  modeste  et 
moins  scientifique. 

Nous  avons,  à  l'occasion,  indiqué  de  notre 
mieux,  après  le  mot,  la  prononciation  pa- 
toise  ;  ainsi,  à  :  berouette  nous  avons  ajouté 
(boérouéte).  Le  gl,  cl,  etc.,  est  souvent 
mouillé,  nous  en  prévenons.  Ainsi  de  suite. 


VII 

LA    MATIÈRE    DE    CHAQUE    MOT 

Après  chaque  mot  se  trouveront  :  1°  la 
provenance  (souvent)  ;  2"  la  prononciation, 
au  besoin  ;  3°  l'espèce  du  mot  ;  4"  son  explica- 
tion ;  5°  ses  sens  différents  ;  6"  des  exemples  à 
l'appui  ;  7"  l'étymologie  ;  8°  l'historique. 


\  III 

PROVENANCE     — ■     PRONONCIATION     ESPECE 

EXPLICATION    SENS    EXEMPLES 

Toutes  les  fois  que  nous  l'avons  pu,  nous 
avons  indiqué,  en  abrégé,  la  provenance  du 
mot,  en  notant  toutes  celles  qui  nous  sont 
parvenues.  On  trouvera  plus  loin  le  tableau 
de  ces  abréviations. 

Il  faudi'ait  bien  se  garder  de  croire,  d'ail- 
leurs, qu'un  mot  suivi  de  :  (Mj.,  Lg.,  Lue, 
Sar.)  ne  soit  usité  qu'à  Montjean,  au  Longe- 


ron, à  Lue  et  à  Saumur  ;  il  peut  l'être  dans 
bien  d  autres  localités  et  même  dans  tout  le 
département.  Cela  veut  simplement  dire  qu'il 
nous  est  venu  de  ces  quatre  contrées. 

La  prononciation  est  figurée  de  notre  mieux 
quand  elle  diffère  de  la  façon  de  parler  cor- 
recte. 

Je  n'insiste  pas  sur  l'espèce  du  mot,  le 
genre  et  le  nombre  ;  le  genre  est  intéressant 
à  constater,  il  n'est  pas  toujours  le  même 
qu'en  français. 

Pour  le  sens,  à  moins  d' indication  contraire, 
il  est  d'abord,  sans  que  nous  le  mention- 
nions, le  même  qu'en  français  ;  puis  nous 
énumérons  les  sens  particuliers  au  patois. 

Ce  sens  est  presque  toujours  corroboré  par 
des  exemples. 

Quand  le  mot  patois  a  plusieurs  graphies, 
nous  ne  répétons  pas  à  toutes,  cela  va  de  soi, 
toutes  ces  explications,  nous  renvoyons  à 
celle  que  nous  considérons  comme  la  princi- 
pale, quel  que  soit,  d'ailleurs,  son  ordre 
alphabétique. 

J'ai  pris,  dans  bien  des  cas,  le  parti  d'être 
plus  explicite,  plus  clair,  plus  complet  que 
cela  ne  pourra  sembler  nécessaire  en  voyant 
le  nombre  de  nos  souscripteurs  étrangers. 
(A.  V.) 


IX 


L  ETYMOLOGIE 

Ici,  j'abandonne  le  nous  collectif  et  prends 
la  parole  en  mon  nom  personnel. 

J'aurais  volontiers  dit  —  mais  je  n'ai  pas 
été  enfermé  dans  ce  dilemme  :  Le  Glossaire 
sera  étymologique,  ou  il  ne  sera  pas. 

Et,  cependant,  je  m'en  rends  bien  compte, 
cette  partie  était  la  plus  périlleuse,  la  plus 
«  gandilleuse  »  à  traiter.  Cette  considération 
ne  m'a  pas  fait  reculer. 

Prenons,  par  exemple,  le  mot  Lucet.  Si 
j'ajoute  seulement,  comme  le  font  la  plu- 
part des  Glossaires,  cette  explication  : 
«  Petite  porte  »,  je  comprends  que  plus  d'un 
lecteur  ne  sera  pas  satisfait  :  sa  curiosité  est 
éveillée,  il  veut  en  savoir  plus  long,  pourquoi 
ce  vocable  a-t-il  ce  sens? 

Si  j'explique  que  ce  mot  doit  être  dédoublé, 
qu'il  est,  en  réalité,  composé  d'un  nom  et  d'un 
article  qui  ont  fini  par  se  souder,  comme  tant 
d'autres  exemples  pourraient  en  être  donnés, 
qu'il  est  mis  pour  l'usset,  et  mieux  :  l'husset, 
pour  l'huisset,  le  petit  huis,  du  latin  Ostium  ; 
si  je  rappelle,  pour  corroborer  mon  dire,  que 
nos  patoisants  prononcent  l'hussier  pour 
l'huissier,  la  clarté  se  fait  et  la  curiosité  est 
satisfaite. 

La  science  étymologique  a  fait  d'immenses 
progrès  depuis  trente  ans,  grâce  aux  ouvrages 
des  Braghet,  Littré,  Diez,  Scheler, 
Hatzfeld,  Thomas  et  Darmesteteb, 
M.  Bréal,  g.  Paris  et  tant  d'autres  encore. 
Oui,   c'est  bien   véritablement  une  science, 


AVANT -PROPOS 


ayant  sa  méthode  et  ses  règles  (voir  l'admi- 
rable introduction  du  Dictionnaire  général). 

Jadis,  il  fallait,  à  tout  prix,  trouver  l'ori- 
gine d'un  mot,  on  ne  reculait  devant  aucune 
absurdité.  Notre  compatriote  Ménage  s'est 
fait  une  réputation  légendaire  par  ses  déduc- 
tions inénarrables,  d'un  comique  achevé. 

Soit  le  mot  Haricot.  Il  y  a,  dans  la  langue 
latine,  le  mot  Faba,  d'où  fève  ;  il  a  dû  former 
le  mot  haricot,  et  voici  les  transformations 
successives  du  mot  latin  :  «  Faba,  fabarius, 
fabaricotus,  faricotus,  haricot,  par  le  chan- 
gement ordinaire  de  l'f  en  h  :  comme  en  hors, 
de  foris,  en  habler,  de  fabulari.  » 

Le  Dictionnaire  général  dit  :  «  Origine 
inconnue  »,  ce  qui  est  plus  honnête.  Parfois, 
cependant,  on  peut  se  hasarder  à  en  propo- 
ser une,  sous  toutes  réserves.  Et  on  a  raison, 
cela  est  suggestif  et  peut  mettre  sur  la  voie  {a). 

Nous  n'avons  donné  que  l'étymologie  des 
mots  vraiment  patois,  à  part  quelques  excep- 
tions pour  des  termes  vraiment  bien  curieux. 
Quand  elle  est  des  plus  claires,  même  pour 
les  moins  instruits,  je  la  néglige. 

Pour  m'excuser  d'avoir  proposé  parfois 
des  étymologies  incertaines,  je  citerai  ce  pas- 
sage de  G.  Paris  :  «  Un  Dictionnaire  vraiment 
étymologique  doit  suivre  l'histoire  d'un  mot 
jusqu'à  sa  plus  ancienne  forme  connue  et 
même  supposable.  »  {Revue  des  Deux  Mondes, 
15  septembre  1901.) 

Au  risque  de  paraître  prolixe  et  de  «  che- 
vaucher mon  dada  »,  je  continuerai  à  citer 
l'illustre  savant  :  «  Cette  continuité  et  cette 
évolution  du  français  remontent  beaucoup 
plus  haut  qu'on  ne  s'en  rend  généralement 
compte.  Le  français  moderne,  langue  litté- 
raire et  langue  commune  de  la  nation,  n'est 
qu'une  variété  dialectale  —  originairement 
propre  à  l'Ile-de-France  —  du  latin  parlé. 
Le  premier  monument  qu'on  ait  de  ce  latin  — 
devenu  à  la  longue  très  différent  du  latin 
écrit  —  est,  on  le  sait,  le  fameux  texte  des 
serments  échangés  à  Strasbourg,  en  842, 
entre  les  fds  de  Louis-le-Pieux  ;  mais,  pour 
n'avoir  pas  été  noté  jusque-là  par  l'écriture, 
le  latin  parlé  n'en  existait  pas  moins  en 
Gaule  depuis  plusieurs  siècles.  Il  avait  été 
importé  d'Italie  ;  mais  le  fait  de  cette  impor- 
tation n'avait  produit  aucune  interruption 
dans  l'évolution  qu'il  poursuivait  depuis  qu'il 

(a)  Oserai-je  m'appuyer  sur  l'autorité  des  auteurs 
de  l'Introduction  du  Dictionnaire  général'!  «  Le 
plan  que  nous  nous  étions  imposé  nous  a  forcés 
plus  d'une  fois  à  prendre  parti  dans  des  cas 
douteux...,  là  où  l'étymologie  était  incertaine. 
Chaque  mot  est  un  problème  à  résoudre  :  il  fallait 
apporter  une  solution  ;  quels  qu'aient  été  nos  scru- 
pules, on  trouvera  parfois  que  nous  avons  été  témé- 
raires. . .  le  progrès  de  la  science  nous  amènera  à 
corriger  sans  cesse  ce  travail  incomplet  ;  telle  de  nos 
assertions  sera  contredite  par  la  découverte  de 
nouveaux  faits.  Nous  ne  nous  dissimulons  donc 
nullement  l'imperfection  de  noire  œuvre  ;  notre 
seule  espérance  a  été  de  nous  approcher  du  but 
autant  que  pouvait  le  permettre  l'état  actuel  des 
connaissances  philologiques.  »  (P.  XXIII.) 


avait,  à  la  suite  des  armes  romaines,  conquis 
l'Italie,  avant  de  conquérir  tout  l'Occident 
de  l'Europe.  Et  on  ne  peut  pas  davantage 
s'arrêter  là.  Ce  latin,  que  propageait  la 
conquête,  avait  évolué  des  siècles  innom- 
brables avant  de  franchir  les  limites  du 
Latium.  Il  n'était,  à  son  tour,  qu'une  variété 
dialecttJe,  fort  altérée,  de  l'idiome  jadis 
commun  aux  Indo-Perses,  aux  Grecs,  aux 
Slaves,  aux  Germains,  aux  Celtes  et  à  plu- 
sieurs autres  peuples.  Et,  si  la  comparaison 
des  langues  de  ces  différents  groupes  ethniques 
permet  jamais  —  ce  qui  n'est  pas  encore  le 
cas  —  de  restaurer  la  forme  qu'avait  leur 
commun  idiome,  cette  forme  sera  encore 
séparée  de  son  point  de  départ,  commun  peut- 
être  à  toutes  les  langues  humaines,  par  une 
évolution  d'une  incalculable  durée ...  » 
{Un  nouveau  Dictionnaire  de  la  langue  fran- 
çaise, 1'''^  partie.  Revue  des  Deux- Mondes,  id.) 
«  . .  .On  entend  aujourd'hui  couramment, 
par  étymologie,  l'assignation  d'un  mot  d'une 
langue  à  un  mot  d'une  autre  langue  d'où  il 
est  censé  provenir.  Littré  distingue  l'éty- 
mologie primaire,  «  quand  il  s'agit  d'une 
«  langue  à  laquelle,  historiquement,  on  ne 
«  connaît  point  de  mère  »,  et  l'étymologie 
secondaire,  «  quand  il  s'agit  d'une  langue 
«  historiquement  dérivée  d'une  autre  ». 
Ainsi,  l'étymologie  romane  et,  en  particulier, 
française  est  secondaire,  remontant  pour  la 
plupart  des  mots  au  latin,  à  l'allemand,  au 
grec,  etc.  ;  puis  l'étymologie  latine,  ou 
grecque,  ou  allemande,  est  primaire.  »  Il  y  a 
là  une  double  erreur  qu'on  ne  pouvait  guère 
éviter  de  son  temps . .  . 

«  La  langue  française  n'est  pas  fille  de  la 
langue  latine  et,  à  vrai  dire,  il  n'y  a  pas  de 
langues  fi.lles  et  de  langues  mères.  »  (V.  au 
Glossaire,  Arer.  A.  V.)  Le  français,  comme 
je  l'ai  déjà  dit,  n'est  que  le  latin  parlé,  sans 
aucune  solution  de  continuité,  ni  rien  qui 
ressemble  à  la  génération  d'un  individu  par 
un  autre.  Quand  un  mot  appartenant  au 
vocabulaire  du  latin  parlé  a  passé  jusqu'à 
nous  par  une  tradition  orale  ininterrompue,  le 
ramener  à  sa  forme  latine  n'est  pas  en  faire,  à 
proprement  parler,  l'étymologie,  c'est  remon- 
ter plus  haut  dans  l'histoire  de  l'évolution 
qu'il  a  décrite.  Il  n'y  a  aucune  différence  de 
relation  entre  les  états  successifs  d'un  mot 
comme  consutura,  cosutura,  costura,  costure, 
cousture,  couture  :  aucun  n'est  l'étymologie 
de  l'autre,  tous  sont  des  moments  dans  une 
évolution  qui  consiste  éminemment,  ici  — 
comme  il  arrive  le  plus  souvent  —  en  une 
réduction  constante.  D'autre  part,  l'étymo- 
logie primaire  ne  diffère  de  l'étymologie 
secondaire  qu'en  ce  qu'elle  manque  de  docu- 
ments (et  celle-là  aussi  en  manque  souvent). 
Disposant  de  moyens  beaucoup  moins  sûrs, 
elle  arrive  à  retrouver  ou  à  conjecturer  des 
formes  d'un  mot  latin,  grec,  etc.,  plus  an- 
ciennes que  celles  qui  nous  ont  été  conservées. 
Elle  peut  aller  plus  loin  et  les  ramener  à  des 
racines  dont  elle  détermine  plus  ou   moins 


xtv 


AVANT-PROPOS 


vaguement  le  sens  ;  mais,  au  moins,  dans  la 
plupart  des  cas,  le  rapport  entre  la  forme  et  le 
sens  lui  échappe. 

Revenons  au  français. .  Pour  les  mots  qui 
appartiennent  au  fonds  héréditaire  dvi  latin 
parlé,  ce  n'est  pas  leur  étymologie  qui  est  à 
faire,  c'est  leur  histoire. 

Il  n'y  a  d'étymologie,  non  au  sens  grec, 
mais  au  sens  moderne,  que  pour  les  mots 
empruntés  à  d'autres  langues.  Voilà  la  vraie 
distinction  entre  les  deux  genres  de  recherches 
que  l'on  confond  sous  le  nom  d'étymologiques. 
LiTTRÉ  ne  s'en  est  pas  suffisamment  rendu 
compte.  Il  a  souvent  omis  de  remarquer  que 
des  mots  français  qui  ont  une  origine  latine 
n'appartiennent  pas,  cependant,  au  fonds 
héréditaire,  qu'ils  ont  été  repris,  à  des 
époques  variées,  au  latin  littéraire.  Il  ne 
distingue  pas,  par  exemple,  entre  un  mot 
comme  image  (anciennement  imagene),  qui 
est  le  latin  imaginem,  emprunté  au  latin  vers 
le  ix<=  siècle,  et  le  plantain,  qui  est  le  latin 
plantagineni,  transmis  de  bouche  en  bouche 
depuis  un  temps  immémorial. . .   »  {Ici.,  ibid.) 

«  . .  .L'enfant  aime  à  jouer,  mais  il  n'aime 
pas  moins  à  casser  son  jouet  pour  voir  ce 
qu'il  y  a  dedans.  L'homme  fait  tient  beau- 
coup de  l'enfant  et  ce  qu'il  en  garde  n'est  pas 
ce  qu'il  y  a  de  pire.  Le  plaisir  de  posséder,  de 
jouir  ne  le  satisfait  pas  s'il  ne  se  double  du 
plaisir  de  savoir. . . 

«  De  toutes  les  études  dont  le  langage 
peut  être  l'objet,  l'étymologie  est  celle  dont 
le  nom  remonte  le  plus  haut  ;  nous  trouvons 
le  nom  chez  les  Romains,  qui  le  tenaient  des 
Grecs. . .  (Platon,  Varron.) 

«  Le  mot  est  familier  à  nos  trouvères  du 
xii«  siècle. ...  Maître  Wace,  chanoine  de 
Bayeux,  protégé  et  pensionné  par  le  roi 
d'Angleterre  Henri  II  (un  Plantagenet 
d'Anjou),  a  célébré  les  exploits  des  Nor- 
mands dans  un  long  poème  connu  sous  le 
nom  de  Roman  de  Rou.  Or,  Maître  Wace  a 
tenu  à  nous  expliquer  l'origine  du  mot  Nor- 
mand et  il  l'a  fait  en  philologue  consommé  : 

Justez  ensemble  north  et  man 
Et  ensemble  dites  northman  : 
Ceo  est  «  huem  de  north  »  en  romanz  ; 
De  ceo  vint  H  nuns  as  Normanz. 

(D'où  vient  Normandie...)  Mais  le  bon 
chanoine  ne  nous  cache  pas  que  les  Français 
—  un  Normand  d'alors  ne  se  considérait  pas 
comme  Français  —  ne  voulaient  pas  accepter 
cette  étymologie  : 

Franceis  dient  que  Normendie 
Ceo  est  la  gent  de  norlh  mendie  : 
Normant  —  ceo  diont  en  gabant  — 
Sunt  venu  del  north  mendiant 
Pur  ceo  qu'il  vindrent  d'altre  terre 
Pur  mielz  aveir  et  pur  mielz  querre. 

On  voit  qu'on  avait  déjà  de  l'esprit 
en  France  au  xit<^  siècle.  Et  c'est  bien  là  le 
malheur,  et  qui  explique  que  nous  ne  tenions 
pas  le  premier  rang  en  philologie  :  un  bon 
étymologiste  ne  doit  pas  avoir  d'esprit... 
,La  Renaissance. . .  un  peu  de  bien  et  beau- 


coup de  mal...  trop  de  grec)...  Méxage 
jongle  avec  les  mots  (on  a  contrôlé,  cepen- 
dant, qu'il  avait  trouvé  juste  soixante-douze 
fois  sur  cent).  —  Au  xix^  siècle,  Raynouard 
a  fait  fausse  route  chez  nous. . .  Mais  l'Alle- 
mand Diez  a  enfin  assis  l'étymologie  des 
langues  romanes  sur  des  bases  solides  (4). 
(Antoine  Thomas,  Préface  du  Dictionnaire 
général.) 

On  a  lu  plus  haut  que  les  langues  mo- 
dernes sont  sœurs  et  non  pas  filles  du  latin. 
Un  exemple:  Français:  neuf  (nouveau);  latin, 
novus;  russe,  novy;  grec,  neos  ;  allemand, ne'/; 
anglais,  new  ;  persan,  nau  ;  sanscrit,  na^>a. 
Tous  mots  ayant  vraisemblablement  pour 
racine  la  particule  démonstrative  sanscrite 
nu,  nû,  nù,  en  grec  nun  ;  latin  jiunc  (main- 
tenant). 

Et,  enfin,  quelques  lignes  sur  les  lettres 
étymologiques  dont  il  est  de  mode,  aujour- 
d'hui, de  réclamer  la  suppression,  sous  pré- 
texte de  simplifier  notre  orthographe. 

«  On  a  dit  corps,  pour  coin,  et  alors  ce  mot 
ne  vient  pas  du  latin  corpus,  mais  du  latin 
cornu,  qui  signifie  :  angle,  coin.  Il  aurait 
fallu  écrire  corn,  ou  du  moins  cor  (cf.  coins  et 
cornières)  ;  mais  on  a  confondu  aisément  les 
deux  orthographes.  Rien  n'est  si  ordinaire 
que  ces  confusions,  de  la  part  des  copistes 
peu  instruits  de  ces  étymologies. 

«  Nous  remarquerons  en  passant  que  ces 
exemples  font  sentir  la  nécessité  de  conserver 
dans  notre  orthographe  les  lettres  même  inu- 
tiles à  la  prononciation.  Elles  sont  comme  les 
sauvegardes  des  étymologies  et,  par  consé- 
quent, des  significations  propres.  Faute  d'at- 
tention, on  a  donc  dit  corps  pour  cor,  corn, 
ou  coin,  dans  les  passages  suivants.  (Suivent 
des  exemples.)  La  Curne  de  Saixte- 
Palaye.  » 

Après  cet  exposé  de  la  question  étj-molo- 
gique,  nous  osons  espérer  que  le  lecteur  nous 
excusera  de  l'avoir  traitée  parfois  peut-être 
un  peu  trop  amplement. 


X 


L  histoire 

Nous  avons  enrichi  —  ce  mot  ne  nous 
semble  pas  excessif  —  quand  nous  l'avons 
pu,  notre  Glossaire  de  nombreuses  citations, 
extraites  des  auteurs  du  moyen  âge,  des 
temps  modernes  ou  contemporains  (b). 

Nous  avons  donné  la  préférence  aux 
auteurs  angevins,  assurément  ;  mais  il  nous  a 
paru  curieux  de  pi'ouver  qu'une  bonne  moitié 
de  nos  mots  vraiment  patois  ont  été  employés 
par  Froissart,  Rabelais,  Marot,  tant  d'autres 
encore,  et,  en  remontant  plus  haut,  par 
l'auteur  de  la  Chanson  de  Roland. 

On  remarquera,  non  sans  surprise,  que  plus 
d'un  vocable  —  qui,  employé  par  un  de  nos 

(b)  «  Un  dictionnaire  sans  citations  est  un  sque- 
lette. »  (Voltaire,  Correspondance  générale,  Lettre 
àDuclos,  11  août  1760.) 


AVANT-PROPOS 


XV 


paysans,  nous  l'ait  sourire  —  est  le  mieux 
formé,  le  meilleur,  le  plus  conforme  à  Téty- 
mologie  et  au  sens. 

Dans  les  vieux  textes,  nous  avons  le  plus 
souvent  respecté  l'orthographe  ancienne  ; 
tout  au  plus  avons-nous  ajouté  parfois 
quelques  accents,  pour  en  faciliter  l'intelli- 
gence. 

Nous  indiquons  presque  toujours  l'auteur 
du  passage  cité,  en  précisant  le  passage,  ou 
tout  au  moins  l'auteur  qui  le  cite,  auquel  on 
est  prié  de  se  reporter. 

Inv.  Arch.,  t.  III,  E,  S.,  s.,  575,  2,  b., 
devra  être  lu  :  Inventaire  des  Archives  dépar- 
tementales de  Maine-et-Loire,  tome  III, 
lettre  E,  Supplément,  suite,  page  575, 
2«=  colonne,  bas  (h.,  haut  ;  m.,  milieu). 

Rab.,  p.,  IV,  V,  227.  —  Rabelais,  Pan- 
tagruel,  livre  IV,  chapitre  v,  page  227.) 


XI 


RENSEIGNEMENTS    SUPPLEMENTAIRES 

Le  lecteur  trouvera  ci-après  : 

Table  des  principales  abréviations  ; 

Table  des  noms  de  lieux  ; 

Table  des  auteurs  cités  ; 

Table  des  noms  des  correspondants  (ou  de 
leurs  pseudonymes)  ; 

Table  de  quelques  termes  usuels  de  figures 
de  rhétorique  et  de  grammaire. 

Après  le  Glossaire  proprement  dit,  le  Voca- 
bulaire; puis  viendront  les  Zigzags,  récits  ou 
dialogues  en  patois,  qui  sont  au  Vocabu- 
laire ce  que  le  corps  de  l'homme  vivant  est  au 
squelette  du  trépassé. 

Et  enfin  le  Folk-Lore  (5). 

CONCLUSION 

Cette  œuvre  représente  plus  de  trente 
années  de  recherches  de  M.  René  Onillon. 
Je  n'y  ai  guère  consacré,  moi,  que  ces  dix 
dernières  années  (1908)  ;  je  ne  saurais  donc 
réclamer  la  part  principale. 

Tout  ce  qui  est  bien,  attribuez-le  à  mon 
collaborateur. 

Le  reste,  je  le  réclame  —  et  l'indulgence 
pour  l'un  et  l'autre. 

A.-J.  Verrier. 


NOTES  COMPLÉMENTAIRES 

(1)  Ici,  Messieurs,  je  me  permettrai  luie  digres- 
sion. Je  vous  assure  que,  même  pour  «  les  gens  du 
monde  »,  un  peu  d'étymologie  serait  souvent 
utile. 

Il  y  a  quelques  années,  un  employé  d'une  de  nos 
administrations,  dont  le  fds  était  en  huitième,  vint 
me  trouver,  un  peu  troublé  : 

—  Dans  votre  dernier  article,  me  dil-il,  vous 
avez  expliqué  le  mot  ingambe  par  :  qui  a  de  bonnes 
jambes,  donc  :  léger,  alerte,  dispos. 


—  Et,  lui  dis-je,  c'est  bien  le  sens  de  ce  mot. 

—  C'est  que,  justement,  la  veille,  notre  Direc- 
teur, en  annonçant  la  mise  à  la  retraite  d'un  des 
nôtres,  avait  ajouté  :  «  Notre  excellent  collègue,  en 
effet,  est  devenu  absolument  ingambe  et  ne  peut 
plus  continuer  son  service.  » 

Et  je  viens  vous  demander  si,  par  hasard,  vous 
ne  vous  seriez  pas  trompé.  Car,  enfin,  dans  injuste, 
inutile,  incapable  et  tant  d'autres,  le  préfixe  in 
implique  négation  de  ce  qui  suit.  Donc  :  ingambe, 
qui  n'a  pas  de  jambes. 

—  Avez- vous,  Monsieur,  appris  jadis  les  racines 
grecques  ? 

—  Je  crois  bien  que  oui  ;  mais,  vous  savez  : 

«  S'il  m'en  souvient,  il  ne  m'en  souvient  guère.  » 

—  Vous  vous  rappellerez,  du  moins,  le  premier 
vers  : 

«  7.  fait  un,  prive,  augmente,  admire.   » 
Or,  à  1''/.  grec  répond  Vin  des  Latins  ;  s'il  prive,  il 
peut  aussi  augmenter,  et  c'est  le  cas  pour  ingambe. 

Le  fonctionnaire  se  retira  convaincu.  Mais  mon 
article  avait  fait  l'effet  d'un  soliveau  tombant  dans 
une  mare  à  grenouilles. 

Dernièrement,  un  candidat  au  brevet  supérieur 
ayant  à  expliquer  le  mot  sauvage,  appliqué  à  la 
bête,  le  tira  du  verbe  se  sauver,  parce  que  ces  bêtes 
se  sauvent  devant  l'homme.  Ce  qui  est  à  la  fois  une 
ineptie  et  une  erreur.  Le  lion,  le  tigre,  la  panthère 
ne  se  sauvent  point,  que  je  sache,  devant  l'homme  ; 
ce  serait  plutôt  le  contraire.  Et  sauvage  vient  du 
latin  silva,  bois,  par  l'adjectif  silvaticum,  qui  vit 
dans  les  bois  ;  la  terminaison  aticum  étant  devenue 
âge  en  français. 

N'est-il  pas  intére.ssant  de  savoir  que  le  nom  du 
géranium  lui  vient  de  ce  que  son  fruit  est  composé 
de  cinq  capsules,  terminées  chacune  par  une  arête, 
d'où  résulte  une  forme  en  bec  de  grue,  sens  du  mot 
savant? 

Il  est  curieux  de  connaître  que  le  mot  sanglier 
est  absolument  le  même  que  le  mot  singulier.  On  a 
dit  :  porcus  singularis,  porc  vivant  seul  ;  le  mot 
solitaire,  d'ailleurs,  appliqué  à  un  vieux  sanglier, 
confirme  cette  étymologie.  Porcus  est  tombé, 
singularis  est  resté. 

Vous  remarquerez  que,  des  deux  mots,  c'est  le 
moins  important  qui  a  surnagé.  De  même,  on  disait 
jadis  :  des  draps  linges,  c'est-à-dire  :  de  lin  ;  depuis, 
on  a  dit  :  du  linge. 

Et,  pour  finir,  avez-vous  pensé  à  ceci,  que  les 
trois  noms  de  fleurs  :  Souci,  Héliotrope  et  Tourne 
sol  sont  formés  absolument  d'après  le  même  prin- 
cipe et  ont  le  même  sens?  —  Souci,  ancien  français 
Soucie  (fém.),  du  latin  Solsequia,  pluriel  de  Solse- 
quium  (proprement  :  qui  suit  le  soleil),  pris  pour  un 
féminin  singulier,  devenu  Solsicie,  solsie,  soussie, 
écrit  soucie^  puis  souci,  par  confusion  avec  l'autre 
vocable  :  Souci,  inquiétude.  —  Héliotrope,  composé 
avec  le  grec  hélioç,  soleil,  et  trépô,  tourner,  qui  se 
tourne  vers  le  soleil.  —  Enfin,  Tournesol,  parce  que 
ses  fleurs  se  tournent  vers  le  soleil.  Ce  rapproche- 
ment est  au  moins  curieux. 

Mais  peut-être  quelqu'un  m'arrêtera  ici.  Et  ce 
mot  Souci,  inquiétude,  aurait-il  la  même  racine? 
Non.  Il  vient  du  verbe  Soucier,  latin  Solliciiare 
(Solcider,  solder,  soucier).  Vous  vous  rappelez  le 
passage  de  Molière  : 

Chrysale 
Et  vous  n'avez  nul  soin,  nulle  sollicitude 
Pour. . . , 

Philaminthe 

Ah  !  sollicitude  à  mon  oreille  est  rude. 
Il  pue  étrangement  son  ancienneté. 

(Fem.  Sav.,  II,  7.) 


AVANT-PROPOS 


(2)  Je  ne  donnerai  ici  qu'un  exemple  de  l'inté- 
rêt offert  par  ces  vocables  et  locutions  en  patois  : 

Vanquiers     oppose    dé    menqui. 
Quatre  mots,  tous  plus  ou  moins  curieux  : 

«  Vanquiers  oppose  de  mentir.  » 
Vanquiers,  mot  aux  sens  innombrables  et  assez 
mal  définis,  souvent  employé  sans  raison,  par 
remplissage.  Le  sens  le  plus  ordinaire  est:  Peut-être, 
Je  le  tire  de  la  contraction  de  Volontiers  ;  on  pourra 
lire  mes  raisons  dans  le  Glossaire.  Je  le  croirais 
volontiers,  rentiers,  vanquiers.  —  Oppose,  en 
patois,  a  le  sens  de  Empêche  ;  dé,  c'est  la  préposi- 
tion de  ;  menquî,  c'est  mentir,  avec  la  prononcia- 
tion habituelle  du  ti  (comme  dans  Ventiers),  et  la 
suppression  de  l'r  final  à  l'infinitif  de  la  deuxième 
conjugaison. 

Et,  dans  ces  quatre  mots,  vous  retrouverez  la 
finesse  narquoise  de  nos  paysans.  On  ne  veut  point 
se  compromettre  par  un  oui  ou  un  noji  catégo- 
riques. On  répond  :  Venquiers  ben  !  Et  on  ne  ment 
point. 

«  Vanquiers  oppose  dé  menquî.  » 

Dans  le  dernier  numéro  des  Annales  poli- 
tiques et  littéraires  (9  juin  1907),  on  parle  d'André 
Theuriet  :  «  Sa  petite  patrie,  à  lui,  c'était,  non 
pas  celle  de  sa  naissance  —  un  hasard  l'avait  fait 
naître  aux  environs  de  Paris  —  mais  celle  de  sa 
race,  de  sa  jeunesse  et  de  son  cœur,  cette  patrie  de 
la  Lorraine  qui  va  de  la  Marne  à  la  Meuse,  c'est-à- 
dire  le  Barrois  et  l'Argonne. . .  Il  la  chérissait  tant 
que,  lorsque,  fixé  à  Paris,  il  s'y  maria,  il  voulut 
que  ce  fût  avec  une  payse,  avec  La  Payse  ;  et,  dans 
un  touchant  poème,  il  nous  a  même  conté  com- 
ment sa  tendresse,  qui  couvait  depuis  longtemps, 
éclata  tout-à-coup,  un  jour  que  l'aimée  laissa 
tomber  de  sa  bouche,  avec  l'accent  lorrain,  un 
vieux  mot  du  terroir  natal.  » 

Un  mot  de  patois  réunissant  deux  cœurs  et  liant 
deux  existences,  cela  n'est  pas  banal  et,  l'aveu  nous 
venant  d'André  Theuriet,  la  caution  n'est  pas 
bourgeoise,  comme  on  disait  sous  le  Grand  Roi. 

Si  j'eusse  connu  plus  tôt  cette  anecdote,  je 
l'eusse  insérée  dans  mon  Prospectus  ;  nul  doute 
qu'elle  ne  m'eût  valu  quelques  souscriptions  de 
célibataires  désireux  de  convoler. 

(3)  Permettez-moi  ici  une  citation  de  H.  Es- 
tienne  (De  la  conformité  du  langage  français  avec 
le  grec,  livre  I,  Advertissement,  p.  3,  édition 
de  1569)  : 

«  Comme  il  est  malaisé  de  faire  un  banquet  où 
il  n'y  ait  trop  ni  trop  peu,  mais  il  vault  mieux  qu'il 
y  ail  trop,  d'autant  que  ce  qui  demeure  n'est  pas 
perdu  ;  ainsi  est-il  difficile  de  garder  si  bien 
mesure  en  traictant  tel  argument,  que  rien  n'y 
soit  abondant  et  que  rien  n'y  défaille.  Mais  il  y  a 
bon  remède  à  ce  qui  se  trouve  estre  ici  d'abon- 
dant ;  car  les  lecteurs  n'auront  qu'à  le  laisser. 

(4)  Un  de  mes  honorables  correspondants 
explique  le  mot  Abouteillé,  dans  Furoncle  abouleillé, 
))ar  Furoncle  en  forme  de  bouteille.  Point.  Abou- 
téier  est  pour  Aboutir  ;  beaucoup  de  verbes  de  la 
deuxième  conjugaison  passent,  de  cette  façon,  dans 
la  première.  C'est  un  furoncle  mûri  qui  est  abouti, 
qui  va  ou  est  sur  le  point  de    crever. 

(5)  J'ai  parlé  plus  haut  de  correspondants  qui 
désiraient  rester  inconnus.  Vous  n'avez  pas  l'idée, 
cliers  lecteurs,  des  ennuis,  des  persécutions  même 
qu'ont  eu  à  subir  quelquesruns  d'entre  eux  pour 
n'avoir  ])as  pris  la  précaution  de  maintenir  leur 
anonymat.  Je  pourrais  vous  citer  une  commune 
où  l'auteur  de  plusieurs  récits,  occupant  un 
commerce  important,  fut  forcé  de  quitter  le  pays. 
Comme  on  parlait  devant  lui  de  ces  récits,  réelle- 


ment bien  faits,  en  se  demandant  quel  pouvait 
bien  en  être  l'auteur,  il  ne  résista  pas  à  la  satisfac- 
tion de  dévoiler  son  pseudonyme  pour  se  les  attri- 
buer. Comme  la  tortue  de  La  Fontaine  : 

«  Il  eût  beaucoup  mieux  fait 

«  De  passer  son  chemin  sans  dire  aucune  chose.  » 
De  ce  moment,  on  s'acharna  après  lui  :  «  Ah  !  c'est 
vous  qui  envoyez  des  articles  à  ce  monsieur  qui 
écrit  dans  les  feuilles?  Vous  allez  nous  faire  passer 
pour  des  sauvages.  Et,  après  tout,  j 'parlons  aussi 
ben  que  lui,  quand  j'voulons  !  » 

On  pourrait  croire  que  j'exagère.  Voici  ce  que  je 
lis  dans  la  Revue  des  Patois  gallo-romans.  M.  l'abbé 
RoussELOT  y  a  publié  une  étude  sur  le  patois  de 
Cellefrouin  (Charente).  Voici  ce  qu'il  rapporte  : 
«  Au  cours  de  mes  explorations,  j'ai  contracté  bien 
des  dettes  de  reconnaissance,  et  le  bon  accueil  que 
j'ai  rencontré  presque  partout  me  fait  un  devoir 
d'oublier  l'hostilité  ou  la  défiance  dont  j'ai  été  par- 
fois l'objet.  Comment,  du  reste,  pouvait-il  en  être 
autrement?  Une  enquête  sur  le  patois,  c'est  une 
chose  si  singulière  que  je  devais  bien  m'attendre  à 
être  traité  en  espion  et  à  voir  les  bâtons  levés  sur 
ma  tête,  même  dans  mon  propre  canton  et  à  l'ins- 
tigation d'un  homme  de  ma  propre  commune. . .  » 

Conclusion  :  Je  ne  nomme  que  les  correspondants 
qui  m'y  autorisent  expressément. 


'  Nous  manquerions  aux  sentiments  de  la 
plus  élémentaire  reconnaissance  si  nous 
n'adressions  pas  ici  nos  plus  sincères,  nos 
plus  profonds  remerciements  aux  personnes 
qui  nous  ont  encouragés  et  soutenus  dans 
cette  œuvre  considérable  ; 

A  nos  Souscripteurs  qui  nous  ont  permis 
d'oser  entreprendre  l'édition  de  ces  deux 
volumes  ; 

A  tous  mes  Correspondants,  en  particulier 
à  M.  Boule,  qui  a  revu  tout  mon  manuscrit, 
la  plume  à  la  main,  me  donnant  trois  cents 
pages  de  notes,  sur  2.000  mots  ;  à  M.  Pucelle, 
qui  en  a  fait  autant  pour  les  premières  lettres 
et  m'eût  continué  son  aide  intelligente  et 
dévouée  s'il  n'en  eût  été  empêché  par  la  pré- 
paration d'un  examen  ;  à  M.  R.  de  la  Perrau- 
dière,  qui  a  mis  de  la  meilleure  grâce  à  ma 
disposition  son  remarquable  ouvrage  sur  la 
Commune  de  Lue  ;  à  M.  P.  Simon,  institu- 
teur à  Angers,  dont  j'ai  pu  consulter  le  ma- 
nuscrit sur  La  Romagne  et  le  précieux 
Recueil  de  Chansons  ;  à  tous  les  autres, 
depuis  ceux  qui  m'ont  communiqué  plu- 
sieurs centaines  de  mots  (V.  le  II*"  Tableau), 
jusqu'à  ceux  qui  n'ont  pu  m'en  indiquer 
qu'un  seul.  (A.-J.  V.) 

A  tous  les  journaux  qui  se  sont  empressés 
d'annoncer  notre  œuvre. 

A  M.  Riiel,  qui  a  dessiné  la  jolie  vignette 
du  titre  ; 

A  MM.  Germain  et  G.  Grassin,  qui  m'ont 
accordé  toutes  les  facilités  que  je  leur  ai 
demandées,  et  à  la  vaillante  équipe  des 
Typographes,  dont  la  patience  a  dû  être 
mise  à  une  rude  épreuve  (c'est  le  cas  de  le 
dire)  par  la  complication  de  ce  travail. 


AVANT-PROPOS 


xvii 


Je  remercie  enfin  M.  Cardi,  administra- 
teur du  Petit  Courrier,  pour  l'hospitalité  que 
j'ai  trouvée  dans  les  colonnes  de  son  journal, 
véritable  tribune  qui  m'a  permis  de  commu- 
niquer avec  tant  de  correspondants. 

Si  j'en  oublie,  qu'ils  veuillent  m'excuser 
ils  sont  trop,  ceux  à  qui  nous  sommes  rede- 
vables. 

Mes 


Pour 
sources. 


M.  R.  Onillon,  voir,  ci-après 


Angers,  10  avril  1908. 


A.-J.  Verbiee. 


P. -S.  —  Nous  accueillerons  avec  empresse- 
ment toutes  les  communications  que  l'on 
voudra  bien  nous  adresser  sur  ce  premier 
volume  ;  nous  pourrions  les  utiliser  dans  le 
second  (1).  (M.  Verrier,  2,  rue  Michelet  ; 
M.  R.  Onillon,  instituteur  au  Longeron). 
Nous  nous  mettons  de  même  à  la  disposition 
de  nos  lecteurs  pour  tous  les  renseignements 
qui  pourraient  nous  être  demandés,  dans  la 
mesure  où  nous  pourrions  y  répondre. 

(1)  J'avais  identifié  à  tort  Les  Ponts-de-Cé  avec 
le  Seium  Castrum.  Celui-ci  est  Plessé,  canton  df 
Guéméné-Penfao,  arrondissement  de  Saint-N^. 
zaire,  Loire- Inférieure.  (Communicatiop  de  M.  le 
chanoine  Urseau). 


MES    CORRESPONDANTS 

Noms  ou  pseudonymes,  avec  la  désignation  de  la  localité 
d'où  proviennent  ces  renseignements  (A.  J.   V.) 


ABBÉ  (Un) 

ALANIC  (Mii«) 

ANGEVIN  DE  PARIS  (!') 

ANGEVIN  PUR  SANG  (Un) 

ANJOU  HISTORIQUE  (L') 

ANNETTE  (Louis) 

BAC  (Daniel)  (106  mots) 

BAHUTIER  DE  SAUMUR 

BALLU 

BEDOUET 

BEIGNET  (268) 

BERNIER 

BLANCHISSEUSE 

BOENE  (143) 

BOISNARD 

BONNET 

BORDEREAU 

BORDIER 

BORE 

BOUIG  (2000) 

BOUIC(D0 

BOUVET 

BRAULT 

BRETAUDEAU  (Abbé) 

BRION 

CAMUS 

CHABERT  (Mii«) 

CHARNACÉ  (Bertrand  de) 

CHÈRE  AU  fils 

CHÉRUBIN  (Un) 

CHEVILLER 

CHOUANET 

COINTREAU 

CORDON (DO 

COURRIER  (Le  Petit) 

COUTANT  (Aug.,  de  Paris) 

COUTURIERE  (Notre) 

CROSNIER  (213) 

C.V.  DE  RIGAL(731) 

DALAIRE  (Abbé) 

DAUPHIN 

DEFAIS  (Célestine) 

DENAIS 

DIVAI 

DIVAI  (sa  bonne) 

DROUET 

DUREAU 

ELGÉ  (108) 

ESPERONNIERE  (M"  de  1')  (117) 

ETIENNE     - 

F  ARC  Y  (de) 

FERRÉ-HAMON 

FORTIN 

FREULON  (67) 

G...  (417) 


Cht. 

Ag. 

Te. 

Ag. 

Vr.,  Chf. 

Bf.,  Bg. 

Sar. 

My. 

Ag. 

Bf.,  SpL 

Mb. 

Lpc. 

Bn. 

Shs. 

Sou.,  Jm. 

Segr. 

Lme.,  Sf. 

Lz.,  Dt. 

Ec. 

Lfu.,  Mot. 

Mu. 

Lpc. 

Bg. 

Mzé. 

Dt. 

Chm. 

Vh.,  Mb. 

Ag. 

Lpc. 

Ag.,  Fm. 

Lpc. 

Ag. 

Ag. 

Vd. 

Sal. 
Sp. 
Mz.,  Rf.,  Gp. 

Bf. 
Mzé. 
Spr. 
Mor. 

Sar.,  Do.,Pell. 

Cnd. 

Rf. 

Ag. 

Tr. 

Ag. 

Sar. 


GALLEAU  Chel. 

GASNAULT  Ag. 

GENEST  Chg. 

GOBLET  Sar. 

GOBLOT  Sar. 

GOIZET  Upc. 

GOUJON  Mb.,  Br.,  Bf. 

GONTARD  DE  LAUNAY  Ljm.,  Mg. 

GRASSET  Cho. 

GREFFIER  DU  TRIBUNAL  Ag. 

GROLLEAU 

GUIGNARD 

HECKER 

JAGOT  (D') 

JAUDEAU 

JOUBERT 

JOUBERT 

JOUET 

JUTEAU 

L.  A. 

LACROIX 

LAITIER  (Notre) 

LEBRETON 

LE  MOY  (sa  bonne) 

LEMOTHEUX 

LEMOYNE 

LE  ROYER 

LEVEQUE 

MABILLE 

MAINGAUD 

MAIRE 

MAISONNEUVE  (D') 

MALADE  AVIDE  DE  DISTRACTION 

MARGUERITE  (V.) 

MAYET  (Mi"=) 

MAYET  (Paul)  (84) 

MERCIER 

MÉTIVIER 

MICHEL 

MICHELET 

MONPROFIT  (DO 

OGER 

ORIARD 

OTTO 

PAIX  (Cercle  de  la) 

PAVIE 

PÉAN 

PÉAN  (sa  bonne) 

PERRAUDIERE  (R.  de  la)  (380)  Lue 

PERRAUDIERE  (X.  de  la)  Lue 

PEYRE 

PINGUET  Tr. 

POIRIER  (Abbé)  Mj. 

POTIRON 

PRÉAUBERT 


Bn. 

Bl. 

Ag. 

Ag. 

Lpc. 

Bf. 

Cho. 


Lpc. 
Lpc. 
Q- 


Me. 
Ba. 
By. 


Ag. 
Ag. 
Ag. 
Cra. 

Lbh. 

Ag. 

Ag. 

Ag. 
Ag. 
Lpc. 

Do. 
Lcg. 


MES  COUIŒSPONDAXTS 


PRIEUR 

PROUST 

PUCELLE  (686) 

QUINCÉEN  (Un) 

RIDEAU 

RIPAULT 

RONTARD 

ROUJOUX 

ROY 

ROZIER 

RUEL 

SÉCHET 

N.  —  Un  très  grand  nombre  de  correspondants  m'ont  instamment  prie  de  ne  les  dési- 
gner d'aucune  façon.  J'obéis  à  regret. 

Je  me  fais  un  plaisir  et  un  devoir  de  joindre  à  ce  tableau  la  très  intéressante  Note  de  mon 
collaborateur,  M.  R.  Onillon. 


SERVAIS 

Po. 

SIMON  (150) 

Lrm. 

Lfu., 

Lme. 

SIRAUDEAU 

Cho. 

Q. 

SAINT-MALO  (M"'")  (284) 

Br.,    Li..    Jm 

Lpz. 

SUREAU 

Eg. 

Lé. 

TAUGOURDEAU 

Smv. 

Lpc. 

THIBAUDEAU 

Ti. 

Lpc. 

THOUARSAIS  (Un) 

Ths. 

Sar. 

TOUBLANG  (Abbé) 

Sp. 

Lpc. 

VÉTAULT 

Lpc. 

Shs. 

VILLEBIOT  (de  la) 

Cho. 

IwIES      SOXJR.CH1S 


Je  ne  puis  citer  que  des  sources,  et  non  des 
correspondants,  car  je  n'en  eus  jamais 
aucun.  Pas  un  seul  des  innombrables  mots  et 
locutions  que  j'ai  consignés  au  Glossaire  ne 
m'a  été  donné  par  écrit.  Je  les  ai  recueillis 
moi-même,  au  jour  le  jour,  sur  les  lèvres  de 
personnes  de  toutes  conditions  et  de  tous 
états,  qui  étaient  les  représentants  autorisés 
de  chaque  localité  indiquée,  pour  y  être  nées 
et  y  avoir  grandi,  ainsi  que  je  prenais  soin 
de  m'en  assurer.  11  n'y  eut  à  cette  règle  que 
de  très  rares  exceptions,  et  je  les  signalerai. 

Ma  récolte  de  vocables  et  de  faits  locaux, 
commencée  vers  1878,  je  l'ai  poursuivie 
âprement  partout  où  j'ai  passé,  en  toute  cir- 
constance, ordinairement  dans  des  conver- 
sations non  préparées,  rarement  dirigées, 
tout  au  plus  éclaircies  sur  quelques  points 
douteux  au  moyen  de  discrètes  interroga- 
tions ;  si  bien  que  tel  individu  de  qui  le 
commerce  m'a  fourni  nombre  de  documents 
précieux  ne  s'est  jamais  douté  que  son  parler 
m'eût  servi  de  sujet  d'études.  Il  y  a  à  cette 
manière  de  procéder  de  sérieux  avantages, 
comme  il  y  a  de  graves  inconvénients  à  pré- 
venir les  gens  que  l'on  épie  leur  patois  ou 
leurs  préjugés.  Je  n'insiste  pas  sur  ce  point. 
Dans  certains  cas  seulement  —  et  ceux-là 
encore  je  les  indiquerai  —  je  me  suis  départi 
de  cette  règle  ;  mais  je  ne  l'ai  fait  qu'à  bon 
escient,  avec  des  personnes  assez  intelli- 
gentes pour  comprendre  et  apprécier  le  but 
que  je  poursuivais,  assez  sérieuses  pour  se 
prêter  à  mes  vues  en  conscience  ;  encore 
n'ai-je  jamais  négligé  de  soumettre  à  un 
contrôle  sévère  les  données  qui  m'avaient  été 
fournies  dans  ces  conditions. 

On  reconnaîtra,  je  l'espère,  que  ce  sont  là 
des  garanties  valables  d'authenticité  pour  la 
partie  du  Glossaire  qui  est  mienne.  Je  passe 
aux  détails. 

C'est  Monljean  qui  a  fourni  le  fonds  pi'in- 
cipal  de  mon  œuvre  et,  si  j'ose  dire,  de  notre 


œuvre.  Le  hasard  qui  m'y  fit  naître  a  bien 
fait  les  choses  :  dans  peu  de  communes  on 
aurait  pu  trouver  des  matériaux  aussi  riches 
et  aussi  divers.  Pays  essentiellement  agricole, 
mais  où  la  culture  est  infiniment  plus  variée 
que  dans  la  plupart  des  régions,  Montjean  est 
aussi  un  pays  industriel  par  ses  mines  de 
houille  (abandonnées  par  suite  d'inondation 
en  1892),  par  ses  fours  à  chaux,  par  son  éta- 
blissement de  forges,  par  ses  chantiers  de 
construction  de  bateaux,  par  sa  marine 
fluviale  enfin,  de  beaucoup  la  plus  impor- 
tante qui  existe  tout  le  long  du  cours  de  la 
Loire.  Chacune  de  ces  branches  de  l'activité 
humaine  suppose  un  vocabulaire  spécial 
duquel  on  ne  trouverait  guère  ailleurs  les 
éléments.  Le  fleuve  qui  traverse  le  territoire 
montjeannais  a  fait  naître  toute  une  moisson 
de  vocables  locaux,  nécessaires  à  caractéri- 
ser la  physionomie  de  ses  rives,  les  phéno- 
mènes qu'il  provoque,  les  procédés  des  indus- 
tries moindres  ou  majeures  qu'il  nourrit,  et 
aussi  la  flore  spéciale  dont  il  ensemence  le 
sol  des  vallées  et  des  îles,  flore  qui  est  la 
synthèse  de  celle  des  hauts  plateaux. 

Descendant  d'une  vieille  famille  de  labou- 
reurs fixés  dans  le  pays  depuis  trois  siècles  au 
moins,  né  dans  un  village  —  le  Croissement  — 
à  une  époque  où  l'invasion  du  bon  français  et 
surtout  de  l'argot  moderne  n'avait  pas  encore 
trop  déformé  la  vieille  langue  des  ancêtres, 
ayant  sucé  le  patois  avec  le  lait  maternel,  je 
songeai,  dès  que  la  culture  classique,  avec 
l'étude  des  langues  étrangères,  m'en  eut 
révélé  la  forte  beauté  et  la  noblesse  originelle, 
je  songeai,  dis-je,  à  en  fixer  les  traits  essen- 
tiels en  un  recueil  restreint,  mais  que  je  sen- 
tais devoir  être  quand  même  d'un  intérêt 
général.  Ceux  qui  ont  le  culte  de  la  petite 
patrie  et  des  souvenirs  familiaux  me  com- 
prendront. 

Mais,  peu  à  peu,  mon  programme  s'élargit 
avec  le  cercle  de  mes  pérégrinations  forcées. 


MES  SOURCES 


Les  lieux  où  le  hasard  me  transplantait 
avaient,  eux  aussi,  un  fonds  abondant  de 
vocables  spéciaux,  curieux  par  leurs  attaches 
linguistiques,  intéressants  par  leur  histoire, 
desquels,  souvent,  la  rencontre  éclairait  d'une 
vive  lumière  l'origine  ou  le  sens  de  tel  mot 
énigmatique  que  je  possédais  depuis  long- 
temps dans  ma  collection  :  ainsi,  du  choc  de 
deux  cailloux  inertes  jaillit  une  étincelle. 
Tout  cela  était  trop  tentant  pour  un  amateur 
et,  de  la  sorte,  d'année  en  année,  le  modeste 
recueil  que  j'avais  rêvé  à  l'origine  s'enfla 
jusqu'à  des  proportions  imprévues  :  les 
fiches  s'entassèrent  sur  les  fiches,  les  gloses 
chevauchèrent  sur  les  gloses  et,  à  la  fin,  ce 
fut  un  véritable  colosse  qui  sommeilla  dans 
mes  archives  : 

Monstrum  horrendum,  informe,  ingens,  oui 
lumen  ademptiim. 

Et,  de  fait,  il  n'eût  jamais  vu  le  jour  —  mes 
ressources  personnelles  ne  m'auraient  pas 
permis  de  le  publier  —  sans  l'aide  providen- 
tielle qui  m'échut,  vers  1898,  en  la  personne 
d'un  collaborateur  aussi  désintéressé  qu'en- 
thousiaste, aussi  fort  d'entregent  que  riche 
d'érudition.  Il  a  pris  mon  ours,  il  en  a  fait 
son  afftau  de  prédilection  ;  pendant  dix  ans, 
il  l'a  léché  et  pourléché  jusqu'à  lui  donner 
formes,  proportions  et  couleurs.  Bien  plus,  il 
lui  a  déniché  toute  une  lignée  de  petits  cou- 
sins qu'il  a  aussi  élevés  à  la  brochette  avec 
des  soins  touchants.  Tous  ces  êtres  demi- 
sauvages,  il  ne  s'est  pas  contenté  de  les 
dégrossir  :  il  a  su  les  dresser  à  s'accommoder, 
à' fraterniser  entre  eux,  à  se  tasser  dans  leur 
cage  étroite  en  harmonieuse  intelligence.  Et 
voici  que,  à  ses  risques  et  périls,  il  entreprend 
de  produire  en  public  notre  ménagerie,  que 
nous  voulons  croire  désormais  présentable. 

Honneur  au  véritable  créateur  du  Glos- 
saire, et  merci  au  père  nourricier  qui  a 
insufflé  la  vie  au  trentenaire  avorton  ! 

Or,  maintenant  que,  duement  débou- 
chardé,  mon  rejeton  va  enfin  faire  son  entrée 
dans  le  monde,  il  me  plaît  de  donner  ici  les 
noms  de  quelques-uns  de  ceux  qui  m'aidèrent 
à  le  procréer.  J'espère  que  ses  parrains,  pas 
plus  que  moi,  ne  rougiront  de  notre  commune 
progéniture  et  que  nulle  protestation  ne  sur- 
gira. Bien  que  réjouissant  pour  la  galerie,  le 
spectacle  est  toujours  fâcheux  au  fond,  d'un 
parrainage  empoignant,  au  moment  de  la 
grippe,  le  père  godard  à  la  crapacine. 

.Ilontjean.  —  Il  me  faudrait  nommer  ici 
des  centaines  de  personnes.  Je  n'indiquerai 
que  ceux  à  qui  je  dois  le  plus.  Ce  sont  : 
1°  Pour  La  langue  ghihale  :  Ma  grand'mère 
Aunillon  (ou  Onillon),  née  Plumejeau  (1779- 
1867)  ;  mes  tantes,  Michelle  et  Cécile  Onil- 
lon ;  ma  bisaïeule  maternelle,  Marie  Bastard, 
veuve  Augusseau  (1780-1877)  ;  mon  grand- 
père,  René  Augusseau  (1806-1888),  un  pur 
Quoiie-de-V Hais  ;  ma  grand'mère,  Michelle 
Augusseau,  née  Bastard  (1801-1889)  ;  mon 
père,  Etienne  Onillon  (1812-1891)  ;  ma  mère, 
née    Marie    Augusseau    (1829)  ;    ma    sœur, 


Marie  Onillon  ;  mes  oncles  Pichery  et  Ri- 
bault  ;  ma  femme,  née  Jeanne  Pichery  ;  — 
tous  nos  voisins  du  Croissernent  ;  familles 
Brun,  Bouyer,  Bourigault,  Sauvé,  Coiffard, 
Leduc,  Martineau  ;  —  les  familles  Agoulon 
(de  Montauban)  et  Brun  (du  Salvert)  ;  — 
à  Châteaupanne,  M.  Réthoré  Jean,  mort  en 
1907,  vers  75  ans  ;  —  dans  l'île,  MM.  Maugin, 
Fromageau,  Monpas,  Trottier,  Boumier, 
Onillon,  Chiron,  et  mes  cousins  Ribault  et 
Bastard  ;  —  dans  la  Vallée,  MM.  Juret, 
Voisine,     Chesné,    Delaunay    et    Courant  ; 

—  dans  les  Champs,  MM.  Jolivet  (de  la 
Chauvinière),  Defois  (de  la  Gohardière), 
Sautejau,  dit  père  Garne  (de  l'Orchère), 
Mau  (de  la  Bougâtrie),  Avril  (du  Gât- 
Robin)  ;  —  au  Sol-de-Loire,  M.  Trottier 
Jean  ;  —  2"  Pour  la  langue  technique  : 
MM.  Branchereau  Pierre,  Onillon  Pierre  et 
René,  Leduc  Jean,  Leduc  René,  Huteau, 
Milpied,  Michel,  Jussiaume  Eugène,  Prévost, 
Giron,  Lebreton,  Fromageau,  Papin,  Rou- 
tard, Guais  Jean,  maîtres  mariniers  ;  — 
Martin  et  Ténier  Jean,  avaleurs  ;  —  Bureau, 
Barrault    Constant    et    Meslet,     pêcheurs; 

—  Huet   et  Rousseau,   pêcheurs  de  sable  ; 

—  Durand  et  Allard,  constructeurs  de  ba- 
teaux ;  —  Rochard  et  Bellanger,  marchands  de 
bois  ;  —  Burgevin,  Verger,  Brisset  et  Ber- 
nard, menuisiers  ;  —  Piron  et  Bretaudière, 
charrons  ;  —  Réveillard  et  Orthion,  tonne- 
liers ;  —  Papin,  Léger,  Meunier,  forgerons  ;  — 
Béguet,  Baconnet,  Gazeau,  Humeau,  Pichery, 
tourneurs-ajusteurs  ;  —  Humeau,  Bourvillé, 
Ménard  frères,  Pasquier  Jean,  Pelletier, 
maçons  ;  —  Deshayes,  couvreur  ;  —  Tou- 
blanc  Pierre,  Rousseau,  Courant,  carriers  ;  — 
Boisdron  Jacques  et  Martineau  père,  ex- 
fourneliers  ;  —  Bourmansais,  dit  la  Pie, 
Delhumeau  et  Rochard,  mineurs  ;  —  Ces- 
bron  Victor,  Sécher,  Defois  Jacques,  Tou- 
blanc  Pierre,  viticulteurs  ;  —  Toublanc, 
Huchon,  Bretaud,  dit  Belle-légume,  et 
Nouais,  jardiniers  ;  —  Delaunay,  Massé, 
Bruno,  Courant,  Petiteau,  boulangers  ;  — 
Simon,  Joly,  Sautejeau,  dit  le  Prince,  bou- 
chers ;  —  Barrault  Constant,  Pichery,  char- 
cutiers ;  —  Delaunay,  tueur  de  porcs  et 
greleur  ;  —  Hirbec,  huilier  -  grainetier  ; 
Gingueneau,  Guet  et  Bernard,  meu- 
niers, etc.,  etc. 

La  Pommeraye.  —  Les  mots  de  cette  loca- 
lité, je  les  dois  à  MM.  Rochard,  boulanger- 
aubergiste  ;  Courant,  grainetier-aubergiste  ; 
Courant,  marchand  de  bœufs  ;  Blond,  fer- 
mier au  Haut-Plessis  ;  Brun,  fermier-viti- 
culteur ;  Benoît,  y-né,  actuellement  institu- 
teur à  La  Pouèze,  qui  fut  mon  adjoint  à 
Saint-Paul-du-Bois  (188.5-86);  Lusson,  y-né, 
instituteur  à  Saint-Crespin  ;  Belliard,  y-né, 
instituteur  à  Saint-Laurent-de-la-Plaine  ;  feu 
mon  cousin  Lusson,  horloger  et  maire  de  la 
commune  ;  feu  mon  cousin  Louis  Chiron,  qui 
fui  longtemps  fermier  à  la  Turpinière  ; 
Catrou,  aubergiste  au  Pélican  ;  et  aussi  à 
j\Ime  veuve  Barré  et  à  M"«  Julie  Allain,  épi- 


MES  SOURCES 


XXI 


cières-mercières  ambulantes,  qui,  pendant 
des  années,  battirent  la  campagne  mont- 
jeannaise  en  portant  sur  leur  dos  leur  petite 
pacotille. 

Chalonnes-sur-Lotre.  —  Le  parler  de 
cette  commune  diffère  très  peu  de  celui  de 
Montjean.  Les  quelques  mots  que  j'en  ai 
relevés  sont  dus  surtout  à  mes  cousins  :  René 
Augereau  et  CoifTard,  fermiers  aux  Aireaux 
de  Grasigné,  et  Thomas,  fermier  au  Marais. 

Rochefort-siir-Loire.  —  C'est  mon  ami, 
M.  Houdet,  y-né,  décédé  pharmacien  à  Cha- 
lonnes,  qui  m'a  fait  connaître  le  peu  de 
vocables  que  je  connaisse  de  cette  localité, 
ainsi  que  quatre  ou  cinq  de  Béhuard,  où  il 
allait  souvent,  y  ayant  des  propriétés. 

Saint-Germain-dcs-Près,  la  Varaune.  — 
Ici,  ce  sont  MM.  Mingot  et  Mille,  mégeil- 
leurs  ;  Chauvin,  marchand-tailleur  ;  Lebre- 
ton ,  mercier-épicier.  Voisine,  fermier,  et 
mes  cousins  Lecomteet  Gâté,  de  La  Varanne, 
qui  ont  été  principalement  mis  à  contribution. 

Ingrandes-sur-Loire.  —  J'en  dois  quelques 
mots  à  MM.  Simon-Loiseau,  charron,  Lau- 
rence, chaudronnier,  et  Agoulon,  pêcheur- 
aubergiste. 

Le  Jlesnil.  —  Mon  ami  ]\L  Dubois,  notaire, 
y-né  ;  MM.  Courant,  maçon.  Piton,  tailleur  ; 
Blond,  sabotier-aubergiste,  m'ont  fourni 
d'assez  nombreuses  données  ;  mais  je  suis 
surtout  redevable  à  feu  Auguste  Branchereau, 
y-né,  qui  fut  notre  fermier,  au  Croissement, 
de  1882  à  1892. 

Beausse.  —  En  1879-80,  feu  mon  frère, 
Etienne  Onillon  (1855-95),  débuta  en  ce  poste 
comme  instituteur  titulaire.  J'eus  l'occasion, 
à  cette  époque,  d'y  faire  plusieurs  excursions 
et  d'y  recueillir  moi-même  d'assez  nombreux 
vocables  locaux,  en  conversant,  notamment, 
avec  MM.  Chesné,  aubergiste  et  maire  ; 
Cesbron,  buraliste  ;  Chiron,  aubergiste  et 
messager  ;  Brûlé,  cordonnier,  et  M'"^  Bezie, 
sa  belle-mère.  Mon  frère  me  signala  aussi 
quelques  locutions  qu'il  avait  notées  à  mon 
intention,  et  notre  moisson  s'étendit,  dans 
les  mêmes  conditions,  jusque  sur  les  com- 
munes limitrophes  de  Saint-Quentin-des- 
Mauges,  Botz  et  Saint-Laurent-du-Mottay. 
Dans  cette  dernière,  je  dois  signaler 
M.  Blanche,  bourrelier,  comme  un  de  nos 
principaux  informateurs. 

La  Varenne,  Montilliers,  La  Ponèze, 
Corzé.  —  Pour  ces  quatre  communes,  où 
mon  frère  Etienne  fut  successivement  insti- 
tuteur, de  1800  à  1889,  l'exposé  précédent 
serait  à  reproduire  en  termes  presque  iden- 
tiques. Dans  mes  visites,  je  fis  causer  les  indi- 
gènes ;  et  les  communes  voisines,  Champ- 
toceaux,  Vern,  Bécon,  Saint-C'léntent-de-la- 
Place,  La  Fosse-de-Tigné,  Seiches  Villevf'qHe, 
Soucelles  furent  explorées. 

Pouancé.  —  En  avril  1879,  j'arrivai  dans 
cette  petite  ville  comme  adjoint  de  M.  Que- 
nion,  depuis  instituteur  à  Angers  (faubourg 
Saint-Michel).  Inutile  de  dire  que  je  fis  pour 
ce  coin  de  l'Anjou,   y  compris   Carbay,    La 


Previère  et  Ar  maillé,  une  partie  de  ce 
que  je  m'étais  proposé.  Mais  mon  œuvre  n'en 
était  qu'à  ses  débuts  :  je  n'y  apportais  alors 
ni  l'ardeur,  ni  surtout  l'expérience  que  j'y 
ai  mises  depuis,  et  ma  collecte  fut  loin  d'être 
ce  qu'il  eût  fallu.  Je  l'ai  vivement  regretté 
depuis.  Je  recueillis  en  même  temps  quelques 
mots  de  Juigné-sur-Loire,  commune  natale 
de  M.  et  M'"'^  Quenion. 

Tiercé.  —  De  là,  je  fus  nommé  adjoint  à 
Tiercé,  chez  M.  Bompois  ;  j'eus  occasion  d'y 
faire  connaissance  avec  la  freud,  mot  du  pays 
et  de  circonstance,  pendant  le  terrible  hiver 
de  1880.  Je  n'en  souffris  pas  trop,  du  reste, 
grâce  à  l'amabilité  de  mon  patron  et  à  la 
libéralité  de  l'Administration  municipale, 
c{ui  disposait  d'un  budget  de  plus  de  30.000  fr. 
M.  Bompois,  qui  était  de  Gennes,  me  fournit 
quelques  mots  de  cette  localité,  et  j'en 
récoltai  un  certain  nombre  d'autres,  soit  à 
Tiercé,  soit  dans  nos  courses  aux  environs  : 
Briollay,  Clieffes,  Etriché,  Châteauneuf-sur- 
Sarthe,  Montreuil-siir-Loir  et  même  Conti- 
gné.  Mais  je  dois  dire  que,  pour  Briollay,  les 
données  que  j'ai  pu  fournir  ne  sont  absolu- 
ment rien  en  comparaison  de  l'apport  d'un 
collaborateur  beaucoup  plus  autorisé  que 
moi.  Pour  Tiercé  même,  ma  collecte  primi- 
tive s'est  notablement  accrue  depuis  lors, 
grâce  à  M.  Bélonie,  y-né,  que  j'ai  trouvé 
facteur-receveur  au  Longeron  (maintenant 
à  Bouchemaine). 

Mazé.  —  Le  même  M.  Bélonie  m'a  aussi 
quelque  peu  documenté  sur  Mazé,  où  il  avait 
résidé  plusieurs  années.  Cependant,  moi- 
même,  j'y  passai  les  trois  derniers  mois  de 
l'année  scolaire  1880,  comme  adjoint  de  feu 
M.  Petit,  instituteur  hors  de  pair  et  botaniste 
instruit,  qui  me  fit  connaître  nombre  de 
plantes  par  leurs  noms  vulgaires  et  scienti- 
fiques. A  cet  égard,  je  dois  beaucoup  à  mon 
ancien  patron  pour  une  des  parties  les  plus 
difficiles  de  notre  œuvre.  (Depuis  lors,  aussi, 
pour  la  détermination  d'une  demi-douzaine 
de  plantes  cjui  échappaient  à  ma  compé- 
tence, j'ai  eu  recours  aux  lumières  de 
M.  Morandeau,  pharmacien  à  Tilîauges, 
ancien  préparateur  de  botanique  à  l'Ecole 
supérieure  de  pharmacie  de  Nantes.  Qu'il  me 
permette  de  lui  exprimer  ici  toute  ma  recon- 
naissance pour  la  parfaite  bonne  grâce  avec 
laquelle  il  s'est  prêté  à  mes  vues.)  Est-il 
besoin  de  dire  que  Beanfort,  Corné,  Cornillé, 
Bauné,  Oée,  Fontaine-<iiiiérin  ne  me  pro- 
curèrent pas  seulement  des  spécimens  bota- 
niques. 

Sainte-Gemmes-sur-Loire.  —  Dans  l'inter- 
valle de  mes  séjours  à  Tiercé  et  à  Mazé, 
j'étais  allé  suppléer  pendant  plus  d'un  mois 
M.  Supiot,  instituteur  à  Sainte-Gemmes. 
Ma  récolte  en  ce  lieu  fut  maigre,  car  j'avais 
d'autres  chats  à  fouetter,  et  je  crois  bien  que 
je  négligeai  à  peu  près  complètement  les 
Ponts-de-Cé.  Mon  collaborateur,  M.  Verrier, 
entre  deux  coups  de  boules  de  fort,  a,  en  se 
jouant,  réparé  cette  grave  lacune. 


MES  SOURCES 


Saint- Piuil-;h;-Bois.  —  Au  mois  de  sep- 
tembie  1880,  ji;  nvinstallai.s  comme  inslitu- 
teur  titulaire  à  Saint-Paul-du-Bois  :  j'y 
devais  rester  exactement  huit  années.  Aussi 
le  nom  de  cette  commune  est-il  de  ceux  qui 
figurent  presque  à  toutes  les  pages  du  Glos- 
saire. La  langue  locale,  peu  variée,  parce  que 
toute  industrie  fait  défaut,  est  cependant 
riche  de  vieux  vocables  très  curieux  ;  elle 
tient,  d'ailleurs,  plutôt,  par  la  forme  et  par  la 
prononciation,  du  parler  des  Manges  que 
de  celui  du  Saumurois  ou  du  Poitou,  pourtant 
limitrophes.  D'antiques  et  vivaces  supersti- 
tions fournissent  un  fonds  notable  au  Folk- 
Lore.  C'est  à  Saint-Paul  que  mon  œuvre 
commença  à  prendre  corps  et  s'incarna 
même  en  une  première  édition,  restée  manus- 
crite, essai  bien  modeste  en  regard  de  l'édi- 
tion actuelle.  Comm.e  pour  Montjean,  mes 
sources  furent  nombreuses  ;  je  me  contente- 
rai de  citer  :  MM.  Charruau,  m.aire  ;  Ogeard 
et  Macé,  tailleurs  ;  Neau  Eugène  et  Jahan, 
forgerons  ;  Gautreau  Pierre,  propriétaire  ; 
Louis  Gourrichon,  et  Bruneau,  maçons  ; 
Veau  Pierre  et  Gautreau,  épiciers  ;  Voy 
Henri,  charron  ;  Voy  Jean,  charpentier  ; 
Poupard  et  Léon  Richard,  cordonniers  ; 
Poiron,  tisserand;  Boudayron,  marchand 
de  vaches  ;  Boileau  Frédéric,  boucher  ; 
Frappereau,  greleur  ;  Bonneau  Jules,  au- 
bergiste ;  Hervé  et  Mignot,  meuniers  ; 
Glemain  père.  Fardeau  Pierre,  Sauvêtre 
Pierre,  Derouineau,  Boileau,  dit  Cul- 
rouge,  Landreau,  Fonteneau  et  Defois, 
cultivateurs-fermiers.  Je  dois  un  souvenir 
spécial  à  M""*^  veuve  Neau,  morte  en  1886, 
vers  75  ans,  qui  me  fit  ma  popote  de  garçon 
pendant  cinq  années.  La  richesse  de  son  voca- 
bulaire égalait  son  dévouement.  Que  de  fois 
elle  me  dit  :  «  Ben,  qui  que  vous  allez  man- 
ger, à  midi?  Vous  avez  de  tout  ren  !  »  Et  je 
l'envoyais  à  la  «  pourtifaille  ». 

Pendant  cette  période,  les  communes  voi- 
sines furent  quelque  peu  épluchées  :  La 
Plaine,  Coron,  La  Salle-de-Vihiers  par  moi- 
même,  lors  de  mes  visites  à  mes  collègues, 
MM.  Bouhiron,  Landau,  Bourmansais,  Bau- 
mard  ;  —  Saint-Hilaire-du-Bois,  grâce  à 
M.  Aumont,  tailleur  ;  à  M.  Niveleau,  y-né, 
tourneur  à  Saint-Paul,  et  aussi  à  m.on 
regretté  collègue  et  ami,  feu  M.  Caillou  ;  — 
Le  Voide,  dans  mes  conversations  avec  feu 
Guiffard,  y-né,  le  facteur  qui  m'apportait 
chaque  jour  mon  courrier,  brave  et  joyeux 
garçon  qui  n'engendrait  pas  la  mélancolie  ;  — 
Viliiers,  lors  des  voyages  quasi  bi-hebdoma- 
daires  que  j'y  faisais  en  manière  de  distrac- 
tion ;  pendant  la  reconstruction,  en  1884-85, 
de  ma  maison  d'école  par  MM.  Cormier, 
maître-maçon,  Piau,  couvreur,  Sauvêtre, 
tailleur  de  pierres,  tous  «  viguierrois  «  ;  enfin, 
grâce  à  mes  rapports  fréquents  avec  MM.  Cor- 
mier fils,  horloger  ;  Garreau,  cafetier  ;  Piau 
frères,  peintre  et  plâtrier  ;  Turpault  et  Gorri- 
ihon,  marchands  de  vin  ;  et  aussi  avec 
M.  Andreau,  charron,  et  M'"'^  Chardin,  sage- 


femme  à  Saint-Paul,  tous  deux  nés  à  Vihiers. 
Les  documents  que  je  possède  sur  le  parler 
de  Cerqueux-sous- Passavant,  j'en  suis  rede- 
vable surtout  à  M.  et  Mi"«  Boussion,  y-nés, 
facteurs-receveurs  au  Longeron,  et  à  leurs 
parents,  MM.  Boussion  et  Boudayron.  J'ai 
été  renseigné  sur  \ueil.  Passavant  et  Cléré 
un  peu  par  moi-même  et  principalement  par 
]\Xme  Eugène  Neau,  de  Saint-Paul,  née  à  Pas- 
savant, et  par  son  frère,  M.  Mousseau, 
aujourd'hui  marchand  de  bois  à  Vihiers.  Je 
tiens  mes  documentations  sur  Somloire  de 
M.  et  M"»*^  Fouchereau,  y-nés,  boulangers  à 
Saint-Paul,  ainsi  que  de  M.  Henri  Debillot, 
hongreur,  maintenant  à  Seiches. 

Mes  adjoints,  MM.  Benoist,  de  La  Pomme- 
raye,  Emile  Guy,  de  Distré,  et  Rivier, 
d'Auverse,  aujourd'hui  instituteur  à  Va- 
rennes-sur-Loire,  me  fournirent  des  maté- 
riaux concernant  leurs  communes  respec- 
tives. A  M.  Rivier  surtout  je  dois  une  recon- 
naissance spéciale  :  non  seulement  il  me 
procura  une  récolte  abondante  de  mots  et 
d'usages  du  Baugeois,  mais,  doué  d'un  joli 
talent  de  calligraphe,  il  contribua  de  façon 
remarquable  à  l'exécution  de  mon  manus- 
crit primitif.  L'n  adjoint  de  feu  M.  Monjoint, 
mon  collègue  de  Somloire,  M.  X.,  né  à  Saint- 
Macaire-en-Mauges,  m'apporta  aussi  quelques 
notions  sur  le  patois  de  sa  localité. 

Transféré  à  Peilouailles  en  septembre  1888, 
je  n'y  restai  que  six  mois.  M.  et  M""*^  Dubas, 
maîtres-d'hôtel  ;  M.  Isambart  ;  MM.  Cocu, 
tailleur  ;  Rouget,  menuisier,  et  Danjou,  pro- 
priétaire, furent  mes  informateurs  princi- 
paux. En  compagnie  de  M.  Breton  fils,  ac- 
tuellement docteur-médecin  au  Plessis-Gram- 
moire,  j'étudiai  cette  commune  et  celle  de 
Saint-Sylvain.  L'occasion  se  présenta  aussi 
à  moi  d'apprendre  quelque  chose  du  parler 
de  Montigné-les-Rairies,  de  la  part  de 
M.  X.,  huilier,  beau-frère  de  M.  Dubas,  qui 
en  était  natif. 

Des  raisons  de  famille  impérieuses  me  rap- 
pelaient ;  je  démissionnai  le  1"  mars  1889  et 
retournai  à  Montjean.  Là,  pendant  treize 
ans,  en  communion  plus  intime  que  jamais, 
parce  que  plus  attentive,  avec  la  vie  rurale, 
je  m'appliquai  à  étendre  et  à  préciser  les 
notions  que  je  possédais  déjà  sur  le  dialecte 
local.  Ce  fut  pour  mon  œuvre  l'heure  de  la 
croissance  décisive,  de  l'épanouissement 
idéal. 

Ma  rentrée  dans  l'enseignement,  en  mai 
1902,  m'offrit  l'occasion  de  la  compléter 
encore.  Pendant  près  d'un  an  et  demi,  à 
Saint- Augustiu-des-Bois.  je  piochai  la  langue 
d"Outre-Loire,  très  sensiblement  différente  de 
cA\e  des  Manges.  J'eus  sui'tout  pour  précep- 
teurs :  MM.  Chalain,  maître-d'hôtel  ;  Jou- 
bert  et  Burgevin,  aubergistes  ;  Lardeux, 
cantonnier  ;  Freulon  et  Rouleau,  charrons  ; 
Angebault,  Troispoils,  Maingot,  fermiers  ; 
Dupont,  marchand  de  bœufs  ;  Richard,  pro- 
priétaire ;  et  aussi  MM"^*"»  Goguelin  et  Cho- 
quet.  Saint-Augustin,  localité  c.z'-^y.  insigni- 


MES  SOURCES 


fiante  par  elle-même,  a  l'avantage  d'être  un 
carrefour  de  routes  très  passant  :  les  occa- 
sions étaient  quotidiennes  d'y  converser  avec 
des  gens  de  Candé,  Loire,  Augric,  Chalain- 
la-Potherie,  Le  Louroux-Bécoiinais,  La  (^or- 
nuaille,  Saint-Siglsniond,  Ville moisan,  Saint- 
Georges -sur- Loire,  Saint-  Martin- du-Fouil- 
loux,  Bécon,  La  Pouèze,  Grez-Neuville  et 
même  Segré.  On  peut  croire  que  je  ne  man- 
quai pas  d'en  profiter.  Par  ailleurs,  je  me 
trouvai  là  en  rapports  avec  M.  et  M'"«'  Li- 
bault,  bouchers,  nés  à  La  Jubaudière, 
M'!*'  Tijou,  institutrice,  native  de  Juvardeil  ; 
M.  Lebreton,  forgeron,  originaire  de  Lue,  qui, 
tous,  me  firent  connaître  quelque  chose  du 
patois  de  leurs  pays  respectifs.  A  noter,  tou- 
tefois, que  la  plupart  des  vocables  de  Lue  et 
de  Candé  inscrits  au  Glossaire  proviennent 
d'autres  sources,  qu'il  appartient  à  M.  Ver- 
rier seulement  de  désigner  de  façon  explicite. 

Promu,  dès  septembre  1904,  à  Tout-le- 
Alonde,  capitale  du  pays  «  perraud  »,  je  me 
retrouvais  pour  ainsi  dire  en  pays  de  connais- 
sance ;  le  langage  de  Tout-le-Monde  et  La 
Orilloire  est  à  peu  près  celui  de  Saint-Paul- 
du-Bois,  qui  n'en  est  guère  distant  que  de 
cinq  lieues.  Il  y  a  cependant  des  particula- 
rités locales,  des  nuances  distinctives,  aux- 
quelles m'initièrent  principalement  :  M"^«  Pi- 
neau, femme  du  maire;  MM'i^s  Cochard  et 
Besson  ;  MM.  Cochard  et  Chabosseau,  cor- 
donniers ;  Hervé  et  Bachelier,  maîtres- 
d'hôtel  ;  Gazeau  et  Aunay,  aubergistes  ; 
Fonteneau,  charron  ;  Germain  frères,  menui- 
siers ;  Pionneau,  cantonnier  ;  Laure  et  Bes- 
son, forgerons  ;  Boussion  et  Galard,  fermiers. 
Je  ne  négligeai  pas  de  me  documenter  sur  les 
communes  circonvoisines:  Yzernay,  Chante- 
loup,  Nuaillé.  MM.  Boulord,  facteur  de  la  poste. 
Bigot,  boucher,  et  Maurat,  fabricant  de  poterie, 
me  renseignèrent  pour  Maulévrier  ;  M.  Lan- 
dreau,  garde-champêtre,  pour  Mazières,  son 
pays  natal  ;  M.  Biotteau,  pour  LaSéguinière; 
Mlle  Ribéreau,  institutrice,  pour  La  Poite- 
vinière,  où  elle  exerçait  précédemment. 

Enfin  j'arrivai,  en  mars  1905,  au  Longeron, 
qui  sera,  je  l'espère,  la  dernière  étape  de  ma  car- 
rière d'instituteur  et  de  lexicologue.  Ici,  en 
dépit  de  difficultés  spéciales,  ma  récolte  a  été 
copieuse,  parce  que  la  langue  locale  est  des 
plus  riches  et  des  plus  intéressantes.  Parmi  les 
très  nombreuses  personnes  de  qui  la  contribu- 
tion à  mon  œuvre  a  été  plus  ou  moins  volon- 


taire, je  citerai  seulement  :  MM.  Fonteneau» 
garde-champêtre  et  sabotier  ;  Fonteneau,  dit 
Poulet,  maître-d'hôtel  ;  Guérin,  marchand 
de  bois  ;  Gabard,  cordonnier  ;  Duret  fils,  bour- 
relier ;  M.  et  M."'^  Charrier  Pierre,  aubergistes; 
MM.  Girardeau  père  et  fils,  mégeilleurs  ; 
Soulard  père  et  fils,  coiffeurs  ;  Allard  père  et 
fils,  menuisiers  ;  Brochard  frères,  charrons- 
forgerons  ;  Vinet,  forgeron  ;  Guérin  et 
Piveteau,  tisserands;  HuUin,  boulanger; 
Poirier-Soulard  et  Brault,  épiciers  ;  Levron 
frères,  entrepreneurs;  Davy,  Chassériau , 
maçons  ;  Gilbert  et  Siret,  charpentiers  ; 
Lhoumeau,  boucher;  Retailleau  et  Cailleau, 
sabotiers.  Je  dois  beaucoup  à  MM.  Poirier, 
dits  Ferrand,  bouchers  ;  mais  je  suis  avant 
tout  redevable  à  M.  Malécot,  fermier  aux 
Prairies,  et  à  sa  famille,  une  des  plus  vieilles 
du  Longeron,  dont  tous  les  membres  se 
sont  prêtés  à  seconder  mes  recherches 
avec  autant  d'amabilité  que  d'intelligence. 

La  Sèvre,  limite  de  l'Anjou,  bornait  le 
champ  de  mes  investigations,  et  je  me  suis 
fait  un  scrupule  de  ne  jamais  la  dépasser. 
Mon  activité  extérieure  s'est  reportée  uni- 
quement sur  Torfou,  où  MM.  Boussion,  auber- 
giste, Brochard,  charron,  et  Devaux,  commer- 
çant, m'ont  fourni  quelques  données  ;  —  sur 
La  Roniagne,  où  j'ai  écouté  MM.  Griffon, 
messager,  Musset,  fermier,  Babonneau,  bou- 
cher ;  —  sur  Montfaucon,  où  M.  Brin,  auber- 
giste, instruit  ses  hôtes  en  les  amusant  ;  — 
sur  Saint- Crespin,  par  l'entremise  de  M.  Barré, 
y-né,  cantonnier  au  Longeron  ;  —  sur  La 
Séguiuière,  au  moyen  de  M.  Benaîteau, 
y-né,  tuilier  aux  Garrières  ;  —  sur  Roussay, 
par  M.  Baumard  René,  fermier  en  ladite 
commune  ;  —  et  sur  Tilliers,  grâce  à  M.  Fleu- 
rance,  y-né,  buraliste  au  Longeron,  et  aussi 
grâce  aux  membres  de  sa  famille. 

Et  voici  terminée  cette  longue  énuméra- 
tion.  Merci  à  tous,  et  surtout  à  ceux  qui  m'ont 
prêté  une  aide  consciente  et  délibérée.  Quant 
aux  autres,  qu'ils  ne  soient  ni  surpris,  ni 
contristés  de  se  trouver  en  aussi  nombreuse  et 
honorable  compagnie. 

Nos  lecteurs  se  convaincront,  je  pense,  que 
c'est  ici  une  œuvre  de  bonne  foi  et  de  sérieuse 
documentation. 


R.  Onillo^t. 


Le  Longeron,  9  avril  190K. 


EXPRESSIONS     TECHNIQUES 

employées  pour  abréger  une  explication 


Apocope.  —  Retranchement  d'une  lettre, 
d'une  syllabe  finale  :  Je  voi,  p.  je  vois  ; 
encor,  p.  encore. 

Aphérèse.  —  Retranchement  d'une  lettre 
ou  d'une  syllbae  initiale  :  Las,  p.  hélas  ; 
lors,  p.  alors  ;  mie,  p.  amie. 

Assimilation.  —  Action  de  rendre  sem- 
blable une  lettre  à  une  autre,  une  consonne  à 
celle  qui  la  précède  ou  la  suit  :  Apporter,  p. 
adporter  ;  accoutumer,  p.  adcoutumer. 

Cataclirèse.  —  Métaphore  qui  consiste  à 
employer  un  mot  dans  un  sens  contraire  à  sa 
signification.  Le  bec  d'une  plume.  A  cheval 
sur  un  bâton. 

DissimilatioD.  —  Action  de  changer  une 
lettre  :  Quenouille,  au  lieu  de  Quelouille 
(colucula)  ;  Boulogne,  de  Bononia. 

Epenthèse.  —  Consiste  à  redoubler  une 
lettre  au  milieu  d'un  mot.  Juppiter,  p. 
Jupiter. 

Métathèse.  —  Transposition  de  lettres  : 
Berloque,  p.  breloque  ;  brebis,  pour  berbis 
(vervex). 

Métonymie.    —    La    cause    pour    l'elTet» 


Bacchus  pour  le  vin  ;  le  contenant  pour  le 
contenu,  une  coupe  empoisonnée  ;  le  lieu  où 
une  chose  se  fait  pour  la  chose  elle-même,  un 
elbeuf,  pour  un  drap  d'Elbeuf,  etc. 

Onomatopée.  —  Formation  d'un  mot  par 
imitation  d'un  son.  Crac  !  bruit  d'une  chose 
dure  ou  sèche  qui  se  fend  ;  Glouglou,  de  la 
bouteille. 

Ilypocoristique.  —  Qui  atténue.  FifiUe, 
p.  fille. 

Paragoge.  —  Addition  d'une  lettre  ou 
d'une  syll.  à  la  fin  d'un  mot.  Avecque,  p.  avec. 

Péjoratif.  —  Aflfixe  qui  donne  au  mot  un 
sens  de  mépris.  Ache,  de  Bravache. 

Permutation.  —  Changement  de  place 
des  lettres  d'un  mot.  V.  Métathèse. 

Prosthèse.  —  Addition  d'une  lettre  ini- 
tiale. Arecommencer,  p.  recommencer. 

Syncope.  —  Retranchement  d'une  lettre 
ou  d"une  syll.  dans  un  mot.  Gaîté,  p.  gaieté. 

Synecdoque.  —  Partie  pour  le  tout  : 
payer  tant  par  tête  ;  tout  pour  la  partie  : 
acheter  un  castor,  un  chapeau  fait  en  poil 
de  castor. 


AUTEURS    ET    OUVRAGES 


cités  par  ordre  alphabétique  des  Noms  et  des  Abréviations 


Ane.  th.  fr. 
Anj.  liist. 
Aub. 
A.  V. 
Bat. 


B.  B. 
B.  D. 


B.  de  V. 


Ch.  de  R. 
C.  L.  C. 
Cle  Jaub. 


C.  Port. 

C.  G. 

D^  A.  Bos. 


Darm. 
Den. 


Alanic  (Mathilde)  Melle.  Œuvres. 
Allard    (abbé)    N.    s.    M.    Notes    sur 

Montjean. 
Ancien  théâtre  français. 
Anjou  historique. 
Aubigné  (d')  histoires. 

A.  Verrier 

Bâtard.  Essai  sur  la  Flore  du  départe- 
ment de  Maine-et-Loire,  1809. 
Vve  Pavie  et  fils. 

Bazin  (René),  de  l'Académie  française. 
Œuvres. 

Bontemps-Beaupré.  Cité  par  Ménière. 

Bibliothèque  de  l'Ecole  de  Chartes. 

B.  de  la  Monnaye.  Noëls  bourgui- 
gnons. 

Bodet  (René).  Grand  pèlerinage  de 
Lourdes    —  au  Puy-Notre-Dame. 

Bodin  (J.).  Œuvres. 

Bonaventure  Desperriers.  Contes. 

Boreau.  Naturaliste. 

Borel.    Dictionnaire    des    termes    du 

vx  franc  1882. 

Bourdigné  (Ch.  de).  Pierre  Faifeu. 

Bourdigné  (J.  de).  Chroniques  ;  His- 
toire aggrégative. 

Bourgeois  (H.).  —  Histoires  de  la 
Grande  Guerre. 

Brantôme.  Œuvres.  D.  G.,  Dames 
Galantes. 

Bréal.  Essai  de  Sémantique. 

Bruneau  de  Tartifume.  Philandino- 
polis. 

Bûcher  (G.  C).  Les  Poésies  de  Ger- 
main Colin.  Bûcher,  angevin.  Par 
J.  Denais  (Paris,  Léon  Techener). 

Béroalde  de  Verville.  M.  de  p.  Moyen 
parvenir. 

Castoiement  d'un  père  à  son  fils. 

Chevin  (abbé). 

Chanson  de  Roland. 

Charles  Leroux-Cesbron.  V.  Leroux. 

Comte  Jaubert. 

Constans.  Chrestomathie  de  l'anc.  fr. 

Cotgrave.    Dictionnaire. 

Célestin  Port.  V.  Port. 

Coquillard. 

Coutumier  général. 

Coutumes  d'Anjou  —  de  Poitou. 

Dr  A.  Bos.  Glossaire  de  la  langue  d'oïl 
(Paris.  Maisonneuve). 

Dagnet.  Le  Patois  manceau. 

Darmesteter.   Dictionnaire  général. 

Deniau  (abbé).  Histoire  de  la  Vendée. 


Delvau.    Dictionnaire    de    la    langue 
verte, 
de  Mont.       De    Montesson.    Vocabul.    du    Haut 
Maine. 
Devillard.    Chrestomathie    de    l'anc. 
franc. 
Dict.  gén.      Dictionn.  général  de  la  langue  fran- 
çaise, par  A.  Hatzfeld,  A.  Darmes- 
teter et  A.  Thomas. 
Dott.  Dottin.    Gloss.    des    parlers    du    Bas- 

Maine.  —  Du  parler  de  Pléchâtel. 
Du  Bell.         Du  Bellay.   Défense  et  Illustr.   de  la 

lang.  franc. 
D.  C.  Du  Cange.  Glossarium  médise  et  infi- 

ma-  latinitatis. 
Eudel  (Paul).  Locutions  nantaises.  — 

Le  parler  blaisois. 
Eutrapel.  Contes. 
Ev.  Eveillé.  Glossaire  saintongeois. 

Farcy  (de). 
Fav.  Favre.  Gloss.  du  Poitou,  de  la  Sain- 

tonge  et  de  l'Auni's. 
Perrière.  Etymolog.  de  400  prénoms. 
Fraysse.  Folk-Lore  du  Baugeois. 
Furetière.  Dictionn. 
G.  C.  B.         V.  Bûcher. 

Génin.  Récréations  philologiques.  Des 
variations  du  langage  français. 
G.  G.  V.  G.  de  G. 

G.  de  G.         Guerlin  de  Guer.  —  Le  parler  popu- 
laire dans  la  commune  de  Thaon.  — 
Pari,    popul.    de    l'Yonne    (Y).    — 
Revue  des  par.  popul. 
Gl.  Glouvet.  V.  Histoires  du  vx  temps. 

Goblet.  Contes  des   coteaux  de  Sau- 

mur. 
Godard- Faultrier.  L'Anjou  et  ses  mo- 
numents. 
God.  Godefroy.  Dictionn.  du  vx  franc. 

Guill.  Guillemaut.     Diction,    patois    de    la 

Bresse  louhannaise. 
Hanriot.    De   l'explication   des   noms 
géographiques  et  des  noms  de  lieux. 
Hatzf.  Hatzfeld.  V.  Dictionnaire  général. 

H.  B.  V.  Bourgeois. 

Halphen   (L.).   Le  comté  d'Anjou  au 

xr'  siècle. 
Hecquet  Boucrand.  Dictionn.  étymoL 

des  noms  propres  d'hommes. 
Henri  Estienne.  La  Précellence  du 
lang.  franc. 
H  "  du  vx  t.  Histoires  du  vietix  temps.  Extraits  du 
manuscrit  de  l'écuyer  Loys  de  Cus- 
sière,  Gentilhomme  angevin,  revus 
et  publiés  par  son  petit  neveu   le 


XXVI 


AUTEURS  ET  OUVRAGES 


H  ""  du  vx  t.     Chevalier  de  Glouvet  (Quesnay  de 

Beaurepaire)  Sauinur.  Paul  Godet, 

1866. 
Houdebine  (abbé).  Cité  dans  l'Anjou 

historique. 
I.  A.  Inv    (entaire)    des    Arch    (ives)    de 

Maine-et-Loire. 
Intermédiaire  nantais.  Aux  Bureaux 

du  Phare  de  la  Loire.  Année  1902. 
Jaub.  Jaubert     (le     comte).     Glossaire     du 

Centre  de  la  France  (1864). 
Jouv.  Jouvencel   (Le).    Roman   historiq.   du 

xv*^  siècle,  p.  Jean  de  Bueil. 
L.  G.  La    Curne    de    Sainte-Palaye.     Dict. 

historiq.  de  l'anc.  langue  fr. 
Lapaire.  Le  patois  berrichon. 


L.  B. 
L.  C. 


Litt. 
Lor.  Lar. 


Mal. 


Mén. 


Mont. 
Mol. 
N.  A. 
N.  E. 
N.  P. 


Pals. 


I;eroux-Cesbron.  Œuvres. 

Leroux  de  Lincy.  Proverbes. 

Littré.  Dict.  de  la  lang.  franc. 

Lorédan  Larchey.  —  Dictionn.  his- 
toriq. d'argot.  —  Nouveau  Supplé- 
ment, id.  —  Nos  vieux  proverbes. 

Malvezin.  Dictionn.  des  racines  cel- 
tiques. 

Marchegay. 

Ménage. 

Ménière.  Gloss.  des  pat.  angev. 

Moisy.  Gloss.  comparatif  anglo-nor- 
mand. 

Monet. 

Montaigne.  Œuvres. 

Molière. 

Noëls  angevins. 

Notes  de  l'Editeur,  dans  la  Curne. 

Noëls  populaires. 

Olivier  de  Serres.  Œuvres. 

Orain.  Glossaire  pat.  d'Ille-et-Vilaine. 

Oudin.  Dictionn. 

Palsgrave.  Eclaircissement  de  la  1.  fr. 


Rab. 


R.  A. 
R.  O. 


P.  C.  Petit  Courrier  (Le),  journal  d'Angers. 

P.  Ch.  Petit  Choletais. 

Perraudière  (R.  de  la).  Recherches  sur 

la  commune  de  Lue,  2'^  partie. 
Pissot  (Le  D'').  V.  Lolk  Lore,  xi,  c. 
Port   (Célestin).    Dictionn.    historique 

de  Maine-et-Loire. 
Quicherat.  De  la  formation  française 

des  anciens  noms  de  lieu. 
Rabelais.    Le   plus   souvent  celui   de 

L.    Moland.    P.   =  Pantagruel.   — 

G  .^  Gargantua. 
Revue  de  l'Anjou. 
René  Onillon. 
Robert  Estienne. 
Roland  de  Denus.  Les  anc.  prov.  de  la 

France.     Dictionn.     des     appellat. 

ethniques. 
Roman  de  Renart,  par  D.  M.  Méon. 
Romania. 
Ronsard.  Œuvres. 
.  R.  Revue  des  patois  gallo-romains. 
Scheler.  Diction,  étymol.  franc. 
Simon.    La    Romagne.    Monographie 

manuscrite.    —    Recueil  de   chan- 
sons. 
Soland    (de).    Proverbes    et    Dictons 

rimes  de  l'Anjou. 
Straparole.  Nuits  de. . . 
Sudre    (Léopold).    Cours    de   gramm. 

historiq.  de  la  lang.  franc.,  3«  partie. 

Formation    des    mots    et   Vie    des 

mots. 
La  Tradition,  en  Poitou  et  Charentes. 
Trévoux.   Dictionn. 
Vaugelas.  Dictionn. 
Villon.  Œuvres. 
Vincelot  (abbé).  Les  noms  des  oiseaux 

expliqués     par    leurs     mœurs,     ou 

Essais  étymolog.  sur  l'ornithologie. 


R.  P.  G 

Schel. 


Stapp. 

Trad. 
Vaug. 


NOMS    DE    LIEUX 


cités  dans  le  Glossaire,  par  ordre  alphabétique  d'abréviations 


Nota.  —  Les  lettres  et  les  chifTres  placés  à  gauche  de  chaque  colonne  renvoient  à  la 
Carte  de  Maine-et-Loire  publiée  par  la  maison  Oberthùr,  de  Rennes,  ci-jointe. 
Les  lecteurs  pourraient  la  quadriller  de  la  façon  suivante  : 

a)  Horizontalement  ;  la  première  ligne  affleurant  la  partie  supérieure  du  mot  Angers, 
et  les  autres  tracées  de  deux  en  deux  centimètres  au  N.  et  au  S.  ; 

b)  Verticalement  ;  la  première  ligne   coupant  la  boucle   du  G  du    même  mot,  et  les 
autres  tracées  de  deux  en  deux  centimètres,  à  l'E.  et  à  l'O. 

Inscrire  les  lettres  de  A  à  J  dans  les  dix  colonnes  verticales  de  gauche,  et  les  chiffres 
de  1  à  11  en  haut  des  onze  colonnes  verticales,  sans  tenir  compte  delà  première  demi-colonne. 
Le  nom  cherché  se  trouve  à  l'intersection  des  deux  colonnes.  Ex.  :  Brézé,  h  9. 


/ 

2 

Ac 

Ancenis 

e 

7 

Ad 

Andard 

b 

2 

Aé 

Armaillé 

e 

6 
10 

Ag 
Als 

Angers 
Allonnes 

g 

7 

Am 

Ambillou 

c 

4 

An 

Andigné 

d 

10 

Au 

Auverse 

d 

6 

Av 

Avrillé 

b 

4 

Avi 

Aviré 

d 

7 

Ba 

Bauné 

d 

4 

Bc 

Bécon 

e 

5 

Bch 

Bouchemaine 

/ 

5 

Bd 

Béhuard 

e 

8 

Bf 

Beaufort 

d 
h 
b 

9 
3 

6,7 

Bg 

Bgs 
Bh 

Baugé 

Bégrolles 

Brissarthe 

c 
b 

3 
4 

Bi 
Bil 

Bourg-d'Iré 
Breil 

f 

6 

Bl 

Beaulieu 

e 

7 

Bn 

Blaison 

/ 
d 

4 

9 

Bo 

Boc 

Bourgneuf 
Bocé 

g 
f 

9 

7 

Bpu 
Br 

Beaupréau 
Brissac 

b 

3 

Brd 

Bouillé-Ménard 

e 

8 

Bri 

Brion 

h 

9 

Brz 

Brézé 

e 

7 

Bsa 

Brain-sur-l'Authion 

d 

4 

Bsl 

Brain-sur-Longuenée 

f 

10 

Bso 

Brain-sur- Allonnes 

f 

3 

Bss 

Beausse 

h 
f 

8 
3 

Bsy 
Btz 

Brossay 
Botz 

f 

9 

Bu 

Blou 

g 

9 

Bux 

Bagneux 

b 

3 

Brg 

Bourg-l'Evêque 

d 
e 

6 
5 

By 

Bz 

Briollay 
Beaucouzé 

f 

2 

Bzé 

Bouzillé 

b 

3 

Cb 

Combrée 

c 

5 

Ce 

Champteussé 

g 

8 

Cch 

Gourchamps 

h 

7 

Ccn 

Goncourson 

i 

7 

Céé 

Cléré 

c 

6 

Cf 

Ghefïes 

o 

9 

Cha 

Ghacé 

/ 

7 

Chc 

Gharcé 

g 

5 

Ché 

Ghemillé 

4 
1 

7 

Chel 

Ghemellier 

/ 

5 

Chf 

Ghaudefonds 

g 

6 

Chg 

Ghavagnes 

d 

10 

Chi 

Ghigné 

f 

4 

Chl 

Ghalonnes-sur-Loire 

C 

5 

Chm 

Ghambellay 

i 

4 

Cho 

Gholet 

c 

6 

Chp 

Ghampigné 

e 

4 

Chpt 

Ghamptocé 

d, 

e  9 

Chr 

Ghartrené 

» 

» 

Cht 

Ghâteau-Gontier 

/ 

i 

Chx 

Ghamptoceaux 

c 

3 

Chz 

Ghazé-sur-Argos 

c 

9 

Gif 

Glefs 

i 

10 

Gin 

Gourléon 

d 

3 

Cnd 

Gandé 

h 

5 

Go 

Goron 

h, 

i  5 

Cp 

Ghanteloup 

»  )i 

5 

Gra 

Graon 

e 

7 

Gré 

Gorné 

b 

6 

Crr 

Gherré 

d 

7 

Grz 

Corzé 

f 

7 

Cs 

Goutures 

b 

8 

Gsl 

Cré-sur-Loir 

h 

6 

Gsp 

Gerriueux-sous-Passavant 

c 

C 

Css 

Ghâteauneuf-sur-Sarthe 

b 

6 

Ctg 

Gontigné 

c 

3 

Cth 

Ghalain-la-Potherie 

e 

9 

Gu 

Cuon 

a 

5 

Cz 

Ghanzeaux 

d 

6 

Cyd 

Cantenay-Epinard 

h 

8 

De 

Douces 

f 

5 

De 

Denée 

g 

9 

Di 

Distré 

h 

8 

Do 

Doué-la-Fontaine 

g 

3 

Dp 

Dampierre 

xxvrn 


NOMS  DE  LIEUX 


/ 

1,2 

Dr 

Drain 

g 

3,  4 

Lpv 

La  Poitevinière 

c 

8 

Dt 

Durtal 

b 

2 

Lpvi 

La  Prévière 

b 

7 

Dy 

Daumeray 

d 

4 

Lpz 

La  Pouëze 

d 

6 

Ec 

Ecouflant 

c 

3 

Lré 

Loire 

d 

8 

Ech 

Echemiré 

i 

3 

Lrm 

La  Romagne 

d 

6 

Ed 

Epinard 

f 

8 

Lros 

Les  Rosiers 

e 

6 

Ég 

Erigné 

i 

3 

Lseg 

La  Séguinière 

c 

7 

Et 

Etriché 

d 

7 

Lss 

Le  Ple.ssis-Grammoire 

d 

6 

Fe 

Feneu 

f 

8 

Lth 

Le  Thoureil 

e 

8 

Fg 

Fontaine-Guérin 

c 

3 

Ltr 

Le  Tremblay 

c 

8,9 

Fo 

Fougère 

i 

4 

Ltu 

La  Tessouale 

d 

2 

Fr 

Freigné 

h 

5 

Lty 

La  Tour-Landry 

h 

10 

Ft 

Fontevrault 

g 

8 

Lu 

Les  Ulmes 

g 

2 

Fy 

Faye 

d 

8 

Lue 

Lue 

g 

2 

Fu 

Fuilet  (le) 

» 

» 

Lva 

La  Varanne  (région) 

h 

2 

G 

Geste 

/ 

1 

Lve 

La  Varenne 

g 

6 

Gd 

Gonnord 

h 

5 

Lvh 

La  Salle-de-Vihiers 

c 

4 

Gé 

Gêné 

h 

6 

Lvo 

Le  Voide 

b 

3 

Gh 

Grugé-l' Hôpital 

b,c 

4 

Lvs 

Louvaines 

c 

5 

Gn 

Grez-Neuville 

h 

8 

Lvy 

Le  Vaudelnay 

■ù 

» 

Gp 

Grandes-Plaines 

d 

4 

Lx 

Le  Louroux 

î 

8 

Gs 

Genres 

i 

5 

Lxm 

Les  Cerqueux  de  Maulévrier 

f 

7 

Gz 

Grézillé 

h 

8 

Lya 

Le  Puy-Notre-Dame 

c 

7 

H 

Huillé 

c 

8 

Lz 

Lézigné 

e 

3 

I 

Ingrandes 

g 

6 

Ma 

Machelles 

e 

6 

Jl 

Juigné-sur-Loire 

g 

7 

Mb 

Martigné-Briand 

g 

4 

Jls 

J  allais 

d 

7 

Me 

Marcé 

e 

9 

Jm 

Jumelles 

h 

2 

Mfe 

Montfaucon 

c 

6 

Jv 

Juvardeil 

d 

5,6 

Mfy 

Montreuil-Belfroy 

d 

8 

Jz 

Jarzé 

» 

»  » 

Mg 

Mauges  (Les)  (région) 

c 

5 

La 

Le  Lion-d'Angers 

d 

11 

Mgé 

Meigné 

f 

7 

Lad 

Les  Alleuds 

b 

6 

Mi 

Miré 

d 

10 

Las 

Lasse 

b 

5 

Mig 

Marigné 

1 

3 

Lb 

La  Boutouchère 

f 

9 

Miy 

Milly 

e 

7 

Lbh 

La  Bohalle 

i 

4 

Mj 

Montjean 

c 

3 

Lbi 

Le  Bourg-d'Iré 

e 

10 

Mlh 

Mouliherne 

f 

10 

Lbr 

La  Breille 

» 

» 

Mil 

Maillé 

f 

2 

Lbs 

La  Boissière-sur-Evre 

i 

4,5 

Mlr 

Maulévrier 

d 

3 

Le 

LaCornuaille 

h 

5 

Mly 

Melay 

h 

3 

L,cg 

La  Chapelle-du-Genût 

i 

2 

Mm 

Montigné-sur- Moine 

/ 

2,3 

Lco 

La  Chapelle-Saint-Florent 

f 

3 

Mnl 

Mesnil  (Le).  V.  Lme 

g 

6 

Lcp 

Le  Champ 

b 

7 

Mor 

Morannes 

h 

6 

Lcq 

Les  Cerqueux-sous-Passavant 

g 

2,  S 

Mot 

Montrevault 

c 

4 

Lcso 

La  Chapelle-sur-Oudon 

c 

4 

Mr 

Marans 

/ 

9 

Lé 

Longue 

h 

6 

Mrs 

Montilliers 

b 

4 

Lfi 

La  Ferrière 

c 

7 

Msl 

Montreuil-sur-Loir 

h 

7 

Lft 

La  Fosse-de-Tigné 

c 

5 

Msm 

Montreuil-sur-Maine 

g 

2 

Lfu 

Le  Fuilet.  V.  Fu. 

g 

9 

Msu 

Montsoreau 

i 

2 

Lg 

Le  Longeron 

c 

8 

Mt 

Montigné-les-Rairies 

» 

» 

Lgd 

La  Guégnardière 

i 

3 

Mtg 

Mortagne 

d. 

e  9 

Lgu 

Le  Guédéniau 

e,f 

3 

Mt'l 

Montrelais 

g 

7 

Li 

Luigné 

e,* 

6 

Mu 

Mûrs 

e 

8 

Lié 

La  Ménitré 

h 

8 

Mv 

Montreuil-Bellay 

c 

8 

Lii 

Les  Rairies 

e 

8 

Mz 

Mazé 

f 

2 

Lir 

Lire 

/ 

6 

Mzé 

Mozé 

e 

10 

Lis 

Linières 

i 

4 

Mzs 

Mazières 

h 

3,4  Ljb 

La  Jubaudière 

f 

9 

Né 

Neuillé 

g 

5 

Ljm 

La  Jumellière 

b,c 

2 

No 

Noëllet 

b 

5 

Ljy 

La  Jaille-Yvon 

d 

10 

Nom 

Noyant-Méon 

i 

5 

LU 

La  Crilloire 

h 

8 

Npt 

Neuil-sous-Passavant 

d 

5 

Lm 

La  Membrolle 

b 

3 

Nt 

Noyant-la-Gravouyère 

f 

3 

Lme 

Le  Mesnil.  V,  Mnl 

h, 

4 

Nu 

Nuaillé 

d 

5 

Lmg 

La  Meignanne 

g 

4 

Ny 

Neuvy 

/ 

3 

Lms 

Le  Marillais 

b 

3 

Nvu 

Nyoiseau 

h 

3, 

4  Lmy 

Le  May 

e 

12 

Pc 

Parçay  (rare) 

g 

7 

Loe 

Louresse 

c 

6 

P  C 

Ponts-de-Cé  (Les)  V.  Lpc 

f, 

?    7 

Lou 

Louerre 

d 

c 

Pell 

Pellouailles 

e 

5 

Lp 

La  Pointe 

h 

■2 

Po 

Pouancé 

e 

6 

Lpc 

Les  Ponts-de-Cé.  V.  P.  C. 

e 

6 

Pr 

Prince 

g 

2 

Lpd 

Le  Puiset-Doré 

h 

7 

Pt 

Passavant 

i 

5 

Lpl 

La  Plaine 

d 

5 

Pu 

Pruillé 

/ 

4 

Lpm 

La  Pommeraye 

g 

10 

Py 

Parnay 

3, 

4  Lpm 

y  Le  Pin-en-Mauges 

/ 

7 

Q 

Quincé 

/ 

5 

Lpos 

La  Possonnière 

o 

6 

Rbl 

Rablay 

c 

3 

Lpot 

La  Potherie 

/ 

5 

Rf 

Rochefort             ^^^_ 

NOMS  DE  LIEUX 


XXIX 


g 

8 

Rmn 

Rou-Marson 

h,  i 

:  2 

Ry 

Roussay 

e 

4 

Sa 

Saint- Augustin- des- Bois 

f 

5 

Sal 

Saint- Aubin-de-Luigné 

g 

9 

Sar 

Saumur 

g 

2 

Sau 

Sain  t-Laurent-des- Au  tels 

» 

» 

Sb 

Sablé 

e 

6 

Se 

Saint- Jean-de-la-Croix 

g,  h  9 

Scb 

Saint-Cyr-en- Bourg 

i 

3 

Sch 

Saint-Christophe 

f 

8 

Sel 

Saint-Clément-des-Levées 

d 

7 

Sels 

Soucelles 

h 

1, 

2  Sep 

Saint-Crespin 

c 

5, 

6  Sex 

Sceaux 

c 

4 

Segr 

Segré 

f 

3 

Sf 

Saint-Florent-le- Vieil 

e 

6 

Sg 

Sainte-Gemmes-sur-Loire 

c 

4 

Sgg 

Sainte-Gemmes-d'Andigné 

e 

4 

Sgl 

Saint- Georges-sur- Loire 

i 

7 

Sh 

Saint- Hilaire-du- Bois 

g 

2 

She 

Saint-Christophe-la-Couperie 

d 

2 

Shs 

Seiches 

e 

6 

Shv 

Saint-Barthélémy 

b 

5 

Sis" 

Saint-Martin-du-Bois 

d 

o 

Sj 

Saint-Mars-la-Jaille 

c 

1 

Sjv 

Saint- Julien-de-Vouvantes 

e 

5 

SI 

Saint- Lambert-la-Potherie 

g,' 

h  7 

Slg 

Soulanger 

g 

9 

SU 

Saint- Lambert- des- Levées 

i 

4 

SI  m 

Saint-Léger-du-May 

f 

4 

Slp 

Saint-Laurent  de-la-Place 

f 

6 

Sis 

Soulaines 

i 

5 

Slty 

Saint-Lambert-du-Lattay 

i 

9 

Sly 

Saint-Laurent-du-Mottay 

g 

4 

Slz 

Saint-Lezin 

h 

4 

Smb 

Saint-Martin-de-Beaupréau 

c 

2 

Sme 

Saint-Michel  et  Chanveaux 

e 

5 

Smf 

Saint-Martin-du-Fouilloux 

i 

3 

Smm 

Saint-Macaire-en-Mauges 

i 

8 

Smp 

Saint-Martin-de-la-Place 

e 

6. 

7  Smv 

Saint- Jean-des-Mauvrets 

g 

7 

Sn 

Saint-Georges-Chàtelaison 

d 

9 

Sne 

Saint-Martin-d'Arcé 

g 

4 

Sne 

Sainte-Christine 

b 

6 

Sœ 

Sœurdres 

» 

» 

Soi 

Saint-Georges-sur-Moine 

i 

5 

Som 

Somloire 

e 

6 

Sorg 

Sorges 

d 

6 

Sou 

Soûl  aire 

g 

9 

Soz 

Souzay 

i 

6 

Sp.  b 

Saint-Paul-du-Bois  (Stp) 

h 

4 

Spg 

Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde 

d 

5 

Spl 

Saint-Clément-de-la-Plaee 

h 

2 

Spr 

Saint-Germain-des-Prés 

g 

3 

Sq. 

Saint-Quentin-en-Mauges 

e 

7 

Srn 

Saint-Mathurin 

g 

3 

Srt 

Saint-Pierre-Montlimart 

e,f 

7 

Ss 

Saint-Saturnin 

e 

3 

Ssd 

Saint-Sigismond 

g 

1 

Ssl 

Saint-Sauveur-de-Landemont 

d 

6 

Ssv 

Saint-Sylvain 

e 

4 

Sta 

Saint-Augustin  (V.  Sa) 

i 

6 

Stp 

Saint-Paul  (V.  Sp) 

f 

7.  8 

;  Svi 

Saint-Georges-des-sept- Voies 

e,f 

7 

Svr 

Saint-Rémy-la-Varenne 

f 

5 

Svs 

Savennières 

» 

» 

Sy 

Saumoussay 

c 

6 

Te 

Tierce 

i 

2 

Tf 

Torfou 

o 

7 

Tg 

Tigné 

c 

5 

Tgn 

Thorigné 

g 

6 

The 

Thouareé 

g 

6 

Ths 

Thouars 

i 

8 

Tif 

Tifîauges 

h 

2 

Tis 

Tilliers 

i 

4 

Tlm 

Tout-le-Monde 

g 

9 

Tq 

Turquant 

e 

6 

Tr 

Trélazé 

h 

4 

Ts 

Trémentines 

h 

6,  ; 

'  Tt 

Trémont-la-Plaine 

g 

9 

Vas 

Varrains 

d 

9 

Vb 

Vieil-Baugé 

g 

9 

Vbr 

Villebernier 

f 

6 

Ve 

Vauchrétien 

» 

« 

Vd 

Vendée 

h 

6 

Vh 

Vihiers 

h 

2 

Viu 

Villedieu 

e 

4 

Vm 

Villemoisan 

c 

4 

Vn 

Vern 

f 

10 

Vni 

Vernoil 

e,f 

3 

Vr 

Varades 

9 

Vsl 

Varennes-sur-Loire 

S 

9 

Vsm 

Varennes-sous-Montsoreau 

f 

10 

Vts 

Vernantes 

d 

7 

Vv 

Villevcque 

h 

8 

Vy 

Vaudelnay 

h 

5 

Vz 

Vezins.    ,; 

i 

5 

Y 

Yzernay 

ABRÉVIATIONS 


Grammaticales,   Historiques,    Géograptiiques,  etc. 


a. 

actif 

ind. 

indicatif 

S. 

Sud 

AetC 

Adages  et  Compar. 

interj. 

interjection 

s.  sing. 

singulier 

adj. 

adjectif 

inus. 

inusité 

s.  e. 

sous-entendu 

adv. 

adverbe,  bial 

irr. 

irrégulier 

subst. 

substantif 

aha. 

ancien  haut  allemand 

ital. 

italien 

sqq. 

et  les  suivants 

ail. 

allemand 

1. 

ligne 

suff. 

suffixe 

am. 

allem.  moderne 

lang. 

langue,  gage 

sup. 

supin 

ang. 

angevin,    Angers 

lat. 

latin 

suppl. 

supplément 

angl. 

anglais 

loc. 

locution 

syll. 

syllabe 

art. 

article 

L.  p. 

latin  popul. 

syn. 

synonyme 

b. 

bas  (de  la  page) 

m. 

masculin 

svn.  et  d. 

synon.  et  doublet 

ba. 

bas  allemand 

m.  à  m. 

mot  à  mot 

t' 

ajouté  au  radical  de 

bl.  BL. 

bas  latin 

m.  â. 

moyen  âge 

l'adjectif   =  ment, 

Berr. 

Berry,  ichon. 

N. 

Note  ou  Nord 

en  fait  un  adverbe 

c.-à-d. 

c'est-à-dire 

n. 

neutre 

(rare^ 

Cf. 

Comparez 

ni 

néerlandais 

V. 

Voyez, 

Ch. 

chose 

norm. 

normand 

V. 

verbe,  bal 

ch.-l. 

chef-lieu 

N.  P. 

note  philologique 

Vcm. 

Voyez  ce  mot 

class. 

classique 

0. 

Ouest 

vha 

vieux  haut  allem. 

conj. 

conjonction 

onom. 

onomatopée 

Vo 

Verbo  ;  voyez  ce  mot? 

conjug. 

conjugaison 

or.  inc. 

origine  inconnue 

vulg. 

vulgaire 

contr. 

contracté-tion 

P- 

page 

vx 

vieux 

dér. 

dérivé 

part. 

participe 

Z. 

Zigzags.  V.  2°  partie. 

dim. 

diminutif 

pas. 

passé 

Récits  en  patois. 

dipht. 

diphtongue 

pat. 

patois 

ds 

dans 

p.-ê. 

peut-être 

SiGKES  : 

E. 

Est 

péjor. 

péjoratif 

ell. 

elliptique 

pers. 

personnel 

Il 

séparation  de  sens. 

esp. 

espagnol 

pi. 

pluriel 

4 

plus 

et.  étym 

étymologie 

popul. 

populaire 

égal  à 

ex. 

exemple 

prén. 

prénom 

* 

forme  supposée 

ext. 

extension 

prép. 

préposition 

' 

consonne  sonore 

express. 

expression 

prés. 

présent 

a 

lettre  muette 

f. 

féminin 

pron. 

pronom  -inal 

1 

ou  une  autre  lettre  en 

fam. 

familier 

prov. 

proverbe 

italique      dans      le 

fig. 

figuré 

prov. 

provençal 

corps  d'un  mot  in- 

F. L. 

Folk-Lore 

q.  quai. 

qualificatif 

dique  un  son  mouil- 

flam. 

flamand 

qq. 

quelque 

lé. 

fr. 

français 

qcque 

quelconque 

? 

incertain 

fréq. 

fréquentatif 

qqch. 

quelque  chose 

(Souvent,    quand   un 

germ. 

germanique 

qqf. 

quelque  fois 

mot  important  est 

h. 

haut  (de  la  page) 

qqn 

quelqu'un 

répété,  il  n'est  indi- 

ha. 

haut  allemand 

rac. 

racine 

qué     que     par    la 

hist. 

historique 

radie. 

radical 

letire  initiale,  qqf. 

hypoth. 

hypothèse 

réf. 

réfléchi 

en  italique). 

inv. 

invariable 

Rem. 

Remarque 

DIRECTION   DES   VENTS   EN   ANJOU 


.^gLi^i^ 

i 

"Jentdu   /VoroL- 

ou     J>re  '  fj_ 

,HauJ- 

Ji^.^— y5(7 

'^^r^^^ 

H.û.^  y^ 

'  ^>^ 

.M^. 

^^T     NM>0- 

A  m:e    \^ 

J- 

^L^jv-o^K     \ 

/'  / EA-fi 

Veiit^l                  ^""--NJ' 

'/     •  ' 

F 

'^  o.\                   "-^ 

s. 

êzl^nA                  -■''/: 

^'  - 

).Sc 

^\    ^o^o^/: 

\\    1S-S.M 

-1 

%v/     •'•^/^• 

xy^    \/ 

i 

^S.E 

Vent 

diL  StiO^ 

On  dit  souvent,  en  Anjou  :  Le  vent  est,  ou 
souffle  de'Galerne,  de  Basse  soulaire,  etc.  J'ai 
entendu  un  marinier  s'écrier  :  Oh  !  si  le  vent 
virait  s'ment  d'un  quarquier  (quartier),  s'i 
sautait'  de  la  Galarne  à  la  Haute  Galarne  !  Et 
les  opinions  varient  parfois  sur  la  direction 
précise  de  ces  points,  qui,  en  effet,  peuvent 
différer  légèrement  suivantjles  régions. 

Pour  en  avoir  le  cœur  net  et  sollicité  aussi 
par  quelques  lecteurs,  je  me  suis  renseigné 
auprès  d'un  de  nos  bons  amis  qui,  je  le 
regrette,  ne  veut  pas  être  nommé.  Il  m'a 
fourni  les  figures  ci-dessus  et  les  indications 
qui  suivent.  J'ajouterai  qu'il  est  de  Briollay, 
au  N.-E.  d'Angers.  Il  résulte  de  la  première 
figure  que  : 

Le  vent  haut  est  de  N.  N.  O. 

Galerne  :  vent  d'Ouest. 

Haute  galerne  (à  droite)  ONO  à  NO. 

Basse  galerne  (à  gauche)  OSO  à  SO. 

Mer  :  Vent  du  Sud. 

Haute  mer  (à  gauche)  SSE  à  SE. 

Basse  mer  (à  droite)  SSO  à  SO. 


Soulaire  :  Vent  d'E. 

Haute  soulaire  (à  gauche)  ENE  à  NE. 

Basse  soulaire  (à  droite)  ESE  à  SE. 

Dans  le  langage  des  paysans  : 

Haute  soulaire  se  confond  souvent  avec 
Bise. 

Basse  soulaire  se  confond  avec  Haute 
mer. 

Haute  galerne  est  à  côté  du  Dré  Haut. 

Haute  mer  est  vers  le  Dré  Haut,  en  face, 
mais  «  à  d'zamain  »,  d'où  la  désignation 
Haute. 

Le  vent  de  Haute  galerne  est  opposé, 
face  à  la  Haute  mer  (NO  opposé  à  SE). 

Ces  vocables  indiquent  la  direction  du  vent, 
mais  non  des  points  fixes.  C'est  ce  qu'explique 
la  deuxième  figure. 

Il  est  évident  que  si,  pour  le  spectateur 
placé  en  A,  le  vent  de  galerne  vient  de  A', 
pour  celui  qui  est  placé  en  B,  il  ne  viendra 
pas  de  A',  mais  de  B'.  de  même  pour  C,  il 
viendra  de  C.  S'il  y  a  parfois  confusion  à  ce 
sujet  c'est  que,  dans  chaque  endroit,  on  se 
sert  d'un  point  topographique  peu  éloigné 
pour  indiquer  d'où  vient  le  vent.  Si  le  point 
géographique  est  pris  très  éloigné,  il  sert 
pour  toute  une  contrée.  Ex.  :  La  buée  de 
Nantes,  constituée  par  ces  nuages  bas,  gris, 
qui  courent  rapidement  au-dessous  des  autres 
nuages,  venant  de  10.  ou  de  l'O.  S.  O.  et 
qui  amènent  la  pluie.  «  Le  vent  qui  nous 
vient  de  Nantes  sent  la  pluie.   » 

A  Montsoreau,  Bise  est  le  vent  du  N.  ;  à 
Briollay,  le  vent  de  Bise  est  le  vent  froid, 
piquant,  du  NE,  ou  plutôt  du  N.N.E. 

Il  faut  encore  faire  une  distinction. 

En  batellerie,  sur  nos  rivières,  Galerne  et 
Mer  n'indiquent  pas  la  direction  des  Vents, 
mais  bien  la  direction  du  Bateau. 

Suivant  le  courant  normal  (c'est-à-dire 
non  altéré,  modifié  par  une  crue  ou  une  autre 
cause),  «  Vire  la  piautre  en  Galarne  »  veut 
dire  :  Tourne-la  vers  la  droite  pour  diriger  le 
bateau  vers  la  gauche.  «  Vire  la  piautre  en 
Mar  »  :  Tourne-la  vers  la  gauche,  pour  diriger 
le  bateau  vers  la  droite,  le  bateau  suivant  le 
courant. 

Se  queiller  (ké-yer),  c'est  pousser  Vanille  du 
taugours  du  gournâs  pour  diriger  le  bateau 
vers  la  gauche.  Se  serrer,  c'est  attirer  vers  soi 
l'ânille  pour  la  diriger  vers  la  droite  (sans 
tenir  compte,  cette  fois,  de  la  direction  du 
courant).  On  commande  :  Queille-té  donc  ! 
Serre-té  donc  ! 

De  même,  les  balises,  en  Loire,  branches 


DIRECTION  DES  VENTS  EN/ANJOU 


mobiles  plantées  dans  le  sable  pour  indiquer 
la  place  du  chenal),  sont  étêtées  (souvent  la 
tête  reste  penchée)  en  mer,  c'est-à-dire  à 
la  gauche  du  chenal,  par  rapport  au  courant; 
elles  sont  droites  (ou  entières)  en  galerne,  ou 
à  la  droite  du  chenal. 

Sur  les  rivières,  les  balises  (qu'on  appelle 
jalons  ou  limites)  sont  des  jalons  fixes  et  soli- 
dement plantés  dans  un  massif  de  maçonne- 
rie, pour  indiquer  le  lit  de  la  rivière  lorsque 
les  prairies  sont  inondées.  Elles  sont  peintes 
en  noir  et  blanc  sur  la  rive  gauche  et  en  rouge 
et  blanc  sur  la  rive  droite.  On  dit  :  J'allons 
nous  pêcher  à  la  Balise  n°  3  pour  passer  la 
nuit  ;  —  c'est-à-  dire  :  nous  allons  prendre, 
amarrer  notre  gabarre  à  la  balise,  et  là  nous 
passerons  la  nuit.  (Quand  la  livière  n'est  pas 
débordée,  bien  entendu.) 

N.  —  Cet  article  a  été  écrit  pour  V Angevin 
de  Paris,  dont  l'aimable  directeur,  M.  Henry 
Coûtant,  a  bien  voulu  faire  exécuter  le  cliché 
de  la  figure  et  nous  le  céder  pour  le  Glossaire. 
Nous  ne  comptons  plus,  d'ailleurs,  les  preuves 
de  sa  sympathique  bienveillance.  Il  a  été 
reproduit  dans  le  Maine-et-Loire  et  nous  a 
valu  de  très  courtoises  observations,  parues 
dans  ce  journal,  de  M.  E.  de  Mieulle,  qui 
m'ont  permis  de  rectifier  certains  détails. 

M.  de  Mieulle  termine  ainsi  : 

«  Pour  finir,  dans  le  bassin  de  la  Maine  se 
trouvent  des  balises  fixes,  pièces  de  char- 
pente de  5  mètres  de  long  (7  mètres  environ 
au-dessus  de  l'étiage),  dont  le  pied  est  noyé 
dans  une  maçonnerie  ;  par  une  fantaisie  sans 
doute  du  peintre  chargé  de  les  barbouiller, 
car  je  ne  suppose  pas  que  ce  soit  par  ordre  de 
MM.  les  Ingénieurs,  ces  balises  sont  peintes 
en  rouge  sur  la  rive  droite  du  chenal  et  en  noir 
sur  la  rive  gauche,  contrairement  aux  instruc- 
tions du  Code  international  des  signaux 
fluviaux  et  maritimes.  Tout  marin,  marinier 
ou  yacthtman  qui  remonte  à  Angers  pour  la 
première  fois,  venant  de  la  Basse-Loire,  par 
des  eaux  moyennes  couvrant  les  prés,  doit 
fatalement,  sur  cette  indication  erronée,  se 
mettre  à  terre  et  peut  démolir  son  bateau  ou 
ses  hélices,  et  cela,  parce  que  les  balises, 
comme  la  culotte  du  roi  Dagobert,  sont  à 
l'envers.  » 

Je  suis  allé  aux  renseignements.  Aux 
bureaux  de  l'Administration  où  je  me  suis 
adressé  et  où  je  fus  reçu  de  la  façon  la  plus 


courtoise,  on  reconnut  l'erreur,  qui  existe  en 
effet,  de  la  meilleure  grâce  du  monde,  et  l'on 
me  donna  l'assurance  qu'elle  serait  réparée 
au  prochain  «  vernissage  ».  Un  règlement 
du  \^^  septembre  1890  dit  que  :  Pour  les  ba- 
teaux «  venant  du  large  »  (et  de  là,  probable- 
ment, l'erreur  du  Garde  des  Eaux  et  Forêts), 
les  signaux  sont?  rouges  :  à  tribord,  ou  à 
droite,  et  noirs  à. bâbord,  ou  à  gauche.  Or, 
en  se1plaçant;dansjlefsens;i((  du  courant  »,  la 
position  est.^inverse"  ;  les  balises  doivent  donc 
être]  noires |; à'-;  droite  et  rouges  à  gauche. 
(N.  Mais;  le^ Code  de  navigation  maritime 
régit-il  aussi  la  navigation  fluviale,  où  l'on  se 

ègle  sur  le  courant?) 
r 

Par  ailleurs,  M.  R.  Onillon  m'écrit  : 
«  Tout  ce  que  dit  votre  correspondant  est 
vrai,  sans  doute,  pour  Briollay  et  la*,  région 
circonvoisine.  Les  mariniers  de  Montjean 
protesteraient.  Tant  il  est  vrai,  comme  dit 
notre  proverbe,  que  chacun  connaît  midi  à 
sa  porte. 

f,  «  Faisons  tourner  de  45  degrés,  de  la 
gauche  vers  la  droite,  toutes  les  dénomina- 
tions de  rumbs  inscrites  autour  de  la  figure 
que  vous  avez  donnée  et  nous  aurons  aussitôt 
une  rose  des  vents  où  les  riverains  de  la  Loire 
pourront  commencer  à  se  reconnaître.  Il 
subsistera  bien  quelques  différences  légères, 
dans  le  détail  desquelles  je  ne  saurais  entrer 
ici,  mais,  en  bloc,  ce  sera  ça,  comme  diraient 
nos  «  avaleurs  ». 

«  D'où  viennent  ces  divergences  de  vues 
entre  les  «  Moiniers  »  et  les  mariniers  de  la 
Loire?  C'est  que  les  uns  et  les  autres  ont 
réglé  leurs  compas  d'après  la  direction  géné- 
rale de  leurs  cours  d'eau.  Sur  une  carte  de  la 
région,  tirons  une  ligne  droite  de  Montjean  à 
La  Ménitré,  par  exemple  ;  traçons-en  une 
autre  qui  soit  la  bissectrice  de  l'angle  formé 
par  la  Sarthe  et  le  Loir  —  les  deux  artères 
nourricières  de  Briollay  —  et  nous  consta- 
terons aussitôt  qu'il  suffirait  de  rabattre 
la  seconde  sur  la  première  de  45  degrés  envi- 
ron pour  les  faire  coïncider.  Ainsi,  tout 
s'explique.  ^>  {René  Onillon.) 

Je  pense  que  la  question  est  désormais 
réglée,  grâce  à  l'intermédiaire  de  la  presse  et 
à  la  bienveillante  intervention  de  M.  E.  de 
Mieulle,  à  qui  j'adresse  tous  mes  remercie- 
ments. 

A.-J.  V. 


?). 


fu 


Carte  Postale  .Télégraphique.Téléphoniçue  &desCheminsdeFerduDép!de  M  AIIM  E-&-LOIRE 


iLLEiafviLMtià       M  ._ 


EXPUCATION  DES  SIGNES: 

^6     CHEF-LIEU  DE  DÉPARTT 

CHEF-LIEU  D'.ARRONDT 

Chef  Lieu  de  Canton 

o         Comrmtnf 

9        Sureau  dt  PetU 
ï         Bureau  TêUgrapht^u^ 
8         Bwreun  Téléphonique 
■    -   Chefnùt  d^  Fer  fit  Staiian 
■  ■         Jtf<utes  Xationaiti  elDèparf^ 
.4-.+.+.*  J.imiUa  de  Pèpariemtnt 


Déposé 


PREMIÈRE    PARTIE 


GLOSSAIRE  ÉTYMOLOGIQUE  ET  HISTOUIOIÎË 


OBSERVATIONS 

Nous  empruntons  à  M.  le  comte  Jaubert, 
auteur  du  Glossaire  du  Centre  de  la  France,  son  pro- 
cédé d'Observations  dont  il  parle  ainsi  :  «  Un  autre 
procédé  dont  je  me  suis  également  bien  trouvé  est 
celui  des  annotations  par  voie  de  résumés,  qui  sont 
exclusivement  relatives  aux  modifications  des 
sons,  et  que  j'ai  placées  au  bas  des  pages  du  Glos- 
saire, en  assujettissant  ces  annotations  à  l'ordre 
alphabétique.  Les  unes  ont  trait  aux  lettres,  les 
autres  à  certaines  syllabes.  Les  premières  de  ces 
annotations,  imitées  des  généralités  que  le  Diction- 
naire de  l' Académie  a  placées  en  tête  de  chaque 
lettre,  résument  avec  plus  de  détail,  en  ce  qui 
concerne  l'idiome,  les  particularités  de  la  pronon- 
ciation, les  rôles  divers  que  les  lettres  jouent  dans 
les  mots  par  l'endroit  qu'elles  y  occupent.  Les  se- 
condes se  rapportent  à  des  syllabes,  la  plupart  ini- 
tiales des  mots  et  qui  gouvernent  des  pages  tout 
entières  du  Glossaire  ;  plusieurs  ont  trait  à  des  syl- 
labes ou  finales  ou  intercalées  qui  ne  pouvaient 
convenablement  trouver  place  ni  dans  l'ordre 
alphabétique  réservé  aux  mots,  ni  dans  les  anno- 
tations des  lettres.  Il  existe  une  évidente  connexité 
entre  les  deux  espèces  d'annotations  :  aussi  sont- 
elles  reliées  par  de  fréquents  renvois,  comme  nous 
l'avons  fait  pour  les  mots  entre  eux  ;  c'est  une  sorte 
de  réseau  qui  embrasse  l'œuvre  tout  entière.  » 

Prononciatioîst.  —  A  est  souvent  long  dans  la 
dernière  syllabe  de  certains  mots,  où  il  remplace 
aie,  ais  ;  hâ,  clâ,  chênâ,  coutrâ,  fersâ,  pour  :  haie,  etc. 
(Vieux-Fuilet).  —  Dans  âbre,  pour  :  arbre.  —  Dans 
caille,  à  Mj.,  bref  au  Lg.  —  Amouracher,  caresser. 

A  final  est  souvent  bref  dans  le  patois,  au  lieu 
d'être  long  comme  en  français. 

Permutation.  —  Remplace  e  :  acoutrr,  çarf, 
cançarf,  far,  farmier,  harbc,  Piarre,  sargent,  vart, 
pour  :  écouter,  etc. 

Est  remplacé  par  e  :  cherrue,  cherge,  attécher. 

Devient  ai  ou  é  :  chairpie,  cherrée  ;  m'est  aivis. 

Age  final  devient  éje. 

Devient  o  -.  armoire  ;  ou  ou  .  poupa,  mouman. 

Addition.  —  Par  prosthèse  :  arecommencer  ;  ou 
par  soudure  de  l'article  :  ahaie,  amarote,  amonitiun. 
(V.  les  observations  à  Ar.) 

Aphérèse.  —  Madou,  pour  :  amadou. 

Diphtongues.  —  Ai  devient  a  :  char,  cclar  ;  ou 
ée  :  méeson,  méetre,  pour  :  maison,  etc. 

^tVivie  deent  un  :  procheun  —  eune  —  eunement. 


Dans  La  Romagne,  se  prononce  an  :  pan 
matan,  pour  :  pain,  matin. 

Al  devient  au  :  animau,  chevau,  maréchau. 

Au  devient  ou  (Fuilet)  :  ou  champs,  pour  :  aux 
champs  ;  aile  a  mal  ou  dents. 

Remplace  1  :  fvau,  pour  :  cheval. 

Se  prononce  Ao  ;  chaosses,  caoser  (Louroux), 
pour  :  chausses,  etc. 

An  prend  un  son  très  nasal  :  an-nimal,  an-née. 
(V.  la  note,  à  ce  mot.) 

Ou  bien  sonne  on  (Vihiers)  ;  panse  devient  : 
ponse. 

Eau  se  prononce  éou  :  œutéou,  batéou,  coupéou 
(Louroux). 

A  By,  ieâ  ;  un  coutiéâ  :  —  ou  iau  :  un  viau  ; 
(Cheffes)  de  Viau,  un  bat  iau. 

Eau  se  prononce  au,  o,  bref.  —  Fléau,  flo  ;  Beau- 
préau,  Beaupro  ;  —  le  marquis  de  Préaux,  de  Prô, 
ô  long.  —  A  Vern,  on  dit  Moumin,  pour  :  maman. 

Supplément 

—  (By.)  Les  anciens  devaient  prononcer  la  ter- 
minaison ent  de  la  .3*=  pers.  plur.  du  subj.  Des  vieux 
disent  encore  :  Eh  !  ben,  si  n'en  voulant,  qu'il  en 
mangegeant  donc.  —  Qu'i  y  viennegeant,  s'i  pou- 
vant. — •  I  v'nant  (indic.)  d'arriver. 

—  Angers  ;  quartier  de  la  Doutre  :  Remarque 
ben  la  femme  qui  pa.sse  là  ;  tu  la  vois  ben  s'pas?  — 
N.  L'a  des  deux  premiers  la,  très  bref  ;  celui  du  3«, 
très  long. 

A  (presque  partout).  —  Pron.  f.  Elle. 
S'emploie  devant  une  consonne.  Ex.  :  A  n'a 
pas  voulu  ;  a  n'ont  pas  voulu  ;  a  viendra  a 
d'souér,  elle  viendra  ce  soir.  —  Pour  Aile.  — 
N.  On  dit  aussi  É  ;  mais  cette  forme  est  plus 
prétentieuse  et  moins  usitée. 

Hist.  —  Je  me  marie  quand  je  veux,  dit  la 
virago.  Quant  à  ma  pratique,  a  m'adore.  (H.  de 
Balzac,  César  Birotteau,  p.  88.) 

—  Soldats  de  mon  pays, 

Ne  l'dit's  pas  à  ma  mère, 

Mais  dites-lui  plutôt 

Que  je  sui-t-à  Bordeaux, 

Prisonnier  des  Anglais, 

Qu'a  n'me  verra  jamais. 
La  Trad.,  p.  369,  1.  24.) 

A,  verbe.  —  On  dit  :  ?/  a,  y  en  a,  n^y  a 
l|  N'y  a  pas,  s.  e.  à  dire,  il  faut  que  cela  soit. 


A  —  ABASSHEURER 


—  Comment  que  cette  personne  a  nom,  loc, 
très  usitée. 

Hist.  —  «  Longtemps  y  a  que  le  prix  est  gaigné.  » 
(Joach.  DU  Bellay,  Déf.  et  III.  de  la  lang.  jr.,  II, 
xn,  82.) 

— J«  Trouveront  qu'en  mes  escripts  y  a  beaucoup 
plus  de  naturelle  invention.  »  (Id.,  L'Olive,  p.  72.) 

—  En  toutes  langues  y  en  a  de  bons  et  de  mauvais. 
(Id.,  D.  et  IlL,  II,  in,  36.)  —  «  Regarde  principale- 
ment qu'en  ton  vers  n'y  ail  rien  de  dur.  »  (Id., 
/7/(V/.,  ll,ix,  53.) 

A,  prép.  —  Suivi  d'un  adj.  ou  d'un  nom 
forme  de  nombreuses  loc.  adv.  de  temps,  de 
manière,  etc.  —  A  matin,  —  ce  matin 
(Sp.)  ;  A  bonne  heure,  —  de  bonne  heure  ; 
A  de  ressiée,  —  cette  après-midi  ;  A  dur,  — 
durement.  —  Ex  :  Aile  est  morte  à  matin. 
N.  Qqs-uns  disent  :  A  ce  matin. 

N.  —  J'ai  vu,  rue  des  Lices  (Angers),  une  femme 
ayant  reçu  pour  un  sou  de  lait  dans  son  pot,  plon- 
ger un  doigt  dedans,  le  retirer  et  reverser  le  lait 
dans  le  vase  en  fer-blanc  de  la  vendeuse,  en 
s'écriant,  furieuse  :  «  C'est  point  du  lait  d'à-matin, 
ça  !  »  —  Évidemment,  il  aurait  dû  être  encore 
tiède,  et  il  était  froid. 

Hist.  —  Rab.,  p.,  m,  13,  emploie  :  à  bonne 
heure  :  «  Protestant  desjeuner  demain  à  bonne 
heure,  incontinent  après  mes  songeailles.  »  — 
i<  A  fin  (en  deux  mots)  que  tu  ne  penses  que  je  me 
vueille  attribuer  les  inventions  à  autruy.  »  (J.  du 
Bell.,  L'Olive,  p.  68.) 

Il  De  ;  marquant  possession  ou  origine. 
Ex.  :  Le  livre  à  Pierre  ;  le  gars  à  Jean. 
Il  D'après.  Ex.  :  Il  est  rouiné,  à  ce  que  le 
monde  disent.  Syn.  de  Sus.  \\  A  Dieu  pas  ;  — 
au  revoir  ;  je  ne  vous  dis  pas  à  Dieu.  ||  Dans  ; 
Etre  à  son  à  part,  à  son  pouilloux,  —  vivre 
chez  soi.  ||  Sentir  à  bon  ;  —  sentir  bon 
(Zig.  151).  Il  A  venir  ;  jusqu'à.  Ex.  :  Depuis 
le  port  Lignier  â  venir  au  travers  de  la 
rivière.  ||  Au  droit,  ou  Au  dret  ;  du  côté 
droit.  I!  S'emploie  après  :  mordre,  piquer, 
dans  le  sens  de  :  par.  On  dit  :  Va  pas  te  faire 
mordre  aux  vormines  ;  il  s'est  fait  piquer 
aux  sangsures.  ||  Sur  ;  A  cropetons,  — 
accroupi,  sur  sa  croupe.  ||  Chez  ;  dans  la  loc.  : 
Aller  au  médecin,  au  jugeux  d'eau,  au  devin. 
Il  En  ;  coifïée  aux  cheveux,  —  en  cheveux" 
Il  Avec.  Ex.  :  Etre  à  ses  croûtes,  —  vivre  à 
son  compte.  ||  Pour  ;  A  venir  —  jusqu'à  ; 
A  aller.  On  dit  :  y  a  sept  lieues  de  Champtocé 
à  aller  Angers,  eine  lieue  à  aller  Ingrandes. 
Mais  on  dira  :  y  a  deux  lieues  de  Montjean 
aller  à  Chalonnes.  ||  Se  supprime,  comme  on 
le  voit,  par  euphonie,  devant  les  noms  de 
lieux  commençant  par  une  voyelle,  et  parfois 
devant  Aller,  comme  ci-dessus.  !|  Pour. 
Ex.  :  A  toujous,  —  pour  toujours.  Il  Marque 
la  manière  ;  A  la  bonne  da  ;  à  la  bige-moi 
vite.  Il  S'emploie  pour  En,  dans  certaines 
loc.  :  Couvrir  à  tuiles  ;  bâtir  à  chaux  et  à 
sable  ;  maçonner  à  pierre  sèche.  Mais  on  dit  : 
Couvrir  en  ardoise,  en  paille. 

.ibâchoter  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  casser, 
se  vieillir,  baisser.  Dér.  de  A  bas,  avec  suff. 
péjoratif. 


Abandonner  (s'),  v.  réf.  —  S'abandonner 
aux  mouches,  —  ne  plus  avoir  de  .souci  de  sa 
personne  ou  de  ses  intérêts  ;  être  dégoûté  de 
tout  ;  jeter  le  manche  après  la  cognée. 

Abarger  (Mj.),  v.  a.  —  By.  Embarger.  — 
Mettre  en  barge,  la  paille,  le  foin. 

Et.  —  L'origine  de  Barge,  ou  Berge,  est  incer- 
taine, si  le  sens  est  clair.  La  berge  est  la  pente 
escarpée  qui  borde  une  rivière.  En  terme  de  ma- 
rine :  Rochers  qui  s'élèvent  à  pic  au-dessus  de 
l'eau  :  Les  Berges  d'Olonne.  —  Est-ce  par  rappro- 
chement? —  En  ail.,  Berg  veut  dire  :  montagne.  — 
C'est  aussi  une  sorte  de  bateau,  du  lat.  Barca.  — 
«  Barge,  bâtiment  de  transport,  pile  de  foin  ou  de 
paille.  Cette  dernière  signification  dérive  probable- 
ment de  la  première,  en  raison  de  l'usage  de  trans- 
porter sur  les  grands  bateaux  sans  quille  de  la  Cha- 
rente les  foins  qui,  amoncelés  sur  le  bateau,  le 
cachent  complètement.  »  (Evelllé.)  —  Dans 
d'autres  contrées,  Abarger,  Aberger  signifient 
Action  d'abriter,  de  couvrir.  En  roman  :  Alber- 
gannen,  d'où  Auberge.  —  Ou  encore  :  Aborder  la 
berge,  arriver.  —  Nous  inclinons  à  penser  que  ce 
mot  vient  du  celtique. 

Hist.  —  «  Perrin  Adam  descendit  de  dessus  le 
pailler  ou  Barge  des  pailles  d'icellui  lieu  où  il  estoit, 
tenant  en  sa  main  une  fourche.  »  (1453,  D.  C.)  — 
Le  suppliant  avait  amassé  ledit  foing  et  mis  en  une 
Barche  ou  mulon.  (1460,  Id.) 

A-bas  (Mj.),  s.  m.  L'Ouest,  l'Occident. 
Ex.  :  Le  vent  est  iïà-bas.  \\  En  à-bas  à 
rOuest.  V.  Bas.  ||  Saint-Laurent  d'à-,èas  — 
S.-L.-du-Mottay,  bourg  situé  à  l'O  .de  Mj.  — 
V.  A-haut.  Il  A  Mj.,  A  haut  et  A-bas  servent 
à  désigner  l'E.  et  l'O.  —  N.  Dans  notre  pays 
la  Loire  coule  du  X.-E.  au  S.-O.  ;  amont  et 
à-bas  servent  à  désigner  ces  points del'horizon 
et  sont  devenus  syn.  de  X.-E.  et  S.-O.  ;  ils 
les  remplacent  sur  la  plupart  des  plans  de 
propriétés,  et  constamment  on  les  emploie 
dans  les  actes  pour  fixer  l'orientation  des 
immeubles.  C'est  ainsi  qu'on  dit  d'un  champ 
qu'il  tient  d'amont  (X.  E.)  à...,  Aa-bas 
(S.  O.)  à...,  de  solaire  (S.  E.)  à...  (De 
M0XTE.SSON).  —  Furetière  désigne  ainsi  le 
vent  d'O. 

Hist.  —  «  Les  eaux  estoient  tellement  débordées 
que  l'église  de  la  Trinité  en  estoit  pleine...  ;  il 
fallut  un  batteau  pour. . .  ouvrir  les  portes  A'abas, 
qui  retenaient  l'eau.  »  (Inv.  Arcfi.,  E,  n.  p.  148, 
col.  2.)  —  «  Tu  seras,  a-t-il  été  dit  à  Mélusine.  tous 
les  samedis  serpent  dès  le  nombril  en  abas.  (Jehan 
d'Arras.  La  Trad.,  217,  21.)  Ici  le  sens  est  pour  : 
bas,  simplt. 

.Abasuurdeli,  adj.  q.  pour  Abasourdi. 

Et.  —  De  :  sourd  et  de  :  aba,  qui  est  probable- 
ment le  même  que  dans  Abajoue,  c.-à-d.  formé  de  à 
et  ba.  ou  be,  indiquant  une  mauvaise  disposition. 
Assourdir  par  un  grand  bruit.  (Litt.)  —  Absourdi 
(absurdum.  —  itum).  —  Constans,  Chrestomatldc. 
Cf.  Elourdclir,  Engourdelir. 

.ibasshciirer  (s')  Sa.),  v.  réf.  —  S'attarder 
le  soir.  Dér.  de  Basse-heure.  A  Mj.  on  dit  dans 
le  même  sens.  Se  mettre  àlabasse-heure,  —  se 
mettre  en  route  fort  tard,  de  façon  à  n'arriver 
que  la  nuit. 

Hist.  —  "  Circa  horam  nonam  bassam,  —  vers 
y  heures  du  soir  (1400).  »  —  «  Comme  à  heure  de 


ABAT  —  ABERNUNTIO  ! 


basse  rissue,  lui  Gosset  étant  à  la  croix  d'icelle 
ville  de  Verneuil.  »  (Rissue,  de  Riotte.  «  Merenda, 
le  mangier  de  l'heure  de  none.  »  Du  verbe  Réciner, 
Rechigner  :  Merendam  sumere.  —  Ressiée.)  D.  C. 

Abat  (Mj.),  s.  m.  —  Longueur  sur  laquelle 
s'abat  un  arbre.  !|  Hauteur  d'un  arbre  ou 
d'un  homme.  Ex.  :  Ein  grand  corps  comme 
ça,  c'a  ein  abat.  ]|  Force  d'un  levier  résultant 
de  sa  longueur,  jj  Tomber  d'abat,  —  t.  abon- 
damment et  pesamment,  en  parlant  d'une 
pluie  battante.  Se  dit  au  Lg  :  Il  mouille 
(Tabat.  Un  abat  d'eau  est  une  grande  chute 
d'eau.  Sjm.  de  Aca,  Aqua  d'eau.  A  Ec.  on 
dit  :  Tomber  d'accâs,  par  accâs.  ||  En  abat,  — 
bon  à  abattre,  à  émonder,  en  parlant  du 
bois  :  Velà  des  léiards  qui  sont  en  abat. 
Il  Abattis,  —  ragoiit  fait  avec  les  extrémités 
d'un  animal  de  boucherie  ou  d'une  volaille'  : 
J'n'avons  à  vous  ofYri  que  des  abats  d'oie. 
Il  Tr.  —  Partie  détachée  de  la  voche  schis- 
teuse. Cf.  Abatage. 

Et.  —  De  A,  battre.  Du  lat.  Batuere  ou  Battuere, 
transformé  par  le  B.  L.  en  battere.  Frapper  de 
façon  à  faire  tomber  à  terre?  (Litt.) 

Hist.  —  «  Pour  abat  de  chascun  arbre  de  chesne, 
en  l'amende  de  six  florins  carolus.  »  (L.  C.)  — 
«  Lesquelz  merlez  avecques  la  bataille  du  roy 
d'Angleterre  en  firent  merveilleux  abat.  »  (Boukd., 
Hyst.  d'An;.,  f"  85.)  —  «  Information  contre  le 
fermier  du  prieuré  de  Brissarthe,  pour  abat  de  bois.  » 
(/.  A.,  S.  H.,  129,  2,  b.) 

Abatage  (Mj.),  s.  m.  —  Réprimande 
sévère,  verte  semonce.  Syn.  de  Galop,  Savon, 
Chasse,  etc.  :  «  Il  te  illi  en  a  foutu  d'ein  aba- 
tase  !  »  Il  Tendance  à  s'abattre,  à  tomber  : 
«  Ein  grand  cadâbre  comme  ça,  c'a  de  \aba- 
tage  !  Il  Lg.  —  Longueur  d'un  bras  |de  levier, 
pesée  faite  au  moyen  d'un  levier  du  premier 
genre,  moment  d'une  force,  en  mécanique  : 
«  Eine  parche  de  ceté  longueur-là,  vous 
pensez  que  c'a  de  Vabatage.  V.  Abat.  \\  Force 
physique,  vigueur  corporelle,  en  tant  qu'elle 
est  due  à  la  masse  et  à  la  grandeur  de  l'in- 
dividu, plutôt  qu'à  sa  musculature  et  à  sa 
nervosité. 

Et.  —  Pour  le  premier  sens  on  peut  dire  que 
cette  réprimande  abat  celui  qui  est  pris  en  faute. 
(Larch.) 

Abâtardir"  (Sp.),  v.  a.  ;Ruiner  complè- 
tement. 

Et.  —  L'origine  du  mot  Bâtard  est  dou- 
teuse. Le  Dictionnaire  général ,  dit  :  Propre- 
ment, Engendré  sur  le  bât,  allusion  aux  rap- 
ports fréquents  des  muletiers  avec  les 
•  servantes  d'auberge.  (Cf.  Angl.  Bankart, 
bâtard  ;  proprement  engendré  sur  le  banc. 

llist.  —  «  Il  y  a  toujours,  dans  la  vie  des  femmes, 
un  quart  d'heure  où  il  suffît  de  tendre  la  main  f)our 
que  le  fruit  y  tombe  de  lui-même.  »  (La  fin  de 
r Amour,  de  Robert  Bracco,  Fantaisie  en  4  actes, 
li'iuffes    parisiens.    Le    personnage    du    Docteur.) 

1,'est  ce  que  nos  grands-pères  appelaient  l'heure 
'lu  muletier.  »  (Clironiq.  théâtr.  du  Temps.  Lundi 
-'t  novembre  1904,  Ad.  Brisson'.) 

— ■  Fille  le  Roi  Henri  de  bas, 

—  Juliane  fut  apielée. . . 

—  Si  ot  de  bas  b  Roi  six  fms.  (1391.) 


—  Si  alla  en  Puille  à  Mainfroi  son  fds  de  bas. . . 
(D.  C.) 

Abat- flancs  (Mj),  s.  m.  —  V.  Bat-flancs. 

Abattant  (Tr.),  s.  m.  —  Ouvrier  à' à-bas, 
celui  qui  abat  la  roche,  par  opposition  à  celui 
d'à-haut,  qui  la  taille.  —  V.  Loup  et  Pigrolier. 

Abat- vent  (Fu.),  s.  m.  —  Contrevent. 

Abbéion,  Abboyon  (Svh.),  s.  m.  —  Jeune 
abbé.  S'emploie  ironiquement. 

N.  —  Pour  le  changement  dé  é  en  oy,  cf.  Poiser, 
Poine,  Reqroit,  Moitais,  etc.  V.  Aboyant.  —  Abbé 
vient  du  syriaque  Abba,  père.  —  Abbaiette,  dim. 
de  Abbave  :  «  Une  Abbaiette  qui  a  nom 
Maroille.  »  (î.  C.) 

Abbonic  (Sa.,  Lg,  Lrm.),  s.  f.  —  Abbaye. 

N.  —  Ce  nom  n'est  plus  employé  comme  nom 
commun,  la  chose  ayant  cessé  de  l'être,  commune. 
Mais  il  s'est  conservé  comme  nom  de  lieux.  A  Sa.  et 
à  Lrm.  existent  des  fermes  dites  :  V  Abbouie,  qui 
furent  en  effet  des  abbayes. 

Ab-de-crasse  (Segr.).  —  Avoir  Ab-de-crasse 
avec  qqn.  c'est  être  en  dispute.  (Mén.) 
Difficile  à  expliquer. 

Abécher  (Mj.),  v.  a.  —  Donner  la  becquée. 

Et.  —  A,  Bec.  —  Vx  fr.  Abéchier,  Abeschier, 
abecker,  Abequer.  (God.)  —  Se  trouve  dans 
Furetière.  Il  By.  «  Haut  le  bagueneau,  que  je 
Vabècfie  !  »  V.  Baguenet. 

Abeequérer  (Tlm.),  v.  a.  —  Ruiner. 

N.  —  Ce  mot  aurait-il  du  rapport  avec  l'angl. 
Beggar,  mendiant;  réduire  à  l'état  de  mendiant? 
(R.  O.)  —  .le  trouve  dans  Jaubert  :  Abéqué, 
éreinté,  à  bout  de  forces. 

Abe.illaudé,  ée  (Mj.),  adj.  quai.-  —  Qui  a  un 
gros  ventre,  en  parlant  d'un  enfant.  V. 
Abézardé.  De  Abeillaud.  bourdon,  frelon. 
Probablement  de  Abeille.  V.  cependant, 
Beille,  Boille. 

Abérier  (Mj.,  Lg),  v.  a.  —  Abriter,  couvrir. 
Forme  vieillie.  Syn.  et  doublet  de  Abrier. 

Abernote  (Tlm.,  Lg),  s.  f.  —  Carvi 
terre-noix. 

N.  —  Le  nom  berrichon  est  Moison,  et  ce  nom 
est  un  doublet  de  Moisine.  syn.  de  Anotte.  Ces 
deux  derniers  vocables  s'appliquent  à  la  gesse  tubé- 
reuse. Ainsi,  malgré  la  différence  de  sens,  Anote  et 
Abernote  sont  des  doublets,  et  ceux  qui  prononcent 
Arnottes  sont  dans  le  vrai. 

—  «  Anote,  sorte  de  bulbe  que  ceux  qui  croient 
bien  parler  nomment  :  arnote.  —  Eertnote  Belgœ 
vocant  quod  sonat  nucem  terrœ  (Saumaise). 
V.  Ménage.  {Noëls  bourguign.,  Bernard  de  la  Mon- 

NOYE.) 

Abcrnuntio  !  (Sp.),  interj.  —  Exclama- 
tion souvent  employée  par  les  femmes  pour 
marquer  la  surprise,  le  dégoût,  Tadmiration. 

Et.  —  C'est  le  lat.  Abrenunlio,  saisi  dans  les 
prières  liturgiques,  estropié  par  des  bouches  igno- 
rantes et  détourné  de  son  sens.  —  Proprement  : 
Je  renonce  formellement.  «  Dans  les  baptêmes 
de  la  primitive  Eglise,  on  demandait  au  néophyte  : 
Utrum  abrenuntiat  Diabolo  et  pompis  ejus?  — 
Il  devait  répondre  :  Abrenuntio.  —  (Eveillé.  — 
V.  D.  C,  à  ce  mot.) 


k 


ABÉROUE 


ABONOTER 


Abérouc  (Fu.),  s.  m.  —  Abreuvoir.  V. 
Bérouée  à  la  citation  du  Fuilet. 

Aberver  (Lms.  Z.  196,  Mj.),  v.  a.  — 
Abreuver. 

Abeuloter,  v.  a.  —  Disposer  en  beulots,  du 
foin,  du  iumier.  V.  Abûloter. 

Hist.  —  «  Égayez-vous,  mes  gas,  pas  de  beulo. 
—  Mot  des  Chouans  qui,  pendant  le  séjour  des 
Chouans  à  Laval,  étaient  chargés  de  disperser  les 
groupes  qui  se  formaient  dans  les  rues  et  sur  les 
places.  (DoTT.) 

Abeurver  (Fu.).  —  Aheurver  le  persoué,  — 
abreuver  le  pressoir,  le  remplir  d'eau  pour 
obtenir  le  gonflennent  du  bois  et  rendre  la 
tnaie  étanche. 

Abeuvrer,  v.  a.  —  Couvrir  de  boue.  Pour 
Abreuver.  V.  Abeurver.  ||  By.  Abeuvrir  la 
buée.  Remplir  d'eau  une  bue,  une  buie. 

Et.  —  «  Abreuver,  Abeuvrer,  de  Abbeverare,  de 
Bibere.  (Scheler.)  —  «  Abreuver  la  buie  »,  prépa- 
rer la  lessive  en  y  versant  de  l'eau.  —  Abreuver 
un  tonneau.  V.  Abeurver.  —  «  Les  prés  se  sont  bien 
embreuvés.  »  (Jaub.) 

Hist.  —  «  Au  territoire  de  Tani  les  prez  sont  si 
bons  qu'on  les  peut  faucher  quatre  fois  l'an, 
encores  que  ce  ne  soyent  prez  d'abbruvage.  » 
(Bien  arrosé,  —  de  boire.  God.) 

.Abczardé,  ée  (Sp.),  adj.  q.  —  Qui  a  un 
gros  ventre.  Se  dit  surtout  des  enfants. 

Et.  —  La  racine  Bés  se  retrouve  dans  le  pat. 
Bêserot.  C'est  sans  doute  la  même  que  celle  du  fr 
Bedaine,  Bedon.  (J'ajouterai  Bedouau,  blaireau. 
A.  V.) 


Abichcr,    v. 

\  .  Abécher. 


Donner    la    becquée. 


Et.  —  «  Abecquer,  abéquer,  abécher,  formes 
extensives  de  Becquer,  prendre  ou  donner  la  bec- 
quée. »  (D''  A.  Bos.) 

.Abiénage  (Chpt.),  s.  m.  —  Façons  données 
au  foin  pour  le  faire  sécher.  Ex.  :  Je  ferai 
Vabiénage  pour  le  regain.  V.  Abiéner.  — 
Abandon  du  regain  des  prairies  à  condition 
qu'on  fumera,  fauchera  et  qu'on  fera  des 
veilloches.  (Sgl.,  Méx.) 

Abiéner  (Mj.),  v.  a.  —  En  parlant  du  foin, 
le  faire  sécher  et  mettre  en  meules  ;  autre- 
ment dit  :  donner  à  l'herbe  fauchée  toutes 
les  façons  nécessaires  pour  en  faire  du  foin, 
pour  mener  la  récolte  à  bien. 

Et.  —  Bonifier,  améliorer,  amasser,  recueillir. 
(GoD.) 

-Abîmer  (Mj),  v.  a.  —  Au  propre  et  au  fig.  — 
Ahimer  qqn,  —  le  dénigrer,  le  décrier,  dire 
de  lui  tout  le  mal  possible.  |1  Abîmer  son 
portrait,  —  se  blesser  au  visage.  ||  Gâter, 
salir  :  mettre  les  pieds  dans  l'abîme,  dans  la 
bornille.  —  On  a  dit  :  Sodome  abyma  en  une 
nuit.  (Mén.)  Il  Abîmer  de  coups  de  pied,  de 
coups  de  poing,  frapper  avec  excès,  jj  Abîmer 
un  vêtement,  —  le  gâter,  le  détériorer.  ||  Abî- 
mer et  hacher  sont  syn.  Ex.  :  Tu  vas  ou-s'- 
(h)acher  =  tu  vas  ow-s' abîmer.  —  Il  s'ét 
abîmel  le  dé.  [j  V.  réf.  S'abîmer,  —  se  blesser 
grièvement. 


Et.  — •  Lat.  Abyssus,  sans  fond  ;  Abissimus.  La 
signification  primitive  :  Précipiter  dans  un  abîme, 
s'est  généralisée  en  celle  de  :  détruire,  anéantir, 
ruiner.  (Schelek.) 

Abjecte,  adj.  q.  \'.  Différente.  —  Qui  est 
rejetée  et  digne  de  l'être. 

Ablettier,  s.  m.  —  Pour  :  ablier,  ableret. 
Filet  destiné  à  prendre  des  ablettes. 

N.  —  On  devrait  dire  :  Albette,  albettier,  ce  mot 
venant  du  lat.  Albus,  blanc. 

Aboilage,  s.  m.  Vx  mot.  Abeillage.  Droit 
du  seignenr  sur  les  abeilles  éparses  ou  dissé- 
minées qui  se  trouvaient  dans  les  forêts  de 
sa  seigneurie.  On  disait  Aboilles  pour  Abeilles. 

Et.  —  Abollagium.  (D.  C.)  —  Un  titre  de  la 
maison  de  Sully  dit  :  C'est  à  savoir  sur  ce  que  li  dis 
Messire  Pierre  avoit  pris  aboilles  en  son  Bois,  qui 
appartenait  à  ladite  Dame,  pour  le  droict  de  la 
Chastelenie,  etc. . .  Accordé  fut  en  jugement  en 
l'Assise  de  Chasteau-Meillan. . .  que  de  cecy  en 
avant  ladite  Dame  prendra  et  aura  ledit  aboi- 
loge,  etc.  (Donné  le  dimanche  après  la  Saint- 
George,  l'an  de  grâce  1369.  —  Ménage.) 

Aboille  (Mj.,  Fu.),  ||  s.  f.  Abeille.  —  La 
mère  aboille,  la  reine.  —  Syn.  de  Avetle. 

N.  —  Ce  mot,  à  Mj.  et  à  Ssl.,  se  prononce 
Aboueille,  et  au  Lg.  abo-ille,  le  son  naturel  de  l'o 
étant  conservé. 

Abômi,  ie  (Mj.),  adj.  q.  —  Enflé,  bour- 
souflé. Ne  se  dit  que  du  visage.  —  Cf.  Amômé- 
Rapprocher  de  Embaumé,  au  sens  de  Endormi. 

Et.  et  Hist.  —  «  Abominatio  :  Nausée,  dégoût  de 
nourriture,  envie  de  vomir.  »«  La  mente  conforte 
l'estomac  et  donne  appétit  de  mangier  et  oste  abo- 
mination. »  —  D'où  :  Abominable,  qui  souffre  de 
nausées  :  «  Ces  malades  estoient  si  despis  que  les 
privez  serganz  du  benoist  roy  en  estoient  Abomi- 
nables. ))  —  D'où  :  Abosmer. 

—  Moult  est  en   enfermeté  grande 
Homs  qui  abosme  sa  viande. . . 

—  Et  chevauche  dolens  et  Abosmis... 

—  Dont  en  furent  irrié  et  Abosmi. 

Verbe  abosmer.  Avoir  envie  de  vomir,  avoir  mal 
au  cœur,  être  dans  l'état  de  ceux  qui  ont  cette 
maladie.  (Abosmé,  Abosmi,  Abosmié,  —  triste, 
accablé.  —  Abomey,  Abomeiz.  —  D.  C.)  —  Je  lis 
dans  le  D"'  A.  Bos  :  Abosmer  —  mir  :  vomir. . . 
Abominare,  confondu  pour  le  sens  avec  Avomi- 
tare.  L's  ajouté,  phénomène  des  plus  fréquents  — 
Dans  GoDEFROY  :  Abosmer,  —  accabler,  conster- 
ner, —  avoir  du  dégoût,  de  l'aversion  pour,  — 
abominer,  —  s'effrayer.  Plongé  dans  la  douleur, 
accablé  de  chagrin,  indigné,  révolté.  —  Abosmi, 
abomi,  aboumi  =  engourdi,  endormi.  —  Abomi- 
nable, —  qui  inspire  ou  qui  éprouve  un  sentiment 
de  répugnance,  d'aversion,  de  dégoût,  d'horreur. 

N.  —  J'ai  insisté  sur  ces  explications  :  il  y  a  évi- 
demment un  rapport  entre  :  avoir  mal  au  cœur  et  : 
être  enflé.  Mais  pourquoi,  alors,  ce  mot  ne  se  dit-il 
que  du  visage? 

.Abondance  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  cépage 
rouge  qui  donne  beaucoup  de  raisin. 

Abonéter  (s'),  v.  réf.  —  Devenir  bonne 
femme,  prendre  les  allures  d'une  vieille. 
V.  S'aboucher  et  Abonoler. 

Cf.  Abonir,  Abonnir,  —  déclarer  bon.  (God.) 
AboDoter  (s').  —  Com.  Abonéter. 


ABORD  —  ABOUVER 


N.  —  Dans  le  Poitou,  on  dit  :  Aboun'femm'zir 
(s'),  vieillir.  (Favre.)  V.  Abounefemmée. 

Abord  (Mj.),  s.  m.  —  Lieu  de  la  rive  où  les 
bateaux  peuvent  aborder  ;  cale  de  débarque- 
ment, li  Du  premier  abord,  —  tout  d'abord, 
de  prime  abord.  (Par  plaisanterie  on  dit 
qqf.  :  Au  second  rabord.)  !|  D'abord  que,  — 
dès  lors  que,  vu  que,  et  d'ailleurs.  Ex.  :  Je 
ne  se  pas  pourqué  tu  m'en  enveux  à  cause 
de  ça  ;  d'abord  que  je  ne  l'ai  jamais  dit. 

N.  —  Proprement  :  Avoir  abords  contre  une 
rivière,  c'est  avoir  de.s  terres  au  bord  d'une  rivière  : 
«  Est  ordonné  à  un  chascuns  ayans  abords  contre  la 
grande  rivière. . .  qu'ils  ayent  à  les  entretenir. .  .  » 
(L.  C.)  —  «  Abord,  lieu  sur  le  bord  d'une  rivière  ou 
d'un  ruisseau,  disposé  pour  laver  le  linge.  (Dott.) 

Abordage  (Mj.),  s.  m.  —  Coup,  blessure, 
atout.  Ex.  :  Il  a  attrapé  eia  fameux  abordage. 

Abordant  (Mj.,  Lg),  adj.  v.  —  D'abord 
facile.  Se  dit  des  personnes  seulement. 
Ex.  :  A  n'est  point  abordante,  la  fumelle  ! 

Aborgnac,  s.  m.  — •  Un  aborgnac,  —  qqn 
qui  n'y  voit  guère.  De  borgne?- 

.iborgner  (s'),  v.  réf.  — ■  Regarder  avec 
attention.  Argot  de  voleurs.  On  ferme  un 
œil  pour  mieux  voir  de  l'autre. 

Abosinc  (Fu.),  adj.  q.  —  Enflé  comme  une 
bosine,  —  bousine  -  vessie. 

Abosmer,  v.  n.  —  Avoir  sommeil.  Etre 
triste.  Il  V.  a.  Accabler,  consterner.  V 
Abônii. 

N.  • —  Abasmer,  Abysmer.  Exprime  la  conster- 
nation, la  douleur  profonde  dans  laquelle  un  évé- 
nement malheureux  précipite,  absorbe  notre 
âme.  (L.  C.) 

Aboucher,  v.  a.  —  S'aboucher,  pour  :  Se 
courber  sous  le  poids  de  l'âge  ou  de  la  peur 
(Segr.). 

Et.  Hist.  —  Faire  tomber  en  avant  (sur  la 
bouche).  Vieilli.  (Dict.  gén.)  —  Tomber  en  devant, 
à  bouchetons,  comme  on  disait  autrefois.  (L.  C.)  — 
S'aboucher  sur  son  lit  pour  pleurer  ;  Abouchon ,  — • 
sur  le  visage,  contre  terre,  à  plat  ventre.  (Guill.)  — • 
Aboucher,  abouchier,  —  presser  avec  la  bouche  ; 
s'abattre,  tomber  le  visage  en  avant,  se  renverser  la 
bouche  contre  terre  et,  en  général,  tomber.  — 
Aboucher  un  pot,  une  seille,  pour  l'égoutter.  «  Un 
tel  ne  dort  jamais  sur  le  dos,  il  s'abouche.  »  — 
Quand  vous  retirez  de  l'eau  un  noyé,  ne  l'abouchez 
pas.  )>  (GoD.)  —  Cf.  S'Adenter.  —  xvi^  s.  «  Les 
refîormés  ne  peurent  faire  autre  chose  que  d'emplir 
et  couvrir  les  canons,  abouchés  en  terre,  d'un  grand 
amas  de  poudre  et  y  mettre  le  feu.  (D'Aubigné, 
Hist.,  I,  157.  —  LiTTRÉ.) 

Abouler  (Mj.),  v.  a.  —  Donner,  remettre, 
verser.  Syn.  de  Dégainer.  \\  V.  n.  Financer 
X.  Ce  mot  est  d'introduction  récente.  Argot. 

Arriver  en  foule  ou  en  abondance,  affluer. 
Ex.  :  Tout  le  monde  aboulaient  chez  lui. 
Il  Abattre,  jeter,  mettre  bas.  ||  En  terme  de 
pêche,  c'est  battre,  avec  un  bouloir,  les 
herbes  au  bord  de  l'eau,  pour  en  faire  sortir 
le  poisson.  En  fr.  Bouillcr  l'eau,  pour  : 
remuer  l'eau  avec  une  bouille  ou  longue 
perche.    Boule,   en  vx  fr.   signifiait  :   bâton 


terminé   par   un   broc,    de   bulla.    (Litt.   — 
Citât,  de  Mén.) 

Abounefemmée,  adj.  q.  —  Vieillie  Cf. 
Abonéter,  Abonoier  (Bn).  —  By.  Les  poumes 
de  rain-nette  c'est  ben  meilleur  quand  c'est 
un  peu  abounejemmé  (flétri,  ridé). 

Cf.  Abonhommer  ;  prendre  les  habitudes,  la  tour- 
nure d'un  bonhomme  ;  se  faire  vieux.  Ex.  :  Depuis 
deux  ans  nout'  père  s'est  ben  abonhommé.  » 
(Dott.)  —  Aboun'houm'zir.  (Poitou.) 

Abourde  (Lrm.,  Tlm.)  s.  f.  —  Béquilles. 
Dér.  de  Bourder.  Les  abourdes  (grandes 
béquilles)  permettent  de  bourder,  de  s'arrê- 
ter, de  s'appuyer  dessus.  —  N.  Qqs-uns 
disent  :  Abourne.  !|  JU.,  Z.  196.  V.  Appouer. 

About  (Mj.),  s.  m.  —  Fin,  terminaison, 
bout.  Il  Fig.  Dernier  mot.  Ex.  :  Ceté  petit 
mâtin-là,  n'y  a  pas  moyen  d'en  avoir  Vabout. 

Et.  —  About.  Bout,  extrémité.  Héritage  hypo- 
théqué. (V.  D.  c.  Butum.)  —  Adboutamentum. 
Fonds  assigné  à  un  créancier  par  tenants  et  abou- 
tissants. «  Butum,  —  bout  »  (1146.  D.  C.)  —  Le 
Nord.  (GoD.) 

Aboutant  (Mj.),  part.  prés.  — Aboutissant. 
Il  Adj.  verb.  et  subst.  —  Les  tenants  et  les 
aboutants.  Au  propre  et  au  fig. 

N.  Conjug.  irrég.  pour  la  grammaire,  mais  natu- 
relle (cf.  tenir,  tenant  ;  sortir,  sortant).  C'est  le  v. 
Aboutir  sans  la  syll.  iss.  —  On  disait  jadis  Abouter, 
pour  :  borner,  et  Aboutant  en  vient,  non  de 
Aboutir. 

Aboutéier  (s')  (Mj.,  Sal.),  v.  réf.  —  Tireràsa 
fin.  Se  dit  d'un  abcès  qui  se  mûrit,  qui  est 
prêt  à  suppurer.  Ex.  :  Ton  fronde  commence 
à  s' aboutéier. 

Et.  —  Dér.  de  About,  au  moyen  du  suff.  inchoa- 
tif  éier.  Cf.  Foléier,  Gauléier ,  Eclaréier,  etc.  — 
«  Une  charrette  abotée  est  une  charrette  dont  on  ne 
peut  plus  se  servir.  —  Un  homme  aboté  est  un 
homme  qui  a  perdu  toutes  ses  forces,  soit  par  l'effet 
de  l'âge,  soit  par  suite  de  maladie.  »  (Jaub.)  — 
Cf.  L'Àraboute.  Z.  173. 

Abouter  (Mj.),  v.  a.  —  Mener  jusqu'au 
bout.  Ex.  :  Les  bœufs  n'ont  jamais  pu 
abouter  la  charrue.  ||  Sp.  —  Abouter  la 
charrue  ;  au  jeu,  faire  avec  les  cartes  que  l'on 
a  en  main  le  reste  des  levés.  ||  V.  n.  Se  ter- 
miner à.  Ex.  :  Ceté  petit  chemin-là  aboute  à 
champs,  —  çàd.  est  une  impasse,  un  cul  de 
sac. 

Et.  Hist.  —  De  About.  —  «  Dépendant  de  ladite 
paroisse  de  Saint-Germain,  qui  par  là  aboute  celle 
de  Saint-Georges.  »  (1730,  Inv.  Arch.,  S,  s,  E, 
349.  1.)  —  Sezile  (Sicile)  qui  sur  mer  aboute.  (L.  C.) 
—  Angl.  to  abut,  —  aboutir  à.  (MoisY.) 

Aboutoir  (Mj.),  s.  m.  —  Panneau  qui 
ferme  l'arrière  d'une  charrette. 

Aboutouner  (Lg),  v.  a.  —  Boutonner. 
Ex.  :  Aboutoune  donc  ta  culotte. 

Abouver  (Segr.),  v.  a.  —  Mettre  sous  le 
joug  deux  jevmes  bœufs. 

Et.  —  Du  lat.  Bovem.  —  N.  Abouvier  :  décou- 
pler les  bœufs,  les  «  lâcher  du  joug  après  qu'ils  ont 
labouré,  les  disjoindre  ».  Nicot,  cité  par  GoD.  — 


ABOYANT>S  —  ABREUVOUX 


Sens  contraire  à  celui  de  notre  patois.  —  De  même 
L.  C.  Abouvier,  abjugare  boves.  —  Mettre  au  joug 
de  jeunes  bœufs.  (Dott.)  —  Dans  le  Poitou  (Favke, 
comme  Gon). 

.4bo.vants,  s.  m.  —  Gen.s  qui  viennent  voir, 
écornifler  s'il  n'y  a  pas  qqch.  à  rapiner,  — 
qui  se  présentent,  par  ex.,  dans  une  maison, 
au  moment  du  dîner.  !|  S^^  —  Aboyant,  — 
jeune  abbé,  séminariste.  Syn.  de  Abboyon, 
Abbéion.  V.  Aboyer. 

Aboyer  (Mj.),  v.  a.  —  Au  fig.  Dévorer  du 
regard,  désirer  ardemment,  brûler  pour. 
Ex.  :  Aile  est  pon  moins  mariée  avec  son 
harnicou,  depuis  le  temps  qu'a  V aboyait  ! 

Et.  —  Sauf  preuve  contraire,  je  tiens  ce  mot  pour 
u  n  composé  de  A  et  de  Boyer,  béer.  Aboyer,  c'est 
proprement  rester  bouche  bée,  en  contemplation  de 
ce  que  l'on  admire  et  convoite  à  la  fois  (badaread.) 
Ainsi  fait  le  chien  qui  aperçoit  le  gibier  ;  puis  le 
désir  lui  arrache  des  cris  pendant  la  poursuite. 
Abayer,  qui  est  le  même  v.  prononcé  à  la  mode 
normande,  signifiait  dans  l'ancienne  jurisprudence  : 
désirer,  poursuivre  avec  avidité.  —  «  Il  y  a  p.-ê. 
confusion  entre  :  1°  aboyer,  donner  de  la  voix,  et  : 
2°  aspirer  à,  de  à  et  béer,  forme  primitive  de  bayer.  » 
«  Aboyer  après  ime  place  ;  un  aboyeur  de  places.  » 
—  De  batare  (orig.  inc),  devenu  baer,  d'où  béer 
(béant)  et  bayer.  Certains  auteurs  ont  employé 
iDâiller,  pour  bayer.  Etre  grand  ouvert,  —  avoir 
la  bouche  grande  ouverte  en  regardant  avidement 
qqn  ou  qqch. 

N.  —  On  saisit  ici  sur  le  vif  un  mode  de  défor- 
mation des  mots  patois  par  assimilation  avec 
d'autres  mots  voisins  comme  son  et  comme  sens. 
Le  mot  Abbéion,  dimin.  un  peu  ironique  du  fr. 
Abbé,  est  devenu  Abboyon  par  la  tendance  à  allon- 
ger é  en  oi.  (Cf.  Poiser,  Regroit,  etc.)  Puis,  grâce  à  ce 
défaut  d'oreille  et  de  prononciation  qui  fait  que  les 
gens  de  la  région  de  Vihiers  sont  radicalement  inca- 
pables de  distinguer  an  de  on,  le  mot  Abboyon  est 
devenu  Aboyant.  (R.  0.) 

Abrâsement  (Mj.),  s.  m.  —  Embrasement, 
incendie.  Ex.  :  N'y  a  ieu  ein  abrâsement 
dans  la  Varanne.  V.  Embrasement. 

Hist.  —  «  Les  Juifz,  voyans  cestuy  merveilleux 
abrâsement  (du  temple  de  Jérusalem),  commen- 
cèrent à  jeter  une  clameur  horrible.  »  (God.)  — 
Com  se  ce  fusent  x  cierges  abrasés.  (D.  C.)  — 
Autre  sens  :  Destruction  ;  de  raser.  (Jaub.) 

Abrâser  (Mj.,  Tlm.),  v.  a.  —  Embraser, 
au  pr.  et  au  fig.  Ex.  :  Il  a  le  corps 
abrâsé  par  la  boisson.  ||  Fu.  —  J'sé  abrâsé 
de  se,  —  je  suis  embrasé,  mort  de  soif. 
II  V.  n.  Etre  incendié,  subir  un  incendie. 
Ex.  :  Ils  ont  abrâsé  dans  la  nuit  de  Noël. 
Il  (Mj.,  Fu.,  Trél.).  «  Tu  vas  V abrâser  les 
dents,  —  à  qqn  qui  mange  la  soupe  un  peu 
trop  chaude.  ||  Ec.  —  On  dit  Ebrâser. 

N.  —  Même  sens  dans  les  autres  Glo.ss.,  sauf 
Jaub.  :  Raser. 

Abre  (Mj.,  Lg,  By.),  s.  m.  —  Arbre,  avec 
a  long  ;  qqf.  même  Aâbe.  —  Ein  grou-t-âbre 
vert.  (By.) 

Et.  Hist.  —  Voici  ce  que  dit  à  ce  sujet  La  Curne 
de  Sainte  Palaye  :  «  Abri  s'est  écrit  Arbri,  ce  qui 
semble  indiquer  que  ce  mot  est  formé  d'arbre,  que 
son  acception  propre  et  primitive  est  le  couvert  que 
procurent  les  branches  d'un  arbre  ;  et  qu'ensuite, 


p.  ext.,  l'on  a  employé  abri  dans  l'acception  géné- 
rale qui  lui  reste.  Nous  observerons,  d'ailleurs,  que 
non  seulement  on  a  écrit  arbri  pour  abri,  mais  que 
l'on  a  aussi  écrit  abre  pour  arbre,  ce  qui  parait 
confirmer  doublement  l'étym.  que  nous  proposons. 
«  L'arbre  de  l'abri  »  ou  cïe  «  l'abris  »,  si  souvent 
répété  dans  nos  anciennes  coutumes,  était  l'arbre 
situé  à  la  porte  des  châteaux,  sous  lequel  on  se 
mettait  à  couvert  du  soleil  ou  de  la  pluie. 

Dérivés  :  Abriement,  maison,  logement  ;  s'abrier, 
se  mettre  à  l'abri  sous  un  arbre  ;  abrier,  n.,  arbre  de 
pressoir. 

—  Plus  la  vendange  ne  geint 
Sous  V abrier  qui  de  sa  charge 

Criant  enroué  restreint.  —  (Baif.  Poésies.) 

—  C'était  aussi  le  bâton,  le  manche  ou  chevalet 
d'une  arbalète.  —  Abrisel,  pour  :  arbrisseau. 

—  La  prononciation  popul.  Arbre  est  condamnée 
par  Vatjgelas,  qui  remarque  qu'elle  était  com- 
mune. ' 

—  Dans  le  département  de  l'Indre,  une  ville 
s'appelle  Belâbre  (bel  arbre). 

—  Dans  les  comptes  de  la  Sainte-Chapelle  de 
Bourges  (1402-1405),  on  lit  :  «  A  Gilebert  Corbat, 
pour  un  âbre  contenant  4  toises  emploiées  es  diz 
molins  (moulin)  de  Saint-Privé,  à  4  sols  la  toise.  » 
(L.  C.) 

—   . .  .Elle  montit  dans  in  abre 
Pré  voir  ses  chiens  couri, 

Carabi  ; 
La     branche     était     poi     forte, 
Et  Guillery  chésit, 
Carabi. 
(Hist.    véridique   de   Guillery.) 
On  retrouve  cette  prononciation  dans  de  nom- 
breux dialectes. 

—  Pour  l'amour  du  buisson  va  la  brebis  à  l'abre. 

Leroux  de  Lincy.   Prov.) 
Variantes  :  Aubre,  aibre,  habre.  (God.) 

Abref  (Mj.),  adj.  q.  inv.  —  Abrupt,  à  pic, 
escarpé. 

Abrégeons,  s.  m.  ^  Courts  sillons  qui  vont 
en  diminuant.  V.  Bergeons. 

N.  —  God.  cite  Abrevier,  abregier,  —  aller  en 
diminuant. 

Abréger.  —  Je  crains  que  ce  mot  ne 
signifie  :  abréger  les  jours,  avancer  la  mort. 

Hist.  —  1653.  Sépulture  de  Perrine  Bommery, 
«  déceddée  par  un  sinistre  malheur  de  la  morsure 
d'un  loup  enragé  ;  elle  est  néantmoins  morte  sans 
avoir  été  abrégée  ei  avec  un  très  bon  jugement.  » 
(/.  A.,  II,  E,  S,  411,  2.) 

Abreniintio  !  —  Excl.  V.  Abernuntio. 

Hist.  —  Abrenoncier,  —  uncier,  —  oncer.  — 
«  Abrenuncièrent  a  tôt  le  droit  que  il  avoient  et 
pooient  avoir  es  dites  choses.  »  (1274,  Arch.  de 
M.-et-L.)  GoD. 

Abreuvage  (Lg),  s.  m.  —  Mare,  abreuvoir. 
Ex.  :  J'ai  été  pêcher  dans  les  abreuvages  des 
fermes. 

.4brciiver,  v.  a.  —  Nettoyer.  On  abreuve 
le  linge  sale  (Segr.).  —  Cf.  Abeuvré. 

Et.  —  Du  lat.  Ad,  bibere  ;  bas-lat.  abeverare  ; 
vx  fr.  Abeuvrer,  plus  près  de  l'étymol.  —  Abreuver 
des  tonneaux  pour  voir  s'ils  ne  fuient  pas.  (Litt.)  — 
Adbiberare.  (Dict.  gén.) 

.Ibreiivoux  (Lg),  s.  m.  —  Abreuvoir.  Syn. 
de  Abreuvase. 


ABRI  —  ABYRINGUE 


Abri,  s.  m.  —  Cf.  Ahrit.  V.  Aâhre,  Abrier. 
Et.  —  ScHELLKR  semble  admettre  apricum. 

Abrier  (ou  Abérier)  (Mj.,  Lg,  Sal.),  v.  a.  — 
Abriter,  couvrir.  —  Dér.  de  Abrit.  —  «  Mou- 
man,  vins  don'  m'ahrier. 

Et.  — -  Je  vais  donner  de  nombreuses  opinions.  — 
La  dérivât,  par  Abrit  est  illogique,  mais  celle  du 
V.  Abriter  ne  l'est  pas  moins.  Ou  plutôt,  ce  qui  est 
illogique,  c'est  l'orthographe  du  mot  Abri  :  on 
aurait  dû  conserver  le  t  final.  —  «  Abrier  s'est  dit 
jusqu'au  xvi«  s.  —  Abri,  du  B.  L.  abrica,  abriga  — 
du  lat.  apricus,  exposé  au  soleil.  Les  langues  ro- 
manes ont  pris  :  se  mettre  à  l'abri,  pour  :  se  mettre 
à  couvert,  parce  que  les  choses  exposées  au  soleil 
sont,  en  qq.  sorte,  à  l'abri  du  froid  et  du  mauvais 
temps.  —  DiEZ  conteste  cette  étym.  »  (Litt.)  — 
«  Abri  vient  de  Abrier.  L'ensemble  des  formes 
romanes  indique  une  forme  du  lat.  popul.  Abbre- 
gare,  d'orig.  inconnue.  Nombreux  exemples.  » 
(Dict.  gén.)  —  «  Abri  et  Apricus  ont  un  sens  opposé. 
Apricus,  être  à  Vouvert.  et  le  nôtre  au  couvert  du 
soleil,  quasi  aperica.  —  Pour  Ménage  il  vient  de  : 
opericus,  inus,  qu'on  a  fait  d'operio,  comme  apricus 
d'aperio.  On  a  changé  l'o  en  a,  com.  en  Dame  et 
Damoiselle,  de  Domina  et  Dominicella.  De  même, 
on  change  l'a  en  o  quand  on  dit  :  ormoire,  pour  : 
armoire.  »  —  P.  Malvezin,  dans  ses  Racines  cel- 
tiques, le  fait  venir  de  Breg,  éminence,  pointe. 
Transposé  de  Berg.  D'où  briga  pour  brega,  mon- 
tagne. . .  En  fr.  nous  avons  Abriguer,  altéré  aujour- 
d'hui en  Abriter,  placer  sous  le  refuge,  sous  l'éléva- 
tion qui  protège.  Le  B.  L.  de  Darmesteter  n'a  pu 
exister.  Seul  Adbrigare  est  possible,  car  le  préf.  est 
ici  de  mouvement.  Apricus  est  à  rejeter. . .   » 

On  voit  que  la  lumière  n'est  pas  toujours  facile  à 
faire.  V.,  d'autre  part,  Aâbre. 

Hist.  —  Bien  le  saichiez,  chrestiens  fidèles, 
Qui  la  donra 
Charité  soubs  ses  grands  aeles 
h'abryera.  (DOTTIN.) 

—  «  Je  leur  donne  loy  de  me  commander  de 
m'ahrier  chaudement.  «  (Montaigne.)  — ■  «  ...Et 
n'oubliast  de  rejecter  ma  robbe  sur  son  lict,  en 
manière  qu'elle  les  abriast  touts  deux.  »  (Id.,  Ess., 
I,  20.)  —  «  Si  se  tapirent  et  abrierent,  eulx  et  leurs 
chevaulx,  dessobz  chênes  et  grans  arbres.  »  (Frois- 

S.\RD.) 

Abrifoii,  s.  m.  — •  Voile  que  l'on  mot  sur  la 
tête  des  mariés  pendant  la  bénédiction  nup- 
tiale. 

Et.  —  Abrifol,  dans  L.  C,  qui  y  voit  une  irré- 
vérence. —  Abrie-fou  (de  abrier).  Cf.  Garde-fou, 
Essuie-main.  (Jaub.) 

Hist.  —  «  En  témoignage  de  quoi  il  (Alexandre) 
nous  montra  une  belle  pièce  qu'il  en  avoit  appointée; 
c'est  le  rets  à  prendre  les  ânes  de  haute  futaie.  Nous 
n'entendions  point  cela,  quand  il  tira  de  sa  manche, 
et  nous  montra  le  beau,  saint  et  gracieux  abrifou, 
qui  catholiqueinent  s'interprète  :  le  rets  k  prendre 
les  cocus.»  (Ber.  ue  Verville.  M.  de  pan'.,  i,  l'i.) 

Abrit*  (Mj.),  s.  m.  —  Pour  Abri. 

—  Variantes  :  Abric,  abri),  aliris,  abrit.  ari)ri. 
(L.  C.) 

Hist.  —  «  Mais  quand  je  les  vis  ainsi  bien  cou- 
vers,  je  m'en  allav  à  eux  rendre  à  Vabrit.  «  (Rab., 
P.,  II,  32.) 

.Abron  (Sa.),  s.  m.  —  Tétine.  Ex.  :  Aile  en 
a  des  abrons  ceté  grande  lubrine  là  ! 

Et.  —  Se  rapporte  à  BrCne,  Brôner.  Se  rappeler 


Penbron,  au  Croisic  (la  Pointe  du  sein,  nom  expres- 
sif de  ce  promontoire). 

Abroiitir  (Lg),  v.  a.  —  Abrutir. 

Absent  (Vts),  adj.  q.  —  Sens  curieux. 
«Aile  a  dit  des  paroles  absentes  »,  —  elle  a 
menti. 

Absinthes.  —  Souvent  employé  au  masc. 
et  au  fem. 

Hist.  —   «  Quand  tu  la  vois  si  dignement 
Adoucir  toutes  nos  absinthes.   » 

(Malherbe.) 
—  «  Tout  le  fiel  et  tout  l'absinthe 
Dont  un  amant  fut  toujours  abreuvé.   » 
(ID.) 

Absiilument  (Mj.),  adv.  —  Absolument. 

Absiirbe  (Mj.),  adj.  q.  —  Absurde. 

Abûloter  (Pell.),  v.  a.  —  V.  Abeuloter. 
Metti-e  en  tas.  en  bulots.  —  Avec  un  seul  t. 

Abiironner  (Sp.),  v.  a.  et  n. — •  Disposer  en 
petits  tas,  le  foin.  Syn.  de  Abeuloter. 

E.t  —  De  Buron.  —  De  bur,  encore  usité  en 
Norm..  qui  est  emprunté  du  germ.  bur,  habitation, 
cabane.  (Dict.  gén.)  —  De  Montess.  donne  un 
autre  sens  :  Lavoir  :  de  Buer,  —  douet,  etc.  — 
Borel,  vx  fr. ,  donne  :  Lieu  de  retraite  ;  selon 
qqs-uns,  ce  mot  viendrait  de  :  boire,  com.  qui 
dirait  un  beuron. 

Abiit'  (Lg,  Tlm.),  s.  m.  —  Contrefort. 
Ow  donne  surtout  ce  nom  à  des  morceaux  de 
bois  cloués  par  une  extrémité  aux  pièces 
diverses  du  bâti  d'un  métier  de  tisserand,  et 
qui,  de  l'autre  bout,  viennent  buter  contre 
les  muTs  de  l'alelier,  afin  d'éviter  les  trépi- 
dations. —  Etai.  Syn.  de  Appouèl,  Accote. 

Et.  —  De  A  et  But.  L'angl.  a  Abutment,  — 
culée. 

Abutant,  s.  m.  —  V.  Abnutant. 

Abuter  Abutter  (Lg,  Tlm.),  v.  a.  — 
Forcer  un  animal  à  se  réfugier,  dans  un  arbre, 
par  ex.  :  «  11  est  à  but  »  alors.  V.  Ferle.  ||  Se 
loger,  se  réfugier  ;  mettre  im  support  à  un 
mur  ;  jeter  des  palets  vers  un  but  pour 
savoir  à  qui  jouera  le  premier.  (God.)  — 
Il  Etayer,  appuyer,  étançonner,  accoter. 
Syn.  de  Conircbouter.  ||  Lue.  —  Arriver  au 
bout  d'un  sillon  en  labourant. 

Hist.  —  «  Lesquelz  compaignons  disnerent  en 
une  taverne. . .  et  ainsi  qu'ils  abutoient\euv  escot...  » 
(1450.  D.  C.)  —  «  Hs  ont  bien  tiré  cent  coups 
d'armes  sans  avoir  abuté  la  cane.  »  —  «  Un  lundi 
matin,  qui  était  le  jour  abulé.  »  (Jaub.)  —  Garnir 
de  terre  le  pied  d'un  arbre.  (Dott.)  —  Dans  la  citât, 
ci-dessus,  le  jour  abuté  veut  dire  :  le  jour  fixé. 
(B.  de  Verv.,  I,  84.) 

Abutte,  (Fu.).  —Contrefort.  A  Montigné- 
sur-Moine  :  «  Les  abultes  sont  chères.  »  — 
(Z.  196.  —  Bpu).  —  V.  Appoiier. 

Abyringiie  (Sp.),  s.  m.  —  Explication 
embrouillée,  narration  onfuse  ;  au  fig, 
dédale. 

Et.  —  C'est  le  fr.  labyrinthe,  corrompu  et  em- 
ployé métaphoriquement. 


ACABAUDER  —  ACAMER 


Acabauder  (Tira.),  v.  a.  —  Abattre,  acca- 
bler, déprimer,  attrister.  Dér.  de  Cabaud. 

Acabré  (être).  —  Pour  :  être  ennuyé. 
Soulevé,  excité.  —  Cf.  Acabauder.  V.  Cabrer, 

Et.  Hist.  —  Je  lis  dans  Eveillé  :  Accabassé. 
accablé  par  la  fatigue  ou  la  maladie.  En  B.  L., 
Accabassare  signifie  :  immerger,  faire  faire  un 
plongeon.  Il  désignait,  au  moy.  âge,  le  traitement 
qu'on  faisait  subir  à  Bordeaux  aux  femmes  de 
mauvaise  vie.  (V.  D.  C.  à  ce  mot.)  V.  Cahasser.  — 
J'y  verrais  simplement  le  mot  Accablé  (A.  V.  ) . 
— "  «  Advint  un  autre  temps  qu'estoit  AUain  Rebré 
Contre  Judicael  souvent  moult  accabré 
Pour  ly  royaume  avoir. . .  (God.) 

Semblerait  se  rapporter  ici  à  Se  cabrer. 

Acadagner  (s'),  —  (Sal.)  s'aiïaisser,  rester 
inerte. 

Acadeau,  Accadiaii,  —  s.  m.  Averse, 
grande  chute  d'eau.  Devrait  s'écrire  en  trois 
mots  :  Aca,  Acas,  Aqua  d'eau  ||  Fu.  v  Ou-l-é 
chet  des  agâts. 

Et.  —  De  Montesson  :  Accas,  Pluie  torrentielle. 
Est-ce  Occasus  (chute)?  C'est  possible,  car  le  tor- 
rent qui  court  n'est  pas  un  accas,  l'eau  qui  se  pré- 
cipite, pas  davantage.  Le  nom  n'appartient  qu'aux 
pluies  abondantes  et  dans  le  moment  où  elles 
tombent.  —  Favre  et  G.  de  Guer  :  Abat  d'eau.  — 
Jaubert  :  Acadiau.  V.  Agas  d'iau  et  Agat  d'iau. 
Abondance  d'eau,  averse,  innondation.  V.  Aigas 
U\\\\  manque,  du  reste.  A  Aiger,  je  trouve  :  Aigé 
d'iau,  trempé  jusqu'aux  os.)  On  lit  dans  Trévottx  : 
«  Ragas,  inondation  causée  par  pluie  violente  ou 
chute  d'un  torrent  ;  on  dit  aussi  :  Agarst,  agaste.  — 
Dérive  de  Aqua  ;  agas  formerait  donc  pléonasme 
avec  :  eau.  —  Agast  viendrait  du  vx  mot  Agaster, 
gâter,  dévaster,  ravager.  »  —  N.  Il  faudrait  p.-ê. 
alors  distinguer  Acas  et  Agât  ;  le  premier  ayant  le 
sens  de  Chute  et  le  second  de  Dommage. 

Acâgner  (s')  (Sp.),  v.  réf.  —  S'accroupir. 
Syn.  de  s' Amouir,  s'Appouguenir.  —  On 
trouve  dans  God.  :  Acagnardement,  —  mol- 
lesse, fainéantise.  ||  Acâgner  (Lrm.).  Aplatir. 
Même  sens  que  Ecrapoutir. 

Et.  —  Doubl.  de  a'Acaigner,  avec  un  sens  un  peu 
différent.  S'acàgner,  c'est  proprement  s'accroupir 
comme  un  chien.  —  V.  Acaignarder.  «  Se  cacher  en 
se  baissant,  en  s'accroupissant  comme  un  chien  : 
«  J'ai  poursuivi  cet  homme  ;  il  s'est  acâgné.  »  — 
Le  pat.  norm.  a  de  même  :  s'acatir,  se  pelotonner  à 
la  manière  du  chat.  —  Cagnard,  poltron,  même 
origine  :  d'où  :  cagner,  caner,  reculer.  «  Tu  canes, 
tu  cagnes.  «  (Jaub.) 

Acaignarder  (Mj.),  v.  a.  —  Rendre  fai- 
néant. Il  V.  réf.  a' acaignarder,  s'habituer  à 
une  vie  oisive.  —  Cf.  Caignard.  Syn.  de  s'Afai- 
gnianter,  s" Anianter.  Cf.  Acaigner,  s" Acâgner. 

N.  —  Voici  ce  que  dit  La  Curxe  :  «  Cagnard,  s. 
m.  —  Chenil.  Lieu  malpropre  ;  lieu  de  débauche. 
Lieu  sous  les  ponts  de  Paris.  —  Lieu  exposé  au 
soleil.  —  Poêle  à  mettre  de  la  braise.  —  Gueux, 
paresseux,  fainéant. 

«  Toutes  ces  acceptions,  si  différentes  entre  elles, 
paraissent  cependant  partir  de  la  même  étym.  et 
s'être  éloignées  peu  à  peu,  et  comme  de  proche  en 
proche,  en  passant  du  sens  propre  à  un  sens  fig..  et 
de  ce  dernier  sens  à  un  autre  encore  plus  détourné 
de  la  signification  primitive.  Tâchons  de  suivre  ce 
fil,  selon  la  méthode  que  nous  employons  le  plus 
souvent  qu'il  nous  est  possible. 


«  Cagnard  s'est  dit  proprement  d'un  chenil 
{Dict.  univ.).  Et,  en  effet,  cagne  signifiait  :  chienne. 
Il  était  donc  fort  naturel  d'employer  le  mot 
cagnard  pour  désigner  un  lieu  malpropre,  une  mai- 
son pleine  de  saleté  et  de  gueuserie.  —  Cette  der- 
nière idée  rappelle  aussi  celle  de  lieu  de  débauche. 
Ces  deux  dernières  acceptions  convenaient  fort 
bien  à  un  lieu  sous  les  Ponts  de  Paris,  où  les  gueux, 
tant  hommes  que  femmes,  avaient  pris  l'habitude 
de  se  retirer.  (En  note  :  Dans  la  marine,  on  désigne 
ainsi  un  lieu  contre  la  pluie  et  le  froid,  qu'on 
dresse  sur  le  pont  et  qu'on  couvre  d'un  prélart.) 
Les  gueux  s'y  tenaient  à  rien  faire,  pour  s'y  chaufTer 
au  soleil  ;  et  de  là  les  coins  de  rues,  carrefours,  etc., 
où  les  gueux  et  les  fainéants  venaient  se  chauffer 
au  soleil,  furent  appelés  :  cagnards.  En  Languedoc, 
on  appelle  encore  cagnard  le  côté  de  la  rue  où  le 
soleil  donne.  —  Au  défaut  du  soleil,  les  gueux  fai- 
néants se  chauffaient  au  moyen  d'une  poêle  de  fer 
dans  laquelle  ils  mettaient  de  la  braise.  (N.  C'est 
ainsi  que  le  cirier  désigne  son  fourneau).  Enfin  le 
nom  de  cagnard  fut  donné  aux  gueux  et  aux  fai- 
néants eux-mêmes.  —  Ce  mot  fut  donné  comme 
surnom  aux  Albigeois  (comme  qui  dirait  :  les 
Gueux  de  Hollande).  —  Le  mot  Cagnard,  adj.,  a 
conservé  les  deux  significations  de  paresseux  et  de 
débauché.  —  Un  écolier  fait  le  cainard  quand  il 
manque  d'aller  à  l'école.  (On  dit  en  Anjou  :  faire 
casnade.  A.  V.)  —  Cagnard  a  été  fait  au  xvr^  s.  sur 
]'italien  cagna,  chienne  ;  c'est,  proprement,  mener 
la  vie  fainéante  d'un  chien.  Le  populaire  dit  encore  : 
jl  fait  sa  cagne.  (Note  de  l'Editeuk.) 
Hist.  —  «  Jamais  en  nulle  saison 

«  Ne  cagnarde  en  ta  maison, 

«  Voy  les  terres  estrangères.  »  (Ronsard) 

—  c.  Vous  avez  secouru  des  personnes  qui  étoient 
dans  les  rues  ou  accagnardées  près  du  feu  ;  je  vous 
demande  l'aumône  pour  des  personnes  qui  ont 
servi.  »  Lettre  de  Henri  IV  au  Parlement  de  Paris. 
(Eveillé.) 

—  Au  mot  Contre-hastier.  —  Ce  mot  subsiste 
pour  désigner  une  sorte  de  grands  chenets  de  cui- 
sine. De  1.3,  Rabelais,  m,  205,  appelle  :  fol  contre- 
hastier  un  homme  qui  s'acagnardit  auprès  du  feu, 
qui  est  toujours  près  des  contrehâtiers.  (L.  C.) 

Acaigner  (Lg),  v.  a.  —  Rendre  mou, 
paresseux,  fainéant.  Syn.  de  Aladrer,  Anian- 
ter,  dér.  de  Acâgner  ;  Syn.  et  doubL  de 
Aquenir,  Haquenir.  \\  V.  réf.  Devenir  mou, 
languissant,  par  suite  de  fatigue  ou  de 
maladie  ;  se  casser  en  vieillissant. 

Et.  —  Dér.  du  lat,  Canis,  comme  s" Acâgner, 
s' Acaignarder. 

.içalfin.  —  Pour  :  afin.  —  Pour  moi,  c'est 
une  corruption  de  :  A  seule  fin.  Ex.  :  J'irai, 
à  seule  fin  de  voir  comment  ça  se  passera,  — 
dans  le  seul  but,  quand  ce  ne  serait  que 
pour. . .  Il  Mj.  — ■  A  celle  fin,  à  seule  fin,  et 
même  :  à  surfin  de,  ou  que. 

N.  —  De  Montessox  :  Fin  (à  seule  ou  à  ceule).  — 
Je  crois  qu'on  devrait  dire  :  A  celle  fin,  ceule  étant 
syn.  de  celle  :  cependant,  il  y  a  des  personnes  qui 
disent  :  à  la  seule  fin,  et  iffaut  bien,  en  ce  cas, 
changer  de  mot  comme  d'orthographe.  —  V. 
Aniiit,  la  citât,  de  Villox. 

.Acamer  (Mj.),  v.  a.  —  Aplatir  par  com- 
pression ;  tasser  en  serrant  fortement.  Voisin, 
comme  sens,  de  Assoûler.  ||  Courber,  coucher 
le  blé. 

Et.  —  Parait  venir  d'une  rac.  Cam,  signifiant 


ACAPER  —  ACCOTE 


incurvation,  aplatissement,  qui  se  retrouve  dans  le 
latin  Caméra  et  dans  notre  mot  Campiol.  (Jatjb.  à 
Acamander.)  —  Acassimer  ;  accabler,  écraser. 
(Favre.) 

Acaper  (Mj.),  v.  a.  —  Drosser,  terme  de 
marine.  Ex.  :  Le  vent  nous  a  acapés  le  long 
de  l'Ile  aux  GroUes. 

Et.  —  Du  fr.  Cape.  N.  On  dit  aussi,  dans  le 
même  sens,  Barder. 

Acariâtre,  adj.  —  Se  prononce  comme 
s'il  y  avait  deux  c.  Est  français. 

Acas  (l'eau.  —  V.  Acadeau.  A  Mj.  on  dit  : 
Aqua  d'eau,  aga  d'eau  ;  à  S'. -P.,  laça  d'eau, 
toujours  avec  l'a  final  très  bref. 

N.  —  BoREL  cite  :  Cad  d'eau,  —  chute  d'eau  ; 
o;rand  cad  d'eau.  Lat.  Cadere,  tomber,  dont  une 
forme  est  Casum,  et  le  préf.  A.  —  Dottin  :  Aka, 
amas,  flaque  d'eau,  de  :  aka,  beaucoup.  Cf.  laka. 
«  J'ai  mis  le  pied  dans  un  laka  (soudure  de  l'article). 
—  Nous  ne  partageons  pas  son  sentiment.  V.  la 
note  à  Acadeau. 

Acau,  Acou.  —  Jeu  au  Cou.  Vox  vulgaris. 
(Mén.)  Probablement  le  jeu  au  Cut  ou  à 
Cache-cache.  Il  renvoie  à  Cou. 

A  cause  ?  Loc.  adv.  —  Pourquoi?  «  A  cause 
que  t'as  fait  ça  ?  —  On  répond,  quand  on  ne 
veut  pas  s'expliquer  :  Parce  que  (pronon- 
ciation passeque)  ;  ou  même  :  A  cause  de 
parce  que.  —  Très  employé  dans  notre 
colonie  de  La  Réunion  :  «  A  cause  vous  l'a 
pas  vouli  vini?  —  Pourquoi  n'avez-vous  pas 
voulu  venir?  —  Cf.  l'angl.  Because. 

Acca  (Mj.,  SU.),  s.  m.  —  Se  dit  des  Acca 
d'eau,  —  chute  d'eau  abondante.  Syn.  de 
Agua,  Laça. 

.Accabler,  v.  a.  —  L'a  se  prononce  très 
long.  Cf.  Calice,  Caresser. 

.Accalmée   (Mj.),   s.    f.   —  Accalmie.    ||   A 
Vaccalmèe,   —   à    l'abri   de.    Ex.    :    Je   nous 
sommes  mis  à  Vaccalmèe  du  vent.  V.  Amorti. 
Et.  —  LiTTRÉ.  Accalmie  ;  à,  calme. 

Accaniclier  (s')  .  (Segr.)  —  V.  s' Acai- 
gnarder. 

Accaper  (Mj.),  v 
marine.  V.  Acaper. 

Accent  (Mj.),  s.  m.  —  Tic  nerveux. 
Ex.  :  Il  ne  fait  que  de  berciller  ;  c'est  ein 
accent,  qu'il  a  comme  ça.  Sens  très  détourné 
du  fr. 

Acciper,  v.  a.  —  Recevoir  dans  ses  mains, 
un  objet  lancé,  par  ex.  au  jeu  de  balle.  On 
dit  à  celui  à  qui  on  la  jette  :   «  Accipe-Xd.  !  » 
Comme  Recéper.   \\  Cf.  Aspice,  regarde,  dans 
ces  vers  que  les  écoliers   inscrivent   parfois 
sur  la   première   page   de   leurs  livres,   avec 
l'image  qui  s'y  rapporte  : 
Aspice  Pierrot  pendu. 
Qui    hune    libruni    n'a    pas    rendu  ; 
Si  hune  librurn  reddidigset. 
Pierrot  pendu  non  fuisset. 
—  Accipé,  mot  lat.  employé  comme  sobriquet 
dans  ce  vers  • 

«  Dites-vous  vray,  Maistre  Accipél  »  (L.  G.) 


a.  —  Drosser,  terme  de 


Acclienter  (s'),  v.  réf.  —  Se  faire  une 
clientèle  (Lg),  s'achalander.  Syn.  de  s' Apra- 
tiquer. 

Acemoder  (s').  —  Pour  :  s'accommoder. 
Ex.  :  Vous  accmodez-yous  d'nout'sauçaige  à 
—  Vous  faites-vous  à  notre  nourriture  ?  ? 
notre  cuisine? 

Accodâgner  (s'),  v.  réf.  —  S'appliquer  avec 
une  extrême  attention  à  un  ouvrage  délicat, 
à  une  lecture,  s'y  acharner,  travailler 
d'arrache-pied. 

Et.  —  Je  vois  dans  ce  mot  un  dér.  de  s' Aceoder, 
pour  s'Accouder,  formé  du  nom  Code.  Représentez- 
vous,  p.  ex.,  un  écolier  qui  étudie  sa  leçon  les  deux 
coudes  appuyés  sur  la  table,  les  deux  mains  enfon- 
cées dans  les  cheveux.  —  Lat.  Accubitare. 


rél 


S'accouder. 


Aceoder  (s')  (M.j),  v. 
Cf.  Code,  Coder,  Codéier. 

Accoler,  v.  a.  —  Porter  un  enfant  au  cou. 

Acconiparer,  v.  a.  —  Comparer.  —  «  Tu 
ne  peux  pas  t'accomparer  à  moi  !  »  V.  la 
Rem.  sur  Ac 

N.  —  Accomparager.  (L.  C.)  —  gier.  (D.  C.) 
Hist.  —  «  Dieu  en  louange  l'a  accomparé  aux 
preux.  »  Rab.,  IV'^  Epislr.  (GoD.) 

Acconnaisseur  (Mj.),  s.  m. —  Connaisseur. 

Acconnaître  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  con- 
naître, s'entendre  à  qqch.  Ex.  :  Faut  s'y 
acconnaître.  —  Il  s'y  acconnaît  à  pêcher  les 
voiseaux.  —  Par  les  uns  et  par  les  autres, 
on  se  fait  acconnaître. 

Accord  (Mj.),  s.  m.  —  «  Eter'  d'accord  »,  — 
être  en  bonne  santé.  Ex.  :  Ma  mère  n'est  pas 
ben  d'accord  depis  qqs  jours.  ' —  Etre  mal 
d'accord,  —  mal  en  goût;  être  indisposé 
physiquement.  j|  Sp.  —  Etre  par  accord,  — 
être  fiancés.  —  Accords,  —  fiançailles. 
§  Etre  de  tous  bons  accords,  —  consentir  à 
tout,  être  très  conciliant. 

Hist.  — •  «  Laquelle  pension  devait  être  continuée 
après  le  décès  de  ladite  demoiselle  de  la  Maurou- 
zière  à  Maistre  Claude  Edme  Grosborne,  avec  lequel 
elle  était  alors  en  accord  de  mariage.  »  {Coust. 
d'Anj.,  II,  13'iO.)  —  «  Par  les  statuts  et  bulle 
patente  obtenue  de  la  Quinte,  laquelle  est  de  tous 
bons  accords.  »  (Rab.,  P.,  v,  27,  538.)  —  Citât,  de 
GoD.  : 

«   . .  .Car  j'ai  mainte  fois  oy  dire  et  conter 

«  Qu'à  noeches  et  acorpz,  pour  raison  affermer, 

«  Doivent  li  sage  gent  leurz  bons  amis  mander.  » 

Accorder  (Mj.),  v.  a.  —  Battre  en  mesure 
avec  le  fléau  ;  saisir  le  rythme  du  mouvement 
du  battage.  Ex.  :  Je  ne  sais  pas  par  comment 
que  ça  se  fait,  je  ne  sarais  accorder  avec  lui. 

N.  —  Les  machines  ont  supprimé  cette  sympho- 
nie à  2,  3  ou  4  temps,  suivant  le  nombre  des  fléaux, 
à  laquelle  elles  ont  substitué  un  ronflement  inhar- 
monique. . .  et  nombre  de  mains  ou  de  bras  écrasés. 

.Accote  (Lg),  s.  f.  Fig.  —  Occasion  de 
s'arrêter,  de  s'attarder.  Ex.  :  Il  aura  trouvé 
eine  accote.  Syn.  de  Amuse.  ||  Etai,  appui. 
Syn.  de  Appouet,  Abut.  C'est  le  sens  propre. 
Fr.  Accot.  —  Pat.  norm.  Accute. 

Et.  —  V.  Accotei. 


10 


ACCOTER  —  ACCOUVER 


Accoter  (Mj.,  Sp.,  Fu.),  v.  a.  et  n.  —  Abso- 
lument :  S'arrêter  sur  un  obstacle,  en  parlant 
d'une  charrette  (V.  Accotpoi),  tel  que  caillou, 
tronc  d'arbre.  —  Ex.  :  Accote  donc  la  reue 
de  devont.  »  —  «  J'avons  accoté  à  la  mon- 
tée», —  nous- n'avons  pas  pu  gravir  la  côte. 
(Fu.).  Il  Appuyer  contre  étayer.  Accoter 
qqch  contre  un  meuble.  V.  réf.  S'accoter, 
s'appuyer  contre  un  mur  (Ec,  Sal.). 

Hist.  —  «  Heurtant  contre  une  porte  en  pensant 
m' accoter.  »  (Régn.,  Sat.,  x.) 

—   « Vu  que  les  jeunes  s'accotèrent.  »  {Balz, 

p.  470.) 

. — .  «  Ce  fut  le  propre  jour  que  le  Retail  nerveux 
«  Accota  de  son  bras  tout  un  mur  ruineux, 
«  Comme  on  voit  accoter  à  Vacote  puissante 
«  D'une  vieille  maison  la  muraille  pendante.  » 
xv*'  et  xvi^  s.,  Poés.  franc). 

Accot-pot,  s.  m.  —  Appui-pot.  Ce  qu'on 
met  contre  un  pot  pour  empêcher  qu'il  ne 
verse  quand  il  est  sur  le  feu.  (Borel  et  L.  C.) 

Hist.  —  On  trouve  dans  Rab.  :  Accode-pot , 
ou  Appui-pot.  —  Le  vx  fr.  avait  Cote,  —  appui.  — 
Accoter  est  Soutenir  à  l'aide  d'une  cale,  de  à  et 
d'un  radie,  cote  ou  cotte,  qui  serait  celui  du  v. 
Cotir.  Dans  le  vx  fr.  il  est  souvent  difficile  de  dis- 
tinguer :  accoter  et  accouder,  qui  se  disait  :  acouter. 

Accoiiassée,  adj  q.  —  Se  dit  d'une  poule 
qui  veut  couver.  (Z.  145.)  Syn.  de  Couasse. 
Il  Ec.  —  La  poule  est  accouassée,  il  faut  la 
découasser.  La  poule  est  à  couer,  elle  fait  la 
nouasse  (elle  a  besoin  de  se  mettre  à  couver). 
Par  ext.  :  L'eau  est  accouassée,  —  ç.-à-d. 
dormante  (Sal.). 

.Accoubler  (Mj.,  Lg),  v.  n.  —  Accoupler- 
V.  Couble.  Il  Empiéger  un  cheval  ;  lui 
attacher  ensemble  les  deux  jambes  pour 
l'empêcher  de  s'éloigner.  —  N.  Les  anciens 
mouillaient  toujours  bl  ;  on  le  fait  encore  au 

Lg- 

Et.  —  De  à  et  couple  ;  lat.  copula,  lien. 

Hist.  —  «  Excepté  le  poulce  et  le  doigt  indice, 
desquels  il  accoubla  mollement  les  deux  ongles 
ensemble.  »  (Rab.,  P.,  m,  20  et  passim.) 

Aecouer,  v.  a.  —  Accouer  à  la  queue  d'un 
cheval  un  bouchon  de  paille,  —  çàd.  attacher. 
I,  Accouer  un  cheval  à  un  autre,  c'est  l'atta- 
cher à  la  queue  de  celui  qui  précède. 

Et.  —  De  à  et  cohe,  pour  :  queue  :  lat.  Cauda.  — 
Ital.  Accodare. 

Hist.  —  «  Nous  n'avons  pas  fait  marché,  en  nous 
mariant,  de  nous  tenir  continuellement  accouez 
l'un  à  l'autre.  »  (Mont.,  Ess.,  m,  345.) 

Acouerement,    s.    m.     —     Accoutrement. 

(MÊN.) 

Accourcc  (Lg),  s.  f.  —  Raccourci,  sentier 
qui  évite  un  détour.  Syn.  de  Trutée.  De 
Accourcer. 

Accoiircer  (Lg),  v.  a.  —  Accourcir,  raccour- 
cir. Il  V.  n.  se  raccourcir.  Ex.  :  Les  jours  ne 
vont  plus  guère  Accourcer. 

Accourcir  (Mj.),  v.  n.  —  Se  raccourcir 
Ex.  :  Les  jours  commencent  à  accourcir. 
Cf.  Allonger.  Syn.  et  d.  de  Accourcer^ 


Accoure  (Mj.),  s.  f.  —  Etai,  appui,  cale, 
tout  ce  qui  sert  à  consolider,  à  accourer. 
Syn.  de  Abut,  Encore,  Yot,  Yoteau,  Poinçon. 
—  C'est  le  fr.  Accore. 

Accourer  (Mj.),  v.  a.  —  Accoter,  étayer, 
appuyer.  ||  Caler,  assujettir  au  moyen  d'une 
cale  ;  consolider,  mettre  d'aplomb.  ||  Tasser, 
piler.  Il  V.  réf.  s' Accourer,  —  se  tasser,  se 
piler.  —  Du  fr.  Accorer. 

Accourpie  (Mj.),  s.  f.  —  Syn.  de  Gétée. 
Il  Faire  à  V accourpie,  —  chasser  aux  canards 
sauvages.  ||  Fu.  —  Jeu  d'enfant  où  l'on 
s'accroupit,  pour  éviter  d'être  pris. 

Et.  —  Du  germ.  kruppa,  masse  arrondie  formant 
un  tout  ;  agglomération  ;  qqch.  de  relevé,  faisant 
saillie  en  forme  de  boule.  Cf.  Croupion  ;  à  crope- 
tons.  —  Acropie,  génuflexion.  (D^  A.  Bos.) 

.4ccourpir°  (s'),  v.  réf.  —  S'accroupir, 
s'asseoir  sur  sa  croupe  :  la  plante  des  pieds 
posant  à  terre,  le  derrière,  la  croupe  touche 
presque  aux  talons  (God.)  V.  le  précédent. 

Accourser  (s')  (Tlm.,  Lg),  v.  réf.  — 
S'habituer,  s'accoutumer,  s'adonner.  Ex.  : 
Aile  est  accoursée  à  vendre  son  beurre  à 
Cholet.  ||.  S'abonner,  —  avoir  un  traité  pour 
une  fourniture.  Ex.  :  Je  se  accoursé  avec 
eux  pour  le  beurre.  —  Syn.  de  Acenser. 
Cf.  la  loc.  angl.  of  course,  et  la  loc.  pat.  Cours 
de  maladie.  ||  accoursé,  —  achalandé. 

Et.  —  Vient  de  :  cours,  concours.  — •  Hist. 
«  Ledit  exposant  étoit  mieux  accoursez,  c'est  assa- 
voir mieux  achalandez.  »  (V.  D.  C,  v"  Acursus.) 
Le  marchand  accoursé  est  celui  chez  lequel  il  y  a 
Accours  ou  affluence  de  clients. 

—  «  Accoursiers,  dans  Rab.,  n,  2,  signifie  : 
marchands,  chalands  :  «  Moyennant  une  sédition 
de  Balivernes,  meue  entre  les  Barragouins  et  les 
Accoursiers  pour  la  rébellion  des  Souisses.  »  —  On 
appelle  Accoursiers  de  la  Saintonge  les  chalands 
d'une  boutique  où  ils  sont  accoutumés  de  prendre 
sur  taille  ;  d'adcruciare,  parce  que  sur  les  tailles 
chaque  dizaine  est  marquée  sur  les  coches  en  forme 
de  croix.  (Boeel.)  —  Opinion  citée  pour  son 
.  étrangeté.  (A.  V.)  —  Accoursé,  affluence.  Acourser, 
achalander. 

Accouster  (s')  de  (^Ij.),  v.  réf.  —  Lier  con- 
versation avec  qqn.  Doubl.  du  fr.  Accoster. 
Cf.  Se  commarcer. 

Accoutuiiiaut  (Mj.),  adj.  verb.  —  Où  l'on 
peut  s'accoutumer  aisément.  Se  dit  des  loca- 
lités, des  lieux  d'habitations.  Ex.  :  Xoute 
maison  est  ben  accoutumante. 

Et.  — ^  A  et  Coutume.  —  Voici,  par  curiosité,  la 
série  des  formes.  Lat.  Consuetudinem,  costudne, 
puis,  changement  de  suffixe,  costumne,  costume, 
coustume,  coutume.  Cf.  Costume.  —  B.  L.  Cous- 
tuma. 

Accouver  (s'),  v.  réf.  —  S'accroupir  ;  lat. 
Accubare.  —  La  poule  s'accroupit  pour  cou- 
ver. —  Rester  fixe  en  même  place,  comme  une 
poule  qui  couve  ses  œufs. 

N.  —  Accouir,  —  affaiser,  accouver.  S'emploie 
le  plus  souvent  pour  la  pâtisserie  ou  le  pain  mal 
levés  ou  affaissés.  Ne  serait-ce  pas  alors  pour 
Ancuit,  ou  Encuit,  qui  se  trouvent  dans  plusieurs 
vx  dictionnaires  et  qui  signifiaient  :  mal  cuit?  — ■ 
Cf.  Gras-cuit. 


ACCRAIRE  -  ACHALINÉ 


11 


Accraire  (Mj.),  v.  n.  —  (Je  préférerais 
Accrére).  —  Accroire.  V.  Accreître.  —  Ex.  : 
Tu  védrais  ben  m'ou  faire  accrère  !  —  (Fu.) 

Hist.  —  «  En  1703,  la  prononciation  de  croire  est 
crere  ;  je  erais,  dit  Vaugelas.  —  Il  y  a  eu  aussi  un 
V.  Acroire  ;  ne  pas  le  confondre.  —  Je  creis,  je 
creyons,  je  créyais,  je  creirai,  je  creirais,  que  je 
créie,  que  je  cresse.  (Jaub.) 

—  1/Evangile  nous  fait  accrere 

Qu'anceis  qu'il  se  mit  en  l'erré  (voyage), 
Apela  treis  de  ses  serjanz.  (God.) 

Accraître,  Accreître  (Mj.),  v.  a.  —  Ac- 
croître. 

N.  —  MÉNiÈRE  confond  Accrère  et  Accreître  en 
citant  ici  ces  vers  d'Epigrammes  dialogues  sur  la 
mort  de  Richelieu  : 

«  Nenni,  tu  ne  rne  la  feras  crère, 
Car  on  dit  qu'il  faisait  accrt-re 
Que  il  était  mort  quand  il  dormait. 
Hist.   —   Un   Dictionnaire   de   1786   indique   la 
prononciation  a-krê-tr.  —  De  a  et  crescere.  —  Les 
vers  suivants  confirment  cette  prononciation  : 
•i  Par  comparaison  donc,  mon  maître,  s'il  vous  plaît, 
Comme  on  voit  que  la  mer,  quand  l'orage  s'accroît, 
Vient  à  se  courroucer...  »  (Mol.,  Dépit  am.,  iv,  2.) 

Accrécher  (Lg.),  v.  a.  —  Installer  à  sa 
place,  une  bête  à  l'étable.  Ex.  :  Les  bœufs 
sont-ils  ben  accréchés?  —  N.  Ce  mot  est  qq* 
peu  vieilli.  — -  Du  fr.  Crèche. 

Accrocher  (Mj.),  v.  n.  —  Rester  court.  Ex.  : 
Il  vous  récite  ça  comme  ein  chapelet,  il  n  ac- 
croche jamais.  ||  Fu.  —  Rester  court,  mais  pas 
longtemps  ;  réciter  avec  des  lapsus,  des 
reprises.  On  dit  également  :  Il  a  resté  ou  cro- 
chet. 

Accrocheter  (Sp.),  v.  a.  —  Accrocher.  — 
Dér.  de  Crochet.  —  Se  dit  dans  La  Varanne. 
Cf.  Décrocheter,  Emoucheter  (Tlm.) 

N.  —  Crocheter  une  porte  c'est,  non  pas  la  forcer 
avec  un  crochet  (Acad.),  mais  la  fermer  en  l'accro- 
chant. (D.  C.) 

Accrochoire  (Mj.),  s.  f.  —  Mentonnet. 

Accropie  (Vv.),  s.  f.  V.  Accourpir,  Accour- 
pic. 

Hist.  : 

M  Et  auxi  les  prennent-ilz  bien  (les  lièvres) 
A  Vacroupie  avec  leur  chien.  «  (God.) 

—  n  Si  com  le  chat  qui  crout  en  l'aistre... 
(l'àtre).  »  MÉNAGE,  v"  aître. 

—  A  croupetons  (Villon)  ;  de  croupion,  et 
celui-ci  de  vropygium  (Borel). 

.Acculé  (Lg.),  part.  pas.  —  Rompu  de 
fatigue,  fourbu,  esquinté. 

Acculer,  v.  a.  —  Pour  :  éculer,  en  parlant 
des  souliers  (Lg.).  [|  Vider  un  tombereau  en 
le  renversant  par  l'arrière,  le  cul. 

Hist.  —  Toujours  se  veautroyt  dans  les  fanges,  se 
niascaroyt  le  nez,  se  chafTouroyt  le  visage,  acr.idoyi 
<■>■'-  soliers.  (Rab.,  i,  10.) 

Aecut.  —  «  Jouer  accut,  à  cache-cache.  On 
nomme  encore  accuts  les  endroits  formant  un 
angle  saillant  autour  d'une  forêt  ;  on  y  met- 
tait des  pièges  ;  on  devait  y  acculer  les  bêtes 
fauves.  V.  Cute,  Cache  (Mén.). 


N.  —  Dans  le  premier  sens,  il  faut  lire,  en 
2  mots  :  à  cute  ;  dans  le  second  :  accul  ;  c'est  ,par  ex., 
le  fond  du  terrier  où  les  chiens  poussent  les  renards, 
les  blaireaux,  etc.  Le  renard  est  à  l'accul.  —  God. 
cite  Cuter,  s'Acutir,  —  se  cacher. 

Acciitrer  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  S'accroupir, 
se  pelotonner.  Ex.  :  J'étions  trop  dans  la  voi- 
ture :  y  en  avait  trois  d'accutrés  sus  nos 
pieds.  — •  Syn.  de  s'Ajoupir,  s' Amouir. 

Et.  —  Il  est  difficile  d'admettre  que  ce  verbe  soit 
un  dérivé,  même  très  fantaisiste,  du  fr.  Cul,  comme 
s'Accroupir  est  le  dér.  de  Croupe.  J'y  verrais  plutôt 
un  doubl.  du  fr.  s'Accoutrer,  dont,  selon  Hatzf., 
l'origine  est  incertaine  et  qui  a  le  sens  général  de  : 
arranger. 

Acégraiser  (By),  v.  a.  —  Calmer,  arrêter. 
Très  usité.  N.  Le  matin,  de  bonne  heure,  les 
bonnes  femmes  vont  mener  leurs  vaches  à  la 
pâture.  S'il  y  a  de  la  rosée  ou  que  l'herbe  soit 
mouillée  par  la  pluie,  les  bêtes  ne  s'arrêtent 
pas  à  manger,  elles  ne  restent  pas  tranquilles. 
Les  bonnes  femmes  ne  sont  pas  contentes  et 
disent  :  «  Mais  que  qu'elles  ont  donc,  ces 
bougres  de  vaches-là?  Je  ne  peux  pas  les 
acégraiser  !  Elles  ne  font  que  de  courre  !  »  — 
P.-ê.  :  asségrèser. 

Acens  (Sa.,  Segr.),  s.  m.  —  Abonnement 
du  fermier  avec  le  vétérinaire,  le  cribleur,  le 
taupier,  etc.  —  Ex.  :  Uacens  de  noute  cheval 
est  de  13  francs. 

N.  —  Le  Dict.  génér.  donne  :  Acens,  —  domaine 
assujetti  à  un  cens,  —  redevance.  —  Terme  d'an- 
cienne coutume  ;  terre  ou  héritage  qcque  tenu  à 
cens. 

Accuser  (Sa.),  v.  a.  —  Abonner.  Ex.  : 
J'avons  acetisé  tous  nos  chevaux  chez  le  maré- 
chal. (On  voit  que  le  sens  du  pat.  diffère  un 
peu  du  sens  ordinaire.) 

Acerer  (Mj.),  v.  a.  —  Prononciation 
—  Aciérer. 

N.  — •  Acérer  est  :  souder  de  l'acier 
rendre    piquant,    tranchant.    —    Aciérer, 
convertir  du  fer  en  acier.   —   Hist.    «  Anequino 
d'Orlande  pro  accerier  XIIII  martellos.  »  (1413.) 

Achaler  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Agacer,  impa- 
tienter. Ex.  :  Tu  nVachales  ;  c'est  ben  acha- 
lant.  —  V.  Crasse,  Réchaler.  \\  Affaibli, 
attristé.  ||  Ein  gars  point  achalé  est  un  garçon 
robuste  et  hardi,  un  luron  qui  n'est  pas  bête 
ou  ne  s'étonne  pas  aisément.  ||  Lne  jeune 
fille  ayant  son  chapelet  à  la  main  et  pensant 
à  autre  chose,  sa  mère  lui  dit  :  «  T'achales  ton 
chapelet.  »  (MÉx.)  ||  Est  employé  au  Lg.  dans 
son  sens  propre  qui  est  :  échauffer.  Ex.  :  Les 
bœufs  sont  ben  achalés,  ils  suont.  H  Etre 
atteint  d'un  malaise  fiévreux,  encore  le  sens 
propre. 

Et.  —  Ce  mot  est  formé  du  préf.  A,  et  d'une 
racine  Chai,  qui  se  rattache  au  fr.  Chaleur  ;  lat. 
Calor,  calescere,  calere  ;  vx  fr.  Chaloir.  Propre- 
ment :  Etre  chaud.  Chacun  sait  que  l'impatience 
produit  une  sensation  de  chaleur  à  l'épiderme. 

Aclia/inc  et  Achahiné  (Lg.)  adj.  q.  — 
Qui  a  chaud,  échauffé.  Syn.  de  Echauf- 
fardé.   Ex.  :   J'ai    marché    à    ma    force,  je 


Ass'ré 


du  fer  ; 
c'est    : 


12 


AGHE  —  ACHETRIBI 


se  tout  achaliné.  Doubl.  de  Echaliné  et  dirnin. 
de  Achalé. 

Ache,  Acliée  (Mj.),  s.  f.  —  Lombric,  ver 
de  terre.  Se  dit  qqf.  Lâchet,  avec  soudure  de 
l'article. 

Et.  —  Achée.  Appât  pour  la  pêche  à  la  ligne  ;  du 
lat.  Esca  (nourriture).  V.  Aiche  ;  nom  que  les  pê- 
cheurs donnent  aux  vers  de  terre  employés  comme 
appât.  Ane.  Ir.  E.sche  ;  il  faudrait  écrire  :  éclve 
(LiTT.)  —  Le  Dict.  gén.  donne  les  mêmes  explica- 
tions. 

—  Dagxet  propose  :  Ver  sans  tête  apparente  ; 
a  privatif,  et  ché,  ou  chef  tôte.  Le  même  que 
acéphale.  C'est  ingénieux,  mais  inadmissible. 

—  Du  Gange,  v°  Allectatio,  donne  :  âchement 
et  âchier,  —  appât,  appâter.  —  S'écrit  aussi  Achet. 

Mais  voici  un  autre  son  de  cloche.  M.  P.  Malve- 
ziN,  dans  ses  Racines  celtiques,  bouleverse  la  plu- 
part des  étym.  données  par  Littré  et  le  Diction, 
général,  et,  à  mon  humble  avis,  il  n'a  pas  toujours 
tort.  «  Ce  mot,  dit-il,  vient  de  Ac,  pointe  (celtiq.), 
devenu  Aque,  avec  ses  autres  formes  :  Ache,  Aiche, 
ver  de  terre  long,  pointu  et  en  même  temps  vif,  de 
*  aca,  fém.  de  *  acos,  et  non  du  lat.  Esca,  nourriture, 
donné  par  Darmesteter  et  Thomas,  car  ce  ne  peut 
aucunement  être  l'emploi  par  les  pêcheurs,  relati- 
vement très  rares,  du  ver  de  terre  comme  amorce 
qui  a  pu  donner  le  nom,  ce  nom  étant  celui  dont 
se  servent  les  habitants  des  campagnes,  les  ouvriers 
des  champs  (dans  l'Ouest  on  dit  Achée,  d'un  précé- 
dent acata)  ;  avec  le  verbe  dérivé  aquer,  ou  acfier, 
garnir  un  hameçon,  par  ext.  amorcer  un  filet  :  et 
acinier,  l'un  des  noms  vulgaires  de  l'aubépine, 
indiquant  un  précédent  *  acinarios,  de  *  acina, 
épine.   » 

Hist.   Tu  vis  par  les  sillons  verds 

De  petits  fourmis  et  de  vers 

Ou  d'une  mousche  ou  d'une  achée.  » 

(Ronsard,  Gaietés,  L'alouette.) 

—  «  La  mort  gist  dessoubs  les  délices,  comme  le 
poisson  qui  prend  l'haim,  e.t  Vachée,  c'est  la  mort.  » 
(L.  C.) 

—   «  Li  Deable  a  getey  por  nos  ravir 
Quatre  ameçons  aeschiés  de  forment.  « 
(De  Montesson.) 

—  «  Mal  (de  gorge)  qu'enlève  aussi  supérieure- 
ment bien  un  simple  cataplasme  d'âchets  ou  vers  de 
terre.  »  {La  Trad.,  p.  249, 1.  4.) 

Aâchée  (Tr.),  s.  f.  —  Morve  au  nez.  Une  mère 
qui  veut  moucher  son  poupon  :  «  Vins  donc 
que  je  te  tire  tes  âchées  !  « 

Achelette  s.  f.  —  Clochette.  V.  EcMlette, 
Echeletle,  Dandin. 

Et.  —  Echelette  :  On  appelle  ainsi,  en  plusieurs 
lieux  de  France,  et  particulièrement  sur  la  rivière 
de  Loire,  ces  cloches  que  les  crieurs  portent  aux 
enterrements.  De  :  scilletta,  dimin.  de  scilla,  lequel 
se  trouve  dans  cette  signification  en  plusieurs 
endroits.  Viendrait  de  l-'all.  Schell.  (Ménage.)  — 
Eschelle  ;  petite  cloche,  sonnette.  Eschilla.  — 
Achelette  ;  acillare,  movere  (agiter).  —  «  Et  après 
les  crieurs  de  Paris,  qui  estoient  24,  sonnans  cha- 
cun son  Achelette  en  sa  main.  »  (D.  C.)  —  Gode- 
FKOY  le  fait  venir  de  Aiscelle,  petite  planche.  — 
N.  Quand  nous  étions  gamin,  nous  nous  amusions 
avec  deux  ais,  ou  deux  fragments  d'ardoises  ou  de 
faïence,  à  imiter  le  bruit  des  castagnettes. 

Achenasser  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  S'accointer, 
en  mauvaise  part  ;  s'acoquiner.  Ex.  :  11  s'est 
achenassé  avec  cette  fumelle-là.  —  Péjor.  de 
s'Acfiener. 


Acliener  (s')  (Mj.,  Sal.),  v.  réf.  —  S'acharner 
au  pr.  et  au  fig.  —  Ex.  ;  Le  maudit  chien  était 
achené  après  moi.  Il  est  achené  à  lire.  — 
S'entêter  à  un  travail. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Chien,  avec  le  préf.  A.  Doublet 
de  s'Aquiner.  Je  reniarque  que,  en  dépit  des  appa- 
rences superficielles,  le  v.  s'Achener  n'est  point  un 
doublet  du  fr.  s'Acharner.  S'acharner,  s'est  s'élan- 
cer sur  un  morceau  de  chair  (carnem),  s'entêter  à  le 
déchirer.  S'Achener,  s'Aquiner,  c'est  s'élancer 
comme  un  chien  (canem),  s'entêter  à  mordre.  V. 
Aquiner,  Amoicer,  Amoincer.  Cf.  Jaub.,  s'Achiner. 
(R.  O.)  —  Cette  observation  me  semble  fort  juste  ; 
la  confusion  résulte  de  la  ressemblance  des  deux 
sens. 

GoD.  dit  :  Achenir,  —  ennir,  achiennir  (s'), 
s'acharner  sur.  —  Normand.,  s'akiennir,  rester 
couché  comme  un  chien.  —  Poitou,  s'aquenir, 
devenir  paresseux,  manquer  de  vigueur.  —  Achi- 
ner  (s'),  s'habituer,  se  plaire.  Dér.  de  chien.  (D.  C.) 

—  S' achenir,  s'acharner  sur, —  Ital,  accannire.  A  et 
chien.  (D^  A.  Bos.)  —  »  Il  est  achené  comme  un 
chien  après  sa  proie.  »  Se  dit  d'un  enfant  qui  veut 
toujours  téter.  (Favre.)  —  «  N'y  a  pas  moyen 
d'empêcher  les  poules  de  venir  dans  le  jardrin;  a  illy 
sont  trop  achenées.  »  (R.  O.)  —  «  Il  est  aussi  achené 
contre  lui  com  un  ors.  »  xiv«  s.  —  «  En  ce  temps 
estoient  les  Arminaz  (Armagnacs)  plus  achenez 
à  cruaulté  que  oncques  mais. . .  (1420).  »  —  GoD. 

Acher  (Fu).  —  Abîmer.  Très  employé,  aux 
Recoins  du  Fuilet  :  «  Ils  ont  tôt  acha.  »  Ils 
ont  tout  abîmé.  —  A  Mj.  et  à  Ec.  on  dit 
Hacher,  comme  en  fr.,  avec  un  h  très  aspiré  : 
Ils  ont  tout  haché.  » 

Aeher  (Ec),  s.  m.  —  Aâchées.  V.  Ains, 
Chainpeaux,  Cordeaux,  Epinoches. 

Achet  (Fu),  s.  m.  —  Lombric.  V.  Aâchée. 

Acheté  (d')  (Lg.),  loc.  adj.  —  Que  Ton  a 
acheté,  par  opposit.  à  ce  qui  est  fabriqué  à  la 
maison.  On  dit  aussi  :  à.' Achetis. 

Acheter  (Mj.),  v.  a.  —  On  prononce  Ajeter, 
elle  ajète.  —  Acheter  à  bout  de  bras,  —  à  vue, 
au  jugé.  Il  Acheter  d'ein  travers,  —  en  bloc.  |1 
A.  ein  poupon  ein  drôle,  —  être  enceinte, 
accoucher.  Ex.  :  La  voisine  rondit  ben  fort, 
je  pense  ben  qu'elle  achète  ein  quenau.  ||  A.  eine 
conduite,  —  se  ranger.  \\  A.  à  la  foire  d'em- 
poigne, —  voler. 

Achetis  (Mj.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
l'expression  d' Achetis.  —  V.  Acheté.  Ex.  :  La 
toile  d'achetis  ne  vaut  pas  la  toile  de  ménage. 

—  Les  chaussettes  tricotées  sont  meilleures 
que  les  chaussettes  d' achetis,  —  celles  que  l'on 
achète  toutes  faites. 

Et.  —  Accapitare,  ad,  caput  ;  prendre  pour  chef 
(capital,  cheptel),  à  bail,  à  redevance,  acheter. 
(LiTT.)  Lat.  popul.  Accaptare,  fréquent,  de  Acci- 
pere,  restreint  au  sens  de  :  prendre  en  échange 
d'argent  ;  acatar,  achater,  acheter.  (Dict.  gén.)  — 
D'ajé,  acheté.  Cf.  Achets.  (Dott.) 

Achetoir,  s.  m.  —  Ce  avec  quoi  on  achète, 

—  l'argent.  Ex.  :  Tu  parles  ben  !  pour  acheter, 
il  faut  avoir  des  achetoirs.  (R.  P.  G.  B.,  p.  66). 

—  Cela  répond  à  :  Avoir  du  quibus. 

Achetribi  (Lg.),  s.  m.  V.  Enchetribi. 


ACHETS  —  ACORER 


13 


Achets,  s.  m.  V.  Agets,  Ajé.  Achat. 

Hist.  —   «  Entre  Nau  et  l'année 
C'est  le  jour  des  achets. 

—  Achest,  acquêts...  de  denrées  à  prix 
d'argent.  (Borel.) 

N.  —  Voir  cependant  à  Ajet  une  explication 
tout  autre  de  R.  0. 

Achever,  Achover  (Lg.),  v.  a.  Casser  com- 
plètement. Ex.  :  Il  y  avait  trop  lom'd  de 
poires,  la  branche  est  achovée. 

Achier,  s.  m.  Vx  mot  qui  signifie  :  où  sont 
les  ruches  d'abeilles. 

N.  —  L'ancienne  coutume  d'Anjou  et  du  Maine 
non  imprimée,  au  titre  :  De  home  qui  suit  Avettes 
ou  Eps  :  «  Si  aucun  a  avettes,  et  elles  s'enfuient  de 
son  acès.  »  ...  La  même  coutume,  imprimée,  titre  4, 
qui  est  :  des  Amandes  :  «  Celui  qui  emble  avettes  en 
ruches  sur  Vachier,  ou  siège,  il  doit  avoir  l'oreille 
coupée.  »  {Il  faut  lire  achier,  etnon  archier,  comme 
ont  les  éditions),  de  Apiarium,  que  l'on  trouve  dans 
CoLUMELLE.  (MÉNAGE.)  —  «  Et  dire,  Sire,  j'ai 
cueilly  un  essaim  d'avettes  ;  et  cet  homme  les 
avoue,  et  l'autre  dit  :  Sire,  l'essaim  est  mien  :  et  le 
vit  partir  de  mon  aichier.  »  (Id.) 

Achouir  (Lg.),  v.  n.  —  Abandonner  son 
nid.  Ex.  :  Va  pas  toucher  à  quiô  nid,  ou  bé  la 
mère  achouirait.  —  Cf.  Hadir  ;  Ec.  Hanguir. 
V.  Aillir. 

Achojson,  s.  f.  —  Occasion,  cause,  motif. 

N.  —  GoD.  cite  30  manières  d'écrire  ce  mot. 

Hist.  —  Le  quel  (seigneur,  Bodille  ou  Landile), 
pour  legiere  achoyson  il  feist  lyer  à  un  poust  (po- 
teau) et  cruellement  battre  et  fustiger.  —  Pour 
quelle  achoison  la  guerre  mut  entre  le  roy  de 
France  et  le  roy  d'Angleterre.  (Froiss.) 

Achiier  (Fu.),  v.  a.  —  Abîmer.  «  Les  chas- 
seux  ont  achué  ma  pièce  de  choux.  » 

Acier  (Tlm.),  s.  m.  —  Dans  la  locut.  : 
huile  d'acier,  comme  on  dit  :  huile  de  cotte 
rets,  de  bras,  d'ache.  \^  Huile. 

Acimenter  (Mj.),  v.  a.  —  Arranger  propre- 
ment et  solidement.  Se  dit  de  toute  espèce 
d'ouvrage.  Dér.  du  fr.  Cimenter.  Ex.  :  A  y  a 
mis  éne  pièce  à  sa  culotte;  c'est  ben  acimenté. 

Hist.  —  Voir  Rab.,  G.,  i,  13,  et  P.,  n,  13  :  «  La 
cour  le  condemne  en  trois  verrassées  de  caillebottes 
assimentées.  " 

Ac/asser  (Tlm.),  v.  n.  —  Tomber  de  lassi 
tude.     —    Etre     fourbu,    éreinté,    exténué 
Ex.   :    J'aclasse   de   dormir,   —  je  tombe  de 
sommeil.  Syn.  et  d.  de  Aglasser.  On   pron 
Aquiâsser. 

Et.  Hist.  —  H  est  possible  qu'en  aspirant  guttu 
ralement  le  verbe  alasser,  on  l'ait  prononcé  et  écrit 
adosser,  asclasser  :  «  Ces  adnes  sont  voz  :  sis  ai 
menez  pur  co  que  vos  enfanz  les  muntent  ;  ...  et 
cest  vin,  que  ces  en  beivent,  Ivi  se  alasserunt,  par 
aventure,  al  désert.  »  [Livre  des  Rois.) 

—   «  A  ice  mot  un  pou  s'asclasse  ; 
Car  de  travail  s'est  endormie.   » 

(Athis.  —  Citations  de  L.  C.) 
Cet  auteur  ajoute  :  s'Adosser,  verbe.  Se  calmer, 
s'assoupir,  se  reposer.  Le  mot  Acosement,  calme, 
assoupissement,  pourrait  bien  faire  croire  qu'on  a 
dit  Acaser,  ou  Acassé,  et  que  les  orthographes  : 
quasser,  aclasser,  etc.,  sont  des  variations  de  cette 


orthographe  primitive,  née  du  lat,  cadere,  tomber  ; 
fig.,  s'apaiser  : 

—  Celle  se  coche  qui  fu  lasse 

Après  son  duel  un  pot  (peu)  s'adosse.  (Id.) 

—  Et  les  dechace  et  les  consiut  (poursuit), 
Cum  funt  li  chien  le  cerf  alasse 

Qui  del  tut  estanche  e  adosse 

Et  cel  qu'il  prent  oscit  maneis.   (D.   C.) 

—  DoTTiN  donne  :  Akaser,  Akasi  (r°),  aclasser, 
affaisser,  écraser  ;  s'akasi,  s'affaisser,  avoir  une 
tenue  nonchalante  et  négligée.  —  God.  :  Adosser  (s') 
—  s'apaiser,  se.  calmer,  s'assoupir,  se  reposer,  se 
mettre  au  lit  ;  —  n.  s'arrêter  de  fatigue. 

—  Est-ce  pour  :  aclacier,  du  germ.  klackjan, 
briser.  Cf.  Esclacier  (Dr  A.  Bos.) 

.icliner  (s'),  v.  réf.  —  Se  câliner  devant  le 
feu. 

Et.  —  «  Aclin  (ad,  clinis),  penché,  soumis  ; 
Aclinouer,  lit  de  repos,  canapé.  »V.D.  C.  v°  Accli- 
natorium.  —  «  S'achiner  au  coin  du  reu,  —  de 
chien?  ou  du  lat.  inclinare.  (Jaub.)  —  C'est,  évj. 
demment  :  ad-clinare. 

Aciopin,  Aplopin,  s.  m.  —  Voyou,  malan- 
drin, mendiant  de  mauvaise  mine.  Tas 
d'aclopins,  —  mauvais  sujets  qui  entraînent 
les  autres  à  faire  des  sottises.  Syn.  de  Har- 
quelier.  J'ai  rencontré  un  aciopin  qui  m'a 
entraîné  au  cabaret.  » 

Et.  —  Les  étymologistes  ont  sué  sang  et  eau 
pour  expliquer  ce  mot  si  simple  ;  ils  ne  connais- 
saient pas,  sans  doute,  la  seconde  prononciation. 
V.  Happe-lopin. 

Hist.  —  Gourmand,  fripon  qui  guette  les  mor- 
ceaux pour  les  avaler.  Eust.  Deschamps  : 
«  A  nos  amez  happelopin 
Sert   de   brouet   et   Galopin.    » 

Acmoder,  v.  a.  V.  Accmoder.  Accommoder. 
On  dit  :  Acmoder  la  salade,  la  brasser,  la 
fatiguer. 

Acneiitre  (s')  (Fu),  v.  réf.  s'acconnaître. 
«  Faut  s'y  acneutre  ;  —  tu  t'y  acneus  point.  » 

Acoiniiner  (s')  (Lg.),  v.  pron.  —  S'humilier, 
prendre  un  air  piteux  ou  dolent.  V.  Coiminer. 

Aconnaitre  (Mj.),  v.  a.  —  Connaître.  Ex.  : 
Par  les  uns  et  par  les  autres  on  se  fait  acon- 
naitre. V.  Acconnaitre.  On  ne  pron.  qu'un  c. 

Hist.  —   ((  L'ung  d'iceulx  s'aprocha  du  maistre 
D'hostel  et  se  fit  ocongnoistre.   » 
[La  repue  de  VlLLON  et  de  ses  compagnons.) 

Aconsent  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Consente- 
ment, accord.  S'emploie  dans  l'expression 
Etre  d'aconsent.  Dér.  de  Aconsentir.  Sjm.  de 
Assent. 

Aconsenteuieut  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Con- 
sentement, adhésion,  permission.  Syn.  de 
Assent,  Hait,  Agré. 

Aconsentir'' (Fu,  Mj.,  Lg.),  v. n. — Consentir 
Ex.  :  Is  y  ont  ben  aconsenti.  —  Presque 
exclusivement  en  parlant  d'un  mariage  ou 
d'un  partage.  Ex.  :  La  mère  a  pas  v'iu  acon- 
senti. 

Acôrer,  v.  a.  —  Caler  ;  mettre  une  cale 
pour  arrêter  une  roue. 

Et.  —  L'accore  est  une  pièce  de  bois  qu'on 
dresse  pour  étayer  .Les  accores  sont  des  élançons 


14 


ACOTOXNÉ  —  ADAM 


ou  fortes  pièces  de  bois  qui  servent  à  étayer  un 
vaisseau  en  consLruction,  en  réparation.  De  A, 
Shore,  —  rivage,  étai.  (Litt.) 

Acotonné  (Lg.),  adj.  q.  —  Très  frisé  et  for- 
mant une  tignasse  épaisse  qui  ressemble  à  de 
l'ouate.  Se  dit  des  cheveux.  Syn.  de  Amate- 
lassé.  Du  fr.  Coton. 

A  cou,  —  Jouer  à  cou,  à  eut,  à  se  cacher. 
y.  Acut. 

Acouer  1  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  prendre  à 
couver.  De  Ad.  cubare. 

Acouer  '  (Lue),  v.  a.  —  Couper  une  ver- 
tèbre de  la  queue  aux  chevaux  ou  un  muscle 
fléchisseur  de  la  même  partie. 

Acouiner  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  rencoigner. 
Sjm.  de  Racouiner.  Dér.  du  fr.  Coin. 

Acoussé,  ée  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Mal  levé, 
mal  cuit,  en  parlant  du  pain.  1|  Sans  ressort, 
sans  énergie,  avachi,  en  parlant  des  personnes. 

Acoussi,  ie  (Mj.),  —  Même  sens.  ||  Fig. 
Ratatiné,  abattu.  Se  dit,  en  plaisantant,  des 
personnes. 

Acoutiis,  s.  m.  —  Etai  pour  soutenir  un 
mur. 

Et.  —  Acouté  ;  appuyé,  soutenu.  I^e  sens  primitif 
de  ce  mot  est  :  Accoudé,  qu'on  écrivait  autrefois 
Acouté,  de  Coûte,  variation  de  l'orttiograplie 
Coude.  On  s'appuie  sur  les  coudes.  —  Accubitare  se. 
(L.  C.)  —  Acotas  ;  appui  :  trique  qui  soutient  une 
branche  chargée  de  fruits  ou  un  mur  qui  penche. 

Hist.  —  Acoter,  appuyer.  «  Qu'il  faut  reiïaire 
l'advant  mur  dudict  chastel. . .  et  pour  acouster 
par  le  rapport  desdictz. . .  ledict  ouvrage.  »  (GoD.) 

Acouter  (Sa!.).  —  Tomber  sur  le  côté  ;  se 
faire  une  entorse. 

Acouvé.  Accroupi.  V.  Accouvé. 

Acojau  (Mj.),  s.  m.  — ■  Coyau.  Se  trouve 
au  n"  2  de  Hatzf.,  terme  de  construction 
Syn.  et  d.  de  Agoyau.  |!  Ec.  Un  coyau  (coé-iau). 
petite  corde  pour  certains  filetsde  pêche. 

Acrâser  (Auv.,  Mj.),  v.  a.  —  Ecraser.  Ex.  : 
Acraser  de  sottises,  —  accabler  d'injures, 
d'invectives. 

N.  —  Salir,  abîmer,  détériorer.  (Dagnet.) 

Acrémer  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  couvrir  de 
crème,  en  parlant  du  lait.  Ex.  :  Le  lait  est 
tout  frais  tiré  ;  il  n'a  pas  eu  le  temps  de 
s'acrémer. 

Acreiir  (Mj.),  s.  f.  —  Acreté.  ||  Aigreur, 
renvoi  acide  de  l'estomac.  Syn.  de  Aigrette. 
Il  Ex.  :  Les  poumes  de  troche,  c'a  trop 
(Vâcreur  tout  frais  cli.  —  Jl  m'a  pris  tout 
d'ein  coup  eine  âcreur  dans  la  gorge,  que  je 
ne  pouvais  sèment  pas  causer. 

Et.  —  Lat.  Acrem.  Aâcre  est  le  mot  savant  : 
aigre  le  mot  popul.  —  L'accent  circonflexe  ne 
s'expliqiic  pas.  Acreté,  vx  fr.  Aigreté.  (Scheler.) 

Acriner  (s'),  v.  réf.  —  S'endormir  sur  la 
besogne.  V.  s'Acliner. 

Acroûfcr   (Lg.),   v.    a.   —   Encroûter.    Je 


n'avons  pas  pu  encréter  de  matinée,  la  terre 
était  trop  acro Citée  par  la  groue.  » 

Acrozilionné,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Disposé 
en  grappes  serrées,  en  parlant  d'un  bouquet 
de  fruits,  de  fleurs,  en  trochées  ou  Irochets. 

Et.  —  De  :  crozille,  parce  que  certains  coquillages 
se  rassemblent  sur  les  pierres  en  groupes  très 
.serrés,  en  colonies  qui  ressemblent  à  de  véritables 
grappes  :  moules,  etc.  Ex.  :  Si  vous  voyiez  comme 
les  prennes  sont  acrozillonnées  dans  ce  preunier-là  ! 
Y  en  a  eine  tapée  !  —  Agruzelé  ;  couvert  de  bou- 
tons, de  vermines,  d'insectes,  comme  le  groseillier 
de  ses  fruits.  (Borel). 

Acrozillonnée.  (Mj.),s.  f.  —  Amas  de  fruits, 

de  fleurs  très  serrées  sur  une  même  branche, 
trochée  bien  fournie.  V.  le  précédent. 

Acte  (Mj.),  s.  f.  —  Acte,  écrit  constatant 
une  convention.  Ex.  :  J'ai  eine  vieille  acte  qui 
dit  que  le  mur  est  mutuel.  Cf.  Geste.  \\  Lme. 
La  grousse  acte  ;  la  minute  d'un  acte  (et  non 
pas  la  grosse).  Différence  de  genre. 

-A  c-t-heure.  Pour  :  A  cette  heure.  j|  Mainte- 
nant ;  vieille  locut.  qui  revient  souvent  dans 
la  conversation,  même  sans  motif.  L'orthogr. 
varie. 

Hist.  —  «  J'ay  des  pourtraits  de  ma  forme  de 
vingt-cinq,  de  trente-cinq  ans,  je  les  compose  avec 
celui  d'asteure.  Combien  de  fois  ce  n'est  plus  moi  !  » 
(MoîïT.,  m,  13.)  —  Astheure  (Brantôme).  —  «  Moy 
asteure  et  moy  tantost  sommes  bien  deux.  »  (Mont., 
in,  9.)  —  «  ...Dit  le  porc  espy  tout  asteure. 
(Baif,  p.  315.) 

Action  (^Ij.),  s.  f.  —  Activité.  Ex.  :  Il  a  de 
l'action,  il  est  actif,  débrouillard. 

N.  —  Actiouneux,  se  dit  de  qqn  qui  est  actif,  vigi- 
lant. —  Actiouner  qqn,  l'activer.  (Jaub.) 

.Actonner,  v.  a.  —  Cocasser,  bégayer  ;  de 
là  :  actonnier,  celui  qui  ne  finit  à  rien,  (MÉx.) 

N.  —  De  Montesson  renvoie  à  Hoquetonner  (de 
Hoquet,  évidemment)  et  à  Nocter,  syn.  de  mur- 
murer. D.  C.  à  Noctare.  —  Cf.  jacquetonner. 

A  cul.  Devrait  s'écrire  Accul.  V.  Accut. 

N.  —  Uaccul  d'un  rocher,  sa  partie  escarpée,  là 
où  il  n'est  plus  possible  de  reculer  sans  se  préci- 
piter. (L.  C.) 

Aculé  et  mieux  Acculé,  part.  pas.  — 
Reposé  sur  le  cul. 

Acupert,  Ëncupert,  adv.  —  En  queuque 
part,  qq.  part. 

N.  —  Jaub.  donne  :  Enqueupart,  Enqueuque 
part,  Enqupart.  —  Acupert. 

Acuroquer  (Lg.),  v.  a.  —  Décaver  ;  s^'n.  de 
Curer,  Roiipir,  —  au  jeu.  ||  Dépourvoir  com- 
plètement, en  général.  V.  Cure-oques. 

Acut,  s.  m.  —  Extrémité  d'un  parc,  d'un 
bois.  V.  Cute,  Cache.  (^Ién.)  Doit  s'écrire 
Accul.  V.  A  cul. 

.4dani  (partout),  s.  m.  —  Le  mouchoir  au 
père  Adam,  la  fourchette  du  père  Adam,  les 
doigts  de  la  main  considérés  comme  servant 
à  se  moucher  ou  à  saisir  les  aliments.  V. 
Pomme.  \\  Ne  connaître  ni  d'Eve  ni  à' Adam, 
une  personne,  ne  la  connaître  aucunement, 


ADÉ  —  ADEULÉ 


15 


même  en  remontant  très  loin  dans  le  passé. 

—  Ne  pas  dire,  comme  qqs-uns  :  Ne  connaître 
ni  des  lèvres,  ni  des  dents. 

Adé.  Pour  Adieu.  Au  xii^  siècle.  Adeu. 

Hist.  —    «  Si  se  départent  et  s'en  vont 
Et  a  l'un  l'autre  commandé 
Moult  coiement  :  Adé,  adé.   » 
—  «  En  plorant  lor  a  dît  adé.  » 

Adebeau,  (Mj.),  adj.  q.  invar.  —  Ne  s'em- 
ploie que  dans  l'expression  :  Eter  ben  adebeau, 
être  bien  agréable,  bien  avantageux.  Ex.  :  Il 
illi  en  est  ben  adebeau  d'avoir  ren  à  faire.  — • 
Le  mot  correspondant  est  Ademal. 

.idelaisi,  Adlaisi,  AdIési(M.j.,  Lg.,  Sal.,  etc.) 
s,  m.  et  adj.  q.  —  Homme  peu  raisonnable, 
qui  fait  des  farces  dignes  d'un  enfant.  Syn 
de  Manijait,  N'a- que -faire.  \\  Niais,  bégaud.  || 
Oisif. 

Et.  —  Par  sa  composition,  ce  mot  répond  exac- 
tement à  son  syn,  N'a-que-faire,  car  il  signifie  litté- 
ralement :  Qui  a  du  temps  à  perdre.  Il  est  mis,  en 
efîet,  pour  :  A  du  laisi,  ou  :  a  du  loisir.  J'en  trouve 
la  preuve  historique  dans  Brantôme,  Dames  gai. 
{Disc,  I,  29.) 

Hist.  —  «  L'orfèvre  était  bien  à  loisir  de  s'amu- 
ser à  faire  ces  fadezes.  »  et:  «  Ce  roi  était  bien  de 
loisir  de  donner  ainsi  appétit  d'une  viande  nou- 
velle, qu'il  devait  tenir  si  chère.  «  (le,  p.  41.) 

N.  —  A  Baugé,  on  dit  :  A  mon  lezi,  pour  :  A  mon 
loisir.  C'est  donc,  bien  clairement,  celui  qui  a  ou 
qui  prend  le  temps  de  s'amuser  aux  dépens  des 
autres.  Nous  n'admettons  pas  l'explication  de 
Du  Cange  :  lascivus.  —  G.  de  Guer  est  dans  le 
vrai  :  ad  r  licere,  être  tranquille.  Rapprocher  : 
louézi  (de  licere)  et  plaézi  (de  placere). 

—  «  Ine  moitié  de  quene  à  la  recherche  d'ine 
boursaye  d'argeont  qui  lui  a  été  volée,  rencontre 
commère  l'échalle  qui  lui  dit  :  «  Veux-tu  qu'i  onge 
ocque  ta,  ma  qui  se  bé  à  men  Adelésis'i  »  (Boeel.) 

—  «  Et  Charles  et  Franceis  se  colchent  à  leisir.   » 
(G.  DE  Guer.) 

La  conjug.  de  ce  verbe  pourra  intéresser  qqs  lec- 
teurs. —  Loisir,  leisir,  laisir,  lesir,  lisir,  —  v.  n. 
impers.,  —  être  permis,  être  loisible.  Lat.  :  licere  ; 

Indic.  prés.  :  loist,  luist,  list,  leist,  laist,  —  licet  ; 

Imparf.  :  loisoit,  lisoit,  —  licebat  ; 

Parf.  :  lut,  liut  (en  une  syll.),  —  licuit  ; 

Fut.  :  loirat,  lœra.  —  Cond.  pr.  :  loiroit,  —  liceret; 

Subj.  prés.  :  loise,  luise,  lise,  —  liceat  ; 

Subj.  imp.  :  lei'ist,  —  licuisset  ; 

Part.  prés.  :  loisant,  —  licentem  ;  part.  pas.  :  leii, 

—  liritiiui. 

L'inUnitif  est  resté  à  l'état  de  subst.,  comme 
plaisir,  de  placere.  —  Le  sens  primitif  du  v.  loisir 
est  donc  :  licence,  permission.  ||  La  valeur  de:  J'ai 
la  permission  ou  la  faculté  d'écrire,  s'est  rétrécie 
en  celle  de  :  j'ai  le  temps  libre  d'écrire. 

Adeinal  (Mj.),  adj,  q.  invar.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Eter  ben  ademal,  être  bien 
ennuyeux,  bien  pénible,  bien  désavantageux. 
Ex.  :  Il  va  illi  en  éter  ben  ademal  de  se  lever 
de  si  boune  heure. 

Et.  —  A  -f  de  4  mal.  C'est  le  contraire  de 
Adebeau.  —  Ademau,  Adebea,  —  à  mal,  à  bien. 

(BOREL.  ) 

Ademau  (Lg.,  Fu),  adj.  q.  invar.  V.  Ademal. 
«  II  illi  en  est  ben  ademau  d'avoir  ren  à  faire.  » 


Adementiers,  adv.  —  En  atfendant,  tandis 
que,  pendant  que. 

Hist.  —  «  Et  demintières  qu'il  le  prent.  « 
(Raynouard,  à  Dementre,  sous  Mentre.) 

Et.  —  Ad,  dum,  interea  ;  dum  intra  ou  intérim  ; 
dum  intra  ipsum  (D"'  A.  Bos.) 

Adenaisser,  v.  n.  —  Passer  la  nuit  :  Je  me 
se  adenaissé. 

Et.  —  Adenèser,  adnèser,  faire  perdre  le  temps, 
empêcher  de  travailler,  —  s'arrêter  pour  bavarder 
avec  qqn,  —  s'endormir,  se  laisser  aller  à  la  paresse. 
(DoTT.)  Sens  différent  du  nôtre.  —  J'y  verrais  le 
mot  :  Né,  nuit. 

Adent  (Mj.,  Pell.,  Sal.,  etc.),  loc.  adv.  — 
Courbé,  penché  vers  la  terre,  en  parlant  d'une 
personne.  A  Mj.,  on  dit  :  Marcher,  aller  en 
à-dent.  —  A  Pell.,  on  dit  :  Aller  à-dent.  V. 
Adenté.  ||  Sur  les  dents,  la  face  contre  terre, 
sur  la  face,  à  plat  ventre. 

Hist.  —  «  L'un  gist  sur  l'altre  e  envers  e  adenz  !  » 
(Ch.  de  Rolakd,  1624.) 

—  «  Toutes  les  fois  que  le  roy  Sapor  montait  à 
cheval,  l'empereur  Valerian  se  metoit  adens  sur  les 
piedz  et  mains,  et  le  roy  Sapor  montoit  sur  son  dos 
et  de  là  montoit  sur  son  cheval.  »  (Bouchard, 
Chroniq.  de  Bret.  —  GoD.) 

—  «  Et  si  li  donna  tel  hurlée  (coup) 

Des  deux  eles  par  mi  la  face 
Qu'il  caï  as  dens  sur  la  place.  » 
(L.  C.  —  vo  hurlée.) 

Adenter  (s')  (Mj.,  Sal.),  v.  réf.  —  Se  courber 
se  tenir  penché,  en  parlant  des  personnes.  Ex.: 
Il  est  tout  adenté  sur  le  feu.  Se  dit  à  Pell. 
comme  à  Mj.  —  Voir  cependant  la  note  à 
Adent.  «  Adente-té  donc  !  »  dit-on  à  un  enfant 
qui  mange  sa  soupe  salement  ;  c.-à-d.  penche- 
toi  donc.  Il  Se  dit  même  en  parlant  des  choses. 
Une  maison  adenté,  renversée  par  le  vent  ;  le 
vent  adenté  les  blés.  —  En  comparant  à  une 
bouche  l'ouverture,  la  gueule  d'un  pot,  on  a 
dit  :  adenter  un  pot,  pour  :  le  renverser. 

Hist.  —  «  Adenta  un  pot  sur  les  chandelles  estans 
sur  le  ventre  d'icelle  malade,  qui  fut  fait  par  forme 
de  ventoise  (ventouse)  1425.  (L.  C.)  — •  S'adenter, 
c'est  donc  bien:  se  pencher,  les  dents  en  avant,  ou 
la  bouche,  au  pr.  et  au  fig.  —  «  Adenté  donc  le  pot  à 
lait,  qu'i  s'égoutte.  »  —  «  Se  pencher  pour  regarder 
au  dessous  de  soi.  » 

—  «  Par  là  où  il  estoit  entrez 

S'en  est  issuz  lot  adentez.  »  (Renarl,  3400) 
Et.  —  Adens  est  fr.  —  Vx  fr.,  adenter,  —  coucher 
sur  le  ventre  ;  s'adenler,  —  mots  excellents  et  qu'il 
est  bien  dommage  de  voir  perdus.  «(Littré.) 

A  pour  contraire  :  Soviner,  renverser  sur  le  dos, 
coucher  le  ventre  en  l'air,  abattre,  étendre,  tomber 
à  la  renverse,  sur  le  dos...  —  Etym.  Supinare,  de 
Supinum,  (Sovin,  le  contr.  de  Adenz.) 

Aderssée  (Fu),  .Adressée,  s.  f  —  Chemin  en 
ligne  droite  pour  raccourcir  la  ligne  ordinaire  : 
J'ai  coupé  par  la  pièce  ;  y  a  eine  adersée  ;  j'ai 
arrivé  avant  li.  »  jj  Mj.,  Lg.  —  Sentier.  Ader- 
sée est,  à  Mj.,  une  forme  vieillie  de  Adressée. 

Adetre  adv.  —  A  droite.  Lat.  ad.,  dexter. 

Adciilé  adj.  Triste. 

Et.  —  De  :  se  douloir  ;  je  me  dculs.  Cf.  Con-dol- 
éance.  —  En  deuil. 


16 


ADEUZER  —  ADRESSÉE 


Hist.  —  L'enfpereur  Charles  de  la  mort  de  son 
beau-frère  le  comte  d'Anjou  triste  et  adeulle...  » 
(J.  DE  Bov'RT).,Chron.,  p.  38  ')  —  «  Si  advint  que  à 
l'heure  que  le  très  sainct  roi  (Louis  IX)  venoit  de 
rendre  son  âme  à  Dieu,  les  Françoys,  qui  de  son 
décès  estoient  tant  adeullez  que  plusnepovoient...  » 
(Id.,  Hlst.  aggr.  II,  24.)  —  «  Laquelle  femme  ne 
trouva  pas  sa  monnove,  dont  elle  fut  moult  adolée 
et  courrouciée.  (1386.  —  D.  C.)  —  «  O  Dieu  ! 
Comment  voions-nous  les  jeunes  gens  adouler  et 
entrister...  »  (Christ,  de  Pisan,  dans  Constans.)  — 
Variantes  :  Adolir,  adoloser,  —  louser.  (God.) 

Adeuzer  (s'),  v.  réf.  —  Se  mettre  à  deux  ; 
se  dit  ordinairement  des  unions  illégitimes. 

Et.  —  A,  deux.  —  «  Adouer,  adouacer.  — 
S'adouer,  —  s'accoupler.  (God.) 

Hist.  —  Perdrix  s'adouent  vers  la  my-février' 
(Dict.  gén.)  —  On  trouve  aussi  :  Adouer,  adeusser* 
Dans  certaines  régions,  deux  se  prononce  deusse.  — 
Se  mettre  deux  ensemble  pour  faire  une  chose  qcque. 

Adieu.  Adieu  pas,  pour  :  je  ne  vous  dis  pas 
adieu,  mais  :  au  revoir.  —  Adieu  va,  pour  : 
va  à  Dieu.  Terme  de  marine  et  de  batellerie. 
—  Adieu  vat'  !  —  la  manœuvre  est  faite. 

Adirer  (s')  (Pell.),  v.  réf.  —  S'égarer.  ||  v.  a. 
Tromper.  Ex.  :  Ce  n'est  pas  là  le  chemin,  vous 
nous  adirez. 

N.  —  Ce  mot  est  fr.,  —  perdre,  égarer,  mais  n'est 
usité  qu'en  jurisprudence  :  Adirer  une  pièce.  — 
Dans  les  autres  sens,  il  est  vx  fr.,  ou  des  patois 
actuels.  —  Ex.  :  Pour  trouver  ma  ferme,  il  n'y  a 
qu'à  aller  tout  dret  ;  pas  moyen  de  s'adirer.  «  — 
Cl  Pour  venir  à  ma  métairie,  ce  n'est  pas  adirant,  » 
çàd.  :  il  n'y  a  pas  moyen  de  s'égarer.  ■ —  ]|  Adiré, 
chagrin,  étonné,  ennuyé  du  départ  de  qqn. 

—  D'adiré,  de  différence.  Ex.  :  Il  y  a  ben  de 
V adiré,  —  nous  sommes  loin  de  nous  accorder  sur  le 
prix.  Cï.  Il  n'y  a  pas  à  dire.  —  Car,  si  le  sens  est 
clair,  l'étymol.  l'est  moins.  Ménacje  propose  :  à 
dire,  dans  le  sens  de  manquer.  Ex.  :  Il  s'y  est  trouvé 
à  dire  un  écu.  Les  diverses  formes:  endirer,  esdirer, 
font  supposer  :  dire,  et  non  le  lat.  ire,  aller.  (Litt. ) 

Hist.  —  La  doulce  Vierge  adira  son  fds,  lequel 
estoit  demouré  au  temple.  (L.  C.)  —  «  (Il  est  des 
pays)  où  les  eunuques  qui  ont  les  femmes  reli- 
gieuses en  garde,  ont  encore  le  nez  et  les  lèvres  à 
dire,  pour  ne  pouvoir  estre  aymez.  (Mont.,  Ess., 
I,  22.)  —  «  Ce  siècle  auquel  nous  vivons,  au  moins 
pour  nostre  climat,  est  si  plombé,  que,  je  ne  dis  pas 
l'exécution,  mais  l'imagination,  mesme  de  la  vertu 
en  est  à  dire.  (Id.,  I,  .36.)  —  «  et...  quand  le  jour 
disparut  et  que  la  lune  mit  la  tête  à  son  regardoir, 
messire  de  Salvert  et  sa  gent  se  trouvaient  adirés  au 
milieu  de  la  jolie  forêt  de  Crémille,  proche  Champ- 
chevrier.  «  (H"''-  du  vx  tps,  p.  167.) 

Adiaisi,  Adlési.  V.  Adelaisi.  \\  Sar,  Do.  — 
Naïf,  inoccupé. 

N.  —  Je  relève  sur  un  catalogue  de  livres  :  «  Mi 
lésé  »  (Mes  loisirs).  Poésies  provençales,  pat.  et  fr., 
in-12,  1887.  Par  Boillat. 

Adomescher,  v.  a.  —  Domestiquer,  En 
parlant  d'un  chien  sauvage  :  Je  l'ai  adomesché. 
En  italien  :  Addomesticare. 

Et.  —  Domesche  vient  de  :  domesticus,  avec 
l'accent  sur  l'e.  Cf.  S'accoquiner,  de  Coquina,  cui- 
sine. (L.  C.)  —  Devenir  moins  dur,  plus  souple  ;  se 
faire,  se  prêter  à.  Ex.  :  L' mafias  s'adomcchera. 
(DoTT.) 


A-don  (Lg.),  loc.  adv.  —  En  don,  gratuite- 
ment. —  V.  Vente  de  lard,  du  F.  Lore.  —  Cou- 
tumes. 


Adophe  (Mj.),  n.  pr.  —  Adolphe. 
Adopter  (s')   (xMj.), 


V.   réf.   —  S'adapter. 
Confusion  de  ces  deux  mots. 

Adorer  (Sp.)  v.  a.  Fig.  —  Faut  Vadorer, 
il  faut  en  passer  par  là,  l'endurer.  —  Encore 
une  confusion  de  mots. 

Adoubage  (Lg.),  s.  m.  —  Raccommodage, 
rhabillage.  V.  Adouber.  ||  Lg.  Réduction  d'une 
luxation  ou  d'une  fracture. 

Et.  —  L'adoub  est  proprement  un  vêtement 
militaire,  armure,  garniment,  —  et,  vêtement, 
habillement,   en  général. 

Hist.  —  «  Elle  alla  par  devers  l'houste  du  gervis 
vert  qu'elle  dist  estre  adoubeur,  lequel  demanda  à 
Nicolas  Desioux  s'il  aurait  son  setier  d'avoine  pour 
Vadoubage  de  la  fdle  qu'il  lui  avait  fait  habiller.  » 
(1515.  God.) 

.Adouber  (Tlm.),  v.  a.  et  n.  —  Etirer  un 
brin  de  fil  pour  faire  disparaître  un  maton. 
Syn.  de  Eneiller.  [|Lg.  —  Remettre  un  membre 
cassé  ou  démis,  réduire  une  fracture,  une 
luxation.  Syn.  de  Raccommoder.  —  C'est  le 
mot  fr.  pris  dans  un  sens  spécial.  V.  Adou- 
bage. 

Et.  —  Les  étymol.  sont  controversées.  La  plus 
naturelle  est  du  german.  Dubban,  frapper,  d'où  : 
dauber,  parce  qu'en  effet  dans  le  cérémonial,  on 
frappait  le  chevalier  en  l'armant  (adouber  che- 
valier). Cette  dernière  opinion  est  confirmée  par 
l'anc.  angl.  dub,  coup,  et  to  dub,  adouber  chevalier. 
On  comprend  comment  Adouber,  çàd.  toucher  à, 
frapper  à,  —  a  pu  donner  les  sens  divers  de  Adouber 
(  Litt.  ) 

Hist.  —  «  ...  à  la  couturière  qui  a  vaqqué  IV  jours 
à  adoubber  les  aubes,  et  aultres  draps,  linges.  (  Jaub.) 

—  «  Leurs  chirurgiens  et  adoubeurs  l'avaient  si  bien 
adoubé  que  jamais  il  ne  serait  boiteux.  »  (Dict.  gén.) 

—  BoKEL  dit  :  Donner  des  soins  à  une  fracture, 
remettre  un  membre  démis.  Faire  un  acte  de  chi- 
rurgie sans  en  avoir  reçu  le  droit  par  la  docte 
faculté.  —  Raccommoder  des  vieux  vêtements,  du 
linge  déchiré. 

Adoubeur.  Rebouteur.  V.  Adouber. 

Hist.  —  «  Ils  la  menoient  à  Poictiers,  à  l'adou- 
beur.  >'  1515.  —  (GoD.) 

Adoulé,  adj.  q.  —  Adroit.  Etre  ben  adoulé. 
— .  Je  comprends  mieux  le  sens  de  :  chagrin, 
triste,  donné  par  God.  V.  Adeulé. 

Adresse  (Sar.),  s.  f.  —  Sentier,  raccourci, 

—  et: 

Adressée  (Mj.,  Chem.,  Lg.,  Chol.),  s.  f.  — 
Même  sens  que  Adresse.  Elle  permet  de 
couper  au  plus  court  :  «  Passe-donc  par 
Vadressée.  »  —  «  Vous  prendrez  le  roulin,  pour 
couper  à  Vadressée. 

N.  —  C'est  l'acception  étymol.,  et  elle  a  cours  à 
Mj.  comme  au  Lg.  ;  mais  à  Mj.  on  donne  par  ext.  le 
nom  d'adressée  au  sentier  lui-même. 

Et.  —  Elle  est  la  même  que  celle  du  v.  Adresser, 
qui  est  formé  du  préf.  A  et  de  l'adj.  Droit,  prononcé 
drait  ou  dret.  L'adressée  permet  d'aller  tout  drait 
ou  tout  dret.  —  Anciennement  :  direction  vers  un 


ADRET  —  AFFAITÉ 


17 


lieu.  —  Faire  aller  droit  à  un  lieu  :  «  Son  passage 
s'adressait  par  Luxembourg.  »  {Dict.  génér.) 

Hist.  —  «  Lequel  charretier  avait  mené  du  vin  en 
un  char,  et  en  soy  retournant  prist  les  adrcces  à 
travers  les  champs,  sans  aucun  chemin  tenir.  » 
1414.  (D.  G  )  —  «  Il  a  pris  par  les  adrets.  »  Dott.)  — 
«  Ceux  qui  connaissaient  les  adresses  des  chemins 
furent  ceux  qui  échappèrent.  »  {Préface  des  Contes 
de  la  Reine  de  Navarre.)  —  «  Elle  arriva  par  les 
adresses,  ....  par  les  chemins  bordés  de  feuillages... 
jusqu'à  la  grande  métairie  de  la  Renaudière.  » 
(René  Bazin,  Types  de  province.) 

—   «  Mes  qant  il  l'oï  de  loing  plaindre, 
Si  s'est  mis  parmi  une  adrece 
A  Malpertuis  sa  forterece 
Où  il  ne  crient  est  ne  agait.  » 

Renan,      10403. 

Adret,  ète  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Adroit,  e. 
Il  prépos.  juste  en  face  de.  Ex.  :  Il  demeure 
adrel  chez  nous.  «  ||  S'entend  non  seulement 
de  la  dextérité,  mais  de  l'intelligence  :  «  Il  est 
vrai  adret  pour  les  mais.  » 

Et.  —  Du  temps  de  Corneille  on  prononçait  : 
adret,  adrète,  qui  est  la  prononciation  norm.  —  A, 
droit.  Non  pas  de  dexter,  mais  de  :  ad,  directus, 
proprement,  dirigé  vers,  adressé.  —  V.  Dret. 

A  drette  et  à  gauche.  (Fu.) 

Adrigail  (Sp.,  Lg.),  s.  m,  —  Attirail,  en- 
semble d'objets  encombrants  ou  en  désordre, 
tout  le  tralala. 

Et.  —  Favre  donne  :  Drigail,  driguay,  —  le 
mobilier  d'une  ferme,  d'une  habitation.  —  Serait- 
ce  pour  :  intrigail,  du  fr.  intrigue?  Peu  probable 
V.    Ad  ri  gant. 

Adrigaut  (Lg.),  adj.  q.  —  Roublard  et  insi- 
nuant, qui  sait  se  tirer  des  difficultés.  Syn.  de 
Dépassant. 

Et.  —  Paraît  être  une  corr.  du  fr.  Intrigant. 

Adroisse  (Sa.,  Lg.),  s.  f.  —  Adresse.  N.  Cette 
forme  vieillie,  quoique  fort  usitée  encore, 
correspond  au  fr.  Adroit,  de  même  que  le  fr. 
Adresse  correspond  à  la  forme  patoise  Adret. 
V.  Abrit,  abrier.  Cf.  Moitier,  etc.  —  Vx  fr. 
Adroiz. 

A  d'soir,  Pron.  Adsoué,  —  à  ce  soir. 

Adiiber  (Lg.),  v.  a.  Remettre,  raccommoder 
un  membre.  —  Syn.  et  d.  de  Adouber. 

Adiiboiix  (Lg.),  s.  m.  Empirique  qui  rac- 
commode les  membres  luxés  ou  fracturés  ; 
rebouteur.  Dér.  de  Aduber. 

Adiiillan  (Lg.),  s.  m.  —  Aiguillon.  Pron.  : 
adu-illan.  Corr.  du  franc. 


Adiiille  (L^ 

Al"  aille. 


.,  Fu).  —  Pron.  :  adu-ille,  s.  f. 


Aduser  (Lg.),  v.  a.  Aiguiser.  Syn.  et  doublet 
de  Aguser. 

Adusque  jusqu'à.  C'est  le  lat.  Ad  usque. 

Aduyon  (Fu.),  agu-yon,  aiguillon. 
«  J'foutis  mon  aguijon  dedans, 

Ou  n'en  choyait  qu'des  s'nelles.  » 
\  '>ir,  au  F.  Lore,  la  chanson  des  Mensonges.) 

Advarse,  adj.  pris  adv.  —  «  Tu  fais  tout 
advarse.  »  Tu  fais  ton  travail  à  l'envers,  le 
contraire  de  ce  qu'il  faudrait. 


Et.  —  Ad,  versus,  —  qui  est  placé  à  l'opposite 
d'une  chose,  ou  tourné  vers  elle. 

Advarsité,  s.  f.  —  Haine.  «  l'm'prenit  eji 
advarsité,  »  en  haine. 

Afainianter  (Mj.),  v.  a.  —  Rendre  fainéant. 
Syn.  de  Anianter,  Avesser,  Acaigner,  Aladrer, 
Acaignarder,  Haquenir.  Dér.  de  Fainiant. 

Afenasser  (Mj.),  v.  a.  Jeter  en  désordre, 
brasser  comme  du  foin.  Se  dit  des  récoltes, 
des  cheveux,  des  vêtements.-  Ex.  :  Le  vent  a 
tout  afenassé  le  grain. 

Et.  —  Lat.  fœnum,  foin.  —  Cf.  pat.  norm. 
F(e)nasse,  mauvais  lit.  —  V.  Affenasser. 

Aféniclé  (Br.),  adj.  q.  —  «  Quand  les  bêtes 
ont  peur,  qu'elles  dressent  les  oreilles,  on  dit 
qu'elles  sont  afénidées. 

Aferdiirer  (La.),  v.  a.  —  Refroidir,  tran- 
sir de  froid.  Syn.  de  Efferdiller.  \\  Ec.  i)ron.  : 
EffoèrdurL  \\  Aferduré  (Fu).  V.  Ferdillon, 
Afferdeiller. 

Et.  —  Pour  Afredurer,  du  fr.  Froidure,  autrefois 
Freidure,  par  métathèse. 

Aférouer  (Mj.),  v.  a.  Couvrir.  ||  Entasser. 
Fixer  une  plante  en  terre  en  tassant  la  terre 
sur  la  racine. 

Et.  —  Ce  mot,  qui  est  le  pendant  de  Déférouer, 
est  pour  Afrouer.  Il  renferme  la  même  racine  :  frou, 
qui  est  dans  Dêfroii,  Défrouer,  etc. 

Affaiblissant  (Mj.),  adj.  v.  —  Débilitant. 
Ex.  :  Le  vinaigre  est  affaiblissant. 

Affaignanter  (Sal.),  v.  a.  —  Rendre  fai- 
gnant,  fainéant. 

Affaire  (Mj.),  s.  f.  —  Avoir  affaire  de,  — 
avoir  l'occasion  ou  l'obligation  de.  Ex.  : 
J'avais  point  affaire  de  y  aller.  ||  Id.  Avoir 
besoin  de  .Ex.  :  J'ai  point  affaire  de  lé,  je  n'ai 
pas  besoin  d'elle.  ||  Eter  à  son  affaire,  — •  être 
à  l'aise.  ||  Faire  l'affaire,  —  convenir.  ||  Faire 
son  affaire  à  qqn,  —  le  rosser,  le  tuer.  Syn. 
de  Régler.  ||  Faire  son  affaire,  —  s'enrichir. 
Il  a  fait  son  affaire  en  dix  ans  de  temps.  || 
Etre  de  la  bonne  affaire,  —  être  aimable,  conci- 
liant, accommodant,  obligeant.  ||  Etre  d'eine 
affaire,  —  être  très  affairé,  très  occupé,  très 
entiché.  Ex.  :  Aile  en  est  d'eine  affaire,  avec 
sa  robe  neuve  !  ||  Affaire,  —  chose,  en  général. 
Ce  n'est  pas  des  affaires  à  dire.  C'est  eine 
affaire  que  j'en  sais  point  le  nom.  ||  C'est 
Vaffaire  de...,  —  cela  demandera,  exigera. 
Ex.  :  C'est  Vaffaire  de  dessetrois  mois.  ||  Par 
affaires,  pour  affaires.  Il  est  venu  par  affaires. 
Il  Au  pluriel  :  Effets,  objets  d'ameublement 
ou  d'habillement.  ||  Sp.,  etc.  —  Avoir  ses 
affaires,  —  ses  règles.  V.  Compagnie. 

Affaît  (Mj.),  s.  m.  —  Crête  d'un  billon,  d'un 
sillon,  dans  un  champ  labouré.  V.  Affaiter. 

Affaité,  part.  pas.  N.  Ne  pas  confondre 
avec  Affaîté.  —  Gai,  émoustillé,  apprivoisé. 
Cet  enfant  est  bien  affaité.  \\  Préparé,  disposé. 

Et.  —  Ad,  facture,  —  affecter.  Se  disait  pour  : 
apprivoiser  un  oiseau  de  proie.  —  Affaiter,  vx  fr. 
Afaitier,  bien  élevé,  courtois.  AfTectare  signifie  ; 


18 


AFFAITÉ  —  AFFILER 


approprier  à  l'usage  voulu  :  «  Messages  (messagers) 
affaitiés  de  ce  faire  »,  dans  le  sens  de  :  Mettre  au 
fait.  Celui  qui  est  dans  ce  cas  est  plus  débrouillard 
qu'un  autre.  (Scheler).  —  Rassasié,  repu  ;  diffi- 
cile, dégoûté  ;  dressé,  façonné,  expérimenté,  paré 
avec  recherche.  (Dott.)  —  Fin,  prudent,  appris,  vif, 
remuant.    (Borel.) 

Hist.  —  «  Pantagruel  apercent  certaines  petites 
andouilles  aff aidées.  (Rab.,  P.,  IV,  .35.) 
—   «  Mignonne  est  trop  plus  affetée. 
Plus  frétillant,  moins  arrestée 
Que  le  passeron  de  Maupas.  » 

(Maeot.  JEpigr.  21  G.) 

Afiaîté,  part.  pas.  —  En  forme  de  faîte* 
V.  Rais.  Un  boisseau  de  blé  est  vendu  au  rais 
(au  ras  du  boisseau)  ou  affailé,  à  Vomêchée, 
on  en  fait  tenir  autant  que  Ton  peut,  en  faîte. 

—  Une  charretée  de  foin,  de  paille,  de  fumier 
est  dite  affaitée  quand  elle  est  remplie  au- 
dessus  des  ronches  ou  des  paumelles.  (Fu).  V. 
Affaiter,  pour  plus  de  détails. 

Affaîter  (Mj.),  v.  a.  —  Terminer  en  faîte, 
par  le  haut,  une  meule  de  foin,  un  tas  quel- 
conque. —  On  dit  qu'un  pailler  est  bien 
affaîté.  —  N.  On  ne  fait  sonner  qu'un  f. 

Et.  —  Du  fr.  Faîte,  lat.  fastigium.  —  V.  Enfaîter, 

—  A  l'affaît-'e,  ou  à  l'omêchée  :  «  Amonceler, 
entasser  en  forme  de  cône  ou  de  pyramide  des  objets, 
qu'on  peut  compter  ou  mesurer,  p,  ex.  des  châ- 
taignes ou  des  pommes  de  terre,  dans  une  mesure 
de  capacité,  de  manière  à  faire  bonne  mesure  :  «  Un 
boisseau  affaîté.  »  —  Ecrit  à  tort  affêter  dans  la 
citation  suivante  :  «  Brandissant  avec  fureur  une 
de  ces  lourdes  fourches  dont  on  se  sert  dans  le  pays 
pour  affêter  le  foin  sur  les  charrettes  en  temps  de 
récolte.  »  (G.  Sand,  Valentine,  t.  II,  17.  —  Cité  par 
Jaub.)  — ■  «  Certaines  denrées  ne  s'enjaîtent  pas, 
telles  que  le  blé,  l'orge,  on  les  radure  (au  rais)  — 

Jaub. 

Hist.  —  «  ...  tracassoit,  ramassoit,cabossoit, 
afestoit,  afîutoit...  »  (Rab.,  P.  I,  Prol.)  —  «  La 
moytié  d'une  méson  qui  autresfois  fut  à  fest,  et  qui 
de  présent  est  appentissée.  »  (1467.)  —  «  Rares 
et  précieux  sont  les  artistes  qui  savent  affaiter  irré- 
prochablement un  pailler,  faucher  sans  que  le  dail 
marque  à  chaque  coup  son  passage,  parer  un 
fagot...  lié  de  solides  réories.  (La  Trad.,  p.  65)  — 
«  Tous  vendeurs  de  drap  en  détail  les  aulneront  par 
les  fest,  sur  peine  d'amende  arbitraire  »  ,ç-à-d.  par 
le  haut.   {La  Coût.  d'Anjou,  art.   173,  \°  Fest.  — 

MÉNAGE.) 

a.  — Affermer. 


Aff armer  (Mj.),  v 
Affarniir  (Mj.),  v 
4ffenage  (Lg.),  s. 


Affermir. 


m.  — .  Le  foin,  la  pansion 
que  l'on  donne  aux  bestiaux.  ||  Action  de 
panser  les  bestiaux,  pansage.  —  Locut.  : 
Mettre  à  Vaffenage,  —  pourvoir  de  fourrage 
un  cheval.  V.  Affener. 

Afïenasser  (Mj.),  v.  a.  —  Emmêler,  coucher 
pêle-mT-le,  comme  du  foin.  Ex.  :  Le  vent  a 
tout  aijetiassé  noute  lin.  V.  Afenasser.  N.  On 
ne  prononce  qu'un  f. 

Et.  —  Ad,  fœnum,  asser,  suff.  péjor.  —  Enfe- 
nasser,  mettre  dans  du  foin,  ou  mettre  du  foin  dans 
qq.  objet.  On  enfenasse  des  sabots  en  guise  de 
semelle  pour  empêcher  le  froid  ou  l'humidité. 
(Jaub.) 


Affener  (Lme.),  v.  a.  —  Mettre  en  pension, 
ou  pansion,  pour  qqs  jours,  dans  une  auberge, 
une  vache,  un  bœuf.  C'est  :  mettre  au  foin. 
V.  Affenasser.  \\  Distribuer  Vaffenage  (ce 
qu'on  donne  de  foin  à  un  cheval,  etc.,  pour 
son  repas)  dans  les  râteliers.  —  Se  dit  aussi 
des  personnes  pour  leur  nourriture.  !|  Lg.  — 
Pourvoir  de  foin,  panser  les  bestiaux. 

Hist.  —  «  Estomac  bien  à  point  affené  etagrené.  » 

(Rab.,  III,  15).  —  «  Le  lendemain,  quand  il  alla 

voir  ses  boeufs  au  petit  jour,  tout  en  les  affenant  et, 

les  câlinant...  »  (G.  Sand,  Pet.  Fadette,  XX  —  GoD.) 

Afïerdeiller  (Lg.),  v.  a.  —  Transir  de  froid. 
Syn.  et  doublet  de  Efferdiller,  Aferdurer 
(mieux  avec  2  f). 

Affiage,  s.  m.  —  Verger  de  jeunes  arbres 
qu'on  doit  greffer  ou  déplanter.  (Cho.)  Mén. 

—  V.  Affier. 

Afîiiui  (Sp.),  s.  m.  —  Enfant,  fils  ou  fille. 
Ex.  :  C'est  ça  mes  affiaux,  —  ce  sont  là  mes 
enfants,  ma  progéniture.  V.  Affier.  Syn.  de 
Fieux,  Queneau,  Queniau,  Gosse,  Gonse, 
Maniinot,  Loupiot,  Moutard,  Drôle. 

N.  —  Adfiau,  enfant  du  premier  âge,  nourrisson. 
«  Une  femme  avec  son  adfiau.  Renvoie  à  Adfier. 
(Jaub.) 

Afficher  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Faire  inscrire 
ses  bans  de  mariage.  C'est  bien  :  faire  con- 
naître par  afïïches.  —  De  Ad,  ficher. 

Affiement,  s.  m.  —  Ce  que  l'on  cultive  dans 
les  champs.  V.  Affier.  \\  Semailles,  grains  de 
semence  (de  Mont.). 

AflSer  (Lue,  Mj.,  Sp.),  v.  a.  —  Planter  ; 
Semer  ;  Travailler  la  terre.  Ex.  :  Velà  eine 
terre  qu'est  ben  affiée,  —  elle  a  bonne  mine. 

—  Au  Lg.  on  dit  :  Affier  de  la  pansion,  affier  du 
vert,  —  semer  du  fourrage  ;  ce  n'est  donc  pas 
seulement  planter.  !|  Lg.  —  Faire  prendre  ou 
reprendre  une  plante  ;  la  faire  pousser.  Ex.  : 
C'est  le  mois  de  septembre  qui  a  tout  affip..  \\ 
Affier  des  choux,  —  les  planter,  les  multiplier 

—  Un  terrain  est  affié  en  vignes,  c.-à-d.  planté. 
Provigner  par  boutures.  Ex.  :  Je  vas  vous 
affier  un  beau  pied  de  béruère  pour  que  vous 
puissiez  vous  en  oriner  (By).  —  V.  Zig.  26^. 

Et.  —  Selon  les  uns  :  fier  à,  confier  à,  lat.  ad. 
fidare.  —  Selon  d'autres  :  «  C'est,  évidemment,  de  : 
ad,  ficare,  ce  v.  étant,  en  B.  L.  syn.  de  figere,  fixer, 
piquer.  (De  Mont.)  —  Ménage  cite  Ch.  Etienne, 
qui  dit  que  «  figere  humo  plantas  feraces  (Virgile), 
c'est  ce  que  le  peuple  appelle  affier,  ou  afficher,  ou 
piquer  des  plantes  fertiles.  —  Se  dit  des  cons- 
tructions, des  plantations,  des  animaux,  des 
hommes.  —  Elever,  nourrir  :  Adfier,  atfier  un 
enfant,  un  animal.  V.  Affiau. 

Hist.  —  «  Vrayment,  dist  Pantagruel,  quand  je 
seray  en  mon  mesnaige...,  j'en  affieray  et  enteray  en 
mon  jardin  de  Touraine...  et  seront  dictes  poires  de 
bon  Christian...  »  (IV,  1 1.) 

ilffiler  (Mj.),  v.  n.  —  Donner  son  lait  sans 
difficulté  et  d'un  jet  continu,  en  parlant  d'une 
vache.  Syn.  de  s'Alayer. 

Hist.  —  «  Parmi  Rune  se  fiert,  qtii  tost  coût  et 
afile.  1)  L'eau  qui  coule  excite  l'idée  d'un  fil  tiré  d'une 
manière  continue. 


AFFINER  —  AFFUT 


19 


Affiner  (Lg.),  v.  a.  —  Tromper,  duper.  !| 
Faire  affiner,  même  sens.  Ex.  :  Tu  dis  ça  pour 
m'affiner,  ou  :  pour  me  faire  affiner.  —  La 
FoNTAixE  l'a  employé,  et  bien  d'autres. 

Afiiquet  '  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  ustensile 
affectant  la  forme  d'un  sabot  lilliputien,  que 
les  vieilles  femmes  attachent  à  leur  ceinture, et 
au  fond  duquel  elles  appuient  le  bout  d'une  de 
leurs  aiguilles  à  tricoter,  celle  que  dirige  la 
main  droite.  Les  affiquets  sont  parfois  en 
argent  ;  le  plus  souvent  ils  sont  faits  d'un 
noyau  de  prune  ou  d'abricot,  percé  d'un  trou 
et  vidé. 

Et.  —  Du  lat.  Affixare,  soit  parce  qifon  le  fixe  à 
la  ceinture,  soit  parce  qu'on  y  fixe  l'extrémité  de  la 
broche.  —  Cf.  Colifichet.  —  C'est  le  dimin.  de 
Affique,  prononciation  picarde  de  Affiche.  —  Au 
plur.,  choses  menues  qu'on  fixe,  parures  de  femmes. 

—  Cf.  Affiche,  Jaub. 

Aflître,  ou  Affixtre,  s.  m.  —  Grand  pieu 
garni  d'une  forte  pointe  en  fer,  destiné  à 
maintenir  un  bateau  fixé.  L'afîître  étant 
enfoncé  dans  le  sable,  au  fond  de  la  rivière, 
on  le  retient  au  moyen  d'une  corde  qui  passe 
d'abord  en  un  trou  A,  entoure  une  ou  deux 
fois  l'affitre,  revient  par  en  dedans  en  B,  et 
est  maintenue  par  le  terzillon  C.  (Il  faudrait 
ime  figure.)  Ec.  Affître  ferré.  V.  Bourde. 
Petit  afîître,  id. 

Affligé  (Mj.),  part,  pass.  —  Infirme,  impo- 
tent, souffrant.  Ex.  :  Il  est  ben  affligé  d'eine 
main,  d'ein  eil.  V.  Jaub. 

Affoler  (Sp.),  v.  n.  —  Devenir  fou.  \'. 
Foléier.  C'est  le  v.  act.  i':'. 

Hist.  —  «  Dites  hardiment  que  y  affoles 
Si  je  dis  huy  autres  paroles.  »  (Pathelin.) 

Affondre,  Aflfondrer  (Mj.),  v.  a.  —  Faire 
couler  au  fond,  submerger.  ||  V.  n.  Couler  au 
fond,  être  submergé.  ||  Fu.  «  Le  bateau  a-t- 
affondré,  il'  tait  pien  de  sabe  à  faîtée  »,  et  non 
affaîté. 

Et.  —  A,  fond.  Différence  de  conjug.  —  On  dit 
aussi    Enfondrer. 

Hist.  —  «  Gargantua,  du  bout  de  son  baston, 
enfondra  le  reste  des  tripes  du  villain  en  l'eau.  » 
(Rab.,  g.,  I,  37.)  —  Je  dis  ceste  vague  de  Dieu 
enjondrera  notre  nauf.  ;i  {Id.,  P.,  IV,  19.)  — «  Car  la 
médecine  commençant  à  estre  maistresse  chassa  et 
enfondra  par  manière  de  dire  jusques  au  fond  du 
corps  la  vigueur  et  force  naturelle.  »  (Amyot.  Vie 
d' Al.  le  G.)  —  «  C'est  parce  que  ma  nourrice  avoit 
les  tetins  molletz  ;  en  la  laictant  mon  nez  y  enfon- 
droit  comme  dans  du  beurre.»  (Rab.,  G., XL,  I,  79) 

—  «  Il  prit  quand  et  quand,  des  préceptes  d'At- 
talus,  de  ne  se  coucher  plus  sur  des  lourdiors  qui 
enjondrent.  »  (Mont.,  Ess.,  III,  13.) 

-iffoueil,  s.  m.  —  Cf.  Effouil. 

Hist.  —  «  Lesquelles  vaches,  et  Vaffoueil  qui  en 
proviendra,  seront  gardées  et  conservées  au  mieulx 
que  faire  se  pourra  en  ladicte  île.  »  {Anj.  hist.,  2" 
année,  n°  6,  mai  1902,  p.  505.) 

Affourréc  (Mj.),  s.  f. —  Amas,  accumulation. 
Ex.  :  Y  en  a  eine  affourrée  de  fait  dans  ceté 
maison -là  !  » 

Et.  —  Ad,  fourrer.  —  Hist.  —  Aiïourer  signifiait  : 


donner  du  fourrage  aux  bestiaux  ;  de  feurre,  ou 
fourre  (foin  on  paille,  qui  a  donné  fourrage.)  —  Une 
affourrée,  c'est  une  grande  bouchée.  - —  Un  alïourré, 
—  moissonneur  que  l'on  nourrit.  (Lapayre.) 

Affoiisse  (Mj.),  s.  f.  —  Effusion.  Ne  s'em- 
ploie que  dans  la  loc.  :  S'en  aller  à  Yaffousse 
du  sang.  ||  Perte  de  sang,  hémorragie  incoer- 
cible. 

Et.  —  Du  lat.  Alïusum,  forme  du  v.  Afi'undere  ; 
ad,  fundere,  verser  de  peu  haut.  (Litt.) 

Affranchir  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Châtrer, 
castrer.  Syn.  de  Arranger.  Ex.  :  J'ai 
acheté  deux  beaux  petits  gorins,  mais  ils  ne 
sont  point  affranchis.  —  Disposer  un  vase, 
un  poêlon,  une  barrique  pour  recevoir  leur 
contenu  de  manière  qu'ils  n'en  altèrent  pas 
le  goût. 

N.  —  On  affranchit  un  chaudron  neuf  en  y  faisant 
bouillir  des  choux,  une  poignée  de  foin,  pour  ôter  le 
goût  de  neuf. 

Aff'rancliisseur  (Lg.),  s.  m.  —  Châtreur, 
hongreur.  Syn.  de  Mégeilleur. 

Affre,  s.  î.  —  Horreur.  Ex.  :  Il  a  ein  mal, 
ça  fait  affre  de  voir  ça  ! 

Et.  —  C'est  le  sens  primitif  du  mot,  que  le  fr. 
n'emploie  qu'au  plur.  dans  le  sens  d'angoisses  : 
Les  affres  de  la  mort.  Le  dérivé  Affreux  est  la 
preuve  de  ce  que  j'avance.  —  Ménage  le  dérive  de 
Afer,  Africain,  —  Afrus,  afrosus  ;  les  Africains,  à 
cause  de  leur  couleur,  étant  affreux.  !!  —  L'étym. 
est  contestée  ;  il  vaut  bien  mieux  l'avouer. 

Aftreiiseté  (Mj.),  s.  f.  —  Horreur.  Ex.  : 
Queuiie  affreuseté  qu'eine  coiffe  pareille  ! 

Affronté  (Mj.),  adj.  q.  —  Effronté. 

Et.  —  Ad,  frontem.  —  C'est  celui  qui  se  met 
impudemment  en  face  de  qqn,  par  insolence,  pour 
l'outrager,  lui  faire  affront,  avec  effronterie. 

Affruitager  (Mj.),  Affruiter  (Mj.),  moins 
usité.  —  Bien  planter  d'arbres  fruitiers  en 
parlant  d'un  jardin.  De  Fruitage.  \\  Fu.  J'ai 
été  ouèr  dans  la  vigne;  ou-l-est  ben  affrutagée 
(chargée  de  fruits). 

N. —  Affruiter  se  dit  aussi  des  fruits  arrivés  déjà 
à  une  certaine  grosseur  et  mangeables.  Amandes, 
pommes  de  terre  affruitées.  —  Mettre  affruiter  des 
fruits  sur  la  table  (Jaub)  —  Ce  poirier,  bien  taillé, 
affruitera.  (Litt.)  —  Achever  de  mûrir  sur  la  paille. 
«  Quand  les  pommes  de  terre  seront  affruitées'  elles 
seront  meilleures.  (Lapayre.) 

Aft"urer,  v.  a.  Prendre  garde.  «  Affaré  la 
bigeoise  pour  ;  garde  la  bête  (terme  faubou- 
rien). Mén.  —  Je  n'ai  pu  contrôler  ces  mots. 

Affût'  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
la  loc.  :  Eter  d'affût,  —  être  bien  portant.  — 
On  dit  dans  le  même  sens  :  Eter  d'accord.  || 
C'est  ein  homme  d'affût,  ingénieux,  futé, 
sachant  se  tirer  habilement  d'un  pas  difficile 
ou  d'une  affaire  embarrassante.  Se  dit  qqf. 
par  dénigrement.  ||  Solide.  (Lpz.)  i|  En  bonne 
disposition  :  Es-tu  d'affût  de  danser. 

Et.  —  De  A  et  Fust,  bois.  Etre  disposé  comme 
qqn  que  l'on  a,  ou  qui  s'est  placé  derrière  un  arbre 
pour  la  cliasse.  (Dict.  gén.)  —  «  La  signification 
particulière  d'aiïuter,  disposer  le  canon  à  tirer  en  le 
mettant  sur  son  affût,  conduit  encore  naturelle- 


20 


AFFUT  —  AGATE 


ment  à  la  signification  générale  d'ajuster,  équiper, 
disposer.  Donc  :  être  d'affût,  être  bien  disposé.  » 
(L.  C.)  —  Un  gas  ben  d'affût  est  un  garçon  qui  sait 
bien  faire  les  choses.  Un  outil,  n'importe  lequel,  est 
celui  qui  est  remis  en  bon  état.  (De  Mont.)  Le  sens 
de  ce  mot  semble  se  confondre  avec  le  suivant. 

Affût  ^  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  AfYutage  d'une 
scie,  d'une  hache.  V.  Affût  \  —  Aiguiser. 

Et.  —  De  :  fust,  bois,  comme  le  précéd.  —  Pro- 
prement :  le  bois  d'un  instrument,  d'une  machine, 
donc  la  partie  accessoire,  la  chose  de  peu  de  valeur. 

—  Affûter  (autrefois  Affuster,  et  l's  se  pronon- 
çait), c'est  ajuster  les  outils  aux  fûts  qui  les  main- 
tiennent, les  mettre  en  état,  aiguiser  un  burin,  etc. 

(SCHELER.) 

Hist.  —  «  Parquoi  craignant  Gargantua  que  il  se 

gastat...,  feist  faire  des  arboutans  à  son  berceau 

■  bien  ajustez.  »  (Rab.,  P.  II,  4.)  ■ —  «  Il  a  besoing  de 

trop  de  pièces  pour  ajuster  instement  son  desseing.  » 

(Mont.  Ess.,  II,  37.) 

Affûtias  ;  Affûtiaiix  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  pi.  — 
Ne  s'emploie  qu'au  plur.  —  Instruments, 
outils,  objets  d'équipement  ou  d'habillement, 
propriété  mobilière  qcque. 

N.  —  Le  fr.  emploie  ce  mot  dans  un  sens  voisin, 
au  sing.  —  La  syll.  au  se  prononce  ao,  souvent. 

Et.  —  V.  Affût  1  et  2.  —  Toujours  la  racine  fust, 
fût,  arbre.  D'où  :  futaie,  futaOle,  et  même  :  futé. 
Tous  ces  mots  devraient  avoir  un  accent  circonfl. 
• —  «  Le  mot  Affût  ayant  le  sens  de  :  chose  de  peu  de 
valeur,  affûtiau,  qui  correspond  par  sa  facture  à  un 
diminutif  *afFuteilus,  a  pu  prendre  le  sens  de  :  chose 
futile,  bagatelle.  »  (D''  A.  Bos.)  —  Outils.  «  Les 
ouvriers,  dans  les  campagnes  de  l'arrondissement 
de  Redon,  appellent  leurs  outils  des  affuliaux  : 
ce  As-tu  apporté  tes  affûtiaux  pour  travailler?  « 
(Ohatn.) 

A-flot  (-Mj.),  s.  m.  —  Ce  qu'il  faut  d'eau 
pour  faire  flotter  un  bateau. 

N.  —  Afloat.  (MoisY.  Dlct.  anglo-nonn.) 

Afoisance  (Mj.),  s.  î.  —  Foison. 

Et.  —  A,  Foisance.  Ex.  :  Des  preunes  de  Blourde, 
y  en  a  eine  afoisance.  —  Lat.  Fusionem,  action  de 
répandre  en  grande  quantité.  Cf.  Boileau  : 

—  «  Et  des  couvreurs  grimpés  au  toit  d'une  maison 
En  font  pleuvoir  l'ardoise  ou  la  tuile  à  foison.  » 

—  Affoisonner.  (I^.  C.)  —  Cf.  Effusion,  profusion. 

Agaceaii  (Lg.),  s.  m.  Acacia.  Syn.  et  dou- 
blet de  Agacia,  Agaciâ. 

.4gacer  (Mj.),  v.  a.  Emousser,  ébrécher,  un 
tranchant.  ||  Tlm.  fig.  Ein  gars  point  agacé, 
■ —  fort  et  décidé,  un  luron,  un  gaillard  solide. 
V.  Achalé.  Il  Agacer  les  dents,  mordre  sur 
l'émail  des  dents,  en  parlant  d'une  substance 
acide,  jj  Agacer  un  enfant,  —  le  faire  rire  en 
le  chatouillant. 


Et.  —  Douteuse, 
pie  nommée  agace.  » 

Agacia  (Mj.),  s. 
nier.   Cf.    Gamion, 


t  Qui  fait  entendre  le  cri  de  la 

(GOD). 


m.  —  Acacia,  faux  robi- 
Ganif,    Gaboter.    \\   Lg.   — 

Agaciâ.  Syn.  et  d.  de  Agacia,  Agaceaii.  ]\  Ec. 

De  Végaciâ,  des  égaciâs. 

Et.  —  Curieuse.  Du  grec  Akakia,  défaut  de 
méchanceté,  parce  que  ce  végétal,  bien  que  pourvu 
d'épines,  fournit  de  bonnes  choses.  (Litt.) 

Agaigner  (Cho.),   v.   n.  —  Etre  de  mau- 


vaise humeur.  —  Probablement  pour  :  Har- 
gaigner,  Harguégner. 

N.  —  Faut-il  aussi  rapprocher  ce  mot  de  Aguei- 
gner,  pour  :  guigner,  regarder  en  dessous?  «  La 
dame  et  la  chambrière  regardaient  d'aguignettes.  » 
(Bon.  Desperriers,  Contes  et  Devis.  —  De 
Montess.) 

.igalerner,  v.  a.  —  Le  vent  s'agalerne  s'il 
devient  sec  et  dur.  La  galerne  est  le  N.-O. 
(]\IÉN.).  —  Sur  les  bords  de  la  Loire,  c'est  le 
vent  d'E. 

Et.  —  Incert.  —  En  angl.  Gale,  vent  violent. 
Celtique  ;  Gwalarn,  de  Gai,  vent. 

N.  —  A  Mj.  la  galerne  est  le  N.,  rarement  le  N.O., 
jamais  l'E. 

A  gana  ou  Agana.  —  Arroser  à  gana,  en 
grand,  largement,  sans  ménager  l'eau.  V. 
Gana. 

Agapi  (^Ij.),  adj.  ([.  —  Se  dit  d'un  vent  à 
la  fois  violent,  froid  et  humide,  de  bise.  —  Il 
n'y  a  pas  un  t  final  ;  il  sonnerait  fortement, 
agapite.  ||  (Lpos.)  id. 

Et.  —  «  Agapir  et  Aguapir,  gâter,  corrompre.  Du 
lat.  vapidum?  influencé  par  le  germ.  hwap?  (D""  A. 
Bos.)  —  Awapir,  gâter,  effacer,  —  qui  sent  le  gâté. 
—   «  Hons  qui  ton  cors  mes  a  hontage 
Plus  es  que  femme  a  Dieu  des  pis, 
Dessavorez  et  agapis....  (GoD.) 

.4gas  (Fu.),  s.  m.  —  Masse  d'eau.  V.  Acas 
(feau, 

Agasse,  —  s.  f.  Pie. 

Et.  —  Ce  mot,  qui  est  tout  aussi  fr.  que  pat.  se 
tire  d'ordinaire  d'une  forme  de  l'aha.,  soit  agalstra, 
com.  le  veut  Diez,  soit  Agaza,  suiv.  Behrens.  — 
La  forme  du  B  L.  Agasia,  n'est  sans  doute  qu'un 
produit  roman  latinisé,  et  ne  nous  renseigne  en  rien 
sur  l'étymol.  —  Ce  n'est  d'ailleurs  pas  du  B  L.  que 
sont  sorties  les  langues  romanes,  mais  du  lat.  popul. 
ou  du  lat.  vulg.  —  (G.  de  Guer.  —  Y.) 

Agaste,  s.  m.  —  Accas  d'eau.  (MÉîf.) 
Et.   —   De   toutes   celles   que  j'ai   pu  voir,  je 
conclus  :  Agât  vient  de  A,  Gast,  gâter,  lat.  vastara 
(changement  fréquent  de  v  en  g.)  —  et  Acas,  de 
cadere,  tomber. 

Agât  (Sp.),  s.  m.  —  Dégât,  dévastation. 
Ex.  :  Ceté  gelée-là  va  faire  ben  de  Vagât.  \\  En 
agât,  —  en  dégât,  —  en  mauvais  état. 

Et.  —  A,  Guast,  vx  mot  que  le  pat.  ang.  a  con- 
servé. V.  Gât,  et  qui  se  retrouve  dans  le  fr.  Gâter, 
Dégât,  et  dans  le  pat.  Dégâter.  Lat.  Vastare.,  ha. 
Wastan.  —  «  Une  bête  est  en  agâs,  quand  elle  est 
dans  un  champ  ensemencé.  —  Faire  de  Vagâs,  c'est 
fouler  les  récoltes  aux  pieds  des  hommes,  des 
chevaux.  »  (Borel.)  —  Poitou,  Vienne,  Deux- 
Sèvres  :  Agâter.  «  Ses  porcs  avoient  été  trouvés 
agastant  la  seille  et  avene  de  Marque  Coursant.  » 
(1473.  —  GoD.) 

Hist.  —  «  Que  leur  dict  ennemy  icy  fust  avec  ses 
forces  pour  les  surprendre,  ou  pour  faire  le  guast 
parmi  ceste  leur  isle.  »  (R.\B.,  P.  IV,  35.)  —  «  Mais 
si  le  maître  du  bétail  nioit  que  les  bêtes  eussent  été 
prises  en  agast.  «  (Coût,  de  Poit.,  I,  239,  art.  76.)  Cf. 
D' mage. 

Agate  (Mj.)  s.  f.  Marbre  (Vagate.  \\  Grosse 
bille  de  verre  coloré,  ou  de  matière  moins 
commune    que  les    billes  de    pierre    ou    de 


AGAULER  —  AGOUT 


21 


marbre,  servant  ordinairement  aux  jeux  des 
enfants.  —  Syn.  de  :  un  marbre. 

Et.  —  Curieuse.  —  Variété  de  quartz  ou  de 
cristal  de  roche.  Du  grec  Akhatès,  fleuve  de  Sicile 
près  duquel  cette  pierre  abondait.  (Litt. )  — 
D'abord  Acate,  puis  Agate,  p.  ê.  par  fausse  étymol. 
du  grec  Agathe,  d'où  Agathe,  d'où  Agathe,  nom 
propre  l(ittéralement  :  la  bonne.) 

.igaulcr  (Mj.,  Lg.,  Ts,  Sal.),  v.  a.  —  Dresser. 
Ex.  :  Il  est  ben  agaulé  à  travailler,  —  bien 
dressé  au  travail.  Se  dit  des  personnes  aussi 
bien- que  des  animaux. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Gaule.  C'est  le  bâton  qui  dresse. 
Ex.:  J'avais  des  bœufs  qui  n'étaient  pas  encore  ben 
agaulés,  — •  dressés  à  obéir  à  l'aiguillon. 

Age  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Ex.  :  Dix-huit  ans, 
c'est  la  belle  âge.  (Avoir  son  âge,  être  majeur.) 
Il  Porter  Vâge,  —  sembler  avoir  l'âge.  Ex.:  Il 
n'a  que  dix-huit  ans,  mais  il  porte  Vâge  de 
vingt-cinq.  ||  Absolument,  porter  Vâge,  — 
paraître  vieux.  ||  Homme,  femme  d'âge,  ■ — 
âgé,  ée.  Il  Les  gens  d'âge,  —  les  vieillards,  jj 
Extrait  d'âge,  —  extrait  de  naissance.  !|  D'eiu 
âge,  —  du  même  âge..  ||  Etre  dans  les  âges 
de,  —  être  à  peu  près  du  même  âge  que, 
avoir  à  peu  près  tel  âge. 

Et.  —  Du  BL.  ivtaticum,  de  œtas,  pour  œvitas, 
de  sevum  ;  devrait  être  du  féminin,  venant  de 
setatem.  (Litt.)  —  (L'est  dans  notre  patois.)  — 
Fém.  aux  xvr^  et  xvn?  s.  «  Cette  âge  ferrée.  » 
(Malh.)  —  «  Est-ce  que  nous  ne  sommes  pas  de  la 
même  âge,  toi  et  moi?  »  (G.  Sand.  Val.) 

Hist.  «  Les  années  encloses  entre  ceste  aage  cou- 
rante.  »  (Rab.,  P.  V.  Prol.  p.  48G.)  —  «  Je  suppose 
qu'elles  ne  sont  toutes  rf'M/t  aage,  mais  quel  cor- 
sage ont-elles?  »  (lu.,  ibid,  V,  28,  541.) 

Agé  (F),  ou  Agi  (Chl.),  s.  m.  —  Intervalle 
entre  l'ameillage  et  le  vêlage  ;  gestation.  Ex.  : 
Ma  vache  a  12  jours  d'âgé,  ou  d'agi.  —  Les 
taures  ameillent  plus  longtemps  de  devant  le 
terme  que  les  vaches  qu'on  a  tirées.  Ce  mot 
est  le  même  que  VAjet  de  Tlm.  et  que  le  sui- 
vant. 

Agées  (Mj.,  Sar.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  —  Les  six  jours  qui  séparent  Noël 
du  1*^T  de  l'an. 

N.  —  Le  temps  qu'il  fait  pendant  chacun  de  ces 
six  jours  est  censé  pronostiquer  le  temps  qu'il  fera 
en  moyenne  pendant  chacun  des  6  premiers  mois 
de  l'année  suivante.  On  croit  dans  nos  campagnes  à 
cette    correspondance. 

Et.  —  D'où  provient  ce  mot?  Je  lis  dans  Dollin.  : 
«  Entre  Nau  et  l'année 
C'est  le  jour  des  acheta.  »  (V.  Achet.) 

«  C'est  en  effet  un  peu  après  Noël  que  Ton  ajèle 
les  cadeaux  pour  le  1'=''  de  l'an  et  nombre  d'objets 
utiles  dans  le  ménage.  Sans  doute  à  cette  è'poque  les 
serviteurs  de  la  ferme  reçoivent  leurs  gages  et  les 
emploient  en  acquisitions.  On  prononce  Ajeter, 
pour  Acheter.  Ex.  :  Ajeter  la  bride  et  le  licou,  — 
l'anneau  et  la  chaîne  de  montre  des  fiançailles.  — 
Aghais.  Marché  à  aghais,  à  termes  de  paiement  et 
de  livraison,  que  doit  aghaiter,  ou  observer,  celui 
qui  veut  en  profiter.  Noël  était  p.  è.  un  de  ces 
termes.  (D.  C.)  —  Ager,  aget,  ajé...  Terre  rejetée 
hors  d'un  fossé  pour  former  le  terre-plein.  ||  Pot  de 
vin,  enjeu.  (Dott.)  —  N.  Toutes  explications 
données  à  titre  de  curiosité.  V.  à  Ajeti 


Agilant  (Bg.),  adj.  q.  —  Agissant,  actif, 
adroit,  débrouillard.  —  Dans  le  Bas-Maine  : 
Aguilant. 

.4gir  (Mj.),  V.  a.  — •  Agir  de  malice,  de 
rubrique,  —  de,  pour  :  avec,  jj  S'agit  —  il 
s'agit  :  S'agit  de  se  décancher.  Cf.  Faut. 

Agiyanlée  s.  f.  —  Etrennes  du  jour  de  l'an., 
V.  Aguillanneuf. 

Agiâser  ou  Eglâser  (Ec),  v.  a.  —  Glacer. 

»  J'viens  d'avaler  eine  grande  lampée  d'eau 
à  même  le  pichet  ;  j'en  se  tout  églasée,  —  j'en 
ai  le  cœur  tout  églâsé. 

Aglâsser  (s')  (Vn,  Sa.),  v.  réf.  —  Se  négliger,, 
se  laisser  tomber  peu  à  peu  en  déconfiture. 
Syn.  de  s' Abâtardir,  tomber  dans  la  canitude. 
N.  On  pron.  souvent  s'Aillâsser,  gl.  mouillé. 

—  Doubl.  de  Aclasser. 

Ag/até,  (Lg.),  adj.  q.  —  Humide,  aqueux, 
gluant.  —  Se  dit  d'un  terrain,  d'un  fruit, 
d'une  plante  racine,  d'un  pain  mal  cuit.  Syn. 
de  Aguia,  Aguiaque. 

Et.  —  Je  note  qu'on  mouille  ordinairement  la 
dipht.  gl,  mais  pas  toujours.  Cela  indique  que  Jaxjb. 
a  raison  d'écrire  :  Aglati,  Glate,  et  que  très  vrai- 
semblablement nos  mots  Aguia,  Aguiaque  sont 
mal  écrits  et  n'appartiennent  pas  à  la  famille  des 
mots  dont  la  racine  est  Aqua,  directement,  du 
moins. 

.4g/iater,  v.a.  (Lg.).  —  Tasser  la  terre,  en 
parlant  de  la  pluie.  Syn.  de  Sitrer.  Dér.  de 
Aguia  ou  Aglat. 

Aguelins,  s.  pi.  —  Laine  des  agneaux  ton- 
dus pour  la  première  fois.  Et.  Agnel. 

N.  —  H  I  n'faut  point  s'iaisser  tondre  Vaignelin 
sus  l'échiné.  »  Vx  dicton.  (Borel.) 

Agoiser  (Sp.),  v.  a.  —  Emousser,  ébrécher 
un  tranchant.  Ex.  Mon  couteau  est  tout 
agoisé,  il  ne  coupe  pus.  —  Corr.  de  Agacer. 

Agoniser  (Mj.),  v.  a.  —  Accabler.  Ex.  :  Ago- 
niser qqn  de  sottises.  —  Se  dit  à  tort. 

iigoiimi,  ie  (Sp.),  adj.  q.  —  Bouffi,  légère- 
ment enflé,  en  parlant  du  visage.  Syn.  de 
Abômi.  Dér.  de  Guunier. 

Agout  (Mj.),  s.  m.  —  Egout.  ||  Fig.  Plaie 
chronique,  suppurante.  Ex.  :  Il  a  un  agout.  jj 
à  la  jambe.  ||  Egouttement.  ||  Exuloire.  — ' 
AgouUer. 

Et.  et  Hist.  —  «  Les  servitudes  qui  ont  cause  dis- 
continue, comme  A'agoust^  de  maisons...  s'ac- 
quièrent par  30  ans.  »  (Coût.  d'Anjou,  D.  C,  V 
Fractelluin.)  —  Agoust  ;  canal,  évier,  égout.  BL. 
Agotum.  —  Agotallum,  instrument  pour  vider 
l'eau  d'un  bateau  (c'est  notre  écope).  Agotare, 
Agouster,  vider  cette  eau.  «  Les  propriétaires  de 
tous  ces  moulins  sont  tenus  d'avoir  toute  l'année, 
près  desdits  moulins,  un  petit  bateau  avec  des 
rames  (et  agotallo),  afin  que  si,  par  malheur,  un 
homme  tombe  dans  le  Rhône,  on  puisse  aller  à  son 
secours  avec  ledit  bateau.  —  Agout  de  chambres 
privées,  ç.-à-d.  conduite  de  latrines,  tuyau.  (D.  C.) 

—  Fouchard  de  Rochefort,  «  Fulcardus  de  Rupe 
forti  »,  donne  à  Saint-Maurille,  k  suum  ripaticum 
de  Sacco  Fredaldi...,  et  aguttum  super  Fossam 
Darseriam.  »  (xr^  s.,  Inv.  Ardu  S.  H.,  131,  1,  bas.) 


22 


AGOUTTER  —  AGUËRIABLE 


—  Contrat  d'acquêt  par  le  vicaire  Yves  Belliard,  de 
la  tierce  partie  des  eaux  et  agoui  appelées  les  eaux 
et  agout  anciennement  des  Barbotz.  »  1537.  {/r/., 
G.,n,  p.  253,  c.  2.) 

Agoutter  (Mj.),  v.  a.  —  Egoutter. 

Agouttoux  (Lg.),  s.  m.  —  Vase  en  terre 
cuite  percé  de  trous,  servant  d'égouttoir  ou 
de  passoire  pour  les  légumes  cuits,  le  fro- 
mage, etc. 

Et.  —  Dér.  de  Agoutter.  Cf.  Lavoux,  Battoux. 

Agojau  (Lg.),  s.  m.  —  Coyau.  Syn.  et  d. 
de  Acoyau. 

Agrailant  (Lg.),  adj.  q.  —  \".  Agrâlant. 

N.  —  La  coexistence  de  ces  deux  formes  semble 
indiquer  que  ces  vocables  viennent  non  de  l'adj. 
Gras,  mais  du  v.  Graîler,  Grâler,  bien  que  je  ne 
puisse  voir  par  quelle  association  d'idées. 

Agrâlant,  e  (Mj.,  Sal.),  adj.  q.  — Affriolant, 
engageant.  Ne  s'emploie  qu'avec  la  négation, 
ou  avec  l'adv.  guère.  Ex.  :  Pas  agrâlant,  — 
peu  abordable,  rêche,  difficile  à  vivre,  d'im 
commerce  peu  agréable,  en  parlant  des  per- 
sonnes ;  —  peu  engageant,  peu  rassurant,  en 
parlant  des  choses. . .  Il  est  agrâlant  comme 
une  porte  de  prison. 

H.  —  Agraleur,  —  flatteur.  —  «  Bel  agraleur, 
beau  menteur.  »  Proç.  du  XVI<^  s. 

Agrasya,  s.  m.  —  Pommier  ou  poirier  non 
greffe,  qui  produit  des  fruits  aigres,  d'où  son 
nom. 

Agravé  (Lg.),  adj.  q.  —  Dont  les  pieds  sont 
meurtris,  dont  la  soquille  est  usée  par  les  cail- 
loux. Se  dit  des  bêtes  à  cornes.  Syn.  et  d.  de 
Egravé.  Cf.  Jaub. 

Agraver  (Lg.),  v.  a.  —  Pour  engi-aver.  Se 
dit  d'un  bateau  qui  a  touché  sur  une  grève  et 
s'y  trouve  retenu. 

Et.  —  Grave,  gravelle,  graviau,  gravier,  grain  de 
sable.  Dans  le  Bordelais,  vins  de  Graves,  récoltés 
dans  des  terrains  secs  et  graveleux,  par  opposition 
aux  vins  de  Palus,  marais,  terres  plus  ou  moins 
humides.  —  Syn.  de  Engrever. 

Agré  ^  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  invar.  —  Com- 
mode, agréable,  aisé,  facile.  Ex.  :  C'est  point 
agré  de  illy  aller.  En  parlant  des  choses.  !|  Sal. 
Une  pelle  ben  à  gré.  [|  Sp.  En  parlant  des  per- 
sonnes, —  convenable,  de  commerce  agréable. 
Ex.  :  Il  est  ben  agré,  ceté  jeune  homme-là.  H 
Adv.  Doucement,  avec  précaution,  tran- 
quillement, posément.  Ex.  :  Pleume  donc  ta 
poire  ben  agré.  —  Je  illi  ai  dit  ben  agré  ce  que 
j'avais  à  illi  dire.  —  Syn.  de  Paré.  \\  Agré  à, 
agré  pour,  —  adroit.  |!  Exactement,  tout 
juste.  —  Il  te  illi  envoyé  ça  ben  agré  dans  le 
nez.*  Il  Etre  d'agré,  —  bien  disposé.  —  V. 
Zig.  144. 

Et.  —  Ce  mot  est,  en  réalité,  une  loc.  adv.  A  gré. 
C'est  larac.  du  fr.  Agréer,  agréable.  —  Lat.  Gratum. 
Hist.  —  «  Il  a  le  vent  agré,  il  est  en  équipage.  » 
(J.  DU  Bellay,   Les  Regrets,  p.   214.) 
—   «  l'u  vois  encor,  s'ils  te  viennent  à  gré, 
Les  pieds  des  ours  et  les  hures  fendues 
Des  vieux  sangliers...  »  (Id.,  Jeux  rustiq,  267.) 
t  Puis  je  serons  pas  au  dernier  rang,  car  moi  je 


veux  vous  entendre  ben  à  gré.  (La  Vendée  cathol., 
31  mars  1907,  page  2,  col.  1.) 

Agré  -  (Lg.)  s.  m.  —  Gré,  agrément,  con- 
sentement, assentiment,  adhésion.  —  Syn. 
de  Hait,  Assent. 

Agréiant  (Mj.),  adj.  v.  —  Plaisant.  Ex.  : 
C'est  ben  agréiant,  cet  endret-là.  —  De  Agréer 
par  épenthèse  de  Ti,  —  Dans  Agréiable,  VI 
ne  se  prononce  pas. 

Agréier  (Mj.),  v.  a.  —  Agréer,  plaire  à.  || 
S'Agi'éier,  v.  réf.  se  plaire.  Ex.  :  Il  se  illy 
agréie  ben.  ^'.  Gréier. 

Agrément  (Mj.),  s.  m.  —  Agrément.  X.  L'ê 
se  pron.  très  ouvert.  1|  Faire  des  agréments  à 
qqn,  —  tâcher  de  lui  plaire  par  des  avances, 
des  bienfaits,  des  avantages. 

Agremoire.  —  L'ne  vieille  femme,  à  Doué, 
s'appelle  la  Mère  Agremoire,  parce  qu'elle  dit 
toujours  :  «  Ça  me  siffle  .sur  la  poitrine,  c'est 
mon  agremoire.   »  Se  rapproche  de  Aigreur. 

—  J'ai  connu  une  famille  du  nom  de  Lagré- 
moire. 

Agret  (Fu)  ou  Agré  (contraire  :  malagret, 
maussade,  hargneux,  pas  commode).  Ex.  : 
Il  est  chê  ben  agret  par  le  cul  de  la  charte,  — 
c.-à-d.  tombé  juste,  tout  doucement.  —  «  II 
'tait  assiette  ben  agret  par  le  coûté  de  moi.  » 

—  N.  Faut-il  un  t?  sonne-t-il?  Ce  mot  fait-il 
agré  te,  au  fém.? 

Agricher  (Sp.  ,Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Agripper, 
se  saisir  avidement  de  .||  Fig.  —  Griveler, 
s'efforcer  de  faire  des  profits  illicites.  —  C'est 
ce  qu'on  appelle  familièrement  chiper.  Cf. 
Grincher,  même  sens  en  argot. 

Agricheur  (Sp.,  Mj.),  s.  m.  —  Celui  qui 
cherche  à  agricher.  Griveleur.  Syn.  de  Rolleux. 

Agrichonner  (Lg.),  v.  a.  —  Hérisser.  Syn. 
de  Régueillisser,  Harissonner.  ||  Part.  pas.  — 
Agrichonné,  —  hérissé,  rabougri.  —  Syn.  de 
Aregriché,  Amoucheronné. 

Agriffer,   v.   a.  —  Attirer  à  soi  avec  ses 

gi'iffes. 

Agrouer  (Mj.),  v.  a.  —  Couvrir.  ||  S'Agrouer 
s'accroupir  auprès  du  feu.  —  Action  d'une 
poule  qui  appelle  et  agroue  ses  poussins  sous 
ses  ailes.  —  Dér.  de  Grouer,  le  même  que 
Accrouer.  —  (Lg.),  id.  —  Cf.  Guérouée.  Doubl. 
de  Agréger. 

Hist.  —  «  Et  nous  mena  en  tapinoys  et  silence 
droict  à  la  cayge  en  laquelle  il  étoit  accroué.  »  (Rab., 
P.)  —  D'où  :  Grouée,  couvée  de  poulets,  —  d'en- 
fants. —  Prononc.  Guérouée.  —  Etym.  On  a  pro- 
posé le  celt.  Grounn,  amas,  réunion. 

Agroiiler  (Cho.),  v.  n.  —  Baisser.  —  Cf. 
Agrouer. 

Agua  (Mj.),  s.  m.  —  Chute  d'eau  abon- 
dante. On  dit  inséparablement  :  Ein  agua 
d'eau.  V.  Acadiau,  Agas,  Aqua. 

Aguégner  (Lg.).  \".  Agaigner. 

Aguériable  (Mj.),  adj.  q.  —  Agréable.  — -■ 
Forme  vieillie,  pron.  Aguériabe* 


AGUÉRIER  —  AGUSER 


23 


Agiiérier  (Mj.,  Pu),  v.  n.  —  Agréer,  forme 
vieillie,  de  Agréier.  Ex.  :  J'm'y  aguériais 
point,  —  je  ne  m'y  plaisais  point. 

Aguerner  (Mj.),  v.  a.  —  Epuiser,  amaigrir, 
appauvrir.  On  dit  :  Bestial  agiierné,  terre 
agueniée  ;  éter'  aguerné  de  queuque  chouse. 
—  Cf.  Greli,  agreli  (Jaub.) 

Et.  —  Fourni  de  grain  à  discrétion,  repu,  rempli. 
Le  pat.  prend  donc  ce  mot  dans  le  sens  exactement 
inverse. 

Hist.  —  «  Quand  j'ay  bien  à  poinct  desjeuné,  et 
mon  estomac  est  à  poinct  affené  et  agrené,  encores 
pour  un  besoing...  me  passerois-je  de  disner.  » 
(Rab.,  p.,  m,  15,  246.)  —  «  A  trouvé  les  bleds  sépa- 
rez du  fonds  en  l'aire  en  laquelle  les  métiviers  les 
battoient.  II  les  a  fait  agrener  et  enlever.  »  (Cous/., 
de  l'Anjou,  t.  II,  col.  68.) 

Aguérouer  (s')  (Sp.),  v.  réf.  — •  S'accroupir. 
V.  s'Amouir.  —  Rabel.  emploie  dans  le  même 
sens  le  v.  s'Accrouer.  V.  Agrouer.  Syn.  de 
s'Ecatouir,  s' Appouguenir,  ^^  Ajoupir,  s^  Assou- 
trer.  ||  Aguerrer  les  pommes  de  terre,  c'est 
rabattre  le  sillon,  le  groas  sur  le  pied.  (Mén.) 
Il  Ec.  —  Aguérouer  des  choux,  des  patates.  || 
Faire  du  guère t  (?) 

Aguerrer  (Mj.),  v.  a.  —  Taquiner,  en  pa- 
roles, un  enfant.  Ex.  :  C'est  pas  étonnant 
que  les  quenaux  des  bourgs  sont  si  ende- 
menés,  tout  le  monde  sont  à  les  aguerrer.  — ■ 
Dér.  du  fr.  Guerre  ;  doubl.  de  Aguerrir. 

.igiieuser  (s'),  v.  réf.  —  Se  mettre  à  vivre 
en  concubinage.  Ex.  :  Il  s'est  agueusé  avec 
ceté  peau-là.  ||  Se  dit  de  deux  personnes  qui 
se  marient  sans  fortune. 

Et.  —  De  A  et  Gueuse,  aux  sens  de  :  1"  fille  de 
mauvaise  réputation  ;  2°  fdle  sans  fortune. 

Agueusïr  (s')  —  v.  réf.  Devenir  gueux. 

Agiiia  (Mj.,  Tlm.,  Sp.)  ou  Aguiaque  (Tlm., 
Mj.),  adj.  q.  invar.  —  Aqueux,  humide, 
imbibé  d'eau.  Se  dit  d'un  sol  labourable. 

Et.  —  Ces  mots  sont  de  la  famille  des  mots  fr. 
Aiguë.  V.  Eau.  (Ghaudes-Aigues,  Aigues-Mortes), 
Aiguail.  Ils  se  rapportent  au  lat.  Aqua.  Ce  sont  des 
formes  corrompues,  des  doublets  du  fr.  Aquatique, 
lat.  aquaticus,  par  contract.  ou  aphérèse  de  la 
3«  syll.  Le  syn.  Aiveux,  de  Coron,  est,  lui,  un  dou- 
blet du  fr.  Aqueux,  lat.  Aquosus.  ji  Se  dit  aussi 
d'une  pomme  de  terre,  d'un  fruit.  —  N.  A  Mj.  ce 
mot  est  invar.  ;  à  Tlm.  il  fait  au  fém.  Aguiate.  — 
«  Agliat,  e.  Terrain  argileux  qui  forme  une  boue 
tenace.  Se  dit  aussi  de  tout  ce  qui  est  gluant.  (Bo- 
REL.)  —  Voir  cependant  Aglâtc,  la  note. 

Hist.  —  ((  Enfin  le  fds  du  domestique,  du  jour- 
nalier, sortait  généralement  un  pain  noir  de  l)ail- 
arge,  (igXal  et  lourd.  »  (La  Trad.,  p.  82.) 

Aguibr<^,  s.  m.,  Agiiibrée,  s.  f.  (Ag.  Ec). 
Chose  ennuyeuse,  compliquée.  Ex.  :  Quel 
tourment,  quel  aguihré  que  tout  ça  !  —  t'ne 
aguibrée,  un  attirail,  tout  un  embarras.  — 
C'est  clairement  un  doublet  du  Mj.  Enqui- 
brage  et  du  Lg.  Enchetrihl. 

Et.  —  Douteuse.  —  «  Tout  ce  qui  est  nécessaire 
pour  faire  un  voyage.  Ce  nom  vient  sans  doute  du 
nom  de  Guibray,  près  de  Falaise.  Tous  nos  petits 
marchands  de  la  Mayenne  allaient  autrefois  à  la  \ 
foire  de  Guibray.  »  (Dott.)  —  V.  le  suivant.  J 


Agiiibrer,  (Z.  14.5)  ,v.  a.  —  Organiser, 
arranger,  disposer.  V.  Aguibré. 

Aguicher,  v.  a.  —  Regarder  du  coin  de 
l'œil. 

Et,  —  Guische,  guiche,  s.  f,  tromperie,  ruse. 
Guichart,  fin,  subtil,  avisé,  rusé,  astucieux.  Angl. 
wise.  —  Robert  Guiscart  (l'Avisé)  D""  A.  Bos.  — 
«  Entre  le  dessinateur  et  la  pierreuse  des  boule- 
vards extérieurs,  frôlant  le  passant  qu'elle 
aguicJie.  »  (Le  Temps,  L'Exposition  Toulouse- 
Lautrec.   Mardi  13  décembre   1904  » 

Aguigner  (Sp.),  v.  a.  —  Guigner,  surveiller 
du  coin  de  l'œil  en  attendant  l'occasion  de 
saisir. 

Et.  —  Voici  celle  que  je  préfère.  «. .  .Le  v.  Gui- 
gner vient  de  Cuigner,  en  écrivant  cuin  à  la  picarde, 
pour  coin,  parce  que  Guigner  c'est  regarder  du  coin 
de  l'œil.  «  (GÈ^rs,  Récr.  phiL,  n,  146.)  — «Gui- 
gner, faire  signe  de  l'œil  en  clignant.  »  (D^  A.  Bos.) 

Hist.  —  RoN.SAEB,  en  pari,  de  Jupiter  qui  veut 
foudroyer  les  Titans,  dit  : 

«  Mi-courbant  son  sein  en  bas. 
Et  dressant  bien  haut  le  bras, 
Contre  eux  guigna  la  tempeste.  » 
De  nos  jours  on  serait  forcé  de  dire  :  lança  la  tem- 
pête ;    mais    quelle    différence    dans    l'énergie    do 
l'image.  (Jaub.) 

Aguilanneuf  î  Etrennes  du  jour  de  l'an. 

Et.  — ■  Très  discutée.  —  Les  suivantes,  sans 
doute,  intéresseront  le  lecteur.  «  Aguilanneu. 
Présent  du  dernier  jour  de  l'an.  «  Ad  viscum, 
annus  novus  »  en  4  mots,  réunis  en  un  par  le 
peuple.  (D.  C,  v",  Apotelesmata.)  D'où  Haguignètes, 
présents,  —  que  l'on  faisait  aux  jeunes  gens  la 
veille  de  qqs  autres  jours  de  l'année,  pour  s'y 
divertir  et  se  réjouir.  (D.  C.)  =  «  Au  gui  !  ne  vien- 
drait pas  de  Ad  viscum  ;  ce  serait  un  adoucisse- 
ment de  Aqui  (ecce  hic),  voici  l'an  neuf.  Ecce  hic 
s'est  presque  conservé  intact  dans  l'exclamation 
bretonne  :  Eguimané.  —  Quête  en  Anjou  le  premier 
jour  de  l'an.  (L.  C.)  =  Yanleu,  Ghiànleu.  Quête 
faite  pour  les  pauvres  au  premier  de  l'an  :  le  mot 
qu'ils  crient  pour  annoncer  leur  arrivée  aux  portes. 
(Dagnet.)  =  «  Une  mauvaise  étymologie  aura  fait 
introduire  le  gui  dans  cette  expression,  avec  les 
druides  et  leur  prétendu  cri  pour  expliquer  une 
coutume  où  il  n'a  rien  à  voir.  Le  mot  celtique 
eguinan  (plur.  eu,  e,  ai,  ou,  o,  selon  les  différents 
dialectes),  qu'on  retrouve  dans  toute  la  France 
sous  les  formes  de  :  guilanné,  guilaneu,  guilloneou, 
guilloné,  hoguinano,  la  guillona,  etc.,  en  Espagne, 
de  aguinaldo,  et  en  Ecosse,  de  hoginanay,  se 
retrouve  aussi  dans  le  gallois  eginyn,  et  eiginard, 
l'irlandais  eigean,  et  le  gaël-écossais  eigin.  Sa  racine 
semble  être  eg,  force,  pousse,  germe,  et  ce  n'est 
qu'avec  le  temps  qu'il  a  pris  la  signification  de  pré- 
mices, d'étrennes. 

«  .Mon  opinion,  déjà  ancienne  à  cet  égard,  -n  reçu 
la  consécration  de  la  plus  grande  autorité  philolo- 
gique de  l'Europe,  l'illustre  Jacob  Gkim.m,  qui 
m'écrivait  le  3  août  1856  :  «  Vos  recherches  ont  mis 
en  pleine  lumière  que  votre  éguinané  ne  peut  avoir 
rien  de  commun  avec  le  gui  celtique.  »  Je  vois  avec 
plaisir  son  jugement  adopté  par  mon  savant 
confrère,  M.  le  comte  Jaubert.  »  (Hersart  de  l.a. 
ViLLEMARQUÉ,  BarzQz-Breiz,  8'^  édition.  Notes  de  : 
Iva  Tournée  de  l'Aguilaneuf.  ou  des  etrennes, 
p.  4'i5.) 

i      xiguser  (Mj.,  Fu),  v.  a.  —  Aiguiser.  Dérivé 
Idu  vx  fr.  Agu,  lat.  Acutus.  —  «  Aguser  un 


24 


AHAIE  —  aïeux 


boue,  faire  un  piqueron.   »  (Fu).  —  Syn.    et 
d.  de  Aduser.  ||  Ec.  Eguser. 

Et.  Hist.  —  «  Aux  xif,  xiii«,  xiv»  s.,  Aguiser. 
BL.  Acutare,  ou  plutôt  Acutiare.  (Litt.)  —  «  Car, 
pour  ceste  heure,  j'ay  nécessité  bien  urgente  de 
repaistre  :  dents  a^ues,  ventre  vide,  gorge  sèche.  » 
(Rab.,  p.,  n,  9,  137.) 

—   «  La  fuz  occis,  comme  fureur  s'a^uise, 
Par  ung  souldart  qui  me  veoit  rendu.    » 
(G.-C.  Bûcher,  244,  p.  2.35.) 

Ahaie  (Sp.),  s.  f.  Haie.  Ex.  :  Il  est  à  charcher 
des  moures  dans  les  ahaies.  —  Syn.  de  Hâ. 

Et.  —  Le  préf.  A  provient  ici  de  l'art,  la  et  s'est 
ajouté  au  fr.  Haie,  par  une  confusion  analogue  à 
celle  qui  s'est  produite  pour  les  mots  fr.  et  pat.  : 
Lierre,  Lierru,  Labbé,  Nanse,  Niole,  Zyeux,  etc.  — 
Du  germ.  Ilaga. 

Ahanner  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Se  dit  même 
des  choses.  «  La  charte  commence  à  être  ben 
ahannée.  »  V.  Odigner.  —  Crier  de  fatigue. 

Hist.  —  «  Le  varlet,  les  chiens  et  le  cheval,  glacés 
par  leur  âpre  course,  ahannaient  bien  fort  au  dé- 
part. »  {Hist.  du  vx  tps,  p.  268.) 

Il  Ec.  —  Se  dit  des  personnes  qui  exécutent  un 
travail  qui  leur  fait  faire  :  Ahan  !  comme  aux  bou- 
langers. Travail  ahannant.  —  «  Il  est  si  guère  bas- 
tant  ;  il  ahanne  ben  à  tout  ce  qu'il  fait.  » 
Hist.  —  Esventez  ce  séjour. 

Cependant  que  y  ahanne 
A  mon  bled  que  je  vanne 
A  la  chaleur  du  jour. 
(.J.  DU  Bellay,  Aux  vents,  p.  265.) 

Ahanneter  (Mj.),  v.  a.  —  Essoufler.  — 
Ahaneté,  haletant,  essouflé.  Syn.  et  d.  de 
Ahéneté. 

Et.  —  P.-ê.  dér.  de  Haneter,  Haleter,  plutôt  que 
des  onomat.  Ahan,  Han. 

Ahargner  (Torf.,  Lg.),  v.  a.  —  Agacer, 
taquiner,  rendre  hargneux.  Syn.  de  Aquiner, 
Harguégner,   Chacrogner. 

Et.  —  Dér.  de  Hargne.  Cf.  le  fr.  Hargneux. 

A-haut  (Mj.),  s.  m.  —  L'Est,  l'Orient.  Ex.  : 
Le  vent  est  à' à-haut.  \\  S'-Laurent  à' à-haut,  — 
S'-Laurent  de-la-Plaine,  commune  située  au 
S.-E.  de  Mj.,  et  ainsi  désignée  par  opposition 
à  S'-Laurent  à'à-bas.  V.  A-bas,  —  Haut. 

Hist.  —  «  Quand  arrivent  les  crues  d'à-haui.  » 
(Anj.  hist.,  2«  an.,  n°  3,  581.)  —  «  A  la  fin  de 
l'automne,  quand  arrivent  les  grandes  eaux 
d'à-haut  ou  d'à-bas,  il  faut  ramener  au  plus  vite  les 
bêtes  à  l'étable.  »  {Id.,  n°  6,  mai  1902,  p.  578.) 

Ahéneté  (Lg.),  part.  pas.  —  Essoufflé,  hale- 
tant. On  dit  aussi  Héneté.  Syn.  et  d.  de  Aha- 
neté. 

Ahontcr  (Mj.),  v.  a.  —  Essayer  de  faire 
honte  par  des  reproches  bien  sentis  ;  rabrouer, 
morigéner,  tancer. 

Et.  et  Hist.  —  Honnir  et  Honte  avaient  la  même 
origine.  Ahonter  =  Ahonir  =  faire  hon,  en  signe 
de  mépris  pour  qqn,  p.  ext.,  le  rendre  honteux  en 
l'insultant.  De  l'ail.  Hohnen,  moquer.  (L.  C.) 

—  «  S'ils  bruslent  nos  chaz  chateilz,  nous 
sommes  ars  et  bruslez  :  et  si  nous  laissons  nos 
gardes,  nous  sommes  ahontcz.  »  (Joinville.  — 
D.  C.) 


Ahoiibi  (Lg.),  adj.  q.  —  Amaigri  par  la 
maladie,  hâve,  émacié.  Se  dit  des  hommes  et 
aussi  des  animaux. 

Ahoudri,  ie  (Sp.),  adj.  q.  —  Ahuri,  inter- 
loqué, qui  a  la  figure  renversée,  soit  d'éton- 
nement,  soit  de  frayeur. 

Et.  —  Ahuri  ;  à,  hure  ;  proprement  :  hérissé. 
L'effroi  faisant  dresser  les  cheveux,  la  tête  res- 
semble à  une  hure.  (L.  C.)  Cf.  Burra,  gros  poils, 
d'où  :  bourru  ;  hispidus,  a  formé  hisde,  hide,  d'où  : 
hideux,  et  signifie  :  hérissé.  (Scheler.) 

Ahue  !  (Mj.),  interj.  Hue  !  Sert  à  exciter 
les  chevaux,  spécialement  pour  les  faire 
tourner  à  droite.  Cf.  Huhau  !  hurhau  ! 

Et.  et  Hist.  —  «  Cri  de  plusieurs  personnes,  sur- 
tout pour  arrêter  un  criminel...  Hus  imite  le 
sifflement  poussé  contre  qqn,  —  d'où  :  huer,  huée. 
■ —  Hutz  !  ç.-à-d.  Dehors  !  (D.  C.)  —  «  Hue  et  crie 
est  un  pursuit  de  un  ayant  commis  félonie  par  le 
hault  chemin. . .  et  lui  commanda  de  faire  hue.  «  — 
Revient  à  la  clameur  de  Haro.  —  Faire  la  hue  se  dit 
des  manants  que  l'on  place  dans  les  bois  pour  faire 
lever  le  gibier.  (Id.)  —  «  Huer,  huier,  huir,  pour- 
suivre de  huées,  exciter  par  des  cris.  Hu,  Hui,  cri, 
clameur.  Onomat.  (D'' A.  Bos.) 

Ahust  î  —  Honte  !  —  Ahuster,  faire  honte. 

Aider  (Mj.),  v.  a.  ||  v.  réf.  —  S'aider  de,  — 
se  servir  de.  Ex.  :  Il  ne  peut  pas  s'aider  de 
son  bras.  ||  Fig.  Se  faire  obéir.  Ex.  :  Ceté 
sapré  gamin-là,  n'y  a  gens  de  s'en  aider  !  — 
Se  dit  aussi  d'un  animal  rétif  dont  on  ne 
peut  venir  à  bout.  —  «  Y  a  pus  d'amain  de 
s'en  aider.  »  (Z.  10). 

Et.  —  B.  L.  Adjutare,  d'une  forme  Adjutum,  de 
Adjuvare.  —  Hist.  «  Laquelle  a  esté  bien  quatre 
ans  sans  se  aider  par  ung  catarre.  »  1567.  (Im>. 
Arch.,S.  E.,  m,  332,  2.)  —  «  Laquelle  a  esté  l'espace 
de  vingt  et  trente  ans  percluse  de  pieds  et  mains, 
sens  pouvoir  un  peu  s'en  ayder.  »  (1627,  Id.,  ibid., 
385,  2.) 

Aie'  (Lg.),  s.  f.  —  Eau.  Ex.  :  Il  a  resté  ben 
de  Paie  dans  les  raises.  —  Forme  très  vieillie. 
Doubl.  de  Aive. 

Aie  -  !  Excl.  —  Cri  pour  exciter  les  che- 
vaux, il  Fu.  —  Cri  pour  exciter  les  vaches  ; 
employé  par  les  toucheux  ;  très  rarement 
pour  les  chevaux. 

Et.  —  De  aller?  (qu'il  aille  !)  —  Du  vx  fr.  Aïe, 
aide?  —  Onomat.?  —  N'exprime  pas  seulement 
une  douleur  physique  subite  et  légère,  comme  le  dit 
IIatzkei.I),  mais  encore  la  surprise  douloureuse, 
rinquiétudo,  la  commisération,  la  méfiance,  l'envie 
de  refuser,  l'indécision.  On  dit  aussi  Aite  ! 

Aie  ^  (Ac.)  —  Se  prononce  as  dans  les  ter- 
minaisons de  lieux-dits.  La  Chein-nâs  (la 
Chênaie).  —  Les  Frein-nâs  (les  Frênaies),  etc. 

Aïcn  (Segr.),  s.  m.  Ajonc.  V.  Haguin,  Jean 
Dépeigne  (Ajonc  de  peigne).  Un  balai  d'aien 
sert  à  débouser  les  vaches,  à  enlever  le  plus 
gros  ;  sert  donc  de  peigne? 

Et.  —  B.  L.  Adjotum.  —  Aguin,  petit  houx  des 
bois.  Rus-cus  aculeatus.  (Orain)  —  Ajen,  petit 
ajonc,  —  ulex  manus.  (Dott.) 

Aïcu\,  vx  mot  angevin,  s.  m.  —  Sens 
inconnu,  p.-ê.  pluies  (aive). 


{ 


AIGAPI  —  AIGUILLETTES 


25 


Ilist.  «  Il  doibt  à  perpétuité  et  à  jamais  être 
parlé  de  l'an  1615  et  1616  et  des  maux  qui  s'en 
sont  ensuiviz.  En  15  les  grands  aïeux  et  grand 
nigez  (neiges?),  si  jamais  il  s'en  est  veu  an  ces 
paix.  »  (Inv.  Arch.,  II,  E.  S.  417,  2). 

Aiitapi  (vent),  aigre,  piquant,  V.  Agapi 
(Z.  13L) 

Aigledon  (My.),  s.  m.  Edredon. 

Aigne  (Lg.),  s.  f.  —  Aîné. 

Aigneau  (Lg.),  s.  m.  —  Agneau.  Vx  fr. 
Aignel,  aigniau,  —  aignelet.  Syn.  de  Guâ, 
Zègnâ,   Igneau. 

Aigneler  (Lg.),  v.  n.  —  Agneler. 

Aignclle  (LRg.),  s.  f.  —  Jeune  brebis. 

Aigrasse  (Mj.),  adj.  q.  —  Aigret,  aigrelet. 

Aigrasseau  (Lue,  Mj.),  s.  m.  —  Arbre  sau- 
vage, pommier  ou  poirier  non  greffé.  Ainsi 
nommé  de  la  saveur  de  ses  fruits.  Enter  des 
aigrasseaux.  Le  fruit  lui-même.  V.  Egrasseau. 
Bat.  Malus  communis. 

Et.  —  Lat.  Acerbus.  —  Aigresse,  amertume, 
aigreur  ;  Aigrest,  raisin  aigre,  —  aigrun,  etc. 
(D.  G.) 

Aigrette  (Segr.,  IMj.),  s.  f.  —  Aigreur,  rap- 
port acide. 

Et.  —  Lat.  Acritudo.  —  Hist.  (G.-C.  Bûcher, 
135,  161.) 

—   «  Car  le  regret 
Chault  et  agret 
Ne  fournist  pas  à  nostre  soubzhaiter.   » 

Aigriu.  s.  m.  —  Poirier  sauvage. 

Et.  —  Acrumen.  —  Hist.  «  Nul  ne  peut  estre 
regratiers  à  Paris  de  fruit  et  à'aigrim,  c'est  assavoir 
de  aulx  ou  ongnons,  d'eschallonges  et  de  toute 
manière  de  tel  Egrun.  »  (D.  G.) 

Aiguaicer  (Mj.),  v.  a.  —  Rincer  du  linge  à 
l'eau  claire.  Syn.  de  Aiguancer,  Guéier.  Dér.  de 
Aiguë,  eau. 

Aiguailler  (Mj.).  —  V.  Egailler. 

Aigiiailloiiv  (Lg.),  adj.  q.  —  Couvert  de 
rosée.  Syn.  de  Aivâilloux.  Dér.  du  fr.  Aiguail. 

Aigiiaisser  (Mj.).  —  V.  Aiguancer.  \\  Fu.  — 
Rincer  à  l'eau  claire  ;  mener  les  chevaux  à 
l'eau,  non  pour  les  faire  boire,  mais  pour  leur 
reposer  les  jambes. 

Aiguancer  (Mj.),  v.  a.  Essanger,  passer  à 
Ti'au,  à  l'aiguë,  laver  légèrement. 

Et.  —  Ce  mot  est  de  la  famille  des  mots  fr. 
Aiguière,  Aiguail,  etc.  V.  Eau.  N.  Ne  pas  confondre 
avec  Essanger,  qui  vient  de  Exsaniare,  enlever  la 
sanie,  les  taches. 

Algue.  —  Je  donne  ici  les  variantes  de  ce 
mot,  par  curiosité  :  aighe,  aige,  aighue,  aegue, 
aeghe,  aege,  eage,  egue,  ege,  esgue,  ague, 
augue,  auge,  langue,  iauge,  eve,  ewe,  esve, 
eive,  aive,  hayve,  euve,  euwe,  yeuve,  yeuwe, 
ave,  awe,  hawe,  iave,  iauve,  yauve,  yauwe, 
hyeuve,  iawe,  iaiwe,  iauwe,  hyauwe,  eave, 
eauve,  ive,  iwe,  eyave,  ayawe,  ayeuwe, 
aiuwe,  iau,  iaul,  ial,  la,  é. 


Aiguier(Mg.),  v.  a.  —  Aiguier  les  choux  ; 
couper  la  feuille  du  bas,  toujours  en  remon- 
tant. 

Et.  —  Devrait  s'écrire  Eg/er,  et  Egier  les 
choux  signifierait  :  œilletonner.  élaguer,  enlever 
les  bourgeons  des  choux.  Du  lat.  Oculus,  œil  ; 
oculare.  —  Soit  ;  d'autant  mieux  qu'en  vx  fr.  Ei  1er 
voulait  dire  :  Regarder.  —  N.  Ne  pas  confondre 
avec  Aiguer,  arroser  :  «  Duquel  ruisseau  icellui 
Bernard  a  accoustumé  aiguer  on  riguer  ses  prez.  » 
(D.  C.) 

Aiguille.  Prononcez  égu-ille  (Mj.),  s.  f.  — 
Au  plur..  Géranium,  herbe  à  Robert.  ||  Sp., 
Lg.  —  Age  ou  perche  de  charrue.  Vieux.  || 
Levier  tenseur  de  hauban.  !|  Pieu  pour  le 
barrage  ;  chacun  des  pieux  dont  la  juxtapo- 
sition sert  à  former  le  genre  de  barrage  appelé 
Porte  (Mayenne,  Loir).  ||  Fu.  — ■  Certaines 
pièces  du  pressoir  à  long  fiit.  ||  Mj.  Petite 
gousse  de  haricot  à  peine  formée. 

Et.  —  Le  géranium,  fleur,  est  ainsi  nommé  à 
cause  de  la  forme  de  son  pistil  ;  d'un  mot  grec  qui 
signifie  :  bec  de  grue.  —  Aiguille.  Lat.  Acicula,  de 
Acu,  même  sens.  —  B.  L.  acucula.  —  Timon  de 
charrette,  de  charrue  :  «  Les  bœufs  d'aiguille  sont 
les  plus  forts,  les  mieux  exercés  de  l'attelage.  » 
(Jaub.)  —  Aiguille  de  berger,  ombellifère.  Peigne 
de  Vénus.  (Oraix.) 

Aiguillée  (Mj.),  s.  f.  — •  Sens  spécial  :  Lon- 
gueur de  fil,  d'une  aune  environ,  que  la  fileuse 
fait  en  une  seule  fois,  avant  de  l'enrouler  sur 
le  fuseau. 

Aiguillettes  (Mj.),  s.  f.  —  Pourboire.  — 
Géranium  (Mj.,  Sp.).  — •  Courir  V aiguillette. 

N.  —  Au  premier  sens  nes'emploiequ'au  pluriel. 
Petite  somme  ou  pourboire  que  l'acheteur  d'un 
bœuf  ou  d'une  vache  donne  comme  gratification  au 
domestique  qui  a  soigné  l'animal.  —  Petit  gain 
occasionnel. 

Et.  —  II  est  à  noter  que  le  fr  emploie  dans  le 
même  sens  le  mot  Epingles.  Or,  on  constate  que 
l'espagnol  Aguinaldo  signifie  Présents  de  Noël; 
que,  dans  le  pat.  percheron,  on  trouve  Eguilas  -, 
dans  le  pat.  haut  normand,  Eguinètes,  ou  Agui- 
nètes  ;  dans  le  pat.  chartrain,  Eguilables,  dans  le 
sens  de  Etrennes.  Notre  mot  Aiguillettes  se  rat- 
tache évidemment  à  ceux-là  et  dérive  comme  eux 
du  mot  Guillanneu  ou  Guillannée.  D'où  il  faut 
conclure  que  c'est  par  une  confusion  de  mots  et  seu- 
lement par  imitation  que  le  mot  Epingles  est 
employé  dans  le  sens  d' Aiguillettes,  qui,  étymolo- 
giquement,  est  le  vrai  mot,  le  mot  propre.  (R.  O.) 
—  «  Si  M"^«  la  maréchale  eust  bien  des  esplingues 
des  esmoluments  de  l'armée,  son  mary  ne  faillit 
pas  encore  d'avoir  plus  richement  ses  esguillettes. 
(LiTT. )  —  Ne  serait-ce  pas  une  ancienne  habitude 
de  remettre  après  un  marché  un  paquet  d'aiguilles, 
de  là  :  aiguillettes  1  (Mén.)  —  Pot  de  vin.  Je  me  suis 
laissé  dire  que  les  garçons  bouchers  ou  charcutiers 
fournissaient  jadis  les  petites  aiguilles  de  bois,  ou 
aiguillettes,  nécessaires  pour  dresser  la  viande,  et 
que  les  gratifications  qu'ils  recevaient  en  retour  en 
avaient  pris  lo  nom,  qui  s'était  étendu  à  tous  les 
genres  de  pourboire.  C'est  à  prendre  ou  à  laisser. 
(De  Moxt.)  —  Je  laisse.  (A.  V.) 

Deuxième  sens.  Syn.  de  Aiguilles. 

Troisième  sens.  «  Courir  V aiguillette,  c'est  avoir 
une  vie  de  désordre. .  .  Il  y  avait  en  Anjou  des 
noueux  d'aiguillettes  ou  devins  (jui,  par  des  malé- 
fices, empêchaient  le  rapprochement    des   jeunes 


26 


AIGUSURE  —  AIRETTE 


époux.  On  nouait  un  lacet  en  prononçant  certaines 
paroles  pendant  la  célébration  du  mariage.  On  pas- 
sait pour  frapper  d'impuissance  un  des  conjoints. 

(MÉN.) 

Aigiisure  (Lg.),  s.  f.  Aiguisage.  —  Affûtage 
d'un  outil.  V.  au  Folk-Lore. 

Ail-à-la-pie  (Lg,),  s.  m.  —  Petite  liliacée  à 
odeur  d'ail,  trop  commune  dans  les  champs. 
Syn.  de  Aillette,  Cive-à-la-grolle.  Bat.  Allium 
vineale. 

Ail-à-toupet,  s.  m.  —  Muscavi  comosum. 
Il  Et  de  l'ail  !  et  plus.  Ex.  :  Ça  m'a  coûté 
25  pistoles  et  de.  l'ail.  \\  Lg.  —  Syn.  de  Ailletie, 
Cive-à-la-Grolle. 

Ailées  (Segr.),  s.  f.  —  Envoyer  tout  aux 
ailées,  —  envoyer  promener. 

N.  —  Ailée,  galop.  On  disait  en  ce  sens  :  Bailler 
es  ailées  à  un  cheval,  —  pour  :  mettre  un  ctieval  au 
grand  galop.  (L.  C.) 

Aileteaii  (Mj.),  s.  m.  —  Demi-fronton,  en 
forme  de  triangle-rectangle  au-dessus  d'un 
mur  ou  d'une  porte  d'appentis.  Au  Lg.  Ale- 
ieau.  —  Fr.  Aile. 

Aillaiime,  s.  m.  —  Inula  helenium,  plante 
à  l'odeur  ou  au  goût  d'ail  (Mén.). 

N.  —  Aillau,  aillou.  Le  même  que  Ail  d'aspi. 
(Jaub.) 

Aillet.,  s.  m.  —  Ail  à  la  serpent  (Mén.). 

Hist.  —   «  Comment  mangerez-vous  cette  oye. 
A  l'aillet  ou  à  la  poyvrade?  (God.) 

Aillette  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  liliacée,  trop 
commune  dans  les  récoltes.  Syn.  de  Cive  à  la 
grolle  et  de  Ail  à  la  pie.  Dimin.  du  fr.  Ail.  V. 
Aillou. 

N.  —  L'odeur  alliacée  de  cette  plante  se  retrouve 
dans  ses  graines,  qu'il  est  très  difficile  de  séparer  du 
blé  et  qui,  outre  qu'elles  communiquent  au  pain  un 
goût  désagréable,  ont  l'inconvénient  d'engraisser 
les  meules  des  moulins 

Ailleur,  Aïeur,  Hieur  (Lue).  —  Prime,  pré- 
coce. Ex.  :  Des  cerises  ailleures,  ou  primes.  — 
Syn.  de  Jouanet.  A  Ec.  on  prononce  Ailleûre, 
des  fruits  ben  ailleures,  —  l'a  très  bref,  l'u 
très  long. 

Et.  —  Vx  fr.  Aïer,  chaleur? 
Hist.  —   «  Bel  Accueil  qui  sentit  Vaier 
Du  brandon,  sans  plus  délaier 
M'octroia  ung  baiser  en  don. . .    » 

(Rom.    de    la    Rose.) 
—  Mayere.    Primeurs    qui    viennent    en    mai. 
«  Autre  chose  est  des  fruits  naturels,  comme  noix, 
foin,  mayeres,  pommes,  poires.  »  (C.  G.,  n,  389.) 
Voilà  peut-être  l'explication  du  mot. 

Aillir  (Li.,  Br.),  v.  n.  —  Partir,  abandonner 
sa  couvée  en  parlant  d'un  oiseau.  Un  nid 
âilli,  abandonné.  Ex.  :  Il  a  été  voir  le  nid,  ça 
l'a  fait  âitli.  Y.  Hadir,. 

Aillou,  s.  m.  —  Petit  ail,  oignon  à  la  grolle. 
Aillou  blanc.  Dame  d'onze  heures.  Oriiilho- 
galum  unbellatum  (Mén.),  Bat. 

Aiiu  (partout),  s.  m.  —  Hameçon. 

Et.  —  Du  lat.  hamum.  Devrait  s'écrire  Haim. 
Devenu  Ain,  puis  hain,  par  réaction  étymologique. 


On  dit  même  :  un  naim,  par  la  réunion  de  l'n  de 
l'article  indéfini.  —  A  Saumur,  gamins,  nous 
disions  :  Je  vas  acheter  pour  un  sou  de  nains. 

Aime,  Aimant  (être  en  )  (Sal.).  —  Etre 
incertain,  irrésolu.  V.  Naime. 

Ain  (Mj.),  s.  m.  —  Aîné.  Ex.  :  Il  a  ein  dépôt 
dans  Vain. 

Et.  —  Lat.  Inguen  ;  d'où  :  eingne,  aigne,  ain.  Cf. 
Irain,  Châtain. 

Ainsi  î  (Mj.),  interj.,  équivaut  à.  —  Vous 
voyez  donc  bien  !  Et  vous  croyez  !  —  Ex.  : 
Tu  voudrais  l'avoir  pour  40  écus,  et  moi  qui 
ne  le  donnerait  pas  pour  50  !  Ainsi  ! 

Aint  (Z.  153).  —  Prononciation  de  Aient, 
terminaison  de  la  3^  pers.  plur.  Ex.  :  Ils  bat- 
taint,  buchaint,  —  pour  :  battaient,  bûchaient 

Air,  Ar  (iNIj.),  s.  f.  —  Aspect.  ||  Air  passant, 

—  vent  coulis. 

Et.  et  Hist.  —  L'étymol.  est  assez  compliquée.  — 
Fut  du  fém.  aux  xr'  et  xrP  s.  —  Lat.  popul.  Aéra, 
devenu  fémin.  à  cause  de  sa  terminaison.  (Au  lieu 
de  Aerem.)  —  Fém.  dans  la  Chanson  de  Roland. 

—   «  Car  son  aspect,  Yair  sereine  et  acovse.  » 

(G.-C,  Bûcher,  196.) 

.Airain  (Mj.,  Fu),  s.  m.  —  Laiton,  cuivre 
jaune.  Chaudron  à' airain,  —  ch.  à  confitures. 

—  C'est  le  fr.  dans  un  sens  voisin. 

Hist.  —  «  Le  suppliant,  par  manière  d'esbate- 
ment,  vestu  d'un  surpeliz  ou  roquet  de  toile,  prinst 
un  pot  A'arain  en  quoy  il  avoit  de  l'eau  et  un  vipil- 
lon  (goupillon)  dont  il  enrosoit  en  alant  par  le 
chemin  les  gens  qu'il  trouvoit.  »  (D.  C.)  —  Proven- 
çal, aram,  cuivre.  Ital.,  rame  ;  i  rami,  les  cuivres 
de  l'orchestre.  Lat.  Œramen.  (D''  A.  Bos.) 

Aireau  (Sp.)  s.  m.  —  1°  Cour  qui  précède 
une  ferme.  Du  fr.  Aire;  lat.  Area.  ||  Syn. 
de  Echalons.  —  2°  Sorte  de  charrue  ou 
d'araire;  aratrum  (Sp.).  —  3°  Syn.  de 
Erielle.  —  4°  Lg.  Ensemble  des  bâtiments 
d'une  ferme  et  cours  attenantes.  —  5°  Nom 
de  lieux-dits.  V.Fock-Lore,  Noms  propres  :  A. 

Hist.  —  «  Le  cinge  ne  garde  poinct  la  maison 
comme  un  chien  ;  il  ne  tire  pas  Varoy  comme  le 
bœuf.  ))  (Rab.,  g.,  I,  40.)  —  Les  Aireaux  ;  nom  de 
localité  fort  répandu.  Dér.  de  Airal,  maison,  loge- 
ment. (Jaub.)  Cabane  (dans  le  Centre),  terrain  de 
médiocre  qualité.  (Sud.)  —  A  Louhans,  il  y  avait  la 
rue  des  Aireaux,  terrains  bas,  marécageux.  (Guil- 

LEMAUT.) 

Airer  (Mj.),  v.  a.  —  Aérer  (Airer,  en  bon 
franc.,  veut  dire  :  faire  son  nid,  en  parlant  de 
l'aigle.) 

Hist.  —  «  S'aerier,  —  respirer,  prendre  l'air. 
(D.  C,  Exaureare.)  —  «  Aire,  ée,  —  en  bel  air.  Ex.  : 
Cette  maison  est  bien  airée.  (Jaub.)  —  «  Ayres  ces 
dras  de  paour  de  vers.  >•  (Palsgr.we,  Eclaircisse- 
ment de  la  lani;ue  franc.,  p.  419.)  —  «  Depuis  nous 
estre  débarqués  et  fait  airer  notre  navire  et  le  laver 
avec  de  l'eau  de  mer  tous  les  jours. . .  nous  jouis- 
sions d'une  parfaite  santé.  »  (Moisv.) 

Airette  (Vn.,  Segré).  —  Plante-bande  dans 
le  milieu  d'un  jardin  ;  petite  aire. 

N.  —  On  dit  à  une  personne  qui  n'a  que  qqs  poils 
au  menton  :  «  Tu  as  une  barbe  de  jardinier  :  les 
chiens  chient  dans  les  airelles.   »  Ce  qui  veut  dire 


AIRGNÉ  —  AJOPPIR 


27 


que  cette  personne  a  la  barbe  très  clairsemée  et 
qu'il  y  a  de  petites  allées. 

Airgné  (Lg.),  s.  m.  —  Araignée.  Syn.  de 
Irain.  Cf.  Arigné.  —  Pat.  norm.  Eragnie. 

Airigné,  s.  f.  —  Araignée  en  fer,  pour  retirer 
les  sceaux  des  puits.  Lat.  Aranea. 

Airnette  (Lg.),  s.  f.  —  Rainette.  Syn.  et  d. 
de  Arnette. 

Airiire  (Mj.),  s.  f.  —  Toute  façon  donnée  à 
la  terre,  labour,  binage,  hersage,  etc.  1|  Par 
extension,  toute  opération  agriculturale  : 
semailles,  moisson,  taille,  attachage,  ébour- 
geonnage  de  la  vigne,  etc.  —  Pat.  norm. 
Ereure. 

Hist.  —  «  L'achateur  sera  payé  de  ses  airures.  » 
(GoD.,  v°  Areure.) 

Ais.  Cette  syllabe  se  prononce  â  à  S'-Julien- 
de-Vouvantes  :  La  Coutançâ,  pour  La  Cou- 
tançais. 

N.  —  Et  en  beaucoup  d'autres  lieux  :  La 
Poëze,  etc.  Noms  de  fermes  :  Gautràs,  pour  Gau- 
trais.  Cf.  Varannas,  Quoue  de  l'ilàs. 

Aisance  (Mj.),  s.  f.  —  D'aisance,  —  aisé- 
ment, facilement.  Ex.  :  Ça  n'allait  pas  d'ai- 
sance. 

Et.  —  Incertaine.  —  (Fu).  «  Si  je  r'culions  la 
tab',  ça  donnerait  berchouse  d'aisance  (de  place). 

Aisé  (point)  (Z.  144).  —  En  colère.  Pro- 
noncé Aizeu.  Au  N.  de  la  Loire.  —  Avoir  l'air 
point  aisé.  \\  Mj.  Absolument  :  facile  à  cultiver 
à  arranger.  Ex.  :  C'est  eine  terre  tout  à  fait 
aisée. 

Et.  —  C'est  le  part.  pas.  de  l'ancien  v.  fr.  Aiser, 
—  faciliter,  rendre  aisé.  |1  Fu.  «  C'est  ben  aisé  à 
faire,  ou,  c'est  ben  aisé  de  faire.  » 

Aisgiié,  adj.  q.  — ■  Mêlé  d'eau. 

Hist.  —  «  Du  vin  aisgué  séparoient  l'eau,  comme 
l'enseigne  Caton.  »  (Rab.,  G.,  i,  24.) 

Aisiiiient  (Mj.),  adv.  —  Aisément.  ||  Lar" 
gement.  Ex.  :  Y  en  a  aisiment  deux  boisseaux- 
Il  Volontiers.  Ex.  :  Ben  aisiment  il  te  illi  arait 
foutu  son  poing  sus  la  goule. 

Aissellée  (Mj.).  Prononc.  Ais'-lée,  s.  f.  — 
Brassée,  ce  qu'on  peut  porter  sous  le  bras. 
Ex.  :  Donne  donc  une  aisselée  de  choux  aux 
bœufs,  au  bodin. 

Et.  —  Du  fr.  Aisselle.  Lat.  Axilla. 

Aïte  !  (Mj.),  interj.  —  Sert  à  exciter,  à 
pousser  un  animal.  ||  Syn.  de  Aïe.  —  Se  \)vo- 
nonce  en  une  syllabe. 

Aivail  (Mj.),  s.  m.  —  Aiguail,  rosée,  serein. 
De  Aiw..  Cf.  le  fr.  Aiguail.  —  Syn.  de  Ouste. 
\  .   Eau. 

Aivàilloiix  (Lg.),  adj.  q.  —  Aqueux.  Se  dit 
des  fruits,  des  plantes  racines.  —  Syn.  de 
Aguia,  Aguiaque.  Syn.  et  d.  de  Aiguâilloux.  — 
Dér.  de  Aive.  V.  Éau. 

Aive,  Eve,  (Sp.),  s.  f.  —  Eau.  Ce  mot,  qui  a 
beaucoup  vieilli,  est  un  doubl.  du  fr.  Aiguë, 
comme  Aivail  est  le  doubl.  de  Aiguail,  comme 
Evier  est  le  doubl.  de  Aiguière.  V.  Baller. 


Hist.  : 

«  Séchons  (soyons)  rendus  tout  dau  premay 

Pre  le  besay,  pre  l'adoray, 

Pre  chauffer  ses  drapias, 

Pre  buffay  son  feu,  pre  tiray 

De  Vève  en  ses  seillas. 

(La  Trad.  —  p.  201,  22-25.) 

—  «   Et    d'un   ruissel    a   travers    undoyant, 
Eaue  semblant  céleste  et  assurée. 

(G.-C.  Bûcher,  71,  p.  119.)  Syn.  et  doubl.  de  Aie. 

—  «  Portant  deux  cruches  dans  ses  mains,  elle 
s'était  présentée  au  portail  d'entrée,  gardé  par  une 
sentinelle  qui  refusa  d'abord  de  la  laisser  passer.  — 
Où  vas- tu?  lui  dit  le  soldat.  —  Trécher  de  Vive, 
répondit  la  comtesse,  laissez-mè  passer.  —  Et  elle 
passa.  »  (Deniau,  Hist.  de  la  Vendée,  vi,  591.)  — 
V.  les  mots  ci-dessous. 

Aivée  (Sp.,  Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Temps  plu- 
vieux, forte  averse.  —  De  Aive.  V.  Eau.  \\ 
Chute  d'eau,  grande  quantité  d'eau.  Ex.  : 
Il  a  tombé  eine  aivée  d'eau.  Syn.  de  Aca  ou 
Aqua. 

Aiveux  (Coron),  adj.  quai.  —  Aqueux.  Ex.  : 
J'aime  pas  ben  les  tôpines,  c'est  trop  aiveux. 
Syn.  de  Aivâilloux.  V.  Eau. 

Ajacer  (Mj.),  v.  n.  —  Etre  adjacent.  Ex.  : 
Son  pré  ajace  à  la  rivière.  Cf.  Jouxter. 

Et.  —  Lat.  Ad.  jacere  (gésir). 

Ajancer  (s')  (Sar.),  v.  réf.  S'installer.  — 
Devrait  s'écrire  Agencer. 

Et.  —  De  A,  Gent,  adj.  ;  rendre  gent,  gentil, 
embellir.  B.  L.  gentus,  pourgenitus. 

Ajet  (Tlm.),  s.  m.  —  Léger  excédent  de 
poids  que  le  marchand  ajoute  en  surplus 
d'une  pesée.  Ex.  :  Il  est  bon  vendeur,  il  met 
dera/'e<.  Cf.  Agé,  Agi.  Syn.  de  Crèssion,  Amen- 
dillon. 

Et." —  Du  lat.  Adjectum,  ajouté  à.  Syn.  de 
Trait.  —  N.  .Je  trouve  ici  l'origine  tant  et  si  vaine- 
ment cherchée  par  moi  de  ce  remarquable  mot,  que 
j'ai  orthographié  Jijées,  et  qui  est  usité  à  Mj.  et  à 
Sa.,  mais  non  à  Tlm.  —  H  faut  l'écrire  Ajets,  et  les 
Ajets  sont  proprement  les  jours  complémentaires 
de  l'année,  laquelle,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  finissait 
jadis  à  Noël.  Ce  sont  les  Adjectœ  aies.  (R.  0.) 

N.  —  «  Les  Vendéens,  ajoute  le  même  auteur 
(BouRNisEAUX),  croient  que  la  température  des 
mois  de  mars,  d'avril  et  de  mai  dépend  de  celle  des 
fêtes  de  Noël.  S'il  fait  beau  le  jour  de  Noël,  le  mois 
de  mars  sera  beau  ;  s'il  gèle  le  lendemain,  le  mois 
d'avril  sera  froid  ;  s'il  pleut  le  jour  de  la  dernière 
fête,  le  mois  de  mai  sera  pluvieux,  et  vice-versa.  Hs 
appellent  ces  trois  fêtes  de  Noël  les  Agets  (sic.)  — 
(Deniau,  Hist.  de  la  Vendée,  i,  83.)  —  On  voit  que 
ce  n'est  pas  exactement  la  même  chose  qu'à  Mj.  et  à 
Sa. 

Ajeter  (Mj.,  Sp.),  v.  a.  —  Acheter.  Ex.  : 

—  «  Quand  je  vois  porter  des  lunettes 

A    des    gens    qui    s'en    passeraient    bien. 
Je  me  dis  .-  Faudra  qu'j'en  aiète 
Pour  en  fjsir'  porter  à  mon  chien  !  » 

{Chanson  popul.) 

Ajoiiulro  (Lg.),  v.a.  —  Aveindre,  atteindre. 
Syn.  de  Avoindre,  Avrer. 


Ajoppir  (s')  (Sar.), 
Ajoppi,  —  accroupi. 


v.  réf.  s'Accroupir.  — ■ 


28 


AJOUPIR  —  ALISE 


Ajoupir  (s')  (Tlni.),  v.  réf.  —  S'accroupir. 
Syn.  de  s^Amouir,  s^EcaLouir,  s' Appouguenir, 
s' Aguérouer,  s' Assoutrer.  (Zigz.  132  et  134.) 

Hist.  —  «  Ainsi  ajoppée  et  bien  lavée.  »  (B.  de 
Verville,  m.  de  parv.,  n,  2.)  —  Cependant  le  sens 
n'est  pas  le  même  :  «  Anciennement,  le  mot  Juppé, 
dont  ajopper  paraît  être  composé,  signifiait  en 
général  un  vêtement  propre  à  mettre  par-dessus 
l'habit  ou  la  robe.  De  là  on  a  pu  dire,  en  parlant 
d'une  paysanne  qui  avait  mis  un  garde-robe,  espèce 
d'habillement  de  toile  qui  servoit  à  conserver  celui 
de  dessous,  qu'elle  étoit  ajoppée.  (La  Curne,  qui 
cite  le  passage  ci-dessus.) 

Ajouqucr  (Lg.),  v.  a.  —  Mettre  sous  le 
joug,  ds  bœufs.  Syn.  de  Lier. 

Et.  —  Du  fr.  joug.  —  N.  Le  durcissement  de  la 
finale  de  ce  verbe  confirme  la  supposition  que 
j'avais  faite  de  l'identité  de  Joue  avec  Joug.  (R.  O.) 

Ak  !  Exclamât,  de  dégoût.  —  On  dira  à  un 
bébé  :  Ak  !  ne  touche  pas  à  ça,  c'est  pékias 
(sale).  V.  Hac  avec  aspiration. 

Aladrer  (Lg.),  v.  a.  —  Amollir,  rendre 
paresseux,  aveulir.  Syn.  de  Haquenir,  Ani- 
queler,  Avesser,  Anianter,  Afainianler,  Acai- 
gner,  Acaignarder.  Dér.  de  Ladre. 

Alarte  (Mj.),  s.  f.  —  Alerte. 

Alayer  (s')  (Pell.),  v.  réf.  —  Donner  de  son 
lait  d'un  jet  continu,  en  parlant  d'une  vache. 
Syn.  de  Affiler,  Elaiguier. 

Et.  —  Le  comte  Jaubert  propose  Alleviare, 
alléger,  soulager.  Alayer  une  vache,  c'est  la  disposer 
à  donner  son  lait.  —  Pourquoi  ne  pas  tirer  ce  mot 
d'un  verbe  tel  que  :  Allactare,  allactitar=!  ;  de  lac, 
lait? 

Albote  (Q.  Zig.  171),  s.  f.  • —  Petite  grappe 
de  raisin  poussé  hors  de  saison. 

Alçons,  Aleçons  (Pc).  —  V.  Arçons.   . 

Et.  —  De  Arcus,  forme  recourbée  en  arc.  — 
Arcionem,  sarment  de  vigne  qu'on  recourbe  pour 
qu'il  donne  plus  de  fruits. 

Alcooleiix  (Lg.),  adj.  quai.  —  Alcoolique, 
riche  en  alcool. 

Alégant  (Mj.),  adj.  quai.  —  Elégant. 

Aleteau  (Lg.),  s.  m.  —  Demi-fronton.  Syn. 
et  doubl.  de  Aileteau. 

Alets  (Sp.),  s.  m.  —  S'emploie  surtout  au 
plur.  —  Grande  plante  bulbeuse,  très  com- 
mune dans  les  bois,  et  dont  les  feuilles  pilées 
sont  données  en  pâture  aux  cochons.  La 
plante  fleurit  en  juin.  C'est  l'asphodèle.  Syn. 
de  Jalels,  Pirotes. 

Alcuser,   Alouser  (Segr.,  Craon,  Maug.),  v. 
a.  Flatter,  mais  pour  tromper,  sens  péjoratif. 
Et.  —  Lat.  Ad-laudare? 

Alfassicr  (Lue),  s.  m.  —  Terme  de  mépris. 
V.  Herquenier  et  le  suivant  : 

Alfessier  (Pc,  Mj.,  Lg.,  Sal.,  etc),  Alfos- 
sier  (Peli.),  s.  m.  —  Escogriffe,  homme  mal 
bâti  et  de  mauvaise  mine,  jrelampier.  \\  Cou- 
reur de  filles.  Il  Vagabond,  breulier.  Syn.  de 
Treulier,  harquelier,  Frelampier. 
Et.  —  Hist.  —  Terme  de  mépris  pour  désigner  un 


homme  de  rien,  un  Jean-Fesse.  (Jaub.,  Dott.)  — 
«  Mais  {que  pis  est)  les  oultragèrent  grandement, 
les  appelant  trop  diteux,  brèchedents,...  faict- 
néants,  friandeaux,  bustarins,  talvassiers...  (Rab., 
G.,  I,  25.)  Faut- il  rapprocher  notre  mot  de 
celui  de  Rabelais?  C'est  peu  probable.  —  Un  de  mes 
amis  me  disait  qu'il  lui  connaissait  le  sens  de  : 
Grand  Alfessier  ;  grand  danseur,  gauche  et  dégin- 
gandé d'une  noce  de  village  et  rappelait,  plaisam- 
ment, ce  vers  de  Virgile  : 

«  Saltantes  satyros  imitabitur  Alphœsibœus.  » 

—  J'y  verrais  tout  simplement  le  mot  Fessier, 

avec  le  préf.préjor.  Al;  l'homme  aux  maigres  fesses. 

Alibartiner  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  S'écarter, 
prendre  des  habitudes  de  vagabondage  et  de 
sauvagerie,  en  parlant  des  animaux  domes- 
tiques. Ex.  :  Nous  canes  s'alibarlinaient.  Du 
fr.  libertin,  avec  la  terminaison  verbale. 

Alicher,  Alichonner.  V.  ces  mots  par  2  1. 

Alichon,  s.  m.  — C'est  le  français  AUuchon, 
dent  d'engrenage. 

Hist.  —  1703.  Sépulture  de  Michel  Gillet 
«  lequel  étant  aux  moulins  de  Pons,  s'est  embar- 
rassé entre  la  roue  et  les  alichons  et  y  a  péri.  » 
[Inv.  Arch.,  n,  E.  S.  408,1) 

Aliette  (Zig.  155).  —  Nom  de  baptême.  V. 

F.  LORE,  XI,  c. 

Hist.  —  «  Le  prieuré  de  la  Papillaye,  distant 
d'une  lieue  d'Angers,  a  été  fondé  par  un  nommé 
Herbert  et  Allicia  sa  femme.  »  (Brun,  de  Tarti- 
FUME,  Phil.  p.  75.)  —  Ce  prénom  se  trouve  dans  un 
passage  des  Gwerziou  Breiz  Izel.  Chants  populaires 
de  la  Bretagne.)  Ltjzel.) 

Alignage  (Ag.),  s.  m.  —  Expression  des 
ouvriers  d'à-bas  dans  les  carrières  d'ardoises. 
L'alignage  de  la  pierre  est  l'opération  qui 
consiste  au  renversement  des  blocs  de  rocher 
(Mén.).  V.  Alignoirs. 

Alignoirs  (Ag.),  s.  m.  —  Petits  coins  qui 
servent  à  débiter  en  petits  morceaux  les 
schistes  avec  un  marteau, 

Hist.  —  «  Deux  lievez  et  un  mail  et  plusieurs  pis 
et  alignouers.  (1410.  Angers,  manuscrit  CC3,  f<»145).o 
et    alignouers.     (1410.     Angers,    manuscrit    CC    3, 

f°  145.') 


Alinoter  (Sp.) 
Svn.  de  Piétrir. 


—  Dépérir,  maigrir. 


Aliron  (Cp.,  Fu),  s.  m.  —  Lérot,  liron.  On 
dit  proverbialement  :  Dormir  comme  un 
liron.  —  C'est  Liron,  avec  un  a  prosthétique 
peu  explicable.  Syn.  de  Rat-liron.  Ce  dernier 
pourrait  expliquer  l'a. 

Et.  —  Du  lat.  popul.  Glironem,  loir  gris,  dit 
aussi  :  lérot.  Lat.  class.  Glirem,  d'où  :  1ère,  leir, 
loir.  Hist.  —  «  Soubdain  deviennent  gras  comme 
glirons,  ceux  qui  i)aravant  estoyent  maigres  comme 
picz.  1)  (Rab.,  P.) 

.41ise,  Alizé  (Segr.),  s.  m.  —  Petit  pain  ou 
petit  gâteau  moins  cuit  que  le  pain  ordinaire 
et  peu  levé.  {Mty.).  V.  Alli.  Syn.  de  Galette  à 
la  fouée. 

Et.  et  Hist.  —  «  Aliz,  compact,  serré,  d'où  pâte 
alixe,  qui  n'est  point  levée.  «  Ly  rois  Philippe 
establi  que  les  talemelliers  (boulangers,  pâtissiers) 
demourans  dedens  la  banlieue  de  Paris  peussent 
vendre  leur  pain  reboutiz,  c'est  assavoir  leur  relTuz, 


ALITIÉRER  —  ALLER 


29 


si  comme  leur  pain  raté,  que  rat  ou  soris  ont 
entamé,  pain  trop  dur,  ou  ars  (brûlé),  ou  échaudé, 
pain  trop  levé,  pain  aliz,  pain  mestourné,  c.-à-d. 
pain  trop  petit,  qu'ilz  n'osent  mettre  à  estai.  »  — 
«  Les  habitants  (de  S'  Belin)  peuvent  construire 
petiz  fours  en  leurs  hostelz,  ciiacun  d'une  aune  de 
Provins  de  tour,  pour  cuire  flaons  et  pastes  alixes, 
sans  ce  qu'ilz  y  puissent  cuire  pastes  levées  en 
forme  de  pain.  »  (D.  C.)  —  «  Cette  galette  est  toute 
aliae,  aile  est  bonne  pour  les  chiens.  »  (Borel.)  — 
«  L'adjectif  alis,  e,  compact,  serré,  se  trouve  dans 
le  vx.  fr.  (Voir  Roquefort.)  —  «  Il  y  a  d'autres 
terres  qui  sont  si  alises  ou  si  peu  poureuses  que 
pout  ces  causes  ceux  qui  en  besognent  sont  con- 
traints d'y  mettre  du  sable.  «  (Bernard  Palissy, 
Disc,  adrnir.,  p.  369.)  —  Cf.  Aliat,  compact,  du  vx. 
fr.  Ailiéer,  allier,  aligéer,  lier,  joindre,  unir,  en  lat. 
Alligare,  d'où  Alliage.  (Éveillé.) 

.ilitiérer  (Sa.),  v.  a.  —  Garnir  de  litière. 
Composer  comme  Aliter,  de  lit  ;  lit  de  paille. 

.iliant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Ingambe,  dis- 
posé à  marcher,  à  sortir,  à  voyager.  Ex.  :  A 
n'est  guère  allante  de  ceté  temps-là.  —  Cf. 
Faisant,  donnant.  ||  Des  allants  et  des  ve- 
nants, —  des  haricots  cuits  !!  —  Ou  plutôt 
qui  cuisent. 

Hist.  —  «  Va  dans  le  Bocage,  Adélaïde,  tu  es  plus 
allante  que  moi.  »  (R.  Bazin.  La  Terre  qui  meurt.) 

—  «  C'était  une  grosse  et  grande  créature,  fort 
allante,  couleur  de  soupe  au  lait.  (S.  Simon.  Méni.) 

Alluponner  (JU.)  —  Amonceler  en  petits 
tas. 

Aile  (partout),  pron.  pers.  —  Elle,  Elles.  — 
S'emploie  seulement  devant  une  voyelle.  Ex.  : 
Aile  entend  haut  ;  Aile  ont  dit.  —  N.  Cette 
forme  est  exclusivement  employée  comme 
cas  sujet.  Le  cas  régime  est  lelle  et  au  plur. 
lelles,  leules,  Eulles.  \\  Fu.  Aile,  elle,  sujet. 
Les  régimes  sont  :  1"  leûs.  Ex.  :  J'/eus  ai  ren 
dit  ;  20  lés.  Ex.  :  iHes  ai  point  vuses  ;  3°  let, 
au  sing.  —  Ex.  :  J'ous  (ça)  ai  dit  qu'à  let.  ; 
4°  i,  au  sing.  —  Ex.  :  J'i  ai  dit  qu'a  pouvait 
venir. 

Elle  qui,  Elles  qui,  se  disent  :  let  qui.  «  C'est 
let  qui  m'ous  a  dit  ;  c'est  let  qui  nous  ont  dit. 

—  Enfin  (1''''  ex.)  leûs  est  souvent  mouillé  en 
ieux  :  J'ieux  ai  ren  dit.  —  Rem.  Leus  et  Lés 
s'emploient  au  plur.  des  deux  genres,  comme 
leurs  correspondants  français  :  leur  et  les. 
I  s'emploie  aussi  au  masc.  «  J'i  ai  dit  qu'i 
pouvait  venir.  » 

Allée  (Mj.),  loc.  :  D'allée  et  de  venue,  —  à 
l'aller  et  au  retour.  —  A  Sp.  on  dit  :  D'allée 
que  de  venue  ;  ellipse  pour  :  tant  d'allée  que 
de  venue. 

Allegir".  Prononc.  al-gi  (Sar,  IMj.),  v.  a.  — 
Alléger.  ||  Ec.  —  Elégir.  Du  lat.  AUeviare. 

AUenter  (Mj.),  v.  a.  —  Amollir  par  qq. 
indisposition,  rendre  lent.  —  Partie,  pas. 
Allenté,  peu  actif  par  mollesse  naturelle  ; 
lent,  mou,  indolent,  nonchalant.  H  Fu.  Ne 
s'emploie  que  dans  l'expression  :  Allenté  de 
se,  mort  de  soif. 

Et.  —  Ad,  lent,  er  ;  V^  conj.  pour  Allenlir. 


Hist.  —  «  Et  le  cours  du  torrent,  tombant  de  la 
montagne, 

S'allente  quelque  fois  au  plain  de  la  campagne.  » 
(J.  DU  Bellay.  Disc,  au  roy,  p.  142.) 

Aller  (Mj.),  v.  n.  —  S'en  aller,  commencer 
d'aller,  être  presque.  Ex.  :  V'ià  des  poires  qui 
s'en  vont  mûres.  Ça  s'en  va  cuit.  H  Sp.  Ça  ne 
illi  va,  ni  ça  ne  illi  veint,  —  en  parlant  d'une 
personne,  cela  ne  lui  va  ou  ne  lui  sied  pas  du 
tout.  —  En  parlant  des  choses,  —  il  n'y  a 
pas  de  comparaison  possible..  ||  Aller  hors,  — 
aller  à  la  selle,  se  purger..  —  Absolument  : 
Evacuer  les  excrétions  alvines.  Ex.  :  Sa  méde- 
cine a  ben  fait,  il  a  été  cinq  fois.  ||  Aller  par 
à-bas,  —  même  sens.  j|  S'en  aller  de  la  poi- 
trine. —  se  mourir  de  la  poitrine.  ||  Aller  au 
devant,  —  faire  des  avances,  se  montrer  pré- 
venant. Il  Aller  contre.  Ne  prend  pas  de  com- 
plément. Ex.  :  Vous  dites  ça,  moi  je  ne  vas 
pas  contre,  — je  n'en  disconviens  pas.^||  Aller 
contre  de,  —  se  refuser  à.  Ex.  :  Je  ne  vas  pas 
contre  de  payer,  au  vis-à-vis  de  moi.  !|  Pour, 
de  tout  aller,  —  qui  sert  tous  les  jours  ordi- 
naires, vêtements,  etc.  Ex.  :  Me  faudrait  un 
casaquin  pour  tout  aller.  \\  Ça  vat  et  ça  veint, 

—  cela  va  assez  bien  (la  santé),  —  en  parlant 
du  prix  de  marchandises,  etc.,  —  c'est  admis- 
sible, c'est  une  difîérence  tolérable.  ||  Souvent 
on  supprime,  après  ce  verbe,  la  préposition  à 
et  devant  un  mot  commençant  par  une 
voyelle  :  y  a  eihe  lieue  et  demie  aller  au 
Ménil  (ici  iï  y  a  une  consonne)  ;  Aller  Angers  ; 
aller  Ancenis  ;  j'cas  Ingrandes.  ||  Aller  en 
charrue,  —  charmer.  ||  Tlm.  Aller  tout  le  pas, 

—  marcher  régulièrement,  en  parlant  d'un 
travail.  |]  Aller  la  poste,  —  très  vite,  courir  la 
poste.  Il  Aller  la  haquenée,  —  l'amble,  en 
parlant  d'un  cheval,  —  Boiter  des  deux 
jambes,  en  parlant  d'une  personne.  ||  Fu. 
Aller  point  le  galop,  —  avoir  une  santé  chan- 
celante, une  convalescence  pénible.  ||  Il  n'a 
qu'à  aller  !  —  il  peut  s'en  aller,  c'est  ce  qu'il 
a  de  mieux  à  faire.  ||  Il  n'a  que  d'aller,  —  aller 
se  promener.  ||  Aller  à  l'emprunt,  —  emprun- 
ter. Il  Aller  à  l'économie,  —  économiser.  || 
,4//e/-àrépargne, — épargner.  !|  .4//er  aux  cham- 
pignons, — ■  aux  portes  (mendier).  ||  S'en  aller, 

—  en  parlant  d'un  liquide  qui  s'échappe  d'un 
vase  en  bouillant,  le  lait  s'en  va.  \\  Aller  sur, 

—  approcher  de,  en  parlant  de  l'âge,  du 
poids,  etc.,  —  il  va  sur  20  ans.  ||  Aller  le 
diable,  —  aller  vite.  ||  S'en  aller,  —  perdre  ses 
forces,  vieillir.  ||  Y  aller  de,  —  faire  une  chose 
sans  se  faire  prier,  —  y  aller  d'une  tournée. 
Vas-y  d'une  chanson.  ||  Ne  pas  s'en  aller  sur 
eine  jambe,  —  boire  un  deuxième  verre,  une 
deuxième  bouteille. 

Conjugaison.  Je  vas,.,  j'allons  ou  Je  vons,..  il 
allont  ou  i  vont.  — -j'allais,.,  j'allions,..  il  alliont.  — 
J'allis,  je  fus.  —  J'allerai,  j'irai,...  j'irommes,..  il, 
all'irant  et  il  revenirant  (ils,  elles  iront  et  ils  revien- 
dront) —  J'irions.  —  Q.  j'alle.  —  Que  j'allisse. 

Verbe  interrogatif.  Aile- vous?  Ex.  :  Eyoû  al!e- 
vous  donc  comme  ça?  —  Cf.  A-vous?  Sa-vous? 
Voule-vous?  pour  :  avez-vous,  savez-vous,  voulez- 
vous?  —  Remarquez  l'alliance  du  pron.  je  avec  la 
1''*  pers.  du  plur.  :  J'allions,  pour  :  nous  allions,  — 


30 


ALLEUX  —  ALOSER 


je  croyions,  je  grondions.  Les  courtisans  de 
Henri  III  s'exprimaient  ainsi.  Henri  Estienne  leur 
disait  : 

«  Pensez  à  vous,  ô  courtisans, 
Qui,  lourdement,  barbarisant, 

Toujours  l'allions,  j'venions, » 

On  dit  :  Je  m'en  en  vais. 

Hist.  —  «  Le  quinziesme  jour  d'aougt  l'an  1614, 
le  Roys  Louys  et  la  Royne  sa  mère  bessèrent  en 
basteau  au  devant  de  ceste  abbaye  (S.  Maur),  allant 
Angers  et  à  Nantes.  »  (Inv.  Arch.,  H  i,  214,  2.)  — 
Il  n'a  (est)  que  d'aller.  Refrain  d'une  chanson 
chantée  en  Anjou,  en  vers  lyriques,  célébrant  la 
déroute  de  Craon  et  l'agilité  des  Ligueurs  : 
«  Que  le  malheureux  hérétique 
Frémisse  au  chant  de  notre  voix, 

Il  n'est  que  d'aller. 
Pour  sa  tyrannie  du  passé 

Il  n'est  que  d'aller.  »  — 
—   «  C'est  le  curé  du  Fuilet 
Qui  a  perdu  son  bonnet  ; 
Il  s'en  fut  à  Bourgneuf 
Pour  en  ajeter  un  neuf. 
Quand  il  fut  de  retour  il  retrouva  son  vieux. 
Oh  !  oh  !  oh  !  dit-il  j'en  ai  deux. 

(Refrain    populaire.) 

Alleux.  —  Probablement  pour  Hâleux. 

Hist.  —  (Après  de  grandes  crues).  Il  est  venu  un 
temps  après  fort  alleux,  qui  a  tellement  retiré  les 
eaux,  qu'on  a  semé  partout.  {Inç.  Arch.,  m,  E.  S. 
s.,  252.  1.) 

A//i.  —  Pain  âilli,  non  levé.  V.  Alise.  Cf. 
Aguia,  aguiaque,  agioté. 

AUicher,  v.  a.  —  On  ne  fait  sonner  qu'une  1. 

—  AUicher  un  animal,  c'est  le  rendre  gour- 
mand ;  allicher  qqn,  c'est  chercher  à  se 
mettre  bien  avec  cette  personne. 

Et.  —  Deux  cloches,  deux  sons.  —  «  Ne  vient  pas 
de  lécher.  Lat.  Allectare  ;  allicher  (Berry)  de  alli- 
cere  ;  de  ad,  vers,  et  licere,  pour  lacère,  prendre 
attirer  ;  lacère  est  le  radie,  de  laqueus,  lacs.  (Litt.) 

—  «  Licher,  autre  forme  de  :  lécher,  qui  se  trouve 
dès  le  xn*  s.  —  Trivial,  lécher.  Par  ext.  et  absolu- 
ment :  manger,  boire  sensuellement  :  il  aime  à 
licher.  —  Licheur  en  dérive.  —  Dans  A-licher,  le 
préf.  A  a  le  sens  de  :  rendre  de  telle  façon.  Cf. 
alléger,  etc.  (Dict.  gén.)  —  En  Anjou  on  dit  :  11  a 
eine  goule  à  liclw,  —  on  voit  qu'il  est  gourmand. 

.illichonner  (Mj.),  v.  a.  —  Gâter  par  des 
chatteries,  bourrer  de  friandises.  V.  Allicher. 
Hist.  : 

«  J'attendais  bien  que  tes  courtoises  meurs 
Et  tes  vertus  que  ta  nature  alliche 
Me  feroient  plus  d'honneurs  et  de  faveurs 
Que  je  n'en  suys  digne,  ne  bien  mery.  » 

(G.-C.  Bûcher,  £■/).  66,  p.  276.) 

Allonge  (Tlm.),  s.  f.  —  Petit  bout  de  fil 
dont  le  tisserand  se  sert  pour  raccommoder 
les  fils  de  chaîne  quand  ils  viennent  à  casser. 

Allongeâille  (Lg.),  s.  f.  —  Rallonge.  Ex.  : 
Uoisic  c'est  ben  commode  pour  faire  des 
allongeâmes  de  rôrtes. 

Allonger  (s'),  v.  réf.  ■ —  S'étaler  tout  de  son 
long,  se  coucher,  tomber.  Syn.  de  :  Prendre 
un  billet  de  parterre.  ||  Donner.  Ex.  :  Il  illi  a 
allongé  eine  pièce  de  cent  sous.  ||  Lg.  Allonger 
la  chaîne  des  gueux,  ■ —  se  marier  entre  misé- 
reux.   Il  Prendre  par  le  plus  long.   ||  V.  n. 


Devenir  plus  long.  —  Les  jours  commencent 
à  allonger. 

Allou  (Segr.),  s.  m.  —  Homme  ou  animal 
ayant  un  bon  appétit.  V.  Alouir,  Aloui. 

Et.  et  Hist.  —  AUouvi,  affamé,  acharné  comme 
un  loup.  Allouvi  ou  Alouvi  de  faim.  S'allouvir. 
(L.  C.)  —  Ital.  Allupito,  du  lat,  lupus.  (D'  A.  Bos.) 

—  I  mange  comme  un  alouvi,  —  aloui.  (Dott.)  — 
«  Je  suis  allouvy  et  affame.  )-  (Rae.,  P..  iv,  24.)  — 
Aloubis.  Gens  affamés  comme  des  loups.  Vampire. 
Les  traditions  vendéennes  le  représentent  sous 
l'aspect  d'un  homme  maigre,  décharné  et  insatialjle 
qui  traîne  la  misère  et  la  famine  à  sa  suite.  (Borel.) 

—  Allouvir.  Un  enfant  allouvi  se  dit  d'un  enfant  du 
premier  âge,  qui  manifeste  le  besoin  incessant  de 
manger.  Dans  les  campagnes,  on  donne  souvent 
à  ces  enfants,  pour  tromper  leur  appétit,  un  mor- 
ceau de  lard  à  sucer. 

—   «  Ches  meurs  de  faim  de  l'Espagne  allouvie 
Qui  dans  nos  camps  viennent  chercher  la  vie.  » 

(MOISY.) 

.4iloué.  —  Homme  loué,  travaillant  à  la 
journée. 

Hist.  —  «  Allocatus,  qui  ad  id  locatus  vel  alloca- 
tus  est  ut  vicarii  vicem  agat.    »  (Concil.   Andeg., 

1269.)   MÉNIÈEE. 

Allouse  (Sp.),  s.  f.  —  Louange.  Ex.  :  Il  fait 

de  grandes  allouées  de  ses  gas. 

^-Allouser  (Mj.,  Si-P.).  V.  Alouser,  v.  a.  — 
Louer,  dire  du  bien  de,  prôner,  vanter. 

Et.  Hist.  —  Du  lat.  Allaudare.  —  «  Alosé,  loué, 
renommé,  honoré,  estimé.  —  Dér.  du  subst.  Los  : 
«  Il  est  deux  manières  de  persécuteurs. . .  l'une  est 
de  ceulx  qui  diffament  autruy  et  le  vitupèrent  ; 
l'autre  est  de  ceulx  qui  flactent  et  alosent.  >•  —  «  La 
gent  alosée  »,  c'était  les  honnêtes  gens.  Louer  et 
Aloser  différent  :  «  Se  je  vous  louoye  vous  diriez 
que  ce  seroit  pour  luy  aloser.  »  (L.  C.) 

.411umer,  v.  a.  —  Terme  faubourien.  Regar- 
der avec  attention.  ||  Etre  allumé,  —  com- 
mencer à  être  échaufïé  par  le  vin. 

Et.  et  Hist.  —  Au  premier  sens  :  Regarder  fixe- 
ment, voir,  observer.  Mot  à  mot  :  Eclairer  de  l'œil. 
Mot  très  ancien.  Se  trouve  avec  ce  sens  dans  les 
romans  du  xin?  s.  «  Allume  le  miston.  «  —  Regarde 
sous  le  nez  de  l'individu.  —  2®  sens  :  On  a  dit 
d'abord  :  Allumer  des  clairs  (yeux),  puis  :  allumer, 
tout  court.  (Lor.  Larchey.) 

.ilnientations  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  Lamentations,  jérémiades.  ||  Pro- 
testations, giries.  Ex.  :  A  n'en  faisait  des 
almentations  !  \\  By-X.  La  déformation  et  la 
substitution  des  mots  sont  étonnantes.  V. 
Protestations,  Mutation. 

Alogé  (Lue).  —  Abrité.  Mieux  :  allogé  ;  ad- 
locare. 

A-loin.  Et  mieux  :  là-loin,  pour  :  au  loin, 
là-bas. 

Alongs  (By.).  Cordes  pour  maintenir  l'an- 
crcau. 

Aloser,  é.  V.  Alouser,  AUoueer.  Un  homme 
alosé  est  celui  qui  s'est  acquis  des  louanges 
par  son  mérite,  qui  a  une  gi'ande  réputation. 


ALOTER  —  AMAIN 


31 


Uist.  —  {Castoiement  d'un  père  à  son  fils)» 
«  Beax  fils,  sui  Lion  et  Dragon, 
Ors,  Lieparl  et  Escorpion, 
La  maie  femme  ne  sui  mie, 
Pour  lozenge  que  l'on  te  die.  n 

Aloter  (Lg.),  v.  a.  —  Caler,  faire  tenir  en 
équilibre.  Syn.  et  doubl.  de  Ayoter. 

Aloué  (Lg.),  adj.  quai.  —  Gourmand, 
afïamé.  Ex.  :  Les  boeufs  ont-ils  Tar  aloués,  de 
soir  !  —  Doubl.  de  Alou,  Aloui. 

Alouette,  Jeu.  V.  Folk-Lore,  vu. 

Aloiifs  (des),  s.  m.  —  Des  tromperies  (Ag.) 

Aloiiir  (Bf.),  V.  a.  et  n.  —  Fatiguer  l'es- 
tomac. Ex.  :  Le  vin  qu'a  point  cuvé,  il  alouit  ; 
c'est  pas  comme  le  sien  (le  sieun),  celui  qu'a 
cuvé. 

AloHï  (Ag.,  Chv.)  adj.  quai.  Gourmand.  V 
Allou,  Doubl.  de  Aloué.  Ex.  :  Il  a  l'air  aloui, 
—  il  regarde  d'un  œil  d'envie  ce  que  nous 
mangeons.  —  A-t-il  l'air  goulu,  aloui  ! 

Alouse  (Ag.,  Mj.),  s.  f.  Alose. 
Hist.  —  «  . .  .Molues,  merlus,  saulmons,  alouses.  » 
Paré.  Lat.  Alausa. 

Alouser  (Lue,  Pc,  Mg.,  Sal.),  v.  a.  —  V. 
Aloser,  Allouser.  Autre  graphie  de  ce  dernier 
et  Supplément  d'article.  Flatter,  flagorner 
qqn.  —  «  Il  Valouse  toujours  !  »  — -  surtout 
pour  obtenir  qqch.  ||  s'alouser,  —  se  faire  des 
illusions.  «  Tu  f  alouses  »,  tu  te  trompes.  —  En 
parlant  d'un  excellent  vin  :  Ah  !  Monsieur,  n'y 
a  pas  besoin  d'Valouser,  i  fait  ben  son  éloge 
tout  seul  !  »  (Lcp.  The.) 

Et.  Hist.  —  Le  mot  louer  a  deux  sens,  celui  de 
louage  et  de  louange  ;  il  y  a  confusion  entre  Allocare 
et  Allaudare. 

—  «  Vous  ne  devez  mie  par  mesdire  avanchiez 

«  Ne  pour  vous  aloser  autrui  desavanchier.  u 

—  Li  faus  ami  qui  servent  de  losengerie  en  lieu 
de  conseil,  n'entendent  qu'à  déchevoir  en  blandis- 
sant  (flattant).  (D.  C.) 

Alqiiiner  (Br.),  v.  a.  —  Pour  Hannequiner, 
s'y  prendre  à  plusieurs  fois  pour  faire  qqch. 
(Z.  156.)  —  Doubl.  de  Haletiner,  Halequiner. 
A  rapprocher  de  Haleter.  —  Fréquentatif  de 
Ahanner  ?||  Fu.  —  Haleligner,  —  haleter,  tra- 
vailler par  secousses  à  cause  de  la  difTiculté  de 
l'ouvrage.  Ex.  :  Quelle  haletignerie,  que  j'en 
se  .saoul  ! 

Aliiettcs  (Chx,  Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  cartes, 
entièrement  différentes  des  cartes  ordinaires. 
On  joue  beaucoup  aux  cartes  d'aluettes  aux 
environs  de  Champtoceaux,  et  ce  jeu  a  été 
apporté  à  Mj.  par  les  mariniers.    . 

N.  —  Termes  du  jeu  :  Monsieur,  Madame,  le 
Borgne,  la  Vache,  Grand-Neuf,  Petit-Neuf,  Deux 
d'rpée  ou  Deux  d'écrit  ou  Deux  de  chêne.  Faire  un 
pourri,  Robino,  A  moi  de  rien.  —  Au-dessus,  au- 
dessus  de  dessus.  —  l'aire  morguenne.  V.  Boisse. 

(P.    EUDEL.) 

Et.  Hist.  —  H  est  i)robable  que  le  nom  primitif 
de  ces  cartes  «Hait  Lu(!llçs  et  non  Aluettes  et  qu'on 
disait  :  Jouer  à  luettes,  d'où  le  nom  actuel.  Rabelais 
énumérant  les  jeux  de  Gargantua  (i,  22),  dit  qu'il 
jouait  aux  luettes  :  «  Des  gabarriers  jouans  aux 
luette'i  sur  la  grave.   »  (Id.,  P.,  5,  123.)  —  C'est  le 


jeu  de  la  fos.sette.  —  «  Ils  n'auraient  pas  manqué . . . 
de  jouer  aux  cartes,  surtout  à  ce  jeu  de  luette,  venu 
d'Espagne  aux  temps  anciens.  »  (R.  Bazin,  La 
Terre  qui  meurt,  p.  1.5C., 

Alugier  et  Ailler,  s.  m.  —  Alisier.  —  Cra- 
ta'gus  torminalis.  —  AUouchier,  —  cratœgus 
aria  (Bâtard.) 

Alyrose  (Mj.,  T!m.),  s.  f.  —  Early  rose, 
variété  de  pommes  de  terre.  Gorrupt.  du  mot 
anglais. 

Aniageries  (Ss.),  s.  f.  —  Choses  négligeables, 
des  riens,  soit  comme  valeur,  volume,  quan- 
tité. A  Vauchrétien  on  dit  :  k  Toi,  c'est  ren 
que  té  !  —  Toi,  t'es  moins  qu'.vn  !  —  Toi,  t'es 
ein  méchant  amage,  ein  mion,  ein  fétu  !  »  — 
Syn.  Biâquilles.  —  Tracasseries.  (Zig.  110.) 

Ainaigrâiller,  (Mj.)  v.  a.  Amaigrir,  s'éma- 
cier 

Et.  —  De  maigre,  lat,  macrum,  avec  termi- 
naison incluative,  —  commencer  à  maigrir. 

Hist.  —   «  Qui  encraissier  veut  à  droit  s'ame 
Le  cors  convient  amegroier 
Escauchierter  et  roidoiller.  »  (D.  C.) 

Amain  (partout.),  s.  m.  —  Côté  le  plus  com- 
mode pour  saisir  un  objet,  porter  un  fardeau, 
exécuter  un  travail.  Ex.  :  C'est  ça  mon 
amain  ;  ça  n'est  point  à  V amain.  \\  N'y  a 
jamais  à' amain  !  —  pas  possible  !  ||  A  l'amain 
de,  —  dans  le  proche  voisinage,  à  proximité 
de.  Ex.  :  Je  sommes  ben  à  Vamain  de  la 
rivière  ;  c'est  ben  à  Vamain  de  l'eau.  N'aie  pas 
peur,  mon  vilain  laid,  si  j'étais  à  Vamain  de 
toi,  je  te  relèverais  le  cul  !  ||  Etre  à  l'amain  de, 

—  être  capable  de,  en  état  de.  Ex.  :  Ceté 
méchante  pâgnon-là,j'sé  pas  à  l'amain  de  la 
faire  craire  !  —  Je  n'ai  jamais/«é  à  Vamain  de 
la  faire  s'en  venir  avec  moi.  —  Fu.  —  J'sé  pas 
à  Vamain  rf'ou  (cela)  faire,  j'sé  pas  en  Vamain 

—  j'sé  pas  en  le  cas  d'où  faire.  1|  De  l'autre 
amain  —  de  l'autre  côté.  (Zig.  150.) 

Et.  —  A  Saint-Paul,  on  dit  dans  le  même  sens  : 
C'est  ma  main,  c'est  sa  main,  c'est  la  main.  Par 
suite,  il  est  évident  que  le  mot  montjeannais 
Amain  n'est  autre  qu'un  composé  du  mot  main, 
avec  le  préf.  A,  dernière  lettre  de  l'article  La. 
(V.  Ahaie.)  D'ailleurs,  il  faut  regarder  le  mot 
Amain  comme  un  mot  unique,  distinct,  un  vrai 
subst.,  puisqu'on  dit  :  Ein  amain,  mon  amain,  son 
amain,  leux  amain,  et  qu'il  a  fourni  le  composé 
Désamain.  Enfin  Amain,  en  dépit  de  l'étymol.,  est 
du  masc,  puisqu'on  dit  :  Le  bon  amain,  le  vrai 
amain. 

Hist.  —  «  Il  n'est  chcse  tant  facile  et  tant  à 
main.  »  (Rab.,  P.,  \,\\,  490.) 

—  «  Avoir  aussy  sens,  propos,  temps,  a  main 
Pour  faire  chose  agréable  aux  seigneurs.  » 

(G.-C.  BucHKR,  146,  p.  170.) 
—   «  En  prenant,  se  tu  es  a  main. 

Porras   bien   touchier   à   sa   main.    - 
{Clef  d'Amors,  p.  3.3,  H.  DE  G.) 

—  «  N'essayez  pas  d'ouvrir  cette  barrière  i 
droite,  vous  la  briseriez  ;  son  amain  est  à  gauche.  » 
(Orain.) 

—  «  M'sieu  le  tchuré...  y  m'trouve  bé-n-en 
peine  !. . .  N'y  a  pus  que  vous  tchi  sejez  à  la  main 
de  m'tchirer  d'ombarras.  »  (H.  Bourgeois,  Hist. 
de  la  Grande  Guerre,  p.  50.) 


32 


AMAINCER  —  AMEILLE 


Amaincer  (s')  —  (Mj.)  et  non  s'Amincer.  v, 
réf.  —  S'entêter,  s'acharner  dans  une  mau- 
vaise habitude,  s'y  buter.  Ex.  :  Quand  les 
poules  sont  amaincées  à  passer  dans  les 
jardrins,  on  dirait  que  le  diable  les  fait  pour  y 
aller. 

Et.  —  Si  l'on  veut  bien  se  reporter  à  la  série  des 
sens  que  j'ai  donnés  pour  Amocer,  Amoicer,  on 
verra  que  le  montj.  amaincer  n'est  qu'un  doublet 
de  ce  verbe.  Il  en  dérive  par  une  forme  Amoincer, 
maintenant  désuète.  Il  y  a  eu  Amorcer,  Amocer, 
Amoicer  (Amoincer),  Amaincer.  Le  vx  pat.  usait 
beaucoup  de  la  syll.  oin.  Cf.  Commoincer,  Guer- 
moinselle,  Mahouin,  Eoincer,  Coinquer,  etc.  —  On  a 
supposé  comme  origine  Amain.  Je  ne  vois  pas  le 
lien. 

.4maUner  (Sp.,  Sa.),  v.  a.  —  Rendre  malin 
ou  méchant  II  v.  réf.  Devenir  malin 
ou  méchant.  Ex.  :  Cette  bête  s'est  amalinée. 
(Lue.)  —  Lat.  Malignus. 

jimar  (Ec.)  s.  m.  —  Xom  de  prune,  de 
pomme.  V.  Amas-noir,  Damas.  \\  Mariolet, 
Amariolet  ;  prune  à  la  peau  violacée  et  d'une 
saveur  très  douce.  (P.  Eudel.)  V.  Blés. 

Amarer  (s.)  —  (PelL,  Mj.)  v.  réf.  —  Se 
couvrir,  se  mettre  à  la  pluie,  en  parlant  du 
temps.  —  Un  temps  amaré.  —  Pourrait  alors 
venir  de  Marée?  ||  Gras,  doublé,  en  parlant 
d'un  animal.  —  (Fu.)  Avec  un  r  ou  deux  r. 
Très  vigoureux  et  de  petite  taille,  en  parlant 
d'une  personne  :  «  Il  est  ben  amarré.  ■»  Large 
d'épaules.  —  Viendrait  d'amarre? 

Amarillonné  (Ag.),adj.  q.  —  Ridé,  en 
parlant  d'une  pomme. 

Amaron  (Ag.),  s.  m.  —  Xom  vulg.  de  la 
Matricaire  camomille,  plante  d'un  goiit  amer. 
Cf.  Maroute,  Amaroute,  Camomille  puante  ; 
Anthémis  cotula.  (Bâtard.)  V.  Amarote. 

Amarote  (Lg.),  s.  f.  Maroute.  V.  Amaron. 
Plante  de  la  famille  des  composées,  assez  sem- 
blable à  la  camomille,  mais  d'odeur  désa- 
gréable. On  dit  aussi  Marote. 

N.  —  Les  graines  de  cette  plante,  disent  les  inté- 
ressés, sont  verimeuses  ;  lorsque,  pendant  la  mois- 
son, elles  tombent  dans  les  sabots  des  travailleurs, 
les  pieds  de  ceux-ci  se  couvrent  d'ampoules. 

Et.  —  De  Marote,  par  prosthèse  d'un  A,  prove- 
nant de  l'art.  La.  Cf.  Ahaie. 

Amarrer,  Ka marrer  (Lue),  v.  a.  —  Serrer 
ou  faire  rentrer,  par  exemple  le  bétail  à 
retable.  ||  Ec.  Par  ext,  chez  les  mariniers, 
attacher  qqch.  —  Démarrer,  —  détacher. 

Et.  —  Du  holland.  :  maaren,  et  à  préf.  —  B.  L. 
Amarrare.  —  Rentrer  des  fruits.  (Orain.)  —  Ra- 
masser, recueillir,  serrer,  réunir,  rassembler,  —  pré- 
l)arer,  arranger. 

Amas-uoir  (Fu).  —  Des  prunes  d'amas- 
noir,  ou  simplement  :  des  prunes  d'amas.  — 
A  Thouarcé  :  mârre  noir.  —  V.  Amont-noir.  \\ 
Ec.  —  Preinés  (prunes)  de  Damas-noir, 
pommes  de  Damas,  ou  Damas  noir,  ou  violet  ; 
—  On  dit  :  des  preines  d'a/«rt/'-noir  ou  d'amar 
violet;  de  l'amar  noir,  de  Lamar  violet,  sans 
mettre  le  mot  :  preines.  V.  Mars-violet. 


.Amassée  (Mj.),  s.  f.  —  Gros  amas,  grand 
tas,  grande  quantité.  Syn.  de  Haut-murée, 
Affourrée.  N.  La  deuxième  syllabe  très  brève. 

Hist.  —  «  Amasser  bestes.  »  (Au  mot  Massa, 
Raynouakd,  4,  164'.)  —  Amassement  de  busche. 
(D.  C.) 

Amasser  (Mj.),  v.  a.  —  Masser,  serrer, 
agglomérer.  2'=  syll.  très  brève.  Dérive  non  de 
Amas,  mais  de  Masser.  —  Terboutcher. 

A  matelasser  (Mj.),  v.  act.  —  Feutrer, 
enchevêtrer  l'un  dans  l'autre,  comme  la  laine 
d'un  matelas. 

Amateronner  (Mj.),  v.  a.  —  Mettre  en  gru- 
meaux. Il  V.  réf.  Se  grummeler.  V.  Ama- 
touner. 

Amateiise  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Celle  qui  aime 
beaucoup  qqch. 

Amatoiiner  (Tlm.),  v.  a.  —  Rassembler  en 
materons,  ou  matons,  c.-à-d.  en  masses  feu- 
trées, —  la  laine  d'un  matelas,  par  exemple. 

—  Syn.  de  Amatelasser,  Amateronner.  ||  Lg. 
Grumeler.  Ex.  :  Il  a  mouillé  sur  les  poches, 
c'a  amatouné  la  farine. 

N.  —  S'amatouner.  Se  mettre  en  petits  corp- 
durs  :  La  soupe  s'est  amatounée.  —  La  soie  s'amas 
tonne  plus  facilement  que  du  fil.  (Borel.) 

AmbUionneur,  euse,  (Sp.,  Mj.),  adj.  quai. 

—  Convoiteur,  ambitieux.   ||  Jaloux. 

Et.  —  Lat.  Amb,  autour.  Ire,  aller  ;  aller  autour 
des  citoyens  pour  solliciter  leurs  suffrages,  au 
propre. 

Ambroise  (Sa.,  Tlm.).  —  Plante  odorante 
de  la  famille  des  labiées.  Employée  dans  la 
médecine  populaire.  —  Semble  avoir  quelque 
rapport  avec  le  fr.  Ambroisie. 

Et.  —  Hist.  —  La  Fontaine  a  dit  :  Et  Tiennette 
est  Ambroise,  Dit  son  époux.  {Les  Troqueurs.)  — 
Ambroisie  des  jardins,  un  des  noms  vulg.  du  Ché- 
nopode  ambrosioïde.  Du  grec  Ambrosia,  de  Ambro- 
tos,  immortel  ;  nourriture  qui  rend  immortel. 
(LiTT.)  —  Ambroise,  forme  demi-populaire  qui, 
combinée  avec  la  forme  savante  Ambrosie,  a  donné 
naissance  à  la  forme  Ambroisie.  (Dict.  gén.) 

Ambulance  (Lg.),  s.  f.  plur.  —  Nom  col- 
lectif sous  lequel  on  désigne  les  pièces  acces- 
soires ou  agrès  d'une  charrette.  Syn.  de 
Armures. 

Ame,  s.  f.  —  Dans  la  locut.  :  On  ne  voit,,  il 
n'y  a  âme  qui  vive  ;  —  n'y  avait  corps  d'âme, 

—  personne. 

Amécer,  —  \'.  Amesser. 

Ameil  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Pis  d'une  vache, 
d'une  chèvre.  Syn.  de  Pé. 

Ameille  (Fu.),  s.  féminin.  —  On  dit  :  C'est 
une  taure  ameillante  qu'il  a  achetée  à  Mo"- 
vault  ;  elle  a  de  belles  ameilles. 

Et.  —  Hist.  — Dér.  du  lat,  Mamilla,  par  la  chute 
de  l'M  initial  (V.  Amil.).  Ce  mot  est  donc  un  doublet 
du  fr.  Mamelle.  —  Amouille  ;  nom  vulgaire  du 
premier  lait  fourni  par  une  vache  qui  vient  de 
vêler.  (LiTT.)  —  Amouilles  ;  glaires  de  vache  en 
vêlage  qui  annoncent  qu'elle  va  mettre  bas.  (Gpil- 
LEMANT.)  —  «  Ah  !  si  par  malheur  l'affreux  reptile 


AMEILLANTE  —  AMESSER 


33 


allait  sucer  le  lait  d'une  brebis,  c'en  était  fait  du 
reineuil  (pis)  !  {La  Trad.,  p.  2G0.)  V.  Ameillanle, 
Ameiller.  V.  le  suivant  : 

Ameillante  (Mj.,  Lg.),  adj.  verb.  —  Se  dit 
d'une  vache  dont  le  pis  commence  à  se  gonfler 
à  l'approche  du  vêlage.  Ex.  :  Xoute  vache  est 
ameillante,  a  va  bentout  faire. 

Et.  —  C'est  l'adj.  verb.  de  Ameiller.  On  trouve 
dans  certains  traités  d'agriculture  :  Vache  amouil- 
lante.  —  «  ...  commençant  à  rejeter  le  liquide  qui 
annonce  le  moment  de  mettre  bas.(jAtJB.)  —  Vache 
d'ama,  —  renvoie  à  Amoyante.  (Dott.)  —  Qqs  uns 
voient  dans  ce  mot  le  fr.  Mouiller.  .J'avoue  être  un 
peu  indécis  entre  Mouiller  et  Mamelle. 

Ameiller  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  En  parlant 
d'une  vache.  Avoir  le  pis  gonflé  à  l'approche 
de  la  parturition. 

Et.  —  Dér.  de  Ameil.  Littré  donne  Amouiller. 

—  Variantes:  Amuyer,  Emmouiller;  Amoiller,  vx. 
fr..  signifiait  Mouiller.  (GuiLLEM.)  ||Ec.,Mj.  —  part, 
pas.  —  Ex.  :  J'avons  amené  nout'vache  à  la  foire  ; 
aile  ne  sera  à  terme  que  le  25,  dans  15  jours.  Mais  ' 
comme  aile  n'était  pas  assez  ameillée  (le  pé,  le  pis 
n'était  pas  assez  deve'oppé),  on  ne  l'a  pas  vendue, 
et  on  l'a  ramenée.  —  V.  Agé. 

Amelette  (Mj.),  s.  f.  Omelette.  —  Ec.  Une 
ameletle    d'œufs.  • 

Et.  et  Hist.  —  0  Omelette,  pour  :  amelette, 
forme  qui  paraît  issue  par  métathèse  de  :  alemette, 
tiré  de  alemelle  (à,  lamelle)  par  substitution  de  suf- 
fixe, ce  mets  étant  plat  comme  une  lame.  »  [Dict. 
génér.)  —  Rabelais,  édition  de  1553  :  haumelaicte. 

—  «  On  m'a  dit  qu'une  fois  il  entra  dans  sa  cuisine  : 
un  laquais  y  faisait  une  amelette.  »  (Tall.  des 
RÉATJX  ;  Hist.,  25  et  26.)  —  (De  Montesson.)  — 
«  On  disait  à  cette  époque  :  une  amelette.  Il  y  a  de 
braves  gens  qui  préfèrent  encore  cette  forme  gau- 
loise. Passez,  Messieurs,  vous  êtes  de  la  vieille 
roche.  «  (Hist  .du  vx.  tfmps,  p.  174.  En  note.) 

Ameline,  V.  Chardon-loriot.  (Mén.) 

.4menage(Sp.,  TIm.),  s.  m.  Attirail,  arroi.|| 
Etalage.  ||  Dom.aine,  propriétés.  Ex.  :  J'avons 
fait  60  cordes  de  bûches  sus  Vamenage  de 
Beaurepaire.  ||  Tout  Vamenage,  —  tout  le  tra- 
lala. Il  Syn.  de  Succession. 

N.  —  La  peine  et  les  frais  pour  amener  qqch. 

(LiTT.) 

-aménager  (Mj.),  v.  a.  —  Installer  qqn  dans 
son  ménage.  ||  v.  réf.  s'Aménager,  —  emmé- 
nager. C'est  le  mot  fr.  dans  un  sens  spécial.  || 
\'.  n.  Ameinéger  (a-mein-né-ger),  installer  son 
mein-nège,  ou  son  ménage.  (By). 

Amendement  (Mj.),  s.  m.  —  Assaisonne- 
ments, condiment.  Ex.  :  As-tu  mis  de  V amen- 
dement dans  la  salade?  —  La  soupe,  a  manque 
d'amendement.  N.  Inconnu  au  Lg. 

Et.  —  Du  lat.  Emendare  ;  e  (extraction),  men- 
dum  (faute),  dont  on  a  corrigé,  enlevé  les  fautes. 
Amender  un  mets  en  l'assaisonnant,  c'est  corriger 
sa  fadeur. 

Amender (Mj.),v. a.  —  Assaisonner  un  mets, 
le  rendre  meilleur  par  une  préparation  qcque. 
Ex.  :  Amende  donc  la  salade.  Inconnu  en  ce 
sens  au  Lg.  —  Fu.  —  «  C'est  un  coin  de  beurre 
qui  é  bon  pour  am-cnder,  t'ou  (ça)  diras  à  ta 
mère.  ||  Lg.  —  v.  n  S'améliorer,  en  parlant  de 


l'état  d'un  malade.  On  dit  absolument  :  Ça 
illi  a-t  amendé,  —  il  a  du  mieux. 

Amendillon  (Chol.,  Lg.),  s.  m.  —  Petite 
quantité  de  lait,  en  sus  de  la  mesure,  que  les 
ménagères  savent  fort  bien  réclamer  aux  fer- 
mières. V.  Amender.  Cf.  Amendon.  —  Syn.  de 
Crêssion,  A  jet. 

.4mendon  (Ag.,  Ec),  s.  m.  — •  Une  petite 
quantité  de  qqch.  — -vV.  Ramendon.  \\  By.  — 
Qqf.  Abandon,  ce  qui  est  donné  pa."  dessus  le 
marché  ;  c'est  la  journiture,  le  rabiot. 

Et.  —  Amender,  améliorer  une  mesure  en  la  dé- 
passant. —  «  Amendion,  amendeillon,  Amendillon. 
(Favre.) 

.imener  (Mj.),  v.  a.  —  Produire.  Ex.  :  C'est 
p'ché  d'abattre  cet  âbre-Ià  ;  il  amène  de  trop 
belles  branches.  ||  Sp.,  v.  réf.  —  Venir.  ||  Ame- 
ner à  lieu,  —  mettre  sur  le  tapis,  une  question. 
Il  Tendre,  donner.  Ex.  :  Tiens,  veux-tu  la 
gâche?  —  Amène.  \\  Se  dit  aussi  des  animaux. 
Si  l'on  dit  :  Ceté  poirier-là  n'amène  jamais  de 
poires,  on  dit  aussi  :  La  vache  a  amené.  \\  Fu.  : 

—   «  Par  derrièr'  chez  mon  père 
Un  oranger  lui  a  (il  y  a)  ; 
Il  amèn'  tant  d'oranges, 
D'orang's,  qu'il  en  rompra.  » 

Amcnusir  (Mj.),  v.  a.  —  Amincir,  rendre 
menu  ou  eflilé.  Ex.  :  Faut  ben  éneiller  le  fil 
pour  V amenusir. 

Et.  et  Hist.  —  Menu,  du  lat.  Minutus,  propre- 
ment ;  diminué.  —  «  Ensi  s'en  alloit  li  oz  (l'armée, 
l'ost)  forment  en  amenuissant  chacun  jour.  »  (ViL^ 
LEHABDOUIX.  Conquête  de  Constantinople,  §  101  ; 
cité  par  Eveillé.) 

.iméricaiu  (Mj.,  etc.),  adj.  q.  —  Avoir  l'œil 
américain,  —  vif,  provoquant  ou  perspicace. 

Amesser  (Auv.),  v.  a.  —  Célébrer  les  rele- 
vailles  d'une  femme.  Ex.  :  Velà  eine  femme 
qui  veut  se  faire  amesser. 

Et.  —  Hist.  —  De  Missa,  messe.  —  «  Nota  qu'il 
ne  fault  point  amesser  les  conmères,  qu'il  n'y  ayt 
quinze  jours  pour  le  moings  qu'elles  soyent  en  leur 
couche.  »  (1588.  —  Inv.  Arch.  F.  ii,  352,  1.)  — 
«  Pour  l'entretien  de  la  messe  matinale  des  di- 
manches, pour  amesser  les  pasteurs  pour  aller  gar- 
der les  bestes.  »  (1551. /tZ.,  G,  51,  1.)  —  «  De  sorte 
qu'avand  entérer  grans  et  petis  et  amesser  les 
accouchée..  »  (1660.  Id.  S.  E.rn,  370,  2.)  —  «  Pour 
aller  amaisser  des  accouchée  audit  Nuaillé.  »  (1660. 
Id.,  ibld.)  —  «  J'ay  dict  la  messe,  que  j'ay  com- 
mansée  un  peu  avant  midy,  pour  amesser  lesdit.5 
fiancez.  »  (1608.  Id.,  ibid,  426,  1.) 

—  Amessement  ;  l'action  d'entendre  la  messe  ; 
relevailles,  dont  la  messe  faisait  la  principale  partie. 
—  Admissatio.  —  «  Le  suppliant  avait  entention 
de  tuer  ung  pourceau  et  certains  chevreaux,  qu'il 
voulait  abiller  pour  faire  le  festaige  de  l'amesse- 
ment  d'une  sienne  fille  qui  estoit  accouchée  d'en- 
fant, laquelle  devait  aller  le  lendemain  à  la  messe.  » 
(1444.)  —  Messiare.  (D.  G.) 

N.  —  (Fu).  Amessé,  habitué.  «  I  fera  de  la  belle 
ouvrage,  quand  i  s'ra  amessé  ein  p'tit  pus.  »  — • 
«  Faudra  t'y  amesser.  »  —  Se  prononce  :  amécé. 

Nous  pensons  qu'il  doit  s'écrire  aussi  :  amécer,  et 
non  :  amesser.  Ce  n'est  pas  le  même  mot  que  celui 
d'Auverse.  Dans  celui-ci,  la  2«  syll.  est  longue;  au 

3 


34 


AMEYRANTE  —  AMORTI 


Fuilet,  elle  est  brève.  V.  Amaincer,Amocer.  Ce  sont 
bien  deux  mots  différents  de  sens  et  d'origine. 

Ameyantc,  ^  .  Aineillante. 

Auiicabiement  (Mj.),  adv.  —  Amicalement, 
amiablement,  à  l'amiable.  L'angl.  a  l'adj. 
Amicable. 

AmigDonner  (Mj.).  Amignounei  (Bi-.),  v.  a. 

—  Câliner,  cajoler,  caresser,  dorloter,  flatter, 
mignoter  qqn.  —  pour  en  obtenir  qqch.  —  V. 
Ramignonner. 

Et.  —  Douteuse.  —  Employé  par  G.  Sand. 
Amitieux  (La).  —  Le  t  est  dur.  —  Se  dit 
d'un  homme  qui  ne  paraît  pas  aimable,  mais 
qui  comprend  l'amitié,  cependant,  et  en 
éprouve  vivement  le  sentiment.  «  Cet  homme- 
là  est  vraiment  bon,  je  vous  assure,  meilleur 
qu'il  ne  paraît  à  le  voir  ;  il  est  vraiment  amitieux. 

Amitonner  (Mj.),  v.  a.  —  Amadouer.  ||  v. 
réf.  —  s'amitonner,  s'arranger,  se  mitonner. 
Ex.  :  Ça  s'est  amitonné,  —  l'affaire  s'est  arran- 
gée. Il  Se  dit  du  pain  qu'on  laisse  longtemps 
tremper  dans  le  bouillon  (une  mitonnée).  — 
Il  Une  personne  amitonnée,  —  enveloppée 
chaudement.  Cf.  Emmitouflée. 

Et.  —  Peut-être  de  Mitis,  doux.  Le  chat  est  un 
miton. 

Ammonition,  s.  f.  —  On  ne  prononce  qu'un 
m.  V.  Amonition. 

Amnistie  (Mj.),  s.  f.  —  Employé  pour  : 
armistice. 

Amoeer  (Tlm.),  v.  a.  —  Taquiner  un 
chien,  l'exciter  à  mordre.  Syn.  de  Aquiner 
Piller. 

Et. —  Doubl.  du  fr.  Amorcer,  de  morsus  ;  exciter 
à  mordre. 

Amodurer  (Mj.),  v.  a.  —  Calmer,  Amadouer 
Il  Amoduré,  —  qui  a  perdu  sa  fougue,  sa 
vigueur  (Zig.  145).  ||  Domestiquer. 

Et.  —  Du  lat.  Moderare,  pour  :  modérer.  —  Cf. 
Amodérer,  dans  Jaubert.  —  Amodurer  du  vin,  — 
y  mettre  de  l'eau.  (Lapayre.) 

—   «  Et  au  milieu  de  ces  deux  est  le  siège 
De  deux  encor  que  Dieu,  qui  tout  ouvroit, 
fAmodéra  par  chaud  meslé  de  froid.  »  (Marot.) 

Amoicer  (Tlm.),  v.  a.  —  Exciter  à  mordre  ; 
syn.  de  Piller.  \\  Taquiner,  agacer  un  chien, 
des  bêtes  quelconques.  Syn.  de  Aquiner.  \\ 
s' Amoicer,  s'Amocer,  v.  réf.  —  S'acharner, 
au  pr.  et  au  fig.  ;  syn.  de  s'Achener.  \\  S'en- 
têter, —  syn.  de  s' A?naincer,  s' Amécer.  V. 
Amoeer. 

Et.  —  Amoicer  ou  Amoeer  n'est  qu'une  forme 
adoucie  du  fr.  Amorcer.  V.  pour  explications 
complémentaires  :   Amaincer,   Aquiner,  s'Achener. 

—  Le  vx  fr.  avait  Amordre,  qui  voulait  dire  : 
mordre   à.   Amorser  serait  préférable,   par  un    s. 

(LiTT.) 

Amômé,  Aniômi  (Shs.).  —  Fatigué,  bon  à 
rien.  Cf.  Ahômi  et  Embaumé. 

Et.  —  Probablement  de  Momie,  prononcé  : 
momie,  avec  prosthèse  de  l'a.  —  J'ai  souvent 
entendu  dire  :  «  Vas-tu  rester  là  comme  une  momie 
d'Egypte?  » 


Amonition,  s.  f.  —  Tout  ce  qui  est  néces 
saire  pour  former  la  charge  d'une  arme  à  feu- 
—  Angl.  :  Ammunition.  Fr.  :  Munition.  ||  Ag. 
Pain  (ï amonition,  pour  :  de  munition,  pain 
de  troupe.  —  U amonitionnaire,  l'employé  de 
la  Manutention.  —  D'un  bossu  on  dit  :  Il  a  un 
pain  d' amonition  dans  le  dos. 

Et.  Hist.  —  «  Amunitionner  ;  pourvoir  une  place 
des  munitions  nécessaires.  (Litt. )  —  «  Amonitio, 
B.  L.  vivres  ;  le  pain  de  munition  |)ourrait  donc  en 
venir  :  «  Pour  la  faute  du  charroy  qui  estoit  à 
Stenay  et  à  Mouzon,  où  se  faisoit  V amonition,  la 
famine  survint  en  son  camp.  »  (Du  Beli^ay.)  — 
Sens  plus  général  :  munitions  de  bouche  :  «  Il  feit 
partir  le  Seigneur  de  Lorges  avec  mille  hommes. . . 
et  quelque  charroy  de  vins  et  autres  amonitions.  » 
(Id.)  —  «  Au  reste,  il  n'est  pas  trop  vraisemblable 
que  l'ancien  mot  lat.  Amonitio  soit  l'origine  d'un 
mot  assez  nouveau  dans  notre  langue.  On  a  dit 
monition  pour  munition,  en  lat.  Munitio.  De  là  le 
mot  composé  amonition  aura  signifié  :  munitions  de 
guerre  ;  par  extension,  munitions  de  bouche,  le 
pain  de  monition.  «  I-e  feu  s'estoit  mis  à  noz  amo- 
nitions, en  manière  qu'à  peine  avait-on  pu  retirer 
notre  artillerie  que  les  aftuts  ne  fussent  brûlez.  » 
(Du  Bellay.)  Citations  de  L.  C.  —  Il  y  a  prosthèse 
de  l'a. 

—  «  Tirant  Darriet,  du  village  de  la  Chaumière, 
s'imagine  que  c'est  avec  cette  boue  que  les  Répu- 
blicains ont  chargé  leurs  canons  ;  il  s'écrie,  en  se 
précipitant  sur  la  route  :  «  En  avant,  les  gas,  les 
«  Bleus  n'ont  pus  d'amounitions,  li  tirant  avec  de 
«  la  casse.  )  (Deniau,  Hist.  de  la  V.,  t.  I,  p.  339.) 

Amont,  prépos.  —  Le  long  de.  Ex.  :  Il  avait 
les  bras  amont  li,  —  le  long  de  lui,  ballants, 
en  parlant  d'un  pendu  (Cht.)  —  (Ec.)  On  dit  : 
de  d'amont,  opposé  à  aval. 

Et.  Hist.  —  «  Le  vent  d'amont  se  dit,  sur  les 
côtes  où  la  terre  est  au  levant,  de  tout  vent  qui 
souffle  de  l'un  des  points  compris  entre  le  N.-E.  et 
le  S.-E.,  en  passant  par  l'E.  —  Il  souffle  de  la  mon- 
tagne. (Litt.)  —  Le  long  de,  sur,  contre  :  Amont  le 
mur. 

—  J'descendrons-t-i  le  vallon 
Ou  si  j 'irons   par  amonts 

{Pastorale,  Dottes.) 

—  Amont  (angl.  Among),  au  milieu  de,  au  tra- 
vers de,  sur.  Cf.  Ami  (amid)  ;  A  mi  les  champs  ; 
emmi  les  champs.  De  :  en,  mi,  in  medio.  —  Mettre 
qqn  amont  les  chemins  est  une  locution  d'un  fré- 
quent usage  en  Normandie,  qui  signifie  :  l'aban- 
donner, le  laisser  en  proie  à  la  misère. 

—  «  Par  l'esciele  (l'échelle)  muntent  amunt.  « 

(MoisY.) 

Amont-noir  (Mj.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
l'expression  :  Preune  d'amont  noir,  vieille 
espèce  de  prune  dont  le  nom  est,  je  crois, 
Prune  de  manoir,  par  corruption.  V.  Amas- 
noir. 

.Amôrillonner  (s"),  v.  réf.  — •  Se  ratatiner,  se 
rider.  Une  pomme  aniôrillonnée,  ridée  comme 
une  morille,  champignon  plein  de  trous  et  de 
rides.  I|  By.  —  Le  premier  o  est  très  long. 

Amorti  (Mj.),  part.  pas.  ||  s.  m.  —  Un 
amorti.  Endroit  où  un  obstacle  arrête  le  vent 
ou  le  courant.  —  Syn.  de  Acealmie.  Ex.  :  Je 
vas  tendre  à  \' amorti  du  courant.  On  dit  aussi  : 
à  l'amorti  du  vent.  ||  Fu.  —  Éteint.  «  Le  feu 
va  s'amortir,  mets-y  donc  eine  fournille.  » 


AMORTIR  —  AMOURETTE 


35 


Et.  —  Amortir,  c'est  :  rendre  comme  mort.  Un 
navire  amorti,  —  échoué  pendant  la  morte  eau 
(reflux).  Dict.  génér.  —  On  disait  jadis  :  Amortir 
une  chandelle  ;  on  dit  encore  :  la  tuer.  «  Ma  chan- 
delle est  morte.  «  (D.  C.)||  S.  f.  Amortie  ;  endroit  de 
la  rivière  où  il  n'y  a  pas  de  courant,  où  la  force  de 
l'eau  est  amortie.  »  (Jatjb.) 

.imortir  "  (amorqiii)  le  cœur  (Mj.),  v.  a.  — 
Enlever  l'appétit,  donner  des  nausées,  en  par- 
lant de  certains  aliments  fades,  douceâtres. 
Extension  du  sens  du  mot  français. 

.imorti  ssant,  e  (Mj.,  Lue),  adj.  verb.  — 
Écœurant,  douceâtre,  fade,  en  parlant  d'un 
mets,  d'une  boisson:  ]|  Lourd,  énervant,  en 
parlant  du  temps. 

Amotelonner  (z.  128),  v.  a.  —  Mettre  en 
petites  mottes,  en  mottelons. 

Et.  —  Inconnue.  —  Amotouner  se  dit  d'une 
sauce,  d'une  bouiUie  qui  forme  des  grumeaux. 
(Oraix.)  —  Amotoner,  réunir  en  tas  pressé.  Cf. 
Amochoner,  mettre  en  moche  (le  beurre),  en  meule. 

(DOTTIN.) 

Amoueeler  (Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Amonceler, 
par  corruption.  X.  Il  est  à  remarquer  qu'à 
Mj.  on  ne  dit  guère  Mouceau.  —  A  Sp.  et  un 
peu  moins  à  Tlm.,  la  syll.  on  devient  presque 
régulièrement  ou  ;  ein  boun  houme,  eine 
boune  femme  ;  mouceau,  boutonner,  etc. 

Et.  —  Lat.  :  monticellus,  mont'  cel,  moncel, 
monceau.  Le  peuple  dit  :  mousseau.  (Dict.  génér.) 

A  moucher  (Lg.),  v.  a.  —  Disposer  en  tas 
ou  mouche,  des  fagots.  —  Cf.  Moche,  de 
beurre. 

Amoucheronné  (Mj.),  ad.  quai.  —  Dont  les 
pousses  se  développent  en  touffes  drues  et 
rabougries,  recroquevillées  ;  dru,  serré,  touffu, 
mais  non  vigoureux.  Se  dit  d'une  plante  souf- 
frante, surtout  de  la  vigne.  Syn.  de  Aregriché, 
Agrichonné. 

Et.  —  Cf.  Moucheron,  bout  qui  charbonne  dans 
la  mèche  d'une  chandelle  allumée  :  bout  qui  reste 
en  ignition^quand  on  vient  d'éteindre  une  chan- 
delle. (Dict.  génér.) 

Amouffé  (Lg.),  adj.  quai.  —  Mousseux, 
couvert  de  mousse,  envahi  par  la  mousse.  Se 
dit  des  murs,  des  arbres,  des  prés.  Syn.  de 
Mouffu,  Moussu.  Il  Fig.  —  Très  bien  levé, 
très  rebondi,  dont  la  mie  est  pleine  d'alvéoles 
et  possède  l'élasticité  de  la  mousse.  Se  dit  du 
pain.  Syn.  de  Mouffu.  — ■■  Même  racine  que  ce 
dernier  mot. 

Amouir  (s').  —  (Cho.,  Br.,  Mj.),  v.  réf.  — 
S'accroupir.  Ex.  (à  un  braconnier  qui  ne 
s'était  pas  ensauvé  devant  le  garde-champêtre 
qui  le  poursuivait)  :  «  Pisque  t'étais  pas 
vanné,  pourquoi  que  tu  t'es  amouï?  «  Syn.  de 
s' Aguérouer,  s' Ajoupir,  s' Apouguenir,  s' As- 
soutrer,  s' Ecatouir. 

Et.  —  Discutable.  —  Amuir,  rendre  muet  de 
stupeur,  s'amuir,  perdre  toute  présence  d'esprit. 

Hist.  —  A  tant  sont  mat  et  amui, 
A  tant  sont  toz  esvanui.  » 

—  «  Nostre  Sire  gita^un  deable  de  cors  a  un 
home  et  si  dit  11  Evangiles  que  cil  deauble  estoit 


muz  (muet),  parce  qu'il  avoit  l'ome  amui,  an  cui 
cors  il  estoit.  »  —  Cf.  Emutire.  (D.  C.)  —  Le  son 
mu  est  l'expression  naturelle  d'un  muet  qui 
s'efforce  de  parler.  —  Amui  désignait  un  effet  natu- 
rel de  la  honte,  de  la  crainte  ou  de  quelque  autre 
passion  violente  : 

«  Porcoi  estes  si  amui 

Et  por  une  fème  esbahi?   »  (L.  C.) 

Amonlageur,  Emmoulageur  (Mj.,  Bz.),  s. 
m.  —  Charpentier  qui  travaille  spécialement 
à  la  construction,  à  l'aménagement  et  à  la 
réparation  des  moulins.  On  dit  le  plus  souvent 
"harpentier  amoulageur.  «  Nicolas  Bureau, 
charpentier  amoulageur  àla  Boissinière.  »(Fu.) 

Et.  Hist.  —  Ce  mot  renferme  la  racine  Moul,  qui 
se  retrouve  dans  le  français  Moulin.  —  Amouler,  — 
passer  sur  a  meule,  aiguiser,  affiler.  (Litt.)  — 
«  Jacques  Barbot,  charpentier  emmoulageur.  » 
(174.3,  Inv.  Arch.,  E,  ra,  410,  1.) 

Amounêter  (Tlm.),  v.  a.  — ■  Réprimander, 
chapitrer,  admonester,  semoncer.  Syn.  de 
MorigLner. 

Et.  —  Ce  vieux  mot  patois  est  un  doublet  re- 
marquable par  sa  forme  vraiment  française  du 
vocable  savant  Admonester.  —  L'ancien  français 
avait  Amonester,  L.  popul.  :  Admonestare,  dont  le 
radical  Monest,  qui  semble  se  rattacher  à  Monitus, 
n'est  pas  encore  expliqué. 

Amour  (mal  d')  (partout).  —  Mal  de  dents. 
«  C'est  ein  mal  qui  n'est  point  plaint  »,  dit 
notre  proverbe,  jj  Fu.  —  Faire  Vamour,  — 
faire  sa  cour. 

Amouracher  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Cité  pour 
sa  prononciation.  Cf.  Caresser.  Se  dit  des  per- 
sonnes. Cf.  Amouré,  pour  les  animaux. 

Amouré  (By.).  —  Se  dit  des  animaux. 

Ex.  :  Mon  canard  noir  pochon  blanc  est  amouré 
avec  la  cane  burelle  au  gars  Boèriau  (Gabriel)  ;  le 
canard  clar,  ou  gare,  au  gas  Thureau  (Mathurin)  est 
amouré  avec  ma  cane  écan-corlettée  (écan,  couleur 
d'un  gris  un  peu  foncé  ;  corlettée,  collerettée). 
Ainsi  parle  un  chasseur  pour  indiquer  qu'il  ne  peut 
pas  s'en  servir  comme  d'appelants.  —  Burelle,  — 
gris  presque  noir. 

Amour  en  cage,  s.  m.  —  Coqueret  alké- 
kenge  (Bat.). 

Hist.  —  «  Bientôt,  M.  Maldonne  fut  distrait  par 
la  vue  d'un  massif  d'alkékenges,  dont  on  n'avait 
pas  récolté  les  fruits.  Ils  pendaient,  comme  des 
oranges  minuscules,  luisant  à  travers  l'enveloppe 
flétrie,  usée,  découpée  à  jour,  qui  leur  vaut,  parmi 
le  peuple,  le  joli  nom  à' amour  en  cage.  M.  Maldonne 
les  aimait  beaucoup.  —  Des  coquerets,  dit-il,  et  on 
ne  les  a  pas  cueillis  !  »  —  (R.  BAzrs,  La  sarcelle 
bleue.  ) 

Amourette-  (Mj.,  Ec),  s.  f.  —  Nom  du 
petit  lychnis  rose  des  prairies.  Syn.  de  Daniel. 
Il  Fu.  Parfois  nom  de  lieu.  Montigné-sur- 
Moine,  bords  de  la  Moine.  V.  FolkLore,  XI  a. 

N.  —  Petite  caryophyllée  commune  dans  les  prés, 
sorte  d'œillet  sauvage  portant  deux  fleurs  roses  à 
cinq  pétales  très  découpés.  —  Celte  plante  est 
toute  différente  de  celle  que  l'on  appelle  de  ce  nom 
en  français  et  qui  est  la  graminée  désignée  dans 
notre  patois  sous  les  appellations  de  Gentil-branle, 
Zyeux  de  pardrix. 


S6 


AMOUREUX  —  ANCHE 


Amoureux  (Sp.),  s.  m.  —  Araignée  à 
grandes  pattes  appelée  à  Mj.  :  vieille.  —  Fau- 
cheux. 

N.  —  Le  comte  Jaubert  dit  qu'on  l'appelle 
ainsi  parce  qu'on  l'emploie  dans  la  divination. 

Amoustiller  (Sp.),  v.  a.  —  Émoustiller. 

Et.  —  E,  Moustille,  saveur  piquante  d'un 
liquide.  De  moût,  moust?  {Dict.  génér.)  —  «  Il 
semble  que  frère  Jean,  après  avoir  demandé  à 
manger  des  châtaignes  rôties  avec  du  vin  doux,  en 
lat.  mustum,  reproche  aux  autres  convives  leur 
répugnance  à  boire  du  moût,  lorsqu'il  dit  :  Or  ça,  à 
boyre,  à  boyre  ça.  Apporte  le  fruict.  Ce  sont  chas- 
taignes  du  bois  d'Estrocs,  avecques  bon  vin 
noveau. . .  Vous  n'estes  encores  céans  amoiistillez... 
(Rab.,i,  40.) 

Amoyer,  v.  n.  —  Pour  Amouiller.  V.  Ameil- 
ler  (Segré). 

Amphibie  (Ag.),  s.  m.  ■ —  Employé  comme 
terme  de  mépris,  sans  que  l'on  sache  souvent 
le  vrai  sens  du  mot,  uniquement  à  cause  de 
son  étrangeté.  Il  sonne  comme  une  injure.  Le 
peuple  emploie  de  même  Catachrèse  : 
K  Vieille  catachrèse  !  « 

Et.  —  Du  grec  :  Vie  double.  —  Se  dit  d'un 
homme  qui  professe  tour  à  tour  des  sentiments 
contraires.  (Litt.) 

Ampiiribie  (Lg.).  —  Corrupt.  du  précédent. 

Ampignon  (Sar.),  s.  m.  —  Le  dard  d'une 
abeille,  d'une  guêpe. 

N.  —  Peut-être  pour  :  hampillon.  dimin.  de 
hampe.  Du  lat.  hasta,  devenu  hanste. 

Ampis  (d')  (Lpz.),  prépos.,  adv.  —  Depuis 
(Zig.  146).  —  Mieux  :  d'empis. 

Amputer.  —  Dans  cette  locution  :  Le 
diable  m'ampue. 

Et.  —  «  Penser,  c'est  compter  (putare,  repu- 
tare)  ;  d'où  calculer  :  putare  rationes,  apurer  des 
comptes.  Putare,  purum  facere,  disent  Vaeron  et 
Festus.  C'était  l'expression  consacrée  pour  l'émon- 
dage  des  arbres  et  des  vignes  ;  putare  vitem, 
arbores.  Ce  mot,  en  son  sens  propre,  s'est  conservé 
en  vx  fr.  :  poder,  pouer  «  pouer  et  tailler  la  vigne  », 
chez  Olivier  de  Serres.  Michel  Bréal,  La  Sé- 
mantique, p.  137.  —  Cette  forme  expliquerait 
Ampue.  pour  Ampute. 

Amûlonner  (Mj.),  v.  a.  • — ■  Disposer  en 
meules,  en  tas,  en  muions. 

Hist.  —  «  Le  suppliant  cueilloit  et  amulonnoit 
foin.  »  (1387.)  —  Et  les  doivent  fener  et  amûlon- 
ner. (1406,  GoD.) 

-imûrgncr  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  gîter,  se 
blottir.  Il  S'accroupir,  se  replier  sur  soi-même. 
—  Syn.  de  :  se  Gitrer,  se  Motter,  se  Boumir, 
s'Amouir,  s' Apouguenir,  etc. 

Amuse(Mj.),  s.  f.  —  Amusement,  am\isette. 
Circonstance  qui  retarde.  Ex.  :  T'as  donc 
trouvé  de  Vamuse?  —  Syn.  de  Accote.  — 
Amuse-hégdiWà.,  s.  m.  et  f.,  —  amusette 
indigne  d'un  homme  sérieux.  V.  Bégaud. 
Et. —  A  et  Muser. 

.4musénient  (Lg.),  adv.  —  En  s'aniusant, 
sans  peine.  Ex.  :  J'ai  fait  ça  ben  amusement. 


Amuser  (Mj.),  v.  a.  —  Amuser  le  temps,  — 
perdre  ou  faire  perdre  le  temps.  ||  A  Lue,  dans 
le  sens  de  Muser.  —  On  dit  correctement  : 
Amuser  la  tristesse,  la  douleur.  ||  Fu.  — 
Perdre  son  temps  :  «  T'amuse  donc  point  en 
route.  » 

Et.  —  La  moins  mauvaise  est  :  à  et  muser.  Muser, 
c'est  tenir  le  museau  tourné  et  fiché  à  qqn,  écouter 
le  nez  en  Vai^.  Le  verbe  s'amuser,  admuser,  peint 
assez  plaisamment  la  stupide  attention  d'une  popu- 
lace immobile  autour  d'un  charlatan  qu'elle 
écoute  : 

«  Bien  sont  foulz  de  là  se  estre  admusez 
Sans  qu'il  leur  dist  la  manière  de  user 
De  la  pouldre  quelle  il  leur  a  vendue.   » 
(Faifeu,  p.  50,  L.  C. 

Amutiner  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  S'entêter.  || 
Se  mutiner,  se  rebeller. 

Et.  —  Mutin,  pour  :  meutin,  muetin,  dérive  de 
meute  (cf.  muette),  au  sens  ancien  de  :  émeute.  Tiré 
de  :  émouvoir.  —  Hist.  «  Ayant  faute  d'argent  pour 
contenter  et  payer  ses  soldats,  même  les  lansque- 
netz  amutinez.  »  (Brantôme.)  God. 

Amydale  (Mj.),  s.  f.  —  Amygdale. 

Ancelée  (Pell.),  s.  f.  —  Sorte  de  grosse  che- 
nille qui  passe  pour  être  venimeuse.  —  Cf. 
Cru.  Il  Ec.  Elle  vit  surtout  sur  la  pomme  de 
terre.  Elle  donne  comme  papillon  le  gros 
sphinx  tête  de  mort  (ainsi  dit  du  dessin  qui 
orne  son  corselet).  La  nuit,  dans  un  apparte- 
ment, ce  papillon,  avec  son  vol  lourd  et  bour- 
donnant, fait  entendre  un  cri  comme  une 
plainte  qui  a  qqch.  de  lugubre.  Aussi  a-t-il 
toujours  été  considéré  comme  un  animal  de 
mauvais  augure  et  sa  présence  a  inspiré  une 
véritable  crainte  chez  les  paysans.  —  ||Fu.  — 
Se  dit  aussi  :  érancelée,  érancelle. 

Ancêtre  (Lg.),  s.  m.  —  Espèce.  Ex.  :  C'est 
des  vrais  bons  pois  ;  y  a  sept  à  huit  ans  que 
j'ai  cet  ancêtre-\k.  —  Syn.  de  Orine. 

Anche  (Mj.,  Ssl.),  s.  f.  —  Tuyau  par  où  le 
vin  s'écoule  du  pressoir.  ||  Lg.  Tuyau  cylin- 
drique ou  demi-cylindrique,  que  l'on  fixe 
dans  le  bourdonneau  d'une  panne  pour  faire 
écouler  le  lessi.  Syn.  de  Quenelle.  \\  Fu.  Se  dit 
uniquement  de  Vanche  du  pressoir  par  où 
s'écoule  le  vin  doux  dans  la  cuve.  La  cannelle 
se  met  à  la  barrique.  «  Tourne  donc  le  jau  » 
—  ferme  donc  la  quenelle.  — -  Un  simple  trou 
fermé  d'une  fine  cheville  s'appelle  un rfo!<-i,-la 
cheville  s'appelle  un  fossé  (fausset,  faussé).  — 
«  Je  t'achète  tout  ton  vin  pris  à  Vanche.  » 

Et.  et  Hist.  —  Aha.  Ancha,  jambe,  tibia,  d'où  le 
français  :  Anche,  avec  le  sens  de  :  tuyau.  —  Pro- 
vincialisme :  tirer  du  vin  par  Vanche  ;  —  dites  :  par 
la  cannelle.  (Litt.)  —  Cf.  Dousi. —  Anche  et  An- 
cheau  se  disaient  jadis  pour  la  cuve  elle-même  ; 
alors,  par  synecdoche,  la  partie  pour  le  tout.  — 
Sorte  de  canal  ou  demi-cylindre  en  bois  ou  en  tôle 
qui  met  le  cuvier  de  la  lessive  en  communication 
avec  la  chaudière  ;  quelquefois,  un  canon  de  fusil. 
(Jaub.)  —  «  Beaucoup  de  vin  de  moyenne  qualité  ; 
...24  livres  la  pipe,  la  goutte,  bien  entendu,  à 
Vouche,  36  et  40  quelque  temps  après,  (/ne.  Arch., 
E.  n.  195,  2.)  —  «  On  ne  nous  épargna  pas  aussi  le 
hideux  spectacle  d'une  guillotine  ambulante,  dé- 


ANCHENEAU  —  ANGE 


37 


gouttante  de  sang,  qu'on  affectait  de  l'aire  circuler 
au  milieu  de  nous,  avec  un  panier  gluant  de  sang, 
comme  un  panier  de  vendange  qu'on  met  sous 
Vanche  d'un  pressoir,  'i  (Cité  par  M.  l'abbé  Bre- 
TAUDEAtî,  p.  139.)  —  V.  Anchcneau. 

Ancheneaii  (Mj.),  s.  m.  —  Tuyau  ou  demi- 
tuyau  par  où  le  moût  s'écoule  du  i^ressoir- 
V.  Anche. 

Hist.  —  Une  petite  rivière  voisine,  dans  la  Loire- 
Inférieure,  s'appelle  l'Acheneau  ;  c'est  le  déversoir 
du  lac  de  Grandlieu.  Ce  nom  ne  serait-il  point  une 
corruption  de  Ancheneaut  (R.  O.)  ^  «  Avec  les 
gouttières  qui  issoient  hors  la  muraille. . .  où  finis- 
soient  en  grands  escheneaux  qui  tous  conduisoient 
en  la  rivière  par  dessous  le  logis.  »  (Rab.,  G'.,  i, 
53,  99.) 

Aiiclière  (Sar.,  Bz.),  s.  f.  —  Le  bâti  de 
maçonnerie  sur  lequel  reposait  l'ancien  pres- 
soir, non  portatif  et  déplaçable  comme  il  l'est 
maintenant.  Il  était  muni  d'un  rebord  où 
coulait  le  vin  qui,  par  une  anche,  se  répandait 
ensuite  dans  un  récipient,  souvent  un  trou 
creusé  dans  le  tuf  et  cimenté. —  Tirer  le  vin 
à  Vanchère.  V.  Anche. 

.  Ancien  (Mj.),  adj.  quai,  ou  s.  m.  —  Vieux. 
«  Il  était  déjà  ancien  quand  il  est  mort.  »  || 
Ein  homme  ancien,  —  âgé.  ||  L'ancien  temps, 
—  le  vieux  temps,  le  temps  jadis.  Ex.  :  Dans 
Vancien  temps  ils  voyaient  toujours  toute 
espèce  de  chouses  !  ||  Fu.  —  «  Nous  anciens  », 
nos  vieux  parents.  —  «  C'est  du  bien  de  nous 
anciens,  j'voulons  point  l'vendre.  « 
Et.  — •  B.  L.  Antianus,  de  Ante,  avant. 

Ancienneté  (d')  (Lg.)  —  Depuis  très  long- 
temps. Ex.  :  Ils  ont  ceté  bien  là  ô: ancienneté. 

AncioHX  (Sar.),  adj.  quai.  —  Gai. 

Ancre  (à  1')  (Lg.),  loc.  adv.  —  Au  dépourvu. 
Ex.  :  Je  se  à  l'ancre  de  pansion.  —  Syn.  de  : 
à  Cure-oques,  à  Pain-querre. 

Ancreau  (Mj.),  s.  m.  —  Verveux,  engin  de 
pêche  en  filet,  soutenu  par  des  cerceaux  que 
l'on  fixe  à  demeure  au  fond  de  l'eau.  Une 
large  ouverture  en  entonnoir  est  béante  en 
aval  et  conduit  le  poisson  qui  s'y  engage  dans 
une  sorte  de  poche  d'où  il  ne  peut  plus  sortir. 
Il  Ec.  C'est  une  poche  dans  l'épervier,  le 
chalut.  —  Le  cul  de  l'ancreau  est  fermé  par 
une  garde  (Loire),  ou  par  deux  gardes  (ri- 
vières), laissant  entre  elles  un  espace  mi-clos 
dit  :  entre-les-gardes.  —  Cf.  Coyaux  (coi-iaux), 
âlongs  cordes  pour  le  monter),  —  hart, 
enlernes  (en  troène),  terzilles  (bois  pour  le 
maintenir).  V.  Terzelles. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Ancre,  parce  que  l'appareil  est 
pour  ainsi  dire  ancré  dans  le  cours  d'eau.  —  Se  dit 
a>issi  Ancroc  (Lue).  Serait  alors  :  fixé  par  un  croc,  et 
devrait  prendre  un  E  initial. 

.Ancrer  (s'),  v.  réf.  —  S'entêter.  —  Ancrer 
son  attention,  son  esprit,  son  cœur  à  un  objet, 
c'est  s'y  arrêter,  l'y  fixer. 

Hist.  —   «  Cil  qui  s'entencion 
Avoit  fichie  et  aencrée 
En  la  Seinte  Virge  sagrée.  »  (L.  C.) 


Andille  (Mj.),  s.  f.  —  Mauvaise  prononcia- 
tion de  Anguille.  On  dit  de  même  Trantille, 
pour  :  tranquille.  ||  Fu.  —  Cravate  mince  et 
étroite  en  forme  d'anguille. 

Andouille,  s.  f.  —  Au  propre,  syn.  de  Ange- 
de-cheuiinèe.  \\  Fig.  —  Grand  niais.  Dans  ce 
cas  on  dit  souvent  :  Andouille  ficelée,  pour 
renchérir.  Cf.  Ane  bâté. 

Et.  Hist.  —  Personne  sans  énergie,  aussi  molle 
qu'une  andouille.  (Lor.  Larchey.)  —  Une  an- 
douille  n'est  pas  molle  !  (A.  V.)  —  H  y  a  dans 
Rabelais  un  saint  de  ce  nom.  {G.,  i,  17.)  — ■  Un 
homme  très  grand,  très  maigre  s'appelle  qqf.  un 
grand  dépendeur  d'andouilles.  Comme  celles-ci 
sont  souvent  suspendues  au  plafond,  il  faut,  en 
effet,  une  belle  taille  pour  les  aveindre  par  ses 
propres  moyens.  —  Litt.  et  le  Dict.  gén.  font  venir 
ce  mot  de  Inductilis,  du  v.  Inducere,  Ducere 
(introduire  la  viande)  in  (dans  le  boyau.)  —  Ce  n'est 
pas  l'avis  de  P.  Malvezin  :  «  Racine  celtique  and, 
auprès,  autour,  contre,  sur,  vers.  Explique  la  pre- 
mière partie  de  andouille,  gros  intestin,  grosse 
douille  (en  terme  de  charcuterie,  la  douille  est  le 
canal  qui  conduit  les  aliments  de  la  bouche  à  l'esto- 
mac), mot  venu  d'un  précédent  *  andogilla  (g  dur), 
de  an,  pour  and,  et  de  *  dogilla,  diminutif  de  doga, 
conduit,  et  non  d'un  lat.  hypothétique  *  inductile, 
avancé  par  Darmesteter,  lequel  latin,  d'ailleurs, 
ne  serait  jamais  devenu  populaire. 

Andouiller  (Sp.),  v.  a.  —  Mauvaise  pronon- 
ciat.  de  Ondoyer.  —  Lat.  Unda. 

Andrien  (Mj.),  s.  m.  —  Adrien.  A  vieilli. 
Confusion  avec  André.  Syn.  de  Dérien. 

Hist.  —  «  Donné  et  fait  en  nostre  manoir  de 
Saint-Oyn  emprès  Paris,  le  mardi  après  la  saint 
Andrien,  apostre.  »  (1315.)  —  N.  Il  s'agit  bien  de 
saint  André.  {Inv.  Arch.,  G.,  p.  164,  2.)  —  Cf. 
Y  Andrienne  de  Térence. 

Ane,  s.  m.  et  f.  —  Cf.  Bourdin,  Ministre. 
N.  Ce  nom  est  souvent  fait  du  fém.,  sans 
acception  du  sexe.  Ex.  :  Il  avait  eine  petite 
âne  sus  sa  bagnole.  ||  s.  m.  Chevalet  à  tra- 
vailler les  douelles.  —  Littré  donne  le  sens 
de  :  étau. 

N.  —  S'explique  par  la  forme  du  chevalet  sur 
lequel  l'ouvrier,  monte  à  âne  ;  ou  plutôt  parce  qu'il 
s'ouvre  comme  la  mâchoire  de  l'animal. 

Proverbes  innombrables.  —  Manger  du  pain 
à  Vâne,  —  vivre  en  fainéant.  En  parlant  d'un 
homme  laborieux,  actif  :  Ça  n'est  pas  du  pain  à 
l'âne  qu'il  mange  !  ||  Mj.  —  Lg.  —  Faire  Vâne  pour 
avoir  du  son,  —  faire  la  hôte  dans  un  but  intéressé, 
faire  l'hypocrite  pour  se  faire  bien  venir  de  quel- 
qu'un.' Il  Rester  en  figure  d'âne,  —  rester  déconte- 
nancé, déconfit,  etc.,  etc. 

Anémie  (Mj.),  adj.  quai.  —  Employé  pour  : 
anémié,  anémique.  Cf.  Asme. 

Anet°  (Lg.),  adv.  —  Aujourd'hui.  Doubl, 
et  syn.  de  Anuit,  Enhuit.  Cf.  Net,  Ménet. 
Mot  vieilli. 

Anetter  (Q.,  Zig.  171),  v.  a.  —  Buvotter, 
mettre  une  bouteille  à  net. 

Anganciel  (Chl.)  —  Pour  :  Arc-en-ciel.  Cf. 
Argancier. 

Ange  (Mj.),  s.  m.  —  Lit  à  l'ange,  —  lit  très 
élevé,  jadis  exclusivement  en  usage  dans  nos 


38 


ANGELOT'  —  ANICLER 


campagnes.  On  n'en  voit  plus  guère  aujour- 
d'hui V.  Bateau.  \\  Qqf.  ange  est  du  fém.  «  Il 
est  comme  eine  petite  ange.  ||  Ange -de -chemi- 
née. V.  Andouille. 

N.  —  Le  nom  du  lit  lui  vient  de  ce  qu'il  est  sans 
colonnes  et  à  rideaux  relevés,  figurant  des  ailes. 

Angelot',  (Mj.),  s.  m.  —  Enfant  que  l'on 
habille  de  blanc  pour  figurer  dans  une  proces- 
sion, et  qui  jette  des  fleurs  devant  le  dais 
(Fu.),  id. 

Hist.  —  Un  jeune  paige...  tant  bien  testonné, 
tant  bien  tiré,  tant  bien  épousseté,  tant  honneste 
en  son  maintien,  que  trop  mieux  ressembloit 
quelque  petit  angelot  qu'un  homme.  »  (Rab..  G., 
I,  15.) 

Angevine.  —  Voir  aussi  ce  mot  et  Angeine 
au  Folk-Lore.  —  Angevine,  prononcé 
dans  tout  le  Choletais  Anjuine,  paraît 
bien  être  particulier  à  l'Anjou  (Fu).  C'était, 
c'est  encore  une  date  commerciale,  une 
échéance.  Le  sanctuaire  de  Notre-Dame 
V Anjuine  était  le  Marillais.  —  La  même  fête 
en  Poitou  s'appelle  «  La  Bonne  Dame  ».  ||  Ec. 
Notre-Dame  d' Anjuine,  dans  le  nord  d'An- 
gers. La  fête,  la  foire  de  V Anjuine,  où  il  se 
vend  une  spécialité. 

N.  —  Ne  dites  pas  :  Une  Angevine  couenneuse, 
mais  :  une  angine  couenneuse.  (A.  V.) 

Hist.  —  «  C'est  à  luy  (Mgr  saint  Maurille)  fut 
divinement  révélé  la  teste  de  la  Nativité  deNostre- 
Dame  devoir  estre  en  septembre,  8«  jour,  célébrée; 
parquoy  la  dicte  feste  de  la  Nativité  print  son  nom 
de  Langevine,  combien  que  aucuns  allèguent 
d'autres  raisons.  »  (J.  de  BotiRD.,  Chroniq.,  17-.) 
—  Monnaie  ;  cens  annuel.  L'opinion  de  Du  Caxge 
est  que  la  fête  de  la  Nativité  de  la  Vierge  a  été 
nommée  Angevine,  parce  qu'en  Anjou  le  payement 
des  cens  et  rentes,  le  payement  de  V Angevine  se  fait 
ordinairement  le  jour  de  cette  fête.  »  (Cité  par 
La  Curne.)  —  «  U Angevine  vaut  120  livres  en 
évangiles  et  frairie.  Cette  année,  je  reçus  104  me- 
sures pendant  l'octave  et  le  jour  de  la  feste  ;  la 
dépense  me  coûta  65  livres  en  tout.  >-  Béhuard. 
(Inv.  Arch.,n,  E.  S,  315,  1.) 

Anglose,  adj.  quai.  —  Pour  :  Angleux,  se. 
Se  dit  d'une  noix  qui  s'ouvre  mal  et  se  fend 
par  éclats.  L'amande,  enchâssée  dans  des 
angles,  des  coins,  est  difficile  à  extraire.  — 
Fr.  :  Anguleux.  i|  Ec.  On  dit  :  Eine  noix 
anglouse,  ou  très  long. 

Angon  (Br.),  s.  m.  —  Sorte  de  charrue.  — 
L'angon  laisse  une  rigole  plus  profonde  que 
la  raise,  pour  assainir  un  terrain  cassif.  — 
Sans  doute  le  Huau  ou  Vau. 

Angiienas  (Fe),  s.  m.  —  Embarras.  —  Il  y 
a  de  Vanguenas,  —  les  choses  ne  vont  pas 
toutes  seules.  —  Peut-être  du  vjc  fr.  Engei- 
gner?  Devrait  alors  s'écrire  par  un  E. 

Anguille,  s.  f.  —  Prononcez  Andille.  — 
Mouchoir  roulé  en  forme  de  serpent  ou  d'an- 
guille, avec  lequel  les  enfants  se  donnent  des 
coups  en  jouant.  —  Se  trouve  dans  Litt.  et 
le  Dict.  gén.  \\  Anguillettes,  diminutif.  ||  Ec. 
La  peau  d'anguille  servait  à  attacher  le  flau 
{fléau)  à  son  manche  pour  les  batteries,  avant 


les  batteuses  mécaniques.  ||  Anguille  de  haie, 

—  vipère.  ||  Y  a  anguille  sous  roche,  qq. 
secret. 

N.  —  La  peau  d'anguille  servait  à  fouetter  les 
enfants,  nous  dit  Isidore.  (Litt.) 

Anguir  (Sar.),  v.  a.  —  Faire  anguir  un  nid, 

—  en  faire  fuir  la  mère  pour  tout  à  fait.  V. 
Aillir,  Hadir. 

Angustié,  adj.  quai.  —  Étroit. 
Hist.  —   ((  Tous  endroits  plus  ou  moins  angus- 
tiés.  1)  (Nouvelles  archéol.  ;  cité  par  M.  l'abbé  Bre- 

TAtJDEAU.) 

Anhuit'  (partout),  adv.  —  Aujourd'hui,  et 
non  pas  :  cette  nuit.  —  Le  breton  emploie  au 
même  sens  Hinihue,  Hirihue,  ^idihue 
(R.  O.).  —  V.  Enhuit,  Anuit.  ||  D^ anhuit  en 
jours,  —  dans  qqs  jours.  ||  Ec.  —  Au  S.  O., 
aux  bords  de  la  Loire,  surtout,  on  fait  sentir 
un  t  final  dans  un  gi'and  nombre  de  mots  qui 
n'en  ont  pas  :  icit',  enhuit'.  Au  N.  E.,  c'est  le 
contraire  :  anhui,  ici,  c'est  un  fai  (fait), 
d'méshui.  —  On  dit  cependant  :  d'anhuit'  en 
huit.  —  Bords  de  la  Mayenne  :  d'mes'hé. 

Et.  Hist.  —  LiTTRÉ,  v»  Anuiter  :  «  Anuit,  qui 
signifiait  :  cette  nuit,  était  un  excellent  mot,  encore 
usité  dans  qqs  provinces.  =  N.  Formé  de  A,  Hodie 
(n  euphonique),  c'est  le  hui  de  :  aujourd'hui,  avec 
addition  de  t  sonore.  Donc,  cela  ne  signifie  pas  : 
cette  nuit.  (A.  V.)  — ■  Rappelle  la  manière  de  comp- 
ter des  Gaulois.  (Daguet.)  —  Non. 

—   «   Aneut  à   moy,   demain   à   toi. 
Anet  amy,  demain  ennemy. 
Anit  en  chère,  demain  en  bière. 
Jnet  roy,  demain  rin. 
(Vieux  proverbes.  Cités  par  Favke.) 
—   «  Car  nos  non  son  certain 

Si  la  mort  nos  penra  o  ennui  o  demain.  » 
(Poème  vaudois  du  XV^  s..  Eveillé.) 

Anianter  (Mj.,  Spg.),  Aniantir  (Lve),  v.  a. 

—  Rendre  fainéant.  De  néant.  —  Corrupt. 
de  Anéantir,  dans  un  sens  spécial.  Syn.  de 
Afainianter,  Avesser,  Aladrer,  Acaignarder, 
Acaigner,  Haquenir. 

Anicer  (Sp.),  v.  a.  —  Amollir.  Syn.  de 
Haquenir,  Arosser.  \\  Abrutir.  Ex.  :  Y  sont 
anicés  par  la  misère.  ||  Fu.  —  Rendre  nice, 
rendre  difficile.  «  Assaie  donc  à  ou  (cela,  le) 
faire  !  —  Nenni,  ou-l-est  trop  nice.  »  —  «  Mon 
p'tit  gas  fait  qu'braillei,  il  é  nice  comme  eine 
pochée.  ))  —  «  Va  donc,  bouguer'  de  nice 
poche  !  »  \.  Anicler. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Nice.  —  La  Curxe  dit  : 
Anicher,  Anicer,  —  mettre  au  nid.  —  (Alors,  par 
extension,  dorloter  comme  dans  un  nid?  A.  V.) 

Anicler  Aniqueler  (Sa.,  Bn.),  v.  a.  — 
Énerver,  amollir,  rendre  paresseux.  —  Syn. 
de  Anianter,  Anicer,  Aniantir,  Aladrer,  etc. 
V.  Anianter.  \\  Aniclé.  —  Casanier  (By). 
Est-il  tout  de  même  aniclé,  là  !  jamais  on  ne 
le  voit  sortir  de  chez  lui  !  »  —  S' anicler.  \'\ 
Semble  un  diminut.  de  Anicer. 

Et.  —  On  disait  jadis  :  Adnichiler,  en  aspirant 
fortement  l'h  et  prononçant  le  ch.  —  On  trouve 
dans  M.-VKOT  :  anichiler,  réduire  à  rien,  ad,  nihil.  — 
«  Aniclé  se  dit  du  blé  dont  les  grains  sont  retraits, 
réduits  à  rien.  »  (Jaub.)  —  «  S' anicler,  perdre  ses 


ANILLE  —  ANTIQUE 


39 


forces,  s'abattre,  s'abandonner,  s'endormir  sur  la 
besogne,  se  ramasser  au  coin  du  feu,  se  blottir.  «  — 
A  rapprocher,  par  curiosité,  de  l'argot  moderne  : 
Avoir  les  pieds  nickelés  :  J'ai  les  pieds    nickelés, 

—  je  ne  marche  pas. 

Anille  (Av.,  Ségr.,  Ec,  Mj.,  Lue),  s.  f.  — 
Manivelle  adaptée  à  un  volant,  à  un  arbre  de 
couche,  d'une  tarare,  d'un  hache-paille,  etc., 
pour  tourner  à  bras  d'homme.  i|  Anille  de 
puits.  Il  Fer  de  moulin,  mis  autour  des 
moyeux  pour  les  fortifier.  ||  Sar.,  Doué.  — 
Anilles,  —  béquilles.  «  Il  marche  avec  des 
ânilles.  ||  Bras  de  rouet,  petit  treuil.  j|  Poi- 
gnées du  gournâs,  ou  gourneau.  —  Syn.  de 
Brassail. 

E.  —  «  Ane.  fr.  Aneille  ;  lat.  popul.  :  anaticula 
(D.  C),  petit  canard,  puis  son  bec  seulement,  puis 
tout  objet  de  cette  forme,  bec  de  cane,  béquille.  « 
(Dict.  gén.)  —  «  Bâton  de  vieille  ou  de  vieillard.  En 
latin  :  anilis  (anus,  vieille  femme  ;  étymol.  tout 
autre).  Renvoie  à  Ménage.  (L.  C.)  —  «  S'anéyer, 
vieillir,   se   voûter,   marcher   avec   des   ânilles.  » 

(DOTT.) 

Anis  (Mj.),  s.  m.  Anis.  L'a  est  très  long. 

Année  (Mj.),  s.  f.  —  Prononcez  An-née; 
an,  très  nasal.  «  Y  en  a  comme  par  la  bonne 
année,  —  il  y  en  a  à  foison.  |i  A  longue  d'année 
— '■  toute  l'année.  (Zig.  131).  ||  Pour  :  annuit, 

—  aujourd'hui  (Segr.).  —  Alors  il  faut  écrire 
Annet.  ||  Récolte  annuelle,  revenu  d'une 
ferme,  d'une  propriété  pendant  une  année. 
Ex.  :  J'arons  eine  bonne  demi-année.  Manière 
de  parler  des  paysans  qui  ne  veulent  jamais 
avouer  que  l'année  sera  bonne  (Dott.).  —  [j 
Prendre  ses  années,  —  avoir  sa  date  de  nais- 
sance. Ex.  :  A  prend  ses  années  au  mois  de 
juun.  Il  Proverbes  :  En  1615,  Vannée  des 
grandes  eaux  ;  en  1661,  chère  année  ;  en  1599, 
année  vineuse.  —  Année  de  vins,  deux  années 
sèches,  disent  les  vignerons  (Mén.). 

N.  —  Ec.  —  Sur  les  bords  de  la  Loire,  là  où  l'on 
a  qu  =  t,  par  ex.  :  Vanquié  oppose  de  menqui 
(quand  on  ne  veut  pas  dire  la  vérité,  mais  ne  pas 
mentir  non  plus,  on  dit  :  vanquié,  peut-être  ;  ce 
n'est  ni  oui,  ni  non),  là  on  prononce  An-née.  Au 
N.-E.,  on  dit  :  a-née,  a  bref.  —  De  même  pour  an- 
nimal,  an-nivarsaire.  —  (Vantiers  est  pour  : 
v'iontiers.) 

Annelier,  adj.  quai.  —  Se  dit  dans  le  pro- 
verbe :  Février  annelier.  —  Dans  ce  mois  les 
mariages  sont  nombreux. 

Et.  Hist.  —  De  Anneau,  jadis  Anel.  —  «  Où  l'on 
voit  des  anneaux,  qui  porte  des  anneaux.  — •  Le 
quart  (doigt)  est  appelé  annelier  pour  ce  qu'on  met 
les  anneaux  par  coustume  en  cestuy  doigt.  »  (God.) 

Cf.  Gamélion.  —  Mois  du  calendrier  athénien  qui 
fut  d'abord  le  premier  et  qui  devint  ensuite  le 
septième  ;  il  correspondait  à  partie  de  janvier  et  de 
février.  —  En  grec  :  Gamêliôn,  de  Gamêlioç,  qui  a 
rapport  au  mariage,  de  Gamoç,  mariage  ;  ainsi  dit 
parce  que  la  plupart  des  mariages  se  faisaient  en  ce 
mois.  (Litt.)  On  voit  la  concordance,  au  moins 
curieuse. 

Anninial  (Mj.),  s.  m.  —  Prononcer  An-iii- 
mal,  an  nasal. 

Anniniuii  (^Ij.,  Lg-,  Tlm.),  s.  m.  —  Animal. 

—  Prononcez  An-nimau  (voir  note  à  Année). 


Forme  vieillie,  surtout  à  Mj.,  où  on  ne  l'em- 
ploie plus  guère  qu'en  plaisantant,  dans  la 
locut.  :  Queun  animau  vart  !  —  quel  diable, 
quelle  bête  enragée.  —  Cf.  Jaub.,  citation. 

Anombrer  (Tlm.,  Mj.),  v.  n.  —  Faire 
nombre.  Ex.  :  Des  bonhommes  comme  ça 
dans  le  conseil,  ça  ne  sart  qu'à  anombrer. 

Et.  Hist.  —  Lat.  Annumerare,  assembler  des 
nombres.  —  «  Sathanas. . .  enticha  David  qui  il 
feist  anumhrer  ces  de  Lsraël.  »  —  C'est  le  dénom- 
brement. (L.  C.) — •  Enumérer  :   ■ 

—   «    Nul   ne   savereit   aconter 
Ne   les   miracles  anombrer  J 
Que  deus  i  fait.  » 
(Vie  de  saint  Tliomas:  de  Canterhury,  v.  1291.X.  C.) 

Anote  (Ec),  s.  f.  —  Plante.  Est-ce  la  joua- 
nette?  (Une  petite  ombellifère  des  prairies, 
Foenanthe,  je  crois).  Son  tubercule  est  bon, 
quand  il  est  assaisonné  (mûr),  avec  son  petit 
goût  de  noisette. 

N.  —  R.  O.  ne  connaît  pas  ce  mot.  «  Je  remarque 
la  ressemblance  de  ce  mot  avec  Abernote,  qui  est 
aussi  une  plante  à  tubercules  ;  mais  je  n'en 
conclus  pas  que  ce  soit  la  même.  Je  suis  même  per- 
suadé du  contraire,  s'il  s'agit  d'une  ombellifère 
Jaubert  donne  :  Anottes,  gesse  tubéreuse,  ç.-à.d. 
la  plante  appelée  à  Mj.  Jôgnerote,  qui  est  une  légu- 
mineuse  (Gesse  tubéreuse,  lathyrus  tuberosus  ; 
vulgairement  Mitrouillet,  jagnerote  (Bataed.),  et 
non  une  ombellifère.  —  Le  correspondant  d'Ec.  se 
demande  si  son  Anote  ne  serait  point  la  Jouanette, 
petite  ombellifère  des  prairies  (sans  doute  celle  qui 
est  appelée  à  Mj.  Pavereau),  qui,  d'après  lui,  serait 
une  œnanthe.  Peut-être,  en  tout  cas,  ce  ne  serait 
pas  l'œnanthe  safrané,  celui  qui  est  appelé  Pépé  ou 
Pain- feu. 

Anouguière    (Pell.),    adj.    quai.    Syn.    de 

Nogiiière. 

Anquiller,  Enquiller.  —  D'où  vient  ce  mot? 
Ec.  —  On  anguille  son  pardessus  par  dessus 
son  petit  veston,  et  on  a  l'air  habillé. 

Ansée  (Po),  s.  f.  —  Une  oie. 

Et.  Hist.  —  Lat.  Anser.  —  «  Un  lict  a  triple 
couche  de  plume  anserine.  »  (Rab.,  G.,  20.) 

Ante,  s.  f.  —  Se  disait  pour  :  tante,  d'après 
l'abbé  GoRBLET  (Méx.). 

Et.  Hist.  —  Lat.  Amita  (ma  ante,  ta  ante,  sa 
ante  ;  ta  ante  a  donné  :  tante  ;  comme  m'amie,  mon 
amie,  a  donné  :  ma  mie,  etc.)  —  Angl.  Aunt. 
—   «  Il  eut  un  oncle  limosin 

Qui  fut  frère  de  sa  belle  ante.    » 
Farce   de   Pathelin.) 

Antécbrisse  (Mj.),  s.  m.  —  Antéchrist. 
(  Variantes  :  Antecriz,  Andecris,  Entrecriz  — 
dans  GoD.) 

Autlirac  (Lg.),  s.  m.  —  Anthrax. 

Hist.  —  Un  anthrac.  vulgairement  dit  un  clou 

(GoD.) 

Antiniancher  (Segr.),  v.  a.  —  Arranger 
difficilement  une  chose  mal  commencée  ; 
tenir  des  propos  dilTus.  ||  Fu.  Emmêler. 
J^^sais  pas  comment  qu"ou-l-est  entimanché 
(Écrit  par  un  E  initial,  comme  Emmancher). 

Antique  (d")  (Lg.),  loc.  adv.  —  Du  temps 
jadis,  \  .  Leulin  au  Folk-Lore,  IX. 


40 


ANTISSER  —  APARCÉVANCE 


Antisser  (Bf.),v.  a.  —  Exciler  qqn.  ||  Ec. 
Anticher  ou  Enticher. 

Anucher  (Segr.),  v.  a.  —  Bredasser.  «  QuC 
nous  anuches-tu  là?  —  que  dis-tu?  (Mén.) 

(Favre)  Lire  très  mal,  ne  pouvoir  pas  déchiffrer 
ce  qu'on  lit. 

Anuit,  Enhuit  (Partout).  —  V.  Anhuit 
que  cet  article  complète.  —  Au  jour  d'anuit, 
au  joui  d'aujourd'hui,  à  notre  époque.  |1  Fu. 
Anuit,  et,  plus  vieux  :  Ané,  aujourd'hui. 
Au  Fuilet,  le  t  final  n'est  pas  sonore,  excepté 
dans  l'expression  d'anhuif  en  huit,  d' anhuit' 
en  quinze.  ||  Syn.  et  doubl.  de  Anet. 

Et.  Hist.  —  «  Les  Gaulois  ne  comptaient  pas  par 
les  jours,  mais  par  les  nuits.  Voilà  pourquoi  les 
paysans  et  le  peuple  disent  encore  à-nuit,  d'à-nuit 
en  huit,  pour  dire  :  aujourd'hui,  d'aujourd'hui  en 
huit.  (J.  B.  —  E.  h.,  I,  33.)  —  N.  J'ai  tenu  à  citer 
cette  opinion  de  Bodin,  mais  je  ne  la  partage  pas. 
Si  elle  était  fondée,  comment  se  ferait-il  que  nos 
Bretons,  ces  survivants  directs  des  Celtes,  si 
fidèles  aux  coutumes  ancestrales,  ne  comptent  pas 
par  nuits?  Comment  expliquer  leur  mot  Hinihué 
ou  Hiniwe,  qui  signifie  précisément  :  aujourd'hui, 
et  qui  n'a  pas  de  rapport  avec  la  nuit?  N'est-il 
pas  plus  logique  de  voir  dans  ce  mot  ou  bien  l'ori- 
gine oui  bien  une  corruption  de  notre  vocable 
Anuit,  anhuit,  enhuit?  (R.  O.)  —  «  On  a  prétendu 
que  les  Allemands,  les  Francs,  les  Gaulois  comptant 
par  nuits  (preuves  nombreuses),  ce  mot  venait  de  : 
kac  nocle.  Non,  mais  de  in,  hodie,  en  hui,  anuit.  De 
hodie  nous  avons  fait  huy,  qui  est  encore  en  usage 
dans  le  Palais,  où  l'on  dit  :  dans  huy,  pour  :  dans  ce 
jour,  qui  est  la  même  chose  que  aujourd'huy,  au 
jour  de  huy.  On  dit  -.  m  hodie,  comme  on  dit  :  in 
de  mane,  dont  nous  avons  fait  en  demain,  puis 
Vendemain,  puis  lendemain,  en  incorporant  l'article 
au  mot.  ))  (Lor.  Larchey.)  — ■  On  retrouve  ce 
double  sens  de  jour  et  de  nuit  : 

—  «  Hui  ont  eu  maie  journée, 
Anuit  aront  maie  vesprée.  «  (L.  C.\ 

—  «  Il  s'en  vint  à  lui  tout  joyeulx 
A  celle  fin  de  le  tromper, 

En  disant  :  Mon  voisin,  je  veux 
Vous  donner  annuyi  à  souper.  » 
(Villon   La  Repue  du  Pelletier.  —  Jaub.) 
N.  • —  Par  curiosité,  je  cite  ces  variantes  du  mot  : 
Annuit,   anuyt,   anuict,   annuict,   annuyt,   anhuy, 
enuit,  ennuit,  ennuyt,  henuit,  enhuy,  enoit,  ennoit, 
enut,  eneut,  anheux.  —   «  Ce  que  tu  peux  faire 
annuit,  n'attends  pas  au  lendemain.    »  (MoNLtrc, 
Comni.,  I,  128.  —  God.)  Cet  exemple  est-il  assez 
concluant? 

—  «  Encore  aujourd'hui,  nos  paysans  pro- 
noncent souvent  :  en  huit,  ajoutant  un  t  eupho- 
nique, comme  ennuit,  et  faisant  sonner  le  t,  ce  qui 
a  fait  croire  qu'ils  voulaient  dire  :  en  la  nuit,  par 
suite  de  l'usage,  qu'on  a  prétendu  avoir  existé  chez 
les  Gaulois,  de  compter  le  temps  non  par  jours, 
mais  par  nuits. . .  Il  ne  faudrait  pas  confondre  En 
nuit  et  A  nuit,  de  nuit,  ou  cette  nuit,  avec  enhui.  — 
Selon  M.  Rathery,  annuit,  anuit  ont  été  employés 
souvent  dans  le  sens  de  .-  aujourd'hui,  sans  que 
l'idée  de  nuit  intervint.  Il  en  est  toujours  ainsi 
dans  l'Anjou. 

—   «  Ma  fille  Anne,  dépêchez-vous, 
Si  serez  au  temple  menée  ; 
A  Joachim  vous  ai  menée 
Qui  ennuit  vous  épousera.  « 

(Wace,  De  la  Conception.  —  Jaub.) 

—  «  En  hui,  aujourd'hui  :  comme  on  dit  :  d'hui 
en  un  an.  —  «  Recommandez-vous  à  lui,  et  vous  y 
serez  en  hui.  »  (Bon.  des  Périees,  Conte  50.  —  Id.) 


—  «  Mais  il  me  torne  à  grant  anui 
Qu'anuit  nos  somes  oblié 

Que  nos  n'avons  mie  soné 

As  vespres,  ne  à  la  vigile.  »  (Renart,  21,  493.) 

—  «  Le  temps  est  noir  en  diable,  à  nuit,  et  la 
rue  pleine  de  gadoue.  »  (La  scène  a  lieu  vers  midi 

—  Hist.  du  ex  temps,  p.  391.) 

J'ai  cru  devoir  donner  oe  développement  à 
l'explication  d'un  mot  des  plus  usités,  très  curieux, 
et  dont  l'étymologie  est  souvent  contestée.  Le 
lecteur,  j'ose  le  croire,  n'hésitera  plus. 

Anvain  (Segr.),  s.  m.  —  Petit  reptile  inof- 
fensif qui  se  brise  facilement.  —  C'est  l'Orvet. 

—  Dans  quelques  provinces  on  l'appelle 
Anœil,  sans  doute  à  cause  de  la  petitesse  de 
ses  yeux.  ||  Ec.  :  Anvrain  (orvet,  serpent  de 
verre).  ||  Syn.  et  doubl.  de  Envrun,  Envrogne. 
Sourd,  salamandre?  —  On  connaît  le  pro- 
verbe : 

Si  anvrain  voyait 
Et  sourd  entendait, 
Jamais  homin'   vivrait. 


Aoir  (Lms.),  —  Z. 

Aouillage,  s.  m.  - 

vaut  : 


196.  —Avoir. 

—  Ouillage.  Voir  le  sui- 


Aoiiiller,  v.  a.  —  Ouiller.  —  On  dit,  à  Ec, 
AvouiUer,  puis  :  ravouillei:  Par  ext.  :  «  Le  pot 
au  feu  qui  a  été  ravouillé  ne  vaut  guère.  »  — 
J'en  suis /•aco«i7/é.  » 

Et.  —  «  Ouiller,  pour  :  aouiller,  aoiller,  composé 
de  A,  Œil,  sous  sa  forme  atone  ;  proprement  :  rem- 
plir jusqu'à  l'œil  (la  bonde)  un  tonneau  à  mesure 
qu'il  se  vide  par  évapora tion.  «  (Dict.  gén.)  — 
La  Curne  donne  la  même  explication  pour  :  œiller. 
Il  ajoute  :  Le  composé  :  aouiller  vient  peut-être 
d'adoliare,  fait  sur  dolium  (barrique),  comme 
Entonner  a  été  fait  sur  Tonne.  Ulpien  donne  la 
forme  Doliare.  (Note  de  l'Editeur.)  —  Aœiller, 
aoiUier,  —  jouer  de  la  prunelle,  jeter  les  yeux  sur  : 
. .  .remplir  un  tonneau  jusqu'à  la  bonde,  l'œil. 
Italien  :  adocchiare.  (D^  A.  Bos.)  —  AvouiUer,  — 
jeter  de  l'eau.  (Orain.)  —  Aouillage.  (Reiiie 
d'Anjou,  août  1883.) 

.4oûter,  Aouster,  v.  a.  —  Moissonner.  Le 
mot  fr.  signifie  :  rendre  mûr  :  «  Les  rameaux 
bien  aoûtés  ne  craignent  pas  les  rigueurs  de 
l'hiver.  (Ec.) 

Et.  Hist.  —  Vient  du  mois  d'Août,  qui  mûrit  les 
fruits  par  sa  chaleur.  Série  des  transformations  : 
Augustum,  agostu,  aost,  aoust,  août,  oût.  — 
«  Faucher,  fener,  aouster,  vendenger.  »  (Coui.- 
d' Anjou,  n,  105.)  —  Un  Aoùteur,  Aoûteron,  —  un 
moissonneur. 

Apadanser  (-Vg.),  v.  a.  —  Suspendre.  Cf. 
Dépadanser.  Pour  Appendanser,  appendre 
une  chose.  Une  apandansée,  dans  le  Bas- 
Maine,  est  une  réunion  de  plusieurs  objets 
su.spendus  ensemble. 

Aparcévance  (Mj.),  s.  f  —  Perspicacité.  V. 
Aparch'ant. 

Et.  Hist.  —  Vue,  et,  fig.  action  d'apercevoir,  sen- 
timent que  l'on  a  d'une  chose,  jugement  approxi- 
matif qu'on  en  porte.  —  «  Il  a  une  bonne  aparcé- 
vance »,  pour  :  Il  a  la  vue  longue,  ou  :  Il  a  de  la 
sagacité.  »  —  «  Suivant  mon  aparcévance,  ça  finira 
mal.  »  —  «  De  tant  comme  il  y  avoit  moins  de 
péril,  de  tant  y  eut-il  plus  do  aparcévance  à  penser 


APARCÉVANT  —  APLAQUERÉ 


41 


ce  que  besoing  seroit.  »  (God.)  —  Projet,  dessein, 
chose  en  vue.  (My.) 

Aparcévant  (Mj.),  aclj.  verb.  —  Perspicace. 
Il  Ombrageux,  en  parlant  d'un  cheval.  —  Ex.  : 
Le  chevau  est  bon,  mais,  par  exemple,  il  est 
aparcévant.  —  Corrupt.  du  fr.  — ■  En  hippia- 
trique  :  cheval  dont  les  yeux  sont  trop  en 
saillie. 

Hist.  —  «  Mon  oncle  Martineau,  de  Pellouailles, 
n'est  pas  encore  arrivé  !  Pourvu  qu'il  n'ait  pas  eu 
un  accident  en  route  ;  sa  jument  est  si  apercevante'.  » 
(C.  Lerodx-Cesbron,  Souvenirs  d'un  maire  de  vil- 
lage. ) 

Aparcévoir  (Mj.),  v.  a.  —  Apercevoir. 

Aparçii  (Mj.),  part.  pas.  — •  S'emploie  dans 
l'express.  :  Se  trouver  aparçu,  — ■  s'apercevoir. 
Ex.  :  Je  ne  m'en  se  point  trouvé  aparçii  qu'a- 
près que  j'ai  été  rendu.  ||  Au  Fuilet,  on 
n'adjoint  pas  :  trouvé. 

Apart  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Compte  particu- 
lier, état  contraire  à  l'indivision  ou  à  la  com- 
munauté, existence  indépendante.  Ex.  :  Il 
s'est  mis  à  son  apart. 

Et.  —  La  Curne  le  dérive  de  :  à,  par.  prépos.,  à 
par  (soi),  tout  seul,  séparément  :  lat.  :  per  se. . .  La 
prépos.  par  est  une  altération  du  subst.  part.  «  En 
agissant  à-par-soi,  ou  :  pour  soi,  on  agit  seul,  et 
pour  ainsi  dire  :  à  part.  On  soupçonne  donc  que 
cette  idée  particulière  étant  généralisée,  l'expres- 
sion :  à-par-soi  aura  signifié  ;  tout  seul,  séparément, 
et  que  la  signification  de  par  étant  devenue  la 
même  que  celle  du  subst.  part,  on  aura  substitué 
1  e  subst.  à  la  prépos.,  laquelle,  étant  précédée  de 
à,  paraissait  elle-même  être  un  substantif.  Telle 
pourrait  être  l'origine  ancienne  de  notre  expression: 
à-part,  à-par-soi.  —  V.  Par. 

Apatiner  (Tlm.),  v.  a.  — •  Faire  des  portées, 
au  jeu  de  cartes.  V.  Patiner.  C'est  :  manier 
avec  ses  pattes,  —  mis  ici  pou?  :  mains. 

Apégnocher  (Lg.),  v.  a.  —  Gâter,  amollir 
par  trop  de  soins.  —  Dér.  de  Pégnocher. 

Apénoter  (Tlm.),  v.  a.  —  Chercher  à  attirer 
par  des  flatteries  ou  des  caresses  ;  aguicher. 
Syn.  de  Acquiârer. 

Et.  —  Ne  serait-ce  pas  pour  A-peloter,  manier 
comme  une  pelote?  On  dit  :  peloter  qqn,  dans  le 
même  sens,  pour  en  obtenir  une  faveur.  Ou  de 
Pégnaud,  Pégnot,  donc  du  franc.  Peine? 

Apériteur  (Ag.),  s.  m.  —  Nom  donné  à 
Tolève  qui,  interrogé  le  premier  aux  examens, 
devait  prononcer  un  discours.  (An/.  hi.-<tor., 
l''"  année,  n°  1,  p.  51.) 

Et.  —  Du  lat.  Aperire,  ouvrir,  au  sens  de  :  com- 
mencer. —  Cf.  l'apéritif  moderne.  —  Ne  pas  con- 
fondre avec  Appariteurs,  huissiers  ou  bedeaux,  en 
lat.  Apparitores,  parce  qu'ils  paraissaient  sous  les 
yeux  du  magistrat  pour  lui  rendre  service.  «  Ceux-ci 
ne  sont,  proprement  parlant,  diables  d'enfer,  ils  en 
sont    apariteurs   et    ministres.    »    (Rab.,    4,    Prol.) 

BOREL. 

.4petiss«'r  (Ec),  v.  a.  —  On  dit  :  apetisser, 
faire  des  apetis.sures  ;  élever,  faire  des  éle- 
vures,  des  tcrue.^.  —  Une  laceuse,  —  de  lacer 
(faire  des  las,  des  lacs  ;  laqueos  facere).  Un 
lacet  (laqueus).  —  On  dit  aussi  :  mailler,  qui 


n'est  pas  syn.  de  Armender.  Lacer,  c'est  faire 
du  neuf  ;  mailler,  terme  général  ;  armender, 
c'est  raccommoder  un  engin.  \\  Fu.,  Mj.  —  v. 
n.  Devenir  plus  petit.  «  Il  é  point  grand  ;  je 
cré  qu'il  a  encore  apetissé  depuis  la  dârniére 
foué  que  j'I'aouais  vu.  » 

Apetissure  (Mj.),  s.  f.  —  Endroit  d'un 
ouvrage  de  tricot  où  deux  mailles  ont  été 
prises  ensemble  pour  n'en  faire  qu'une  seule. 
Il  Ec.  —  Eine  bonne  laceuse  compte  ben  ses 
apetissures  et  ses  écrues  ;  elle  doit  choisir  son 
moule  et  serrer  ben  égal,  pour  que  son  engin 
ait  toujours  autant  d'aunes. 

.4petitzir  (Lg.),  v.  a.  —  Rendre  plus  petit, 
diminuer. 

Apette,  s.  f.  —  Avette,  abeille. 

Apêvrer  (Lg.),  v.  a.  —  Engazonner,  enher- 
ber.  Syn.  de  Apréier.  — •  Dér.  de  Pêvre.  Cf. 
Depêvrer. 

Aphyxier  (Mj.),  v.  n.  —  Etre  asphyxié.  Se 
construit  comme  :  étouffer.  Ex.  :  ^'allons 
aphyxier  là  dedans.  !|  A  Ec,  on  dit  :  Asphy- 
xer. 

Apienger,  v.  a.  —  C'est  faire  rentrer  les 
choux  dans  le  pot  quand  le  bouillon  les  sou- 
lève. V.  Aplangir. 

Et.  —  J'y  verrais  :  à  et  p/onger,  avec  pi  mouillé. 
Je  trouve  dans  Dacjxet  :  Appyenger,  enfoncer 
dans  l'eau  (linge,  chanvre,  etc.)  —  Dottix  donne 
aussi  ce  mot.  —  V.  Aplangir,  où  l'étymologie  est 
meilleure.  —  Godefrov  :  Aplaner,  Aplaigner. 
(Supplément.)  H  Ec.  —  Faire  pinger,  pour  :  plonger. 
«  Ça  pinge-t-i  ben,  un  taignoux  !  » 

Apiées.  —  V.  Appiés. 

Apiétages  (Chm.),  s.  m.  —  Tous  les  outils 
d'une  ferme.  «  Les  apiétages  ont  été  estimés..  » 
Charrues,  herses,  rouleaux,  etc.  —  V.  Appiés. 

N.  —  Apye,  aplet,  —  timon  qu'on  met  entre 
deux  bœufs.   —   Apyétaj,   —   outillage   agricole. 

(DOTT.) 

Apifurer,  v.  a.  —  Etre  apifuré  après  qqn, 
c'est  s'acharnei'.  (Méx.,  qui  le  tire  de  Apis, 
abeille.) 

Apincrer  (Chl.),  a.  v.  —  Saisir.  —  Cf.  Pin- 
crer,  [j  Sal.  Obtenir,  saisir  par  moyens  habiles. 

Apiper  (Mj.),  v.  a.  —  Piper,  cajoler,  attirer, 
séduire,  affrioler,  apprivoiser.  Ex.  :  Tu  fais 
ça  pour  m'apiper. 

Et.  —  Piper.  Lat.  popul.  Pippare  ;  classiq.  Pi- 
pare  ;  glous.ser,  pousser  un  petit  cri.  —  Imiter  le  cri 
de  la  chouette  ou  celui  des  oiseaux  pour  les  attirer 
et  les  prendre.  (Dict.  gcn.)  —  Cf.  Pipée.  —  Duper  en 
séduisant. 

Apipoter  (Sa!.), 
leries. 

Ap/an 

Et.  — 
sujet  de  l'adoucissement  de  ch  en  g,  cf.  Rouget, 
pour  Houchet.  V.  Apienger. 

-ip/aqueré  (Z.  122),  adj.  quai.  —  Etendu 
comme  aplati  en  forme  de  plaque.  \\  Fu. 
Terre  mal  travaillée  ;  —  mal  fait,  en  plaques. 


Attirer  par  des  cageo- 


;ir  "  (Lg.),  v.  a.  —  Aplanir,  niveler. 
Pour  :  aplanchir,  dér.   de  Planclie.   Au 


42 


APLASSER  —  APPIËS 


Aplasser  (Fu),  v.  a.  —  Tasser  de  la  terre, 
du  foin,  des  objets,  pour  réduire  la  place 
occupée  et  pour  consolider. 


—  Aplatir.  —  Sou- 
Débinage,  par  anti- 


Aplatezir  (Lg.),  v.  a. 
vent  /;/  mouillé. 

Apologie  (Mj.),  s.  f.  — 
phrase. 

Apothiquer  (Cht.),  v.  a.  —  Corrupt.  du 
mot  franc.  Hypothéquer,  par  confusion  avec 
le  mot  plus  connu  :  Apothicaiic 

Et.  —  Du  grec  :  hypothèkè,  mis  en  gage.  —  Cf. 
Boutiquier.  V.  Hympothiquer. 

Apotichonner  (Segr.),  v.  a.  —  Mettre  dans 

un  pot,  en  tas.  Syn.  à'  Ah  idole  r.  —  Une  per- 
sonne apotichonnée  ou  courbée.  (Mén.).  — 
De  Pot  ou  Potiche. 

N.  —  Apotir  ;  mitonner,  laisser  cuire,  infuser, 
épaissir  dans  un  pot.  (Jaub.) 

Apotironner  (s')  (Fu),  v.  réf.  —  S'accroupir 
en  formant  une  boule  comme  le  potiron.  — 
Syn.  de  s' Apouguenir. 

Apôtre  (Mj.),  s.  m.  —  Individu,  paroissien. 
Ex.  :  J'sais  pas  qui  que  c'est  que  cet  apôtre  là. 

Apouguenir  (s')  (Mj.,  Chl.),  v.  n.  —  S'ac- 
croupir.  ■;  Fu.  S'Aquenir.  Syn.  V.  S'A??iouir. 

Apparager  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Appareiller, 
apparier  :  Apparsonner.  Ex.  :  C'est  deux 
bceufs  ben  apparagés.  \\  Comparer,  assimiler. 
Ex.  :  Je  ne  sarais  mieux  Vapparager  qu'à 
nein  fou.  —  Cf.  Parageau. 

Et.  Hist.  —  Dérive,  comme  les  mots  français 
auxquels  il  répond,  de  Ad,  et  Par  (égal),  avec  un 
suffixe  différent.  —  A  rapprocher  du  breton  Com- 
paragein,  comparer.  —  Le  vx  fr.  avait  Pairier,  d'où 
Pairie.  —  «  L'on  demande  si,  après  le  décès  du 
père,  . .  .la  mère  noble,  ou  veuve,  ou  séparée,  peut 
marier  et  emparager  noblement  sa  fille.  »  (Coust. 
d'Anj.,  t.  IL  col.  26.) 

Apparaissancc  (Lue,  Lg.,  Fu.,  Mj.),  s.  f.  — 
Apparence,  symptôme.  ||  J'ai  entendu  ce  mot 
appliqué  à  la  poitrine,  très  rebondie,  d'une 
dame.  «  Elle  a  de  belles  apparaissances.  » 
D'ailleurs,  L.  C.  donne  le  sens  de  :  saillie,  ce 
qui  explique  le  vocable. 

Hist.  : 
<(  Mon  Die«,  je  ne  vois  point  encore  apparoissance 
De  pouvoir  donner  joie  à  mes  langoureux  jours. 
(Brantôme.  —  Cité  par  Jaub.) 

—  «  Il  y  a  cette  année  une  belle  apparessence  de 
récoltes.  »  (Orain.)  —  Dérive  régulièrement  de 
Apparaissant. 

Apparégé  —  V.  Apparager. 

.ipparemoient  que  (Mj.,  etc.).  —  Il  paraît 
que. 

Apparés  (Ec).  Appareils.  Les  apparés 
(apparaux),  tout  ce  dont  il  faut  munir  un 
bateau  au  moment  de  partir  ;  tout  l'attirail 
de  la  pêche. 

Apparsonner  (Lg.),  v.  a.  —  Apparier,  deux 
bœufs  ;  trouver  un  parsonnier  à  un  bœuf 
resté  soulet.  On  dit  aussi  Apparager. 


Appartenance  (Lg.),  s.  f.  —  Propriété, 
domaine.  Ex.  :  Il  a  eine  belle  petite  apparte- 
nance. 

N.  —  Le  mot  est  dans  le  Dict.  gén.,  mais  avec  un 
sens  moins  étendu. 

Appartènement  (Sp.),  s.  m.  —  Dépendances 
d'une  maison,  d'un  moulin,  etc.  ||  Immeuble 
par  destination. 

N.  —  Ce  mot  est  collectif  et  ne  s'emploie  qu'au 
sing. 

Et.  —  Dér.  de  Appartenir.  —  Dans  le  Centre  : 
Appartenue,  ...dépendances,  enclos  d'une  cer- 
taine étendue. 

Appartenir  (Mj.),  v.  a.  —  Etre  dû  légiti- 
mement. —  Ex.  :  Il  illi  appartient  pus  qu'ça 
pour  ceté  travail  là.  !|  Etre  le  propre  de,  le 
fait  de.  Ex.  :  I  n'appartient  qu'à  ein  sot  de 
causer  comme  ça. 

Hist.  : 

«  Chascun   crioit   :   Villaine   charbonnière, 

T'appartient-il    tov    trouver    par    chemin  ?    » 

(Rab.,  g.,  I,  2,  8.) 
—  DoTTix  :  Combien  qu'i  V appartient^.  (Com- 
bien t'est-il  dû?) 

Apparution  (Mj.),  s.  f.  —  Apparition.  — 
On  dit  fort  bien  Comparution. 

.Appât  (Mj.),  s.  m.  —  Portée,  série  de  cartes 
préparées  dans  un  jeu.  —  Syn.  de  Patin. 

N.  —  (Fu.)  Se  dit  de  ce  qu'on  prépare  pour  atti- 
rer le  poisson  dans  un  certain  endroit  de  la  rivière, 
et  non  de  ce  qui  se  met  à  l'hameçon,  qui  est 
l'amorce.  Par  extension,  se  dit  de  'endroit  même 
où  le  pêcheur  a  coutume  de  s'mstaller.  Chaque 
pêcheur  de  brèmes,  sur  i'Erdre  ou  sur  la  Moine,  a 
son  appât  respecté  des  rivaux.  !|  Appât  fûté.  En- 
droit d'où  le  poisson  s'est  éloigné,  parce  que  le 
pêcheur  y  a  longtemps  fait  des  prises,  ou  parce 
qu'un  pêcheur  jaloux  l'a  fait  fuir  en  l'y  troublant 
ou  en  usant  de  maléfices. 

Appâter  (Mj),  v.  a.  —  Faire  des  appâts, 
des  portées  de  cartes.  Syn.  de  Patiner,  Apa- 
tiner. 

Appâturer  (Lg.),  v.  a.  ^  Panser,  les  bes- 
tiaux, leur  donner  une^ration  de. 

-ippeler  (Mj.,  Fu),  v.  a.  —  Appeler  des 
noms,  donner  des  surnoms,  couvrir  d'épi- 
thètes  injurieuses.  Ex.  :  Il  m  appelle  des  noms! 
dira  un  écolier  à  son  maître  en  se  plaignant 
d'un  camarade. 

Appeleurs  (Ec),  s.  m.  —  Canards  qui 
servent  aux  huttiers  pour  appeler  les  canards 
sauvages.  En  fr.  :  Appelante. 

Appentés.  —  Demi  comble  en  auvent 
appuyé  à  une  muraille.  (Revue  d'Anjou, 
août  1883).  Appentis. 

Et.  —  Du  [iat.  Appendicium,  de  Appendere. 
Toit  appuyé  à  un  mur  par  sa  partie  supérieure,  et 
soutenu  dans  sa  partie  inférieure  par  des  poteaux. 
—  Mais,  L.4.  CuRXE  :  «  Ce  mot  semble  fait  sur  : 
pente.  Appendicium,  qui  est  souvent  cité,  aurait 
été,  comme  les  mots  en  itia,  terminé  en  esse  ou  en 
ice.  —  «  La  moytié  d'une  méson  qui  autresfois  fut 
à  fest,  et  qui  de  présent  est  appentissée.  (1467.) 

.Appiés  (Sa.,  Lg.),  s.  m.  ou  f.  plur.  —  Nom 
collectif  sous  lequel  on  désigne  tout  le  maté- 


APPIQUANT  —  APPOYER 


43 


riel  agricole,  tous  les  instruments  aratoires, 
tels  que  charrues,  herses,  huaux,  journalières 
et  même  :  charrettes,  jougs,  harnais  des  che- 
vaux, etc.  —  Mot  très  usité  et  très  caracté- 
ristique. 

Et.  Hist.  —  «  J'estime  que  ce  mpt  doit  s'écrire 
Appiés  ou  Appiées.  Il  serait  pour  Appliés  ou 
Appliées,  participe  passé  pris  substantivement 
d'un  verbe  aujourd'hui  désuet,  Applier,  doublet  du 
fr.  Appliquer,  comme  Abrier  est  le  doublet  de 
Abriter.  Le  v.  Applier  était  formé  du  lat.  Appli- 
care,  comme  le  fr.  Prier  dérive  de  Precari.  Il  devait 
avoir  le  sens  de  :  appliquer,  employer,  utiliser,  en 
sorte  que  les  Appliés  étaient  bien  les  ustensiles. 
Remarquons  que  ce  verbe  angevin  se  retrouve 
dans  l'angl.  to  Apply,  qui  a  le  même  sens,  et  obser- 
vons encore  que  l'angl.  en  a  dérivé  le  subst.  Ap- 
pliances,  qui  a  un  sens  très  voisin,  quoique  plus 
étendu,  de  notre  Appiés.  (R.  O.)  —  «  Aplet.  ou 
Appelet,  filet  pour  la  pêche  du  hareng.  De  à  et  plet, 
radical  qui  se  trouve  dans  em-plet-te.  Provençal 
Apleg,  apleit,  outil.  Aplet  ou  Aploit  signifiait  toute 
espèce  d'outil,  ou,  comme  on  disait,  de  harnois.  » 
(LxTT.)  —  V.  Apiétages.  —  «  Du  Cange,  v°  Aploï- 
dum,  dit  :  l'"'  sens,  filet  de  pêche  ;  du  grec  aploos, 
simple,  d'où  aplo'is,  vestis  simplex.  D'où  le  filet  dit 
Aploïdum,  parce  qu'il  est  maillé  très  fin.  Encore 
aujourd'hui,  en  Normandie,  Aplets  :  «  As-tu  tous 
tes  aplets"!  »  tout  ce  qu'il  faut  pour  pêcher?  — 
Prononcez  le  pi.  mouillé,  et  nous  voici  â  Apiés. 
(N.  —  En  général,  je  n'aime  pas  beaucoup  les  éty- 
mologies  tirées  du  grec  pour  expliquer  des  mots 
patois.  Mais,  ici,  le  mot  étant  usité  en  Provence,  on 
peut  l'admettre  ;  puis  il  a  été  transporté  par  les 
marins  dans  les  ports  de  l'Océan  et  de  la  Manche. 
(A.  V.)  —  2°  Terme  général,  s'appliquant  aux  har- 
nais du  bœuf  et  du  cheval  :  Aplait,  Applect,  Ap- 
plois  :  «  Des  forfaitures  que  les  sergants  prendront... 
de  ce  qui  sera  porté  à  somme,  auront  la  somme  et 
les  bas  et  Aplait,  autrement  harnais...  (1376.)  — » 
«  Icellui  Messent  donna  d'un  Applect  à  beufs,  dont 
on  lye  ou  attelé  les  beufs.  —  Vide  Explectum.  — 
PI.   mouillé. 

Appliquant,  adj.  verb.  —  Qui  exige  beau- 
coup d'application,  d'attention.  Se  dit  d'un 
travail.  Syn.  de  Attentionnant. 

Appointement,  s.  m.  —  Cadeau. 
Et.  —  Vient  de  A  et  Point  ;  somme  qui  fait  le 
solde  d'un  compte  ;  salaire  annuel  d'une  place.  Ici, 
sens  spécial.  —  Hist.  On  lit  dans  un  vieux  Noël 
angevin  : 

«  Pour  aller  voir  l'accouchée 
Ce  ne  fut  pas  sans  présent. 
Nous  fîmes  appointement...^^ 

Appointiicher  (Mj.),  V.  Appoiniusir.  Corr. 
de  Appointir.  Syn.  et  doubl.  de  Appointuser. 
Il  P^u.  Aiguiser  une  branche,  un  piquet,  une 
rème  de  pois. 

N. —  Dans  le  centre  de  la  France,  on  dit  Appoin- 
tuser, Appointurer. 

Appointuser  (Lg.),  v.  a.  —  Appointir.  Syn. 
et  doulil.  de  Appoiniusir,  Appoinluchcr. 

Appointusir  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Fvai)oiiitii' , 
aiguiser.  Quelques-uns  disent  :  Appoinlucher. 
—  Syn.  et  doulsl.  de  Appointuser.  Formé 
régulièrement  de  Pointu. 

Appontcr,  (partout),  v  a.  —  Arranger, 
arrimer,  établir,  gréer.  Terme  de  la  langue 
des  mariniers,  employé  par  eux  sans  cesse  et 


en  toute  occasion.  ||  V.  réf.  S'apponter,  s'éta- 
blir, s'asseoir  commodément  pour  un  travail 
une  occupation. 

Et.  Hist.  —  Dérivé  du  fr.  Pont  (de  bateau).  — 
Echafaudage  formant  une  espèce  de  pont.  — 
«  Assurer,  affermir,  donner  de  la  stabilité.  «  Etre 
ben  apponté  »,  bien  établi  ;  s'apponter  dans  un  fau- 
teuil, à  table  ;  poser  une  pièce  de  bois  au-dessus 
d'un  vide  quelconque,  en  forme  de  pont  ;  appon- 
tement,  dernier  sens  du  verbe.  «(Jacb.)  —  «  Cesser 
de  travailler,  d'agir,  d'être  en  mouvement...  » 
((  Suant  d'ahan  enfin  sans  pouvoir  m'apponter  une 
seule  minute  dans  un  fauteuil.  »  (A.  Delvau, 
Françoise,  18.  —  Cité  par  Favre.) 

.4ppoponde.  s.  m.  et  f.  — •  Peu  remuant, 
corruption  incroyable  de  Hypocondre  (Zig. 
1.52).  —  C'est  notre  Impo pompe  de  Mj. 

Apportit.  —  Vieille  forme  de  parf.  déf.  de 
verbe  de  la  !''«  conjug. 

N.  —  Dans  tous  les  verbes,  même  de  la  f"  conj., 
le  parf.  déf.  de  l'indic.  avait  autrefois  pour  termi- 
naisons :  is,  is,  it,  îmes,  îtes,  irent.  On  retrouve 
encore  parfois  ces  formes  vieillies  sur  les  lèvres  de 
quelques  anciens. 

Hist.  —  «  Hérode  tuiles  Innoçons.  »  (N.  P.) 

Appouer  (Lms,  Zig.  196),  v.  a.  —  Appuyer. 

Appouet',  s.  m.,  Appouette  (Mj.,  Sal.),  s.  f. 
—  Appui,  support,  étai.  Diminut.  de  Appui, 
pour  :  Appuyette.  ||  Appouets  de  coutières,  — 
dans  un  bateau  de  marinier,  contreforts  des 
coutières,  pour  que  celles-ci  ne  cèdent  pas 
sous  la  pression  latérale  du  mât.  Syn.  de 
Accoure,  Abut.  V.  Appoyettes.  \\  Ec.  Appoué. 
Une  appouette,  support  en  bois  pour  étayer 
une  branche  trop  chargée  de  fruits.  —  Abourde 
(Ljm.).  Abutte(Bpu). 

Et.  —  B.  L.  Appodiare,  d'où  :  appoyer.  —  Dans 
le  Centre  :  Appouer,  s'appouer.  —  «  Un  petit  banc 
sans  appois.  >- (GoD.) 

Appouse-cocu  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  branche 
que  l'on  a  soin  de  laisser  au  sommet  d'un 
arbre  de  haut  vent  épié  ou  élagué  dans  toute 
sa  longueur. 

Et.  —  V.  Appouser.  N.  Cocu  est  pour  Cocon  ou 
Coucou.  Le  sens  est  donc  :  Perchoir  au  coucou. 

Appouser  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  pose;-,  en 
parlant  d'un  oiseau  ou  d'un  insecte  volant. 

Hist.  —  Vx  fr.  «  Apouser...  son  saiau  (sceau).  — 
«  Pantagruel  donna  à  Homenas  neuf  pièces  de  drap 
d'or  frizé  sus  frize  pour  être  appousées  au  devant  de 
la  fenêtre  ferrée.  »  (Rab.,  P.,  iv,  54.)  Cf.  s'Erpouser. 

Appoyer  (Ec),  v.  a.  —  S'appoyer,  s'ap- 
puyer. «  Il  peut,  à  c't'heure,  se  tenir  sans 
s'appoyer.  —  V.  Bourde. 

Et.  Hist.  —  Vx  fr.  Apoier  :  appodiare,  ad, 
podium,  hauteur,  élévation,  d'où  Pui  ou  Puy.  — 
C'est  proprement  donner  un  appui  à.  (Litt.)  — 
La  Cl-rne.  (Du  grec  :  pouç,  podoç  :  lat.  pes,  pedis, 
pied.  D'où  :  podium,  soubassement  peu  élevé  et 
formant  marche  le  long  du  mur  d'une  chambre  ou 
d'un  bâtiment.  Dans  l'amphithéâtre,  ce  soubasse- 
ment était  élevé  de  18  pieds  au-dessus  de  l'arène. 
En  architecture,  socle,  console.  (Note  de  l'Edi- 
teur.) —  D'où  Appodiare,  appuyer.  Le  sens  pri- 
mitif est  donc  :  se  soutenir  sur  les  pieds,  puis,  par 
extension,  toute  autre  façon  de  se  soutenir,  . .  .en 
posant  la  main  sur  un  bâton,  le  eoude  sur  une 


44 


APPOYETTES  —  AQUA 


table...  —  ■«  Le  suppliant  cuida  (pensa)  tomber  à 
terre,  et  luy  convint  soy  espuyer  d'un  genoil  et 
d'une  main  à  terre.  »  —  «  La  Damoyselle  se  leva 
sus,  df'-laissant  Liziart  ^'apoyant  à  la  fenêtre,  la 
main  à  la  maiselle  (joue,  maxilla).  »  —  En  somme, 
Appuyer,  c'est  :  soutenir  au  moyen  d'un  Pui, 
ç.-à-d.  de  qqch,  d'élevé.  (Scheler.) 

Appoyettes  (Ec),  s.  f.  —  On  maintient  le 
saule  de  c/zasse  (aux  Canards.  V.  F.  Lore,  II), 
avec  de  bonnes  appoyettes.  Cf.  Appouette.  || 
Tous  étais,  surtout  perches  fixées  avec  des 
osiers  ou  des  cordes.  (On  dit  :  Il  est  couché  à 
Vappoué  d'un  mur.) 

Apprâillé  (Lg.),  adj.  quai.  —  Habillé,  vêtu. 
Mal  apprâillé,  mal  mis.  Syn.  de  Querté,  Triflé. 
Il  Ec.  —  Ne  serait-ce  pas  Abrâillé,  formé 
comme  Débraillé?  ||  Ou  Appareillé? 

Apprentif  (Sp.),  s.  m.  —  Apprenti.  C'est 
la  vieille  orthographe. 

Et.  —  Du  lat.  Apprehendivus.  F  final  secondaire 
provenant  de  v  latin,  persiste  lorsqu'il  figure  dans 
un  mot  provenant  d'une  forme  d'accusatif  en 
U'um  ;  apprenditivum,  aprantif.  (G.  de  G.)  — 
Dans  Montaigne,  on  trouve  le  fém.  Apprentice.  — 
Apprentive.  (Jaub.)  —  L.  C.  donne  Apprentis, 
d'où  Apprentissage. 

Hist.  —  «  Très  habile  homme  et  qui  n'est 
apprentif  au  mestier  qu'il  faict.  «  (GoD.) 

Apprêté  (My.),  s.  m.  —  Osier  fendu,  tout 
prêt  à  être  employé  par  les  tonneliers  pour 
leurs  cercles.  —  Cf.  Prête.  ||  Fu.  Apprête. 

Et.  --  LiTTRÉ  explique  Apprêt  ou  Après  par  : 
Petit  coin  de  bois  qui  sert  aux  tonneliers  à  serrer 
les  parties  d'un  tonneau.  A,  Près.  —  Je  préfère  la 
première  explication. 

Appriver  (Mj.),  v.  a.  — Apprivoiser,  domes- 
tiquer. Il  Fu.  Yeut  dire  surtout  :  élever.  Ex.  : 
J'ai  v'iu  appriver  des  mêles  (merles)  ;  il  (s) 
ont  cuervet  (crevé). 

Et.  —  De  Ad  et  d'un  adj.  fictif  Privois,  qui 
suppose  un  bas-latin  Privensis,  dér.  de  Privus. 
(LiTT.)  —  Apprivitiare  ;  ad,  privus,  itiare  (Dict. 
Ijén.) 

Hist  : 

«  Et  toutesfois  ave  en  premier  esgard 
A  Vappricer,  sans  estre  plus  esguard. 
Et  venir  veoir  icy  la  compagnie, 
Qui  de  par  moy  de  bon  cueur  t'en  supplie.   » 
(Rab.,   Epislre  à   Jehan   Bouchet,   p.    606.) 

Approcher.  —  Sens  spécial  dans  Faire 
approcher,  —  absolument  Citer  devant  la 
justice,  il  Fu.  Prononcez  Appercher.  ||  Qqfois 
Communier.  !|  Mj.,  S'approcher  de,  courtiser. 

Et.  —  Lat.  Appropinquare.  —  Hist.  «  Comme 
Jean-Vincent  de  Barres...  soit .  a  pprouchiez  en 
nostre  cour  ou  bailliage  d'Amiens  d'avoir  fait  raire 
(rayer)  et  fausser  par  un  clerc  et  alongner  une  date 
de  nos  lettres.  »  (1347.)  —  «  Le  procureur  du  roi  Ta 
fait  venir  et  approchier.  >■  (D.  C.) 

Approcheurs  (Tr.).  —  Les  bottiers,  dans  les 
travaux  des  ardoisières,  portaient  ce  nom, 
remplacé  aujourd'hui  par  celui  de  Bassico- 
tiers  (Mén.). 

N.  —  Ouvrier  qui  amène  le  bois  à  l'endroit  où 
l'on  construit  un  train  (de  bois  à  flotter).  —  Lirr. 


Appui  (Mj.),  s.  m.  —  A  l'appui  de,  —  contre, 
le  long  de  .Ex.  :  Il  est  couché  à  V appui  du 
mur.  V.  Appouet. 

Appuie- main  (Mj.),  s.  m.  —  Main  courante, 
balustrade.  Syn.  de  Tient-main. 

Appuyer  (Mj.),  v.  a.  —  Lancer,  asséner, 
appliquer  avec  force.  Ex.  :  Il  te  illi  a  appuyé 
ein  maudit  coup  de  pied  dans  le  ventre  !  — 
Syn.  de  Astiquer.  \\  Lancer,  décocher  une 
saillie,  un  bon  mot,  un  propos  quelconque. 
Ex.  :  Tout  ce  qu'il  a  dit,  c'était  ben  appuyé.  \\ 
Fu.  Tenir  coup,  en  terme  de  charronnage, 
appuyer  au  revers  d'une  pièce,  à  l'aide  d'un 
lourd  marteau,  pour  que  le  bois  supporte  le 
choc  quand  on  enfonce  un  clou,  quand  on 
rive. 

Aprafiquer    (Sp.),    v.    a.    —    Achalander, 

donner  sa  pratique.  —  Syn.  de  Aclienter. 

Et.  —  Lat.  Practicus,  —  habitude  de  se  fournir 
chez  un  marchand. 

Apréier  (Mj.),  v.  a.  —  Transformer  en  pré 
une  terre  labourable.  On  dit  dans  le  même 
sens  Mettre  à  pré.  —  Syn.  de  Apêvrer. 

Et.  —  D.  C.  Appratir.  —  De  A,  Pré  ;  lat.  pra- 
tum.  —  Hist.  «  Seront  tenus  lesdits  preneurs  et 
chacun  pour  le  tout  de  icelles  terres  labourables 
labourer,  lesdits  prez  faucher,  et  appratir  deue- 
ment  tout  ce  qui  n'est  pas  en  nature,  nettoyer, 
deffricher  prez  et  terres  fumer.  »  —  Appratare 
(Cartulaire  de  Saint-Aubin)  ;  appradare,  apradare, 
apradir. 

Aprément  (Mj.),  adv.  —  Ardemment.  Ex.  : 
Le  chanibe  pousse  aprément  de  ce  temps-là. 

Et.  —  C'est  le  mot  français  dans  un  sens  spécial 
et  avec  la  prononciation  un  peu  modifiée. 

Après  (Mj.),  prép.  —  Faire  après,  —  soi- 
gner. Etre  après  qqn  ou  qqch.,  s'en  occuper. 
Il  Eter,  se  mettre  ou  s'emmancher  après,  — 
attaquer,  taquiner.  —  Un  élève  se  plaint  de 
ses  camarades  :  M'sieu,  i  sont  tous  après  moi  ! 

—  Mettez-vous  derrière  eux,  répond  le  maître, 
ils  seront  devant  vous.  ||  Un  sens  bien  curieux 
est  celui-ci  :  Etre  occupé  à.  Ainsi  :  Etre  après 
manger,  c'est  :  Etre  en  train  de  manger.  — 
«  M.  X.  est-il  visible?  —  Non,  répond  la 
bonne.  Monsieur  est  après  déjeûner.  »  On  est 
tenté  de  dire  :  Eh  !  bien,  alors,  je  puis  le  voir, 
puisqu'il  est  après  son  déjeûner,  j!  Dire  après, 

—  réprimander,  tancer.  ||  Etre  fâché  après 
qqn.,  —  contre  lui,  avec  lui.  Ex.  :  La  paisse 
jure  après  toi.  ||  Après  pus  temps,  —  lorsqu'il 
n'est  plus  temps.  ||  Ec.  —  Adv.  —  V.  Sans. 

Hist.  —  «  Je  suis  après  à  contracter  avec  M.  de 
Racan  pour  une  affaire  où  j'ay  besoin  de  prendre 
bien  mes  seuretez.  »  (1613-15.  —  Inv.  Arch.,  E, 
377,  2.)  —  «  Parquoy  il  commanda  adonc  à  ceux  à 
qui  il  en  avoit  baillé  la  charge,  qu'ilz  se  meissent 
après.  )>  (Amyot.  Vie  d'Alexandrt.) 

Apure  (Lue),  s.  f.  —  Endroit  d'un  champ 
où  l'eau  suinte.  —  Dér.  de  Purer. 

Aqua  (Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Prononcez  Aca.  — 
Chute  d'eau  abondante.  —  On  dit  insépara- 
blement :  Ein  aqua  d'eau.  Syn.  de  Laça.  V. 
Accadiau. 


AQUÉGNY  —  ARAI 


45 


Et.  —  On  peut  rapporter  Aqua  et  sa  forme 
adoucie  Agiia  au  lat.  Aqua,  eau.  Mais  il  convient 
mieux  de  les  rattacher  au  lat.  Cadere,  casum,  tom- 
ber, chute,  et  d'écrire  Aca,  Aga.  L'a  final  est  très 
bref. 

Aquésni  (Chl.),  adj.  quai.  —  Malade.  V. 
s' Aqueniller.  Dovibl.  de  Haquenir. 

N.  —  «  Aquenir,  maigrir  ;  s'aquenir,  s'avachir, 
devenir  paresseux,  lâche,  sans  vigueur.  (Borel.) 

Aqiieneiller  (Lg.),  v.  a.  —  Agglomérer  en 

mèches  raides  le  poil,  la  laine.  —  Syn.  de 

Aquenetter,  Aqueteiller.  —  Paraît  dér.  du  fr. 
Quenouille. 

Aquenetter  (Lg.),  v.  a.  —  Même  sens  que 
le  précédent.  Syn.  de  Aqueteiller.  —  Dér.  de 
Quenelle. 

Aqueniller  (s').  —  (Br.),  v.  réf.  —  Se  croire 
malade,  se  laisser  aller.  Ex.  :  Faut  pas  vous 
aqueniller  comme  ça  !  —  V.  Aqué.gni.  —  Pour 
le  sufî.  iller,  cf.  Dégueniller,  Décaniller. 

Aqnenir  (s')  (Fu.,  Sal.),  v.  réf.  • —  Devenir 
paresseux,  manquer  de  vigueur.  Se  dit 
presque  exclusivement  du  jeune  chat  qui, 
trop  souvent  manié  par  les  enfants,  perd  sa 
sauvagerie,  mais  aussi  sa  vigueur  et  sa  santé, 
son  poil  lustré,  surtout.  Le  chaton  qui  s'est 
aqueni  ne  vaut  plus  rien.  En  parlant  aux 
gens  :  «  T'aquenis  donc  point  de  meimme 
(même)  ;  r'mue  te  donc  un  petit.  »  ||  IMj.  — 
Amollir,  abrutir  un  animal  par  trop  de 
caresses.  Le  même  que  Haquenir.  Syn.  et 
doubl.  de  Acaigner. 

Et.  —  Dér.  de  Quien,  fr.  Chien.  —  iî'' acâf^ner. 

Aquernier  (Sp.),  v.  n.  — •  Piecommander 
très  expressément. 

Aqueteiller  (Lg.),  v.  a.  • — ■  Comme  Aque- 
neiller.  Syn.  de  Aquenetter.  — ■  Paraît  être  une 
compromission  entre  Aqueneiller  et  Aque- 
netter. 

A  qu'îaire  ?  —  Pour  quoi  faire,  à  quoi  bon? 
Il  Fu.  —  Distinguer  :  A  que  faire  et  Pour  que 
faire?  «  J'étais  dans  Touche.  —  A  que  faire? 

—  A  qu'ri  des  murmures.  — ■  Pour  que  faire? 

—  Pour  les  bernotter. 

Hist.  —  «  A  quoy  faire  fuit-on  la  servitude  des 
cours,  si  on  l'entraîne  jusque  dans  sa  tanière?  » 
(Mont.,  Ess.,  i,  14,  et  m,  12,  13.)  —  «  ^  que  faire 
me  faites-vous  ainsi  muser?  »  (Bon.  Desperr., 
Contes  et  devis  nouv.,  X  ('/".) 

Aquiner  (Mj.,  Tlm.),  et  non  Attiner,  v.  a. 

—  Taquiner,  Agacer.  Ex.  :  Tâche  d'aquiner 
les  frûlons  pour  qu'i  te  mordent  !  Syn.  de 
Amoicer. 

Et.  —  En  se  reportant  aux  définitions  données 
pour  Amoicer,  on  verra  clairement  que  ce  verbe  est 
un  doublet  de  Achener  et  que  tous  deux  dérivent 
du  fr.  Chien.  Seulement  Aquiner  vient  de  la  forme 
normande  Quien.  On  pouvait  croire  à  Attiner,  par 
l'identité  des  sons  Ti  et  Qui  dans  la  prononciation 
montjeannaisc.  Le  doute  n'est  plus  permis. 
D'après  cela,  Aquiner  n'est  point  une  corruption 
de  Taquiner  ;  le  contraire  serait-il  vrai  ?  A  noter 
que  :  s'Aquiner  s'emploie  très  bien  au  sens  de 
s' Achener.  —  DoTTiN  :  Akêner,  taquiner,  agacer  ; 


cf.  él<ên  (èquègne),  de  mauvaise  humeur,  rechigné, 
taquin,  querelleur  ;  ékêner,  exciter  un  chien  : 
ékènri,  taquineries.  — Acagner.  (Jaub.) 

.4quin::ler  (Lg.),  v.  a.  —  Disposer  en 
quinteaux,  des  gerbes.  Cf.  Déquinteler. 

Ar  '.  —  Préfixe,  pour  Re.  —  Toute  une 
série  de  mots  commençant  par  Re,  en  fr., 
prennent  le  préfixe  Ar,  en  patois.  C'est  la 
syllabe  itérative  par  excellence.  Nous  n'avons 
cité  que  les  plus  curieux.  Une  fois  pour  toutes 
on  dit  :  Ardescendre,  arfaire,  arcommencer, 
ardire,  pour  :  redescendre,  refaire,  recom- 
mencer, redire.  —  Cf.  Er. 

Ar  "^  (Mj.),  s.  m.  —  Air.  ||  Fig.  Eter  ben  en 
Var,  —  être  léger,  évaporé,  écervelé,  peu 
réfléchi.  ||  Tourner  ein  ar,  —  moduler  un  air. 
Il  Faux  ar,  —  ressemblance  vague.  Ex.  : 
Vous  avez  un  faux  ar  de  voûte  défunte  tan- 
tine.  Il  Ar  de  feu,  —  émission,  effluve  de  calo- 
rique. Ex.  :  Ein  petit  ar  de  feu  s'endure  ben 
de  ceté  temps-là.  ||  Se  donner  de  Var,  — • 
prendre  des  airs,  poser.  ||  Mettre  à  Var,  — 
ébruiter,  divulguer.  ||  Fu.  Il  a  jeté  ma  cas- 
siette  en  Var  :  — •  Il  a  Var  fou  ! 

Hist.  —  C'est  ainsi  qu'on  prononce  le  mot  Air,  à 
Montigné  (par  ex.)  —  Un  médecin,  nouveau  venu, 
outre  dans  la  chambre  d'un  malade  et  commence 
par  fermer  les  fenêtres  qui  étaient  toutes  grandes 
ouvertes.  Le  malade  proteste  :  «  J'veux  d'I'a/-, 
mé  !  »  —  Ahurissement  du  docteur.  La  femme 
explique  :  «  I  veut  d'I'ar,  li  !  » 

.4ran;uassé  (Lg.),  adj.  quai.  —  Étalé  à  terre. 
Se  dit  d'une  plante  rampante.  —  Du  vx  mot 
Aragne,  toile  d'araignée.  L'expression  fait 
image. 

Aragne.,  s.  f.  — •  Vx.  fr.,  pour  Araignée.  On 
dit  aussi  Iragne.  Je  cite  ce  mot  pour  quelques 
détails  curieux. 

Et.  — •  L'ancien  franc,  a  Aragne  et  les  formes  qui 
en  dépendent  et  Araignée.  Aragne  signifie  l'animal 
même  et  vient  de  Aranea,  avec  l'accent  sur  rà  ; 
araignée,  qui  ne  peut  venir  de  aranea,  et  qui  vient 
de  araneata,  chose  faite  par  l'aragne  (accent  sur  le 
3''  a),  signifie  :  toile  d'araignée.  La  vieille  langue 
distinguait  donc, entre  l'aragne  et  l'araignée;  la 
nouvelle  langue  s'est  appauvrie  et  défigurée  en 
confondant  l'ouvrière  et  l'œuvre.  Vers  le  xvP  s. 
(LiTT.)  —  Variantes  :  Aragne,  aragnée,  airaigne, 
arigne,  iragne,  iraigne,  araine,  etc.  —  Se  rappeler 
le  vers  de  La  Fontaine  {L'œil  du  maître)  : 

«  Que  coûte-t-il  d'ôter  toutes  ces  araignées^  » 
où  il  ne  peut  être  question  que  des  toiles.  —  Avoir 
une  araignée  dans  le  plafond.  Cette  nouveauté 
remonte  très  loin  :  «  Musca  in  cerebro  »  est  une 
locution  latine  ;  il  s'agit,  il  est  vrai,  d'une  mouche. 
—  «  Quem  Itali  muscam  in  cerebro  nominabant  eo 
quod  plerumque  quasi  démens  videretur.  »  (Texte 
de  1167.  Cité  [jar  D.  C.  —  Eveillé.) 

Arai,  Arais  (^Ij.).  —  Le  futur  du  v.  Avoir 
est  :  j'arai,  tu  aras  ou  t'aras,  il  ara  ou  il  arat 
j'arons,  v.  arez,  il  (s)  aront.  —  De  même  au 
conditionnel  ;  j'arais,  etc. 

Hist.  —  Ah  !  que  t'es  sot,  moiin  ami  Biaise  ! 
Fallait  nous  en  apprêter  in, 
L'arions  fait  veure  à  nou  vouésins, 
A  tous  les  gens  d'nout'  vouésinage, 
F2t  i  Varions  fait  navigué 
Dessus  la  mare  à  M'sieu  l'Curé. 

(La  Trad.,  p.  381.) 


46 


ARAISONNÉR  —  ARÇOX 


Araisonuer  (Mj.),  v.  a.  —  Raisonner.  |j  v. 
réf.  ^^ Araisonner,  —  devenir  raisonnable.  || 
Rendre  raisonnable.  Ex.  :  Araisonne-\e  donc  ! 

—  (Il  devrait  y  avoir  deux  r,  on  n'en  prononce 
qu'un. 

Araotèle.  s.  f.  —  Fil,  toile  d'araignée.  V. 
Aragne.  Cf.  Iranteigne,  Irancelée. 

Et.  —  De  Aranea  tela.  (Litt. )  —  Pour  Arantoile 
{Dicl.  gén.)  —  «  Et  nous  disons  en  Anjou  :  eran- 
taigne  et  irantaigne.  y)0ur  dire  :  une  araignée.  Nos 
anciens  disaient  :  telles,  pour  :  toiles. 

«  J'en  fus  battu  comme  à  ru  telles.  >• 
(Villon,  Grand  Testament.  —  Ce  que  Mabot 
explique  par  :  Comme  toiles  à  ruisseau.)  Les  pay- 
sans prononcent  encore  tèle,  pour  ;  toile.  (Lor. 
Larch.)  —  (I  Telles  manières  de  gens  y  seroient  sou- 
ventes  fois  trompez,  car  incessamment  les  aran- 
telles  tombent  du  ciel  et  ne  sont  point  filées  des 
araignées.  »  (J.  du  Fouillotjx.  —  Jaub.)  —  «  De 
peur  que  les  hyraignes  n'i  bâtissent  ieurs  hyran- 
telles.  »  (Brant.,  Dames  gai.,  Disc.  IV,  128.) 

Arbalète  (Courre  comme  eine),  Mj .  s.  f.  — 
Courir  comme  une  flèche. 

Arbalêtier  (Mj.),  s.  m.  —  Arbalétrier,  — 
pièce  de  charpente. 

Et.  —  Du  lat.  Arcubalistarius  ;  Arcus  Ballista 
(grec  :  ballein,  lancer,  au  moyen  d'un  arc).  De  sa 
forme. 

Arbauder  (Sal.),  courir  à  travers  champs. 

Arboliste,  .irboriste.  s.  m.  —  Herboriste, 
qqf.  Herboliste. 

Et.  —  Confusion  entre  deux  mots.  Herboriste  a 
pris  le  dessus,  parce  que  les  herbes  sont  l'objet  plus 
particulier  de  la  botanique.  La  Fontaine  emploie 
Arboriste. 

«  Tu  veux  faire  un  arboriste 

Et   ne   fus   jamais   que   boucher.    » 

—  «  Au  lieu  d'arboriser,  ils  visitaient  les  boutiques 
des  drogueurs,  les  herbiers  et  les  apothicaires.  » 
(Rab.)  —  Arboliste  se  trouve  en  1499.  —  «  Nos 
pères  ont  dû  confondre  Arbor  et  Herba. . .  —  On 
trouve  :  Arboriser,  arboliser,  herboriser,  herboliser.  « 
(L.  C.) 

Arc-boeuf.,  s.  m.  —  Arrête-bœuf.  V.  Arque- 
bœuf. 

Et.  —  Nom  vulgaire  de  l'Ononis  spinosa.  — 
«  Arreste-bœuf,  herbe  cognuë  du  laboureur,  par 
eux  ainsi  premièrement  appelée  pour  l'empesche- 
ment  que  les  racines  lui  donnent  en  labourant, 
jusques  à  arrester  les  bœufs  ;  elle  est  des  Grecs  dite 
Ononis.  »  (01.  de  Serbes.  —  Litt.)  —  C'est  la 
bugrane.  (Dict.  gén.)  —  Vulg.  :  Mâche  noire.  — 
Corruption  singulière  du  mot  Arrête.  —  Variante 
Artebeuf,  1553.  GoD.  —  C'est  la  transition  à  notre 
mot  patois. 

Arceau  (Lg.),  s.  m.  —  Petit  monument, 
ordinairement  surmonté  d'une  croix  et 
comportant  ime  niche  où  est  renfermée 
quelque  image  de  sainteté,  Sainte  Vierge, 
saint  Joseph,  etc.  —  On  en  voit  beaucoup 
dans  la  région,  généralement  aux  carrefours 
ou  virées  des  chemins.  Les  vieux  disaient  : 
Arciâ. 

Arc-en-cic!..  —  V.  Folk-Lore  (coutumes). 

Archandé  (Lg.).,  adj.  quai.  —  Monté  sur 
fil  d'archal.  —  Se  dit  d'un  hameçon. 


.irehau  (Lg.),  s.  m.  —  Fil  de  fer  dont  on 
renforce  le  dessus  d'un  sabot  taupe.  Syn.  de 
Pionnette. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Archal  et  du  pat.  Arichal. 
Cf.  Ferquiau. 

Archelée,  et  (Ec),  s.  f.  —  Planches  formant 
le  plancher  (avec  ou  sans  canches,  sauf  celle 
où  l'on  peut  vider  le  bateau  avec  une  suisse). 
Les  pièces  qui  maintiennent  les  bords,  for- 
mant un  angle  obtus,  dont  les  deux  côtés  sont 
ordinairement  droits,  s'appellent  des  courbes. 
—  Quand  on  est  sur  Varchelée  d'un  fûtreau 
et  qu'on  a  le  ché  devant  soi  et  la  quoue  der- 
rière, on  a  le  gournâ  à  droite  et  la  gâche  à 
gauche.  —  Uarchelée  vient  d'être  expliqué  ; 
le  ché,  c'est  le  chef,  la  tête,  l'avant  ;  la  quoue, 
la  queue,  l'arrière  ;  le  gournâ,  c'est  le  gouver- 
nail (avec  une  forte  contraction),  ou  grande 
rame  qui  se  manœuvre  au  moyen  d'une  anille 
ou  double  poignée.  V.  gâche.  IJ.Adj.  quai.  — 
Un  bateau  tout  frais  archelé,  dont  le  plancher 
a  été  réparé. 

N.  —  Arceler  ou  Archeler,  creuser  en  demi- 
cercle,  par  comparaison  avec  la  courbure  inté- 
rieure d'un  arc.  (L.  C.) 

.ircbets  (Bf.),  s.  m.  —  Terme  de  vignerons. 
Branches  laissées  pour  être  recourbées  ;  on 
leur  donne  aussi  le  nom  de  dagues  ou  cou- 
rants (Mén.).  —  V.  Arçons. 

Archigner  (Mj.),  v.  a.  —  Rendre  rechigné, 
maussade,  mettre  de  mauvaise  humeur.  Ex.  : 
Pou  p'tit  gars  !  il  est  d'ein  ben  mauvais  goût  ; 
tous  ses  bobos,  ça  Varchigne.  Syn.  de  Reché- 
gner,  Harguégner.   ||  Ec.  Erchigner. 

Et.  —  Ar  et  Rechin.  V.  Ar'.  —  En  vx  fr.  Réchin 
signifiait  :  maussade,  bourru,  grondeur.  Au  xT»  s., 
un  comte  d'Anjou,  Foulque  IV,  était  surnommé  le 
Réchin. 

Arcbiner.  s.  m.  —  C'est  le  goûter,  repas 
entre  le  dîner  et  le  souper. 

Et.  — ^Ar  égale  Re  ;  donc  Reciner.  C'est  notre 
Ressiée. 


Architèque, 

Architecte. 


Archétèque   (Mj.),    s.    m.    — 


Et.  Hist.  —  Mot  à  mot  :  Maître  des  charpentiers, 
maître  constructeur.  —  «  L'ouvrier  s'appelle 
M.  Simier,  architèque  à  Angers.  »  (/ne.  Arch.,  S,  E, 
m,  314,  1.) 

ArcômioD  (Mj.),  s.  m.  —  Pelargonium. 
Corrupt.  du  mot  franc,  pour  :  Pelarçômion. 
Cf.  Girômion,  pour  Géranium. 

Et.  —  Du  grec  Pélargoç,  cigogne  :  allusion  à  la 
forme  du  fruit,  qui  rappelle  celle  d'un  bec  de  ci- 
gogne. 

Arçon  (Pc,  Mj.),  s.  m.  —  Perche  de  saule 
que  l'on  pique  en  terre  et  que  Ton  recourbe 
en  arc  pour  en  attacher  la  îête  à  des  arçons 
voisins  au  moyen  de  rôrtes  ou  harts.  On  fait 
ainsi  dans  les  îles  et  les  vallées  de  la  Loire  des 
haies  très  solides  appelées  Haies  à'arçons. 
On  les  renforce  au  moyen  de  limandes.  \\ 
Pell.  Coûton  de  panier.  —  On  dit  aussi  :  Alçons 
V.  Archets.  —  (C'est  au  sens  de  ce  dernier  mot 
que  Jattb,  a  pu  dire  :  On  épuise  la  vigne  en 


ARDEILLAN  -  ARGELAISE  • 


41 


faisant  trop  d'arçons.)  \\  By.  —  'c  II  est  maigre, 
le  pauvre  petit  !  On  lui  compte  tous  les 
arçons  (arceaux,  les  côtes)  ;  c'est  comme  un 
esquilette  (squelette).  » 

Ardeillan  (Lg.),  s.  m.  —  Aiguillon  d'insecte. 
Syn.  de  Pique,  Piqueron, 
Et.  —  Cnrrupt.  de  Aduillon. 

Ardemment  (Mj.),  adv.  —  Vivement,  se 
dit  de  l'action  des  outils  tranchants.  Ex.  : 
Velà  ein  zague  qui  coupe  ardemment.  \\ 
Vigoureusement.  Se  dit  de  la  végétation 
d'une  plante.'*Syn.  de  Aprémeni. 

Ardeurs  (Mj.),  s.  f.  —  Démangeaisons  qui 
donnent  envie  de  se  gratter  (Zig.  150). 

Ardi//e  (Sp.),  s.  f.  —  Argile,  terre  glaise. 

El.  Hist.  —  Ce  mot  viendrait  du  grec  Argos, 
blanc,  mot  à  mot  :  la  terre  blanche.  Cf.  Argent. 
«  En  Vardille  .s'est  tooilliez  (touillé) 
Tant  que  il  estoit  toz  sooilliez.  »  (Renan.) 
—  «  Du  latin  Argilla,  écrit  au  moy.  âge  Ardilha. 
A  Torigine  le  g  se  prononçait  dj,  puis  di.  (E.  C.  — 
Noie.)  — -  Terre  rouge. . .  «  A  Jacob  Cathala,  pour 
deux  jours  où  il  a  vaqué  avec  son  animal  de  bât 
pour  porter  de  Vardille  (ardilham)  et  de  la  terre 
pour  faire  lesdites  réparations...  xiij.  sol.  iiij  de- 
niers. »  —  On  appelle  aussi  Ardillaria  un  lieu  plein 
de  buissons  et  d'épines.  On  trouve  chez  les  Nor- 
mands le  mot  Ardilier.t,  du  celtique  Aerdre  (adhœ- 
rere),  être  pris,  saisi  par  ces  ronces  qui  vous  em- 
pêchent de  marcher  dans  les  sentiers.  (D.  C.)  —  Les 
Arditles,  —  nom  de  localité.  (Jaub.)  —  De  même 
en  Poitou  et  en  Vendée  ;  et,  ce  qui  nous  touche  de 
plus  près  :  «  On  sait  que  la  grotte  d'Absalon  était 
auprès  d'une  belle  fontaine  qu'on  a  nommée  des 
Ardilliers,  parce  qu'elle  était  au  pied  d'un  coteau 
couvert  d'argile,  que  le  peuple  .du  canton  nomme 
ardille.  »  (  J.  Bodin  ,  R.  hist.,  n,  338.)  —  A  Saumur 
l'église  de  N.-D.  des  Ardilliers. 

Ardilleux  (Sp.),  adj.  quai.  —  Argileux.  V. 
V.  Ardille.  Syn.  et  doubl.  de  Ardr dieux, 
Arzileux. 

.irdillon  (Sp.),  s.  m.  V.  HardiUon. 

-irdoise.  —  V.  au  F.-Lore.  XIX. 

Ardoisières.  —  Id. 

Ardoisine  (Sp.),  adj.  quai.  —  S'emploie 
dans  la  locut.  :  Pierre  ardoisine,  ardoise. 

N.  —  A  Mj.,  on  dit  le  plus  ordinairement  Pierre 
d'ardoise,  pour  désigner  la  matière  elle-même  ou 
des  blocs  importants  de  cette  substance.  On 
réserve  le  nom  d'ardoise  aux  lames  mêmes  débitées 
pour  les  couvertures.  —  Hist.  «  Et  les  aultres  de 
pierre  ardoisine.  »  (Rab.,  P.,  n,  29,  191.) 

Ardrille  (Pell.,  Lue),  s.  f.  —  Argile,  syn.  de 
Ardille,  Arzille. 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Ardille,  doubl.  de  Arzille, 
avec  épenthèse  d'un  r,  comme  dans  Jardrin,  Sar- 
drine,  Perdrix.  —  «  Le  champ  de  courses  d'Even- 
tard  est  ben  pus  désagréable  que  celui  d'Ecouflant, 
parce  qu'il  y  a  de  VanlriUe  et,  quand  il  a  tombé  de 
l'eau,  ça  colle  aux  [ùeds  des  chevaux.  »  Aussi  va-t-il 
être  abandonné. 

Ardrilleu.Y.  (Pell.),  adj.  quai.  —  Argileux. 
V.  Ardrille.  Syn.  et  doubl.  de  Ardilleux, 
Arzilleux. 

Areau  (Sp.,  Chl.),  s.  m.  —  Charrue. 


Et.  Hist.  —  Lat.  Aratrum.  Vient  d'une  forme 
*  Arellus.  —  Charrue  sans  avant-train,  pour  le 
labourage  des  terres  légères. 

—  «  Pour  soy  n'est  rangé  le  toreau 

Dessous  le  joug,  pour  y  traîner  Vaireau.  «^ 
(D.  C.)  —  «  Araire,  charrue  sans  avant-train,  avec 
un  soc  triangulaire,  offrant  deux  ailes  de  faible 
dimension  et  versoir  en  bois.  C'est  l'ancienne  char- 
rue du  pays,  instrument  primitif,  employé  encore 
pour  les  terres  blanches.  (Guillemaut.)  —  «  Autres 
à  trois  couples  de  renards  sous  un  joug  aroient  le 
rivage  areneux  et  ne  perdoient  leur  semence.  » 
(R.\B.,P.,V,  22,  526.)  —  «  Pourchacun  jougetareaw 
qu'exercent  et  exploitent  deux  bêtes  de  labour.  » 
(Coût,  du  Poitou,  I,  482,  art.  193.)  —  «  Passée  la 
pestilence,  cestuy  homme. . .  aroii  un  champ  grand 
et  restile  (qui  produit,  qui  rapporte  tous  les  ans)  et 
le  semoit  de  touzelle  (blé  sans  barbe).  —  (Rab.,  P., 
IV,  45,  433.) 

Aregarder  (Tlm.),  v.  a.  —  Regarder.  Ex.  : 
Je  sais  pas  comment  qu'i  peut  xn' aregarder  en 
face.  »  —  «  Ça  vous  aregarde  pas.  ||  Ec.  Ergar- 
der.  V.  Ar  \ 

Aregriché,  ée  (Lg.),  adj.  quai.  —  Rabougri, 
en  parlant  d'un  arbre,  d'une  plante  (jcque. 
Syn.  de  Rabousiné,  H  ami.  Boudé.  \\  Hérissé, 
recroquevillé,  en  parlant  des  branches  d'un 
arbre.  Syn.  de  Amoucheronné,  Agrichonné.  A 
rapprocher  de  Gricher  et  du  îr.  Grincheux. 

Arenter  (Mj.),  v.  a.  —  Syn.  de  Aviager,  — 
fr.,  mais  on  ne  prononce  qu'un  r. 

Arer.,v.  a.  —  Labourer.  Ex.  :  J'allons  arer 
nout'  champ.  —  V.  Areau.   ■ 

Et.  Hist.  —  Arare.  —  En  terme  de  marine,  arer 
se  dit  de  l'ancre  d'un  vaisseau  lorsque,  le  temps 
étant  mauvais,  elle  n'y  tient  point  et  laboure,  en 
qq.  sorte,  la  terre.  (Litt. )  —  H.  Estienne  (Pré- 
cellence  du  langage  français)  regrette  ce  mot.' 
—  Tel  ne  veut  arer  ne  semer 

Qui  veut  bien  recueillir  les  fruits. 

(Le  Moine  Alexis  —  dans  ses  Feintises.) 

—  «  Celtique  :  Ara,  labourer  :  arar,  charrue  ;  — 
gallois,  arad.  —  Lat.  Arare.  Ce  qui  serait  une 
preuve  de  l'origine  commune  du  celliq.  et  du  lat., 
qui  font  partie  du  groupe  des  langues  indo-euro- 
péennes. ))  (Eveillé.)  —  «  Pour  erer  deux  fois 
quatre  ares  et  demi,  100  s.  »  (Compte  de  1404.) 

—  «  Fai,  beau  sire,  ta  paiz  crier, 

Que    li    vilain    puissent    arer,    »    (Moisy.) 

.irgancier  (Mj.,  Lue,  Br.,  Li.),  s.  m.  — 
Eglantier.  Syn.  de  Arlantier.  —  Quelle 
déformation  !  —  V.  Eronfier. 

N.  —  «  Cet  arbuste,  surtout  quand  sa  pousse  est 
rapide,  se  recourbe  souvent  en  arc  ;  on  peut  croire 
que  son  nom  vient  de  cette  particularité,  »  (Borel.) 
En  forme  d'arc-en-ciel. 

.irgelaise  (Sp.),  s.  f.  —  Pierre  à  bâtir,  de 
nature  schisteuse,  commune  à  Vihiers. 

Et.  — («On  a  dit  de  même  .\rjalestre,  de  argil- 
lastra  (?!).  C'est  ainsi  que  nous  appelons  en  Anjou 
la  terre  pleine  d'argile.  »  (Méxage. )  —  Arjalètre, 
arjelètre.  (Bas-Maine)  ;  Argelètre  (Haut-Maine).  — 
«  Ce  bel  ouvrage  était  en  pierre  d' .-Irgeasse,  pierre 
des  environs  de  Saumur,  très  blanche  et  d'un  grain 
très  fin.  —  N.  J'ai  rapproché  les  deux  mots  :  arge- 
laLse,  que  j'ai  défini  ci-dessus,  et  argeasse,  qui 
m'était  inconnu,  à  cause  de  leur  similitude.  Mais, 
au  fond,  ces  vocables  sont  peut-être  aussi  différents 
au  point  de  vue  linguistique  que  le  sont  en  réalité 


48 


ARGENT  —  ARMER 


les  roches  qu'ils  symbolisent,  h'argelaise  de  Vihiers 
est  bien  une  roche  schisteuse,  argileuse,  par  consé- 
quent grisâtre  et  propre  seulement  à  faire  du 
moellon.  L'argeasse,  décrite  plus  haut,  est  une  belle 
pierre  de  taille,  se  prêtant  même  à  la  sculpture, 
sans  doute  un  tuf.  Et  ce  tuf  est  très  blanc.  D'où  je 
conclus  que  le  vocable  Argeasse  doit  plutôt  se  rap- 
porter au  lat.  Argentum  et  au  grec  Argoç.  (R.  O.) 

Argent,  s.  f.  —  C'est  de  la  bonne  argent.  || 
Argent  mignonne,  —  argent  en  réserve, 
épargne,   disponible.    ||  Dégainer  son  argent, 

—  le  verser.  |1  Ne  point  demander  Vargent  de 
son  reste,  —  ne  pas  demander  son  reste,  ne 
pas  attendre  la  suite  d'une  mauvaise  affaire, 
s'en  tenir  là,  ne  pas  insister  ni  riposter.  Ex.  : 
Je  te  illi  ai  foutu  eine  maudit  bagne  !  i  n'a 
point  demandé  Vargent  de  son  reste.  ||  Pêcher 
à  la  ligne  à! argent,  —  acheter  du  poisson,  etc. 

Argenté,  adj.  quai.  —  Qui  a  de  l'argent, 
riche.  Argenteux  est  franc.  —  Argentier  (L. 
C).  —  On  dit,  dans  le  sens  contraire  :  désar- 
genté. 

N.  —  «  Les  soldats  sont  pas  ben  argentés.  » 
(Jaub.) 

Argentier  (Mj.),  s.  m.  —  Potentille  ansérine 
dite  aussi  Comaret  ou  Argentine. 

Et.  —  Ainsi  nommée  parce  qu'elle  a  le  dessous 
des  feuilles  d'un  blanc  argenté. 

Argenton  —  V.  au  F.  Lore.  Dictons. 

.Argot'  (Mj.),  s.  m.  —  Ergot,  dans  le  sens 
de  Ergoter,  chicaner.  |I  Lever,  Relever  de 
l'argot,  —  avoir  un  bout  redressé.  Ex.  :  Je 
me  se  bridé  les  jambes  dans  nein  bois  qui 
relevait  de  Vargot.  ||  Ec.  Ein  argot  de  coq.  — 
Il  est  ben  argoté,  le  gâs  (décidé,  sans  crainte). 

Et.  —  Inconnue.  —  Cependant,  au  premier  sens, 
paraît  venir  du  lat.  Ergo,  —  chicaner  par  des  argu- 
ments suIjUIs.  (Ergo,  formule  de  raisonnement, 
signifie  :  donc  et  indique  la  conclusion  d'un  syllo- 
gisme.) —  On  peut  aussi  le  rapprocher  de  l'ergot  du 
coq  ;  monter  sur  ses  ergots,  se  rebifïer. 

Argoté,  ée. 

déluré,  hardi. 

Argoter  (s'),  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  montrer 
décidé,  hardi,  courageux;  prendre  son  cou- 
rage à  deux   mains. 

Et.  —  Pour  s'Ergoter,  littéralement  ;  Se  mon- 
ter sur  ses  ergots. 

Arguelisse  (Mj.),  s.  m.  ^  Pour  Erguellsse. 
Réglisse. 

Et.  —  Réglisse,  pour  :  reguelice,  requelice  (méta- 
thèse  de  re  :  erguelisse).  De  :  lequericia  (autre  méta- 
thèse),  du  lat.  liquirilia,  transcription  populaire 
(sous  l'influence  de  liquor,  liqueur),  du  grec 
Glucuridza,  proprement  :  racine  douce.  (Dict.  gén.- 

—  xu?  et  xni«  s.,  licorece,  reculisses. 

Arguenuclie  (savoir  1')  (Sal.),  connaître  le 
moyen  secret  de  l'aire  qqch. 

Arguère  !  Exclamation.  Encore  !  —  Usité 
dans  une  foule  de  circonstances  où  il  n'a  qu'un 
sens  très  vague.  —  «  C'est  toujours  la  même 
chose,  arguicre?  »  ç.-à-d.,  alors,  donc.  V. 
Arrière,  pour  i)lus  de  détails. 


Adj.  q.   —   Ergoté,   décidé, 


Arguillon  (Cp.),  s.  m.  Aiguillon. 

Aria.,  s.  f.  —  Sens  spécial  (Ec.)  —  Déver- 
gondée. «  Quée  haria  que  c'te  fille. 

Arichal  (MJ.),  s.  m.  —  Archal,  laiton. 

Et.  —  «  Fil  d'archal  est  une  locut.  souvent 
estropiée  en  :  fil  d'aréchal,  d'arichal,  ou  même,  du 
temps  de  Vaugelas,  en  :  fil  de  richar. 

Et.  —  Lat.  Aurichalcum,  mot' à  mot  :  airain  de 
montagne,  ainsi  nommé  à  cause  de  l'origine  attri- 
buée à  cette  substance  métallique. 

Arieniétique  (Mj.),  s.  f.  —  Arithmétique. 

Et.  Hist.  —  Dans  le  Roman  de  la  Rose  :  Arismé- 
métique,  où  l's  égale  le  th  du  grec.  —  Souvent  Ari- 
métique.  —  «  L'abaque  tient  l'arimétique.  » 
{Roman  de  Thèbes,  45.  —  Constans.) 

.Arigné  (Mj.),  s.  m.  V.  Harigné.  —  Filet  à 
prendre  les  oiseaux,  tendu  entre  deux  pefches 
que  l'on  porte  verticalement.  Les  oiseaux, 
chassés  des  haies  ou  des  arbres  par  un  com- 
père placé  du  côté  opposé,  se  précipitent  dans 
Varigtié,  et  l'oiseleur  les  y  enveloppe.  Cette 
chasse,  ou  plutôt  ce  braconnage  se  fait  la 
nuit.  —  V.  Chacari.  ||  Eu.  —  Ce  mot  est  bien 
du  masc,  même  au  sens  de  Araignée,  insecte  : 
Ein  grou  arigné.  ||  Ec.  —  Beaucoup  de  mes 
condisciples  laçaient  des  araignées  (filet)  pour 
s'en  servir  pendant  les  vacances. 

Et.  —  Corrupt.  du  mot  franc.  Araignée,  prise  de 
nos  jours  par  métonymie  (V.  Aragne)  pour  la  'oile 
qu'elle  file,  h'arigné  représente  bien  une  grande 
toile  d'araignée. 

Arimber  (Z.  178,  Cz.),  v.  a.  Habiller.  —  A 

rapprocher  peut-être  de  Arrimer.    ||  Sal.  — 
Organiser,  dispos.er. 

Aris,  s.  m.  —  Touffe  d'herbe  dans  laquelle 
le  poisson  se  tient  caché.  (Mén.) 

.irjalestre,  s.  f.  —  Terre  argileuse,  ou  d'ar- 
doise. Mieux  :  argealestre.  Cf.  Argelaise. 

Arjure,  s.  f.  Arcure.  —  Opération  qui  con- 
siste à  recourber  avec  précaution  la  vinée  de 
manière  que  l'arc  qu'on  veut  lui  faire  décrire 
ait  le  plus  petit  rayon  possible.  (Mén.)  \'. 
Archets. 

Arlantier  (Sp.),  s.  m.  Eglantier.  V.  Argan- 
cier,    Eronfier. 

Et.  —  Eglantier,  pour  :  aiglentier,  vx  fr.  aiglenl. 
du  lat,  aquilentum,  pour  aculentum  (cf.  aquifo- 
lium,  houx)  ;  de  acus,  aiguille,  pointe.  (Dict.  gén.) 

.Arména  (Mj.),  s.  m.  Almanach. 

Et.  —  Douteuse.  Calcul  pour  la  mémoire  (de 
l'égyptien)  ;  compte  (hébreu)  ;  cercle  tracé  sur  un 
cadran  solaire  (lat.  manachus)  et  servant  à  indiquer 
l'ombre  pour  chaque  mois.  (Litt.  et  Dict.  gén.) 

Armender.,  v.  a.  —  Raccommoder,  un  filet 
\'.  Apctissure. 

Et.  —  Supposerait  :  remender,  réamender.  C'est  : 
boucher  et  reboucher  les  trous. 

Armer  (Mj.),  v.  a.  —  Tendre  sur  ses 
enlarmes,  un  carrelet.  ||  Sp.  —  Armer  eine 
charte,  garnir  une  charrette  de  ses  parties 
accessoires.  —  Ce  mot  ne  signifie  pas  seule- 
ment :  munir  d'armes.  V.  l'étvm.  de  Enlannes. 


ARMURES  —  ARRACHERIES 


49 


Armures  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  —  Parties  accessoires  et  mobiles  d'une 
charrette,  telles  que  :  fumeroles,  échalons, 
harasses,  etc.  —  Syn.  de  Ambulances.  V. 
Armer. 

Arnapée  (Sal.)-  —  Ondée.  V.  iVaper,  Napir. 

Arnette  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Rainette. 

Et.  — ■  Pour  :  ranette,  par  métathèse,  qui  est  le 
diminutif  du  vx  fr.  Rane,  lat.  Rana,  grenouille.  — 
Syn.  de  Pissouse,  Graisset,  Airnette. 

Arnoise  (Mj.).  —  Prononcez  Arnouèze,  s.  f. 
Corrupt.  de  Armoise,  plante  de  la  famille  de 
l'absinthe.  Syn.  de  Remise,  Herbe  à  la  remise. 
Très  commune  sur  les  bords  de  la  Loire. 

Et.  —  Artemisia  vulgaris.  Du  nom  grec  Artemiç 
ou  Diane.  Comme  elle  secourait  les  femmes  dans 
leurs  maladies,  cette  plante,  qui  passait  pour  utile 
dans  ces  affections,   reçut  le   nom   de  la  déesse. 

(LiTT.) 

Arocher,  Arrocher  (PI.,  etc.),  v.  a.  —  Jeter, 
lancer.  Arocher  une  pierre,  c'est  la  lancer  sur 
qqn.  «  Aroches-y  donc  eine  pierre,  à  ce 
chien  !  »  —  Se  dit  même,  de  nos  jours,  en 
parlant  des  confetti.  Lancer,  en  général.  IJ 
S'emploie  peu,  comme  v.  actif,  à  Montjean. 
—  V.  réf.  s' Arocher,  —  faire  mine  de  s'élancer, 
se  précipiter  d'un  air  menaçant.  Ex.  :  J'ai 
rencontré  ein  grand  vilain  chien  qui  s'est 
arroché  sur  moi  eine  secousse,  comme  s'il 
avait  voulu  m'avaler.  —  Cf.  l'espagnol 
Arrojar,  même  sens.  — •  A  rapprocher  de  Gar- 
rocher.  (Cf.  Jaxtb.  à  Rocher.)  ||  Au  fig.  :  C'est 
eine  pierre  qu'on  illi  arrache  dans  son  jardin 
(Segré.)  Il  ii' arrocher  ap/ès  qqn.  Arrocher  des 
pierres  à  qqn.  (Lue). 

Et.  Hist.  —  Notre  compatriote  Ménage  dit  :  On 
se  sert  de  ce  mot  dans  l'Anjou  et  dans  les  provinces 
voisines  pour  dire  :  jetter,  comme  quand  on  dit  : 
arrocher  une  pierre  à  la  tête  de  qqn.  —  De  ruo  {ruo, 
ruis,  ruxi,  ructum,  rucare  :  d'où  adrucare,  adro- 
care).  —  Ménage  se  complaît  à  ces  étymologies 
fantaisistes.  Pourquoi  ne  pas  voir  ici  le  mot  Roche, 
pierre?  lancer  une  pierre.  —  La  Curne  :  «  Arocher, 
briser,  mettre  en  pièces,  réduire  en  poudre,  saupou- 
drer ;  accabler.  D'où  -.  accabler  qqn  en  lui  jetant  des 
pierres  : 

—   «   Par  la   grant   rue    tuit   Yarochent  ; 
De  verges  le  bâtent  et  le  brocent.  « 
Puis  il  cite  l'explication  de  Ménage,  qu'il  semble 
approuver.  —  IJne  note  de  I'Editeur  le  corrige  : 
Cl  Ce  mot  a  sans  doute  la  même  origine  que  :  rochet, 
qui  vient  de  l'ail,  rocken,  fuseau.  Le  sens  provin- 
cial rend  cette  origine  plausible  :  lancer  en  tour- 
nant. »  —  Le  Df  A  Bos.  :  Arochier,  de  A  et  Rochier, 
verbe,  de  Roche.  —  Evidemment  ! 
—    «  Coars  li  Lièvres  Varochoit 

De  loing,  que  pas  nel'  aprochoit  : 

A  Varocher  qu'a  fait  coart 

En  acrollé  le  chief  Renart.  )>{Renart,  IL  104.) 

Arôder  (Tf. ),  v.  n.  —  Rôder. 

Arollé  (Mj.),  adj.  quai.  —  Houleux.  Ex.  : 
Il  fait  ein  vent  agapi  :  l'eau  est  toute  arollée 
en  dessour  du  pont. 

Et.  —  Rac.  Roller.  Des  vagues  arollécs  sont  des 
vagues  Foliées  ou  roulées  par  le  vent. 
Hist.  —  G.-C.  Bûcher,  97,  p.  138. 

«  Licence  vague  ,à  tous  vents  arolée.  » 


Aronces  (Lue). 
Ronces. 


Éronces  (Mj.),  s.  f.  — 


Aronder  (Lg.),  v.  a.  —  Disposer  en  ados  du 
foin  séché.  Syn.  de  Arrouer.  Dér.  de  Rond. 

Arosser  (Sp.),  v.  a.  —  Amollir,  énerver. 
Syn.  —  V.  Afainianter. 

Et.  —  Du  fr.  Rosse,  mauvais  cheval,  puis  :  per- 
sonne qui  ne  vaut  pasgrand'chose.  —  Maigrir,  deve- 
nir à  rien,  (de  Montes.) 

Arouage  (Gn.),  s.  m.  —  Inclinaison  des 
rayons  d'une  roue  sur  le  plan  de  la  roue. 

Aroue  (en)  (Lue),  loc.  adv.  —  De  suite, 
immédiatement. 

Arouter  (s')  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  mettre 
en  route,  partir.  !|  Fig.  s'habituer,  se  mettre 
au  courant  d'une  besogne.  ||  V.  a.  Acheminer, 
engage?  ou  diriger  sur  une  route.  ||  Habituer. 

Et.  Hist.  —  A,  Route.  —  «  Et  c'est  chose  difficile 
de  fermer  un  propos  et  de  le  coupper,  depuis  qu'on 
est  arrouté  (Mont.,  Ess.,  i,  9.) 

Aroutiner  (Bn.),  v.  a.  —  Habituer,  V.  réf. 
S' Arouiiuer  (Mj.),  —  acquérir  de  la  routine. 
Syn.  de  Etre  au  roule,  à  la  coule.  —  Cf.  Jaub. 

Et.  —  Dér.  de  Routine,  et  fréquent,  de  Arouter. 

Arpions  (Mj.,  etc.),  s.  m.  — ■  Mot  d'argot. 
Les  doigts  des  pieds.  Plomber  ou  schlinguer 
des  arpions,  —  sentir  mauvais  des  pieds. 

Et.  —  Ce  mot  viendrait-il  de  :  arripere,  saisir,  ce 
qui  sert  à  saisir,  la  serre  des  oiseaux,  puis,  par  ext., 
le  pied  de  l'homme  ?  —  Sous  toutes  réserves.  — 
«  C'est  le  vx.  mot  arpion,  —  griffe,  ongle.  Harpon 
et  Harponner  sont  restés  dans  la  langue  (Lok. 
Larch.) 

Arprin  (Pell.),  s.  m.  —  Nerprun,  par  la 
chute  de  l'n  initial.  V.  Nanse,  Anille,  etc. 
S\ni.  de  Mielprin. 

Arpuce-usse  (Sal.).  —  Piège  pour  les  petits 
oiseaux,  assez  compliqué,  nœud  coulant  de 
crin  posé  sur  une  tige  mobile,  liée  à  une  pliette 
branche  souple.  La  tige  mobile,  en  déclan- 
chant,  fait  tirer  la  pliette  et  serre  le  nœud. 

.4rque-bœui  (Mj.),  s.  m.  —  Arrête-bœuf. 
^  .  Arc-bœuf.  Syn.  de  Equiopereau,  Equiopins, 
Picote.  Ononis  spinosa. 

Arqiienet  (Do,  Am.),  s.  f.  —  Camisole 
(Méx.). 

Arqiiepincer  (Mj.),  v.  a.  —  Prendre,  pincer 
qqn  ([ui  est  en  fraude.  Cf.  Pincer  au  demi- 
cercle.  —  Syn.  de  Chopper,  Piger. 

Arraehecamp  (Mj.),  s.  m.  —  Tige  de  bois 
servant  de  levier  à  pince,  dont  les  mariniers 
se  servent  fréquemment  pour  dégager  un  cor- 
dage inglati,  soulever  un  fardeau,  etc. 

Et.  —  Du  fr.  Arracher  et  du  pat.  Camp,  fr. 
Cliami),  signifiant  la  face  d'un  bloc  de  pierre  ou 
d'une  bille  de  bois  qui  porte  sur  le  sol. 

Arraclierics  (.Mj.),  s.  f.  plur.  —  Arrachage. 
Les  arracher ies  de  chambe,  —  l'arrachage  du 
chanvre.  C'est  un  des  gros  travaux  agricoles 
dans  les  îles  et  les  vallées  de  la  Loire,  comme 
les  Batteries,  les  Sèmeries.  De  Abradicare, 
enlever  jusqu'aux  racines. 


50 


ARRACHIR  —  ARRIÈRE 


Arraeliit..  Part.  déf.  de  Arracher. 

Hist.  —  «  Voicy  ce  qu'il  me  falloit.  Cest  arbre  me 
servira  de  bourdon  et  de  lance.  Et  rarrachiliAcWe- 
ment  de  terre  et  esta  les  rameaux.»  (Rab.,  G.,i..36.) 

Arrais  (Bg.),  s.  f.  —  Espèce  d'avoine  cul- 
tivée à  Baugé  (Méx.).  V.  Arrée  .  '^ 

Arraisonner  (Mj.),  v.  a.  — -  Raisonner.  || 
y.  réf.  s' Arraisonner,  —  devenir  raisonnable. 
Ex.  :  Il  va  s'arraisonner  à  vieillir.  —  Mieux 
que  Araisonner. 

Arrangement  (Mj.,  Lg.).  —  Dans  la  locut.  : 
Eter  ben  cF arrangement,  —  être  conciliant, 
accommodant. 

Arranger  (Lg.),  v.  a. — Châtrer.  Syn.  de 
Affranchir,  Faire,  Castrer. 

Arre  (en)  (Mj.,  Sp.).  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  locut.  :  En  ârre,  —  en  arrière.  ||  Fu. 
Eter  chargé  en  ârre  ;  ça  pèse  en  ârre.  — 
Arre  donc  !»  —  arrière  donc  !  Exclamation 
pour  faire  reculer  le  cheval.  —  Aux  bœufs, 
on  dit  :  «  Seu  !  seu  donc  !  —  en  leur  tapant 
sur  le  nez. 

Arrée  ^  (Mj.),  s.  f.  —  Attention,  réflexion, 
adresse  due  à  l'intelligence  et  à  la  réflexion. 
Ex.  Voûte  quénau  ne  court  point  ;  c'est  pas 
la  force  qui  illi  manque,  c'est  qu'il  n'en  a  pas 
ïarrée. 

Et.  et  Hist.  —  C'est  le  mot  fr.  Arrêt.  L'arrée  est 
l'arrêt  de  la  pensée,  ç.-à-d.  la  réflexion.  — «  Il  y  a 
encore  d'autres  filles  qui  sont  de  si  joyeuse  com- 
plexion,  et  qui  sont  si  folastres...  qu'elles  n'ont  pas 
Varrest  d'ouyr,  ni  songer  à  autre  chose,  sinon  à 
leurs  petits  esbattements.  »  (Beajntt.,  D.  gai.,  D.  iv, 
p.   229.) 

Arrée  -  (Lue),  s.  f.  —  Orge  qu'on  donne  aux 
porcelets  ou  aux  porcs  à  l'engrais.  Pour  : 
Ardée  ou  Hardée,  lat.  Hordeum. 

Arrêt,  s.  m.  — ■  Remblai.  «  Petit  ados  qui 
coupe  une  allée  plate  en  travers  pour  empê- 
cher que  les  eaux  ne  la  dégradent  (Litt.).  — 
Remblai  de  7  à  8  m.  de  hauteur,  appuyé 
contre  un  mur  en  pierre  sèche  (Tr.).  Mén.). 

Arrêté  (Mj.),  adj.  verb.  —  Posé,  sérieux, 
qui  fait  attention.  Ex.  :  Il  n'est  point  orz-ê/é  à 
ce  qu'il  fait.  —  V.  Arrée. 

Arrêter  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  i|  V.  n.  Se  tenir 
tranquille.  Ex.  :  Je  sais  pas  ce  qu'il  a  à  être 
si  podure;  il  n'arrête  pas.  ||  Ne  pas  arrêter  de, 

—  ne  pas  cesser  de.  Ex.  :  A  n'arrête  pas  de 
gouler.  Il  Empêcher.  Ex.  :  Ça  ne  Varrêtait 
point  de  subier  (Zig.  156).  Syn.  de  Décesser, 
Retentir. 

Arrière  (Mj.)  (pron.  arriée-re,  arguière.), 
adv.  —  Donc,  maintenant,  voilà  que.  Ex.  : 
Noute  vache  est  arrière  malade.  ||  Conjonct. 
Mais,  d'un  autre  côté.  Ex.  :  Ces  gorins-là 
sont  pus  beaux,  arrière,  ils  sont  trop  chers.  || 
S'emploie  aussi  comme  interj.,  dans  le  sens 
de  :  En  voilà  bien  d'une  autre  !  —  Ex.  : 
Je  sommes  dans  la  maledringue  ;  velà  à 
c't'heure  que  mon  père  s'est  cassé  eine  jambe. 

—  Arrière  !  \\  J'vas  mettre  du  son  dans  l'eau, 
arrière,  —  Maintenant,  je  ferais  bien  de. . .  || 


Loc.  explét.  souvent  employée  dans  un  sens 
indéterminé.  ||  Encore.  —  Ex.  :  Vas-tu  recom- 
mencer, arrière  !  \\  (Fu).  Pron.  :  arriée-re.  En 
revanche  jamais  d'autre  sens. 

Et.  et  Hist.  —  La  Cuexe  :  «  On  soupçonne  arrié, 
espèce  d'exclamation  vulgaire,  et  probablement  la 
même    que    Arré   en    Normandie,    d'être,    comme 
arriez,  une  altération  de  l'adv.  arrère  ou  arrière,  et 
d'avoir  une  signification  relative  à  celle  de  l'ex- 
pression «  reswardeir  ayere  »  —  «  Ne  nos  co vient 
mies  rester  et  molt  moins  nos  covient  ancor  res- 
wardeir ayere.  (S.  Bkrx.,  Serm.)  —  Ainsi  ce  serait, 
avec  ellipse,  qu'à    l'occasion  d'une    surprise  dés- 
agréable ou  agréable   les  gens  du  peuple  disent  : 
arrié    ou    arré,    comme    s'ils    disaient    :    regarde^ 
arrière  ;  comme  s'ils  avertissaient  de  se  tourner 
arrière,  de  tourner  la  tête  en  arrière,  de  se  retourner 
pour  voir  ce  qui  leur  plaît  ou  déplaît  et  pour  en 
juger.   Lorsqu'à  la  vue  d'une  personne  ou  d'une 
chose  pour  laquelle  on  se  sent  de  l'aversion  et  de  la 
crainte,  on  en  exprime  le  sentiment  en  criant  : 
arrière,  arrière  de  moi  la  chose  qui  se  présente^  ou 
la  personne  qui  s'avance,  arrière  n'est  point,  comme 
on  l'a  dit,  une  prépos.  Il  est  adv.,  et  signifie,  avec 
ellipse,  allez  arrière,  rétrogradez,  reculez,  éloignez- 
vous  de  moi  en  allant  arrière...  Il  était  l'expression 
d'un    sentiment    d'aversion    pour    une    chose    à 
craindre  lorsqu'on  disait  :  «  Arrière    ce  sera    une 
mauvaise  besoigne.  »  (Contes  de  Despékiers,  i,  74.) 
—  C'est  donc  par  impératif  supprimé  qu'en  criant  : 
arrière,  on  rompt  les  chiens  en  défaut  ;  que  l'on 
commande  à  un  homme,  à  une  troupe,  à  des  che- 
vaux de  harnais  de  reculer.  —  Il  serait  possible  que, 
dans  les  v.  rentrer,  revenir,  retourner  et  autres  de 
même  espèce,  le  principe   de  la  particule  re  fût 
l'adv.  arrere,  que  l'on  écrivait  arre  ;  d'où,  vraisem- 
blablement, plusieurs  v.  inus.,   tels  que  :  araler, 
aretourner,   dans   le  sens   de   arrere-aller,   arrere- 
retourner.    Du    moins    est-il    certain    que,    dans 
nombre  de  verbes,  la  particule  re,  comme  arrere 
dans  nombre  d'expressions,  signifie  que  le  mouve- 
ment désigné  par  le  v.  se  fait  en  rétrogradant,  en 
retournant  vers  un  lieu  d'où  l'on  est  parti,  etc.  Ex.  : 
«  Cumandad  David  que  l'um  portast  l'arche  ariere 
en  la  cited  »,  pour  :  que  l'on  reportast.  Très  nom- 
breux ex.  :  Demander  arre,  redemander  ;  conquérir 
arrière,  reconquérir  ;  poser  arrière,  reposer  ;  mettre 
arrière,  remettre.  Donc,  reiro  explique  re  de  nom- 
breux V.  lat.  francisés.  (La  Ccrne.) 

—  Arrié,  arriée,  arrier,  partie,  explét.  Ainsi, 
l'enim  vero  des  Lat,  =  aussi.  —  «  J'vous  fais 
c'viau  10  écus,  et  vous  dites  que  c'est  trop  char  ! 
Vouderiez-vous  pas  l'avoir  pour  ren,  arriée'!  (Comte 
J.)  —  «  S'emploie  pour  donner  [lus  d'expression  à 
une  épilhète  désagréable.  Ex.  :  C'est  core  arrière 
une  sarchée  bête,  au  respé  de  vous.  »  (De  Montes.) 
Et  enfin  :  «  Arié,  Arrié,  —  maintenant,  certes, 
enfin,  en  effet,  au  contraire,  sans  doute,  d'un  autre 
côté,  désormais.  Loc.  explét.  ;  une  sorte  d'interj.  de 
sens  assez  variable  ;  elle  marque  aussi  l'étonnement, 
la  mauvaise  humeur,  l'impatience,  le  désappointe- 
ment, comme  le  regret,  le  retour  sur  un  incident, 
pour  le  blâmer  ou  le  regretter.  >>  (Guillemaut.) 
Excellente  définition. 

—  «  Enrère,  —  locut.  ;  néanmoins,  cependant, 
comme  ça.  Ce  mot  n'a  point  de  sens  précis  ;  il  se 
place  partout.  Lorsqu'on  demande  à  une  personne 
qqch.,  ou  qu'on  la  prie  de  faire  une  démarche  qui  la 
jette  dans  l'incertitude,  elle  répond  :  «  Vé  m'enuiez 
ben  enrère.  »  —  Arère  :  aussi,  d'ailleurs.  Dans  le 
centre  de  la  France,  on  dit  :  arrié.  Arré,  conj.  Enfin; 
du  celtiq.  Arré,  encore.  (Favre.)  —  Arié.  Basse 
Bourgogne  :«  Locution  qui  équivaut  à  :  «  cepen- 
dant, malgré  cela,  tout  de  même  »,  selon  le  cas- 
Mais,  la  plupart  du  temps,  elle  n'est  ni  nécessaire 


ARRIÊRE-LEVÊE  —  ARSOUILLE 


51 


ni  justifiée.  C'est  un  ornement  parasite  qui  ne 
laisse  pas  de  donner  au  discours  de  la  couleur  et  de 
la  rotondité,  si  je  puis  le  dire.  Les  Grecs  ont  de  ces 
parasites,  surtout  dans  la  poésie.  Ils  sont  au  stjie 
ce  que  les  fleurs  pariétaires  sont  à  une  ruine, 
qu'elles  embellissent  plus  qu'elles  ne  consolident.  » 
(Ch.  NiSARD,  Curiosités  de  V étymol.  franc.,  p.  110. 

Arrière-levée  s.  f.  —  Ensemencé  que  le 
fermier  récolte  après  avoir  quitté  une  ferme. 
(Mén.).  —  Cf.  Arrière-foin,  regain  (Litt.). 

Arrimer  (Zig.  155),  v.  a.  —  Préparer, 
arranger,  un  plat.  —  C'est  le  franc,  dans  un 
autre  sens. 

N.  —  Ane.  franc.  :  arrumer,  arruner,  aruner, 
oriner,  —  mettre  en  ordre.  {Dict.  gén.)  Etym.  dou- 
teuse. 

Arris  î  interject.  —  On  excite  souvent  les 
animaux  à  aller  en  avant,  en  criant  :  Arri, 
arris. 

Hist.  —  On  s'en  sert  en  Languedoc  et  en  Italie. 

(MÉNAGE.) 

Arrivade  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Hasard.  Se  dit 
surtout  dans  coup  A' arrivade,  coup  de  hasard. 
—  Syn.  et  doubl.  de  Arrivée. 

.irrive  (Mj.),  s.  f.  —  Même  sens  que  Arri- 
vade. Il  Arrive-arrive,  —  au  hasard,  au  petit 
bonheur.  On  dit  dans  le  même  sens  :  Arrive 
qui  plante.  Ex.  :  J'ai  péché  dans  le  tas  arrive- 
arrive. 

Arrivé  (Mj.),  part.  pas.  —  Venu.  Ex.  : 
Dame  !  il  n'y  a  pas  été  ben  arrivé  à  illi  parler 
de  ces  quatre  sous  là  !  —  il  y  a  été  mal  venu. 

Arrivée  (Mj.),  s.  f.  —  A  Varrivée  de,  — 
environ,  près  de.  Ex.  :  Il  pèse  à  Varrivée  de 
six-vingts.  ||  Hasard  heureux.  Ex.  :  C'est  eine 
arrivée.  ■ —  Le  bestial  ne  se  vend  que  par 
arrivées.  \\  Coup  d'arrivée,  —  c.  de  hasard.  |1 
Réception.  —  11  n'a  pas  ieu  eine  belle  arrivée. 

Arriver,  v.  actif.  —  Réussir.  Ex.  :  J'ai  vrai 
ben  arrivé  mes  confitures.  ||  Absolument.  Y 
arriver.  Ex.  :  Il  n'y  arrive  point  dans  tout  ce 
qu'il  fait.  —  Cf.  Jaub. 

Arrivoir  (arrivoué)  (Mj.),  s.  m.  —  Point 
de  la  berge  où  les  bateaux  peuvent  arriver, 
aborder.  Syn.  de  Abord,  Rivage. 

Et.  —  C'est  le  mot  franc,  pris  dans  son  sens  éty- 
mologique, ad-ripam  (are),  ar-rive-er. 

Arrocher,  v.  Arocher.  —  Ajoutez  ;  Cf.  angl. 
to  rock,  balancer,  agiter,  bercer  ;  dérivé  : 
rocket,  fusée  volante  (R.  O.). 

Arrondir"  (s'),  v.  réf.  —  «  Si  l'eau  grandit, 
elle  s'arrondit.   »  (Mén.) 

Arrou  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Monceau  de  foin 
peu  élevé  et  peu  large  que  l'on  dispose  dans 
toute  la  longueur  dn  pré,  afin  de  pouvoir  le 
piquer  et  le  charger  plus  facilement.  C'est 
î'angl.  :  row,  rangée.  Syn.  de  Ronde. 

Arrouer  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Disposer  en 
arrous.  Syn.  de  Aronder.  —  Cf.  Jaub.  à  Roue. 

Arrouser  (Mj.),  v.  a.  —  Arroser. 

Et.  —  Se  prononçait  encore  ainsi  au  commence- 


ment du  xvn«  s.  —  Se  trouve  dans  Malherbe.  — 
Vaugelas  remarque  que  la  plupart  disent  et 
écrivent  :  arrouser,  mais  recommande  arroser.  De 
Ad  et  Roser,  v.  fictif,  du  lat.  ros,  rosée.  (Litt.)  — 
«  Arrouser  signifie  :  jetter  de  l'eau  par  plusieurs 
petites  gouttes  au  coup,  comme  rousée.  »  (Nicot.) 

—  Arrouser  un  marché,  ses  galons,  le  coup  (à  la 
pêche  ou  au  jeu),  —  boire  bouteille. 

Hist.  — ■  Exemples  innombrables;  il  faut  se 
borner. 

—  «  De  beurre  frais,  tombant  par  une  housée. 
Duquel,  quand  fut  la  grand  mère  arrousée 

_  Cria  tout  haut. . .  (Rab.,  G.,  i,  2.) 
— ■«  Arrousant  la  chambre  du  sang  qui  dégouttait 
partout.  »  (Br.\nt.,  D.  gai.,  Disc.  1,  p.  21.5.) 

—  '(  Qui  me  donra  des  fontaines  de  pleur 
Pour  arrouser,  en  mourent,  mon  cercueil?  » 

(G.-C.  Bûcher,  136,  162.) 
—   «  Les  bleds  ayment  la  rousée 
Dont   la    plaine    est    arrousée.    » 
(J.  DU  Bellay,  Complainte  du  Désespéré,  p.  144. 

Arrousoir  (arrousoué)  (Mj.),  s.  m.  —  Arro- 
soir. 

Arrousoirée  (Mj.),  Arrousoitée  (PelL),  s.  f. 

—  Le  contenu  d'un  arrosoir. 

Et.' —  Pour  la  2'^  forme  l'r  final  est  devenu  muet 
suffixe  tée,  indiquant  la  contenance. 

ArsilloD  (Mj.),  s.  m.  —  Ardillon,  sorte  de 
boucle.  Syn.  de  Desillon,  Tersillon,  Terseillon. 

Arsis  (Tis.),  s.  m.  —  Montant  et  fruit  du 
vin.  Ex.  :  Velà  du  vin  qui  a  ein  bon  petit 
goût  d' arsis. 

Arsoir  — •  Pour  :  à  ce  soir.  Autrefois  pour  : 
hier  soir 

Et.   Hist.  —  De  Heri,  sérum,  —  hier  soir.  — 
Dans  le  Haut-Maine  :  arsoué,  arsoir,  hersoir. 
—   «  Mais  quand  je  la  revis  arsoir 

Toute   seule   en   un   coin   s'assoir.    » 
(Mellin  de  S.-Gelais,  p.  77.  Cité  par  Ménage. 

—  «  Arsoir,  l'autre  soir  (comme  on  disait  • 
autrier,  autre  hier),  alterum  vesperum.  «  Icelui 
Estienne  s'adreça  contre  le  suppliant  en  disant  : 
Tu  me  cuidas  arsoir  faire  battre.  »  (D.  C.)  —  Arsoir, 
hiar  soir  :  «  Ha  !  que  je  fus  affiigé  arsoir,  quand  je 
ne  trouvay  plus  le  subject  qui  me  faisoit  trouver  le 
veiller  si  doulx  !  >  {Lettre  (/'Henri  IV  à  Gabrielle 
d'Estrées.)  —  Marot  a  écrit  :  hersoir,  plus  rappro- 
ché de  :  hier  soir  : 

—  «  Le  juste  deuil  rempli  de  fâcherie 
Qu'eûtes  hersoir.  . .   (Elégie,  12.  —  Jaub.) 

Arson  (Sp.),  s.  f.  —  Sensation  de  brûlure, 
de  picotement,  de  démangeaison.  Ex.  :  J'ai 
des  arsons  au  talon. 

Et.  Hist.  —  Vx  franc.  Arsin.  —  En  termes 
d'eaux  et  forêts,  bois  arsin,  bois  où  le  feu  a  pris,  de 
qq.  manière  qu'il  y  ait  été  mis.  —  Arcins  (incendie), 
xn".  —  Arsin,  xm".  —  «  Depuis  la  destruction  et 
arsin  de  la  ville.  <>  (Froissard,  n,  11,  448.  —  Litt.) 

—  Du  V.  latin  Ardere,  brûler  :  ars,  ards.  —  Arsion, 
chose  brûlée,  embrasée,  incendiée.  Le  v.  Arder^a  dû 
avoir  un  doublet,  Arsir.  (L.  C.)  —  Arséïs,  arsin, 
arson,  arsure  ;  incendie,  lieu  incendié,  chaleur  brû- 
lante, cuisson,  démangeaison,  teigne.  —  En  angl.  : 
arson.  (D''  A.  Bos.)  —  «  Arsion  se  dit  pour  :  chaleur 
excessive  en  pat.  norm.  de  Guernesey,  où  c'est  un 
subst.  féminin.  «  I  fait  donc  grand  eau  ?  —  Vere,  il 
y  a  une  grande  arsion  sus  la  cauchie  (chaussée).  » 
Moisy. 


Arsouille    (Mj.),    s.    m. 


Homme  qui 


52 


ARSOUILLER  —  ARZILLEUX 


s'adonne  à  la  débauche  abjecte,  à  l'ivrognerie 
crapuleuse.  ||  Partout. 

Et.  Hist.  —  Anagramme  du  vx  mot  :  souillart, 
qui  désignait  l'arsouille  du  moyen  âge.  (Lor. 
Larch.)  —  Jacb.  le  rapproche  de  :  souillon.  — 
Selon  DU  MÉRiL,  ce  mot  est  une  aphérèse  de  Gar- 
souille  :  «  Viles  personas  quas  garciones  vocant.  « 
Mathieu  Paris,  cité  par  Guillematjt.  ) 

.irsoiiiller,  (s')(Mj.,  etc.),  v.  réf.  —  Mener 
une  vie  de  débauche  ;  se  vautrer  dans  de 
basses  orgies.  V.  Arsouille. 

Artaban,  s.  m.  —  On  dit  très  souvent  :  Fier 
comme  Artaban.  —  C'est  le  héros  du  roman 
de  Mlle  de  Scudéry,  le  Grand-Cyrus. 

Article  (Sar.,  Tm.).  —  Bête  d'article,  — 
tête  de  bétail  tarée  ou  malade  que  certains 
bouchers  achètent  à  vil  prix.  Ex.  :  C'est  ein 
petit  bouchâillon  qui  ne  fait  que  les  bêtes 
d'article. 

Artière.,  s.  m.  —  Petit  poisson  ne  grossissant 
pas,  servant  d'appât  pour  la  pêche  (Mén.). 

N.  —  Je  trouve  dans  Littré  :  Art,  terme  de 
pêche.  Sorte  de  filet,  dit  ordinairement  :  boulier.  Y 
a-t-il  un  rapport? 

Artif ailles  (Ag.,  Mj.),  s.  f.  —  Un  tas  d'ar- 
tifailles,  —  de  frusques,  de  vêtements,  avec 
une  idée  de  mépris. 

Et.  —  Pour  Attifailles,  du  fr.  Attifer. 

Artifi,  s.  m.  —  Sarcifi-crochet,  pour  :  sal- 
sifis des  prés.  (Méx.). 

Et.  —  Salsifis.  Ital.  :  sassefrica,  orig.  inconnue. 
—  OuDiN  enregistre  :  sa.ssefique,  sassefrique,  sasse- 
fy,  sassify,  sercifi,  serquify.  —  Les  botanistes  em- 
ploient plutôt  cercifis  que  salsifis.  —  Olivier  de 

Serres  :  sercifi.  (D.  C.) 

Artillant  (Mj.,  Sp.,  Sal.),  eux  (PL),  oux 
(PI.,  Sp.,  PL),  adj.  quai.  —  Vif,  actif,  éveillé, 
alerte,  entreprenant,  travailleur.  —  A  rap- 
procher de  Ardélion,  par  curiosité. 

Et.  Hist.  —  Au  mot  Artillé  :  Pourrait  venir  de  : 
ars,  artis,  —  art  ;  d'où  artillum,  engin  :  artillare, 
pourvoir  d'engins.  L'anc.  franc,  a  :  artilleux,  dont 
î'étymol.,  qui  est  :  ars,  artis,  confirme  celle  d'artil- 
1er.  (LiTT.)  «  Artilleux  se  dit  en  bonne  et  mauvaise 
part  : 

—  «  S'est  Telamonz,  preuz  et  vaillanz 
Et  arlilleus  et  combatans.  » 

—  «   Ha  !  feme,  comme  "es  enginneuse, 
Et  décevants,  et  artilleuse.  »  (L.  C.) 

—  «  Elle  est  hardie  et  artilleiise 

Et  trop  en  vie  studieuse.  »  (Rom.  de  la  Rose.) 

—  n   Li   goupils   (renard)   est   moult  artilleux 
Quand  il  est  auques  fameilleux.  » 

(c.-à-d.  quand  il  est  un  peu  aiïamé.  —  Id.  —  D.  C 

Artiste  (Mj.),  s.  m.  Vétérinaire  diplômé, 
par  opposition  à  Mégeilleur.  —  Pas  d'autre 
sens. 

N.  —  Se  trouve  dans  Lor.  Larchey.  Excentrici- 
tés du  langage. 

Et.  —  Ars,  artis.  N'a  pris  que  vers  1762  le  sens 
spécial  qu'il  a  aujourd'hui.  On  disait  :  artiste  en 
tapisserie,  etc.  (Litt.)  —  «  C'te  vache  est  ben 
gâte  ;  faut  aller  charcher  Vartisse.  »  —  «  Landry  a 
du  talent  pour  le  bestiau. . .  Quand  même  on  irait 
étudier  dans  les  écoles,  comme  les  artistes,  cela  ne 
sert  de  rien  si  on  n'y  est  adroit  de  naissance.   » 


(G.  Sand.  La  Petite  Fadette.)  —  Tendance  de  notre 
éfioque  à  amplifier  les  mots  ;  portier,  concierge  ; 
perruquier,  artiste  capillaire  ;  cuisinier,  chef  ;  épi 
cier,  marchand  de  denrées  coloniales.  (Jaub.) 

Arton,  s.  m.  —  Pain,  —  terme  faubourien. 

Et.  —  De  nombreux  mots  commencent  par  : 
arto,  du  grec  :  artoç,  pain.  —  C'est  de  l'argot  : 
Artif,  artie,  artilTe,  arton.  —  Du  provençal  = 
artoun,  pain.  (Lor.  Larch.)  —  Arton  signifie  : 
pain,  dans  le  Dict.  manuscrit  de  Barbass.vn.  — 
Artuit,  repas.  Espèce  de  droit  seigneurial,  comme 
le  droit  de  gîte.  Repas  qu'un  vassal  donnait  à  son 
seigneur.  (L.  C.) 

Ar'tourner,  v.  n.  —  Retourner,  V.  Ar  L 

Artiisan  (Lg.),  s.  m.  —  Bruche  des  pois.  \\ 
Petit  insecte  sauteur,  coléoptère  à  long  bec, 
qui  suce  et  perfore  les  feuilles  des  choux  et 
navets,  et  aussi  celles  du  lin.  Syn.  de  Cosson, 
Cotisson. 

Et.  —  Doublet  évident  de  Artuson,  malgré  la 
légère  diflérence  de  sens.  En  somme  le  patois 
désigne  sous  le  nom  commun  de  Artusans  ou  Ariu- 
sons,  les  insectes  qui  perforent,  qui  pertuiscnt  soit 
le  bois,  soit  les  graines  ou  les  feuilles  des  plantes.  Il 
apparaît  dès  lors  que  ce  mot  est  pour  Pertuson  ou 
Pertusant,  du  v.  Pertuser.  —  Variantes  :  Artuison, 
artezon,  artuissons,  artison,  artaison.  «  Il  préserve 
les  fourmages  d'estre  mangés  des  bestioles,...  artu- 
sans, mittes.  (O.  de  Serres.)  —  «  Une  aumusse 
d'escuraulx  de  Calabre,  doublée  de  menu  ver, 
artuisonnée.  (1514.  GoD.) 

.irtuson  (ML),  s.  m.  —  Petit  ver  qui  perfore 

le  bois  et  fait  la  vermoulure.  ||  Lg.  Petit 
insecte  sauteur  qui  s'attache  aux  choux.  C'est 
le  cosson  de  Mj.  !|  Fu.  Cosson.  «  Un  trou 
d' artuson.  »  —  «  L'armoire  est  toute  cosson- 
née.  »  —  Syn.  de  Saillon,  Cotisson,  Puzon. 

Et.  et  Hist.  —  Corr.  et  doubl.  de  Artison,  fr.  Il  y 
a  eu  confusion  des  deux  insectes.  —  Pourrait  être 
pour  :  pertuson,  du  fr.  pertuis.  —  «  Artuison,  c'est 
un  ver  de  drap  (xvi-  s.)  —  Artuson  (0.  de  Serres) 

—  On  a  dit  jadis  :  Artoisan,  artuison,  arte,  artre.  — 
La  CiTR>'E  :  Artuis,  trou  fait  par  les  vers,  altération 
de  partuis,  le  même  que  pertuis.  —  Artuis,  trou  de 
ver,  ou  ce  ver.  (Dict.  de  Trévoux,  à  Artisonné.  Cf. 
Tineosus,  plein  de  teignes.  —  Enfin,  Schei.er  : 
Artisan,  Artuison.  Lat.  termitem,  tarmita,  adonné: 
tarte  ;  par  aphérèse  :  Arte,  artre  ;  d'où  un  composé: 
arte-toison,  artoison,  artuison,  —  uson,  —  ison.  — 
V.  Artusan. 

Aninter  (Mj.),  v.  a.  —  Mettre  d'aplomb, 
caler.  Syn.  de  Ayoter.  V.  Dérunter. 

Comparez  :  Arouter,  faire  route,  —  suivre 
en  faisant  la  même  route,  —  mettre  à  la  suite, 

—  proposer  par  ordre,  —  ordonner,  mettre 
en  ordre,  disposer,  assembler.  (L.  C). 

.4rure  (Lg.),  s.  f.  —  Toute  façon  donnée  à 
la  terre  et,  par  ext.,  opération  culturale  quel- 
conque. Syn.  de  Airure.  \\  Tout  instrument 
agricole.  Syn.  de  Apple. 

Et.  —  Doubl.  de  Airure,  avec  un  sens  plus 
étendu. 

.irzille  (Mj.,  Mzé),  ,  s.  f.  —  Argile,  terre 
glaise.  V.  Ardille,     Ardrille. 

Arzilleux  (Mj.),  ad.  quai.  —  Argileux,  Syn. 
et  doubl.  de  Ardilleux,  Ardrilleux. 


AS-DE-PIQUE  —  ASSAYER 


53 


As-de-piqiie,  s.  m.  —  Extrémité  du  crou- 
pion d'une  volaille  ;  ainsi  nommée  de  sa  forme 
C'est  le  :  sot-l'y-laisse.  V.  Croupignon,  Trou- 
fignon. 

A-sec  (Mj.),  s.  m.  —  Haut-fond,  partie  d'un 
chenal  où  l'eau  est  peu  profonde. 

Et.  —  Très  claire. —  En  unseul  mot  :  A.ssec,  dans 
LiTTRÉ  :  période  pendant  kKjuelle  un  étans:  dessé- 
ché est  livré  à  la  culture.  —  I.e  bateau  a  rencontré 
un  assec.  (Jaub.) 

.isguë,  s.  f.  —  Ciguë.  L'article  a  été  soudé 
au  nom  :  la  ciguë.  Lat.  Cicuta.  La  forme  popu- 
laire était  :  Ceue. 

Asile  (Mj.).  —  Absolument,  pour  :  salle 
d'asile.  Ex.  :  Je  vas  mener  mon  gars  à  V asile, 
ça  va  me  décancher. 

Asme  (Lg.,  Tm.),  adj.  quai.  —  Pour  : 
asthmatique.  Ex.  :  Il  est  ein  peu  asme.  —  Cf. 
Rhumalisse,  Anémie,  Eclipse. 

Asparge  (Mj.),  s.  f.  —  Asperge.  Cf.  Mar, 
Par  et  l'espag^n.  Esparrago.  !|  Asperge  du 
pauvre,  —  chou  vert,  brocolis.  ||  Fu.  Asparge 
de  cordonnier,  —  bette,  qui  se  mange  à  la 
sauce  blanche,  comme  l'asperge.  —  On  dit 
aussi  :  Esparges. 

Et.  —  Hist.  —  La  Cprne  :  Asperague.  Ce  mot 
peut  se  rapprocher  de  Asper,  en  fr.  :  aspre,  âpre  : 
"  La  coustume  fut  jadis  en  Boecie.  que  les  bonnes 
et  honnestes  matrones  approuchantes  pour  devoir 
coucher  la  nouvelle  mariée  luy  faisoient  un  chap- 
pellet  sur  la  teste  de  branches  de  aspara^es  aspres 
et  mal  gracieux,  voulans  dire  qu'il  i'aloit  endurer 
les  rudesses  du  mary.  »  —  Le  patois  se  rapproche 
plus  du  lat.  que  le  fr.  ■ —  h'asparai^us  est  une  plante 
d'ornement  que  l'on  n'ose  appeler  :  asperge.  !| 
Asperge  des   gueux,   jeunes   pousses   de   houblon. 

(DOTT.  ) 

Asparges-me  (Mj.),  s.  m.  —  Le  début  de  la 
messe,  le  moment  de  l'aspersion.  ||  Goupillon. 

Aspic  (français)  ou  LTspic.  —  Lavande.  On 
dit  encore  :  de  l'huile  d'aspic  dans  le  langage 
correct,  et  l'on  peut  comparer  à  la  fameuse 
phrase  normande  :  «  Qu'a  qu'ai  a  qu'a  crie? 
Al  a  qu'ai  a  chu  !  »  Cette  phrase  recueillie  à 
Lue  :  Madame,  votre  uspic  y  s'pard,  —  votre 
lavande  se  perd,  c.-à-d.  est  trop  avancée 
pour  pouvoir  être  utilisée.  (M.  de  la  Perrau- 
DiÈRE.)  —  Ec.  De  l'eau  d'espic,  de  Vespic, 
pour  :  du  spic. 

Et.  —  Forme  particulière  pour  :  spic,  de  spicus, 
épi.  —  Lavandula  spica,  —  née  par  assimilation  et 
confusion  avec:  aspic. — Onenextraitunehuileodo- 
rante,  l'essence  de  spic,  dite  par  corrupt.  :  huile 
d'aspic.  {Dlct.  gén.)  —  Pseudonardum,  nardus  cel- 
tica.  (RoB.  EsTiENNE,  T/i?<;aiiriis.  —  GoD)  — 
Bâtard  :  Lavandula  spica. 

Aspit'  (Li.,  Bris.,  Mj.),  s.  m  et  f.  —  Aspic, 
serpent,  couleuvre,  vipère.  Cf.  TabaC.  ||  Fu. 
Prononc.  Aspi. 

Et.  —  Ane.  fr.  :  aspe  (popul.)  et  aspide  (savant), 
de  aspis,  aspidis.  —  Dans  le  Centre,  le  t  est  inso- 
nore. 

Aspité  (Mj.),  adj.  quai.  —  Couvert  de 
larges  taches  de  rousseur.  Syn.  de  Maillé.  V. 
Foik-Lore,  III. 


Et.  —  Cf.  Aspidocéphale.  Terme  de  zoologie,  qui 
a  la  tête  couverte  de  plaques  (grec,  aspic,  bouclier, 
képhalè,  tète.)  —  Simplement  :  taché  comme  un 
aspit. 

Assaisonner  (s').  —  (PI.,  Lg.),  v.  réf.  — 
Mûrir,  en  parlant  des  fruits.  —  Cf.  Aoûter. 
Ex.  :  Ces  poires-là  ne  sont  pas  encore  assez 
assaisonnées.  * 

Et.  —  Français  dans  les  anciens  auteurs  :  Mûrir, 
dans  ïa  saison  ;  A,  Saison.  Pris  dans  un  sens  spécial 

—  «  L'espic  jaunit  en  grain  oue  le  chaud  assai- 
sonne. » 

(Du  Bell.,  VI,  19.) 

—  «  Fruit  vert,  pour  n'être  pas  assaisonné  encore.  » 

(D'AuB.,  Créât.,  5.) 
Dérive  de:  sationem,  action  de  semer.  Le  premier 
sens  est  :  mettre  à  point,  à  la  saison  :  «  Comme  ilz  se 
feussent  assemblez  pour  cueillir  et  amasser  le  blé 
qui  estoit  au  dedenz  d'icellui  champ,  combien  que 
icellui  blé  ne  feust  mie  pour  lors  attempresé  ne 
assaisonné.  »  (L.  C.)  —  A.ssaxonare.  (D.  C.)  —  Du 
foin  bien  assaisonné.  —  «  Mais  de  parler  des  dattes 
entières  mûres  et  assaisonnées,  cela  est  réservé  pour 
des  contrées  plus  chaudes  »  (S.  François  de  Salp;s. 
Trad.  de  l' Amour  de  Dieu.  —  Jal'b.) 

Assaoûler  v.  a.  —  Aile  m'assaoûle,  — 
m'étourdit.  —  Cf.  Assavoir.  —  V.  Assoûler. 

Et.  —  Salullare,  sadoler,saoler,  saouler,  soûler. 

—  Rendre  qqp.  soûl  de  qqch.,  lui  en  donner  tant 
qu'il  n'en  veuille  pas  davantage.  {Dict.  gén.).  Ici, 
saturer  de  paroles. 

Assassin  (Mj.)  pour  :  Assassinat,  meurtre. 
Ex.  :  Il  s'est  fait  ein  assassin  à  La  Pommeraye 

Et.  —  Hist.  —  De  l'arabe  :  haschisch,  nom  de  la 
poudre  de  feuilles  de  chanvre  avec  laquelle  on 
prépare  le  haschisché.  I^e  prince  des  Assassins,  ou 
Scheik,  ou  Vieux  de  la  Montagne  faisait  prendre 
du  haschisch  à  certains  hommes.  Ceux-ci  avaient 
des  visions  qui  les  transportaient  et  qu'on  leur 
présentait  comme  étant  un  avant-goût  du  Paradis. 
A  ce  point,  ils  se  trouvaient  déterminés  à  tout  faire 
et  le  prince  les  employait  à  tuer  des  personnages 
ennemis.  C'est  ainsi  qu'une  plante  enivrante  a 
fini  par  donner 'son  nom  à  l'assassinat.  (Litt.)  — 
C'est  par  oubli  de  la  vraie  signification  de  Assassin, 
que  dans  le  sens  d'assassinat  l'on  a  dit  ;  «  Qui 
jettera. . .  l'œil  sur  les  meurtres  et  assassins  que 
les  Princes  faisaient  faire  par  leurs  favoris,  etc.  » 
(P.ASQUiER,  Rech,  I,  21,  L.  c.)  —  Le  bruit  court 
icy  que  deux  soldats  de  la  maréchaussée  de  Sau- 
mur  ont  été  rompus  pour  avoir  fait  un  assassin. 
(1760.  —  Im:  Aicli.,  E.  341,  2,,  12.) 

Assaut  (Mj.,  Lue),  s.  m.  —  Epreuve,  mala- 
die, accident.  Ex.  :  Il  se  paraît  qu'il  a  ieu  ein 
fameux  assaut  ;  il  a  ben  manqué  d'en  terzéler. 
Il  Coup  violent  reçu. 

Et.  —  B.  L.  Assalire,  assaillir.  —  Assaltum  ; 
classiq.  assultum,  assalt,  assaut.  {Dict.  gén.) 

Assaiivager  (Mj.),  v.  a.  —  Rendre  sauvage, 

au  propre  et  au  fig. 

Et.  —  Sauvage  vient  de  :  sylvalicus,  qui  habite 

les  bois.  —  Hist.  E.  Deschamps.  (Gon.) 

—    «  La  domesche  par  dur  gouvernement 

S'assauvagist  et  mue  son  usage.  )> 

'■ —  «  Les  Evain  assaut'agissoient 

Et  les  Adam  aprivoisoient. 

Entre  les  autres  en  issi  (sortit) 

Le  gorpil  (renard),  si  assauvagi.  »  (D.  C.) 

Assayer  (Mj.,  Sp.),  v.  a.  —  Essayer.  ||  Fu. 


54 


ASSEAU  —  ASSIRE 


Absolument,  v.  réf.  :  Essayer  ses  forces. 
«  Veux-tu  j'allons  nous  assayer  ?  >/ 

Et.  —  Doublet  de  la  forme  franc,.  —  Le  bret.  a 
le  V.  Asai,  et  l'angl.  le  v.  to  Assay,  qui  ont  le  même 
sens.  I.at.  popul.  :  exagiare,  de  :  exagium,  pesage. 

Asseau  (Mj.),  s.  m.  —  Herminette.  —  (â). 

Et.  —  Marteau  à  l'usage  du  couvreur,  dont  la 
tête  est  courbée  en  portion  de  cercle.  B.  L-.  Asci- 
culus,  du  lat.  Asciola,  dimin.  de  Ascia,  instrument 
de  chari)entier.  —  Aisceau,  terme  de  tonnellerie, 
instrument  qui  sert  à  polir  le  bois  (Litt.).  — 
«  Asseth.'.  Marteau  avec  une  tête  d'un  côté  et  de 
l'autre  un  tranchant  large  de  deux  pouces  et  un 
peu  recourbé  vers  le  manche  :  les  couvreurs  s'en 
servent  pour  dresser,  couper  et  clouer  les  lattes  et 
les  ardoises,  et  les  tonnelliers  pour  polir  et  arrondir 
les  douves  des  tonneaux.  {Dici.  gén.).  —  Asciau. 
Outil  de  charron,  espèce  de  hache  à  fer  en  forme  de 
pioche,  près  de  son  attache  au  manche,  comme 
l'ascia  romana  gravée  sur  les  tonibeaux  antiques 
avec  la  formule  jusqu'à  présent  inexpliquée  :  sub 
ascia  (D.  C).  —  Cf.  Jaub.  Asciau.  —  N.  L'ascia 
était  la  truelle  de  maçon  ou  de  briquetier.  «  Sub 
ascia  ou  Ad  asciam  dedicare,  signifiait  :  Consacrer 
(un  monument)  sous  la  truelle,  c.-à-d.  encore 
inachevé  (A.  V.). 

Assécher  (Lg.),  v.  a.  —  Dessécher.  —  v.  n. 
—  Se  dessécher.  Ex.  :  Tout  assèche  par  ces 
chauds-là. 

Assec-oui  —  Ah  !  cest  que  oui  !  —  Pour  : 
oui.  Approbation  amplifiée  (Méx.). 

Asseillonner  (Lg.),  v.  a.  —  Rechausser,  à 
l'aide  du  veau  ou  vuau,  les  rangées  de  choux 
dans  un  champ.  On  dit  aussi  :  Hoiter. 

Et.  —  Dérivé  de  Seillon,  pris,  comme  toujours, 
au  sens  de  ;  lillon.  —  V.  Folk-Lore  IV,  Culture. 

Assenser,  et  mieux  Acenser,  v.  a.  —  Trai- 
ter à  fo.'t'ait  avec  un  mégeyeur  pour  payer 
en  denrées  les  soins  qu'il  doit  donner  aux 
bestiaux.  De  là  :  assensement,  pour  :  rede- 
vance. (Mén.). 

Assent  (Mj.),  s.  m.  —  Consentement, 
accord,  adhésion.  Ne  s'emploie  que  dans  la 
locut.  :  Eter  cVassent,  être  consentant.  Syn. 
de  Aconsent,  Agré,  Hait.  (Z.  14.5).  —  Angl. 
Assent,  même  sens. 

Et.  —  Hist.  —  Du  lat.  Assentire.  Cf.  Consentir. 

—  «  Les  ordonnances  touchans  le  commun  proufit 
de  la  ville  soient  faites...  par  l'asscnz  des  trois 
concistoires  ;1370.  —  Asseiuldée  rfe-j  Etats.  D.  C). 

—  «  Car  François  et  Bretons  seront  bientôt  à'asse)it 

De  piller  sur  vos  biens. . . 

(Cuv.  du  GuescUn.  —  Devilt,.\rd.) 
Poitou,  Aunis  :  Y  a  pas  d'asaent  d'aveuc  lui,  — 
il  n'y  a  rien  à  attendre  de  lui.  —  «  Contrainct  loii- 
tesfois  et  vaincu  des  prières  du  peuple  (S.-Lezin) 
fut  d'assentement  de  prendre  la  charge  pastoralle...  » 
(J.  DE  BoUKD.,  chron.,  30-). 

Asseoir  (Lue,  etc.),  v.  a.  —  Asseoir  la  lessive 
la  buée.  Placer  le  linge  dans  la  panne,  etc. 

Et.  —  Ad,  Sedere.  —  Par  ext.  :  mettre  dans  une 
position  fixe  et  stable,  toute  espèce  de  manière  de 
poser  les  choses,  de  les  déposer,  de  les  disposer. 
(L.  C).  —  Assir  la  buée.  (Dott.) 

Assereaux  (Tr.),  s.  m.  —  Coupures,  divi- 
sion du  schiste  à  peu  près  horizontale.  (ÂIén.). 


Assermonner   (Lg.),   v.    a.   —   Brocarder, 

couvrir  de  lazzis,  cribler  de  lardons. 

Asserrer  (Tm.),  v.  a.  —  Serrer.  Cf.  Are- 
garder,  Accomparer.  —  Au  sens  de  :  ramasser 
enfermer. 

Et.  —  Du  lat.  popul.  Serrare,  —  enfermer,  de 
serra,  serrure,  verrou.  (Classiq.  sera,  confondu  avec 
serra,  scie.)  —  Rab..  1.  IV.  Nouv.  Prol.  p.  30  :  «  En 
bonne  heure  de  vous  rencontrée  (la  santé),  sus 
l'instant  soit  par  vous  assenée...  soit  par  vous 
saisie  et  mancipée.  »  (Je  pense  que  ce  mot  veut 
dire  :  retenir  une  chose  qui  échappe.)  , 

Asseurement  —  Assurément,  certaine- 
ment. 

Hist.  —  «  Luy-même  commença  à  déduire 
asseurement  son  faict.  »  {Amyot,  Marias,  23.)  — 
xn^  s.  i(  Asseurement  i  va,  kar  tu  la  cited  prendras. 
—  L'anc.  langue  a  deux  adverbes,  asseurement  et 
asseuréement  :  le  premier  de  l'ancien  adject. 
Asseur,  au  fém.  :  le  deuxième  d'asseurée. 

Assez  (Mj.).  —  Se  place  souvent  après 
l'adj.  —  Ex.  :  Il  est  grand  assez,  mais  dam  il 
est  sot  !  Il  Tout  assez,  tant  qu'assez,  —  autant 
qu'il  faut. 

Assheure-ci  (Lg.).  —  Maintenant.  Syn.  de 
Aslheure. 

Assiéger  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  S'asseoir.  Syn. 
de  ?,' Assire,  s' Assiéter,  se  Siéter.  C'est  le  vx 
français.  De  :  siège. 

Assient  (Lg.),  s.  m.  Séant.  Prononc.  :  Assi- 
in.  Pour  Asséant,  du  fr.  Asseoir. 

Assiétter  (s'),  s' Assir  (Fu.),  v.  réf.  s'Asseoir, 
se  Sietter.  —  «  Siettez-vous  donc.  »  —  «  As- 
siette-te  donc  là,  par  le  coûté  de  moi.  »  ||  Mj., 
Lg.)  —  S'emploie  surtout  à  l'impératif.  On 
dit  indifféremment  :  Assiétez-\ous,  ou  Assisez- 
vous.  (Ec.) 

Assieuter  Assiéter.  —  Ij  Ec.  se  Sieuter.  V. 
les  précédents.  —  Assiétez-vous  donc.  ||  Sieu- 
/es-vous. 

Assieutoir  (Segr.).  Tout  ce  qui  peut  servir 
pour  s'asseoir.  Doubl.  de  Assitoir. 

Assigner  (Mj.)  et  Assiner,  v.  n.  —  Faire  de 
la  tête  un  geste  affirmatif.  Ex.  :  Aile  assignait 
avec  le  menton.  V.  plus  bas  Assiner. 

Assimenter,  v.  a.  —  Assaisonner,  accom- 
moder avec  des  ingrédients.  V.  Acimenter. 

Assiner  (Mj.),  v.  a.  —  Asséner.  |I  Désigner, 
indiquer  —  ou  menacer  du  doigt. 

Et.  Hist.  —  C'est  le  lat.  Assignare  dans  son  sens 
propre,  et  dans  le  sens  du  dér.  fr.  Asséner.  Les  deux 
verbes  se  confondent.  Le  g  ne  se  prononçait  pas  au 
xvii«  s.  —  Cf.  un  sinet.  —  «  Tu  trouverais... 
assener,  pour  frapper  où  on  visait,  et  proprement 
d'un  coup  de  main.  »  (J.  du  Bell.,  D.  et  IIL,  1.  II, 
VI,  46.)  ^ 

—  «  Regarde  comme  elle  assinn 
Son  amy  soubz  l'aubépine.  »  (God.) 

Assire  (Lg.,  Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Se  conjugue 
comme  Lire.  —  Asseoir,  assire  la  buée,  — 
préparer  la  lessive.  ||  Je  vas  ni  assire  ;  assi^e- 
vous  donc.  - —  Syn.  de  Assiéter.  Cf.  S'assidre. 
(Jaub.) 


ASSISTANTE  —  ATETER 


55 


Et.  —  Dér.  direct  du  lat.  Assidere,  formé  exac- 
tement comme  le  fr.  Rire  de  Ridere.  —  Hist. 
«  Mais  si  en  cest  habit  je  m'assis  à  table,  je  boiray 
par  Dieu  !  (Rab.,  G.  I,  39.) 

Assistante  (Se).  —  «  J'suis  ben  assistante.  » 

—  Assez  fatiguée  pour  m' asseoir,  ou  :  j'aime 
à  m' asseoir. 

Assister  (Mj.),  v.  a.  —  Accompagner  qqn 
dans  une  circonstance  importante  de  son 
existence,  etc.  —  Ex.  :  Il  ne  s'enéra  pas  dans 
la  terre  sans  que  je  l'assiste.  ||  Assister  la 
crône,  —  donner  à  la  quête. 

Assitoir  (Lg.),  s.  m.  —  Siège. 

Assobrer  (Lg.),  v.  a.  —  Assommer,  abrutir. 
Syn.  de  Essodir.  \\  Abatl.-e,  écraser  de  som- 
meil. Syn.  de  Endôvrer. 
.    Et.  —  Du  lat.  Ad,  Superare.  Cf.  Souverer. 

Assodir.  (Sp.)  v.  a.  V.  Essodir.  Assommer, 
étourdir  par  des  coups. 

N.  —  Assodé,  malade  sans  ressource  ;  homme 
accablé  par  la  maladie  et  qui,  selon  l'expression 
vulgaire,  ne  tient  plus  compte  de  soy.  (L.  C.) 

Assoir.  Pour  :  hier  soir.  V.  Arsoir. 

Hist.  «  Le  vilain  d'asseoir  a  planté  ses  immon" 
danités  à  notre  porte.  »  (B.  de  Verv.,  M.  de  pari'.> 
III  139.) 

Assolider  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Consolider, 
rendre  solide. 

Assort  (Zig.  122),  s.  m.  —  Position  conve- 
nable. 

Et.  —  Assortir,  fournir,  mettre  en  état,  disposer. 

—  Assorter,  —  munir,  fortifier  (suam  cuique  sor- 
tem  assignare).  D.  C. 

Asso<ir°  (assoqui)  (Mj.),  v.  a.  —  Dessécher, 
ratatiner,  racornir.  —  Cf.  Asté  (Jaub.),  séche- 
resse. 

Et.  —  Lat.  iEstus  ou  .Estas.  —  V.  Stâ  (Jaub.) 
Assoiioier  (s')  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  soucier. 
Ex.  :  Je  m'en  assoucie  pas.  Cf.  Aboutouner. 

Assoiiiller  (Segr.),  v.  a.  —  S'asseoir  sur  la 
paille,   se   dit   des  hommes  et  des  animaux 

(MÉN.). 

N.  Mettre  de  la  litière  sous  les  animaux.  V.  Souil, 
poussière  d'un  appartement,  balayure.  (Dott.).  Cf. 
EnsouiUure. 

Assoûler  (Zig.  145  ;  Mj.),  v.  a.  —  Presser, 
serrer,  comprimer,  tasser,  fouler.  —  Tasser, 
p.  ex.,  dans  une  poche. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Soûler,  lat.  Saturare.  Assoûler 
des  objets  dans  un  cofïre,  une  malle,  c'est  :  saturer 
ce  coffre,  cette  malle,  les  remplir  aussi  complète- 
ment que  possible.  Métaphore  expressive.  —  On  a 
proposé  Assoiidarc.  —  V.  Assnoûler  comme  l'on 
prononce  à  Lue.  Cf.  Assoler  (Jaub.) 

Assoiitrer  (s')  (Lg.).  v.  réf.  —  S'accroupir. 
Syn.  \'.  S'ainouir.  Dér.  de  Soutre. 

Astasie,  Stasie,  et  même  Tasie  (-Mj.),  n. 
propre.  Anastasie. 

Astlieiire  (A  c't'heure),  adv.  —  Maintenant, 
tout  à  l'heure,  à  l'instant.  Cf.  Assheure-ci. 
Et.  Hist.  —  Contraction  du  fr.  :  A  cette  heure, 


ou  p.-ê.  formé  directement  du  lat.  :  ad  istam 
horam.  —  Brantôme  emploie  souvent  ce  mot  qu'il 
écrit  :  A  sCheure  :  ><  A  sCheiire  donc  je  puis  bien 
dire  qu'à  bon  escient  je  triomphe  de  vous.  » 
(D.  gai.,  D.  1,  35,  25).  —  «  J'en  ai  assez  parlé 
asthure,  j'en  parlerai  encore.  »  (Id.,  Vie  de  Mar- 
guerite, reine  de  Navarre.)  «  Moy  asteure  et  moy 
tantost,  sommes  bien  deux.  »  (Mont.,  Ess.,  III,  9.) 

—  «  J'ay  des  pourtraicts  de  ma  forme  de  vingt-cinq 
ans,  je  les  compare  à  celuy  d'asteure.  »  (Id,  ibid.,  13) 

—  Asturs  (M.\JiB0D.) 

Il  Fu.  —  Astheure-ci,  même  .sens.  —  Il  est  venu 
me  charcher,  é  i)is  astheure-ci,  i  veut  pu  v'nir.  » 

Asthme  (asme)  (Tlm.),  adj.  quai,  pour  : 
Asthmatique.  Il  est  asthme.  On  donne  au 
malade  le  nom  de  la  maladie.  «  Il  ne  peut- 
guère  travailler,  il  est  asthme.  »  V.  Astne, 
Astre. 

Et.  —  D'un  mot  grec,  —  respiration. 

Astie  (de  F)  (Sar.),  s.  m.  —  Astique  (Fu). 
s.  f.  ■ —  De  l'élastique,  du  caoutchouc,  de  la 
gomme  gutte.  ||  Il  a  perdu  Vastique  de  son 
chapeau. 

Astif ailler  (Lg.),  v.  a.  —  Attifer.  Syn.  de 
Querter.  Cf  .  Artifâilles. 

Astiquer  (Mj.),  v.  a.  —  Sens  spécial  de  : 
Appliquer  avec  vigueur.  Ex.  :  Il  te  illi  a  asti- 
qué un  coup  de  varge  de  fouet  sus  la  goule  !  » 

Astre  (Asme),  s.  f.  «  Ceux  qui  avaient  un 
astre  sus  la  poitrine.  »  {La  Trad.,  250,36). 

At.  —  3p  pers.  sing.  indic.  prés,  de  Avoir. 
Ex.  :  Il  at  ein  beau  gorin.  —  Cf.  Il  vat. 

Et.  —  C'est  le  t  régulier  de  la  .3^  personne. 
Hist.  —  «  Son  quiév,  que  il  al  coronet, 

To  lo  laiseret  recimer.  » 
(Son  chef  (sa  tête)  qu'il  a  tonsuré,  il  le  laissa  se 
couvrir  tout  entier  de  cheveux.  —  Vie  de  S.  Léger.) 

Atardiver  (s'),  v.  réf.  —  S'attarder,  rentrer 
tard,  être  longtemps.  —  Dér.  de  Tardif.  — 
Syn.  de  s' Abassheurer. 

Atcliite  !  —  Onomatopée  indiquant  l'éter- 
nuement.  |!  Fu.  —  Atichum  ! 

Atelier,  (â),  (Mj.),  s.  m.  —  Atelier.  CL  Calice. 

Et.  —  C'est  le  lieu  où  l'on  prépare  les  attelles, 
qui  sont  de  petites  planches  :  en  un  mot  c'est 
l'atelier  du  menuisier  ;  de  là  le  sens  a  passé  à  toute 
espèce  d'atelier.  On  a  longtemps  écrit  :  attelier.  La 
prononciation  atelier. . .,  a  conservé  la  trace  d'une 
lettre  disparue  :  astelier  :  «  Ils  avoyent  conclu  de 
jeter  mon  hasielier  à  bas.  -i  (Pai.lssy.  9.  —  Litt.) 

Atermer  (s')  (Sp.),  v.  réL  —  Mûrir.  Venir 
à  terme,  arriver  à  maturité  complète.  CL 
a'  Ahoutéier. 

Atêsser  (Lg.),  v.  a.  —  Disposer  régulière- 
ment en  tas  des  branches  coupées  pour  les 
fagoter. 

Et.  —  Dér.  de  Tcssc. 

.Atêtcr,  Attêter  (Mj.),  v.  a.  —  Tenir  tête  à 
qqn,  l'irriter  par  son  o])stination.  |!  V.  réf. 
s'Attêter,  —  s'entêter,  s'obstiner.  Cf.  Entêter. 
Il  Discuter  vivement  et  passionnément  avec. 
Ex.  :  Quand  il  a  bu,  faut  pas  Vattêter.  De  : 
tête. 


56 


ATIGOCHE  —  ATTIGNER 


Atigoclie  (Mj.,  PL),  s.  f.  —  Excitation,  pro- 
vocations, agaceries.  — V.  Attigoche,  Aticoche. 
Caresses. 

Atigochcr  (Mj.,  PI.),  v.  a.  —  Agacer,  taqui- 
ner. V.  Attigocher. 

Atinter  (Mj.),  v.  a.  —  \\  Tinter.  Enchan- 
teler. 

Atout  (Mj.),  s.  m.  et  fém.  —  Fig.  Coup  vio- 
lent reçu,  horion.  Syn.  de  Hampane. 

N.  —  En  jouant  aux  caries  on  dit  qqfois  :  Atout, 
ratout,  ratatout,  passe  mon  pique,  enfouie  M""*  la 
Préfète  (à  La  Membrole.  —  Mén.).  —  A  Mj.,  ce 
nom  est  souvent  du  féminin  ;  au  Lg.,  il  l'est  tou- 
jours. Ex.  :  As-tu  ine  atout  ?  j'en  ai  encore  yine. 

Et.  Hist.  —  Le  premier^  sens  semble  venir  par 
analogie  du  coup  porté  au  jeu  parla  carte  maîtresse. 
Dans  ce  dernier  sens  :  Jouer  à-tout,  jouer  de  son 
reste,  ou  n'épargner  rien,  faire  tous  ses  efforts. 
«  Quand  ils  se  virent  ainsi  assiégez,  si  jouèrent 
«  tout,  car  ils  avoient  assez  canons  et  artillerie.  » 
(Journal  de  Paris,  sous  Charles  VI  et  Charles  VII. 
L.  C.) 

Attapir,  et  (s')  (Lue).  —  Se  blottir,  se  mettre 
à  l'abri.  V.  Tapir.  —  Syn.  de  se  Boumir. 

Hist.  «  Et  pource  que  la  clarté  de  ses  œvres  ne 
demeure  atapie  en  ombres  ne  en  ténèbres.  »  (Join- 
viixE.  —  D.  C.) 

Attaque  (Mj.),  s.  f.  —  Dans  la  locut.  Eter 
d'attaque,  —  être  solide,  capable  d'attaquer 
ou  de  se  défendre,  en  parlant  d'un  homme, 
d'un  animal  ;  —  irréprochable,  en  parlant 
d'un  ouvi'age.  Ex.  :  Ein  gars  d'attaque. 

Et.  —  C'est  la  prononciation  picarde  de  :  atta- 
cher. Musicien  d'attaque,  d'un  orchestre  ou  d'un 
chreur,  que  les  autres  doivent  suivre  pour  l'attaque 
de  la  note  qui  commence  un  passage  [Dict.  gén.). 

—  (I  Coupeau  marchait  de  l'air  esbrouffeur  d'un 
citoyen  qui  est  d'attaque.  »  (Zola.) 

Attaquer  (Mj.),  v.  a.  —  Fig.  Interpeller, 
apostropher,  adresser  la  parole  à  qqn,  même 
sans  intention  agressive.  V.  Attaque. 

Et.  Hist.  ■ —  0  Un  Picard,  mené  au  gibet,  aima 
mieux  y  être  attaché,  pendu  et  étranglé,  que 
d'épouser  une  fille  boiteuse,  disant  à  l'exécuteur  : 
('  Attaque,  attaque,  elle  cloque  (cloche).  Ménage.  — 

—  MoisY  résume  bien  ces  deux  sens  :  «  Attaquer, 
en  dialecte  normand,  et  attacher,  en  vx  fr.,  signi- 
fiaient tout  à  la  fois  :  assujettir  une  chose  à  une 
autre  et  :  exercer  un  acte  d'agression.  »  Attacher 
a  perdu  ce  dernier  sens  en  franc.,  et  cette  langue, 
pour  l'exprimer,  a  emprunté  au  dialecte  normand 
le  V.  attaquer,  lequel,  en  ce  dialecte,  a  conservé  les 
deux  acceptions.  Angl.  lo  tack.  —  Cf.  taque, 
taquet. 

Attccher  (Lg.). —  Attacher.  Changement 
fréquent  de  l'a  en  e. 

Atteindre  (Mj.),''v.  a.  —  Aveindre.  —  Ex.  : 
Atteins  donc  les  allumettes  et  me  les  donne. 
Syn.  de  Avrer.    ||  Fig.  —  Atteindre   de  loin, 

—  être  influent,  avoir  le  bras  long. 

Attelage  (Mj.),  s.  m.  —  Sens  spécial.  Équi- 
page, attirail.  Syn.  de  Adrigail.  \\  Encombre, 
embarras.  Ex.  :  Cinq  enfants  et  y  eine  femme 
malade,  ça  illi  en  fait  d'ein  attelage  f 

Et.  —  B.  L.  Astellare.  On  donnait  le  nom  d'as- 
telel  au  bois  du  collier  des  chevaux,  de  là  Atteler. 


Ce  mot  vient  donc  de  :  astele,  ou,  comme  nous 
écrivons  aujourd'hui,  attelle.  Lat.  :  hastella,  petit 
bâton,  de  :  hasta,  bâton,  lance  (Litt.).  —  «  De  Ad 
et  Telum,  au  sens  non  classique  de  timon,  flèche. 

{Dict.  gén.). 

.ittelé,  part.  pas.  (Lg.).  —  Ben  attelé,  mal 
attelé,  —  qui  a  un  bon,  un  mauvais  attelage, 
ç.-à-d.  qui  est  bien  ou  mal  pourvu  d'animaux 
d'attelage.  Cf.  Désattelé.  \\  Partout,  au  fig.  — 
Mal  attelé,  —  engagé  dans  qq.  mauvaise 
affaire. 

Attelée  (Sa.),  s.  f.  —  Attelage.  Syn.  de 
Harnais,  Charrue. 

Attelles  (Fu),  s.  f.  —  Pièces  de  bois  aux- 
quelles on  fixait  les  boeufs  pour  les  faire 
tourner  le  moulin  à  battre,  avant  la  batteuse 
à  vapeur. 

.itteloire  (Sp.),  s.  f.  —  Cheville  de  fer 
mobile  qui  se  loge  dans  un  trou  du  croc  ou 
proueil,  et  y  fixe  la  prouillière  du  croc  ou 
proueil  qui  précède. 

Attendant,  e  (Mj.),  adj.  verb.  —  Qui 
attend  avec  patience.  Ex.  :  Noute  jument 
n'est  point  attendante.  CL  Faisant,  etc. 

Attendillon  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  quantité 
de  nourriture  que  l'on  prend  pour  pouvoir 
attendre  le  repas. 

Attendis  (Sp.),  s.  m.  —  S'emploie  dans  la 
locut.  adv.  A  Vattendis,  —  en  attendant.  — 
A  La  Romagne,  on  dit  :  En  attendis.  \\  Fu.  id. 

Attendre  (s')  (Segr.,  Mj.),  v.  réL  —  Penser. 
Ex.  :  Je  m'attends  qu'il  vienne,  —  je  pense 
qu'il  viendra.  H  Mj.  Je  niattends  qu'il  va 
venir,  —  j'espère  qu'il  viendra. 

Et.  —  S'attendre,  avec  le  sens  d'espérer,  comp- 
ter, serait  inintelligible  si  l'on  ne  connaissait  pas  à  : 
attendre  un  autre  sens  que  celui  qu'il  a  aujourd'hui. 
Ce  v.  signifiait  aussi  :  faire  attention,  ce  qui  en  est 
1»  sens  propre.  —  S'attendre,  c'est  donc  :  s'appii- 
q\ier  à,  tetuiro  son  esprit  à.  D'où  le  sens  actuel. 

.4ttentionnant,  e  (Mj.),  adj.  verb.  —  Absor- 
bant, qui  exige  beaucoup  d'attention.  Se  dit 
d'un  travail.  Syn.  de  Appliquant. 

Attêter.  V.  Atêter. 

Attibrail  (Fu),  s.  m.  —  Attirail,  tourment. 
«  Quel  attibrail  !  »  Syn.  de  Enquibrage, 
Encheiribi. 

Atticoclie-goehe  (Mj.),  s.  L  — Excitation, 
provocation.  Ex.  :  A  illi  fait  des  atticoches.  \\ 
Agaceries.  ||  Poires  à' atticoches,  —  agaceries. 

Atticoclier-goclicr  (Mj.),  v.  a.  —  Lutiner. 
p.'ovotjuer,  exciter,  aguicher.  —  P.-ê.  diminut. 
du  fr.  Attaquer.  A  rapprocher  du  français 
Asticoter. 

Attit'ails,  Attifiauv,  s.  m.  —  Pour  attifets  ; 
proprement  :  Ornement  de  tète  pour  les 
femmes,  d'où  :  parure  en  général. 

Et.  —  A,  Tiffer,  parer  la  tête  ;  du  flam.  tippen, 
couper  le  bout  des  cheveux. 

Attigncr,  .ittiner  (Fu),  v.  a.  —  Provoquer, 
irriter  un  animal.    Ex.  :    Ne  va   pas    attiner 


ATTIGOCHE  —  AU-DESSUS 


57 


les  aboilles,  a  te  mordraient.  — ^  I  se  sont 
attinés  après  li.  —  Attiner  un  chien,  l'exciter  : 
Attine-\e  donc  point,  i  va  te  mordre.  ||  V.  réf. 
s' Attiner,  —  s'acharner,  s'entêter.  N.  Mieux, 
Aquiner.  D'ailleurs  ti  se  prononce  qui. 

Et.  Hist.  —  Du  Cance  le  fait  venir  du  german. 
Atia,  atya,  —  lat.  odium,  haine  (angl.  to  hâte). 
Atine,  l'action  d'animer,  d'exciter.  —  «  Ledit 
Jehan,  s'aitayna  et  entra  en  chaleur  et  fureur.  » 
Attainer,  —  fâcher,  irriter,  courroucer.  Attaineux, 
querelleur. 

Attigoche,  er  (Pell.),  v.  Atticoche,  er. 

Attinter  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Tinter. 

N.  —  Établir  un  objet  quelconque  sur  des  tins, 
qui  sont  des  pièces  de  bois  horizontales  un  peu 
inclinées  dans  le  sens  de  la  longueur. 

Attrappe-chiens   (Mj),   s.    m.   —  Sorte   de 
demi  fermeture  dans  l'ouverture  d'une  haie. 
(Figure  : •<  ). 

Et.  —  Ainsi  appelée  parce  que  les  chiens,  qui  ont 
es  coules  de  long  (proverbe),  sont  censés  ne  la  pou- 
voir franchir.  U attrape-chiens  laisse  un  passage 
sinueux  que  l'homme  peut  franchir  de  plain-pied, 
mais  qui  arrête  complètement  les  bestiaux.  Cf. 
Olivette.  Il  Fig.  Par  jeu  de  mots  :  Aller  au  couvent 
de  rattrape  (la  Trappe),  pour  :  se  marier. 

Attraper  (Mj.),  v.  a.  —  Toucher,  heurter, 
attemdre.  Ex.  :  Il  m'a  attrapé  dans  Teil  avec 
ein  bois.  ||  Gagner  une  maladie.  Ex.  :  Tu  vas 
attraper  ren  de  bon.  —  Il  a  attrapé  ein  velin 
d'eau.  —  Illy  a  dequé  attraper  sa  mort.  — 
Attraper  du  mal.  !|  Attraper  ein  queneau,  — 
devenir  enceinte.  j|  Attraper  des  pouées,  des 
puces,  —  être  infesté,  par  contact,  de  poux, 
de  puces.  ]|  Invectiver  quelqu'un.  Syn.  de 
Engueuler. 

Attrichoter  (Lg.),  v.  a.  —  Attacher  en 
liasses.  Ex.  :  Attrichoter  des  oignons.  Déi.  de 
Trichotée. 

.Vu  '  (Smf.,  Sar.,  Po.),  prép.  —  Avec.  Ex.  : 
Je  l'ai  vu  prendre  ein  vipère  au  les  mains,  jl 
A  Mj.  même,  où  ce  mot  n'est  plus  employé,  il 
s'est  conservé  dans  la  vieille  locution  :  Au 
respect  parlé.  —  V.  Gorin,  Noble. 

Et.  —  Contraction  de  Auvéc.  —  Hist.  «  Vente... 
par  Jean  de  Lambe  «  de  tous  les  frus,  esues,  quelle- 
I  tées  o  toz  les  droiz,  aucions,  convencions  que  il 
avait...  en  un  arpent  de  vignes.  »  (1282.  Inv. 
Arch.,  G.  46,  2.)  —  «  Ou  (au)  carrefour  de  la  porte 
Angevine,  là  où  l'on  vend  la  char  o  le  pain.  » 
(1299.  Id,  ihid.,  48.1.)  —  Une  pièce  de  vigne  et  une 
pièce  de  terre  o  les  haies  qui  y  appartiennent,  o 
(1297.  Id.,  S.  H.,  54,2.)  —  «  Une  meson  o  le  coiirtil 
et  o  toutes  les  appartenances  à  I^a  Barre.  »  (1322. 
Id,  ib.,  72,2.) 

Et.  —  «  Ot,  od.  o,  ob,  —  prépos.  avec.  —  Du 
lat.  apud,  *  aput.  Le  p  de  *  aput  s'est  adouci  en  b, 
V,  et  finalement  vocalisé  en  u,  —  apt,  abt,  avt,  aut, 
ot,  0  ;  en  sorte  que  apud  et  aut  donnent  en  défini- 
tive l'un  et  l'autre  0.  —  V.  0,  ovec.  —  Nous  avons 
adopté  la  graphie.  Au,  à  cause  du  mot  Auvec  et  de 
la  prononciation.  Ovec  serait  p.-ô.  préférable. 

Au  ^  —  Remplace  souvent  la  terminaison 
al  au  singul.  des  noms.  Un  chevau  (j'vau),  un 
animau.  Cf.  Maufaisant,  pour  :  malfaisant. 

Au  ^,    prononcé    ao.     Ghaosses,     pour    -, 


chausses  ;  caoser  pour  causer,  etc.  (Le  Lou- 
roux,  Z.  139). 

Aubade  (Mj.),  s.  f.  —  Raclée,  rossée,  volée 
de  coupe 

Et.  —  C'est  le  mot  français  pris  au  figuré  et  iro- 
niquement,   comme    l'indiqueraient   ces    vers    de 

REGN.lBr 

. . .  Qu'il  aille  au  diable  avec  sa  sérénade. 
Je  vais  songer  à  lui  donner  l'aubade,  moi. 
{La  Sérénade,   Sc.   1.) 
—  Charivari.  {Dict.  gén.) 

Aubarge-isse  (Mj.),  —  Auberge,  auber- 
giste. 

Et.  —  De  l'aha,  heriberga,  tente  de  campement, 
de  heri,  armée  et  bergan,  protéger.  —  Ancienne- 
ment, logis  :  héberge  ;  héberger. 

Aubépin,  s.  m.  —  Aubépine.  Cf.  Ebaupin 
(Ec),  où  l'on  dit  même  :  du  l'ébaupin. 

Et.  —  De  :  aube,  pour  :  albe,  de  :  albus.  blanc 
et  de  :  spina,  épine.  On  trouve  aussi  Ebeaupin. 
Ane.  fr.  Aubespin,  plus  près  du  latin.  —  Rég^jieb, 
Stances  . 

—  '<  Naguère  vert,  sain  et  puissant 
Comme  un  aubespin  florissant.    » 

—  ><  Bel  aubespin  fleurissant,  verdissant.  >- 

(ROXSARD.) 

Auberger,  pour  :  héberger.  —  V.  Aubarge. 

Aubour  (Mj.),  s.  m.  —  Aubier.  ||  Fig. 
Duplicité,  difficulté,  chicane.  Ex.  :  Avec  moi 
y  a  pas  (T aubour.  \\  Fu.  Y  a  pas  à' aubour  dans 
la  filasse.  —  On  montre  à  M.  Gaspard  la  pho- 
tographie de  l'assassin  présumé  de  M^ie  Gas- 
pard. Il  répond  :  «  C'est  bien  lui,  il  n'y  a  pas 
(ïaubour.  »  (Le  Petit  Courrier,  17  avril  1907.) 

Et.  —  Du  lat.  Alburnum  (Pline),  dér.  lui-même 
de  Albus,  blanc.  Cf.  l'aube  du  jour.  —  N'y  a  pas 
d'aubour,  dit-on,  quand  une  affaire  va  toute  seule, 
qu'un  marché  est  complètement  bon  ou  fait  avec 
des  gens  loyaux  et  sûrs.  »  {Raynou.\f.d.).  —  N.  Ce 
mot  est  emprunté  à  la  langue  des  marchands  de 
bois  pour  charpentes  :  ils  doivent  livrer  l'arbre 
équarri,  dégarni  de  son  écorce  et  de  son  aubour 
considéi'é  comme  une  tare. 

.iuboiirfoiii,  Aiiroiil'oiiin,  s.  m.  —  Bleuet. 
Le  mot  français  est  Aubifoin,  nom  vulgaire 
de  la  centaurée  bleue.  —  Syn.  de  Bleu-bleu. 

.4ubuy,  Aubu,  Aubiis.  —  Tuf  décomposé 
placé  entre  la  terre  et  le  tuf,  à  Saumur,  à 
Thouars.  P.-ê.  de  Alba,  blanc  (Mén.). 

Hist.  —  Les  Aubuées,  Aubuez,  Aubus.  Noms  de 
localités  dans  l'Indre  et  dans  la  Nièvre.  Dér.  p.-è. 
do  Albus,  à  cause  de  leurs  terres  crayeuses  et  blan- 
châtres ou  de  leurs  plantations  d'aubiers  (saules). 
Jaub. 

.Aiidacer  (Mj.),  v.  a.  —  Exaspérer,  outrer. 
Il  y.  réf.  S'emporte" 

.iudaeieiix  (-Mj.),  adj.  quai.  —  Insolent, 
impertinent. 

Au-dessôs  (Lg.),  adv.  —  Au-dessous. 

Au-dessus  (Mj.),  adv.  ||  \'enir  au-dessus  de, 
—  venir  à  l)Oiit  de,  triompher  de,  l'emporter 
sur.  Ex.  :  \'elà  ein  ôvrage,  je  sais  pas  si  je  vas 
queuquefois  en  venir  au-dessus. 


58 


AUDRET  —  AUSSIT' 


Hist.  —  «...  La  seconde  commère 

«  Vint  au  dessus  de  ce  qu'elle  entreprit.  » 

1.A  Fontaine,  La  Gageure. 

Audret  (Mj.).  —  En  face.  S'emploie  seule- 
ment avec  la  prépos.  de.  Ex.  :  J'étais  audret 
de  chez  ieux.  —  Je  demeurais  audret  de 
sa  maison.  V.  Dret. 

Aué.  Avec.  —  Aué  le  soulé,  —  avec  le 
soleil.  V.  Au  (Mén.).  V.  O,  Ovec,  Auvec. 

Aufège  (Segr.),  adj.  quai.  —  Fier,  orgueil- 
leux, peu  causant.  «  C't  homme  n'est  pas 
aufège  (IMÉN.).  Cf.  Ruffage. 

Hist.  —  Aufaige.  Nom  de  dignité.  Nos  anciens 
auteurs,  qui  déficnirent  les  noms  orientaux,  sup- 
posent qu'aufaige  est,  chez  les  Sarrazins,  le  nom 
d'une  dignité  approchant  de  celle  du  roi. 

«  Ne  say  s'il  est  roy  ou  aufaige.  »  (L.  C.) 

Aufrage  (Mj.),  s.  m.  —  Naufrage. 

Et.  —  C'est  le  mot  franc.,  avec  la  chute  de  l'n 
initial.  Cette  aphérèse  est  due  à  ce  que  dans  l'exprès 
sion  :  un  naufrage,  l'n  du  subst.  a  été  confondu 
avec  l'n  final  de  l'article.  C'est  le  contraire  de  ce 
qui  s'est  produit  pour  :  nanse  et  tant  d'autres  mots. 

Auge  (Lg.),  s.  f.  —  Etre  ou  rester  dans 
Vauge,  —  rester  en  arrière  de  son  travail 
vis-à-vis  de  l'ouvrier  avec  lequel  on  maçonne 
de  concert.  Langue  des  maçons. 

Augeoii  (Mj.),  s.  m.  —  Fosse  remplie  de 
fumier  et  servant  de  couche  pour  cultiver  les 
citrouilles,  melons,  etc.  —  Ex.  :  On  voit  déjà 
des  formes  de  palourdes  dans  Vaugeou.  — 
Dér.  de  Auge.  V.  Aujou.  Syn.  de  Tombe, 
Raganne,  Ragâille. 

Augiiient  (okman)  (Mj.),  s.  m.  —  Augmen- 
tation, accroissement,  extension.  —  Se  trouve 
au  xvie  s. 

Aiijord'hui.  —  Prononc.  vicieuse.  On  dit 
même,  pour  renforcer  le  pléonasme  :  Au  jor 
à.'aujorcVhui. 

Anjou.  V.  Augeou  (Bri).  —  Fosse  qui  reçoit 
le  cep  de  vigne  qu'on  veut  planter.  ||  Qqfois  : 
gorgeure,  à  SI.  (Mén.).  —  ||  Bl.  Un  aujoux,  — 
fossé  creusé  pour  couper  les  racines  d'un 
arbre.  Ij  Q.,  Zig.  171.  Une  tranchée.  ||  Ec. 
Pour  :  au  jour. 

Auniailles  (Lg.),  adj.  quai.  plur.  —  Bêtes 
aumailles,  —  bêtes  à  cornes. 

^^-  —  Ce  mot,  supprimé  par  l'Académie  et 
noté  comme  vieux  par  le  Dictionn.  génér.,  est 
toujours  en  usage  au  Lg. 

Et.  —  Animalia.  —  Hist.  «  Y  ayant  tout  droit 
d'y  faire  pâturer  leurs  bêtes  aumailles.  »  {Inv. 
Arch.,  E.  S.  s.,  III,  172,1.)  —  «  Restes  belines, 
aumaille.^  et  chevalines.  »  (GoB.)  —  N.  Le  plur. 
neutre  Animalia  a  été  pris  pour  un  fémin.  sing. 

Aunias  —  Instrument  pour  la  pêche  dans 
nos  rivières  ;  espèce  de  filet.  Lorsque  les 
mailles  des  filets  sont  triples,  ce  sont  des  : 
aumées  en  fr.  (Mén.).  —  N.  Je  n'ai  pas  pu 
retrouver  la  trace  de  ces  mots.  Faut-il  y  voir  : 
mailles,  tramail? 

Auiuière  (Fu),   adj.   quai.   —  Nozillo   au- 


mière,  —  noisette  cultivée,  par  opposition  à 
noisette  des  champs. 

.4une  ^  s.  m.  —  Aune  des  prés.  (Bâtard, 
Année,  inula  helenium.) 

.4une  -  (Ec).  Longueur  de  filet.  V.  Apetis- 
sures. 

Auparavant  (Mj.,  etc.),  prép.  —  Avant. 
Ex.  :  J'étais  rendue  ben  longtemps  aupara- 
vant lui.  il  Auparavant  que,  ou  :  que  de,  — 
avant  de. 

Hist.  —  «  De  sorte  que  son  aîné,  auquel  le  fief 
est  échu,  venant  à  décéder  auparavant  luv... 
(Coût,  du  Poitou,  II,  217,  Art.  280.)  —  Employé 
par  Corneille.  —  Vaugelas  blâme  cet  emploi. 

Auqueun,  auqueune  (Mj.),  adj.  indéf.  — 
Aucun,  ii  Auqueune  part,  —  nulle  part.  Cf. 
leun,  pour  :  un. 

Auqueune  ment  (Mj.),  adv.  —  Aucunement. 

.4uré.  —  Le  vendredi  auré,  —  le  Vendredi 
saint. 

Hist.  —  «  Le  vendredi  9  avril  est  dit  le  Vendredi 
saint,  alias  le  Vendredi  auré.  »  {Inv.  Arch.,  III, 
E.  S.  s.  p.  424,  2.).  —  Etym.  Adorare,  vx.  fr.  Aoré. 

Auril,  s.  f.  pour  :  Oril,  oreille. 

N.  Cf.  Orillard,  qui  a  de  grandes  oreilles  ;  oreil- 
lette, petite  oreille  ;  oreillon.  —  Aurillade,  coup 
sur  les  oreilles.  —  Hist.  «  Icellui  Simon  dist  au 
suppliant  qu'il  lui  donrait  telle  joée  (coup  sur  la 
joue)  ou  aurillade  qu'il  le  feroit  cheoir  à  terre.  >> 
(D.  C.) 

Auriole  (Mj.),  s.  f.  —  Daphné  lauréole.  || 
Ec.  Lauriol. 

N.  —  On  peut  ici  constater  l'aphérèse  de  1  initial, 
pris  pour  l'article  la.  C'est  le  contraire  de  ce  qui  se 
produit  pour  Labbé,  Lierre,  Ahaie,  etc. 

Aury.  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  l'Hesperis 
alliaria.  (Mén.)  —  Julienne  alliaire  de 
Bâtard.  Alliaire. 

Ausanne  (Sp.).  V.  Lausanne. 

N.  —  Je  serais  tenté  d'écrire  Hosanne  et  de  rap- 
porter ce  mot  à  l'hébreu  Hosannah.  Il  est  à  remar- 
quer, en  effet,  que  Ausanne  et  Lausanne  désignent 
deux  plantes  qui  fleurissent  au  temps  de  Pâques 
au  temps  des  Hosannah  ! 

Et.  — «  Hosanne,  Osa«ne, buis  bénit  du  dimanche 
des  Rameaux  :  le  jour  ou  le  dimanche  de  VOsanne. 

—  Au  mot  Seuzannes  :  —  primevère  sans  tige  ou 
â  grandes  fleurs.  P.-ê.  pour  :  hozannes,  de  hosanna. 
le  temps  de  Pâques,  comme  qui  dirait  Pâquerettes. 

—  Cf.  .Alléluia,  Pentecôte  (Jaub.).  —  «  Nous  estanz 
en  la  Rouchelle  vers  la  fin  de  1315  ;  au  commen- 
cement de  l'an  1316,  environ  VOsanne  (L.  C). 

Aussi- ben.  —  D'ailleurs.  Ex.  :  J'n'irons 
point  annuit,  aussi  ben  j'n'aurions  point  le 
temps. 

.iussit'  (Mj.),  adv.  —  Aussi.  1|  Ec.  On  dit 

aussi,  sans  t  sonore.  ||  Cette  forme  n'est 
employée  que  lorsque  l'adverbe  termine  la 
proposition.  Ainsi  on  dit  :  J'y  étais,  et  ielle 
aussit\  —  Mais  on  dira  :  A  illy  était  aus.fi 
ielle.  Il  Aussi.  .  .  comme.  —  Je  se  aussi  fort 
comme  té.  ||  A  la  fin  d'une  phrase,  sorte  d'in- 
terjection marquant  le  dépit.    «  Il  arait  dû 


AUSSITOUT  —  AVALAGE 


59 


venir  pus  tout,  aussit'  —  Dame  !  aussit''  !  tu 
n'arais  pas  pu  me  le  dire  ! 

Aiissitout.  —  Aussitôt. 

Aussi  vrai  —  Affirmation  renforcée  Ex. 
I  va  ché  d'ia  piée  arsoir,  aussi  vrai  que  j'ai 
nom  Piarre  !  !|  Vrai  de  vrai  ! 

Autant  (Mj  )  —  Autant  que  de,  —  corres- 
pond au  franc.  :  On  peut  le  regarder  comme. 
Ex.  :  Il  est  si  malade  qu'il  est  ben  autant  que 
de  pardu.  ||  Autant...  comme,  —  aussi... 
que.  Il  Autant  comme  autant,  —  tant  et  tant, 
tant  et  plus,  autant  qu'on  voudra.  Ex.  :  Des 
prennes,  y  en  a  c't'année  autant  comme 
autant.  —  Je  illi  en  donnerai  autant  comme 
autant.  ||  Autant  dire,  —  c'est  comme  si  on 
disait.  Ex.  :  Tu  me  demandes  six-vingts  pis- 
toles  de  ta  vache,  autant  dire  que  tu  ne  veux 
pas  me  la  vendre  ! 

Hist.    — «A  tes  hautes   entreprises   être   autant 
favorables,  comme  envers  toy  il  a  esté  libéral.    » 
(J.  DU  Bell.,  Dédie,  p.  2.)  —  «  Autant  les  indoctes 
comme  les  doctes.  (Id.,  Dcj.  et  IlL,  II,  II,  56.) 
—  «  Le  regret  que  jectez  sur  ma  cendre 
Me  griefve  autant  comme  il  ne  vous  vault  riens.   » 
(G.  C.  Bûcher,  251,  p.  239). 
. . .  Dins  la  restanco. 

Poudès  la  faire  heure,  autatit  comme  vous  plai. 
(Dans  l'écluse,  vous  pouvez  la  faire  boire  autant 
qu'il  vous  plaît.  —  Mireille,  p.  156,  4'.) 

Autefois  fut  (Mj.).  —  Autrefois,  au  temps 
jadis. 

Autel  (Mj.),  s.  féminin.  —  Ex.  :  I  disait  sa 
messe  à  la  grande  autel.  —  Cf.  Hôtel. 

Auteur  (Mj.),  s.  m.  —  La  cause.  «  J'n'en 
se  pas  V auteur  —  ce  n'est  pas  de  ma  faute.  — 
«  La  piée  est  Vauteur  que  je  n'arons  guère 
de  poumes  c't'année.  » 

Autor  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
locut.  :  Jouer  d'autor,  —  jouer  d'autorité, 
ç.-à-d  sans  reprendre  de  cartes,  à  l'écarté. — 
On  dit  aussi  :  Jouer  d'achar-(nement). 

Autour  (Mj  ).  —  Autour  de,  —  aux  envi- 
rons. Ex.  :  Ça  vaut  autour  de  35  sous.  Syn. 
de  :  Dans  les.  \\  Lg.  —  Tout  autour  de,  — 
tout  le  long  de.  Ex.  :  En  faut  de  la  pansion 
pour  nourrir  trente  pièces  de  bêtes  toutautour 
de  l'année  ! 

Autre  (Mj.).  —  S'emploie  comme  explétif 
dans  la  locution  :  Eux  autres.  Ex.  :  I 
creyant  vantiers  qu'i  n'y  en  a  que  pour 
eux  autres!  —  Cf.  le  franc.  Nous,  vous 
autres.  ||  AU'  est  morte  ces  autres  années,  — 
il  y  a  quelques  années.  (Li.,  Br.).  ||  L autre 
hier,  —  avai:t  hier.  ||  Fu.  —  Vautre  année, 
—  l'année  dernière.  —  Une  autre  année,  — 
l'année  prochaine,  l'année  qui  veint  (vient). 

Autrement  <|ue  (Mj.).  —  Bien  plus  que. 
Ex.  :  Ses  vaches  sont  autrement  belles  que  les 
siennes  (celles)  du  patron  :  a  ne  illy  vont  ni  a 
ne  illy  veinnent  (il  n'y  a  aucune  comparaison 
à  établir).  ||  Il  est  ben  raide,  mais  son  frère 
est  autrement  fort.  —  M.  X. .  .  a  l)en  de  que 
faire,  mais  M.  Y . . .  est  ben  autrement  riche. 


Il  Autrement  que  ça,  —  sans  cela,  sinon.  Ex. 
Pour  40  pistoles,  j'en  se,  mais  autrement  que 
ça  n'y  a  ren  de  fait.  — •  Cf.  Différeniment.  — 
A  été  employé  par  Pascal. 

Auvec  (Sar.).  Avec.  —  N.  Ce  mot  a  vieilli, 
mais  il  est  encore  assez  usité  dans  la  région  ; 
moins  toutefois  que  sur  les  confins  de  la 
Loire-Inférieure.  V.  Au,  O,  Ovec.  —  Je  préfé- 
errais  Ovec. 

Hist.  —  «  Du  moulin  de  Bollent  ovecques  l'estanc 
et  le  cours  de  l'eau  et  overques  les  mouvans  et 
appartenans  et  Aournans  audit  moulin.  »  (1405, 
Inv.  Arch.,  H,  ï,  p.  259,1.)  —  «  A  Estienne  Mire- 
pais,  armeurier.  pour  faire  la  coupe  d'un  bacinet 
ouvesque  l'estrophe,  vir  1.  »  (1377.  M.,  G,  23,  1.)  — 
Il  Pour  venir  emprès  nous  et  ovesques  nous  en  la 
guerre  de  Flandres.  .'  (1312.  Charte  de  Charles  III. 
P.  Marchegay,  p.  37.) 

—  «  Perrin,  quarche  ton  rhalumia  {bis). 
Plante  m'y  thi  tous  tes  agneas 

Per  venir  ocque  nous  ; 
Vins  t'en  veure  thieute  chouse  de  bin 
Que  j 'allons  veure  tertous.   » 

{La  Trad.,  p.  201.) 

Auveret  (PL),  s.  m.  —  Sorte  d'oiseau.  V. 
Averet. 

Auvin  (Lue),  s.  m.  — ■  Orvet.  —  Cf.  Envrun. 

Hist.  —   «  Si  lauvet  voyait, 

Si  le  sourd  entendait, 
Nul  homme  up  vivrait.  ■>  {Prov.) 
N.  Calomnie  ;  ces  deux  reptiles  sont  peu  malfai- 
sants (DE  Montes.) 

Auvis  (Lé,  Lg.),  s.  m.  —  Étincelle  qui  s'é- 
chappeen  pétillant  d'un  tison  enflammé.  — - 
Gendarme.  —  Syn.  de  Berton,  Fombrèche. 

Auyoù  (Lp.).  Où.  V.  Oyoù,  Eyoii.  ||  By. 
Eyoù  que? 

Avaclier  (Mj.),  v.  a.  —  Aplatir,  abattre, 
écraser,  faire  tomber,  écrouler,  ébouler,  jj 
V.  n.  S'affaisser,  etc.  —  Syn.  de  Avâcrer.  Pour 
Avachir,  franc.  —  ||  Fu.  S'afl'aisser  sous  la 
charge. 

N.  —  Au  jeu  de  saute- mulet,  le  joueur  qui 
avach':  perd  le  coup.  —  A  savoir  si  le  mot,  dans  ce 
sens  spécial,  ne  vient  pas  de  :  Vache  ;  car  la  vache, 
saillie  par  le  taureau,  s'affaisse  presque  toujours, 
si  bien  qu'on  doit  la  soutenir  par  deux  leviers 
croisés  en  X.  —  u  Les  Latins  appelaient  Flaccus 
ceux  qui  avaient  les  oreilles  pendantes  et  avachies.  » 
(Du  PiNET.  Pline,  .1'/,  37,  —  God.) 

Et.  Hist.  —  Impossible  de  rattacher  ce  mot  à  ■ 
vache.  De  A,  plus  le  verbe  aha,  weichjan,  énerver  ; 
ail,  mod.  weich,  mou.  —  .<  Je  ne  cherche  qu'à 
m'anonchalir  et  avachir.  »  (Mont.,  IV .  76.) 

Avâcrer  (Sp.),  v.  n.  —  Plier,  tomber,  être 
écrasé  sous  le  faix.  ||  S'affaisser,  s'écrouler. 
Syn.  de  Cambrer  et  Avacher. 

Availles  (Lg.),  s.  f.  plur.  —  Lavures. 

N.  —  Ou  pourrait  croire  au  premier  abord  q-ue 
ce  mot  est  de  la  famille  de  Aivcc  et  dér.  du  lat. 
Aqua.  C'est  une  corrupt.  de  Lavailles,  par  aphérèse 
de  l'initial.  Cf.  .Ausanne,  Etanies,  Ecomolij. 

Avalage  (Mj.),  s.  m.  —  Pilotage  d'im 
bateau  à  la  descente  de  la  Loire.  —  De  Aval. 

N.  —  Les  avalages  sont  faits  par  des  mariniers 
appelés    Toutiers  ;    c'est    une    spécialité.    Chaque 


60 


AVALE  —  AVEIXAGE 


avalage  de  Mj.  à  Nantes  se  paye  aujourd'hui  20  fr., 
plus  la  nourriture  à  bord.  C'est  un  prix  fixe,  quelle 
que  soit  la  durée  du  voyage. 

Hist.  —  GoD.  cite  ce  mot  (1415-1416.)  n 

Avalé,  ée  (Mj.)  Fig.  —  Émacié,  hâlé,  amai- 
gri, creusé  ;  se  dit  du  visage.  —  Eine  figure 
avalée,  hâve,  décharnée.  —  Les  chairs  se  sont, 
en  qq.  sorte,  retirées  en  avaL 

Et.  Hist.  —  «  Descendu,  —  pendant,  en  [larlant 
des  parties  du  corps,  joues,  oreilles,  ventre,  croupe. 

—  Donc  :  amaigri,  s'explique.  —  «  Ils  ont  l'échiné 
trop  plate,  le  col  trop  roide  et  la  cuisse  trop  avalée.  « 
(BÉR.  DE  Verv.,  m.  dn  parv.  Jaub.)  —  D'où  : 
Avallouère,  œsophage,  facilité  d'avaler.  «  C'est 
eun  hnume  qu'a  eiine  bonne  avalouère.  »  (Jaub.) 

Avaler,  v.  a.  —  Avaler  sa  langue,  —  rester 
muet,  ne  pouvoir  répondre  ;  mourir.  Cf. 
Tourner  de  î'œiL 

Avale-toiif-cru  (Mj.),  s.  m.  —  Homme  à 
mine  rébarljative  ou  dont  l'air  est  peu  propre 
à  inspirer  confiance.  Ex.  :  I  veint  de  passer 
ein  grand  Avale -tout-cru.  ||  Escogriffe,  tranche- 
montagne. 

Et.  —  S'explique  de  soi.  —  On  dit  qqfois  :  un 
avaleur  de  charrettes  ferrées. 

Avance  (Mj.).  ■ — •  On  dit  :  A  P avance,  pour  : 
d'avance.  Locut.  contraire  au  bon  usage.  — 
Par  avance.  Ij  Fu.  s.  f.  —  Donne  mé  de 
V  avance,  j 'cours  pas  si  fôr  que  té. 

Avancé,  ée  (Mj),  part.  pas.  —  Avancée  de 
veau,  en  parlant  d'une  vache  qui  touche  au 
terme  de  sa  gestation.  —  De  même,  en  par- 
lant des  personnes  : 

Hist.  —  «  Excusez  ma  pensée, 

Je  ne  puis  la  cacher  : 

Vous  êtes  avancée 

Et  prête  d'accoucher.   ■> 

{Aocl.'s  Angev.) 

Avancer  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Aller,  se  rendre* 
Ex.  :  J'ai  avancé  jusque  chez  ieux.  —  Si  t'as 
le  temps  avance  donc  jusque  chez  mon  tonton. 

—  Eh  !  ben,  je  vas  y  avancer. 

Avancp-hiar  (Mj).  Avant  hier.  —  Qqf. 
Avant-z-hiar,  ou  Avans-hiar,  qui  sont  meil- 
leurs. 

Avangcant  (Mj),  adj.  verb.  —  Qui  se  fait  ou 
peut  se  faire  vite,  en  parlant  d'un  ouvrage,  ou 
même  d'une  personne  qui  avance  à  la  besogne. 
Syn.  de  Epiétant. 

Avanger  (Mj.,  Lg),  v.  n.  —  Avancer  ou 
aller  vite  en  besogne  ;  faire  beaucoup  de  tra- 
vail en  peu  de  temps  ;  être  avantageux.  Syn. 
de  Epiéter.  Ex.  :  Tu  iVavanges  à  ren.  jl  Avanger 
à  chemin,  —  faire  beaucoup  de  chemin  en  peu 
de  temps.  \\  v.  a.  Faire  aussi  vite  que,  gagner 
de  vitesse.  Èx.  :  I  peut  marcher,  je  Vavangerai 
ben.  Il  Avanger  à,  —  suffire  à.  Ex.  :  N'y  a  gens 
d'avanger  à  illi  brocher  des  chausses  à  ceté 
brise-barrières-là.  Avanger  à,  —  fournir  de. 
Ex.  :  On  ne  sarait  avanger  à  la  monnaie. 
Bg.  «  Aile  avance  à  l'ôvrage,  ma  fille,  aile 
vient  d'avoir  deux  jumeaux  après  dix  mois  de 
mariage.  \\  Lue.  —  Servir  à.  «  Faut  pas  pleu- 
rer, ça  n'avange  à  ren.  » 


Et.  Hist.  —  Ce  mot,  un  des  plus  employés  et  des 
plus  caractéristiques  du  patois,  est  pour  rAvancer. 
Du  lat.  barbare  inusité  Abiantare  ;  l'i  voyelle 
devient  consonne.  —  v  Hz  ne  peuvent  de  présent 
avanger  à  boyre  et  leur  conviendra  espandre  le  vin 
en  terre,  si  d'ailleurs  ne  leur  vient  renfort  de  beu- ■ 
veurs.  »  (Rab.,  P.,  Prognost.,  p.  .585.) 

—  "  Mais  gaing  n'auras  qui  à  la  perte  avange.  » 
(G.  C.  BucHEK,  132,  p.  159.) 

Avangeux,  s.  m.  —  Qui  travaille  vite 
et  bien.  Syn.  de  Avantageux. 

Avant  !  Interject.  —  «  Avant,  les  gars  ! 
pour  :  En  avant  !  ||  Mj.,  Ec.  —  Pousser  avant, 

—  adv.  —  remonter  à  la  bourde  un  bateau 
contre  le  courant.  Ex.  :  J'avons  poussé  avant 
jusqu'à  Chalonnes.  ||  Fu.  Devant.  «  Il  est 
avant  toi  à  l'école,  pas  vrai?  ||  Ec.  —  Avant-z- 
hiar.  V.  Avance-hiar.  j|  Avant  que  de,  avant  de, 

—  Employé  par  Boileatj,  du  reste. 

Avantageux  (Mj.),  adj.  quai.  —  Expéditif, 
en  parlant  d'une  personne.  Ex.  :  Aile  est  vrai 
avantageuse  à  l'ôvrage.  !|  Ec.  Avantégeux.  — 
il  Qui  se  fait  vite,  en  parlant  d'un  ouvrage. 
Syn.  de  Epiétant.  Cf.  Avangeant,  Avangeux. 

Avant-cœur  (Sa.),  s.  m.  Sein.  Syn.  de  Fis- 
tonneau,  Avont-lait,  Avant-trains,  Néné. 

Hi=t.  —  Cf.  Avant-scène,  même  sens.  Quadruple 
allusion  à  leur  saillie.  «  La  future  est  tellement 
volumineuse  que.  lorsqu'elle  est  au  théâtre,  on  ne 
voit  plus  que  les  avant-scène.  «  (Journal  le  «  Gil 
Blas  !..  29  jnnv.,  1885.  —  LoR.  Larch.) 

.4vant-fra!ns  (Mj.).  —  Les  seins  d'une 
femme.  Ne  se  dit  qu'en  plaisantant.  \'.  Avant- 
cœur. 


Avant--trou  (Mj.),  s. 
être  élargi. 


Trou  destiné  à 


Avare  (Mj.) 
Atelier. 


L'a,  très  long.  —  Cf.  Calice, 


Avaron  (Sp.),  s.  m.  —  Celui  qui  est  ardent 
au  travail,  ou  qui  fait  semblant  de  Têtre. 
Ardélion. 

N.  —  Dans  Jaitb.  u  Avoirat,  —  mauvais  ouvrier. 
Avoirer,  —  faire  négligemment,  sans  goût,  à  la 
hâte.  —  Ce  serait  le  contraire;  mais  ce  n'est  p.  ê. 
pas  le  même  mot. 

Avartir  (Mj.).  —  Avertir. 

Avartissement.  —  Avertissement. 

Avec  (Mj.).  —  V.  Au,  Auvec,  O,  Ovec.  S'em- 
ploie dans  certaines  locutions  au  lieu  de  : 
contre.  Ex.  :  Aile  est  ben  fâchée  avec  moi.  || 
Avec  ça  que,  —  et  puis  d'ailleurs.  Ex.  :  Avec 
ça  que  c'est  commode  de  illy  aller  !  Avec  ça 
qu'aile  est  maline  !  ||  Absolument  :  Avec  ça  ! 
exclamation  qui  marque  l'incrédulité,  — 
qu'on  vienne  me  dire  que...  Ex.  :  Avec  ça  que 
les  notaires  travaillent  pour  des  bons  de 
nosettes  ! 

Et.  —  Forme  régulière,  Avoec,  de  :  apud  hoc,  en 
cela. 

.4 veiller  (Lg.),  v.  a.  —  Disposer  en  petits 
tas,  —  du  foin,  pour  le  faire  sécher.  Syn.  exact 
de  Abeulotter.  Dér.  de  Veille. 

Aveinage.  —  Redevance  en  avoine. 


AVEINDRE  —  AVETTE 


61 


Hist.  —  «  Et  est  entendu  ce  doublacre  en  la 
manière  qui  s'ensuit  :  c'est  à  sçavoir,  posé  que  le 
subjet,  sur  nui  le  devoir  sera  doublé,  doive  ave- 
nagcs,  bled,  vin,  et  plusieurs  autres  cens  et  rentes.  -> 
{Coût.  d'An/.,  Art.  122,  p.  86.) 

Aveindre.  Est  français.  Sens  un  peu  spécial.' 
(Ec,  etc.).  —  Atteindre  avec  efTort,  précau- 
tion, quelque  difficulté. 

Et.  Hist.  —  Ne  vient  pas  de  Ad-venire,  comme 
on  pourrait  le  croire  et  comme  le  dit  Littré,  mais 
de  Abemere,  emporter,  devenu  Avembre,  puis,  par 
substitution  de  terminaison,  aveindre.  Cf.  Gemere, 
devenu  :  geindre.  {Dict.  génér.).  —  Part.  pas.  — 
Açeignu,  — ■  aiteindu. 

n  I.es  bras  de  la  croix  sont  bien  haulx, 
Autrement  n'y  peut-on  avaindre.    »  (GoD.) 

Aveine  (Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Prononc.  nor- 
mande de  Avoine. 

Et.  Hist.  —  Lat.  Avena.    «  Jean,  Sire  de  Ser- 
maises,  homme  lige  de  ses  Feuries  et  Avenages. . . 
à  15  jours  de  garde  à  Beaugé.  »  (1387.  —  D.  G.) 
—  «  Que  la  malheureuse  avesne 
Ne  foisonne  sur  la  plaine.  » 

(J.   DU   BELL.ii'.    Vœux  rustiques.) 
—  «  Jules,  qui  pour  l'état  se  donne  tant  de  peine. 
Voulut  aussi  régler  mon  foin  et  mon  aveine.  » 

(Benserade). 

Aveiner  (Mj.),  v.  a.  —  Nourrir  copieuse- 
ment d'avoine,  un  cheval.  I|  Par  ext.,  nourrir 
largement  une  personne.  —  Dér.  de  Aveine 
et  doublet  de  Avoiner. 

Aveneau  (Mj.).  —  Havenet,  s.  m.  —  Épui- 
sette,  sac  en  filet  pour  retirer  les  poissons  de 
l'eau.  —  Syn.  de  Basse.  \\  Au.  —  Pêchettes  à 
écrevisses.  Syn.  de  Balances. 

Et.  —  Ce  mot  viendrait-il  de  :  .Aveindre  1  — 
«  On  appelle  ainsi  (Aveniaus),  outre  le  filet,  des 
jeunes  gens  des  environs  qui  viennent  dans  une 
noce  sans  être  invités,  prendre  part  à  la  danse.   » 

(DOTT.) 

-livenir  (Mj.),  v.  ii.  unipers.  —  Seoir,  aller 
bien,  être  convenable.  Ex.  :  Aile  a  eine  coifïe 
qui  illi  aveint  vrai  ben.  —  Ses  farces  ne  illi 
avennent  point.  \\  Ça  illi  aveint  point,  —  il 
n'est  pas  bien  de  sa  personne. 

Et.  Hist.  —  Du  lat.  Advenire.  liC  franc,  emploie 
J'adj.  Avenant,  qui  n'est  autre  chose  que  l'adj. 
verb.  dérivé  de  ce  verbe  avec  le  même  sens. 
' —  «  Chascun  doit  faire  en  toutes  places 
Ce  qu'il  set  qui  miex  li  avient, 
Car  los  et  pris  et  grâce  en  vient.  » 

(Boni,  de  la  Rose.) 
—  «  Aux  femmes  aussi  mal  avient. 
Science  que  bât  à  un  bœuf.  »  (Marot.) 

Avents  (Mj).,  s.  m.  plur.  —  Le  patois  n'em- 
ploie jamais  ce  mot  qu'au  pluriel  :  Les  Avents 
de  Noël. 

Et.  Hist.  —  C'est  un  provincialisme  ;  il  faut  le 
singulier.  Arrivée  (adventus)  de  J.-Ch.  ;  par  anto- 
nomase, sa  naissance  :  par  catachrèse,  un  certain 
temps  avant  Noël  (Litt.)  —  «  Et  çou  fu  à  l'entrée 
des  Avents.  »  (ViUehardouin,  p.  34.  —  Jatr.)  — 
«  D'autant  que  les  frimas  avaient  été  grands  aux 
Avents  de  Noël.  »  (G.  Sand.) 

Averet  (Au.),  s.  m.  —  \'olatile,  oiseau 
oisillon. 

Et.  —  Ce  mot  est  sans  doute  le  diminut.  d'un 


mot  inusité,  Ave,  dér.  du  lat.  Avis,  Avem,  formé 
au  moyen  du  suffixe  eret,  comme  Dameret.  — 
«  Averans,  volailles  (poules,  canards,  oies)  d'une 
ferme.  De  Avoir?  (Dott.)  —  «  Avéras,  jeune  bête, 
avorton.  D.  C.  Averia,  v"  Averium. 

Averlan  (Mj).,  s.  m.  —  Individu,  croquant, 
quidam  de  mauvaise  mine,  suspect.  Le  mot 
a  vieilli. 

Et.  Hist.  —  On  a  fait  venir  ce  mot  de  l'ail.  Ha  ver- 
ling,  routiers,  maquignons,  de  Hœver,  dans  le 
Limbourg.  Il  a  le  sens  de  :  ribaud,  paillard.  (L.  Mol- 
l.and.)  — ■  «  Je  vous  prie  par  grâce,  vous  aultres, 
mes  bons  averlans...,  montez  dessus  et  me  les 
amenez.  »  (Rae.,  G.,  I,  3,  11).  — •  Lire  Brantôme  : 
Sur  les  duels,  325.  —  «  Ceux  qui  disent  :  J'ai  vu 
ceci  ou  cela  autre  part,  sont  des  chétifs  averlans.  » 
(B.  DE  Verv.,  m.  de  p.  II,  14.)  —  Ivrogne,  bon 
compagnon. 

Avernette  (Tm.),  s.  f.  Aventure,  his-. 
toire.  Ex.  :  En  velà  encore  eine  avernette  !  |1 
Mésaventure 

Averon,  .4vron.  Folle  avoine. 

Et.  —  Avena fatua( Bâtard).  —  Avèneron  (Litt.) 
Haveron  (haver-grass),  avoine  sauvage.  —  A 
remarquer  que  le  mot  Havresac  veut  dire  propre- 
ment :  sac  à  avoine,  du  mot  allemand.  —  Avèneron, 
haveron.  (God.) 

-Avés  (Lg.),  s.  m.  pi.  —  Petite  plante  d'or- 
nement, bulbeuse  et  de  la  famille  des  liliacées, 
portant  en  corymbe,  au  bout  d'une  hampe  de 
0,30  à  0,40,  des  fleurettes  blanches  très  déli- 
cates et  très  jolies,  mais  qui  répandent  une 
odeur  d'ail. 

.4vesse  (Lg.),  s.  f.  —  Mollesse,  paresse,  fai- 
néantise. Ex.  :  li'avesse  me  prend.  Syn.  de 
Flemme.  —  Dér.  de  Avesser.  Cf.  Dévesser.  — 
C'est  :  la  vesse,  évidemment. 

.Avesser  (Sp.,  Lg.,  Tm.,  Sal.),  v.  a.  — Es- 
quinter. Il  Abrutir  de  coups  —  ou  de  caresses. 
1|  Acagnarder,  rendre  paresseux,  mou,  lâche, 
fainéant,  un  animal,  par  des  caresses  et  des 
soins  excessifs.  Dans  ce  sens  c'est  un  syn.  du 
mot  montj.  Haquenir.  V.  Aniantir,  Afainian- 
ter. 

Et.  —  Dér.  de  Vesse,  subst.  verb.  de  Vessir, 
ancienne  forme  de  Vesser.  Vent  qui  sort  du  corps 
sans  bruit  et  répand  une  mauvaise  odeur.  Lat. 
popul.  :  vissire  ;  cla.ss.,  visire.  —  Implique  l'idée 
de  quelque  chose  de  mou  et  de  flasque.  — ■  Par 
ext.  Vesseur,  poltron.  V.  Venette.  Ane.  franc.  Vener, 
vesner  ;  même  racine. 

Avette  (PL,  Sa.,  Sal.  etc.),  s.  f.  —  Abeille. 

Et.  Hist.  —  C'est  le  vieux  mot  français  qu'on 
trouve  dans  les  meilleurs  auteurs.  Lat.  Apicula, 
dimin.  de  Apem.  —  Dès  les  premiers  temps  du 
B.  L.  on  trouve  une  tendance  à  substituer  le  b  au  p 
du  mot  primitif.  Puis  le  b  est  échangé  avec  le  v. 
(Litt.)  —  Lat.  popul.  Apitam  (Dict.  génér.). 

—  «  Quand  Cupido,  cest  enfant  impudique, 
Sur  Hymettus  desroboit  les  avettes, 
Les  desrobant,  l'une  très  fort  le  picque.  » 
(G.  C.  BUCHER.  129). 
—  «  Car  comme  les  avettes,  se  voyant  surprises  du 
vent  en  la  campagne,  embrassent  des  pierres  pour 
se  pouvoir  balancer  en  l'air^  et  n'estre  pas  si  aysé- 
ment  transportées  à  la  mercy  de  l'orage.  »  (S.  Fran- 
çois DE  Sal,es  ,p.  550.  —  Jaub.) 


62 


AVEU 


AVOUERIE 


Aveu  (Mj.),  s.  m.  —  Entremise,  bons 
offices,  protection.  Ex.  :  Il  a  attrapé  ceté 
place-là  par  l'aveu  de  notre  député,  —  grâce 
à  ;  qqf.  à  l'instigation  de.  ||  De  Vaveu  de,  — 
du  consentement  de. 

Et.  —  C'estle  mot  français  dans  un  sens  détourné 
3t  très  spécial,  le  seul,  du  reste,  où  nos  paysans 
l'emploient.  —  De  Avouer.  —  Série  des  sens  : 
Action  de  vouer,  et  proprement  de  vouer  service 
féodal  :  puis,  approbation;  puis,  reconnaissance  de 
ce  qui  est  dû  ;  finalement,  confession. 

Aveiiglette.  s.  f.  —  Planche  que  Ton  met 
ordinairement  devant  les  yeux  des  animaux 
qui  vont  paître.  (Mén.). 

Avézer  (s')  (Lg.),  v.  pron.  —  S'acoquiner, 
s'adonner  à  de  mauvaises  fréquentations. 
V.  Avesser,  son  doublet. 

•Iviager  (Mj.),  v.  a.  —  Céder  ou  acquérir 
moyennant  une  rente  viagère.  Syn.  de  Aren- 
ter.  Cf.  Livrer. 

A  vinasse  (Bg.).  —  Goule  avinassée,  rougie 
par  l'abus  de  la  vinasse.  Suffixe  péjoratif. 

.ivinoclié.  —  Qui  a  trop  bu  de  vinoche. 

.4 virer  (Lg.),  v.  a.  —  Ramener,  les  bestiaux 
qui  s'écartent.  Ex.  :  Avire  !  avire  !  crient  les 
bergères  à  leurs  chiens  quand  les  moutons  ou 
les  vaches  sont  «  passés  en  demage  ».  — •  De  : 
virer.  Cf.  Ravirer. 

Avis.  —  Dans  la  locut.  très  usuelle  :  M'est 
avis  pour  :  il  me  semble,  je  crois.  ||  Lg.  Pour 
cfuel  avis,  —  pour  c[uel  motif,  à  quelle  occa- 
sion? —  Ex.  :  Pour  quel  avis  est-il  venu  là? 

Et.  Hist.  —  A,  Vis,  de  visum,  littéralement  :  ce 
qui  est  vu,  ce  qui  semble.  Ce  m'est  à  vis. 

—  «  Deux  Angles,  vis  m'est,  me  porteront.   » 
(Castoiement,    55.    —    De   deux   borgnes   et   d'un 
vilain,  et  passim.) 

...  Et  ce  nous  est  advis 
Qu'heures  sont  jours  et  jours  pleines  années.  » 
(Rab.,  Ep.  à  J.  Bouchet.) 

Avision.  —  Pour  :  vision.  Soudure  de  l'ar- 
ticle. Cf.  Aviso,  petit  navire  éclaireur. 

Hist.  —  «  Vysion  that  appereth  in  ones  slep, 
advision.  »  (Palsgr.,  p.  285.  —  GoD.) 

Avisse  (Chl.),  s.  f.  —  Syn.  et  doubl.  de 
Evis  1.  —  Vis. 

N.  —  Cette  forme  ne  s'emploie  plus.  Je  la  re- 
trouve dans  l'inventaire  de  Brodeau  (V.  Charlit) 
de  1745.  «  Item,  les  deux  tiers  dans  un  pressoir  à 
deux  avisses  de  bois. . .  »  —  A  ce  sujet  je  remarque 
que  dans  les  anciens  pressoirs  à  casse-cou,  la  poutre 
couchée  sur  le  cep  n'était  pas  toujours  un  levier 
engagé  d'un  bout  entre  les  jumelles  et  abaissé  de 
l'autre  à  l'aide  d'un  treuil.  Dans  certains  modèles 
cette  poutre  était  percée  à  ses  deux  extrémités  de 
trous  formant  écrous,  où  s'engageaient  de  grosses 
vis  de  bois  à  filets  triangulaires,  à  l'aide  desquelles 
on  obtenait  la  pression.  (R.  O.) 

Avivres.  Pour  Avives.  —  Engorgement  des 
glandes  parotides  du  cheval.  Ane.  franc. 
Vives. 

Et.  —  Vives  est  devenu  Avives  par  a.ssimilation 
avec  le  v.  Aviver.  Suivant  l'opinion  du  vulgaire, 
le  cheval  contracte  cette  aflection  en  buvant  des 
eaux  vives.  {Dlct.  gén.)  Dans  l'Anjou  on  dit  Avivres. 


—  «  .Jumentum  cyclicum,  bestes  qui  a  les  avives.  » 

—  Var.  Avivures.  (God.) 

.iv'nage.  —  V.  Aveinage. 

.ivoindre  (Au.),  v.  a.  —  Aveindre.  Syn.  de 
Ajoindre,  Aveindre  et  de  Avrer.  Cf.  Avoine, 
aveine.  Avrier. 

Avoine  de  curé  (Mj.),  s.  f.  —  Moutarde.  !|. 

Fu.  —  C'est  le  poivre.  [[  Avoine  à  chapelet. 
(Segr.)  \\  Avoine  folle.  ||  Parmi  les  vieilles 
espèces  de  poires  il  y  avait  autrefois  les  poires 
d'avoine. 

.ivoine-folle  (Lg.),  s.  f.  —  Folle  avoine.  Ex.: 
L'avoine  folle  a  de  grandes  piques. 

Avoiner  (Mj.).  —  V.  Aveiner. 

Avoir,  V.  a.  —  N'y  a  pas,  —  locut.  ellipt. 
qui  signifie  :  il  n'y  a  rien  à  faire  d'autre,  ou  : 
il  faut  absolument  que  je  le  fasse.  Ex.  :  N'y  a 
pas,  faut  que  j'y  aille.  ;|  Employé  pour  l'auxi- 
liaire être.  Ex.  :  Il  s'a  péri,  —  il  s'est  tué.  — 
Je  m'ai  coupé.  [|  Avoir  de  quoi,  et  même  :  de 
dequoi.  —  être  à  l'aise.  ||  N'avoir  que  de,  — 
n'avoir  qu'à.  Ex.  :  Vous  n'avez  que  de  prendre 
par  l'adressée. 

Conjugaison.  Ind.  prés.  J'ai,  t'as,  il  at,  j'ons  ou 
j'avons,  v's  avez,  is  avont.  —  Futur  ;  J'arai, 
t'aras,  etc.  Cond.  :  J'arais.  —  Subj.  prés.  :  Que 
j'aye,  que  t'ayes,  etc.  -—  Inf.  prés.  :  Avrer.  —  Part. 
pas.  :  iu,  ieu,  évu.  —  «  Si  je  n'avais  point  y  été  à  sa 
r'devance,  tu  Tarais  point  ieue.  »  (Li.,  Br.).  —  V. 
le  v.  Etre. 

Avoir  la  peine  de  (Lue,  etc.),  locut.  à  peu 
près  syn.  de  Falloir.  —  Ex.  :  J'arai  la  peine 
de  le  faire,  —  il  faudra  que  je  le  fasse.  —  T'as 
laissé  tomber  ta  pieume  (plume),  t'aras  la 
peine  de  la  ramasser. 

Avont-lait  (Tm.),  s.  m.  —  Seins,  Syn.  de 
Avant-trains,  etc. 

Et.  —  Il  est  possible  que,  dans  ce  mot,  Avont 
soit  la  préposit.  .\vant,  puisque  dans  la  région  on 
ne  distingue  pas  l'une  de  l'autre  les  voyelles  nasales 
an  et  on  ;  m.ais  il  est  possible  aussi  que  ce  mot 
Avont  soit  la  3«  pers.  plur.  de  l'Indic.  prés,  du  v. 
Avoir.  —  Voir  la  conjug.  de  ce  verbe.  —  Cf.  Appa- 
raîssances.  —  LiTTKÉ  l'explique  ainsi  :  «  Terme  de 
boucherie.  Maniement  pair  ou  double,  particulier 
à  la  vache,  placé  à  la  partie  interne  de  la  cuisse,  à 
la  partie  supérieure  du  pis,  et  immédiatement  en 
avayit  des  vaisseaux  sanguins  qui  se  rendent  aux 
mamelles  ou  qui  en  émanent.  Avant,  Lait. 

.ivortonné  (Mj.),  adj.  quai.  —  Faible,  grêle, 
nabot,  mal  venu,  qui  a  la  tournure  d'un  avor- 
ton. Se  dit  des  animaux  et  des  plantes. 

Et.  —  Avorton  ;  Ab,  Orior,  —  mal  naître. 

Avoua  (Mj.),  s.  m.  —  Avoué. 
Et.  —  Lat.  Advocatus  ;  avocat  et  avoué. 

.4vouerie  (Vr.),  s.  f.  —  Servitude,  droit 
qu'on  avoue  sur  une  propriété  voisine,  un 
puits  commun,  etc.  —  Ex.  :  Les  enfants  ne 
veulent  pas,  dans  une  succession,  avoir 
d'avoueries  les  uns  sur  les  autres. 

Hist.  —  «  Et  pour  exploicteurs  pris  en  avouerie, 
en  applégement  où  il  n'y  a  eu  violence  esdits 
exploicts  n'y  aura  amende.  »(CoMi.d'.4n/.,.4rt.6,p.7.) 


AVOUILLAGE  —  AYU 


63 


Avouillage  (Mj.),  s.  m.  —  Ouillage,  action 
d'ouiller.  \\  Quantité  de  vin  destinée  ou  em- 
ployée à  l'ouillage.  Ex.  :  J'avons  ieu  deux 
barriques  et  de  V avouillage.  V.  Avoailler. 

Hist.  — ■  «  Pour  Vaouillage  et  déchié  de  62  pipes 
de  vin.  lesquelles  furent  amenées  en  moustaisons  en 
leur  boillon.    »  (1399.  Im>.  Arch.,  H    S.,  p.  50,2.) 

—  «  Un  tierçon  et  son  avouillage. . .,  une  busse  et 
son  avouillage.  »  (1710.  —  Id.  E.  II,  p.  198,  2.) 

Avoiiiller  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  v.  a.  —  Ouiller, 
Il  V.  n.  Jaillir  ou  couler  abondamment.  Ex.  : 
Le  sang  illi  avouillait  par  la  bouche. —  La 
source  est  bonne,  ça  avouille.  \\  Mettre  de 
l'eau  dans  le  vin. 

Et.  —  Ouiller,  pour  :  aouiller,  aoiller.  De  A, 
Œil,  sous  sa  forme  atone.  Remplir  un  tonneau 
jusqu'à  l'œil  (la  bonde).  Dict.  génér.  —  «  Je  regarde 
Ouiller  comme  une  corrupt.  du  pat.  Avouiller,  de 
môme  que  le  franc.  Oiseau  est  une  corrupt.  de 
Voiseau  (Avicellum). 

Hist.  —  ...et  quelques  pintes  pour  Y  avouiller. 
(1710,  Inv.  Arch..,  E.  II,  198,2).  —  «...  12  quar- 
tiers de  la  Césarderie. .  .  qui  en  ont  produit  un 
quart     et     quelques     pintes     pour     l'avouiller. 

Avouillette  (Mj.),  s.  f.  —  Petit  entonnoir 
servant,  par  exemple,  à  verser  le  lessif  de  la 
buée,  —  ou  le  vin  dans  les  tonneaux.  ||  Ec. 
Vouillette,  vouilloir.  ||  Lg.  Ouillette. 

Avoiir  (Cs.).  Pour  :  où?  Ex.  :  Avour  as-tu 
été?  Doubl.  de  Eyour. 

Et.  —  Nous  nous  trouvons  en  présence  de  deux 
sens  :  «  Avoure,  dans  quel  endroit  ?  »  —  «  A  présent 
maintenant.  »  En  vx  franc,  oure  signifie  heure. 
Avoure  serait  syn.  de  Astheure.  —  «  Sire,  me  com- 
mandastes  que  je  gardasse  mon  jour  et  je  suis  venu 
à  oure  et  à  temps  garder  mon  jour.  »  (Assises  de 
Jérus,  ch.  50.  —  Cité  par  Éveillé).  —  Mais  pour 
nous  le  doute  n'est  pas  permis.  Cf.  Eyoù  donc?  — 
et  où  donc? 

A'  vous?  (Mj.).  —  Pour  :  Avez- vous,  par 
apocope.  Cf.  Sa'  vous,  voul'  vous,  craye'  vous, 
entende'  vous,  pense  vous,  voye'  vous?  —  V. 
Jaub.  à  Ous.  —  Ex.  :  A' vous  vu  mon  père? 

Hist. «    A\'ous    mal    aux   dents,    maître 

Pierre  ?  » 

[Le  Testament  de  Pathelin) 
«  Et  qu'est  cecy?  n'a'  vous  pas  honte  .^  »  (Id.) 

—  «  Razant  nos  champs,  dites,  avons  point  vu 
Çeste  beauté  qui  tant  me  fait  la  guerre  ;   .. 

(Ronsard). 

—  «  Pourquoy  de  moy  avous  donc  souhaité 
D'estre  sacrée  à  l'immortalité  ?  >. 

(J.  DU  Bell,  Les  Amours,  p.  186). 

—  i(  .Avons  encore,  en  mon  absence. 
De  votre  Baif  souvenance?  « 

(Baif,  149). 

Avras  '  s.  m.  —  L's  avras,  le  menu  fretin  de 
la  ferme.  Ex.  :  I  étant  vanquiers  faisant  après 
l's  avras,  —  ils  sont  sans  doute  occupés  à  soi- 
gner les  poules,  canards,  etc.  —  V.  Avron.  Cf. 
Averet  (Au).  —  P.  ê.  pour  Avéras. 

Et.  —  Du  Gange  :  Averiti,  Avéra  (v°  Avcrium), 
tous  les  animaux  qui  servent  au  labourage.  —  N. 
•Ce  n'est  pas  notre  sens. 

Avras  -  (Lue,  Bg.)  —  Vermine,  venin. 

Avrer  (Mj.,  Lg.)  Avrier,  v.  a.  —  Aveindre, 

—  prendre  un  objet  pour  le  présenter  ou  l'ap- 


porter. Ex.  :  Avre  (avère)  donc  eine  cuiller.  || 
Tirer,  retirer.  —  Il  a  ben  ôdigné  pour  avrer 
le  seillot  du  puits.  ||  Lrm.,  ■ —  id.  —  Attirer  à 
soi,  arracher  de  l'eau,  enlever  de  bas  en  haut. 

—  V.  Avoindre,  Ajoindre.  \\  Au  Lg.,  rarement. 

N.  —  Ce  mot  est  l'un  des  plus  fréquemment 
usités.  —  Avre  le  donc.  —  Je  l'ai  avré.  —  J'peux 
pas  avrer  eine  pièce  de  20  sous  qu'est  dans  mon 
porte-monnaie.  —  Av'rr  donc  la  tirette.  —  On  a 
avré  un  gosse  d'un  puits.  —  Se  conjugue  :  J'avre, 
tu  avres,  etc.  Etym.  —  P.-ê.  de  Abripere. 

Avrillée,  s.  f.  —  Vrillée,  petite  vrillée,  clo- 
chette, liseron  s'attachant  aux  plantes  envi- 
ronnantes.   (Mén.) 

Et.  —  Vrille.  Du  lat.  Viticula,  de  Vitis,  vigne, 
devenu  :  Veticla,  vedille,  veille,  ville,  vrille  (Dict. 

génér.). 

Avron  (Bg.),  s.  m.  —  Jeune  cochon. 

Et.  —  n  faut  avoir  recours  à  Du  Cance.  a  Avère 
porcinum.  —  Avéra  lachalis  (vache  ou  chèvre  que 
l'on  peut  traire  —  de  lac,  lait).  —  Avère  lanutum 
(brebis,  etc.,  à  laine).  I^a  racine  de  tous  ces  mots 
est  le  V.  Avoir,  employé  comme  nom  :  l'avoir. 
Sine  avero,  sans  avoir,  surnom  souvent  donné. 
Galterius  sine  avero,  Gautier  sans  avoir. 

Ayaulé.  —  Etrennes.  V.  Aguilanée. 

Aye  (Mj.)  v.  a.  —  C'est  le  subj.  prés,  de 
Avoir.  Que  j'aye,  q.  t'ayes,  etc.,  en  mouillant 
l'y.  —  Cf.  Q.  je  soye. 

Hist.  —  «  Ne  croyez  pas  que  cette  année  y  aie 
aultre  gouverneur  de  l'universel  monde  que  Dieu 
le  créateur.  »  (Rab.,  P.  Prognost.,  I,  p.  586.) 

—  «  'S'aye  la  main  prodigue  ni  serrée.   » 

(G.  C.  Bûcher,  147,  p.  171.) 

—  «  N'a!/es  point  peur,  la  Dame  que  regardes 
N'est  seullement  qu'un  sonlas  en  paincture.  » 

(Id.,  152,  p.  173.) 

—  «Combien  que  j'ayt?  passé  l'âge  de  mon  enfance.  » 

(J.  du  Bell.,  L'Olive,  Ep.  au  lecteur.) 

Ayer.  —  Précoce.  V.  Ailleur. 

Ayoter(a-ioter)(Sp.,  Lg.,  Sal.),  v.  a. —  Caler, 
mettre  d'aplomb,  consolider.  ||  v.  réf.  —  Se 
tasser.  Syn.  de  Arunter,  Aloter.  Ex.  :  La  table 
ne  yote  pas,  ayole-la  donc,  elle  est  mal  calée, 
ne  tient  que  sur  trois  pieds,  ajuste-la  donc. 
(Cholet.)  V.  Yot. 

4yraultç.  —  Hereau,  Heireau.  —  Maison 
rustique  avec  ses  dépendances. 

Et.  —  Dans  Du  Cange  :  Hayrelium  :  «  Ou  temps 
passé  souloit  avoir  oudit  lieu  de  Grandschamps 
xxn  hereaux  et  ménages  qui  souloient  payer 
ladicte  rente.  »  (1426).  —  La  Curne.  Hére'au. 
Eiraudus  :  «  Ager,  qui  nec  colitur  nec  aratur,  idem 
quod  Area.  Neque  aliud  sonat  Gallicum  Eyral 
(1455).  —  «  Se  meut  débat  et  question  acause  de 
certains  Eyraulx  assis  entre  le  villaige  de  la  Bas- 
tide et  le  villaige  de  Veyrieres. . .  Advint  que  cer- 
tains pruniers  estans  dedens  les-diz  Eyruulx,  etc. 

Ayu  (Safï.,  Tm.,  Lg.)  —  Part,  passé  de 
Avoir.  Pour  :  eu. 

N.  Cette  forme  vieillie  est  encore  usitée  à  Sa.  et 
à  Tm.  Prononc.  :  a-ïu  (Lg.)  Ex.  :  Il  at  ay»  eine 
belle  peur. 

Hist.  «  V'ià  tôt  le  remords  que  j'ai  adjù  dau 
temps  de  la  Grande  DgieiTe.  >  (H.  Bourgeois, 
Hist.  de  la  Grande  Guerre,  p.  205). 


64 


AZÉ  —  BABOUIN 


Azé.  —  Terminaison  de  nombreux  noms  de 
lieux  :  Mazé,  Trélazé,  Renazé,  Chazé,  etc.  ||  De 
la  terminaison  latine  :  iacus.  —  «  Il  n'y  en  a 
pas  de  plus  fréquente,  car  elle  afTecte  peut- 
être  un  vingtième  des  noms  les  plus  anciens. 
Elle  représente  un  suffixe  celtique  qui  a  servi 
pour  la  composition  au  moins  jusqu'au  sep- 
tième siècle  de  notre  ère,  de  sorte  que  ce  suf- 


fixe a  donné  naissance  à  une  infinité  de  pro- 
duits hybrides  par  son  union  avec  des  radi- 
caux latins,  et  plus  tard  avec  des  noms  germa- 
niques. Ce  suffixe  s'est  modifié,  suivant  les 
régions  :  1°  en  ac  ;  2"  en  :  as,  at,  a  ;  3°  en  é,  ey, 
ay,  eu,  eux  ;  4"  en  :  ec,  ex,  S"  en  :  i,  y.  (J.  Qui- 
CHERAT.  De  la  formation  française  des  anciens 
noms  de  lieu.  1867.  —  p.  34,  sqq.) 


OBSERVATIONS 

Proxonciatiox.  —  Bl  est  le  plus  souvent 
mouillé,  —  blé,  prononcé  bié. 

Permutation.  —  Remplace  j  dans  hauge,  pour  . 
jauge  ;  p  dans  Couble,  accoubler,  pour  :  couple, 
accoupler  ;  v  dans  Cadabe,  chambe,  rabe,  pabot, 
rabigoter,  pour  :  cadavre,  chanvre,  rave,  pavot, 
ravigoter. 

MÉTATHÈsE.  —  Bre  devient  Ber.  —  Berdasser 
pour  Bredasser.  —  V.  au  Gloss.,  ainsi  que  pour 
Bru  ;  Béruère  pour  Bruyère.  —  Reçoit  qqf.  une 
double  modification.  L'adj.  Brun  fait  au  fém. 
breune,  au  lieu  de  brune,  en  mettant  brtu  pour  bru. 
Puis,  au  lieu  de  Breu,  on  dit  Beur,  dans  Beurnet, 
beunieite,  pour  Brunet,  brunette.  —  A  By.,  Br  se 
prononce  Boer.  Ex.  :  Eine  boârouette,  pour  une 
Berouette,  Brouette  ;  —  Buerciller,  pour  Breciller. 

La  difficulté  de  prononcer  deux  consonnes  consé- 
cutives, bl,  br,  fait  dire  Ebélouir,  Eberché,  pour 
Éblouir,  Ëbréché. 

Apocope.   —   Se   retranche   dans   Obstiner,   — 


Epexthèse. 
Finablenœiit^  — 


—    S'ajoute    dans    Amicablement' 
Amicalement,  Finalement. 


B.  —  Etre  marqué  au  B,  loc.  satirique  qui 
signifie  être  bigle,  borgne,  bossu,  bancal  ou 
boiteux.  Ij  Ec.  S'emploie  souvent  pour  indi- 
quer qu'un  de  ces  individus  est  un  malin 
loustic.  «  T'y  fie  pas,  il  est  marqué  au  B  !  » 
Intelligent  et  malin. 

Babeluche  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  s.  f.  —  Fanfre- 
luche ;  fétu  ou  grain  de  poussière  qui  vole. 
Syn.  de  Bourrier,  Boise. 

Et.  —  Même  racine  que  l'angl.  bawble,  bagatelle 
et  que  le  fr.  Babiole.  —  Babel,  balbel,  baubel, 
petit  joyau,  babiole,  colifichet.  Probablement 
d'une  rac.  Bab,  que  l'on  retrouve  dans  Babulus 
(Apulée)  sot,  niais.  (D"-  A.  Bos.)  —  Cf.  Ebobeluche 
(Sainte),  Bobelucher,  et  au.ssi  Bobeluche  (Jaub.). 

Babet'  (Mj.),  s.  f.  —  Forme  familière  du 
prénom  Elisabeth.  On  dit  aussi  :  Babette 
(Segr.).  —  Pat.  norm.  id. 

Babette  (Lg.),  s.  f.  —  Orpin,  seduni.  Syn. 
de  Tétine-de-sourit ,  Misère. 

Babiau  (By.),  s.  m.  —  Niais.  On  dit  aussi 
Bohiâs,  Bobiasse.  V.  Babeluche,  Bajole. 

Babiettes  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  Caroncules.  Replis  rouges  de  la  peau 
qui  pendent  sous  le  bec  du  coq  et  de  la  poule. 

Et.  —  Pour  Barbilleltes.^dimin.  du  fr.  Barbe.  — 
Cf.  Barbille,  Barbillon  ;  le  poisson  de  ce  nom.  || 
Peut-être  de  la  même  famille  que  Babine  (Cte  J.). 


Babille  '  (Mj.),  s.  f.  —  Babil,  bagout.  Ex.  : 
Il  a  eine  bonne  babille.  —  Loquacité,  facilité 
d'élocution,  langue  bien  pendue.  Du  fr. 
Babiller. 

Et.  —  Mot  naturel  qui  se  retrouve  partout  et 
procède  des  syllabes  imitatives  :  ba,  ba,  ba, 
qu'émet  l'enfant  en  s'efforçant  de  parler  ;  cf.  en 
angl.  babble,  en  ail.  babbeln,  en  grec  babadzein. 
Inutile  de  recourir  à  la  ville  de  Babel,  avec  Nicot, 
ni  à  Bambin,  avec  Mé>age. 

Babille  -  (Chai.),  s.  f.  —  Grande  renouée,  ou 
plutôt  persicaire  que  l'on  cultive  comme 
plante  d'ornement.  —  Bat.  Polygonum  orien- 
tale ;  Babillarde.  ' 

Babole  (Ag.),  s.  f.  —  Grande  fille  bêtasse, 
grue  ;  —  grosse  tête  joufflue  et  sans  expression. 
V.  Babiau,  Bobias,  Bajole.  \\  By.  S'emploie  au 
masc.  «  A-t-i  pourtant  l'air  babole  !  »  Zigz. 
134.  —  Radie.  Bab,  ci-dessus.  ||  By.  Z.  134. 
—  Grosse  tête,  figure  joufilue  et  sans  expres- 
sion. Voisin  de  Bobane. 

Baboue,  s.  f.  —  Moue,  grimace.  Cf.  Babu, 

Et.  et  Hist.  —  P.-ê.  du  germ.  Bappe,  bouche, 
mufle,  d'où  :  babine.  —  «  Panurge  lui  feist  la  habou 
en  signe  de  dérision.  »  (Rab.  7  F,  238).  —  «  Jouer 
à  la  babou  ,  c.-à-d.  se  faire  réciproquement  la  moue 
(id.  I,  95).  —  «  Trouvons  en  Théocrite  qu'une 
femme  nourrice  menace  son  enfant  de  la  baboue  et 
du  marmot  ».  (Bouchet,  Sérées,  p.  347.)  Voir  : 
Babouin, 

Babouin  (Mj.),  s.  m.  —  Mannequin  que  l'on 
dresse  au  milieu  des  champs  ou  dans  les 
arbres  fruitiers  et  qui  sert  d'épouvantail  pour 
les  oiseaux,  il  Sorte  de  mitaine  en  cuir  servant 
à  garantir  la  main  droite  des  piqûres,  lorsque 
l'on  pare  les  haies  d'épines,  moufle  ;  Syn.  de 
Poignard.  ,  Enfant  sale  et  dont  les  vêtements 
sont  en  désordre.  ||  \'êtement  de  tulle  dont 
s'enveloppe  l'apiculteur  pour  faire  la  récolte 
du  miel,  ii  Id,  à  l'usage  du«cureuxd'aboueilles» 
(Fu).  Il  Lg.  Large  bandeau  de  cuir  que  l'on 
fixe  au  devant  des  yeux  d'un  cheval  ombra- 
geux pour  le  mettre  au  pré.  !!  P.  ext.  —  Garde- 
vue  des  casseurs  de  macadam,  en  toile  métal- 
lique. 

Et.  et  Hist.  —  Rac,  Bab.,  V.  Babeluche.  «  On 
n'emploie  pas  seulement  les  personnes  à  chasser  les 
oiseaux  (des  chénevières)  mais  les  choses  mortes, 
(]u'on  appelle  au  pays  les  babouins.  )>  (D'Aub. 
Fœn.  III,  15.  —  Lit.).  —  «  Ah  !  le  petit  babouin  ! 
(La  F.  I,  19).  —  "  La  babouinere  était  une  espèce 
de  masque  cornu  et  barbu,  représentant  le  diable. 
Les  Sarrasins  voulant  épouvanter  les  chevaux  de 
l'armée  de  Charlemagne  placèrent  devant  eux  des 


BABU  —  BADRÉE 


65 


gens  de  pied  «  dont  chacun  avoit  une  bahouinere 
cornue,  noire  et  horrible,  ressemblant  diables,  et 
tenoit  chacun  d'eux  tvmpannes  dans  ses  mains 
qu'ils  heurtoient  ensembles».  {Ckron  de  S.  Den.  I, 
fo  143.  L.  O-  —  Dans  la  langue  technique  du 
moyen  âge  on  nommait  bahones  ces  figures  gro- 
tesc[UPS  et  grimaçantes  dont  on  ornait  les  initiales 
des  manuscrits,  et  babouinrr  était  l'acte  de  les 
dessmer.  (Boyer,  manuscr.  Cte  Jatjb.)  —  «  On 
donnait  autrefois  à  Laval  le  nom  de  babouin  à  des 
figures  qui  jouaient  un  rôle  dans  !a  procession  de 
la  Fête-Dieu  ;  c'étaient  des  têtes  de  bois  à  mâchoire 
mobile,  mues  par  des  ficelles  et  que  l'on  faisait 
jouer  au  passage  de  la  procession.  —  Babouiner, 
action  de  remuer  souvent  les  lèvres  sans  parler 
distinctement.  (Dag.) 

—  «  Que  vault  un  homme,  si  n'est  fin? 
On  le  tient  pour  un  babouin.  [Ane.  th.  fr.) 

—  «  Et  sunt  sicut  babouin i  qui  ponuntur  iii 
terris  et  pilariis  (Scrmones  Menoti.  D.  C.) 

—  «  Le  vez-vous  (voyez-v.)  là  ce  baboyn  ? 

Vraiement  il  put  tant  le  vin 
Que  je  sens  d'ici  son  alaine. 
(Sermon  joveux  de  bien  boire.   Ane.  thf.  fr.  II, 
p.  \-l.) 

—  «  Par  ung  esprit  qui  n'est  point  hahouif/i.  » 
(Ch.  BouRDiGNÉ,  Pierre  Faifeu,  épitre,  p.  5.) 

Babil  (Mj.),  s.  m.  —  Faire  babu,  —  faire 
claquer  à  l'aide  d'un  doigt  la  lèvre  inférieure 
contre  la  supérieure,  ce  qui  produit  le  son  : 
babu.  Jeu  d'enfant. 

Et.  Hist.  —  Onomatopée.  «  Panurge  lui  fit  la 
babou  en  signe  de  dérision  «.  (Rab.,  P.,  IV,  56). 

Bâchas  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  —  Lourdaud, 
gauche,  hallebreda,  balourd.  Syn.  de  Bajole, 
dont  il  me  paraît  être  une  corruption.  —  Cf. 
pat.  norm.  Béja,  jeune,  cadet.  ||  A  rapprocher 
de  Béjaune?  !|  By.  — •  «  Quée  boéchaud  !  — 
sans  doute  pour  :  bêchaud,  bêcheux  (lourd 
comme  un. ..)  paysan  sans  culture .. .  intel- 
lectuelle. 

Bâche  (Sa.,  Jb.,  Lg.),  s.  f.  —  Grande  blouse 
de  marchand  de  bœufs  (Torf.,  Jls,  Sa.). 

Bachelette  (Lg.),  s.  f.  —  Dispute,  querelle, 
rixe. 

Bachelettée  (Sp.),  s.  f.  —  Grande  quantité, 
kyrielle,  ribambelle.  Syn.  de  Echelettée,  Flopée, 
Crainassèe,  Tournée,  Bénédiction,  etc. 

Et.  —  Probablement  :  Ce  que  peut  tenir  une 
bâche,  ic  L'acception  :  grosse  toile  dont  on  recouvre 
les  voitures  »  est  également  propre  à  vache  (Lit. 
n»  10)  ;  elle  appartient  donc  probablement  à  un 
homonyme.  |!  Je  ne  suis  pas  de  cet  avis.  Le  mot 
vient  de  bachelette,  rixe,  et  qui,  comme  tous  les 
mots  ayant  cette  acception,  implique  aussi  l'idée 
de  grande  quantité.  Cf.  Flopée,  Tournée,  etc..  — 
R.  O. 

Bachclettes.  Vx  mot  augev.  —  Sens  incon- 
nu. V.  Bachelotte. 

Hist.  —  «...  pour  aviser  aux  moyens  les  plus 
prompts  et  commodes  pour  trouver  des  fonds... 
soit  en  vendant  des  cierges  provenant  des  anciennes 
hacheletics . .  .  »  (Anj.  Hist.,  6'^  an.,  n"  6,  p.  615. 
Paroisse  de  Tilliers-.j 


Bachcloter  (Cr.),  v.  n. 

Bachelotte.    —  Sens 

lettes. 


—  Perdre  la  tête, 
inconnu.    V.    Bache- 


Hist.  —  «  Le  lundy  30  novembre  1735,. . .  ledit 
ouvrage  a  esté  fait  et  construit  des  questes  de 
bachelotte. . .  que  j'ay  faite  dans  cette  isle  (Béhuard) 
et  aux  Lambardières.  »  (Im>.  Arch.,  II,  E.  S.,  315,1) 

Bâchère  (Lg.).  V.  Bâtière. 

Bachique  (Mj.),  adj.  quai.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  manières  bachiques,  —  ma- 
nières quelque  peu  extraordinaires,  excen- 
triques. —  Par  ext.  du  sens  franc. 

Bachot  (Ag.).  —  Baccalauréat. 

Bachotte,  s.  f.  —  Mesure.  «  Il  est  néces- 
saire de  faire  observer  que  le  boisseau  de 
charbon  est  le  1  /4  de  la  mesure  appelée 
bachotte,  laquelle  comprend  4.624  pouces 
cubes,  c.-à-d.  près  d'un  hectolitre.  [Anj.  hist. 
5<^  an.,  n"  5,  p.  506). 

Bâcler  (Mj.),  V.  a.  —  Vendre  rapidement  et 
sans  marchander  un  objet  de  pe\i  d'importance. 

Bacoiir  (Segr.).  —  Avoir  le  bacour  (et 
mieux  :  batcourt),  se  dit  lorsqu'on  est  suffoqué, 
qu'on  a  des  palpitations  après  une  course. 

(MÉN.). 

Et.  —  Battement  précipité,  donc  court,  du 
cœur.  Cf.  Bat-cœur,  de  Mj.,  Ital.  Batticuore. 

Bader  (Sp.,  Lg.).  —  Veiller,  faire  attention. 
Ex.  :  Badez-y  ben.  —  «  C'est  ben  de  ta  faute, 
tu  n'avais  qu'à  y  bader  ;  —  bade  donc  les 
poules.  »  —  Il  (Auv.).  Réprimander,  gour- 
mander,  morigéner. 

Et.,  Hist.  — ■  Vx  lat.  Badare  :  1°  ouvrir  la  bouche; 
2"  attendre  bouche  béante,  en  vain  ;  aspirera  qqch. 

—  «  Stare  a  bada  »  prendre  garde  k  (Dante,  £"71/. 
31,  139.  ScH.)  —  En  vx  fr.  bade  signifie  sentinelle. 

Badiîoler  (Lg.),  v.  n.  —  Batifoler.  ||  By. 
Syn.  de  coincer,  bruit  des  gonds  qui  crient. 

Badigoinces  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Les  mâchoires. 
li  By.  Articulation  de  la  mâchoire  inférieure  ; 
espace  entre  la  joue  et  la  mâchoire  inférieure  ; 
espace  entre  la  joue  et  la  mâchoire,  près  de 
cette  articulation  (chez  les  singes,  abajoues). 

Et.,  Hist.  —  C'est  une  corr.  de  Mâtigoine  qui, 
lui,  s'emploie  aux  deux  nombres.  —  «  Que  signifie 
ce  remuement  de  badigoinces.  (Rab.,  P.,  m,  17, 
251.)  —  «  La  mousse  lui  en  est  creue  au  gosier  par 
faute  de  remuer  et  exercer  les  badigoinces  (id.).   -> 

—  Rac.  celtiq.  bad.  être  ouvert,  lèvre  (Malv.) 

Badigoiiler  (Lg.),  s.  m.  —  La  mâchoire 
inférieure.  Syn.  de  Mâtigoine,  Badigoinces. 
Mot  vieilli. 

Et.  —  Voisin,  ou  doublet  de  ces  derniers  mots  ; 
dér.  de  Goule  et  de  Bader  ;  fr.  Béer,  Bayer.  Lat. 
pop.  batare. 

Badras  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  Battoir  de  blan- 
chisseuse. Syn.  de  Battoux.  —  Bat-draps 
(P.  EtTDEL).  —  Au  Fu.  Badras  ou  Bardras. 

Et.  —  Du  celt.  bataraz,  bâton  beaucoup  plus 
gros  par  un  bout  que  par  l'autre.  (Fav.  v°  Battou.) 

Badrasser  (Mj.),  v.  a.  —  Taper  à  coups  de 
badras,  du  linge. 

Badrée,  s.  f.  —   Marmelade  de  fruits. 
Et.  —  Celtiq.  Bad.  baigner,  plonger  ;  toute  subs- 
tance détrempée,  délayée.  Syn.  de  Migourit. 

5 


66 


BADRELLE  —  BAHUAUDER 


Badrelle  (Tlm.),  s.  f.  —  Espèce  de  cham- 
pignon qui,  d'après  les  uns,  serait  la  même 
que  le  potiron,  mais,  d'après  les  autres,  serait 
plus  petite,  quoique  très  ressemblante.  Pour 
ces  derniers,  la  badrelle  est  la  fumelle  {sic)  du 
potiron.  On  l'appelle  aussi  :  Potrelle.  ]|  Fu.  — 
Se  dit  du  champignon  potiron,  lorsqu'il  est 
ouvert  en  parapluie.  !|  Sal.  —  Femme  longue 
et  maigre.  «  Une  gTande  badrelle.  » 

liadriou,  s.  m.  —  Celui  qui  se  salit.  V. 
Baudrir.  Cf.  Badrée.  —  ||  Pour  :  Badrouille, 
terme  de  marine  :  pelote  de  vx  cordages  gou- 
dronnés destinée  à  être  brûlée  (Mén.). 

Badrouiller.  —  Vadrouiller.  Courir  da 
cabarets  en  cabarets.  —  Cf.  Badrée,  Badriou, 
Baudrir. 

Baffer.  —  «  Environ  l'an  1.550,  y  avoit  (à) 
Angiers  un  marchand  nommé  Jehan  Baffer, 
mari  de  Renée  Bruneau,  qui  ne  traffiquoit 
que  de  pruneaux  soit  en  Angleterre,  Flandre, 
Hespagne  et  Italie.  Il  amassa  tant  de  bien  en 
ce  trafic  qu'on  disoit  lors  pour  asseurer  qu'un 
homme  estoit  très  riche  :  Il  est  riche  comme 
Baffer,  mais  il  n'a  pas  tant  de  pruneaux. 
(Brun,  de  Tartif,  Philand.  p.  330.) 

Bafouer  (Mj.),  v.  a.  —  Rattacher  à  la  cour- 
jette  au  moyen  d'une  corde  qui  entourait  la 
porto  ire.  V.  Cour  jette,  Porto  ire,  Somme,  etc. 

X.  Ce  mot  a  vieilli,  comme  tout  ce  qui  se 
rapporte  à  ce  mode  de  transport. 

Hist.  —  «  Ramassoit,  cabossoit,  baffouoit,  cul- 
butait, enclouoit.  (Rab.,  P.  n,  Prol.,  p.  209) 

Bagne  !  (Mj.),  interj.  —  Pan  !  On  dit  aussi  : 
Pagne  !  et  Bigne  !  —  ||  s.  f.  —  Torgnole,  coup 
bien  appliqué.  Cf.  Beigne.  —  Angl.  Bang, 
coup  de  massue. 

Et.  —  Onomatopée. 

Bagnole  (Mj.),  s.  f.  — Vieille  voiture,  mau- 
vaise charrette.  ||  Méchante  baraque,  cahute. 

—  Z.  145.  Il  Sal.  Id.  et  Maison  où   tout  est 
sens  dessus  dessous. 

Et.  Hist.  —  Péjoratif  de  banne,  banneau,  qui, 
comme  banaste,  bauastre,  désignent  en  vx  fr.  les 
paniers  qu'on  met  de  chaque  côté  du  dos  de  l'âne  : 
K  Benna  lingua  gallica  genus  vehiculi  appellatur.  ■. 
(Festus.  cité  par  Henri  Estienxe  et  Est.  Pas- 
QUTER,  Recherches,  vi,  22).  —  Caton  l'emploie.  — 
Il  désigne  un  chariot  à  quatre  roues,  fait  en  osier, 
dont  la  figure  est  représentée  sur  la  colonne  de 
Marc-Aurèle.  (Antony  RrcHE.  Dirt.  des  antiq.  rom. 

—  EV.).  —  P.-ê.  du  celtiq.  ben,  creux,  ben,  benna, 
voiture  des  Gaulois. 

Bagnolée  (Sal.).  —  Pleine  voiture. 

Bagoillard  (Lg.),  adj.  quai.  —  Grand 
bavard.  Doubl.  de  Baroillard. 

Bagoiller  (Lg.),  v.  n.  —  Bavarder,  jacasser, 
jaboter.  —  Prononc.  :  ])a-go-iller.  —  Syn.  de 
Bagoiller. 

Et.  —  Paraît  tenir  au  fr.  Bagout.  I.e  v.  Baroiller, 
de  Sp.,  pourrait  bien  être  une  corr.  de  celui-ci. 

Bagoul- Bagout.  —  Bavardage,  commérage. 
Un  laid  chien  de  bagout  est  une  mauvaise 
façon  de  parler.  —  Z.  141. 


Et.,  Hist.  —  Ba,  particule  dépréciative  et  gueule, 
goule.  (Lit.)  —  «  Du  roman  baer,  ouvrir  la  bouche 
et  goule  (ce  qui  me  feraita  dmettre  la  graphie 
bagoul,  avec  l'I  final  muet).  —  Ce  mot  a  été 
détrôné  par  Blague.  —  Cf.  Débagouler,  rendre  ce 
qu'on  a  sur  l'estomac,  ou,  au  fig.  sur  le  cœur. 
(Daem.)  —  Le  Cte  Jaub.  l'explique  par  Bat-goule. 
V.  Ba^nuler. 

Bagoulage  (Sp.),  s.  m.  —  Bavardage. 

Bagoulèr  (Sp.),  v.  n.  —  Bavarder.  |]  Médire, 
gloser.  Syn.  de  Baroiller,  Bagoiller,  Bour- 
doiller.  Y.  Bagoul. 

Bague  (Mj.  Tlm.),  s.  f.  —  Bourrelet  en 
forme  de  bague  que  le  chapeau  de  certains 
champignons,  lorsqu'il  se  développe,  laisse 
adhérent  au  pédoncule. 

Bagué  (Mj.),  adj.  quai.  —  On  disait  autre- 
fois :  Manches  baguées,  sorte  de  manches  à 
petits  plis  ;  manches  de  tailles,  que  portaient 
autrefois  les  femmes  et  qui  formaient  comme 
une  série  de  bourrelets.  H  Qui  a  une  bague,  en 
parlant  des  champignons. 

Et.  —  Bague.  Baguer,  terme  de  tailleur. 
Coudre  à  grands  points  les  doublures  d'un  habit, 
d'une  robe.  C'est  l'anc.  v.  baguer,  attacher.  Cf. 
Bagage.  (Lit.) 

Bague-bergère  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  jeu 
jadis  en  honneur  aux  environs  de  Cholet, 
d'après  Déniait.  C'était  à  peu  près  le  jeu  du 
furet.  V.  au  Folk-lore. 

Hist.  —  '(  D'autres  fois  les  jeux  de  Collin-Mail- 
lard,  de  la  ba^ue-bergère,  de  la  Grand'mère-un-pain. 
et  autres  semiblabies,  remplaçaient  les  tours  de  force 
et  d'adresse.  (Dexiau.  Histoire  de  la  Vendée,  I,  57.) 

Baguenauderie,  s.  f.  —  Plaisanterie.  Ex.  : 
Je  n'entends  point  la  baguenauderie.  —  '<  Ap- 
prenez, Onette(Annette)  que  la  baguenauderie 
ne  porte  point  chance,  et  que  j'aurommes  du 
train  quand  j's'rommes  ensemble.  (Angers.) 

Baguenet-nau  (Z.  145),  s.  m.  —  Dessous  du 
menton.  ':  By.  «  Haut  le  haguenau  (lève  la 
tête)  que  je  t'abèche  (que  je  puisse  te  mettre 
cela  dans  la  bouche).  —  Baguenauder  signi- 
fierait donc  :  Bayer  le  bec.  N.  —  Ne  serait-ce 
point  plutôt  la  gorge,  la  Gaguenette? 

Baguer  (Lg.),  v.  a.  —  Entourer  d'une  corde, 
lier  avec  une  corde.  Syn.  de  Brêteler,  Bréler, 
Harner.  \\  Ec.  —  Brêteler,  aller  lentement,  sans 
but.  «  Quée  feignant  que  ce  grand  gars  là,  il 
est  toujours  à  feag»^r(bayer),  à  brêteler  (sans 
doute  parce  qu'il  fait  comme  ceux  qui  vont  à 
la  brêtle).  \\  Tlm.  —  V.  réfl.  —  S'accrocher 
avec  le  fil  voisin,  en  parlant  d'un  fil  de  chaîne. 
(Langue  des  tisserands). 

Hist.  —  Autrefois,  lorsque  les  fariniers  trans- 
portaient à  dos  de  cheval  les  pochées  de  farine,  ils 
avaient  soin  de  baguer  les  sacs,  c.-à-d.  de  les  atta- 
cher ensemble  au  moyen  d'une  corde,  afin  de  les 
empêcher  de  glisser  le  long  de  la  bâchère,  dans  les 
passages  difficiles.  Lg. 

Bahuauder  (Lg.  Slm.).  —  Aboyer,  donner 
de  la  voix,  en  parlant  des  chiens  qui  entourent 
la  bête  presque  forcée. 

Et.   —   Semble  venir  de   Bahiic.    P.-ê.   pour   : 


BAHUE  —  BAILLETTE 


67 


boyauder,  dér.  de  boyer.  V.  Aboyer.  —  «  Bahuler, 
fréquent,  de  hûler,  ûler.  »  D'  A.  B. 

Bahue  (Sp.  ),  s.  f.  —  Confusion,  honte. 

Et.  —  Ce  mot  pourrait  être  une  sorte  de  doublet 
fém.  de  Bahut  et  dériverait  de  Boyer,  fr.  Bayer. 
Un  hahut  est  un  coffre  béant,  quand  on  lève  le 
couvercle  ;  la  bahue  est  la  situation  d'une  personne 
qui  reste  béante  de  confusion.  C,f.  Bakuauder.  — 
Cf.  Baie,  tromperie,  mystification.  Rac.  Bayer, 
parce  que  celui  qui  donne  une  baie  fait  bayer  celui 
qui  la  reçoit.  (Litt.  ) 

Bahut  (Ang.),  s.  m.  —  Le  Lycée,  l'Institu- 
tion, dans  la  langue  des  potaches.  Cf.  Boite. 

Et.  Hist.  —  Grand  coffre  garni  de  cuir  ;  huche  ; 
meuble  en  général.  P.  ext.  :  séjour  désagréable.  — 
«  Je  te  croyais  au  bahut  Rabourdon.  Jamais  j'au- 
rais pensé  que  t'étais  devenu  potache  (collégien, 
allusion  au  chapeau  de  soie,  dit  :  pot-à-chien, 
porté  dans  les  collèges  avant  le  képi).  Et  Furet, 
as-tu  de  ses  nouvelles?  en  v'ià  un  bahuteur.  Il  a 
fait  la  moitié  des  bahuts  au  Marais  et  une  douzaine 
au  moins  dans  la  banlieue.  {Les  Institutions  de 
Paris,  58,  cité  par  Delvau.) 

Bahutier  (Ag.),  s.  m.  —  Lycéen.  V.  Bahut. 

Bahutrer,  v.  n.  —  Flâner,  perdre  son  temps. 

Baigne  (Mj.),  s.  m.  —  Endroit  débarrassé 
de  glaces,  où  les  oiseaux  aquatiques  se 
tiennent  habituellement  pour  y  boire  et  s'y 
baigner.  —  Subst.  verb.  du  v.  baigner. 

Baigner  (Mj.),  v.  a.  et  n.  \\  Envoyer  baigner, 
—  envoyer  promener.  Syn.  de  :  Envoyer 
chier  au  Mail,  dinguer,  paître.  Cette  locut. 
s'emploie  absolument  ;  mais  on  dit  dans  le 
même  sens  :  Envoyer  baigner  dans  eine  corde 
de  bûches,  —  ou  dans  ein  nid  de  pie. 

Baigneries  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Baignades.  Cf. 
Boirie,  Tousserie,  Arracherie,  etc.,  pour  la  for- 
mation. 

Baignoire  (Lg.),  s.  f.  —  Lieu  propre  à  la 
baignade  dans  le  lit  d'une  rivière. 

Bail  (Mj.),  s.  m.  —  Laps  de  temps.  Ex.  : 
Vous^  avez  été  six  ans  domestique  chez  ieux  ; 
ça  fait  ein  bon  bail. 

Bâillages  (Mj.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
pluriel.  Fatras,  amas  confus  d'objets  dispa- 
rates. 

Et.  —  Du  fr.  Bailler.  Il  est  probable  (ju'il  a 
signifié  d'abord  des  objets  baillés  ou  laissés  en 
héritage  —  B.  lat.  bajulare,  porter  un  fardeau, 
puis  :  tenir,  donner,  garder,  gouverner,  traiter. 
(Litt.) 

Baillard  (Lg.),  s.  m.  —  Brouette  plate.  Syn. 
de  Cévière.  L'a  est  bref. 

Baillarge.  V.  Baillorge. 

Bâillaud  (Mj.,  Tlm.,  Lg.,  Sp.,  Ec),  s.  m.  — 
Chandelier  à  résine,  formé  de  deux  branches 
de  fer  écartées,  dont  l'élasticité  maintient 
Voribus,  la  rousine.  \\  Badaud,  —  celui  qui 
regarde  bouche-bée,  ahuri.  Syn.  de  Bâille- 
bec,  Boie-Bec,  Boie-goule,  Gobe-Chuchon,  Gobe 
étron.  —  Il  Fu.  —  Règle  que  dans  l'ancienne 
discipline  on  faisait  tenir  dans  la  bouche  des 
bavards,  comme  un  mors. 


Et.  —  Du  franc,  bâiller  ;  les  deux  branches 
bâillent.  Forme  allongée  de  Bayer. 

Baille,  s.  f.  —  Cuve  ou  baquet  en  bois  cerclé 
pour  contenir  des  liquides  ;  c'est  une  sorte  de 
demi-tonneau. 

Et.,  Hist.  —  D'origine  germaniq.  ou  scand.  En 
danois,  balge.  etc.  —  Racine. celtiq.  bac,  baigner, 
plonger,  —  bac,  bacot  ou  bachot,  baquet,  bac  ou 
bâche  :  —  baille,  pour  baguille,  baquille,  corresp. 
à  baquet.  (Malv.)  — •  «  Sa  niaipce  y  avoit  fait  son 
ordure  et  laissé  aller  tout  sous  elle,  en  plein  pail. 
(Ph.  DE  l'Estoile,  Mém..  v,  209.)  [J  Angl.  Pail,seau. 

Baillé  (Lms.,  Z.  196.),  s.  m.  —  Balle  du  blé. 
V.  B  allier. 

Bâille-bec  (Lg.),  s.  m.  —  Nigaud,  badaud. 
Syn.  de  Boie-bec,  Boie-goule,  Bâillaud.  La 
femme  de  Grandgousier  s'appelait  Bade-bec. 

Baillée  (Mj.),  s.  f.  —  Bâillement.  On  cite 
souvent  ce  mot  d'un  jeune  nigaud,  Calino  de 
village,  passé  en  proverbe  :  «  Queune  grande 
baillée  de  chien,  mon  père,  que  ma  mère  fait  ! 
Il  Portion  d'un  cours  d'eau  que  peut  enclore 
une  seine  de  pêcheur  ;  partie  de  grève  sur 
laquelle  on  pêche  à  la  seine.  ||  By.  —  Coup  de 
pêche  fait  avec  la  senne.  ||  La  Baillée  des 
Filles,  aux  Ponts-de-Cé.  Coup  de  filet  donné 
en  l'honneur  des  filles  à  la  pêche  à  l'alose. 
Ex.  :  Y  a  eine  belle  baillée  à  la  quoue  de  l'Ile 
aux  Prennes.  —  V.  Filles,  au  Folk-Lore  ;  Cou- 
tumes. Il  En  1666  on  donnait  ce  nom  à  une 
mesure.  Ex.  :  Une  baillée  de  onze  toises  et 
demie  de  long,  et  dix  pieds  de  large.  ||  Les 
pêcheurs,  en  jetant  leurs  filets,  disent  qu'ils 
jettent  une  baillée,  ç.-à-d.  dans  la  Champagne 
qu'ils  ont  à  bail,  ou  bien  forment-ils  une 
baille,  une  barrière.  (MÉisr.) 

Et.,  Hist.  — ■  D.  v.  Bâiller.  —  «  La  quarantaine 
venue  (Pâques...)  on  se  va  promener,  les  uns 
pour...,  les  aultres  pour  voir  pescher  l'alloze, 
lancer  un  quarelet,  un  espervier,  tirer  un  coup  de 
ceinne,  ou  voir  faire  quelque  heureuse  baillée. 
(Brtjn.  de  Taktif.  Philand.,  —  Distractions  des 
Angevins,  f'-*  343.) 

Bâiller  (Mj.),  v.  a.  —  Bailler,  donner  à  bail  ; 
donner,  remettre,  confier.  N.  A  Montjean  on 
prononce  l'a  très  long,  exactement  comme 
dans  Bâiller,  ouvrir  la  bouche.  Cf.  Calice, 
Avare,  etc.  Il  n'en  est  pas  de  même  à  Tlm. 
où  l'a,  dans  ce  verbe,  se  prononce  très  bref. 

—  «  Henri  V  viendra, 
La  grâce  nous  bâillera. 
Et.  —  De  bailler,  donner.  Et.  supposée,  Bajulus, 
porteur  qui,  dans  la  B.  L.  avait  pris  le  sens  de 
«  custos  »  ou  il  pœdagogue  ».  élargi  {.dus  tard  en 
celui  de  «  procurator,  œconomus,  gubernator.  ». 
BL.  Bajulare,  offlcium  gerere  ||  By.  — .L'emploi 
de  ce  verbe,  français,  est  devenu  plutôt  dialectal. 
Baillez-mé  donc  le  piché.    » 

Baillette,  s.  f.  —  Vieux  mot  angevin. 

Hist.  —  «  Le  mot  baillette  équivaut  à  un  bail  à 
fief  nouveau,  qu'un  seigneur  consent  en  faveur  de 
quelque  particulier.  Il  signifie  profirement  le  con- 
trat qui  ]iorte  la  concession  d'un  terrain.  (D.  C.) 
—  «  A  l'égard  des  bancs  qui  sont  dans  l'église 
(Faveraye),  des  chaises,  billots  de  pierre  et  de  bois 
pour  lesquels   on   ne  paye  rien,   nous  ordonnons 


68 


BAILLEUX  —  BAISSETTE 


qu'ils  seront  mis  à  l'enchère,  publiés  trois  di- 
manches consécutifs  et  délivrés  aux  plus  offrants 
et  derniers  enchérisseurs,  et  qu'il  leur  en  sera 
donné  des  bailleurs  qui  seront  insérées  sur  un 
registre  par  le  curé...  »  (Anjou  hùl.,  7*  an.,  n"  1. 
juillet  août  1906,  p.  63.) 

Bâilieux  (Lg.),  s.  m.  —  Celui  qui  bâille. 
Ex.  :  Ein  bon  bâilieux  en  fait  bâiller  sept.  — 
Proverbe. 

Bâillon,  s.  m.  —  «  Le  poisson  vient  «  à 
bâillon  »  à  l'époque  où  le  chanvre  a  empoi- 
sonné l'eau  à  l'aide  encore  de  la  chaleur.  Le 
poisson  s'approche  des  bords  de  la  rivière 
pour  respirer,  pour  bâiller  à  son  aise.  C'est 
alors  que  les  enfants,  à  l'aide  d'un  petit  bâton 
à  l'extrémité  duquel  se  trouve  une  pointe, 
piquent  très  lestement  le  poisson,  au  milieu 
de  la  vase  et  sur  les  bords  de  la  rivière.  (Mén.) 
\.  Bâillonner. 

Et.  —  Du  lat.  bataculare,  batare,  être  béant. 
«  Une  (huître)  s'était  ouverte  et  bâillant  au 
soleil.  (La  Foxt.) 

Bûillonné  (Sp.),  part.  pas.  —  Qui  a  la 
gueule  lissée,  en  parlant  d'un  loup.  V.  Lissé, 
Enclavelé.  Qui  a  la  gueule  ouverte,  souvent 
par  déclenchement  des  mâchoires. 

Et.,  Hist.  —  «  Bader.  On  dit  que  le  loup  est 
neuf  jours  badé  et  neuf  jours  barré,  c.-à-d.  que  pen- 
dant neuf  jours  il  a  la  mâchoire  libre  et  mange  tout 
ce  qu'il  trouve  et  que,  pendant  les  neuf  jours  sui- 
vants il  ne  peut  desserrer  les  dents,  il  est  barré  et 
se  trouve  condamné  à  un  long  jeûne.  De  là  notre 
loc.  prov.  :  «  Faire  un  repas  de  loup  »,  ç-à  d. 
manger  pour  9  jours  (Ct?  Jaub.) 

Bâillonner,  (Mj)  v.  n.  —  Bâiller  à  la  surface 
ou  au  bord  de  l'eau,  comme  fait  le  poisson 
malade.  |1  Etre  expirant.  V.  Bâillon. 

Et.  Bâiller.  —  «  Baillotter  :  haleter,  se  dit  prin- 
cipalement des  oiseaux  de  basse-cour  lorsqu'ils 
souffrent  de  la  chaleur  et  restent  le  bec  ouvert. 
(C"=  Jaub.) 

Bâillorge  (Lg.),  s.  f.  —  Variété  d'orge  qui 
se  sème  au  printemps.  Elle  a  pour  caractères 
d'avoir  un  épi  plus  blanc,  plus  petit  et 
plus  plat,  des  bordes  moins  fortes  et  des  grains 
moins  gros  que  l'orge  d'hiver. 

Bain,  s.  m.  —  Bain  de  pied,  ■ — ^  l'excès  de 
café  qui  se  répand  dans  la  soucoupe.  ||  Lg.  — 
Prendre  in  bain  de  lézard,  se  chauffer  au 
soleil. 

Baisant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Qui  baise,  dupe, 
attrape,  déconfit.  Ex.  :  C'est  baisant,  tout  de 
même,  une  sale  affaire  comme  ça.  -IJ  P'acile, 
aisé  à  faire  ou  à  battre.  Dans  ce  sens  il  ne 
s'emploie  qu'avec  la  négation  et  donne  nais- 
sance à  la  curieuse  expression  :  «  Point  bai- 
sant »,  pas  facile  à  remuer,  à  faire,  à  battre. 
Cette  locution,  au  premier  abord,  paraît 
presque  inexplicable,  logiquement.  On  dit  : 
«  C'est  point  baisant  à  remuer,  un  morceau 
comme  ça  !  —  C'est  ein  gars  point  baisant,  il 
est  fort  comme  eine  charte  !  —  Au  jeu  de 
boules,  quand  celle  du  premier  couvreur 
touche  le  maître  :  «  V'ià  ein  coup  qu'est  point 
baisant  à  approcher  ;  va  falloir  tirer. 


Et.  —  Lat.  basiare.  —  Hist.  «  Tout  cela  exploité 
si  courageusement  que  sans  la  venue  des  Anglais 
ils  allaient  baiser  (atteindre)  l'artillerie.  »  (I>..\u- 
EiGNÉ,  Hist.,  m,  391. LiTT.). 

Baiser  (bée-zer)  (Mj.  et  partout),  v.  a.  — 
Posséder,  jouir  de.  Cf.  Biger.  j|  Fig.  Tromper, 
attraper,  pincer,  duper,  dindonner,  flouer, 
mettre  dedans.  Ex.  :  «  11  est  baisé  comme  ein 
rat.  (Sp.) 

N.  —  Ce  mot  ne  s'emploie  jamais  dans  le  sens 
simple  d'embrasser  sur  les  joues.  Il  est  essen- 
tiellement grossier  et  grivois,  sauf  dans  son 
acception  figurée.  ||  Faire  une  farce  :  J'te  vas 
baiser  .'  ||  Fu.  Béezer.  Langage  d'enfant,  battre... 
J'vas  te  béezer,  tu  vas  ouère  !  —  Dérivé  du  sens 
duper,  attrapper,  vaincre.  —  Au  jeu  de  boules  : 
«  J'nous  sommes  fait  béezer.  »  ||  Effleurer.  Deux 
pains  qui  se  sont  baisés  dans  le   four. 

Et.  —  I^at.  Basiare.  —  P.-ê.  dans  le  sens  figuré 
ce  mot  vient-il  du  vieux  fr.  boiser,  frauder,  frus- 
trer, ou  de  provenç.  bauzia,  trahison.  —  Eausia, 
bausiare,  B.  L.  dans  D.  C.  (Guill.)  —  S.  m.  Partie 
non  cuite  d'un  pain  qui,  dans  le  four,  touchait  à 
un  autre  pain.  (Or.)  —  -<  Quai.d  y  furans  arrivés 
dons  tchio  pays,  v'ià  qu'lé  Bleus  arrivirant  faut 
dire  quasiment  tôt  de  suite  p'r  nous  béser,  et  la 
fusillade  quemença.  —  »  (H.  Boitegeois,  //'«  de 
la  Grande  Guerre,  p.  219.) 

BaisouiUer  (Mj.).  —  Fréquent,  et  péjor.  de 
Baiser  1|  By-Bisouiller. 

Baisser  (Mj.,  etc.),  v.  a.  —  En  parlant  d'un 
bateau,  le  conduire  d'amont  en  aval.  «  J'a- 
vons  baissé  noutre  fûtreau  jusqu'à  Cul-de- 
Bœuf.  »  —  Il  A  Angers,  lors  de  la  foire  de  la 
Saint-Michel  :  Baisser  les  rangs,  c.-à-d.  Des- 
cendre du  'Champ-de-Mars,  où  sont  les 
baraques  des  forains,  à  la  place  des  Halles,  où 
sont  les  rangées  de  boutiques.  Ex.  :  Si  nous  (et 
même  :  si  que  nous)  baissions  les  rangs,  main- 
tenant. Il  Je  vas  baisser  ma  barge  de  chambe 
jusqu'au  rouissier  des  Pâtures.  !|  Mj.,  v.  a. 
Baisser  une  vache,  —  lui  attacher  de  très 
court  une  corne  avec  une  patte  de  devant,  au 
moyen  d'une  corde  fixée  au-dessous  du  genou. 
C'est  un  moyen  quelque  peu  barbare  de  mater 
une  bête  méchante  ou  difficile  à  conduire,  ji 
V.  n.  —  Descendre  le  courant.  Tu  prendras  le 
bateau  à  vapeur  qui  baisse  à  neuf  heures.  — 
C'était  eine  pihiée  quervée  qui  baissait.  Syn. 
de  Aller  en  valant.  \\  Fu.  —  Béecer.  «  Des 
hauts  qui  baissent  »  —  des  régions  vallonnées 
où,  successivement,  le  terrain  se  hausse  et 
s'abaisse.  Pays  dur  au  piéton.  ||  Locut.  — 
Baisser  la  corne,  en  parlant  des  personnes  : 
Baisser  la  tête  d'un  air  confus,  regarder  en 
dessous  d'un  air  sournois,  honteux,  timide, 
hypocrite. 

Et.  —  Lat.  Bassiare,  de  bassus,  bas.  Cf.  hausser, 
de  altiare,  de  altus,  haut.  —  «  Baisser  des  bois  de 
Nevers  à  Orléans.  —  Baisser  un  puits,  le  creuser. 
(C'«  Jaub.)  —  «  Baissant  au  cours  de  l'eau.  »  (1712). 
/ne.  .-Ir/'/i.  .S.  s.  £'.,p.  366,col.  l.bas. —  «...  Qu'on 
avait  arrêté,  chés  vous,  dix  batfeauxqui  baissaient 
de  Tours  pour  icy.  )>  (L.  B.,    74,6.) 

Baissettc  (Sp.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
locut.  :  Aller  à  la  baisselte,  —  marcher  courbé 
en  deux.  V.  Double. 


BAISSEUR  —  BALIER 


69 


Baisseiir  (Mj.),  s.  f.  —  Dépression,  pli  de 
terrain.  Syn.  de  Canche.  \\  Creux  où  l'eau  de 
pluie  séjourne  dans  une  terre  labourée.  — 
Dér.  du  fr.  Baisser.  ||  Ec.  —  Canche,  très 
petit  golfe,  très  petite  baie,  sinuosité  au  bord 
d'une  rivière.  —  La  Canche  à  Cillette.  —  «  On 
a  garé  la  galiote  dans  n'eine  canche  ». 

Baissiède,  pour  Baissièrc,  s.  f.  —  Lie  de 
vin,  dépôt  d'un  liquide  quelconque. 

Baissière  (Fu.),  adj.  q.  —  La  barrique  est 
haissière,  c.-à-d.,  elle  commence  à  être  très 
bas. 

Baisure  (bée-zure)  (Mj.),  s.  f.  —  Attrape, 
duperie,  déconvenue,  déconfiture.  Syn.  de 
Ripure,  Sauture.  Ex.  :  Ben,  c'en  est  ça  ieune 
d'eine  jolie  baisure!  » 

Bajole  (Sa.),  s.  f.  —  Grand  dadais,  nigaud, 
nicodème.  Ex.:  A-t-il  pourtant  ben  l'air  d'eine 
grande  bajole!  »  V.  Babole.  Et  ces  deux  mots 
doivent  se  rapprocher  de  Boyer  ;  fr.  Bayer, 
béer.  Syn.  et  d.  de  Bâchas.  Cf.  le  patois  nor- 
mand Béja. 

Baladeuse,  s.  f.  —  Voiture  légère  de  petit 
marchand  forain,  sur  laquelle  il  traîne  ordi- 
nairement lui-même  ses  marchandises. 

Hist.  —  Le  vendredi  7  courant,  M.  Ménard,  jar- 
dinier à  la  Roche-d'Iré,  prenait  à  Segré  livraison 
d'un  parapluie  et  le  déposait  sur  sa  baladeuse. 
(Angevin  de  Paris,  n'^  du  23  décembre  1906,  p.  3, 
col.  6).  —  V.  Balladeuse.  On  ne  prononce  qu'un  1. 

Balafre  (Lg.),  s.  f.  —  Aphte  des  lèvres.  Syn. 
de  Scorbut,  Chancre.  \\  Fu.  —  Id.  Nommée 
Echaufïaison. 

Balai.  —  Donner  du  balai  à  qqn.,  le  chasser. 

Et.  —  Du  celt.  ;  bas-bret,  balan,  genêt.  Le  sens 
primitif  est  :  Verge,  rameau,  —  genêt  (Schel.) 

Balai-de-sorcière.  —  Maladie  cryptoga- 
mique  du  pin  sylvestre. 

Balail,  s.  m.  — •  Balai  s'est  écrit  balay,  et  l'y 
a  peut-être  amené  cette  prononc.  dialectique. 

Balan  (Mj.),  s.  m. —  Tendance  à  se  balan- 
cer, défaut  d'équilibre  stable.  Ex.  :  Ça  ne 
tiendra  pas,  c'a  trop  de  balan.  ||  Equilibre. 
Tiens  ben  ton  balan.  —  Va  falloir  tâcher  de 
mettre  cet  âbre-là  ben  en  balan  sour  le  diable. 
Il  Balancement.  Ex.  :  Eine  petite  niole  comme 
ça,  c'a  ben  du  balan.  \\  Fig.  Etre  en  balan,  — 
être  indécis,  hésiter.  —  Syn.  de  Etre  en  décis. 
Ex.  :  J'étais  en  balan  d'aller  à  la  foire. 

Et.  Ballare,' danser.  Qui'pend  et  oscille  comme 
qqn  qui  danse.  (Litt.,  Darm.) 

Balance  (Mj.),  s.  f.  —  Pêchette  à  écrevisses. 
C'est  un  petit  cercle  de  fdet  tendu  sur  un  cer- 
ceau enfdde  fer,  et  soutenu  par  trois  ficelles, 
comme  le  plateau  d'une  balance. 

Et.  —  Lat.  bi-lanx,  —  deux  plateaux. 

Balancement  (Mj.),  s.  m.  ■ —  Même  sens 
qu'en  fr.  De  plus  :  Variation  dans  la  situation 
météorologique  qui  annonce  ou  amène  un 
changement  de  temps. 

N.  Il  est  admis  comme  une  vérité  indéniable  que 


chacune  des  phases  de  la  lune  produit  un  balance' 
meht  de  temps,  sinon  le  jour  où  cette  phase  a  lieu; 
au  moins  dans  les  trois  jours  qui  précèdent  ou  qui 
suivent.  Que  parfois  des  mois  entiers  se  passent 
sans  qu'aucun  balancement  se  produise,  la  chose 
est  incontestable  :  mais  ce  fait  n'infirme  pas  la  loi 
que  je  viens  d'énoncer,  car  jamais  balancement  de 
temps  n'a  eu  lieu  que  dans  les  limites  de  temps 
indiquées  ci-dessus. 

Balancer  (Mj.)  ||  Fig.,  Envoyer  rouler  à 
terre,  bousculer,  se  débarrasser  de,  mettre  à 
la  porte,  rosser,  battre.  ||  v.  réf.  Se  balancer, 
en  parlant  d'un  bateau,  se  lancer  en  plein 
courant  et  tournant  bout  pour  bout.  Cette 
manœuvre  très  curieuse,  qui  se  fait  au  départ 
d'un  bateau,  s'exécute  de  la  manière  sui- 
vante. Le  bateau  étant  am.arré  le  long  de  la 
rive,  la  proue  en  amont,  il  s'agit  de  le  lancer 
au  large,  la  proue  en  aval,  par  la  seule  force 
du  courant.  A  cet  effet,  une  ancre  est  mouillée 
en  plein  courant,  la  barre  est  tournée  vers  la 
rive  en  grand,  et  l'amarre  est  larguée.  Le 
bateau  prend  son  erre,  se  balance  comme  un 
pendule  au  bout  du  liage  de  l'ancre,  et  quand 
il  est  au  bout  de  sa  course,  quand  il  tendrait  à 
revenir,  on  lève  l'ancre. 

Balançoire,  s.  f.  —  Chose  insignifiante  ; 
rengaine  ;  boniment,  baliverne,  fadaise.  Ex.  : 
En  v'ià  eine  balançoire,  ein  conte  que  tu  nous 
fais  là.  —  Ou  bien  :  Envoyer  à  la  balançoire, 
—  promener. 

Balandrmer  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  balancer 
mollement,  jj  Se  promener  lentement,  se  bal- 
lader.  —  Syn.  de  Loitriner, 

Et.  —  Faut-il  voir  là  un  mot  hybride,  un  com- 
promis entre  les  v.  Balancer  et  Ballader?  —  Eaut-il 
le  rapprocher  du  B.  L.  palandra,  bâtiment  de 
transport  (Cf.  bélandre,  id.,  à  fond  plat,  du  holland. 
bijlœnder,  qui  côtoie  la  terre,  de  bij,  près,  et  land, 
terre?  Cette  forme  expliquerait  peut-être  le  balan- 
cement?)—  Balandrin,  fainéant,  flâneur,  traînant 
sa  fainéantise  de  côté  et  d'autre.  (Dagn.)  Cf. 
Balandran,  manteau,  dans  La  Fontaine. 

Balayer,-yures,  etc.  (By).  —  Prononcez  : 
Bali-yer,   i-yures. 

Balayoux,  s.  m.  —  Balayeur.  Après  avoir 
battu  le  grain  sur  l'airée  commence  le  ba- 
layoux. (MÉN.) 

Balet.  —  Vieux  mot  angevin.  Auvent.  V. 
Ballet. 

Hist.  —  1746.  «  Dans  le  mois  de  juin  ont  été 
posés  et  couvers  deux  ftfl^ffîjSçavoir  le  grand  devant 
la  porto  du  cimetière,  où  il  n'y  en  a\?^ait  jamais  eu.. 
Mondit  sieur  abbé  a  gracieusement  accordé  tout  le 
bois  qu'il  a  fallu.  »  {Im:  Arch.,  n,  E.  S.,  362,  2.) 

Balctte  (Fu),  s.  f.  —  Pour  :  Balayette. 

Balier  (Mj.),  v.  a.  —  Balayer.  Ex.  :  Fau- 
drait que  tu  balierais  la  place.  —  Pat.  norm. 
id. 

Et.,  Hist.  —  Mauvaise  prononciat.  et  syncope 
pour  Balayer.  —  «  On  faict  asçavoir  à  tous  les 
habitants  de  ladicte  ville,  de  quelque  qualité  et 
conditions  qu'ils  soient,  qu'ils  aient  chacun  en 
droict  soy  à  nettoyer  et  bailler  bien  et  deuement 
les  rues  èsquelles  passera  le  jour  de  demain  la  pro- 
cession  généralle  du  saint  sacrement.  »  (C^  Jaub.  ) 


70 


BALIETTE  —  BALLET 


—  «  Il  faudra  faire  nostre  ménage 

Et  balicr  nostre  maison. 
—  Bailleray-je  du  foin  à  l'oison? 

(Farce  du  Badin,   Ane.   th.  fr.  i,   182.) 
—  *. .  Puis  me  faut  aller 
Au  marché,  au  retour  filer, 
Balier,  faire  la  lexive. 

(Remy  Belteatt,  La  Reconnue.) 

—  «  D'une  robe  à  longs  plis  fca/fW  le  barreau.)' 

(BoiL.  Sai.  I.) 
—   «  Gens  latineux...   vont  grattant  dans  les 
balU'ures  et  bourbiers  du  latin.   »  (BÉB.  de  Vekv., 
Moy.  de  parc,  i,  5.) 

Baliette  (MjOî  s.  î.  —  Balayette.  Cf.  Liette, 
pour  Layette. 

Et.  —  Contr.  de  Balî-yette.  —  Pat.  norm.  id. 

Balise,  s.  f.  —  Outre  le  sen.s  ordinaire  :  (Sp.) 
Portion  de  bois  qu'un  tâcheron  est  chargé  de 
couper.  Syn.  de  Banchée.  —  N.  Les  balises 
de  Loire  sont  de  longues  gaules  de  coudrier 
piquées  dans  le  sable  sur  le  bord  des  chenaux. 
Les  balises  de  mar  (au  midi)  sont  brisées  et 
ont  la  tête  pendante  au-dessus  de  l'eau.  ||  Te. 
Lot  de  terrains  communaux  de  cinq  boisse- 
lées,  concédé  à  chaque  chef  de  famille, 
moyennant  une  légère  redevance  et  sous  cer- 
taines obligations,  notamment  celle  (TéloueUer 
les  peupliers.  !|  Ec.  —  Balises  de  Sarthe,  vul- 
gairement :  jalons.  Ce  sont  des  poteaux  carrés 
assez  élevés  pour  que  la  pointe  émerge  dans 
les  plus  grandes  eaux,  peints  blanc  et  rouge 
sur  la  rive  droite,  blanc  et  noir  sur  la  rive 
gauche,  montés  sur  maçonnerie  avec  de  forts 
étais  à  la  base.  V.  F.  Lore,  II. 

Et.  —  Très  incertaine.  Hist.  «  Quand  on  ne  voit 
plus  que  la  tête  des  balises  qui  marquent  les  bords 
de  la  Sarthe  et  de  la  Mayenne. . .  «  (A.  h.,  2«  an., 
n"  3,  5;8,  31.) 

Baliseau  (Sp.),  s.  m.  —  Baliveau. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Balise.  Baliveau  semble  une 
corrupt.  de  ce  mot.  Lttteé  propose  :  bajulus,  baju- 
livellus,  ce  qui  porte  —  sans  insister.  —  Syn.  de 
Balivreau,  Montant. 

Baliure  (Mj.),  s.  f.  —  Mauv.  pron.  de 
Balayure.  \*.  Balier  et  la  citât,  de  Biroalde.  — 
Pat.  norm,  Balieûre. 

Balivreau  (Sa.),  s.  m.  —  Syn.  de  Baliseau, 
Montant. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.  avec  un  r  épenthet.  comme 
dans  Jardrin,  Sandrine,  Gadrille,  et  dans  le  fr. 
Perdrix,  Fronde,  Trésor,  etc. 

Balîyer  (Li.,  Br.  By.  Mj.),  v.  a.  —  Balayer 
V.  Balier. 

Baliyctte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Balayette. 
Doubl.  de  Baliette. 

Ballade  (Mj.),  s.  f.  —  Période  ;  un  certain 
espace  de  temps.  Ex.  :  Je  se  resté  à  l'attendre 
eine  bonne  ballade.  —  \\  Tour  de  ballade,  pro- 
menade. —  V.  Ballader. 

Balladcr  (se)  (Mj),  v.  réf.  —  Se  promener, 
h's  bras  allongés,  ballants,  oscillants.  N.  On 
ne  fait  sentir  qu'un  1. 

Et.  —  Ballare,  danser.  —  Du  vx  v.  baler,  se 
divertir.  «  Je  suis  venu  me  balader  sur  le  trottoir, 
où  j'attends  Mille.  »  (Mokseletj 


Balladeuse  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Voiture  très 
légère  de  marchand  ambulant  de  lingerie, 
quincaillerie,  etc.,  et  qui  se  pou.sse  à  la  main. 

—  Elle  court  sans  cesse  la  campagne.  (L.  L.) 
V.    Baladeuse. 

Balle  S  s.  f.  (Mj.,  Sal.).  —  Bourre  et  balle, 

—  sans  choix.  Ex.  :  Il  a  tout  avalé  , bourre  et 
balle,  On  dit  aussi  :  Bourre  et  ballier.  1|  Faire 
la  balle  de  qqn,  lui  convenir  précisément.  Ex.: 
Ça  fait  juste  ma  balle,  n  Faire  sa  balle,  — 
faire  des  profits,  mettre  de  l'argent  de  côté. 
Syn.  de  Faire  sa  main,  son  beurre.  ||  Figure, 
frimousse,  physionomie.  Ex.  :  Il  a  eine  bonne 
halle.  Syn.  de  Binette,  Trombine,  Bobine, 
Trompette.  I|  Au  régiment  :  Peau  de  balle,  — 
équival.  de  :  Je  m'en  moque,  ou  Rien  du  tout. 

Et.,  Hist.  —  Du  vha.  balla,  palla.  c^lobe,  boule, 
paquet  de  forme  ronde  (Schel.)  —  Pour  le  sens  de 
convenir,  emprunté  au  jeu  de  balle  :  «  Avoir  la 
balle  belle.  »  —  «  Les  historiens  sont  ma  droite  baie, 
car  ils  sont  plaisans  et  aisez.  'Mont,  n,  148).  Pour 
le  sens  de  :  figure,  similitude  de  forme.  Cf.  Boule. 

Balle  "-'  (Sp.),  s.  f.  —  Arête  de  poisson.  Syn. 
de  Boise,  Borde.  S'expliquerait  par  la  ressem- 
blance avec  les  barbes  de  l'épi.  Cf.  Lat.  Arista, 
épi,  et  arête. 

Balleaux  (Lg.),  s.  m.  pi.  —  Lippes,  grosses 
lèvres,  babines.  —  V.  Ballot. 

Ballée  (Mj.),  Balline  (Sp.  Lg.),  s.  f.  — 
Matelas  rembourré  avec  des  balles  d'avoine. 
Syn.  de  Ballière. 

Et.,  Hi.'it.  —  Du  fr.  balle.  «  Le  surplus,  monté 
sur  des  haridelles  enharnachées  de  balines.  »  (En 
note  :  Sorte  de  coussins  ou  sacs  garnis  de  balle  ou 
paille  légère,  etc.).  (B.  D.  48,8.) 

Balier  (Mj.,  Lg.)  —  Flotter,  surnager.  Syn. 
de  Noter.  ||  Pencher  ;  se  dit  d'une  charrette 
chargée  plus  d'un  bout  que  de  l'autre.  (Segr. 

—  Mén.)  Il  Sal.  —  Rester  sur  un  liquide,  ne 
pas  s'enfoncer.  ||  By.  —  Etre  suspendu,  pen- 
diller. 

Et.,  Hist.  —  Balier,  danser,  osciller. 

—  «  Et  li  vilain  qui  va  balant  en  l'ève. 

(Rom.  de  Renard,  5922.) 

—  a  Ah  !  donc  bonjour,  mon  ami  Pierre, 

J'ai  vu  la  mer  et  les  va'ssiaux  : 
O  lé  daux  grands  coffres  de  bois 
Que  le  faisant  balier  sur  l'ève, 
O  fait  daux  pets  et  daux  buchails  : 
I.e  vent  o  bufîe.  et  pis  o  vat    ! 

(La  Trad.,  p.  381,  19-25.) 
Ballet  (My.).  —  Auvent,  toiture,  hangar 
couvert  de  paille.  —  «  Ancien  logis  noble  qui 
porte  encore  sur  le  cintre  de  la  porte,  protégée 
autrefois  par  un  ballet,  la  date  1668  ».  (C. 
Port.  Fontaine-de-l'homme  (la).  V.  Balet. 

Et.,  Hist.  —  B.  L.  baletum  :  «  Species  porticus 
tecti  ad  nundinas  aliasve  res  quaslibet  ab  aëris 
temperie  defendendas.  »  —  «  In  domo  in  qua  diclus 
abbas  inhabital,  in  quodam 'tuslorio  seu  baleto 
-1385).  —  «  Vindrent  deux  chapellains  dessoubz  le 
balei  ou  galerie  de  l'église  de  Saint-Martin  de 
Coussy.   »  (1454.) 

—   «  Elle  est  dehors  araonée  (entourée) 
D'un  balé  qui  vet  tout  entour 
S'il  qu'entre  li  balé  et  la  tour 
Sont  li  rosiers  espès  planté.  » 

Rom.  de  la  Rose^ 


BALLIER  —  BANCELLE 


71 


—  «  Se  dit  particulièrement  d'un  auvent,  d'un 
petit  toit  placé  au-dessus  de  certaines  boutiques, 
et  au-dessus  de  paliers  d'escaliers  ;  —  abris  en 
genêts  et  en  paille  situés  sur  les  routes  et  où  se 
réfugient  les  casseurs  de  pierres4(DoTT.)| 

Bailler  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Balles,  enve- 
loppes du  grain  des  céréales  dans  un  sens  col- 
lectif. Syn.  de  Vent  in,  Piquériers,  Barbillon. 
— •  «  Lieu  d'une  grange  où  l'on  rassemble 
toutes  les  menues  pailles  provenant  du  bat- 
tage et  du  vannage  ».  (Litt.) 

Ballière,  s.  f.  —  Couette  de  balle  d'avoine* 
(Lue.)  !|  IBy.  —  Id.  —  Employée  pour  les 
petits  enfants  qui  ne  sont  pas  encore  propres 
au  lit.  —  Ne  pas  confondre  avec  :  matelas  de 
guinche.  —  On  peut  les  remplacer  sans  frais, 
en  laver  V ensouillure  et  éviter  toute  mauvaise 
odeur.  —  Syn.  de  Ballée,  Ballin,  Balline. 

Ballln,  s.  m.  —  Même  sens.  Cette  balle  est 
qqf.  remplacée  par  la  flache,  sorte  de  grande 
graminée  des  bois,  appelée  :  Molinia  cœrulea. 
(Or.)  —  C'est  notre  Guinche. 

Balline  (Sp.,  Lg.).  —  Même  sens. 

Ballon^  (Mj.),  s.  m.  —  Crinoline.  ||  Fig. 
Enlever  le  ballon  à  qqn.,  — le  battre,  le  rosser. 
«  Inutile  de  faire  remarquer  l'analogie  qu'il  y 
a  ici  entre  la  partie  du  corps  désignée  et  une 
peau  gonflée  de  vent  qu'on  relève  du  pied  ». 
(Fr.  Michel.) 

Ballon  %  s.  m.  —  Bande  en  fer  coupant» 
placée  sur  le  chaput.  Tei'me  des  ardoisières  ; 
les  premières  fois  on  se  sert  de  la  queue  de  la 
poêle.  (Ménière.) 

Ballot,  s.  m.  — •  Les  lèvres.  «  J'avons  mau 
au  ballot.  Se  dit  surfont  des  lèvres  épaisses.  \'. 
Balleaux. 

Et.  —  Du  celt.  balok,  partie  du  visage  au-dessous 
de  la  bouche.  (Fav.)  —  Balot,  lèvre  inférieure  ;  en 
vx  fr.  baulièvre.  (Ev.) 

Ballotte  (Sp.,  Mj.).  —  Fig.  Jouer  qqn.  à  la 
ballotte,  se  jouer  de  lui,  le  berner,  le  faire  mar- 
cher. —  Il  Au  sens  fr.  :  A  s'est  amusée  à  faire 
eine  ballotte  de  cocous.  —  Celle-ci  ne  peut  se 
faire  qu'avec  une  sorte  de  primevères,  le  cou- 
cou à  ballottes. 

Hist.  —  «  Dedans  un  faulconneau  de  bronze  il 
mettoit  sur  la  pouldre  de  canon. . .  une  hallot'.e  de 
fer  bien  qualibrée.  (Rab.,  P.,  iv,  72,  463.) 

Balluchon  (Sp.,  Mj.),  s:  m.  —  Petit  ballot, 
paquet  d'elTets.  Z.  145  (Brissac).  —  Compre- 
nant tous  les  vêtements  que  les  domestiques 
possèdent  lorsqu'ils  vont  se  gager  ou  qu'ils 
quittent  leurs  maîtres  (Or).  —  Ordinaire- 
ment contenu  dans  un  mouchoir  ou  une  ser- 
viette dont  les  quatre  coins  sont  noués 
ensemble.  ||  Fu.  —  Faire  son  balluchon,  —  se 
disposer  à  quitter  le  pays. 

Hist.  —  «  Elle  eut  constamment  la  chance  de 
dépister  les  Bleus,  trompés  par  son  air  ingénu  de 
pauvre  marchande,  geignant  le  long  du  chemin 
sous  le  poids  d'un  lourd  baluchon.  (H   B.,  p.  166.) 

Balosscr  (Sar.),  v.  n.  ■ —  Bavarder  sans 
cesse. 


Balverette  (Mj.),  s.  f.  —  Baverette.  Syn.  et 
d.  de  Baverette,  Bracette,  Bracotte. 

Balzeus  (Mj.),  s.  m. — Appellation  ou  inter- 
pellation ironique.  V.  Jacquedale,  Lenti- 
nièche,  Frise-Poulet,  etc.  Nicolas  Balzeux. 

Et.  —  Voir  :  Coco  bat  l'z  œufs. 

Bamboche  (Mj.,  Sal,  etc.),  s.  f.  —  Vie  déré- 
glée. Il  Pour  :  Bambocheur,  noceur,  viveur. 
Ex.  :  C'est  eine  grande  bamboche  que  ceté 
gars-là.  Il  Interpellation  familière  que  l'on 
adresse  aux  bambins.  1|  Colifichet.  V.  à  l'his- 
torique. 

Et.,  Hist.  —  Ttal,  bambocrio,  poupée,  propre- 
ment enfant,  de  :  bambo.  Filiation  ;  Grande  ma- 
rionnette, puis  :  se  livrer  à  toutes  sortes  d'amuss- 
ments  et  de  plaisirs.  —  «  Il  (le  duc  d'Angoulême) 
remit,  comme  à  Beaupréau,  à  presque  tous  ceux 
qui  lui  furent  présentés,  de  petites  fleurs  de  lys  en 
argent. . .  Les  paysans  appelèrent  ces  fleurs  de  lys 
des  bambocher.  »  (Abbé  BouTrLLiER  de  Saint- 
André,  cité  par  Deniau,  vî,  255.) 

B<âme  s.  m.  —  Baume. 

Et.,  Hist.  —  De  balsamum,  traduisant  l'hébreu  : 
baal,  prince  et  schaman,  huile  ;  huile  des  princes. 
Basme.  I.a  Font,  disait  encore  :  Ma  foi,  c'est  bâme. 

—  «  Mais,  tout  ainsy  qu'on  rencherist  le  basme. 

G.  G.  B.,  p.  223. 

—  «  Prenant  à  gré  ma  mort  comme  doulx  basme. 

Id..  p.  139. 

Bâmette  (La)  (Mj.1  s.  f.  La  Baumette,  au 
s.-o.  d:Angers,  ancien  couvent  au  bord  de  la 
Maine,  où  Rabelais  fut  moine  pendant  qq. 
temps.  —  V.  C.  Port.  Dict. 

Et.  et  Hist.  —  Du  B.  L.  balma  (D.  G.),  grotte, 
caverne,  «  Et  fusmes  au  lieu  de  la  Basme,  en  une 
roche  moult  hault,  là  où  l'on  disoit  que  la  sainte 
Magdelaiiie  avoit  vesqu  en  hermitage  longue  espace 
de  temps.  «  (JorNVTLLE,  p.  118).  —  «  G'est  l'ancien 
roc  de  Chanzé...  Au  faîte  s'était  établi  vers  le 
xv*  siècle  un  hermitage  que  le  roi  René,  hôte  habi- 
tuel du  petit  manoir  voisin,  fit  rebâtir  sur  le  modèle 
de  la  Sainte  B?.ume  de  Provence.  »  (C.  Port.) 

—  «  .Je  sçay  des  lieux,  à  Lyon,  à  la  Basmett?,  à 
Ghaisnon  et  ailleurs,  où  les  estables  sont  au  plus 
haut  du  logis.  ->  (Rab.,  G.,  i,  12.)  —  «  Aux  Corde- 
liers  de  la  Basmecte  mes  deux  messelz  à  l'usage  de 
Rome.  »  (Iiw.  Amh.,  G.,  p.  50,  col.  2.)  —  «...  pour 
la  pitance  des  frères  de  la  Baumette  pour  lesd(its) 
deux  moys  esquels  sont  escheuz  neuf  sabmediz,  à 
raison  de  11  s.  6  d.  chacun  sabmedi.  »  (A.  h.  P^  an., 
n»  5,  mars  1901,  p.  540.) 

Banard,  adj.  quai.  —  Enfant  qui  pleure 
sans  raison.  Syn.  de  Ouignard.  V.  Baner. 

Banban  (Ec),  adj.  q.  —  Il  devient  tout 
banban  !     —  tout  abêti,  presque  idiot,  gaga. 

Banc  (Lg.),  s.  m.  —  Nimbus,  gros  nuage 
noir  qui  barre  l'horizon.  Syn.  de  Crû,  Soutre, 
Nuau,  Craie,  Bane. 

Bancelle  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Petit  banc, 
escabeau. 

Hist.  —  «  J'ay  fait  raporter  en  même  temps 
deux  des  bancelles  à  M™»  Pleteau  pour  mettre  de 
ses  écoliers  dans  l'église  (1692).  hn'.  Arch.  H.  i, 
p.  175,  col.  2.  —  «  Tant  en  rentes  foncières,  hypo- 
thécaires, que  celles  provenant  des  bancs  et  ban- 
cellrs  (1769.  —  Inc.  Arch.  G.  n,  p.  287,  col.  1.)  — 
<i  Nantis  de  leurs  diverses  acquisitions,  ces  petits 


72 


BANGHER  —  BARATTE 


marchands  les  étalaient  à  leur  tour,  sur  des  han- 
ceUes  dressées  pour  la  circonstance.  «  (Den.  i,  66.) 

Bancber  (Sp.,  Sal.,  Q.,  Sr.),  v.  a.  —  Publier 
les  bans  de  mariage  de...  Ex.  :  Ils  l'ont  banché 
à  la  messe.  Z.  134.  Syn.  de  Bannir,  Publier. 

Et.  —  Ban,  de  Bannum,  du  germ.  banvjan,  pro- 
clamer, édicter.  —  Ban  a  fait  :  bannir  et  bancher 
par  confusion  avec  Banc.  — •  «  Marie-toy  de  par  le 
diable,  marie-toy. , .  Dès  huv  au  soir  fais-on  crier 
les  bancs  et  le  challit.  »  {Rab.,  P.,  ra,  26,  274.)  — 
«  L'article  11  de  la  coutume  de  Touraine  porte  que 
le  sujet  qui  a  acheté  bled  hors  le  hancage,  c'est-à- 
dire  hors  la  bannalité  de  son  Seigneur. . .  »  (Coût, 
de  Poit.,  I,  128,  art.  34.) 

Bande  (Mj.).  —  Penture  de  porte,  s.  f.  — 
Syn.  de  Génevelle.  \\  Bande  à  Minard.  V. 
Miiiard,  Mina. 

Banderole,  s.  f.  —  Bande  de  cuir  servant  à 
porter  le  fusil  en  bandoulière,  dans  l'équipe- 
ment des  volontaires  de  Maine-et-Loire  en 
1792-96.  (V.  R.  de  VAnj.,  t.  LIV,  p.  21.5). 

N.  En  ce  sens  le  Dict.  génér.  donne  Ban- 
dereau.  Je  remarque  que  Banderole  explique 
notre  mot  pat.  Bandroulière  (en). 

Bundoir  (Lg.),  s.  m.  —  Bâton  au  moyen 
duquel  on  maintient  les  lames  serrées  contre 
les  châsses  pour  pouvoir  chasser  une  parée. 
Langue  des  tisserands.  Prononc.  Bandoué. 

Bane.  (Lg.)  Gros  nuage  noir',  nimbus. 
Syn.  de  Nuau,  Crâ,  Craie,  Soutre,  Banc. 

Banée(Mj.),s.  f.  —  Pleurnicherie.  V.  Baner. 

Baner,  v.  n.  (partout).  —  Pleurer,  pleurni- 
cher, larmoyer  Cf.  Builler,  baigner.  Crier  sans 
pleurer.  Z.  146.  —  ||  Sal.  Pleurer  avec  éclat. 
B.  comme  un  veau. 

Et.  —  A  rapprocher  de  Pigner  ;  cf.  l'ang  to. 
Pine,  et  encore  mieux  Tall.  Weinen.  ■ —  «  Baner, 
mugir,  beugler  ;  la  vache  hane  ;  pleurer  avec  de 
grands  cris  {Don.) 

Banne  (Lg.),  s.  f.  —  Fanon  du  bœuf. 

Et.  —  C'est  le  même  que  le  Ir.  Banne,  prélart, 
toile  tendue  au  devant  d'une  boutique,  que  Hatz- 
FELD  confond  à  tort  avec  Banne,  manne,  et  qui 
doit  dériver  du  germ.  Ban,  bannière.  —  (Panne, 
graisse  qui  garnit  la  peau  du  ventre  d'un  porc?) 

Banneton  (Ag.),  s.  m.  —  Récipient  de 
paille  ou  d'osier  tressé,  dans  lequel  les  boulan- 
gers mettent  la  pâte  de  chaque  pain.  Syn.  de 
Paillon.  Il  Ec.  Panneton,  paillon. 

Et.  —  Dimin.  du  fr.  Benne? 

Bannière  (Mj.),  s.  f.  —  Etre  en  bannière,  en 
chemise.  L'expression  fait  image.  Syn.  de 
Coulouette,  Nappe.  Le  mot  date  du  temps  où 
notre  bannière  était  blanche. 

Et.  —  B.  L.  bandum,  bande  d'étoffe  ;  ail.  mod. 
binden,  lier.  «  Vexillum,  quod /^aM/iw^i  appellant.  » 
P.  Diacre.  Il  y  a  eu  chute  du  d. 

Bannir»  (Pron.  ba-ni)  (Mj.,  Ec),  v.  a. — ■ 
Pubher  les  bans  de  mariage  de.  Ex.  :  Il  ne  sera 
banni  qu'eine  fois.  V.  Bancher.  Syn.  de 
Publier. 

V.l.  —  Dér.  régul.  du  fr.  Ban  ;  autre  sens  du  v. 
Bannir.  —  «  De  bonne  heure  on  rencontre  dans  le 
latin  du  moyen  âge  les  ternies  :  banhuip,  bandium 


=  ediclum,  interdictum  ;  bandire,  bannire  =  edi- 
cere,  citare,  relegare.  Orig.  germ.  bandvjan,  dési- 
gner, indiquer  ;  une  forme  secondaire,  sans  d, 
banvjan,  semble  avoir  déterminé  la  forme  romane, 
bannir,  pour  :  bandir.  »  —  «  I  n'vont  point  tarder 
à  s'marier.  pisque  le  v'ià  banni.  ->  (Dott.) 

Baptême  (Mj.),  s.  m.  —  La  tête,  le  haut  de 
la  tête,  le  sinciput.  C'est  la  partie  qui  reçoit 
l'eau,  dans  le  sacrement. 

Baptiser  du  vin  ;  le  mouiller  d'eau. 

Baptisse  (Mj.),  s.  m.  —  Baptiste.  Tran- 
quille comme  Baptisse. 

Et.  —  Est-ce  une  allusion  à  saint  Jean-Baptiste, 
tranquille,  doux  comme  un  petit  saint  Jean?  ou 
plutôt  à  cause  de  ce  personnage  du  nom  de  Bap- 
tiste qui,  dans  les  anciennes  farces,  avait  un  rôle  de 
niais  : 

Baqnet  de  science  (partout)  s.  m.  —  Baquet 
ovi  les  cordonniers  mettent  tremper  les  vieux 
cuirs,  les  vieilles  chaussures. 

Baquettée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'un 
Ijaquet.  Cf.  Soupiérée,  Mannée,  etc. 

Et.  —  Dimin.  de  Bac,  bateau  ou  auge. 

Baquis-baquias  (Lseg..),  adv.  —  Couci- 
couci,  tant  bien  que  mal.  Syn.  de  :  Comme-ci- 
comme  ça.  il  Queusi-queumi.  ||  Pêle-mêle.  Syn. 
de  Poile-et-moile,  Brassis-brassas. 

Et.  • — •  Corr.  de  ce  dernier  mot. 

Bar ,  Bal ,  Ber.  —  Syllabes  ^péjoratives ,  c.-à. 
d.  se  prenant  en  mauvaise  part  ;  radical  de 
divers   mots. 

Et.  —  Bis,  bés,  bé,  ba,  partie,  péjor.  se  modifie 
euphoniquement  en  :  ber,  bar,  bre.  Besvue,  bévue  ; 
ber-touser  (tondre  avec  des  inégalités)  ;  bes- 
compte,  bes-temps,  hes-juger,  bes-ivre,  bes-order. 

(Scheler.) 

Baranjot  (Ag.).  —  Grand  meuble,  pas 
beau,  mais  commode  ;  armoire  ;  seau  à 
ordures,  etc.  ||  Ec.  On  dit  :  barinjote. 

Baraqnine  .Engin  en  forme  de  mue  pour 
prendre  le  poisson.  Le  pêcheur,  à  l'avant  du 
bateau,  que  Ton  conduit  doucement  dans  une 
boire,  plonge  la  baraquine  en  manière  d'éper- 
vier  dans  l'endroit  où  il  soupçonne  la  présence 
du  poisson,  et  saisit  celui-ci  par  l'ouverture 
supérieure  (A  Brain-sur-Authion)  |!  Ec.  — 
Vase  en  bois,  tronconique,  plus  large  au  fond 
et  muni  au-dessus  de  l'ouverture  (la  goule)  de 
deux  oreilles  (ou  yeux)  permettant  de  le 
porter  à  deux  sur  l'épaule  à  l'aide  d'une  barre 
de  bois  (levier).  Sert  en  particulier  aux 
pêcheurs  qui  sont  obligés  de  transporter  leur 
poisson  à  la  poissonnerie  et  souvent  de  le 
verser  dans  les  tines  pour  le  mettre  en  vente. 

Et.  —  Baraque  ;  hutte,  boutique,  petite  armoire. 
Cf.  Reste,  2^  sens. 

Baratte  (Mj.,  Lg.).  s.  f.  —  Fruit  du  nénu- 
phar. Les  enfants  s'amusent  à  battre  la  pulpe 
de  ce  fruit  avec  une  baguette  qu'ils  intro- 
duisent par  l'œil,  soi-disant  pour  fairre  du 
beurre.  De  là  cette  catachrèse. 

Et.  —  Vx  fr.  barate,  confusion,  agitation  Bas- 
breton  :  baraz,  baquet.  —  Le  sens  ci-dessus  se 
trouve  chez  Dottix  et  de  Moxtesson. 


BARATTE-BOISSEAU  —  BARBOTER 


73 


Baratte- Boisseau.  —  V.  F.  Lore  xvi, 
Temps. 

Baratte  (Auv.),  s.  m.  —  Babeurre.  Syn.  de 
Lait-de-beurre,  celui  qui  reste  dans  la  baratte 
après  le  beurre  fait. 

Barattée  (Mj.),  s.  f.  — •  Le 'contenu  d'une 
baratte.  ||  Quantité  de  beurre  fabriquée  en 
une  fois  :     Oh  !  la  belle  barattée  de  lait  ! 

Baratter  (Mj.).  —  Agiter  le  foret  dans  le 
trou  de  mine.  ||  Baratter  la  bourbe  dans  ses 
sabots,  —  marcher  avec  ses  sabots  pleins  de 
boue.  A  Saint-Paul,  on  dit  :^«  Baratter  le 
beurre  dans  ses  sabots    . 

Baratterie  (Mj.),  s.  f.  —  Travail  du  barrat- 
tage.  Ex.  :  Va  falloir  que  je  me  lève  du  matin  ; 
j'ai  ma  baratterie  à  faire.  Cf.  Laverie,  Fauche- 
ries,  Batteries,  etc. 

Barattoire.  (Segré.)  — •  Pour  :  Baratte. 

Baratton  (Mj.),  s.  m.  —  Batte  à  beurre. 
Tige  de  bois  portant  à  son  extrémité  infé- 
rieure un  disqvie  perpendiculaire  à  son  axe, 
au  moyen  duquel  on  fouette  la  crème  dans  la 
baratte  pour  faire  le  beurre. 

Barbarie  (Mj.),  s.  m.  et  f.  —  Coq  ou  poule 
de  petite  espèce,  dite  de  Barbarie.  Ex.  :  J'ai 
acheté  ein  barbarie.  ||  Fu.  Turtes  de  Barbarie. 

—  Tourterelles  étrangères,  différant  des  tour- 
terelles indigènes  par  le  plumage  et  le  chant. 

—  Plumage  uni  ;  chant  de  deux  syllabes  :  cou 
crououou  !  covi  crououou  '. 

Barbe,  s.  f.  —  La  barbe  illi  branle,  — •  en 
parlant  d'une  heure  qui  est  près  de  sonner.  — 
Id.,  en' parlant  d'une  femme,  —  elle  est 
vieille.  ||  S'en  friper,  ou  s'en  licher  les  barbes, 
les  lèvres.  |j  Faire  la  barbe  à  qqn.,  —  le 
vaincre,  le  réduire,  le  mater.  ||  Fu.  —  Etren- 
ner  la  barbe  à  qqn.,  —  l'embrasser  quand.il 
est  frais  rasé  et  avant  tout  autre.  Le  grand 
père  dit  à  son  petit-fils  :  Veins-tu  étrenner 
ma  barbe?  \\  Mj.  —  En  barbe,  ■ — •  en  face  de, 
devant.  V.  Berbe.  \\  Barbe  en,  ou  à  barbe,  — ■ 
nez  à  nez. 

Hist.  —  «  Mais  si  tost  ne  peurent  gaigner  le 
hault  qu'il/,  ne  rencontrassênl  e/i  Oarlje  Picrochole.  » 
(Rab.) 

—   «  Lors  Tarbelot  si  arrive 

Atout  cinq  mille  combattans, 
Or  en  barbe  là  se  trouva.  (L.  C.) 
—   «  loellui  Estienne  dist  au  suppliant  :    «  Tu 
m'as    appelle    gaudisseur  ;    avant    qu'il    soit    une 
heure  je  te  verrai  en  barbe.  (1475  —  D.  C.) 

Barbe  de-bouc  (Mj.),  s.  f.  —  Viorne,  syn. 
de  Vienne. 

Et.  —  Cette  plante  est  ainsi  nommée  à  cause  des 
larges  houppes  soyeuses  dont  elle  se  couvre  vers 
l'époque  de  la  fructification.  —  «  Barbe  de  chieuve 
(chèvre,  vigane.  viorne.  La  vigane  est  la  clématite 
des  haies,  plante  sarmenteuse.  Modification  de 
vigne.  Dans  l'O.  la  vigane  est  la  vigne  sauvage, 
aussi  appelée  vicane.  La  clématite  s'appelle  plus 
particulièrement  vienne.  {C^  Jaub.) 

I!  Ec.  —  Cette  clématite  donne  la  viorne  dont  on 
se  sert  pour  les  ié'dnes  (fascines,  fagots  tendus  pour 
prendre  des  anguilles). 


Barbe  de  loup  (Mj.),  s.  f.  —  Nigelle  des 
dames  ;  plante  d'ornement. 

Et.  —  K  Ainsi  nommée  de  ce  que  la  corolle,  d'un 
joli  bleu  ciel  est  débordée  par  les  sépales  fuis, 
frisés  et  touffus  du  calice. 

Barbée  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  frotter  la 
barbe  sur  la  joue  d'une  autre  personne. 
Lorsque  la  personne  à  laquelle  on  donne  une 
barbée  est  une  jeune  fille,  ou  un  enfant,  elle  ne 
laisse  pas  d'en  garder  pendant  quelques  ins- 
tants un  assez  cuisant  souvenir. 

Barbelée  (My.),  s.  f.  —  Petite  gelée  blanche. 

Barber  (Mj.),  v.  a.  —  Barbifler,  raser. 

Hist.  — •  On  disait  Barber  au  xv«  siècle.  ".  Il  se 
fit  barber.  »  (Louis  XI,  Noui\,  94.)  — •  Barbifter,  au 
xvn^. 

Barbes  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Pans  latéraux 
d'une  goulinette, 

Hist.  —  Les  femmes  portaient  un  lourd  bonnet 
garni,  piqué  et  à  fond  large  :  il  était  recouvert 
d'une  coifïure  en  grosse  batiste,  parfois  en  simple 
toile,  à  très  longues  barbes  ou  bandes  unies,  qu'elles 
croisaient  au-dessus  de  leurs  têtes.  (D.  i,  55.) 

Barbichon  (Mj.),  s.  m.  —  Blé  barbu, 
épeautre. 

Barbillon  (Sa.).  —  Menues  pailles,  glumes 
de  céréales,  que  sépare  le  van  ou  le  tarare. 
Syn.  de  Pous,  Venailles,  Ventin,  Gabier,  Bal- 
lier,    Bigaux. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Barbe,  parce  que  le  Barbillon 
renferme  les  barbes  de  l'épi. 

Barbin.  —  V.  F.  Lore.  A.  et  C.  XVIII. 

Barbot  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Gros  insecte 
coléoptère,  dytique  qui  vit  dans  le  crottin, 
les  boues,  les  eaux  de  mares.  ||  Escarbot.  I! 
Syn.  de  Escargot.  ||  Goutte  ou  tache  d'encre, 
pâté  sur  l'écriture. 

Et.  —  Ce  mot  pourrait  être  le  fr.  Escarbot,  défi- 
gwé  :  mais,  plus  probablement  il  vient  de  Barboter. 
—  Hist.  —  «  Si  c'est  au  printemps,  ou  esté,  les 
lièvres  ne  se  gistent  pas  au  fort  à  cause  des  fourmis 
et  autres  barbois,  et  des  serpents  et  laisards  qui  les 
chassent  des  forts.  (Fouillou.-.., 

Barbote.  (Lg.),  s.  m.  et  f.  —  Interpellation 
caressante  des  mères  à  leurs  enfants.  V.  Potte. 

Barboter  (Mj.),  v.  n.  —  Radoter.  Que  que 
tu  barbotes-\k?  \\  Dépenser  follement.  Ex.  :  Il 
a  barboté  eine  dixaine  de  mille  francs.  i|  Voler, 
subtiliser,  chiper.  Ex.  :  Il  s'est  fait  barboter 
son  porte-monnaie  sur  le  champ  de  foire.  Syn. 
de  Sourdre. 

Et.  —  Patauger  dans  la  boue  et  marmotter,  bre- 
douiller :  l'a.ssociation  de  ces  deux  mots  se  com- 
prend, le  2"  se  rapportant  au  bruit  du  bouillonne- 
ment  de   l'eau   occasionné   par  le   barbottement. 

(SCHELER.) 

.  .  .  entre  ses  dents  barhotle 
Tout  .i  [.art  hiy. .  .  (CL  Marot.) 
—  «  Barheter,  marmotter  dans  sa  barbe,  bre- 
douill::'r  ;  balbutier,  barboter.  VA.  barbet^,  dimin. 
de  barbe.  Cf.  barbeloter.  Le  rad.  bar  a  été  confondu 
avec  bor.  Borbeter,  dimm.  de  Bourbe,  ou,  celtiq. 
borban,  murmure  :  1"  Borbeter  (bourbe),  2°  Bar- 
boter (barbe),  3"  Balbeter  (balbum,  bègue)  ont 
confondu  leurs  sens. 


BARBOUîLLER  —  BARGUIGNER 


Barbouiller  (Mj.).  —  Troubler,  déranger, 
donner  des  nausées,  rendre  malade.  ||  «  Le  peu 
que  j'ai  mangé  me  barbouille  le  cœur  >■>.  0° 
Jaub.  —  !|  Cf.  Bardouler.  \\  Brouiller.  Ex.  :  Le 
temps  est  tout  barbouillé. 

Barboyer  (Mj.),  v.  n.  —  Affleurer,  venir 
juste  baigner,  ou  affleurer  à  peine.  Ex.  :  L'eau 
est  barboyante  sus  la  première  marche  ;  aile 
est  venue  barboyer  dans  la  cour. 

Et.  —  Barbouiller?  De  bar,  préjorat.  et  bouille, 
bourbier.  —  Bouille  =  bulla,  bulle  de  l'eau  bouil- 
lante et,  de  là,  l'eau  d'un  bourbier.  —  Le  D""  A.  Bos 
l'explique  par  Barbicare,  raser,  fréquentât,  de 
*  Barbare,  barber,  dont  on  ne  trouve  pas  d'exemple, 
D'où  Barboîer. 

Barcaillons,  s.  m.  —  Vieilleries  usées,  aban- 
données. (Segr.)  Menière. 

Barcé  (Mj.),  part.  pas.  —  Fig.  Accoutumé, 
habitué,  rompu,  dressé  dès  l'enfance,  dès  le 
berceau.  Ex.  :  Pour  faire  ceté  métier-là,  faut 
y  étére  barcé. 

Barcer  (Mj.),  v.  a.  —  Bercer. 

Barche,  s.  f.  — -  Mulon.  Pour  Barge,  = 
berge. 

Et.  (incert.).  Berge.  B.  L.  Berga  (de  l'ail,  bergen, 
défendre).  Filiation  :  Défense,  fortification,  meule, 
bord  escarpé. 

Barchouse  (Sal.).  —  Beaucoup.  V.  Ber- 
chouse. 

Bardean  (Mj.),  s.  m.  —  Barrage  en  travers 
d'un  cours  d'eau.  Syn.  de  Déchaus,  dans  la 
Varanne  de  Saint-Germain. 

Et.  —  Cette  métaphore  est  due  sans  doute  à  ce 
qu'un  Déchaus  éveille  l'idée  d'une  digue,  d'une 
levée.  Bardeau  =  Batardeau.  —  B.  L.  barda,  bât. 
«  Il  pousse  son  cheval  à  grand  force  sur  un  bardeau 
ou  basiardeau  fait  à  travers  la  rivière  pour  retenir 
l'eau.  (D'AxjBiGNÉ.) 

Bardée  (Lg.),  s.   f.  —  Excès  de  boisson, 
ivresse  totale.       Il  en  avait  eine  bardée  ! 
Syn.  de  Cuite,  Cuvée,  Muffée,  Tripée,  Biture, 
Nuée,  Suée,  Culottée.  —  V.  Embardée.  —  Rap- 
procher :  Bordée. 

Barder  (Mj.),  v.  a.  —  Drosser,  affaler. 
Terme  de  navigation.  i|  Fu.  —  Ça  barde  . 
Ça  va  rondement. 

Ex.  :  Le  vent  les  a  bardés  contre  la  pile  du  pont, 
—  le  long  du  chantier  du  Sol  de  Loire.  —  Syn.  de 
Acaper.  —  Cf.  Embardée.  ||  Pousser  de  côté  le  bout 
d'un  arbre,  d'une  pierre  de  taille.  H  Lui  faire  faire 
quartier. 

Bardis  (Va.),  s.  m.  —  Baraque  de  pieus  et 
de  branches.  Syn.  de  Bardeau. 

N.  Terme  de  marine.  Séparation  de  planches, 
qu'on  fait  à  fond  de  cale,  dans  un  navire  de  com- 
merce pour  charger  les  blés  et  autres  grains.  Même 
rad.  que  Bardeau. 

Bardot,  s.  m.  —  V.  Bardeau.  (MÉx.) 

Bardouler  (Mj.,  Sal.,  Fu.,  Li.,  Br.),  v.  a.  — 
Barbouiller  le  visage.  Ex.  :  Tu  n'es  que  ça  bar- 
doulé! —  Vilain  bardoulé —  minaud. — Syn.de 
Borer.  \\  Lue.  Terme  de  mépris.  Un  méchant 
bardoulé.  Cf.  Bouchard.  Le  contraire  est 
Débardouler. 


Et.,  Hist.  —  Semble  une  corr.  de  Barbouillé.  — 
'(  La  figure  bardoulée  de  sueur...  n  A  h.  2«  an. 
n»  6.  mai  1902,  p.  578.  —  «  Bardoller,  barioler  ;  — 
— des  œufs  bardollés,  œufs  de  Pâques  ;  bâton  bar- 
doUé,  auquel,  pour  l'enjoliver,  les  enfants  ont 
enlevé  des  spirales  d'écorce.  »  (Gpill.).  —  N.,  Bar- 
douler dérive  de  l'angl.  Beard  ou  de  l'ail.  Bart, 
comme  le  franc.  Barbouiller  du  lat.  Barba.  Cf. 
Bouchard.  —  Cf.  le  russe  Boroda.  (R.  O.) 

Bardrassée  (Fu).  —  Raclée  administrée  aux 
enfants. 

Bardrasser  (Fu.),  v.  a.  —  Taper  du  linge  en 
le  lavant.  Battre  qqn.  à  plate  couture.  Ex.  : 
Ses  qu'naux  se  sont  ennaivés,  al'  leuz  a  donné 
eine  bardrassée.     —  V.  Badras. 

Barge  (Mj.),  s.  f.  —  Enorme  paquet  ou 
grand  radeau  formé  de  plusieurs  douzaines 
de  poignées  de  chanvre,  solidement  liées 
ensemble  pour  le  rouissage.  \\  Tas  de  fagots  ; 
Syn.  de  Mâssière,  Mouêche,  Mouche  (iizé, 
id.)  Au  Long,  ce  nom  ne  s'applique  qu'à  un  tas 
de  foin  ou  de  paille  ;  une  mouche  de  fagots. 

—  Syn.  Tielle. 

Il  Ec.  — ■  Les  poignées  de  chambre  (chan\Te) 
qui  se  comptent  par  nombres  (douzaines) 
sont  mises  en  tielles  pour  le  rouissage.  La 
tielle  est  chargée  de  pierres  (venues  presque 
toutes  du  Bé  d'Udon  (bec  de  l'Oudon,  à  son 
embouchure  dans  la  Maine,  prononc.  Moéne, 
pour  Mayenne).  Le  chanvre  roui,  on  tire  la 
tielle,  on  épare  le  chambre  à  plat  pour  le  faire 
sécher  et  blanchir.  Chaque  jour  il  faut  le  ^^^er 
(on  répare  encore  en  chandelier).  Quand  il  est 
prêt,  on  le  lie  en  poignées,  puis  on  Venser- 
ronne.  Un  serron  est  formé  de  plusieurs  poi- 
gnées liées  ensemble.  —  Enfin,  après  l'avoir 
dêmé  [dimé)  on  l'emporte.  Qqf.  on  l'emporte 
mouillé  (frais  tiré)  ;  dans  ce  cas  les  dêmes  (les 
treizièmes)  sont  laissées  à  part.  —  L'hiver  on 
teille  la  jumelle  et  on  braye  (y  mouillé)le  mâle 
et  le  tout-ensemble. 

Et.  —  Douteuse.  —  Hist.  «  Vers  midi,  le  feu  se 
déclara  dans  le  fumier  et  se  communiqua  à  une 
barge  de  bois  qui  fut  presque  entièrement  brûlée. 
(.4.71^.  de  Paris,  10  mars  1907,  p.  3,  col.  3.) 

Barger  (Mj.),  s.  m.  —  Berger.  V.  Bréger. 
Et.  —  Par  corrupt.  —  Vx  fr.  brégier,  bergicr. 
B.  L.  berbicarius,  du  B.  L.  berbix,  brebis. 

Bargère  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  domestique 
chargée  de  conduire  et  de  garder  le  bétail, 
quel  qu'il  soit.  ||  Jeune  personne,  beauté, 
amante,  prétendue,  celle  que  l'on  courtise.  || 
Terme  affectueux  et  caressant,  s'adressant 
aux  petites  filles.  ]|  Bergeronnette.  Ex.  :  J'ai 
appris  ein  nid  de  bargère.  —  V.  Folk-Lore, 
chanson  populaire  :  —  (V.  Barger.)  —  ||  Fu. 

—  S'emploie  comme  chamberrière  (cham- 
brière) pour  désigner  familièrement  une 
petite  fille. 

Barginer,  Burgiuicr.  —  V.  le  suivant. 

Barguigner,  v.  n.  —  Mettre  beaucoup  de 
temps,  dire  beaucoup  de  paroles  pour  une 
affaire  de  peu  d'importance.  ||  Marchander. 

—  (Ce  mot  est  fr.) 

Et.  —  Incertaine  /  p. -ê.  du  B.  L.  Barcaniare,  bar- 


BARILLIER  —  BARRIQUE 


75 


ganniare,  marchander  ;  angl.  to  bargain.  Porter  ses 
marchandises  çà  et  là,  en  barque,  puis  :  hésiter, 
tergiverser?  Ce  mot  se  trouve  dans  les  CapUulaires 
de  Charle~-le-Chauve. 

Barillier  (Z.  179,  Cz.),  s.  m.  —  Rat  de  cave, 
petite  bougie. 

Barillot  (Ec),  s.  m.  —  Bârilleau.  Chien 
basset  à  jambes  torses,  bon  chasseur  de  lapin. 

Barne  (Mj.),  s.  f.  —  Banne  ;  pièce  de  toile 
que  l'on  dispose  autour  de  l'aire  pour  recevoir 
les  grains  projetés  au  loin  par  le  battage  au 
fléau.  —  ou  la  menue  pansion  (Sal)  ||  Poire  de 
barne;  anc.  espèce  de  poire  (Bo)  —  Z.  145. 
Toile  pour  faire  un  ballot. 

Et.  —  Ce  mot  semble  être  le  radie,  du  fr.  Berner, 
dont  le  sens  primitif  est  :  faire  sauter  à  la  couverte. 
—  Berne,  vx  fr.  Bénie,  étoffe  de  laine  grossière, — 
sur  laquelle  on  bernait,  faisait  sauter  qqn  en  lair. 

LiTT.  ) 

Barneau  (Mj.,  Sal.).  —  Morceau  de  toile  ou 
de  filet  de  corde,  de  forme  carrée,  et  muni  de 
cordes  aux  quatre  coins,  dans  lequel  on 
ramasse  et  emporte  les  fourrages  coupés. 
Dimin.  de  Barne  (Mg.)  V.  Barnot. 

Barnée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
Barne.  \\  Fu.  —  Id.  Par  ext.  :  Grande  quan- 
tité. Manger  eine  barnée. 

Barner  (Mj.),  v.  a.  —  Garnir,  entourer  de 
barnes.  N.  On  barne  le  pourtour  d'une  airée 
pour  recueiUir  les  grains  que  le  battage  pro- 
jette au  loin.  ||  Fu.  • —  Manger  son  saoul.  V. 
Barnée. 

Barnojot  (Lm.),  s.  m. —  Petit  vaseà  mettre 
de  l'eau.  —  (Mén.).  Cf.   Baranjot. 

Barnot  (Lms,  Z.  196),  s.  m.  —  Filet  à 
mailles  très  larges.  —  V.  Barne,  Barneau. 

Baroiilard  (Sp.),  adj.  quai.  —  Bredouilleur. 
Syn.  de  Bagoillard,  Bedotard,  Bacassier,  Bou- 
billon. 

Et.  Dér.  de  Baroiller.  —  «  Baroïer.  v.  n.  opposer 
en  justice  des  exceptions  dilatoires,  des  barres,  BL. 
barricare,  fréquent,  de  barrarer.  barrer.  »  (D"^  A. 
Bos.) 

Baroille  (Tlm.,  Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  Mélisse, 
plante  labiée,  ofTicinale.  Syn.  de  Barouil. 

Baroiller,,  Barroyer  (Sp.),  v.  n.  et  a.  —  Bre- 
douiller, dont  il  est  la  corruption.  Syn.  de 
Boabillonner.  \\  Bavarder,  causer  beaucoup,  à 
tort  et  à  travers.  Syn.  de  Bagouler,  BagoiUer, 
Bourdoiller. 

Baroufle  (Mj.),  s.  m.  —  Potin,  tapage,  va- 
carme, tintamare.  Syn.  de  Chahut,  Bousin, 
Chutrin.  N.  Ce  mot  est  d'importation  récente. 
Il  Fu.  —  ou  Barouf. 

Barouil,,  s.  m.  (Lg.).  —  Mélisse.  Syn.  de 
Baroille. 

Barque  (Mj),  s.  f.  —  Sorte  de  grand  bateau 
de  Loire,  à  un  seul  mât  portant  deux  voiles. 
Il  n'y  en  avait  pas  à  Mj.,  mais  on  en  voyait 
souvent  passer  jusque  vers  1850.  Ce  n'est 
plus  qu'un  souvenir. 

Et.  i-^  Gaéliq.   Barc  ;   ou  germ.   Bark,   écorce 


d'arbre.  —   «  Contraction  de  date  ancienne  pour 
Barica.  Nordiq.  barkr,  bateau  fait  d'écorce. 

Barraude  (Mj.),  s.  f.  —  Gros  bloc  de  tufîeau 
mesurant  0«i60  X  0^35  x  0^25.  —  V.  Gabar- 
riers.  —  Ce  mot  indique  une  dimension  com- 
merciale de  tufTeaux. 

Et.  —  «  Pierre  à  bâtir  plus  grande  et  plus  solide 
que  le  tufîeau  ordinaire.  Ce  nom  vient  de  Barrault 
(Olivier)  qui  fit  construire  avec  cette  pierre  le  logis 
Barrault,  en  1493.  »  (MÉN.)  Est-ce  bien  sûr? 
Comment  se  fait-il  alors  que  les  Berrichons  aient 
le  V.  Barauder,  faire  mouvoir  sur  un  centre  une 
pierre,  une  poutre?  V.  Jaub.  —  On  peut  prétendre, 
il  est  vrai,  que  ce  v.  peut  venir  de  notre  mot  Bar- 
raude, transporté  là-bas  avec  la  chose  qu'il  repré- 
sente. Mais  pourquoi  Jaubert  ne  signale-t-il  pas 
le  subst.  primitif  en  regard  du  v.  dérivé?  (R.  O.) 

Barre  (Mj.),  s.  f.  —  Piquer  barre  sus...,  se 
dii'iger  vers.  ||  Repiquer  barre,  —  prendre  une 
nouvelle  direction.  Ex.  :  Quand  il  a  vu  ça,  il  a 
repiqué  barre  à  s'en  aller  par  là-haut.  ||  Fig.  — • 
Monde,  caste,  profession,  condition  sociale. 
Ex.  :  Ces  bourgeois-là,  c'est  point  de  noutre 
barre,  ou  :  dans  noutre  barre.  \\  Barre  à  cou- 
rir, —  Jeu  de  barres  (Lg.  —  et  presque  par- 
tout.) Il  (Lg.)  Verrou,  Syn.  de  Barroir,  Crouil- 
let.  V.  F.  Lore.  Jeux,  vu. 

Et.  —  Le  jeu  de  barres  est  ainsi  nommé  de  la 
barre  qui  sépare  les  deux  camps.  —  Dans  le  sens 
de  :  Caste,  je  soupçonnerais  Bord  ;  à  moins  que 
cela  ne  fasse  allusion  à  l'un  dés  deux  côtés  du  jeu. 

Barreloter  (Lg.),  v.  a.  —  Barioler.  Syn.  de 
Barrificolcr,  Birrebarreler. 

Et.  —  Dimin.  irrég.  du  fr.  Barrer. 

Barrer  (se)  (Lg.),  v.  réf.  • —  Se  prendre  de 
glaces,  en  parlant  d'un  cours  d'eau.  Syn.  de 
s'Empiler.  \\  v.  a.  (Lg.,  Sp.)  Barrer  un  garde- 
chasse,  —  tracer  au  devant  de  lui  sur  le  sol 
une  hgne  qu'il  ne  doit  pas  franchir. 

N.  —  La  chose  a  été  faite  encore  tout  récemment 
au  Longeron  par  des  braconniers  de  la  «  bande- 
noire  »  de  Cholet.  Un  garde  qui  s'obstinerait  à 
poursuivre  après  avoir  été  barré  recevrait  presque 
certainement  un  coup 'de  fusil.  A  Saint- Paul  les 
braconniers  sont  absolument  persuadés  qu'en 
canardant  un  garde  barré  ils  sont  dans  leur  droit 
strict. 

Barrettes,  s.  f.  —  Tuteurs  en  pierres  schis- 
teuses servant  à  échalasser  les  vignes.  (MÉ- 
NiiîRE.)  Il  (Lg.)  Sorte  de  bigoudis  ou  d'épingle 
à  cheveux.  ||  Ec.  —  Pièce  d'une  chaîne  de 
montre  ;  porte-décoration. 

Barrificoter  (Mj.),  v.  a.  • —  Barioler,  bille- 
barrer,  rayer  en  tous  sens.  Syn.  de  Barre- 
loter, Birebarreler. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Barre  et  du  lat.  facere,  avec 
une  terminaison  fréquentative.  —  «  Barré,  s'ap- 
plique à  tout  ce  qui  est  bigarré  ou  tacheté,  (^f.  Baré, 
Gare,  Vair,  Brigaillé,  Bigarriau.  (C"=  Jaub.) 

Barrique  (Mj.).  —  Syn.  de  Busse,  Poinçon. 
Il  Sens  spécial  :  Barrique  de  chaux,  —  deux 
hectoUtres  et  demi,  ou  cinq  cotrets.  \\  Lg.  — 
Monter  la  barrique  dans  le  prunier,  —  vider, 
boire  entièrement  une  barrique  de  vin,  aux 
noces.  —  V.  Folk-Lore,  ii.  Coutumes. 

Et.  Hist.  —  Dér.  de  Baril  ;  BL.  barillus  ;  celtiq. 


76 


BARROIR  —  BASSE-BEURRE 


baril.  —  «  Le  sommelier  doit  venir  avec  trois  bons 
chevaux  chargez  de  bons  instruments  pour  arrouser 
le  gosier,  comme  coutrets,  barraux,  barils,  flaccons 
et  bouteilles.  (Founxoux,  Vénerie.  Cité  par  L.  C. 

Barroir  (pron.  bâ-roué)  (Tlnri.,  Sp.),  s.  m.  — 
Verrou.  Syn.  de  Crouillet,  Barre. 

Et.  —  Du  fr.  Barre.  —  «  On  dit  :  Barrer  une 
porte,  y  mettre  la  barre.  (C"  Jaub.) 

Bas  (Mj.),  adj.  quai.  —  Temp.s  bas,  — 
temps  couvert,  nuageux.  ||  Le  bas,  —  l'Ouest, 
l'Occident.  Ex.  :  Le  vent  est  tourné  du  bas.  — 
N.  Cette  expression  a  sa  raison  d'être,  puisque 
la  partie  aval  de  la  Loire  est  à  l'ouest  de 
Montjean.  Toutefois  elle  est  usitée  au  Longeron 
comme  àMj.|!Fu,  id.||(Sp.).  Le  Sud.  —  N.  A 
Mj.,  ce  point  cardinal  est  appelé  Mar,  tandis 
que  le  èas  est  l'ouest.  —  ||Adv.  Acent  pieds  èa.s, 
—  à  cent  pieds  de  profondeur.  ||Mettre  ben  au 
bas,  —  abattre,  épuiser.  Ex.  :  Sa  purésie  l'a 
mis  ben  au  bas.  \\  Etér'  ben  au  bas,  —  être 
bien  bas,  très  dangereusement  malade.  1| 
Faire  ses  hauts  et  ses  bas,  —  se  fâcher  et  se 
raccommoder,  s'emporter  et  se  calmer.  ||  Qui 
arrive  plus  tôt  que  sa  date  moyenne,  en 
avance.  Ex.  :  A  Pâques,  haut  ou  bas,  y  a  tou- 
jours des  merlauds  dans  les  hâs.  V.  Haut.  —  i| 
Rez-de-chaussée.  Ex.  :  Ils  demeurent  dans 
n'ein  bas.  —  Cf.  Haut. 

Bâ.sane  (Lg.),  s.  f.  —  Bedaine.  Syn.  de 
Beille,  Béserot,  Paillase,  Berdouille.  —  Doubl. 
du  fr.  Bedaine. 

Bas-blancs  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  dont  on  a 
baptisé  les  bœufs  et  les  chiens  qui  ont  les 
pattes  blanches.  ||  Fu.  Id.,  et  Bas-rouges. 

Bas-comptes  (Lg.,  Tlm.),  s.  m.  pi.  —  Toiles 
pour  mouchoirs  de  qualité  inférieure  et  dont 
le  tissage  est  peu  rémunéré,  que  les  fabricants 
choletais  donnent  à  faire  aux  plus  mauvais 
ouvriers  de  la  région. 

Bas-cul,  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Crapoussin, 
nabot,  homme  de  petite  taille.  Syn.  de  Cropet, 
Crôle-cul,  Cramolot,  Boustrou,  Crapasson.  — 
V.  Bat-cul.  —  Naczin. 

Bascule  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  bateau  de 
pêcheur  qui  sert  de  vivier  flottant.  Boutique. 
Il  Mettre  en  bascule,  un  lit  ;  enlever  la  moitié 
des  barres  qui  soutiennent  la  paillasse  vers  la 
tête.  C'est  un  des  tours  que  les  jeunes  gens  de 
la  noce  jouent  volontiers  aux  mariés,  quand 
ils  peuvent  découvrir  la  chambre  nuptiale. 

Et.  Hist.  —  Altération,  sous  l'influence  d'une 
fausse  étymol.  (bas,  adj.,  et  cul)  de  Bacule,  subst. 
verb.  de  l'anc.  v.  Baculer,  frapper  le  derrière,  com- 
posé avec  battre  et  cul.  —  Se  trouve  dans  D'Au- 
BiGNÉ.  —  B.  L.  baculare  (D.  C).  — «  Lequel  fut 
.submergé  icy  près  en  la  rivière  de  Loyre  par  un 
vent  très  impétueux,  estant  dans  ung  bascule  char- 
gée de  lamproyes.  1658.  {Inv.  Arch.  E,  n,  p.  314, 
col.  1.) 

Tlm.  Levier  que  le  tisserand  peut  fixer  sur  la 
châsse,  et  au  moyen  duquel,  d'un  coup  de  pouce,  il 
change  de  navette,  lorsqu'il  a  à  faire  des  mouchoirs 
de  couleurs  variées. 

Basculer,  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  basculer.  Ex.  : 
N'y  a  cju'à  basculer  la  tomberolée  dans  le 
foussé. 


Bâsélic  (Mj.),  s.  m.  —  Basilic,  herbe  odori- 
férante ;  labiée.  ||  Ec.  Prononc.  Boâselio.  jj 
Fu.  —  Nom  de  bœuf. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  ;  basilic  =  petit  roi.  Hist. 
«  Aussi  ils  auront  la  senteur  de  certains  damas, 
violettes,  marjolaines,  baselics,  et  aultres  telles 
espèces  d'herbes.  »  (Bekn.  Pallssy.  Recepte  véri- 
table, p.  98.  —  Cité  par  Eveillé. 

Bas-flanc.  —  V.  Bat-flanc. 

Bas-Oalarne  (Mj.),  adj.  quai.  — Qui  vient 
du  N.  O.  Se  dit  du  vent.  Cf.  Galarne,  Soulère, 
Bise.  N.  On  ne  dit  guère  :  Haut-Galarne.  V. 
Basse  G. 

Basillc-des-prés-  (Pell.),  s.  m.  —  Marjo- 
laine. Syn.  de  Bioleau,  Riolet. 

Bas-Pé.,  s.  m.  —  Nom  que  l'on  donne  à 
Saint-Paul  à  l'ensemble  du  pays  situé  vers 
Fontenay-le-Comte  et  Luçon,  c.-à-d.  au 
Marais,  par  opposition  à  Haut-Pé. 

Et.  Hist.  —  Pé  —  Pays.  —  Provenç.,  Esp.,  pais  ; 
Port,  paiz  ;  ital.  paese.  Les  formes  en  es,  ese, 
viennent  du  lat.  pagensis  ;  les  formes  en  is  viennent 
de  :  pagesius,  tous  deux  dérivés  de  pagus,  canton  ; 
ager  pagensis,  ou  pagesius,  territoire  d'un  canton, 
d'où,  par  ext.,  région,  patrie.  (Litt.)  —  «  Pé-bas  ; 
Pé-haut,  On  appelle  en  Vendée  Pays-Bas  (pé-bas), 
ou  simplement  :  le  Bas,  VO.  et  le  S.  O.,  c.-à-d.,  pour 
Chemillé,  les  pays  de  Beaupréau  et  de  Cholet.  On 
appelle  Pays- Haut  (pé-haut)  ou  le  Haut,  l'E  et  le 
N.-E.  :  pour  Chemillé  le  pays  de  Vihiers,  Thouarcé 
et,  en  général,  tout  le  Saumurois.  (Revue  de  V  Anjou 
septembre  et  octobre  1904,  t.  49.  «  Sur  les  chemins 
de  Vendée,  p.  220.  Note.  Pierre  Gouedon.) 

Bassarée..        Traduction   des   quatre  vers 
cités  par  Bourdig^é  et  que  j'ai  recueillis  : 
n  y  a  une  ville  auprès  des  flots  bretons 
Chérie  de  Cérès  et  du  dieu  Bassarée  ; 
Elle  a  son  nom  des  Grecs  !  c'est  Angiers  honorée 
Pour  être  le  séjour  des  puissants  rois  Sarrons.  » 
(Brun,  de  Tartif,  Philand.,  p.  10.) 

Basse  (Lg.),  s.  f.  —  Epuisette,  sac  de  filet 
pour  retirer  de  l'eau  le  poisson.  Syn.  de  Ave- 
neau. 

Et.  —  L'angl.  a  le  vocable  Bass,  paillasson,  qui 
pourrait  être  le  même  mot. 

Basse- fJalarne  (Mj.),  s.   f.  —  V.  Bas-Ga- 

lame.  Ex.  :  Le  vent  est  de  la  èasse-galarne.  || 
A  Saint-Paul  le  S.  O.  —  N.  A  Mj.  cet  azimut 
est  désigné  sous  le  nom  de  èasse-mar,  et  la 
èasse-galarne  est  le  N.  O.  —  V.  Bas,  Galarne. 
Il  Ec.  —  Id.  —  De  même  Bas-Pé  (on  dit  le 
Poée-bas,  le  poée  haut)  le  premier  en  aval,  le 
second  en  amont.  V.  Pé.  jj  Fu.  —  Oui  est  ben 
noir  dans  la  èasse-galarne  ;  j 'allons  mouiller. 

Et.  —  C'est  l'azimut  situé  entre  le  Bas  et  la 
Galarne.  —  Origine  incert.  Se  rattache  p.  ê.  au 
radie,  de  l'angl.  Gale,  vent  violent  du  N.-O. 

Basse-heure  (Mj.).  —  Partie  du  jour  où  le 
soleil  est  près  de  se  coucher  ;  une  heure  avan- 
cée de  la  soirée.  La  basse  heure  va  nous 
prendre.  ||  A  la  èasse-heure,  —  sur  le  tard. 
Ex.  :  Il  s'est  envenu  à  la  basse-heure.  V. 
Haute-heure. 

Hist.  —  «  Ses  chiens  le  treuvent  aussi  bien  de 
haulte  heure,  comme  de  basse,  etc.   »  (Chasse  de 


BASEILLE  —  BATAILLE 


77 


G.  Phébus.)  Locut.  usitée  dans  tous  les  pédart. 
voisins  de  l'Anjou. 

Basseille  (Th.).  —  Le  seuil  d'une  porte,  s. 
m.  Et.  —  Le  bas  seuil.  —  Basseil,  id.  (Fav. 
Poitou. 

Basse-mar  (Mj.),  s.  f.  —  Le  Sud  Ouest. 

Et.  —  C'est  le  point  situé  entre  le  Bas  et  la  Mar. 
Hist.  —  (Fu.)  La  Chapelle-i?asse-Mar.  Village  de 
la  Loire- Inférieure. 

Basser  (Lg.),  v.  a.  —  Prendre  dans  une 
épuisette,  un  poisson.  Ex.  :  Eine  fois  qu'eine 
brème  est  tassée,  on  la  tient.  De  Basse. 

Basse-soulèrc  (Sp.),  s.  f.  —  Le  Sud-Est.  ] 
Fu.  —  Le  Sud-Ouest. 

N.  —  A  Mj.  cet  azimut  est  désigné  sous  le  nom 
de  Soulère  ou  Haute-Mar.  De  Bas  -f-  Soulère. 

Basset'  (Chx.,  Sr.,  Mj.,  Sal.,  Fu.),  s.  m.  — 
Armoire  basse  ;  bulTet  ||  Sorte  de  huche,  mais 
plus  riche,  ornée  de  poignées  et  d'incrusta- 
tions de  cuivre.  Ex.  :  Aver'  donc  le  caquerote 
qu'est  sous  Vbassette,  —  atteins  donc  le  plat 
au  chat,  qui  est  sous  la  huche. 

Et.  —  Dimin.  de  bas  ;  son  nom  lui  vient  de  son 
peu  de  hauteur.  —  Hist.  —  «  En  ce  mois,  j'ay  fait 
faire,  impensis  meis  (à  mes  frais)  le  lutrin  du  chœur, 
le  basset  de  la  sacristie  (1727.)  Inv.  Arch.  E.  n,  346, 
col.  1. 

Bassicot,  s.  m.  —  Sorte  de  caisse  qui  sert  à 
l'extraction  de  l'ardoise  du  fond  de  la  car- 
rière sur  lesol.  V.  Fol. Lore,  XIX,  Ardoisières. 

Et.  Hist.  —  Basse,  vaisseau  en  bois,  à  oreilles 
percées,  qui  sert  à  transporter  la  vendange.  D'où  : 
bassin,  bassine.  Vient  sans  doute  du  lat.  vas,  vasis, 
par  le  changement  de  v.  en  b.  (C"^  Jatjb.) 

Bassicotier,  s.  m.  —  Ouvrier  des  ardoi- 
sières qui  s'occupe  du  bassicot  ou  du  baquet 
chargé  de  schistes  pour  être  débités  par  les 
ouvriers  d'à-haut.  On  donne  le  nom  de  con- 
duiseurs  à  ceux  qui  dirigent  l'ascension  du 
bassicot.  Les  bassicotiers  ont  rem]6lacé  les 
bottiers,  autrefois  appelés  :  approcheurs  de 
basse.  (MÉ>.) 

Bassin,  (Mj.),  adj.  quai,  et  s. —  Ennuyeux 
personnage.  Syn.  de  Traîne-malaise.  Ex.  : 
r  m'a  tenu  pendant  pus  d'eine  heure  ;  queu 
bassin.  ! 

Et.  —  Du  celt.  bac.  creux,  cavité.  Grégoire  de 
Tours  employant  Bacchinum  paraît  l'indiquer 
comme  appartenant  à  la  langue  du  pays.  (Litt.)  — 
Mais  par  quelle  extension  s'est  produit  ce  nouveau 
sens?  Cf.  Bassiner. 

Bassiner  (Mj.),  v.  a.  —  Ennuyer.  Ex.  :  As- 
tu  bentout  fini  de  m'bassiner  avec  tes  his- 
toires? —  Cf.  Achaler. 

Et.  —  Est-ce  une  allusion  à  l'ustensile  que  l'on 
passe  et  repasse  sur  les  draps  de  lit?  —  «  Echauffer 
comme  une  bassinoire  :  «  Il  me  bassine,  cet  avoué.  » 
Labiche,  cité  par  Delvau.  —  «  Baciner  a  été 
employé  autrefois  pour  :  sonner  les  cloches,  de 
même  que  Bacin  pour  cloche  et  tocsin.  —  Cf.  Achaler 
=  échaulîer. 

Bassive  (Mj.),  adj.  quai.  —  Se  dit  d'une 
génisse  qui  n'a  jamais  mis  bas  et  qui  n'est  pas 
pleine.  On  dit  :  Eine  taure  bassive.  11  Se  dit  de 


même  au  Lg.,  soit  d'une  génisse,  soit  d'une 
brebis. 

Hist.  —  «  Que  les  seigneurs  dixmeurs  de  lainage, 
charnage,  ne  doivent  lever  le  dixme  de  lainage  sur 
les  vassii'eaux  et  vassà>es,  c.-à-d.  sur  les  moutons  et 
brebis  d'un  an.  »  (J.  Chenu,  Centurie,  question  7". 
Cité  par  Jaub.) 

Bassûrer  (Ec),  v.  n.  — •  Faire  un  travail 
fatigant,  s'acharner  à  tous  les  détails,  et  le 
plus  souvent  sans  résultat  satisfaisant.  —  N. 
Peut  être  à  rapprocher  de  Basse-heure;  tra- 
vailler jusqu'à  une  heure  très  avancée. 

Bastant  (Seg.,  Lue),  adj.  quai.  —  Alerte, 
qui  se  remue  facilement.  S'emploie  souvent 
négativement  :  Je  n'sé  guère  bastant,  —  Bien 
portant,  de  bonne  mine.  Etre,  ou  ne  pas  être 
bastant,  —  libre  de  ses  membres.  Z.  135. 

Et.  —  D'un  radical  qui  signifie  soutenir,  et  qui 
se  retrouve  dans  :  bât,  bâtir,  bâton.  —  Ital.  Bas- 
tare,  suffire,  et  aussi  Durer.  —  Baste  !  —  il  suffit , 
c'est  assez.  —  «  Une  somme  bastante  »,  suffisante 
(La   F.) 

Bastien  (Mj.),  s.  m.  —  Prénom  d'homme. 

Et.  —  C'est  Sébastien,  avec  apocope  de  la  pre- 
mière syllabe.  Forme  très  usitée  jadis,  aujourd'hui 
vieillie.  Cf.  Phorien,  Stasie.  Ec.  Prononc.  Bassien. 

Bastins  (Ag.),  s.  m.  —  Madriers  plus  petits 
(0™14)  que  les  planches  sur  lesquelles  on 
marche  (0'"22)  dans  les  échafaudages.  Syn.  et 
doublet  de  Batin. 

Bastringue  (Mj.),  s.  m.  —  Tapage,  vacarme. 
Il  (Mj.),  s.  f.  Charrette  ou  mécanique  déman- 
tibulée. Il  Maison  mal  tenue,  pétaudière.  Cf. 
Bousin.  Syn.  de  Boite.  \\  Saint-frusquin,  mobi- 
lier. Ex.  :  Pour  ein  moins  de  ren,  je  vendrais 
toute  la  bastringue.  Syn.  de  Bazar,  Saint- 
Crespin.  —  N.  On  le  fait  aussi  du  masc.  aux 
sens  3  et  4. 

Basvoler  ou  Bavoler  (Seg.,  Mj.).  — Voleter, 
se  dit  de  l'action  d'un  petit  volatile  qui  ne 
peut  s'élever  longtemps  ;  une  oie  bavole. 

Et.  —  Voler-bas,  voltiger,  en  parlant  de  la  per- 
drix. Il  est  possible  que  la  coiffure  appelée  bavolet 
ait  pris  ce  nom  de  voltiger. 

Hist.  —   «  Ce  petit  archerot  amour, 

Bavolant,  s'esgayoit  un  jour, 
Dedans  les  vergers  de  Cythère.  » 
Rem.  Belleau. 

Bat^(Sp.),  s.  m.  —  Battement.  Cahotement, 
bruit  rythmé,  résultant  de  la  marche,  d'une 
voiture,  d'un  cheval.  Ex.  :  Je  connais  le  bat 
desa  voitvu'e. 

Et.  Hist.  —  De  Battre.  —  «  Il  perdit  le  bat  du 
cœur  ».  —  Mesurer  un  poisson  entre  œil  et  bat 
(entre  l'œil  et  la  queue,  ce  qui  bat  l'eau.)  Darm.  — 
Bruit  que  font  les  chevaux  en  marchant.  «  Ouït  le 
bat  de  quelques  chevaux  qui  le  suivoient  :  qu'est 
là?  dit-il  ;  holà,  demeurez  un  peu  ;  escoutez  ;  j'oy 
le  bat  de  quelques  chevaux.  »  (jMerl.  Coccaie).  — 
Le  bat  de  l'eau,  le  point  où  le  Ilot  expire  sur  le 
rivage.  (Jaub.) 

Bataille  (Mj.).  —  Jeu  de  cartes.  Chaque 
joueur  recouvre  la  carte  de  son  partenaire  ; 
quand  il  abat  une  carte  plus  forte,  il  prend 
l'autre  et  remet  les  deux  dans  son  jeu,  en 
dessous.  Le  jeu  finit  quand  l'un  des  deux  a 


78 


BATAILLER  —  BATIERE 


—  N.  L'a  se  prononce 
Un  îlot  situé  dans  le 


toutes  les  cartes.  Il  y  a  bataille  quand  les  deux 
cartes  sont  égales,  deux  dix,  deux  rois,  deux 
as.  Alors  on  ne  relève  que  quand  il  en  survient 
une  plus  forte,  et  le  joueur  ramasse  le  tout. 
L'as  est  la  plus  forte  carte.  Chaque  joueur  a 
16  ou  26  cartes,  données  une  à  une,  et  on 
joue  les  cartes  retournées,  donc  au  hasard. 

Batailler  (Mj.),  v.  n.  —  Marchander  long., 
temps.  Il  Déhrer,  s'agiter  dans  le  cauchemar, 
dans  la  fièvre.  Syn.  de  Gabarrer,  Combattre.  \\ 
Se  débattre  contre  les  difficultés  de  la  vie,  tra- 
vailler ferme.  Ex.  :  A  fallu  batailler,  vantiers, 
pour  élever  eine  famille  comme  ça  !  —  C'est 
l'idée  même  du  «  struggle  for  life  »,  de  laquelle 
Darwin  n'est  pas  l'inventeur. 

Et.  —  BL.  Battalia,  pour  Batualia.  Battre  vient 
de  Battuere.  —  Puis  :  batualia  est  un  plur.  neutre 
de  batualis,  les  choses  relatives  au  combat,  neutre 
devenu,  dans  les  langues  romanes,  un  subst.  fémin., 
comme  Aumaille  (animalia).  De  là  le  sens  collectif 
qu'il  avait  autrefois  :  il  signifiait  un  corps  de 
troupes.  L'u,  ainsi  placé,  tombe  souvent.  Nom- 
breux exemples. 

Batiiillon  (Mj.),  s.  m. 
très  long,  très  lourd.  || 
bras  méridional  de  la  Loire,  ou  Boire  du  Mou- 
lin, en  face  de  Saint-Hervé  et  de  Chateau- 
panne,  s'appelle  l'île  Bataillon.  Je  crois  que 
ce  nom  n'a  rien  à  voir  avec  l'unité  stratégique 
ainsi  désignée.  J'y  soupçonnerais  plutôt  un 
trope  assez  joli.  En  effet,  le  patois  berrichon 
dénomme  Bataillon,  ou  Tabaillon  (V.  Jaub., 
Suppl.)  ce  que  le  nôtre  appelle  Tribard  ou 
Mailloche.  Peut-être  cet  îlot  accolé  et  comme 
suspendu  au  flanc  de  la  grande  île  de  Cha- 
lonnes  a-t-il  éveillé  dans  l'esprit  de  nos  an- 
cêtres l'idée  de  cette  poétique  figure  des  mots. 
Cf.  Guesse.  (R,  O.) 

Bâtard,  adj.  quai.  —  Mortier  bâtard,  celui 
où  il  entre  du  plâtre.  ||  Fu.  —  Bois-bâtard. 
Menuiserie  et  charpente  ;  planche  d'une  cer- 
taine épaisseur,  entre  la  planche  ordinaire  et 
le  madrier. 

Bâtas,  s.  m.  —  Nom  vulgaire  du  gouet 
arum.  (Mén.).  Syn.  de  Giron. 

Bat-cœur  (Mj.),  s.  m.  —  Battement  de 
cœur,  palpitation  tumultueuse  du  cœur  occa- 
sionnée par  une  course  rapide,  une  émotion 
violente.  Ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Eter' 
au  bat-cœur,  —  être  hors  d'haleine.  Ex.  :  Il  a 
couru  comme  ein  fou,  il  en  est  au  bat-cœur. 
Ital.  Batticuore.  Syn.  et  doublet  de  Bacour. 

Bat-cul,  (Mj.),  s.  m.  —  Palonnier.  Pièce  de 
bois  qui  joint  en  arrière  les  extrémités  des 
traits  d'un  cheval.  Syn.  de  Bois-de-traits. 

El.  très  claire.  —  Hist.  Rab.  fait  ainsi  parler  le 
cheval  au  baudet  :  «  Pauvre  et  chétif  baudet,  j'ay 
de  toi  pitié  et  compassion  :  Lu  travailles  journelle- 
ment beaucoup,  je  l'apperçoy  â  l'usure  de  ton 
haciil.  »  V.  28.  —  Cela  se  disait  même  en  parlant  des 
hommes  ;  partie  de  l'armure,  celle  qui  couvre  les 
fesses  :  «  Tout  plat  s'en  alla  parterre,  en  manière 
que  au  cheoir,  les  pièces  de  son  battecul  lui  renver- 
sèrent sur  le  dos,  tellement  qu'il  eut  le  derrière  tout 
descouvurt.  »  L.  C. 


Bâte  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  couverte  en 
toile  forte  que  l'on  mettait  autrefois  sur  le  dos 
des  chevaux  et  que  l'on  sanglait  sous  le 
ventre.  Syn.  de  Bâtière,  Bâchère.  \\  Corsage  en 
toile  forte  dans  laquelle  les  femmes  se  san- 
glaient, et  qui  tenait  lieu  du  corset  actuel. 
Svn.  de  Bâtine,  Camisole,  Corps,  Corselette.  \\ 
Ec.  —  Id. 

Et.  Forme  fémin.  du  fr.  Bât.  —  Rad.  Bast, 
porter,  soutenir.  D'où  :  bastant,  bât,  bâton. 

Bâteler,  v.  n.  —  Aller,  errer.  Ils  ne  font  que 
bâteler  le  long  des  chemins.  —  Cf.  Béteiller.  i 
Sal.  Faire  rapidement,  sans  soin. 

Et.  —  «  L'ancienne  forme  baastel  (provenç' 
bavastel)  empêche  d'y  voir  le  même  radical  qui' 
dans  bâton  ».  (Darm.)  —  Cependant  :  —  «  Bas- 
teler,  faire  des  tours  d'adresse  sur  un  bât,  ou  bast, 
puisque  nous  savons  que  les  petits  meubles  à  l'u- 
sage des  escamoteurs,  appelés  aujourd'hui-  des 
gobelets,  s'appelaient  au  moyen  âge  des  basteaux,  et 
que  l'on  disait  Jongleur  ou  Faiseur  de  basteaux.  De 
là,  peut-être,  la  locut.  actuelle  :  Monter  un  bateau, 
dans  notre  patois  :  Monter  le  Job.  C'est  donc,  évi- 
demment, un  primitif  bastel,  qui  a  produit  basteler 
et  bateleur.  Quant  à  Bastel,  ce  pourrait  être  une 
variété  de  Baston,  et  signif.  Baguette.  Cf.  Tour-de- 
bâton.  (ScHEL.)  Hist.  —  «  Il  me  faut  ordinairement 
basteler  (faire  le  sot)  par  compaignie  à  traicter  des 
subjects  et  contes  frivoles  que  je  mescrois  entière- 
ment. »  (Mont.  m.  11.)  —  Les  joueurs  de  passe- 
passe  et  de  gobelets  ont  ordinairement  un  petit 
bâton  (bastellus)  dont  ils  se  servent  pour  leurs 
tours. 

Bâteleux,  s.  m.  —  Bateleur,  arracheur  de 
dents,  saltimbanque.  \\  Vagabond.  —  V. 
Bâteler. 

Batelinard  (Sal).  —  V.  le  suivant. 

Bateliner  (Sal.).  —  Vétiller  dans  le  foyer. 

Bâter  (Mj.),  v.  a.  —  Proverbe  : 

L'âne  de  communauté 

Est  toujours  mal  bâté. 
Ç.-à-d.  On  a  moins  de  soin  des  choses  du 
public  que  de  son  intérêt  propre.  ||  Dresser 
une  table,  mettre  le  couvert.  Ex.  :  La  table 
est  bâtée.  —  Surtout  :  bien  servie.  ||  Fu.  —  En 
parlant  d'une  femme  et  par  ironie  :  Al'  é  ben 
bâtée  !  —  Elle  est  bien  (mal)  mariée  1 

Bâtes  (Ec).  V.  Corps.  —  Sorte  de  corset 
ancien  très  dur  et  très  gênant.  V.  Bâte. 

Bat-flancs  (Mj.),  s  m.  —  Planche  suspen- 
due verticalement  par  des  cordes  à  une  cer- 
taine hauteur  au-dessus  du  sol  d'une  écurie 
et  qui  sépare  deux  chevaux  ;  ordinairement 
retenue  par  un  crochet  à  la  mangeoire  et  par 
une  corde  au  plafond.  Elle  est  mobile. 

Bâti,  s.  m.  —  Faire  un  bâti,  c'est  battre  des 
pieux  dans  la  Loire,  pour  retenir  un  entourage 
de  paille,  qui  doit  retenir  l'eau  et  le  chanvre 
destiné  à  rouir.  (Mén.)  ||  Ec.  Bardeau,  Batar- 
deau. 

Batiâ  (Lg.),  s.  m.  —  Bateau.  Vieux. 

Bâtière  (Lg.),  s.  f.  —  Forte  pièce  de  toile 
garnie  de  sangles,  que  l'on  fixait  sur  le  dos 
d'un  cheval  de  somme,  avant  de  le  charger  de 
poches.  Dér,  de  Bât.  Syn.  de  Bâte. 


BATIFOLANT  —  BATTRE 


n 


Batifolant,  adj.  verb.  —  Sens  spécial.  : 
«   ...ou  en  batifolant  l'herbe...  »   {A.  h.,  2^  a., 

u"  6,  p.  578). 

Batin  (Pos.),  s.  m.  —  Madrier  ayant  seule- 
ment de  0"il8  à  0'»20  de  largeur,  tandis  que 
les  madriers  ordinaires  ont  de  0™25  à  0™30. 
Les  maçons  s'en  servent  soit  comme  planches 
d'échafaudage,  soit  comme  boulins  ou  bou- 
dins. —  N.  Les  mêmes,  du  côté  de  la  Loire- 
Inférieure,  s'appellent  Galoires.  Cf.  Bastin. 

Et.  —  De  la  même  famille  que  Batte,  plateau  de 
bois  emmanché  dont  on  se  sert  pour  battre.  Batte 
de  terrassier,  de  maçon,  de  tonnelier,  d'Arlequin 
(Darm.^ 

Bâtine  (Mj.),  s.  f.  —  Bâte  de  femme.  ||  Dos- 
sière  en  forte  toile  que  l'on  fixait  par  des 
sangles  sur  l'échiné  d'un  cheval  de  somme. 
Syn."  de  Bâchère,  Bâtière. 

Batiot,  Batiou  '(Lg.),  s.'^  m.  —  Baptiste, 
nom  d'homme.  Syn.  de  Baptisse. 

Bâtir  (Mj.).  —  Sens  spécial.  Absolument, 
Bâtir  ou  construire  son  nid,  en  parlant  d'un 
oiseau.  Lorsque,  dans  un  groupe  de  per- 
sonnes, on  en  aperçoit  une  dont  le  vêtement 
est  sali  par  quelque  fanfreluche,  il  est  d'usage 
de  les  intriguer  toutes  en  lançant  cet  avertis- 
sement vague  et  proverbial  : 

La  pie  bâtit  ; 

Je  ne  dis  point  sus  qui. 
Et.  —  Même  rad.  q.  Bât,  bâton.  Idée  de  soutenir, 
porter. 

Bâton  (Mj.,  Ec),  s.  m.  —  Locut.  et  sens 
spéciaux.  ||  Ça  se  tient  comme  des  crottes 
de  bique  sus  ein  bâton  ;  prov.,  —  C'est  incohé- 
rent, cela  n'a  ni  rime  ni  raison.  ||  Perche 
ferrée  servant  à  pousser  les  bateaux.  Syn.  de 
Bourde.  Ex.  :  Illy  a  ein  plein  bâton  d'eau,  — • 
il  y  a  aussi  haut  d'eau  que  le  bâton  est  long. 
Il  Bâton  de  quartier,  bâton  de  bournéier.  Ec, 
id.  Il  Fig.  Bâton  pouillé,  —  personne  grande  et 
maigre,  de  tournure  désagréable  ,  dégingan- 
dée. V.  Fouiller.  — •  Perche  ,échalas,  halle- 
breda.  ||  Bâton  du  ht.  Petit  bâton  dont  la 
ménagère  s'aide  pour  faire  le  lit. 

Bâton  d'argent  (Tlm.),  s.  m.  —  Nom  que 

les  tisserands  donnent  en  plaisantant  au  ver- 
dillon  de  leur  métier,  parce  que  cette  baguette 
maintient  le  bout  de  la  chaîne  et  que,  dès 
qu'elle  est  dégagée,  l'ouvrier  n'a  plus  qu'à 
toucher  son  salaire  en  hvrant  sa  pièce  de 
toile. 

Bâton  de  Jacob,  s.  m.  —  Nom  vulgaire  de 
la  campanule.  La  Heur  a  qq.  similitude  avec 
la  gourde  portée  sur  le  bâton  du  pèlerin. 
(MÉN.)  —  Ce  serait  l'asphodèle  jaune.  (L.  C.) 
—  Asphodelus  albus,  de  la  famille  des  liha- 
cées.  (Or.)  —  (Ec.,id.) 

Bâtonnier  (Tlm.),  s.  m.  —  Homme  qui 
conduit  les  bestiaux  aux  foires.  Syn.  de  Tou- 
cheux.  N.  On  prononce  aussi  Biiouniev.  — 
Dér.  du  fr.  Bâton. 

Bâton-])oiiilIc  (Mj.),  s.  m.  —  Personne 
grande,  maigre,  efflanquée.  V.  Fouiller,  Bâton. 


Bâtrasser  (Tlm.,  Lg.),  v.  a.  —  Croiser, 
mâtiner. 

Et.  —  Dér.  probable  irrég.  du  fr.  Bâtard,  pour 
Bâtarser.  —  Bâtard  vient  de  Bât.  Engendré  sur  le 
bât  ;  allusion  aux  rapports  fréquents  des  muletiers 
avec  les  servantes  d'auberge.  Cf.  l'angl.  Bankart, 
engendré  sur  le  banc.  (Dar.m.) 

Battaison  (Sp.),  s.  f.  —  Quantité  dont  bat 
une  pierre  ou  un  mur.  V.  Battre.  —  Cf.  Fruit  -, 
inclinaison  donnée  à  la  face  antérieure  d'un 
mur.  (LiTT.).  —  Syn.  de  Battance. 

Battance  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Battaison. 

Battants,  s.  m.  ou  Bandée  (Tr.).  —  Schiste 
ardoisier.  (Mén.) 

Et.  —  «  Se  dit  des  terres  argileuses  qui  souffrent 
plus  que  les  autres  des  battes  de  pluie.  —  Batte  ; 
rivage  (battu  par  l'eau.)  Battes  de  pluie.  Svn. 
Casse,  Hargne,  Battant,  Sater.  (Q>  Jatjb.) 

Battereau  ou  Bottereau,  s.  m.  —  Petit 
batelet,  espèce  de  boîte  servant  à  conserver 
le  poisson  destiné  à  la  pêche  ou  à  être  revendu 
vivant  ;  ou  bien  bottereau  signifierait  une 
petite  botte,  nom  qu'on  lui  donne  qqf.,  aussi 
bien  que  celui  de  sentineau.  ||  V.  Bottereau, 
Lucet,  Bascule. 

Et.  —  Botte,  chaussure,  est  le  même  mot  que 
botte,  tonneau,  l'un  et  l'autre  exprimant  qqch.  de 
creux.    (ScHËL.) 

Batterie  (Mj.),  s.  f.  —  Au  pluriel  :  Les  batte- 
ries, —  le  battage  des  céréales.  Ex.  :  Il  a 
tombé  malade  pendant  les  batteries.  ||  Batterie 
de  pieux,  —  rangée  de  pilotis.  Cf.  Fôt.  \\  Com- 
bat, bataille,  pugilat.  ||  Mj.  —  Batterie  de 
faux,  les  outils  nécessaires  pour  battre  une 
faux,  c.-à-d.  la  forge  et  le  marteau.  ' 

Batteux  (Mj.),  s.  m.  —  Pour  Batteur,  celui 
qui  bat  le  blé.  (Mén.).  D'où  le  nom  propre 
Lebatteux. 

Un  battoir. 

-  Battoir  de  laveuse. 


Battoué  (Li.,  Br.).  - 

Battoux  (Lg.),  s.  m. 
Syn.  de  Badras. 

Battrasse  (Sp.),  adj.  quai.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  l'expression  :  Cour  battrasse,  aire  à 
battre. 

Battre  (Mj.).  —  Absolt,  v.  n.  Battre  dans 
faire,  opérer  le  battage  des  céréales.  Ex.  :  Je 
battons  la  procheune  semaine.  N.  Le  présent 
pour  le  futur  ;  emploi  très  fréquent.  ||  (Sp.,) 
V.  n.  Avoir  son  arête  supérieure  en  retrait  sur 
l'inférieure,  en  parlant  d'une  pierre  de  pare- 
ment ;  avoir  une  certaine  inclinaison  du  pare- 
ment vers  l'intérieur,  en  parlant  d'un  mur.  V. 
Fisser.  \\  Battre  la  ligne.  Terme  de  maçon 
Faire  vibrer  un  cordeau  tendu  qui  est  enduit 
de  blanc  ou  de  noir  et  dont  la  marque  se  trace 
de  la  sorte  sur  une  paroi.  ||  (Lg.),  v.  n.  et  abso- 
lument. Frayer.  Ex.  :  Les  carpes  battaient 
dans  la  Sèvre.  ||  Se  battre  la  goule  de, — pubher 
partout,  se  flatter.  ||  S'en  battre  l'œil,  —  se 
moquer  d'une  chose.  ||  Battre  sa  flemme,  — 
paresser,  fainéanter.  ||  Battre  le  chien  devant 
le  loup,  —  donner  tort  à  son  ami,  pour  com- 
plaire à  son  ennemi  ;  donner  tort,  par  fai- 


80 


BATTU  —  BAUGEUR 


blesse,  à  qui  a  raison.  ||  Se  tasser  sous  l'action 
de  la  pluie,  en  parlant  d'un  terrain.  Syn.  de 
Sitrer,  s'Agliâtrer.  ||  (Lg.)  Annoncer  à  son  de 
tambour.  Ex.  :  Ils  ont  battu  que  faulait  muse- 
ler les  chiens.  ||  Se  battre,  v.  réf.  et  absolument, 

—  lutter  à  forces  égales.  Ex.  :  Ça  se  bat,  — 
les  jeux  sont  égaux.  |i  Battre  la  dèche,  —  être 
dans  la  misère.  ||  B.  la  berloque,  —  fonction- 
ner mal,  en  parlant  d'une  machine  et  surtout 
d'une  montre  ;  et,  au  fig.,  déraisonner,  en 
pari,  des  personnes.  (Mj.)  —  Battre  du  froid, 

—  manifester  de  la  froideur  à  qqn. 

Et.  —  Toutes  ces  locutions  sont  claires.  Ainsi, 
pour  Frayer  :  «  Les  brèmes  et  les  carpes  battent  ou 
ballent  â  la  surface  de  l'eau  et  y  sautent,  un  peu 
comme  les  marsouins  ».  (Do.) 

Battu  (Mj.),  part.  pas.  —  Détérioré  par 
l'agitation.  Se  dit  d'un  vin  récemment  trans- 
porté. 

Batuelle,  ou  Aire  (Chx.).  —  Emplacement 
destiné  au  battage.  (Mén.) 

Bail  (Tlm.),  s.  m.  —  Châssis  dormant,  ou 
vitre  fixée  dans  la  couverture  d'une  maison 
pour  éclairer  le  grenier. 

Et.  —  Bau  (marine)  poutre.  Ali.  Balken?  solive. 

—  Baie.  Cf.  Balcon.  • —  Largeur,  ouverture,  en  par- 
lant d'un  navire  (Nicot).  Un  navire  de  tant  de 
pieds  de  bau.  c.-â-d.  qui  a  tant  de  pieds  de  largeur 
et  d'ouverture.  (Boe.) 

Baiibi.  —  On  dit  plutôt  Ebaubi. 

Baiiche,  s.  f.  —  Sorte  de  prés.  ||  Lg.  —  Por- 
tion d'une  haie,  d'un  taillis,  que  l'on  coupe 
dans  une  année.  Cf.  Bauchée.  \\  Fu.  —  La  B. 
nom  de  ferme. 

Et.  et  Hist.  —  «  Le  garde  surveille  les  chevaux 
qui  trottent  dans  les  bauches...  >>  (A.  h.,  2"  a.,  n«  6, 
p.  578.)  —  «  Prés  qui  ne  font  pas  partie  de  la  ferme 
(ou  métairie,  meditaria)  (Ici.  p.  586.).  —  «  Lieu 
inculte,  terrain  vague,  — •  bauge  d'un  animal  — 
point  de  départ  et  d'arrivée  de  certains  jeux  d'en- 
fants. Le  celt.  baie,  route  de  terre,  ou  le  tudesq. 
botch,  fange,  bourbier,  ont  pu  donner  naissance  au 
mot  saintongeois,  dont  ils  sont  plus  rapprochés  que 
le  fr.  Bauge.  Dans  le  Gloss.  de  la  Lang.  romane  de 
Roquefort,  on  trouve  Bauche,  petite  maison,  B.  L. 
Bugia,  bogium.  (Ev.) —  «  Rac.  celtiq.  baie,  humide. 
B.  L.  balca,  id.  Bauche,vao\ie  et  herbe  des  prés  ; 
par  ext.  mortier  de  terre  et  hutte,  petite  maison 
bâtie  en  mottes,  en  terre  pétrie. 

Bauchée  (Mj.),  s.  f.  —  Lot  de  terre  à  défri- 
cher, coupe  de  bois  à  abattre,  le  tout  pris  à  la 
tâche.  V.  Balise. 

Et.  —  Ce  mot  vient  de  la  même  rac.  q.  le  fr" 
Embaucher,  débaucher.  —  «  Embaucher,  c'est 
faire  entrer  dans  la  bauche,  ou  bauge,  gîte  fangeux 
du  sanglier  ;  de  là  les  sens  dériv.  et  métaphor. 
(LiTT.).  —  «  Orig.  inconnue.  (Darm.).  —  «  Bauche- 
ton,  Bûcheron,  du  vx.  fr.  Bau,  baus,  bois,  d'où 
Ebaucher,  embauchoir.  (V.  Bocheton,  Bûcheux  et 
Boucheton). 
«  Que  d'arbres  et  de  baus  ont  chés  fossez  emplis.  » 

(Vx.  poète  fr.  cité  par  M.  Génin,  Revue  de  Paris. 
1«'  mars  1854).  —  Bauchetouner,  abattre  du  bois, 
Cf.  Bûcher.  (C"' Jaub.). 

Baudre  (Mj.),  s.  f.  —  Filasse  grossière  four- 
nie par  la  racine  des  plantes  textiles.  —  V. 
Folk-Lore,  ii. 


Et.  —  A  rapprocher  du  fr.  Bourre.  —  «  Vx.  fr 
Baudrée,  vx.  morceau  de  cuir  ;  d'où  :  baudroyer, 
corroyeur?  (Litt.).  —  «  Baudrier...  est  une  cour- 
roye  large  pour  pendre  l'espée,  et  vient  de  Bau- 
droyeur,  qui  est  un  homme  qui  endurcit  le  cuir,  en 
le  maniant.  Baudroyer,  courroyer,  préparer  les 
cuirs.  (MoNET,  cité  par  Boeel.) 

Baudrir  «  (Seg.),  v.  a.  —  Salir.  L'enfant  qui 
mange  une  pomme  cuite  se  salit  la  bouche  ; 
c'est  alors  qu'il  a  le  nez  badriou.  La  badrée  est 
une  espèce  de  bouillie  épaisse. 

Et.  Incon.  —  Hist.  «  J'ai  été  surpris  par  une 
harrée,  je  se  baudri  (mouillé)  (Or.) 

Baufrer  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Manger  glou- 
tonnement, bâfrer.  Syn.  de  Bouffer. 

Bauge,  (Mj.),  s.  f.  —  Mesure  quelconque 
dont  on  se  sert  comme  unité  de  longueur. 
Ex.  :  Il  mesure  tout  le  monde  à  sa  bauge,  — 
il  croit  que  tout  le  monde  lui  ressemble.  || 
Tout  ce  qui  sert  à  mesurer  une  longueur  ou 
un  diamètre  :  jauge,  velte,  anneau,  etc.  i| 
L'objet  avec  lequel  on  mesure  ;  un  mètre, 
une  baguette,  une  ficelle,  un  compas,  des 
chénevotes  servent  de  bauge.  ||  Avoir  la  bauge, 

—  avoir  la  grandeur  voulue.  Se  dit  au  Long, 
d'un  conscrit  qui  a  la  taille  requise  pour  le 
service  militaire.  |1  N'avoir  pas  la  bauge,  — 
sens  contraire.  —  ||  Ec.  —  On  ne  doit  garder 
que  des  poissons  de  bauge,  qui  ont  la  bauge. 
V.  Poisson.  F.  Lore,  ii. 

Et.  Hist.  —  V.  Bauche.  Je  relève  deux  sens  : 
Hutte  en  pisé,  et  Dimension.  Le  second  seul  nous 
intéresse.  Or,  Bauger  serait  pour  Jauger.  (V. 
Observ.  à  la  lettre  B.).  —  C'est  l'anglais  Bulge  ou 
Bulk,  et  p.  ê.  le  même  que  le  fr.  Bouge.  —  «  Tige  de 
bois  ou  de  métal  servant  à  mesurer  ;  en  particulier, 
règle  des  sabotiers.  (Dott.)  —  «  Bague^^^te  coupée 
pour  servir  de  mesure,  (de  M.),  etc. 

—  «  Il  estoit  faict  de  pierre  cristalline, 

Orné  au  bord  d'une  antique  doreure. 
De  telle  bauge  et  si  saincte  mesure 
Qu'il  attrayoit  tous  quelz  qu'ilz  feussent. 
G.  C.    Bûcher.    257,   p.    243.   (Il  se  plaint  d'un 

«  mauldit  garsonneau  qui  a  cassé  son  verre  le  plus 

beau.  » ) 

V.  Bentes.  Je   baille  ma 
-à-d.   rien  du  tout.  V.  F. 


Baugé,  s.  pr. 
rente  de  Baugé 
Lore,  v. 

Baugeard 


Sp. 


s.  m.  —  Forte  pièce  de 
bois  qui  forme  un  des  côtés  du  châssis  d'une 
charrette  et  repose  en  son  milieu  sur  l'essieu  ; 
limon. 

Et.  —  Le  mot  baulx,  soliveau,  semble  répondre 
â  ce  sens.  De  l'ail.  Balken  ;  Pièces  de  bois,  ou 
poutres  qui  soutiennent  les  ponts  ou  tillacs  des 
navires  (L.  C.) 

Bauger  (Mj.,  Lg.).  —  Mesurer  un  espace,  p. 
ex.  la  distance  entre  deux  boules.  ||  Me.svu'er. 
métrer.  Dér.  de  Bauge.  —  Se  dit  surtout  des 
petites  longueurs.  On  ne  baugerait  pas  un 
champ. 

Baugeur  (Fu),  s.  m.  —  Baugeux.  Petite 
chenille  qui  marche  en  rapprochant  d'un 
mouvement  assez  vif  son  arrière  de  son  avant, 
et  en  projetant  ensuite  celui-ci.  —  On  bauge 
parfois  ainsi  de  petites  longueurs,  en  imitant 
ces  mouvements  avec  le  pouce  et  l'index. 


BAUGEUX  —  BAVOIRE 


81 


Baugciu  (Mj.),  s.  m.  ■ —  Chenille  arpen- 
teuse. 

Baillée  (Lg.,  Lrm.,  Tlm.,  Cho.),  s.  f.  — 
Flambée,  feu  vif  et  clair  de  menues  branches, 
paille,  genêt,  etc.  Syn.  de  RigâilUe,  Fouée, 
Joie-de-mariage,  Fergâillée.  \\  Lg.  —  Cris, 
beuglements. 

Et.  —  Dér.  de  Bauler,  parr"  nue  cette  flambée 
ronfle  dans  la  cheminée. 

Bâillement  (Lg.),  s.  m.  —  Hurlement,  beu- 
glement. Syn.  de  Hulement,  Huilée.  V.  Bauler. 

Bailler  (Tlm.,  Sal.,  Cho.),  v.  n.  —  Crier, 
hurler,  bruire,  mugir.  Ex.  :  Le  vent  baule  dans 
la  cheminée.  Syn.  de  Breuyer.  ||  Lg.  —  v.  n. 
Soutenir  une  note  ou  une  mélopée  très  élevée 
le  plus  longtemps  possible,  jusqu'à  perte  de 
la  respiration.  Syn.  de  Houper,  Noter.  C'est  le 
même  que  Bauler,  de  Tlm.  —  |j  Lrm.  —  Pous- 
ser des  cris  inarticulés  très  fort,  souvent  dans 
la  seule  intention  de  faire  du  bruit.  1|  v.  a. 
Huer,  conspuer.  ||  Fu.  —  v.  a.  Bauler  qqn,  — 
l'appeler  de  très  loin  (pour  la  soupe,  p.  ex., 
les  mains  en  porte-voix.).  —  Cf.  l'angl.  to 
bawl. 

Et.  —  Doublet  probable  du  fr.  Beugler. 

Baume  (Mj.),  s.  m.  —  Plante  semblable  à 
la  menthe  poivrée,  mais  d'une  odeur  plus 
douce.  Il  Sal.  —  Mettre  du  baume  dans  le 
sang,  —  réjouir,  calmer.  ||  Ec.  —  La  sainte 
Baume,  où  les  compagnons  allaient  chercher 
leurs    couleurs. 

Et.  curieuse.  —  Lat.  Balsamum,  de  l'hébreu 
Baal,  prince  et  Shaman,  huile,  —  reine  des  huiles. 

Baume  d'eau  s.  m.  —  Menthe  aquatique, 
ou  boiAomme  de  rivière  ;  le  thym  serpolet 
porte  également  ce  nom  (Mén.)  Bâtard  : 
Mentha  rotundifolia,  baume  sauvage;  arven- 
sis,  des  champs. 

Baume  de  mon  cœur.  —  Comme  :  huile  de 
mon  cœur.  Se  dit  de  la  salive  quand  on  veut 
humecter  qqch. 

Hist.  —  «  On  dit  figurément  :  de  l'huile  de  bras, 
pour  exprimer  la  force  des  bras  comparée  tacite- 
ment à  une  machine  ;  et  lorsque  l'on  veut  humecter 
légèrement  un  objet,  on  dit  :  «  J'vas  y  mettre  de 
l'huile  de  mon  cœur  «.  (C'°  Jaubert).  —  Baume 
d'acier  est  fr.  pour  dire  qu'une  opération  chirurgi- 
cale est  nécessaire  pour  guérir  le  mal  de  dents  ou  un 
mal  de  mauvaise  nature. 

Bau mette.  «  Baume  est  interprété  :  cripta 
montis. 

(k;  qui  me  fait  souvenir  qu'en  Provence  on 
appelle  Baume  une  caverne  en  un  lieu  éminant, 
telle  qu'est  la  sainte  Baume  ;  et  qu'à.un  demi  quart 
de  lieu  do  la  ville  d'Angers,  dans  le  creux  d'une 
montagne,  il  y  a  un  couvent  de  Récollels,  que  René, 
roy  de  Sicile,  duc  d'Anjou  et  comte  de  Provance, 
fit  bastir  à  l'imitation  de  la  sainte  Baume,  et  qu'il 
nomma  pour  cette  raison  Baumette,  comme  qui 
dirait  petite  Baume.  On  l'appelle  présentement 
Bàmette.  Et  il  y  a  déjà  longtemps  qu'on  l'apiiellc 
de  la  sorte.  (Ménage).  D.  C.  Balma.  —  V.  la  cita-' 
tion  de  Rabelais  à  Bàmette. 

Bauterel  et  mieux  Botterel,  doublet  de 
Bottereau,  gros  cadenas  de  fùtreau  ;  sorte  de 


beignet  boursouflé.  Ces  deux  objets  res- 
semblent au  crapaud,  et  en  effet  Botterel  a 
ce  sens.  —  Cf.  Badrelle,  Potrelle.  Un  cham- 
pignon ressemble  aussi  à  un  gros  crapaud. 

Et.  et  Hist.  —  Bot,  gros  crapaud.  Le  radie,  bot, 
en  lat.  s'applique  aux  objets  gonflés,  comme  botu- 
lus,  boudin  ;  butt  (ail.),  boto  (esp.),  corps  épais  et 
obtus.  P.  être  onomat.,  à  cause  du  cri  du  crapaud 
«  bo,  bo.  »  Se  trouve  dans  beaucoup  de  patois. 
«  Plein  es  de  venin  comme  boz.  » 
Rom.  de  Ren.  (Guill.) 
«  HuoN  DE  Mery,  au  Tourn-'y^mcnt  de  V  Anté- 
christ, parlant  des  pierres,  dit  : 

«  Mais  celle  qui  entre  les  yeux 

Au  boterel  croît  est  plus  fine  ; 

Qu'on  seult  appeler  crapaudine  ».  (Borel.  ) 

Bavail  (Lg.),  s.  m.  —  Bave,  surtout  des 
bêtes  à  corne. 

Bavasses. f.  —  Petite  crue  de  la  Loire.  Il(Lg.) 
Bavarde,  javotte.  Syn.  de  Cacasse,  Daraine. 

Hist.  —  «  Petite  crue,  ordinairement  accom- 
pagnée d'écume  d'une  rivière  qui  se  répand  çà  et  là 
dans  les  parties  les  plus  basses  et  précédemment 
ravinées  d'une  vallée.  La  grande  crue  de  la  Loire, 
en  1856,  fut  suivie  de  plusieurs  bavasses  qui  s'intro- 
duisirent dans  les  terres  par  les  brèches  non  encore 
réparées  des  digues.  (C^  Jaub.) 

Baver,  (Mj.)  v.  a.  et  n.  —  Dire,  en  mauvaise 
part,  bavarder,  dégoiser,  déraisonner,  péro- 
rer, discourir,  hâbler.  D'où  :  bavard.  Que 
baves-tu  là? 

Hist.  «  Et  quant  ils  eurent  bien  bavé 

Disant  de  luy  des  maulx,  par  voye, 
n  dist,  eulx  ayant  achevé  : 
Gardez  que  le  rov  ne  vous  oye. 
Vigil.  de  Ch.  vii,  i,  58.  (L.  C.) 
—  «  Hé,  Dieu  !  que  vous  avez  de  bave  !  » 
Farce  de  Maître  Pathelin. 

Baverette,  (Mj.)s.  f. —  Bavette  d'enfant.  || 
Pièce  d'étoffe  faisant  corps  avec  le  tablier, 
qui  recouvre  la  poitrine  et  s'attache  aux 
épaules  avec  des  épingles.  C'est  aux  environs 
de  Nantes  que  les  femmes  portent  des 
tabliers  à  baverette.  Syn.  de  Baherette,  Bra- 
votte,  Bravette,  Baverotte,  Bavoire.  Bavolet. 

Et.  Hist.  —  De  bavçr.  —  Ou  dimin.  du  vx.  fr. 
Bavière.  —  «  Paraît  être  un  mot  onomatopée  pour 
exprimer  la  salive  qui  accompagne  le  babil  des 
petits  enfants  ;  aussi  dans  l'ancienne  langue  bave 
signifie-t-il  également  :  babil,  caquetage  inintefli- 
gible  (Cf.  grec  :  babadzeïn).  Dériv.  :  Bavette, 
baveux,  bavard.  (Nous  trouvons  dans  Calvin  avec 
la  même  signification  :  Bavereau)  ;  bavasser  = 
bavarder  ;  bavure,  bavoche,  caractère  d'impri- 
merie qui  ne  vient  pas  net  et  qui  parait  avoir  de  la 
bave  ;  l'ancien  mot  :  bavière  signifiait  d'abord 
bavette,  et  a  été  appliqué  dans  la  suite  à  la  partie 
de  l'armure  do*nt  on  protégeait  le  cou  et  le  menton. 
De  là  :  baverette  et  baverole.  —  «  Quand  ils  vou- 
loient  boire  ou  manger,  ils  rabattoient  les  cahuets 
de  leurs  caputions  par  le  devant,  et  leur  servoit  de 
bavière  ».  (Rab.  P.,  v,  27.)  —  «  Que  les  conseillières 
leur  fissent  de  belles  baverettes,  afin  que  de  leur  bave 
elles  ne  gastassent  pas  le  pavé  ».  (Id,  ibid,  n,  17.) 
«  De  son  bendeau,  qui  couvre  ses  rigueurs, 
Fay  en  doubler  aulcune  baverolle.  » 
G.  C.  Bûcher.  lO'J,  p.  147. 

Baverotte  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Baverette. 

Bavoire  (AIj.,  Lg.),  s.  L  —  Bavette.  Syn. 


82 


BAVOLER  —  BÉCASSE 


de    Balverette,    Dravette,    Baverette,    Bravotte, 
Baverotte. 

Ba voler  (Mj.),  v.  n.  —  Planer.  Ex.  :  Velà 
ein  riflet  qui  bavole  sus  les  Pâtures. 

N.  En  berrichon  Barivoler.  —  Ternie  de  fau- 
connerie, en  parlant  de  la  perdrix.  V.  la  citation 
à  Basi.'oler. 

Bavotter  (Mj.),  v.  n.  —  Baver  souvent.  V. 
Baverette. 

Bavourette,  s.  ï.  —  V.  Baverette.  Dans  G. 
Sand,  Bavousette. 

Bavoux  (Mj.),  adj.  quai.  —  Baveux. 
Cf.  Mardoux,  Huiloux.  \\  Homme  qui  envoie 
de  la  salive  en  parlant. 

Ba.vart  (Pc.)  ou  Boyart.  —  Cadre  sur  leque^ 
on  transporte  la  portoire.  —  Bard  est  une 
civière,  fr. 

Et.  —  Ail.  Bahre,  civière.  V.  Baillard. 

Bazar  (Mj.),  s.  m.  — -  Avoir,  Saint-Frus- 
quin  ;  bibelot.  Ex.  :  Je  vas  vendre  tout  le 
bazar  ;  —  il  a  mangé  tout  son  bazar.  Syn. 
de  Berloquin ,  Bastringue. 

Et.  —  Arabe,  Bazar,  marché.  Persan,  bâzâr. 

Bazarder  (Mj.),  v.  a.  —  Vendre  à  bas  prix 
et  en  bloc  des  objets  dont  on  veut  se  défaire. 

Bé  (Lg.).  Bien.  C'est  bé  ça.  1|  Bé  dé  = 
plus  de.  Ex.  :  Y  en  a  bé  dé  yin  qui  me  l'a  dit. 

Hist.  —  «  François  Cougnon  reprit  :  Allons, 
enfants,  vé  savez  bé  quo  (qu'ô)  va  passer  de  la 
troupe  à  Saint-Fulgent  pré  aller  à  Montaigu  et  veut 
(vous)  forcer  à  tirer  un  biet  ;  y  (j')  allons  les  guiet- 
ter  ;  poit  de  brit,  chut  !  «  {Deniau,  i,  336.) 

Béatilles,  s.  f.  pi.  —  Menues  choses  déli- 
cates qu'on  met  dans  les  pastés,  dans  les 
tourtes  et  dans  les  potages  :  comme,  riz  de 
veau,  crestes  de  coc,  foyes  gras,  etc.  De 
Beatus,  comme  qui  dirait  :  mets  d'heureux. 
(Méxage.) 

Hist.  —  «  S'appliquait  aux  petits  ouvrages  des 
religieux,  agnus,  pelotes,  boîtes  ;  les  religieux  -y 
mêlaient  p.  ê.,  des  reliques  des  béatifiés.  —  Colifi- 
chets. »  (D.  C.)  —  «  Anglais  :  béatilles,  abatis. 
Espèce  de  ragoût  fait  avec  les  abatis  d'une  volaille, 
c.-à-d.  avec  les  ailerons,  la  tête,  le  cou  et  les  pattes.  » 

(MOISY.) 

Beau  (Mj.).  —  Avoir  beau.  Etre  mis  à 
même.  Ex.  :  Veux-tu  me  vendre  ton  bodin? 
—  T'as  ben  beau.  =  Si  t'as  besoin  de  ma 
charte,  t'as  ben  beau  la  prendre,  elle  est  à  ta 
disposition. 

Hist.  —  «  Adjoustons  qu'en  bonne  occasion  et 
opportunité  estions  là  arrivés  et  qu'actons  beau 
faire  choix  de  lanternes.  »  (R.\b.,  P.,  v,  83,  551.) 

Beau  d'mage  !  —  Beau  dommage  !  Locut. 
iroiiiq.  qui  sert  de  réponse  à  ceux  qui  se 
plaignent  sans  raison  et  qui  équivaut  à  celle- 
ci  :  Je  vous  conseille  de  vous  plaindre  !  |1 
(Mj.).  — Parbleu  ! 


Be  =  Boe.  Prononciation.  —  Be,  dans  beaucoup 
de  mots  commençant  par  cette  syllabe  se  prononce 
Boe,  l'o  très  bref.  Par  ex.  :  berouette,  on  entend 
boeroette.  Qqf.  l'o  l'emporte  :  borouette.  (Ec.) 


Beau-fait'  (fête)  (Mj.),  s.  m.  —  Tout  objet 
beau,  curieux  ou  précieux.  Ex.  :  J'ai  trouvé 
ein  beau-fait;  —  veins  donc  voir  tous  les 
beaux  beaux-faits  !  —  Ceté  femme-là  soigne 
son  quenau  comme  ein  petit  beau-fait.  — 
V.  Fait. 

Beau-frère  (Mj.),  s.  m.  —  Frère  utérin  ou 
consanguin.  Syn.  de  Demi-frère. 

Beausse,  s.  f.  —  Le  nom  de  cette  petite 
commune,  que  des  circonstances  locales  main- 
tinrent longtemps  dans  un  état  de  demi- 
sauvagerie,  est  employé  à  Montjean  dans 
plusieurs  loc.  prov.  généralement  ironiques. 
Veut-on  exprimer  l'incréduhté  absolue,  ou 
un  refus  catégorique,  on  répondra  :  Le  pont 
de  Beausse  !  Or,  à  Beausse,  il  n'y  a  pas  de 
cours  d'eau.  On  dit  encore  proverbialement  : 
Raide  comme  la  justice  de  Beausse.  C'est  que 
cette  capitale  n'a  pas  plus  de  tribunaux  que 
de  ponts.  Enfin  le  vent  du  S.-W.  s'appelle  le 
Taureau  de  Beausse.  Ici  il  n'y  a  pas  d'ironie. 
Beausse  est  au  S.-W.  de  Montjean  et  le  vent 
qui  en  \ient  mugit  parfois  terriblement.  — 
N.  Les  anciens  prononçaient  :  Beusse. 

Beaussier  (Mj.),  s.  m.  —  Habitant  de 
Beausse.  On  dit  aussi  Beussier  ;  mais  cette 
dénomination  est  vieillie  et  plutôt  ironique. 

Beau-temps  (Mj.),  adv.  —  Longtemps. 
Ex.  :  Il  y  a  beau  temps  que  la  messe  est  son- 
née. Cf.  Belle-heure. 

Beaux-hommes  (Mj.),  s.  m.  —  Xe  s'em- 
ploie qu'au  pluriel.  Scabieuse,  plante  sauvage 
ou  d'ornement.  V.  Veuve. 

Béber  (Mj.),  v.  n.  —  Tomber.  Terme 
enfantin.  Prends  garde,  bébé,  tu  vas  béber. 
Réduplication  de  la  syll.  finale. 

Bébête  (Mj.),  s.  f.  —  Bête,  animal.  Xom 
enfantin  dans  ce  sens.  ||  Adj.  quai.  —  Un  peu 
bête,  stupide,  nigaud,  niais. 

Et.  —  De  bête,  par  réduplication  de  la  première 
syllabe,  c.  le  fr.  papa,  maman. 

Bébêton  (Mj.) 

de  Bébête. 

Bec  (Mj.),  s.  m.  —  Bouche.  V.  Boie-bec.  || 
Tenir,  ou  tiendre  le  bec  dans  l'eau,  —  en  sus- 
pens, dans  l'incertitude.  ||  Bec'.  Coudre  le 
bec,  fermer  la  bouche.  Ex.  :  Je  te  ilh  ai  ben 
cousu  le  bec  !  ||  Prise  de  bec,  —  altercation, 
dispute.  Il  Aisé  à  prendre  par  le  bec,  —  un 
peu  gourmand. 

Et.  et  Hist.  —  «  Antonio  primo...  Toiosae  nato, 
cognomen  in  pueritia  becco,  id  valet  gallinacei 
roslrum.  »  (Sctétonk,  Vie  de  V àellius,  IS.  —  Ev.) 

Bécasse  (Mj.),  s.  f.  —  Femme  peu  inteUi- 
gente,  péronoUe,  pecque,  agnès.  Syn.  de 
Pécusse. 

Et.  —  P.  ê.  pour  Pécasse,  de  Pecque. —  «  De  bec 
et  du  B.  L.  accia,  vx.  fr.  acée,  ou  assée,  nom  de  la 
bécasse  ».  (Litt.)- 

C'est  aussi  un  support  en  fer,  à  deux  branches, 
placé  dans  la  cheminée  pour  retenir  une  chandelle 
de  résine.  (Mén.) 


adj.  quai,  et  s.  m.  —  Dér. 


BEC-CORBIN  —  BECQUELER 


83 


Bec-corbin,  s.  m.  —  Pour  :  Bec  de  corbin, 
outil. 

Bec-de-eorl)in,  (Sp.)  s.  m.  ■ —  Seigle  ergoté, 
ergot  de  seigle. 

Et.  —  C'est  le  fr.,  avec  un  autre  sens.  La  signifi- 
cation propre  est  :  Bec  de  corbeau  ;  pour  le  seigle 
ergoté,  la  métaphore  est  juste 

Bec-de-grue,  s,  m.  —  Patte  d'alouette. 
Persil.  Mortigouin,  nom  vulg.  du  Géranium 
robertianum.  En  grec  Guéranoç  =  Grue  ;  de 
là  le  nom,  en  raison  de  la  forme  du  fruit. 

(MÉN.) 

Béeliage,  s.  m.  —  Aciion  de  bêcher.  Dans 
les  vignes,  le  bêchage  et  le  chevalage  se  font 
en  même  temps.  (Mén.) 

Et.  —  Du  celtiq.  bac'h  :  même  racine  que  :  bec. 
(LiTT.).  —  «  Le  rapprochement  avec  bec  est  à 
rejeter.  (Darm.) 

Bêche  (Mj.),  s.  f.  —  Large  houe.  Tel  est  le 
sens  exclusif  du  mot.  L'instrument  que  les 
traités  d'agriculture  désignent  sous  le  nom 
de  bêche  n'est  connu  que  sous  le  nom  de 
pelle.  On  dit  :  Bêcher  à  la  palle  ;  viremotter 
ou  rayonner  à  la  bêche. 

Et.  —  Voir  Bêchage.  —  Hist.  :  «  Un  jet  de  bêche 
est  estimé  â  sept  pieds  et  demi  ».  (D.  C.  Becca.) 

Béclié,  adj.  quai.  (Lg.)  —  Qui  a  cassé  la 
coquille  de  l'œuf  avec  son  bec,  en  parlant 
d'un  poussin  près  d'éclore.  Se  dit  au^si  de 
l'œuf  bêché.  Syn.  de  Ebéchê.  Cf.  Bechêe, 
Bêchée.  \\  Ec.  On  prononce  péché.  Ces  œufs 
sont  péchés  ;  le  canetin  (caneton)  ou  petit 
poulet  a  commencé  à  le  casser  avec  sa  pèque 
(son  beo;). 

B{e)chée  (Mj..  Fu.)  (l'e  absolument  muet  : 
b'chée),  s.  f.  —  Becquée.  Ex.  :  Velà  eine 
paisse  qui  va  porter  la  b'chée  à  ses  petits.  || 
Au  Long.,  bêchée,  avec  l'é  fermé.  ||  Fu.  Porter 
la  bêchée,  p.  des  matériaux  pour  bâtir  le  nid. 

Hist.  —  «  Tes  petits  beuvraux  de  Paris  qui  ne 
beuvent  en  plus  qu'un  pinson,  et  ne  prennent  leur 
bêchée  sinon  qu'on  leur  tape  la  queue  â  la  mode  des 
passereaux  ».  (Rab.,  P.,  n,  14,  148.). 

Bêcher  (de  la  pierre)  (Mj.,  Tlm.,  Fu.).  — 
Voir  à  l'Hist.  ||  (Sp.)  Fig.  Bêcher  qqn,  se  livrer 
sur  son  compte  à  des  critiques,  à  des  médi- 
sances, à  des  insinuations  malveillantes. 
Décrier,  dénigrer. 

Hist.  —  «  Sépulture  de  Denis  Métivier,  écrasé  en 
bêchant  des  pierres  en  Sorrette,  au  fourneau  de 
Saint- Vincent  (1737).  Inv.  Arch.  E,  n,  p.  216,  col.  2. 
—  «  Bêchant  cedit  jour  de  la  pierre  au  bout  de  la 
garenne,  en  tomba  une  grosse  pierre  sur  luy  qui  le 
tua,  et  furent  cinq  jours  plus  de  trente  avant  pou- 
voir ouster  la  pierre  de  sur  luy  (1566).  Id.  E,  ni, 
332,  2,  m.)  Bêcher  le  blaireau.  Se  dit  des  tranchées 
que  l'on  fait  pour  le  prendre. 

Bêcheter  (Lue),  v.  a.  —  Biner,  serfouer.  — 
Syn.  de  Cobêcher,  Binocher.  —  Du  fr.  Bêcher. 

Bêcheux  (Mj.),  s.  m.  —  Bêcheur.  ||  Petit 
cultivateur.  Ex.  :  Il  veut  êter'  bêcheux.  —  Il 
ne  faut  pas  oublier  que  naguère  tout  le  travail 
de  la  petite  culture  se  faisait  à  bras  d'hommes. 


jjManger  comme  ein  bêcheux,  —  manger 
beaucoup. 

Hist.  —  «  Baptême  d'un  fils  naturel  de  Jean 
Martin,  bêcheur  (1768.  Inv.  Arch.  E.  m,  p.  103, 
col.  1.)  —  «  Et  quant  aux  Vignerons  et  Bescheurs 
qui  ne  tiennent  et  n'exploitent  aucun  labourage, 
soit  en  leur  propre  ou  par  ferme.  »  (Coût,  du  Poitou, 
I,  p.  482,  art.  193.).  —  «  En  la  paroisse  de  Chazé- 
sur-Argos  il  y  a  un  feage  appelé  le  feage  de  Chazé... 
lequel  fea^e  avait  anciennement  pour  tout  domaine 
une  fuye  et  des  courtils  qui  la  joignent,  contenant 
deux  hommées  de  bêcheur.  [Coust.  de  l'Anj,  n,. 
col.  129.) 

Béchever  Tomber  pieds  contre  tête.  — 
V.  Béchevet.  Cf.  Bouêchefarder. 

Hist.  —  «  L'un  d'eux  se  baissant  pour  l'amasser 
(un  bâton),  le  moine  lui  vint  décharger  un  si  grand 
revers  de  son  bâton  sur  l'autre  flanc,  qu'il  l'envoya 
béchever  du  long  de  la  levée  ».  (Ber.  de  Verville, 
n,  48.) 

Bécheverder  (Ec).  Prononc.  boéch'varder 
et  plus  souvent  :  boégevarder.  —  V.  Béchever, 
Béchevet,  Boichefarder 

Béchevet,  Béchevel,  s.  m.  —  Ce  mot  se  dit 
de  deux  choses  qui  sont  placées  à  contre- 
sens, ou  dont  l'une  a  les  pieds  à  la  teste  de 
l'autre.  (Mén.) 

Et.  et  Hist.  —  «  De  bis  et  de  chevet,  en  la  signifi- 
cation de  teste  :  comme  qui  dirait  une  chose  à  deux 
testes  (MÉNAGE,  qui  cite  Rabelais)  :  C'est  un  jeu 
d'enfants  qu'ils  jouent  avec  deux  épingles  que  l'un 
d'eux  cache  dans  la  main.  Quand  la  tête  de  l'une 
est  tournée  vers  la  tête  de  l'autre,  elles  sont  à  Bes- 
chevel.  (i,  22.).  —  «  Lit  à  double  chevet,  l'un  à  la 
tête,  l'autre  aux  pieds.  —  Coucher  béchevet  :  On  a 
mis  ces  deux  enfants  coucher  béchevet.  —  Lorsque 
les  petits  des  pigeons  se  placent  dans  leur  nid,  ils 
sont  souvent  béchevet.  C'est,  dit-on.  une  marque 
qu'il  y  a  mâle  et  femelle.  —  Les  cochons  se  couchent 
le  plus  souvent  béchevet.  V.  Tête-bêche,  Tête- 
bouêche.  —  Dans  les  chaleurs  de  l'été,  les  chevaux 
qui  sont  au  pâturage  ont  l'instinct  de  se  placer 
deux  à  deux  béchevet  ou  tête  bêche,  pour  s'émou- 
cher  réciproquement  avec  leur  queue.  (C"^  Jaub.) 
—  Deux  couteaux  bégevé  ont  la  pointe  en  sens  con- 
traire. (Dagn.). 

Bêchoter  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Bêcher  à 
petits  coups. 

Béclard  ou  Bêqiielard,  se  dit  pour  une  per- 
sonne qui  a  toujours  la  bouche  ouverte  (Segré, 

MÉN.) 

Bécler  (Cho..  Lg. ,  Tlm.).  —  Mugir,  crier, 
hurler,  beugler.  Cf.  Beucler.  \\  Bécler  qqn, 
l'appeler.  ||  Pleurer,  larmoyer  avec  des  cris. 
Syn.  et  d.  de  Beucler  et  du  fr.  Beugler, 
N.  On  mouille  souvent  l'I.  Syn.  de  Buyer. 
Pigner,  Guigner,  Ouâler. 

Bec- menu  (Lg.),  s.  m.  —  Personne  diiïlcile, 
dégoûtée.  Syn.  de  Goule-fine. 

Bécoter  (Mj.),  v.  a.  —  Becqueter.  ||  V.  réf. 
• —  Se  bécoter,  se  donner  des  baisers,  —  em- 
brasser tendrement,  amoureusement.  «  Ils 
sont  comme  deux  tourtereaux,  ils  se  bécotent 
tout  le  temps.  » 

Et.  —  Be  Bécot,  baiser  —  dim.  de  Bec. 

Becqueler,  v,  n.  —  Se  dit  pour  une  poule 


84 


BECQUETER  —  BÊDRASSEAU 


qui  ouvre  le  bec  pendant  les  chaleurs  (Mén.) 
Il  Lnn.  —  Becqueler,  crier,  appeler  très  haut  ; 
beugler,  bêler. 

Becqueter  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Faire  un  bon 
repas,  festiner. 

Beda  (bda,  a  bref,  Mj.),  s.  m.  —  Verrat, 
porc  mâle.  Syn.  de  Bedoux,  Vare,  Varé,  Ver- 
doux.  Il  Mj.,  Lg.  —  Sorte  d'injure  :  Le  vilain 
grous  beda  !  Nigaud,  lourdaud.  ||  Sal.  —  Id. 
Gros  garçon,  sot  et  mal  tourné. 

Bedainée  (Mj.),  s.  f.  —  Ventrée. 

Bé-dauic  !  interj.  Dame  !  Certes  !  Je  le 
crois  bien  !  ||  Fu.  Ben  dame  ./exclamation 
pour  s'excuser,  etc. 

Bédane,  s.  f.  (Li.,  Br.). —  Bicorne.  V.  Juif. 
Et.  Pour  :  bec  d'àne,  proprement  :  Outil  de 
menuisier  propre  à  faire  des  mortaises. 

Bedâner  (Sp.,  Th.),  v.  n.  —  Pleurnicher. 
Sj'^i.  de  Baner,  Ouâler,  Ouigner,  Buyer,  Beu- 
cler,  Brézer.  ||  Pleurer  en  jetant  de  hauts  cris, 
ou  avec  de  gros  soupirs  comme  font  les 
enfants.  Contraire  de  ChemichereiChenucher. 

Bédas  (a  long).(Lg.) —  En  bédas,  en  friche. 

Bédasse  (Mj.),  s.  f.  —  Bedaine.  Syn.  de 
Bédrasse,  Berdouille,  Basane,  Beille,  Béserot. 

Bédasser  (Sp.,  Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Paraît 
être  une  forme  adoucie  de  Pétasser.  —  Fati- 
guer, hai-asser.  ||  Posséder,  jouir  de  —  une 
femme.  ||  V.  n.  Se  fatiguer,  travailler  péni- 
blement, faire  des  efforts  répétés  et  infruc- 
tueux. Syn.  de  Bouvisser,  Buriner,  Timonner, 
Harquéler,  Odigner,  Jâgnoter,  Haquenasser, 
Haricoter,  Jarnusser.  —  N.  Se  dit  à  Tlm. 

Et.  —  Fréquentât,  de  Béder.  Ce  dernier  mol  me 
semble  lui-même  très  voisin  de  Bêter  ;  il  tiendrait 
à  Bédas,  com.  Bêter  au  fr.  Bête.  Celui  qui  s'épuise 
en  efîorts  et  reste  le  dindon  de  la  farce,  prend  tou- 
jours un  air  déconfit  qui  justifie  l'étymol.  proposée. 
(R.  O) 

Bède,s.f.V. Béder. —  L'endroitoù  l'on  bède, 
où  le  jeu  commence  et  où  il  faut  retourner 
quand  on  a  fait  une  faute.  ||  Terme  du  jeu  de 
billes.  Donner  la  bède  ;  renvoyer  la  bille  de 
son  adversaire  à  une  distance  d'au  moins 
cinq  mains  ouvertes.  (P.  Eudel).  ||  Ec.  Par 
ext.  :  On  va  johment  te  l'envoyer  béder, 
c.-à-d.  promener  !  —  V.  Bedouille. 

Bédée  (Sp.,  Ang.,  Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  De  bédée,  brutalement.  Ex.  : 
Faut  pas  y  aller  de  bédée.  —  Tout  d'eine  bédée. 
—  Elan  brusque  et  violent.  Ex.  :  Il  s'est 
arroché  sus  moi  fTeine  bédée.  \\  Aller  de  saut, 
ou:  de  cul  et  de  bédée, de  cul  et  de  ventre, au 
propre.  Rappelle. la  démai'che  de  l'oie.  ||  Au 
fig.  Agir  sans  rime  ni  raison.  V.  Bodée. 

Bédeller  (Sal.),  v.  n.  —  Bailler  et  ne  rien 
faire. 

Béder  (Mj.,  Sal.),  v.  n.  —  Terme  employé 
dans  certains  jeux  d'enfants,  surtout  au  jeu 
de  billes.  Dans  le  sol  est  creusé  un  léger  trou, 
ou  poteau,  où  l'un  des  joueurs  doit  arriver  à 
faire  entrer  sa  bille  ;  celui-là  bède,  est  bédoux. 


Or,  après  chaque  tentative  infructueuse  qu'il 
a  faite  pour  se  rapprocher  du  but,  tous  les 
autres  joueurs  s'évertuent  à  l'en  écarter,  en 
chassant  sa  bille  avec  les  leurs.  Le  mot  se 
retrouve  à  Sp.  et  à  Mj,  —  V.  Bède. 

Hist.  Depuis  s'en  vindrent  par  la  ville 
Pour  Françoys  cuider  suborner. 
Mais  l'on  les  fist  sur  pié,  sur  bille 
Bientôt  beder  et  retourner. 
(Martial.  Vig.  de  Ch.  vn.  —  God.) 

Bédier.  s.  m.  —  Niais,  bédas. 

Hist.  —  «  Il  se  trouva  qu'il  (l'évêque)  interrogea 
un  prêtre  qu'il  trouva  ignorant  :  «  O  !  dit-il,  gros 
bédier,  âne  que  tu  es,  qui  t'a  fait  prêtre?  «  (Bée.  de 
Verv.  m,  6.) 

Bedonner,  v.  n.  -^  Prendre  de  l'embonpoint. 

Et.  Bedon,  ventre  qui  commence  à  grossir. 

Bedou  (Auv.),  s.  m.  —  Verrat.  V.  Beda, 
Bedas,   Vare,   Varé,   Verdoux. 

Bedouau  s.  m.  —  Blaireau.  —  ||  Soleil  de 
bedouau,  —  la  lune,  parce  que  cet  animal  sort 
surtout  la  nuit.  Se  dit  aussi  de  tout  coureur 
de  nuit.  ||  Ec.  prononc.  :  boédouau,  lourdaud, 
bêtas. 

Et.  Hist.  —  Doit-on  rattacher  ce  mot  à  Bedaine, 
la  panse  du  Bedouau  étant  assez  rebondie?  —  Le 
D''  A.  Bos  indique  Bedonel,  qui  a  un  bedon.  — 
«  Laissez-moi  ces  manteaulx  de  loup  et  de  be- 
douault  ».  (Rab.,  p.,  iv,  24.)  —  «  Ce  sont  belles 
testes  de  mouton,  testes  de  bedouaulx  ».  (Ibid,  v, 
27.)  —  Dans  notre  province,  ce  mot  se  dit  aussi 
pour  bedeau  ;  serait-ce  parce  que  la  robe  de  ces 
fonctionnaires  était  souvent  mi-partie,  comme  la 
fourrure  des  blaireaux? 

Bedoufle    (Sr.),  s.  f.  —  Ampoule...    J'ai 

des  bedoufles  aux  mains  .  ||  Ec.  :  Gonfle.  Se 
sentir  bedoufle,  —  l'estomac  trop  plein.  Pat. 
berrichon  :  Boudenfle  =^  vessie  de  porc. 

Bedouflure,  ,  s.  f.  (Segr.).  —  Clochette 
occasionnée  par  la  brûlure  ou  la  morsure 
d'un  animal.  A  Angers,  c'est  une  bousine. 

(MÉN.) 

Bedouille  (Fu.)  s.  f.  —  Etre  à  la  bedouille. 
Se  dit  au  jeu  de  billes,  du  joueur  qui,  ayant 
fait  une  faute,  reste  inactif  pendant  que  les 
autres  ont  le  droit  de  le  chasser  au  loin. 
Même  expression  pour  le  jeu  de  toupie.  — 
V.  Bède. 

Bedouinunt.  v.  n.  —  Aller  en  bedouinant 
(Segr.),  ç.-à.-d.  nonchalamment,  comme  un 
bédouin  (MÉx.)  '??  — ■  Ou  plutôt  comme  un 
homme  qui  a  un  gros  ventre. 

Bédoux  (Lg.,  Sp.,)  —  Celui  qui  bède.  —  V. 
^ét^6T.  Cf.  pat.  norm.  Bédaud,  deraier-né  ;  à 
rapprocher  du  manceau  Bédaaud,  Bégaaud, 
niais. 

fSBcdrasse  (Mj.),  s.  f.  —  Bedaine,  gros 
ventre. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.  avec  un  suff.  péjorat.  La 
lettre  r  est  épenthétique.  V.  Beille,  Bédasse. 

Bédrasseau  (Mj.),  s.  m.  —  Personne  ou 
objet  petit.  Ex.  :  J'ai  trié  tous  les  grous,  je 
n'ai  laissé  que  les  petits  bédrasseaux.  Se  dit 


BBDRASSËE  —  BEILLE 


85 


de  l'homme,  des  animaux  et  des  plantes.  — 
Crapoussin,  nain,  avorton. 

Bedrasséc  (Mj.),  s.  f.  —  Ventrée.  Dér.  de 
Bédrasse. 

Beduau,  s.  m.  —  Blaireau.  V.  Tesson, 
Taisson,    Bedouau   (Lue,    Chm). 

Bedue  (Lg.),  s.  f.  —  Rouge-gorge,   oiseau. 

—  Syn.  de  Gorge-rouge,  Vachette,  Vache, 
Russe,  Gadille,  Reusse. 

Bégassard  (Lg.),  s.  m.  • — ■  Bègue.  —  Syn. 
de  Bégueur,  Macassard.  Dér.  de  Bégasser. 

Bégasse  (Lg.),  s.  f.  —  Bécasse.  — •  V.  F.  L- 

—  Chansons.  52, 

Bégasser  (Tlm.),  v.  n.  —  Bégayer.  —  Syn. 
de  Cacosser,  Jacquetonner,  Béguer,  Ma- 
casser. 

Et.  Dér.  du  îv. Bègue,  ou  plutôt  de  Béguer. 

Bégassine  (Lg.),  s.  f.  —  Bécassine.  —  Syn. 
de  Roulette. 

Bégaiid,  s.  m.  (Segr.).  —  Planche  ou 
échelle  horizontale,  attachée  au  plancher 
(plafond  ?)  sur  laquelle  on  place  la  provision 
de  pain  (Mén.).  —  (Mj.,  Lg.),  adj.  quai,  et  s. 
m.  et  f.  —  Nigaud,  bêta,  sot,  peu  rusé. 
Byn.  de  Niguedouille,  Bébête,  Benaud.  \\ 
(My.),  Fer  qui  tient  la  résine  face  à  la  che- 
minée. Syn.  de  Bâillaud.  |!  (Sr.),  Hanneton. 
Syn.  de  Canneton,  Meunier.  |l  Cf.  Bégat,  Jaub. 

Et.  —  Pour  :  niais.  Probablement  pOur  Beyaud 
ou  Boyaud,  de  Boyer,  fr.  Bayer,  Béer.  Cf. 
Bajoie,  Bâchas.  (R.  O.)  —  «  De  Bègue?  —  Hist. 
«  Ceux  qui  n'auront  jamais  bougé  d'entre  les  bras 
de  leuj-s  mères,  ne  seront  que  niais  et  bégaux.  » 
(Apol.  pour  Hérodote,  p.  461.  —  L.  C.  —  «  Eh 
bien  !  grand  bégaut,  m'as-tu  regardée  assez,  me 
veux-tu  acheter?  »  (Noël  du  Fail.  Propos  rus- 
tiques. —  C"^  Jaub.)  —  «  Bégard,  hérétique  :  stu- 
pide,  sot,  fainéant,  hypocrite.  —  Les  bégards, 
bégauds  étaient  de  pauvres  hérétiques  croyant  avoir 
atteint  la  perfection.  Et.  *beggardum,  du  Germ. 
flam.  beggen,  demander,  mendier  ;  ou  p.  ê.  bégard 
n'est  que  le  péjorat.  de  bègue,  dont  l'orig.  est 
inconnue.  (D^  A.  Bos)  —  «  Badaud  qui  s'arrête  à 
chaque  instant  pour  regarder  avec  une  curiosité 
niaise.  Cf.  Basgoule  ;  naïf  qui  bâille  aux  corneilles'.  » 

—  Chandelier  en  bois  percé  de  trous  à  diverses 
hauteurs  et  dans  lesquels  on  plante  le  grichedent, 
morceau  de  fer  ou  de  bois  fendu  dans  lequel  on  met 
le  pétoche  (résine.)  Doïtin. 

Bégaiidage  (Mj.),  s.  m.  —  Sottise,,  bêtise, 
niaiserie.  Ex.  :  Ça  illi  a  fait  voir  son  bégau- 
dage.  —  Nigauderie.- 

Bégaiideaii  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  nigaud. 
Syn.   de   Sottereau,   Nigaudeau. 

Bégaiider  (Sa.),  v.  n.  —  Causer  naïvement. 

Hist.  —  «  Ils  vont  niaisans,  begaudans  et  s'amu- 
sans  par  les  chemins.  »  Contes  d'Eutrapd,  p.  306.  — 
•L.    C. 

Bégnote  (Lg.),  s.  f.  —  Espèce  de  besi  assez 
semblajtle  aux  poires  de  gaubretière. 

BégnotiiT  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  bésier  ou 
poirier  demi  sauvage. 

Begrole    (Segr.).   —   Bobo   causé   par  un 


rasoir  malpropre,  simulant,  à  l'aide  du  nez 

(?  !  ?)  le  bec  de  la  grole.  (Mén.). 

Béguer  (Lg.),  v.  n.  —  Bégayer.  Syn.  de 
Bégasser,  Macasser,  .Jacquetonner,  Cacos- 
ser. 

Et.  —  Ce  V.  est  l'original  de  la  nombreuse  famille 
de  mots  à  laquelle  appartiennent  les  formes  fr. 
Bègue,  Bégayer,  et  les  form.  pat.  Bégueur,  Bégasser, 
Bégassard,  ainsi  que  Macasser  et  Macassard,  qui 
ne  sont  que  des  altérations  de  ces  derniers.  Hatz- 
FELD  déclare  que  l'étym.  de  ces-mots  est  inconnue. 
Pour  moi,  elle  est  évidente  ;  ils  dériv.  tous  du  fr. 
Bique,  ital.  Becco,  ail.  Bock  ;  bégayer,  béguer, 
bégasser,  c'est  avoir  la  parole  hachée  com.  le  bêle- 
ment d'une  bique.  Tous  ces  vocables  sont  donc 
cousins  germains  de  Biqueter,  Bien,  Béguion,  Béque- 
reau,  Biquereau.  Bigane.  (R.   0.) 

Béguette  (Sp.),  s.  f.  —  Chèvre,  petite 
chèvre. 

Et.  —  Ce  mot  qui  a  la  même  rac.  que  Bion,  Bé- 
guion, Bigane,  est  pour  Biquette,  dim.  de  Bique. 

Bégueur  (Lg.),  s.  m.  —  Bègue.  Syn.  de 
Bégassard,  Macassard. 

Béguin  (Mj.).  ||  Fig.  La  plus  tendre 
enfance.  Ex.  :  Ça  l'a  prise  dès  le  béguin.  \\ 
Attachement  passionné.  Ex.  :  Il  a  ein  béguin 
pour  ceté  fille-là.  —  C'est  littéralement  la 
loc.  fr.  :  Il  en  est  coiffé. 

Et.  —  «  Un  prêtre,  Lambert  le  Bègue,  aurait  le 
premier  prêché  à  des  femmes  les  avantages  de  la 
chasteté  ;  elles  en  auraient  été  surnommées  Bé- 
guines. (D.  C.)  —  «  Béguine,  nom  d'une  corporation 
religieuse  fondée  par  sainte  Begge,  dont  elle  aurait 
tiré  le  nom.  D'autres  font  dériver  ce  nom,  comme 
celui  des  Béguins  et  Béguards  du  v.  angl.  Beg, 
mendier,  à  cause  de  la  pauvreté  à  laquelle  ces  héré- 
tiques se  vouaient.  —  On  se  demandé  encore  si  la 
coiffe  de  linge,  appelée  Béguin,  doit,  ou  a  donné  son 
nom  aux  Béguines.  (Schelek.)  —  Begui,  en  langue- 
doc  =  coiffe,  bonnet.  (L.  C.) 

Beguion  (Sp.),  s.  m.  ■ —  Biquet,  chevreau- 

Et.  —  Ce  mot  est  la  forme  masc,  de  Béguette.  Le 
nom  Bion  en  est  une  contraction.  — ■  Syn.  de  Bion, 
Biqueton,  Biquereau,  Béquereau,  Biquol.Y.  Béguer. 

Beigne  (Mj.),  s.  f.  —  Coup  violent.  Syn.  de 
Bagne.  Fr.  Bigne.  Vx.  fr.  Bugné,  bosse, 
tumeur.  Attraper  eine  beigne.  —  Bosse, 
enflure,  surtout  à  la  tête.  Anciennement  : 
tumeur,  apostume.  Dér.  du  celtiq. 

Hist.  —  «  Ladite  Colette  donna  un  si  grand  coup 
sur  l'œil  ...que  à  pou  qu'elle  ne  lui  creva,  et  pour  ce 
lui  fist  une  grant  beugne  ou  boce  sur  ledit  œil.  (D.  C.) 

Beille  (Boille)  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Ventre, 
bedaine.  N.  Beille,  qui  a  qq.  peu  vieilli,  a 
tuie  forme  masc.  Boille.  Cf.  Abeillaud,  bour- 
don, frelon,  qui  a,  en  effet,  un  gros  ventre. 

Et.  Hist.  —  Il  pourrait  bien  avoir  la  même  rac. 
q.  le  fr.  Bedaine.  En  tout  cas,  il  est  certain  qu'il  a 
donné  l'angl.  Belly.  —  «  Telle  était  l'enceinte  de 
la  ville  de  Âlur  (Saumur)  ;  et  cette  portion  de  l'an- 
cienne ville  a  toujours  été  distinguée  de  la  nouvelle 
sous  le  nom  de  Boele  du  Château...  Je  remarquerai, 
à  cette  occasion,  que  le  quartier  environnant  les 
châteaux  de  Doué  et  de  Montreuil-Bellay,  porte 
aussi  le  nom  de  Boele  ;  ce  qui  peut  faire  présumer 
que  ce  nom  ,qui  signifie  :  boyau,  nous  est  venu  de  la 
première  de  ces  villes,  qui  est  la  plus  ancienne.  (J. 
BoDEs,  R.  h.  I,  97.)  N.  philol.  —  Beille,  boille. 


86 


BEILLER  —  BELLE-PILLE 


boele  signifient  non  pas  :  boyau,  comme  le  dit 
l'auteur,  mais  :  ventre.  J'en  ai  dit  ce  qu'il  fallait, 
mais,  ce  que  je  n'avais  pas  vu,  c'est  que  ce  très 
vx.  mot  est  la  rac.  du  fr.  Boyau,  lequel  devrait 
s'écrire  Boillau...  —  Comme  suite  à  cette  note, 
j'observe  qu'Angers  pourrait  bien  avoir  eu  son 
Boele,  tout  comme  les  villes  de  Saumur  et  de  Mon- 
treuil.  Et  ce  Boele  aurait  été  la  rue  Baudrière,  ce 
boyau  oblique  qui  contournait  les  remparts  de  la 
vieille  cité.  N'est-ce  pas  au  bas  de  cette  rue  que  se 
trouvait  et  que  se  trouve  encore  la  fameuse  fon- 
taine Pied-Boulet,  ou  Pied  de  Boulet,  dont  le  nom 
a  tant  intrigué  le  populaire,  les  historiens  et  les 
étymologistes  ?  Si  mon  hypothèse  est  juste,  la  déno- 
mination primitive  aurait  été  Pied-Boelet,  ou  Pied 
de  Boelel.  C'est  là  une  simple  induction  linguis- 
tique, et  je  donne  ma  découverte  pour  ce  qu'elle 
peut  valoir.  Je  suis  d'avis,  en  définitive,  q.  ce  mot, 
très  curieux  et  très  vx.  est  pour  Baille,  q.  je  déri- 
verais du  lat.  Bulla.  (R.  O.).  —  Il  y  a  à  Angers  une 
rue  de  Beille-BeUle.  —  «  Portion  d'une  clôture,  qui 
force  en  dehors  de  son  alignement.  La  baille  était 
une  palissade  servant  de  première  défense  en  avant 
et  en  dehors  d'une  ville.  (D.  C.  Bailleium  et  Bal- 
lium.)  —  «  Boille  (angl.  bowels),  s.  f.  viscères  de 
l'homme  et  des  animaux.  Dialectes  normands 
anciens  :  Buille,  Buele,  Boels,  Boele.  —  Eboiler, 
éventrer,  esboellare  :  «  Le  ventre  lui  purfendi,  si 
que  toute  la  buille  à  terre  chaïd.  »  {Les  Bois,  p.  198.) 

—  «  Defors  son  corps  veit  gésir  la  buele  »  (Chanson 
de  Bol.  p.  187.)  Patois  norm.  de  Guernesey, 
Bouailles.  (MoisY.).  —  Cf.  Bullire,  bouillir. 

—  «  Gens  saphirez  qu'un  dint  de  verre  esveille, 

Ausquelz  le  boire  e.schaufîe  l'avertin, 
N'osp arguez  pas  le  creux  de  vostre  beille. 
Pour  boire  en  grec,  en  flamant,  en  latin. 
G.  C.  Bûcher,  186,  p.  192. 

Beiller.  v.  n.  —  Rester  bouche  ouverte.  «  Il 
ne  fait  que  beiller  de  la  goule.  »  —  Béer.  — 
Mieux  écrit  :  Beyer  ou  Béier.  Cf.  Boyer. 

Beillouetter  (Lg.),  v.  n.  —  V.  Béluetter. 
Cf.  Ebeillouir.  Miroiter,  scintiller.  Fr.  Bluette, 
V.  Beluette. 

Beillii  (Mj.,  Lg.),  adj.  quai.  —  Ventru.  Se 
dit  surtout  des  animaux.  Ex.  :  Eine  vache 
beillue.  V.  Beille. 

Béionner  (Sp.),  v.  n.  —  V.  Bionner,  Béton. 
\.  Bcguioii,  gui  mouillé  et  très  doux. 

Béiouner  (Sp.),  v.  n.  —  V.  Biouner.  Dou- 
blet de  Béionner.  V.  Béguion. 

Belaud  (Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Ver,  ou  larve 
d'insecte  qui  vit  dans  certaines  cerises. 
Syn.  de  Belin  ou  Blin.  ||  (Lg.)  Belaud  ! 
belaud  !  mê  !  Interj.  qui  sert  aux  bergères 
pour  rappeler  leurs  moutons.  \\  Mj.,  Lg.  - 
adj.  q.  -^  Mignon,  gentil.  ||  Nom  caressant 
que  l'on  applique  souvent  aux  enfants  ou 
aux  chiens. 

Et.  —  Le  mot  Belaud,  qui  tient  à  Belin,  a  signifié 
autrefois  :  mouton.  Il  ne  s'emploie  plus  que  pour 
désigner  la  larve  de  charançon  qui  attaque  les 
cerises.  Quant  à  :  Mê,  c'est  une  onomat.,  le  bêle- 
ment du  mouton.  |1  Cf.  Mouton.  Jaub.  ]|  Dans  le 
dernier  sens,  diminutif  de  Bel,  pour  Beau. 

Bclaudé  (Lg.),  adj.  q.  —  Attaqué  par  les 
belands.  Se  dit  des  cerises. 

Belaiider  (Sp.),  v.  n.  - —  Plaisanter,  dérai- 
sonner. Ex.  :  Bah  !  tu  belaudes.  —  Pour  Ber- 
lauder.  Cf.  Berlauderies.  Cf.  Beluter, 


Beleau  ou  Bleau  (Sa.),  s.  m  —  Oison. 

Bêlière  (Mj.),  s.  f.  —  Anse  de  pertoire, 
faite  d'une  hart  d'o.sier  formant  boucle.  — 
Syn.  de  Bérière.  il  Fu.  —  Berlière,  —  se  dit 
surtout  des  anses  mobiles  en  osier,  rappor- 
tées aux  cruches  qui  ont  perdu  la  leur. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Bélièrô,  Anneau  auquel  est 
suspendu  le  battant  d'une  cloche.  D.  C.  Belleria  ; 
flam.  Bel,  cloche.  —  «  A  la  charge  dudit  Chapitre 
de  fournir  en  l'acquit  de  l'évesque  les  chordes,  bet- 
lières,  batail,  etc.  —  Renvoie  à  Berleria,  d'où  est 
resté  Berlière.  —  «  Item,  pour  réparer  deux  ber- 
lières,  et  pour  une  neuve,  pour  la  cloche  du  Cha- 
pitre, X  X  V  i  i  j  sols.  (1469.)  D.  C. 

Belin'  (Mj.),  s.  m.  —  Larve  d'une  espèce  de 
charançon  qui  vit  dans  les  cerises,  surtout 
dans  les  bigarreaux.  C'est  l'  :  ortalide  du 
cerisier.  —  BerHn,  en  Berry.  Syn.  de  Belaud. 
li  Fu.  B'hn. 

Belin  "^  (Auv.),  s.  m.  —  Nom  par  lequel  les 
bergers  appellent  leurs  moutons  pour  les 
réunir.  Ii  (Pos.),  Mouton  secondaire  d'un 
pressoir.  Syn.  de  Belineau  \\  (Lg.).  —  Etre  en 
belin,  —  être  en  chaleur.  Se  dit  d'une  brebis. 
Et.  —  Même  radie,  que  Bélier,  avec  un  sufT.  dif- 
férent ;  ou  Blin,  de  Bell,  clochette,  —  le  mouton  à 
la  sonnette.  —  «  Il  se  prit  à  pleurer  de  ce' qu'il 
savait  moins  que  les  belins  ».  (Amyot,  Daphnis  ^ 
Chloé.  —  Ce  Jaub.) 
—   «  Qui  de  la  toison  de  belin 

En  lieu  de  manteau  sobelin, 
Sire,  Ysengrin  afîubleroit 
Le  loup  qui  mouton  sembleroit  ». 
B.  de  la  Boe.  —  (BoR.) 

Belineau  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  madrier  qui 
s'interpose  entre  le  mouton  et  les  carreaux 
d'un  pressoir. 

Et.  —  De  Belin,  qui  s'emploie  du  reste  dans  le 
même  sens,  j  Enchère,  enche  et  encheneau.  (Mén.) 

B(e)liner  (Mj.),  v.  n.  — Vétiller,  lambiner, 
perdre  le  temps. 

Et.  —  De  Belin,  à  cause  de  la  lenteur  avec 
laquelle....  urine  le  mérinos.  On  connaît  le  prov.  : 
Laisser  pisser  le  mérinos? 

Bellaud,  e  (Mj.).  adj.  quai.  —  Bellot. 

Belle,  s.  f.  —  s-ent,  occasion.  —  L'avun- 
belle  à  faire  une  chose.  |j  Faire  la  belle  ;  partie 
finale  entre  deux  joueurs  qui  ont  gagné 
chacun  une  partie  ou  manche,  qui  sont  : 
manche-à  (manche).  C'est  la  belle,  la  bonne 
partie  qui  décide.  ||  (Lg.)  Sorte  de  jeu  de 
cartes  appelé  aussi  Trente-et-un,  fort  en  hon- 
neur dans  les  veillées.  ||  (My.)  —  Se  dit  pour  : 
une  femme  enceinte.  (Mén.) 

Belle  (de)  (Mj.),  loc.  adv.  —  Bien.  Se  dit 
ironiquement.  Ex.  :  Ça  t'avance  de  belh  !  \\ 
De  pus  belle,  mieux,  de  mieux  en  mieux,  avec 
plus  d'ardeur.  Ex.  :  Il  a  recommencé  de  pus 
belle. 

Belle-chouse  (Mj.),  adv.  —  Beaucoup.  On 
dit  aussi  Berchouse.  Syn.  de  Boun  endret, 
Biaucop. 

Belle-fille  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Fille  par 
alliance,  bru;  ou  fille  du  premier  lit  d'un  con- 
joint. 


BELLE-HEURE  —  BÉQUELÉ 


87 


Belle-heure  (M,j.),  adv.  —  Longtemps.  Ex.  : 
Y  a  belle  heure  qu'il  est  parti.  Cf.  Beau-temps. 

Belle-sœur  (Mj.),  s.  .  —  Sœur  utérine  ou 
consanguine.  Syn.  de  Demi-sœur. 

Belsamlne  (Mj.),  s.  f.  —  Balsamine. 

El.  —  Balsamum,  baume. 

Béluette  (Lg.,  Mj.),  s.  f.  —  Bluette  ;  berlue  ; 
éblouissement.  ||  (Lg.).  Grain  de  neige  qui 
voltige  en  l'air. 

Béluetter,  (Mj.),  v.  n.  —  Papillotter,  être 
incapables  de  percevoir  distinctement  les 
objets,  en  parlant  des  yeux.  Ex.  :  Je  ne  peux 
pas  lire  à  la  chandelle,  les  yeux  me  béluettent. 
—  Pour  Bluetter,  de  Bluette.  Syn.  et  d.  de 
Beillouetter. 

^Et.  —  Bluette.  Probablement  le  même  que 
Berlue  ;  c.-à-d.  composé  de  la  particule  Ber,  qui  a 
un  sens  diminutif,  et  d'un  thème  :  luca,  de  hicere, 
luire  ;  petite  lumière,  fausse  lumière,  d'où  :  étin- 
celle. (LiTT.).  —  Bluette,  pour  :  béluette,  du  vx.  fr. 
belue,  orig.  inconnue  —  «  Le  châtaignier  est  un 
mauvais  bois  pour  brûler,  il  fait  trop  de  beluettes  ». 
(Or.)  —  Rac.  celtiq.  Bel.  être  lumineux,  d'où 
Belenos,  brillant,  devenu  le  nom  d'un  dieu  qui 
représentait  le  soleil.  (Malv.) 

B(e)luter  (Fe),  v.  n.  —  Radoter,  barbotter. 
«  Tais-té,  tu  belutes  !  »  dira-t-on  à  qqn  qui 
s'empêtre  dans  la  conversation.  ||  Etre  fou. 
Cf.  Belauder. 

Beîzébue  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  d'herbe  à 
feuilles  arrondies,  appelée  aussi  cresson  ter- 
restre et  qui  peut  être  le  Nasitort  sauvage. 
Bat.  Thlaspi  sativum. 

Et.  —  Belzébuth  ;  phénic.  et  hébr.  Dieu  des 
mouches. 

Benibouère.  —  Le  pont  de  la  Bembouère  ; 
c'est  un  endroit  marécageux,  où  il  y  a  un 
grand  mollet  (Fu.) 

Ben  (Mj.),  adv.  —  Bien,  très,  fort.  Ex.  : 
C'est  ben  fait.  ||  Beaucoup.  Ex.  :  Il  a  ben  du 
bien.  Il  est  à  noter  que  le  nom  Bien  se  pro- 
nonce com.  en  fr.  i|  Vraiment  (Sp.).  Ex.  : 
N'avez-vous  point  de  lait  à  me  vendre?  — 
Oh  !  si  ben,  j'en  ai.  —  Le  mot  :  ben  est  ici  une 
affirmation  ou  un  explétif  dont  l'emploi  rap- 
pelle celui  de  son  syn.  ail.  :  Wohl.  Une  alle- 
mande répondrait  :  la,  ich  habe  es  wohl.  || 
Eter'  ben,  —  être  à  l'aise.  ||  Ben  s'en  faut,  — 
il  s'en  faut  de  beaucoup,  à  beaucoup  près. 
Se  rejette  à  la  fin  de  la  phrase.  Ex.  :  Je  ne  l'ai 
pas  vendu  ceté  prix-là,  ben  s'en  faut.  ||  Ben 
y  a-t-il,  —  il  y  en  a  beaucoup  (même  place). 
Ex.  :  Les  rainsins  sont  mêlés,  beji  y  a-t-il.  jj 
Syn.  et  d.  de  Bé. 

N.  —  Dans  le  sens  de  :  parfaitement,  on  prononce 
toujours  :  ben.  Ex.  :  C'est  ben  fait  pour  ielle  ;  ça  se 
pourrait  ben.  —  Dans  le  sens  de  :  beaucoup,  on  ne 
prononce  ben  que  quand  l'adv.  n'est  pas  à  la  fin  de 
la  proposition,  encore,  même  dans  ce  cas,  on  pro- 
nonce souvent  :  bien,  c.  en  fr.  Ex.  :  Y  avait  bien  du 
monde,  ou  :  ben  du  monde  à  la  messe.  —  Du  monde, 
y  en  avait  bien  (et  non  ben.)  On  dit  encore  :  Ni 
bien,  ni  guère,  —  ni  peu  ni  prou.  Du  lat.  Bene  (d'où 
la  graphie  Ben,  et  non  Bin.) 

Ben-aise  (Mj.),  adj.  —  Pour  :  bien   aise, 


(Mj.).  —  Bénéfice.  Syn.  de 
J'ai   toujours   ça  de   bé?ief  ! 

s.  m.  —  Pour  Bénéfice. 
V.  n.  —  Bénéficier,  profiter. 


satisfait  (B'naise).  ||  Fu.  —  Le  bon  vin  fait  la 
goule  ben-aise. 

Benatre  (Seg.),  s.  m.  —  Pour  :  benastre. 
Carrelet  à  grosses  mailles  servant  à  porter  sur 
le  dos  le  coupage.  (Mén.)  ||  Filet  en  corde  pour 
porter  foin  ou  paille. 

Et.  —  Ce  mot  se  rattache  au  radie,  de  Banne, 
Benne.  Syn.  de  Barneau. 

Benaud,  e  (Lg.),  ad.  quai.  — •  Benêt,  niais. 
Syn.  de  Bégaud,  etc.  Doubl.du  fr.  Benêt. 

Bene.  s.  m.  —  Nom  vulg.  du  Sium  nodiflo- 
rum  (Mén.)  Batar©  donne  Berle. 

Bêne  (Mj.),  s.  f.  —  Plante  des  prés  bas,  à 
feuilles  composées.  (Le  même  que  Bene.) 

Bénédiction  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  Foison, 
grande  abondance.  Syn.  de  Foisance,  Afoi- 
sance,  Confusion,  Râpée,  Crasse,  Flopée,  etc. 
Ex.  :  Y  a  des  preunes  que  c'en  est  eine 
bénédiction. 

Béneï,  s.  m. 
Bénifice.  Ex.  : 
Argot. 

Bénifice  (Mj.), 

Bénificer    (Mj. 
Cf.  Officer. 

Bénisse!  (Mj.)Bénissoir(oué).Interj. — Se  dit 
à  ceux  qui  éternuent.  C'est  une  ellipse  de  la 
formule  bien  connue  :  Que  Dieu  vous  bénisse  ! 
■ —  on  ajoute  qqf.  avec  son  grand  bénissoué 
(goupillon). 

Bénit,  e.  (Mj.),  part.  pas.  —  C'est  ein  pain 
bénit.  —  C'est  bien  fait.  Cette  loc.  prov.  est 
fr.  ;  mais,  à  Sp.  beaucoup  de  personnes  la 
complètent  en  disant  :  C'est  ein  pain  bénit  de 
La  Rochelle.  J'ignore  l'origine  de  cette  expres- 
sion. Sans  doute  allusion  ironique  aux  Pro- 
testants qui  n'avaient  pas  de  pain  bénit. 

N.  —  A  Auverse,  la  croyance  populaire  est  que, 
si  une  personne  sue  beaucoup  des  mains,  il  lui 
suffit,  pour  se  guérir  de  cette  affection,  de  les  trem- 
per dans  l'eau  bénite.  Il  faut  seulement  que  cette 
médication  ait  lieu  dans  une  église  où  la  per- 
sonne entre  pour  la  première  fois. 

Béniter  (Mj.),  v.  a.  —  Bénir,  consacrer  un 
objet. 

Et.  —  Dér.  régul.  du  fr.  Bénit. 

Bénitier  (Mj.),  s.  m.  —  Menton  en  bénitier, 
proéminent  de  telle  sorte  que  la  lèvre  infé- 
rieure avance  sur  la  supérieure.  On  voit  que 
l'image  est  juste  et  vive.  —  N.  On  dit  qqf. 
menton  en  galoche.  ||  Ec.  Menton  en  galoche 
et  nez  en  pied  de  marmite. 

Bentout  (bintou),  adv.  —  Bientôt.  || 
Presque.  Ex.  :  Il  est  bentout  aussi  char  que 
l'autre.  —  Aile  est  bentout  aussi  bête  comme 
sa  mère  •  Cf.  Tantoût.  \\  Ec.  Bétou,  Bitou 
(bords  de  la  Loire). 

Hist.  — «  Comme  asceuré  de  n'évader  que  bien 
toust  ne  perdist  la  vie  ».  (Rab.  P.  iv,  38,  422.) 

Béquelé.  adj.  quai.  —  Lait  béquelé,  qu'on 
retire  trois  ou  quatre  jours  après  la  parturi- 


88 


RÉQUBREAU  —  BERDANSER 


tion  de  la  vache.  Syn.  de  Moucheron,  etc. 
(Ts.).  On  dit  aussi  :  Bettelé,  vételé  (vitellus?), 
moché.  —  Bégaud  et  Bégeau  (G'''  Jaub'.) 

Béquereau  (Lg.),  s.  m.  —  Biquet,  chevreau. 
Syn.  et  d.  de  Biquereau. 

Béqiiillard,  s.  m.  —  Cehii  qui  se  sert  de 
béquilles.  (Mén.). 

Et.  —  De  :  bec,  à  cause  de  la  traverse. 

Béqiiot  (Lg.),  s.  m.  —  Biqueton,  Biquet. 
- —  Syn.  et  d.  de  Biquot. 

Béquote  (Lg.),  s.  f.  —  Chevalet  de  sabotier, 
pour  scier  en  travers  les  billes  de  bois.  La 
béquote  est  une  pièce  de  bois  longue  d'un 
mètre  et  grosse  comme  la  cuisse,  portant  à 
terre  par  une  de  ses  extrémités,  et  relevée  à 
l'autre  d'un  pied  environ,  au  moyen  de  deux 
pattes  écartées.  Au  milieu  de  la  longueur  et 
sur  le  dos  de  ce  chevalet  un  trou  de  vrille 
reçoit  une  cheville  mobile  c{ui  maintient  les 
troncs  à  scier. 

Béquoter  (Lg.),  v.  n.  —  Mettre  bas,  en  par- 
lant de  la  chèvre.  Syn.  de  Biquetonner,  Bique- 
touner,  Bionner.  Dér.  de  Béquot. 

Ber  (Fu.,  Sal.),  s.  m.  —  Berceau.  V.  Bers. 
J'ai  mes  fdles  aux  landes. 
Deux   p'tites   et   deux   grandes  ; 
Deux   qui   vont   aux   champs. 
Deux  qui  poin  (t)  y  vont  ; 
Deux  petites  ou  ber.  (au). 

Béraide  (Lg.),  adv.  —  Beaucoup.  On  disait: 
Y  en  a  pas  bé-raide,  t'ôs  apporteras  bé.  Ce 
mot  est  désuet,  mais  son  synon.  Biâcop  s'em- 
ploie encore.  Syn.  de  Berchouse,  Belle-chouse. 

Beraud,  (Seg.,  Sa.)  Dadais,  nigaud,  nico- 
dème.  Syn.  de  Baj'ole,  Bûchas.  V.  Berraud. 

Berbe,  s.  f.  —  Pour  Barbe.  On  dit  bien  : 
Imberbe.  Lat.  :  Barbe,  Barba;  Imberbis. 

Berbère,  s.  f.  —  L'anse  du  panier,  d'un 
chaudron  (Vendée).  Je  pense  que  Ménière 
aura  mal  lu  ;  c'est  berliere.  Cf.  Berlière. 

Berbis,  s.  f.  —  Pour  Brebis.  Se  disait  au 
xi<^  siècle. 

Et.  —  Lat.  Berbix,  dans  les  plus  vx  textes,  de  : 
vervex,  biMier.  Hist. 

—  Va-t'en  à  la  berbis  ta  mère, 

...Les  berbis  sans  garde  trouva. 
Marie  dk  Fraî<ce,  ii,  221.  (C  Jaub.) 

Berclie,  (Mj.)  s.  f. —  Brèche.  Forme vieilhe.|| 
Rayon  de  miel. 

Ber,  Bes,  pour  :  Bre,  jiresque  toujours.  Ry.  — 
Tous  les  Ber,  mis  i)Our  Bre,  se  prononcent  Boér. 
Ceux  qui  «  se  parloyent  »  disent  Ber.  On  dit 
Eboerché  ;  mais  on  dit  toujours  une  Brèche. 

A  Cholet,  Quartier  de  Berloquet  pour  :  du  Bre- 
loquet. 

Et.  —  Ber,  Bes,  particule  duplicative  ou  péjora- 
tive, indiquant  qu'une  chose  ou  action  est  mau- 
vaise, fausse,  contrefaite,  de  travers.  —  Qqf.  Ber, 
Bre,  pour  Bes,  Be.  —  Bis  est  la  forme  savante. 
Besaigu,  —  bisacutum  ;  besaive,  besaïeul  ;  besloi, 
injustice  ;  berlue,  vue  trouble  ;  bévue,  etc.  —  Et. 
Bis,  double,  et  de  lu  :  faux,  mauvais.  (D-  .\..  Bos.) 


Berche-dent.  (Mj.)  —  Brêche-dent. 

Berchet,  (Mj.)  s.  m.  —  Bréchet,  chez  t 
oiseaux.  ||  Chez  l'homme,  partie  indéfinie  du 
corps,  dont  la  chute  occasionne  des  maladies 
graves.  Tel  est,  du  moins,  l'avis  qu'émettent 
sans  sourciller  de  certains  empiriques  qui,  s'ils 
ignorent  l'anatomie,  s'entendent  d'ailleurs 
fort  bien  à  exploiter  la  crédulité  des  paysans. 
Donc,  pour  ceux-ci,  avoir  le  Berchet-chait, 
est  un  accident  des  plus  sérieux. 

Et.  Hist.  —  D.  C.  Bruccus, —  Angl.  Brisket,  poi- 
trine d'un  animal,  du  kymri  :  brysced,  briskel. 
bas-bret,  bruchet,  poitrine.  —  Breton  de  Vannf-s  : 
bruste,  estomac  d'animal.  —  N.  Il  est  juste  d'ajou- 
ter que,  dans  l'ancienne  médecine,  le  mot  bréchet 
désignait  une  partie  du  corps  humain,  probablf^- 
ment  le  sternum.  Rabelais,  médecin  lui-mênv 
l'emploie  à  plusieurs  reprises.  «  Il  resta  tout  <•>- 
tourdy  et  meurtry,  un  œil  poché  au  beurre  noir, 
huit  côtes  freussées,  le  bréchet  enfondré.  »  (P.,  iv, 
12.)  —  «  Quaresmeprenant  avait  le  bréchet  comme 
un  baldachin.  »  (P.,  iv,  21.) 

Berchouse  (Mj.,  Sf.,  Cho.,  Ché.,  Lrm.),  adv. 

—  Beaucoup.  V.  Belle-chouse.  Ex.  :  Y  en  n";i 
berchouse.  —  pas  mal,  —  une  grande  quantil- 

—  Y  a  berchouse  de  hannetons  cette  anni" 
V.  Chouse.  Syn.  de  Biaucop ,  Boun-endret. 
Fu.  —  «  Al  é  riche.  I  védraient  ben  avoir  son 
bien,  berchouse  y  a-t-i.  »  —  Beaucoup  y  a-t-il  ; 
c.-à-d.  :   ils  sont  nombreux  ceux  qui   vou- 
draient . . . 

Berchu  (Sa.).  —  Jeune  enfant  ayant  perdu 
une  dent.  Pour  bréchu,  brèche-dent.  Syn.  d»' 
Beurche. 

Et.  —  Brèche.  De  l'aha.  brecha,  action  de  briser  ; 
kym.  breg,  rupture. 

Bercillard,  s.  m.  (Seg.).  —  Celui  qui  bercillo 
des  yeux.  (Mén.). 

Berciller  (My.,  Lue,  Bg.,  Mj.),  v.  n.  — 
Ciller,  cligner  les  paupières,  les  agiter  par  un 
tic  nerveux.  Syn.  de  CXeuter.  \\  Sal.  —  Id.  — 
Faire  une  chose  sans  berciller,  c.-à-d.  effron- 
tément. 

Et.  —  Ber,  partie,  péjor.,  et  Cil.  —  Cependant  : 
Bertiller,  —  scintiller  :  Les  étoiles  bertillent  ;  le 
soleil  bertille  à  la  surface  de  l'eau  un  peu  agitée  ; 
l'eau  bertille.  w  C "  Jaub.,  qui  rapproche  ce  mot  de 
Frétiller.  —  Les  Glossaires  semblent  confondre 
Bersiller  et  Berciller. 

Berdadaii,  Berdado,  Berdadoiif-.  (Mj.,  Fu.) 
interj.  —  Patatras  !  Fort  bi'uil  causé  par  la 
chute  ou  l'écroulement  d'un  objet,  d'un  corps, 
Z.  142.  —  Onomat.  —  Syn.  de  Patatrac, 
Pétatrac.  \\  Cf.  pat.  norm.    Cha  berdindelle, 

—  ça  sonne  étrangement.  ||  Sal.  s. m.  —  Gros 
et  lourd,  mal  fait. 

Berdanée  (Auv.),  s.  f.  —  Syn.  de  Patrassée 
ou  Petrassée,  Tervirée.  Ex.  :  Il  est  tombé  eine 
berdanée  ! 

Et.  —  Ce  mot  semble  avoir  de  l'affinité  avec 
Berdadouf,  etc.,  comme  Patrassée  avec  Patatrac  ou 
Patatras.  V.  note  à  Berdadaud. 

Berdanser  (Seg.,  Sa.,  Fu.,  Bn.,  Mj.),  v.  a. 

—  Agiter,  secouer.  |1  La  salade  est  berdansée 
dans  le  panier  ;  les  domestiques  berdansent  le 


BERDANSONNER  —  BERDOUILLE 


89 


panier  en  allant  à  la  provision.  ||  Fig.  Répéter 
sans  cesse.  Sjm.  de  Ressasser.  \\  Reprocher 
souvent.  Ex.  :  Il  est  toujours  à  me  berdanser 
<  i.  Il  Dandiner.  Cf.  Berlancer. 

'Jattb.)  —  D'aucuns  l'écrivent  par  un  c, 
comme  R.  O,  à  cause  de  l'angl.  to  Dance. 
V.  la  citation  de  Dottin.  \\  Sauter,  comme 
un  feu  follet.  (Segréen,  Feneu.) 

Et.  —  Ber,  préf.  péjor.  et  danser.  —  Hist.  : 
—  Vous  qui  quand  suis  es  paradis 

Moaisement  herdancez  ma  porte.  (Dott.) 


Berdaiisonner. 


V.  Berdanser. 


Berdassage  (Mj.),  s.  m.  —  Propos  futile  ; 
action  de  berdasser.  V.  Berdasse.  Syn.  de 
Berdasseries. 

Berdassard  (Mj.,  Bn.).  —  Celui  qui  tient 
des  propos  futiles.  Syn.  de  Berdassier,  Ber- 
dou  illard. 

Berdasse  (Sa.,  Lue,  Mj.,  Fu.,  etc.),.  adj. 
quai.  —  Bavard,  peu  sensé.  Syn.  de  Cacasse, 
Pétasse,  Bobote.  ||  S.  f.  —  Remi«  penduline, 
sorte  de  mésange.  ||  Tapette  servant  à  enfon- 
cer la  bonde  ou  à  la  faire  sortir  en  frappant 
autour  sur  les  douelles  (Pc,  Sal.).  V.  Ber- 
dasser. 

N.  Comme  de  raison  (?!)  ce  mot  ne  s'emploie 
jamais  qu'au  féminin.  Si,  par  hasard,  on  veut 
l'appliquer  à  un  homme,  on  lui  dit  :  T'es  eine 
berdasse. 

Berdasser  (Mj.,  Lg.,  Q.,  Lue.,  Fu.),  v.  n.  — 
Caqueter,  bavarder,  parler  beaucoup  et  d'une 
manière  peu  raisonnable.  Par  suite  (Fu.) 
perdre  son  temps.  Ex.  :  Dépêche  te  donc,  t'é 
eine  berdasse.  ||  Remuer  avec  bruit  :  Que 
que  tu  berdasses  donc  là  ?  |]  V.  Berdanser , 
avec  lequel  on  semble  le  confondre.  |!  S'amu- 
ser, nijoter,  faire  des  riens  (Mén.).  —  Syn.  de 
Jaboter,  Jacasser,  Petasser,  Bobofer,  Ber- 
douiller. 

N.  Berdassement,  Bruit  incommode  résultant, 
par  ex.  d'un  remuement  de  meubles.  Le  berdasse- 
ment est  un  bruit  moins  vif  et  moins  subit  que  le 
ferdassement.  Des  planches  berdassent  dans  une 
charrette  par  les  cahots.  J'entends  ferdasser  les 
souris  dans  les  feuilles  sèches  (C^  Jaub.).  ||  Ec. 
Prononcez  tous  les  mots  de  cette  famille  par  Boêr  : 
Boêrdasser,  etc. 

Berdasseries  (Mj.,  Sal.,  Fu.),  s.  f.  —  Ne 
s'emploie  qu'au  pluriel.  Caquets,  bavar- 
dages, propos  futiles  ou  peu  sensés,  rado- 
tages. Syn.  de  Berdassages,  Bobotages.  Petas- 
sages. 

'  Berdassier  (Mj.,  Sal.,  Fu.),  s.  m.  —  Celui 
qui  tient  des  propos  futiles.  Syn. "de  Berdas- 
sard. 

Berdaiider  (Sp.),  v.  n.  —  Tomber  avec 
fracas. 

I''t.  Dér.  de  Berdadau. 

Berdedaii.  —  Autre  forme  de  Berda- 
dau, etc. 

Berdelle  (Mj.),  s.  f.  —  Bretelle.  Cf.  Ber- 
telle. 

Et.  —  Corr.  du  mot  fr.  par  métathèse  de  l'r. 


comme  dans  Berdouiller,  Bernant,  etc.,  et  adou- 
cissement de  la  dentale,  comme  dans  Poudre, 
Poudrelle  (Poutre,  Poutrelle). 

Berdin,  ine  (Mj.,  Sal.),  adj.  quai,  et  subst. 
—  Tatillon,  frivole,  vétilleur.  ||  (Auv.) 
Bavard  ;  qui  redit  toujours  les  mêmes 
choses  ;  qui  fait  peu  de  besogne  en  se  remuant 
beaucoup  ;  qui  manque  d'attention  ;  minu- 
tieux. (Lue)  i|  Tatillon.  ||  Simple  d'esprit, 
niais.  ||  Cf.  Bordin,  Jaub. 

Et.  Hist.  —  C'est  à  la  même  racine  que  se  rap- 
portent les  mots  patois  Berziner,  Berzinet,  Berdi- 
nler,  Berdasser  et  ses  dérivés,  et  le  fr.  Bredouiller. 

N.  Je  lis  dans  la  Géographie  de  V Allier,  de 
JoANKE,  page  45  :  (à  Saint-Menoux)  on  remarque 
le  cercueil  en  pierre  de  saint  Menoux,  appelé  dans 
le  pays  :  la  Bredinoire,  parce  que  les  bredins  ou 
fous  venaient  y  chercher  la  guérison.  » 

Berdindaine  (Tlm.),  s.  f.  —  S'emploie  dans 
la  locut.  :  En  berdindaine,  —  en  noce,  en 
bombe,  en  dévarine,  etc.  i|  Autre  locut.  : 
Charger  à  la  berdindaine,  —  charger  un 
objet  lourd  en  le  saisissant  à  deux  par  les 
bouts  et  le  balançant  à  plusieurs  reprises 
avant  de  le  lancer  sur  un  tas,  ou  sur  une 
charrette.  V.  Trousse,  Berdin.  Syn.  Verdée, 
Trinoche. 

Et.  —  Dér.  un  peu  fantaisiste  de  Berdin,  au 
sens  ancien  de  :  fou.  Faire  des  folies  ;  charger  en 
berdins,  en  fous. 

Berdindin.  —  Bruit  que  fait  la  clochette, 
la  sonnette  d'une  porte. 

Berdiner  (Sa.,  Sal.,  Lue,  Mj.),  v.  n.  — 
Perdre  le  temps,  s'attarder  sans  raison  ;  s'oc 
cuper  de  minuties  et  de  futilités  ;  n'avancer  à 
rien  ;  lambiner  ;  jacasser  ;  rabâcher.  —  Syn.  de 
Berziner,  Berginer,  Fouiner,  Beliner,  Vé- 
teiller,  Niger,  Nivasser. 

Berdineries  (Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Ne  s'em- 
ploie qu'au  pluriel.  Fadaises,  billevesées  ;  oc- 
cupations, propos  ou  choses  frivoles.  || 
Choses  de  nulle  valeur. 

Berdingiiette,  s.  f.  —  Petite  cloche  servant 
à  appeler  les  enfants  à  la  classe  (Mén.).  || 
(Bg.)  Clochette  qui  se  trouve  à  la  porte 
du  bas,  dans  les  anciennes  épiceries,  et  qui 
annonce  un  client. 

Berdinier  (Lpm.,  Sal),  adj. quai. —  Tatillon, 
minutieux  et  peu  sérieux  dans  sa  manière 
d'agir.  Syn.  de  Berdin,  Berzinet. 

Berdoirer  (Bg.).  —  Rabâcher. 

Berdouérer  (By.,  Zig.,  183),  v.  a.  —  Salir. 
P.  ê.  pour  liernoirer,  dér.  de  Berner. 

Berdoiiillard  (Mj.),  adj.  quai,  et  s.  —  Bre- 
dnuilli'ur,  i)avard  ;  celui  qui  tient  des  propos 
futiles,  peu  raisonnables.  Syn.  de  Berdasse, 
Berdassard,  Berdassier,  Boubillonnard,  Ma- 
cassard,  Baroillard.  —  De  Bredouiller,  dont 
l'étymol.    est    douteuse. 

Berdoiiille  (Sp.,  Tlm.,  Sal.,  Fu.),  s.  f.  — 
Bedaine,  autre  forme  de  Bédrasse.  Pour 
Bédrouille  qui,  comme  Bédrasse,  a  la  même 
racine  que  Bedaine.  Syn.  de  Basane,  Bédasse, 


:^0 


BERDOUILLE  —  BERLAIZER 


Beille,  Béze,  Paillasse.  —  «  I  s'est  défoncé 
la  berdnuille  »  —  ne  se  dit  qu'en  plaisantant  ; 
par  exemple  dans  les  contes,  en  parlant  du 
méchant  loup  puni  à  la  fin  pour  ses  méfaits  ; 
jamais,  s'il  s'agit  réellement  d'un  malheur 
(Fu.). 

Berdouille  (Mj.),  adj.  quai.  • —  Syn.  de 
Berdassc  [|(Lrg.),  s.  f.  —  Se  dit  dans  :  Rap- 
porter eine  berdouille,  —  rentrer  bredouille. 

Et.  —  Serait-ce  le  subst.  verb.  de  Bredouiller, 
au  sens  de  :  se  trouver  dans  l'embarras? 

Berdouiller  (Mj.),  v.  a.. et  n.  —  Bredouiller. 

Syn.  de  Boubillonner.  ||  Jacasser,  bavarder 
beaucoup,  tenir  des  propos  futiles.  Syn.  de 
Pétasser,  Boboter,  Berdasser. 

Berdu  (Lue.).  —  Champ  en  friche  et  cou- 
vert d'herbes  folles.  —  Cf.  En  bédas. 

Bergâiller  (Mj.),  v.  n.  —  Donner  souvent 
des  coups  de  cornes,  frapper  de  droite  et  de 
gauche  avec  ses  cornes.  Se  dit  des  vaches. 

Et.  —  Fréquent,  de  Berguer,  pour  Breguer, 
forme  adoucie  de  Broquer,  forme  normanno- 
picarde  de  Brocher,  de  Broc,  pour  Broque,  comme 
dans  la  locut."  :  de  Broc  en  bouche?  (Rab.  de  broc 
en  bouc.) 

Berge.  —  Berge  de  foin,  qqf.  Barge. 

Et.  —  Douteuse.  Ail.  Berg,  éminence? 

Bergeon  (Mj.,  Sp.).  —  Planche  plus  courte 
que  les  autres,  et  de  forme  trapézoïdale,  dans 
un  champ,  dont  un  des  côtés  n'est  pas  paral- 
lèle au  sens  du  labour. 

On  dit  :  Ça  s'abergeonne,  —  ça  s'abrège. 
Noms  propres  :  Berjon,  Brejon.  —  Les 
sillons  vont  en  s'abrégeant  ?  —  Lms.,  Z.  196. 
Même  sens.  j|  Fu.  —  S'emploie  au  fig.,  en 
parlant  de  tout  ouvrage  qui  va  se  terminer  : 

D'où  en  êtes-vous  ?  —  Ah  !  j'sommes  dans 
les  bergeons.  —  Plus  souvent  employé  au 
sens  propre.  Il  My.  —  Bon  de  la  noix  épluchée. 

Et.  —  Serait-ce  la  rac.  celtiq.  Berg,  éminence, 
pointe  escarpée  qui  borde  une  rivière,  rochers  qui 
s'élèvent  à  pic  au-dessus  de  l'eau  et,  au  sens  de 
chose  avançante,  le  dimin.  bergeon,  angle  d'un 
champ,  petite  pointe  de  terre.  Ali.  Berg.  (Malv.) 
—  Rebourgeon,  Arbourgeon  :  Sillons  de  labour 
aboutissant  à  une  ligne  oblique,  et  devenant  par 
conséquent  d'autant  plus  courts  qu'ils  sont  tracés 
plus  près  de  la  limite  du  champ.  (C'*'  Jaub.) 

Bergeonner  (Lg.),  v.  n.  —  Faire  des  ber- 
geons en  labourant. 

Bergf'oiinée  (Lg.),  s.  f.  —  Recoin  d'un 
champ,  partie  où  il  y  a- des  bergeons. 

Bergère  i  (Br.),  s.  f.  —  Bergeronnette. 
Cf.  Bargère. 

Bergère  '\  s.  f.  —  Provence,  herbe  à  la  capu- 
cine, vinca  minor  (MÉ.\.).  Pervenche  cou- 
chée (Bat.). 

Bergerie  (Lg.),  s.  f.  —  L'ensemble  des 
bêtes  à  laine.  Syn.  de  Brebiage. 

Berginer  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Berziner. 

Bergle.   —  Furoncle  (Mén.), 

Bergot  (Mj.,  Sa.,  Sp.),  s.  m.  —  Frelon.  || 


Fig.  Coiffe  des  environs  de  Champtoreaux, 
dont  le  fond  figure  l'abdomen  d'un  frelon. 
Ex.  :  Les  Bretonnes  sont  coiffées  en  bergots. 
Syn.  de  Burgot.  Cette  coiffe  est  pointue  et 
rappelle  un  peu  les  anciens  hennins.  —  S'em- 
ploie, en  ce  sens  au  pluriel. 
Et.  —  V.  Burgot. 

Berguer  (Sp.,  Mj.,  Sal.),  v.  a.  et  n.  — 
Heurter,  s'accrocher.  Doubl.  de  Burguer. 
Il  V.  a.  —  Piquer.  Pour  :  Breguer,  forme 
adoucie  de  Broquer. 

Berguette,  (Mj.),  s.  f.  —  Bout  de  branche 
coupée  à  qq.  distance  du  tronc  ou  de  la 
branche  principale  et  formant  pointe  ou 
crochet.  Syn.  de  Berquégnier,  Berquégnon, 
Briconnier,  Broqueton. 

Et.  —  Dér.  de  Berguer  ou  Burguer,  et  par  conséq. 
de  Broc,  dont  il  est  le  diminutif.  Au  sujet  de  l'adou- 
cissement de  qu  en  gu  (Berguette  pour  Broquette  et 
Berguer  pour  Broquer),  on  peut  comparer  Béguette 
pour  Biquette. 

Berguigner  (Seg.).  —  Plaisanter.  ||  Ce 
n'est  pas  la  peine  de  berguigner  avec  moi. 
V.  Barguigner,  Berginer. 

Beriandier  (berianguié)  (Mj.),  s.  m.  — 
Bâtiment  ou  hangar  où  l'on  broie  le  chanvre, 
le  lin.  Syn.  de  Braierie. 

Et.  —  Pour  Brayandier,  dér.  rég.  du  part.  prés, 
de  Brayer.  Pour  Broyer. 


—  Pour  :   bégaut. 
Ec.   Boériau,  pour 


Beriau  (Segr.),  s.  m 
Un  gars  beriau  (Mén.). 
Gabriel.  Fréquent. 

Beriandier  (Br.),  s.  m.  —  Voir  Beriandier, 
même  sens.  «  Le  feu  est  au  beriaudier  !  '» 
Une  chandelle  a  mis  le  feu  aux  poussières 
d'étoupes. 

Et.  —  Germ.  brekan  :  ail.  mod.  brechen,  devenu 
bréier,   broyer. 

Bérier  (Mj.),  v.  a.  —  Broyer  les  plantes 
textiles.  Syn.  et  d.  de  Brayer.  Forme 
vieillie.  |!  Pour  Brayer,  se  servir  de  la  braie. 
Très  usité  dans  le  canton   de   Montrevault 

(Fu.). 

Bérière  (Lg.,  Tlm.,  Sp.),  s.  f.  • —  Anse. 
Syn.  de  Nanse.  Ex.  :  Prends  donc  la  bé- 
rière de  la  marmite  et  l'oûte  de  la  cramail- 
lère^  —  Fr.  Bélière.  Cf.  Betière,  Babourer. 

Berinée  (Lg.),  s.  f.  —  Le  temps  qui  suit 
le  dîner,  les  premières  heures  de  Taprès- 
midi. 

Et.  Corr.  du  Syn.  Merinée.  ' 

Bérioehe  (Lg.),  s.  f.  —  Broie,  instrument 
à  broyer  le  hn.  Syn.  de  Braie.  —  N.  Les 
jeunes  prononcent  :  Brioche. 

Et.  —  Pour  Brayoche,  dér.  de  Braie. 

Bériocher  (Lg.),  v.  a.  —  Broyer,  du  lin.] 
Syn.  de  Brayer.  On  dit  aussi  Briocher, 

Et.  —  Pour  Brayocher,  dér.  de  Brayer. 

Berlaizer  (Lrm.),  v.  n.  —  S'occuper  de 
choses  futiles,  ne  pas  travailler  sérieuse- 
ment. 


BERLAN  —  BERLOQUIN 


91 


Berlan  (Mj.,  hg.],  s.  m.  Brelan.  Cf.  Bé- 
ruant.  N.  On  dit  toujours  :  Jouer  à  berlan,  et 
non  :  jouer  au  berlan.  ||  Mj.  —  Tenir  qqn  au 
berlan,  —  gloser  sans  cesse  sur  son  compte. 

Et.  et  Hist.  —  Ane.  fr.  Brelenc;  berlenc,  de  l'aha. 
bretlenc,  dimin.  de  brett,  planche  ;  le  sens  propre 
étant  la  planche,  la  table  sur  laquelle  on  joue.  — 
«  Néanmoins  au  jeu  de  cartes  ou  de  dez  dans  le 
berlan  ».  (Coust.  d'Anj.  n,  col.  821.) 

«  L'un  met  sur  le  berlens  son  gage, 
Et  l'autre  met  argent  encontre. 
L'un  dit  de  set,  l'autre  rencontre, 
Cil  qui  gaaingnent,  à  eus  traient, 
Et  11  perdant  crient  et  braient.  »  D.  C. 

Berlancer,  v.  a.  —  Balancer.  (Mén.)  V. 
Ber.  Cf.  Berdancer. 

Berlaud  (Sa.),  adj.  quai.  —  Qui  a  l'air 
ahuri  ou  braque.  V.  Berlots.  Semble  un  dou- 
blet de  Béraud  ou  Berraud.  \\  J'ai  entendu  ce 
mot  à  Nantes,  pris  dans  un  sens  caressant  : 
Mon  berlaud,  pour  :  xMon  chéri.  (A.  V.).  Peut- 
être  pour  Bellaud. 

Et.  —  Deux  explicat.  :  1°  Serait  pour  Berluaud 
et  viendrait  de  Berlue  ;  2"  serait  un  s.  verb.  de 
Berlauder,  altér.  de  Brelander,  hanter  les  brelans. 

Berlauder.  —  V.  Berlaud. 

Berlauderies  (Mj.),  s.  f.  —  Bagatelle,  ba- 
biole, brimborion,  colifichet.  Ex.  :  Elle  met 
son  argent  à  acheter  cinquante  berlauderies. 
N.  S'emploie  surtout  au  plur.  ||  Fig.  Farce  un 
peu  grosse,  plaisanterie,  gaudriole,  grivoi- 
serie. Syn.  de  Boise.  V.  Berlaud  (Sp.)  ||  J'ai 
un  neveu  qui  est  menuisier,  mais,  pour 
l'heure,  i  n'fait  que  des  berlauderies  (petits 
travaux  de  peu  d'importance,  brocante) 
(Pc.)  Il  Balivernes,  baguenaudes,  calembre- 
daines, fadaises,  propos  légers,  fariboles.  — 
Cf.  Berlaud,  dans  J.\ub. 

Berlaiidins,  s.  m.  pi.  —  Ce  nom  se  donne 
qqf.  par  ironie  aux  habitants  de  Soulanger. 

(MÉN.) 

Berlère  (Lg.),  s.  f.  —  Anse.  Syn.  de  Nanse, 
Berlière. 

Berlefte  (Mj.),  s.  f.  ■ —  Petite  brème.  Syn. 
de  Berluche,  Bermille,  Bermaude.  \\  Ec.  Bre- 
mille  (boérmille). 

Et.  —  Forme  contractée  de  Bermillette,  dimin. 
du  dimin.  Bermille.  B.  L.  Bresmia  ;  angl.  bream,  de 
l'ail.  Brachse,  Brachsme. 

—  Un  vieux  pêcheur  de  Mj.,  mort  en  1890,  avait 
pour  surnom  La  Berlette. 

Berliclié  (Seg.).  —  Gourmand,  gourmet.  «  il 
se  berliche  la  lippe,  les  lèvres.  >/  De  :  ber  et  de 
lecker,  friand,  mot  picard.  (Mén.) 

Berlière  (Me.  Lrm.).  —  Quand  la  nanse 
supérieure  de  la  buée  (V.  Buée')  est  cassée, 
on  la  remplace  par  une  autre  en  corde,  par 
ex. ,  que  l'on  attache  aux  deux  anses  des 
côtés.  Cette  anse  est  une  berlière.  Syn.  et 
doubl.  de  Bêlière.  Bérière.  (Bélière,  en  horlo- 
gerie, anneau  mobile,  de  suspension,  en  géné- 
ral. —  Sonnette  attachée  au  cou  du  bélier  qui 
conduit  un  troupeau.)  Lrm.  —  Prononcez 
Berière. 


Berliner  (Sa.).  — ■  Rabâcher,  c.  Berdiner.  \\ 
Balancer. 

Berlingots.  —  s.  m.  Les  berhngots  sont  une 
sorte  de  gâteaux  originaires  de  Mantes  ;  un 
moment  ils  ont  remplacé,  à  Angers,  les  rigo- 
lets  pour  lesquels  on  criait  :  Rigolets  chauds, 
tout  chauds...  Qu'i  en  veut  des  pains  au 
lait  tout  chauds,  ô-ô-ô-ô?  Qu'i  en  veut  des 
rigolets? 

Berlingiie,  s.  f.  —  Pour  :  berlingot  (Segr.)- 
Petite  voiture  traînée  par  un  chien.  Se  dit 
aussi  pour  une  voiture  ayant  une  forme 
ancienne,  ayant  qq.  rapport  avec  la  bour- 
soule  (Segr.)  qui  est  d'un  genre  plus  distingué, 

(MÉN.) 

Et.  —  Berlingot,  diminut.  péjor.  de  Berline,  de 
la  ville  de  Berlin,  où  l'on  fabriquait  cette  voiture. 

Berlin-peste  ou  pichte  ou  poueste,  (Mj.)  s. 
m. 

Jeu  que  l'on  fait  jouer  aux  petits  enfants.  Une 
maman  rassemble  autour  d'elle  cinq  ou  six  mar- 
mots, et,  sur  son  genou,  elle  fait  poser  à  chacun 
l'index  de  la  main  droite.  Puis,  de  la  main,  elle 
décrit   au-dessus    des   menottes   frémissantes    des 
cercles  de  plus  en  plus  resserrés,  en  chantant  : 
Quand  le  roi  vat  à  la  chasse, 
Il  apporte  des  bécasses, 
Il  en  tue,  il  en  fricasse, 
Il  en  donne  à  ses  voisins. 
Ses  voisins  n'en  voulent  point...,  etc. 
Il  en  donne  à  ses  p'tits  chiens 
Ses  p'tits  chiens  en  voulent  bien  : 
Berlin,  berlin,  berlin. . .  poueste. 
A  ce  mot,  un  des  petits  doigts,  le  moins  preste  à 
se  lever,  est  saisi  et  ne  reprend  sa  liberté  que  contre 
l'abandon,  par  son  maître,  d'un  gage  ou  d'un  bai- 
ser. — •  Se  rapporte  au  Jeu  de  Pigeon  vole.      Cf. 
Berlin.  Jaub. 

Berliqne-berloque  (Mj.)  adv.  —  Cahin-caha. 
Il   Couçi-couça. 

Et.  —  C'est  le  fr.  berloque  ou  breloque,  répété, 
avec  une  légère  modification  dans  la  désinence.  Cf 
De  bric  et  de  broc,  Bredi-breda.  —  La  Breloque  est 
la  batterie  de  tambour  saccadée  pour  faire  rompre 
les  rangs  aux  soldats.  Analogie  avec  le  mouvement, 
de  va-et-vient  de  cette  batterie. 

Berlis  (Sp.),  s.  m.  —  Caneton.  Cf.  Biberi 
(Jaub.). 

Berloque  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Vieille  montre 
détraquée.  ||  Battre  la  berloque,  —  déraison- 
ner, radoter.  ||  (Lg.),  s.  m.  —  Petit  ajutage 
en  forme  de  bec  ou  mamelon,  par  où  l'on 
déverse  l'eau  d'une  bue.  Ex.  :  T'as  cassé  la 
berloque  de  la  bue.  —  Syn.  de  Bichtouri, 
Bicktri,  Tinet. 

Et.  —  C'est  le  fr.  :  breloque  dans  un  sens  voisin. 
V.  Berlique-berloque.  —  De  la  partie,  péjor.  bre  ou 
ber  et  loque.  (LiTT.,  Dar.m.) 

Berloqiier  (Lg.),  v.  a.  —  Ecorner,  ébrécher. 
Il  (Mj.),  v.  n.  —  Marcher  cahin-caha,  en  caho- 
tant, comme  fait  une  machine  disloquée.  Syn. 
de  Joqueter. 

Berloqiiin  (Sa.),  s.  m.  —  Saint-frusquin. 
Ex.  :  Ils  illy  ont  vendu  tout  son  berloquin. 
Syn.  de  Bazar. 

Et.  —  Pour  :  breloquin,  dér.  du  fr.  Breloques. 


92 


BERLOTS  —  BEROUASSE 


plus 


pris  au  sens  de  :  fatras.  «  Curiosité  de  peu  de  prix 
petits  bijoux  qu'on  attache  aux  chaînes  démontre.  » 

(LiTT.)  ^ 

Berlots  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  pi.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Ouvrir  des  berlots,  —  ouvrir 
de  grands  yeux.  Z.  132.  —  Cache  tes  gros 
berlots. 

Et.  —  Ce  mot  paraît  se  rapprocher  de  Berlue. 
Cf.  Berneaux.  Syn.  de  Quinquet. 

Berlucbe  ^  (Sp.),  s.  f.  —  Alouette  lulu, 
petite  que  l'alouette  ordinaire. 

Berluehe  '^  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  brème.  Syn. 
de  Berlette,  Bermaude,  Bermille,  B rémille. 

Et.  —  Ce  mot  vient  de  Berlette,  par  substitution, 
un  peu  capricieuse,  d'un  suffixe,  diminutif  à  l'autre. 

Berlue  (Lg.),  s.  f.  —  Regard  fixe  et  incons- 
cient. Syn.  de  Bouillaud.  C'est  le  mot  fi'. 
dans  un  sens  spécial. 

Berluque  (Lg.),  adj.  quai.  —  Bredouille, 
qui  n'a  pas  tué  de  gibier. 

Berlute  (Sp.),  s.  f.  —  V.  Berluehe. 

Berlutier,  s.  m.  —  Celui  qui  aime  à  prendre 
des  oiseaux  à  ses  gluaux,  avec  des  oiseaux 
aveuglés.  (MÉx.)  Cf.  Berluehe. 

Et.  —  Berluter  :  Eblouir,  chatoyer.  (C^  Jaub.) 
—  Berlue  est  le  même  mot  que  le  vx  fr.  bellugue,  et 
prov.  béluga,  qui  signifie  :  étincelle,  et  dont  le  dimi- 
nut.  est  beluette  (pat.  norm., aussi:  berluette),  au- 
jourd'hui contracté  en  bluette.  L'un  et  l'autre  sont 
composés  du  L.  lux,  lumière,  et  de  la  partie,  péjor. 
bis,  bes,  ter  ;  le  sens  foncier  est  :  fausse  lueur. 
(ScHEL.)  —  Berry  ;  éberluette,  èberluter. 

Berlutonner,  (Sa),  v.  n.  —  Courir  et  jouer 
autour  de.  Cf.  Se   Verlutter. 

Bermille  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  brème,  sorte 
de  poisson. 

Et.  —  Pour  :  brêmille,  dimin.  du  mot  fr.,  par 
métath.  de  l'e  et  de  l'r.  N.  On  prononce  ,  toutefois: 
Brème. 

Bernâche  (Mj.),  s.  f.  —  Nanan,  friandises. 
(Auv.,Mj.,  Pc,  Br.).  —  Vin  bourru,  —  nou- 
veau, non  soutiré,  encore  trouble  et  amer.  | 
Ec.  Prononc.  Vernâche.  Presque  syn.  de 
Lé'tors.  —  On  dit  Boire  de  l'étôre  et  non  du 
létors. 

Hist.  —  Daxte,  dans  son  Purgatoire,  fait  expier 
à  un  grand  personnage  son  goût  pour  les  anguilles 
de  Bolsène,' accommodées  au  vin  doux,  à  la 
bernâche  : 

Dal  Torso  fu,  e  purga  per  digiuno 
L'anguilla  del  Bolsena  in  la  vernaccia. 

(Purg.,  XXIV,  23-24). 

Bernanser  (Sal.),  v.  a.  —  Répéter,  redire. 
«  l'n'a  qu'ça  à  me  bernancer.  »  V.   Berdanser. 

Bernar-e  (Ec),  adj.  q.  —  V.  au  F.  Lore  IV. 
Etat  de  certaines  perches  de  saules. 

Berne(Mj.),s.f.  —  Accotement  d'une  route, 
banquette.  |!  Probablement  le  même  que  le 
fr.  Berme. 

Berneaux  (Lue).  —  Yeux.  V.  Berlots. 

Bernée  (Br.,  Sa.).  —  Une  bernée  de  pois,  de 
haricots,  de  foin  ;  charge  contenue  dans  un 


drap.  Syn.  et  doublet  de  Barnée.  \\  La  pan- 
sion,  la  nourriture  aux  chiens,  aux  cochons 
(Th.).  —  Mélange  de  son  avec  d'autres  ali- 
ments destiné  aux  animaux  de  basse-cour. 
Ce  mot  vient  de  Bren,  son  (de  M.).  —  Berne, 
vx  fr.,  manteau  d'étoffe  grossière  que  les 
Lat.  appelaient  :  sagum  (de  là-:  sagatio,  le  jeu 
de  berner)  et  qui  servait  à  berner.  De  Hiber- 
nia,  pays  où  il  était  fabriqué  (Schel). 

Berner  (Tlm.,  Lg.).  Le  premier  e  très  bref. 
V.  n.  Mouiller,  salir.  Ex.  :  Il  ne  porte  point 
le  vin  du  tout  ;  dès  qu'il  en  a  le  bec  berné, 
il  ne  sait  pus  ce  qu'il  dit. 

Et.  Hist.  —  Pour  Brener,  de  Bran  ou  Bren,  son, 
ou  matière  fécale.  Du  celtiq.  :  son  et  :  mauvaise 
odeur.  —  Le  D"'  A.  Bos  renvoie  à  Embrener,  de 
Bren  (pron.  brin),  ordure,  excrément,  boue... 
Autant  en  dit  un  tirelupin  de  mes  livres,  mais 
bren  pour  luy.  »  (Rab.,  G.,  Prol.)  C'est  le  mot  de 
Cambronne. 

Bernicies  (Mj.),  s.  f.  —  Xe  s'emploie  qu'au 
plur.  ;  besicles,  lunettes  (Lue  et  partout). 

Et.  Hist.  —  Véricle  (xv!®  s.),  bericles,  besicles. 
La  forme  primitive  est  beriche,  forme  ancienne  pour 
béryl  (émeraude).  —  Angl.  barnacles,  même  sens. 

Bernique  !  interj.,  pour  dire  :  Non,  certes, 
tu  ne  l'auras  pas  ;  c'est  ce  qui  te  trompe,  etc.  ; 
ou,  point  du  tout.  —  Au  catéchisme  :  —  Le 
Père  est-il  Dieu?  —  Oui,  M'sieu  l'Curé.  —  Le 
Fils  est-il  Dieu?  —  Ah  1  bernique  (avec  mou- 
vement de  l'index  de  droite  à  gauche  sous  le 
nez),  M.  rCuré  ;  quante  le  Père  sera  mort  !  » 
Authentique  à  La  Séguinière. 

Et.  —  ('  Est-ce  le  ber,  péjor.,  plus  nique?  Qqs-uns 
y  ont  vu  une  altération  de  l'ail,  aber  nicht,  mais 
non  !  LiTTRÉ  rappelle  l'ancienne  locut.  :  a  envoyer 
au  berniquet  »,  ruiner,  et  conjecture  que  berni- 
quet  se  trouvant  avec  le  sens  de  :  coffre  à  mettre  le 
son,  le  primitif  :  bernique,  a  pu  signifier  :  son,  une 
chose  de  rien.  Or,  bernique  serait  pour  :  brenique  et 
viendrait  de  bran,  bren,  son.  (Schel.)  ]|  Coquillage 
des  rochers  de  la  Manche  qui  se  colle  avec  une  telle 
force  qu'il  est  très  difficile  de  l'avoir.  Bernique, 
mot  de  refus.  «  Tu  voudrais  bien  me  suivre,  mais 
bernique  !  (Or.) 

Berniques  (Sa.).  —  Les  yeux.  ||  Fu.  Lu- 
nettes. —  J'ai  perdu  mes  berniques.  —  Cf. 

Bernicies. 

Bernons  (Ac,  Fu.).  Sale,  pour  Brenous. 
Avoir  la  goule  bernouse  ;  mes  souliers  sont 
bernous.  V.  Bren. 

Et.  Bren  :  boue,  fange,  limon  ,son,  excrément. 
Se  trouve  souvent  dans  Rab.  (I,  79,  etc.). 

«  Cidres  berneux,  qui  le  ventre  amolie.  » 
Poés.  TOss.  d'E.  Deschamps. 

Bernouser,  v.  a.  (Seg.),  salir.  (Ac.)  Je  me 
suis  tout  bernouse.  V.  Berner. 

Bérouâiiler  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Syn.  de 
Bérouiner,  Bersouiner.  Dér.  de  Bérouée. 

Berouasse,  s.  f.  —  Petite  pluie  fine  et  serrée. 
Z.  12.5.  \'.  Bérouée.   V.   Berner 


Berou...   Tous  les  mots  commençant  ainsi  se 
prononcent  (By.)  boérou. 


BEROUASSER  -  BERTAUD 


93 


Berouasscr  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  du  brouil- 
lard, brouillasser.  (Mj.,  Lg.).  —  Syn.  de 
Berouiner,  Bersouiner,  Berouailler,  Bersouail- 
ler. 

Bérouée  (Mj.,  Lrm.,  Sal.),  s.  f.  —  Brouil- 
lard, bruine.  Ex.  :  Illy  a  eine  fameuse  bérouée 
à  matin.  —  Ça  s'est  en  allé  comme  eine 
bérouée  du  matin.  (Chol.,  Ché.).  —  (Lue, 
Faire  une  berrouée,  —  s'ébrouer).  ||  Fu.  Dans 
le  pays  on  dit:  la  Bérouée  de  l'Epinaie.  «  J'ai, 
pris  eine  kervée  de  grenouilles  dans  la  bérouée 
de  l'Epinaie.  »  Comme  il  s'agit  d'un  abreu- 
voir, il  faut  évidemment  écrire  l'Abéroué, 
(Touche  le  Fuilet.) 

Et.  —  Se  rattache  au  fr.  Brouillard,  Bruine.  Orig. 
incert.  —  Darm.  le  dér.  de  Broue,  ])etit  brouillard 
blanc  ;  paraît  être  de  la  même  famille  que  Brouet  : 
du  sens  de  :  bouillonnement  (ail.  brodeln),  on  a 
passé  à  celui  de  vapeur,  brouillard.  —  Malv.  le  tire 
de  la  rac.  celtiq.  Berv,  même  sens,  identique  à 
Barv.  équival.  du  lat.  ferv,  fervere  ;  d'où  :  brouir, 
brouiller,  brusler,  bruseler,  broue,  bruine. 

Berouet,  s.  m.  (Segr.).  —  Bouillon  de  la 
soupe,  pour  brouet.  Se  mettre  à  son  brouet, 
à  son  ménage.  (Mén.)  Cf.  Pouilloux. 

Et.  — .  Dimin.  du  vx  fr.  breu,  bouillon,  d'oùj 
brouet.  B  L.  brodium,  du  celtiq.  ;  bas-bret.  berô  ou 
berv,  bouillon  ;  irl.  broth  ;  gaél.  brod,  ou  de  l'ah  a 
brod. 

Berouette  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Pour  Brouette. 

Et.  —  De  bis,  deux,  et  rouette,  petite  roue.  Le 
birotum  est  un  véhicule  à  deux  roues  ;  la  brouette  a 
eu  deux  roues.  (Litt.)  —  Primitivement  :  Chaise 
à  porteur  montée  sur  deux  roues,  poussée  ou  traînée 
à  bras  (Mj.,  Lg. )  Berouette.  ||  Ec.  —  Les  pince- 
bec  prononcent  Berouette  ;  tout  le  monde 
Boérouette. 

Bérouettée  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  Brouettée. 

Bérouetter  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Brouetter. 
Il  Fu.  Trimballer,  cahoter  qqn  ;  mener  rude- 
ment, sans  égards. 

Berouine  (Sal.),  s.  f.  —  Bruine. 

Berouiner  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  v.  n.  —  Bruiner, 
tomber  en  pluie  fine.  Syn.  de  Bérouasser, 
Bersouiner,  Bérouâiller,  Bersouailler.  \\  Fu. 
Ou  berouine,  —  ça  berouine. 

Et.  —  P.-ê.  du  lat.  pruina,  quoique  le  passage  du 
p  au  b  soit  rare.  Grangagkage  le  tire  du  celtique 
bru,  pluie.  —  V.  Bérouée. 

Berqiiégnier  (Lg.),  s.  m.  —  Bout  de  branche 
qui  n'a  pas  été  rognée  auras  du  tronc  ou  de  la 
branche  principale.  Syn.  de  Berguetie,  Ber- 
quégnon,   Briconnier,   Broqueton. 

Et.  —  M.  rac,  Berq  ou  Burq,  que  tous  ces  mots. 
Cf.  Broc,  Burqiie'-. 

Berquégnou  (Tlm.),  s.  m.  —  Branche  ou 
doigt  d'une  fourche,  d'un  broc.  ||  Même  sens 
que  Berquégnier.  Syn.  de  Broqueton.  \\  Fig. 
Croupion,  coccyx.  Èx.  :  Aile  est  tombée  sur 
le  berqucgnon.  Syn.  de  Courpignon.  N.  On  dit 
aussi  :  Bourquégnon. 

Et.  :  Dér.  de  la  rac.  Berg,  Berq,  Burg,  signifiant 
piquer,  qui  se  trouvi;  dans  :  Bergol,  Berguer,  Burgot, 
Burguer,  Broc,  Braquer,  etc. 


Berquille,  s.  m.  (Segr.).  —  Bâton  court  qui 
soutient  le  vieillard.  (Mén.)  Pour  Béquille. 

Et.  —  De  :  bec,  à  cause  de  la  traverse  en  forme 
de  bec. 

Berq-.îiller  (Tlm.).  —  Mousser  dans  un 
verre,  en  parlant  du  vin.  ||  P.-ê.  le  même  que 
le  Mj.  Bercilîer,  malgré  la  différence  de  sens. 
Ou  plutôt  de  Berguer,  Burquer. 

Et.  —  A  rapprocher  de  Bersiller,  Brésiller,  se 
réduire  en  poudre  à  force  de  sécheresse.  Le  bois  de 
brésil,  très  sec.  Sec  comme  brésil.  ? 

Berraud  (Sa.),  adj.  quai.  —  Nigaud.  Syn. 
de  Bégaud.  Pour  :  berlaud? 

Berrauder  (Mj.),  v.  n.  —  Baguenauder, 
bayer  aux  corneilles,  errer  avec  un  air  ahuri. 
Cf.  Berlauder.  —  V.  Berrôder,  Berraud.  Syn. 
de  BéteiUer. 

BerriciioD  (Mj.),  s.  m.  —  Roitelet,  troglo- 
dyte. V.  Bourrichon.  \\  Sal.  Id.  Boérichon.  V, 
Rabertaud. 

Et.  —  «  Beurichon.  C'est  ainsi  que  les  Angev. 
et  les  Manceaux  appellent  le  roitelet,  de  sa  couleur 
rousse  :  L.  burrus.  »  (Mén.)  —  Béri-chon,  chet, 
chot. 

Berrôder  (Mj.),  v.  n.  —  Rôder,  errer, 
vaguer. 

Et.  —  Ber  -j-  rôder.  —  V.  Berrauder,  berlauder. 

Berrouée  (Li.,  Bg.,  Sa.,  Chg.,  Me.,  Lue, 
Chx.).  —  Brouillard,  pluie  fine.  Prononcez 
Brrouée.  —  «  Y  a  ben  de  la  berrouée  à  matin  ; 
j'sé  toute  enfondue.»  —  D'où  vins-tu  donc  ? 
—  De  la  rabette.  —  Tu  dé  t'être  toute  guenée. 
Il  Faire  une  berrouée,  s'ébrouer  (Lue).  ||  Une 
ferme  est  nommée  La  Berrouée  de  l'Epinay  ; 
elle  se  trouve  à  un  carrefour.  (Lme.).  V. 
Bérouée.  \\  Ec.  Boerrouée. 

Berrouère  (Li.,  Br.,  Ec,  Lue).  — Bruyère. 
Syn.  et  doublet  de  Bruère. 

Bers  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Berceau  d'enfant. 
V.  Ber.  Il  Dans  une  charrette,  la  partie  com- 
prise entre  les  ranchers. 

Et.  Hist.  —  Bers  est  la  rac.  du  v.  bercer  ;  berceau 
en  est  le  diminutif.  B.  L.  Bersa,  claie  d'osier,  ou 
clôture  où  l'on  renfermait  les  cerfs  et  biches  d'une 
forêt.  —  «  Vous  voyez,  lorsque  les  enfants... 
dorment  profondément,  les  nourrices  s'en  aller 
ébattre  en  liberté. . .,  car  leur  présence  autour  du 
bers  sembleroit  inutile.  «  (Rab.,  P.,  m,  13.) 
—    «  Ce  qu'on  apprend  au  bers 

Dure  jusques  aux  vers.  »  (Darm.) 

Bersouailler  (Mj.),  v.  n.  et  imp.  —  V.  Ber- 
souiner. V.  note  à  Bérouâiller. 

Bersouiner  (Mj.),  v.  n.  —  Bruiner.  ||  Faire 
de  mauvais  ouvi'age.  (Br.).  Cf.  Sansouincr  ; 
ber  =  mal  -f~  soin.  —  Syn.  de  Berouiner, 
Bérouasser.  —  Cf.  Brasiner  (Jaub.). 

Et.  —  Ce  mot  pourrait  être  un  composé  de  Soua- 
ner,  avec  le  préf.  Ber,  qui  se  retrouve  dans  Bercilîer, 
etc. 

Bertaud  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  cheville  du 
joug  sur  laquelle  on  passe  la  boucle  de  l'extré- 
mité de  la  courroie  servant  à  lier  les  bœufs. 


94 


BËRTEAUX  —  BESAGUE 


Il  y  a  deux  bertauds,  un  de  chaque  côté  du 
court-berton. 

Bertcaiix,  s.  m.  (Li.,  Br.).  —  Le  rei  Ber- 
teaux,  ou  bouerrichon,  le  roitelet.  Ci".  Raher- 
taud.  il  Fu.  J'sais  ein  nid  d'berteaux.  — 
Faut  pas  le  déniger,  t'arais  les  mains 
croches  ! 

Et.  —  Roi-Bertaud.  Suivant  M.  Laisnel  de  la 
Salle,  ce  nom  serait  dérivé,  par  dérision,  du  roi 
Robert  de  France.  (Roubri,  Loubri.  Roberto.) 
C'«  Jaxjb. 

Bertèle,  s.  f.  —  Pour  :  bretelle.  Cf.  Berdelle. 
By.  Boertelle. 

Et.  —  Or.  dont.  —  Brethola,  dans  D.  C.  —  Pa- 
tois napolitain  :  bertola.  —  Gloss.  de  Roquef.  : 
Bertheless. 

Berton-onne  (Mj.),  adj.  quai,  et  s.  —  Bre- 
ton. Il  Sot-berton,  sot-breton,  qui  ne  sait  pas 
la  langue  bretonne.  |j  Ec.  Le  père  Lebreton 
est  le  père  Boerton,  et  sa  femme  est  la  Boer- 
tonne,  ou  maîtresse  Boertonne.  |!  Lourdaud, 
Il  Etincelles  qui  jaillissent  d'un  feu  pétillant. 
qui  cotissent.  (Mj.,  Sal.,  Ec).  Syn.  Buette.  \\ 
Sal.  Faire  sauteries  bertons,  —  faire  jaillir  les 
étincelles.  ||  Gendarme,  même  sens.  V.  Littré 
Syn.  de  Fombrèche,  Aui'is.  On  dit  :  Ça  ber- 
tonne. 

Bertouner  (Lg.),  v.  n.  —  Laisser  échapper 
des  flammèches.  Ex.  :  Ça  bertoune  par  la  che- 
minée. 

Et.  —  Dér.  de  Berton,  étincelle. 

Bertreau  (Lg.,  Lseg.),  s.  m.  —  Espèce  de 
grande  bruyère,  dont  les  tiges  très  raides  et 
constituées  par  un  bois  très  dur,  forment  des 
touffes  de  la  hauteur  d'un  homme,  et  plus. 
N.  Une  autre  espèce  plus  petite  s'appelle 
Lande.  —  Syn.  de  Bronde,  Bronze. 


Bretelle.  Syn.   de 


Forme  vieillie   de 


Bertrelle  (Lg.),  s.  f. 
Berdelle. 

Bertriâ  (Lg.),  s.  m. 
Bertreau. 

■  Béruaiit    (Mj.),    s.     m.    —    Bruant.     Cf. 
Bérouiner,  Berton. 

Et.  —  Pour  ;  bruyant.  Les  noms  de  bribri,  cla- 
meux,  crécelle  de  lépreux,  donnés  au  bruant, 
confirment  l'étymol.  Toutefois,  la  forme  Bréant, 
plus  usitée  au  xvn«  s.,  s'y  rattache  difficilement. 
(Darm.) 

Béruée  (Segr.),  s.  f.  —  Brouillard.  Ex.  :  La 
béruée  est  épaisse  à  matin.  Syn.  et  doublet  de 
Bérouée. 

Bénière  (Ec).  —  Bruyère.  V.  Affier,  pour 
un  exemple.  Syn.  et  doublet  de  Bruère. 

Bervocher  (Mj.,  Sal.),  v.  n.  —  Buvotter- 
Boire  souvent  et  longtemps,  pinter,  chopiner. 
Syn.  de  Buvrocher,  Pomper,  Soiffer. 

Et.  —  On  retrouve  dans  ce  mot  la  même  rac. 
Berv  que  dans  Emberver,  ce  qui  le  rattache  au  fr. 
Breuvage,  Abreuver.  —  De  l'anc.  forme  Boivre, 
ou  Bevre  +  âge,  bervage,  bevrage. 

Bcrzcau,  s.  m.  (Li.,  Br.).  —  Mouche  qui 
mord  les  moutons.  Cf.  Brézin. 


Berzeillé  (Lg.),  adj.  quai.  —  Ivre.  Berzelé. 

Et.  —  Syn.  et  Corr-  de  Verzélé.  —  Nez  berzélé, 
nez  d'ivrogne,  nez  rouge  (Bg.),  qui  a  des  tapinures, 
tavelures,  —  taches  de  sang.  —  Voir  la  citation  de 
M™"-'  de  Sévigxé  à  Berzi.  On  a  dit  d'abord  :  bré- 
zillé,  en  parlant  du  teint,  du  visage  ou  du  nez  de 
l'ivrogne  (bersillé,  berzeillé),  puis,  par  ext.,  le  mot. 
devenu  Verzelé,  a  pris  le  sens  de  :  ivre.  V.  Berzolé, 
■ —  Tous  ces  mots  se  tiennent. 

Berzeler,  v.  a.  —  Regarder. 

Berzi,  s.  m.  —  Sec  comme  berzi,  comme  le 
bois  de  Brésil.  (Mén.).  —  Le  même  que  Ber- 

zille. 

Et.  —  D'après  D.  C,  du  même  radie,  que  Braise, 
à  cause  de  la  comparaison  avec  la  couleur  rouge  ou 
du  feu  ;  la  dérivation  se  serait  faite  par  des  v.  ail. 
brœzelen,  brasseln,  rôtir  en  pétillant.  C'est  le  bois 
qui  a  donné  son  nom  au  pays.  B.  L.  Brasile,  Bre- 
zillum.  Citât,  du  xn«  s.  —  M^e  de  Sévigné 
demande  à  sa  fille  si  elle  n'est  pas  bréxillée,  si  elle  a 
le  teint  beau  (in,  95),  et  non  hâlé,  brûlé,  de  la  cou- 
leur du  brésil  (rouge). 

BerzillaDt  (Mu.).  —  Sec,  brillant.  «  La 
paille  ne  va  pas  être  berzLllante  »;  elle  sera 
molle,  —  en  parlant  d'une  charretée  de  paille 
mouillée.  V.  Berzi.  — ■  Le  brésil  était  très  sec. 
—  Braise  ;  ah.  bras,  feu  ;  brasen,  brûler. 

Berzille  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc  :  Sec  comme  berzille,  —  très  sec. 
Il  Sec  comme  Brésil?  le  bois. 

Et.  —  V.  Branseau,  branséler.  —  Hist.  «  Si  vous 
voyez  le  postillon  allant  à  tout  brésiller  et  refuser 
un  verre  de  vin.  »  H.  de  Balz.,  Urs.  Mirouet,  p.  11. 
- —  «  Bressilles,  Bretilles,  —  broutilles,  menus  mor- 
ceaux de  bois.  »  C'^  Jaub.  —  i|  Pat.  norm.  Cha 
berzille,  —  ça  s'émiette. 

Berzin,  (Sa.  Lp.),  s.  m.  —  Pou  du  mouton. 
X.  Ce  n'est  pas  la  tique,  pourtant  qqs-uns  le 
nomment  tacaut.  Syn.  et  d.  de  Brézin. 

Berziner  (Mj.),  v.  n.  —  Vétiller.  —  Doublet 
de  Berdiner,  Brodiner,  Berginer.  Cf.  Ber- 
souiner. 

Berzinet'  (Mj.),  s.  m.  —  Homme  vétilleur, 
tatillon,  lambin.  Dér.  de  Berziner,  ou  plutôt 
il  est  mis  pour  Berdinet,  dimin.  de  Berdin. 

Berzingue  (être),  s.  m.  —  Etre  ivre,  jj 
Petit  pois  gris,  sec.  (MÉ\.).  Cf.  Verdin- 
guette.  (en). 

Et.  —  Brinde-zingue.  Brinde,  altérât,  de  l'exprès, 
ail.  (Ich)  bringe  dir's,  je  te  porte  une  santé.  Etre 
dans  les  brindes,  —  être  ivre.  (Darm.) 

Berzinier  (Mj.),  s.  m.  et  adj.  —  Tatillon, 
se  noyant  dans  les  petits  détails  sans  s'occu- 
per des  choses  essentielles  ;  peu  sérieux  en 
affaires  :  Berzinet.  V.  Berziner. 

Berzolé,  adj.  quai.  —  Toqué.  Un  homme 
berzolé,  dont  le  cerveau  est  un  peu  fêlé. 
Doublet  de  Berzeillé,  Verzélé. 

Bes.  —  Particule  péjorative. 

Besague  (Lg.),  s.  f.  —  Ouvrage  gâché.  Ex. 
Tu  me  fais  de  la  besague.  Syn.  de  Guingourage, 
Bicouène. 

N.  —  Cf.  Vesague,  v'  sague,  terme  de  mépris  que 
l'on  applique  à  toute  espèce  de  choses  sans  valeur. 


BESAIGRE  -  BESTOURNÊ 


95 


Ce  drap,  cette  toile,  ce  blé,  c'est  de  la  v'zague] 
(C'«  Jatjb.) 

Besaigre  (Mj.)  (heségue),  adj.  quai.  — Aci- 
chilé,  aigret,  aigrelet,  qui  commenec  à  tourner 
à  l'aigre.  ||  Ec.  —  Même  sens  et  A  demi-ivre. 
Prononc.  Boesaigre.  Cf.  Beningue. 

Et.  —  Bes  -\-  aigre.  (Voir  Vesague,  même  sens,  à 
Besague.) 

Besard  (Fu.),  s.  m.  —  Nombril.  Cf.  Béserot. 

Besenflé.  —  Qui  commence  à  enfler.  (SegT.) 
On  dit  encore  Enfié  pour  enflé,  et  enflure  pour 
enflure.  —  Préfixe.  Bes. 

Béserot'  (béserote)  (Mj.),  s.  m.  —  Ventre, 
bedaine.  Nom  enfantin. 

Et.  Ce  mot  renferme  la  même  rac.  q.  Bédrasse, 
Berdouille,  et  fr.  Bedaine.  V.  Beille,  Bezard,  Abe- 
zardé. 

Besi,  Besie^  (Mj.,)  s.  f.  —  Poire  sauvage  ou 
très  petite.  Syn.  de  Boisie.  \\  Fu.  —  Sauva- 
geon, aigrasseau.  Des  poires  de  Besi  sont  des 
poires  petites,  de  saveur  aigre  et  d'espèces 
d'ailleurs  différentes,  obtenues  de  semis  et 
non  de  greffe. 

Et.  —  Besi,  nom  générique  qu'on  donne  à  plu- 
sieurs espèces  de  poires,  en  y  ajoutant  le  nom  du 
pays  d'où  elles  sont  tirées  :  hesi  d'Heri,  besi  Chau- 
montel.  (Litt.)  —  D'après  Jaub.,  bezi  —  sauva- 
geon. On  trouve  dans  les  Gloss.  besier,  poirier  sau- 
vage. —  N.  Heri,  Héry,  forêt  de  Bretagne  entre 
Rennes  et  Nantes,  où  ces  sortes  de  poires  ont  été 
trouvées.  C'est  parler  improprement  que  de  les 
appeler  :  poires  de  besie  d'Héry.  En  Bret.,  en 
Anjou,  à  Paris,  on  dit  :  du  besie  d'Héry.  (Ménage.) 

Besie  ^  (Sa.,  Ec),  s.  m.  —  Le  dernier  d'une 
couvée,  d'une  famille.  Syn.  de  Chôpiot,  Cail- 
laud,  Cailleraud.  ■ —  C'est  le  clôt-cul,  sauf  vot' 
respect.  —  Mot  de  la  famille  de  Bésard, 
Béserot,  etc.  Le  sens  est  :  qui  a  un  gros  ventre. 
On  dit  d'un  petit  oiseau  à  peine  emplumé  : 
Il  a  encore  la  bouse,  —  le  gros  ventre. 

Besille  (Sal.). 

sèche.  V.  Besie  i 


Petite  poire  non  greffée. 


Besillier  (Sal.).  —  Arbre  à  bésilles.  V.  Besi- 
quier. 

Besilloux  (Mj.),  adj.  quai.  —  Chassieux. 
Syn.  de  Ebesillé,  Biroillé.  —  De  Bouse.  V. 
Bousilloux. 

Besiner  (Sal.),  v.  n.  —  Produire  un  bruit 
d'ailes  (mouche,  cousin).  —  Faire  des  riens. 
Qu'a-t-il  à  besiner  ?  V.  Beziner. 

Bésiquier  (Ec),  s.  m.  —  Poirier  qui  porte 
des  poires  d'aigrassâ  ou  d'aigrasseau.  V. 
Bésiliier.  |j  Sp.  Poirier  qui  produit  des  besis  on 
besies.  Syn.  de  Bnisiier,  Foirasse,  Poirassier, 

Besoin  (Mj.),  s.  m.  —  N.  On  dit  :  J'en 
avons  pas  de  besoin,  et  même  :  J'en  avons  de 
besoin.  Mais  on  dit  :  J'en  avons  grand  besoin  ; 
j'avons  point  besoin  de  ça.  ||  Faire  ses  besoins, 
—  aller  à  la  selle.  Syn.  de  se  Benettir.  On  dit 
aussi  :  Faire  ses  nécessités.  \\  Vous  me  faites 
besoin,  pour  :  J'ai  besoin  de  vous  (Pc).  !|  Se 
faire  besoin  de,  —  éprouver  le  besoin  de.  Ex.  : 
Si  tu  pouvais  me  prêter  ta  trimbale,  je  m'en 


ferais  quasiment  besoin.  —  Prononc.  b'zoin. 
Il  A  Mj.  on  dirait  plutôt  :  besoin.  ||  Absolu- 
ment :  Avoir  besoin,  —  avoir  faim  et  soif. 
Ex.  :  Vous  devez  avoir  besoin  ;  j 'allons  casser 
la  croûte.  ||  A  son  besoin,  —  à  sa  faim. 

Hist.  —  «  Aussi  bien  nous  fera-t-il  ici  besoin 
pour  apprêter  le  souper.  »  (Mol.,  Avare,  m,  5.)  — 
«  Car  tant  en  prenoit  que  lui  était  de  besoin  pour  se 
entretenir  et  nourrir.  »  (Rab.,  Educat.  de  G.)  — 
«  Il  est  de  besoin  en  premier  poinct  aymer,  révérer 
et  craindre  Dieu.    »  (N.  du  Fall,  Propos  rustiq., 

IV,  38.  —  Ev.) 

Bessée  (Sal.),  s.  f.  ■ —  Galette. 

Bessonnée  (Bs.),  s.  f.  —  Portée  de  jumeaux. 
Ex.  :  Y  avait  à  Somloire  ein  bonhomme  de 
82  ans  qui  s'est  marié  avec  eine  petite  domes- 
tique qu'il  avait  ;  l'année  d'après,  ils  ont  eu 
eine  bessonnée,  deux  petites  filles  qui  ressem- 
blaient au  bonhomme  comme  deux  gouttes 
d'eau.  Dér.  de  Besson.  BL.  Bisso,  bissonis, 
de  bis,  deux.  |1  Lrm.  Bessounée. 

Bessons-onnes.  —  Est  français.  Jumeaux- 
elles.  —  Se  prononce,  au  Fuilet,  B'ssons  ; 
ailleurs  on  fait  le  plus  souvent  sentir  l'e. 

Bessonnée  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Bessonnée. 

Beste-maline.  —  Il  est  parlé  de  cette  beste 
à  plusieurs  reprises  dans  les  registres  de 
Jarzé. 

Hist.  —  Sépulture  de  Marie  Thourmault,  âgée  de 
11  ans,  «  laquelle  a  été  étranglée  aujourd'hui  par  la 
maline  beste.  »  (Inv.  Arch.,  m,  E,  S.  s.  p.  120, 
col.  1.) 

Bestial,  s.  m.  —  Bétail  (Lue,  Mj.). 

Et.  —  Le  fr.  Bétail  n'est  que  la  corr.  de  ce  mot 
patois,  qui  vient  directement  du  lat.  Bestialis. 
Bestial  est  couramment  employé  au  sing.  et  au 
plur.  Ce  plur..  Bestiaux,  est,  par  une  anomalie  sin- 
gulière, usité  en  fr. 

Hist.  —  «  Le  bestial  endura  beaucoup,  mesmes  le 
brebiail  (bêtes  ovines).  »  1564,  I.  a..  S,  E,  m,  304, 
1,  b.)  —  «  Il  prendra  Veffoeil,  revenu  et  accroît  du 
bestial  nourri  du  domaine.  »  (Coust.  d'Anj.  ii, 
,  col.  70.)  —  «  Quant  est  de  Bestial  et  pastures  :  pour 
icelluy  (pays  d'Anjou)  aucune  autre  contrée  n'est 
Mieulx  fournye  de  bœufs...,  etc.  »  (J.  de  Bour- 
DIGNÉ,  Chron.  p.  10'.) 

Bestiaux  (Ag.),  s.  m.  pi.  —  Terme  irrespec- 
tueux appliqué  aux  élèves  de  l'Enseignement 
spécial,  les  Spéciaux.  (Est  devenu  l'Enseigne- 
ment secondaire  spécial,  puis  a  été  désigné 
par  des  lettres  :  6^,  5^,  4^  C,  etc.) 

Bestion  (Segr.).  —  Etre  bestion,  —  bête, 
idiot.  Ex.  :  Tu  es  tout  bestion,  pour  :  tout  bête. 

Bestouinard.  —  Y.   Bestouiner.   Celui    qui 

bestouine  (Sa.). 

Bestouiner.  —  Faire  yjeu  d'ouvrage  ma- 
nuel, tout  en  paraissant  en  faire  beaucoup. 

V.  Bestouinard. 

-  Bestourné,  adj.  quai.  — -  Mal  tourné,  tort, 
tors. 

ji  >  Hist.  —  «  Et  n'avons,  en  oullre  de  tout  ce,  rien 
apperceu  ne  descovert  sur  iedict  corps. . .  fors  ung 
doigt  du  pié  dextre  qui  est  tors  et  estrangement 
bestourné.  »  {Hist.  du  vx  tps,  p.  4,97.) 


96 


BÉTAIL  —  BEUC 


—  «  Le  bon  homme  cuydant  trouver  sa  beste. 
Au  plus  matin,  sans  faire  grand  tempeste. 
Vint  au  dict  lieu  ;  lors  fut  bien  estonné 
Et  de  son  sens  quasi  tout  bestourné 
D'avoir  perdu  son  pouUain  que  eut  tant  cher.  » 
(Ch.   BorEDiGXÉ,   P.   Faifeu,   42.) 
—  De  quoy  Faifeu  fut  ung  peu  estonné 
Et  si  en  eut  son  esprit  bestourné. 

Id.,    ibid,   p.    68. 

Bétail,  bestiaux  (By.).  —  Prononc.  Bécial, 
béciaux.  Ordinairement  au  sing.,  —  le  Bécial. 

Bêtas-asse  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  —  Bêta. 

Bêtaud,  e  (Tlm.),  adj.  quai.  —  Bêta, 
Bètas. 

Bétayer,  v.  n.  —  Faire  la  bête.  (Segr.).  Je 
te  dis  ça  sans  bétayer,  sans  plaisanter.  1!  Gin- 
guer,  Jouasser  (Mén.).  —  Cf.  Béteiller. 

Bête  (Mj.),  s.  f.  —  Voir  :  F.  Lore,  Adages 
et  Comparaisons,  xviii.  1|  Bête  faramine.  \\ 
Aller  en  bête  lasse,  • —  marcher  comme  qqn  qui 
.est  très  fatigué,  ii  Sp.  N'avoir  pas  fait  ça  à 
bête  morte,  —  avoir  fait  une  sottise  à  qqn  qui 
saura  s'en  venger,  jj  B.  à  caprices,  —  individu 
capricieux,  fantasque.  1|  B.  à  chagrin,  — 
fâcheux,  importun.  |i  B.  à  pain,  —  imbécile. 
C'est  la  bête  qui  mange  du  pain,  mais  qui 
serait  digne  de  manger  du  foin  ou  des  char- 
dons (R.  O.).  V.  Bête-à-pain. 

Hist.  —  Faramine  (De  fera  —  ou  vermine).  Ani- 
mal fantastique.  Pendant  le  jour,  il  habite  dans  les 
nuages  ;  il  ne  descend  que  la  nuit  sur  la  terre,  pour 
manger  des  serpents  et  pour  troubler,  par  de  mau- 
vais rêves,  le  sommeil  des  enfants. 

Bête-à- mille- pieds  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Mille- 
pieds,  myriapode. 

Bête-à-pain  (Mj.),  s.  f.  —  Imbécile.  V. 
Bête  et  Note. 

Et.  —  Je  soupçonnais  :  bête  à  peindre,  quand  je 
lus  ce  qdi  suit  dans  le  Dictionn.  d'argot  de  L.  Lak- 
CHEY,  Supplém.,  v°  Entreteneur  :  «  Il  se  charge  du 
pain  quotidien.  »  —  «  On  en  trouve  à  gogo,  des 
bêtes  à  pain,  quand  on  sait  s'y  prendre.  »  Citât,  de 
HuYsiiANs.  —  I,e  O"  Jatjb.  "cite  cette  locution  et 
ajoute  :  Cf.  Bête  à  manger  du  foin,  i]  Bête  au  bon 
Dieu,  coccinelle. 

Bête-denfar  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  coléop- 
tère  ou  d'hémiptère  très  commun  en  été  dans 
les  plates-bandes  et  parterres  des  jardins  ; 
elle  s'y  tient  en  colonies  nombreuses.  Cet 
insecte,  qui  mesure  8  à  9  millimètres,  a  des 
élytres  très  plates,  rouges-vif,  marquées  de 
points  noirs  qui  figurent  vaguement  une  face 
humaine. 

Béteille  (Lg.),  s.  f.  —  Béquille.  Svn.  de 
Abourde.  Cf.  Feille.  Doubl.  du  mot  fr.  " 

Béteiller  (Lg.),  v.  n.  —  Vaguer,  errer, 
baguenauder.  Cf.  Bâteler.  Syn.  de  Berrau- 
der. 

Et.  —  Dér.  de  Béteille,  littéralement  :  aller 
comme  en  se  traînant  avec  des  béquilles. 

Bételer  (Sal.),  v.  n.  —  Tourner  à  l'aigre. 
Lait  bételé.  —  V.  Betteler. 

Be-tenips.  —  Pour  :  beau  temps,  à  Chazé- 
sur-Argos  (Mén.) 


Bêter  (Sp.),  v.  n.  —  Ne  pas  faire  le  nombre 
de  levés  annoncé,  au  jeu  de  la  poule  ou  du 
matador.  C'est  :  rester  en  figure  de  bête.  . 

Betion,  s.  m.  —  Biquet,  chevreau  (Z.  93^) 
P.-ê.  pour  Biquion  —  ou  Bestion,  petite  bête. 

Bétiser,  v.  n.  —  Dire  ou  faire  des  bêtises? 
(Ce  mot  m'a  été  donné  sans  explication.)  i| 
Ec.  et  Bêteyer. 

Bétôt  (Lg.,  Ec),  adv.  —  Bientôt.  Syn.  et 
doubl.  de  Bentout.  Cf.  Bé. 

Bétoat  (Lg.,  Ec).  —  Comme  :  bétôt,  ben- 
tout. I!  Ec.  On  dit  même  :  bitout. 

Bette-champêtre  (Lg.),  s.  f.  —  Betterave 
fourragère.  Syn.  de  Lisette.  X.  Le  mot  a 
vieilli. 

Betteler  (Li.,  Br.,  Mj.),  v.  n.  —  Tourner, 
se  prendre  en  petits  grumeaux  lorsqu'on 
l'expose  au  feu,  en  parlant  du  lait.  La  chose 
se  produit  lorsque  le  lait  n'est  pas  parfaite- 
ment frais  et  est  déjà  légèrement  acide.  '\  Ec. 
Prononc.  :  boétteler.  —  Se  dit  d'une  sauce, 
et  cailler,  du  lait. 

Et.  —  Ce  V.  est  le  dimin.  d'un  v.  Better,  inus., 
mais  dont  on  retrouve  la  racine  Bette  ou  Botte 
dans  les  mots  fr.  Caillebotte,  caillebotter.  —  «  Béton-, 
nom  vulg.,  mais  peu  usité,  du  lait  trouble  et  épais 
contenu  dans  les  mamelles  au  moment  de  l'accou- 
chement. Le  vx  V.  beter  voulait  dire  :  cailler. 
(LiTT.)  —  «  Colostrum.  «  —  «  Sang  beté  se  disait 
pour  :  sang  caillé  :  «  Quand  ce-venait  sur  la  garison, 
ils  jettoient  grand  foison  de  sanc  beté  par  la  bouche 
et  par  le  nez,  et  par  dessous,  qui  moult  les  ébahis- 
soit,  et  neantmoins  personne  n'en  mouroit.  »  (Jour- 
nal de  Paris  sous  Ch.  VI  et  VII,  p.  21.)  Le  mot  a  ce 
sens  dès  le  xii«  s.  —  Betton,  c.à-d.  premier  laict 
d'une  accouchée,  qui  se  fait  dur  et  troué  comme  une 
éponge.  —  La  mer  betée,  c'est  la  mer  gelée.  {L.  C.) 

Betterabe  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Betterave. 

Et.  —  Composé  du  fr.  Bette  et  du  vx  fr.  Rabe  ou 
Rable,  lat.  Râpa.  —  Hist.  «  Et  d'une  vesne  (vesse) 
qu'il  fit,  engendra  autant  de  petites  femmes  accro- 
pies,  comme  vous  en  voyez  en  plusieurs  lieux,  qui 
jamais  ne  croissent,  sinon. . .  comme  les  rabbes  de 
Lymousin,  en  rond. 

;i  Betterabe-écorce,  b.  à  chair  très  rouge 
dont  on  se  sert  pour  la  cuisine.  Ainsi  nommée 
parce  qu'elle  se  dépouille  lorsqu'elle  est  cuite 
au  four. 

Bettes,  s.  f.  pi.  —  Les  feuilles  de  cette 
plante  s'emploient  pour  pansements,  et  ce 
nom  est  appliqué  à  toutes  les  feuilles  vertes 
servant  à  cet  usage.  \\  Fu.  Id.,  —  pour  les 
vésicatoires.  Elles  sont  aussi  comestibles  et 
appréciées.  Par  dérision  on  les  appelle  sou- 
vent asperges  de  cordonnier.  (Cf.  Avoine  de 
curé,  —  le  poivre.)  V.  Fricot. 

Bétume  (Mj.),  s.  m.  —  Doubl.  du  frj 
Bitume. 

Bétumer  (Mj.),  v.  a.  —  Bituminer. 

Bétnn,  s.  m.  (Segr.).  —  Pour  Tabac. 
Et.  —  Pétun  ;  emprunté  du  portug.  Petun,  mol 
de  la  lang.  des  indigènes  du  Brésil. 

Beuc  !  (Mj.),  interj.  —  Exprime  le  bruiti 
d'un  rot.  i|  Faire  beuc,  roter.   j|  s.  m.  Rot,  ( 


BEUCHE  —  BEUTIERS 


97 


éructation.  Ex.  :  Il  a  fait  ein  grous  beuc.  Ono- 
mat.  —  Cf.  l'angl.  Belch,  même  sens. 

Beuche  (Li,  Br.),  s.  f.  —  Une  bêche. 

Beiiclée  (Mj.),  s.  f.  Cri.  ||  (Sp.)  Pleurs, 
larmes. 

Et.  —  Dér.  de  Beucler  —  pour  Beugler.  —  Lat. 
Bos,  bœuf,  —  buculus  —  bougie,  bugler. 

Beucler  (.Sp.  Lg.),  v.  n.  —  Beugler,  crier.  |1 
Pleurer,  larmoyer.  Syn.  de  Buyer,  Chemicher 
Chenucher,  Ouâler,  Ouigner,  Pigner,  Becler. 

Et.  —  Forme  plus  dure  de  Beugler.  —  HLst. 
«  Tchire  (tire)  pas  !  qu'y  beclai  encore  pus  fort. . . 
tchire  pas  !. . .  y  veux  pas  t'faire  de  maux,  ma  !. . . 
mé  dam  !  tu  sais. . .  man  fils  d'g. . .,  si  tu  tchires,  y 
vas  tchirer  aussi  !  (H.  Bourgeois,  p.  220.) 

Bé  d'Udon'(Ec.).  —  Bec  de  l'Oudon,  à  son 
embouhcure  dans  la  Maine  (Moène,  Mayenne) 
Bé  du  Loir.  Embouchure  du  Loir  dans  la 
Sarthe. 

Beuglosse  (PL),  s.  f.  — •  Buglosse. 
Et.  —  De  deux  mots  grecs  :  langue  de  bœuf  ; 
borraginée. 

Beugnet  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Beignet, 
pâtisserie. 

Et.  —  Dimin.  du  vx  fr.  Bingne,  Begne,  qui  est 
sans  doute  le  dimin.  de  Bigne,  Beugne,  tumeur, 
grosseur  (mot  encore  usité  en  diverses  provinces),  à 
cause  que  le  beignet  est  une  pâte  qui  se  gonfle  en 
cuisant.  Prononciation  fautive  et  provincialisme. 
Hist.  «  Puis  grands  pastés  de  venaison,  d'al- 
■louettes. . .,  guasteaux  feuilletés,  cardes,  brides  à 
veaux,  beuignets,  tourtes  de  seize  façons,  gaufîres, 
crespes.  »  (Rab.,  P.,  iv,  59.)  —  «  Patissandière, 
Raslard,  Franc-beuignet.  »  (Rab.,  P.,  iv,  40,  425.) 

Beules,  s.  f.  —  Tranchée  faite  dans  un  pré 
pour  l'écoulement  des  eaux.  (MÉ\.)  Syn.  de 
Ségoire. 

Et.  —  «  B.  L.  Bedale,  de  Bedum,  bief.  (V  Besau. 

LiTT.) 

Beiilot',  s.  m.  (Segr.,Mj.,  etc.)  —  Très 
petit  tas  de  foin  qu'on  roule  sur  lui-même 
après  le  fanage  et  avant  la  mise  en  meule.  || 
Petit  tas,  petit  monceau.  Syn.  Bulot,  Baron. 

Et.  —  Pour  Meulot,  dim.  du  fr.  Meule,  L.  Mola. 
On  dit  aussi  Bulot,  —  de  pierres.  —  Dérive  peut- 
être  de  Boule,  plutôt. 

Benne  (Lue),  s.  f.  —  Herbe  marécageuse 
Sans  doute  la  même  que  Bêne,  et  Bêle  (Bat.). 

Beuquer  (Mj.),  v.  n.  —  Roter.  V.  Beuc. 

Beurcbe  (Lg.),  adj.  quai.  —  Brèche-dent, 
ébréché.  Se  dit  des  personnes.  Corr.  de  Brèche. 
Syn.  de  Bercini. 

Beurgne  (Lg.,  Sp.),  s.  f.  —  Grande  manne 
en  paille,  avec  couvercle,  dans  laquelle  on 
conservait  autrefois  les  grains  et  graines 
si-ches. 

Et.  —  Syn.  et  d.  de  Burgne.  N.  Il  y  a  là  toute  une 
nombreuse  famille  de  mots  (beurgne,  burgne,  bour- 
gnier,  bourgnon,  etc.),  dont  je  ne  vois  pas  l'otym.  A 
rapprocher  du  berrichon  Bourole,  mêmesens,  Jaub. 
et  de  Bourroche. 

Beurgnon  (Sp.).  —  Petite  beurgne. 


Beurrasser,  v.  a.  —  C'est  non  seulement 
étendre  du  beurre  sur  du  pain,  mais  toute 
matière  grasse  sur  un  objet,  de  la  boue  sur 
ses  vêtements,  etc.  même  des  fraises. 

Et.  —  Beurre.  L.  Butyrum,  du  grec  Bous,  bœu*", 
vache,  et  turoç,  fromage.  Plus  :  asser,  sufî,  péjor. 

Beurre  (Lg.),  s.  m.  —  Chassie,  humeur 
cireuse  qui  découle  des  yeux  malades.  Ex.  :  Il 
a  du  beurre  aux  yeux,  il  les  a  tôt  biroillés.  Syn. 
de  Cire.  \\  (Tlm.).  Tourner  en  beu-re  de  cane, 

—  tomber  à  rien.  On  dit  de  même  en  fr. 
Tourner  en  eau  de  boudin.  ||  (Mj.)  Au  prix 
où  est  le  beurre,  c'est-à-dire  par  le  temps  de 
cherté  qui  court.  ||  Faire  son  beurre,  —  faire 
des  bénéfices.  1|  Son  beurre  ne  sent  que  le  pot, 
— ■  son  affaire  est  mauvaise,  se  gâte.  ||  Mains 
de  beurre,  —  mains  molles,  qui  lâchent  faci- 
lement ce  qu'elles  tiennent.  ||  Aller  au  beurre, 

—  faire  l'amour,  en  parlant  de  l'homme.  — 
V.  au  Folk-Lore,   III,  croyances.  —   ||  Fu. 

—  Prononcer  eu  comme  dans  :  œufs  au  plu- 
riel. 

Beurre-blanc  (Mj.),  s.  m.  —  Sauce  blanche. 
Ex.  :  Le  brochet  est  bon  au  beurre-blanc.  \\  Fu. 
■ — •  Non,  mais  du  beurre  fondu  doucement 
opposé  à  beurre  roux. 

Beurrée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  sens  primitif, 
tartine  couverte  de  beurre,  est  oublié  ;  on  dit  : 
beurrée  de  confitures,  de  merline,  de  migourit, 
de  grillons,  et  même  beurrée  de  beurre.  Syn. 
de  Graissée. 

Beurrer  (Ti.,  Zig,  152),  v.  a.  — •  Etendre  et 
faire  adhérer  une  matière  poisseuse.  Ex.  : 
Beurrer  de  l'onguent  sus  la  patte.  Syn.  de 
Graisser. 

Beurrerie  (Lg.),  s.  f.  —  Etablissement 
industriel  dans  lequel  on  fabrique  le  beurre 
par  des  procédés  et  suivant  des  méthodes 
scientifiques. 

N.  —  En  ces  dernières  années  (1906),  il  s'en  est 
fondé  plusieurs  dans  la  région,  dont  une  impor- 
tante à  Mfc,  qui  draine  une  grande  partie  de  la  pn* 
duction  fermière  du  Lg.  — Si  la  compagnie  et  aussi 
les  laitières  y  font  leur  beurre,  cela  ne  fait  pas  celui 
du  petit  employé,  qui,  voyant  monter  le  prix  de 
V amendement,  trouve  que  son  beurre  ne  sent  que  le 
pot.  V.  Beurre. 

Beurrichon  (Mj.).  —  Pour  Berrichon,  roi- 
telet. Cf.  Bourrique,  de  burrus,  roux. 

3eurrier  (Ag.),  adj.  quai.  —  De  beurre.  Ex.: 
Concours  beurrier.  (Ang.  de  Paris,  14  juillet 
1907,  2,  3.) 

Beusse  \  s.  f.  —  Bour  Busse,  tonneau.  Vx 
fr.  Bosse. 

Et.  —  Busse,  sorte  de  grand  tonneau.  V.  Botte. 
(D.  G.  Butta),  outre,  vase  en  cuir  ;  botte  à  chaus- 
ser ;  tonneau,  par  des  assimilations  de  sens  qu'il  est 
facile  de  concevoir.  (Litt.) 

Beusse  -  (Mj.).  —  V.  Beausse. 

Beussier  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Beaussier. 

Beutiers  (PI.,  etc.),  s.  m.  —  Gros  sabots 
couverts.  Syn.  de  Esclos,  Sabots  taupes. 

7 


BEZARD  —  BICANER 


Et.  —  Dér.  d'un  mol  Beutte,  doubl.  inus.  du  fr. 
Botte.  Cf.  Breusse. 

Bezard  (Sa.,  Tlm.),  adj.  quai,  et  .s.  Ventru, 
obèse,  bedonnant.  Syn.  de  Abeillaudé,  rac. 
de  Abézardé-di.  V.  Beille  et  Besard. 

N.  —  Ce  mot  a  vieilli.  Il  s'est  donné  jadis  comme 
surnom.  Il  y  avait  à  Saint-Augustin  un  père  Bou- 
mier  Bezard,  ventripotent  personnage  et  joyeux 
vivant  devant  l'Eternel,  qui  mourut  aux  environs 
de  1860.  —  Et.  Ce  mot,  malgré  les  apparences  su- 
perficielles, n'a  pas  de  rapport  avec  le  fr.  Obèse.  II 
faut  le  rapporter  à  une  rac.  Bed,  qui  se  retrouve 
dans  le  fr.  Bedaine,  Bedon  et  dans  le  pat.  Beille, 
Béseroi.  —  On  pourrait  y  ajouter  Beduau,  blaireau. 

Bèze  (Tlm.),  s.  f.  —  Ventre,  bedaine.  Syn. 
de  Beille.  Et.  Voir  Bezard.  —  Mj.  Béserot.  Cf. 
Bouse. 

Bezie,  s.  f.  —  C'est  le  gros  abdomen  d'un 
oiseau  récemment  éclos.  Z.  137.  —  (Br.). 
Avoir  la  bézie,  c'est  ne  pas  être  encore  boii  à 
dénicher,  avoir  le  gros  ventre.  Cf.  Béze.  V. 
aussi  Besie,  et  Bo.ise.  \\  Bss.   nom  de  famille. 

Beziner  (b'ziné)  (Mj.),  v.  n.  —  Sifïler,  bour- 
donner. Il  Passer  en  sifflant,  comme  fait  une 
pierre  lancée  avec  raideur.  Pour  Véziner. 
Onomat.  :  Vzz.  —  N.  On  prononce  Bziné, 
mais  Véziner,  Vézouner. 

Beziot,  s.  m.  (Sa.,  Ba.,  Bn.).  —  Le  dernier 
éclos  d'une  couvée;  le  dernier  né  d'une  nichée. 
Svn.  de  Caillaud,  Cailleraud,  Chôpiot.  \\ 
Enfant  délaissé  par  ses  parents,  petit  poulet 
abandonné  (Bn.).  —  ||  Le  dernier  né  d'une 
famille.  (My.). 

Biâcop  (Lg.),  adv.  —  Beaucoup.  Mot  très 
vieilli,  mais  encore  usité.  Syn.  de  Bé-raide, 
Berchouse,  Belle-chouse. 

Biaiser  (Mj.),  v.  a.  —  Tailler  en  biais,  en 
pointe,  les  pièces  d'une  robe.  Ex.  :  Aile  a  fait 
biaiser  sa  robe. 

Biandir"  (Mt.),  v.  a. —  Caresser,  courtiser, 
une  jeune  liUe.  —  Du  lat.  Blandiri,  flatter? 
Cf.  Biaudir. 

Biâquilles  (Sb.).  —  Menues  choses  sans 
importance,  sans  valeur,  qui  restent  au  fer- 
mier quand  il  a  partagé  avec  le  propriétau-e 
à  moitié.  \\  Restes,  rehefs,  miettes.  \\  \.  Béa- 
tilles. 

N. «  On  a  dit  des  vieilles  femmes  qui  se  ma- 
rient :  «  Pour  le  regard  des  maris,  ce  leur  est  une 
grande  espargne  ;  il  ne  leur  faut  point  d'agiots  et 
bcatilles  pour  les  popiner  (ajuster,  parer)  qu'à  ces 
jetmes  éventées  :  elles  se  passent  à  peu.  «  [Contes 
de  ChoUères,  L.  C,  V  Popiner.) 

Biarrage  (Sa),  s.  m.  —  Terrain  inculte, 
marécageux  ou  pierreux  et  encombré  d'arbres, 
buissons,  épines,  débris,  etc.  —  On  dit  aussi 
Biarraige.  Syn.  de  Bureau,  Masureau,  Bua- 
rèje. 

Et. Ce  mot  ne  viendrait-il  point  de  Biarrel  La 

toile  biarre  est  une  toile  grossière,  de  même  que  le 
bureau  est  une  étoffe  grossière.  Il  y  a  là  un  rappro- 
chement d'idées  et  de  mots  pour  le  moms  curieux. 
—  Bigarrage?  —  Cf.  Age.  Jaub. 

Biarraige  (Sa.),  s.  m.  —  V.  Biarrage. 


Biârre  (biâre)  (Mj.),  adj.  quai.  —  Cette 
épith.  s'applique  à  une  toile  grossière,  à  chaîne 
blanche,  et  à  trame  bleue  dont  on  fait  des 
salopettes. 

Et.  —  Probablement  pour  Bigarre  ou  Bigarré' 
doubl.  du  fr.  Bizarre.  —  Cf.  Bigearre.  Jaub.,  Suppl_ 

Biau  1  adj.  quai,  pour  Beau.  —  Cf.  beau- 
coup de  termin.  en  eau  :  coutiau,  viau,  man- 
tiau.  Il  N.  Fu.  —  Biau  ne  se  dit  pas  dans  le 
canton  de  Montrevault,  non  plus  qu'en 
Beaupréau  et  Saint-Florent.  On  prononce 
toutes  les  finales  en  eau  comme  é-ou,  ces  deux 
dernières  lettres  presque  muettes  :  Batéou, 
Chapéou,  Bussêou.  V.  Observations  à  A. 

Biau  ^  (Ec),  s.  m.  —  Viau,  veau.  Souvent 
Voyeau. 

Biaiicop.  (Lg.),  adv.  —  Beaucoup.  Syn.  de 
Berchouse,  cf.  Cop.  —  N.  Ce  mot  a  fort  vieilli. 

Biaudir"  (Mt.),  v.  n.  —  Caresser, —  sa  belle. 
Syn.  de  Gouincer,  Biandir  (dont  il  semble  une 
autre  forme). 

Et.  —  Ressemble  à  s'Ebaudir  ;  pourrait  se  tirer 
du  vx  fr.  Baud,  —  gai,  folâtre. 

Biberon  (Mj.),  s.  m.  —  Bouton,  petite  pus- 
tule. Syn.  et  doubl.  de  Buberon. 

Et.  —  Grec  :  Boubôn,  tumeur  ;  proprement, 
aîné,  parce  que  ces  tumeurs  viennent  souvent  aux 
aînés. 

Biberonné  (Mj.),  adj.  quai.  —  Couvert  de 
boutons,  de  pustules,  de  papules,  en  parlant 
du  visage. 

Et.  —  Dér.  de  Biberon,  parce  que  les  grands 
buveurs  sont  sujets  à  des  éruptions  cutanées. 
Ou  mieux  pour  :  Buberonné,  de  Bubon. 

Bibi  (1).  —  Pour  :  boire  (Segr.).  Terme 
enfantin  employé  pour  engager  les  enfants  à 
boire  (Mén.).  ||  (2)  Lg.  —  Tuyau  de  carton 
sur  lequel  on  dévide  le  fll  pour  faire  des  épelles. 
V.  Jaub.  à  Bi.  ||  (3)  s.  m.  Remplace  le  pronom 
Je  ou  Moi.  Ex.  :  Ça,  c'est  pour  bibi,  et  bibi, 
c'est  moi.  N.  On  dit  aussi  :  Bibilolo...  de 
Saint-Malo.ll  (4)  Ec.  Coiffe  à  la  bibi.  V.  Bi- 
gote. 

Bibler  (Mj.),  s.  m.  —  Canal  uréthral  du 
porc  mâle  et  annexes.  Syn.  et  corr.  de  Pu- 
béyer  —  de  pubis.  Dans  l'Orne,  le  bibier  du 
porc  s'appelle  :  pivéyer.  On  en  graissait 
jadis  les  souliers  en  guise  de  cirage.  ||  By.  On 
dit  Pibier,  chez  les  menuisiers,  les  charpen- 
tiers. 

Bic-à-hic  (Mj.).  —  Z.  137,  c.-à-d.  point  à 
point  ;  nous  avons  fini  la  partie  point  à  point, 
sans  doute  de  :  bec  à  bec. 

Et.  —  Vient  peut-être  du  jeu  de  Bique  des 
enfants.  Quand  les  deux  index  des  joueurs  se 
touchent,  ils  sont  bique-à-bique.  Ces  index  imitent 
deux  biques  qui  luttent. 

Bicaner  ^  (Sp.),  v.  n.  —  Pousser  des  cris  ou 
des  éclats  de  rire  qui  ressemblent  aux  bêle- 
ments d'une  bique.  —  (Bicane,  —  chicane, 
discussion  ;   Dott.). 


Bicaner  -  (Lg. 
Boitouser. 


Boiter,  Syn.  de 


BICAUDER  -  BIDOUNE 


99 


Bicauder  (Bg.),  v.  a.  —  Abattre  et  ébran- 
cher  les  arbres.  —  Bicauds,  —  ces  bûcherons. 
(C.  Fraysse,  p.  69.) 

Biche,  s.  f.  (Lue).  —  Chevreuil.  ||  (Mj.).  — 
Grand  insecte  coléoptère,  à  très  longues  an- 
tennes, à  corselet  couvert  d'aspérités,  à 
élytres  chagrinées,  dont  la  larve  vit  dans  le 
bois  du  chêne.  Cet  insecte  est  ainsi  nommé 
parce  qu'il  est  regardé  à  tort  comme  la  femelle 
du  Cerf  ou  Çarj.  A  Saint-Paul,  cette  confu- 
sion n'a  pas  lieu,  et  l'on  l'appelle  Diable.  — 
Capricorne. 

Bicher  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  et  imp.  —  Agréer, 
aller  bien,  convenir.  Ex.  :  Je  leur  ai  proposé 
de  faire  eine  partie,  mais  ça  ne  bichait  pas.  — 
Argot. 

Bicheté  (Te),  adj.  quai.  —  Paillet,  se  dit 
du  vin.  Il  Lue.  —  \'in  rouge  tiré  en  blanc  ;  ce 
qu'on  nomme  vin  gris  dans  l'Est. 

Et.  —  Du  fr.  Biche,  parce  que  la  couleur  du  vin 
paillet  rappelle  celle  de  la  robe  de  cet  animal. 

Bichetoiiri  (Lg.),  s.  m.  —  Bec  ou  ajutage 
par  lequel  on  verse  l'eau  d'une  cruche,  d'une 
bue.  Syn.  et  d.  de  Bichtri.  Syn.  de  Berloque, 
Tinet. 

Bichette  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Nom  caressant 
que  l'on  donne  aux  petites  filles,  aux  juments, 
et  parfois  aux  vaches. 

Bichoiller  (Lg.),  v.  n.  —  Pleurer  à  petit 
bruit.  —  Syn.  de  Chemicher,  Chenucher,  etc. 

Bichote  (Lg.),  s.  f.  —  Cœur  de  chou  vert, 

—  employé  surtout  au  pluriel.  Syn.de  Epiau, 
Piochoji,  Binocle. 

Bichtri  (Tlm.),  s.  m.  —  Bec  d'un  pichet, 
par  où  on  verse  l'eau.  Le  syn.  Mj.  est  Tinet. 

—  Syn.  et  d.  de  Bichetouri,  Syn.  de  Berloque. 

Et.  —  Ce  mot  pourrait  être  une  sorte  de  dimin. 
du  fr.  Bec.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  me  paraît  pas 
douteux  que  ce  mot  remonte  fort  loin.  On  peut  se 
rappeler  certains  callibistris  avec  lesquels  Panurge 
projetait  de  rebâtir  les  murailles  de  Paris,  et  le  nom 
de  ces. . .  matériaux  n'est  autre,  évidemment,  que 
celui  de  notre  Bichtri  (pris  dans  un  sens  obscène) 
î  accolé  au  préf.  péjoratif  Calli  ou  Cali,  celtique,  qui 
I  signifie  mauvais.  Cf.  Califourche,  Caliborgne,  etc. 

Biclard  (Lg.),  adj.  quai,  et  s.  —  Bigle,  qui 
louche.  Syn.  de  Calorgne,  Bignole.  V.  Bicler. 

Bicler  (Sp.,  Lg.),v.  n.  —  Dévisager,  regarder 
avec  insistance,  avec  impertinence.  Syn.  de 
Bignoler.  \\  Ec.  Proprement  :  Fermer  un  œil 
pour  ne  regarder  que  de  l'autre  afin  de  viser 
juste,  en  hgne  droite,  comme  font  les  chas- 
seurs. Il  Fu.  —  Fermer  un  œil,  cligner  pour 
regarder  à  la  dérobée,  —  ou  Biquier.  D'ail- 
leurs le  cl  est  souvent  mouillé. 

Et.  —  Fr.  Bigler,  loucher  ;  écrit  bicle.  pour 
bigle.  Orig.  incert.  —  Malv.  indique  la  rac.  celtiq. 
Sig,  dévier,  obliquer  ;  d'où  :  bigueler,  bigler,  regar- 
der obliquement. 

;  Hist.  —  «  Les  mères  ont  raison  de  tancer  leurs 
!  enfants  quand  ils  contrefont  les  borgnes,  les  boiteux 
et  les  bides.  »  (Mont.,  Ess.,  n,  25.)  —  «  Estre 
louche  ou  bigle  :  c'est  une  distorsion  contrainte  avec 
inégalité  de  la  vue.  »  (Ambr.  Pabé,  xv,  5.) 


Bicorne  (Mj.),  s.  f.  —  Pioche  à  deux  cornes. 
Syn.  de  Juif.  \\  Hoyau.  V.  Tervon.  Du  lat. 
Bis  ,  cornu.  Cf.  Bigourner. 

Bicouène,  s.  f.  (Segr.).  Besogne  mal  faite, 
champ  mal  tourné.  (Mén.)  Syn.  de  Besague, 
Guingourage. 

Bicrots,  Biquerots.  Z.  L30.  —  Petits  de  la 
bique.  !|  Je  préférerais  Biquereau,  pour  cette 
raison  que  le  t  final  se  prononcerait  à  Mj.,  s'il 
existait. 

Bidaine  (Tlm.,  Sp.,)  s.  f.  —  Pécore.  Appel- 
lation un  peu  ironique  que  l'on  applique  aux 
gamines.  Ex.  :  Va  donc,  grande  bidaine  !  — 
Se  dit  surtout,  en  mauvaise  part,  des  gamines 
dégingandées.  Ex.  :  N'y  a  pas  moyen  de  ren 
en  faire  de  ceté  grand  bidaine-lk.  Syn.  atté- 
nuât, de  Birogue  ;  syn.   de  Bougane,   Bidelle. 

Et.  —  Tient  au  fr.  Bidet,  comme  Birogue  tient  à 
Bire  :  à  moins  que  le  mot  ne  soit  une  corr.  de 
Bigane. 

Bidébois  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  disque  de 
bois,  de  la  largeur  d'un  centime  et  percé  au 
centre  d'un  petit  trou.  Les  enfants  achètent 
par  chapelets  de  cent  ces  petits  disques  et 
s'en  servent  dans  leurs  jeux  comme  d'une 
monnaie  d'acompte.  —  Cet  usage  semble 
avoir  disparu. 

Et.  —  Le  mot  est  pour  Bille  de  bois. 

Bidecir  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Bidébois. 

Bidelle  (Sal.),  s.  f.  —  Grande  fille  mal  faite. 

Bider  (Pc).  —  Toucher.  Au  jeu  de  boules, 
quand  deux  boules,  des  deux  camps  opposés 
touchent  le  Maître,  on  dit  :  Ça  bide,  ou  : 
Tout  bide  ;  —  les  deux  boules  touchent.  — 
Et  alors  :  Qui  a  fait,  défait  ;  c.-à-d.  que  le 
camp  qui  a  fait  ce  coup  le  dernier,  doit  jouer 
encore,  pour  le  défaire.  Syn.  de  Serrer. 

Et.  —  Je  vois  dans  des  Glossaires  :  biter  (Or.)  ; 
bitter,  toucher  légèrement.  (Dott.) 

Bidet'  (Mj.,  Lg.),  s,  m.  —  Le  numéro  un, 
au  tirage  au  sort.  Ex.  :  Il  n'a  pas  de  chance, 
il  a  rapporté  bidet'.  ||  Et.  Support  à  trois 
pieds  auquel  les  laceuses  fixent  leur  engin 
pendant  qu'elles  travaillent. 

Et.  —  Le  premier  sens  de  bidet  est  :  très  petit. 
Le  n"  1  est  le  plus  petit?  —  Celitq.  bidein,  faible 
créature.  —  Guill.  même  sens.  —  Au  second  sens, 
très  clair. 

Bidoche,  s.  f.  —  Viande.  Mot  de  la  langue 
des  casernes  et  d'introduction  récente. 

Bidon  1  (L.,  Br.,  Sp.).  —  Pinson,  jj  Bidon 
de  mer,  sorte  d'oiseau  de  la  famille  des  passe- 
reaux et  à  peu  près  semblable  au  pinson,  sauf 
que  les  plumes  du  cou  sont  plus  grises. 

Bidon  ^  (Vz.,  Cp.),  s.  m.  —  Tisserand.  N. 
Ce  mot  est  connu,  mais  à  peu  près  inusité  à 
Tlm.  et  à  Yzernav. 


Bidonnée  (Mj.),  s.  f.  — 
bidon. 

Bidonne  (Vz.,  Cp.),  s.  f. 
Bidon. 


Le  contenu  d'un 


Tisserands.  V. 


100 


BIDOUNER  —  BIGER 


Bidonner  (id.),  v.  n.  —  Travailler  au  métier 
de  tisserand. 

Bidroiller  (Lrm.),  v.  a.  —  Prononc.  Bi- 
dro-yer.  —  Brasser,  battre,  mélanger  de 
façon  à  donner  à  une  chose  molle  un  aspect 
liquide  et  peu  soigné  comme  préparation. 

Bidroilloux  (Sal.),  adj.  quai.  —  Yeux 
hidroilloux,  —  qui  ont  les  cils  pleins  de  cire. 
\".  BiroilU. 

Bidrou.  Z.  134.  —  Terme  de  mépris  ;  qqf. 
employé  amicalement.  ||  By.  Zig.  134,  s.  m. 
—  Mauvaise  toupie.  Syn.  et  d.  de  Bidrouille. 
Fig.  Nabot. 

Bidrouille,  (M.j.),  s.  f.  —  Syn.  de  Bigane. 
Il  Fig.  Pécore.  ||  Morceau  de  bois  grossière- 
rnent  taillé  et  muni  de  quatre  pattes  qui 
représente  une  chèvre  ou  une  vache.  —  Mor- 
ceau de  bois  informe,  vieille  toupie  hors 
d'usage  dont  les  enfants  se  servent  dans 
certains  jeux.  Syn.  de  Gazouille. 

Et. Ce  mot  se  rattache  à  la  famille  des  mots  : 

Bique,  biqueton,  biquereau,  béguette,  heillon,  bion. 

Bidrouiller  (Chl.)  v.  n.  —  Aller  de  travers. 


Le  blé.  —  il  Chm. 


Du 


Blé  1  (Li.,  Br 
seigle. 

Et.  —  Ital.  Biada,  B.  L.  bladum,  blavum  (d'où  : 
emblaver),  blava,  blavium.  —  Pron.  de  bl  mouillé. 

Bié  '•*  (Fu.),  s.  m.  —  Pour  :  bief.  .  .  I  sont  à 
curer  le  bié  du  Mouhn  des  Touches. 

Bielle  (Lu.,  Ec),  s.  f.  —  Veste  ronde,  — 
courte,  genre  breton.  V.  Carmagnole. 

Bien  (Mj.),  adv.  —  Beaucoup.  '!  Bien  gnia- 

t-il,  il  y  en  a  beaucoup.  Se  dit  à  la  fin 

d'une  phrase.  Ex.  :  Les  hommes  ne  sont 
guère  raisonnables,  bien  y  a-t-il.  —  N.  Pris 
dans  le  sens  de  :  beaucoup,  ce  mot  se  prononce 
à  peu  près  toujours  :  bien  (et  non  :  ben),  sur- 
tout lorsqu'il  est  le  dernier  mot  de  la  phrase. 
Il  Fu.  —  Se  prononce  toujours  :  ben,  quelle 
que  soit  sa  place.  Au  Fu.,  l'expression  Ben  y 
a-t-il  est  tout  à  fait  inconnue  ;  on  dit,  dans 
le  même  sens  :  Berchouse  y  a-t-i. 

Bienfait,  s.  m.  —  Cette  ancienne  expres- 
sion s'employait  pour  :  usufruit.  (Mén.) 

Hist.  —  «  La  Coustume  d'Anjou,  art.  222.  —  Les 
puisnés  masles  ne  sont  fondés  de  tenir  et  avoir  leur 
portion  d'icelui  tiers  qu'en  bienfait  seulement  ; 
c'est  à  scavoir  leur  vie  durant.  —  De  :  benefactum, 
qu'on  a  dit  pour  :  beneficium,  mot  qui  se  trouve 
dans  les  Capitulaires  de  Charlemagne.  —  De  la 
aussi  les  bénéfices  ecclésiastiques  possédés  par  usu- 
fruit. »  —  «  Tenir  à  bienfait,  c'est  tenir  à  vie  seule- 
ment. (L.  C.) 

Bienveillant  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Subrogé- 
tuteur. 

Bier  (Lg.),  v.  a.  —  Lier,  des  gerbes  ;  serrer 
le  lin  au  moyen  de  la  Bille.  Pour  :  biller.  Cf. 
Biot,  Vier. 

Bière  (Mj.).  —  C'est  pas  de  la  petite  bière, 
—  c'est  qqn  ou  qqch.  de  considérable,  qui  a 
de  l'importance. 


Biez  (Mj.),  s.  m.  —  Dans  les  bateaux  de 

mariniers,  celui  des  fronteaux  qui  se  trouve 
immédiatement  en  avant  de  la  cabane. 

Bi«;abou  (Ag.),  s.  m.  —  Boudeur, qui  bou- 
gonne ;  personne  de  mauvaise  humeur,  ca- 
ractère. 

Bigâillard  (Lg.),  s.  m.  —  Petit  marchand 
de  bestiaux,  celui  qui  bigâille. 

Bigâille  (Ec),  s.  f.  —  N'avoir  que  de  la 
bigâille,  —  pas  de  cartes  marquantes  au  jeu 
de  luettes,  ou  d'aluettes.  De  bonne  bigâille, 
jeu  satisfaisant.  —  Quand  on  n'a  que  de  la 
bigâille,  on  dit  :  C'est  à  en  faire  le  tour  de 
gueux  ;  j'f'rais  ben  caca  dans  la  main  du 
faiseux.      V.  Bigâiller. 

Bigâiller  (Lg.),  v.  n.  —  Faire  un  petit  com- 
merce de  bestiaux  de  qualité  inférieure.  Dér. 
de  Bigue  avec  suffixe  péjoratif. 

Bigaillon  (Sal.),  s.  f.  —  Personne  mal 
emmanchée,  —  sauteuse.  —  V.  Bigane. 

Bigane  (Mj.),  s.  f.  V.  Bidrouille,  Gazouille. 
Il  Sal.  —  Sorte  de  haute  toupie.  —  Sauteuse. 
V.  Bignillon. 

Biganer  (Mj.),  v.  n.  —  Bêcher,  ou  piocher 
avec  effort  et  sans  grand  résultat.  Syn.  et 
corr.  de  Bigourner.  \\  (Sa).  —  Disputer,  ta- 
quiner. Syn.  de  Haricoter. 

Bigarrolé,  ée  (Mj.),  adj.  quai.  —  Bigarré. 

Et.  —  Bigarrer  vient  de  :  bivariare,  pour  :  bis- 
variare.  Dans  les  provinces  d'Anjou  et  du  Maine,  on 
appelle  garre  une  vache  pie,  et  garreau  un  taureau 
pie,  de  varius  et  varellus.  —  On  a  aussi  appelé 
bigarreau  une  sorte  de  cerises,  parce  qu'elles  sont 
bigarrées  de  noir,  de  rouge  et  de  blanc.  —  M.  de 
Saumaise  dit  (en  latin)  que  les  Franco-Celtes  les 
appellent  :  Bigarelles  parce  qu'elles  sont  de  couleurs 
variées.  Les  Gaulois  appellent  «  bigarrotum  »  ce  qui 
est  <'  variegatum  ». 

Bigarrolures  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Bigarrures, 
bariolages. 

Hist.  —  u  L'aube  au  rosin  atour. 

«  Les  cieux  voisins  bigarrait  à  l'entour.  » 
A.  DE  Baif,  f°  249.  (L.  C.) 

Bigaux  (Smc),  s.  m.  pi.  —  Menues  pailles, 
balles  de  céréales.  Syn.  de  Ventin,  Gabier, 
Barbillon,  Pous. 

Bigbog,  s.  f.  —  Vulg.  aristoloche,  cléma- 
tite (MÉN.)  Bat.  —  Vulg.  Ratelaine. 

Bigeoise,  adj.  et  subs.  —  Bête.  Dans  nos 
faubourgs  on  dit  encore  :  La  pêche  est 
bigeoise    ,  pour  :     la  fille  est  bête.     (Mén.)?!? 

Biger  (Mj.),  v.  a.  —  Baiser,  embrasser  sur 
les  joues.  |!  Eter'  coiffée  à  la  ôj^e-moi-vite, 
d'une  manière  coquette  et  provocante,  en 
parlant  d'une  jeune  fille.  —  N.  Quand  on 
bige  un  enfant  non  baptisé,  on  est  exempt 
pour  l'année  du  mal  de  dents.  Croyance 
populaire.  —  j  Bigcr  le  cul  à  la  bonne  femme, 
ou,  simplement,  de  la  vieille,  ne  pas  faire  de 
levé  aux  cartes  —  ou  ne  pas  compter  un  seul 
point  au  jeu  de  boules.  Cela  ne  se  fait  pas 
effectivement,  mais,  parfois,  il  se  trouve  une 


BIGNE  -  BILEUX 


101 


pancarte  représentant  l'objet  en  question,  et 
les  joueurs  malheureux  sont  contraints  d'y 
coller  leurs  lèvres.  C'est  la  dernière  des  humi- 
liations. Il  Biger  son  pouce,  —  ne  rien  toucher 
pour  sa  part  ou  pour  sa  rémunération.  |! 
Biger  en  curé,  —  effleurer  à  peine  les  joues  du 
bout  des  lèvres.  ||  Fu.  Même  sens  :  Bige-xné 
donc  un  p'tit. 

Et.  —  Doublet  de  Biser.  corruption  de  Baiser. 
A  citer  la  chanson  enfantine  : 
—  Quand  j'étais  petit 
Je  n'étais  pas  grand  ; 
Pour  biger  les  filles 
J'montais  sus  ein  banc. 

Bîgne  '  (^Ij-).  s.  f.  —  Bosse,  enflure.  ||  Lg., 
s.  f.  —  Quignon,  gros  morceau  de  pain.  Syn. 
de  Car  gnon,  Graissée,  Beurrée,  Calot,  Pécée, 
Paissée.  \\  '•'  Interj.  V.  Bagne  ! 

Hist.  —  Et  une  fois  si  se  fit  une  ligne. 

Bien  m'en  souvient,  à  Testale  d'un  boucher. 

i^rLLON. 

Bignole  (Mj.),  adj.  quai.  —  Bigle,  qu^ 
louche.  {Calorgne,  Biclard,  Bilorgne.)  Cette 
petite  fdle  est  bignole. 

Et.  —  Il  est  probable  que  ce  mot  est  un  doublet 
du  vx  fr.  Biscle  et  du  fr.  Bigle.  Il  indiquerait  que 
ces  mots  dérivent  comme  lui  du  lat.  Bis  -|-  oculus. 
Dans  ce  cas,  les  mots  fr.  Bigle  et  Bigler  ne  seraient 
que  les  mots  patois  Bignole  et  Signaler  corrompus. 
A  remarquer  cependant  que  le  breton  a  Bling, 
louche.  Notre  mot  Bignole  serait-il  pour  Blignole,  — 
ou  Bling,  —  œil.  Cf.  Campiot. 

Bignoler  (Mj.),  v.  n.  —  Bigler,  loucher, 
lorgner.  ||  P.  ext.  v.  a.  Examiner  attenti- 
vement autour  de  soi.  Regarder  d'une 
façon  insolente  ou  indiscrète.  Ex.  :  T'as  pas 
besoin  d'éter'  à  bignoler  ce  qu'on  fait.  —  V. 
Bicler.  ||  Lorgner. 

Bignon  (Lue).  —  Source  d'un  champ. 

Hist.  —  Je  trouve  dans  C.  Pobt  plus  de  30  fois  ce 
nom,  et,  entre  autres,  Le  Bignon,  commune  de 
Longeron,  sur  l'emplacement  d'un  vaste  étang 
aujourd'hui  desséché.  ||  N.  Il  n'existe  pas  de 
Bignon  au  Longeron.  Il  y  a  un  Bégnon  à  La  Ro- 
magne,  sur  la  route  de  La  Séguinière.  —  La  fon- 
taine du  Beugnon  forme  la  limite  des  trois  com- 
munes de  Mj.,  Le  Mesnil  et  La  Pommeraye. 

Bigorneau  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  mollusque 
aquatique,  du  genre  limaçon,  que  l'on  trouve 
fixé  sous  les  pierres,  le  long  des  rives  de  la 
Loire.  —  Littorine  vulg.,  bis-corne  ;  pour 
Bicorneau.  Excellent  appât  pour  la  pêche. 
Il  Ec.  —  Bigorneau  de  mer,  très  estimé  à 
Angers  et  ailleurs.  Cri  :  Qui  veut  des 
bigourneaux  —  d  ;  qui  veut  des  bigourneaux  ? 

Bigot  (Sar.),  s.  m.  —  Insecte  de  la  cerise. 
V.  Blin. 

Bigote  1  (Sp.),  s.  f.  —  Sorte  d'immenses 
coiiTes  à  fond  plat  et  extrêmement  larges,  que 
les  femmes  portent  aux  environs  de  Thouars. 
Il  Ec.  La  coiffe  à  la  bigote,  ou  à  la  bibi,  an- 
cienne coiffe  à  bords  étroits  et  fond  plat.  On 
n'en  voit  plus.  Remplacée  par  la  coiiïe  à 
plis  plats,  souvent  fond  riche.  —  Citons  la 
coiffe  à  tuyaux,  se  rapprochant  de  la  Ponts- 


de-céïaise.  Il  y  a  encore  la  coiffe  à  la  Gueuse 
ou  Bride-goule,  coiffe  commune  pour  le  tra- 
vail. —  Il  y  a  toujours  un  serre-tête  sous  la 
coiffe.  !|  ^  Mj.  —  Ancienne  espèce  de  poire. 
On  emploie  encore  la  comparaison  proverb.  : 
Secouer  comme  ein  poirier  de  bigote.  !|N.  Les 
Russes  disent  proverbialement  de  leur  femme  : 
Aime-la  comme  ton  âme,  mais  secoue-la 
comme  un  poirier,  ji  ^  loc.  adv.  —  A  bigote, 
—  à  cahfourchon,  comme  on  porte  souvent 
les  enfants.  —  Porter  à  la  bichecorne,  à  la 
cabre  morte  (Rab.,  III,  126).  L.  C. 

On  chante  souvent  ce  vieux  refrain  : 
—   «  J'ai  tant  porté  la  hotte 
A  bigote 
Que  j'en  ai  mal  au. . .  (dos) 
Bigotu.   » 

—  Au  jeu  de  boules,  quand  une  boule  est  lancée 
avec  trop'  de  vigueur,  on  lui  crie  ironiquement  :  A 
revoir,  bigote  !  —  Origine? 

Bigoiirneaii  (Mj.,  Fu.).  —  V.   Bigorneau. 

Bigourner  (Mj.),  v.  n.  —  Piocher.  ||  Faire 
un  petit  travail  de  culture  avec  beaucoup  de 
lenteur.  Cf.  Biganer. 

Et.  Pour  :  bicorner,  de  bicorne. 

Bigre,  s.  m.  —  Pour  :  aveilleur  ou  abeilleur 

(MÉN.). 

.  Et.  —  Garde-forestier  pour  la  conservation  des 
abeilles.  B.  L.  bigrus,  bigarus  ;  formé  du  radie, 
german.  bi  (angl.  bee  :  dan.,  bie  ;  ail.  mod,  biene), 
abeille,  et  gar,  rad.  qui  se  trouve  dans  le  ha.  waren, 
garder.  —  D.  C.  V°  bigrus. 

Bigiie  (Lg.),  s.  f.  —  Mauvaise  bête.  Syn.  de 
Bringue.  Biringue.  Birogue,  Pillée.  Probable- 
ment dér.  du  fr.  Bique.  H  Bique,  chèvre,  cf. 
Biqueton.  if  Fig.  Animal  de  peu  de  valeur, 
rosse.  Il  Petite  fille  chétive  et  méchante.  Syn. 
de  Chivrille,  Bidaine. 

Bijane.  s.  f.  —  Soupe  dont  le  bouillon  est 
constitué  par  du  vin.  Syn.  de  Soupe-à-la-pie, 
Toutaie,  Trempinette.  —  N.  Ce  mot  est  connu 
à  Mj.,  mais  il  vient  de  la  Varanne,  où  il  est 
endémique,  comme  la  chose.  —  (Lros.,  Sal.,) 
id. 

Hist.  —  «  Car  notez  que  c'est  viande  céleste, 
manger  à  desjeuner  raisins  avec  fouace  fraîche, 
mesmement  des  pineaux,  des  fiers,  des  musca- 
deaux,  de  la  bicane.  (Raisin  dont  on  se  servait  pour 
faire  du  verjus  —  ?)  —  Rab.,  G.,  i,  25,  51. 

Bijaii,  adj.  et  subst.  (Segr.).)  Traître  (Mén.) 

Bijoutier  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  que  l'on 
donne  par  dérision  aux  casseurs  de  macadam. 

Bilbotu.  —  Z.  137.  Tortueux,  inégal,  rabo- 
teux ;  un  chemin  bilbotu.  Syn.  de  Ragotu, 
Malplanche. 

Biler  (se)  (Mj.),  v.  réL  —  Se  faire  de  la  bile, 
se  chagriner,  avoir  des  idées  noires.  ||  Se  fati- 
guer, travailler  beaucoup.  On  dit  aussi  dans 
ce  sens  :  Se  fouler  la  rate. 

Et.  —  L.  bilis  ;  l'anc.  fr.  disait  :  cole.  de  kholô, 
bile  (mélancolie). 

Bileux,  se  (Mj.),  adj.  quai.  —  Hypochon- 
driaque,  atrabilaire,  d'humeur  triste  et  mo- 
rose>  On  dit  par  antiphrase,  en  parlant  d'Un 


102 


BILLARD  —  BIOTTÊ 


joyeux  vivant  :  En  velà  ieun  qui  est  hileux  !  — 
Pour  :  bilieux.  !|  On  dit  encore  :  Eh  !  ben,  t'es 
pas  bileux,  té  !  —  à  qqn  qui  se  paye  ou  qui 
désire  une  fantaisie  au-dessus  de  son  état. 

Billard  (Mj.),  s.  m.  —  Pièce  de  bois  cylin- 
drique qui  forme  l'axe  oblique  de  la  peautre.  \\ 
Jouer  au  billard  anglais,  —  faire  l'amour. 

Et.  —  Billard  est  proprement  une  crosse  à  cros- 
ser,  et  vient  de  bille,  au  sens  de  pièce  de  bois,  et  le 
nom  du  jeu  actuel  vient  de  la  queue,  qui  était  et 
s'est  dite  un  billard,   ou   bâton.   • —   B.    L.    Billa, 
Billus,  xne  s.  ;  branche,  tronc  d'arbre  ;  du  celtiq.- 
irl.,  bille  ;  bas-bret.,  bill,  pill.  —  Voir  D.  C.  Billa. 
Hist.  —   «  Je  lui  donnai  en  beau  don, 
Nau,  nau, 
Mon  billard  et  ma  pelotte. 
Et  Guillot,  mon  compagnon. 
Sa- trudienne  et  sa  marotte.  » 

Noels  ang.,  p.  19. 
N.  —  Billard,  trudienne,  marotte  sont  à  peu  près 
syn. 

—   «    Et   un    billart   de    quoy    on   crosse. 
Villon,  G.  Testament. 
—   «  Viens  avec  moi,  mon  cher  Coquard, 
Et  t'appuie  sur  ton  è(7/a/-rf.  » 

Noël  ancien. 

Bille  (Mj.,  Lg.,  Fu.)  —  s.  f.  Morceau  de  bois 
conique,  long  de  40  centimètres  environ,  avec 
lequel  on  serre  le  lien  des  gerbes.  — V.  Billard. 

Hist.  —  «  Les  plus  arriérés  les  attachaient  (les 
bouts  de  la  ceinture  de  leur  culotte)  à  l'aide  de 
petits  morceaux  de  bois  désignés  sous  le  nom  de 
billes  et  dont  ils  se  servaient  encore  qqf.  pour  leurs 
gilets.  »  (DENLiu,  I,  55.) 

Biller  1  (Mj.),  v.  a. — .Lier  les  gerbes  au 
moyen  de  la  Bille.  —  Syn.  et  d.  de  Bier. 

Biller  ^  —  Payer  un  billet.  Ex.  :  Je  vais 
hiller,  c.-à-d.  je  vais  payer  un  billet,  ou  rece- 
voir un  reçu  de  ce  que  je  dois.  (Mén.) 

Et.  —  Billet,  diminut.,  du  B.  L.  billa,  rescrit, 
cédule,  de  l'angl.  bill.  latinisé.  Altérât,  de  bulle, 
bulla.  La  confusion  entre  bille  et  bulle  est  évidente. 
Bulle,  de  Boule,  employé  pour  :  sceau,  à  cause  de  la 
rondeur  de  la  boule  de  métal  appendue  au  sceau. 

Billet  (Mj.),  s.  m.  —  Prendre  un  billet  de 
parterre,  —  faire  une  chute.  !|  Je  t'en  fiche 
mon  billet,  —  je  te  l'assure.  —  V.  Biller. 

Blllette  (Sp.),  s.  f.  —  Syn.  de  Bille. 

Bllloo  1  (Mj.),  s.  m.  —  Cordelle,  câble, 
longue  corde  servant  à  haler  les  bateaux.  |! 
Corde  à  étendre  la  lessive.  Syn.  de  Etendard. 
V.  Lace. 

Blllon  "  (Sp.),  s.  m.  —  Grosse  bille  à  jouer. 
Syn.  de  Boulet,  Tac.  V.  Bille. 

Blllonnée.  —  Jauneau,  clair  bassin,  ficaria 
ranunculoïdes,  ayant  racines  granuleuses,  à 
fleurs  jaunes.  (Mén.)  —  Petite  éclaire,  petite 
chélidoine.  (Bat.) 

Billot-à-rolng,  s.  m.  —  Pièce  de  bois  sur 
laquelle  on  attache  un  morceau  de  cuir,  de 
peau,  pour  retenir  un  peu  d'oing  ou  de 
graisse,  sur  laquelle  on  frotte  l'instrument  qui 
sert  à  la  division  de  l'ardoise.  (xMén.) 

Bllorgne.  —  Z.  136.  —  Louche,  bignole. 

Binard  (Cho.),  s.  m.  —  Un  bufîet; 


Bine  (Lg.).  —  Gros  morceau  de  pain.  Syn. 
de  Calibier,  Guergneau,  Cargnon,  Calot. 

Biner  (îMj.,  Fu.,  Ec),  v.  n.  —  Perdre  le 
temps,  vétiller,  lambiner.  Ex.  :  Je  sais  pas  ce 
que  tu  bines-là.  \\  Faire,  pris  en  mauvaise 
part.  Ex.  :  Que  bines-i\x  là  à  boyer  la  goule,  au 
lieu  de  t'en  venir?  ||  Passer  la  tranche  (la 
houe)  dans  les  cultures,  pour  sarcler.  On  bine 
les  choux,  les  laitues  ;  on  cabosse  la  vigne. 

Et.  —  Pour  :  beliner,  au  premier  sens.  Cf. 
Binger. 

Binette  (Mj.),  s.  f.  —  Mine,  apparence, 
physionomie.  Se  prend  en  mauvaise  part. 
Syn.  de  Balle,  Trombine,  Bobine,  Trompette. 

Et.  —  Les  perruques  de  Louis  XIV  furent  dites 
binettes,  de  Binet,  premier  faiseur  du  roi  après  la 
Vienne.  (Litt.) 

Blneur,  s.  m.  —  Ouvrier  qui  bine,  qui 
donne  la  deuxième  façon  aux  vignes.  (Revue 
de  C  Anjou,  août  1883.) 

Bineuse  (Lg.),  s.  f.  —  Houe  à  cheval.  Syn. 
de  Egâilleuse,  Trimbale.  Du  fr.  Biner. 

Binger  (Sp.),  v.  n.  —  Syn.  de  Biner,  Beliner. 

Blnoeiie  (Mj.),  s.  f.  —  Binette.  V.  Binocher. 

Syn.  de  Piochon,  Terbéchet.  j|  Fu.  —   Terbèche. 

Binocher  (Mj.),  Lg.).  —  Biner  à  plusieurs 
reprises,  — légèrement.  Fréquent,  de  Biner. 

BInochon  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Petite  binette, 
serfouette,  Syn.  de  Piochon,  Terbéchet.  Dim. 
de  Binoche. 

Binocle  (Ec).  —  Piochons,  pousses  tendres 
de  choux  verts.  Syn  de  Bichote,  Epiau. 

Bion  (Mj.,  Br.),  s.  m.  —  Biquet,  chevreau.  || 
Petit  nuage  très  noir.  ]|  Petite  averse.  !|  Petit 
lot  d'objets  mobiliers.  Ex.  :  Il  portait  tout  son 
bion  dans  ein  mouchoir. 

Et.  —  Sync.  pour  Beillon,  ou  Biqueton.  —  Hist. 
«  Chappons,  poulies,  oysons  et  biains...  (1570- 
1634,  Inv.  Arch.,  m,  p.  225,  col.  1.)  —  «  Tant  for- 
mant que  seille  et  avoine,  chastaigne,  noidz,  chap- 
pons, poulies,  oysons  et  bians.  (  xvi^  s.,  Ibid.) 
Quand  un  garçon  de  ferme  quitte  sa  place,  à  la 
Toussaint,  p.  ex.,  des  camarades  viennent  l'aider  à 
emporter  son  balluchon,  son  bion,  et  l'on  chante  : 
S'meiller,  vins  donc...  U  est  venu.  Et  le  som- 
melier apporte  du  vin  dans  des  arrosoirs.  (Mgs.) 
—  Cela  s'appelle  aussi  :  Rouler  le  bion.  (Bf.  ) 

Il  Mauvaise  prononciation  de  :  bien.  On  pro- 
nonce :  le  mien  —  le  mieun  :  bien  peut  se  prononcer 
bieun,  proche  de  bion. 

Blunner  (Sp.),  v.  n.  —  Chevroter,  mettre 
bas,  en  parlant  de  la  chèvre.  ||  Fig.  Désarçon- 
ner son  cavalier,  —  en  parlant  d'un  cheval. 
V.  Pouliner.  —  Syn.  pour  le  premier  sens,  de 
Biquetonner,  Biquetouner. 

Bions  (Cho.).  —  Frisettes.  l"ne  personne 
frisée  dit,  quand  on  l'en  complimente  :  Oui, 
j'ai  de  beaux  bions,  —  de  jolies  frisettes. 

Biot°  «  (Lg.),  s.  m.  —  Billot.  Contr.  du  mot 
fr.  Cf.  Cotion,  Sion,  Evier,  Bier. 

Biotté.  —  Calé,  embourbé.  La  roue  de  ma 
voiture  est  biottée.  Syn.  de  Accoté. 


BIOU  —  BIRET 


103 


Biou,  s.  m.  —  Petite  bique  dont  le  ventri- 
cule fournit  de  la  présure.  (Mén.)  V.  Bion. 

Biouner  (Sp.),  v.  n.  —  V.  Bionner. 

Biquart  (Sh.,  Lue,  Mj.),  s.  m.  —  Petit 
domestique  destiné  à  garder  les  bestiaux,  sur- 
tout les  chèvres,  dans  les  champs.  —  Mieux 
que  Bicard.  V.  Bitrou. 

Biqiie  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  Vache  maigre.  |! 
Jeune  personne  maigre  et  efflanquée.  ||  Faire 
bique.  Petit  jeu  qui  consiste  à  choquer  avec 
l'extrémité  de  l'index  tendu  le  bout  de 
l'index  d'une  autre  personne.  Ce  jeu  rappelle 
le  manège  de  deux  chèvres  qui  se  choquent  de 
la  tête.  Il  Ça  se  tient  comme  des  crottes  de 
bique  sus  ein  bâton,  —  cela  n'a  ni  rime  ni 
raison.  ||  Bique- à-bique,  —  ric-à-rac,  tout 
juste.  Ex.  :  Ça  y  a  été  bique-à-bique.  \\  Gam  ne 
sans  conséquence.  ||  (Lg.)  Support  en  forme 
de  petite  échelle  que  l'on  place  sous  le  timon 
d'une  charrette,  dételée,  pour  servir  de 
chambrière.  !|  Support  en  forme  d'une  grande 
selle  à  trois  hautes  pattes,  sur  lequel  les 
maçons  placent  leur  oiseau,  ou  cossard,  pour 
le  remplir  de  chaux  et  le  charger.  ]|  Support 
en  bois  destiné  à  supporter  le  bois  qu'on  doit 
scier.  Chevalet.  ||  Sorte  de  tabouret  monté  sur 
trois  pieds.  (Br.)  :  Prends  donc  ta  bique,  tu 
vas  tirer  les  vaches.  i|  Faire  bique  :  s'équili- 
brer, se  compenser.  V.  Bic-à-bic.  \\  De  bique 
en  coin  (Lue),  —  diagonalement.  V.  Bisque- 
en-coin.  Il  L'stensile  de  charpentier  en 
bateaux  qui  consiste  en  un  banc  de  bois, 
portant  à  son  extrémité  une  forte  mâchoire, 
que  manoeuvrent  les  pieds  de  l'ouvrier  au 
moyen  d'un  levier  qui  traverse  la  bique.  Cet 
ustensile  sert  à  maintenir  les  morceaux  de 
bois  que  l'on  travaille  à  l'aide  de  la  plane. 

Et.  —  Malvezix  fait  venir  ce  mot  de  la  rac. 
celtiq.  Bic,  fuir  (comme  Beic).  D'où  :  bicea,  povn- 
beica,  dans  notre  mot  bique,  chèvre,  soit  :  la 
fuyante,  et  le  diminutif  biquet,  chevreau  (en  namu- 
rois  :  biquet,  lièvre,  même  sens  propre  de  :  fuyant, 
et  dans  le  parallèle  biche,  femelle  du  cerf.  —  La 
plupart  des  sens  ci-dessus  proviennent  d'une  idée 
de  forme  (3  ou  4  pieds),  et  de  support.  Cf.  Chevalet, 
de  :  cheval  ;  poutre  =  jument. 

Biqiie-eit-coin  (de)  (Fu),  adv.  —  Diagona- 
lement, de  travers.  —  V.  Bisque  en  coin. 

Biquereaii  (Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Biquet,  che- 
vreau. —  Z.  93. 

Biqiierie  (Sa.),  s.  f.  —  Très  petite  exploita- 
tion rurale,  closerie.  Syn.  de  Borderie,  Bor- 
dage,  Valoirie,  Loqueterie.  (Closerie  inférieure 
à  cinq  hectares  (Dott.).  La  Biquerie,  la 
Biqueterie.) 

Et.  —  Du  fr.  Bique,  parce  que  l'exploitant  n'est 
censé  nourrir  que  des  chèvres. 

Biqueton  (Mj.),  s.  m.  —  Biquet,  chevreau. 
Ex.  :  A  saute  comme  un  biqueton.  Syn.  de 
Biquet,  Biquereau,  Biquot,  Béquot.  \\  —  (Lg.) 
Bête  chétive.  Ex.  :  Ein  méchant  biqueton  de 
taureau.  Cf.  Bigue,  rlm'rille.  Syn.  de  Tau- 
râillon.  \\  (Bg.)  Les  biquetons  sont  aussi  des 
ougeurs   qui   proviennent   aux  jambes   des 


femmes  qui  abusent  de  la  chaufTerette  trop 
'îhaude.  Cf.  Chèvre.  \\  Fu.  —  Le  troisième  pied 
ae  la  chèvre  des  charpentiers,  celui  qui  est 
mobile. 

Biquetonner  (Auv.).  —  Syn.  de  Bionner. 
Mettre  bas,  en  parlant  de  la  chèvre.  ||  Etre 
long  à  faire  une  mauvaise  besogne.  On  a  fait 
biquetonnier.     (Seg.,  Men.) 

Biquetouncr  (Tlm.,  Lg.),  v.  n.  —  Syn.  de 
Biquelonner.  Bionner,  Béquoter. 

Biquette  (Ag.),  s.  f.  —  Jeu  d'enfants.  —  Au 
jeu  de  billes.  Le  joueur,  à  partir  du  heu  où  est 
placée  sa  bille,  fait,  de  la  main  gauche,  un 
empan,  distance  entre  l'extrémité  du  pouce  et 
celle  du  petit  doigt,  écartés  le  plus  possible. 
Puis,  ramenant  le  pouce  à  la  place  du  petit 
doigt,  il  prend,  cette  fois,  l'intervalle  entre  le 
pouce  et  l'index  écartés.  Alors,  il  place  la 
main  droite,  où  se  trouve  la  bille  à  jouer.  — 
La  première  phalange  du  pouce  étant  main- 
tenue par  les  trois  derniers  doigts  repliés,  la 
bille  se  trouve  placée  sur  la  jointure  du 
pouce  et  sous  la  première  phalange  de 
l'index.  C'est  le  pouce  qui,  faisant  ressort, 
doit  chasser  la  bille  ;  et  il  ne  faut  pas  poigner 
(Cf.  zôgner),  c.-à-d.  donner  du  poing  une 
saccade  en  lançant  la  bille,  mais  détendre  le 
pouce  sans  remuer  le  poignet.  —  Voir  : 
Poquer,  Bouliner,  Eéder,  Poigner. 

Ef.  —  La  main,  dans  ses  mouvements  pour  se 
placer,  imite  la  démarche  d'une  bique? 

Biqiiiard  (Lrm.i,  s.  m.  —  Celui  qui  biquie. 

Biquier  i  (Lrm.),  v.  a.  —  Ajuster,  regarder 
attentivement  en  fermant  un  œil. -Sens  péjo- 
ratif. Se  dit  de  ceux  qui  ont  une  mauvaise  vue 
-H  qui  ferment  à  demi  les  yeux  eu  regardant, 
—  ou  encore  de  ceux  qui  louchent.  —  Pour 
Bider,  avec  prononciation  spéciale  de  cl. 

Biquier  -  (Sa.,  Tlm.),  s.  m.  —  Petit  valet  de 
ferme.  Syn.  de  Biquart.  —  Du  franc.  Bique,  — 
parce  que  ces  gamins  gardaient  autrefois  les 
biques. 

Biquot  (Lg.),  s.  m.  —  Biquet.  Syn.  de 
Béquot,  Biquereau,  Biqueton. 

Bire  (Auv.),  s.  f.  —  Anesse,  bourrique. 

Birebarrelauc  (Mj.),  s.  m.  —  Bariolage. 
Birre  poui'rjiit  prendre  deux  r. 

Birebarreler  (Mj.),  v.  a.  —  Barioler,  rayer, 
zébi-er.  Syn.  de  Barrificoter,  Barreloter, 
Birebarrer. 

Et.  —  Pour  :  Billebarrer  :  de  bille  (barre,  raie)  et 
barrer.  Un  habillement  billebarré.  —  Voir  D.  C.  à 
Birratus,  sous  Birrus,  dont  il  dérive. 

Birebarrelures  (^Ij.),  s.  f.  pi.  —  Bariolage, 

rayures,  zébrui'vS. 

Biret'.  ette  (Mj.,  Lg.),  adj.  quai.  —  Her- 
maphrodite. Il  Impuissant,  impropre  à  la 
génération,  à  la  reproduction.  Se  dit  des 
plantes,  des  animaux  et  de  l'homme.  Syn.  de 
Mule,  Mulet,  Variai.  \\  Double,  géminé,  e^. 
parlant  d'un  fruit  monstrueux. 


104 


BIRETTE  —  BISE-GALERNE 


Et.  —  Dér.  de  Bire,  pris  au  sens  de  mulet.  —  Cf. 
dans  Jaub.,  Bret,  qui  n'a  qu'un  testicule. 

Biretfe,  s.  f.  —  Pomme  de  terre  femelle, 
sans  germes.  H  Espèce  d'instrument  aratoire 
qui  sert  à  l'ensemencement  du  lin  et  du 
chanvre.  (Mén.)  ||  Nous  appelons  en  Anjou  : 
hirette,  la  cale  des  quais.  (Ménage.) 

Iliringue  (Lg.),  s.  f.  —  Mauvaise  bête.  Syn. 
de  Bigne,  Bringue.  A  rapprocher  de  Birogue, 
Biroquin. 

Biritte  (Lg.).  —  Gros  crachat  muqueux  et 
dégoûtant.  Syn.  de  :  Caraillas,  Calot,  Mor- 
vias. 

Birogue  (Mj.)  s.  f.  Pécore,  rosse.  Ce  mot 
injurieux,  mais  dépourvu  de  sens  précis, 
s'applique  aux  personnes  et  aux  animaux. 
Ex.  :  A  n'affilera  pas,  tiens,  ceté  grande 
birogue-lk. 

Et.  —  Il  est  probable  que  ce  mot  signifie  bour- 
rique, et  se  rattache  à  Bire,  Birot. 

Biroillé  (biro-illé),  ée  (Sp.),  adj.  quai.  —  Se 
dit  des  yeux  rougis  ou  ternis  par  les  larmes,  t! 
Mj.  —  Chassieux.  Syn.  de  Besilloux,  Ebesillé, 
Ehiroillé,  Bidroilloux. 

Et.  —  Cette  dernière  acception  est  le  sens  étymo- 
logique. En  effet,  ce  mot  est  pour  :  Beurre-œillé, 
ainsi  que  le  prouve  la  loc.  longeronnaise  :  Avoir. du 
beurre  aux  yeux. 

Biroiller  (Sp.),  v.  a.  —  Regarder,  lorgner 
avec  insolence  ou  indiscrétion.  V.  Bicler, 
Ecornifler,  Bignoler,  dont  il  est  le  doublet. 

Et.  —  Bireuil,  louche,  qui  regarde  de  travers. 
Du  vx  fr.  Birer,  tourner.  Lat.  virare? 

Biroillon  (Lg.).  Pron.  biro-illon,  s.  m.  — 
Orgelet,  compère-loriot.  Syn.  de  Bourguignon, 
Hardillon,  Grain  d'orge,  Parpillon. 

Et.  —  De  :  biroiller.  N.  C'est  probablement  par 
une  confusion  voulue  et  maligne  avec  ce  mot  qu'on 
a  appliqué  au  bobo  susdit  le  nom  de  Bourguignon. 
Cf.  Limousin. 

Birolé  (Mj.),  adj.  quai.  —  Bariolé. 

Biroque  (Sal.),  s.  f.  —  Mauvaise  femme, 
coquine.  V.  Birogue. 

Biroquin  (Mj.),  s.  m.  —  Rosse,  haridelle. 
Syn.  de  Carcan.  Dimin.  de  Birogue. 

Birot»  «  (Auv.,  Bg.),  s.  m.  —  Ane,  bour- 
rique. De  Bire. 

Birou  (Mj.),  s.  m.  ou  adj.  quai.  —  Bigre, 
diable.  Ex.  :  Ça,  birou  !  je  peux  pas  en  venir 
au-dessus.  —  Forme  atténuée  de  Bigre,  atté- 
nué lui-même  de  Bougre.  V.  Garou. 

N.  —  Ne  s'emploie  guère  que  dans  des  exclama- 
tions de  ce  genre  :  «  Ah  !  queun  birou  !  —  ah  ! 
bigre  !  » 

Birouiller  (Cho.).  — ■  Commencer  à  entre- 
voir, —  quand  on  a  eu  une  maladie  des  yeux. 
Doublet  de  Biroiller. 

Biroux  s.  m..  —  Homme  ayant  les  yeux 
tournés. 

Et.  —  Bis-ojo,  louche,  double  œil.  (Litt.) 

Bis>  Ber.  Bes,  Bre.  Bar..  —  Particule  à  sens 


péjoratif,  qui  en  fait  un  syn.  de  mal.  —  Bis  a 
aussi  le  sens  de  :  deux  fois.  Ex.  :  Beluette,  anc. 
Besluette,  berluette,  mauvaise  petite  lumière 
par  extension,  étincelle. 

Bis  ^  —  e  (Ec).  —  Couleur  jaune  sale 
Canard  bis,  cane  bise. 

Bisaiguë  (Mj.),  s.  f.  —  Besaiguë. 

Bisbise  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Bisbille,  diffi- 
culté. Syn.  de  Chahail.  Corr.  du  mot  fr. 

Biscaïen,  s.  m.  —  Grosse  bille  en  marbre, 
ou  :  tac.  Syn.  de  Boulet. 

Biscaut,  s.  m.  —  Ce  nom  se  donnait  aux 
prêtres  qui  disaient  deux  messes  de  suite,  en 
Anjou,  d'après  Claude  Robin.  (Mén.) 

N.  —  «  C'est  s'exprimer  mal  que  de  dire  :  Ce 
prêtre  fait  le  bis,  notre  vicaire  a  le  bis  :  il  faut  dire 
Ce  prêtre  bine,  a  la  permission  de  biner.  (Litt.  ) 

Biscien  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  brochet. 

Biscornière  (en)  (Mj.),  loc.  adv.  et  adj.  — 
De  forme  anguleuse.  j|  Tout  de  travers,  irré- 
gulier, biscornu. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Cornière,  avec  le  préf.  Bis,  qui 
y  ajoute  une  nuance  péjorative. 

Bise  (Mj.),  s.  f.  —  Le  Nord-Est.  Ex.  :  Il  fait 
du  grand  vent  de  bise  ;  le  vent  s'est  tourné 
dans  la  bise.  Cf.  Galarne,  Bas-galarne,  Sou- 
lère.  Il  Adj.  quai.  —  Qui  vient  du  N.-E.  Ex.  : 
Le  vent  est  bise. 

Et.  —  Plusieurs  étymologistes  le  font  venir  de: 
bis  noir  (pain  bis).  —  Hist.  : 

• —    «  Or  puis-je  bien  le  gros  èis  esmyer. 

Car  j'av  mangé  mon  pain  blanc  le  premier. 
Crêtes-,  p.  194.  (L.  C.) 

—  c;  Bisium,  de  :  bvsseum,  couleur  de  coton.  » 
(D^  A.  Bos.) 

—  «  . .  .Se  les  femmes  blanches  et  bises 
Hantent  voulentiers  les  Eglises, 

Rebocrs  de  Mathiolus  (?) 
Après  tous  deux  se  tint  franchise 
Qui  ne  fut  ne  brune,  ne  bise. 

.    de   la   Rose. 

—  «...  M"a  Diex  donné,  li  rois  de  gloire 

Et  povre  rente 

Et  froit  au  cul  quand  bise  vente. 

(RuTEBŒUF,  Le  dis  de  la  grieche  d'ijver.  I,  p.  95.) 

—    «  . . .  Ah  !  prélat  de  Sainte  Yglise 

Qui  i)or  garder  les  cors  de  bise 

Ne  volez  aller  aus  matines. 

(Id.,  Complainte  d'Outre-mer,  I,  95.) 

—  «  De  bis,  chose  contraire,  mauvaise,  fausse  ; 
d'où  bisa,  dans  bise,  vent  froid,  mauvais.  — 
Malv. 

Biseau.,  s.  m.  —  Ganche.  Nom  vulgaire  de 
qqs  rvpéracées,  à  cause  des  feuilles  dures. 

(MÉN.) 

Bise-galerne.  —  Yeux  qui  louchent  de 
façon  excentrique.  —  Et,  par  extension  : 
Droite,  gauche. 

Hist.  —  Quand  le  soudard. . .  finissait  par  ren- 
contrer le  regard  de  la  mignonne  drapière.  celle-ci, 
se  détournant  tout  aussitôt.,.,  rencontrait  de 
suite  l'œil  du  robin  qui.  inévitablement,  bâillait  aux 
grues  de  l'autre  côté,  car  si  l'un  était  en  bise, 
l'autre  se  trouvait  en  galerne.  (Hist.  du  vx  temps, 
p.  389.) 


BISER  -  BLAGUER 


105 


Biser  (Mj.),  v.  a.  —  Baiser,  embrasser  sur 
les  joues.  Ai  se  prononce  comme  i.  Va  biser 
tantine.  Cf.  Biger.  —  ||  By.  Biser  en  curé,  — 
approcher  joue  contre  joue. 

Et.  —  Biser  et  Biger  sont  probablement  des  déri- 
vés directs  du  lat.  Basiare.  Ils  seraient  donc  des 
doublets  et  non  des  corrupt.  du  fr.  Baiser.  Tous 
deux  s'emploient  uniquement  et  exclusivement 
dans  le  sens  indiqué  ci-dessus,  et  jamais  dans  les 
acceptions  données  à  Baiser. 

Hist.  —  «  L'histoire  finie,  il  faisait  embrasser 
l'arme  à  son  jeune  pensionnaire  en  lui  disant  : 
«  Bise  tchiô  fusil,  man  p'tit  gâs  !  hise-\e  !. . .  t'en 
verras  jamais  de  sa  force  !  »  —  (H.  Bourgeois, 
p.  32.) 

Biset,  s.  f.  —  Jeune  fille  brune.  Vf.  Bis, 
pour  :  pain  noir. 

Et.  —  Lat.  Bisetus,  D.  C.  —  «  Bisette,  comme 
Brunette.  se  disait  des  femmes  au  teint  brun.  » 
(L.  C.) 

Bisot.  s  m.  —  Bœuf  à  robe  jaune-noir.  V. 
Biset. 

Bisqiiaut  (Mj.,  Lg.,  Ssl.),  adj.  verb.  — 
Vexant,  contrariant. 

Bisque-en-coin.  —  Z.  137.  —  Sans  ordre, 
sans  régularité.  Un  appartement  meublé  de 
bisque-en-coin.  V.  Bique,  Bistencoin. 

Bissacbée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'un 
bissac.  —  Le  fr.  emploie  :  sachée. 

Bisset  (Sal.).  —  Bissexte.  Année  du  bisset, 

—  bissextile. 

Bissêtre  (Lg.i,  s.  m.  —  Animal  imaginaire 
qui  est  le  même  que  le  Couard,  le  Dalut,  la 
Darue  ou  Dérue,  le  Tarin.  N.  Aujourd'hui, 
au  Lg.,  on  ne  dit  plus  guère  que  le  Couard.  En 
me  signalant  ce  vieux  mot,  on  m'a  fait  cette 
remarque  très  intéressante  que  les  anciens 
établissaient  toujours  une  corrélation  entre 
le  Bissêtre  et  les  années  bissextiles.  Enten- 
daient-ils que,  dans  ces  années  surtout,  le  Bi- 
sêtre  apparaissait,  ou  qu'il  se  montrait  le 
jour  supplémentaire  de  février?  On  n'a  pu 
me  préciser  ce  point.  Mais,  d'après  cela,  le 
mot  Bissêtre  est  le  doublet  de  Bissextile.  — 

\'.    LiTTRÉ. 

Bistaud  (Ag.),  s.  m.  —  Petit  commis  de 
magasin,  —  saute-ruisseau. 

Bistencoin  (Ag.).  —  De  bistencoin,  ou  de 
Bique  en  coin  ;  dans  une  disposition  gênante. 
Ex.  :  Il  a  rangé  sa  charte  devant  la  porte,  tout 
de  bistencoin,  on  ne  peut  passer. 

Et.  —  «  De  bic  en  coin,  de  biais.  Au  lieu  d'écrire 
dret  i  va  de  bic  en  coin  du  papier,  —  d'un  angle  à 
l'autre.  »  (Dott.)  —  La  partie.  Bis  est  péjorative. 

—  «  Biscois,  adj.  des  deux  genres.  De  travers,  ce 
qui  n'est  pas  droit  ;  couture,  ourlet  biscois.  bis- 
quais, ou  qui  va  en  bisquois.  On  dit  d'une  personne 
qui  parle  mal  sa  langue  qu'elle  parle  biscois.  Tout 
biscois.  »  —  Un  chemin  en  zigzag  est  un  chemin 
tout  biscois.  Du  celtiq.  biskellek,  biscornu,  irré- 
gulier. 

Bistolirner  (Mj.),  v.  a.  —  Brouiller  les 
idées,  rendre  fou  à  moitié,  tourner  la  cervelle. 
«-•  Bis,  préf.  péjor. 


Bistri  (By.,  Z.  14.5),  s.  m.  —  Bagage.  Syn. 
de  Baluchon,  Bion. 

Bistro  (Ag.).  —  Mot  plutôt  d'argot.  Auber- 
giste, patron  de  café,  cabaretier,  débitant. 
Syn.  de  Mastroquet,  Mannezingue. 

Et.  —  Corr.  de  Mastro,  abrév.  de  Mastroquet. 

Bistrou.  —  Syn.  de  Bicdrd.  V.  Bitrou. 

Bistrouilie  (Mj.),  s.  f.  —  Brouille,  dilTiculté, 
bisbille.  Ex.  :  Ils  ne  s'entendent  guère  ;  illy  a 
de  la  bistrouilie.  Syn.  de  Bisbise,  Chahail. 

Bistrouiller,  v.  a.  —  Embrouiller,  faire 
perdre  le  fil  de  ses  idées. 

Bitoire  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  —  Braguette.  V. 
Pisseton. 

Bitrou  (Seg.).  —  Petit  gardeur  de  vaches.  || 
(Lue)  Homme  laid  et  sale.  —  V.  Bistrou.  || 
Po.  —  Biquart  et  Bitrou  signifient  :  gardeur 
de  vaches  ;  mais  biquart  est  l'expression 
lamilière,  commune.  Ex.  :  Mon  frère  aîné  est 
pitaud  ;  le  jeune  est  biquart  ou  bitrou. 

Bitumer  (Mj.),  v.  a.  — V.  Bétumer. 

Biture  (Mj.),  s.  f.  Dose  de  boisson  plus  que 
suffisante.  S'emploie  dans  la  loc.  :  Prendre 
eine  biture,  —  s'enivrer,  être  très  ivre.  Syn. 
de  Soûlée,  Tripée,  Cuvée,  Pistache,  Soulaison, 
Cuite,  Cuisine,  Muffée,  Nuée,  Culotte,  Bardée. 
—  Nous  sommes  en  Anjou  !  |i  Fu.  —  Même 
sens  ;  plus  :  Grande  quantité,  en  général.  Ex.  : 
à  la  pêche  :  J 'avons  pris  du  gardon  en  masse,  i 
y  en  avait  une  biture. 

Et.  —  Darmesteter  en  donne  une  explication 
plus  ingénieuse  que  probante.  «  Dér.  du  v.  bitter,  — 
fixer  le  câble  de  l'ancre  sur  la  tête  de  la  bitte,  —  et 
la  bitte  c'est  l'avant  du  navire  où  se  trouve  une 
pièce  sur  laquelle  s'enroulent  et  s'amarrent  les 
câbles.  »  —  Je  prends  biture,  c.-à-d.  j'allonge  le 
câble  sur  le  pont,  autant  qu'il  m'en  faut.  —  Au  fig. 
et  trivial  :  Prendre,  se  donner  une  biture  de  qqch., 
s'en  donner  tout  son  soûl.  —  Malvezi^  rejette  cette 
explication  et  propose  la  rac.  celtiq.  Biv,  être, 
vivre,  —  forme  étendue  de  bi  ;  d'où  bidoche,  viande, 
formé  avec  la  même  finale  que  dans  brioche,  pioche, 
taloche,  —  et  biture,  repas  copieux. 

Bivaquer  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Errer. 
Et.  —  C'est  le  mot  fr.  pris  dans  un  sens  spécial, 
avec  prononc.  modifiée. 

Bizarre  (Mj.,  Lg.),  adj.  quai.  —  Très  va- 
riable. Se  dit  surtout  du  jeu.  N.  Pas  d'autre 

sens. 

Bizieuv.  —  \'.    Canard. 

Bjite,  interj.  —  Psit  !  Pour  appeler  qqn. 

Blague  (Mj.),  s.  f.  —  Avoir  la  blague,  — 
avoir  le  droit  de  plaisanter  qqn,  en  le  battant 
au  jeu,  par  ex.  Ij  Entendre  la  blague,  —  la 
plaisanterie,  sans  se  fâcher.  ||  Blague  dans  le 
coin,  —  sans  plaisanterie  ;  ou  :  hors  de  blague. 

Et.  —  La  plaisanterie  serait-elle  comparée  à  une 
blague  i.'ide'i  Horace  emploie  le  mot  :  ampullas, 
ampoules,  dans  le  même  sens.  {Art.  p.  97.) 

Blajîuer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Dire,  jaboter. 
Ex.  :  Le  monde  ont  blagué  ça.  ||  Plaisanter 
qqn,  —  Ex,   ;   Ils  l'ont  ren  blagué  I  —  N; 


106 


BLAGUEUR   -  BLEU 


Remarquer  ce  sens  de  ren,  —  rien  que  ça, 
beaucoup.  ||  V.  n.  —  Plaisanter,  dire  des 
fadaises,  bavarder,  mentir. 

Blagueur,   euse   (Mj.),  adj.   quai,  et  s.  — 

Menteur.  |1  Plaisant,  qui  aime  à  plaisanter.  || 
Moqueur,  goguenard. 

BlagueuK,  s.  m.  et  adj.  —  V.  Blagueur. 

Biaicher..  —  Parler  de  certaine  façon. 
Biaiser  :  prononcer  ç  pour  ch,  z  pour  j,  t  pour 
k,  etc. 

Et.  —  Se  rapporte  à  Bègue,  lat.  Blaesus.  — 
Biaise,  prén.  et  nom  d'homme,  syn.  de  :  bègue. 

Blain,  s.  m.,  ou  Belin.  —  Pour  bélier.  (Slm.) 
(MÉ\.) 

Blanc,  adj.  q.  (Mj.)  Nuit  è/anc/ie,  —  sans  som- 
meil. Ex.  :  J'ai  passé  eine  nuit  blanche.  \\ 
Chapelle  blanche,  —  le  lit.  N.  C'est  surtout 
dans  la  nuit  de  Noël  que  l'on  envoie  les 
enfants  dans  la  chapelle  blanche.  \\  Ne  pas 
être  blanc,  —  être  dans  une  mauvaise  situa- 
tion. 

Blanchard  (Mj.,  Lg.),  adj.  quai.  —  Blan- 
châtre. 

Blancheronné.  —  Schiste  pyriteux  dans  les 
mines,  s'efTleurit  à  l'air,  forme  argile  blan- 
châtre. (MÉN.) 

Blanchir  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Ecorcer  et 
commencer  à  équarrir  une  pièce  de  bois.  || 
Hache  à  blanchir,  —  très  lourde  et  à  long 
manche,  qui  sert  à  cet  objet.  —  V.  Pigrolier. 

Blanehlrie  (Tlm.),  s.  f.  —  Blanchisserie, 
usine  de  lilanchissage  des  toiles  et  mouchoirs. 

Blanchissure  (Mj.),  s.  f.  —  Blanchissage, 
action  de  blanchir.  Ex.  :  Ton  mouchoir  a  ben 
gangné  sa  blanchissure.  Cf.  Forbissure. 

Blanco,  s.  m.  —  Quartz  blanc  formant  des 
taches  dans  le  schiste  ;  on  le  nomme  aussi  : 

lampr'njes,  mouches.  (Tr.  —  Mén.) 

Blancs,  s.  m.  —  En  1830,  les  Blancs 
étaient  les  paysans  qui  se  battaient  contre  les 
militaires,  en  Vendée,  c.-à-d.  contre  les  Bleus. 
(MÉN.)  —  N.  Ou  en  1793.  ||  Six-Wanc.s 
valaient  deux  sous  et  demi  ;  monnaie. 

Blanc-tendrillet  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de 
cépage  blanc,  de  mauvase  qualité  et  sujet  à  la 
coulure. 

Blanquette  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  sauce  qui 
se  compose  d'une  liaison  de  jaunes  d'œufs  et 
du  vinaigre.  Sauce  poulette.  —  Sens  spécial. 

Blar.  —  Espèce  de  prune.  (Z.  128.)  Cf. 
B  lourde. 

Blatée,  adj.  et  subst.  —  «  Année  de  gelée, 
année  blatée  »,  féconde  en  blé. 

Et.  —  B.  L.  Bladum,  blé. 

Blavin  (Bg.).  —  Mouchoir. 

Et.  —  «  Dimin.  du  vx  mot  :  blave,  bleu.  Les 
mouchoirs  à  carreaux  bleus  sont  encore  fort  en 
usage,  surtout  chez  les  priseurs.  "  (L.  IjARChey.)  — 
«  Blaveole.  fleur  ainsi  appelée  de  sa  couleur  bleue. 
Blavet   est   la   même   chose   que   Bluet.   Ce   mot 


(ajoute  MÉNAGE)  signifie  deux  choses  parmi  nous  : 
la  fleur  appelée  aubifoin  et  un  petit  livret  couvert 
de  papier.  Et,  en  ces  deux  significations,  il  vient  du 
mot  bleu...  Ces  livres  en  furent  appelés  Biuets. 
Cette  sorte  de  papier  et  le  papier  jaune  étaient  fort 
à  la  mode  avant  l'invention  du  papier  marbré, 
inventé  il  n'y  a  guère  plus  de  soixante  ans.  Et, 
comme  dahs  ce  papier  jaune  et  ce  papier  bleu  on 
imprima  autrefois  de  méchants  contes,  nous  avons 
dit  de  là  des  contes  bleus  et  des  contes  jaunes,  pour 
dire  :  de  méchants  contes.  (Ménage.)  —  «  Blava, 
pierre  bleue  que  les  Gaulois  appellent  ardoise  et 
qui  sert  à  couvrir  les  maisons.  — •  Du  germ.  blaw, 
bleu.  —  «  Blave,  comme  bloi,  dont  il  n'est  proba- 
blement que  le  fémin.,  —  bleu,  blême,  pâle,  ver- 
dâtre  ;  bleuâtre  ;  blond  ;  clair  ;  n'exprime  pas  une 
couleur  bien  décise.  (D'  A.  Bos.) 

Blé,  s.  m.  —  Seigle  (Mj.,  Lue).,  A  Mj.  on  ne 
donne  pas  d'autre  nom  à  cette  céréale  et  le  blé 
est  exclusivement  désigné  sous  le  nom  de  fro- 
ment, ou  forment.  V.  Seigle.  \\  Fu.- —  Id.  — 
Se  prononce  Bié.  Il  se  coupe  vert,  comme 
fourrage.    —    On    l'appelle    encore    Grain. 

J'avons  de  beau  grain.  —  J'allons  couper 
noute  grain.  —  Y  a  point  de  grain  c'te 
an-née. 

Et.  —  Bladum.  —  Hist.  «  Quatre  boisseaux  de 
bled,  segle  et  quatre  boisseaux  avoine.  »  (Cousl. 
(V Anjou,  n,  col.  75.)  N.  Les  anciens  prononçaient 
Bié.  ' 


q.  —  Rechigné,  renfro- 
Une  figure  blèche. 

pas.    —  Hernieux, 
.  Blesser. 


Blèche  (Sar.),  adj 
gné,  malcommode.  - 

Blessé,  ée   (Mj.),   part, 
sens  exclusif  de  ce  mot.  \ 

Blesser  (Mj.),  v.  a.  —  Donner  une  hernie, 
Syn.  de  Etaiser.  Sens  spécial.  ||  V.  n.  —  Se 
blesser,  s'écorcher.  Ex.  :  je  blessais  dans  mes 
souhers  neurs  (neui..,. 

Bleu  1,  e  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  adj.  quai.  —  Fig. 
Abasourdi,  décontenancé,  confondu.  Ex.: 
J'en  étais  tout  bleu,  de  voir  ça.  —  On  dit,  à 
Sp.  :  J'en  bâillais  tout  bleu.  \\  S.  m.  Bleu.  Fig. 
Passer  au  bleu,  —  disparaître,  être  subtilisé. 
Ex.  :  Le  bonhomme  avait  de  l'argent,  mais  sa 
domestique  a  ben  su  de  la  faire  passer  au 
bleu.  Il  Faire  voir  bleu,  —  illusionner,  faire  des 
tours  de  passe-passe,  de  magie  blanche,  de 
physique  amusante.  ||  Gris-pommelé,  en  par- 
lant d'un  cheval,  j!  Envie  bleue,  —  grande 
envie.  On  dit  aussi  :  envie  rouge.  |!  Colère 
bleue,  —  ou  rouge,  jj  Peur  bleue.  ||  S.  m.  Légère 
ecchymose,  contusion,  épanchement  de  sang 
par  suite  d'une  contusion  accidentelle,  d'un 
coup  de  poing,  d'un  coup  de  pied.  —  Ec.  Id. 

N.  —  D'où  vient  le  nom  de  Bleus  donné  qqf.  aux 
jeunes  soldats?  Est-ce  une  allusion  à  la  blouse 
bleue  portée  par  la  plupart  des  recrues  (autrefois) 
arrivant  à  la  caserne?  Leur  donne-t-on  ce  nom  à 
cause  de  leur  air  ahuri,  stupéfait,  abasourdi  (j'en 
suis  bleu)'!  (Ce  dernier  sens  est  expliqué  par  une 
allusion  à  la  teinte  que  les  sentiments  excessifs 
amènent  sur  les  figures  sanguines.  Colère  bleue.)  — 
Il  paraîtrait  que  le  sens  de  conscrit,  donné  à  Bleu, 
remonte  à  la  Révolution,  qui  donna  des  habits 
bleus  aux  volontaires.  La  vieille  infanterie  porta 
des  habits  blancs  jusqu'à  la  formation  des  demi- 
brigades.  (L,  Lakchey,  Suppl.) 


BLEU  -  BOBELUCHE 


107 


Bleu  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Dieu.  C'est  une  forme 
atténuative  employée  dans  les  jurons.  Nom 
de  bleu.  \  .  Dious,  Gouet.  Cf.  Sacrebleu,  Par- 
bleu. 


Bleus. 

en  1830. 


L'opposé  de  Blancs,  en  1793  et 
Bluet.   Svn.    de  Bleu- 


Bleu-bleu  (Lg.). 
velîe,  BluveUe. 

Bleuvette  (Lg.),  s.  f.  —  Bluet.  —  Syn.  de 
Bleu-bleu.  On  dit  aussi  Bluvelte. 

Bleuzir^   (Mj.,    Fu.),   v.    a.   —   Bleuir.    V. 
Noirzir.  Svn.  et  d.  de  Bleudezir. 


Un  ver  dans  un  fruit. 
Il  Un  vieux,  un  vieil 


Blin(Sa.,  Li.,Br.). - 
Il  Bélier.  Pour  :  Belin. 
homme  (Craon). 

Et.  —  Pour  :  bélier  ;  Balens.  On  disait  Belin, 
quand  on  voulait  personnifier  le  mouton.  —  «  Où 
sont  ceux  de  Thibaut  Taignelet  et  de  Regnault 
Belin,  qui  dorment  quand  les  autres  paissent.  » 
(Rab.,P.,iv,  8.)DeM. 

Blindé  (Mj.),  part,  pas.  —  Très  ivre.  C'est 
le  mot  français  pris  au  fig.  —  Syn.  de  Plein, 
Bond,  etc.  Se  dit  au  Longeron. 

Blineauv,  s.  m.  (Sa.).  —  Petite  pièce  de 
bois  carrée  qu'on  place  sous  les  jumelles  d'un 
pressoir,  lorsque  les  blins  ne  suffisent  pas 
(MÉN.).  V.  Belineaux. 

Bliner  (Segr..  etc.),  v.  n.  —  Trembler  de  la 
tête. 

Et.  Mieux,  Beliner,  agiter  la  tête  comme  un 
mouton,  un  belin  '^,  blin. 

Bloc  (Mj.),  s.  m.  —  Salle  de  police.  Ex.  :  Il 
s'est  fait  f .  . .  quatre  jours  de  bloc.  Syn.  de 
Boîte.  Pas  d'autre  sens.  —  On  y  est  bloqué? 

Blond  (Fu.),  adj.  q.  —  N'est  pas  usité  dans 
le  patois  comme  ancien  mot,  et  la  preuve 
c'est  que  les  cheveux  blonds,  les  blés,  tout  ce 
qui,  en  français,  réclame  cet  adj.  est  autre- 
ment désigné  en  patois.  On  dit  :  les  blés  sont 
jaunes  ;  les  cheveux  sont  filasse.  Si  l'adj.  eût 
existé  en  patois,  il  eût  servi  dans  ces  deux 
cas,  qui  sont  les  plus  importants  de  son 
emploi. 

Blonde  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Maîtresse,  belle. 
Syn.  de  Bonne  amie. 

Auprès  de  ma  blonde 
Qu'il  fait  bon  (ter)  dormir. 

Chanson  pop. 

Bloquer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Acheter  ou 
vendre  en  bloc.  Ex.:  Je  illi  ai  bloqué  tout 
mon  chambe  (chanvre).  Syn.  de  Bâcler. 

Blote  (Tlm.),  s.  f.  —  Espèce  de  prune.  Ex.  : 
Ils  avont  ein  grand  preunier  de  blote.  ||  Lg. 
Espèce  de  petite  prune  sauvage  à  peine  plus 
grosse  qu'une  prunelle 

Et.  —  Ce  mot  est  probablement  le  même  que  le 
montj.  Blourde  et  que  Blar,  qui  se  dit,  paraît-il, 
vers  Brissac.Z.  128. 

Blotter  une  pièce  de  schiste.  (Petit  Cour- 
rier du  15  octobre...)  Blot  veut  dire  bloc, 
tac.  Variante  :  bloquer,  qui  donne  le  sens. 


Blou  (Sp.),  s.  m.  —  S'emploie  dans  la  loc.  : 
Faire  le  blou,  —  Bouder,  montrer  de  la  mau- 
vaise humeur,  ou  cet  abattement  morose  qui 
annonce  la  maladie.  Cf.  Bouc,  Choc. 

Blouni  !  (Mj.),  interj.  —  Onomatopée 
exprimant  le  bruit  sourd  d'une  chute,  d'un 
choc,  d'une  détonation. 

Bloume,  s.  f.  —  Blume,  blonde  ou  Herbe 
de  Saint-Jean,  noms  vulg.  du  bouillon  blanc. 
(MÉN.).  Verbascum  thapsus.  (Bat.). 

Blourde  (Mj.),  s.  f. —  V.  Blote.  YieiWe  espèce 
de  prune.  Ex.  :  J'avons  serré  quatre  boisseaux 
de  preunes  de  blourde.  Cf  Balourde,  Jaub 

Blouser  (se),  (Mj.),  v  réf.  V.  S'emblouser. 

Blousette  (Lg.),  s.  f.  Sorte  de  blouse  à  cein- 
ture analogue  au  blouson,  mais  à  pans  plus 
longs.  On  n'en  porte  plus.  Cf.  Palette. 

Blouson  (Tlm.,  Lg.  ),  s.  m.  —  Sorte  de 
blouse  portant  à  la  hauteur  des  reins  de  nom- 
breux plis  cousus  à  une  bande  de  même  étolTe 
qui  forme  ceinture.  —  Tient  à  Bleuse,  Blaude, 
vx  fr 

BIu,  e  (Sp.),  adj.  quai.  —  Bleu.  Le  mot  a 
vieilli.  C'est  ce  mot  que  l'angl.  nous  a  em- 
prunté. Blue.  Très  vieilli  au  Lg. 

Bluâtre,  adj.  —  Bleuâtre. 

Blureau  (Sh.).  —  Blaireau.  —  La  pièce  du 
Blureau,  lieu-dit.  ||  La  pièce  oux  (aux)  Blu- 
reau x. 

Bluter.  V.  n.  —  Perdre  la  tête,  devenir  fou. 
Z.  69.  V.  Beluter. 

B'n  aise,  adj.  —  Bien  aise.  J'en  se  b'n  aise. 

Bobane  (Ag.,  Sal.),  adj.  quai,  et  s.  —  Bêta, 
niais.  Fine  grande  bobane,  fille  bêtasse,  grue, 
point  fine.  Personne  dont  la  causerie  donne 
l'ennui.  Syn.  de  Bobée.  —  Mot  très  angevin.  — 
Il  By.  Id.  —  Bobiâs,  Bobote.  —  bavarde  sotte 
et  ennuyeuse.  ||  Le  masculin  Boban  existerait. 
(Le  Petit  Choletais,  —  Propos  de  la  Bonne 
femme.)  —  Chose  curieuse,  le  Russe  a  : 
Bolvane,  —  nigaud,  butor,  mannequin. 
(R.  O.)  Cf.  Bougane,  Bidaine. 

Et.  —  Doit  se  rattacher  à  hautes,  vx  fr.,  bègue, 
de  balbus,  d'où  :  baubeter,  bauboyer.  L'idée  de 
bégaiement  conduit  à  celle  de  sottise. 

Bobaner  (Bg.).  —  Ennuyer  en  causant. 

Bobé.  ée  (Mj.),  adj.  et  s.  —  Grand  niais, 
sot  ;  abruti,  ahuri.  \'.  Ebobi.  Syn.  de  Eblé.  || 
Lue.  —  Idiot. 

Et.  —  Dans  Fane,  fr.,  nous  trouvons  :  bobu,  qui 
veut  dire  nigaud.  —  Diez  le  tire  du  lat.  balbus, 
bègue,  et.  par  ext.  faible,  sans  intelligence.  Balbus 
a  donné  Baube,  en  vx  fr.  —  Bobe  appartient  sans 
doute  à  cette  série.  —  «  Bober,  regarder  qqn  ou 
qqch.  avec  étonnement,  pendant  longtemps,  d'un 
airstupide.  »(0r.)  C'est  l'angl.  Booby. 

Bobêclion  (Mj.),  s.  m.  —  Tête.  S'emploie 
dans  la  loi-.  :  Se  monter  le  bobêchon,  la  tête. 
Dimin.  du  fr.  Bobèche. 

Bobelucbe  (Fu),  s.  f;  — -  Fétu  de  paille,  brin 


108 


BOBI   -  BOEJEVERRE 


d'herbe  sèche,  balle  d'avoine  ou  de  blé  que  le 
vent  emporte.  Jamais  Baheluche. 

Bobi  (grand).  —  (Sa.)  Sot,  nigaud.  Ebauhi, 
Bobé. 

Bobilion,  s.  m.  (Segr.)  —  Bonasse,  bêta.  || 
Bavard,  rabâcheur.  —  V.  Bohè,  Bouhillon- 
ner. 

Hist.  —  MousKEs,  parlant  de  Charles  le  Chauve, 
dit  : 

D'une   feme   ki   fu   gentius 
Avoit    un    fils    ki    fu    soutius  ; 
Loeys  li  baubes  ot  non. 
Et  saciés  k'il  ot  cest  sornon 
Pour  cou   k'il   estoit  baubeterre. 
Mais  il  n'iert  fos,  ne  abetere.  » 

Bohillonuer.     Baiibillonner.    —     Radoter. 

Cf.  Boubillonner. 

Bobine  (Cho.)  —  Fig.  —  Figure,  frimousse. 
Se  dit  ironiquement.  Ex.  :  Il  a  eine  bonne 
bobine.  Syn.  de  Trombine,  Trompette,  Balle, 
Binette. 

Bobineur,  euse  (Lg.)  —  Celui  ou  celle  qui 
fait  des  bobines,  de  grosses  fusées,  pour  le 
tissage. 

Bobotage  (ou  avec  deux  t),  s.  m.  (Mj.).  — 
Commérage,  caquetage,  bavardage,  caquets. 
Syn.  de  Penassage. 

Bobote  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  —  Cancanier, 
caqueteur.  —  Presque  toujours  employé  au 
fém.  if  (Fu.)  Commère  jabote,  jacasse,  ba- 
varde et  sotte,  vieille  fdle  inintelligente, 
bigote  et  médisante  —  à  idées  étroites,  par- 
ticulièrement en  religion.  Ex.  :  Depis  que  le 
vicaire  est  parti,  toutes  les  bobottes  en  sont 
comme-t-a  n'en  sont.  Syn  de  Berdasse, 
Berdo aille,  Cacasse,  Pétasse 

Boboter  (Mj.),  v.  n.  —  Caqueter,  cancaner, 
se  livrer  à  des  bavardages  puérils,  faire  des 
commérages.  Forme  adoucie  de  Papoter.  Syn. 
de  Bacasser,  Pétasser. 

Et.  —  Onomat.  très  expressive.  On  entend  le 
bruit  des  lèvres  agitées  sans  fin  l'une  contre 
l'autre.  A  rapprocher  de  l'angl.  to  babble,  même 
sens. 

Bocar  {Mj.,  Fu.),  s.  m. —  Bocal.  Syn.  et  d. 
de  Boucal. 

Bocqiiet.  —  \'x  mot,  s.  m.  Fer  de  pique  ou 
de  lance. 

Higt.  —  La  dite  lance  doibt  être  de  bois  d'aulne, 
que  le  sergent  dudit  célérier  fournit  et  pareillement 
du  bocquel  qui  est  au  bout,  avec  une  corde  de 
ficelle. . .  »  (Abbé  Bretaudeau,  p.  64.) 

Bodan  (Br.).  —  Un  veau.  —  Cf.  Bodin. 

N.  —  '(  Bodaut  (dér.  de  bode,  vache,  génisse), 
veau.  (C'e  Jaub.)  —  Bodot,  petit  veau.  (Or.) 

Bodanée  (By.).  —  D'une  bodanée,  —  brus- 
quement. V.  Bédée.  . 

Bode  (Lrm.,  Mj.,  Fu,  Lg.,  Sal.),  s.  f.  — 
Vache,  et  surtout  :  génisse.  Syn.  de  Bodiche, 
Tauriche,  Nogeresse. 

Et.  —  Le  rapprochement  avec  le  lat,  bovem  est 
dimcilô. 


Bodé  (Lg.),  adj.  quai.  —  Se  dit  du  lait  que 
la  vache  donne  aussitôt  après  la  mise-bas. 
Lait  bodé,  —  colostrum.  Syn.  de  Moucheron, 
Boucaud,  Bougaud,  Ouillaud. 

Bodeau  s,,  m.  —  Veau.  —  N.  Se  dit  à  Mj., 
mais  davantage  dans  la  Varanne  et  à  la 
Jubaudière.  Syn.  de  Bodin,  Bodet,  Noge, 
Noget.  —  Dér.  de  Bode.  \\  Fu.  —  Nom  fami- 
lier sous  lequel  on  désigne  la  vache  aux  tout 
petits  enfants.  Le  cheval  est  un  tutute,  le 
chien  un  tétét,  tétais. 

Bodée  (de)  (By.).  —  Brusquement.  «  Ce 
qu'i  fait,  il  le  fait  tout  de  bodée.  D'où,  peut- 
être,  bédanée,  bodanée.  «  Pouvre  enfant,  il  a 
tombé  d'une  bodanée  !  —  On  prononce  sou- 
vent :  podanée.  —  V.  Bédée. 

Bodèle  (Mj.,  Sal.,  Sh.,  Sp.),  adj.  q.  —  Oblique, 

de  travers.  Chose  irrégulière  ;  une  assiette 
bodèle  (ou  bodelle),  qui  n'est  pas  plane  et  ne 
repose  pas  d'aplomb. 

N.  —  Au  jeu  de  boules,  on  appelle  :  bodelle  la 
boule  qui,  par  l'usage,  s'est  un  peu  déformée. 
Quand  elle  arrive  au  bout  de  sa  course,  elle  ne 
s'arrête  pas  franchement,  mais  oscille  et  recule  ou 
dévie  (Pc). 

Bodéler  (Sal.),  v.  n.  — Ne  pas  être  d'aplomb. 
Se  dit  surtout  d'un  objet  rond  ou  cylindrique. 
—  bouteille,  assiette. 

Bodet.  —  A  Cholet,  un  bodet  est  un  petit 
taureau.  Lne  bode,  c'est  une  vache  accom- 
pagnée de  son  bodet,  ou  viau  :  «  Ah  !  le  joli 
petit  Bodet  !  »  |!  Sa.,  Lg.,  —  id.  —  Syn.  de 
Bodin,  Bodeau,  Noget,  Noge.  |j  Fu.  \'eau,  et 
non  pas  seulement  jeune  veau.  —  On  dit 
seulement  :  du  veau  à  la  boucherie.  —  Quand 
le  bodet  est  plus  grand,  il  devient  taureau  ou 
bouvard,  s'il  est  mâle,  bode,  ou  taure,  s'il  est 
femelle.  —  «  Quel  âge  as-tu?  —  j'ai  tous  les 
ans  douze  mois  (moues)  comm'  les  autres 
bodets.  »  —  «  L'n  bouvard  de  vallée  »,  expres- 
sion consacrée. 

Bodicbe  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Jeune  génisse. 
Syn.  de  Bode,  Tauriche,  Nogeresse,  Tauruche. 
Cf.  P)Oudiche,  Jaub. 

Bodin  (Mj.,  Gd.,  Br.).  —  Veau.  Plus  em- 
ployé que  son  syn.  Bodeau.  Cf.  Boudi,  Jaub. 
!|  Brailler  comme  ein  bodin,  —  pleurer  comme 
un  veau.  ]  Jeune  garçon  un  peu  nigaud  et 
resté  trop  enfant  pour  son  âge.  Ex.  :  Regarde- 
le  donc  brailler,  ceté  grand  bodin-\k  !  —  Syn. 
de  Bodet,  Bodeau,  Noge,  Noget.  \\  Boiteux  (Lé.) 
Mén. 

N.  —  Se  rappeler  les  vers  de  La  Fontaine  : 

«  Tandis  que  ce  nigaud,  comme  un  évêque  assis. 

Fait  le  veau  siir  son  âne  et  pense  être  bien  sage.  » 

Il  Fu.  —  Se  dit  pour  :  boudin,  et  non  pour 
veau,  au  moins  communément.  Cf.  Bousine. 

Bodiner  (^Ij.),  v.  n.  Vêler.  Dér.  de  Bodin. 

Bordre.  —  \'.  Lège. 

Boejevcrre.  Tête-bêche.  «  Deux  enfants 
dans  le  même  lit,  l'un  au  pied  l'autre  à  la  tête. 
Ex.  :  Nous  coucherons  les  deux  enfants  dans 
le  même  lit  ;  on  les  mettra  boejeverre.  — 


BOERUAU  -  BOILLARD 


109 


V.  Bèchei'ct.  —  Cf.  Bouêchejarder.  \\  Ec.  — 
C'est  le  Bécheverdé  prononcé  à  la  mode  ange- 
vine. 

Boériiau  (Ec),  Gabriel.  V.  Amouré.  (L'o 
très  bref.) 

Boète.  s.  f.  —  Ce  nom  se  donnait  à  un  droit 
à  payer  à  l'entrée  de  la  ville.  (Privilèg.  d' An- 
gers. —  Mén.)  V.  Boite  des  Trépassés. 

Hist.  —  «  Elle  (la  Confrérie  du  Saint-Sacrement), 
ses  revenus,  son  administration,  sa  caisse,  dite 
Boëte  du  Saint-Sacrement  ou  Grande  Boëte. 
(M.  Bretaudeau,  p.  402.)  —  Sens  approchant. 

Boette.  Appât.  —  dont  se  servent  les 
pêcheurs  de  morue  (et  autres)  —  déformation 
du  mot  anglais  bait,  appât.  (Le  Temps  du 
25  mars  1905.)  —  Employé  par  les  pêcheurs 
d'Angers. 

Et.  Hist.  —  Bête  (bait),  amorce,  appât,  de 
l'island,  bait,  nourriture  (Bayeux,  Guernesey, 
Jersey),  d'où  Bêter  : 

i(   J'bêtais   hier,   d'un   long  brin    d'verm 
Un  d'mes  haims,  au  large  d'Herm. 

(Dict.  franco-normand.  —  MoisY.) 

Bœuf..  —  Ce  mot  s'emploie  souvent  à  Mj., 
Ec,  Fu.  comme  une  sorte  d'adj.  avec  le  sens 
de  :  énorme,  immense,  très  grand.  Ex.  : 
J'avons  ieu  ein  plaisir  bœuf.  N.  A.  Mj  on  fait 
sentir  l'f  au  sing.,  mais  non  au  plur.  ;  à  Tlm., 
c'est  exactement  le  contraire. 

N.  —  Noms  de  Bœufs.  —  Baladin,  Bas-blancs, 
Blond,  Blondiau,  Bouchard.  Brun,  Brunot,  Caba- 
ret, Chardounet,  Compagnon,  Eveillé,  Fauviau, 
Frisé,  Fromentin,  Labouroux,  Marin,  Marjolet, 
Matelot,  Merlet,  Moureau,  Noiraud,  Pigeon,  Réjoui, 
Roussot,  Taupe  (Lg.)  —  Fu.  —  Apijon,  Cholet, 
Marichéou  (maréchal),  Mourâs,  Nobiet  (noblet), 
Ombiet,  Rondéou,  Tartare,  Verbiet,  Vermoit  (vers 
moi?).  On  chante  : 

Les  gars  de  la  campagne 
Sont  sots  comm'  des  pégniers  ; 
Sont  pas  comme  kiaux  des  villes 
Qui  ou  font  san(s)  ou  d'mander. 
Refrain 
Ombiet,  Verbiet, 
Rondéou,   Apigeon,   Marichéou, 
Tartare  et  Nobiet, 
Moureau  et  Cholet, 
Ah  !  ah  !  mes  valets  !... 

Bœiifvillé  (Mj.),  s.  m.  —  Bœuf  promené 
par  la  ville  au  son  de  la  viole. 

Hist.  —  ic  Bœuf  violé  ou  vielle.  Jeu  d'enfants  qui 
font  promener  un  de  leurs  camarades  orné  de 
rubans,  à  1  imitation  des  bouchers  d'Angers,  qui 
mènent  par  la  ville  un  bœuf  ainsi  paré  pendant  les 
jours  gras.  »  (Ménage.)  — •  «  Et,  attendu  que  la 
vache  à  notre  cousin  Bouzique  est  la  plus  grasse, 
l'avons  déclarée  bœuf  ville.  »  (Arrêté  très  connu 
d'un  ancien  maire  de  Dun-le-Roy,  Cher.  —  (Lap. ) 

Bogasse  (Ec),  s.  f.  —  Ligne  de  fond  emmê- 
lée par  une  anguille  de  manière  à  former  une 
sorte  d'étui,  de  bogue.  —  Bo  se  prononce  Boé. 
D'où   Bogasser,  Débogasser,  Embogasser. 

Bogasser  (By.),  v.  n.  —  Action  d'emmêler 
une  ligne. 

Bograin.  —  On  prononce  :  bougrain.  Grain 
recouvert  de  la  bogue  ou  enveloppe  non  triée 
(Sg.)  non  venté  ou  vanné.  Syn.  de  Enchapt. 


Boguet.  —  Vase  en  fer  blanc  servant  à 
remplir  d'eau  une  barrique  (Mén.).  ||  Syn.  du 
fr.  Bogue,  cosse  de  légumineuses. 

Boguille  (Mj.),  s.  f.  —  Cosse  de  pois,  de 
haricot,  pellicule  de  grain  de  raisin.  i|  Peau 
qui  forme  l'enveloppe  de  la  partie  farineuse 
de  certaines  graines,  des  haricots,  par  ex.  : 
Je  vas  purer  les  pois  pour  outer  les  boguilles. 
Il  Humeur  chassieuse  des  yeux.  (Segr.  Mén.) 

Boguille,  eux,  oux.  —  Personne  qui  a  les 
yeux  chassieux.  «  Elle  a  les  yeux  boguilloux.  » 
—  «  Si  on  essuie  de  pareils  yeux,  on  dit  qu'on 
ôte  son  luminaire.  »  (Mén.),  Segré.  Syn.  de 
Besilloux,  Biroillé. 

Boguineries  (Ag.).  —  Choses  insignifiantes. 
Tout  ça  c'est  des  boguineries.  Prononciat.  de 
Bodineries. 

Bohalée  (Lg.),  s.  f.  —  Rafale.  Ex.  :  Il  est 
venu  ine  bohalée  de  vent  qui  a  tôt  égàplé  les 
pirons.  Syn.  de  Bouillard,  Haie,  Bouhale. 

Et.  —  Semble  formé  du  montj.  Haie,  avec  un 
préf.  Bo  dont  je  ne  vois  pas  l'origine.  —  Faut-il  en 
rapprocher  le  nom  de  La  Bohalle,  bourg  très  venté, 
au  bord  de  la  Loire? 


-  Borné,  bobia  (Seg.,  Cso.). 
adj.  quai.  —   Boiteux.  V. 


Bolni,  adj.  q. 
V.  Bobé. 

Boicasse  (Mj. 

Boicasser. 

Boicasser  (IMj.),  v.  n.  — •  Boiter  légèrement. 
V.  Boiiouser.  Pour  Boitasser,  de  Boiter. 

Boidre  (Bv.),  s.  m.  — •  Faire  du  boidre.  V. 
Boille. 

Boie-bec  (Mj.),  s.  m..  —  Syn.  de  Boie- 
goule.  Il  Fu.  Très  employé.  :|  By.  Prononc. 
Boée-bec,  pour  Baye-bec,  bée-bec.  D'où  : 
Boéyer*  :  —  R'garde-le  donc  comme  i  baye 
(boée,  boèye)  la  goule  !  a-t-il  l'ar  bobiau 
(bobiâ).  V.  le  suivant. 

Boie-goule  (Mj.),  s.  m.  —  Celui  qui  tient  la 
bouche  entr'ouverte,  d'un  air  niais  ou  curieux. 
Il  Curieux,  indiscret,  badaud.  —  Syn.  de 
Boie-bec,  Bâillaud,  Bâille-bec,  Gobe-chuchon, 
Gobe-étron. 

Et.  —  Boie  est  pour  Bée.  Formé  du  v.  Boyer  et 
de  Goule.  —  L'angl.  a  le  mot  Bayard,  gobe 
mouches. 

Bolguet  (Boguet).  —  Graine  non  tirée  de 
sa  gaine.  Z.  124. 

Boilinge  (bouée-linge)  (Mj.),  s.  m. —  Sorte 
d'étofTe  grossière,  serge  dont  la  chaîne  n'est 
pas  croisée.  ||  Fu.  Prononc.  Bouée-linge. 
Droguet  ;  ne  s'achète  plus,  donc  ne  s'emploie 
plus  qu'en  parlant  des  choses  et  des  gens  d'il 
y  a  40  ans. 

Boillard  (PI.),  adj.  q.  et  s.  m.  —  Qui  a  un 

gros  ventre,  ventru.  Syn.  de  Abeillaudé,  Abé- 
zardé,  Bezard.  N.  Ce  mot  doit  être  le  même 
que  le  Boillard  ou  Boyard  (tonneau)  de  Mj. 
—  Rappelle  Mirabeau-Tonneau).  ||  (Mj.) 
Tine,  sorte  de  tonneau  dont  un  fond  est 
ouvert  et  qui,  muni  de  deux  anses,  sert  aux 
maçons  à  porter  de  l'eau.  —  Dér.  de  Boille, 


110 


BOILLE  -  BOIS 


Boille  (PL,  Mj.,  Ec),  s.  f.  —  Ventre,  be- 
daine. —  Il  Qqf.  masc.  —  Le  boille  d'une 
seine,  —  ventre  ou  poche  que  forme  une 
seine  quand  on  Yessaive.  \\  Ec.  Quand  dans 
un  filet,  une  senne  surtout,  une  nappe,  un 
nappereau  (tramail,  trois-mailles,  servant  à 
révoyer),  par  suite  de  la  présence  d'un  corps 
étranger,  comme  une  petite  branche,  des 
mailles  se  prennent,  se  mêlent,  on  dit  que 
l'engin  fait  boille,  fait  du  boidre.  V.  Tramail, 
\\  s.  m.  Bulle  d'air  qui  vient  crever  à  la  surface 
de  l'eau.  Faire  un  boille,  se  dit  d'un  poisson 
qui  laisse  échapper  une  bulle  d'air  laquelle 
vient  crever  à  la  surface,  —  ou  qui  fait  un 
remous  violent  de  l'eau,  sans  sauter. 

E.  —  V.  Beille,  dont  ce  mot  n'est  qu'un  doublet 
comme  Aboille  l'est  de  Abeille.  —  Un  Abeillaud  est 
une  guêpe,  un  frelon,  ainsi  dit  de  son  gros  ventre.  — 
L'angl.  a  Boil,  furoncle,  qui  est  le  même  mot. 

Hist.  —  En  Nivernais,  Beuille  ;  une  grosse 
beuille.  —  Boille,  viscères  des  animaux.  —  Ane. 
dialecte  normand  :  buille,  buele.  boels,  boele  —  se 
dit  aussi  de  l'homme,  d'où  Eboiler.  —  Angl. 
Bowels. 

—   «  En  airons-ju  des  vitailles 
Quand  i  viendra  l'mardi  gras  ! 
Sus  les  rignons,  sus  les  bouailles 
Veyoûs  !  Y  en  a-t-i  du  gras  ! 

{Dict.  franco-normand.  —  Moisy  ) 
V.  à  Beille  la  citation  de  G.  C.  Bûcher. 

Boilobe  (Mj.),  (bouée-lo-be),  s.  f.  —  Plante. 
V.  Folk-Lore,  m.  Elle  égarait  ceux  qui  mar- 
chaient dessus.  Syn.  de  Herbe  à  la  détourne, 
H.  tournante. 

Boilobé.  éc  (-Alj.),  adj.  q.  —  Qui  a  marché 
sur  la  Boilobe. 

Boiras  (Mj.),  s.  m.  —  Buvée,  boisson  pré- 
parée pour  les  porcs.  Dér.  de  Boire,  subst. 

Boire  '  (Mj.),  s.  m.  —  Boisson  préparée 
pour  les  porcs.  Mélange  d'eau  chaude,  de  son 
ou  de  choux,  de  pommes  de  terre.  C'est  le 
V.  fr.  employé  comme  nom.  V.  Boiras. 

Boire  ^  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Faire  eau,  en 
parlant  d'un  bateau.  Ex.  :  Noutre  fiitreau 
boit  comme  un  pénier.  ||  Sp.  Fig.  Le  soulé 
boit,  —  le  soleil  est  voilé,  l'air  étant  chargé 
de  vapeurs  condensées  qui  donnent  à  l'astre 
un  aspect  blanchâtre  et  terne.  C'est  un  signe 
de  pluie.  ||  Fort  de  boire  !  —  difficile  à  croire. 
A  Mj.  :  fort  de  bois.  |!  Boire  sus.  . .,  boire  une 
infusion  ou  une  décoction  de.  Ex.  :  Faut 
boire  sus  le  fumeterre  ||  Boire  sus  le  cotillon, 
—  se  faire  payer  à  boire  par  les  galants  de 
ses  filles.  —  Il  Y  a  à  boire  et  à  manger,  —  il  y 
a  de  tout  là  dedans. 

Conjugaison  : 

Ind.  prés.  —  Je  bois...,  je  boivons,  ou  je  bu- 
vons ;  V.  boivez  ou  v.  buvez  ;  ils  boivent  ou  ils 
buvent. 

Imparf.  —  Je  boivais  ou  je  buvais,  etc. 

Impérat.  —  Bois,  boivons,  boivez. 

Subj.  prés.  —  Que  je  boive  ou  que  je  buve,  etc. 
Au  Lg.  :  Que  je  boije,  etc. 

Part,  prés.  —  Boivant  ou  buvant.  (Pour  Mont- 
jean.) 

Dans  le  Choletais  et  à  St- Augustin,  la  3«  pers.  du 
plur.  du  prés,  indic.  est!  ils  boivent  ou  :  ils  buvont. 


Subj.  —  Que  je  boije...,  que  je  boijions,  que 
vous  boijiez,  qu'ils  boijiont,  ou  boijiant. 

Et.  —  Du  L.  bibere.  —  Hist.  «  Les  mouvements 
que  fait  la  langue  musculeuse,  lorsque  le  boire 
dessus  coule.  »  (Rab.,  P.,  v,  43,  572.) 

Boire''  (bouée-re)  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de 
petit  lac  ou  lagune  formé  dans  une  vallée  par 
î'afTouillement  des  terres  que  le  flot  d'eau, 
provenant  de  la  rupture  d'une  levée  a  empor- 
tées au  loin.  ||  Petit  bras  de  Loire,  souvent 
fermé  en   amont  par  des   terres  d'alluvion. 

—  On  dit  aussi  Boireau,  pour  :  petite  boire. 

—  X.  Tels  sont- les  sens  exacts  de  ce  mot  que 
le  fr.  a  emprunté  à  notre  patois,  et  que  beau- 
coup d'auteurs  emploient  sans  le  bien  com- 
prendre. —  Il  Trou  servant  d'abreuvoir  (Sal., 
Lue).  Il  Fossé  séparant  les  prairies  qui  bordent 
les  rivières.  (Segr.  Mén.).  —  Exemple  :  La 
Boire  de  Juigné.  La  Boire  d'Anjou.  V.  Folk- 
Lore,  XI  a. 

Et.  —  B.   L.  Borna,  creux  plein  d'eau.   De  la 

même  famille  que  le  provenç.  Bouiro,  bief  de  mou- 
lin. 

Hist.  —  «  Accord  entre  les  moines  de  Saint- 
Maur  et  ceux  de  Saint- Aubin  sur  la  propriété  d'une 
boire  dépendant  de  Saint-Rémy,  «  quamdam 
herarn  quœ  currit  per  insulam  quae  dicitur  Sancti 
jVlauri  (1110-1130).  »//u'.  .4rc/i.,  H,  i,  p.  63,  col.  2. — 
«  L'Offîcial  d'Angers  notifie  l'accord  conclu  au 
sujet  du  pont  sur  la  boire  de  Coutances,  «  facere  et 
tenere  in  bono  statu  pontem  super  bera  pratorum 
de  Constances.  »  (1276.  —  Id.  ibid.,  p.  144,  col.  1.) 

—  «  Chascun  pes-cheur  escenant  sur  la  turcye 
(levée)  de  la  boyre  doibt  demander  congé  de  ce 
faire.  »  (1561.  —  Id.,  n,  SuppL,  p.  58,  col.  2.)  — 
«  Le  tout  renfermé  entre  le  bras  de  la  rivière  de 
Loire  et  la  pescherie  ou  boire  du  Chapeau.  »  (1788. 
Inv.  Arch.,  G,  p.  16,  col.  2.)  —  Baronnie  de  Cha- 
lonnes-sur-Loire.  —  La  boire  ou  pêctierie  de 
Caillé...  Temporel  de  l'évêché  d'Angers  en 
1783.  —  A.  h.,  m,  431.  —  «  Lors  pissa  si  copieuse- 
ment que  l'urine  trancha  le  chemin  aux  pèlerins,  et 
furent  contraincts  passer  la  grande  boyre.  »  (Rab., 
G..  I.  38.  75.) 

Boirielion,  s.  m.  —  Un  roitelet,  un  berrichon 
(Li.,  Br.).  !|  Sal.  Bouérichon.  V.  Bourrichon. 

Boirie  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  boire.  Ex.  : 
Queune  boirie  que  n'on  fait  par  ceté  chaud-là  ! 

Bois  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  Bien  porter  son 
bois,  être  bien  conservé.  On  dit  d'un  vieillard 
encore  vert  et  alerte.  Il  porte  ben  son  bois. 
V.  Déroger.  \\  Fort  de  bois,  —  incroyable, 
invraisemblable  ;  raide,  sévère  ;  difficile  à 
admettre  ou  à  excuser.  Cf.  Boire-.  Syn.  de 
Violent.  \\  Etre  du  bois  dont  on  fait  les  flûtes, 

—  se  plier  à  tout,  n'avoir  pas  de  volonté.  On 
dit,  dans  le  même  sens  :  dont  on  fait  les 
vielles  (Lg.).  ||  A  La  Varenne,  on  donne  ce 
nom  aux  principales  cartes  du  jeu  de  Trois- 
sept.  Syn.  de  Boises,  Bûches.  ||  Faire  deux 
bois  (Lg.).  Se  dit  d'une  cheville  qui,  au  lieu 
de  pénétrer  dans  le  trou  qui  lui  est  destiné, 
s'engage  dans  l'interstice  du  tenon  et  de  la 
mortaise.  La  chose  arrive  quand  la  chevifle 
a  trop  de  tire.  Langue  des  charpentiers.  ||  Fu. 
Petit  morceau  de  bois.  «  Va  donc  me  qu'ri 
un  bois  que  je  fasse  eine  chuille. 


BOIS-BLANC  -  BOITAS 


111 


Bois-blanc,  s.  m.  —  Nom  générique  de  tous 
les  arbres  à  tissu  tendre  et  léger  ;  saule,  peu- 
plier, tremble. 

Bois-de-chien,  s.  m.  —  Nom  vulgaire  du 
Cornouiller  à  rameaux  rouges  et  fruits  noirs 
violet.  (Mén.)  Cornus  sanguinea.  (Bat.). 

Bois-doux  s.  m.  (Mj.).  —  Réglisse. 

Bois-de-rime  (Lg.),  s.  m.  —  Douce-amère. 

Et.  —  Ainsi  nommé,  probablement,  parce  que 
fréquemment  la  plante  tapisse  les  barges  de  fagots. 
V.  Rime. 

Bois-de-traits  (Lg.),  s.  m.  —  Palonnier.  Syn. 
de  Bat-cul 

Boise  (bouè-ze),  s.  f.  (Mj.,  Sal.).  —  Arête 
de  poisson.  Syn.  de  Balle,  Borde  (Sp.).  ||  Lg. 
Grain  de  poussière,  fétu  léger.  Ex.  :  J'ai  eine 
boise  dans  mon  zyeux.  Au  Lg.  —  J'fi  ine 
boise  dans  n'in  zyeux.  —  Un  enfant  qui  a 
envie  de  dormir  dit  :  La  boune  femme  me 
fout  des  boises  dans  les  yeux.  (Syn.  de  Bour- 
rier  et  Babeluche),  Tlm.,  même  sens.  ||  Farce, 
plaisanterie ,  gaudriole.  Ex.  :  Il  tourne  tout 
en  boises.  ||  Au  jeu  d'Aluettes,  ce  sont  les 
quatre  cartes  qui  se  suivent  comme  valeur, 
les  cartes  dites  d'aluette.  Ce  sont  donc  :  le 
grand  et  le  petit  neuf  ;  le  deux  de  chêne  et  le 
deux  d'écrit.  On  les  appelle  aussi  Doubles  as. 
Il  Au  jeu  de  Trois-sept,  on  emploie  également 
ce  nom  de  Boises  pour  désigner  les  cartes 
marquantes  ;  mais  on  les  désigne  aussi  sous 
le  nom  de  Bois,  ou  Bûches. 

Et.  —  Du  fr.  Bois.  Le  même  que  le  Boise  de  Mj., 
mais  dans  un  autre  sens.  —  V.  plus  haut. 

Boisie  (Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Bési,  petite  poire 
demi-sauvage.  Syn.  et  d.  de  Besie. 

Et.  —  P.-ê.  du  mot  :  bois.  La  boisie  serait  la  poire 
des  bois. 

Boisiier  (Tlm.),  s.  m.  —  Poirier  demi- 
sauvage  qui  donne  des  boisies  ou  besis.  Syn. 
de  Besiquier,  Foirasse,  Poirassier.  Cf.  Cassiier. 
de  Cassis. 


Bois-punais, 

(MÉN.). 


m. 


V.     Bois-de-chien 


m.  —  Id.  (MÉN.),  Bat. 
iluettes.  Moyenne  carte  à  ce 


Bois-sanguin,  s 

B Disse..  —  V.  u 
jeu.  Il  y  a  des  petites  et  des  grandes  baisses 
(P.  Eudel).  V.  Boise.  ■ 

Boisseau,  s.  m.  —  Chasser  au  boisseau,  ou 
Pannetonner  (Mén.).  —  \\  Mj.  Double  déca- 
litre. Syn.  de  Double.  \\  Mesurer  à  son  bois- 
seau, —  apprécier  à  sa  propre  mesure.  — 
Et.  douteuse.  ||  V.  Boissiâ  au  F..  Lore,  ii. 

Boisselée,  s.  f.  —  Unité  de  mesure  agraire. 
A  Mj.,  la  boisselée  est  de  15  à  l'hectare,  soit 
de  6  ares,  66  centiares.  —  A  Sp.,  il  y  a  deux 
boisselées  ;  la  grande  boisselée,  dite  aussi  : 
ancienne  boisselée,  de  12  à  l'hectare,  soit  do 
8  ares  33  cent.,  et  la  petite  boisselée,  dite 
aussi,  probablement  delà  manière  de  la  mesu- 
rer, boisselée  à  la  chaîne,  de  18  à  l'hectare, 
soit  de  5  ares,  55  cent.  On  se  sert  indifférem- 
ment de  l'une  ou  de  l'autre.  A  Auverse,  il  y 


a  aussi  deux  boisselées  en  usage  ;  la  grande, 
de  10  à  l'hectare,  soit  de  10  ares,  et  la  petite 
qui  est  la  même  qu'à  Montj.;  seulement  cette 
dernière  est  peu  usitée.  ||  Au  Long.,  la  bois- 
selée est  de  10  ares.  ||  A  Brissac,  6  ares  60  c. 
Il  A  Doué,  4  ares  40  c.  —  On  voit  que  cette 
valour  est  très  variable,  même  autour  d'An- 
gers, comme  celle  de  l'arpent,  du  journal 
(journau). 

Et.  —  Primitivement,  ce  qu'on  peut  ensemencer 
avec  un  boisseau.  —  «  Boesserép.  Mesure  de  terre 
qui  produit  ou  rend  au  propriétaire  ou  seigneur  un 
boisseau  de  grain.  Boicellus.  »  D.  C.  —  Hist.  «  Je 
n'avé  pu  qu'une  ouche  de  14  boicelées,  fermée  de 
murailles.  »  (A.  d'AubignÉ,  Baron  de  Fœneste.) 

Boisselle,  s.  f.  —  Autrefois  Bussel,  instru- 
ment de  pêche  ayant  quelque  rapport  avec  le 
boisseau.  —  On  dit  Bosselle. 

Et.  —  Boicellus,  Bocella.  D.  C.  —  Hist.  <(  Pour- 
ront adjoindre  boussel  d'osier  du  moule  que  entre 
deux  verges  l'en  pui.sse  partout  bouter  le  petit  doit, 
tant  comme  l'ongle  se  porte.  »  —  «  Un  bateau 
d'osier  nommé  Bousseau,  ouquel  avoit  certaine 
quantité  de  poisson.  »  D.  C. 

Boisséou  (Fu.),  s.  m.  —  Boisseau.  —  Est 
maintenant  syn.  dédouble-décalitre.  «  Pochée 
de  six  boisséou  {x)  »,  individu  grognon  et 
nice.  Nice-poche.  «  Il  est  nice  comme  eine 
pochée.  » 

Boisson  -  (Sp.),  s.  m.  —  Bois  d'une  faible 
étendue.  ||  Tf.,  Lg.  —  Buisson.  ||  Cf.  Nom 
de  famille. 

Et.  —  De  buis,  buisson?  —  Hist  .: 

—   «  L'escu  ne  fu  mie  de  tranble. . . 
Ne  de  boisson  estoit-il  mie, 
Ainz  fu  faiz  d'un  os  d'olifant    » 

—   «  Aussi  pris  comme  lièvre  en  boisson.  »  L.  C. 

Boisson  1  (Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Piquette  qui 
s'obtient  par  la  macération  et  la  fermenta- 
tion de  certains  fruits  sauvages,  notamment 
les  prunelles,  les  pommes  et  poires  sauvages, 
les  cormes, etc.,  ou  avec  le  marc  de  la  vendange, 
dans  de  l'eau.  ||  Se  boissonner  ;  boi  -e  avec 
excès,  s'enivrer.  (Gxhll.) 

Hist.  —  «  Duabus  pipis  vini  et  una  pipa  de 
boisson,  seu  brevatge.  (Texte  du  AT"  s.,  cité  par 

D.  C.  V"  Beuvenda.) 

Boisu  (Mj.),  adj.  q.  —  Boisé.  ||  Ligneux, 
boiseux. 

Boisure  (Mj.),  s.  f.  —  Boiseries,  revête- 
ment en  bois,  lambris.  ||  Fu.  Emboisure. 

Hist.  —  «  Avec  le  couvercle,  la  ferrure,  le  tapis, 
la  boessure,  le  cadre  doré.  »  (1734.  —  Inv.  arch.  S. 
s.,  E,  p.  161,  col.  2,  haut.)  —  «  J'ai  fait  commencer 
le  lambris  et  boisure  du  costé  du  Midi.  »  {1762.  Id., 

E,  n,  p.  268,  col.  2.) 

Boitas  (Mj.),  s.  m.  —  Pièce  de  bois  que  les 
mariniers  arcboutent  à  l'angle  inférieur  de  la 
voile,  au  point  d'attache  de  Yécouie,  pour 
faire  prendre  le  vent. 

N.  —  On  cite  encore  ce  couplet  d'une  vieille  chan- 
son de  marinier  : 

Allonge  l'écoute,  pèse  la  marne, 
Prends  Ion  boitas  de  galarne, 

Boute  bas  le  brai. 
Porte  la  bouline  à  l'étai* 


112 


BOITE  —  BOMBE 


Boite  (partout),  s.  f.  —  Boisson  (Oi  très 
bref).  Ce  mot  est  français.  Z.  171  (Ec). 
Pron.  Boéto.  ||  Adj.  quai.  —  Un  peu  ivre.  — 
Qqf.  boisson  faite  avec  le  marc  de  la  vendange 
mouillé  d'eau  ;  —  une  deuxième  cuvée  que 
Ton  sucre.  —  Mais  à  Vihiers,  ^lartigné,  etc., 
c'est  du  vin  d'abondance,  provenant  d? 
cépages  Othello,  Folles-Blanches,  Gros-Plant, 
de  4,  5,  6  degrés,  7  en  1904,  produisant  beau- 
coup. Vin  de  ménage.  Ce  n'est  pas  non  plus 
iz  Rouget.  Il  Fu.  Id.,  et  Ivrognerie.  «  Il  est 
mort  par  la  boite.  » 

Et.  —  De  :  boire.  —  «  On  disait  :  boitte  du  ciel, 
pour  nectar  :  «  Quel  vin  est  cecy?  De  quel  vignoble 
est-il?  Est-il  corse?  Est-il  grec?  Est  la  boitte  du 
ciel.  »  (Merlin  Coccaie.  —  L.  C.)  —  «  Leur  boitte 
fut  en  tirelarigots.  vaisseaux  beaux  et  antiques,  et 
rien  ne  burent,  fors  œlaiodes,  breuvage  assez  mal 
plaisant  en  mon  goût  ;  mais  en  Lanternois,  c'est 
boitelàéiûque.  »  (Rab.,  P.,  v,  33  bis,  554.) 

Boîte  (Mj.),  s.  f.  —  Ironiquement  Bouche, 
Ex.  :  Fornie  ta  boite,  —  ferme  la  bouche, 
tais-toi.  Il  Établissement  du  patron,  atelier, 
dans  la  langue  des  ouvriers.  Cf.  Bahut.  \\ 
Maison,  usine,  collège.  Ne  se  dit  qu'en  mau- 
vaise part.  Syn.  de  Turne.  ||  Salle  de  police, 
prison.  —  Syn.  de  Bloc,  Clou,  Ours,  Hosteau. 
Il  a  attrapé  quatre  jours  de  boite 

Et.  —  B.  L.  buxida,  poxides,  d'où  boiste,  et 
boistia,  boissa.  (Litt.)  — ■  Lat.  pop.  buxta. 
Darji.  ) 

Boité  (Chc). 
de  quenasse  :  y 
jusqu'où  genou  !  » 

Boîtée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'una 
boîte.  Cf.  Verrée,  Tassée,  etc.  Ex.  :  J'ai  fait 
partir  la  moitié  d'eine  boîtée  d'allumettes  pour 
faire  éprendre  mon  feu. 

Boiter  (se)  (Mj.)  v.  réf.  —  S'enivrer  se 
pocharder.  Syn.  de  se  Cuiter.  Dér.  de  Boite. 

Boiter  ^  (Mj.  Sp.  Lg.),  v.  a.  —  Munir  d'une 
boîte,  ou  douille  d'essieu,  le  moyeu  d'une 
roue. 

Boiter  ^  (By.,  Zig.  185),  v.  a.  —  Frapper 
avec  un  bâton,  donner  une  volée  de  bois  vert. 
Prononc.  Bo-âter.  Syn.  de  Feurter,  Scionner. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  bois. 

Boite-à-rac  (Sp.),  s.  m. —  Individu  boiteux. 

Boîtier  (Sp.,  Lue),  s.  m.  —  Bûcheron,  bo- 
quillon.  1|  Lg.  —  Boîtiers  s.  m.  plur.  —  Fer- 
miers habitant  la  région  N.  E.  de  la  commune, 
c'est-à-dire  la  région  des  bois  défrichés.  || 
Facteur  boîtier  qui  lève  les  lettres  déposées 
dans  les  boîtes. 

Hist.  —  «  1706,  21  juillet,  sépulture  de  Michel 
Briand,  boîtier,  décédé  à  la  teste  du  bois  où  il  tra- 
vailloit.  »  (Inv.  Arch.,  E,  m,  326.  c.  L) 

Boitoiiser  (Mj.,  Lg.,  My.),  v.  n.  —  Boiter 
légèrement.  Dér.  de  Boitoux.  Syn.  de  Boi- 
casser,  Bicaner.  \\  Fu.,  id. 


—  Mouillé.  «  Oh  !  la  bougre 
s'en  sont  tertous  venus  boites 


Boitoiiserie  (Lg.),  s.  f. 


Boitouv,  se  (Mj.,  Lg.,  Fu.)  adj 
teux.  V.  Bouétoux. 


Boiterie. 

q.  —  Boi- 


Boit-sans-soif  (Mj.),  s.  m.  —  Ivrogne,  bibe- 
ron. 

Boiturailler,  v.  a.  —  Boire  avec  excès.  Syn. 
de  Bervocher.  \\  By.  —  Expression  très  fré- 
quemment usitée  (comme  la  chose  désignée), 
boire  et  boire  encore,  pour  le  plaisir  de  boire. 

—  «  Qu'ont-ils  été  faire  à  la  foire?  —  Ren  ; 
ils  n'y  avaient  qu'faire  ;  ils  ont  boituraillé 
tout  le  temps  et  sont  r'venus  le  soir  brûlés. 
C'est  tout  ce  qu'i  v  ont  vu    » 

Boiture,  s.  f.  —  Boisson.  ||  Tan  humide 
placé  dans  un  baril  pour  tanner  les  filets  des 
pêcheurs.    (Mes.) 

Hist.  —  Nous  y  ferons  maie  chère, 

Puisque  boisiure  y  est  si  chèrt. 

(Villon,    Grand    Testament.     

•     «  Mais  las  !  Phœbus  a  la  barbe  dorée 

V^oyant  d'enhaut  que  son  eau  voulois  prendre 
Pour  en  gouster,  sans  plus  m'alla  deffendre 
Et  prohyber  le  goust  de  la  boyturc. 

G.-C.  Bûcher,  Prolog.,  p.  77. 
— ■   «  François  pf,  visitant  Angers,  trouva  sur  son 
passage  une  statue  de  Bacchus,  en  juin  1518  : 
«  Le  dieu  Bacchus,  grand  ami  de  nature, 
A  tous  pions,  vrais  zélateurs  de  vins. 
Fait  assavoir  qu'aux  coteaux  angevins 
Il  a  trouvé  la  source  de  boisture. 

jCité  par  Mén.) 

Boivable  (Mj.),  adj.  q.  —  Buvable. 

Boivant  (Mj.),  part.  pr.  —  Buvant. 

Boiveux  (Mj.),  s.  m.  —  Buveur.  Ex.  :  Ein 
boiveux  de  goutte,  c'a  bentout  le  corps  brûlé 
comme  eine  savate.  —  I]  Fu.  —  A  Saint- 
Laurent-des-Autels  :  Beuveux  ou  Beveux. 
«  Y  a  trois  (troué)  beveux  qui  se  sont  neyés 
dans  ma  fousse.    '» 

Boivons-ez  (Mj.),  v.  a.  —  Buvons,  buvez  ; 
1^  et  2'-  pers.  plur.  indicat.  et  impérat.  prés, 
de  Boire.  On  disait  jadis  :  beuvons,  beuvois, 
q.  V.  beuviez,  beuvant. 

Hist.  —  Boivons  les  ondes  sacrées 
Consacrées 
Au  dieu  qui  nous  poinct  le  C'i.cv.r. 
—  Du  bon  Rabelais  qui  boivoit 
Toujours  cependant  qu'il  vivoit. 
(RoNSART,  cité  par  Jaub.  à  Beuver). 

Bole  (Mj.),  s.  f.  —  Bol,  coupe  sans  anse. 
Doubl.  du  mot  fr. 

Bolée  (Mj.),  s.  f.  — Le  contenu  d'un  bol. 
Syn.  de  Moque. 

Et.  —  Angl.  Bowl,  jatte,  —  p.-ê.  du  celt.  gaél.; 
bol,  boil,  coupe. 

Bolièrc  (Sal.),  s.  i.  —  Sorte  d'oreille  en 
osier  par  où  l'on  accroche  la  portoire  au  bât. 

—  \  .  Belière. 

Bolin  (Sal.),  s.  m.  —  Le  pin.son.  \".   Bidon. 

Bombe  (Mj.),  s.  f.  —  Bombance,  noce.  On 
dit  :  Faire  la  bombe,  être  en  bombe,  parti  en 
bombe.  De  là  le  mot  fr.  Bombance  (à  moins 
que  bombe  n'en  soit  un  diminutif.)  —  \'. 
Brindezingue,  Guinguette,  Cigale,  Berdin- 
daine,  Ragalage,  Dévarine,  Portemine,  Riole, 
Bambine. 


BOMBE  —  BONIQUE 


113 


Et.  douteuse.  Raynouard  tire  Bombance  du  lat. 
pompa.  —  DiEZ,  de  Bombus,  bruit,  fracas,  dans  le 
sens  de  vanterie,  bombicus  se  trouvant  en  efïet 
avec  le  sens  de  :  fastueux,  d'où  :  faste,  orgueil, 
grand  appareil,  puis,  dans  le  langage  actuel,  large 
repas.  —  Hist.  «  Perrin  Rewerdi  appela  ledit 
Boullart...  garçon  bobencier  et  orgueilleux  (1383). 
—  D.  C.) 

Bombé  (Mj.),  adj.  q.  —  Bossu. 

Bombine  (Lg.),  s.  f.  —  Syn.  de  Bombe. 

Bomule  (Bg.).  —  Grosseur  provenant  d'un 
coup  de  poing.  Cf.  Mobule. 

Bon,  bonue,  adj.  quai.  —  A  Sp.  le  fémin. 
estBoune\\(Mj.)s.  m.  Le  bon,  l'amande;  en  géné- 
ral la  partie  bonne  à  manger  d'un  fruit.  Un 
bon  de  nozille  aumière.  (Fu.)  ||  De  bon,  pour 
de  bon,  sérieusement.  ||  Pour  tout  de  bo7i,  — 
très  sérieusement.  \\  A  bon,  agréablement. 
Ne  s'emploie  que  dans  l'expression  sentir  à 
bon,  avoir  une  odeur  agréable,  sentir  bon. 
Ex.  :  Ceté  bouquet  là  sent  ben  à  bon.  \\  Le  bon 
de  l'eau,  le  courant  principal,  le  chenal  le  plus 
profond  pour  le  passage  d'un  bateau.  V.  Tou- 
tier,  Coublage,  Touille,  Meilleur.  \\  Bon  à  bon, 
il  faut  être  bon  avec  ceux  qui  sont  bons.  1|  Par 
antiphrase  :  Ça  pue  bon,  cela  sent  bon. 

Hist.  —  «  Bien  la  trouva-t-il,  sentant  à  bon  et 
très  bien  parfumée.  »  (Brant.,  D.  G..  144,  38.) 

Bonasserie  (Mj.),  s.  f.  —  Bonté,  doublée 
d'une  simplicité  trop  grande,  poussée  jusqu'à 
la  bêtise.  Crédulité. 

Bonassier  (Mj.),  adj.  q.  —  Bonasse.  Syn. 
de    Boniface. 

Bonbou-uoir  (Mj.),  s.  m.  —  Réglisse.  Syn. 
I  de  Beguélisse,  Erguélisse. 

Bon-chrétien  (Poires  de). 
I      Et.  —  Selon 'une  opinion  sérieusement  accrédi- 
!  lée,  ce  nonijVient  de  François  de  Paule,  dit  :  le^bon 
'  chrétien,  qui  apporta  ces  poires  d'Italie  en  France. 

;  (SCHEL.) 

i  Bonde,  s.  f.  (Fu.).  —  C'est  le  bouchon 
!  d'étoupe  que  l'on  met  au  bout  d'un  morceau 

de  sureau  vidé  de  sa  moelle,  pour  faire  une 

flîite.  V.  Poussoué,  Flûte. 

Bondée  (Lp.),  s.  f.  —  Bataille,  combat, 
échange  de  horions,  raclée.  Syn.  de  Bûcherie, 
Pleumée,  Flopée,  Boustée,  Epluchée.  — 
V.  Bonder. 

Bonder  (Lp.),  v.  a.  —  Battre,  gourmer. 
rouer  de  coups.  Syn.  de  Bouster,  Frous- 
ter,  Lauder,  Lâtrer,  Flôper.  \\  Donner  un  coup 
de  pied  dans  le  derrière  ;  Attends  un  peu,  je 
vas  te  bonder  ! 

\  Bondereau  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  bonde, 
[gros  bouchon  avec  lequel  on  ferme  le  trou 
I  pratiqué  au  fond  d'un  fût  pour  y  insérer  la 
!  cannelle. 

Bon-dit-on  (Bz.),  s.  m.  —  Qui  n'a  pas 
I  d'opinion  fixe  et  écoute  volontiers  les  dit-on. 
Pendant  la  période  électorale,  chacun  émet 
son  avis  ;  un  électeur,  plus  prudent,  dit  :  Oh  ! 
moi,  je  suis  un  bon-dit-on.  —  (Graphie 
approchée.) 


Bondrée  (Mj.),  s.  f.  —  Personne  replète 
dondon.  Ex.  :  Queune  grousse  bondrée  que 
ceté    fumelle-là  !    Syn.    de    Trouille. 

Bondroille  (Tlm.),.  s.  f.  —  Espèce  de  grosse 
prune  rouge  à  noyau  adhérent,  et  de  qualité 
très  inférieure.  Ex.  :  J'avons  mangé  des  bon- 
droilles.  (Prononc.  bondro-ille.) 

Bonfa,  s.  m.  ou  Bluet.  V.  Barbeau.  (MÉx.) 
Je  trouve  dans  Bâtard  :  Bonnes  femmes  ; 
Aquilegia  vulgaris. 

Bonhomme  (Mj.),  s.  m.  ||  Vieillard.  ;t 
Bonhomme  de  la  leune,  ou  de  la  lune,  homme 
chargé  d'un  fagot  d'épines,  dont  les  gens  de 
nos  campagnes  croient  découvrir  la  silhouette 
sur  le  disque  de  la  lune  :  c'est  l'ombre  des 
montagnes  du  satellite.  i|  Genou,  mot  enfan- 
tin. (I  Partie  du  fond  d'une  bouteille  de  verre 
qui  fait  saillie  à  l'intérieur.  Ex.  :  Il  l'a  vidée 
jusqu'au  bonhomme.  N.  A  Sp.  on  dit  :  Boun- 
homme.  ||  Lg.  Sorte  d'orchis.  Syn.  de  Bon- 
homme-grillé.  \\  Gros  nuage  noir,  cumulus.  || 
Séneçon  jacobée.  Bat.  ||  Crépide,  Syn.  de 
Grimpard,  Cochet.  ||  Tlm.  Boule  que  forme  le 
chapeau  d'un  champignon  qui  vient  de  sortir 
de  la  terre  avant  son  épanouissement  ;  par 
analogie  avec  bonhomme  (genou).  Syn.  de 
Clônereau.  N.  Le  plur.  est  Bonhommes  et  non 
Bonshommes.  Cf.  Monsieurs.  ||  Lue.  —  Les 
bonhommes,  les  gens.  «  Allez  qu'ri  les  bon- 
hommes. 

Et.  —  Il  est  à  remarquer  que  les  différents  sens 
énumérés  plus  haut  s'enchaînent  en  une  série  abso- 
lument logique.  Les  vieillards  ont,  ou  sont  censés 
avoir  cette  bonhomie  que  donne  l'expérience  de  la 
vie.  Ils  sont  chauves  comme  un  genou,  et  c'est  une 
comparaison  proverbiale.  Enfin  la  saillie  intérieure 
d'une  bouteille  rappelle  elle-même  la  forme  du 
genou.  Il  Le  pat.  norm.  a  Bouon  n'homme,  gros 
nuage  moutonneux. 

Bonhomme-de-rivière,  s.  m.  ou  i\Ienthe 
aquatique.  V.  Baume  d'eau,  ou  marule  blanc, 
aussi  :  grand  bonhomme.  (Mén.)  —  Marrube 
(Bat.) 

Bonhomme-grillé  (Lg.),  s.  m.  —  Espèce 
d'orchis,  assez  semblable  à  la  pentecoute  (Ec. 
Pentecôte),  mais  plus  petit.  Les  feuilles  ne 
sont  pas  tachées  de  noir  ;  les  fleurs,  petites, 
blanchâtres  et  tiquetées  de  noir  sont  très  ser- 
rées tout  le  long  de  la  hampe.  On  l'appelle 
aussi  simplement  :  bonhomme. 

Bouhommias.  —  Homme  de  peu  d'impor- 
tance. 

Hist.  —  «  Or,  vien  ça,  petit  bonhommiau.  » 
(Passion.  —  xv^,  Darm.) 

Boniface  (Mj.),  adj.  q.  —  Candide,  ingénu, 
bonasse.  Syn.  de  Bonassier. 

Bonifacement  (Mj.),  adv.  —Avec  une  sim- 
plicité qui  confine  à  la  niaiserie.  Ex.  :  Il  a  cru 
ça  doux  comme  du  lait,  tout  bonifacement. 

Boniquard,  s.  m.  — ■  Vieux.  V.  Bonique. 
(MÉN.) 

Bonique,  s.  f.  —  Vieille.  Terme  faubou- 
rien :  Remouche  donc  la  bonique  »,  regarde 
donc  la  vieille.  (Mén.) 

8 


114 


BON-JÉSUS  —  BORBE 


Bon-Jésus  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Statue  ou 
image  de  sainteté  quelconque.  ||  Faire  bon- 
Jésus,  geste  de  prière,  joindre  les  mains. 

Bonjour  (Mj.),  s.  m.  —  Visière  d'une  cas- 
quette. Syn.  de  Lisière.  \\  Interj.  Bernique  ! 
Ex.  :  Il  crayait  ben  prendre  la  pie  au  nid  ;  oui, 
mais,  bonjour  ! 

Bon- moyen.  —  Fortune,  richesse.  Il  a  bon 
moyen  de  payer. 

Bonne.  —  Se  prononce  :  bon-ne,  la  pre- 
mière syllabe  très  nasale,  comme  dans  :  bou- 
der, et  non  bonne.  —  Mais  non  à  Mj.  (Z.  139.) 
De  même  :  une  se  prononce  un-ne,  et  non 
u-ne  (Louroux-Béconnais.)  —  A  Sp.  et  à 
Tlm.  Boune.  ||  Servante.  ||  Maîtresse,  belle, 
bonne  amie.  Ex.  :  Il  va  se  promener  avec  sa 
bonne.  Syn.  de  Prétendue. 

Bonne-amie  (Mj.),  s.  f.  —  Maîtresse.  Syn. 
de  Blonde.  Ex.  :  Il  est  à  voir  sa  bonne-amie. 
Souvent  on  dit  simplement  :  sa  bonne. 

Bonneda  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  A  la  bonneda,  à  la  bonne-fran- 
quette. 

Et.  —  Cette  locut.  n'est  autre  que  la  loc.  ital. 
Alla  buona,  transportée  toute  vive  dans  notre 
patois  mj.  et  défigurée  par  la  prononc.  locale. 
(R.  O.)  Je  pensais,  moi  :  A  la  bonne  dame  (la 
Sainte  Vierge).  C'est  l'idée  du  C'^  Jaub.  —  De 
MoNTESSON  :  «  Ds  deux  petits  membres  de  phrase  : 
«  il  est  tout  à  la  bonne,  da  !  »  on  n'en  aura  fait 
qu'un  :  «  il  est  tout  à  la  bonne  da.  » 

N.  —  M.  R.  Onillon  maintient  son  étym.  : 
«  Lorsque  je  signale  des  rapprochements  avec  les 
autres  langues,  je  n'entends  pas  dire,  en  général, 
que  notre  patois  ait  fait  à  ces  langues  des  emprunts 
directs.  C'est  même  souvent  le  contraire,  en  parti- 
culier pour  l'anglais,  qui  doit  à  notre  patois  angevin 
au  moins  une  centaine  de  mots  importés  par  les 
Plantagenets  et  leur  suite.  A  la  cour  de  ces  rois,  on  a 
parlé  le  français  (angevin)  pendant  deux  siècles. 

Mais  il  n'en  est  plus  de  même  pour  l'italien.  Il 
faut  bien  savoir  que  le  comte  René  de  Montjean 
fut,  sous  François  I",  maréchal  de  France  et  gou- 
verneur de  Milan  pendant  de  longues  années.  On 
s'explique  alors  cette  importation  directe  de  locu- 
tions et  de  mots  italiens  spécialement  dans  le  patois 
montj.  —  Et  puis  les  ducs  d'Anjou  furent  rois  de 
Sicile.  (R.  0.) 

Bonne-femme  (Mj.).  —  Sage-femme  (Les 
Anglais  disent  :  Good  wife).  ||  Lg.  Petit  tas 
de  foin  à  demi  sec  que  l'on  forme  sur  le  pré 
pour  achever  la  dessiccation.  La  bonne-femme 
est  plus  petite  que  la  veille.  Syn.  de  Beulot. 
Cf.  Bonhomme,  gros  nuage  dont  la  forme  rap- 
pelle celle  de  ces  tas  de  foin.  H  Bonnes-femmes. 
Plantago  lanceolata,  herbe  au  charpentier  ; 
tige  sèche  et  rugueuse.  Herbe  à  cinq  côtes, 
tête  noire,  oreille  de  lièvre.  Ces  noms  se 
donnent  aussi  à  l'ancolie  vulgaire  (Mén.). 
Aquilegia  vulgaris  (Bat.). 

Bonne-Louise  (Mj.),  s.  f.  —  Ou  Louise- 
bonne,  sorte  de  poire.  H  By.  C'est  Bonne 
Louise  d'Avranches. 

Bonnéron  (Fu.),  s.  m.  —  Pour  Bonnet- 
rond  ;  coiffe  des  femmes  mariées  ;  opposé  à 
Coiffe  à  tuyaux.  Mauvaise  graphie. 


Bonnes,  adj.  f.  —  Dans  la  loc.  :  Faut  qu'i 
seye  dans  ses  bonnes  !  s.  ent.,  journées,  il 
faut  qu'il  soit  bien  disposé. 

Bonnes-grâces,  (Mj.)s.  f.  pi.  —  Dans  les  lits  à 
fange,  on  appelait  ainsi  deux  rideaux  placés 
à  la  tête  du  lit  et  qui  ne  se  repliaient  pas. 

Bonnet  (Mj.),  s.  m.  —  Bonnet  à  trois  pièces 

—  petit  bonnet:  d'enfant.  ||  Prendi^e  son  B. 
rouge,  —  rougir  de  confusion,  de  honte.  Syn. 
de  Piquer  un  feu,  un  fard,  ein  soleil.  |  Prendre 
sour  son  B.,  —  imaginer,  forger  de  toutes 
pièces,  inventer.   ||  Avoir  la  tête  près  du  B., 

—  être  capricieux,  colère,  emporté,  violent.  !| 
B.  à  bouse  (Lg  ).  C'est  le  petit  bonnet  à  fond 
plat,  à  brides  pendantes,  que  le  commerce  a 
partout  répandu  et  que  portent  toutes  les 
bonnes  et  les  jeunes  ouvrières.  Le  nom  fait 
image.  V.  Bouse.  ||  Sp.  B.  rond,  coiffe  à 
tuyaux.  Syn.  de  Volant.  C'est  le  contraire 
au  Fu.   V.   Bonnéron. 

Et.  —  «  C'était  certain  drap  dont  on  faisait  des 
chapeaux  ou  habillements  de  teste  qui  en  ont  re- 
tenu le  nom  et  qui  ont  été  appelés  bonnets,  de  même 
que  nous  appelons  d'ordinaire  castors  les  chapeaux 
qui  sont  faits  du  poil  de  cet  animal.  (M.  de  Case- 
neuve.  Cité  par  Ménage.)  —  Hist.  «  Un  chapelet 
de  bonnet  en  sa  tête.  »  (G.  de  Loeris.)  Nom  de 
famille  fréquent. 

Bonnet-piqué  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de 
bonnet  ou  serre-tête  de  linge  que  les  femmes 
portaient  autrefois  sous  la  tavoyolle  et  qui  a 
même  survécu  assez  longtemps  à  cette  der- 
nière. 

N.  —  Le  bonnet  piqué  enveloppait  et  cachait 
complètement  les  cheveux,  que  les  femmes,  autre- 
fois, auraient  considéré  comme  une  honte  de  laisser 
voir,  même  sur  le  front. 

Bonotte  (Bg.),  s.  f.  —  Bonne  femme. 

Bon-sang  (Mj.,  Fu.)., Interj.  Juron  atténué; 
s.  ent.  de  Dieu.  On  dit  qqf.  Bon-sang  de  la 
vie  !  —  ou  bon  sens  !  Indique  le  dépit.  ||  Ec. 
Id.  V.  Goué. 

Bonsoir  (Mj.),  adv.  et  interj.  —  Va  te  faire 
lanlaire  !  Ex.  :  Je  croyais  avoir  queuque 
chouse,  mais  bonsoir  !  ||  Bonsoir  de  la  vie  ! 
?>àcvé  bonsoir  !  Coquin  de  bonsoir  '  Loc.  mar- 
quant le  dépit,  employées  comme  jurons 
bénévoles,  à  cause  de  l'analogie  avec  Bon 
Dious  ! 

Bonté  (Sp.),  s.  f.  —  De  voutre  bonté,  de  sa 
bonté,  bénévolement,  gracieusement.  Ex.  : 
Voudériez-vous,  de  voutre  bonté,  me  douner 
queuques  feuilles  de  parsil?  Formule  de  civi- 
lité rustique  des  plus  employées. 

Boquet,  s.  m.  —  Pour  :  bousquet,  tortu, 
boiteux  (Segr.  Mén.). 

Borbassou\,  adj.  (Segr.).  —  Couvert  de 
Borbe.  (Mén.). 

Borbe,  s.  f.  (Segr.).  Syn.  de  Boue.  De  là  : 
bourboux  et  bourbassoux. 

Et.  —  Vx  fr.  borbe,  xrP  s.  —  Celtiq.  berw,  ou 
borv  (nom  gaulois  de  Bourbon  l'Archambault,  à 
cause  des  eaux  qui  y  bouillonnent).  La  bourbe  est 


i 


BORD  —  BORDERIE 


115 


donc,  étymologiquement,  une  boue  telle  qu'on  y 
fait  bouillir  l'eau  en  la  foulant.  (Litt.)  —  Borbe, 
borbeux,  borbier.  (L.  C.) 

Bord  (Mj.),  s.  m.  —  Galon  servant  à  bor- 
der un  habit.  ||  Fig.  Parti.  Se  mettre  du  bord 
de  qqn,  —  prendre  son  parti,  prendre  fait  et 
cause  pour  lui.  ||  Tiendre  son  bord,  —  se 
défendre,  au  propre  et  au  fig.  !|  Hors  de  bord 
(Lg.).  Absolument  ivre.  ||  Etre  sus  le  même 
bord,  —  être  dans  la  même  position  qu'aupa- 
ravant. Se  dit  d'un  malade  dont  l'état  ne 
s'améliore  pas,  d'un  ivrogne  qui  ne  dessoûle 
pas.  V.  Branle.  \\  A  bord  mouillant.  V.  Mouil- 
lant. 

Et.  —  De  l'aha.  bort,  bord  d'un  vaisseau  ;  il  y  a 
aussi  dans  le  celt.  bord,  planche,  table.  Le  bord  est 
donc  proprement  une  planche  ;  et  l'étymol.  permet 
de  saisir  l'enchaînement  des  significations.  1"  bord 
de  vaisseau  fait  en  planche  ;  puis,  par  métonymie, 
ce  qui  borde,  ce  qui  renferme,  ce  qui  limite,  ce  qui 
est  à  l'extrémité.  (Litt.) 

Bordage  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Syn.  de  Bor- 
der ie,  Valoir  le,  Biquerie,  Loqueterie.  \\  Bor- 
dage porte  à  cou  ou  à  coup.  A  Beaupréau,  il 
y  a  des  propriétés,  grandes  et  petites  borde- 
ries,  ou  bordages  à  cou,  à  cause  de  l'usage 
consacré  de  laisser  le  tenancier  sortant  de 
son  bordage,  emporter  à  son  cou  et  d'un  seul 
coup,  paille,  fumier,  etc.  (Mén.) 

Et.  —  Du  saxon  bord,  qui  signifie  :  maison.  — 
«  Borde,  poutre,  bûche,  brandon,  béquille  ;  hutte 
en  bois,  chaumière,  cabane  ;  petite  métairie  ;  bord, 
bordure,  côté.  »  (D"'  A.  Bos.)  —  C.  Port,  dans  son 
Dictionn.,  cite  près  de  cent  lieux-dits  où  entrent 
les  mots  :  bordage,  borde,  bordières,  borderies.  — 
Hist.  «  Il  en  achète  force  métairies,  force  granges, 
force  mas,  force  bordes  et  bordieus.  »  (R.,  P.,  prol. 
du  livre  IV.)  —  «  Décès  de  Michel  Ogereau.  «  qui 
avait  demeuré  longtemps  au  bordage  de  la  Gilletrie.  » 
(1663,  /.  a.,  S.,  E,  m,  369,  1,  bas.)  — «  Tenure  par 
bordage,  si  est  comme  aucune  borde  est  baillie  à 
aucun  pour  fere  les  vils  services  son  seignor  :  ne 
puet  l'omme  cel  fiement  ne  vendre,  ne  engagier,  ne 
donner,  et  de  c'en  n'est  pas  hommage  fet.  »  (D.  C. 
Bordagium,  v  Borda.)  —  «  Du  30  septembre  :  la 
ferme  de  l'Elinière,  le  bordage  de  la  Pichonnerie.  » 
[A.  h.,  III,  p.  521,  9.)  —  «  Ivo,  fils  de  Fromond,  fils 
|d'Hilger,  donne  à  Saint-Serge  «  decimam... 
icujusdam  bordagii  qui  Villena  vocatur.  »  (1080-90, 
circa.  /.  a.  S.  H.,  145,  2,  m.)  —  «  Il  a  reçu  de  l'abbé 
Waleran.  . .  son  bordage,  «  bordagium  terre  quod  in 
partibus  Crue  habetur.  »  (1100,  circa.  Id.,  ibid., 
|244,  1,  m.) 

I —  «  . .  .mais  sans  chandelle  ou  cierge 
«  Ung  jour  alloit  à  l'esbat  vers  sainct  Sierge, 

I  «  Où  il  trouva,  en  un  petit  bordage. 
«  Ung  beau  pouUain  qui  n'avoit  pas  fort  d'eage.  » 
Ch.  BouEDiGNÉ,  P.  Faifeu,  41. 

i     Bordager  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Syn.  de  Bor- 
dier. 

Hist.  —  «  Saint-Jean-Desmauvrets  est  une 
iParoisse  d'Anjou,  sise  sur  le  bord  de  la  rivière  de 
'Loire,  vers  midy,  de  laquelle  dépend  le  bourg  de  La 
,Daguenière,  et  outre  ledit  bourg  des  métairies  et 
f)ordages  sur  l'autre  bord  de  la  rivière,  vers  le  Sep- 
tentrion en  vallée.  »  (Coiist.  d'Anj.,  t.  II,  col.  262.) 
V.  Borderie. 

Bordâiller  (Mj.  et  Ch.),  v.  n.  —  Etre  appro- 


chant. Ex.  :  J'ai  pas  ieu  trente  pistoles,  mais 
ça  bordaille. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Border. 

Bordanser,  v.  a.  —  Secouer.  «  Ils  sont 
venus  bordanser  ma  porte.  Syn.  et  d.  de 
Berdanser. 

N.  —  «  Mettre  en  branle,  faire  osciller  ;  berdan- 
sière,  —  oire,  escarpolette.  (De  Montess.) 

Bordant  (Sp.),  adv.  —  Environ,  appro- 
chant, approximativement.  Ex.  :  Illy  en  a 
bordant  cinq  boisselées.  ||  (Mj.),  adj.  verb.  — 
Attenant  à,  contigu  à  —  de  Border. 

Borde  '  (Tlm.),  s.  f.  —  Arête  de  poisson. 
Syn.  de  Boise,  Balle.  \\  (Lg.)  Barbe  de  céréale. 

Borde '■',   s.    f.   —    Maison   champêtre.    V. 
Bordage. 
Hist.  : 

«  Ce  n'est  pas  tout  d'avoir  plaisante  forme, 
Bordes,  troupeaux,  riche  père  et  puissant. . .   » 
Marot.  (Guill.) 

Borde»  (Ti.,  Zig.  153),  s.  f.  —  Boue, 
Bourbe. 

Et.  —  Voir  au  mot  Borbe,  dont  il  est  la  corrup- 
tion. 

Bordée  (Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Noce,  débauche 
prolongée. 

Hist.  —  Il  Terme  de  marine  qui  fit  d'abord  allu- 
sion aux  conditions  dans  lesquelles  les  équipages 
des  navires  vont  à  terre  par  bordées,  —  puis,  noce, 
débauche.  «  Quant  au  troisième,  c'est  un  rempla- 
çant, il  est  pratique,  mais  vaillant,  et,  lorsqu'on  l'a 
mis  à  la  salle  de  police  pour  une  bordée,  on  l'en  fait 
sortir,  car  il  se  bat  si  bien.  »  (Billet  du  duc  d'Atj- 
MALE  à  M.  Odier,  1860,  Figaro  du  30  janvier  1876. 
—  Cité  par  L.  Larchey.) 

Bordelaise  (Mj.),  s.  f.  —  Barrique,  du  genre 
de  celles  qui  sont  surtout  employées  dans  le 
commerce  des  vins. 

N.  —  Les  Bordelaises  ont  plus  de  bouge  et  plus 
de  jable  que  les  barriques  du  pays  ;  comme  elles, 
elles  sont  plus  longues  et  moins  grosses  que  les 
barriques  nantaises,  ou  poinçons.  \\  Nom,  aussi,  de 
certaines  bouteilles.  Cf.  Champenoises.  —  Elles 
contiennent  de  0,60  à  0,65  centil. 

Border,  v.  a.  —  Border  à  plat,  c.-à-d. 
charger  un  bateau  de  sable  ras  bord. 

Borderie  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Petite  propriété 
rurale.  Cf.  Borde.  Syn.  de  Biquerie,  Bordage, 
Valoirie,  Loqueterie. 

Et.  —  C'était,  proprement,  la  métairie  annexée 
à  la  borde,  qui  était  la  maison  des  champs  du  pro- 
priétaire. Dans  qqs  coutumes,  ce  mot  désigne  une 
métairie  au  labourage  de  laquelle  deux  bœufs 
sufiisent.  (L.  C.)  —  «  Je,  Guillaume  des  Francs, 
escuyer,  cognois  et  confesse  et  advoue  à  tenir. . . 
une  borderie  qui  contient  en  soy  six  sexterées  de 
terre.  »  (1409.  —  D.  C.)  —  «  Ancelin  de  Montjean 
«  miles  de  Monte  Johannis  »,  donne  à  Saint-Mau- 
rille  de  Chalonnes  une  petite  borderie  outre  Loire, 
«  unam  borderiatam  parvam  ultra  Ligerim.  » 
(xr'  s.  —  Inv.  Arch.,  H,  i,  p.  131,  col.  1.)  — 
«  Diota,  uxor  Arguinnardi  »  se  donne  '<  in  soro- 
rem  »,  avec  tous  ses  biens  «  et  tertiam  partem  bor- 
deriœ  terrœ  de  Roseria.  «  (1200,  circa.  Id.,  H,  i, 
p.  181,  col.  2.)  —  «  Et  ainsi  bordage,  bordelage  ou 
borderie  se  disoit  anciennement,  quand  un  seigneur 


116 


BORDIER  —  BOSSICOT 


avoit  un  domaine  aux  champs,  et  il  le  donnait  à  un 
Laboureur  pour  luy  et  les  siens,  à  la  charge  d'en 
payer  tous  les  ans  certaine  prestation  et  redevance.  » 
(Coût,  de  Poitou,  i,  p.  465,  art.  178.) 

Bordier  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Cultiva- 
teur qui  exploite  une  petite  propriété  rurale, 
soit  comme' propriétaire,  soit  comme  fermier. 
Syn.  de  Borda ger. 

Hist.  —  «  Mariage  de  Jean  Cathelineau,  bordier, 
avec  Marie  Boussion,  de  Mêlay.  »  (1767,  /.  a.  S.  E., 
ni,  364,  2.  m.)  —  «  Mon  frère  a  reçu,  ce  jour,  des 
nouvelles  de  chés  luy  par  un  de  ses  bordiers  qui  est 
venu  icy.  »  (L.  B.,  70.  22.)  —  «  Boissinot,  mon 
oncle  maternel...,  était  jardinier  et  bordier  à  la 
Porte-Baron  même.  «  (Dexiau,  vi,  102,  en  note.) 
—  «  Cependant  que  les  vieux  bordiers,  accotés  sur 
leur  bâton  de  houx,  et  musses  du  soleil  sous  leurs 
chapeaux  à  larges  bords. . .  )i 

(Hist.  du  vx  tps,  251.) 

Bordière,  s.  f.  —  Bande  de  terre  qui  existe 
le  long  d'un  fossé.  Syn.  Pas-d-'-bœuf,  sabotée, 
semelle,  seule.  (MÉx.).  Riverain. 

Bordil,  s.  f.  —  Touffe  du  bonnet  de  coton 
(MÉN.)  Cf.  Péteille. 

Bordin,  Bordinier.  —  V.  Berdin  et  mots  de 
la  même  famille. 

Bordodo  (Sa.),  interj.  imitant  le  bruit  que 
fait  un  corps  lourd  en  tombant  dans  une 
excavation  profonde.  V.  Berdadaud. 

Bordu  (Lg.),  adj.  quai.  —  Barbu,  qui  a  de 
longues  barbes,  se  dit  de  certaines  céréales 
et  graminées,  de  certains  blés  ou  épeautres. 
Syn.  de  Barbichon.  Dér.  de  Borde  '. 

Bordure  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  La  Bordure,  — 
les  pays  riverains  de  la|Loire.  !|  «  Les  gars  de 
la  bordure  sont  réputés  pour  boire  beaucoup 
et  manger  plus  de  viande  aux  noces  que  ceux 
des  Mauges.  Le  boucher  qui  fait  la  noce  sait 
cela  et  agit  en  conséquence.  Fu. 

Bore  (Lg.),  part.  pas.  —  Qui  a  le  visage 
barbouillé  Syn.  de  Bardoulé,  Bouchard.  \\ 
Mj.,  lg.,  Lpos.).  Nom  de  famille. 

Borer  (Lg.),  v.  a.  —  Barbouiller  le  visage. 
Syn.  de  Bardouler. 

Borgne  (Mj.,  Ve.),  s.  m.  —  Une  des  quatre 
principales  cartes  du  jeu  d'aluette.  jl  Fu.  — 
Le  signe  du  borgne,  —  clignement  de  l'œil 
pour  avertir  son  partenaire  à  la  dérobée,  à  ce 
jeu.  !|  Mj.,  Lg.,  adj.  quai.  —  Se  dit  d'une 
jeune  plante,  surtout  des  haricots  nouvel- 
lement levés  dont  la  tigelle  est  atrophiée.  || 
By...  et  d'un  rameau  qui  ne  fleurira  pas 
(rosier).  V.  Pois  et  Bogations  au  F.   Lore,  m. 

Borillot  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Un  chien  basset. 

Bornille,  s.  f.  —  Boue  délayée.  On  dit  :  se 
borniller.  —  Syn.  de  Casse. 

N.  —  «  Boue  plus  ou  moins  délayée,  bornais,  à 
l'état  de  boue.  Le  bornais  est  une  terre  argileuse  et 
plastique  comme  la  matière  des  rayons  de  miel  (ce 
mot  signifie  aussi  :  ruche  d'abeilles),  le  plus  souvent 
jaune,  qqf.  d'un  gris  blanchâtre,  qui  se  trouve  en 
grandes  tenues  dans  l'O.  de  l'Indre.  Nom  de  loca 
hté  :  Les  Bornais.  «  (C*  Jaub.)  —  En  Anjou,  nous 


avons  Les  Bournais.  Pour  Bemille  ou  Brenille,  dér. 
du  fr.  Bren.  Cf.  Berner,  Emberner,  Déberner. 

Bosco,  s.  m.  —  Bossu.  Syn.  de  Bossé, 
Bombé. 

Bosse  (Sp.),  s.  f.  —  Futaie  au  milieu  d'un 
taillis.  Ex.  :  La  Bosse-noir^.  —  Employé 
métaphoriquement  ou  comme  un  dérivé  du 
fr.  Bois. 

Et.  —  Bos,  ancienne  forme  du  mot  bois,  d'où  est 
dérivé  le  nom  propre  Dubos.  (Ci«  Jaub.)  —  «  Bos, 
bois,  —  boscum,  buscum,  qui  viendrait  du  germ. 
Buise,  matériaux  de  construction,  bois,  de  bauen, 
construire.  »  (D^  A.  Bos.) 

il  Boutique  de  pêcheur  (Crz.).  Syn.  de 
Botte,  Bottereau,  Bossereau,  qui  n'en  est  que 
le  diminutif.  ||  (Mj.)  Rouler  sa  bosse,  errer; 
vivre  sans  souci,  boulotter  l'existence,  se  la 
couler  douce.  \[  Se  f . . .  eine  bosse  de,  —  se 
rassasier  de,  s'en  fourrer  jusque-là,  au  pr.  et 
au  fig.  Ex.  :  «  Je  me  se  f . . .  eine  bosse  de 
soupe  à  la  palourde  ;  —  a  s'est  f . . .  eine  bosse 
de  rire.  i|  Bosses  dhimeau.  Sorte  d' excrois- 
sances en  forme  de  vessies  ou  de  bourses, 
produites  sur  les  jeunes  branches  de  l'or- 
meau par  la  piqûre  de  certains  insectes  :  ces 
excroissances  renferment  un  liquide  visqueux 
qui  est  le  cambium  extravasé  de  l'arbre  sur 
lequel  nagent  les  petits  moucherons  qui  ont 
occasionné  cette  difformité,  j]  Rire  comme 
un  bossu  s'explique  par  un  des  sens  ci-dessus. 

Et.  —  B.  L.  Bocia,  bocium.  Bas-bret.,  bos, 
bosen,  tumeur  ;  kymri,  bôth.  (Litt.)  —  «  Rac.  celt. 
bac,  enfler,  être  gros,  d'où  bocsa,  dans  notre  mot 
bosse.  (Malv.) 

Bossé  (Mj.,  Lg.),  part.  pas.  —  Bossue.  || 
Bossu.  Ex.  :  J'ai  rencontré  eine  petite  vilaine 
bossée.  Syn.  :  de  Bombé.  |i  Fu.  Il  avait  bossé 
son  chapeau  (chapéou). 

Bosselle  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  d'engin  de 
pêche  en  osier  tout  à  fait  analogue  à  Van- 
creau.  n  Sorte  de  boîte  en  planches,  faisant 
corps  avec  un  bateau  et  qui  sert  de  vivier 
pour  le  poisson.  C'est  ce  que  les  pêcheurs  de 
la  Seine  et  de  la  Marne  appellent  Boutique. 
V.  Bottereau.  \\  Gros  cadenas  servant  à  atta- 
cher la  chaîne  d'un  Fûtreau.  \\  By.  —  Boés- 
selle. 

Et.  —  Dér.  de  la  même  rac.  que  le  fr.  Boîte,  angl. 
Box;  c'est  l'ital.  Bossolo.  —  l.  Bocel,  barillet; 
2.  bocel,  petite  boite  ;  3.  bocel,  flacon,  ont  été 
confondus.  Le  i*"'  vient  de  buticellu  ;  le  2«  de  bus- 
tellu  ;  le  3'=  de  bancale  (  ?).  D^  A.  Bos. 

Bosser  (Mj.),  v.  a.  —  Bosseler,  bossuer.  V. 
Cômer,  Cabliner.  \\  Lg.  —  Porter  sur  son  dos, 
une  pierre  de  taille,  une  pièce  de  charpente. 
Langue  des  maçons.  |j  Gn.  Zig.  187.  —  Bosser 
l'échiné,  —  faire  le  gros  dos.  Syn.  de  faire  la 
forte  épaule. 

Bossette,  s.  m.  —  Cabaret  de  bas  étage. 
On  y  boit,  on  y  chante.  (Méx.) 

Bossicot.,   s.    m.   —   Petit   bossu.    Bosco. 
Terme  injurieux  (Mén.). 


BOSSOIR  —  BOUBE 


117 


Bossoirs  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Seins  d'une 
femme.  Ex.  :  Aile  en  a  d'eine  paire  de  bos- 
soirs !  Syn.  de  Avant-train,  Avont-lait,  Nénés, 
Fistonneaux. 

Et.  —  Jeu  de  mot  sur  ce  terme  de  marine. 

Bossue  est  souvent  employé  à  tort  pour  : 
bosselé.  Un  vase  bossue  est  un  vase  (en  métal) 
qui  a  reçu  des  bosses  ;  un  vase  bosselé  est 
travaillé  en  bosse. 

Boston  (Mj.,  Ag.).  —  Chapeau  haut  de 
forme.  Syn.  de  Capsule,  Taf,  Tuyau  de  poêle. 

Boter,  V.  a.  —  Vx  mot  angevin.  Butter? 

Hist.  —  1742.  «  ...J'ay  aussi  fait  boter  les 
bonnes  blanches  et  les  treize  quartiers.  »  (Im\ 
Arch.,  II.  E.  S.,  p.  398,  2.) 

Botte  (Sa.,  Sp.),  s.  f.  —  Anneau  de  fer  qui 
fixe  la  faux  sur  le  faux-manche.  ||  (Mj.)  Au 
sens  propre  :  Avoir  du  foin  dans  ses  bottes,  — 
être  riche.  ||  Graisser  ses  bottes,  —  recevoir 
r Extrême-Onction.  ||  A  Corzé,  —  boutique 
de  pêcheur,  syn.  de  Bottereau,  qui  n'en  est 
que  le  diminutif.  ||  Lg.  Masse  de  neige  ou  de 
terre  qui  s'attache  aux  chaussures.  Syn.  de 
Bottée,  Galochée.  \\  Puisard  creusé  dans  le  tuf, 
pour  l'extraction,  à  Saint-Cyr-en-Bourg(MÉN.) 
Il  Lg.  Gaîne  qui  enveloppe  l'épi  des  céréales 
avant  l'épiage.  Ex.  :  L'épi  sort  de  la  botte. 
V.  Epéier,  Dégorger.  \\  Chl.  Gros  cadenas  qui 
servait  à  fermer  la  chaîne  d'amarrage  d'un 
futreau. 

N.  —  Mot  désuet.  On  emploie  aujourd'hui  son 
diminutif  Bottereau.  Je  le  retrouve  dans  l'inventaire 
de  Brodeau  de  1745.  (V.  Charlit):  «  Item,  les  deux 
tiers. . .  d'un  fûtreau  avec  sa  chesne  et  sa  botte...  » 
V.  Dagron. 

Et.  —  Probablement  doublet  du  franc.  Boîte- 
Gaél,  bât,  etc.  —  Tous  ces  mots  ont  la  signifie,  de 
outre,  vase  en  cuir,  botte  à  chausser,  tonneau,  par 
des  assimilations  faciles  à  concevoir.  (Litt.) 

Botteau,  s.  m.  —  Petite  botte  de  foin. 

Hist.  —   «  Il  gisait  dans  la  crèche 
Sur  un  botteau  de  foin.  » 
(G.  Bible  des  Noëls  angevins.)  MÉN. 
—   «  Graveur,  vous  deviez  avoir  soin 
De  mettre  dessus  cette  teste, 
Voyant  qu'elle  estoit  d'une  beste. 
Le  lien  d'un  botteau  de  foin.  » 

RÉGNIER.  (C"  Jaub.) 

Bottée  (Mj.),  s.  f.  —  Quantité  de  neige 
ou  de  boue  qui  s'attache  aux  chaussures,  aux 
fers  des  chevaux.  Syn.  de  Botte,  Galochée. 

Botteler  (Pell.)  v.  n.  —  Se  grumeler,  en 
parlant  du  lait.  Doubl.  de  Betteler,  et  synon. 
—  Il  By.  —  Souvent  prononcé  Boétteler. 

Botteleux  (Mj.),  s.  m.  —  Botteleur. 

Botter  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  v.  n.  —  S'enfoncer 
les  pieds  dans  la  boue,  prendre  à  ses  chaus- 
sures des  masses  adhérentes  de  boue,  de 
neige,  etc.  :  Ex  :  On  botte  par  ce  déjouc-là.  — 
Syn.  de  Patter,  Patiner,  s'  Engomber,  Gala- 
cher,  Gaillocher,  s'Engalocher.  \\  Mj.,  v.  a.  — 
Syn.  de  chausser,  convenir.  Ex  :  Ça  me 
botte.  —  Assimilation  facile  à  saisir.  ||  Lg.  — 
Se  dit  d'une  charrue  au  versoir  de  laquelle 


adhère  la  terre  trop  humide.  Ex.  :  Ma  charrue 
botte,  —  aile  est  bottée.  —  Syn.  de  Engouler. 

Bottereau  '  (Mj.),s.  m.  —  Boîte  en  planches 
percée  de  trous  nombreux,  que  les  pêcheurs 
mettent  flotter  dans  la  Loire  en  la  fixant  au 
moyen  d'une  chaîne  de  fer,  et  dans  laquelle 
ils  conservent  le  poisson  vivant.  Le  botte- 
reau diffère  de  la  bosselle  ou  de  la  côme  en 
ce  que  celles-ci  font  partie  d'un  bateau. 
Quant  à  la  bascule,  c'est  un  bateau  spécial 
servant  tout  entier  de  vivier  flottant.  Dér. 
de  Botte.  —Cf.  Bossereau.  !|  Ec.  —  Petite  botte. 
On  prononce  le  plus  souvent  Boéttereau.  —  Le 
bottereau  est  moins  grand  que  la  botte  et  n'a 
qu'une  porte  en  son  milieu.  La  botte,  plus 
grande,  a  une  porte  en  son  milieu  et  un  da- 
gron à  son  extrémité,  permettant  de  faire 
glisser  le  poisson  dans  le  troubleau. 

Hist.  —  «  Comme  icelui  Perrin,  qui  s'esbatoit 
parla  rivière,  eust  advisé  un  Boteron  ouquel  avoit 
du  poisson.  »  1464.  (D.  C.) 

Bottereau  ■'  (Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de 
beignet  fait  avec  une  pâte  levée  et  ferme, 
composée  de  farine  que  l'on  a  pétrie  avec  des 
jaunes  d'œufs  et  du  sucre.  —  Syn.  de  Mar- 
veille.  V.  Botteriâ,  F.  Lore,  xii.  ||  Fu.  Gâteau 
frit  dans  la  poêle. 

Hist.  —  «  Le  jour  de  la  Purification  ou  de  la 
Chandeleur,  et  au  temps  du  Carnaval,  il  était 
d'usage  dans  toutes  les  familles  de  virer  des  crêpes 
et  des  botraux  (sic).  —  Den.,  I,  p.  82. 

Bottereau  '  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  chaus- 
sure qui  monte  un  peu  au-dessus  de  la  che- 
ville. On  dit  aussi  :  Botton. 

Bottereau  ^  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Mottereau. 

Botteriâ.  —  V.  Bottereau  '.  Sorte  de  beignet. 
Forme  vieillie. 

Botton  (Mj.).  —  V.  Bottereau  ^ 

Boualler,  v.  a.  —  Faire  une  mauvaise 
besogne,  la  boussacrer  (Segr.  ).  Méît.  —  Cf. 
Bousiller  et  Bohaller.  —  Syn.  de  Gourganger. 

N.  —  «  Bouaille,  boue.  V.  Bornille  :  «  Tous  les 
marchez  doivent  être  pavez  au  moins  en  partie, 
pour  éviter  la  bouaille.  »  (C.a.therinot.  Traité  de 
l'architecture.  —  C"  Jaub.)  Y  a-t-il  du  rapport? 

Boubasse  (Sp.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'une 
terre  de  mauvaise  qualité,  qui  se  délite  et 
coule  à  la  gelée,  en  déchaussant  les  racines 
des  plantes.  ||  A  Mj.,  et  au  Lg.  on  dit  d'une 
telle  terre  qu'elle  brèche.  V.  Brécher.  — 
Pour    Bourbasse  ? 

N.  En  berrichon  Boulaise.  O^  Jaub.  Cf- 
Borbe,  Borbassoux.  Mais  vient  plutôt  du  sui- 
vant : 

Boube  (Lg.),  ad.  q.  —  De  consistance 
molle  et  élastique,  dont  la  pulpe,  creusée 
d'alvéoles  et  à  demi  desséchée,  a  la  texture 
de  la  mie  de  pain  ou  du  liège.  —  Syn.  de 
Miche,  Liégé.  Se  dit  des  plantes  racines.  || 
Champignon  boube,  amadouvier,  agaric  du 
chêne. 

Et.  —  Doublet  de  Bou^e  ;  voisin  de  Pouffl  et  du 
fr.  Bouffi. 


118 


BOUBILLON  -  BOUCHE 


Boubillon  (Mj.),  s.  m.  —  Celui  qui  bre- 
douille en  parlant.  —  Syn.  de  Baroillard, 
Bagoillard.  \\  Auv.  —  Syn.  de  Bobote.  —  Rac. 
Balbus,  bègue.  Cf.  Bobillon. 

Boubillonnard  (^Ij.),  s.  m.  —  Bredouilleur. 

Boubillonner  (Mj.),  v.  n.  —  Bredouiller.  || 
Auv.  —  Syn.  de  Boboter. 

Boubique.  —  Hermaphrodite.  Syn.  de 
Biret.  \\  Cidre  mélangé  de  pommé  et  de  poiré. 
Cf.  Poil  de  bique.  \\  Bouc-et-bique. 

Boublin  (Mj.),  s.  m.  —  Sac  formé  d'une 
sorte  de  toile  d'araignée  qui  renferme  une 
nichée  de  chenilles.  —  Syn.  de  Bourse-de- 
cheneilles.  \\  Sac  de  tulle  dont  les  apiculteurs 
s'enveloppent  pour  curer  les  ruches.  Cf. 
s' Embobeliner.  - 

Et.  —  V.  Poupée.  —  Même  rac.  que  le  fr.  Bobine. 

—  Hist.  i(  Romule  étoit  rataconneur  de  bobelins.  » 
(Rab.,  p.,  n,  30.)  —  Cf.  Jaub.  à  Poupelin,  et 
Bobes,  au  Supplément. 

Boubline  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Boublin.  ||  By. 
pour  Bobine.  On  dit  :  poupée  de  filasse,  d'où  : 
poupelier  (pron.  poupoéiier)  filassier.  — 
Souvent  Boubline,  pour  Bobline,  filasse 
apprêtée  sur  la  quenouille  ;  d'où  Emboubliner 
ou  Embobliner,  —  entourer  de  linges,  mal 
emmaillotter   un   quéniau   (Kénio   et   k'no). 

—  Au  figuré,  entortiller  qqn  par  ses  pa- 
roles,  etc. 


Pour   :   boule,    terme 


Bouboule,   s.   f. 

enfantin  (Mén.). 

Bouc  (Mj.),  s.  m.  Faire  le  bouc,  —  bouder, 
montrer  de  la  mauvaise  humeur.  ||  Sp.  Bar- 
biche disgracieuse.  |1  Lp.  —  Coin  de  bois 
pour  faire  éclater  les  blocs  d'ardoise.  ||  Fu. 
—  On  chante,  en  se  moquant  du  boudeur.: 

—  "  Bouc  !  bouc  !  bouc  !  veux-tu  des  choux  ? 

—  Nenni,  ma  mère,  oui  est  trop  tout  (tôt). 

—  Bouc  !  bouc  !  bouc  !  veux-tu  du  lard? 

—  Nenni,  ma  mère,  oui  est  trop  tard. 

Boucadent  (Mj.),  adv.  —  Pêle-mêle,  sens 
dessus  dessous,  en  désordre,  en  tas,  en  vrac. 
Ex.  :  Aile  a  jeté  toutes  ses  ganicelles  bou- 
cadent. —  Syn.  de  En  pagaie.  \\  De  boucadent 
(aller)  ne  pas  suivre  la  ligne  droite,  aller  en 
titubant.  ||  Le  vrai  sens  est  tomber  sur  les 
dents,  tomber  en  avant.  Se  dit  aussi  d'un 
vase  qui  tombe,  ou  est  placé  sur  son  ouver- 
ture. Cf.  Adenier.  —  Z.  115.  —  Bouche  à 
dents  ? 

N.  —  Adenter,  c'est  mettre  l'embouchure  d'un 
vaisseau  (vase)  en  bas,  et  le  cul  en  haut.  Lat.  : 
indentare,  mettre  à  dents.  Ex.  :  «  Si  lui  mist  sur 
son  ventre  trois  ou  quatre  petites  chandelles  de 
cire,  qu'elle  aluma  et  les  assist  sur  une  crouste  de 
pain  qui  estoit  sur  le  ventre  de  ladite  femme  et 
adenta  un  pot  de  terre  sur  les  chandelles  estant  sur 
le  ventre  d'icelle  malade,  qui  fut  fait  par  forme  de 
ventoise  (ventouse)  pour  aidier  à  relever  la  marris 
(matrice)  d'icelle  malade.  >'  (D.  G.)  —  Bouc,  ou 
Bouque,  dans  Boucadent  est  bien  la  corr.  du  mot  : 
bouche. 

Boiicase  (Mj.),  s.  m.  —  Bocage.  ||  Lg.  — 
Plus  spécialement  Le  Bocage  vendéen. 


Boucagin  (Lg.),  s.  m.  —  Habitant  du 
Bocage  vendéen.  X.  Je  crois  savoir  que  dans 
le  pays  même  on  les  désigne  sous  le  nom  de 
Boquins. 

Boucahu,  n.  pr.  —  Se  disait  pour  une 
jeune  fille  qui  allait  au  bal  et  qui  n'y  dansait 
pas  ;  elle  était  semblable  à  la  femme  Bou- 
cahu. N.  C'était  une  gardeuse  de  chaises  aux 
Cordeliers  pour  les  personnes  qui  voulaient 
assister  aux  sermons. 

«  Dansent  l'un  à  dia,  l'autre  à  hu. 
Et  personne  n'est  boucahu.  » 

Bal  de  Blois.  (Mén,  ) 
Boucal  (Mj.),  s.  m.  —  Bocal.  Syn.  et  d. 
de  Bocar. 

Boucan  (Mj.,  Lg.,  Sp.). —  Individu  bougon, 

revêche,  maussade.  ||  Au  sens  fr.  de  Va- 
carme. Syn.  Bousin,  Chahut,  Bacchanal, 
Chutrin,  Bahut,  Potin,  Babât,  Menère. 

Boucanier  (Mj.),  s.  m.  —  Docker,  débar- 
deur du  port  de  Nantes.  —  N.  Nos  mari- 
niers ont  sans  cesse  ce  nom  sur  les  lèvres. 

Boucaud  (Mj.,  Sal.),  ad.  quai.  —  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  :  lait  boucaud, 
lait  moucheron.  V.  Bougaud.  —  Premier 
lait  après  la  parturition  (SI.)  Mén.  —  || 
Autres  syn.  Ouillaud,  Bodé.  \\  Boucault 
(Lue).    Jeune   bœuf. 

Et.  —  Dérivé  de  bouc  ;  à  cause  de  l'odeur? 

Boucaut  (Mj.),  s.  m.  —  Humeur  maus- 
sade. Ex.  :  Queun  boucaut  qu'il  nous  fait  !  — 
Syn  de  Bouc,  Blou.  \\  Souillon.  Ex.  :  Te 
velà  emmanchée  comme  ein  vrai  boucaut. 
Syn.  de  Mâcaut,  Marganeau.  \\  Mettre  en 
boucaut  (v.  Boucaud)  :  Ces  bourgesses-là 
aile  ont  mis  mon  reparoir  en  boucaut.  — 
Dér.  de  bouc.  —  Peut-être  le  même  que  le 
précédent. 

Bouc-en-feu  (Sp.).  s.  m.  —  Chipie,  femme 
acariâtre.  —  S'explique  de  soi. 

Bouchâillon  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  boucher 
dont  le  train  d'affaires  est  peu  considérable- 
—  V.   Boucher. 

Et.  —  Primitivement  le  boucher  était  le  tueur  de 
boucs  (la  partie  pour  le  tout).  Le  provenç.  avait 
Brecaria,  de  berbix,  le  tueur  de  brebis.  (Litt.)  — 
Au  moyen  âge,  le  peuple  se  nourrissait  surtout  de 
viande  de  bouc. 

Bouchard,  e  (Sp.),  adj.  quai.  —  Qui  a 
la  figure  sale  ;  mal  débarbouillé.  «  T'es  bou- 
chard.  »  (Li.,  Br.).  —  Figure  noire,  mal- 
propre (Sar.).  —  Syn.  de  Bardoulé.  ||  Nom 
de  bœuf  ayant  le  mufle  noir. 

Bouciiarde  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  marteau 
à  têtes  carrées  et  plates,  mais  striées  de 
rainures  profondes,  dont  se  servent  les  tail- 
leurs de  granit.  —  Syn.  de  Picole.  Cf.  Pan- 
nard. 

Boucliarder  (Sar.).  —  Salir  le  visage. 

Bouche.  —  «  Outre  le  droit  de  pêcher 
dans  son  étang,  pour  leur  nourriture,  il  a 
aussi  donné  aux  moines  la  dîm*^  de  toutes  les 


BOUCHE-FOUR   -    BOUDINIER 


119 


anguilles  qu'on  y  prendra,  plus  une  bouche, 
la  meilleure  qu'ils  pourront  trouver  pour 
prendre  eux-mêmes  des  anguilles.  »  (1062). 
—  Copie  faite  sur  un  texte  latin,  traduit.  P. 
Marchegay,  p.  23.  —  C'est  donc  un  engin 
de  pêche.  Vx  mot  angevin.  Cf.  Bosselle. 

Bouche-foiir  (Mj.),  s.  m.  —  Lame  de  tôle 
en  forme  de  demi-cercle  et  munie  d'un 
manche  ou  d'une  poignée  qui  sert  à  fermer 
un  four.  —  Bouchoir.  Syn.  de  Etoupas. 
Il  Fu.  —  Se  dit  :  Quertouère  (pour  cour- 
toire).  Il  By.  —  On  dit  :  l'étoupâs.  Avec  le 
rouable  on  attire  la  braise  ;  avec  la  nippe  on 
nettit  le  four. 

Boucher  (Mj.),  v.  a.  —  ||  En  boucher  un 
coin,  réduire  à  quia,  déconfire.  Argot,  et 
récent.  ||  Lg.  —  Absolument  :  Faire  les 
haies  autour  des  champs.  —  Syn.  de  For- 
mer. 

Bouclierée  (Sa.,  Lue,  Bl.,  Mj.),  s.  f.  — 
Bouchée.  ||  Fu.  —  Bouchée. 

Bouchis  (Sar.),  s.  m.  —  Branches  mortes 
dont  on  se  sert  pour  boucher  un  trou  de  haie. 
Il  Li.  —  C'est  la  calvou Mette. 

Et.  —  Boucher  un  pré,  une  terre,  l'entourer 
d'épines,  de  branches  de  boisson  pour  en  défendre 
l'entrée  aux  bestiaux,  —  bouchure,  haie,  —  bou- 
cheton,  l'ouvrier  qui  bouche,  —  bouchon,  petit 
fagot  d'épines  pour  fermer  les  entrées  d'une  bou- 
chure. —  Semble  venir  d'un  mot  tel  que  bosc:  bois 
(C'«  Jaub.)  —  Vx  fr.  bousche,  faisceau  de  bran- 
chages. 

Bouchon  (Mj.),  s.  m.  —  Flocon  d'écume 
ou  de  neige.  L'apparition  de  bouchons  d'écume 
à  la  surface  de  la  Loire  annonce  les  crues  et 
les  accompagne.  ||  Bouchon  de  foin,  —  une 
petite  quantité  de  foin,  une  bouchée.  Ex.  : 
Donne  donc  ein  bouchon  de  foin  à  la  vache.  |] 
Flocon  de  neige.  Syn.  de  Bourgeon.  \\  Fu.  — 
Touffe  de  gui,  branche  de  houx,  —  comme 
enseigne  d'auberge. 

Bouchoué.  (Li.),  s.  m.  —  Le  bouchoué.  du 
four,  la  porte  qui  le  ferme.  —  Bouchoir. 
Syn.  de  Bouche-four. 

Boucler.  —  Fermer,  clore.  —  Terme  de 
police.  Il  Lg.  v.  a.  —  Boucler  eine  vache. 
V.  Lacer. 

Hist.  —  «.  Si  de  mal  encontre  n'estoient  tous  les 
trous  fermez,  clous  et  boudez,  dit  Panurge.  »  Rab. 
P.,  IX,  3.  —  Et.  De  :  boucle.  Du  L.  buccula,  petite 
joue  :  le  sens  actuel  est  une  extension  du  sens  pri- 
mitif, ayant  pour  point  de  départ  l'idée  de  chose 
arrondie.  (Darm.)  —  Métaphoriquement,  terminer, 
conclure,  boucler  un  marché.  «  On  ne  boucle 
jamais  un  marché  dans  nos  foires  sans  se  taper  for- 
tement la  paume  de  la  main.  »  (Jaub.) 

Bouclet'  (bouclète  ou  bouquicte)  (Sp.), 
s.  m.  —  Trou  situé  à  la  partie  inférieure  et 
latérale  d'une  panne,  et  qui  sert  à  la  vider 
du  lessif  qu'elle  contient.  Syn.  de  Cas,  Bour- 
douneau. 

Boucleteau.  (Lg.),  s.  m.  —  Petite 
fibule  qui  sert  à  boucler  ou  lacer  (infibulcr) 
les  vaches  atteintes  de  6\n\le  de  matrice. 
C'est  un  simple  brin  de  fil  do  for  do  0'"  OG  à 


0™  10  de  long,  portant  trois  ou  cinq  boucles 
de  O"!  003  de  diamètre,  dans  lesquelles  on 
passe  des  broches. 

Bouclette,  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  boucle. 

Bouclettée  (Sp),  adj.  quai.  —  Se  dit  d'une 
panne  dont  le  bouclet  ou  cas  est  brisé. 
V.  Bouclet. 

Boucquer  (Sal.,  etc.),  v.  n.  —  Les  veaux 

boucquent,  donnent  des  coups  de  tête  (Li).  — 
Diguer,  à  Jumelles  ;  Doguer  (Li.).  —  «  Are- 
garde  donc  les  vaches  diguer.  »  ||  Faire  bou- 
der, rendre  jaloux.  «  Faire  boucquer  les  autres 
bourgeoyses.  »  (Balzac,  458.)  —  V.  Bou- 
quer. 

Boucquin,  s.  m.  —  Un  bouc  (Li.,  Br.).  — 
C'est  le  fr.  Bouquin. 

Boucture.  —  Mauvaise  p''ononc.  de  Bouil- 
leture. 

Boudard,  e  (Sp.,  Mj.),  adj.  quai.  —  Bou- 
deur. 

N.  —  On  chante  aux  enfants  boudeurs,  pour  les 
taquiner  : 

«  Accourez  donc  tortous  chez  nous, 

J'avons  la  véze  (bis)  ; 
Accourez  donc  tortous  chez  nous, 
J'avons   la   véze   et   pis   le   vézoux. 
Vzzzz  !  vzzzz  !  vzzzz  ! 
Ou  encore  : 

—  Boudi'  boudard,  veux-tu  du  lard? 
— ■  Nenni,  ma  mère,  car  il  est  trop  char, 

Vzzz  !. . . 

—  Boudi,  boudard.  veux-tu  du  lait? 

—  Nenni,    ma    mère,    car    il    est    trop    fret. 

Vzzz  !. . . 

—  Boudi,  boudard,  veux-tu  des  coups  de  bâton? 

—  Nenni,  ma  mère,  car  ils  sont  trop  longs. 

Vzzz  ! 
Et.  —  D'une  racine  bod,  tout  ce  qui  est  proémi- 
nent, comme  les  lèvres  ;  avancer  la  lèvre  inférieure. 

Boudé  (PI.),  ad.  q.  —  Rabougri,  mal  dé- 
veloppé, en  parlant  d'un  fruit.  Syn.  de 
Babousiné,  Harni,  Aregriché.  —  Dérivé  de 
Bouder. 

Boudeau  (Sar).  —  Le  ventre.  Syn.  de 
Baille,  Béserot. 

Et.  —  Même  rad.  que  boudard. 
Bouder  (Lue).  —  Flétrir,  dessécher. 

Et.  —  C'est  le  v.  fr.  pris  dans  un  sens  métapho- 
rique. 

Koudes,  Buiideaux.  —  «  Morceaux  de 
bois  tournés  qui  servent  à  boucher  les  bar- 
riques. (Bévue  de  l'Anjou,  1883.)  Il  faudrait: 
Bondes,  Bondeaux.  V.   Bondereau. 

Boudin  (Segr.),  s.  m.  —  Madrier  que  l'on 
plante  dans  un  mur  pour  servir  de  soutien 
aux  planches  d'échafaudage.  —  Boulin. 

Et.  —  Ce  mot  est  une  forme  intermédiaire  entre 
Boulin  et  Batin,  probablement  la  forme  originelle. 

Boudinier  '  (Segr.),  s.  m.  —  Le  même  que 
Boudin. 

Bou(/inler-  (bouguinier)  (Mj.).  s.  m.  — 
Sorte  de  petit  entonnoir  dont  on  se  sert  pour 
bourrer  K^s  tripes  et,  faire  les  boudins  et  les 


120 


BOUDIXOIR  -  BOUGANE 


saucisses.  Syn.  de  Boudinoir.  ||  Le  saucis- 
sier,  même  instrument,  plus  petit,  et  le  sau- 
cissonnier,  pour  faire  le  saucisson. 

Boudinoir  -(Mj.).  —  Syn.  de  Boudinier  . 

Boiidre.  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Forme  atté- 
nuative  de  Bougre,  dont  le  sens  grossier  est 
ignoré,  mais  que  l'on  regarde  comme  un 
blasphème  ;  ce  qui  ne  l'empêche  pas  ,  d'ail- 
leurs d'être  fort  usité.  ||  Fu.  —  Employé  sur- 
tout par  les  femmes  qui  ne  veulent  pas  dire 
Bougre.  Mais  on  dit  :  Bougre  d'âne,  Bougre 
d'idiot,  etc.,  —  en  prononçant  très  distinc- 
tement Bouguert  (e  nul). 

Boudrée.  Oiseau  de  proie  (My.).  —  V. 
Bondrée.  (Peut-être  ai-je  pris  un  n  pour  un 
u.  A  V.) 

Boiie-de-nieiile.  —  Z.  115.  Employée 
pour  remettre  une  épaule  luxée.  V.  F. 
Lore.   XIV. 

Et.  —  Cimolée,  Terre  de  Cimolus,  île  de  l'archi- 
pel. —  Boue  des  couteliers,  dépôt  qui  est  produit 
par  l'usure  des  meules  à  aiguiser  et  que  l'on  emploie 
qqf.  comme  résolutif  contre  les  brûlures. 

Bouêche  (Sp.),  adj  q.  —  Placé  tête-bêche. 

Et.  —  Voir  à  Béche.vet.  «  Bêche  est  l'altération  de 
Béchef,  ou  béchevet.  Au  xvF  s.,  on  employait 
béchevet  seul  ;  puis,  ne  reconnaissant  pas  la  îpré- 
sence  de  chef  dans  cette  expression,  on  y  a  intro- 
duit Tête  =  Tête-bêche.  »  (Darm.)  —  V.  Tête-et- 
bouêehe. 

Bouécbefarder  (Mj.).  —  (Q.  —  Z.  171.) 
Placer  partie  en  un  sens  contraire.  ||  Bêche- 
verdées  (Ec.)  ou  même  Bêjeverdées,  pro- 
noncez :  bôéch'vardées,  comme  bôerôette, 
brouette.  Pour  :  Bêche-verté,  ou  verti  ; 
tourné  tête-bêche.  ||  Placer  tête-bêche,  jj 
Emmêler.  —  Cf.    Bêchever. 

Et.  —  Formé  du  patois  Bouêche,  doubl.  pat.  du 
fr.  Bêche  qui  est  dans  tête-bêche,  de  même  qu'on 
retrouve  Bouêche  dans  Têtébouêche,  et  d'un  verbe 
Farder,  ayant  eu  le  sens  de  charger,  qui  est  la 
racine  des  noms  Fardeau,  Fardier,  et  que  le  fr. 
emploie  encore  dans  le  sens  de  s'affaisser  sous  son 
poids,  s'écrouler.  —  N.  Peut-être  conviendrait-il 
d'écrire  :  Boiche,  Boichefarder,  Tête  et  Boiche. 
R.  0.  —  En  tout  cas.  on  prononce  souvent  ainsi.  — 
Cf.  pat.  norm.  Biquevacher. 

Bouée  (Q.,  Z.  136.,  Mj.,  My.),  s.  f.  — 
Groupe,  foule,  réunion  nombreuse.  Ex.  : 
Ils  sont  là-bas  toute  eine  bouée  de  monde, 
à  se  brandeler  ;  va  donc  les  ou'ri  (r.).  i|  Sal. 
Tas,  amoncellement.  «  Egaillez-vous  donc, 
vous  êtes  tout  en  houée.  ||  Fu.  —  On  dit 
plutôt  Guérouée.  \\  A  donné  l'angl.  Bevy, 
même   sens. 

Et.  —  Ce  mot  est  probablement  pour  Mouée, 
comme  Bottereau  pour  Mottereau.  —  Pourrait 
venir  du  vx  fr.  Bout,  hotte  ;  d'où  Boutée,  ce  que 
peut  contenir  la  hotte,  bottée.  «  Et  doivent  appor- 
ter à  leur  coust  au  Mont  Saint-Martin,  une  boutée 
de  roisins  bons  et  meurs,  ou  tans  ke  on  vendenge.  » 
(1283,  D.  C.)  Bouée  serait  une  contract.  de  Boutée? 
—  Rac.  celt.  bot,  enfler,  être  gros  ;  bouée,  pour 
boudée,  proprement  ch.  ronde,  grosse.  (Malv.) 


f.     —      Pipe,    de 


Bouoiller,    V.    a.    —    Ouvrir,    Boeiller 
goule,  Z.  15,2.  —  C'est  Botjer,  mal  écrit. 


la 


Bouélinge  (Sal.).  —  V.  Boilinge. 

Bouer  (Lg.),  s.  m.  —  L'homme  qui  touche 
les  bœufs  à  la  charrue. 

Et.  —  Dér.  direct  du  fr.  Bœuf,  lat.  Bovem,  grec 
Bouc.  Doubl.  du  fr.  Bouvier  et  du  n.  propre 
Bouyer.  Cf.  Boyer,  Jaub.,  qui  cite  Rab.,  i,  25.  — 
Cf.  Boer 

Bouère(Bl.)s.  f.  Mare.  V.  Boire. 

Bouet,  s.  m.  —  Trou,  en  Anjou  et  dans  le 
Maine  (Ménage),  de  bucetum,  de  bucca.  || 
Trou  qui  laisse  passer  le  lessif  quand  on  fait 
la  buée.  Prononc.  Bouée.  Voir  Bouclet.  — 
D.  C.   Bova. 

Bouétoux  (Chol.).  —  Boiteux.  —  Mieux  : 
Boitoux. 

Et.  —  Wallon,  Boisti,  ce  qui  indique  l'étymol. 
Boiste  (boîte)  ;  boîte  s'employait  pour  :  articula- 
tion ;  déboîter,  faire  sortir  de  T'articulation  ;  boiter, 
avoir  mal  à  l'articulation. 

Bouette  (Bg.),  s.  f.  —  Lucarne.  (C.  Frayssc, 
p.   62.) 

—   «  J'ai  des  pommes  à  vendre. 
Des  rouges  et  des  blanches. 
J'en  ai  tant  dans  mon  grenier 
Qu'elles   en   sortent   par  les  bouettes,   etc. 

Bouézard,  Boizard  (Br.,  Zig.  149),  adj.  q. 

—  Ventru  ;  Syn.   et  d.   de  Bezard,  syn.   de 
Abezardé 

Bouffarde     (Mj.), 
Bouffer.  Lg.  id. 

Bouffe  (Mj.),  adj.  q,  —  Bouffi,  trop  gras, 
trop  replet,  gonflé  de  mauvaise  graisse.  Syn. 
de  Pouj. 

Et.  —  Onomatopée  imitant  le  bruit  d'un  coup, 
surtout  sur  la  joue  gonflée,  d'où  les  sens  de  coup  et 
de  vent,  que  l'on  retrouve  dans  soufflet  et  dans  les 
dérivés  de  buffe.  Cf.  Bouger,  souffler.  (D^  A.  Bos.) 
Bouffir,  gonfler,  bufer,  frapper. 

Bouffer  i  (Li.),  v.  a.  —  Souffler  la  chandelle. 
Syn.  et  d.  de  Buffer. 
Hist.  : 

«  Des  vents  impétueux  qui  se  bouffent  si  fort 
Qu'à  peine  l'univers  résiste  à  leur  effort.  » 

Ronsard. 

Bouffer  -  (Sp.,  :Mj.),  v.  a.  —  Manger  glou- 
tonnement. 

Et.  —  «  Le  langage  populaire  confond  bâfrer  et 
bouffer  :  «  il  bouffe  bien  »,  sans  doute  à  cause  de  la 
rondeur  des  joues,  quand  la  bouche  est  emplie.  » 
(LiTT.)  —  «  Buffare,  buccas  inflare.  »  (D.  C.)  — 
Hist.  <(  Pour  quoy  par  testament  ne  leur  ordonnoit- 
il  au  moins  quelques  bribes,  quelque  bouffaige, 
quelque  carreleure  de  ventre?  »  (Rab.,  P.,  m, 
23,  2G5.) 

Bouffie  (Lg.),  s.  f.  —  Élevure  à  la  peau. 
Syn.   de  Bouroille.  —  Ampoule,   phlyctène. 

—  Du  V.  Bouffir. 

Bouffiole  (Sar.).  —  Cloque,  ampoule,  bouf- 
fissure. La  morsure  des  moustiques  donne 
des  bouf fioles.  Z.  137.  —  Syn.  de  Bouffie. 

Bouffu  (Chol.),  adj.  q.  —  Bouffi.  Syn.  de 
Bouffe.  Cf.   Mouffu. 

Bougane  (Mj.),  s.  f.  —  Péronelle.  Ex.  :  Ceté 


BOUGAUD  -  BOUILLARD 


121 


grande    bougane-lk  !    Syn.    de    Bidaine.    Cf. 
Bobane. 

BoHgaiid  (Vv.),  adj.  quai.  —  Syn.  de 
Ouillaud,  Bodé,  Moucheron,  Mousseron.  C'est 
le  même  que  le  Mj.  Boucaud.  Jatjb.  Bégeau, 
Bégaud,  Bégat. 

Bouge  (Mj.),  s.  m.  —  Endroit  d'une 
rivière  où  l'eau  est  profonde  et  tourbillonne, 
à  l'extrémité  d'un  promontoire.  La  jnole,  au 
contraire,  se  trouve  dans  une  anse  de  la 
rivière.  H  Ec.  —  La  bouille  et  le  mollet. 

Et.  incertaine.  P.-ê.  du  celtiq.  bolg,  enfler.  D'où 
bouge,  partie  bombée  d'un  tonneau.  (Malv.)  — 
Hist.   «  La  rivière  estoit  si  grande  qu'elle  ne  pou- 
voit  demeurer  en  ses  bouges.  «  (André  de  la  Vigne, 
Voyage  de  Charles  VII.  —  L.  C.) 

Bougie,  s.  m.  —  Ex.  :  J'aimons  mieux 
faire  brûler  du  bougie  que  du  pétrole  (Mj., 
Tlm.).  —  Il  a  laissé  tomber  du  bougie  sus  sa 
culotte,  il  Bougie  des  voyages.  —  V.  Voyage. 

Hist.  —  «  Elle  (la  fabrique)  a  la  permission  de 
vc  idre  la  bougie  des  voyages,  qui  se  donne  ordi- 
nairement au  plus  offrant  et  dernier  enchéris- 
seur. »  (.-In/,  hist.,  6«  an.,  n»  6,  p.  612.  —  Paroisse 
de  Tilliers.) 

Bougrain  (Sa.,  Lue.,  By.),  s.  m.  —  Menus 
grains  dont  la  plupart  sont  enveloppés  de 
leur  chape  (v.  Enchapé),  ou  glunie  ;  déchets 
du  vannage  ou  du  guerlage.  Syn.  de  Qué- 
riances,  Venâilles,  Equériances,  Coché,  Hotton, 
Pous,  Ventin,  Gobier.  \\  By.  —  Le  bougrain 
d'avoine  est  de  la  balle. 


—  Grogner,   prononcer 
Il  Sal.  —  Id.,  récriminer. 


Bougrasser,  v.  n. 
des  Bougres  (Segr.). 
se  plaindre. 

Et.  —  «  Bougre,  des  Bulgares  qui,  au  moyen 
âge,  professaient  des  doctrines  religieuses  sem- 
blables à  celles  des  Albigeois.  »  (Litt.)  —  «  Bougre 
(Bulgare),  Ougre  (Hongrois),  Vandale,  sont  deve- 
nus autant  d'épithètes  injurieuses.  Mais  il  ne  faut 
pas  faire  remonter  la  dépravation  du  sens  aux 
invasions  barbares  ;  les  Ougres  et  les  Bougres  par- 
tageaient, au  moyen  âge,  les  erreurs  des  Albigeois 
et  leur  mauvais  renom  :  on  les  accusa  comme  eux 
de  vices  infâmes.  Aussi  n'est-il  employé  qu'au 
xiii"  s.  .'  Ha  !  maie  gent,  bougre  desloial,  dist  li 
papes.  »  (Chron.  de  Bains,  p.  12.'5.)  L.  C. 

Bougre,  s.  m.  —  Homme,  individu.  Peut 
être  pris  en  bonne  ou  en  mauvaise  part.  Un 
bon,  un  mauvais  bougre.  \\  Adj.  qual.«  Bougre 
de  mauvais  gars,  j'm'en  vas  t'champoyer  pus 
fort  que  ça  !  » 

Bougrement  (ï\Ij.),  adv.  —  Très,  fort,  sin- 
gulièrement, diablement,  étonnamment,  ter- 
riblement. «  C'est  bougrement  mauvais  !  » 
Syn  de  Foutrenient.  V.  Bougrasser. 

Bougresse  (By.,  Mj.,  etc.),  s.  f.  —  Fémin. 
de  Bougre  ;  n'est  pas  toujours  pris  en  mau- 
vaise part  .  «  Pauvre  bougresse,  elle  n'est  pas 
heureuse  !    » 

Hist.  —  «  Tiens,  bougresse,  dis-je  à  la  donzelle, 
voilà  des  assignats,  il  me  faut  de  l'or  en  échange,  et 
tu  vas  m'en  donner  à  l'instant.  »  (H.  Bourgeois, 
p.  86.) 

Bouguenite  (By.),  s.  f.  —  On  dit  :   de  la 


bouguenite  ou  des  bouguenites.  Le  chanvre 
teille  donne  des  chénevottes  ;  brayé,  il  donne 
des  greffes  (ghertes)  ;  râché,  il  donne  des 
bouguenites.  —  On  peut  voir  d'énormes  tas 
de  ghertes  et  de  bouguenites  dans  les  jardins 
de  M.  Louis  Leroy  (en  guise  de'fumier). 

Bouh  !  (Mj.),  interj.  —  V.  Buh  !  Onomat. 

Bouhier,  Bouyer  (Mj.).  —  Laboureur. 
Vieux  nom  de  famille.  —  V.  le  suivant. 

Et.  —  Boverius,  celui  qui  laboure  avec  des 
bœufs.  Bovaria  est  une  métairie.  (D.  C.)  —  Hist. 
«  Menassons  fort  et  ferme  les  bouiers,  bergiers  et 
mestaiers  de  Seuillé.  »  (Rab.,  G.,  i,  25.) 

—   «  Chasque  bouié  lèu  acoumenço 
D'enrega  sa  versano.  » 
(Chaque  laboureur,  bientôt,  commence  à  tracer  son 
sillon.)  Mireille,  274,  3.  —  Doublet  de  Bouer. 

Bouier    (Fu.),    s.    m.    —    Bouvier.    Jeune 
valet    qui    touche    les    bœufs,    n'étant    pas 
assez  fort  pour  tenir  la  queue  de  la  charrue. 
—  V.  Bouhier. 

Bouifre  (Sp.),  s.  m.  —  Goujat,  ouvrier 
qui  travaille  malproprement,  grossièrement, 
qui  gâche  l'ouvrage.  6'yn.  de  Boussicre, 
Pouacre,  Podagre,  Poqueton,  Saboureau.  || 
Nom  que  l'on  donne  par  dérision  aux  cor- 
donniers. Syn.  de  Gniaje.  Cf.  Choumacre.  \\ 
Fu.  —  Bouif,  Bouifre,  comme  Gniafe,  désigne 
l'ouvrier  cordonnier,  —  et  non  un  autre. 

Bouillaison  (Mj.),  s.  f.  —  Chaleur  de  la 
fièvre.  Etre  en  bouillaison  (Segr.),  c'est  avoir 
la  tête  ou  l'estomac  en  feu.  —  De  :  bouillir. 

Bouiliancée  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  lessive 
de  linge  que  l'on  met  bouillir  dans  un  chau- 
dron. Ex.  :  Je  vas  faire  nwQ  bouiliancée  de 
toute  ceté  défrure-là.  V.  Bouillancer.  Syn.  de 
Bouillure. 

Bouillancer  (Mj.),  v.  n.  —  Bouillir  long- 
temps. Ex.  :  J'ai  fait  bouillancer  ce  linge-là. 

Et.  —  C'estle  fr.  Bouillir,  aveclesufï.  augmentât, 
ancer.  V.  Pouillancer. 

Bouillard  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Réunion,  foule, 
groupe,  grande  quantité.  —  Velà  là-bas  tout 
ein  bouillard  de  monde.  —  LTn  bouillard  de 
bonnes  femmes,  de  vent,  de  poussière,  etc.  — 
Un  bouillard  de  vent,  c'est  une  rafale,  un 
coup  de  vent.  Syn.  de  Bohalée.  Se  dit  en  ce 
sens  au  Lg.  —  Amas  de  poussière  ou  de 
feuillages,  soit  en  tas,  soit  soulevés  par  le 
vent.  Un  bouillard  de  fumée.  —  Ex.  :  Ouais- 
tu  pas  tieu  bouillard  de  poussière  là-bas  ? 
(Ne  vois-tu  pas  ce...)  —  Tin,  là-bas,  on 
dirait  une  sourcière.  —  jj  Ec.  —  On  dit  :  L'n 
bouillard  de  canards,  —  une  bouillée  de 
joncs,  —  une  bouée  de  monde  (ils  sont  venus 
grand'bouée),  —  une  guerrouée  de  poulets 
(pour  grouée,  grouillée,  —  pron.  gherrouée). 
Il  ToufTo  ou  bouquet  d'arbres.  ||  Ensemble  : 
Ils  z'taint  quinze  qu'intraint  tout  d'un 
bouillard  (Pc).  ||  Bouillard  de  fret,  —  série 
de  jours  froids...  Il  pourrait  ben  venir  ein 
bouillard  de  fret.   Svn.  de  Branche. 


Bouillard  *(Mj.),  s.  m. 
Syn.  de  Ziard.  —  !|  Ec. 


—  Peuplier  noir. 

—  Syn.  de  Léard 


122 


BOUILLARD  -  BOULANGEON 


(léyard),  à  branches  cassantes,  impropres  à 
lier. 

Et.  —  (Je  cite,  malgré  la  contradiction.)  Peuplier 
noir,  sorte  de  peuplier  à  branches  flexibles,  propres 
à  faire  des  liens.  De  pouple,  peuplier  (lat.  populus), 
et  liard,  qui  peut  servir  à  lier.  (C"  Jaub.)  —  Le  mot 
léard  veut  aussi  dire  :  peuplier.  —  Boreau  cite  ce 
mot,  1210.  —  Bat.  Populus  nigra. 

Bouiilard  '  .  —  Gros  nuage  annonçant  la 
pluie  (Mén.). 

Et.  —  «  Longue  perche,  qui  a  pour  tête  un  petit 
bloc  de  bois  et  qui  sert  à  battre  l'eau  pour  là  pêche. 
Boule,  dans  le  vx  fr.,  signifie  bâton  terminé  par  un 
bloc,  qui  est  la  bouille  ;  de  bulla.  Comme  il  sert  à 
troubler  l'eau,  le  sens  de  nuage  aurait  pu  en  venir  ?  » 

(LlTT.) 

Bouillarder  (Sp..  Sa.),  v.  n.  —  Souffler  en 
rafales,  en  parlant  du  vent.  —  V.  Bouii- 
lard 1. 

Bouille  '  (Mj.),  V.  n.  Z^  pers.  sing.  ind.  prés. 
de  Bouillir. 

Hist.  —  «  Des  Républicains  fuir  devant  des 
Brigands  !  le  drapeau  de  la  liberté  se  baisser  devant 
l'étendard  de  la  Contre-Révolution  !Ah!  le  sang 
bouille  à  cette  idée.  »  (Choudieu  et  Richard,  cités 
par  Dexiat,  i.  .322.) 

Bouille  -  (Tis.,  Lg.),  s.  m.  —  Fermenta- 
tion alcoolique.  Ex.  :  Pour  le  bouille  et  la  lie 
d'eine  barrique  faut  pus  de  20  litres  d'avouil- 
lage. 

Bouille  ^  (Ec),  s.  f.  —  Ampoule  ;  bulle.  — 
Il  s'est  échaudé,  il  lui  est  venu  de  grosses 
bouilles.  —  Des  bouilles  aux  pieds  et  aux 
mains  s'appellent  des  poulettes.  —  On 
distingue  s' Ebouillanter  et  s' Echaubouillir. 

Bouillée  (Tlm.,  Lrm.,  Sar.,  Lue,  Bn.,  Lg.). 
—  Touffe  de  plantes  ou  d'arbres.  Syn.  du 
Mj.  Bouillerée.  ||  Réunion  de  tiges  d'une 
même  plante.  Z.  134.  ||  Une  touffe  d'herbe, 
d'oseille,  une  b.  de  choux.  ||  Cépée  (de  bois) 
et  groupe  (de  personnes).  On  dit  aussi  une 
b.  de  pigeons,  de  perdrix,  pour  :  un  vol 
(Lue.) 

Bouillerée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Touffe, 
cépée,  bouquet.  ||  La  bouillerée  à  Jeanneton 
ou  à  Jeanne  du  Quarteron  (Mj.),  —  l'as  de 
trèfle.  Il  Bouillerée  de  vinette,  —  touffe  de 
poils.  Cf.  Bourgeon. 

Et.  —  Cor.  de  Bouillée.  Dér.'de  Bouilles.  —  Au 
Fu.  on  dit  aussi  soupée,  pour  cépée  V.  Coupée. 

Bouilles  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  pluriel.  Grande  quantité.  Ex.  :  11  n'a 
pas  des  bouilles  d'argent. 

Bouillcture  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  sauce 
pour  le  poisson.  Manière  spéciale  de  le  pré- 
parer, assez  analogue  à  la  matelote.  —  De  : 
bouillir.  V.  Boucture 

Bouillie,,  s.  f.  —  Dans  la  locution  :  Souffler 
de  la  bouillie.  Se  dit  du  souffle  qui  s'échappe 
des  lèvres  dans  le  premier  sommeil.  Ce  n'est 
pas  le  ronflement.  —  A  Mi.,  on  dit  :  Buffer  les 
choux.  V.  Boulic. 

Bouillon  '    (Mj.,    Sal.),   s.    m.  —  Bouillon 


d'onze  heures,  —  breuvage  empoisonné. 
Ex.  :  Ils  illi  ont  fait  prendre  ein  bouillon 
d'onze  heures.  ||  Pluie,  averse.  Ex.  :  J'allons 
avoir  du  bouillon.  ||  B.  de  guernouille,  — 
l'eau  pure.  ||  Boire  le  b.  de  ses  fesses,  —  se 
noyer.  ||  Boire  un  b.  —  faire  une  grosse 
perte.  ||  B.  pointu,  clystère,  lavement. 
Il  Gober  le  b.  —  payer  les  frais. 

Bouillon  ^  s.  m.  —  Bardane  ou  glouteron, 
plante  commune  dans  les  endroits  incultes. 
Syn.  de  Poires  de  chiotte,  Poire  de  vallées.  N. 
Cette  plante  a  qq.  ressemblance  avec  la 
molène  ou  bouillon  blanc. 

Et.  —  «  Bouillon,  parce  qu'on  emploie  les  fleurs 
de  cette  plante  comme  pectorales  :  blanc,  parce  que 
les  feuilles,  grisâtres,  sont  revêtues  d'un  duvet 
blanc.  "  (Darm.)  —  «  Bouillon  blanc,  molène; 
Bouillon  noir,  bardane.  »  (De  M.) 

Bouillon-noir,  s.  m.  —  Bardane,  qui  porte 
également  les  noms  (de)  pierre  de  vallée, 
peigneroUe,  gratteau,  lappa  ;  a  des  crochets, 
des  écailles  sur  les  fruits.  (Mén.)  Bouillon- 
blanc.  —  Verbascum  thapsus  (Bat.).  —  B. 
noir  :  Lappa  minor  (Id). 

Bouillonner,  v.  n.  —  Se  mettre  dans  la 
boue,   se  salir.  (Mén.)  Cf.   s'Embouillonner. 

Bouillonnier,  s.  m.  —  Le  mot  fr.  est  : 
boueur.  C'est  l'homme  chargé  d'anlever 
chaque  matin  les  bourriers,  détritus  de  cui- 
sine, etc.,  déposés  devant  chaque  maison. 

Bouillote  (Lg.),  s.  f.  —  Ustensile  dont  les 
ménagères  se  servent  pour  voider  la  lessive 
automatiquement.  C'est  une  sorte  d'enton- 
noir renversé,  percé  tout  autour  de  trous 
nombreux  et  surmonté  d'un  haut  et  large 
tuyau  qu'élargit  à  son  ouverture  supérieure 
une  rondelle  de  fer  blanc.  L'appareil  est  posé 
au  fond  du  chaudron  et  entouré  de  linge  à 
lessiver.  C'est  la  vapeur  produite  qui  refoule 
l'eau  et  l'oblige  à  venir  se  déverser  constam- 
ment en  nappe  bouillante. 

Bouillotter  (Mj.),  v.  n.  —  Bouillir  douce- 
ment (Mj.).  —  N.  Les  Compagnies  de  Che- 
mins de  fer  ont  adopté  les  Bouillottes. 

Bouillure  (Tlm.),  s.  f.  —  Petite  lessive  par- 
tielle qui  se  fait  en  mettant  à  bouillir  du  linge 
sale  dans  un  chaudron  et  le  lavant  aussitôt. 
Syn.  de  Bouillancée. 

Bouingre  (Mj.),  interj.  —  Forme  atténua- 
tive  de  Bougre.  Se  dit  dans  :  Bigre  de 
bouingre  ! 


Bonis,  s.  m. 


Buis. 


Et.  —  MÉNAGE  constate  que  bonis  est  la  pro- 
nonciation de  la  cour,  et  buis  celle  de  la  province. 
Du  lat.  buxus. 

Hist.  —   «  Peigne  de  bouis,  la  mort  aux  pous  ; 
C'est  la  santé  de  la  teste  | 
Et  aux  enfants  faire  feste  ; 
Et  guérit  les  chats  de  la  toux. 

{Les  cris  de  Paris.  —  Gl'ILL.) 
—   «  Ne  défaut  au  bouis  que  la  bonne  senteur 
pour  être  du  tout  qualifié.    "  (Olivier  de  Serres, 
Théâtre  d'agriculture.) 

Boulangeon  (Mj.),  s.  m.  —  Bras  ;  petit  bras 


BOULANGER  -  BOULIR 


123 


potelé.  Terme  enfantin.  De  ce  que  les  bou- 
langers pétrissent  leur  pâte  les  bras  nus.  || 
Fu.  —  Boulanger. 

Boulanger  (Mj.),  v.  a.  —  Pétrir,  manier 
sans  précaution,  froisser.  ||  La  bonne  Viarge 
boulange.  Cette  expression  signifie  qu'il  tombe 
de  petites  averses  fréquentes  et  que  le  soleil 
donne  en  même  temps  que  tombe  la  pluie. 

Et.  —  Bulengarius,  dans  un  texte  du  xii"  s.  — 
De  boule,  forme  du  pain.  Le  soldat  appelle  boule 
de  son  le  pain  de  munition. 

Boulard,  e,  adj.qual.  — Boulot,  otte.  Du  fr. 
Boule. 


Boulaud,,   e   (Mj.),   adj.   quai, 
otte. 


Boulot, 


Boule'  (Fu.),  s.  m.  —  Bouleau.  —  Un 
balai  de  boule.  Les  balais  de  boule  servent  à 
bouser  l'aire  sur  laquelle  on  va  battre  le  blé. 
Après  la  batterie,  ils  servent  à  mettre  en  tas 
le  grain  et  la  balle.  ||  Tlm.  Id.  Je  vas  faire  un 
balai  avec  du  boule.  A  Sp.  on  dit  :  Boulé.  V. 
ce  mot  pour  l'étymologie. 

Boule  -  (Sp.,  Fu.),  s.  f.  —  Boule  d'eau. 
Maladie  redoutable  que  diagnostiquent  les 
rebouteui's.  jugeux  d'eau  et  autres  empi- 
riques généralement  quelconques,  chez  les 
personnes  dont  le  ventre  est  légèrement  enflé 
par  suite  d'hydropisie  ou  pour  toute  autre 
cause.  J'ai  connaissance  d'un  cas  où  une  gros- 
sesse ignorée,  traitée  comme  une  boule  d'eau 
par  un  de  ces  praticiens,  s'est  terminée  par 
un  avortement.  ||  Tête.  Ex.  :  Je  cré  ben  que 
tu  perds  la  boule,  —  la  tramontane.  !|  Syn. 
de  Boussole  (Mj.,  Lg.),  la  tête,  comme  siège 
de  la  volonté,  de  la  pensée,  de  la  raison. 
Ex.  :  Il  n'a  pas  ça  dans  la  boule,  —  il  ne  le 
veut  pas.  Syn.  de  Micâmeau,  Toupet,  Ter- 
montade,  CLboulot.  \\  Avoir  une  belle  boule  en 
main,  —  avoir  une  position  avantageuse, 
tous  les  atouts  dans  son  jeu.  Emprunté  du 
Jeu  de  boules,  sans  doute. 

Boulé  (Sp.),  s.  m.  —  Bouleau. 

Et.  —  Vx  fr.  Boul,  du  lat.  betullum,  pour  be- 
tulla,  mot  gaulois,  devenu  bedol,  beoul,  boul.  — 
Boulliau,  1516.  —  Hist.  «  Boul  est  un  arbre  dont  on 
fait  les  balais  pour  nettoyer  les  maisons  (xvi"). 
D.  C.  V  boulus.  —  «  Concessimus. . .  700  circules 
de  houl  ad  magna  dolia.  »  D.  C. 

Bouler  (Mj.,  Fu.,  Sal.),  v.  n.  —  Se  tordre, 
pouffer.  On  dit  :  Bouler  de  rire,  ou  Rii'e  à 
bouler.  —  N.  En  se  tordant,  le  corps  se 
ramasse  en  boule.  ||  V.  a.  Renverser  à  terre, 
terrasser.  ||  Lg.,  v.  n.  Ex.  :  Je  nous  amusions 
à  faire  bouler  des  pierres  du  haut  des  coteaux 
de  la  Sèvre.  —  Cf.  Sabouler.  ]|  V.  n.  Au  bil- 
lard, pousser  deux  billes  à  la  fois  d'un  seul 
coup  de  queue. 

Boules-de-ïcu  (Sp.),  s.  f.  —  Pivoine.  A 
cause  de  la  forme  quasi  sphérique  et  de  la 
couleur  rouge-vif  des  fleurs.  —  Cf.  Boules- 
de-neige. 

Boulet  (Lg.),  s.  m.  —  Grosse  bille  à  jouer, 
en  pierre  et  qqf.  en  fer  forgé.  Syn.  de  Biscaien. 


Boulette  (Mj.,)  s.  f.  —  La  boulette  du  genou, 
la  rotule.  Syn.  de  Molette.  \\  Chiendent  à  bou- 
lettes, folle  avoine.  Syn.  de  Pâtinoutre.  |i  Fig. 
Sottise,  bêtise,  gaffe,  bévue,  impair.  Ex.  : 
Il  a  fait  eine  fameuse  boulette.  N.  La  boulette 
est  moins  grave  que  la  brioche.  —  P.-ê.  par 
allusion  aux  boulettes  de  papier  que  les  éco- 
liers s'amusent  à  rouler  et  à  lancer  pendant 
que  le  professeur  leur  explique  en  conscience 
les  arcanes  des  règles  de  participes  !  ||  Lg. 
Excroissance  sphérique  et  de  couleur  jaune 
qui  se  produit  sur  les  branches  du  chêne. 
Syn.  de  Canette. 

Boulevue  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  adv.  A  la  boulevue,  au  jugé, 
presque  au  hasard.  Ex.  :  Je  l'ai  tiré  à  la  bou- 
levue. 

Et.  —  «  Deux  sens  se  présentent  :  sans  réflexion 
(aussitôt  la  boule  vue),  ou  avec  réflexion  (après  la 
boule  vue).  Allusion  à  un  jeu  de  boule  ?  »  (Litt.).  — 
Hist.  —  «  Attendes,  ou  que  votre  ennemi  se  lasse, 
ou  qu'il  vous  vienne  combattre,  et  ainsy  vous 
jourés  à  la  boulevue,  comme  on  dit.  »  (Montluc, 
cité  par  L.  C). 

Bouli  (Fu.,  Mj.),  s.  m.  —  Bouilli.  J'avons 
mangé  du  bouli  et  des  crêpes. 

Boulie  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Bouillie.  ||  Faire 
de  la  boulie  pour  les  chats,  —  faire  un  ouvrage 
inutile.  ||  Boulie  dorée,  —  bouillie  ou  mar- 
melade de  potiron.  —  Cf.  Culerée.  ||  On  dit 
d'un  gamin  qui  veut  faire  l'homme  :  «  C'a 
sèment  pas  le  nombril  sec  ;  à  illi  tordre  le  nez 
on  en  ferait  sortir  de  la  boulie  !  » 

Et.  —  V.  Bouli.  Hist.  —  «  Si  tu  veulz  en  faire 
boulie,  si  desmelle  ta  fleur  et  ton  lait  et  du  sel,  puis 
mets  boulir.  »  (Ménagier  de  Paris,  cité  par  Gtjill.  ). 

Bouline,  s.  f.  —  Boule.  Une  bouline  noire, 
une  pilule  de  goudron  (Li.,  Br.) 

Et.  —  Malvezin  prétend  que  Boule  ne  vient  pas 
du  lat.  bulla,  qui  a  donné  :  bulle  ;  mais  de  la  rac. 
celt.  bot,  enfler,  être  gros  ;  d'où  bodula,  botula,  bou- 
doule,  contract.  boule. 

Boulinenieni,  s.  m.  —  Action  de  se  rouler, 
de  se  renverser.  Z.  132. 

Bouliner  (Sp.),  v.  n.  —  Tomber  à  la  ren- 
verse, rouler  à  terre,  rouler  sur  soi-même. 
Syn.  do  Déribouler,  Bouler  les  pelotons.  \\  Se 
rouler,  se  traîner  dans  l'herbe  (Li.,  Br.)  i|  Ses 
bas  boulinent  (tombent,  se  roulent  en  boule) 
sur  ses  talons.  ||  Sal.  Aller  en  boulinant,  — 
lentement,  gravement.  Mj.  —  en  boulottant. 

Boulinier,  s.  m.  — Chêne  pour  échafaudage, 
(Pris  sur  une  Afllche  de  vente,  à  Angers). 

Boulir  (Mj.,  Li.),  v.  n.  —  Bouillir.  V.  Bouli. 
—  Faire  boulir  de  la  seille  (du  seigle,  pronon- 
ciat.  de  gl.). 

Et.  —  «  Le  laf.  Bullire,  aurait  dû  donner  réguliè- 
rement Boulir.  La  substitution  de  i  mouillé  à  i 
simple,  à  Tinfinitif,  est  due  à  rinllnence  des  formes 
des  autres  temps,  où  le  lat.  avait  un  i  en  hiatus, 
comme  buUio,  buUiam,  biiUienlem.  »  (Darm.).  — 
Variantes  :  Bouli,  boulé,  bouUu,  boulu.  —  Hist. 
«  Condamné  à  mort  et  à  être  bouli.  "  D.  G. 


124 


BOULIT'  —  BOUQUET' 


Boulit'  (Sp.),  s.  m.  —  Petite  fenêtre,  judas, 
petit  trou  quelconque  par  lequel  on  peut 
regarder.  —  Cf.  Bau.  ||  Fu.  et  Mj.  —  Inusité. 
Lucarne,  en  Poitou.  —  Boulite  !  Interj.  Cute  ! 
—  Faire  boulite,  —  faire  cute  ;  montrer  son 
nez  et  disparaître  pour  amuser  les  petits 
enfants.  Fu.  — 

N.  —  Mot  usité  dans  le  Poitou.  —  Ailleurs  (C 
Jatjb.,  Lapaire).  Bouinotte  ;  petite  ouverture  pra- 
tiquée dans  une  toiture,  un  mur,  un  panneau  de 
porte,  une  boîte,  une  tire-lire.  La  bouinotte  du 
grenier,  du  confessionnal,  du  scrutin.  «  Fourrer  le 
bulletin  dans  la  bouinotte.  »  (G.  Sakd.  Le  Diable 
aux  champs.  —  Jaub.). 

Bouliter  (Sp.,  My.),  v.  n.  —  Regarder  par 
un  petit  trou  —  le  trou  d'une  serrure.  — 
As-tu  boulite  ?  —  as-tu  vu  ? 

Boulivarseiiient  (Mj.),  s.  m.  —  Boulever- 
sement. Syn.  de  Chavirement,  Tervirement, 
Bousculement. 

Boiilivarser  (Mj.),  v.  a.  —  Bouleverser.  || 
Bousculer,  renverser.  Mettre  sens-dessus 
dessous.  Svn.  de  Chahuter. 


Boullir.  —  Bouillir  V.  Bouli.  Il  non  mouil- 
lés. 

Hist.    «  Et  par  Sergeans  huyt  ou  neuf  il  fut  prins. 

...  Quand  l'eurent  prins,  se  tindrent  environ 
De  tous  endroitz,  tirans  à  l'aviron 
Le  pouvre  corps,  comme  une  âme  dapmnée 
Qui  à  boullir  est  desjà  condampnée. 

Ch.  BouRDiGNÉ.  P.  Faifeu,  82. 

Boulot  (Sp.),  s.  m.  —  Boule  qu'on  joue  la 
première.  N.  On  dit  ailleurs  :  le  Petit,  le 
Maître.  !|  Fu.  Ce  qu'il  y  a  à  boulotter.  Faire 
un  bon  boulot.  —  Pvécent. 

Boulotter  (Mj.),  v.  a.  —  Manger.  |I  V.  n. 
Aller  en  boulottant,  —  aller  lentement,  à 
petits  pas,  comme  font  les  vieillards.  Cf.  Bou- 
liner.  ||  Boulotter  l'existence,  —  se  laisser 
'vivre,  vivre  en  roulant  doucement,  comme 
une  boule.  |i  Ça  boulotte,  —  ça  va  comme 
ci,  comme  ça,  ni  bien,  ni  mal. 

Boumé  (Vr.),  ou  Poumé,  part.  pas.  — 
Blotti.  Un  lapin  est  boumé  dans  une  haie.  — 
Se  boumer.  Cf.  Boumir. 

Boumer  (Mj.),  v.  n.  —  Tonner,  en  parlant 
du  canon,  d'un  pétard.  Onomat.  —  Cf.  Angl. 
to  boom,  to  bum,  bourdonner. 

Boumir  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  blottir,  se 
dissimuler.  Syn.  de  se  Motter.  Cf.  Boumé, 
Boumer. 

Boun,  boune  (Sp.,  Tlm.),  adj .  q.  —  Bon, 
bonne.  La  forme  mascul.  ne  s'emploie  que 
devant  une  voyelle  ou  un  h  muet.  Un  boun 
homme,  un  boun  estomac.  ^lais  on  dira  :  un 
bon  garçon.  Au  fém.  boune,  même  devant  une 
consonne  :  Une  boune  femme,  la  boune  \iarge. 
il  En  parlant  du  lieu  d'origine  ou  du  domicile 
de  personnes  dont  on  a  à  se  plaindre,  on  dira 
qu'il  n'en  vient  :  ni  bon  vent  ni  bounes  gens 
(C'e  Jaub.).  ||  Boun'  gent  !  Interj.  de  pitié,  de 
commisération.  Comme  :  Ah  !  mon  Dieu  ! 


Hist.    «  I  somm's  de  pauvres  gens 
Boun'  gent  ! 
Qui  ne  mangeons  point  de  rilles  ; 
Mangeons  que  des  zarengs 

Boun'  gent  ! 
Routis  dessus  la  grille.  " 
(J.  BuGEAUD.  Chants  popul.  de  l'Ouest,  il,  151. 
Cité  par  Favre.). 

Boune    femme    (Lg.),    s.    f.    —    V.    Bonne 

femme. 

Bouncndret»  (Cho.,  Tf.,  Lg.).  —  Syn.  de 
Belle-chouse,  Berchouse.  Beaucoup.  Ex.  :  Y 
a  boun-endret  de  poires  dans  ceté  boisiier-là. 
Mot  très  vieilli.  Pour  :  bon-endroit. 

Bounet  (Sp.,  Li.,  Br.),  s.  m.  —  Bonnet.  || 
Fig.  Avoir  le  bounet  qui  couvre  tout,  —  avoir 
un  mari.  C'est  la  traduction  libre  de  la 
maxime  juridique  :  Is  pater  est  quem  nuptise 
demonstrant.  On  dit  de  même  en  fr.  :  Le 
pavillon  couvre  la  marchandise.  ||  Sp. 
Bounet  rond,  —  coiffe  à  tuyaux  des  femmes. 
N.  c'est  le  contraire  au  Fu.  V.  Bonnet. 

Hist.  Après  avoir  pris  mon  bounet, 

M'être  mouché  pour  être  ben  net... 

Noëls  Angevins. 

Boune-vierge  (Lg.). ,  s.  —  Andouille.  Syn. 
de  Ange-de-Cheminée. 

N.  —  n  nous  faut  bien  recueillir  ce  mot  irres- 
pectueux, très  usité  chez  les  paysans  de  vieille 
souche,  et  des  plus  religieux,  et  pas  seulement  par 
qq.  meillaud  mal  embouché.  A  ce  sujet  on  conte 
l'histoire  qui  arriva  à  la  ferme  du  Petit-Goulet,  il  y 
a  qq.  40  ans.  Un  coureux,  à  qui  on  avait  donné 
asile,  profita  de  l'absence  de  la  fermière  pour  subti- 
liser l'ange  de  cheminée  et  lui  dit  en  partant  : 
«  Restez  dans  la  grâce  du  bon  Dieu,  moi  je  m'en 
vas  avec  la  boune  vierge.  »  Il  était  bien  loin  lors- 
qu'on s'aperçut  du  larcin.  —  Ce  comestible,  pendu 
dans  la  cheminée,  a  une  vague  ressemblance  avec 
une  statue  informe  et  mal  dégrossie. 

Bounhomme  (Lg.),  s.  m.  —  Bonhomme, 
vieillard.  Cf.  le  suivant. 

Bounhoume  (Sp.),  s.  m.  —  Bonhomme. 
Cf.  le  précédent. 

Bounot,  s.  m.  —  Un  vieux  bonhomme 
(Craon). 

Bouque,  s.  f.  —  Douce  amère  (Mén.).  Syn. 
de  Bois  de  rime. 

Bou<|ué.  V.  Bourine.  (Mén.). 

Bouqué-  ée(Li.,  Fu.,  Br.),  adj.  q.  Fâché. . . 
Es-tu  encore  bouquée  ?  —  Fais-tu  encore  le 
bouc?  \.  le  suivant. 

Bouquer  (Sp.,  Q.  Z.  136,  Sa.).  —  Frapper 
de  la  tête,  comme  un  bouc  ;  encorner,  donner 
des  coups  de  cornes.  ||  Mj.  Fig.  Bouder,  faire 
le  bouc.  Il  Sal.  Id.  ||  Fu.  se  bouquer,  seugner, 
V.  Boucquer. 

Bouquet'  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Toute  espèce 
de  plante  d'ornement,  sur  pied.  Ex.  :  Vous 
plantez  donc  des  bouquets.  N.  De  même,  dans 
le  Centre,  fleur  en  général.  Ce  pré  est  plein 
de  bouquets.  Semer,  planter  des  b.  (Jaub.)  En 
pleine  terre  ou  en  pot. 


BOUQUETEE  -  BOURDÉE 


125 


Bouquetter  (Mj.),  v.  a.  —  Offrir  un  bou- 
quet à,  —  un  étranger.  V.  Folk.-Lore.  II. 

Bouqucture.  —  Mauvaise  prononciation 
de  Bouilleture  (Lue,  etc.).  !|  Bouqueture  de 
lumas  :  se  fait  avec  des  pommes  de  terre  et 
une  sauce  à  l'ail  (Mz.).  V.  Boucture. 

Bouquin  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  Souillon.  Dans 
ce  cas  on  dit  souvent  :  Bouquin  .salé.  —  Indi- 
vidu sale,  malpropre,  mal  tenu.  —  C'est  le 
mot  fr.  dans  un  sens  spécial.  i|  Bouquin,  — 
Réprimande  (Mén.).  Je  soupçonne  Boucan. 
Il  Orchis  des  prés,  à  odeur  désagréable.  Syn. 
Bonhomme,  Moine  (Mén.). 

Bour.  —  Ce  préfixe  est  souvent  mis  pour 
Boude.  Ex.  :  Boursoufler  est  pour  Boude- 
soufler,  où  l'on  retrouve  dans  Boude,  le  radie, 
de  Boudin  (Sudre),  Cours  de  grammaire  his- 
torique de  la  Langue  française,  3"  partie, 
p.  47). 

Bourais  (Tlm.),  s.  m.  —  Habitant  du  bourg. 
On  dit  aussi  Bourgadin,  com.  à  Mj.  Le  mot 
Bourais  ne  s'emploie  jamais  seul.  On  dit  : 
Haut-èourats,  Bas-èowrais,  habitant  du  haut 
ou  du  bas-bourg. 

Bourasse.  Z.  142.  —  Broutilles,  épines, 
menu  bois. 

Bourasseau,  s.  m.  —  Petite  bourrée  de 
branches  d'arbres  (Mén.).  V.  Bourasse.  \\  Ec. 
Fagot  d'épines  ;  —  caractère  acariâtre  (par 
comparaison).  C'est  un  vrai  bourasseau 
d'épines. 

Bourassier,  s.  m.  Z.  149.  Un  tablier. 

N.  —  Il  faudrait  deux  r.  —  «  Lange,  maillot, 
couche,  morceau  de  drap  de  futaine  dont  on  enve- 
loppe un  tout  petit  enfant.  —  Chanvre  de  la  der- 
nière qualité.  Fil,  toile  de  bourrasse.  (C'«  Jaub.) 

Bourbe  (Tlm.  Z.  124),  adj.  quai.  —  Ne 
s'emploie  qu'adverbialement  dans  la  loc.  : 
Bourbe-  gras,  au  dernier  degré  de  l'embon- 
point. Ex.  :  Il  a  ein  bœuf  qu'est  bourbe  gras. 
Cf.  Pourri  mûr. 

Bourbeille  (Mj.),  s.  f.  —  Ampoule.  —  Syn. 
de  Gourgueille  et  de  Bouroille,  intermédiaire 
comme  forme  entre  ces  deux  mots  et  proba- 
blement doublet  de  l'un  et  de  l'autre.  De  la 
sorte,  ces  trois  mots  se  rattacheraient  à 
Orgueiller,  Orgueillir.  \\  Se  dit  aussi  de  cette 
pellicule  qui  se  forme  et  s'enfle  à  la  surface 
du  lait  qui  bout. 

Et.  —  A  rapprocher  du  bas-bret.  bourbe,  bour- 
bonem.  (Littr.).  —  V.  Borbe. 

Bourbite  (Lg.,  Br.),  s.  f.  —  Enfant  et  sur- 
tout gamine  malingre,  chétive.  Syn.  de  Chi- 
vrille.  Ex.  :  \'as-tu  finir,  méchante  bourbite, 
dira  une  bonne  à  une  petite  fllle  qui  l'agace. 
—  Donc  :  agaçante. 

Bourbiter  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  —  Agiter  un 
liquide  et  souffler  dedans,  comme  fait  un 
porc  dans  son  auge  —  ou  le  canard  dans  sa 
mare.  Le  petit  enfant  aime  à  bourbiter  et  à  se 
salir  dans  le  ruisseau.  ||  Fig.  Mj.,  Sal.  —  Par- 
ler entre  ses  dents,  murmurer,  marmotter. 


grommeler  ;  causer  rapidement,  peu  distincte- 
ment. En  ce  sens  on  dit  aussi  Gourmiter.  'j 
Agacer  qqn  en  tournant  autour  de  lui.  ||  Cho. 
S'amuser  à  des  riens.  —  Cf.  Barboter.  Bourbe. 

Et.  —  Douteuse.  —  Hist.  : 
c(  Un  droitz  marais  pour  bourbetter  les  canes.  » 
Eust.  Deschamps. 

Bourbitonner,  v.  a.  —  Bavarder,  en  ressas- 
sant, en  rabâchant  toujours  la  même  chose. 

Bourbon,  s.  m.  —  Joubarbe.  Vulg.  sem- 
pervivum  tectorum  (Mén.).  Syn.  de  Herbe  à 
la   tounerre. 

Bourcatin  (Lg.),  s.  m.  —  Habitant  du 
bourg,  par  opposit.  à  Villager.  Syn.  et  d.  de 
Bourgadin  et  Bourais. 

Bourdailler  (Mlh.),  v.  n.  —  Etre  approxi- 
mativement cela.  Ex.  :  Combien  pèse  votre 
cochon?  Six-vingts?  —  Oui,  ça  bourdaille. 

Et.  Pour  :  bordailler,  fréquent.  Actif  du  v.  border. 
V.  Bordant. 

Bourde  (Mj.),  s.  f.  —  Longue  perche,  armée 
à  son  extrémité  inférieure  d'un  fer  à  deux 
cornes,  dont  les  mariniers  se  servent  pour 
pousser  les  bateaux.  Il  ne  faut  pas  la  con- 
fondre avec  la  gafl'e  dont  une  des  cornes  est 
recourbée  en  crochet.  j|  By.  —  Bourde,  ou 
bâton  de  quartier,  gros  bâton  ferré-court,  à 
une  pointe  pour  bourner,  bournéyer,  contre- 
bouter.  —  Gaffe,  long  bâton  ferré  à  deux 
pointes,  l'une  droite,  l'autre  recourbée  pour 
repousser  et  accrocher,  employé  pour  pousser 
avant  (ou  de  l'avant,  pour  faire  avancer  le 
bateau)  dans  les  rivières  sablonneuses  ou  à 
fond  dur  et  propre  (dépourvu  d'herbes).  — 
Bâton  ferré,  à  deux  dents  pour  pousse*".  — 
Affitre  ferrée,  bâton  muni  d'une  longue  et 
grosse  pointe  en  fer  garnie  d'une  douille,  pour 
se  piquer  (fixer  le  bateau  de  pêche),  soit  en 
pleine  eau,  à  l'aide  d'une  petite  corde  munie 
d'un  terzillon,  soit  à  terre,  à  l'aide  de  la  com- 
mande.  —  Petite  affitre,  bâton  pointu  d'un 
bout,  servant  dans  les  end  "oits  vaseux,  pour 
appoyer  (maintenir)  le  bateau,  amarré  d'ail- 
leurs à  une  aflître  ferrée.  ||  Fig.  Sottise,  fausse 
manœuvre  dans  la  conduite  de  la  vie.  Cf. 
Boulette,  Brioche. 

N.  —  Le  fr.  donne  ce  sens  au  mot  :  gaffe,  et  il 
est  à  noter  qu'il  emploie  le  mot  :  bourde  (que  d'ail- 
leurs il  ignore  dans  son  sens  propre)  avec  une  signi- 
ficat.  figurée  différente  de  celle  que  nous  lui  attri- 
buons. Et.  —  Peu  certaine.  Dans  le  vx.  fr.  le  sens 
est  celui  de  bâton,  lance.  —  Hist.  «  Bourder,  jouter 
avec  le  bouhours,  bâton  :  «  Iceux  Jehan  et  Girart 
prinrent  chascun  d'eux  un  blanc  petit  tilleul  pelé, 
pour  en  behourder  l'un  à  l'autre,  et  en  eulx  ainsi 
esbatant  et  bouhourdant,  brisèrent  plusieurs 
tilleux  l'un  contre  l'autre.  (1375.  —  D.  C).  — 
Behourder  à  bien  pu  donner  :  bourder.  —  Puis,  de 
behort,  joûie  à  la  lance,  on  passe,  pour  le  sens,  à 
joute  de  paroles,  vanterie,  mensonge.  (L.  C). 

Bourdée  (Mj..  Lg.,  Lpos.,  Sal.,  Fu.).  —  Une 
moitié  de  la  journée.  Ex.  :  J'en  ai  pour  eine 
bonne  bourdée  à  faire  ça.  V.  Babinée.  [|  Z.  151. 
Bourder,  c'est  s'arrêter.  Les  laboureurs 
bourdent  deux  fois  par  jour  ;  une  bourdée  est 


426 


BOURDER  —  BOURGEOIS 


donc  l'espace  entre  deux  repos  (SI.)-  Il  A  Br. 
c'est  le  repas  d'une  après-midi.  ||  Sal.  Faire 
une  bourdée,  c'est  faire  une  pose,  un  arrêt.  || 
De  bourdée.  Loc.  adv. — «  T'iras  aux  champs 
de  bourdée,  dans  la  soirée,  de  4  à  5  heures.  » 
(Gho.). 

N.  —  Dans  le  Centre  :  Bordée  «  Temps  employé 
au  travail  dans  une  matinée  par  un  charretier  ou 
un  laboureur  avec  ses  bœufs.  «  Il  a  fini  sa  bordée.  » 
Une  bordée  est  d'environ  six  heures.  —  Renvoie  à 
Bourdée.  (Jaubert.  ) 

Bourder  (Mj.,  Lg.,  Lrm.,  Fu.,  Sal.),  v.  a.  — 
Arrêter.  En  parlant  d'un  taureau  :  Bourdez- 
le.  Une  vache  va  trop  fort  :  Bourde-\a.  \\  Em- 
pêcher (Z.  149,  1.50).  Cela  ne  me  bourdera  pas 
de,  —  ne  m'empêchera  pas  de.  ||  Garantir  de. 
Il  l'avait  bourde  du  garou,  —  débarrassé  de 
(Z.  146).  Il  Bourder  un  jars,  —  lui  mettre 
dans  le  nez  une  plume  pour  l'empêcher  de 
passer  dans  une  haie  ;  alors  les  oies  qui  le 
suivent  n'y  passent  pas  non  plus.  ||  «  Ils  ont 
tombé  dans  une  mollière  qui  les  a  ben  bourdes. 
Il  Avoir  la  vue  bourdée  par  un  obstacle,  bornée. 

—  Ti.,  Bourder  les  berlots,  —  boucher  les 
yeux.  V.  Ang.  de  Paris,  28  juillet  1907  :  Une 
vieille  histoire.  ||  V.  n.  —  Se  reposer,  tarder, 
s'attarder  ;  faire  halte.  Ex.  :  J'avons  bourde 
ein  bon  moument  au  Pélican  (place  d'Angers). 

—  A  n'a  pas  bourde  à  arriver,  j]  S'arrêter,  — 
aussi  bien  un  prédicateur  dans  son  sermon 
qu'un  ouvrier  dans  son  travail.  ||  Rester  sta- 
gnante, —  en  parlant  de  l'eau.  Ex.  :  L'eau  qui 
bourde  est  plus  à  craindre  que  l'eau  qui  court. 
Il  Etre  arrêté  par  une  ornière.  Dans  Jatjb. 
Bordir.  ||  Ti,  Z.  20.3.  —  Cesser  d'être  présent, 
bouger.  Ex.  :  Pendant  trois  jours  et  trois 
nuits  i  ne  bourda  point  de  l'église  et  jeûna 
serriment. 

Et.  —  Assez  difficile  à  expliquer.  .Je  propose  : 
User  de  la  bourde,  pour  arrêter  un  bateau,  avec 
extensions.  Cf.  Bouméier.  —  Hist.  «  M.  de  J.,  gen- 
tilhomme manceau.  nommé  depuis  peu  de  temps 
page  de  la  reine  Marie-Antoinette,  accompagnait 
la  voiture  de  S.  M.  Cette  princesse  le  chargea  de 
galoper  après  un  seigneur  qui  l'avait  saluée  en  la 
croisant  et  qui  s'éloignait  à  toute  bride.  A  son 
retour,  le  page  essoufflé  ne  put  dire  autre  chose 
que  :  «  Madame,  je  l'ai  Juppé  (appeler  à  haute  voix, 
hucher),  je  l'ai  voalé  (id.)  ;  il  n'a  jamais  voulu 
bourder.  »  —  «  Que  dit-il,  demandait  la  reine?  — 
Et  le  page  de  répéter  ;  ce  fut  tout  ce  qu'on  en 
obtint.  (De  Montesson.).  —  «  Depuis  quelque 
temps,  je  me  trouvais  complètement  arrêté  dans 
mes  travaux...  Pour  l'instant,  j'étais  «  bourde  », 
comme  disent  les  charretiers  du  pays,  lorsque  leur 
véhicule  est  embourbé  au  plus  profond  d'une 
ornière.  (C.  Leroux-Cesbron.  Autres  temps,  p.  110, 
1.  9.).  —  «  Maugréoit  Dieu  comme  un  chartier 
bourde.  »  Contes  d'Eutrapel.  (h.  C). 

Bourdin  (Sp.,  LL,  Q.),  s.  m.  —  Ane,  bour- 
rique. Il  Jeune  bœuf.  Q.  Z.  136.  1|  Etre  saoul 
comme  ein  bourdin.  ||  Sal.  —  Gros  et  court.  || 
Syn.  de  Ministre,  Bourricot.  V.  Folk-Lore, 
XIV.  Il  Fu.  —  Bourricot,  —  jeune  bœuf. 

Et.  —  Lat.  Burdonem,  mulet.  —  «  Bordon  = 
bourdon,  mulet  ;  bâton  de  pèlerin  qui  lui  sert  de 
mulet  pour  le  voyage.  Et.  *burdon(e),leproduitdu 
cheval  et  de  l'ânesse. 


Bourdineau  {Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Pivot  ou 
téton  qui  soutient  une  porte  et  tourne  dans 
une  crapaudine.  V.  Bourdonneau. 

Et.  —  «  Bourdonnier,  dér.  de  Bourdon,  à  cause 
de  la  partie  arrondie  qui  termine  le  bourdon  des 
pèlerins.  Dans  les  portes  qui  ne  sont  point  à  gonds 
ou  à  charnières,  partie  supérieure  du  chardonnet, 
pivot  arrondi  qui  s'engage  et  tourne  dans  la  bour- 
donnière  du  linteau.  »  (Darm.).  —  «  Bourdouniau, 
pièce  de  bois  formant  le  côté,  le  montant  d'une 
porte  et  tournant  sur  pivot,  comme  dans  une  porte 
de  grange.  V.  Crapaud. 

Bourdoiller  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Bredouiller. 
Ex.  :  On  n'entend  point  ce  qu'il  bourdoille. 
Syn.  et  p.-ê.  doubl.  de  Baroiller.  \\  Ec.  Boer- 
douiller,  ||  Ça  y-i  boerdouille  dans  le  ventre. 

Boardon  (Mj.),  s.  m.  —  Bâton  de  que- 
nouille. Il  Fu.  et  Mj.  —  Queue  d'animal,  — 
bœuf,  vache,  veau.  !|  Au  fig.  Lever  le  bourdon, 

—  lever  la  queue  droite  comme  fait  une 
vache  qui  mouche. 

Et.  —  V.  Bourdin.  —  Mais  le  savant  Eccard  fait 
venir  ce  mot  de  l'ail,  bœren,  porter,  soutenir,  d'où 
bort,  bordo,  burdo,  qui  s'applique  aussi  bienàl'âne 
qu'à  un  appui  qcque. 

Bourdonneau  (Sp.,  ]\Ij.),  s.  m.  —  Crapau- 
dine. —  Cf.  Bourdineau. 

Bourdonneau  (Lg.),  s.  m.  —  Ouverture  au 
bas  d'une  panne,  dans  laquelle  on  fixe 
Vanche  ou  quenelle,  et  par  laquelle  s'écoule  le 
lessi.  Syn.  de  Cas,  Bouclet. 

Et.  —  Malgré  la  différence  de  sens,  c'est  le  même 
que  le  Mj.  Bourdonneau  ou  le  Si  ^AxAs-XS Bourdineau. 
Le  Bourdonneau  d'une  panne  a,  en  effet,  la  forme 
d'un  gros  téton,  comme  le  pivot  d'une  porte  ;  ou 
bien  il  rappelle  les  culs  de  bouteilles  servant  de 
crapaudines. 

Bourdonner  (Lg.),  v.  n.  —  Bourdonner.  Ex. 
La  tonnerre  bourdoune  en  loin. 

Bourgadin  (Tlm.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Habi- 
tant d'un  bourg,  par  opposition  à  Paisan. 
Syn.  de  Bourcatin,  Bourais.  \\  Habitant  du 
quartier  du  Bourg,  à  Mj.,  par  opposit.  à  Biva- 
geois.  —  Les  gens  des  bourgs  ne  se  consi- 
dèrent nullement  comme  des  campagnards. 

Et.  Dér.  du  fr.  Bourgade.  —  Bourg,  L.  Burgus, 
se  rattache  à  l'aha.  Burg,  lieu  fortifié  ;  celt.  borg.  — 
V.  la  description  d'un  bourg  dans  G.  Saxd,  ]'alen- 
tine,  t.  1,  ch.  1. 

Bourgau  (Sal.),  s.  m.  —  Grosse  mouche 
d'un  noir  brillant,  au  dard  acéré.  V.  Burgot. 

Bourge,  esse  (Mj.),  s.  m.  et  f.  —  Forme 
atténuative  du  fr.  Bougre.  V.  Boudre. 

N.  —  Elle  est  très  usitée  par  les  femmes.  A  leurs 
yeux  cette  simple  métathèse  du  g  et  de  l'r  enlève 
au  mot  tout  caractère  de  juron  ;  car  telle  est  bien 
et  uniquement  la  signification  attribuée  par  elles 
au  vocable  fr.,  dont  le  sens  propre  —  ou  malpropre 

—  leur  est  inconnu.  Bourge  n'a  plus  que  le  sens 
plutôt  bénin  de  Diable,  enragé  coquin,  abominable 
canaille,  etc. 

Bourgène,  s.  f.  —  Pour  Bourdaine,  Voir 
Nerprun  (MÉx.).  —  Rhamnus  frangula  (Bat.) 

Bourgeois  (bourjouê))  (Mj.,  Lg.).  — 
Homme  de  la  classe  aisée.  ||  Maître  de  la  mai- 


BOURGEOISE  —  BOURNÉIER 


127 


son,  chef  de  la  famille.  Ex.  :  Le  bourgeois 
est-il  là?  J'arais  affaire  à  lui.  ||  Epoux,  mari. 
Ex.  :  Je  le  disais  ben  à  mon  bourgeois,  il  Fu. 
Id.,  et  le  Maître,  dans  certains  jeux  de  boule. 

Et.  Le  bourgeois  était  un  homme  du  bourg,  du 
lieu  clos  et  fortifié,  tandis  que  le  villain  était  l'ha- 
bitant de  la  ville  (villa)  maison  de  campagne,  lieu 
ouvert  et  non  fortifié.  (Litt. ). —  Bourg  et  franchise 
étaient  synon. 

Bourgeoise  (Mj.),  s.  f.  —  Maîtresse  de  mai- 
son. Il  Epouse,  femme.  Ex.  :  Ma  bourgeoise 
est  malade,  aile  a  fait  la  commère  illy  a  huit 
jours.  Syn.  de  Mariée,  Capitaine. 

Bourgeoiserie  (Mj.,  Tlm.),  s.  f.  —  Bour- 
geoisie, la  classe  riche.  Doubl.  du  franc.  —  Cf. 
Princeresse,  pour  l'insertion  de  l'r. 

Bourgeon  (Lg.),  s.  m.  —  Ballot  de  laine 
non  filée.  Langue  des  ouvriers  de  filature.  || 
Petit  amas  de  foin,  d'herbe,  etc.  Ex.  :  La 
sourcière  a  enlevé  des  bourgeons  de  foin  à  pus 
de  200  pieds  haut.  ||  Syn.  de  Bouchon.  \\ 
Flocon  de  neige. 

Bourgne,  s.  f.  —  Ouvrage  en  osier,  ber- 
ceau, nasse. 

Hist.  —  «  S'entendait  fort  aux  ouvrages  de  gos- 
serie,  faisant  lui-même  ses  charrues,  ses  clies, 
ployant  des  fourches,  clissant  paniers  et  melloirs, 
pallissonnant  grenotes  et  bourgnes.  »  {La  Tradit., 
p.  64.).  —  «  Un  superbe  bébé  pélebois...  placé  dans 
une  bourgne  qui  est  un  chef-d'œuvre  de  palisson- 
nage.  »  {Id.,  p.  71).  —  «  Certains  instruments  et 
engins  pour  pescher  poissons,  nommez  et  appeliez 
bourgnes,  ou  bourgnons.  xv«.  Cité  par  D.  C.  !i  Mot 
cité  comme  rapprochement  avec  son  doublet 
Burgne,  Beurgne.  —  Plutôt  poitevin. 

Bourgnier,  (Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Ruche. 
Syn.  de  Reuche,  Runche.  Dér.  de  Beurgne. 

Et.  —  «  Terme  de  pêche  :  sorte  de  nasse,  dite 
aussi  bourgnon,  que  Ton  place  à  l'extrémité  des 
parcs  ouverts.  Et.  Borgne,  les  épith.  de  borgne  et 
d'aveugle  étant  données  à  des  objets  qui  n'ont 
point  d'issue.  »  (Litt.).  —  «  Bornion,  bournion, 
essaim  d'abeilles.  (D^  A.  Bos.). 

Bourgnon  (Sp.),  s.  m.  —  Petite  beurgne. 
—  Cf.  Borgnon,  ruche  d'abeilles  (Jaub.). 

Bourgnot'  (Sp.),  s.  m.  —  Boîte  de  bois 
dans  laquelle  les  mères  placent  debout  leurs 
petits  enfants  emmaillottés,  pendant  qu'elles 
vaquent  à  leurs  occupations.  —  Dér.  de 
Beurgne.  A  dû  se  faire  jadis  en  osier.  V. 
Bourgne. 

Bourguigne,  s.  m.  (Segr.).  —  Broc  en  bois, 
servant  à  soulever  les  épines,  et  espèce  de 
pince  pour  saisir  la  bogue  de  la  châtaigne,  j 
Peut-être  de  Burguer.  Cf.  Berquîgnon. 

Bourguignon  (Mj.),  s.  m.  —  Chalaze.  Syn. 
de  Grain  d'orge,  Biroillon,  Hardillon,  Par- 
pillon. 

N.  —  Pourrait  bien  être  un  doublet  de  Bcrqué- 
gnon  et  Bourquégnon.  Il  y  a  de  la  ressemblance 
entre  le  compère  loriot  et  le  bout  d'une  branche 
qui  n'a  pas  été  coupée  au  ras  du  tronc.  (R.  O.)  — 
Ingénieux  !  A.  V.  —  Cf.  Berton,  Bourrickon.  — 
V.  Folk-Lore,  IIL 


Bourguignonner,  v.  n.  —  Aller  d'un 
endroit  dans  un  autre  avec  hésitation. 
(MÉx.). 

Bouri-boura.  Z.  136,  142.  —  Pêle-mêle, 
confusément.  (Q.).  —  Personne  en  l'air,  sans 
ordre.  (Craon). 

Boîii'n   (Sar.).  Bourrelier.  V.  Sabourin. 

Bourine  ou  Bougué.  —  Loge,  petite  mai- 
son de  terre  et  de  paille  (Méx.). 

Bouriner  autour  de  (Craon).  —  S'occuper 
à  des  petits  travaux  sans  grande  importance. 
il  Lg.,  V.  n.  —  Travailler  dur.  Doubl.  de 
Buriner.  V.  Bourriner. 

Et.  —  Bourriner,  dér.  de  :  bourrier,  pris  au  sens 
fig.,  s'occuper  à  des  riens.  —  Burra?,  lat.,  niaiseries. 
Cf.  Bousiner.  —  Hist.  «  Est-ce  que  tu  soufïres 
toujours?  —  Encore  un  si  peu. . .,  mais  l'ouvrage 
n'en  soufTre  point.  Je  bourrine  dans  les  bâtiments 
et  Sylvain  travaille  aux  champs  pour  deux. 
(G.  Saxd,  Claudie.  —  C'-  Jaub.) 

Bournage  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Bornage. 

Bourne  ',  s.  f.  —  Bel  extérieur,  apparence 
avantageuse.  —  V.  Montrée. 

Bourne  "'  (Mj.,  Fu.).  Borne.  ||  Qqf.  se  dit 
pour  un  madrier  arrondi  et  pointu,  retenu 
par  une  corde  dont  le  marinier  se  sert  pour 
conduire  un  bateau  sur  la  Loire.  {Union  de 
r  Ouest,  vendredi  29  décembre  1876.  Mén.). 
Inconnu  à  Mj.  —  Pour  Bourde?  Cependant  il 
y  a  Bournéier.  —  De  plus  la  Bourde  n'est  pas 
attachée  par  une  corde  ;  c'est  le  bâton  de 
quartier  qui  est  ainsi  retenu  à  ]Mj.  \.  Bourde, 

By. 

Et.  —  B.  L.  Bodina,  qui  a  donné  bodne,  puis 
borne.  Orig.  incert.  —  Hist.  «  Mais  là  ne  faut  faire 
but  et  bourne.  »  (Rab.,  P.,  iv,  23.)  —  AngL  Bourn. 
—  «  Et,  le  29  octobre  1668,  on  a  planté  des  bournes 
de  pierres  sur  l'eau  de  lad.  saullaie.  »  {Inv.  Arch., 
E,  n,  p.  222,  col.  2.)  —  «  Aussi  pour  avoir  mis  et 
assis  bournes  en  leur  fief  sans  authorité  de  leur  jus- 
tice. . .  pour  bourne  assise,  soixante  sols  tournois.  » 
{Coût,  d' Anjou,  art,  3,  p.  4.)  —  Pour  le  premier  sens 
de  Borne. 

Pluie.  Il  Bruinée? 

m.  —  Ensemble  des 
rançoires  d'un  bateau.  On  dit  :  Mettre  ein 
bournéiage  à  un  bateau.  Techniquement  :  les 
fargues.  ||  Ce  qui  sert  à  bournéier. 

Bournéier  (Mj.),  v.  n.  —  Terme  de  marine. 
Arrêter  brusquement  un  des  bouts  du  bateau 
pour  l'obliger  à  tourner  sur  place  d'un  cer- 
tain angle,  lorsqu'il  se  présente  transversale- 
ment au  courant.  La  manœuvre  s'exécute 
au  moyen  d'une  énorme  pièce  de  bois  cylin- 
di'ique,  ferrée  d'un  bout  et  appelée  :  bâton  de 
quartier,  dont  le  marinier  plante  dans  le 
sable  la  pointe  ferrée,  tandis  que  la  tête  en 
est  arc-boutée  dans  une  des  entailles  du  bor- 
dage  appelées  Bançoires.  Jaub.  Bomager. 

Et.  —  Dér.  de  Bourne  au  moyen  du  sufïixe  ver- 
bal inchoatif  et  itératif  éier.  —  N.  La  bourde  ne 
saurait  servir  à  bournéier,  au  sens  de  Mj. 

Il  Fig.  Se  dit  d'un  ivrogne  qui  va  d'un 
côté  sur  l'autre  (Sf.),  et  cela  rappelle  bien  les 


Bournée,  s.  f. 
Bournéiage   (Mj.),  s. 


128 


BOURNER  —  BOURRER 


bordées   que   tire  le   bateau.    i|   Sal.   —  Se 
heurter  contre  une  borne? 

Bourner  (Mj.),  v.  a.  —  Borner.  |i  Lrm.  — 
Faire  du  bruit  comme  un  coup  de  fusil,  un 
pétard  ;  résonner  violemment.  —  Onoma- 
topée. 

Bournier  (Lrm.),  d'abeilles  ou  ruche.  — 
V.  Bourgnier. 

Et.  —  Ruche  en  forme  de  bourgnon,  bourgne, 
panier. 

Bournifâille  (Mj.,  Fu.),  s.  f,  —  V.  Pourti- 
f  aille. 

Boiirnigeoter  (Tlm.),  v.  n.  —  Se  livrer  à 
des  occupations  futiles  ou  minutieuses.  Syn. 
de  Bourniger,  Nigeoter,  Nigeasser.  Dimin.  de 
Bourniger. 

Bourniger  (Mj.,  Fu.,  Sal.),  v.  a.  —  S'occu- 
per à  des  futilités,  faire  qq.  travail  minutieux 
et  inutile.  !|  By.  On  dit  :  bournicher,  et  pour- 
tant on  dit  plutôt  :  débourniger  (découvrir 
après  recherches).  —  Lrm.  Prononc.  Bour- 
gniger,  —  chercher,  fouiller  pour  peu  de  chose  ; 
avoir  l'air  de  s'occuper  de  choses  insigni- 
fiantes. 

Et.  —  C'est  un  composé  de  Ni^er,  formé  absolu- 
ment comme  le  fr.  Boursoufïler  l'est  avec  :  souffler. 
V.  Bour. 

Bournigerie  (Mj.),  s.  f.  —  Occupation  futile, 
travail  mnuitieux.  V.  Bourniger.  Syn.  de 
Nigeoterie,  Nigeasserie,  Nivasserie. 

Boiiroche,  s.  m.  —  Chou  bouroche.  Borago 
offîcinalis  (Méx.).  Prend  2  r.  (Bat.). 

Bouroille  (Mj.)  (bouro-ille),s  .  f.  —  Am- 
poule, élevure  à  la  peau,  pustule,  phlyctène. 
Cf.  Brosson.  Syn.  de  Bouffie.  V.  Bourbeille, 
Boursolure,  Bourselure.  ||  Fu.  Enflure  résul- 
tant d'une  piqûre  d'ortie  ou  d'insecte.  N'est 
pas  la  même  chose  que  Poulette,  ampoule.  || 
Lg.  —  Cloche  qui  se  forme  à  la  surface  de 
l'eau  quand  la  pluie  tombe  avec  force.  Syn. 
de  Bousine,  Boille.  V.  Gourgueille.  (Ché., 
Cho.,  etc.) 

Bouroiller  (Mj.,  Fu.,  v.  n.  —  Se  couvrir 
d'ampoules,  d'élevures,  en  parlant  de  la 
peau.  V.  Bouroille.  Syn.  Boursoler,  Bourseler. 

Bourquégnon  (Tlm.,),  s.  m.  —  V  Berqué- 
gnon. 

Bourracas  (Lg.).  V.  Bourrage.  —  Rappelle 
le  fr.  Bouracan,  que  Hatzf.  fait  venir  de 
l'arabe. 

Bourrage  (Lg.),  s.,  m.  —  Nom  collectif 
sous  lequel  on  désigne  les  menus  branchages, 
les  genêts,  le  chaume,  les  grètes,  etc.,  les 
mauvaises  herbes  qui  poussent  dans  les  blés. 
—  Syn.  de  Bourracas,  Bourrier. 

Bourrasser  (Tlm.,  Sp.),  v.  a.  —  Bousculer 
rudoyer,  malmener,  bourrer  de  coups.  Syn, 
de  Budanger,  Halbourrer,  Harbeugner.  —  Du 
fr.  Bourrer.  ||  Lg.  v.  a.  et  n.  —  Faire  un  tra- 
vail pénible.  Ex.  :  J'ai  bourrasse  ça  tote 
seule.  —  Syn.  de  Buriner,  Bourriquer, 
Ourser. 


Et.  —  Dér.  de  la  même  racine  que  ces  deux  pre- 
miers ;  littéralement  :  travailler  comme  un  bourin, 
une  bourrique. 

Bourrassier.  —  Tablier  en  grosse  toile, 
faite  d'étoupe  de  chanvre. 

Et.  —  Semble  venir  du  lat.  Burrus,  roux,  d'un 
brun  foncé.  Cf.  le  fr.  Bure.  —  Hist.  : 

...Quand    il    doit    porter    la    hôte, 
Ou  faire  aucun  labour  de  bras. 
Ait  ung  surpelis  de  bourras. 
Qui  sa  robe  honeste  luy  tiengne. 

D.  C,  Bouratium.) 

Bourre  i,  s.  m.  Beurre. 

Hist.  —  «  Je  lairai. . .  mon  bourre.  —  D'un  vx 
mot  burre.  (iV.  A.,  4,  4.)  Lat.  Butyrum  ;  u  pro- 
noncé ou? 

Bourre  -  (à  la).  —  (Ec.)  —  A  rebours, 
sans  ordre.  Il  fait  les  choses  tout  à  la  bourre, 
à   l'envers. 

Bourre  ^  Jeu.  \'.  F.  Lore,  VIL 

Bourreau  (Mj.),  adj.  q.  —  Brutal,  cruel. 
il  Fu.  —  Bourreau,  —  id.  Qui  aime  à  faire 
souffrir  bêtes  et  gens. 

Bourre  et  Balle  (Mj.).  —  Loc.  adv.  En  bloc. 
Tout  prendre,  bourre  et  balle,  le  bon  et  le 
mauvais  (Sf.).  —  Je  illi  ai  tout  vendu,  b.  et  b. 
Il  Bourre  et  bailler,  avec  les  immondices.  Il 
a  tout  avalé,  b.  et  ballier. 

Et.  • —  Bourre  :  ital.,  esp.,  prov.,  borra,  pour 
flocon  de  laine,  du  L.  burra,  sing.  inus,  de  burrœ, 
niaiseries,  fadaises.  Le  sing.  présente  le  sens  propre, 
le  pi.,  le  sens  métaphorique.  (Cf.  Floccus,  flocon  de 
laine  et  bagatelle.)  —  Bourras,  bouras,  étoffe  gros- 
sière ;  bourrer  ;  bourrée,  —  ade  ;  bourru  ;  bour- 
reau ;  bourrelet  ;  rebours  (revêche). 

Bourrée  (Mj.),  s.  f.  —  Repue,  franche- 
lippée,  ingestion  d'aliments  qui  produit 
l'extrême  satiété.  ||  Lg.  —  Paille  ou  foin  que 
l'on  met  dans  les  sabots.  ||  (Lg.,  Tlm.,  Fu.).  — 
Litière.  Ex.  :  Va  donc  faire  la  bourrée  aux 
bœufs.  Syn.  de  Letière,  Betière. 

Hist.  —  «  Vingt  sols  pour  un  cent  et  demy  de 
cotterets  et  un  demi-cent  de  bourrées  qui  furent 
arses  ledit  jour,  w  (Cité  par  Ev.) 

Exemples  de  Repue  :  «  Il  a  mangé  eine 
satrée  bourrée  de  lait  moucheron,  —  de 
soupe  à  la  palourde.  ||  Réprimande.  «  Si 
nous  les  attrapons,  ils  seront  bien  bourrés.  » 
(M^''  DE  Sévigné,  196.  )  —  Il  Coups  donnés 
ou  reçus.  Par  assimil.  à  la  bourre  que  l'on 
entasse  dans  une  chose  bourrée. 

Bourréier  (Sa.),  v.  n.  —  Faire  de  la  bourrée. 

Bourrelet  (Fu.),  s.  m.  —  Sorte  de  gaine, 
remplie  de  bourre,  —  se  fixe  aux  hanches 
pour  retenir  le  jupon  (avant  le  corset). 

Bourrer  (Mj.),  v.  a.  —  Au  propre  et  au 
fig.  —  Bâfrer,  manger  gloutonnement  :  —  Il 
en  bourre,  des  calots.  —  S'empifrer.  Syn. 
de  Bouffer.  On  dit  :  se  bourrer  le  fanal  ;  réfléchi, 
en  ce  sens.  —  et  dans  :  ||  Lg.  —  Se  bourrer 
sus,  —  s'élancer  tête  baissée  sur.  Ex.  :  Le 
bouvard  a  voulu  se  bourrer  sus  moi.  Tlm.  — 
Perdre  au  jeu  de  bourre,  être  bourre. 


BOURRI  —  BOURSE-A-JUDAS 


129 


Bourri  (Lue.)-  —  Ane. 
rique.  Cf.  Bourriquet,  - 
l'âne   mâle. 


-  Abrégé  de  Bour- 
cot.  —  Ce  serait 


Sens 


Bourri-boiirra  (Q.,  Zig.  136),  adv 
dessus  dessous.  Syn.  de  En  pagaie. 

Bourricboii  (Mj.),  s.  m.  —  Roitelet.  Syn- 
de   Rabertaud. 

Et.  —  Du  lat.  Burriis,  roux.  Cp  mot  serait  le  véri- 
table,  et   Berrichon  une  forme  corrompue. 

Il  Se  monter  le  bourrichon,  —  la  tête, 
s'emballer,  s'enthousiasmer.  On  assimilerait 
la  tête  à  une  bourriche  ;  «  les  faubouriens, 
dans  leur  argot,  prennent  les  imbéciles  pour 
des  huîtres  ».  (Delvau.) 

Bourricot  (Li.,  Br.,  etc.),  s.  m.  —  Bourri- 
quet. Syn.  de  Bourdin,  Ministre,  Bourri. 

EL  —  Du  fr.  Bourrique.  —  «  Buricus  fut  à  l'ori- 
gine un  petit  cheval  rouge  :  «  Mannus,  quem  vulgo 
buricum  vocant.  »  (Isid.  de  Séville.  —  L.  C.)  — 
«  Buricus  veut  dire  rougeâtre,  nom  spécial,  étendu, 
dans  la  latinité,  à  tous  les  petits  chevaux,  quelle  que 
fût  leur  couleur,  et  finalement  aux  ânes. 

Bourrier  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Fétu,  grain  de 
poussière  que  le  vent  emporte.  Ex.  :  J'ai  ein 
bourrier  dans  ein  z  yeux.  —  Syn.  de  Boise. 
Dér.  de  Bourre.  ||  Ne  pas  faire  de  bourriers  à 
qqn,  —  ne  pas  mettre  les  pieds  chez  lui.  —  Au 
plur.  Balayures.  ||  Mauvaises  herbes.  —  Syn. 
de  Bourrage,  Bourracas.  —  Ex.  :  C'est  ein 
vilain  bourrier  que  le  chiendent.  —  Serrer  le 
bourrier  dans  un  champ  (Lue,  Ec.)||  Résidus 
du  foyer.  ||  Terme  usité  aux  ardoisières.  {Petit 
Courrier  du  18  juin  1904).  ||  Ec.  Des  bourriers, 
en  particulier  tous  les  débris  laissés  par  les 
eaux  sur  les  rivages.  ||  Sal.  Faire  du  bourrier, 

—  soulever  beaucoup  de  poussière,  par  suite  : 
mener  grand  train.  —  Ramasse-6owr/-iers,  — 
sorte  de  pelle  à  enlever  le  bourrier.  Au  Fu.  on 
dit  Cure-bourrier.  A  Mj.  id.  et  Serre-bourrier. 

Et.  —  De  :  bourre.  —  Hist.  «  Ce  mot  se  dit  en 
Touraine,  en  Anjou,  en  Bretagne,  etc.,  pour  toutes 
sortes  d'ordures  des  maisons  et  pour  les  mauvaises 
herbes,  ronces,  orties  et  autres  qui  croissent  dans  les 
champs.  C'est  ce  qui  vole  en  l'air  quand  on  vanne 
le  blé,  suivant  Méxace,  et  c'est  dans  ce  sens  que 
RÉGNIER  l'emploie  quand  il  dit  à  Dieu  : 
. .  .Cependant,  tu  vas  dardant 
Dessus  moy  ton  courroux  ardent. 
Qui  ne  suis  qu'un  bourrier  qui  vole. 

(Vers  spirituels,  p.  195.)  —  L.  C. 

—  «  Dérivé  du  vx  mot  :  pourrière,  qui  voulait  dire  : 
poussière.  (D.  C,  pulvis.)  «  —  Et  avait  des  bour- 
riers de  chassie  es  yeux.  »  (B.  de  l'Anjou,  1880, 175.) 

—  «  Le  dict  devra  enlever  les  eaux  beurriers.  » 
147 'i.  Cité  par  Ménière.  (Peut-être  faudrait-il  une 
virgule  après  :  les  eaux.) 

Bourrin,  s.  m.  —  Ane,  bourrique.  S'em- 
ploie dans  la  loc.  :  Avoir  le  ventre  comme  ein 
bourrin,  —  gonflé,  tendu  ou  gros.  Syn.  de 
Bourdin,  Bourricot.  Lg.  Haridelle,  maigre 
bête  d'espèce  quelconque.  Syn.  de  Bourro- 
I  chon,  Harou. 

Et.  —  Le  Bourri  a  souvent  un  gros  ventre.  Peut- 
être  aussi  est-ce  une  allusion  au  poil  bourru  de  cet 
animal. 

Bourriner  (Lrm.),  v.  n.  —  Travailler  dur. 


Syn.  et  doubl.  de  Buriner  ;  syn.  de  Bourrasser, 
Ourser,  etc.  —  Dér.  de  Bourrin,  —  mais  non 
du  fr.  Burin,  que  nos  paysans  ne  connaissent 
pas. 

Bourrique,  s.  f.  —  Personne  paresseuse, 
ignorante  ou  entêtée.  ||  (Sp.,  Mj.).  Sorte  de 
jeu  de  cartes.  ||  Sp.,  celui  qui  perd  à  ce  jeu.  || 
Sa.  —  Trouver  la  bourrique,  —  être  en  retard 
pour  moissonner.  Il  paraît  qu'autrefois  il 
était  d'usage  de  poster  une  bourrique  au  bout 
du  champ  de  celui  qui  se  mettait  dans  ce 
mauvais  cas. 

Bourriquer  (Mj.),  v.  n.  —  Travailler  péni- 
blement. Syn.  de  Bourriner,  Bourrasser,  Our- 
ser. Il  Perdre  ou  faire  perdre  au  jeu  de  la 
bourrique.  \\  (Mj.),  v.  n.  —  Devenir  à  moitié 
idiot,  à  demi  fou,  tourner  en  bourrique.  — 
«  T'es  toujours  ben  bourrique  !  » 

Bourroche  i  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  Petit 
panier  rond  à  un  seul  couvercle.  ||  Sp.  Fig. 
lUy  en  a  encore  ieun  dans  la  bourroche,  — 
telle  femme  est  grosse  encore  une  fois.  ||  Nasse 
Syn.  de  Nanse.  Lg.  Nasse  à  deux  ouvertures. 
N.  La  bourroche  se  fait  en  fd  de  fer.  Syn.  de 
Loup.  Cf.  Nanse,  Chartreau. 

Et.  —  Douteuse.  Mais  les  exemples  abondent  : 
S'écrivait  :  berroiche,  bourrache,  burache,  boue- 
resche,  bouresche,  borroche  :  «  item  li  courgnon 
des  clices,  que  l'en  dit  Bourroiche,  ne  corra  point 
en  nulles  saisons.  »  (1327.)  —  «  Une  borroche  de 
jonc^  pleine  de  poupées  de  lin,  et  du  lin  fdé  (1415). 
—  «  Le  suppliant  print  une  plaine  borroche  de 
prunes,  laquelle  il  getta  à  l'encontre  de  son  frère.  » 
(1459.)  D.  C.  —  «  BouroUe.  Grand  vase  en  osier 
tressé  qui  sert  à  conserver  des  grains  ou  des  fruits 
secs,  —  engin  de  pêche.  »  (Favre.) 

Bourroclie  '  (By.),  s.  f.  —  Manière  de  pro- 
noncer le  mot  bourrache.  ||  Fu.  — Chou  bour- 
roche, bourrache.  —  V.  par  un  seul  r. 

Bourroclion  (Lg.),  s.  m.  —  Haridelle. 
Maigre  bête  d'espèce  quelconque.  Syn.  de 
Bourrin,  Harou. 

Bourru  (Lg.),  adj.  quai.  —  Touffu.  Ex.  : 
J'ons  copé  des  remâs  dans  les  chênes  les  pus 
bourrus. 

Bourse  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  crucifère  dont 
les  siliques  sont  aplaties  et  cordiformes.  C'est 
le  thlaspi  bourse-à-pasteur.  Syn.  de  Bourse- 
à-./udas,  Bourse-en-verger.  N.  L'ancienne 
langue  avait  27  manières  d'orthographier  ce 
mot  (L.  C). 

Boursée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
bourse.  Ex.  :  Il  se  paraît  qu'il  a  trouvé  eine 
boursée,  —  magot,  trésor.  —  J'ai  point 
compté  sa  boursée.  Syn.  de  Magousse,  Guer- 
nouille. 

Et.  —  Bourse,  d'un  mot  lat.  tiré  d'un  mot  grec 
signifiant  :  cuir,  parce  que  les  premières  étaient 
faites  en  cuir. 

Bourse-à- Judas  (Mj.),  s.  f.  —  Syn.  du  pré- 
cédent et  de  Bourse-en-verger,  Chie-niou.  On 
ne  désigne  guère  sous  ce  nom  le  thlaspi  bourse 
à  pasteur,  sans  citer  le  dicton  populaire  : 
Bourse  à  .Judas,  cent  écus  n'y  a  pas. 


130 


BOURSES-DE-CHENEILLES  —  BOUSINE 


Bourses-de-clieneilles  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte 
de  sacs  que  se  filent  certaines  chenilles  sur 
les  branches  des  arbres  et  dans  lesquelles  elles 
vivent  en  colonies.  Syn.  de  Boubelin. 

Bourse-en-verger  (Lg.),  s.  f.  —  Thlaspi, 
bourse  à  pasteur.  Syn.  de  Bourse,  B.-à-Judas^ 

Boursier  (Tlm.,  Sa.,  Fu.),  adj.  quai.  — 
Enflé  comme  une  bourse.  Ne  s'emploie  que 
dans  l'expression  Crapaud  boursier,  —  très 
gros  crapaud. 

Boursiller  (Mj.),  v.  n.  —  Economiser, 
épargner  de  petites  sommes,  liarder. 

Et.  —  Du  fr.  Bourse,  avec  la  terminaison  ver- 
bale diminutive  Hier.  Le  mot  s'emploie  en  fr.  dans 
un  autre  sens. 

Boursillonner  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Boursiller. 

Boursoler,  seler  (Lg.),  v.  n.  —  Se  couvrir 
de  papules,  de  boutons,  de  phlyctènes,  etc. 
en  parlant  de  la  peau.  Syn.  et  doubl.  de  Bou- 
roiller. 

Boursolure,  selure  (Lg.),  s.  f.  —  Bouton, 
papule,  ampoule,  phlyctène.  Syn.  de  Bou- 
roille. 

Boursoule,  s.  f.  —  Espèce  de  berlingue. 
(Méx.)  Il  Brouette,  et  aussi  :  vieille  voiture. 

Boursourd  (Zig.  137),  adj.  quai.  —  Maus- 
sade, sournois  par  habitude. 

Bousculade  (Mj.),  s.  f.  —  Tohu-bohu  de 
gens.  Cf.  Bousculement.  Sens  difîérent  du 
français. 

Bousculement  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Bouscu- 
lade. Il  Bouleversement.  Syn.  de  Boulivarse- 
inent.  Chavirement,  Tervirement. 

Bousculer  (Mj.),  v.  n.  —  Trébucher  forte- 
ment, broncher,  perdre  son  équilibre,  man- 
quer de  tomber.  Ex.  :  En  sortant  de  l'auberge, 
il  bousculait.  Syn.  de  Bricholer,  Brangeoler. 

Bouse  (Lg.),  s.  f.  —  Gros  ventre  de  petit 
oiseau.  On  dit  de  petits  oiseaux  qui  n'ont  pas 
encore  de  plumes  :  Ils  sont  tout  frais  égueillouis 
ils  n'ont  que  la  bouse.  —  V.  Bousée. 

Et.  —  Je  vois  dans  ce  mot  un  doublet  d'un  vx 
vocable  Béze  ou  Bédé,  qui  n'existe  plus  sous  cette 
dernière  forme  (mais  Béze  existe).  Il  a  donné  au 
franc.  Bedon,  Bedaine  et  à  notre  patois  :  Basane, 
Bezard,  Béserot,  Abézardé,  Beille,  Boitte  et  leurs 
dérivés.  Je  suis  persuadé  que  Véze  est  le  même 
mot.  Observons  que  Vèze  avait  jadis  pour 
syn.  Bousine,  qui  est  le  dérivé  direct  de  Bouse. 
Enfin  ce  mot  lui-même  est  peut-être  le  franc. 
Bouse.  Cf.  Bonnel-à-bouse,  c.-à-d.  Bonnet  ventru. 

Bousée,  s.  f.  (Mj.).  —  Excrément  d'animal, 
bouse,  flente.  Cf.  Foirée,  Mardée,  Pissée.  || 
By.  —  Implique  l'idée  de  chose  abondante  et 
molle.  Il  Fu.  —  Une  bousée  est  un  rond  de 
bouse.  Si  l'on  veut  désigner  la  matière,  on  dit  : 
de  la  bouse.  Cf.  Crottée,  crotte  (de  cheval). 

Et.  —  Incert.  —  Le  bas-bret.  beûzel,  bouzel, 
bou7.il  est  p.-ê.  emprunté  du  franc.  —  Faut-il  le 
rattacher  à  :  bœuf?  —  «  Bouse,  panse,  autrement 
l'herbier  ou  le  double  ventre.  En  latin,  «  magnus 
venter  ».  «  Se  la  beste  est  férue  en  la  bouse,  c'est  en 
la  pance,  pou  sayne,  et  vient,  avec  le  sang,  de 


l'erbe,  et  de  la  viande  que  la  beste  aura  viandée.  " 
—  Injure  ;    «  Bouse  vous  dis,  bran   de  vous  ! 
(xur=  s.  L.  C.) 

—   Ki  de  tel  viche  est  embousés, 
Se  devant  mort  n'est  desbousés. 
Il  muert  comme  bues  en  se  bouse.   " 
{Miserere  du  Beclus  de  Maliens,  xii''  s.  —  Schel.) 
D'où  :  bouser,  bousiller,  bousin. 

Bouser  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  v.  a.  —  Enduire  de 
bouse  délayée.  Ex.  :  J'allais  bouser  l'aîre  — 
pour  la  préparer  à  recevoir  le  grain  qui  y  sera 
battu.  (Li.).  —  Il  Fu.  Produire  de  la  bouse. 

Bouses  (Fu.).  Dames  des  prés.  Les  bouses 
sont  ainsi  désignées  dans  les  devinettes  (devi- 
nailles)  et  rébus. 

Bousicot,  s.  f.  —  P.-ê.  pour  Boursicot,  petite 
bourse.  A  Segré  le  bousicot  est  la  châtaigne 
cuite  à  l'eau  avec  son  écorce  (Mén.). 

Bousillard,  s.  m.  (Segr.).  —  Bousilleur. 

Bousiller,  v.  a.  —  Sens  spécial  (La.).  —  Bou- 
siller le  feu,  tisonner.  Syn.  de  Tiser,  Fergâiller. 

Bousilloux  (Mj.),  adj.  q.  —  Besilloux. 

Bousin  (Mj.),  s.  m.  —  Auberge  de  bas  étage, 
guinguette,  cabaret  borgne.  ||  Maison  de 
tolérance.  ||  Lg.  —  Celui  qui  travaille  grossiè- 
rement et  sans  goût.  Syn.  de  Boussicre, 
Saboureau,  Bouifre.  \\  Tapage,  vacarme.  Syn. 
de  Boucan,  Potin,  Chahut,  Chutrin,  Rabat, 
Menère,  Bahut. 

Et.  —  Angl.  Bowing,  cabaret,  mauvais  lieu, 
dans  l'argot  des  marins,  d'après  Ch.  Nisakd.  (Litt.) 
—  Mais  je  croirais,  avec  Delvau,  que  c'est  plutôt 
l'anglais  qui  nous  a  emprunté  ce  mot,  qui  viendrait 
de  :  bouse  (ou  bouc),  maison  construite  avec  de  la 
terre  pétrie.  —  Cf.  l'angl.  bouse,  boisson  et  to 
bouse,  s'enivrer,  ce  qui  explique  le  sens  de  cabaret. 
li  P.-ê.  pour  Boussin,  pris  au  sens  de  :  bouchon, 
cabaret.  —  Cf.  Bastringue. 

Bousine  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Vessie.  Ex.  : 
Faut  que  j'aille  me  vider  la  bousine.  \\  Bulle. 
Ex.  :  Les  queneaux  s'amusent  à  enfler  des 
bousines  de  savon.  La  pluie,  en  tombant, 
fait  des  bousines,  —  qqf.  Bosine.  ||  Am. 
poule,  élevure  à  la  peau.  Syn.  de  Bouroille, 
Bourdeille,  Gourgueuille.  \\  Faire  chier  la 
bousine,  —  étriper,  écraser,  de  manière  à 
faire  sortir  les  intestins. 

Il  faut  remarquer  l'énergie  de  cette  expres- 
sion pittoresque.  ||  Fig.  S'enl'.er  la  bousine,  — 
se  gonfler  de  vanité  ou  d'importance.  ||  Fig. 
La  bousine  a  quervé  ;  —  les  pleurs,  longtemps 
contenus,  ont  éclaté.  ||  A  s'en  faire  péter  la 
bousine,  manger  au  point  d'avoir  mal  au 
ventre.  ||  Tu  t'en  ferais  péter  la  bousine  ;  — 
tu  t'en  ferais  mourir,  tu  ne  te  prives  de  rien. 
X.  On  dit  aussi  en  ce  sens  :  la  sous-ventrière. 
Il  Lg.  —  Cloche  qui  se  forme  à  la  surface  de 
l'eau  quand  la  pluie  tombe  avec  force.  Syn. 
de  Bouroille.  \\  Vessie  de  cochon  qui  sert  de 
jouet  aux  enfants  :  J'en  ai  pris  ma  bousine 
Et  m'en  suis  réjoui. 

{Noëls  Angevins,  p.  30). 
Il  Instrument  de  musique  :  «  Et  se  régalèrent 
ensemble  au  son  de  la  belle  bouzine.  »  (Rab, 


BOUSINER  —  BOUSTIFAILLEj 


131 


I,  25.  —  Méx.).  i|  Tomber  sur  la  bonsine  se, 
crever  la  vessie. 

Et.  —  Très  discutable.  —  Hist.    «  Les  vezes, 
bouzines    et   cornemuses    sonnèrent    harmonieuse- 
ment. 1)  (Rab.,  V,  33  bis.)  Il  pourrait  bien  être  ques- 
tion ici  d'un  instrument  de  musique  garni  d'une 
poche  à  air,  d'une  vessie  enflée,  placée  à  l'extré- 
mité d'une  planchette,  maintenue  par  des  cordes  de 
violon,  dont  on  se  servait  comme  d'un  violon  ou 
d'un  violoncelle.  On  en  tirait  un  son  aigu.  —  «  Ins- 
trument de  musique  dont  se  servent  les  pâtres  de 
divers  pays.  On  le  faisait  avec  une  espèce  de  vessie  : 
buccina,  d'où  le  nom  de  bousine.  (iV.  A.,  11,  2.) 
—   «  Lequel  mordit  si  avant  en  farine 
Et  rencontra  la  vendange  si  doulce 
Que  de  sa  peau  il  feist  une  bodine 
A  tout  le  peuple  admirablement  grousse. 
(G.-C.  BucHEE,  282,  page  256.) 
N.  —  Bodine  semble  tenir  le  milieu  entre  Bou- 
sine et  Boudin. 

Bousiner  (Lg.,  Mg).  —  Fatiguer,  lasser. 
Faire  grossièrement,  cochonner  un  travail.  — 
Le  bousiller,  le  gâcher  (Mj.).  Syn.  de  Boussi- 
crer,  Sabourer,  Zeguiner.  \\  (Mj.)  v.  n.  Former 
des  cloches  sur  l'eau.  Quand  ça  bousine  sur  les 
flaques  d'eau,  au  moment  où  la  pluie  com- 
mence à  tomber,  c'est  signe  que  l'averse  sera 
forte  et  de  durée. 

Bousiquct'  (Sp.),  s.  m.  —  Cabriole,  culbute. 
Syn.  de  Carpéiole,  Piquet,  Capériole. 

Bouson  (Mj.),  s.  m.  —  Excrément  humain. 
De  :  bouse.  V.  Etron.  —  Voir  au  Folk-Lore 
comment  fut  fondé  ,par  Gargantua,  le  bourg 
de  Bouzillé.  Z.,  120. 

N.  —  Etym.  —  Il  est  certain  que  ce  mot  dérive 
de  Bouse  pris  au  sens  français.  Mais  ce  dernier  me 
paraît  être  le  même  que  notre  mot  patois  Bouse, 
ventre,  pour  les  raisons  que  j'ai  développées.  C'est 
le  contenu  pris  pour  le  contenant.  Or,  de  même, 
Bouson  a  dû  signifier  autrefois  :  ventre,  car  il  a 
passé  en  anglais  sous  la  forme  Bosom  (prononc. 
bozoum,  ou  bouzoume),  qui  signifie  :  matrice.  On 
sait  que  l'm  final,  en  anglais,  remplace  souvent 
notre  n.  Cf.  Ransom  =  rançon.  J'ajoute  que  tous 
les  mots  de  cette  famille  viennent  bien  d'une  racine 
Bod  ou  Bed,  comme  le  confirme  la  forme  Bodine  = 
Bousine,  employée  par  G.-C.  Bûcher.  (R.  O.) 

Bousonner  (Segr.).  —  Lambiner,  mal  faire» 
ne  finir  à  rien.  Syn.  Bousiner,  Bousiller- 
(Mén.) 

Bousoiix  (Mj.),  s.  m.  —  Boueur,  vidangeur. 
Il  Saligaud.  Du  fr.  Bouse.  ||  Lg.  —  Ladre, 
pingre.  Syn.  de  Chioux,  Chiard,  Crasseux.  \\ 
Fu.  —  Nom  méprisant  donné  parfois  au 
cultivateur  par  le  bourgadin. 

Bousquée  (Mj.),  s.  f.  —  Bourrasque,  grain. 
Syn.  de  Hargne.  \\  Sel.  —  Echouement  d'un 
bateau,  ou  d'un  train  de  bateaux. 

El.  —  Dér.  de  Bousquer.  S'échouer  sur  un  banc 
de  sable,  s'engrever,  c'est,  en  effet,  un  accident  qui 
procure  aux  mariniers  l'occasion  de  travailler  dur 
et  de  jurer  ferme. 

Bousquer  (Mj.),  v.  n.  —  Travailler  d'ahan. 
Syn.  de  Buriner.  \\  Bouder,  être  fâché  (Sa.).  — 
Il  By.  Syn.  de  Brusquer,  qqn. 

Et.  —  LiTTKÉ  l'explique  par  :  Terme  de  marine  : 
faire  travailler  malgré  lui  un  matelot  paresseux. 


Sans  doute  pour  bouquer,  baiser  par  force,  —  de  ; 
bouche,  prononcé  :  bouque.  «  —  Cela  ne  me  satis- 
fait pas. 

Bousqueur  (Mj.),  s.  m. —  Celui  qui  travaille 
péniblement  et  avec  ardeur.  De  :  bousquer. 

Boussacher  (Lue).  —  Bousculer.  ||  Gâcher. 

Boussacrer  (Cra.).  —  Faire  mal  un  tra- 
vail. V.  Boussacher  et  Boussicrer.   \\  Z.,    124. 

—  Rudoyer,  malmener. 

Boussetaud  (Mj.,  Fu,  Sal.),  s.  m.  —  Tonne- 
let, petit  fût. 

Et.  —  Pour  Bussetaud,  dim.  de  Busse.  V. 
Mistaud.  \\  Petit  bœuf,  veau  d'un  certain  âge* 
(Craon:) 

Boussicrage  (Mj.,  Fu),  s.  m.  • —  Action  de 
boussicrer.  ||  Résultat  de  cette  action,  saJeté, 
gâchis.  Il  Travail  malpropre.  Syn.  de  Guin- 
gourage,  Besague.  Dér.  de  Boussicrer. 

Boussicras  (Ag.,  Mj.).  —  Besogne  gâchée, 
mélange  dégoûtant.  V.  Boussicrage. 

Boussicre  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Enfant  mal- 
propre. Il  Ouvrier  dont  le  travail  est  exécuté 
avec  peu  de  soin  et  sans  goût.  Syn.  de 
Bouifre,  Bous  in.  —  V.  Boussicrer. 

Boussicrer  (Mj.,  Fu,  Sal.),  v.  n.  —  Patau- 
ger dans  la  saleté,  manipuler  des  choses  sales. 
Il  V.  a.  Salir.  ||  Faire  sans  soin  et  malpropre- 
ment un  ouvrage,  le  saveter,  le  gâcher.  — 
Syn.  et  doub.  de  Boussacrer. 

Boussin  (Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Bouchée.  Syn. 
de  Boucherée.  \\  Gros  morceau  de  pain  ou  de 
viande  que  l'on  va  manger.  Syn.  de  Calot, 
Goulée,  Gouleau.  \\  Bouquet  naturel  de  fleurs. 
Syn.  de  Trochée,  Troquet.  \\  Amas  de  chenilles. 
Syn.  de  Boublin. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Bouche.  —  Hist.  «  Et  au 
diable  le  boussin  de  pain  pour  s'escurer  les  dens.  » 
(Rab.,  p.,  IV,  Prol.,  355.)  —  «  Mais  le  quintal  de 
ces  quincquailleries  ne  vault  que  un  boussin  de 
pain.  »  (Rab.,  P.,  n,  30,  p.  195.)  —  a  Bocal,  bochel, 
petite  bouche,  bouchée. . .  »  (D'  A.  Bos.) 

Boussinée  (Fu.),  s.  f.  —  Bouquet  de  fruits, 
trochée  de  cerises.  Syn,  de  Troquet,  Trwchée. 

Boussole  (Mj.),  s.  f.  —  Tête,  considérée 
comme  siège  de  la  raison.  Ex.  :  Il  a  queuque 
chouse  de  travers  dans  la  boussole.  \\  Pardre 
laboussole,  —  la  tête,  la  raison.  Syn.  de  Pardre 
la  terniontade  ou  la  boule. 

Boussourd  (Z.,  132,  137.  —  Sar.),  adj.   q. 

—  Maussade,  sournois  par  habitude,  en 
dessous,  et  même  méchant.  —  Un  homme 
boussourd. 

Boussure,  s.  f.  —  Pour  :  bouteille,  à  Tré- 
lazé.  (Mén.) 

Et.  —  Faut-il  le  rapprocher  de  Bocel,  petite 
boîte,  boisseau?  —  barillet:  bocel,  flacon,  bocal, 
bouteille,  cruche.  Ital.  Boccale.  (D^  A.  B.) 

Bousterou,  s.  m.  —  Relever  le  bousterou 
(Segr.),  c'est  donner  le  fouet  aux  enfants. 
(Mén.)  Il  Cf.  Boustrou. 

BoustifâUle(Mj.,Fu)(bousquifàille),  s.  f.  — 
Mangeaille.    V.    Pourtifaille,   Bournifâille.   — 


132 


BOUSTIFAILLER  —  BOUTEILLE  DE  COUAC 


Favre  donne  :  Bouffetifaille,  qui  s'explique 
mieux.  De  :  bouffer.  —  Jaub.,  id. 

Boiistifâiller  (Mj.,  Fu),  (ti  =  qui,  ou  th,  très 
aspiré),  v.  n.  —  S'empilîrer  ;  manger  glouton- 
nement. Il  By.  Bouchetifâiller. 

Boustrou,  s.  m.  —  Petite  personne  sans 
conséquence.  Ex.  :  Queun  petit  méchant 
boustrou  !  On  dit  également  à  Saint-Paul, 
aussi  bien  qu'à  Montj.  :  Boustrou-la-galette.  — 
S'emploie  fréquemment  comme  interpellation 
caressante  à  l'égard  des  petits  enfants.  — 
Rappellerait  Bouche-trou  ?  ||  Ec.  —  Clôt- 
cul. 

N.  —  Je  lis  dans  le  C^''  Jaubert  que  Boute-roue 
signifie  une  borne  posée  au  coin  d'un  passage  pour 
écarter  les  roues.  D'après  cela,  on  saisit  immédiate- 
ment l'origine  de  cette  curieuse  expression  : 
Boustrou-la-galette,  qu'il  faudrait  écrire  :  Bouste- 
roue-la-galette.  Elle  signifie  :  Boute-roue  molle 
comme  une  galette.  D'ailleurs,  il  est  difficile 
d'admettre  que  l's  de  Bouste  soit  épenthétique  et 
que,  par  conséquent,  Bouter  vienne  du  germ. 
Botan,  comme  le  prétend  le  Dict.  général,  qui  n'en 
paraît  pas  bien  sûr.  —  (R.  O.) 

Il  Une  grosse  boustrou  ;  —  personne  grasse, 
mais  active  quand  même. 

Bout'  (Mj.),  s.  m.  —  Bout.  ||  Bout  de  temps; 
—  moment.    ||  Grous  bout,  —  le  derrière,  le 
séant.  Il  Bout  de  pain,  —  morceau  de  pain.  || 
Absolument.  Eter  ou  mettre  à  bout  ;  — -  être 
ou  mettre  à  bout  de  forces,  épuiser.  |l  Mettre 
à  bout,  —  mettre  à  quia,  à  bout  de  raisonne- 
ment.  Il  De  l'autre  bout  !  —  interj.  En  voici 
bien  d'une  autre  !    ||  Bout-ci,  bout-lk,  —  En 
désordre,  en  vrac,  en  pagaie  ;  c.-à-d.,  un  bout 
ici  et  l'autre  là.  ll  Tout  le  bout  de  la  raize 
(Z.  150).   —  tout  le  long  du  sentier.   ||  C'est 
tout  le  bout  du  monde,  —  c'est  tout  au  plus. 
Ex.   :   C'est  tout  le  bout  du  monde  si  j'en 
avons  pour  jusqu'à  la  Saint-Georges.    H   On 
dit,  à  Thouarcé  et  à  Doué-la-Fontaine  :  Man- 
ger un  bout,  et  non  une  bouchée,  ou  bouche- 
rée.  —  Il  Eter  toujours  d'ein  bout,  —  revenir  à 
tout  propos  dans  la  conversation.  Ex.  :  Le 
cul  est  toujours  d'ein  bout  !  —   ||  Bout,  par 
bout,  —  bout  pour  bout.  Ex.  :  Le  fûtreau  a 
tourné  bout  par  bout.  \\  Bout  du  monde,  —  le 
gros  intestin  d'un  porc.  ||  Bout  du  monde,  — 
Esplanade   du   Château,   à  Angers,   laquelle 
aboutit  à  un  véritable  abîme.  ||  Petit  bout  de 
monde,  —  gamin,  crapoussin,  nabot.    ||  Sus 
bout,  —  debout.    ||  Prendre  du  bon  bout,  — 
p.  en  bonne  part.  ||  Payer  par  le  bon  bout,  — 
p.   cher.    Il   Lg.   Vendre   à  bout  de  bras,  — 
vendre  ferme.  Ex.  :  In  cheval  comme  ça,  on 
ne  le  donne  pas  à  l'essai,  on  le  vend  à  bout  de 
bras.  Il  A  Angers,  à  Nantes,  à  Château-Gon- 
tier,  le  j5ow«-du-Monde  est  l'extrémité  d'une 
promenade  aboutissant  à  une  brusque  dépres- 
sion sur  la  Maine,  sur  la  Loire,  sur  la  Mayenne. 
Intéressant  à  constater.   ||  Prononciation  du 
t  final  :  muet  au  Fu,  excepté  dans  l'interjec- 
tion Boute  !  —  Sonore  sur  la  rive  gauche  de 
la  Loire,  —  muet,  vallée  de  la  Sarthe. 

Et.  —  Subst.  verb.  de  :  bouter.  —  Hist.  «  Après 
lequel    eschaiïuult   suyvoyent    plusieurs    chariots 


couverts. . .  de  belle  ramée  fresche  que  l'on  renou- 
velloit  à  chaque  bout  de  champ.  »  (Amyot,  Vie 
d'Alex.)  —  «  Tant  que  la  moitié  de  la  tour  s'en  ala 
à  terre  et  l'autre  demora  sus  bout.  »  Froissard.  — 
«  Bouter,  pousser  ;  donc  chose  en  relief,  en  saillie  ; 

—  puis,  pointe,  extrémité. 

Bout'!  (Mj.,  SsL),  interj.  —  Bah  !  Bast  !  — 
Syn.  et  d.  de  Buh  !  But  ! 

Boutâillard  (Lg.),  adj.  q.  et  s.  —  Qui  ne 

travaille  que  par  élans  brusques  et  sans 
durée,  par  à-coups,  à  la  boutée,  ou  par  bou- 
tées. Dér.  péjorat.  de  Bouter. 

Bout-cadant  (Sar.).  —  Syn.  de  Tohu-bohu, 

ou  plutôt  de  tête-bêche,  tête  en  bas.  —  Voir  : 
bou-cadan,  —  cadent,  pour  une  meilleure 
explication. 

Boutée  (Sp.),  s.  f.  —  Poignée  de  clous  ou 
d'épingles  servant  d'enjeu  au  jeu  de  :  Couble 
ou  chique.  \\  (Mj.)  Chaque  reprise  que  l'on  fait 
en  boutant,  en  poussant  un  bateau  à  la 
bourde.  ||  (Mj.)  Fig.,  A  coup,  boutade,  impul- 
sion subite.  Ex.  :  Il  fait  tout  par  boutées.  \\ 
Lg.  —  A  la  boutée,  —  même  sens. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Boutade.  —  «  Du  verbe  = 
bouter,  au  sens  de  :  mettre  ;  ce  qui  a  été  mis  dans  la 
main.  »  (Litt.)  —  «  Le  contenu  d'une  :  boute; 
outre  :  boîte  ;  barril  à  tabac  ;  —  emprunté  au 
provenc.  mod.  bouto.  L'anc.  fr.  a  bout,  qui  corres- 
pond à  l'ital.  botte.  Cf.  Botte  et  Bouteille.  >'(Darm.  ) 

—  «  On  disait  aussi  boutée  dans  le  même  sens  que 
nous  disons  :  bougée,  pour  exprimer  un  mouvement 
violent,  subit  et  passager  :  Boutée  de  larmes,  pour  : 
effusion  de  larmes  :  «  Finissant  cestuy-ci  en  propos, 
par  une  soudaine  boutée  de  larmes  qui  fut  telle 
qu'elle  luy  emplit  tout  le  sein.  »  (L.  C.)  —  «  A 
boutées,  pour  :  en  foule  :  «  De  ces  deux  contrées, 
tous  les  ans  à  boutées,  ces  clergaux  icy  nous 
viennent,  laissant  pères  et  mères,  touts  amis  et 
touts  parens.  »  (Rab.,  n  ,  13,  note  4.) 

Boute-et-hale  (Mj.),  adj.  q.  — Hurluberlu, 

brouillon,  qui  agit  avec  vivacité  et  sans 
réflexion.  ||  Adv.  —  A  l'aventure,  sans  pré- 
caution. Ex.  :  Il  a  jeté  ses  affaires  là,  boute  et 
haie.  Syn.  de  Boucadant,  en  Pagaie. 

Et.  —  Ce  mot  est  formé  de  Bouter  =  pousser  un 
bateau  à  la  perche,  et  Haler.  Il  marque  donc  la 
simultanéité,  le  mélange  irréfléchi  de  deux  actions 
contraires. 

Boute-hors  (Mj.),  s.  m.  —  Initiative  per- 
sonnelle, entregent.  Ex.  :  C'est  ren  que  de  li  ; 
il  n'a  pas  eine  miette  de  boute-hors. 

Et.  —  «  Espèce  de  jeu,  qui  n'est  plus  en  usage  et 
où  l'on  prenait  la  place  l'un  de  l'autre.  »  (Litt.)  — 
«  .leu  de  la  pelote  appelé  :  boute-hors,  jeu  analogue 
à  celui  du  roi  détrôné.  «  Là  jouoit  :  Au  flux. . .,  à 
boute-hors. . .  »  (Rab.,  G.,  i,  22,  43.)  —  Art  de  se 
produire,  de  se  pousser  dans  le  monde  :  «  Il  y  a  bien 
des  savants  qu'on  n'estime  pas  parce  qu'ils  n'ont 
pas  de  boute-liors.  (Furetière,  Dict.)  —  «  Bouter 
hors,  c'est  expulser  ;  de  là  facilité  à  mettre  hors  ses 
pensées  à  la  faculté  de  parler  aisément  :  «  Les  uns 
ont  la  facilité  et  la  promptitude,  et  ce  qu'on  dit  le 
boutehors  si  aisé  qu'à  chaque  bout  de  champ  ils  sont 
prêts.  »  (Mont.,  Ess.,  i,  52.) 

Bouteille  de  couac  (Lg.),  s.  f.  —  Gourde, 

courge,  cougourde. 

N.  —  On  n'a  pu  me  dire,  au  Lg.,  ce  que  c'était 
qu'un    couac  ;    mais    une    personne    des    Landes 


BOUTEILLÉE  —  BOUTU 


133 


(Vendée)  m'a  appris  que,  dans  cette  région  (10  ki- 
com.  du  Lg.),  on  appelle  couacs  les  dissidents  delà 
Petite  Eslise.  F.  Lore,  XIX. 


Fu),   s.    f. 


Le  contenu 


Bouteilléc  (Mj. 
d'une  bouteille. 

Et.  —  Du  lat.  Buticula,  dim.  de  Buta,  botte, 
sorte  de  tonneau.  —  «  Buticula,  bouteilla  (1399)  : 
Invenerunt  dictum  clericum...  quandam  bou- 
teillam  nectaris  plenam  deferentem.  »  (D.  C.) 

Boutelller  (Q.,  Z.  171).  —  Faire  des  bulles 
ou  boilles  en  touchant  la  terre  ou  l'eau,  en 
parlant  des  gouttes  de  pluie.  Syn.  de  Bousi- 
ner,  v.  n. 

Il  Fu.  —  Nom  propre  répandu.  Peut-être 
pour  Boutillier. 

Boiiteillier  (Mj.).  s.  m.  —  Planche  à  bou- 
teilles, porte-bouteilles. 

Boutela^es  (Mj.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  Bric-à-brac,"  objets  de  rebut, 
fatras.  Syn.  de  Bâillages,  Harquâilleries. 
Des  petits  bouts  de  toutes  choses? 

Bouter  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Frapper,  mettre 
avec  rudesse.  Ex.  :  A  m'a  bouté  son  doigt  dans 
l'œil.  N.  Le  mot  a  vieilli  dans  ce  sens.  C'est 
lancer  le  bout  en  avant.  Il  Se  bouter  dans  la 
tête,  —  se  mettre  en  tête.  Le  sens  actif 
subsiste  dans  cette  seule  locution.  ||  V.  n. 
Frapper  de  la  tête,  choquer.  Ex.  :  Les  taupes 
boutent  à  midi,  signe  d'eau  ;  les  poissons 
boutent  dans  le  boille  de  la  seine,  ou  :  dans  les 
chantiers,  aux  temps  de  crue,  i!  Lg.  —  v.  n.  et 
a.  Donner  des  coups  de  tête  comme  font  les 
moutons,  les  chèvres  et  parfois  les  bœufs.  — 
N.  Le  part.  pas.  est  bouté  ou  boutu.  Ex.  :  Le 
belin  m'a  boutu.  il  Fig.  Faire  ressentir  des 
élancements  douloureux.  Ex.  :  Ça  me  boute 
dans  le  doigt.  Dans  ce  sens,  il  a  pour  syn. 
Touper  et  Sacquer.  ||  Bouter,  —  pousser  un 
bateau  à  la  bourde.  «  La  rivière  est  trop 
creuse  pour  bouter,  il  faut  ramer.  »  ||  Bouter 
avant,  —  remonter  le  courant  à  la  bourde,  il 
Bouter  hors,  —  pousser  au  large,  id.  ||  Bouter 
le  nez  dessus.  —  N.  A  Mj.,  on  dit  ironique- 
ment :  Tu  t'es  bouté  le  nez  éyou  que  le  chien 
avait  mis  le  cul. 

Et.  —  Du  germ.  botan,  frapper,  mettre.  — 
«  L'ail,  bozen  répond,  dans  S'  Bernard,  à  expellere, 
impellere,  pellere  : 

«  Je  ne  sçavoye  ou  me  bouter. 
Car  je  souffroye  plusieurs  maulx.  » 

COQTILLARn. 

—  Le  celtiq.   a  la  rac.   bot,   commune   aux  deux 
langues. 

—  «  Vous  congnoissez  la  curiale  usance. 
C'est  de  bouter  tout  homme  en  oubliance.  » 

G.-C.  Bûcher,  231,  p.  226. 

—  «  Jean  Boutin  est  ycy  bouté 
Ou  ses  parents  furent  boutez. 

Dieu  veuille,  par  sa  grande  bonté, 
Qu'ils  ne  soient  des  cieulx  déboutez.  » 
Id.,  261,  p.   246. 

—  «  Page,  de  l'eau,  boute,  mon  enfant  :  elle  me 
efraischira  le  foye.  »  (Rab.  G.  I,  319,  75.) 

—  «  Voyez-vous,  mes  compères,  vous  n'avez 
qu'à  vous  bouter  en  le  mitan  d'une  prée...  «  N. 
Bouter,  placer.  On  dit  encore  :  bouteselle  et  rebou 


teur  (raccommodeur  de  membres  cassés,  celui  qui 
les  remet  en  place). 

Histoires  du  vx  temps,  p.  238. 

Il  Bouter  le  nez  dessus.  (Segr.)  Trouver 
juste,  arriver  du  premier  coup  à  un  résultat. 
Ex.  :  11  a  botité  le  nez  dessus,  —  il  a  trouvé 
juste. 

Bout  d'homme,,  s.  m.  —  Homme  de  petite 
taille. 

Boutiche  (Lg.),  s.  f.  —  Boutisse.  Contraire 
de  Bôti. 

Boutique  (Sp.),  s.  f.  —  Avoir  la  grousse 
boutique,  —  avoir  une  hernie  inguinale  des- 
cendue dans  le  scrotum.  ||  Parties  sexuelles. 
Ex.  :  A  n'est  pas  gênée  de  faire  voir  toute  sa 
boutique.  Syn.  de  Numéro.  V.  Grousse-bou- 
tique.  Il  Ensemble  d'objets  mobiliers,  saint- 
frusquin.  Syn.  de  Bazar.  \\  Atelier.  Une  bou- 
tique de  forgeron.  —  ||  Ec.  —  La  boutique  à 
poisson  s'appelle  une  côme.  H  Fu.  Se  prononce 
souvent  bouquique,  à  Geste  et  aux  environs. 
«  Je  titte  la  bouquique,  »  —  je  quitte  la  bou- 
tique —  par  un  singulier  échange. 

Et.  —  Du  grec  :  apothèkè,  par  le  latin.  Apocope 
ue  l'a.  Mot-à-mot  :  mise  en  réserve.  —  Malv.  pro- 
pose une  rac.  celtiq.  Bot,  enfler,  être  gros  ;  d'où 
bouticle,  ballot  de  marchandises,  puis  salle  où  un 
marchand  expose  et  vend  ses  denrées.  Les  ballots 
ont  été  les  premières  boutiques.  » 

Boutiquer  (Fu.  Mj.),  v.  a.  Fah-e,  exécuter,  ne 
s'emploie  qu'en  mauvaise  part.  Ex.  :  C'est 
ben  mal  boutique.  —  Confectionner,  condi- 
tionner, façonner. 

Boutis  (Va.),  s.  m.  —  Taupinière  ;  boutis 
de  la  taupe.  —  N.  Les  taupes  boutent. 

Bouton  (Lg.),  s.  m.  —  Extrémité  du 
moyeu  ;  le  moyeu  lui-même.  Ex.  :  Ma  charte 
a  piqué  jusqu'au  bouton. 

Boutonnier  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  —  V.  Pinson. 

Il  Lg.,  By.,  s.  m.  Bouvreuil.  Syn.  de  Pinson- 
boutonnier,  Eboutouneux. 

Boutouère,  s.  f.  —  Bâton  servant  à  bouter 
quand  on  est  en  bateau.  Syn.  de  Bourde. 

N.  «  Les  boutouers  étaient  des  machines  de 
guerre,  des  béliers,  à  saper  les  murailles,  dont  la 
tête  était  un  boutoir  de  sanglier,  ou  simplement 
un  bout  ferré.  «  (L.  C.) 

Boutouner  (Sp.,  Fu.),  v.  n.  et  a.  Boutonner. 

Boutounier  (Lg.),  s.  m.  —  Bouvreuil.  Syn. 
de  Pinson-boutonnier,  Casse-boutons,  Parse-à- 
grous  bec,  Eboutouneux. 

Boutounière  (Sp.),  s.  f.  —  Boutonnière. 

Boutre  (Lg.),  v.  a.  —  Choquer,  frapper  de 
la  tête,  comme  font  les  boucs  et  les  béliers. 
Ex.  :  Prenez  garde  au  mouton,  il  va  vous 
boutre.  V.  Boutu. 

Et.  —  Doubl.  de  Bouter.  Cf.  Jùtre. 

Bouts-fins  (Lg.),  s.  m.  pi.  —  Déchets  de  fils 
de  coton.  Langue  des  ouvriers  de  filature. 

Boutu  (Lg.),  part.  pas.  du  v.  Bouter  ou 
plutôt  Boutre. 


134 


BOUVARD  —  BRAGARD 


Bouvard  (Li.,  Br.,  Mj.),  s.  m.  —  Bouvillon , 
taureau.  Syn.  de  Chassoir. 

Et.  et  Hist.  —  Dér.  du  lat.  bovem.  Variantes  : 
Bou-vart,  —  deau,  —  dau,  delet.  (D.  C.  Bovetta.) 
«  XI  vaccœ.  i  bovettus  mas,  iv  boviculae  feminœ, 
V  vituli.  »  (D.  C.) 

«  Les  aigneaux,  les  chevreaux  et  les  jeunes  bou- 
veaux.  »  (J.  DU  Bellay.  Epigr.  pastoral,  p.  .306.) 

Bouvarder  (Tlm.),  v.  a.  —  Saillir,  en  par- 
lant d'un  taureau.  Ex.  :  Ma  vache  est  hou- 
vardée  du  mois  de  mars.  Sjm.  de  Saisonner, 
Sarvir.  \\  Lg.  —  v.  n.  Beugler.  Syn.  de  Breu- 
yer,  Reuyer,  Rayer. 

Bouvardière  (^Ij.),  adj.  quai.  —  Taurelière. 
Se  dit  d'une  vache  qui  a  les  allures  brutales 
et  la  voix  grave  d'un  taureau,  par  suite  de 
folie  soit  hystérique,  soit  consécutive  à  une 
mise-bas.  Syn.  de  Boui'ardine. 

Bouvardine  (Jb.),  adj.  q.  —  Taurelière.  V. 
Bouvardière. 

Bouveter  (Mj.,  Fu),  v.  a.  —  Rainer.  Dér. 
du  fr.  Bouvet,  rabot  à  faire  les  rainures. 

Bouvisse  (Mj.),  adj.  quai.  —  Maladroit, 
vétillard.  Syn.  de  Poqueton.  Mot  vieilli. 

Bouvisser  (Lg.),  v.  n.  —  Travailler  dur. 
Syn.  de  Buriner,  Bédasser,  Bouriner,  Har- 
quéler. 

Bouyer  (Tis.,  Fu),  s.  m.  —  Garçon  de  ferme 
spécialement  chargé  de  ramasser  la  nourri- 
ture des  bestiaux  et  de  panser  les  bœufs. 
Doublet  et  à  peu  près  syn.  de  Bouer.  —  N. 
Boër  vient  de  l'allemand. 

Et.  —  C'est  le  berrichon  Boyer,  bouvier,  et  le 
prov.  Bouié,  laboureur.  Cf.  Bouer.  N.  Le  nom, 
rendu  fameux,  de  Boër,  vient  de  l'ail.  Bauer,  pay- 
san, soit,  mais  l'ail.  Bauer  qui  ne  saurait 
dériver  de  zu  bauen,  bâtir,  d'où  vient-il  lui- 
même  ?  (V.  Bouyer  au  F.  Lore.  Noms  propres.) 
N'a-t-il  pas  été  emprunté  à  nos  langues  latines,  — 
française  et  provençale  —  qui  possèdent  toutes 
deux  Bouyer,  bouer,  bouvier,  bouiers,  dérivés  bien 
authentiques  du  latin  Bovem?  (V.  la  citât,  de 
Mireille  à  Bouhier.)  D'ailleurs  la  présence  parmi 
les  premiers  Boers  de  nombreux  huguenots  fran- 
çais expliquerait,  comme  je  l'avais  indiqué,  l'adop- 
tion de  ce  nom,  commun  à  la  fois  aux  langues  ger- 
manique et  latine.  —  Il  y  a  beaucoup  à  se  défier 
des  opinions  toutes  faites,  classiques,  courantes, 
passées  en  articles  de  foi.  Pour  moi,  elles  sont  essen- 
tiellement révisables.  Vous  devez  le  reconnaître 
vous-même  de  plus  en  plus.  (V.  ce  que  j'ai  dit  à 
Niole,  et,  dans  votre  Préface,  la  citation  de  G. 
Paris  où  il  recommande  «  de  suivre  l'histoire  d'un 
mot  jusqu'à  sa  plus  ancienne  forme  connue  et 
même  supposable  ».  Ch.  ix),  R.  O. 

Bouzard  (Z.  149).  —  Ventru.  —  Du  celtiq. 
N.  Vient  de  Bouse  et  devrait  s'écrire  Bou- 
sard.  Syn.  et  doublet  de  Bezard. 

Bouziller  (Sal.).  —  ^'.  Bousiller. 

Boyard'  (Mj.),  s.  m.  — Tonneau  ouvert  par 
un  bout  et  muni  de  deux  anses  et  qui  sert  à 
transporter  des  liquides. 

Et.  —  Dér.  de  Boyer.  Syn.  de  Loup,  Boillard. 
Autre  forme  de  Bayart  ou  Batart,  —  de  l'ail,  bahre, 
civière.  Hist.  —  «  Les  unes  seront  portées  dedans 
des  vaisseaux  de  terre,  les  autres  sur  certains  engins 


faits   en   forme   de   boyards   ou   brouettes.    »   (B. 
Palissy  —  Eveil.) 

Boyard  ^  s.  m.  —  Endroit  pierreux  sur  le 
bord  de  la  rivière,  qqf.  à  sec.  —  Et  même  sens 
que  plus  haut.  (Mg.  — ■  Méx.) 

Boyau  (Mj.),  s.  m.  —  Se  rincer  les  boyaux 
de  la  tête,  —  boire  d'autant,  à  gogo,  à  tire 
larigot.  On  dit  aussi  :  Se  rincer  le  goulot,  la 
dale. 

Et.  —  «  Boël,  boiel.  Provenç.  budél.  De  Botel- 
lum,  saucisse  ou  petit  boudin  (Martial)  ;  botelli, 
boyaux,  dimin.  de  botulus,  boudin  (Aulu-Gelle). 
Boèle  vient  probablement  d'un  plur.  n.  botella, 
traité  com.  sing.  fém. 

Boyé.  —  Laisser  le  grain  dans  le  bayé,  ou 
dans  un  tas  recouvert  d'un  mauvais  drap. 
Plutôt  :  Bogue,  de  Bogue.  (Méx.)  Cf.  Ballier. 

Boyer  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Ouvrir  la  bouche. 
Ex.  :  Il  n'a  point  l'ar  fin,  il  hoye  toujours  le 
bec.  Il  Fu.  —  L'ouvrir  surtout  niaisement. 
Béer.  ||  Jm.  —  Y  boyaientla.  goule  à  l'enconte 
de  nous,  —  ils  nous  dévisageaient. 

Et.  —  Baër,  beër,  baier,  —  de  Badare,  batare. 
DiEz  propose  l'onomat.  ba,  exprimant  l'ouverture 
de  la  bouche.  —  Cf.  l'angl.  to  Bay.  —  Hist.  —  «  Les 
loups,  les  renards. . .  et  aultres  bestes,  l'on  trouvait 
par  les  champs,  mortes  la  gueule  baye.  (Rab.,  P.,  n, 
2.) 

Boyi  (Li.,  Br.).  —  Un  veau  ;  d'un  âge 
moyen  entre  celui  du  veau  et  du  bœuf.  — 
Syn.  de  Noge. 

Et.  —  Lat.  bovem.  —  Ou  celtiq.  Bov,  mugir 
(Malv.) 

Bracbé,  adj.  q.  —  Chanvre  braché,  c.-à-d. 
préparé  au  bras.  Lat.  brachium.  Cf.  le  préf. 
Brachi.  (Mén.) 

Bragard,  s.  m.  —  Paré,  beau,  joli  ;  brave, 
hardi;  fier,  présomptueux;  arrogant,  témé- 
raire ;  débauché.  —  V.  ce  mot  au  Folk-Lore, 

XIX. 

Et.  et  Hist.  —  «  On  dit  :  les  Fluteurs  et  Joueurs 
de  paume  de  Poitiers  ;  les  Danseurs  d'O  l'ans;  les 
Bragards  d'Angiers  ;  les  Crottez  de  Paris,  les  Beu- 
geurs  de  Pavie  :  les  Amoureux  de  Turin,  —  pour 
signifier  les  «  impedimenta  )>  (les  non-valeurs) 
d'une  Université.  Cependant  on  dit  :  Les  bons 
Estudians  de  Thoulouse.  »  —  On  dit  de  la  ville 
d'Angers  :  «  Angers,  basse  ville,  haut  clochers  ; 
riches  p. . .,  pauvres  écoliers.  Ce  qui  me  fait  croire 
que  le  mot  Bragard. . .  signifie  :  adonné  aux  femmes 
et  qu'il  a  été  fait  de  brague,  en  la  signification  de 
braguette  :  «  Et  rencontrant  par  les  rues  quelques 
mignons  braguars,  et  mieux  en  point,  etc.  ) 
Rab.  IV,  6.  —  Cité  par  Ménage.  —  «  M.  Quiche- 
rat,  Histoire  du  costume,  écrit  qu'au  temps  de 
Charles  VIII  et  de  Louis  XII,  on  appelait  bragards 
ceux  qui  laissaient  sortir  la  chemise  entre  le  haut 
de  chausses  et  le  pourpoint.  Ces  élégants  étaient 
déjà  plus  riches  de  surnoms  que  d'écus  :  gorriers, 
fringants,  frisques,  freluquets...  (Cité  par  L.  C, 
sXote  de  VEd.).  —  Dans  le  Temps  du  l"  septembre 
1905  :  Par  un  récent  décret,  la  ville  deSaint-Dizier 
a  été  décorée  de  la  Légion  d'Honneur  en  souvenir 
de  la  résistance  opposée  par  la  cité  aux  armées  de 
Charles-Quint,  en  1544...  François  I^"',  quand  il 
sut  quelle  avait  été  la  bravoure  des  habitants  de  la 
ville,  s'écria  :  Braves  gars  .'  Le  mot  fit  fortune, 
mais  on  l'altéra  en  le  prononçant,  et  les  habitants 


BRAGUE  —  BRAITER 


135 


de  Saint-Dizier  s'appelèrent  des  Bragars,  puis, 
par  une  dernière  corruption  des  «  Bragards...  », 
Au  banquet,  le  maire  but  à  «  la  cité  hragarde  ».  — 
«  hes  bragards  d'Angers  sont  les  écoliers.  >>  — 
«  Grands  bragues  ils  faisaient  et  fière  contennace, 
«  Mais  de  sortir  en  place  nully  d'eux  ne  s'avance.  )> 
(J.  Marot,  p.  112.) 
On  a  proposé  le  german.  braka,  faire  du  bruit, 
parader  ;  d'où  braguard,  vaniteux.  Wallon,  bra- 
keler,  hâbler.  (Df  A.  Bos.).  —  «  Brac,  ceindre,  du 
celtique.  D'où  :  braca,  culotte,  vêtement  ceignant 
le  milieu  du  corps,  mot  cité  par  les  auteurs  lat. 
comme  étant  gaulois,  et  devenu  :  braga,  aujourd. 
brague,  braguette.  (Malv.) 

Brague  (Sa.),  s.  f.  —  Ouverture  longiUidi- 
nale  à  la  partie  antéro-supérieure  du  cotillon 
d'une  femme.  Syn.  de  Migaillère,  Poche-aux- 
puces.  Il  By.  —  Autrefois  :  pont  de  la  culotte  ; 
braguette. 

Et.  —  Du  lat.  Bracca.  V.  Bragard.  —  Cf.  Breton  : 
Bragez,  plur.  Bragou. 

Brai  (Mj.),  s.  m.  —  Cordage  qui  sert  à  rele- 
ver le  milieu  du  bord  inférieur  de  la  voile, 
afin  de  permettre  à  l'homme  de  la  barre  de 
voir  aisément  l'avant  du  bateau.  On  l'appelle 
aussi    Yorde. 

Braie  '  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  pipée 
qui  se  fait  au  lever  du  soleil  et  pour  laquelle 
on  fixe  les  gluaux  sur  une  haie.  On  n'y  prend 
que  des  petits  oiseaux,  surtout  des  chardon- 
nerets. 

Et.,  Hist.  —  «  Brai,  vx  fr.,  broi  ;  p.-ê.  de  l'ail, 
bret,  planchette.  Piège  formé  de  deux  baguettes 
de  bois,  dont  l'une  s'emboîte  dans  l'autre,  de  façon 
à  prendre  les  oiseaux  par  les  pattes  : 

«  Me  cuide  il  donc  prendre  comme  oiselet  au 
brai.  I)  (MÉNAGE).  —  «  Brail,  s.  m.,  bois,  forêt, 
buisson.  Le  mot  breuil  subsiste  encore  en  Poitou 
en  ce  sens.  Il  est  pris  pour  :  gros  buisson  à  faire  la 
pipée,  dans  l'ancienne  traduction  de  Pierre  de 
Croissans,  citée  par  D.  C,  V  Brenexellus  :  «  On 
peut  aussi  prendre  oiseaux  par  autres  manières, 
comme  est  au  brail...  »  —  Cité  par  L.  C.  qui 
ajoute,  V"  Braiement  :  L'auteur  du  Glossaire  sur  le 
Bonian  de  la  Base  dit  que  ce  mot  signifie  :  l'appeau 
dont  on  se  sert  pour  attirer  les  oiseaux  dans  le  piège 
qu'on  leur  a  tendu.  Il  a  fondé  son  explication  sur 
ces  vers  : 

Tout  ainsi  comme  l'oyseleur 
Prend  l'oysel  comme  couteleur 
Et  l'appelle  par  doulx  sonnetz, 
Musse  dedans  les  buissonnetz, 
Poiir  le  faire  à  son  bray  venir 
Tant  que  prins  le  puisse  tenir.  ^' 
(Bomari  de  la  Rose,  22.415,  sqq.) 
Examinez  si  Bray,  dans  ces  vers,  ne  signifie  pas 
glu,  gluyaux,  ou  peut-être  un  trébuchet. . .   {'  Brai, 
goudron,  a  pu  passer  du  sens  de  :  corps  gluant,  à 
celui  de  glu,  et  par  suite  gluau,  et  piège  en  général. 
(D>-  A.  Bos.) 

Braie  -  (Mj.,  Fu.,  Sal.),  s.  f.  —  Instrument 
de  bois,  à  dents,  qui  sert  à  broyer  le  lin  ou  le 
chanvre.  De  Broyer.  —  V.  Brayer. 

Et.,  Hist.  —  Rabel,  p.  ni,  50  :  Comment  doit 
être  préparé  le  célèbre  Pantagruélion  (qui  n'est 
autre  chose  que  le  chanvre),  dit  :  Quelques  Panta- 
gruélistes  modernes...  usent  de  certains  instru- 
m.ents  cataractes  (broyeurs),  composés  à  la  forme 
que  Juno  la  fâcheuse  tenait  les  doigts  de  ses  mains 
iô9   pour    empêcher   l'enfantement   de   Alemène, 


mère  d'Hercules,  etc.  »  C'est  la  Broue.  —  Elle  est 
formée  de  deux  mâchoires  de  bois  dur. 

Braierie  (Mj.),  s.  f.  —  Bâtiment  ou  hangar 
où  l'on  broie  le  chanvre,  le  lin.  —  Dér.  de 
Brayer.  Pour  Brayerie. 

Braillard  et  Brâillaud,  e  (Sp.,  Lrg.),  adj- 
quai.  —  Braillard,  pleurard,  pleurnicheur.  V. 
Brailler. 

Braille  (PL),  s.  f.  —  Filet  d'oiseleur.  Syn. 
de  Arigné,  Braille.  —  N.  Ce  mot  a  le  plus 
grand  rapport  avec  le  Mj.  Braie,  bien  que  les 
deux  genres  de  braconnage  soient  tout  à  fait 
différents. 

Et.  —  Brail,  bril.  ])ret  sont  probablement 
diverses  formes  du  même  mot  qui  se  rattache  au 
germ.  Brittil,  enlacer,  contract.  britl,  lacet,  d'où  : 
bride  et  à  brettan,  serrer,  d'où  probablement  bre- 
telle. (D"-  A.  Bos.). 

Brailler  (Mj.),  v.  n.  —  Sens  spécial  :  Beu- 
gler, en  parlant  des  vaches  qui  ont  faim  ou 
soif,  il  Brailler  misère,  se  plaindre  très  haut.  || 
Pleurer  avec  des  cris,  —  ou  même  en  silence. 
Syn.  de  Baner,  Chenucher,  Ouigner,  Pigner, 
Vaner.  \\  Pleurer  avec  éclat.  I|  Fu.  —  S'em- 
ploie toujours  et  presque  uniquement  pour 
Pleurer.  On  dit  :  Brailler  à  la  force,  pour  : 
pleurer  abondamment  et  avec  cris.  — 
Brailler  su  l'échiné  à  qqn,  —  le  poursuivre 
de  huées  ou  l'assommer  de  recommandations 
ou  de  reproches. 

Et.  —  Paraît  formé  de  braire,  qui  avait  jadis  le 
sens  général  de  crier,  comme  criailler  vient  de 
crier.  B.  L.  bragire,  hennir  ;  coiti.  le  vx.  fr.  muire, 
de  mugire.  On  retrouve  cette  racine  dans  les 
langues  celtiques.  (Litt.)  —  Lat.  popul.  Bragulare, 
d'un  type  bragere.  —  On  a  proposé  aussi  Raire, 
avec  b  initial  ;  d'un  type  ragere,  onomat.,  formé 
d'après  l'analog.de  mugire,  rugire,vagire  (Scheler  . 

Braise  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  Argent  comptant, 

(fuibus.   Syn.   de  Pépettes,  Galette,  Monacos , 
Picaillons,  Pognon. 

Braison  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  charbon  en 
ignilion. 

Et.  —  Aha.  brasa,  cf.  am.  braten,  rôtir.  Vx  fr. 
Brese,  meilleure  graphie.  —  Braisette.  —  Malv. 
conteste  :  Du  celt.  Bras,  déchirer,  fendre,  briser, 
adouci  de  Brad  ;...  brase  et  braise,  fragments  de 
bois  brûlé  ;  . . .  nos  pères  n'ont  pas  eu  besoin  d'aller 
emprunter  ce  mot  pour  désigner  une  chose  aussi 
commune.  Dim.  brasil  ou  braisil. 

Braiteler  (Sa.),  v.  a.  —  Entourer  d'un  cor- 
dage, attacher  fortement.  Dim.  de  Braiter.  — 
\'.  Bn'leler. 

Braîtcr  (Mj.),  v.  a.  —  Barrer,  arrêter  en 
liant.  Ex.  :  Son  cotillon  illi  a  hraité  les 
jambes,  ça  fait  qu'aile  a  tombé  sus  le  nez. 
Syn.  de  Brider. 

Et.  —  Angl.  to  Braid,  tresser  :  A  noter  encore 
que  Braiter  pourrait  s'écrire  Brester,  Brêter,  et 
qu'il  est  peut-être  la  rac.  du  fr.  Bretelle,  dont  l'ori- 
gine est  inconnue  selon  le  Dict.  génér.  —  N.  Le 
barrage  des  anciens  moulins  à  eau  de  Mj.  était 
désigné  sous  le  nom  de  Braiteaux.  Les  vieillards 
racontaient  maints  accidents  arrivés  sur  les  Brai- 
teaux. Un  vicaire  y  périt  vers   1789,  avec  toute 


136 


BRAITIE 


BRAXDIF 


une  fûtrolée  de  gens    son  épitaphe  se  voyait  encore 

au  cimetière  il  y  a  qqs  années.  —  Hist. 

«  N'auray-je  rien  pour  mes  lectres  en  prose 
Ny  pour  l'effect  de  ma  juste  requeste?... 
Monstrez  la  doncq,  que  plus  ne  vous  en  breste. 
Car  tant  prier,  comme  je  présuppose, 
Ce  ne  vous  est  qu'un  rompement  de  teste.  ■» 
G.  C.  Bûcher,  184,  p.  190. 

Braitle  (PL),  s.  f.  —  Filet  d'oiseleur.  Cf. 
Braille.  Syn.  de  Arigné.  —  N.  Ce  mot  res- 
semble fort  au  Mj.  Braie,  et  cependant  les 
deux  genres  de  braconnage  sont  tout  à  fait 
différents.  —  \'.  Braiteler,  de  Braiter,  Brételer. 

Brame  (Sa.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'un  cheval 
affecté  de  cryptorchidie,  d'une  jument  pré- 
sentant quelques  caractères  de  masculinité  et, 
en  général,  d'un  animal  (espèce  chevaline)  peu 
propre  à  la  reproduction.  Syn.  de  Biret. 

Bran  (Mj.),  s.  m.  —  Excrément.  —  Ne 
s'emploie  guère  que  dans  la  loc.  Bran  de  scie, 

—  sciure  de  bois. 

Et.  et  Hist.  —  C'est  le  vx  fr.  Bran,  ou  Bren, 
encore  usité  com.  interj.  et  qui  a  donné  le  verbe 
Embrener.  Le  bran  de  scie  est  l'excrément  de  la 
scie,  par  catachrèse.  —  Dans  le  fr.  mod.  on  écrit 
Bren,  et  on  prononce  Brin.  Telle  n'est  pas  la  pro- 
nonciation patoise,  et  celle-ci  doit  être  la  vraie, 
puisque  Rabelais  (P.,  n,  19),  écrit  :  Thaumaste, 
de  grand  ahan,  se  leva  ;  mais,  en  se  levant,  fit  un 
gros  pet  de  boulangier  :  car  le  bran  vint  après.  »  — 

—  Bran,  excrément,  et  bran,  son,  n'ont  pas  la 
même  origine.  Le  l*"'  vient  du  gaél.  bran  et  en  bas- 
br.  brenn  ;  le  2",  en  gaél.  brean,  en  gall.  braen, 
signifie  mauvaise  odeur.  —  A  fait  :  brener,  brenoux. 

Brancer,  ou  =  ser  (Segr.).  —  Remuer. 
Brancer  de  la  te'î're  et  du  fumier,  afin  de  les 
bien  mêler  ensemble.  —  On  brance  les 
rilleaux,  les  noix,  les  numéros,  au  moment  de 
tirer  au  sort. 

Et.  —  Pour  brasser?  Cf.  Brasse-bouillon.  Y. 
Branseau. 

Branche,  s.  f.  (Sp.,  Mj.).  —  Fig.  Parti, 
afTdiation,  coterie.  Ex.  :  Il  est  de  la  branche. 
L'ital.  Branco  a  le  même  sens.  !|  Ami,  cama- 
rade. Ex.  :  Tiens,  c'est  toi,  ma  vieille  branche. 
—  N.  Il  est  lié  comme  la  branche  k  l'arbre.  — 
Branché,  vx  mot,  compagnon  associé  dans 
une  affaire.  Argot. 

Brancholer  (Tlm.,  Sp.).  —  Tituber,  zigza- 
guer. Syn.  de  Chamhranler,  Gingeoler  Bricoler, 
doublet  de  ce  dernier  et  de  Brangeoler,  Bran- 
sèler.   —  V.    Branseau. 

Et.  —  De  branche.  S'agiter  comme  une  branche 
au  vent?  —  Cf.  Branciller,  Jaub. 

Brauconner  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Bracon- 
ner. Ij  Scier  au  godendard  une  tête  d'arbre  que 
l'on  ne  peut  fendre.  ||  Fu.  —  Bracouner,  peu 
usité,  1"  sens. 

Et.  —  Au  premier  sens  :  Diriger  des  chiens 
braques,  de  l'aha.  braccho,  chien  de  chasse  :  nomi- 
nal., brac  ;  régime,  bracon.  (Litt.)  ;  2«  sens  : 
Bracon  signifie  solive,  en  vx  fr.  (Darm.).  —  Y  a-t-il 
qq.  rapport  avec  :  branr,  épée,  sabre,  au  sens  de 
scier  ? 

^ranconnier  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Prononc. 
Brancognier.  —  Braconnier. 


Î^Et.  —  Primitivement  :  veneur,  celui  qui  es* 
chargé  du  soin  des  chiens  appelés  bracs.  —  Le 
sens  moderne  de  Braconnier  est  venu  par  exten- 
sion. Hist.  '(  Jehan  des  chiens  serviteur  et  bracon- 
nier de  nostre  amé  et  féal  cousin  et  chambellan 
Guy  de  la  Trémoille.  »  (1395).  —  Nombreux 
exemples  cités  par  D.  C.  \°  Bracco. 

Hist.  —  "  Sépulture  de  la  femme  de  Pierre  Mon- 
dain, «  pelletier  et  blanconnier  de  ce  bourg.  -. 
162.3  (L  a.  S.  E.  m.  .30.5,  2,  m.) 

Brandeau  (Mlr),  s.  m.  —  Mot  dont  on  a 
oublié  le  sens  et  qui  s'emploie  au  jeu  de  la 
marque.  \\  N.  La  personne  qui  m'a  fourni  ce 
détail  ajoutait  que,  probablement,  autrefois, 
celui  qui  dirigeait  le  jeu  portait  à  la  main  un 
rameau  de  brande.  C'est  assez  vraisemblable. 
—  Brande,  orig.  incon.  —  Syn.  et  d.  de 
Branseau.  \\  Lg.  —  Rameau,  petite  branche. 
Ex.  :  Ein  brandeau  bénit. 

Brandelle  (de),  loc.  adv.  (Cho.).  —  De  tra- 
vers. Ex.  :  Le  cœur  me  va  de  brandelle.  V. 
Brandeller. 

Brandeller  (Lp.,  Chg.),  v.  a.  —  Balancer. 
\'.  réf.  se  Brandeller.  —  Fr.  Brandiller.  Syn. 
et  d.  de  Branséler,  Brandouiller. 

Et.  —  Du  germ.  brand,  tison,  puis,  par  métaph., 
épée  (Cf.  Esp.  tizona,  épée,  de  tizon,  tison)  ;  d'où 
brandir,  balancer  dans  sa  main  une  épée,  un  jave- 
lot. —  Deux  formes,  l'une,  fr.,  en  iller,  l'autre, 
dialect.  en  eler,  eller. 

«  Targes,  banieres,  penonceaux. 
Selonc  ce  que  les  nés  (vaisseaux)  brandelent 
En  mil  parties  i  fretelent.  (Cité  par  Litt.) 
On  trouve  aussi  Brander.  «  Tute  la  terre  brande, 
pensez  del  espleitier.  »  (Idem.) 

Brandes  (Lue),  ou  Brondes ,  s.  f.  —  Grandes 
bruyères.    Erica  scoparia.   —  \'.   Brandeau 
Syn.  de  Bertreau,  Bertriâ. 

Hist.  —  K  Dono,  unam  birotœam  (brouettée). 
brandœ,  sive  bruerise  ad  usum  furni. . .  )  1205.  D.  C. 


Brandeséler   (Auv.),  v, 
Brandeller. 


a.  —  Balancer.  V. 


Balançoire.  Ex. 


Brandeselle  (Auv.),  s.  f. 
J'ai  été  à  la  brandeselle. 

Et.  —  Doubl.  de  Branselle.  Syn.  de  Brangeoloire. 
Hist.  —  «  Là  jouoit  :  au  flux,  à  la  prime. . .,  à  la 
brandelle.  »  (Rab.,  G.  I,  22). 

Brandif,  —  ive  (Sp.,  Lg.),  adj.  q.  —  Entiè- 
rement suspendu,  ne  touchant  plus  terre. 
Ex.  :  Il  l'a  enlevé  tout  brandif.  \\  Se  balan- 
çant, gigottant.  li  Tout  vif,  tout  entier.  || 
Lx.  —  Equipé,  harnaché,  préparé.  On  dit 
habituellement  :  tout  brandif  (c.-à-d.  com. 
la  personne  ou  la  chose  se  trouvent).  —  Cf. 
Brandi,  Jax'b.  Ij  By.  —  J'ai  enlevé  la  palis- 
sade brandif.  Quand  il  a  monté  le  second 
(élevé  la  maison  d'un  2''  étage),  l'entrepreneur 
a  enlevé  (soulevé)  la  toiture  brandif  (tout 
d'un  bloc). 

Et.  —  Brandif  est  le  mot  exact  (Cf.  Bailli,  pour 
Baillif)  :  altération  du  vx  franc,  braidif  (orig.  inc), 
vif.  impétueux,  due  à  une  confusion  avec  le  radie 
du  V.  brandir.  (Darm.).  —  Hist.  Estomac  apte 
naturellement  à  moulins  à  vent  tous  brandifs 
digérer  (Rab.,  iv.  17). 

—  «  Des  manches  où  j'entrerions  tout  brandis, 
toi  et  moi.  «  (Mol.  Le  Festin  de  Pierre,  n,  1.) 


BRANDISSOIRE  -  BRANSEAU 


137 


Brandissoire  (Lg.),  s.  f.  —  Pièce  de  fer  ou 
de  bois  qui  embrasse  l'essieu  au-dessous 
d'une  charrette  et  le  fixe  au  beaugeard.  Ou  dit 
aussi  :  le  Brandissoir. 

BraDdoilIc  (Lg.),  s.  f.  (L'o  conserve  le  son 
naturel.)  —  Se  dit  dans  :  Prune  de  Brandoille, 

—  espèce  de  prune  noire  à  gros  noyau,  fort 
acide  et  de  qualité  inférieure,  mais  très 
abondante.  On  l'appelle  aussi  :  Prune  de 
goret.  Probablement  la  même  que  la  Preune 
d'amont-noir  (de  monnoir),  de  Mj. 

Brandouiller  (Mj.),  v.  a.  —  Brandiller, 
brimbaler. 

Et.  Doubl.  du  fr.  Brandiller.  Se  rattache  à  la 
rac.  Brand.  Syn.  et  d.  de  Brandeller. 

Brandouilli^re  (en)  (Mj.,  Lg. ,  Fu.)  —  En 
bandouillère.  Dér.  probablement  de  Bran- 
douiller. 

Brangeoler  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Balancer, 
branler,  secouer,  agiter.  —  Syn.  et  d.  de 
Branséler,  Brandeller,  Brandouiller,  Brancha - 
1er  ;  syn.  de  Chambranler,  Bricoler.  Gingeoler. 
Vieilli. 

Brangeoloire  (Lg.),  s.  f.  —  Balançoire, 
escarpolette.  Vieilli.  Dér.  de  Brangeoler.  Syn. 
de  Brandeselle. 

Branle  (Mj.),  s.  m.  —  Mettre  en  branle,  — 
susciter  une  affaire,  propager  un  bruit.  !| 
Tiendre  son  branle,  —  tenir  son  équilibre. 
Ex.  :  Tâche  de  tenir  ton  branle.  \\  N'aller  que 
de  branle,  —  ne  marcher  que  par  un  efïort  de 
volonté,  comme  il  arrive  aux  personnes  affai- 
blies ou  surmenées  ;  cahin-caha.  !|  Tenir 
le  branle,  —  continuer  de  mener  le  train 
d'une  affaire.  ||  Sonner  à  branle,  —  à  toute 
volée.  Il  Ni  foutre,  ni  branle,  c.-à-d.  rien  du 
tout.  Il  Etre  sus  le  même  branle,  —  dans  la 
même  situation.  Se  dit  d'un  ivrogne  qui  ne 
dessoûle  pas.  Cf.  Bord.  \\  Equilibre.  |î  Résultat 
de  l'action  de  branler,  de  secouer. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Branler. 

Branlée  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Branle  des 
cloches,  volée.  Ex.  :  Ils  ont  sonné  eine  branlée. 
!|  Au  Lg.,  on  dit  :  A  qui  quelle  branlée?  — 
pour  qui  sonne-t-on  les  cloches? 

"îranler  (Sp.,  Mj.).  —  Fig.  Répéter,  ressas- 
ser, redire  sans  cesse.  ||  Branler  \sl  cramaillère, 

—  balancer  la  crémaillère.  C'est  une  plaisan- 
terie familière,  lorsqu'il  s'est  passé  qqch. 
d'inouï,  d'incroyable.  Cf.  Faire  une  croix  à  la 
cheminée.  ||  \\  n.  Branler  dans  le  manche,  — 
ne  plus  être  solide,  être  prêt  à  se  disloquer,  au 
fig.  Ex.  :  L'affaire  branle  dans  le  manche.  || 
Branler  les  cloches,  —  .sonner  à  toute  volée.  !| 
Se  branler,  —  se  remuer,  se  mettre  en  mou- 
ment.  Syn.  de  se  mouver.  \\  By.  Faire  des 
branles,  tendre  des  lignes  (de  fond  ou  cordées) 
en  faisant  des  zigzags  d'un  bord  de  la  rivière 
à  l'autre.  V.  Acher.  — ■  Ne  pas  confondre  avec  : 
louvoyer,  tirer  des  bordées.  Cf.  Tendre  des 
ipinoches. 

Et.  —  Contract.  de  Brandeler.  —  Une  deuxième 
opinion  fait  venir  ce  mot  de  Branche  (com.  l'ital. 


brancolari).  N.  Ce  qui  pourrait  expliquer  le  rap- 
prochement entre  le  mot  branche  et  les  mots  qui 
expriment  l'agitation  est  que  je  lis,  au  mot  bran- 
lette  (dans  Dottin),  cime  des  arbres,  extrémité  des 
'  branches.  «  Le  nid  de  pie,  il  'tait  tout  à  la  bran- 
lette;  Et'  «  su  la  branletle,  peu  solide,  incertain.  « 
V.  Branseau.  —  Hist. 

—  «  Girart  qui  bien  fut  appensez 
Saisit  l'escu,  puis  a  branlée 
La  lance.  Sur  la  terre  lée 
Va  férir  le  seigneur  d'eulx  tous.  »  D.  C. 
«  Cette  pierre  est  si  lourde  qu'on  ne  saurait  la 
branler.  (C"  Jaub.). 

Branles  (By.),  s.  f.  —  Zigzags  que  l'on  fait 
d'un  bord  à  l'autre  de  la  rivière  lorsque  l'on 
tend  les  cordes,  lignes  de  fond.  V.  Cham- 
peaux.  Cordeaux,  Epinoches,  Virecou,  Per- 
rons. 

Branloire  (Mj.),  s.  f.  —  Levier  au  moyen 
duquel  le  forgeron  manœuvre  son  soufïlet. 

Hist.  «  Le  suppliant  trouva  d'avanture  ung 
Garrot  ou  levier,  à  quoy  on  levait  le  branle  du 
moulin.  (Le  Garrot  est  un  gros  bâton)  1461.  D.  C. 

Branseau  (branzo),  s.  m.  (Mj.)  —  Rameau, 
ramille,  petite  branche.  Syn.  et  d.  de  Bran- 
deau. 

Et.  —  Dim.  de  l'af.  Branse,  fr.  Branche. 

N.  philolog.  —  «  Ce  mot,  bien  insignifiant  en 
apparence,  est,  au  fond,  très  précieux  en  ce  qu'il 
nous  révèle  la  filiation  de  toute  une  famille  de  mots 
français,  dont  les  étymologistes  sont  fort  embar- 
rassés de  retrouver  l'origine,  ou  dont  ils  n'ont 
point  soupçonné  les  liens  intimes  de  parenté. 

Si  dans  le  mot  Branseau  on  supprime  le  sufïlxe 
diminutif,  on  retrouve  le  primitif  Branse,  mot 
inusité,  dont  le  français  Branche  n'est  évidemment 
que  la  corruption.  Quant  à  Branse,  c'est  claire- 
ment un  dérivé  de  l'ail.  Brand,  tison,  et  zu  brennen, 
brûler.  Ainsi,  quoi  qu'en  aient  certains  étymolo- 
gistes, qui  ne  rêvent  que  poésie  et  ne  voient  que 
métaphores  à  l'origine  des  langues,  il  faut  ici 
écarter  les  dérivations  fantaisistes  et  reconnaître 
que  nos  ancêtres  étaient  parfois  utilitaires,  puis- 
qu'ils ont  vu  dans  la  branche  un  tison  et  non  le 
bras  (bracchium)  de  l'arbre. 

Mais  ce  n'est  pas  tout  ;  Branseau,  ou  sa  forme 
ancienne  Bransel  a.  dans  le  patois,  un  dérivé  : 
c'est  le  verbe  Branséler  qui  signifie  :  vaciller,  trem- 
bloter, branler,  en  un  mot  être  agité  comme  une 
petite  branche  que  secoue  le  vent.  Je  remarque  ici 
en  passant  qu'à  Montjean  le  verbe  Gauléier  est 
synonyme  de  Branséler  ;  or,  Gauléier  est  un  dérivé 
du  français  Gaule,  baguette  ;  c'est,  on  le  voit,  la 
même  image,  empruntée  au  même  ordre  de  faits. 

Pour  revenir  à  Branséler,  qui  ne  voit  maintenant 
que  ce  mot  a  donné  par  contraction  le  fr.  Branler, 
surtout  si  l'on  remarque  que  naguère  ce  dernier 
s'écrivait  Bransler?  (branselle,  balançoire). 

A  la  racine  Brand  se  rattache  encore  le  fr. 
Brande,  avec  son  diminutif  Brandon  et  son  verbe 
dérivé  Brandiller,  lequel  est  précisément  un  syno- 
nyme de  Branler  :  et  en  outre  le  fr.  Brin,  avec  son 
diminutif  Brindille,  synonyme  de  Branche  et 
Branseau. 

Enfin,  dans  le  patois  montjeannais,  je  relève 
cette  curieuse  expression  :  «  Sec  comme  bersille  » 
qui  signifie  :  très  sec,  très  inllainniable.  On  peut 
voir  dans  ce  mot  une  corruption  de  :  braisille, 
diminutif  régulier,  mais  inusité  du  fr.  braise,  nom 
qui,  du  reste,  se  rattache  à  la  racine  Brand.  Pour 
moi,  je  crois  plutôt  retrouver  dans  Bersille  une 
forme  altérée  de  Bransille,  second  doublet,  d"ail- 


138 


BRAXSÉLER  —  BRAVOTTE 


leurs  inusité  de  Branse.  L'existence  ancienne  de 
Bransille  semble  être  attestée  par  celle  du  nom  pa- 
tois Brossille,  autre  forme,  corrompue,  qui  a  donné 
le  verbe  dérivé  Brossiller;  ce  mot  a,  mieux  qu'un 
autre,  gardé  le  cachet  de  son  origine,  et,  somme 
toute  :  sec  comme  bersille,  veut  dire  :  sec  comme 
un  tison. 

En  résumé,  les  mots  français  et  patois  issus  de  la 
racine  allemande  Brand,  peuvent  se  ranger  dans 
les  trois  classes  suivantes  : 

1°  Brande,  brandon,  brandiller  ; 

2°  Branse,  ou  branche  ;  bransel  ou  branseau  : 
branséler,  bransler  ou  branler,  branselle  (bransille), 
bersille  ou  brossille  ;  brossiller. 

3°  Brin,  brindille. 

A  cette  famille  on  peut  encore  rattacher  l'ad- 
jectif patois  Brandif,  dont  le  sens  concorde  par- 
faitement avec  celui  de  ses  congénères.  Il  faut 
remarquer  en  effet  que  tous  les  mots  de  ce  groupe 
répondent  à  l'une  de  ces  trois  idées  élémentaires  : 
brûler,  branche,  branler,  idées  qui  procèdent  l'une 
de  l'autre  par  une  filiation  dont  je  crois  avoir  établi 
l'authenticité  d'une  manière  indiscutable.  {R. 
Onillon.) 

N.  Voir,  à  leur  place,  tous  les  vocables  cités  dans 
cette  étude. 

Fu.  —  Casser  des  hranseaux,  —  cueillir  des 
cerises  en  brisant  les  rameaux  qui  en  sont  les 
plus  chargés.  —  Aux  Rameaux,  on  porte  des 
branseaux  de  r'marin. 

Branséler  (Mj.)  (branzéler),  v.  n.  —  Trem- 
bloter, vaciller,  osciller,  branler.  Syn.  et  d.  de 
Brangeoler. 

Et.  V.  Branseau.  Cf.  Gauléier,  de  :  gaule.  Synj- 
et  d.  de  Brangeoler.  —  «  Se  bransiyer,  —  se  bran- 
diller sur  des  branches  entrelacées  qui  tiennent 
lieu  d'escarpolette.  (Dott.)  Cf.  Branciller,  Jaub. 

Branselle  (Mj.),  s.  f.  —  Balançoire.  —  V. 
Branseau,  Branséler.  Syn.  et  d.  de  Brande- 
selle. 

Braquer  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  poster, 
s'installer.  Ex.  :  Il  s'est  braqué  à  pisser  le  long 
de  la  bourne.  ||  En  parlant  d'une  voiture  à 
avant-train,  —  ne  pas  tourner  librement, 
accrocher,  par  défaut  d'un  jeu  suffisant  dans 
l'appareil. 

Bras  (Mj.),  s.  m.  —  N'avoir  pas  le  bras  pus 
long  que  la  manche,  —  être  peu  influent, 
avoir  peu  de  crédit.  ||  Vendre  à  bout  de  bras, 

—  en  bloc.  1|  De  bras,  —  à  bras.  \\  Etre  en  bras 
de  chemise  —  en  manche  de  chemise,  avoir 
enlevé  son  patelot  ou  sa  blouse. 

Brasi.  s.  m.  —  Brasil  ;  petite  braise.  —  V. 
Ebrasiller. 

Et.  —  Voir  Branseau.  —  «  Ah.  bras,  feu  :  bra- 
sen,  brûler  ;  celtiq.  brath,  conflagration.   «  (Litt.) 

—  «  B.  L.  brasa  :  «  Thuribulo  cum  brasis  »,  un 
encensoir  avec  des  braises.  »  (D.  C). 

Brassai!  (Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Manche  de 
vrille  ;  manivelle  quelconque.  Syn.  de  Anille. 
Dér.  du  fr.  Bras.    |i  Lg.  —  Brassard. 

Brassé  (Mj.,  Fu),  part.  pas.  —  Lait  brassé, 
fromage  blanc  délayé  avec  du  lait  doux. 

Brasse- bouillon  (Mj.,  Fu.,  By.),  adj.  q., 
s.  m.  —  Hurluberlu,  brouillon,  individu  qui 
agit  par  boutades,  avec  vivacité  et  sans 
réflexion-  Syn.  de  Boute-et-hale,  Brigâillon. 


Brasse-corps.  —  Pour  :  Bras  le  corps.  Il  le 
prit  à  bras  le  corps  ;  popuL,  à  brasse-corps.. 

Hist.  «  Il  marcha  auprès  d'iceluy  Mahiot,  et  le 
prit  à  bras  de  corps,  tellement  qu'il  le  rua  et  le  ren- 
versa par  terre.  «  L.  C. 

Brassée  (a  bref),  s.  f.  —  A  grand  brassée,  à 
la  grand  brassée,  —  à  pleins  bras.  Ex.  :  A  le 
tenait  à  grand  brassée.  ||  Fu.  —  Contenu  des 
bras.  «  Je  viens  de  donner  eine  brassée,  »  —  de 
fourrage.  La  brassée  est  la  mesure  de  pansage 

Brassée  (Mj.),  s.  f.  —  Ce  que  l'on  brasse' 
surtout  plat  que  l'on  fait  cuire.  Ex.  :  Eine 
brassée  de  choux.  (Mj.,  Fu.)  ||  Tumulte, 
mêlée,  bagarre.  ||  Se  trouver  pris  dans  la 
brassée,  —  se  trouver  impliqué  dans  qq. 
afTaire  compromettante. 

Brasséiée,  s.f.  —  Pour  :  brassée,  de  bois  ou 
de  foin.  (Mék.) 

Brûssement  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Brassage, 
brouillement,  remuement.  Ex.  :  C'en  fait 
d'ein  brâssement  d'eau,  eine  crue  comme  ça  !  j| 
Tumulte,  confusion,  tohu-bohu.  Syn.  de 
Bousculement,  Chavirement,  Tervirement.  — 
\'.  Brassée. 

Brasser  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Brasser  les 
cartes,  les  mêler.  Brasser  la  salade.  ||  Lrm., 
By.  —  Faire  vite  et  mal,  à  grande  brassée. 
«  J'vas  te  brasser  tout  ça  !  »  ||  Brasser  la  terre, 
y  passer  la  charrue  plusieurs  fois  pour  l'aérer, 
l'assainir,     en    enlever    l'excès    d'humidité. 

Et.  Ne  vient  pas  de  bras,  brachium,  mais  du  vx- 
fr.  braz,  breiz,  brès,  malt,  blé  préparé  pour  faire  de 
la  bière.  B.  L.  bracium  ;  mot  gaulois,  d'où  bra- 
ciare,  braxare,  brassare.  —  Pline  (xvm,  11,  12,  4.) 
cite  le  mot  brace  comme  une  espèce  de  blé  gaulois 
dont  on  préparait  de  la  bière  ;  gaéliq.  braich,  bra- 
cha  ;  corn.,  brâg  ;  anc.  wall.  braz,  aujourd'hui  brâ, 
grain  fermenté.  Il  y  a  probablement  communauté 
d'origine  entre  le  celt.  brace,  et  le  germ.  brauen. 
coquere 

Brâssicotage  (Mj.,  Fu.),  s.  m. — Action  de 
brasser  souvent.  ||  Mélange,  amalgame,  macé- 
doine. Se  prend  en  mauvaise  part.  V.  Brasser. 

Brâssicoter  (Mj.),  v.  a.  —  Brasser  souvent. 

Il  Brouiller.  Dimin.  et  fréquent,  de  Brasser. 

Brâssis  (Mj.),  s.  m.  —  Mélange.  Syn.  de 
Mollis  (mouélis).  De  Brasser. 

Brâssis-bràssas  (Mj.),  adv.  —  Pêle-mêle. 
Syn.  de  Poile-et-méle,  Baquis-baquias.  Cf. 
Gan is  -ga nas ,  Bon rr i- bo u rras. 

Braver  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  le  brave,  se 
raidir.  Ex.  :  Il  faisait  ça  pour  braver,  mais  il  ne 
frisait  pas.  —  Syn.  de  Crâner. 

Bravelte,  s.  f.  —  Bavette.  ||  Fu.  —  Tablier 
à  bravette. 

Hist.  «  Le  fichuoumouchoirdecou  desplus  jeunes 
comme  des  plus  âgées,  était  toujours  recouvert, 
sur  la  poitrine,  d'une  pièce  attenante  au 
tablier,  et  faite  de  la  même  étoffe,  appelée  bravette 
(bavette).  —  (Deniau,  i,  p.  56).  —  Environs  de 
Cholet,  sans  doute. 

Bravotte  (Lg.),  s.  f.  —  Bavette.  Les 
tabliers  à  bavette  ont  disparu  au  Lg.  comme  à 


BRAYAUD  -  BRÊLER 


139 


Mj.,  et  partout,  sauf  vers  Champtoceaux.  — 
Doublet  de  Bravette,  qui  est  pour  Baverette, 
par  métathèse  de  l'r,  syn.  de  ces  deux  mots  et 
de  Balvrette. 

Brayaiid  (Sp.,  Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Sep  de 
charrue.  Bande  de  fer  qui  glisse  au  fond  du 
sillon  et  que  deux  montants  verticaux,  fai- 
sant corps  avec  elle,  rattachent  à  l'âge,  ou 
perche,  et  au  versoir  ou  oreille. 

Braye  (Z.  142),  s.  f.  —  Instrument  pour 
broyer  le  chanvre,  le  lin  et  qui  se  meut  à  bras. 
\'.  Brayer,  Braie. 

Brayer'  (Mj.,  Fu.,  Sal.),  v.  a.  etn. —  Broyer' 
le  chanvre  et  le  lin,  —  le  décortiquer.  ||  Fu. 
Prononc.  Bérier. 

Et.  C'est  le  fr.,  avec  la  prononc.  du  xvr'  siècle.  — 
Syn.  et  d.  de  Bérier.  V.  Braie.  —  Hist.  «  En  l'au- 
tomne, on  va  rouyr  ses  lins  et  ses  chanvres,  les 
faire  brayer.  »  (Brun,  de  Tartif.,  Philand,  p.  346.) 
—  Il  Durant  les  longues  veillées  de  l'hiver,  les  gens 
de  service  continueront,  comme  autrefois,  de  bra- 
yer. de  /(7î/er  le  chanvre  et  le  lin.  »  (A.  h.,  3  ",594,  28.). 

Brayer  ^,  v.  n.  —  Téter.  Mener  le  veau  à  sa 
mère  pour  le  faire  brayer.  «.  J'vas  l'faire 
brayer.  »  Cf.  Broner. 

Brayeux  (Mj.),  s.  m.  —  Celui  qui  broie  le 
chanvre  ou  le  lin. 

Brayon  (Mj.),  s.  m.  —  La  moitié  supérieure 
et  mobile  d'une  braie.  Diminutif  de  ce  mot. 

Brebiage  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  collectif  sous 
lequel  on  désigne  les  bêtes  ovines.  On  dit 
aussi  :  la  Bergerie.  —  V.  Jaitb.  Citât,  de 
G.  Saxd. 

Brebiail,  s.  m.  —  \'.  Bestial.  Collectif  de 
brebis. 

Hist pour  trois  ou  quatre 

Vielz  brebiailles,  ou  moutons. 

(Farce  de  Palhelin,  p.  95.)  L.  C. 
—   «  En  une  maison  où  le  suppliant  tient  son 
bestail  et  brebiail  ».  (1482.  —  D.  C.) 

Brt'bu'tte  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  brebis.  Pour 
Brebillette,  de  l^rebis,  aveclesuff.  diminut. 

Hist.  «  Ne  volt  nient  prendre  de  ses  bues  ne  de 
ses  berbiz,  mais  fist  prendre  la  berbiette  al  povre 
hume.  »  (2"  Livre  des  Rois,  XII,  iv,  1  58.  —  EvEiLLÉ.) 
—   «  Les  Pasteurs  ont  entendu 
Que  le  Sauveur  est  venu, 
Ont  laissé  leurs  brebillettes. 

Nocls  angev..  p.  12. 

Brôclu'  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Rayon  de  miel.  || 
Fu.  —  Licher  les  brèches,  —  sucer  les  gâteaux 
de  cire  quand  le  gros  du  miel  en  a  été  exprimé 
par  pression  des  doigts.  «  Si  tu  veux  durer 
tranquille,  lu  licheras  les  brèches.  »  Cf.  Mau- 
durant.  \\  Brèche  de  noix,  ou  brou  de  noix,  qui 
vient  des  écaleaux.  (Mén.) 

Et.  —  «  Braische.  Miel  en  cire.  Brax,  dans 
S'  Bernakd,  répond  au  latin  :  favus.  Braische  de 


Bre  =  Ber.  —  Au  commencement  ou  dans  le 
corps  des  mots,  cette  syllabe  subit  très  souvent  la 
variante  par  interversion  de  lettres,  ber.  H  en  est 
de  même  de  dre,  fre,  pre,  tre,  vre,  —  (Cf.  cre  et  gre.) 


miel,  pour  rayon  de  miel.   «  H  sent  en  soy  une  si 

grande ?  qu'il  n'eut  pas  voulu  avoir  le  derrière 

en  des  braischcs  de  miel.  »  (Merlin  Coccaie,  ii, 
191.)  —  «  La  parole  de  Salomon  est  vraie  qui  dit  : 
branches  4e  miel  sont  paroUes  bien  ordonnées  ;  car 
elles  donnent  doulceur  à  l'âme  et  santé  au  corps.  » 
Variantes  :  braische,  branche,  braxe,  bresca,  bresce, 
bresche,  bresco,  bresque,  brista,  brusquem,  bruesc. 
(D.  C  v°  brisca.)  —  «  Rac.  celtiq.  Bres,  déchirer, 

fendre,  briser D'où  :  bresque,  bresche,  gâteau  de 

miel,  chose  fragile  et  présentant  en  même  temps, 
par  la  multiplication  de  ses  alvéoles,  qqch.  de 
divisé,  de  fractionné.  (Malv.)  —  «  Cloison  inté- 
rieure dans  la  châtaigne.  «  Les  mauvaises  châ- 
taignes ont  beaucoup  de  brèche.  »  (Jaub.) 

Brécher  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Se  déliter,  cou- 
ler à  la  gelée  ou  à  la  pluie,  en  déchaussant  les 
plantes.  Se  dit  de  certaines  terres.  A  Mj.,  au  Lg., 
une  terre  qui  brèche  est  la  même  chose  que  la 
terre  boubasse  de  Saint-Paul. 

Et.  —  Aha,  brecha,  action  de  briser  ;  ail.  mod. 
brechen  ;  cymr.  breg,  rupture.  —  «  Brix  est  un 
ancien  mot  gaulois,  ...  quod  rupturam  indicat, 
declinatur  Brixac,  d'où  Brissac,  petite  ville 
d'Anjou,  jadis  Brochesac.  » 

Brèches.  —  V.  Brèche.  Rayons  pressés  où 
il  reste  encore  du  miel.  (Fu.)  V.  Curer.  \\ 
Pantalon.  Chier  dans  ses  brèches.  —  Pour 
braies? 

Brêcholer  (Tlm.),  v.  n.  —  Se  prendre  en 
légers  grumeaux  lorsqu'on  le  chauffe,  en  par- 
lant du  lait.  —  .Syn.  de  Betleler.  V.  Bricholer. 

Breciller  (Sa.).  —  Cligner  des  yeux,  v.  n. 
Syn.  et  d.  de  Ber  ciller. 

Et.  —  Lat.  cilium,  cil.  préf.  ber,  bre. 

Bredasser  (pron.  Berrdasser).  -^  Bavarder  ' 
petasser. 

Bredouille  (By.).  —  Se  dit  Berdouille  et  se 
prononce  Boerdouille. 

Bref,  adj.  quai.  —  Court.  Ce  chemin  est  le 
plus  brcj.  Angevinisme.  (Mén.) 

Bregeons,  s.  m.  —  Plant  de  vigne.  {Bévue 
(VA.,  août,  83.)  V.  Bergeons,  autre  sens. 

Bregeotte,  s.  f.  —  Nom  vidg.  de  la  bruvère. 
(Méx.; 

Bréger  (Tlm.),  s.  m.  —  Berger.  V.  Barger. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.,  transformé  par  la  méta- 
thèse chère  à  nos  patois. 

Hist.  «  H  n'i  vint  pas  come  villain  bregier.  »  D.  C. 
bergerius. 

Bregère.  —  Bergère.  Comme  on  dit  :  brebis, 
pour  berbis  ;  lat.  vervex. 
Hist.  —  lA  chevaliers  : 

Or  me  dites,  douce  bregière, 
'    '      Vauriés-vous  venir  avoec  moi... 
{Le  jeu  de  Robin  et  de  Marion,  69,  70.  (Constans.) 

Brellle,  Breiller.  —  Sans  doute  pour  : 
Braye,  Braie  ;  Brayer. 

Brele,  s.  f. ,  ou  BuMe.  —  ^'este  ronde.  V. 
Bièle. 

N.  —  Broel.  mauvais  habit,  culotte.  (Dott.) 

Brêler  (Sa.),  v.  a.  —  Attacher  solidement, 
serrer  fortement  avec  une  corde.  Syn.  de 
Souquer, 


40 


BREMAILLE  —  BREUNIR 


Et.  —  Probablement  le  même  que  Brételer,  ou 
Brailler.  \\  Inconnu  au  Fu.,  où  existe  Débreler. 

Breiuaille  (Lg.).  —  Petite  brème.  Syn.  de 
Bermille,  Berlette,  Bremaude,  Berluche.  ||  Fu. 

—  Collectif.  On  ne  dit  pas  :  Une  bremaille, 
mais  :  de  la  bremaille. 

Bremier,  s.  m.  —  Bailli-maire. 

Hist.  «  Le  bailli-maire  du  Lude  tremblait  devant 
lui  comme  tous  les  autres.  »  N.  Le  bailli-maire 
s'appelait,  par  contraction,  le  bremier.  (//'"  du  vx. 
tps.  p.  280. 

Brê mille  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Bermille. 

Et.  —  Viendrait  de  l'ail.  Brachsen  ;  mha. 
brahsem.  B.  L.  braximus.  —  (Lp.,  etc.). 

Bren  (bran)  (Lg.).  —  Son,  des  céréales- 
Syn.  de  Souvandier.  A  vieilli  en  ce  sens.  1| 
Bren  de  scie,  —  sciure.  —  V.  Bran.  \\  Fu.  — 
n'existe  plus  dans  le  sens  de  :  matière  fécale  ; 
mais  on  dit  :  I  s'est  tout  embernè  (embrenné). 

—  Avoir  la  goule  bernouse.  — ■  Se  débernou- 
ser.  —  Bernoux  (brenoux),  mardeux  (mer- 
deux)  signifient,  dans  la  langue  écolière  : 
Gamin,  petit  rien  du  tout.  Ces  mots,  où  se 
retrouve  le  mot  Bren,  sont  très  employés. 

Hist.  —  «  Un  certain  Robert  était  surnommé 
«  Meslebren  »,  ç.-à-d.  mèle-son. 

—   «  Il  parolent  et  bien  et  bel. 

Il  ressemblent  le  buretel  (blutoir) 

Selonc  l'Escriture  devine, 

Qui  giete  la  blanche  farine 

Fors  de  lui,  et  retient  le  bren.  »  (D.  C.) 

Brenasserie.  —  Pour  berdasserie,  bredas- 
serie,  bavardages,  paroles  oiseuses. 

Hist.  «  Terme  de  mépris  ;  simagrée  ridicule- 
«  Cette  brenasserie  de  révérences  me  fasche  plus 
qu'un  jeune  diable.  »  (Rab.,  iv,  p.  44.).  —  «  Jatj- 
BERT  fait  venir  Brenasser  de  Bren,  son. 

Brénée  (Lrm.),  s.  f.  —  Faire  la  brénée,  — 
dormir  après  midi.  Syn.  et  d.  de  Berinée, 
Merinée,  Mariennée. 

Brener  (Lrm.),  v.  a.  —  Pron.  Berner.  — 
Salir,  en  renversant  sur  soi  ou  sur  d'autres 
des  choses  que  l'on  devrait  porter  avec  soin  et 
précaution.  V.  Bren. 

Brenous  (Lrm.),  adj.  q.  —  Pron.  Bernous. 
Celui  qui  brene,  berne.  V.  Bren,  Berner. 

Bren  de  scie  (Fu).  s.  m.  —  Prononc.  nette- 
ment Brin,  —  sciure  de  bois.  V.  Bran,  Bren. 

Bréson  (Fu),  s.  m.  —  Pron.  :  bréezon.  Petit 
charbon  en  ignition.  V.  Braison. 

Brester,  v.  a.  —  Pécher  les  oiseaux,  les 
prendre  à  la  glu. 

Hist.  —  «  Breste-i-on  encore  à  Croche?  deman- 
dait le  pape  Grégoire  XI.  ancien  prieur  de  la  Haie 
aux  Bonshommes,  à  des  pèlerins  d'Anjou.  En  sou- 
venance et  du  patois  et  des  jeux  angevins,  on  dit 
encore  :  Aller  à  la  brette.  —  «  Breste.  Manière  de 
prendre  les  petits  oiseaux  avec  de  la  glu  et  un 
appât.  Vx.  fr.  broi,  même  sens.  «  Cf.  Braille.  — 
«  Qui  veult  bien  faire  un  brel,  il  faut  qu'il  soit  fait 
de  cueur  de  chesne  et  de  quartier  sans  nulz  (nœuds) 
et  qu'il  soit  fait  au  rabat.  —  Rayxouard  cite  la 
forme  bret  dans  son  lexique  et  ajoute  en  note  :  nous 
avons  encore  la  forme  bresie.  —  Breulel  :  deux 
bâtons  dont  l'un  s'enchâsse  dans  l'autre  et  arrête 


par  le  pied  l'oiseau  amusé  par  l'appast »  L.  C.  — 

Le  radie,   bret  viendrait  de  l'ail,   bret,   planche. 
(ScHELER.)  —  Doublet  de  Braiter. 

Brête.  —  Piège  à  prendre  les  oiseaux.  || 
By.  —  Brétle,  Brételer.  Cf.  Braie. 

Brételer  (By.),  v.  n.  —  Aller  à  la  brétle, 
aller  prendre  ou  pécher  des  petits  oiseaux  à  la 
glu  ou  au  trébuchet.  V.  Breste.  Cf.  Brailler.  \\ 
By.  —  Aller  de  ci,  de  là,  en  fainéant.  Peut- 
être  comme  un  homme  qui  va  à  la  brétle  ? 

Breter  (My.).  —  Mettre  un  bandage  à  une 
hernie.  —  Fretter?  —  V.  Baguer,  Braiter. 
Et.  —  Du  germ.  brettan,  serrer?  d'où  :  bretelle. 

Brétle  (By.),  s.  f.  —  Chasse  aux  petits 
oiseaux.  \".  Brester,  Brête,  Brételer. 

Breu  (Mj.),  s.  f.  —  Bru.  —  Et.  Aha.  brut  ; 
am.  Braut.  Le  fiancé  était  le  Bruman  (man, 
homme). 


Breuil,  s.  m. 


Bois.  —  Nom  de  lieu. 


Et.  et  hist.  —  a  Coût.  d'Anj.  art.  36  :  «  Qui  n'a 
forest  ou  breil  de  forest,  ou  longue  possession,  n'est 
fondé  d'avoir  chasse  defensable  à  grosses  bestes, 
s'il  n'est  chastelain,  pour  le  moins.  Et  est  réputé 
breil  de  forest  un  grand  bois  marmenteau  ou 
taillis,  auquel  telles  grosses  bestes  ont  accoustumé 
se  retirer  ou  fréquenter.  »  De  broilum  ou  broilus. 
Ces  mots  se  trouvent  dans  les  capitulaires  de  Char- 
lemagne,  Charles  le  Chauve,  etc.  On  trouve  aussi  : 
brolium,  briolum.  —  Vx.  mot  gaulois  brueil. 
MÉNAGE  opte  pour  brogilum,  qui  se  trouve  dans  de 
vieux  auteurs,  mot  gaulois,  de  :  bro,  ager  (Cf.  AUo- 
broges),  ager  arboribus  consitus.  Gilum  est  une 
terminaison.  Cf.  Auteuil,  Chasseneuil,  Evreuil, 
Bonneuil,  Verneuil,  Mareuil  ;  de  :  Autogilum,  etc. 
(L.    C). 

Breulé,  v.  a.  —  Brûlé.  «  L'viau,  la  vache 
eul  bœu,  tout  ha  breulé.  »  (MÉx.) 

Et.  —  B.  L.  brustulare,  brust'lar,  brusler,  brûler. 
Ce  serait  un  fréquentatif  de  ustum,  supin  de  urere, 
et  le  préfixe  per,  complètement.  —  Scheler  dit  : 
Pourquoi  ne  pas  partir  de  burere  (dans  comburere), 
bustus,  bustulare,  avec  épenthèse  de  r? 

Breulier  (Ag.),  s.  m.  —  Vagabond,  homme 
mal  mis,  de  mauvaises  manières,  aventurier, 
ou  pis  encore.  V.  Laudier,  Treulier.  Syn.  de 
Meillaud. 

Et.  —  Dans  D.  C.  v»  bruillium  :  Brulier,  garde 
des  biens  de  la  terre.  —  Nul  rapport. 

Brenn,  —  eune,  (Mj.),  adj.  q.  —  Brun.  — 
Doublet  du  fr.  A  rapprocher  de  ieun,  ieune.  1| 
Faire  breun,  —  commencer  à  faire  noir.  |1 
Faire  grand  breun,  —  faire  à  peu  près  nuit.  — 
Le  sens  radical  de  brun  est  :  brûlé. 

Breuner,  ou  —  nner  (Pel.,  Lue),  v.  a.  et  n. 
—  Téter,  sucer.  Evidemment,  le  même  que 
Bramer,  Brôner  ;  cf.  Abron. 

Et.  —  Se  rattache  à  un  mot  bret.  =  mamelle. 
L'extrémité  d'une  petite  presqu'île,  vis-à-vis  le 
Croisic,  s'appelle  Venn-Bron,  trayon,  bout  du  pis  ; 
mieux  :  Pointe  du  sein. 

Breunette  (Mj.),  s.  f.  — V.  Brunette. 

Breunir  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Brunir.  V. 
Breun. 


BREUSSE  —  BRIGOLI 


141 


Breusse  (Sp.),  s.  f.  —  Brosse.  —  A  qq.  peu 
vieilli.  Syn.  et  d.  de  Brinsse. 

Et.  —  Du  germ.  burstja,  chose  hérissée,  dér.  de 
borste,  poil  (de  cochon).  AU.  mod.  burste. 

Breusser  (Sp.),  v.  a.  —  Brosser. 

Breussons  (Z.,  110).  —  Boutons.  —  Syn. 
et  d.  de  Brosson. 

Breut  (Sp.),  s.  m.  Bruit.  V.  Brut,  Brit. 
Et.  —  De  :  bruire,  de  rugire?  avec  b  de  renfor- 
cement. —  D'après  un  type  du  lat.  pop.  brugitum. 

Breuter  (Sp.),  v.  n.  —  Faire  du  bruit.  V. 
Bruter. 

Breuyard,  ou  —  llard  (Mj.,  Fu),  adj.  q.  — 
Qui  beugle,  mugit.  Ex.  :  Un  taureau  breuyard. 
V.  Breut. 

N.  —  Breugler  (mouiller  gl),  beugler,  breuiller. 
(Ci«  Jaub.) 

Breuyaud  (Mj.),  s.  m.  —  Gros  frelon,  bour- 
don. Dér.  de  Breuyer.  Syn.  de  Burgot,  Freu- 
lon.  Il  Sm.  Hanneton.  Syn.  de  Canneton, 
Meunier. 

Breuyement  (Mj.),  s.  m.  —  Mugissement, 
ronflement,  gargouillement,  hurlement,  rugis- 
sement. V.  Breut. 

Breuyer  (Mj.),  v.  n.  —  Bourdonner.  Ex.  : 
Illy  a  eine  guêpe  qui  est  venue  me  breuyer 
aux  oreilles.  ||  Mugir.  Syn.  de  Bauler.  Ex.  : 
Comme  le  vent  breuye,  de  soir  !  —  Noutre 
vache  ne  fait  que  de  breuyer.  \\  Gargouiller. 
Syn.  de  Gorgosser.  ||  Fu.  —  Se  dit  bien  du  tau- 
reau ;  mais  la  guêpe  ne  breuille  pas  :  son  bour- 
donnement n'a  pas  assez  de  volume  pour  être 
comparé  au  breuyement  —  ou  breuillement  du 
taureau.  Le  vent  breuye. 

Et.  —  Ce  V.  répond  au  nom  Breut,  com.  le  fr. 
Bruire  au  nom  Bruit. 

Bréviaire  (Mj.),  s.  m.  —  Dire  son  bré<^iaire 
—  pour  :  lire. 

Breyer,  v.  a.  —  Autre  graphie  de  Brayer. 

Brézer  (Mj.),  v.  n.  —  Pleurer,  pleurnicher 
bruyamment.  Syn.  de  Bédâner,  Buyer, 
Ouâler,  Guigner.  Mot  vieilli. 

Breziller,  v.  n.  —  V.  Berziller.  (S'écrit  par 
c  ou  deux  ss.)  Cligner  des  yeux  devant  une 
vive  lumière.  Cf.  Breciller,  Berciller. 

Brézin  (Vn.).  s.  m.  —  Tiqué,  insecte  aptère 
qui  s'attache  aux  bœufs.  Syn.  de  :  Fagot, 
Pague,  Passe,  Baigne,  Baine,  Tacaut.  Cf. 
Berzeau. 

Bric  et  de  Broc  (de).  —  De  çà   et  de  là, 

n'importe  comment. 

Et.  —  N'est  pas  formé  par  onomat.,  mais  des 
rac.  bric,  brec,  brac,  briser,  en  celtiq.,  et  veut  dire  : 
de  morceaux  et  de  fragments. 

Bricliet  (Sal.),  s.  m.  —  Luette.  —  X. 
J'aurais  pensé  à  Bréchet.  A.  V. 

Brichole,  Bricole,  s.  f.  —  1.  Lait  tourné, 
granulé.  j|  '2.  Bri  signifie  recoupe  des  pierres 
qu'on  taille,  objet  sans  valeur.  i|  3.  l'ne  ligne 
dormante  attachée  à  un  pieu  est  une  bricole. 
(Mén.)  V.  Bricholer. 


Et.  —  Au  3"  sens,  D.  C.  vercolenum.  Série  des 
sens  :  Machine  à  lancer  des  pierres  ;  puis  le  bond 
que  fait  la  pierre  lancée  ;  puis  les  cordes  et  ficelles 
qui  servent,  comme  dans  la  machine,  à  qq.  opé- 
ration. 

Briciioler  (Sp.,  Br.),  v.  n.  —  Se  cailler,  se 
prendre  en  grumeaux,  tourner,  en  parlant  du 
lait.  V.  Brêcholer.  Syn.  de  Betteler.  Y.  Brichole. 
Il  Sal.  —  Id.  —  Et  :  être  ivre,  c  II  est  bri- 
chole. n  Ou  encore  :  Il  va  mourir. 

Et.  —  Briche,  fragment,  petit  morceau,  miette. 
Germ.  brechen  ;  celt.  breg,  rupture. 

Bricolage  (Mj.) ,  s.  m.  — 'IBesogne  sans 
importanceTou  sans  profit.  ||  Fu.  —  Id.,  — 
mais  surtout  besogne  mal  définie,  comprenant 
plusieurs  sous-besognes  diverses  et  de  peu 
d'importance.  ||  Manœuvre  compliquée  pour 
un  mince  résultat.  V.  Brichole,  Bricoler. 

Bricole  (Mj.,  Fu.,  Sal.),  s.  f.  —Vétille, 
affaire,  ouvrage  de  peu  d'importance.  || 
Ouvrage  peu  avantageux  à  faire,  ou  qui  rap- 
porte peu  de  bénéfice.  ||  Réparations  de  peu 
d'importance  ;  remettre  trois  ou  quatre 
briques,  par  exemple,  qqs  truellées  de 
chaux,  etc.  ||  Jouer  de  bricole,  —  jouer  peu 
régulièrement,  avec  des  subtilités  destinées  à 
tromper  l'adversaire.  ||  Réunion  de  plusieurs 
ouvriers  travaillant  à  la  même  besogne.  || 
Aller  de  ou  en  bricole,  aller  de  côté  et  d'autre, 
de  travers,  comme  un  homme  ivre,  jj  Au 
Fig.  —  Tergiversations,  intrigues,  machina- 
tions, manigances. 

Et.  —  V.  Bricholer.  —  «  Dans  le  sens  de  :  menées 
sourdes,  tour  et  détour  des  choses,  comme,  au  jeu 
de  paume,  la  balle,  au  jeu  de  billard,  la  bille,  qui 
touchent  la  muraille  ou  la  bande  avant  d'aller 
frapper  le  but.  (V.  Brichole).  Pour  les  petits  tra- 
vaux, je  croirais  que  ce  sont  ceux  qui  se  peuvent 
faire  simplement  par  un  homme  et  sa  bricole,  sans 
nécessiter,  par  ex.,  un  cheval. 

BricoIer(Mj.,Fu,Sal.),  V.  n.eta.  —  S'occuper 
de  petites  affaires,  d'ouvrages  nombreux  et 
peu  importants  ;  p.  ex.,  pour  un  maçon, 
remettre  deux  ou  trois  carreaux.  (V.  Bricole.) 
i|  Faire  toute  sorte  de  petits  commerces  mal 
définis,  rechercher  les  petits  gains  éventuels. 
—  (Sp.)  Ex.  :  Je  sais  pas  trop  ce  qu'il  fait,  je 
crois  qu'il  bricole  les  chevaux.  ||  Sp.  —  Titu- 
ber. Syn.  de  Brancholer,  Brangeoler,  Cham- 
branler,  Gingeoler. 

Hist.  «  J'allais  bricolant  sans  chandelle  et  tom- 
bant de  côté  et  d'autre,  comme  un  homme  qui 
serait  ivre  de  vin.  »  (Been.  Palissy.  Cité  par 
E.  JoNVEAUx.  //'■''  de  trois  potiers  célèbres,  p.  82.).  — 
V.  Brichole,  Bricole. 

Il  Manigancer.  Que  que  lu  bricoles  donc  là? 

Bricoleur  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Celui  qui 
bricole.  \'.  Bricoler.  Syn.  de  Tâtonnard. 

Bricoli.  —  Têtes  en  bouton  des  variétés  du 
Brassica  oleracea.  (Mj.)  ||  By.  —  Il  y  a  une 
différence  entre  les  choux-Heurs  et  les  choux- 
brocolis  (pron.  bricolis). 

Et.  —  Brocoli,  chou  d'Italie  ;  petit  rejeton  que 
le  tronc  d'un  vx.  chou  pousse  après  l'hiver.  — 
Ital.,  broccoli,  plur.  de  broccolo,  tendron,  rejeton, 


142 


BRICONXIER  —  BRIMER 


de  brocco,  proprement  branche  pointue,  pique,  de 
même  radie,  que  broche. 

Briconnicr  (Lg.),  s.  m.  —  Bout  de  branche 
qui  n'a  pas  été  rognée  au  ras  de  la  branche 
principale  ou  du  tronc.  Syn.  de  Berguette, 
Bourquégnon,  Berquégnon,  Berquégnier.  Doubl. 
de  ce  dernier. 

Bride  (Mj.),  s.  f.  —  Morceau  de  cuir  qui 
recouvre  un  sabot.  ||  Au  plur.,  Points-arrêtés 
qui  forment  le  bord  d'un  tricot.  On  appelle 
aussi  de  ce  nom  les  jetés.  !|  Fu.  —  i°  Morceau 
de  cuir  qui  recouvre  imparfaitement  le  sabot 
de  femme.  Le  sabot  à  brides  est  par  destina- 
tion le  sabot  de  femme.  Le  sabot  à  bonhomme 
est  le  gros  sabot  de  bois  pour  les  hommes  et 
les  garçons.  —  2°  Petite  boutonnière  flot- 
tante, ou  berbère  en  fil  que  font  les  coutu- 
rières aux  vêtements  de  femmes.  —  3°  Bride 
de  chapeau,  —  jugulaire  en  tissu  élastique. 
V.  Brider. 

Et.  —  Peut-être  du  celtiq.  Brid,  déchirer,  fendre, 
briser.  Var.  de  bred,  d'où  brida,  dans  notre  mot 
bride  =  brède  ;  lanière,  coupure  de  cuir  (bride  de 
sabot,  de  cheval,  de  chapeau).  —  (Malv.)  —  Germ. 
brida.  (Daem.) 

Bride-cul  (Mj.),  s.  m.  —  Cordage  en  filTTe 
fer  qui,  dans  les  bateaux  à  peautre,  était  fixé, 
d'une  part,  à  l'arrière  du  bateau  et,  de 
l'autre,  au  billard  de  peautre,  afin  d'empêcher 
celui-ci  de  glisser  suivant  son  axe  dans 
Ventournure.  Le  bride-cul  des  grands  bateaux 
n'était  autre  chose  que  Vécoursoire  des 
futreaux  actuels.  Il  était  situé  dans  un  même 
plan  vertical  avec  le  billard  de  peautre. 
D'ailleurs,  il  était  secondé  par  deux  autres 
cordages  appelés  Becoussoires. 

Bride-goule,  s.  m.  —  Bonnet  de  femme 
dont  les  brides  couvrent  les  joues. 

Brider  (Mj.),  v.  a.  —  Mettre  des  brides  à 
des  sabots.  j|  Lier,  en  s'entortillant.  Ex.  :  La 
corde  m'a  bridé  les  jambes,  et  pis  ça  m'a  f . . . 
en  pagaie.  Syn.  de  Braiier,  Brker.  |j 
Frapper  violemment,  fouetter,  en  parlant 
d'un  corps  élastique.  Ex.  :  La  branche 
illi  a  bridé  la  goule.  |i  Fig.  Avoir  le  nez 
bridé  de,  —  voir  ou  observer  qqch.,  être 
mis  au  courant.  Ex.  :  Si  je  prenons  du  café, 
les  voisins  n'ont  pas  besoin  d'en  avoir  le  nez 
bridé.  \\  Pell.  —  En  parlant  d'une  boule  de 
fort,  couper  brusquement  son  élan,  perdre 
son  erre,  et  ronder.  C'est  comme  si  la  boule 
avait  une  bride  et  qu'elle  obéit  à  une  action. 
On  dit,  en  ce  sens  :  Aller  de  bride. 

Brife-avolée  (Sp.,  Sal.),  s.  f.  —  Elan.  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  D'einebrifeavolée, 
d'un  grand  élan,  à  bride  abattue,  ventre  à 
terre.  Ex.  :  Aile  arrivait  d'eine  brife-avolée.  || 
Lg.  —  D'ine  brife  abattue,  —  d'un  élan,  à 
grande  vitesse,  etc. 

N.  —  Ce  mot  est  la  rac.  du  pat.  Ebrivé.  Hist. 
«  Et  couraient  à  èrirfe-avallée.  pour  les  prendre 
s'ilz  eussent  pu.  >'  (Rab.,  P.,  n,  25,  178.).  —  Il  y  a, 
évidemment,  confusion  avec  Bride.  —  On  a  essayé 
d'y  rattacher  le  mot  Briffant,  nom  souvent  donné 
aux  chiens  de  chasse  ;  mais  celui-ci  vient  de  briffer. 


manger  goulûment  ;  style  popul.  Baffrer.  Signifie 
aussi  :  le  Pilleur.  —  Italien  Abrivo. 

Brigâillon.  onne  (Sp.),  adj.  q.  —  Brouillon, 
vif,  étourdi,  hurluberlu.  Syn.  de  Brasse- 
bouillon. 

Et.  —  Du  vx.  fr.  Brigue,  querelle? 

Brigandinier,  —  Bigandine.  —  Termes  de 
la  vieille  langue  des  montres  féodales  du 
xv<^  s.,  que  je  relève  dans  des  citations  inin- 
telligibles de  la  Bev.  de  VAnj.  (t.  LIV,  311-12). 
(R.  O.) 

Brigbog,  s.  f.  —  Nom  vulg.  de  l'aristo- 
loche. (MÉN.)  Syn.  de  Bâtelaine.  —  Devrait 
s'écrire  :  Briguebogue,  formé  du  fr.  Bogue 
et  de  Brigue  =  Burgue.  Le  sens  est  :  Bogue 
piquante,  très  certainement.  Or  le  fruit  de 
l'aristoloche  ou  râtelaine  est  lisse.  Il  a  dû  y 
avoir  erreur  ou  confusion,  et  ce  nom  doit 
s'appliquer  au  datura  qui,  en  effet,  s'appelle 
à  Mj.   Guillebogue. 

Brim  (Sal.).  —  V.  Brime. 

Brimbaloire  (Cho.),  s.  f.  —  Balançoire,  du 
fr.  Brimbaler.  Syn.  de  Brangeoloire,  Brande- 

selle. 

Brime,  s.  m.  et  f. —  (Au  Lg.,  ce  mot  est  du 
masc.  ;  à  Mj.  même,  beaucoup  le  font  du 
fém.  ;  à  St-Aug.,  c'est  générsJ.)  —  Toute 
maladie  des  arbres  fruitiers  ou  des  légumes 
qui  les  fait  dépérir  dans  leurs  fruits  ou  dans 
leurs  feuilles.  Rien  de  moins  nettement  défini 
que  cette  affection,  dont  les  cultivateurs 
parlent  sans  cesse.  D'après  eux,  le  brime 
tombe  avec  la  pluie  ou  la  bruine.  —  Peut-être 
s'agit-il  d'une  maladie  parasitaire  occasion- 
née par  des  champignons  microscopiques 
dont  les  germes  seraient  apportés  du  sein  de 
l'atmosphère  par  les  eaux  pluviales.  —  \'. 
Brimer.  \\  Lue.  —  Brim.  —  Brouillard  et 
gelée.  V.  Frime.  Se  retrouve  dans  Brimer. 
Raisin  brimé,  marqué  de  taches.  i|  Fu.  — 
Brim,  brime,  s.  m.  —  N.  Très  différent  du 
brouillard  et  de  la  gelée,  le  brime  n'a  pas 
d'existence  sensible  ;  on  le  reconnaît  à  ses 
effets.  On  dit  très  bien  :  Le  vent  a  brimé  mes 
pois  (pouês)  ,ou  :  La  gelée  a  brimé  les  pois.  II 
faut,  évidemment,  dans  ce  dernier  cas,  que  la 
gelée  n'ait  pas  eu  ses  effets  ordinaires  parti-  ■ 
culiers.  —  Le  brime  se  révèle  par  une  roussis- 
sure  de  la  feuille  et  du  fruit  qui  compromet  la 
récolte.  ||  By.  «  C'té  nuit,  il  a  fait  fret,  y  a  de 
la  brime  partout  ;  (les  pointes  des  rameaux, 
les  feuilles  tendres  sont  brûlées,  —  se  des- 
sèchent et  noircissent  après  la  gelée)  —  tout 
est  brimé. 

Hist.  —  «  Il  parut  pourtant  quelques  lames,  mais 
la  brime  les  ruina  (1709.)  —  Inv.  Arch.  E.  n,  p.  198, 
col.  1.  —  c(  Cette  année  a  été  une  année  de  brime,  et 
le  peu  de  ceps  qui  étaient  restés,  assez  bien  marqués 
d'abord,  mais  les  lames  tombèrent.  »  1710.  —  Ibid., 
p.  198,  col.  2.  —  «  Le  froment  reprit  vigueur  en 
quelques  lieux,  mais  quand  il  fut  en  grains,  il  vint 
une  brime  qui  l'acheva  de  perdre  (1709.  —  /.  a.  S. 
s.  £.198,001.  \,h.) 

Brimer  (Mj.),  v.  a.  —  Frapper  de  brime.  || 


BRIN 


BRÔG 


143 


V.  n.  Etre  atteint  par  le  brime.  \\  Grêle.\ 
(My.)  Il  Lue.  Flétrir. 

Et.  —  Prononciat.  dialectale  pour  Brumer,  dér. 
de  Brume.  Lat.  Bruma.  —  Brouir.  vx.  fr.  Bruir, 
brûler,  du  ha.  bruejen.  Se  dit  de  l'action  du  soleil 
sur  les  plantes  attendries  par  la  gelée  blanche.  On 
retrouve  dans  ces  mots  l'idée  de  vapeur,  contenue 
aussi  dans  Brouet  et  Bruine.  —  Hist.  —  «  A  l'égard 
du  vin,  les  vignes  promettoient  beaucoup,  mais 
les  lames  coulèrent  et  brimèrent.  »  (1725.  —  /.  a.  S. 
s.E.  199,1,6.). 

—   «  Quand  la  vigne  est  gelée 

La  brime  est  chassée.  — •  (My.) 

Ce  mot  remonte  loin  :  «  Et  eo  anno  quodam  die 
Martii  XX  et  in  nocte  exeunté  mensis  Aprilis  venit 
brina  magna,  ita  quod  vineaîexsiccatse  sunt.  Et  die 
VIII  exeunte  Aprili  venit  alia  nix  et  brina  frigida, 
ita  quod  vineœ  penitus  brinaverunt  (1236.  —  D.  C.) 

Brin  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Filasse  longue  et  fine 
obtenue  par  le  peignage,  par  opposition  à 
Reparon.  \\  Fu.  —  Id.  —  C'est  la  filasse  de 
choix.  On  distingue  le  Brin,  —  le  Tout-aller, 

—  la  Tête  (ces  deux  derniers  formant  le 
Grous).  V.  Reparon.  \\  Fig.  Très  petite  quan- 
tité. Ex.  :  N'y  avait  pas  ein  brin  de  feu.  V. 
Miette.  \\  C'est  ein  beau  brin  de  fille.  ||  Brin  de 
scorbut,  —  aphte,  petit  ulcère  en  dedans  de  la 
lèvre,  qui  n'a  d'ailleurs  aucun  rapport  avec  le 
scorbut.  On  dit  mieux  :  Grains  de  scorbut.  || 
Ein  brin,  —  un  peu.  Ex.  :  Il  est  fou,  toc-toc 
ein  brin.  ||  Faire  ein  brin  de  conduite,  —  faire 
un  bout  de  conduite,  reconduire  à  qq.  dis- 
tance. 

Et.  —  Incertaine.  —  Malvezix  rattache  ce  mot 
à  la  rac.  celtiq.  brind,  déchirer,  diviser  ;  pour  : 
brind,  branche,  tige  menue,  petite  parcelle  ;  ... 
forme  féminine  :  brinde,  brindille.  —  Hist.  «  L'en- 
•  treprise  qu'il  maintient  ne  m'est  nul  brin  agréable.  » 

—  «  Luy  qui  n'esloit  un  seul  brin  beste.  »  (Cité  par 
L.  C). 

Brin  -,  s.  m.  —  Voyez  Bran,  Bren.  \\  Fu.  — 
Brin  de  scie.  V.  Bren  de  scie,  —  Bran  de  scie. 

Brinclie  (Mj.),  s.  f.  Reste  devin  impur  et 
trouble  au  fond  d'un  tonneau,  baissières.  || 
(Pell.)  Seconde  tirée  d'huile  à  chaud.  ||  Au 
plur.  Résidu  de  rillettes,  petits  morceaux  ou 
débris  de  viandes  qui  se  trouvent  au  fond  des 
plats.  (Te.)  V.  Brunche.  \\  By.  —  Id.  —  Dépôt 
gris  dans  les  potées  de  sain  (axonge). 

Brindezingue  (Mj.,  Fu.),  9.  m.  —  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  En  brindezingue,  — 
en  brindes,  en  goguette.  —  Syn.  de  Bombe, 
Guinguette.  ||  Adj.  q.  Ivre.  Syn.  de  Blindé, 
Brossonné,  Paj,  Trinoche,  Plein,  Rond, 
Verzelé,  Zingué.  —  Brinde  est  franc. 

Et.  —  Brinde,  altération  de  l'express,  allem. 
(ich)  bringe  dir's,  je  te  porte  une  santé.  »  (Darm.) 

—  Hist.  :  «  Ces  grands  hommes  firent  tant  de 
brindes  à  votre  santé  et  à  la  nostre  qu'ils  en  pis- 
sèrent plus  de  dix  fois.  »  {Lettre  curieuse  envoyée  au 
cardinal  Mazarin  par  ses  nièces.  Paris,  1651.  — 
Cité  par  Lor.  Larchey.) 

Bringée  (Lue),  adj.  q.  —  Couleur  de  vache 
à  poils  roux  mêlée  de  traits  noirs. 

Et.  —  Dér.  de  Brun,  breun.  —  Hist.  «  Pour  un 
anneau  bringé,  30  s.,  achaté  à  la  même  foire.  » 
Angl.  brinded,  moucheté.  (Moisy.) 


Bringue  ^  (Mj.),  s.  f.  —  Connivence.  Ne 
s'emploie  guère  que  dans  l'express.  :  Etre 
de  bringue,  —  s'entendre  dans  un  but  peu 
louable.  Syn.  de  Mèche. 

[^Bringue  *  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Mauvaise  bête.  || 
Mj.  —  Bête  mal  bâtie.  ||  Femme,  fille,  fillette 
dégingandée  ou  méchante.  On  dit  :  Une 
grande  bringue. 

Et.  douteuse.  —  «  Parmi  les  synon.  que  possède 
ce  mot  dans  notre  patois  :  Birogue,  Biringue,  Bigue, 
Bique,  qui  correspondent  tous  à  son  sens  primitif, 
nous  pouvons  distinguer  deux  familles  de  mots  : 
Bigue  et  Bique,  d'une  part  ;  et  d'autre  part  : 
Bringue,  Biringue,  Birogue.  Ce  dernier  nous  même 
à  Biroquin,  dont  la  rac.  est  Bire.  (R.  O.)  ^  Par 
ailleurs,  ce  mot  paraît  être  le  même  que  l'ital. 
Branco,  qui  nous  a  donné  le  pat.  Branche.  Il  serait 
donc  un  doublet  de  ce  dernier.  La  quasi  identité  de 
ces  deux  mots  paraîtra  encore  plus  vraisemblable 
si  l'on  observe  que  le  patois  emploie  souvent  le  mot 
Bringue,  toujours  précédé  de  l'adj.  grand,  pour 
caractériser  une  femme,  une  fille  sèche  et  maigre. 
Une  grande  bringue  est  une  grande  perche.  Ici  il  y 
a  eu  confusion  de  sens  avec  le  fr.  Branche,  mot  du 
reste  tout  différent  du  pat.  Branche.  (R.  O.) 

Brinsse  (Chg.),  s.  f.  —  Brosse.  Syn.  et  doubl. 
de  Breusse. 

Brioche,  s.  f.  —  Faute  grave  (diffère  du  fr.). 
«  Il  avait  fait  des  brioches,  les  gendarmes  l'ont 
fourré  dedans. 


Lg.,  Ju.),  s.  m.  —  Brique- 


Briquage  (Mj. 
tage. 

N.  —  Le  mot  pat.  est  mieux  formé  que  le  mot  fr. 
puisqu'il  vient  de  Brique,  et  non  de  Briquette. 

Briquée  (Lg.),  s.  f.  —  Rainure  irrégulière, 
bien  que  sensiblement  droite,  que  le  tailleur 
de  pierre  creuse  avec  sa  pioche  pour  essé- 
miller  un  bloc  de  granit. 

Briquer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Maçonner 
en  briques  ;  briqueter. 

Brise-barrières  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Brise- 
tout.  Syn.  de  Jupitar. 

Brise-fer,  s.  m.  —  Se  dit  d'un  enfant  qui 
casse  tout.  ||  f^u.  —  Brise-far. 

Brisque.  —  On  dit  d'un  vieil  employé  : 
Une  vieille  brisque,  par  comparaison  avec  le 
galon  chevronné  indiquant  un  vieux  soldat. 

Brit°  (Lg.),  s.  m.  —  Bruit.  Ex.  :  Il  en  fait 
dô  brit,  ceté  galopin-Ià.  —  Doubl.  de  Brut. 

Brive-abattue  (à)  (Pell.).  —  Corr.  de  :  à 
bride  abattue  ;  brusquement,  sans  prépara- 
tion :  s'élancer,  agir  à  brive-abattue.  V.  Brife. 

Broc  (.Mj.,  Fu.),  s.  m.  — Fourche  en  fer,  à 
deux  cornes. 

Et.  —  Ce  mot  a  probablement  la  même  origine 
que  le  fr.  Broche.  (Jaub.  suppl.  :  Broque.)  — 
«  Erreur  d'orthogr.  pour  Broque,  forme  normanno- 
picarde  de  broche.  »  (Darm.)  —  «  De  brocchum, 
broccum  (Plaute  et  Varrox),  dent  pointue,  d'où  : 
broche,  (l)'  A.  Bos.)  —  Hist.  <<  Un  broc  ou  fourche 
de  fer,  à  charger  foing.  »  lit;>5.  (D.  C.)  —  «  Aux 
derniers  rangs  venaient  les  piques,  les  faulx  à 
l'envers,  les  brocs,  les  fourches,  armes  terribles...  » 

(BOUTILLIEB   DE   SaTNT   ANDRÉ,   Cité   par   DENIAtl 


144 


BROCANTE  -  BROKER 


n,  p.  125.)  —  «  On  portait  des  brocs  ou  fourches  de 
fer  avec  des  armes  à  feu.  »  (A.  h.  iv«,  628,  7.). 

Brocante  (Fu),  s.  f.  —  Action  de  brocanter  ; 
se  dit  aussi  d'un  meuble  de  hasard,  d'un 
objet  détérioré  acheté  chez  le  fripier.  —  Bro- 
canter est  français. 

Et.  —  «  On  trouve  dans  un  manuscrit  des  plaids 
d'Edouard  III,  le  mot  abbrocamentum,  en  angl. 
abrochement,  avec  le  sens  d'achat  en  gros  pour 
revendre  en  détail.  Le  fr.  l'a  emprunté  sans  doute  à 
l'angl.  to  broke,  faire  des  affaires.  (L.  C.) 

Broche  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Aiguille  à  trico- 
ter. V.  Broc.  Il  Fu.  —  Jeu  de  broches,  —  cinq 
aiguilles. 

Broche-cul  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  jeu  de 

société  »  qui  consiste  à  piquer  le  derrière  de 
son  adversaire  avec  la  pointe  d'un  fuseau. 
Voiries  détails  au  Folk-Lore,  Jeux,  MI. 

Et.  —  Pour  Broque-cul,  dér.  de  Broquer. 

Brochée  (Mj.),  s.  f.  —  Points  de  tricot  qui 
sont  sur  une  même  aiguille,  ou  broche. 

Brocher  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  v.  n.  eta.  — Trico- 
ter. Ex.  :  Je  vas  me  brocher  ein  cotillon  de 
dessour.  V.  Broche. 

Hist.  —  «  Si  l'on  tournait  le  fuseau,  l'on  brochait 
les  gilets  de  laine.  »  (En  note  :  Les  aiguilles  à  tri- 
coter s'appellent  encore  des  broches,  d'où  :  brocher. 

—  La  Trad.,  p.  259,  1.  4.)  —  V.  Z.  149. 

Brocherie  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Tricot.  Z.  149. 
V.  Brocher.  Ex.  :  T'as  tout  safté  ma  brocherie, 

—  tu  as  laissé  traîner  mon  tricot  (Jm.).  V. 
Safeter.  \\  Qqf.  Bronchite,  par  corr. 

Brochet  (Z.  118),  s.  m.  —  Bouture  de 
vigne,  en  forme  de  broche. 

Brocheton,  (Lg.)  s.  m.  —  Fig.  Blanc-bec 
béjaune,  écervelé,  bec  cornu.  On  dit  aussi  : 
Brochon.  ||  By. 

Brochetonneau  (By.)  Un  tout  petit  brochet. 

Brochette  (Mj.),  s.  f.  —  Plant  de  vigne  non 
racine.  Cf.  Brochet. 

Brock,  s.  m.  —  Son,  bruit,  tapage.  «  Avec 
les  paturons  tu  fais  du  brock.  »  (Ex.  fr.)  Mén, 

Brômeau  (Po.),  s.  m.  —  Nouet  de  linge 
dans  lequel  on  enferme  du  sucre  en  poudre  et 
que  l'on  donne  à  sucer  aux  petits  enfants.  — 
V.  Brôner,  Breuner. 

Et.  Bron,  poitrine,  mamelle,  surtout  de  la  biche. 
(D.  C.  bronia.) 

Brômer  1  (Po.),  v.  a.  —  Sucer,  téter.  V, 
Brôner.  —  A  Nantes  :  breuner. 

Bromer,  ^  o  bref,  v.  n.  (Sp.).  —  Pleurer, 
crier,  en  parlant  d'un  enfant,  ji  Mj.  —  Réson- 
ner, retentir,  ronfler.  Ex.  :  Tout  en  bromaiC .  jj 
Sa.  —  Ronfler,  en  parlant  d'une  toupie  qui 
tourne.  ||  Fu.  —  Id.  —  Une  pierre  lancée  avec 
force  brome. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Bramer.  Aha.  breman,  mugir. 
—  Je  lis  dans  l'Intermédiaire  Nantais,  année  1902  : 
«  Faire  ramer  la  poêle.  "  Autrefois,  à  Monnières  et 
dans  les  autres  paroisess  des  rives  de  la  Sèvre,  on  se 
rendait  sur  les  hauteurs,  à  la  Saint-Jean  et  à 
Noël.  Non  seulement  on  allumait  les  feux  de  joie, 


mais  on  faisait  romer  (résonner)  la  poêle,  une  grande 
poêle  de  cuivre,  avec  des  brins  de  jonc  qu'on 
appuyait  sur  les  bords  du  bassin.  Il  en  résultait  un 
bruit  étrange,  se  répercutant  au  loin,  à  la  bruyante 
joie  des  assistants. 

Cette  coutume  subsiste  encore  dans  les  environs 
de  Blain,  mais  on  dit  :  faire  breuyer  la  poêle.  —  Le 
mot  romer,  véritable  onomatopée,  est  plus  sug- 
gestif, en  ce  qu'il  rappelle  assez  bien  les  sons  de  la 
poêle  en  vibrations.  Le  soir  du  2.3  juin  nous  avons 
encore  assisté  à  ce  bizarre  concert,  dont  les  divers 
exécutants,  séparés  par  une  distance  de  plusieurs 
kilomètres,  se  répondaient  d'un  village  à  l'autre, 
ou  s'accompagnaient  en  s'ingéniant  à  tirer  de  leurs 
primitifs  instruments  des  sons  graves  ou  aigus 

A  Légé  cet  usage  existe  toujours...  on  dit  : 
bromer,  et  non  romer  la  poêle...  Cette  coutume  a  été 
instituée  en  souvenir  de  la  Décollation  de  saint 
.lean-Baptiste,  dont  la  tête  fut  apportée  dans  un 
bassin,  à  la  demande  de  Salomé,  fille  d'Hérodiade. 
Romer,  bromer  ne  seraient-ils  pas  une  corruption 
du  verbe  Bramer?... 

Oui,  de  bramer,  vx.  fr.  brasmer,  crier  fortement. 
(Suit  la  description  de  la  cérémonie  au  village  de  la 
Mènerais  en  Puceul.)  «  Quand  il  brasmoit,  deman- 
dant à  boyre,  à  boyre,  à  boyre.  (Rab.,  G.,  vn.)  — 
Bramer,  bromer,  broumer,  cri  du  bœuf,  du  sanscrit 
bru,  parler,  faire  du  bruit  ;  grec  brémein,  ha. 
breman,  celt.  bram.  (Pages  :  151,  166,  173,  237, 
249.).  —  «  Mugir,  rendre  le  son  de  l'airain  quand 
jl  frémit.  »  (Favke.) 

Broncher  (Tlm.),  v.  n.  —  Perdre  ses  plumes, 
en  parlant  d'une  poule. 

Et.  —  C'est  le  fr.,  détourné  de  son  sens.  Les 
ménagères  ont  dû  dire  d'abord  :  Mes  poules 
bronchent,  ç.-à-d.  cessent  de  pondre  ;  puis,  par 
concomitance,  l'idée  est  devenue  celle  que  je  note 
ici.  —  «  Se  heurter  contre  une  bronche  (tronc, 
souche,  branchage,  buisson)  ;  de  broccus,  avec  n 
inséré  ;  ou  de  l'aha.  bruck,  flam.  brok,  fragment, 
broche  cassée,  souche.  Nota.  Dans  le  sens  de  muer, 
il  y  avait  un  autre  verbe  :  bronchier,  bronchir  ; 
être  morne,  triste,  soucieux.  Germ.  brutschen, 
être  morne?? 

Bronchique  (Mj.),  s.  f.  —  Bronchite  (Li., 
Br.,  etc.).  \'.  Brocherie. 

Hist.  —  «  Elle  vient  de  partir  à  la  ferme, 
M.  Rémy,  rapport  au  poupon  de  Mathieu,  qu'a 
une  bronchique.  »  (M.  Alaxic,  Ma  cousine.  Annal, 
p.  et  litt.,  n°  943,  p.  47,  col.  3.) 

Bronde  (Z.  142),  s.  f.  —  Grande  bruyère. 
Pour  Brande?  —  «  Erica  scoparia.  »  Mén. 
Syn.  et  d.  de  Bronze. 

Brône  (Sa.),  s.  f.  —  Tétin,  tétine,  trayon.  — 
A  rapprocher  de  :  Abron,  Broneau,  Brôner, 
Brômeau.  \\  By.  —  O  bref.  Surtout  les 
trayons  du  pis  de  la  vache. 

Broneau,  s.  m.  —  Le  même  que  Brômeau. 

Brôner  (Sa.),  v.  n.  et  a.  —  Téter.  ^'.  Abron, 
Brône,  etc.  Cf.  Brayer-,  ô  long. 

Et.  —  Du  celt.  Bronn,  qui  signifie  en  même 
temps  :  mamelle,  mamelon  et  colline  ;  ou  vronn. 
«  Er  vronn  «,  les  mamelons  ou  les  collines,  d'où 
est  venu,  dit-on,  le  nom  de  Evron,  ville  de  la 
Mayenne,  tout  entourée  de  coiUnes.  (Dagnet.)  — 
«  Brôner  se  dit  encore  des  personnes  qui  ont  l'ha- 
bitude de  mouvoir  la  langue  et  les  lèvres,  comme 
font  les  enfants  tétant  leur  mère,  ou  encore  de 
ceux  qui  sucent  leurs  doigts.  Pour  faire  honte  aux 
enfants  de  cette  habitude,  on  chante  : 


BRONER  —  BROUÉE 


145 


Et  tandis  qu'il  hronnera 

L'on  chantera 

La  bron,  bron,  bron, 

La  bron,  bron,  brette, 

Il  bronne,  bronne,  bronne.  (Dottin.) 
(Je  rappelle  (v.  Breuner)  qu'au  Croisic  se  trouve 
la  pointe  de  Pen-Bron,  Penn-Bronn,  la  pointe  du 
Sein). 

Broner  (The.  By.),  v.  n.  —  Beugler,  mugir. 
Syn.  et  d.  de  Bramer,  Broumer.  O.  bref. 

Bronze  (Te),  s.  f.  —  Grande  bruyère.  Syn. 
et  doubl.  de  Bronde  ;  syn.  -de  Berireau,  Ber- 
triâ. 

Broquard  (Tlm.),  s.  m.  —  Bois  ou  andouil- 
1er  de  cerf.  —  Dér.  de  Broc,  Broquer. 

Broquée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  La  quantité  de 
foin  ou  de  paille  que  l'on  enlève  eii  une  fois 
avec  une  fourche.  Syn.  de  Fourchée.  —  De  : 
broc,  broquer.  Ex.  :  Amène  donc  eine  broquée 
de  foin  pour  affaîter  la  veilloche.  ||  Coup  de 
corne.  Syn.  de  Broquetée. 

Broquer  (Mj.),  v.  a.  —  Frapper,  heurter, 
accrocher  avec  un  objet  fourchu.  Ex.  :  Prends 
garde,  la  vache  va  te  broquer  avec  ses  cornes. 
Doubl.  de  Berguer,  Burguer.  Les  Ecossais  ont 
le  mot  Brog,  pointe,  et  to  Brog,  piquer.  Syn. 
de  Embrocher,  Encorner. 

Broquetée,  s.  f.  (Lue,  Fu.),  —  Fourchée.  De 
Broc,  Broquer.  Syn.  de  Broquée. 

Broqueton,  s.  m.  (Mj.,  Fu.).  —  Bout  de 
branche  pointu,  qui  n'a  pas  été  coupé  au  ras 
du  tronc  de  l'arbre  ou  de  la  branche  maîtresse. 
V.  Berquégnon.  Berguette,  Briconnier,  Ber- 
quégnier.  —  Dér.  de  Broc. 

Broquetonnu  (Mj.),  adj.  q.  —  Tout  hérissé 
de  broquetons,  de  ramilles,  en  parlant  d'un 
arbre,  d'un  arbuste,  etc.,  très  branchu,  très 
fourchu.  Il  By.  —  Broquetonneux. 

Hist.  —  Brochonnu  :  «  Le  suppliant,  d'un  gros 
baston  de  pommier  brossonneux...  frappa  icelui 
Matinot.  »  —  «  Un  baston  nouUu  à  plusieurs  broz  », 
c.-à-d.  nœuds  1479.  —  D.  C. 

Broquette  (Fu),  s.  f.  —  Petite  branche 
fourchue.  Très  employé. 

Broquin  (Mj.,  Fu),  s.  m.  —  Brodequin. 

Et.  —  Du  llam.  broseken,  anciennement  broskin. 
Dans  le  vx.  fr.,  c'était  une  sorte  de  cuir.  »  (Litt.) 

—  La  forme  actuelle  paraît  due  à  l'influence  de  : 
broder. 

Brossard  (Lue).  —  Chêne.  Espèce  :  Quercus 
tauza.  —  A  rapprocher  de  :  Broussailles, 
Brossailles,  Brousse.  ||  By.  —  Id.  —  Bat. 
écrit  Toza. 

Brosse,  s.  f.  —  Locut.  :  Ça  fait  brosse,  — 
espérance  déçue.  Cf.  Se  brosser  le  ventre. 
(Mén.)  Il  Brosaes,  bruyères.  Il  y  a  beaucoup  de 
localités  appelées  Les  Brosses.  ||  By.  —  Pour  : 
brassard.  Un  balai  de  brosse. 

Brossée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  Volée   de   coups. 

—  Syn.  de  Danse,  Dégelée,  Pile,  Râpée, 
Trempe,  Tripotée,  Tannée,  Peignée,  Rincée, 
Beurée,  Roulée,  Torchée,  Tatouille. 


Brosser  (Mj.),  v.  a.  —  Frapper,  rosser  qqn. 
Syn.de  Rouster,  Rincer.  ||V.  réf.  Absolument: 
se  passer  de  tout,  n'avoir  rien  pour  sa  part. 
On  dit  dans  le  même  sens  :  Se  brosser  le 
ventre,  —  on  ajoute  qqf.  :  avec  eine  brique. 

Brossier,  adj.  q.  —  Qui  sert  à  faire  des 
brosses  ;  andropogon  ischœmum  (Mén.). 

Brossille  (Mj.,  Lg.,  Sa.,  Fu.,  Sal.),  s.  f.  — 
Brindille,  ramille.  Cf.  Branseau.  —  Petit  brin 
de  bois.  Syn.  de  BroustiUe.  ||  Fu.  —  Brindille 
sèche.  Le  Branseau  est  vert  et  feuillu.  ^Ij.,  id. 

•    Et.  —  V.  Branche.  —   «  Broce,  brosse,  vx.  fr., 
bois,  forêt,  broussaille.  —  Cf.  Bressille  (Jaub.) 

Brossiller  (Mj.),  v.  n.  —  Ramasser  des  brin- 
d  lies  de  bois.  Syn.  de  Bûchier. 

Brosson  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  Sal.),  s.  m.  —  Papule, 
bouton  sur  la  peau.  Syn.  de  Puron,  Puret.  Cf. 
Brusson. 

Et.  —  Broca  ;  vx.  fr.  broz,  nœud,  donc  :  enflure. 
(D.  C).  —  «  Broçonner,  bourgeonner  ;  augment. 
de  Broc,  broçon.  —  »  (D''  A.  Bos.)  —  On  dit  :  un 
nez  bourgeonné. 

BrossoQué,  ée  (Mj.,  Fu.),  adj.  quai. —  Cou- 
vert de  papules,  de  boutons,  eu  parlant 
de  l'épiderme.  Syn.  de  Puroté.  ||  Lg.,  au 
fig.  Ivre.  Syn.  de  Verzélé,  Blindé,  etc.  —  V. 
Brosson.  —  Part.  pas.  de  Brossonner.  Fu.  — 
Sal.  —  Boutonner,  en  parlant  de  la  peau. 

Brossouné  (Lg.),  adj.  q.  —  'V.  Brossonné. 

Brou,  s.  m.  —  Lierre.  V.  Brout.  (Segr.) 

Et.  —  «  Decimam  de  exartis  et  de  edera  et;de 
bruf:to.  »  1163.  D.  C. 

Brouaille,  v.  imp.  (Var.)  —  Il  brouaille,  il 
tombe  une  petite  pluie  fine.  V.  Brouée. 

Et.  —  De  brouillasser,  par  contract.  —  Cf. 
Berouasser,  Berouàiller. 

Brouasser  (Fu.),  v.  n.  —  Même  sens  que 
Brouaille.  ||  C'est  Berouasser. 

Et.  —  Broas,  brouas  ;  brouée,  brume,  brouillard. 

—  DiEZ  le  rattache  au  german.  ;  Anglo-sax.  brodh  ; 
Scandin.,  broth  ;  Ail.  mod.  broden,  vapeur  chaude. 

—  Cf.    Breu,   brou,   bouillon  ;   brulien,   verser  de 
l'eau  bouillante,  échauder.  D"où  :  brouet. 

Brouée  (Fu.),  s.  f.  —  \.  Berouée.  Brouillard, 
pluie  fine. 

Et.  —  V.  Brouasser.  —  Le  sens  de  :  bouillir 
s'explique  peut-être  par  allusion  aux  petites 
gouttes  d'eau  qui  s'élèvent  et  tombent  en  forme  de 
pluie  lorsque  l'eau  est  vivement  poussée  par  la 
chaleur  du  feu.  —  C'est  un  brouillard  qui  se  résout 
en  une  petite  pluie  fine.  (L.  C.)  —  Hist.  —  «  Toute 
hrouce  attire  la  gelée.  »  —  «  Mais  quand  je  consi- 
dère que  tous  honneurs  mondains  ne  sont  que  vent 
et  brouée.  »  (J.  de  Bourd.,  H^  aggrégat.  I,  271.)  — 
«  Tremblement  de  terre  en  la  ville  d'Angers  et 
es  environs...  et  apparessoit  le  soulail,  fors  qu'il 
fist  lors  ung  peu  de  breuée,  laquelle  tantoust 
après...  se  départit.  »  (14  mars  1485  N.  S.  — 
C.  Port.  Inventaire,  p.  12.)  —  Dans  les  vers  sui- 
vants il  est  question  de  notre  compatriote  Puy- 
charic  : 

a  On  le  compare  au  potiron  (champignon) 

Qui  nous  vient  en  unne  nuictée, 

Il  n'est  jamais  sans  compaignon, 

Tous  deux  enfants  d'une  brouée. 

10 


146 


BROUETTE  —  BRRR 


Ils  sont  fraiz  à  la  matinée, 

Au  soir  flaytriz,  veillent  ou  non.  » 

(Betxn.    de    Tartif,    Philandin.,    p.    489.    Pique- 
mouche  cité.  V.  Hustaud.) 

Brouette  (Ec).  —  Se  prononce  borouette, 
ou  mieux  boeroette.  —  Z.  171.  ||  Fu.  et 
Mj.  Berouette. 

Brouillassé,  —  ssoux  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  — 
Un  peu  brouillé,  en  parlant  du  temps,  ji  Un 
peu  trouble,  en  parlant  des  liquides. 

Et.  —  «  Brouillas  et  Brouas  étaient  plus  usités 
que  Brouillard,  qui  pourtant  est  seul  resté.  De 
même  rac.  que  Brouée.  (Litt.). 

Brouille,  s.  m.  (Mj.,  Fu.).  —  Ex.  :  Il  se 
paraît  qu'ils  ont  ieu  du  brouille  en  faisant 
leux  partage.  Syn.  de  Bistrouille,  Chahail, 
Distinguo.  \\  Brouillamini.  Ex.  :  Il  y  a  du 
brouille  dans  les   affaires. 

Brouiller  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  Délirer,  battre 
la  campagne.  Syn.  de  Gabarer.  \\  Ça  me  brouille 
sur  le  cœur,  —  barbouiller,  jj  Extravaguer, 
déraisonner. 

Brouine,  s.  f.  —  Brume.  (My.) 

Et.  — ■  Bruine.  Se  rattache  à  brouée,  modifié 
sous  l'influence  du  lat.  pruina.  —  Cf.  Brume 
du  lat.  Bruma,  solstice  d'hiver.  Les  étymol.  lat. 
tirent  :  bruma  de  brevissuma  dies,  brev-u-ma, 
le  jour  le  plus  court.  On  conçoit  comment  bruma, 
l'hiver,  a  donné  son  nom  à  la  brume.  Hist.  «  Il 
faisoit  si  grant  bruine  que  on  ne  pooit  veoir  ung 
demi  bonnier  de  terre  loing.  •>  (F'roissart.  »  (L.  C. 
Note  Edit.).  —  «  Mal,v.  indiq.  le  celtiq.  bru,  pluie  ; 
afr.  broïne,  de  brodh,  vapeur.  —  Bruir,  faire  du 
brouillard,  mot  champenois. 

Brouiz.  —  Brime,  grêle.  (C.  Port.  Revue 
de  l'Anjou,  1880,  p.  173.) 

Et.  —  Brouir.  Dessécher  et  brûler  les  jeunes 
pousses  atteintes  par  une  gelée  blanche.  «  Le  soleil 
a  broui  les  feuilles  des  arbres.  »  (Litt.)  —  «  ha. 
bruejen,  germ.  bruhen,  enflammer. 

Broumement,  s.  m.  — Orage  continu.  (Sar.) 
—  V.  Brômer. 

Broumer,  v.  n.  (Sa.).  —  Faire  de  l'orage, 
tonner.  V.  Brômer.  ||  Sal.  Ou  bromer.  Une 
pierre,  rapidement  lancée,  une  toupie  broume, 
c.-à-d.  frémit  et  fait  sonner  l'air  ambiant. 

Brousille  (Sa.),  s.  f.  —  Menu  bois,  broutille. 
Il  By.  Brandilles,  brindilles,  dont  on  fait  de  la 
bourrée.  Syn.  de  Dessourage.  Doubl.  du  fr. 
Broutilles  et  du  pat.  Brossilles.  —  De  Brout. 

Brousser  (Sp.),  v.  n.  —  Passer  en  froissant 
des  branches,  des  feuilles.  Se  dit  du  gibier. 
Syn.  de  Ferter.  \\  Passer  rapidement.  Syn.  et 
d.  de  Brouster.  \\  Fu.  —  V.  a.  —  Chasser  qqn 
le  balai  dans  les  reins.  Syn.  Poster. 

Et.  —  «  On  appelle,  dans  les  colonies  franc. 
d'Afrique  (Bourbon),  et  d'Amérique  (Antilles) 
brousse  les  taillis  et  forêts  vierges  de  l'intérieur  qui 
servaient  de  refuge  aux  esclaves  marrons  ;  le  lan- 
gage créole  est  archaïque,  comme  celui  des  pro- 
vinces, et  les  marins  de  l'Etat  disent  :  courir  la 
brousse,  au  flg.,  la  campagne,  pour  :  être  en  bordée, 
manquer  à  l'appel.  (L.  G.  Note  Ed.)  —  Angl.,  to 
Brush.  —  «  Brosser,  se  dit  en  terme  de  vénerie, 
du  bruit  que  fait  le  cerf  en  froissant  les  bran- 


chages.   »  —   «  Une  brousse  de  boys  assis  en  la 
paroisse  de  Mesnil-Selant.  » 

«  Car  tu  as,  mon  Nemond,  en  broussant  des  premiers 
Les  halliers  épineux,  fait  la  place  aux  derniers.  » 
(Citations  de  MoisY.) 
Broust,   s.   m.    Broustille,  s.   f.  —    Brous- 
sailles. 

Hist.  . . .  Li  sainglers  encraisse 

De  nois,  de  gland  et  de  farine, 
Le  brost  desdaigne  et  la  racine. 

Brouste  !  (Mj.),  interj.  —  Sorte  d'onoma- 
topée par  laquelle  on  exprime  un  passage 
rapide,  une  envolée  subite.  Ex.  :  «  Brouste  ! 
velà  le  voiseau  parti  !  » 

Brouster  (Mj.),  v.  n.  —  Marcher  ou  passer 
vivement,  filer  vite.  ||  V.  a.  Expédier  vive- 
ment une  besogne.  Dérivé  de  Brouste  !  — 
Voir  aussi  :  Brousser.  \\  Fu.,  Sal.  —  Chasser 
avec  des  mots  violents. 

Broustilles,  s.  f.  (Li.).  —  Bois  mort  dans  les 
haies.  —  Syn.  de  Brossilles. 

Brout  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Feuilles  grugées  à 
la  main  pour  la  nourriture  des  bestiaux.  || 
Sp.,  Fu.,  Lg.  —  Lierre. [Syn.  de  Hérace,  Lierru . 

N.  —  A  Saint-Paul,  la  plante  n'est  guère 
désignée  que  sous  le  nom  de  Brout,  le  mot 
Hérace  étant  beaucoup  moins  usité.  Le  nom 
de  Lierre  est  parfaitement  inconnu.  L'appel- 
lation de  Brout,  appliquée  au  lierre,  vient  de 
ce  que,  en  hiver,  quand  le  fourrage  fait  défaut, 
les  cultivateurs  nourrissent  leurs  bestiaux  avec 
les  feuilles  de  cette  plante,  très  commune  dans 
ce  pays  boisé,  et  qu'ils  se  gardent  bien  de  détruire. 
—  Brout  est  donc  le  subst.  verb.  de  brouter  :  il  est 
français,  d'ailleurs  ;  nous  l'avons  cité  pour  le  sens 
spécial  de  Lierre.  \\  Plus  souvent  employé  que 
Hérace  (Mm.,  Mfc.)  j|  Syn.  de  Hierru,  Hierre. 

Broutard  (Z.  124),  s.  m.  —  Bouvillon, 
jeune  bœuf.  —  Syn.  de  Nage. 

Et.  —  «  Jeune  bête  à  cornes  qui  ne  bronne  (tette) 
plus,  et  qui  commence  à  brouter  ;  jeune  taureau 
qui  broute  les  jeunes  pousses  des  arbres  ;  t.  d'un  an. 

(DOTT.) 

Broute  (Mj. ,  Lg.),  s.  f.  —  Mangeaille. 

N.  —  Je  verrais  encore  dans  ce  mot  un  souvenir 
de  l'invasion  allemande  en  1815.  Les  Prussiens 
avaient  souvent  à  la  bouche  le  mot  Brod,  Brot, 
pain  ;  et  des  Angevins,  jeunes  encore  à  cette 
époque,  l'ont  retenu.  (A.  V.)  —  Cependant  voyez  : 
Brouter  ein  calo' 

Brouter  (Mj.),  v.  a.  —  Manger.  Ex.  :  On 
va  brouter  ein  calot. 

Brrr  !  —  Ceux  qui  conduisent  les  bœufs  à 
la  charrue  font  souvent  entendre  le  son  brrr... 


Bru.  —  Prononciation.  —  «  Bru  reçoit  qqf.  une 
double  modification.  L'adj.  brun,  p,  ex.,  fait  au 
fém.  breune,  au  lieu  de  :  brune,  en  mettant  breu 
pour  bru  ;  et,  dans  les  dérivés,  brunet,  brunette, 
que  nous  disons  brcunet,  breunette,  nous  faisons 
souvent  subir  à  la  syll.  breu  une  interversion  ana- 
logue à  celle  dont  il  a  été  fait  mention  à  Bre.  Ainsi, 
au  lieu  de  breu,  nous  disons  beur  :  beurnet,  beur- 
nette.  Qqch.  de  semblable  se  remarque  dans  le  mot  : 
beruère,  pour  bruyère.  (Jaubebt.)  ;|  By.  — ■  Au  lieu 
de  eu,  on  mettrait  é.  —  Brénette. 


BRUCHER  —  BSAGUE 


147 


Onomat.  ||  Fu.  —  Figurerait  très  mal  le  bruit 
que  font  les  bouviers  des  Mauges.  Le  point  de 
départ  est  le  son  t  ;  les  lèvres  tremblent  en 
prononçant  u.  Le  son  serait  plutôt  trrru,  ou 
tbbbu. 

Brucher,  v.  a.  (Br.).  —  Xettoyer.  Brucher 
les  choux  pour  en  faire  la  soupe. 

Bruère  (Mj.),  s.  f.  —  Bruyère. 

Hist.  —  «  Nous,  prieure  des  Loges,  avons  donné 
charge  à  Urbain  Bossin,  de  nous  faire  un  millier  de 
bruère  dedans  les  bois  de  M.  le  comte  de  Monso- 
reau. »  (/.  a.,  S.  s,  E,  296,  1,  m.).  D'un  mot  gaulois 
Bruga.  B.  L.  Brugaria. 

Brûlant  (Mj.) ,  adj.  verb.  —  Se  dit  des  terres 
siliceuses  et  peu  profondes. 

Brûlasser  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Brûler  légè- 
rement, superficiellement.  Syn.  de  Brûlonner. 

Brûlé  (Mj.,  Fu.),  part.  pas.  —  S'emploie 
adverbialement  avec  un  adjectif  qu'il  porte 
au  superlatif.  Ex.  :  La  terre  est  brûlée  sèche  ; 
il  est  brûlé  soûl  ;  très  sèche,  complètement 
ivre.  Il  By.  —  Au  mois  de  mai,  le  bétial  était 
inabordable,  il  était  brûlé  cher  :  mais,  aujour- 
d'hui (octobre),  c'est  pus  pareil  (à  cause  du 
manque  de  pansion).  jj  S'emploie  dans  la  loc. 
fig.  Sentir  le  brûlé,  —  s'annoncer  comme  un 
échec,  comme  une  déconfiture.  Ex.  :  Son 
afîaire  sent  le  brûlé.  —  Souvenir,  sans  doute, 
de  l'Inquisition,  sentir  le  fagot.  ||  Lue.  —  Les 
chevaux,  cette  année,  sont  è/'ûZé-chers. 

Brûlée  (Mj.),  s.  f.  —  Rossée,  volée  de  coups. 
Ex.  :  Ils  se  sont  f .  .  .  eine  brûlée  que  le  poil  en 
volait,  —  en  fumait,  —  que  le  cul  illi  en  traî- 
nait par  terre.  —  Syn.  de  Bondée,  Dégelée, 
Fleaupée,  Lâtrée,  Laiidée,  Pleumée,  Bâclée, 
Râpée,  Roustée,  Suée,  Tatouille,  etc. 

Brûle- iiièelio  (^Ij.),  s.  m.  —  Lîstensile, 
outil  formé  d'un  fil  de  fer  recourbé  fixé  à  une 
bonde,  auquel  on  accroche  une  mèche  sou- 
frée, pour  la  faire  brûler  dans  un  fût. 

Brûler  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Distiller.  Ex.  : 
J'ai  eine  barrique  de  vin  qui  n'est  pas  fa- 
meuse ;  je  vas  la  faire  brûler  pour  faire  de 
l'eau-de-vie.  ||  Fig.  —  Brûler  le  cul  à  qqn,  • — 
le  gagner  de  vitesse,  le  dépasser  ;  qqf.  lui 
couper  l'herbe  sous  le  pied,  le  planter  là,  lui 
jouer  un  mauvais  tour,  un  pied  de  cochon.  || 
Lrm.  Id.  —  Laisser  dans  l'embarras  qqn  qui 
vous  attend  ;  vulgairement  :  poser  un  lapin.  j| 
Le  torchon  brûle,  —  il  y  a  de  la  discorde  dans 
le  ménage.  ||  Brûler  la  politesse  à  qqn,  —  le 
laisser  en  plan,  disparaître  sans  dire  gare.  || 
Brûler  à  feu  mort.  V.  Feu.  ||  Brûler  (Lg.)  en 
meurtre.  V.  Meurtre.  \\  S'approcher  d'un 
objet  ou  d'une  personne  que  l'on  cherche  ;  au 
jeu  de  Cut,  les  enfants  disent  au  patient  :  Tu 
brûles,  quand  il  est  près  de  l'objet  de  ses 
recherches. 

Brûleux  (Mj.),  s.  m.  —  Le  brûleux  d'eau- 
de-vie,  le  bouilleur  de  cru  ;  distillateur 
ambulant. 

Brûlis,  s.  m.  —  Amas  de  feuilles  destiné  à 
être  brûlé  dans  les  champs.  (Mén.)  —  Fu. 


Hist.  —  «  Quand  ce  vint  le  lendemain  que  le  feu 
fut  estainct,  le  roy  alla  veoir  le  brûlis  qui  avoit 
bien  demie-lieue  de  lé  (large).  L.  C.  —  «  Terrain 
essarté  et  brûlé.  C'est  l'écobuage.  «  (  Jaub.) 

Brûlon ,  s.  m.  —  Dans  la  vallée  de  Montjean, 
on  donne  ce  nom  à  des  carrés  de  terrain  où  le 
sable  domine  et  où  les  récoltes  brûlent  sou- 
vent dans  les  années  de  sécheresse.  —  Ch.  1. 

de  canton,  Sarthe. 

Brûlonner  (Mj.),  v.  a.  —  Brûler  légèrement 
à  la  surface,  charbonner  par  endroits.  Syn.  de 
Brûlasser. 

Brûlot  (Lg.),  s.  m.  —  Feu  d'herbes  sèches, 
de  tiges  de  pommes  de  terre,  de  chavoilles  de 
haricots  que  l'on  allume  en  plein  champ. 
Chalibaude.   \\  Fu.  —  Punch. 


(By.). 


Prononc. 


Brun,    Brunette,    etc. 
Brein,  brénette. 

Brunclies,  s.  f.  —  Brunches  de  cire,  de 
porc.  Se  dit  aussi  pour  :  rillettes.  V.  Brinche.  \\ 
By.  —  N'est  pas  synon.  de  rillettes. 

Et.  —  Breunches.  On  appelle  ainsi  en  Anjou 
et  dans  qqs  autres  provinces  la  lie  de  l'huile. 
(MÉXAGE).  Brèche,  résidu,  quel  qu'il  soit,  qui  se 
torme  au  fond  d'un  vase  près  du  feu.  (Dott.).  — 
V-  Dér.  de  bren,  qui  signifiait  un  résidu  quelconque? 
(de  Mont.)  Cf.  le  fr.  Suif  en  branches. 

Brunéier  (Sa.),  v.  n.  —  Commencer  à  faire 
nuit.  Ex.  :  Va  falloir  laisser  ce  travail-là,  il 
commence  à  brunéier. 

Et.  —  Dér-  du  fr.  Brun,  avec  sufT.  inchoat.  éier- 
Cf.  Gauléier.  —  V.  Embreune.  Hist.  «  U  y  avoit 
un  pauvre  chaudronnier  qui  cherchoit  logis,  mais 
parce  qu'il  hrunéoit,  il  ne  pouvoit  veoir  de  chemin, 
joint  qu'il  avoit  negé.  »  (L.  C.) 

Bruner,  Breuner.  —  Téter  sa  langue.  V, 
Breuner,  Brôner.  Syn.  de  Noguier  ou  Noiller. 

Brunette  (Mj.),  s.  f.  —  Charogne,  bête 
crevée.  V.  Quérée.  Sjn.  de  Prâ,  Pihée, 
Pivée,  Quéquée. 

Brunezir  °  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Brunir.  Syn. 
de  Breunir. 

Brusson,  s.  m.  —  Pour  :  bouton  (à  Sou- 
laire).  Syn.  et  d.  de  Brosson. 

Brut'  (brute)  (Mj.),  s.  m.  —  Bruit  (Lue,  etc.) 
— •  Mener  du  brut,  —  faire  du  bruit.  On  dit  de 
même,  en  fr.  :  Mener  grand  tapage.  V.  Breut.  \\ 
Fu.  —  Queu  brut  °.  V.  Ckie  brut  ". 

Brnter  (Sp.),  v.  n.  —  Faire  du  bruit.  V. 
Bru,  Breuter.  De  :  brut. 

Bryère ,  s.  f.  —  Bruyère,  bucane,  bregeôte, 
erica  cinerea.  (Méjt.)  Cf.  Bruère. 

Et.  —  Celtiq.  brwg,  brugen.  Bl.  Briera.  —  His.; 
«  J'ia  trouvis  faisant  du  feu 
«  A  tou  (avec)  d'ia  hrière.  » 

(Chans.  norm.) 
1  La  plante,  dit  Malvezin,   devrait  s'appeler 
Brugue  ou  Bruge,  et  le  terrain  où  elle  pousse  : 
bruguère,  brugière.   La  cressonnière  n'est  pas  le 
cresson.  Cf.  Garancière,  linièrc,  sapinière.  » 

Bsague,  s.  m.  —  ^Mauvais  vin.  (Segr.),  mau- 
vaise boisson.   (Mén.)  V.   Besaigre,  bisaigrei 


148 


BU  —  BUÉE 


(Vesague,  v'sague. . .,  bis  aigre.  Arrache-cou. 
C'«  Jaub.) 

Et.  —  Bis,  péjorat.  et  aigre. 

Bu,  part,  pas.  —  Etre  hu,  être  ivre.  Cf. 
Fourbu. 

Et.  Hist.  —  Au  moyen  âge,  on  disait,  sans  abré- 
viation :  oultrebu,  qui  a  bu  outre  mesure.  «  Le 
suppliant,  qui  estoit  tout  yvre...  par  temptation 
de  l'ennemi,  comme  homme  oultrelseu,  etc.  (1410. 
—  D.  C.)  —  Fourbu,  vient  de  :  forboire,  boire  avec 
excès,  ou  mal  à  propos.  La  fourbure  était  attribuée 
à  ce  que  le  cheval  buvait  avec  excès  (foris)  ou  à 
contre-temps. 


Buander  (Mj.),  v.  a. 
linge  à  la  buée. 


Lessiver,  passer  le 


Et.  Dér.  de  Buée.  De  là  Buanderie. 


m. 


L'homme 


Buandier,   Buandiste,  s. 

qui  fait  la  lessive. 

Hist.  —  «  Un  évêque,  faisant  sa  tournée,  trouva 
un  curé  qui  lavoit  sa  lessive,  et  lui  dit  :  Tu  laves 
ta  lessive?  es-tu  devenu  buandier?  est-ce  Testât 
d'un  prestre?  [Contes  de  B.  des  Perriers,  i,  228.) 

Buard  (Mj.),  s.  m.  —  Grand  vase  de  grès, 
muni  d'une  seule  anse  sur  le  côté,  dans  lequel 
on  conserve  l'eau  potable.  —  Bue.  \\  Ssl.  — 
Ancienne  mesure  pour  le  vin  ;  douzième  de  la 
barrique.  ||  Fu.  —  Grande  cruche  en  usage 
dans  les  pressoirs  et  servant  uniquement  à 
entonner  le  vin  qu'on  recueille  à  l'anche. 

Et.  —  De  buie,  ancient  huhe  ;  représente  une 
forme  du  B.  L.  bùca,  empruntée  p.  ê.  de  l'aha. 
buh  (ma.  buch  ;  ail.  bauch)  ventre  ;  la  buie  étant 
un  récipient  ventru. 

Buarèje.  —  Un  terrain  couvert  de  ronces 
depuis  longtemps.  —  «  Si  vous  voulez  entrer 
dans  ce  buaréje-\k.  »  (Pour  chasser.  — 
Feneu.)  Cf.  Biarrage. 

Buberons,  s.  m.  (Jm.).  —  Des  boutons  sur 
le  visage.  Syn.  et  doublet  de  Biberon. 

Et.  —  Bube,  bouton,  ampoule,  de  Bubon  ;  d'un 
mot  grec  qui  signifie  :  aine,  parce  que  les  bubons 
viennent  souvent  aux  aines. 

Biibule  (Mj.,  Fu),  s.  m.  —  Feu.  Terme 
enfantin. 

Et.  —  Formé  du  v.  fr.  Brûle,  par  réduplication 
de  la  première  syll.  adoucie,  élimination  de  l'r, 
qui  donne  une  articulation  trop  rude.  Cf.  Nénaine, 
Pépère,  Mimite. 

Bucane,  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  l'erica  vul- 
garis.  (Mén.)  Bruyère. 

Bûche  (La  Varenne),  s.  f.  —  On  donne  ce 
nom  aux  principales  cartes  du  jeu  de  Trois- 
sept.  Syn.  de  Bois,  Boises.  ||  By.  —  Allu- 
mette. 

Bûché,  ée  (i\Ij.,  Fu.),  adj.  q.  —  Coriace, 
dur,  ligneux,  dont  la  pulpe  renferme  des 
parties  dures  ou  filamenteuses.  Se  dit  des 
fruits  et  des  plantes  racines.  —  De  Bûche. 
Ex.  :  «  Les  naveaux  valent  ren  c't'année,  i 
sont  bûches.  » 

Bûcher,  v.  a.  (Li.).  —  Battre.  «  J'vas  te 
bûcher,  si  tu  n'obéis  pas.  Syn.  de  Fleauper, 
Douèner.  \\   (Mj.)  Fig.  —  Bûcher  un  naveau, 


—  achopper.  —  Proprement,  dégrossir  une 
pièce  de  bois.  ||  Fu.  —  Id.  Equarrir,  terme 
de  charpente,  jj  Ag.  —  Bûcher  son  dess,  — 
Ecole  des  Arts  ;  travailler  à  fond  la  partie  du 
dessin. 

Et.  —  De  l'ail,  bosc,  bois.  —  Vx.  fr.  buchier, 
frapper.  —  Boscairare,  D.  C. 

Bûcherie  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Bataille,  com- 
bat, lutte,  échange  de  coups,  bagarre.  Syn. 
Bondée,  Plumée. 

Bûcheur  (Mj.,  Ag.),  s.  m.  —  Enfant, 
homme  très  laborieux. 


Bûcheux  (Mj.),  s. 
travaille  le  bois. 


m.  —  Bûcheron,  celui  qui 


Bûchier  (Lg.),  v.  n.  —  Ramasser  de  menus 
morceaux  de  bois.  Syn.  de  Brosiller. 

Bûchot'  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  bûche,  bû- 
chette. Syn.  de  Sochon.  Bossette. 

Bûchoter  (Mj.),  v.  n.  —  S'amuser  à  tra- 
vailler le  bois.  Syn.  de  Casser. 

Budhier  (Z.  147).  —  Endroit  où  l'on 
dépose  la  bue,  vx  fr.  buhe.  —  Pour  Buier. 

Bue  1  (Lg.,  Tlm.,  Lrm.,  rare  à  Mj.,  Chem., 
Chol.,  etc.),  s.  f.  —  Vase  en  terre  cuite  muni 
de  trois  anses,  dont  une  au-dessus  du  goulot, 
et  destiné  à  contenir  de  l'eau  potable  pour  la 
boisson  et  pour  la  cuisine.  Syn.  de  Buée.  || 
Sal.  —  Id.  —  Je  vois  ben  le  dousi  par  où  la 
bue  gâte. 

Et.  — ■  C'est  la  rac.  du  fr.  Buire,  B.  L.  burie- 
tarius,  D.  C.  ;  d'où  burette.  —  Malvezes  :  rac. 
celtiq.  Bue,  creuser,  percer.  D'où...  buca,  B.  L. 
buga,  dans  bue,  buhe,  etc.,  pour  :  bugue.  Diminut. 
buhot. 

Hist.  —  «  Pour  la  bue  de  l'église,  5  sols.  (1525.  — 
Inv.  Arch.  G,  n,  p.  207,  col.  1.)  —  «  Ung  jeune 
homme,  nommé  Sorin,  avait  rompu  et  cassé  une 
buhe  ou  cruche  de  terre.  »  (1448.  —  D.  C.) 

Bue  -  (Mj.),  s.  f.  —  Voie  d'eau  dans  un 
bateau  ;  ouverture  provenant  d'une  cheville 
enlevée,  ou  de  la  disjonction  de  deux  planches. 

—  On  la  répare  par  un  palâtre. 

Buée  (partout),  s.  f.  —  Même  sens  que  Bue' 
Il  Lessive  ||  Sp.,  syn.  de  BuLr,  Evier.  ||  Buée 
de  la  mort,  lessive  que  l'on  fait  aussitôt  après 
qu'il  s'est  produit  un  décès  dans  la  maison. 
Il  Lg.  Buée  de  la  belle,  lessive  lavée  un  jour  de 
pluie.  N.  On  sait  que,  d'après  le  proverbe,  les 
belles  femmes  ont  toujours  mauvais  temps 
pour  la  buée.  [|  Lg.  Le  contenu  d'une  bue. 
N.  A  Mj.  une  buée  est  indifieremment  la  buire 
ou  son  contenu  ;  au  Lg.,  la  Bue  est  le  vase, 
et  la  Buée  le  contenu.  C'est  plus  logique.  |i  Fu. 

—  Cruche  fabriquée  en  grande  quantité  dans 
le  pays.  —  Au  sens  de  :  lessive  :  Emmancher 
la  buée.  —  Plaire  la  buée,  laver  la  buée,  faire 
sécher  la  buée.  —  V.  Zigzags,  n°'  167  et  sui- 
vants. 

Et.  et  hist.  —  «  On  tire  ce  mot  de  Tital.  buca, 
trou  ;  bucare,  filtrer  (vx.  fr.  buher).  Ne  peut  venir 
du  lat.  buere  (imbuere)  imbiber.  »  (Litt.).  —  «  Du 
german.  bukon  (ail.  bauchen)  vapeur  d'eau,  sur  les 
vitres.  »  (Darji.)  —  «  De  Bucata,  tiré  de  :  buca, 


BUETTE  —  BULOT 


149 


trou,  parce  que  la  lessive  se  coule  par  le  trou  d'une 
cuve,  ou,  comme  nous  disons  en  Anjou,  d'une 
panne   : 

«  La  pluie  nous  a  buez  et  lavez.  -) 
(Villon.    Ballade   de   lui  et  de  ses   compagnons 
pendus.  Cité  par  Ménage.) 

«  Son  san  fi  po  le  genre  humen  En  imanse  buie 
(c.-à-d.  Le  sang  de  N.  S.  J.  Ch.  fit  pour  le  genre 
humain  une  immense  lessive.)  —  La  Monnoye. 
Noëls  bourguignons.) 

—  «  Confessions  nous  doit  buer. 
Et  puis  pénitence  essuer   ».  (D.  C.) 
—   «  Le  jour  de  la  saint  Thoumas, 
Fais  tuer  ton  couchon  gras. 
Fais  ta  buie,  lave  tes  draps. 
Dans  trois  jours  Noël  t'auras.  (Id.) 
«  A  Dijon  on  disait  :  linge  maubué,  mal  lavé, 
sale.  (DE  Mont.)  —    «  E  quand  n'i  a  proux  pèr 
la  bugado,  (et  quand  il  y  en  a  assez  pour  la  lessive. 
Mireille,  v.  230.)  — •   «  D'abord  les  buies  ou  buires 
en  terre  cuite.  Elles  servent  à  porter  aux  pêcheurs 
et  aux  moissonneurs  l'eau  qui  les  désaltère.  Elles 
sont,  pour  la  plupart,  munies  d'une  ou  deux  paires 
d'anses  latérales.  »  (La  Trad.,  p.  77,  1.  2.3.)  —  «  Et 
quand  il  veit,  entrant  dedans  l'estuve,  les  bassins, 
les  bagnoueres,  les  buyes,  les  phioles  et  bouettes 
aux  parfums.    »   (Amyot,    Alex,   le   G.   p.   14.)  — 
«  Entendismes  un  bruit  strident  et  divers,  comme 
si  fussent  femmes  lavant  la  huée.  »  (Rab.,  P.  v,  31, 
550.)  —  «  Luy  conseilla  qu'elle  ne  se  mist  point  en 
ce    hazard    de   laver   la   buée   brimballatoire   sans 
premier  allumer  le  papier.    »   (Ibid,  n,   142.)  — 
«   Matabrune,    lavandière   de   buées.    »   (Ibid.    30, 
p.  193.)  —  On  dit  :  Assire  la  buée,  buander. 

Buette  (Z.  149.  By.),  s.  f.  —  Bluette.  Petit 
charbon  incandescent.  V.  Beluette.  ||  Etin- 
celle ou  flammèche  qui  vole,  gendarme.  Syn. 
de  Berton,  Auvis,  Foinbrèche.  C'est  le  fr. 
Bluette. 

Hist.  «  Je  sens  d'amour  encor  une  estincelle 

Qui  me  bluette  à  l'entour  de  mon  cœur.  (L.  C.) 

Buflalo  (Ag.).  —  s.  m.  Nom  connu  depuis 
l'introduction  des  tramways.  C'est  la  voi- 
ture, non  munie  de  moteurs,  qui  est  remor- 
quée par  le  tram.  Importé  d'Amérique. 

Hist.  —  Lundi  matin,  une  charrette  de  foin  est 
entrée  en  collision  avec  le  buffalo  du  tram  ouvrier. 

Buffard  (Mj.),  s.  m.  —  Soufflet.  V.  Buffet, 
Buffcr.  Ne  se  dit  que  par  plaisanterie. 

Bufiart,  s.  m.  —  Futaille,  en  Anjou.  (]\[én.) 
N.  Je  crois  qu'on  a  pu  confondre  les  deux  ss 
avec  deux  ff,  les  s  ayant  autrefois  la  forme 
de  l'f,  moins  le  petit  trait  horizontal,  et  je 
lirais  bussart.  (A.  V.).  De  :  busse. 

Et.  Hist.  —  «  En  Anjou,  une  demi-pipe.  — 
Butta,  buza,  du  français  bouts  ou  boutz  :  «  Mines 
à  mensurer  bled,  bous  à  mesurer  vin,  proprement 
outres  en  peau,  enduites  de  poix,  où  l'on  conserve 
le  vin  et  autres  liquides  que  l'on  emporte  dans  les 
pays  ou  lieux  escarpés  et  impraticables  aux  chars. 

—  c<  Le  suppliant  et  Michelet  s'en  alerent  en 
l'ostel  de  une  femme,  où  ilz  estoient  logiez,  pour 
lui  dire  qu'elle  leur  gardas t  ung  bussart  de  vin, 
qu'ilz  faisoient  venir  pour  fener,  et  le  mist  en  sa 
maison.  »  (D.  C.) 

BiiRée  (Mj.),  s.  f.  —  Bouiïée. 

Bii««T  (Mj.,  Lg.,  Tlm.,  Cho.,  Fu.,  Sal.),  v.  a. 

—  Souiller,  chasser  l'air  des  poumons.  || 
Souffler,  le  feu,  pour  l'aviver,  jj  Eteindre  en 


soufflant.  Ex.  :  Baffe  donc  la  chandelle.  i| 
N'attendre  ni  à  buffer  ni  à  ferdir,  n'avoir  pas 
la  patience  de  souffler,  sur  la  soupe,  p.  ex., 
pour  la  refroidir,  ni  attendre  qu'elle  se  refroi- 
disse naturellement.  ||  Buffer  les  choux, 
ronfler  en  serrant  les  lèvres.  On  dit  aussi  : 
Souffler  la  bouillie.  |!  On  dit,  par  manière  de 
plaisanterie  :  Buffe  le  feu,  Fanfois  (François). 
Mais,  mon  père,  pas  de  feu,  pas  de  bois.  Buffe 
tout  de  même.  (Tlm.,  Mj.,  Ag.)  ||  A  Cholet, 
au  régiment,  pendant  une  répétition  de 
musique.  Le  sous-chef  s'adresse  à  un  musi- 
cien clarinettiste  :  «  Pourquoi  ne  jouez-vous 
pas?  —  J'peux  pas  buffer  dans  c'te  pibole-là, 
chef.    (Authentique.) 

Et.  Hist.  • —  De  :  bouffer,  enfler  les  joues.  B.  L. 
Bufïare.  Onomatopée.  Bruit  que  produisent  des 
joues  gonflées  qui  se  dégonflent  sous  l'action  d'un 
coup.  —  «  Icellui  Taillefer  dist  à  l'exposant  qu'il 
buffast,  et  qu'il  lui  donrrait  une  buffe  ;  icellui 
exposant  buffast,  et  lors  ledit  Taillefer  lui  donna 
deux  buffes.  (1395.  D.  C.)  —  «  S'il  buffoit,  c'estoient 
choux  à  l'huile.  »  (Rab.,  P.,  iv,  32.)  —  «  Chut  !  mi 
bons  ami...  Quau  se  trufo,  Respondè  lou  vièi.  Dieu 
lou  bufo.  »  (Chut,  mes  bons  amis,  celui  qui  raille, 
répondit  le  vieillard.  Dieu  le  souffle.  »  (Mireille, 
p.  16,  str.  1.) 

«  Je  n'eus  point  la  bouche  amère 
Pour  buffer  au  chalumeau, 

Nau,  nau.  (Noëls  ang.  p.  18.) 

«  Tous  les  mots  de  cette  famille  ont  une  origine 
germ.  ou  scand.  ;  en  holl.  pufïen,  poiïen  =  souffler  ; 
en  angl.  to  puff.  L'ail,  puffen  a  le  sens  d'être  gonflé, 
boufïl.  B  et  P  s'échangent.  (Eveillé.) 

Buffet',  (Sp.),  s.  m.  —  Souffle.  On  dit  d'un 
homme  épuisé  ou  agonisant  :  Il  n'a  pus  que 
le  buffet,  il  n'a  plus  que  le  souffle.  \'.  Buffer, 
Buffard.  V.  Aive,  Baller.  \\  Fu.  t  muet. 

N.  —  «  Le  buffon  était  l'instrument  domestique 
employé  en  F^jitou  avant  le  soufflet,  pour  buffer, 
c.-à-d.  pour  souffler  le  feu.  —  C'était  un  long  tube, 
semblable  à  un  tuyau  d'orgue  ,et  p.  è.  le  buffet 
d'orgue  est  le  nom  de  la  partie  étendue  au  tout. 

Bugle,  s.  f.  —  Petite  bugle.  Lycopsis 
arvensis.  (Bat.)  Mén.  —  Petite  buglose. 
(Bat.) 

Et.  —  Emprunté  du  lat.  bugula,  employé  par 
Marcellps  Empiricus.  Labiée.  (Darm.)  —  Herbe 
de  saint  Laurent  :  «  Qui  a  du  bugle  et  du  sanicle, 
fait  au  chirurgien  la  nique.  »  L.  C.  —  Note  Ed. 

Bull  !  (Mj.).  —  Inlerj.  Bah  !  Baste. 
Exprime  l'impatience  ou  le  dédain.  On  dit 
aussi  :  But  !  et  Bouh  !  —  Onomat.  —  Cf. 
angl.  Pugh  !  Pooh  !  ||  Fu.  —  I!uh  !  Bute  ! 
Bouh  !  —  Bah  !  Baste  ! 

Biihard  (Mj.),  s.  m.  —  Béhuard,  île  et 
commune  du  canton  de  Saint-Goorges-sur- 
Loire.  N.  Il  est  d'usage  de  dire  :  En  Buhuard, 
et  non  A  Buhard. 

Buïer  (Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Evier,  endroit 
où  l'on  dépose  les  bues.  Cf.  Budhicr. 

Biiiiîiuiiui,  s.  m.  —  gnard.  —  Enfant  qui 
pleure  toujours.  Syn.  de  BrâiUaud. 

Buigner,  ou  Builler  (Sg.),  v.  n.  —  Pleurer. 
V.  Buyer. 

Bulot  (Seg.,  Lue,  Jm.,  Lé,  Bg.,  Pell.,  Sa.). 


150 


BUME  —  BUSSON 


—  Petit  tas,  monceau,  de  sable,  de  foin, 
quand  il  a  été  ringaillé.  Il  est  arrondi  en 
forme  de  boule?  Syn.  et  doubl.  de  Beulot 
Il  Sal.  Mettre  ses  bardes  en  bulot. 

Bume,  et  : 

Bunier  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Boire.  Mot 
enfantin.  On  dit  :  à  bume,  à  boire.  Cf.  Marner, 
marne,  manger. 

Buon  (Pell.),  s.  m.  —  Sorte  de  cruche  en 
grès  où  l'on  met  de  l'huile.  —  De  :  bue. 

Burais  (Lg.),  v.  a.  —  Boirais.  Gond.  prés, 
de  boire. 

Buralisse  (Mj.),  s.  m.  —  Buraliste. 

Bureau  i  (Mj.),  s.  m.  —  Terrain  inculte,  où 
la  pierre  est  à  fleur  de  terre.  Syn.  de  Gui- 
ruette,  Rochette,  Biarrage,  Masureau,  Gruau, 
Buaréje.  ||  Lg.  Sorte  de  dartre  ou  de  teigne 
de  la  barlDe  ;  mentagre. 

N.  —  J'ai  signalé  au  mot  Biarrage  le  remarquable 
rapport  qui  existe  entre  ces  deux  vocables.  Or  un 
rapport  analogue  existe  aussi  entre  Bureau  et 
Masureau.  Dans  le  patois  normand  G.  G.  cite  Buré, 
toit  à  porc  (262,2)  et  rappelle  en  note  que  Buron  a 
le  sens  de  :  cabane,  selon  Dottin,  et  le  Dictionn. 
général.  C'est  aussi  le  sens  étymolog.  de  Masureau. 

Et.  ■ —  Sans  doute  le  fr.  Bureau,  étoffe  grossière, 
prise  au  sens  métaphorique. 

Bureau  "^-elle  (Ec.)  —  Gris,  presque  noir. 
V.   Amouré. 

Buret'  1  (Mj.),  s.  m.  —  Morceau  de  bois  de 
la  grosseur  d'une  bûche  moyenne,  que  l'on 
fixe  au  bout  de  la  vouillée,  pour  servir  de 
bouée  flottante  et  signaler  de  loin  l'appareil. 

Buret  ^  s.  m.  —  Petit  pain  à  demi  sphé- 
rique,  ainsi  dit  de  sa  couleur  sombre,  de 
bure  ;   bis. 

Burgaudière  (Lg.),  s.  f.  —  Guêpier.  Syn. 
de  Guêpère,  Guêpière.  Dér.  de  Burgot,  Bur- 
gaud. 

Burger  (se)  (Sp.,  Jm.,  Lé,  BL,  Lue.).  —  Se 
cacher,  se  dissimuler,  se  blottir  dans  qq.  trou. 
Se  dit  du  gibier.  V.  se  Boumir.  ||  Se  burger 
dans  les  épines,  (à  Brion.)  Syn.  de  se  Motter. 
«  Les  perdrix  sont  burgées.  « 

Et.  —  De  l'ail.  Burg,  forteresse? 

Burgne  (Sm.),  s.  f.  —  V.  Beurgne. 

Burgnon  (Sp.),  s.  m.  —  V.  Beurgnon. 

Burgot  (Tlm.),  s.  m.  —  Frelon.  Doubl.  de 
Bergot.  Syn.  de  Freulon,  Breuyaud.  Dér.  de 
Burguer. 


Coiffe  pointue 
Epine.  Ex.  :  La  frago- 


Burgots  (Mj.),  s.  m.  pi. 
des  Nantaises.  V.  Bergots. 

Burgue  (Lg.),  s.  f. 
nelle,    c'a    des    burgues.     »    Syn.    de    Pique, 
Piqueron.  Dér.  de  :  Burguer. 

Burguer  (Tlm.,  Lrm.,  Sp.),  v.  a.  et  n.  — 
Piquer,  frapper  avec  une  pointe,  un  aiguillon, 
le  bout  d'un  bâton.  1|  Fu.  Donner  des  coups 
de  cornes.  Le  taureau  burgue  ou  cosse.  Toute- 
fois cosser  se  dit  du  choc  d'un  front  sans 
ornes,  et  plus  spécialement  du  mouton. 


Et.  —  Ce  mot  doit  avoir  la  même  racine  que 
Broc  ;  il  est  la  souche  de  -.  Berguette,  Bergot  ou 
Burgot. 

Burne  (Sm.,  Tlm.),  s.  f.  —  Grande  cor- 
beille de  paille.  Syn.  et  d.  de  Bourgne, 
Beurgne.  |[  Fig.  Scrotum  et  testicules,  au 
pluriel. 

Buron  (Sp. ,  Li.,  Br.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Beulot.  Cf.   Veiiloche. 

N.  —  Dans  plusieurs  régions  :  petite  maison, 
cabane,  lavoir.  Le  Buron,  nom  de  lieu. 

Burriner  (Mj.,  Tlm.,  Lg.,  Sal.).  —  Et.  non 
Buriner,  v.  n.  Travailler  péniblement.  Syn. 
de  Bourrasser,  Biganer,  Bourriquer,  Ourser, 
Il  Lrm.  Bourriner.  V.  Jaub.  à  Bouriner. 

Et.  —  Ne  vient  pas  de  Burin,  nous  le  répétons, 
mais  de  Bourrin,  littéralement  :  travailler  comme 
un  bourrin,  bourdin,  bourricot. 

N.  —  Qqf.  Sens  contradictoire  de  :  faire  des 
riens.  Confusion  avec  Berdiner,  Bédasser. 

Buse,  s.  f.  —  Pour  Busse.  \\  Li.,  Br.  —  La 
busse  est  pieune  ;  la  barrique  est  pleine. 

Busot  ?  —  Syn.  de  Buse? 

Busqué,  s.  m.  —  Prononc.  de  Buse.  S'écri- 
vait ainsi  au  xvi«  siècle.  On  dit  aussi  :  buste. 

Bussart,  s.  m.  —  Voyez  Buffart. 

Busse  1,  s.  f.  (Sp.,  Sal.,  etc.).  —  Barrique, 
fût  contenant  de  220  à  230  litres.  H  By.  — 
Tonneau  court  et  gros,  usité  dans  la  contrée 
de  Brissac.  Barrique,  tonneau  plus  allongé, 
de  contenance  variable  suivant  pays,  de  218 
à  2.50  litres. 

Et.,    discutable.    AU.    Bussa,    tonneau  ;    B.    L. 
buza,  botte,  tonneau,  barrique.  —  Celtiq.  :  bue, 
enfler,  être  gros,  touffu.  D'où  :  busca,  qui  a  donné  : 
busse,  outre,  tonneau.  —  Hist.  —  «  M.  Le  Massu  a 
vendu  en  1768  une  busse  de  vin  de   1766...   306 
hvres.  »  {Inv.  Arch.  E.  m,  p.  224,  col.  1.)  —  «  Une 
busse  et  son  avouillage.  »  (1710.  —  Id.  ibid.  E.  n, 
p.  198,  col.  2.)  —    «  Une  busse,  quatre  jallais  et 
30  pintes  de  vin  (1735.  Id.  G.  p.  148,  col.  2.). 
—   «  Ecoutez,  Monsieur  de  Mathault, 
L'œuvre  est  de  la  fin  coronnée  ; 
Une  busse  de  vin  me  fault 
Par  promesse  de  l'aultre  année.  » 
G.  C.  Bûcher,  81,  p.  126. 
Je  n'en  ay  vue  que...  17  barrique  de  vin...  après 
en  avoir  envoyer  huit  buse  à  Beaupréau.  »  (Lettre 
de    Denais,    commissaire    des   vivres    de   l'armée 
chrétienne.  —  C.   Port.    Légende  de   Cathelineau, 
p.  247.)  —  «  Contre  Mathurin  Drouineau,  tonnelier, 
pour  défaut  de  fournitures  de  pipes  et  busses  de 
vin  (1498.  —  xvni«  siècle.)  /.  a.  S.  E.  251,  2,  31.) 

Busse  -,  adj.  q.  —  Avoine  busse  ;  maladie 
causée  par  un  champignon.  (Segr.  —  Méx.) 

Busserie  (Mj.),  s.  f.  —  Cercle  moyen  pour 
barriques  ou  busses.  De  :  busse  '.  Merrain. 

Busson  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  îlot  couvert 
d'arbres.    \'.    Hâ.    Cf.    Russeau.    \\    Buisson. 
Corr.  du  mot  français. 
Hist.  «  Ma  mye  m'a  donné  un  boucquet 
De  violecte  et  de  muguet 

De  verte  marjolaine  ; 

Gardez  vostre  honneur  et  le  myen 

Et  vous  serez  ma  mye. 


BUSSONNIÈRE  —  BZI 


151 


Ma  mye  m'a  donné  un  baston  ; 
C'est  pour  en  battre  les  buczons, 
Les  oisseaux  n'y  sont  mye. 
Gardez,  etc. 

Ma  mye  m'a  donné  un  basteau 
C'est  pour  aller  jouer  sur  l'yeau. 

Sur  l'herbette  jolie  : 
Gardez. . . 

(Inv.  Arch.  H.  I,  p.  117,  col.  1.) 
«  Laissèrent  lesd.  ballaiz  et  allèrent  en  vent  et 
tourment  par  le  tuau  d'icelle  (cheminée)  à  travers 
hays  et  bassons,  tellement  qu'il  y  avoit  si  très 
grand  bruit  de  vent  par  où  ils  passoient,  qu'il 
sembloit  que  le  vent  en  emportait  haye  et  basson.  » 
(1508.  —  Inv.  Arch.  G.  p.  84,  col.  2.) 

Bussonnière  (Mj.),  adj.  q.  —  Se  dit  dans  • 
Faire  l'école  bussonnière.  Cf.  Chouiner. 

But'MMj.  ,Ssl.).  —  Intorj.  V.  Buh  !  Bah  ! 
Bast  !  Put  ! 

But"  -  (Mj.),  s.  m.  —  Morceau  de  bois  ou 
de  paille  servant  à  èutter.  ||  Fu.  Id.,  et  Trace  faite 
sur  le  sol,  pour  marquer  la  place  où  le  joueur 
doit  mettre  le  pied.  —  t  muet.  !|  Terme  de  la 
gestation  chez  les  animaux.  Ex.  :  Noutre 
vache  sera  à  son  but  dans  huit  jours.  —  Autre 
forme  de  Bout.  Subst.  verb.  de  buter,  autre 
forme  de  :  bouter. 

Biit<âiller  (Mj.),  v.  n.  —  Buter  souvent,  à 
plusieurs  reprises.  Fréquent,  de  Buter.  Ex.  : 
Il  s'en  allait  en  butâillant.  Syn.  de  Crabucher. 
Il  By.  —  N'est  pas  syn.  de  Crapucher  ni  de 
Décrapucher. 

Buter  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  et  a.  —  Mesurer  avec 
soin  les  distances  au  jeu  de  boules  ou  de 
palets,  pour  décider  d'un  coup  douteux.  Ex.  : 
J 'allons  buter  ça.  —  On  dit  aussi  :  rabuter. 
Syn.  de  Bauger.  —  De  :  but. 

Butin  (Mj.),  s.  m.  —  Avoir,  bien.  Ex.  :  Il  a 

amassé  ein  petit  butin  ;  il  portait  tout  son 

buiin  dans  ein  mouchoir.  —  Il  s'était  marié 

avec  eine  marraine  qui  avait  ein  bon  petit 

butin. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Butin,  j)ris  dans'un  sens  spé- 
cial, peu  différent,  en  somme,  de  son  sens  propre. 
Nos  grands-pères  ont  compris  il  y  a  longtemps  (jue 
tout  avoir  s'acquiert  par  le  travail  ou  par  droit 
de  conquête  dans  la  lutte  pour  la  vie,  et  ils  ont 
exprimé  nettement  cette  idée  par  deux  mots 
typiques  :  l'avoir  est  du  Fait  ou  du  Butin.  (R.  0.) 
llist.  Je  suis  pauvre  et  n'ai  pour  butin 
Qu'un  peu  de  bois  que  ce  matin 
J'ai  serré  dans  le  voisinage. 

Noëls  angev.  p.  91. 


Buttard  (Lg.),  s.  m.  —  Coteau,  tertre.  Ex.  : 
Y  a  ine  croix  sus  le  buttard  du  Petit-Goulet. 
De  butte. 

Butté  (Mj.),  adj.  quai.  —  Inégal,  raboteux. 
Se  dit  d'un  terrain,  d'un  chemin.  Syn.  de 
Malplanche. 

Buttereaux  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Lais  de  terres 
alluviales  le  long  des  rives  de  la  Loire  for- 
més de  buttes  et  de  trous. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  —  Butte,  au  moyen  du  sufïlxe 
diminutif  ereau.  Ces  alluvions  sont,  en  général, 
fortement  ondulées  et  bossuées. 

Hist.  :  «  Baux  d'îlots  et  budas  en  Loire  (S'  Maur) 
1585-1609.  —  Inv.  Arch.  H  i,  p.  220,  coL  2. 

Buttes  (Mj.),  S.  f.  —  Retourner  sur  les 
buttes  de  derrière,  revenir  sur  ce  qui  a  été  dit 
ou  fait. 

Buvante  (Mj.),  s.  f.  —  Tonneau  toujours 
en  vidanges,  où  l'on  prend  la  boisson  pour  la 
consommation  du  bord.  Terme  de  marine. 
(Boire,  buvant.) 

N.  —  LiTTRÉ  cite  Buvande,  un  des  noms  provin- 
ciaux de  la  piquette  ;  de  bibenda,  qui  doit  être 
bu  ;  et  le  Diction,  génér.,  le  môme  mot,  vin  de 
dépense,  vin  de  valets.  C'est  la  piquette. 

Buve,  eut.  —  Boive, -vent.  (Ec).  Subj. 
prés,  du  V.  Boire,  avec  forme  Buver. 

Hist.  —  «  Hz  ne  vivent  que  de  vent.  Rien  ne 
beuvent,  rien  ne  mangent  sinon  vent.  «  (Rab.,  P., 
IV,  4.3,  429.) 

Buvette.  1°  (Mj.,  Lg.).  —  Sorte  de  chasse 
aux  petits  oiseaux,  qui  se  pratique  en  tendant 
des  gluaux  sur  les  buissons  entourant  la  mare 
où  ils  viennent  boire.  ||  2"  (Tlm.,  Nu.).  Dia- 
bète, maladie.  Ex.  :  Il  est  mort  de  la  buvette. 
N.  Les  diabétiques  souffrent  eh  effet  d'une 
soif  inextinguible.  ||  3°  Petite  tasse  contenant 
de  l'eau  pour  désaltérer  les  oiseaux  qui  sont 
en  cage. 

Buvroelier  (Lg.),  v.  n.  —  Boire  du  vin  sans 
besoin  et  par  passe-temps,  pinter.  Syn.  de 
Berçocher,  Soiffer,  Pomper.  ||  Fu.  Buvocher. 

Buyer  (Lpc,  Z.  139).  —  Brailler.  Ex.  :  Que 
j'sé  achalé  de  l'entendre  buyer  f  \\  Po.  —  id., 
pleurer,  pleurnicher,  larmoyer.  Syn.  de  Che- 
nucher,  Chemicher,  Beucler,  Ouâler,  Ouigner, 
Pigner. 

Bzi,  s.  m.  —  Pour  bezi.  Poire  non  greffée 
dont  on  fait  une  boisson  très  alcoolique.  — 
Débeziller,  sortir  de  l'ébriété.  —  V.  Besi. 


OBSERVATIONS 


Prononciation.  —  C  est  souvent  muet  à  la  fin 
des  mots  ;  avec",  bec",  arsenic°,  aspic"*,  cw\°,  — 
avé,  bé,  arseni,  aspi,  co. 

_  Permutation.  —  C  devient   t  :  aspic,   charcu- 
tier, —  aspit,  chairtutier. 

C  remplace  ch  :  chercher  devient  ccrchcr. 


C  est  remplacé  par  ch  :  chaillou,  échaler,  pour  : 
caillou,  écaler. 

C  devient  g  :  aplangir,  rouget,  agacia,  ganif, 
gabotage,  pour  :  aplanchir,  rouchet,  acacia,  canif, 
cabotage. 

C  remplace  g  :  cangrègne.  pour  :  gangrène. 
'  C  remplacé  par  j    :   ajeWr,   boèjevarder,  pour   : 
acheter,  bècheverter. 

C  remplace  p  :  sectembre,  pour  :  septembre. 


152 


CA 


CABAUD 


MÉTATHÈSE.  —  Cre  devient  ker  :  crever,  kerver, 
crier,  kérier. 

Crou  devient  cor  :  corpion,  pour  :  croupion. 

Groupes  de  lettres.  —  Cl  se  prononce  qui  : 
clabard,  quiabard  ;  c\dJQ,e,quiarce;  clarcer,  quiarcer  ; 
clincailler,  quincailler. 

Cl  est  souvent  mouillé  (ce  qui  rentre  un  peu  dans 
le  précédent)  —  clair,  clou,  clouter,  —  cl-liair, 
cl-liou,  cl-liouler. 

Chev  devient  chui  :  cheville,  chuille. 

Co  devient  cou  :  colon,  colorer,  connaître,  — 
coulon,  coulorer,  counaîlre. 

Ch  remplace  s  :  chécher,  pour  :  sécher. 

Ch  remplacé  par  c  :  cercher,  pour  :  chercher. 

Cl  remplace  fl  :  deau,  pour  :  fléau. 

Ch  devient  j  :  un  pvau,  pour  :  un  cheval. 

Ca.  —  Préfixe,  ayant  une  signification 
péjorative.  Il  se  trouve  dans  Calorgne  ;  dans 
le  provençal  calucs,  de  ca  et  de  lue,  voir.  Cf. 
re-luq-uer.  —  Formes  diverses  :  cal,  calo,  cali 
(fourchon).  —  L.  Sudre.  Cours  de  Gram.  hist. 
de  la  lang.  fr.,  3e  partie.  Nous  renverrons  à  ce 
préfixe. 

Ça.  —  Pron.  démonstr.  Se  substitue  sou- 
vent au  pron.  il,  surtout  lorsqu'il  s'agit  des 
météores.  Ex.  :  Ça  gèle  ben  dur  ;  ça  mouillait 
à  plein  temps.  [I  Désigne  souvent  un  effet, 
une  action  .  Ex.  :  Ça  coule,  —  le  terrain  est 
glissant  ;  ça  fonce,  —  le  terrain  est  mou.  || 
Jb.  —  Ça  que,  pour  :  ce  que.  Ex.  :  On  fait 
pas  ça  qu'on  veut,  on  fait  ça  qu'on  peut.  || 
Par  mépris  :  Ça  mange,  et  ça  ne  travaille  pas  ! 
Il  Souvent  suivi  de  qui.  C'est  ça  qui  est  beau, 
bon  !  Il  Locut.  vicieuses,  mais  claires  :  Quoique 
ça,  avec  ça.  Vous  sortez  sans  parapluie  ? 
avec  ça  que  le  temps  est  beau  !  ||  Il  a  de  ça, 
il  est  riche  (on  fait  qqf.  le  geste  pour  compter 
de  l'argent).  —  En  parlant  d'une  femme  :  Elle 
a  de  ça  —  des  appas.  ||  Pour  affirmer.  Ce 
sera  comme  ça.  \\  Pour  interrog.  —  C'est 
comme  ça  ?  eh  !  ben,  on  va  voir  !  — 

Et.  —  Con tract,  de  :  cela. 

Caba,  s.  m.  —  Raisin  perle,  sorte  de  cé- 
page blanc,  cultivé  en  treilles,  dont  les  grains 
très  gros  et  ovoïdes  ont  un  goût  fortement 
musqué.  —  Distinct  de  Cabas.  —  On  dit  : 
raisin  caba. 

Cabagétis,  s.  m.  (Mj.).  —  V.  Cabigit,  Gagi- 
hit,  Cabagit. 

Hist.  —  «  Il  se  trouve  à  droite  une  longue 
galerie  en  briques...  terminée  par  un  cabajoutis 
orné  de  sonnettes  en  bois  et  d'œufs  rouges.  » 
(H.  DE  Balzac,  Ursule  Mirouet,  p.  100.) 

Cabagit  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Cahute,  tau- 
dion.  Syn.  de  Cabagctis,  Cabourne,  Cahurne, 
QuernaiUère.  Syn.  et  d.  de  Cabigit,  Cagibit. 

Cabane  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Sorte  de  chambre 
en  bois  ménagée  à  l'arrière  des  bateaux  de 
mariniers  et  qui  est  l'unique  habitation  de 
ceux-ci  pendant  leurs  voyages.  ||  By.  —  Sou- 
vent les  pêcheurs  établissent  leur  cabane 
sur  le  futreau  au  moyen  de  leur  voile  repliée 
sous  la  coue  (arrière)  du  bateau  et  maintenue 
par  deux  gros  nœuds.  Elle  repose  sur  le  bâton, 
maintenu  à  une  extrémité  par  un  pied  fourchu 


et  reposant  de  l'autre  sur  les  jopettes.  \\  Mj. 
Partie  d'un  sabot  couvert  qui  recouvre  le 
dessus  du  pied.  Ex.  :  La  roue  de  la  charte 
a  écramoui  la  cabane  de  mon  sabot.  ||  V. 
Futreau. 

Et.  Hist.  —  C'est  le  fr.  cabine.  —  B.  L.  Capanna  ; 
du  celtiq.  caban,  de  cab,  hutte.  —  Hist.  :  «  Il 
descendait  en  cabane  de  Saumur  pour  aller  à 
Nantes  et  fut  transporté  de  sa  cabane  à  l'auberge 
des  Trois-Maures.  «  1761.  —  (N.  Il  s'agit  sans 
doute  d'un  de  ces  bateaux  de  la  Vienne  qui  trans- 
portent les  pruneaux  de  Touraine  et  qui  sont  de 
véritables  cabanes  flottantes.  R.  0.)  —  Im:  Arck., 
E,  II,  p.  280,  col.  1. 

C'abaner  (By.),  v.  réf.  —  Faire  la  Cabane  ; 
ou  v.  n.  :  Rester  dans  la  cabane  du  bateau. 

Cabanier  (Br.,  Zig.,  183),  s.  m.  —  Rou- 
lottier,  forain,  saltimbanque. 

Cabaret  des  oiseaux,  s.  m.  —  Peigne,  cu- 
vette de  Vénus,  dipsacus  sylvestris  (  Batakd) 
—  Ce  serait  le  :  nardus  sylvestris,  dit  Ménage, 
qui  ajoute  :  «  Ch.  Etienne  le  dérive  de 
Bacchar,  par  métathèse  et  apocope  ». 

Cabas,  (Mj.),  s.  m.  —  Manteau,  houppe- 
lande ;  doubl.  de  :  caban. 

Cabas,  cabasse.  —  Appellation  injurieuse. 
EusT.  Deschamps  appelle  une  femme  de 
mauvaise  vie  :  cabas  enfumé  ;  —  battre  le 
cabas  —  sens  obscène  (Ménage).  —  Cabasse, 
adressé  à  un  enfant,  signifie  simplement  : 
babillarde. 

Cabasse,  ée  (Z.  136,  Li.,  Br.).  Une  personne 
âgée,  courbée,  vieillie,  usée,  lassée,  est  dite  : 
cabassée. 

Cabassement,  (Mj.),  s.  m.  —  Fatigue.  — 
V.  Cabasser. 

Cabasser  (Mj.,  By.,  Sal.).  v.  a.  —  Fatiguer. 
—  «  Qu'as-tu  donc  à  te  cabasser  l'imagina- 
tion ?  ')  Il  V.  réf.  Se  cabasser.  Se  donner  du 
tintouin. 

Et.  Hist.  —  La  Curxe  l'explique  ainsi  :  entasser 
dans  son  cabas  :  de  là  :  voler  :  puis,  tourmenter  : 
Jeannette,  Marie,  Guillemette, 
Pour  quelque  peine  que  je  mette 
A  cabasser  et  ramasser. 
Nous   ne   pouvons   rien   amasser.    » 

{Pnthelin.)  —  Voilà  pour  le  deuxième  sens  : 
...  Et  tant  le  cabasscrent 
Qu'il  prit  réveil. . . 

Voilà  pour  le  troisième 

—  Jaubert  :  Secouer  ,  v.^  OHuas  (Acad.),  voi- 
ture à  l'ancienne  mode.  —  «  Canabasser  :  Exami- 
ner avec  soin.  »  R.4.B.,  n,  10,  dit  :  «  Et  le  priarent 
vouloir  le  procès  canabasser  et  grabeler  à  poinct.  » 
Canabasser  un  procès  c'est  en  voir  et  revoir  les 
pièces  avec  autant  d'exactitude  qu'un  ou^Tier  en 
tapisserie  s'applique  à  compter  et  à  recompter  les 
fils  de  son  canevas.  (Le  Duchat,  dans  ses  Notes 
sur  Rabelais.)  Et  de  là  :  Ganabassement.  examen 
curieux,  curiosa  essaminatione.  dit  le  Dict.  fr.-ital. 
d'OuDix  —  Cité  par  Borel.  —  Cf.  Cabasso,  dans 
Mireille,  doublet  de  cabosser,  cabocher,  camocher, 
cagnocher.  (R.  O.) 

Cabasserie  (By.).  —  Bavardage,  discours 
long  et  confus.  —  V.  Cabas. 

Cabaud  (Tlm.).  adj.  q.  —  Triste,  déprimé, 


CABÈCHE  —  CABOURNE 


153 


abattu,  accablé,  au  moral  et  au  physique. 
C'est  le  contraire  de  Vioge,  qui  se  dit  à  Tlm. 
comme  à  Sp. 

Et.  —  Renferme  p.-ê.  le  même  radie,  que  le  v. 
accabler. 

Cabèche  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Tête.  Ne  se  dit 
qu'en  plaisantant.  Doublet  du  fr.  Caboche. 

Cabestan,  s.  m.  —  Il  est  monté  sur  son 

cabestan,  çàd.  sur  ses  grands  chevaux. 
(Ag.)  Il  Mj.  Nabot  avec  une- grosse  tête. 

Et.  —  Emprunté  sans  doute  à  un  terme  de  ma- 
rine ;  on  montait  sur  le  cabestan  pour  le  manœu- 
vrer. —  Esp.  Cabrestante,  chèvre  debout.  On  sait 
que,  dans  beaucoup  de  langues,  la  chèvre  et  le  bouc 
ont  prêté  leur  nom  à  des  machines  servant  à  soule- 
ver des  fardeaux. 

Cabiche,  s.  f.  —  Cabane  (Mén.)  —  ||  By. 
C'est  :  Cabine.  V.  Cabane. 

Cabigit  (Mj.),  s.  m.  —  Méchante  cabane, 
cahute,  bicoque,  petit  retrait  quelconque. 
V.  Cr.gibit,  Cabagétis.  Syn.  et  d.  de  Cabagit. 

Et.  —  Petite  cage?  logement  aussi  étroit  qu'une 
cage? 

Cabinet  (Segr.,  Lg.),  s.  m.  —  Armoire  pour 
serrer  le  fait  d'une  servante,  à  une  seule 
porte.  —  Pour  le  garçon,  c'est  le  coffre.  — 
De  cabine.  —  ||  Chl.  —  Sorte  d'armoire 
étroite.  Ce  mot  ne  s'emploie  plus,  que  je 
sache,  dans  la  région  de  Chl.  Je  le  retrouve 
dans  l'inventaire  de  Brodeau.  (F.  Lore,  xi  b.) 
de  1745.  V.  Charlit  :  «  Item  un  cabinet  à 
deux  ouvertures  de  difTérent  bois  fermant  à 
clef. . .  »  N.  Le  mot  est  toujours  en  usage 
au  Lg. 

t'abirotade  (Mj.),  s.  f.  —  Galimafrée  ; 
ragoût  complexe,  soit  de  viandes,  soit  de 
légumes. 

Et.  Hist.  —  Pour  capitolade,  sauce  épaisse 
recouvrant  la  viande  comme  une  soçte  de  chape- 
ron (en  espagn.,  capirote,  capirotada  ;  le  plat  au 
chaperon.  —  «  Le  pot  pourry  estoit  plein  de  po- 
tages d'espèces  diverses,  sallades,  fricassées,  saul- 
grenées,  cabirotaJes,  rousty,  bouilly.  »  (Rab.,  P., 
V,  23,  529.)  —  «  Vous  trouverez  qu'il  n'y  a  rien  si 
fade,  entre  tous  les  mets  de  vostre  table,  que  ce  bel 
entretien  de  son  âme  et  que  son  discours  et  inten- 
tion ne  Talent  pas  votre  capirotade.  »  (Mont., 
Ess.,  IV,  306.) 

Câbleur  (Ag.),  s.  m.  —  Ouvrier  qui  tra- 
vaille à  la  confection  des  câbles. 

Hist.  —  i(  Un  ouvrier  câbleur  de  l'usine  du  Mail, 
Julien  Raoul,  décrochait  une  longe  cordeau,  lors- 
qu'il s'est  fait  une  coupure  à  la  main  gauche.  > 
{Petit  Courrier  du  29  mai  1906,  p.  2,  col.  6). 

Cabliner  (Mj.),  v.  a.  —  Bossuer.  Ex.  :  Aile 
a  tout  cahliné  le  seillot.  V.  Cabosse, 

Et.  —  J'y  verrais  le  préf.  péjor.  Ca  et  Biinor, 
enfoncer  avec  le  blin,  bélier,  lourde  masse  pour 
enfoncer  les  pieux  ;  faute  de  mieux.  Je  ne  puis  le 
rapprocher  de  Caboche,  Cabosser,  Cabocher,  etc., 
sinon  par  le  sens.  —  P.-ê.  Cabeliner. 

Caboche  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f .  —  Tête.  Syn. 
de  Ciboulot.  Il  Lrm.,  By.  —  Clous  pour  mettre 
sous  les  sabots  de  bois.  V.  Cabosses. 

Et.  et  Hist.  —  (I  Mot  burlesque  pour  désigner  la 


tête  ;  de  l'ital.  capocchia,  employé  encore  pour  la 
tête  d'un  clou,  d'une  épingle,  etc.  —  Primit.  capo, 
tête,  de  caput.  »  (Schel.)  —  Oche,  suff.  péjorat.  — 
«  Ayans  ceste  persuasion  en  leurs  caboches,  elles 
feront  leurs  mariz  coquz  infailliblement.  »  (Rab., 
P.,  m,  34,  291.)  —  «  Et  n'eust  esté  qu'ils  s'estoient 
très  bien  antidotez  le  cœur,  l'estomach  et  le  pot  au 
vin,  lequel  on  nomme  la  caboche.  »  (Rab.,  2,  33. 
Cité  par  Ménage.)  —  «  D'autant  qu'il  n'avait  pas 
beaucoup  de  cervelle  en  sa  caboche.  »  (Nuits  de 
Straparole.  ) 

«  Qu'ainz   perdreit  chascon   la  caboce 
S'il  en  aveit  poeir  et  force.  » 
{Chron.  des  ducs  de  Norm.,  22-298.  —  D.  C.) 

Cabocher  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  V.  Cabosser. 

Et.  —  Rac.  fr.  Caboche.  Cabocher  a  dû  signifier 
d'abord  :  meurtrir  la  tête. 

Caboillaud  (Pell.),  s.  m.  —  Enfant  qui  a  un 
gros  ventre.  Ex.  :  Il  est  com.  ein  petit  caboil- 
laud :  il  n'a  que  la  boille.  Syn.  de  Beillu.  Dér. 
de  Boille,  Beille,  avec  le  nréf.  péjor.  Ca.  Cf. 
Camillaud,  se  Canicher,  Canigeot.  —  Cf.  Cabil- 
laud, nom  donné  à  la  morue,  qui  a  un  gros 
ventre. 

Cabosse  '  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Clou  très 
court  et  à  grosse  tête  dont  on  garnit  la  se- 
melle des  chaussures.  C'est  le  fr.  Caboche, 
cabochon. 

Et.  —  Du  lat.  cap(ut)  +  oche.  Ou  du  celtiq. 
Kab,  tête,  qui  a  fait  le  vx  fr.  cab,  tête,  bout,  extré- 
mité, —  d'où  caboche,  dans  le  langage  familier. 

<(  Portant  sur  ma  caboche  un  coffîn  de  Hollande.  « 

CofTm  :  corbeille. 

Saint- Amant.  (Eveillé.) 

Cabosse  '-,  s.  f.  —  Bluet.  V.  Barbeau  (Mén.). 
Bâtard  appelle  Barbeau  la  Nig'ella  damas- 
cena  et  la  Centaurea  cyanus.  Syn.  de  Bleuvette. 
C'est  le  même  que  le  précédent,  pris  au  fig.  ; 
le  bluet  a  une  grosse  tête. 

Cabosser  (Mj.,  Q.,  Zig.  136,  Fu.),  v.  a.  — 
Bossuer.  V.  Cabliner,  Cabosse.  ||  Le  Mesnil, 
V.  n.  Casser  les  mottes  avec  un  maillet.  Syn. 
de  Débattre.  ||  Lrm.,  Fu.  —  Mettre  des  ca- 
bosses. 

Et.  Hist.  —  Déformer  la  tête,  puis,  par  ext., 
d'autres  objets.  —  «  Diogènes  y  roulla  le  tonneau 
fictil  (en  terre)  qui  pour  maison  lui  estoit  contre  les 
injures  du  ciel,  et...  le  tournoit,  viroit...,  tra- 
cassoit,  ramassoit,  cabossait.  (Rab.,  P.,  Prol.) 

Il  Rabattre  la  partie  supérieure  d'un  sillon 
qu'on  vient  de  bêcher  (Méx.)  jj  Fu.  —  Faire 
un  deuxième  labour,  un  binage,  pour  sarcler  ; 
on  cabosse  la  vigne.  A  Mj.    c'est  RègâUler. 

Cabot.  (Mj.,  Lg.,  etc.),  s.  m.  —  Caporal. 
Syn.  de  Capistoti.  Argot  de  caserne  |i  Chien, 
roquet.  Syn.  de  Toutou. 

Cabourne(Mj.),s.  f. — Méchante  cabane,  tau- 
dis, cahute,  in?sure.  N.  Il  y  a  le  village  des 
Cabournes,  dans  la  commune  de  Jallais.  On 
l'a  baptisé  récemment  Notre-Dame  des 
Mauges.  —  Syn.  de  Caliume,  Turne,  Taugnon, 
Quernâillière. 

Et.  —  Dans  le  pat.  poitev..  ce  mot  désigne  un 
objet  creux  qui  résonne  en  le  frappant.  Se  dit  sur- 
tout d'arbres  creux.  (L.  C.)  —  Creux  et  vide  comme 


154 


CABOURNEAU  —  CADUER 


une  caverne.  Mot  d'orig.  celt.  Kav,  comme  en  bas- 
breton.  (Gtjitx.) 

Caboiirneau  (Lg.),  s.  m.  —  Ruelle  étroite 
et  montante. 

Cabré.  —  Vieux  mot  angevin.  Caché 
Hist.  —  (Un  noble  homme  est  tué  d'un  coup  de 
pistollé)    «  et  n'estant   que   deux   cabrez  ou   (au) 
taillis  contre  la  maison.  »  (Inv.  Arch.,  E,  S,  s.  333, 
1.  —  Com.  de  Drain.) 

Cabrer  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Cambrer,  s'af- 
faisser, s'écrouler.  — j|  Lue.  La  voûte  de  la 
cave  a  cabré.  ||  By.  Cabrer,  a  bref.  D'où 
Encabrer. 

Hist.  — «  Lequel,  bêchant  de  la  terre  forte  aux 
Terres-Rouges,  la  terre  a  casbré  sur  luv,  dont  il  est 
mort.  »  1673.  —  /.  a.,  S,  E,  m,  157,  1,  m.  — 
Ce  mot  viendrait-il  de  cabra,  se  dresser  comme  une 
chèvre  ? 

Caca  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  — Sale  .  «  Xe  touche 
pas  à  ça,  c'est  caca.  \\  Méchant.  Ex.  :  T'es  ben 
caca  d'avoir  fait  du  mal  à  ton  petit  frère. 
Terme  exclusivement  enfantin.  Syn.  de 
Péquias.  ||  By.  Faire  son  caque. 

Et.  Hist.  —  «  Quand  vous  verrez  les  autres 
venir  et  qu'ils  auront  avallé  (mis  bas)  leurs 
chausses  et  retroussé  leurs  chemises  pour  faire  la 
caque,  vous  sortirez  doucement  de  votre  embus- 
cade. »  (L.  C.)  Lat.  Cacare. 

Caoaphonip.  —  Pour  cacophonie. 

Cacas  (Lg.),  s.  m.  —  Pomme.  Terme  enfan- 
tin. (Jatjb.  Quecas.) 

Cacasse,  s.  f.  ■ —  Grive  qui  émigré.  V.  Traie. 
Il  Fu.  —  Pie  il  (Li.,  Br.)  ||  Mazé.  —  Jacasse, 
jabote,  personne  bavarde  et  sotte.  Syn.  de 
Berdace,  Bobote,  Pétasse.  Cf.  Quiaquiasse,  et 
aussi   Cacosser. 

Cacasser  (Lg.),  v.  n.  Croasser.  Syn.  de  ce 
mot.  Il  Mj.,  Lg.  —  Caqueter,  en  parlant  des 
poules  et,  au  fig.,  des  femmes.  Syn.  de  Daras- 
ser,  Darainer.  ||  By.  Se  dit  surtout  de  la  pie. 

Cacaudes  (Sal.,  etc.),  s.  f.  —  Dents.  V. 
Quenottes.  Mot  enfantin.  Cf.  Coquine. 

Cache,  s.  f.  —  L'enveloppe  de  la  noix 
(MÉN.)  Il  By.  —  On  dit  :  chale  ou  échale, 
d'où  échaler  des  noix,  —  et  aussi  des  châ- 
taignes. La  bogue  de  la  châtaigne  est  l'é- 
corce  ;  la  deuxième  est  la  pelure  ;  et  cepen- 
dant on  dit  qcîf.  :  Eboguer  des  châtaignes, 
pour  :   échalei. 

Caché  (Mj.,  By.,  Fu.),  part.  pas.  —  Etre 
mal  caché,  —  être  en  mauvaise  posture,  dans 
une  situation  dangereuse.  Ex.  :  Il  est  ben 
mal  caché  avec  ceté  mal  là.  —  (Lue)  id.  Je 
le  vois  ben  mal  caché.  —  Syn.  de  mal  tendu. 

Cache-cache,  s.  L  —  Jeu  d'enfants.  On 
cache,  p.  ex.  :  un  mouchoir,  qu'il  s'agit  de 
retrouver.  —  L'n  enfant  peut  se  cacher  lui- 
même.    Cf.    Keute,    Vise. 

Cache- misère  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  m.  — 
\'êtement  extérieur,  d'apparence  conve- 
nable, destiné  à  dissimuler  des  loques. 

Cacher^  v.  a.  —  Ensevelir  (Li.,   Br.).    |i  Mj. 


Cacher  qqn.,  cacher  ses  vices,  ses  fredaines, 
ses  fautes,  le  couvrir.  H  Lrm.  —  Peser, 
appuyer. 

Et.  —  *  Coacticare,  proprement  :  rassembler 
sous  un  petit  volume,  quact'  car,  quaîchier, 
cacher.  (Darm.)  —  Coa  a  donné  Ca  ou  Qua, 
comme  Coagulare  a  donné  Cailler  :  et  devient  ch, 
flectere,  fléchir.  De  cogère,  cum  agere.  (Litt.)  — 
Cf.  Ecacher.  —  Rac.  celtiq.  Cac,  couvrir.  (Malv.) 

Cachette  de  (Mj.).  —  En  cachette. 

Cachignard  (Tlm.),  adj.  q.  —  Qui  aime  à 
marchander  longuement,  qui  n'est  pas  rond 
en  affaires.  Syn.  de  Tirant,  Haricotier,  Pisse- 
fred.  Cf.  Fafignard,  Jaub. 

Cacosser  (Mj.,  Q.,  Zig.  136,  Bry.,  Sal.),  v.  n. 

—  Bégayer.  Syn.  de  Jacquetonner,  Bégasser, 
Macasser,  Béguer. 

Cadâbre  (cadâbe)  (Mj.,  Br.,  By.,  Zig.  185), 
s.  m.  —  Grand  corps,  mal  bâti.  Ex.  :  Il  en  a 
d'ein  cadâbre  ceté  grand  animal-là  !  [|  By.  — 
On  dit  :  encabrer,  enfouir  un  cadavre  d'ani- 
mal, —  du  chambre. 

Et.  —  C'est  le  fr.  cadavre  :  mais  le  nom  s'ap- 
plique aussi  bien  aux  corps  vivants  qu'aux  corps 
morts. 

Cadavant  (Lg.),  interj.  —  L'enfant  s'en  sert 
au  jeu  pour  signifier  qu'il  entend  jouer  l'avant 
dernier.  Cf.  Codergne,  Cateprotne,  Catesègue. 

Cadaver.  —  C'est  le  mot  lat.  Cadaver, 
cadavre.  Probablement  employé  pour  : 
Licence  d'enterrer  un  mort  dans  certaines 
conditions,  —  de  mort  violente  ou  de  cause 
inconnue  ;  accident. 

Hist.  —  «  1606.  La  dite  défunte  a  été  trouvée  en 
la  rivière  du  moulin  de  Gouès  et  en  est  morte,  telle- 
ment que  pour  faire  la  sépulture  il  m'a  été  néces- 
saire d'avoir  ung  cadaver,  ce  que  j'ay  obteneutz  de 
M.  le  pénitansier.  »  {Inv.  Arch.,  t.  III,  E,  S,  s,  425, 
2.  b.  —  Saint-Pierre-Maulimart.) 

Cadet  (Mj.),  s.  m.  —  Fig,  Crâne  luron, 
solide  gaillard.  ||  C'est  le  cadet  de  mes  somi- 

—  le  moindre. 

Et.  —  La  première  acception  vient  sans  doutp 
de  ce  qu'autrefois  les  cadets  de  noblesse,  destinés  ^ 
la  carrière  des  armes,  avaient  ou  affectaient 
l'allure  décidée,  l'air  bravache  de  gens  qui  ne 
comptaient  que  sur  leui  épée  pour  se  pousser  dans 
le  monde.  —  Du  B.  L.  capittetus  (capdet),  le  petit 
chef  ;  l'aîné  est  le  grand  chef.  —  «  Une  caricature 
de  1830  poi'te  cette  légende  :  ><  C'est  de  fameux 
cadets  :  ils  ont  trouvé  le  moyen  de  faire  de  la  panade 
avec  du  pain.  »  —  «  Après  la  dite  desconfiture,  ils 
se  ralièrent  et  vinrent  devant  une  place  nommée 
Melaunoy,  dedans  laquelle  estoit  un  capitaine 
gascon  nommé  le  capdet  Remounent.  C'est  le 
même   sens    que    catpal,    dans   captai    de    Buch. 

—  Il  Derrière.  Veux-tu  biger  cadet  ? 

Cadre  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  m.  —  Un  tableau, 
une  gravure,  même  non  encadrés.  C'est  la 
partie  prise  pour  le  tout. 

Cadrer  (Mj.),  v.  n.  —  Cadrer.  L"a  se  pro- 
nonce très  long. 

Caduer  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  casser, 
devenir  décrépit,  caduc.  Semble  dériver  de 
ce  dernier  mot,  que  le  patois  ignore. 


CADUILE  —  CABEURGNER 


155 


Et,  —  Du  lat.  caducus,  de  cadere,  tomber.  — 
Dans  le  Centre  :  Cadaire.  flétrir,  faner  ;  afîaiblir, 
faire  tomber.  (Jaub.  )  —  De  ca  -j-  ducere,  duire. 

(A.  V.) 

Caduile  (By.),  s.  f  —  On  appelle  :  pommes 
de  Caduile  (prononcé  qqf.  Cadeville)  les 
pommes  de  Calville. 


CaduifO  se  (Lg.),  v.  pron.  —  V.  Caduer. 


Caë  ?   Interrog.   Quoi  ?   (Z. 


ruption. 
de  ké  ? 


Segr.  Caë  ?  de  caë  ? 


144)  par 

Il    By.   - 


cor- 
Ké, 


Café  (Pi'.,  By.).  —  Boire  son  cajé  debout, 
ça  fait  trembler  quand  on  est  mort.  »  dit-on 
à  une  personne  qui  ne  veut  pas  s'asseoir  pour 
boire  son  café.  C'est  l'engager  à  «  s'assire 
ein  moument  ».  ||  Lupin  à  feuilles  étroites. 
Les  graines  torréfiées  sont  souvent  mêlées 
au  café.  (Mj.,  Fu.)  —  By.  —  Lupin  ;  le  café 
français,  le  café  du  pauvre.  Je  l'ai  vu  employé 
seul  (et  ce  n'est  pas  bon  !)  ou  mêlé  à  du 
café.  On  ne  le  cultive  plus  guère. 

Et.  —  Arabe  :  qahvah,  vin,  puis  boisson  de  baies 
cuites.  —  Ou  Kaffa,  nom  d'une  contrée  d'Afrique. 
(Schel.)  —  N.  Depuis  qqs  années  (1906),  on  voit,  à 
Angers  et  dans  tout  le  département  :  le  Planteur 
de  Kaija,  maison  de  cafés,  dont  les  vendeurs  cir- 
culent en  ville,  portant  leur  produit  dans  des  caisses 
montées  sur  roues. 

Cafeton  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Petite 
tasse  de  café  très  faible.  Ex.  :  Si  je  prenions 
ein  cafeton  ?  —  «  Ça,  du  café  !  du  cafeton,  du 
vrai  lessif"  ||  Café,  établissement  de  bas 
étage. 

Cafre  (Mj.),  s.  f.  —  Trou  dans  les  terres 
labourables  ou  dans  les  prés,  surtout  trou 
plein  d'eau.  —  Syn.  de  Mâcre,  Sourdille. 

Cafreux  (Sa.),  adj.  q.  —  Mouillé,  aqueux. 
Se  dit  d'un  terrain.  Syn  de  Mâqueux. 

Çaganée  (Lg.),  s.  f.  —  Averse"  de  pluie 
fouettante.  Syn  et  d.  de  Cimbalée,  Çâlée. 
Corrupt.  de  Cingalée  ou  Cigalée. 

Cage-basse  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  piège 
en  osier  à  prendre  les  petits  oiseaux  ;  genre 
de  trébuchet.  Svn.   de  Tombereau.    Il   Bv.  — 


N'est  appelé  que 
timberoau. 


tombereau,  prononcé  qqf. 


Cageolois,  s.  m.  —  Petite  cage,  cachette. 

Cagibit  (Auv.,  Fu.,  Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Cabigit.  Il  By.  —  Ce  dernier,  inconnu. 

Cagiot  (Lue),  —  Porcelet.  On  le  tient  en- 
fermé dans  une  cage  à  claire-voie.  C  est  ce 
que  l'on  appelle  à  Mj.  :  Cochon  de  pénier. 

Cagnade  (faire).  —  Faire  l'école  buisson- 
nière.  \'oir  Caignard,  au  sens  de  pares- 
seux. Syn.  de  Chouiner. 

Cagnard,  s.  m.  —  Réchaud  en  fer.  |[  Pares- 
seux. V.  Caignard. 

Et.  —  FauL-il,  au  premier  sens,  le  rapprocher  de  : 
cagneux,  à  cause  de  la  forme  de  ses  pieds,  se  rap- 
prochant de  ceux  du  basset?  Canis,  d'où  cagna,  en 
ital.  chienne.  —  Sorte  de  fourneau  du  cirier.  (Litt.) 
—  A  signifié  I  chenil  .-  «  Mais,  en  ces  voyages,  vous 


serez  arresté  misérablement  en  un  caignard  où  tout 
vous  manquera.  »  (Mont.,  eu,  19.)  |l  Au  sens  de  : 
fainéant.  ■<  Cagnard,  en  lang.  romane,  est  un  mur 
où  le  soleil  donne,  et  un  cagnardier  un  fainéant, 
passant  son  temps  couché  le  long  d'un  cagnard.  — 
Cagnarder,  montrer  de  la  lâcheté  : 

«  Donc,  si  quelque  honneur  vous  poingt, 

Soldars,  ne  cagnardez  point  : 

Suivez  le  train  de  vos  pères.  —  Ronsard. 

—  Gagner  ;  avoir  peur,  reculer  :  «  Tu  cagnes  !  » 
(Jaub.)  —  De  Gagne,  mauvais  chien.  «  Jamais 
cagnard  ne  feit  beau  fait.  «  (Sentence  du  xvi«  s.)  — 
Gagner,  s'enfoncer  dans  un  lieu  chaud  :  Gagne-toi 
donc  dans  ton  lit.  —  Cagniard  :  lieu  exposé  au 
oleil.  (BoREL.) 

«  Le  pet,  comme  le  Champagne, 
Avec  bruit  pousse  un  bouchon  ; 
La  vesse  a  le  cœur  plus  cagne, 
G'est  l'image  du  poltron. 

(Vieille  chanson.  —  Favre.) 

—  «  Vénus,  la  bonne  cagne,  aux  paillards  appétits.  ;) 

( Saint- AM.A.NT.  —  Le  Melon.  —  Gciix.) 
Le  nom  de  cet  ustensile  pourrait  venir  aussi  de  ce 
que,  comme/le  chien,  il  est  toujours  accroupi  dans 
le  coin  du  foyer. 

Cagneux-,  euse  (Sp.),  adj.  q.  —  Celui  qui 
ne  paye  pas  volontiers  son  écot,  ladre, 
pince-maille. 

Et.  —  G'est  le  fr.  Cagneux,  dont  le  sens  est  trans- 
porté du  physique  au  moral,  exactement  comme 
pour  le  fr.  Ladre.  —  De  cagne,  chien  ;  il  a  les 
jambes  comme  celles  du  chien-basset. 

Cagnoche  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Maillet  de  bois. 
Il  Fig.  Grosse  tête,  tête  dure,  caboche. 

Cagnoclier  (Mj.),  v.  a.  —  Frapper  avec  un 
maillet,  une  cagnoche.  ||  Frapper  ou  battre 
en  général.  Cagnocher  la  goule  à  qqn.  — 
N.  Se  dit  à  Tlm.,  c.  à  Montj.  —  A  Mj.  on  dit 
également  Camocher 

Cagot,  s.  m.  —  Récipient  en  bois  ou  en 
métal  (Z.  69).  On  dit  aussi  Cagot'.  (Craon.) 

Caguenas  (Mj.,  Fu.,  By.).  —  Corr.  du  mot 
fr.  —  A  final  très  bref. 

Et.  —  Emprunté  du  prov.  Gadenat,  dérivé  de 
Gadena,  chaîne  (lat.  Gatena)  ;  proprement  :  serrure 
en  forme  de  chaîne.  Autrefois,  le  cadenas  avait  une 
petite  chaîne,  au  lieu  de  l'anse  ou  anneau  actuel. 

(SCHEL.) 

Caguenasser  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  a.  —  Cade- 
nasser. V.  Caguenas.  "  \\  By.  —  S'enfermer 
(v.  réf.),  se  crouiller,  crouiller  sa  porte  en 
dedans.  \'.  F.  Lore  :  Langage  VIIL 

Çaguenée  (Lg.)  s.  f.  V.  Çaganée. 

Cagiienette  (Sa.),  s.  f.  —  Fascicule  de  ra- 
cines. Ex.  :  Le  pépé  a  des  racines  par  cague- 
nettes,  tout  comme  le  canada,  —  il  a  des  ra- 
cines fasciculées. 

Et.  Hist.  —  G'est  le  fr.  Gadenette.  Cf.  Caguenas. 
—  Cadene,  chaîne  ;  cadenette,  tresse  de  cheveux. 
—   i<  Un  long  flocon  de  poil  natté 
En  petits  anneaux  frisottés 
Pris  au  bout  de  tresse  vermeille 
Descendoit  de  sa  gauche  oreille,  n 

Chanson  de  1628.  —  L.  G. 

Caheurgncr  (Sp.),  v.  n.  —  Tousser  forte- 
ment. Syn.  de  Cahuter,  Cahurner,  Cra- 
nounér',   Touyeri 


156 


GAHIET'  —  CAILLE 


Et.  —  «  Cahuler.  Du  chien  qui  crie  de  douleur.  « 
(Jaub.) 

Cahiet'  (Mj),  s.  m.  —  Cahier. 

N.  —  Ce  mot,  comme  Tabat',  jeut',  etc.,  montre 
bien  la  propension  qu'a  le  pat.  à  ajouter  un  t  à  la 
fin  des  mots. 

Et.  —  Lat.  pop.  *  quaternum  (classiq.  quater- 
nio),  proprement  :  cahier  de  quatre  feuilles,  de- 
venu :  cadern,  caern.  (D.  C,  quaternus.)  Les  Ital. 
disent  Quaderno  pour  la  feuille  pliée  en  quatre 
feuillets  et  Duerno  pour  la  feuille  pliée  en  deux 
feuillets. 

Cahin-caha.  —  X.  «  J  ai  assemblé  cent  écus 
quahu.  qiiaha.  »  —  Il  est  venu  qii'ahu  qu'aha 
—  tant  bien  que  mal,  par  ci  par  là,  avec 
peine.  —  (Borel.)  Serait-ce  pour  :  tant  qu'à 
à  hue  que  à  aha  ? 

€ahottée,  s.  f.  —  Chargement  de  divers 
objets  (Craon). 

Cahuet.  —  Vx.  mot  angevin.  Sorte  de 
coifîe. 

Hist.  —  (On  a  repêché  le  corps  d'un  noyé  qui  a 
été  reconnu),  «  pour  avoir  recongnu  une  poche  sur 
la  teste  en  fascon  de  cahuet,  qu'il  avoit  lorsqu'il 
tomba. . .  »  1636.  Inv.  Arch.,  il,  E,  S,  p.  286,  1. 

Cahuette,  s.  f.  —  Petite  cabane.  {Revue 
de  r Anjou,  83,  22.)  On  trouve  ce  mot  dans 
Calvin  et  dans  la  Satire  Ménippée.  tî|Sans  doute 
Cahutte,  employé  pour  :  hutte  et  petite 
cabane. 


—  Cahute,  dont  il  est 
Turne,   Tau^non,   Ca- 


€ahurne  (Mj.),  s.  f. 
une  corrupt.  Syn.  de 
tourne,   Quernâillère. 

Et.  —  «  Cahute,  anciennement  :  cahutte, 
cahuette  (holl.  kajuit,  cabine  d'un  navire).  Cahute 
serait  une  contract,  de  cahuette.  et  le  primit.  serait 
Cahue,  B.  L.  cahua,  et  répondrait  à  l'ail.  Kaue, 
réduit.  L'anc.  fr.  et  certains  pat.  emploient  cahuet 
pour  capuchon  :  cela  fournit  un  nouvel  exemple  de 
ce  rapport  idéologique  entre  les  mots  exprimant  : 
maison  et  habillement.  Cf.  caban,  chasuble, 
casaque.  (Schel.) 

Cahurner  (Mj.).  —  Tousser  beaucoup.  Syn. 
de  Teuyer,  Cahuter.  Syn.  et  d.  de  Caheurgner, 
Crahouner. 

Cahuter  (Mj.),  v.  n.  —  Tousser  fortement. 
Voir  les  syn.  à  Cahurner. 

N.  —  On  a  la  relation  :  Caheurgner,  de  cahurne  ; 
Cahuter,  de  cahute.  De  fait,  c'est  dans  les  cahutes 
mal  closes  que  les  rhumes  tiennent  leurs  assises. 
(R.  O.) 

C'aignard,  de  (Mj.).  adj.  q.  —  Cagnard, 
fainéant,  paresseux,  mou,  atone,  veule. 
Syn.  de  Fainiant,  Niant,  Fointroux.  ||  Couard, 
lâche.  Il  s.  m.  Réchaud,  petit  fourneau, 
généralement  en  terre  cuite.  Ainsi  nommé 
parce  qu'on  le  laissait  toujours  dans  le  coin 
de  l'âtre.  On  en  faisait  autrefois  en  tuf- 
feau. 

Et.  —  V.  Cagnard.  —  Dérivé  de  Cagne,  par 
compar.  avec  le  chien  qui  s'accroupit  au  coin  du 

feu. «  Fainéant,  paresseux  comme  un  chien. 

Lieu  sous  les  ponts  de  Paris,  où  les  gueux,  tant 
hommes  que  femmes,  avaient  pris  l'habitude  de  se 
retirer  pour  se  chauffer  au  soleil.  En  Languedoc  on 
appelle  encore  Cagnard  le  côté  de  la  rue  où  le  soleil 


donne.  Du  lieu,  le  nom  passa  aux  fainéants  eux 
mêmes.  —  Cagnard  a  été  fait  au  xvi«  s.,  sur  l'ital. 
cagna,  chienne  ;  c'est,  proprement,  mener  la  vie 
fainéante  d'un  chien.  Le  populaire  dit  encore  :  Il 
fait  sa  cagne,  quelle  cagne  ! 

«  Jamais  en  nulle  saison 
Ne  cagnarde  en  ta  maison  : 
Voy  les  terres  estrangères. 

Ronsard.  (L.  C.) 

Caignarder  (Mj.),  v.  n.  —  Cagnarder. 

Caignardise  (Mj.),  s.  L  —  Cagnardise. 
V.  Caignard. 

Et.  —  Qui  a  la  fainéantise  du  chien,  qui  aime 
trop  son  foyer,  comme  lui.  Cf.  s' Acaignarcler.  —  Le 
mot  Caignard  =  coin,  rester  dans  son  coin.  (Litt.  ) 

Cail  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Somme,  sommeil  pro- 
fond. Ex.  :  Il  a  fait  ein  bon  cail  de  ressiée. 

Et.  —  P.-ê.  à  rapprocher  de  l'angL  to  Quail, 
abattre,  dompter.  —  P.-ê.  pour  Cagne,  sommeil  du 
chien. 

Cail  -,  ou  Caille  (Tlm.),  s.  m.  —  Nom  de 
sens  indéfini,  qui  s'emploie  ds  la  loc.  :  S'ef- 
forcer à  en  rendre  le  cail,  —  çàd.  au  point  de 
se  donner  une  hernie.  —  A  Mj.,  on  dit  :  à  en 
chier  la  bousine.  ||  By.  —  Ne  serait-ce  point 
aussi  à  en  ramener  (vomir)  le  caillet  (la  cail- 
lette) partie  de  l'estomac  du  bœuf,  prise 
pour  l'estomac,  comme  on  dit  :  le  livre  pour  : 
le  feuillet  ? 

Et.  —  Cail  doit  avoir  ici  le  sens  de  boyau,  par 
extens.  du  sens  de  :  estomac,  et  par  allusion  à  la 
caillette  des  animaux  ruminants.  De  coagulare, 
coaglare,  coailler  (xir'),  cailler.  (Litt.)  —  Caille  = 
ventre,  surtout  en  parlant  des  jeunes  oiseaux. 
«  Cet  oiseau  n'a  que  la  caille  »,  il  n'a  pas  encore  de 
plumes,  il  est  tout  ventre,  tout  jabot.  (Jaub.) 

Cailla  (Chol.,  Fu.).  —  Lait  caillé.  — 
J'mangerons  dou  cailla.  V.  Cailli  et  Cail. 

Caillade,  s.  m.  —  Ecole  buissonnière. 

Et.  —  On  a  proposé  :  courir  à  travers  champs, 
comme  la  caille  (Mén.)  ;  —  faire  la  cane,  caner, 
s'enfuir.  l|  Je  suppose  qu'il  faut  écrire  Cagnade, 
Voir  ce  mot. 

Caillasse  (Sp.),  s.  f.  —  Lait  caillé.  —  \". 
Cail,    Cailla,    Cailli. 

Caillaud  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Le  plus  petit 
et  le  plus  faible  d'une  couvée.  Syn.  de  Chôpiot, 
Chaupiot,  Cailleraud,  Rinot.  ||  Fig.  Le  dernier 
né  d'une  famille.  CL  l'angl.  Callow,  qui  n'a 
pas  encore  de  plumes. 

Caille  ^  (Lg.,  Mj.,  Sa.,  l'a  très  long.).  — 
Caille,  oiseau.  —  (Mj.).  Nourrir  la  caille,  — 
avoir  terminé  le  dernier,  dans  un  voisinage, 
un  genre  de  travail  agricole  :  déchaussement 
des  vignes,  moisson,  etc.  Il  est  probable 
que  cette  plaisanterie  s'est  lancée  d'abord  à 
propos  du  retard  dans  la  moisson.  (Ce  re- 
tard donne  à  la  caille  le  temps  de  grandir). 
Il  (Sa).  Pêcher  la  caille,  est,  au  contraire, 
achever  la  fauchaison.  ||  By.  —  Nourrir  la 
caille  est  une  pratique.  —  Une  parcelle  de 
prairie  étant  fauchée  après  toutes  les  autres, 
ou  même  n'étant  pas  fauchée  du  tout,  les 
cailles  s'y  remisent,  et  le  propriétaire  chas- 
seur y  trouve  son  compte; 


CAILLE  —  CAILLOUTE 


157 


Et.  —  B.  L.  quacola,  quac'  la,  caille  ;  néerl. 
kwakkel. 

Caille  -,  s.  f.  —  Fressure  de  l'estomac  du 
veau,  qu'on  mêle  à  la  farine  d'avoine  et  du 
sel,  le  tout  renfermé  dans  un  boyau  de  mou- 
ton en  forme  de  saucisse.  Pour  :  caillette 
(Mén.)  —  Il  Pour  :  caillebotte.  A  Mj.  l'a  se 
prononce  long,  tandis  qu'à  Tlm.  il  est  très 
bref.  Il  Grumeau  de  sang.  ||  Caillette  de  veau 
ou  de  chevreau  (Lg.)  —  ||  Rendre  la  caille. 
V.  Cail.  J'ai  travaillé  à  en  rendre  la  caille. 
Il  Sal.  —  Lait  épais,  aigre,  sans  crème. 
Epaisseur  d'un  liquide  (lait,  sang). 

Et.  —  C'est  le  quatrième  estomac  des  ruminants, 
le  seul  développé  chez  les  petits  qui  tettent  encore; 

Caille  ^  (Auv.),  adj.  q.  — •  Dont  la  robe  est 
blanche  et  noire,  en  parlant  d'un  animal. 
Ex.  :  Cheval  caille,  gris  pommelé.  Syn.  de 
Garre.  \\  By.  N'est  pas  tout  à  fait  syn.  de 
Gârre.  Celui-ci  est  :  fond  blanc,  avec  taches 
larges  de  noir,  ou  fond  noir  avec  larges  taches 
de  blanc. 

Câilleau  (Cf.,  Zig.  187),  s.  m.  —  Logis. 
Se  dit  dans  :  Garder  le  câilleau,  —  rester  chez 
soi.  Syn.  de  Carrée. 

Caillebotte  (Mj.),  s.  f.  —  Lait  caillé  et 
rendu  consistant  par  la  chardonnette  et  la 
cuisson.  —  V.  Hallebotte.  \\  By.  —  Mets 
angevin  très  populaire  autant  et  peut-être 
plus  que  la  millère.  jj  V.  F.  Lore,  XII,  nour- 
riture. 

Et.  Hist.  —  Comme  qui  dirait  :  une  botte  (bout, 
morceau)  de  lait  caillé.  —  «  Soubdain,  vous  verrez 
l'eau  prinse  comme  si  fussent  cailleboUes.  »  (Rab., 
P.,  in,  51.) 

Caillebotte  (By.),  part.  pas.  —  Couvert  de 
nuages  distincts,  semblables  à  des  cubes  de 
caillebotte,  en  parlant  du  ciel.  C'est  signe  de 
vent.  (Ag.) 

CâUlebotter  (se)  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se 
cailler,  se  grumeler.  Syn.  de  Betteler. 

Cailler  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Fig.  Cailler 
de  l'orage,  amonceler  de  l'orage.  Ex.  :  Le 
seule  est  trop  chaud  ;  il  est  ben  sûr  de  cailler 
de  l'orage.  —  Remarquer  le  pittoresque  de 
l'expression.  ||  Cailler  des  ousées,  même 
sens. 

Cailleraud  (Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Le  plus 
faible  d'une  couvée,  le  dernier  né  d'une 
famille.  Svn.  de  Caillaud,  Rinot.  Dim.  et  d. 
de  Gaillard.  V.  Caille  2.  Chopiot  (Lg).  Cf. 
Clos-cul. 

Caillereaux  (Chol.),  s.  m.  —  Marchands 
des  Quatre-Saisons  qui  viennent,  des  bords 
et  d'au  delà  de  la  Sèvre,  vendre  leurs  pro- 
duits à  Cholet.  Appellation  dérisoire.  Le  mot 
est  probablt  le  même  q.  Cailleraud. 

Caillerote  (Lg.),  s.  f.  —  La  dernière  née 
d'une  famille  .  N.  On  écrit  Cailleraud,  Per- 
raud,  parce  que  la  finale  est  longue,  et 
Caillerote,  Perrote,  parce  que  la  finale  est 
brève. 

N.  —  Ce  mot  est  la  forme  féminine  de  Caillereau, 


qu'il  conviendrait  sans  doute  d'écrire  :  Cailleraud. 
Cf.  Perraud,  perrote. 

Caillette,  s.  f.  —  Bavarde.  ||  By.  Petite 
caille. 

Et.  —  Qui  gazouille  comme  une  caille.  — 
«  Nom  propre.  Caillette,  bouffon  célèbre  au  xvi«  s., 
devenu  fémin.  sous  l'influence  de  la  terminaison. 
Personne  d'esprit  frivole.  (Darm.)  —  Hist.  :  «  Ce 
n'est  pas  sans  raison  que  les  autres  nations  nous 
appellent  caillettes,  puis  que,  comme  pauvres 
cailles  coiffées  et  trop  crédules,  les  prédicateurs  et 
sorbonnistes,  par  leurs  caillets  (appeaux)  enchan- 
teurs, nous  ont  fait  donner  dans  les  retz  des 
tyrans.  «  (Satyre  Ménippée.)  \\  By.  Es-tu  ben  là, 
ma  mignonne?  t'es  chaude  comme  eine  petite 
caillette. 

Cailli  (Tf.).  —  Lait  caillé.  Syn.  de  Cailla. 
Cailliraud  (Lg.),  s.  m.  — V.  Cailleraud. 

Caillon'  (Mj.,  Fu.,  Zig.  196),  s.  m.  — 
Caillou.  Syn.  de  Chaillou.  \\  Sal.  Id.,  et  Grosse 
bille  de  marbre.  Syn.  de  Boulet. 

Et.  —  Caillou,  forme  norman-pic.  pour  :  chaillou, 
de  chail.  calculum  en  latin,  calc'lum.  caclum,  chail. 
(Darm.)  —  D'après  Malv.,  du  celtiq.  Cal.  être  dur. 
D'où  *  calos,  caliavos,  *  caliovos,  *  caliouos,  — 
caillou,  pour  :  caliou. 

Caillon  ^  (My.),  s.  m.  —  CoifTe. 

Et.  Dér.  de  Cail  ou  Caille  =  boyau,  avec  exten- 
sion au  sens  de  ventre.  Cf.  Bonnet  à  Bouse. 

N.  —  «  Calotte  piquée.  V.  Cayenne.  Calotte  à 
large  fond  carré  servant  de  charpente  à  la  coiffe  des 
paysannes  dans  le  Bas-Berry  et  composée  de  deux 
morceaux  de  toile  entre  lesquels  on  met  une  couche 
de  chanvre  ou  d'ouate  que  l'on  pique  à  très  petits 
carreaux  pour  lui  donner  de  la  consistance.  —  G. 
Sand  en  parle  dans  la  Petite  Fadette.  (Jaub.) 

Caillonner  (se)  (Sal),  v.  réf.  —  Se  battre  à 
coups  de  caillons  '  Syn.  de  se  Garrocher.  Cf. 
Calonner. 

Caillot-rosat,  s.  m.  —  Sorte  de  poires,  ainsi 
appelées  de  leur  dureté,  et  de  leur  blancheur, 
et  de  leur  goût  de  rose...  Nous  les  appelons  en 
Anjou  Cailleaunozat,  caillorosar.  (Ménage.) 
—  Français. 

N.  —  «  Caillau-pepin.  C'est  le  même  que  le 
Chaillouel  du  Roman  de  la  Rose  et  le  Caillouel  du 
R.  du  Renard.  —  Son  nom  est  celui  du  lieu  même, 
dans  le  Noyonnais,  appelé  Caillouel.  »  (En  note  : 
On  distingue  encore  le  caillot-rosat,  qui  est  pier- 
reux et  a  un  goût  de  rose).  —  Caillouel,  poire  de 
caillou.  (L.  C.) 

Caillou  (Tlm.,  Fu.)  —  Tête  chauve.  Syn.  de 
Genou,  Chou-pomme.  «  N'avoir  pas  de  mousse 
sus  le  caillou  ;  être  chauve.  •;  Lg.  Silex.  Cette 
sorte  de  pierre,  rare  dans  la  contrée,  est  dési- 
gnée spécialement  sous  ce  nom  par  opposition 
aux  autres  roches,  ij  Tête  dure.  Ex.  :  C'est  pas 
aisé  de  leur  fourrer  cela  dans  le  caillou.  — 
Syn.  de  Ciboulot  ;  Cabosse. 

Caillounie  (Mj.),  s.  f.  —  Grosse  poulie,  en 
terme  de  marine.  ||  Moufïle. 

Cailloute,  s.  f.  —  Maladie  des  piqueurs  de 
meules  en  Anjou,  appelée  pneumonoconiose, 
ou  pneumochalicose,  phtisie  professionnelle. 
(Petit  DE  Julleville,  viii,  p.  813.  W^  de 
la  Litt.  jr.) 


158 


CAIMAXDER  —  CALEUIL 


Et.  —  L.  calculus,  calcolus,  callocus,  fr.  caillou, 
cailleu,  —  ou  :  calculus,  caculus,  caclus  (chute  de 
ri  très  admissible),  d'où  :  chail.  cail,  caille  —  les 
suffixes  :  ol,  ou,  eul,  ot.  (Schel.) 

C'aimander,  v.  a.  —  Quêter,  mendier,  qué- 
mander. —  C'est  quémander. 

Et.  —  Hist.  —  Origine  incertaine.  Hist. 

«  Puisque  pauvre  et  caimande  on  voit  la  poésie.  » 
RÉGXiER,  Sat.,  4. 
—  «  Un  homme  querant  et  demandant  l'aumosne 
qui  estoit  vestuz  d'un  manteau  tout  plein  de  pale- 
teaux  (pièce  recouvrant  un  trou)  comme  un  coquin 
de  caimand.  —  Caimander,  mendier,  gueuser. 
(L.  C.)  —  «  Quod  quœritur.  «  Survint  un  Caymaril 
avecques  une  jeune  femme  muette,  laquelle  ledit 
Caymant  dit  estre  sa  femme  espousée  (1220).  »  — 
Ung  coquin  ou  caymant  et  homme  vacabont. 
(VoQuœsta,  p.  590i,  D.  C.) 

«  Quand  Télèphe  et  Pelé,  bannis  et  caimandans, 
S'efforcent  d'émouvoir  le  cœur  des  regardans.  » 

Vauquelin  de  la  Fr.,  Art  poét.  (Jatjb.) 

Cain  (c  dur).  —  Locut.  employée  par  les 
enfants  pour  faire  ouvrir  le  bec  aux  oiseaux 
pour  leur  donner  la  bêchée  (Méîj.)  —  X.  Ne 
serait-ce  pas  :  Tiens,  prononcé  Quiens? 

Caisson  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  La  tête.  Se 
faire  sauter  le  caisson,  se  brûler  la  cervelle. 
Cf.    Calebasse. 


Cal    (By.). 


Mieux  :  Quai,    pour    quel. 


queue,    quio. 

Calais  (Mj.),  s.  f.  —  Calais,  ville  de  l'Artois. 
Ce  nom  entre  dans  les  deux  loc.  prov.  sui- 
vantes :  On  aurait  cru  à  les  voir  que  c'était 
Calais  et  ses  bouteilles  ;  ils  représentaient 
Calais  et  ses  bouteilles,  —  on  les  aurait  crus, 
ils  paraissaient  riches.  —  Cette  curieuse 
expression  doit  faire  allusion  à  qq.  fait  histo- 
rique que  j'ignore. 

Calciner  (Lue).  —  Durcir.  Des  pierres 
mises  dans  une  ornière  se  calcinent  par  le 
passage  des  voitures. 

Cale.  —  Dans  le  patelin  de  Thouars,  on 
cale  beaucoup  :  Cale  femme,  coul  homme, 
cette  femme,  cet  homme.  —  Cale  fille,  cou  gas 
as-tu  vu?  Qu'et  bœufs,  avec  cale  charte,  avec 
cette  charrette.  —  N.  Serait  mieux  écrit 
Quai.  Cf.  Quel,  Quiô,  Quiou. 

Calé  (Mj.,  Tf.,  Fu.).  —  part.  pas.  Fig.  Fort  à 
son  aise  ;  très  instruit. 

Et.  —  De  cale,  terme  de  marine  :  avoir  assez  de 
bien  pour  remplir  sa  cale  :  —  ou  de  caler,  assujettir, 
donner  de  la  solidité  au  moyen  de  cales.  (Jaub.)  — 
Rac.  celtiq.  cal,  dur  ;  fém.  cale,  coin  en  bois  faisant 
fonction  de  pierre,  chose  dure  que  l'on  place  sous  un 
objet  pour  le  faire  tenir  d'aplomb.  (Malv.) 

Caleau  (Fu.),  s.  m.  —  Morceau  de  pain. 
Quand  l' Angélus  sonne  et  que  l'ouvrier  va 
prendre  un  repas  :  «  ^''là  la  mort  aux  caleaux, 
dit-il.  Syn.  de  Cargnon,  gros  morceau  de  pain 
à  Saint-Lambert.  1|  Ce  qui  sert  à  caler  une 
charge.  ^\  Pour  :  écale,  brou  de  noix.  (Mén.)  — 
V.  Calot  1,  2,  3.  Il  Fu.  —  Morceau  de  pain 
ayant  un  talon  rond,  tandis  qu'une  lèche  de 
pain  prise  au  milieu,  sans  croûte,  est  une 
beurrée.  La  cloche  de  midi  sonne  «  le  trépâs- 
sement  des  caleaux.  » 


N.  —  Doit  venir  de  cale,  morceau  de  bois  ser- 
vant à  caler.  Le  peuple  dit  :  .le  vas  me  caler  l'esto- 
mac, pour  :  je  vas  manger.  Très  pittoresque. 

Caleaux  (Sp.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  —  Xoix,  fruit  du  noyer.  Les  enfants  ne 
connaissent  guère  ce  fruit  sous  son  nom 
français.  Se  rattache  au  fr.  Ecaler. 

Calebasse  (a  très  bref)  (Mj.,  Sal.,  Fu.).,  s  f. 
—  S'emploie  dans  la  loc.  :  Vendre  la  cale- 
basse ;  syn.  de  v.  la  mèche.  Livrer  un  secret.  '| 
On  dit  aussi  :  se  faire  sauter  la  calebasse.  Y. 
Caisson. 

Et.  —  Esp.  Calabaça,  cucurbitacée  dont  le  fruit  > 
vidé  et  séché,  est  employé  en  guise  de  vase.  — 
D'où  :  tête. 

Calée  (Lg.),  s.  f.  —  Averse  de  pluie  fouet- 
tante. Syn.  et  d.  de  Cimbalée  et  Çaganée  ; 
corr.  de  Cingalée  et  Cigalée. 

Caleil.  —  Chaleil,  lampion. 

Hist.  —  «  Le  baston  à  quoy  l'on  pend  le  chaleil 
ou  crasset  les  soirs  pour  alumer  en  la  maison 
(1475.  Note  de  l'Ed.)  —  «  Après  que  icelle  Margue- 
rite eut  alumé  son  chareil  ou  croissieu.  »  (1456.)  — 
On  dit  encore,  en  Poitou  :  chaleuil,  chareil,  cha- 
reuil.  —  Chouloil.  Mot  breton.  On  lit,  au  Catho- 
licon  Armoricum  :  Lumière  ou  chandelle  à  veiller  de 
nuit  ;  ou  chouloil,  ou  engasse,  britannice  :  creuseul. 
(L.  C.  et  Editeur.) 

Calembour  (Mj.),  s.  m.  —  Calembredaine, 
faribole,  rocambole.  Ex.  :  Il  nous  conte  de 
beaux  calembours  !  (sans  qu'il  soit  question 
de  jeux  de  mots.) 

Et.  —  Viendrait  du  nom  de  l'abbé  de  Calemberg- 
personnage  plaisant  de  contes  allemands.  Cf. 
Espiègle,  pour  la  dérivation.  (Litt.)  —  Darm.  le 
décompose  en  :  calem  (la  particule  péjorative  cali 
nasalisée  devant  la  labiale)  et  berdaine,  ou  bour- 
■  daine,  de  bourde. 

Calendérier  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Calendrier. 
Forme    vieillie. 

Caler  (Mj.,  Sp.,  Ti.,  By.,  Sal.,  Fu.),  v.n.— 
Reculer,  fléchir,  avoir  peur.  Syn.  de  Flancher, 
Plancher.  Doubl.  de  Caner  =  faire  la  Cane. 
Il  Mj.,  v.  a.  — Pousser  dans  un  coin,  acculer. 
il  Fig.  Mettre  à  quia,  v.  n.  —  Rabattre  de 
ses  prétentions  :  Caler  doux. 

Et.  —  Ne  vient  pas  de  caler,  mettre  une  cale; 
mais  de  caler,  terme  de  marine,  baisser,  en  parlant 
des  basses  vergues,  des  mâts  de  hune  ou  de  perro- 
quet. Fig.  et  familièrement  :  Il  fut  obligé  de  caler  la 
voile,  et  simplement  :  caler,  rabattre  de  ses  pré- 
tentions, céder.  Lat.  chalare,  grec  chalann,  abais- 
ser, lâcher.  Peut  nous  être  venu,  cette  fois,  du  grec, 
par  les  marins  de  la  Méditerranée.  (Litt.) 
«  Par  Mehain,  voy  justice  morte 
Quand  honneur  veult  voile  caller.   » 

Ch.  d'Orl.  Ballade.  —  L.  C. 

Calette.  —  Petite  lampe  à  huile  qui  s'accro- 
chait dans  la  cheminée  autrefois  pour  passer 
la  veillée.  (Un  Thouarsais.)  V.  Caleil. 

Et.  —  K  II  y  a  dans  le  provenç.  câlina,  chaleur, 
et  dans  le  vx  fr.  chaline. 

Caleuil,  s.  m.  (Sar.).  —  Personne  qui  louche. 
Cf.  Calorgne.  Syn.  de  Bignole,  Biclard. 

Et.  —  «  Ga,  préf.  péjor.,  et  œil,  avec  1  de  liai- 


GALEUX  —  CALOT' 


150 


son.  »  (LiTT.  V"'  ca.)  —  Triors,  dans  ses  Recherches 
tolosaines,  appelle,  dans  un  sens  ligure,  les  yeux 
des  calcils. 

Caleux,-oux  (By.).  — Celui  qui  ca^e.  Syn.  de 
Péteux. 

€alfouillet,  s.  m.,  et  mieux  Calcouillette.  — 
Petite  baiTière  de  bois  ou  d'épines,  au  bout 
d'un  sentier,  à  travers  des  champs  clos.  On 
enjambe  la  calvouillette,  on  file  tout  drk  par  la 
rotte  (sentier)  et  l'on  crève,  ou  l'on  tourne  au 
bout  dans  la  route  ou  le  chemin  communal.  Li. 

Et.  —  P.-ê.  pour  Cale-P07/e<te,  ce  qui  cale,  ou 
clôt  un  petit  chemin.  —  Voir  Calvouilleiie. 

Calibicr  (Lg.,  Fu.)  s.  m.  —  Gros  morceau 
de  pain.  Syn.  de  Calot,  Cargnon,  Bine,  Guer- 
gneau. 

Caliborgne  (Lme,)  adj.  q.  —  Bigle.  Syn. 
de  Bignole,  Calorgne,  Caleuil,  Biclard. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Borgne,  avec  le  préf.  péjor. 
Cali  ou  Gali,  que  l'on  retrouve  dans  uî?e  foule  de 
mots  fr.  et  patois. 

€âlice  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Calice  ;  â,  très 
long. 

Califourclie  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Califourchette 
plus  usité. 

Et.  —  C'est  la  rac.  du  fr.  à  califourchon. 

Califourchette  (Mf.,  Fu.),  s.  f.  —  La  jonc- 
tion des  cuisses  et  du  buste,  la  région  péri- 
néale.  Syn.  de  Véset. 

Et.  —  B.  L.  Calofurcium,  fourches,  gibet' 
Fourche  et  le  préf.  Cali.  —  «  Aler  acaleforchié.  » 

(XIP.) 

i'alifournie  (Mj.,  Fu.).  —  Corr.  du  mot 
Californie. 

Calimatias,  s.  m.  —  Corr.  de  Galimatias. 

Câlin  (a  bref)  (By).  —  Patelin.  Faire  son 
câlin. 

Et.  incertaine.  —  «  Calino  est  le  dimin.  du  vx  fr. 
Colin  (niais).  »  On  le  trouve  dans  Tallemant  des 
Réaux  (t.  IV,  .351).  Lor.  Larchey.  —  «  Calains, 
fainéant,  indolent,  paresseux. . .  »  Le  mot  câlin  est 
encore  d'usage.  En  picard,  câliner  signifie  :  faire 
reposer  les  moutons  dans  un  champ  po\ir  le  fumer, 
pour  l'échauffer.  Chaline  a  le  sens  de  chaleur  dans 
la  Chroniq.  des  ducs  de  Normandie  : 

«   Ainz   que   l'soleil    deust   épandre 
Ses  raiz  d'amunt  et  sa  chaline.    ■» 
Câlin  serait  donc  :  celui  qui  se  chauffe  au  soleil,  au 
lieu  de  s'évertuer.  (N.  E.  —  L.  C.)  —  J'en  conclus 
que,  câliner,  c'est  se  réchauffer  au  sein  materne' 
Cf.  Cale  il.  —  Câline. 

Câline  (Mj.,  Lg.,  By.,  Fu.),  s.  f.  —  Capeline, 
coiffure  de  femme.  Syn.  de  Fausse-coiffe.  \\  à 
longue  barbe  (Sa.)  —  se  nouant  sous  le  men- 
ton. Il  Bg.  —  CoifTe  en  flanelle  blanche,  qui  se 
met  par-dessus  la  coiffe  de  linge.  ||  By.  Coif- 
fure de  femme  à  larges  contours  (Angers  et 
les  environs,  surtout  vers  le  nord),  en  calicot 
blanc  pour  les  dimanches.  La  câline  grise,  en 
tissu  chaud,  pour  tous  les  jours.  La  câline 
noire,  ou  la  blanche  avec  ruban  noir  pour  le 
deuil.  —  La  câline  de  Reculée  en  fréenelle 
(flanelle)  écrue  (on  disait  aussi  :  en  molleton 
écru,  très  beau  tissu  léger)  était  caractéris- 
tique, comme  la  coiffe  des  Pontsdecéiaises.  — ■ 


Câlinette,  pour  :  Collinette  ou  Collerette.   || 
Sal.  Grande  coiffe  de  vieille. 

Et.  —  C'est  le  mot  franc.  Capeline,  par  contract.; 
et  ce  mot  fr.  est  un  dimin.  du  vx  fr.  Chapel,  ou 
Capel,  lat.,  Capelius.  Or,  Capel  a  dû  de  bonne 
1-oure  se  contracter  en  un  mot  Câl,  ou  Caul,  rac. 
du  mot  pat.  Câline,  et  qui  est  devenu  l'angl.  Caul, 
Cowl.  —  Qqs-uns  le  rapprochent  du  prov.  câlina, 
chaleur,  anc.  fr.  chaline.  Voir  la  citation  à  Câlin. 

Hist.  —  «  Toutefois,  la  câline  de  mariée  des  envi- 
rons de  1840,  avec  ses  légers  pans  de  dentelle, 
marque...  »  {La  Trad.,  p.  49,  1.  1.)  —  «  Voici 
d'abord  la  vaste  câline  du  Thouarsais,  dont  le 
montage  absorbe  quatre  quarterons  d'épingles  et 
qui  se  porte  de  Thénezay  à  Montreuil-Bellay.  » 
(M,  p.  50.) 

Câliner  (a  bref)  (Fu.,  By.),  v.  n.  —  Action 
de  faire  son  câlin.  ||  v.  réf.  se  câliner.  Prendre 
un  soin  excessif  de  sa  personne,  de  sa  santé. 
Il  By.  —  Câliner,  a  long.  Cet  enfant  aime  à  se 
faire  câliner,  dorloter.  Mj.  id. 

Calistrade  (Sal.),  s.  f.- —  Courir  la  calistrade, 
loin,  sans  raison.  Syn.  et  d.  de  Calistrade. 

Caller  (Sal.),  v.  n.  —  Bien  faire,  aller  bien. 
Langue  des  tailleurs.  —  Cet  habit  me  calle 
bien. 

Calmée,  s.  f.  —  Temps  calme  après  l'orage. 
Accalmie,  du  vx.  v.  Calmir.  Cf.  Accalmée. 

Et.  —  En  Esp.  et  en  Prov  ,  calma  signifie  aussi  la 
partie  de  la  journée  où  le  soleil  est  le  plus  ardent,  ce 
qui  donne  lieu  à  voir  dans  calma  une  transformat, 
du  B.  L.  cauma,  amenée  par  l'influence  du  mot 
calor.  La  partie  du  jour  où  le  soleil  est  le  plus  chaud 
entraîne  l'idée  de  cessation  de  travail,  de  repos,  de 
tranquillité  ;  aussi  le  mot  :  chômer,  pour  choumer, 
chaumer,  n'est-il  (Diez)  qu'une  modification  de  : 
calmer. 

Caloiseau  (Pvf.,  Bd.),  s.  m.  —  Cardamine. 
Sj'n.  de  Marguerite. 

Calon,  s.  m.  —  Noix  encore  pourvue  de  son 
brou.  V.  Chaler,  Caleau,  Caleau.  —  Cf.  Ecale. 

Calonner  (Mj.).  —  Forme  souvent  emploj^ée 
pour  canonner,  v.  a.  Lapider.  Ex.  :  Ils  se  sont 
calonnés  à  coups  de  pierres.  Syn.  de  Garrocher. 
Cf.    Caneçon.  Cf.  Caillonner. 

N.  —  «  Calonière,  pour  :  canonnière.  Petit 
tuyau  de  sureau  ou  d'autre  bois  creux,  en  forme  de 
sarbacane,  dont  se  servent  les  enfants.  Cf.  Cli- 
foire.    >  (L.  C.) 

Calorgne  (Q.  Z.  136  ;  Sa.,  By.,  Mj.),  adj.  q. 
—  Louche,  bilorgne,  bigle.  Syn.  de  Bignole, 
Caliborgne,  Caleuil,  Biclard. 

Et.  —  Contract.  de  Caliborgne  :  cali,  préf.  péjor; 
Hist.  :    «  Et  se  tu  as  en  ton  couvent 
D'enfans  un  qui  soit  difforme, 
Jà  ne  seray  de  toy  amé. 
S'il  est  bossu,  ou  s'il  est  borgne. 
Boiteus,  contrefait  ou  cahorgne.  » 

Eust.  Desch.,  Poésies.  (L.  C.) 

Calorgner  (l\Ij.),  v.  n.  —  Bigler,  loucher.  || 
v.  a.  —  Fixer  insolemment.  Syn.  de  Bignoler, 
Bicler  ;    Ecornifler. 

Calot"'  (Mj.,  Lg.,  Lrm.,  Z.  149),  s.  m.  — 
Morceau  de  pain,  tartine.  'I  Aller  au  calot, 
mendier  son  pain.  jjGros  morceau  coagulé  de 


160 


CALOT  —  CAMELOT 


mucus  nasal.  Ex.  :  Il  crachait  des  calots.  \\ 
Jurer  des  calots,  —  vomir  des  blasphèmes.  V. 
Tremblement.  \\  Grosse  motte.  Ex.  :  La 
charrue  enlève  des  calots.  Syn.  de  Louahre.  — 
Au  sens  de  :  mucus.  Syn.  Morvias,  Biritte, 
Caraillas.  —  V.  Caleau  i.  —  ||  By.  —  J'écri- 
rais Caleau.  On  dit  aussi  Calier  :  «  Quée  calier 
de  pain  t'emportes  là  !  —  La  charrue  enlève 
des  caleaux  de  terre. 

Calot  ^  (Li.,  Sp.),  s.  m.  —  Noix,  fruit  du 
noyer.  Les  enfants  ne  connaissent  guère  ce 
fruit  sous  son  nom  français.  ||  Mj.  —  Je  pré- 
fère Caleau.  —  S'il  y  avait  un  t  flnal,  il  son- 
nerait à  Saint-Paul. 

Et.  —  Pour  :  Ecaleaux.  Cf.  Ecaler.  —  Hist.  : 
«  Un  moulin  à  calau  (noix)  servant  de  jouet.  » 
(La  Trad.,  p.  81.)  —  N.  Qu'est-ce  que  ce  jouet  que 
fabriquent  les  enfants?...  Après  avoir  évidé  une 
noix  (sans  la  briser,  au  moyen  d'un  trou  pratiqué 
à  cet  effet),  ils  la  traversent  d'une  petite  barre, 
portant  à  un  bout  quatre  petites  planchettes, 
imitant  les  ailes  d'un  moulin.  Une  ficelle,  attachée 
à  la  barre  et  sortant  par  une  ouverture  perpendicu- 
laire à  la  première,  enroulée  autour  dudit  axe  et 
tirée  rapidement,  puis  s'enroulant  de  nouveau 
d'elle-même  quand  on  cède,  et  ainsi  de  suite,  agite 
ce  petit  moulin  et  le  met  en  branle.  (A.  V.)  — 
«  Dér.  d'une  forme  dialect.  cale,  pour  :  écale  ;  aha. 
skala  ;  goth.  skalja,  tuile  (cf.  écaille)  .  forme  nor- 
manno-pic,  échale.    (Darm.) 

Calot  \  s.  m.  —  Masse  de  pierre  qu'on  tire 
brute  d'une  ardoisière.  [Petit  Courrier  du 
18  juin  1904.) 

Hist.  —  «  Un  carrier  poussait  un  calot  dans  un 
bassicot  lorsqu'il  se  fit  prendre  le  pouce  droit  entre 
ce  morceau  de  pierre  et  le  bassicot.  »  {Petit  Cour- 
rier du  mardi  10  juillet  1906./  —  L'infortuné  car- 
rier enlevait  des  callots  ou  fragments  d'ardoise, 
afin  de  placer  des  mines.  »  (1906,  Angev.  de  Paris, 
n"  34,  p.  2,  col.  3.)  Avrillé. 

Calot«  '■.  —  (Auv.),  s.  m.  Vx.  cheval,  rosse. 
Il  Lg.  adj.  q.  —  Se  dit  d'un  vx  bœuf  dont  les 
cornes  ont  la  pointe  tournée  vers  la  terre.  || 
Nom  propre,  souvent  appliqué  aux  bœufs  qui 
se  distinguent  par  cette  conformation. 

Calotter  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Donner 
une  calotte  à.  !|  Se  calotter,  v.  réf.  S'éclaircir, 
se  découvrir,  en  parlant  du  temps.  Syn.  de 
S^Eparer. 

Et.  —  «  Diminut.  de  cale,  dans  le  sens  de  coiffure 
de  femme,  en  forme  de  bonnet  plat  par  en  haut, 
couvrant  les  oreilles,  et  échancré  par  devant,  avec 
une  petite  bordure  de  velours.  »  D.  C.  Calestra.  — 
Puis  bonnet  d'homme  en  forme  ronde  et  plate, 
couvrant  seulement  le  haut  de  la  tête.  (Liït.) 

Calpiîiienne,  adj.  q.  —  Grande  femme  mal 
bâtie.  «  Quelle  grande  calpigienne  !  »  (Angers) 

Et.  —  Je  n'ose  pas  proposer  le  mot  Callipyge, 
épithète  de  Vénus,  au  beau...  séant,  pour  expli- 
quer ce  mot,  que  j'ai  entendu  moi-môme.  (A.  V.) 

Caluré,  ou-ret,  s.  m.  —  Calotte,  coiiïure. 
Cf.  Galurin. 

Calureaux  (Sp.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie 
guère  qu'au  pluriel.  Vagabonds,  bohémiens, 
gipsies.  Syn.  de  Galapias,  Meillaud,  Halos, 
Camillaud.  \\  By.  Prononcez  Galureaux. 


Câlus  (Mj.),  s.  m. —  Cal,  durillon.  C'est  le 
mot  fr.  avec  â  long. 

Calvên  er  (Mj.),  s.  m.  —  Homme  de  mau- 
vaise mine,  truand,  malandrin.  Syn.  de  Hap- 
pelopin,  Alfessier,  Meillaud,  Halos,  Calu- 
reaux,   Camillaud. 

Et.  —  Je  trouve  dans  Jaubert  :  «  Cavarnier  ou 
Cavernier,  batteur  en  grange.  Le  supplément  au 
Diction,  de  l'Acad.  donne  le  nom  de  caivanier  à 
l'ouvrier  qui  arrange  les  gerbes  dans  la  grange.  — 
Dans  Trévoux,  même  sens.  —  Cavarnière  ou 
Gavernière,  celle  qui  donne  à  boire  et  à  manger. . ., 
corrupt.  de  tavernière. . .  Dans  qqs  localités' 
Cavarnier,  ouvrier  à  tout  faire.  »  —  Extension  et 
péjoration  de  sens. 

Calvouillette  —  (.52^  Z.  Li.).  — Petite  bar- 
rière de  bois  ou  d'épines  à  travers  des  champs 
clos.  V.  Calfouillctte. 

N.  —  Je  ne  crois  pas  me  tromper  en  rapportant 
ce  terme  à  la  famille  du  mot  lat.  clavis,  clef.  Claver, 
pour  fermer  à  clef,  est  très  connu  (autoclave)  :  on 
dit  aussi  :  claver.  Par  métathèse,  clavouillette  a 
donné  calvouillette,  petite  barrière  servant  à  claver. 
Cf.  Cheville,  de  •  clavicule. 

Camamine  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Camomille. 

Et.  Hist.  —  De  deux  mots  grecs,  pomme-à-terre, 
à  cause  de  l'odeur  de  pomme  des  fleurs  de  l'anthé- 
mis. —  «  Si  li  getez  dedanz  trois  gouttes  de  huille 
rosat,  avec  autres  trois  gouttes  de  huille  de 
camamilles  tièdes,  meslez  trestout  ensemble.  » 
(Chasse  de  Gaston  Phébus.  —  L.  C.) 

Cambres  (Mj.),  s.  f.  plur.  —  Cordelettes 
qui,  fixées  au  bord  inférieur  d'un  épervier,  au 
voisinage  des  plombs,  se  rattachent  par  leur 
extrémité  supérieure  à  la  partie  moyenne  de 
l'engin,  formant  ainsi  une  partie  ventrue,  un 
giron,  où  le  poisson  se  trouve  pris  et  retenu. 
Cf.  le  syn.  Canques. 

Et.  —  Pour  moi,  il  est  évident  que  ce  mot  vient 
du  lat.  Caméra  (chambre).  Les  cambres,  relevant 
le  bord  inférieur  de  l'épervier,  forment  un  ventre, 
un  giron,  une  chambre,  qui  l'ecueille  le  poisson.  De 
là  le  fr.  Cambrer  :  cambrer  la  taille,  c'est  tendre  les 
muscles  lombaires  comme  les  cambres  d'un  éper- 
vier. —  Camerare,  courber  en  voûte. 

Cambuse  (Mj.,  Sal.,  Fu.),  s.  f.  —  Maison, 
en  mauvaise  part.  Syn.  de  Canfouine,  Turne. 
\\  C'est,  généralement  une  cave  où  plusieurs 
ouvriers  se  mettent  ensemble  pour  y  déposer 
leur  vin  et  leurs  vêtements  de  travail.  (Z.  141) 
Il  By.  —  Syn.  de  Cabane  ;  cabine  en  mauvais 
état. 

Et.  —  Du  holl.  Kabuys,  cuisine  de  navire  mar- 
chand. Introduit  dans  la  marine  vers  le  milieu  du 
xviir'  s. 

Ca-rae-grie-dlère  (Ch.).  —  Ça  ne  me  plaît 
guère.  Ça  ne  m'agrie,  ou  m'agrée  guère 
(dhyère,  par  prononciat.  particul.  du  g.) 

N.  —  A  rapprocher  de  :  simagrée,  corr.  de  l'anc. 
formule  :  si  m'agrée  (ainsi  m'agrée),  prévenance 
affectée,  obséquiosité.  (Litt.)  —  «  La  répétition  de 
ces  mots  :  si  m'agrée,  dénote  une  obséquiosité  fas- 
tidieuse, une  courtoisie  affectée.  (Sch.)  —  Cf. 
«  Brigadier,  vous  avez  raison  !  » 

Camelot  (Mj.),  s.  m.  —  Marchand  ambu- 
lant qui  vend  sur  les  places  publiques  des 
marchandises  de  qualité  inférieure.  Syn.  de 


CAMELOTAINE  —  CAMPIOT 


161 


Déballeur.  ||  Employé  des  magasins  de  nou- 
veautés, de  rouennerie,  de  mercerie. 

Camelotaine,  s.  f.  —  Entendu  dans  cette 
phrase  :  «  J'allons  leux  faire  danser  la  camelo- 
taine !  «  Des  péréieux,  en  parlant  de  leurs 
patrons.  Syn.  de  Malaisée. 

Et.  —  Camelote.  Littré  l'explique,  d'abord,  par 
le  lat.  camelus,  chameau,  parce  que  le  camelot, 
étoiïe,  était  fait  de  poil  de  chameau.  Puis,  dans  le 
Supplément,  par  l'arabe  :  seil  el  kemel,  qui  est  le 
nom  de  la  chèvre  angora  ;  il  cite  un  article  du 
Journal  Officiel  du  12  mai  1874. 

Caini  (Sm.),  part.  pas.  —  Caché.  «  I  s'est 
cami.  »  Cf.  se  Catner. 

Camillaud  (Mj.),  s.  m.  —  Vagabond,  bohé- 
mien. Syn.  de  Calureaux,  Halos.  —  Rappro- 
cher :  chemineau.  (Fu.)  |!  Sal.  Gueux  mal  vêtu. 
Etre  emmanché  comme  un  camilleau. 

Et.  —  De  Meillaud,  avec  le  préf.  péjor.  ca.  L.  C. 
donne  le  v.  Caminer,  cheminer.  —  V.  aussi  Galopin. 

Caniinet,  s.  m.  —  Non  vulg.  de  l'Erica 
tetralix  (Mén.)  Bruyère  à  quatre  faces.  (Bat.) 

€aniisard  (Sp.),  s.  m.  —  Membre  de  la 
Petite  Eglise. 

Et.  Hist.  —  C'est  le  nom  que  portaient  autrefois 
les  protestants  des  Cévennes  résistant  aux  Dra- 
gonnades. —  Du  lat.  Camisa,  chemise,  que  l'on 
portait  sur  son  armure  dans  une  attaque  de  nuit, 
soit  pour  se  reconnaître,  soit  pour  se  déguiser.  — 
«  Nous  donnâmes  l'escalade  tous  en  camisades.  » 
(MoNTLUC.  —  L.  C.)  —  «  Rac.  celtiq.  Cam,  habiller; 
d'où  Camisia,  que  saint  Gérôme  donne  comme 
désignant  un  vêtement  des  soldats  gaulois.  » 
(Malv.; 

Camisole  (Lg.,  Fu.),  s.  f. —  Sorte  de  corset 
primitif,  que  portaient  autrefois  les  femmes  ; 
le  même  que  le  corps  ou  la  bâtine  de  Mj.  —  || 
By.  —  Sorte  de  taille  ajustée,  en  toile,  sans 
baleines,  remplaçant  le  corset,  employée 
surtout  par  les  vieilles  femmes.  On  prononce 
souvent  Gamisole,  comme  Garmoégnole,  pour 
Carmagnole,  nom  vulgaire  encore  du  vêtement 
court  d'homme,  autrefois  garni  de  deux  rangs 
serrés  de  boutons  brillants  (mode  bretonne)  ; 
comme  Ganeçon,  pour  Caleçon. 

Camocher  (Sp.,  Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Frapper, 
meurtrir,  contusionner  ;  cogner,  faire  des 
bosses  à.  Ex.  :  Il  illi  a  tout  camoché  la  tète. 
Il  Fu.  Id.  Meurtrir  la  terre  à  coups  de  poings. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Cabocher,  pat.  Cabosser.  Ce 
mot  semble  être  le  trait-d'union  entre  Cabocher  et 
Cagnocher.  —  «  Camoissié,  meurtri,  contusionné  ; 
proprement  -.  meurtri  par  les  mailles  d'un  camois 
(mailles  d'une  coite  d'armes),  —  puis,  meurtri,  en 
général.  On  lit,  au  sujet  du  jeune  roi  Philippe,  fils 
de  IjQuis  VI,  qu'un  porc,  s'étant  jeté  dans  les 
jambes  du  cheval  de  ce  prince,  «  le  fit  trébucher  et 
sus  le  pavement  en  telle  manière  que  sa  teste  fu 
toute  débrisiée  et  camoissiée,  et  mourust  tantôt  ». 
(L.  C.)  V.  Camosser.  Cf.  Camborser.  Jaub. 

Camosser,  v.  a.  —  Frapper  du  manche  de 
la  lame,  meurtrir,  etc.  dit  le  D''  A.  Bos,  au  mot 
Chamoisier.  Le  dérive  de  chamois,  au  sens  de  : 
manche  de  la  lame  recouvert  de  peau  ;  coup 
porté  avec  ce  manche.  Dérivé  de  chamois.  — 
V.  Camocher,  à  l'étymol. 


Camoufle  (Ag.,  Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Chandelle, 
de  suif  ou  de  résine. 

Et.  —  Littré  explique  Camouflet  par  :  fumée 
épaisse  qu'on  souffle  malicieusement  dans  le  nez  de 
qqn  avec  un  cornet  de  papier  allumé.  On  lit  : 
«  Qui  dormira,   qu'on  le  réveille. 
Ou   qu'on  lui  donne  un   chault  moufflet. 
Ou  hardiement  un  grand  soufflet.  » 

XV®  s.   —  Mystère. 

Camp  (By.),  s.  m.  Champ.  —  Ce  mot  ne 
s'emploie  que  dans  certaines  locut.  ||  Foutre 
le  camp,  s'en  aller.  ||  De  camp," sur  champ.  (Mj.) 

Et.  —  Camp  est  la  prononc.  picarde  pour  : 
champ,  avec  acception  spéciale.  (Renvoi  à  Génin, 
Récréations  philolog.,  pour  le  mot  Foutre,  qui  n'a 
pas  le  sens  que  l'on  croit.  ) 

Campagne  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  f.  —  En  cam- 
pagne, à  la  campagne,  par  opposit.  à  :  en 
ville.  On  dit  ironiquement  de  qqn  qui  pose 
pour  le  malin  :  Il  est  ben  trop  fort  pour  être 
en  campagne.  On  dit  aussi  :  C'est  ein  farceur 
de  campagne,  qui  fait  ses  farces  en  ville. 

Campané,  adj.  q.  —  Garni  de  campanes, 
ornement  en  forme  de  cloche. 

Et.  Hist.  —  Lat.  Campana,  cloche.  —  Deux 
étymol.  sont  proposées  :  1°  les  premières  cloches 
furent  fabriquées  à  Noie,  en  Campanie  (L.  C.)  ; 
2°  Campania,  balance  à  un  plateau,  romaine 
(regione  Italiae  nomen  accepit.  —  Isidore).  Les 
premières  cloches  n'étaient  qu'un  plateau  rond, 
métaUique,  sur  lequel  on  frappait,  et  ressemblaient 
tout  à  fait  à  un  plateau  de  balance,  d'où,  probable- 
ment, le  passage  du  sens  de  plateau  de  balance  à 
celui  de  cloche.  »  (D''  A.  Bos.)  —  «  Son  père  avoit 
empourté  les  campanes  de  Nostre-Dame  pour  atta- 
cher au  col  de  sa  jument.  »  (Rab.,  n,  7.)  —  Favre. 

Campé  (Fu.),  adj.  q. —  Placé- avantageu- 
sement ;  c'est  aussi  le  v.  camper,  poster.  Se 
camper,  au  jeu  de  boules,  c'est  se  placer,  plus 
ou  moins,  sur  la  pente,  avant  de  rouler  ;  ce 
qui  détruit,  en  partie,  l'effet  du  fort,  la  boule 
devant  traverser  le  jeu,  et  amortit  sa  force. 
Il  Fu.  Bien  solide  sur  ses  jambes. 

Camper  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  a.  —  Déposer 
un  peu  brusquement.  Ex.  :  Aile  a  campé  son 
queneau  à  bas  eine  secousse  !  ||  Appliquer  un 
coup.  Syn.  de  Astiquer.  ||  Lancer  une  saillie, 
décocher  un  trait  mordant,  dire  son  fait  à 
qqn.  Ex.  :  Il  te  illi  a  campé  ça  de  première  !  || 
Lg.  se  Camper,  aller  se  coucher.  Syn.  de  :  se 
Motter,  se  Pagnoter.  \\  Bécon.  Les  ouvriers  de 
carrières  de  granit,  leur  paye  reçue,  achètent 
du  vin  ou  de  l'eau-de-vie  dont  ils  remplissent 
des  dames-jeannes,  et  vont  dans  une  prairie. 
Là,  ils  campent,  et  boivent  jusqu'à  la  consom- 
mation complète  du  liquide.  ||  Mj.,  By.  — 
Camper  là,  abandonner,  laisser  en  plan. 

Campet  (Lpos.).  —  Boiteux.   V.   Campiot. 

Camphrée  sauvage.  —  Polycnême  des 
champs.  (B.)  Ménière.  —  Camphorosma 
monspelica.  L.  -Littré.) 

Campiot,  e.  (Mj.)  adj.  q.  —  Boiteux.  Dén 
de  Campioler. 

Et.  —  Du  bret.  Cam,  boiteux,  et  du  lat.  pedem, 
pied.  —  Faute  de  mieux.  Voir  Campioler. 

11 


162 


CAMPIOTER  —  CANET 


Campiuter  (Mj.,  Sal.),  v.  n.  —  Boiter, 
clocher. 

Et.  —  Je  regarde  ce  mot  comme  une  forme  plus 
dure  de  Gambilloter,  dimin.  inus.  de  Gamhiller. 

Canada  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Topinambour. 
Syn.  de  Tôpine.  \\  By.  Canada.  Des  Canadas, 
ou  pataches  du  Canada. 

Et.  —  Vient  du  Brésil  ;  mais  nos  paysans  n'y 
regardent  pas  de  si  près.  —  V.  F.  Lore.  Langage, 
VIII. 

Canâillerie  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Gredi- 
nerie,  coquinerie,  procédés  dignes  d'une 
canaille. 

Et.  —  De  cane,  chien  ;  l'ital.  dit  Canaglia,  le 
vx  fr.  Chienaille,  pour  Canaille. 

Cananée  (Fu.),  s.  f.  —  Pour  canonnée. 
Longueur,  grande  quantité  (comme  de  coups 
de  canon).  Une  cananée  de  temps.  V.  CaTio/iraée. 

Canard  ^  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Gloria. 
Goutte  d'eau-de-vie  sucrée  que  l'on  prend 
après  le  café,  et  dans  la  tasse  même  où  on  l'a 
bu.  Syn.  de  Pousse-café,  Rincette.  Cf.  Pigeon. 
Il  Canard- de -gueux.  Plat  composé  de  pommes 
de  terre  et  de  prunes  cuites  dans  la  graisse. 
C'est  la  sauce  classique  du  canard...  absent. 
Il  By.  —  On  distingue  les  canards  de  maison 
et  les  canes  de  chasse  (animaux  domes- 
tiques). Les  canards  sont  rangés  en  trois  caté- 
gories :  les  canards,  les  menus,  les  sarcelles. 
Le  canard  étant  l'unité,  3  menus  valent 
2  canards  et  1  canard  vaut  2  sarcelles.  Les 
noms  vulgaires  des  principaux  menus  sont  : 
le  molleton,  le  digeon  ou  dijon,  le  bizieux,  le 
pointard,  le  rouget.  —  Les  jodelles  et  les 
foulques  ne  sont  pas  des  canards,  mais  des 
poules  d'eau.  V.  au  F.  Lore,  chasse  aux 
Canards.  Coutumes,  ii. 

Et.  —  Le  sucre  est  trempé  comme  le  canard 
dans  l'eau.  (Litt.)  B.  L.  Canardus,  sorte  de  navire. 

—  Il  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Cane,  s.  f. 
Terme  d'amitié,  appliqué  aux  enfants,  sans 
distinction  de  sexe.  Ex.  :  Tiens,  ma  petite 
cane  !  Cf.  Connin. 

Canasson  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Rosse, 
haridelle.  Syn.  de  Guinguin,  Carabi,  Roqueton, 
Haguin. 

Cancanage  (Mj.),  s.  m.  —  Cancans,  giries. 
Ex.  :  Il  s'en  est  fait  d'ein  cancanage  à  cause 
de  tout  ça  !  Syn.  Raffut,  Rapiâmus,  Robotage, 
Décis,  Délibéré. 

Et.  —  Onomat.  tirée  du  cri  du  canard,  comme  : 
caqueter,  de  celui  de  la  poule.  (Schel.)  —  On 
trouve  aussi  dans  le  vx  fr.  Caquehan,  assemblée 
tumultueuse,  tapage,  querelle.  D.  C.  Caquus  —  et 
taquehan. 

Cançarf  (Mj.),  s.  m.  —  Cancer,  carcinome. 

Et.  —  Cancer,  lat.,  veut  dire  :  crabe,  à  cause  des 
bosselures  et  des  veines  qui  l'ont  fait  grossièrement 
comparer  à  un  crabe.  —  L'f  final  s'est  ajouté,  à 
cause  de  l'assonance  avec  le  mot  Çarf. 

Cançarveux,  euse  (Mj.),  adj.  quai.  — 
Cancéreux,  carcinomateux. 

Canche  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Dépression  dans 


un  terrain.  ||  A  La  Séguin.  Azimut,  rumb. 
Ex.  :  Le  vent  a  toujours  eine  doutance  de  se 
tourner  dans  ceté  canche-\k.  \\  Sal.  —  Espace 
étroit.  D'où  Encancher,  embarrasser  :  Décan- 
cher,  débarrasser.  ||  Fu.  —  Région,  côté.  Un 
chasseur  dira  :  J'avons  fini  par  tomber  dans 
eine  bonne  canche,  —  dans  un  canton 
giboyeux.  ||  By.  —  Petite  ondulation  en  demi- 
cercle  du  rivage,  petit  golfe.  «  La  canche  à 
Cillette.  »  —  Mettre  le  bateau  à  l'abii  dans 
eine  canche.  (V.  Jaxjb.  —  Conche).  —  Canches. 
Cavités  dans  un  bateau,  formées  par  le  vide 
entre  les  courbes,  des  planches  de  Varchelet  au 
bord.  La  Canche,  qu'elle  soit  le  long  du  bord 
ou  en  travers  du  bateau,  où  on  peut  jeter 
l'eau  avec  la  sesse,  est  dite  cantière. 

Et.  —  Concha,  coquille,  d'où  conque,  —  grand 
vase,  bassin.  —  A  Royan,  conche.  —  Sens  plus 
étendu  de  golfe.  —  Hist  :  «  Le  tout  mit  pied  à 
terre,  près  Zerbi,  en  une  conche  nommée  Rochelle, 
où  les  galères  ont  accoutumé  de  faire  aigade.  » 
(D'AuBiGNÉ.  —  L.  C.)  —  Le  nom  subsiste  comme 
nom  de  lieu  dans  plusieurs  départements.  L'ori- 
gine en  est  p.-ê.  un  repli  du  sol  ou  un  terrain 
coquiUier.  (L.  C.)  —  Cf.  Tesp.  Zanja,  fosse,  fossé. 

Cancher  (Lue),  v.  a.  —  Même  sens  que 

Crouiller.  Cf.  Encancher. 

Cane,  s.  f.  —  Faire  la  cane,  au  jeu  ;  faire 
semblant  de  courir  vers  un  but  et,  par  une 
feinte  habile,  tromper  son  adversaire.  Aux 
Rarres,  p.  ex. 

Et.  —  Comme  la  cane  fait  un  plongeon  et  repa- 
raît plus  loin.  —  Du  lat.  :  anas,  canard,  avec 
épenthèse  du  c.  ;  vx  fr.  Ane. 

Caneçon  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Corr.  du 
mot.  fr.  Caleçon.  Cf.  Galçon.  \\  Fig.  Copain, 
camarade,  ami.  «  Eh  !  ben,  quoi,  mon  vieux 
caneçon  !  Syn.  de  RrancJie  \\  (Mj.,  Lg.,  Li.,  Br.) 

Et.  —  1"  sens.  B.  L.  calcio,  chausson,  chausse.  — 
Au  2«,  ce  nom  viendrait  de  Canasson,  nom  familier 
donné  à  leurs  chevaux  par  les  cochers  de  Paris.  — 
Delvau  l'explique  par  :  cane-à-son  ;  se  nourrit  de 
son  aussi  bien  que  d'avoine.  Mais  cane? 

Canepin  (Fu.,  By.),  s.  m.  —  Corr.  de  Cale- 
pin. Cf.  Caneçon. 

Et.  —  De  Ambroise  Calepin,  savant  italien  de 
l'ordre  des  Augustins  (1435-1511),  auteur  d'un 
vocabulaire  polyglotte.  Dictionnaire,  puis  Agenda. 

Caner  (Sp.,  By.),  v.  n.  —  Caler,  reculer, 
avoir  peur.  Syn.  de  Flancher,  Plancher, 
Flanchir,  Quéner.  Caler,  Péter.  —  En  Berry, 
cagner  V.    Cane. 

Hist.  —  «  Il  cane,  le  patron.  »  (Labiche  et 
Martin,  Le  Voyage  de  M.  Perrichon,  iv,  5.)  — 
«  Par  Dieu  !  qui  fera  la  cane  de  vous  aultres,  je  me 
donne  au  diable  si  je  ne  le  fais  moyne.  »  (Rab., 
Garg.,  I,  42.)  —  «  Laurent  de  Médicis...  assié- 
geant Mondolphe...  veoyant  mettre  le  feu  à  une 
pièce  qui  le  regardoit,  bien  luy  servit  de  faire  la 
cane  ;  car  aultrement  le  coup,  qui  ne  luy  rasa  que 
le  dessus  de  la  teste,  luy  donnoit  dans  l'estomac.  » 
(Montaigne,  Ess.  I,  xii.)  —  C'est  donc,  propre- 
ment, faire  le  plongeon.  Cf.  Cagner,  Jaub. 

Canot"  (Sp.,  Le,  Fu.).  —  Caneton,  jeune 
canard.  Dimin.  de  cane.  N.,  m.  à  Sp.  f.  à  Le. 
Il  By.  —  On  dit  presque  exclusivement  cane- 


CANETÉ  —  CANNIER 


163 


tin.  Il  Fu.  —  Nom  d'amitié  donné  aux  petits 
enfants.  «  Mon  canet,  mon  canard.  «  Très 
employé. 

Canetée  (Sp.),  s.  f.  —  Syn.  de  Nâtille, 
Nâteille,    Knillée. 

Et.  —  Dér.  de  Canet,  parce  que  les  canes  bar- 
botent au  milieu  de  cette  lierbe.  Lentille  d'eau. 

Canetiile  (By.),  s.  f.  —  Conferves.  —  V. 
Canetée. 

Caneton,  canetin  (By.),  s.  m.  —  Tout  petit 
canard. 

Hist.  : 

Les  canes,  les  canetons, 
Les  canes  de  mon  père  dans  les  marais  s'en  vont.  » 
R.  Bazin,  La  Terre  qui  meurt,  p.  215. 

Canette  '  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Petite 
excroissance  sphérique  que  produit  sur  les 
branches  du  chêne  la  piqûre  d'un  insecte.  Les 
enfants  s'en  servent  en  guise  de  billes  à 
jouer.  Il  Sp.  —  Bille  à  jouer.  Syn.  de  Marbre, 
Boulette,  Petit-dien.  Cf.  Poume  de  chêne.  || 
By.  —  Canette  de  bois.  Ne  pas  confondre  avec 
Pomme  de  chêne  ou  noix  de  galle. 

Et.  —  Pour  Quesnette,  de  Quesne,  forme  norm. 
du  fr.  Chêne  ;  lat.  Quercina? 

Canette  ^  s.  f.  —  Bobine.  Dans  le  métier 
du  tisserand.  Les  Lyonnais  disent.  Canut. 
(Chol.).  Devrait  s'écrire  par  2  n. 

Et.  —  Du  B.  L.  Canna,  roseau?  —  Dans  le  sens 
français,  de  petite  cruche,  cette  citât,  curieuse  : 
«  Tant  va  la  canne  à  l'iaue  qu'en  le  fin  est  bri- 
sians.  »  (Nord  de  la  Fr.  —  Scheler.) 

Canfouine  (Mj.,  Sp.,  Craon,  Fu.,  Z.  142, 
Br.),  s.  f.  —  Cahutte,  vieille  masure,  «ambuse, 
chaumière,  petite  cabane,  maison  délabrée, 
bicoque,  taudis.  —  Syn.  de  CaboumBy 
Cahurne,  Cabigit,  Cahagétis,  Turne,  Boite. 

Et.  —  Corr.  de  Capharnaum?  —  Jaub.  donne 
Caforgnau  et  cite  G.  Sand  :  «  Il  s'était  fait  donner 
un  petit  lit  dans  le  capharnion.  C'était  l'endroit  de 
la  grange  voisin  des  étables,  où  l'on  serre  les  jougs, 
les  chaînes,  les  ferrages  et  épelettes  de  toute  espèce 
qui  servent  aux  bêtes  de  labour.  »  (La  Petite 
Fadette.  ) 

Cangrègne  (Mj.),  s.  f.  —  Gangrène. 

Cangrègner  (Mj.),  v.  a.  —  Gangrener. 

Cangrégneux  (Mj.),  adj.  q.  —  Gangreneux. 

Canicher  (se).  (Sp.),  v.  réfl.  —  Se  blottir,  se 
cacher.  V.  Décamger.  \\  Ti.,  Zig.  203.  Se 
rencoigner,  s'installer  dans  un  coin.  Cf. 
Canigeot,  Déquenicher. 

Canigeot',  (Mj.).  s.  m. 
retrait  quelconque.  V 
nicher,  Canicher. 

Et.  —  Dér.  de  Nigeot,  avec  le  préf.  péjoratif,  Ca. 
Cf.  Caniillaud,  Caboillaud. 

Canigeoter    (Z.    132.),    v. 
abriter,  garer  du  froid. 

Canigot,     ou     Cagibi.     — 

Canigeot. 

Canillard,  adj.  q.  (Sar.).  —  Celui  qui 
/,anille. 


—  Petit  nid,  terrier, 
Décaniger,     Déque- 


—    Cacher, 


Cachette.     V 


Caniller,  V.  n.  (Sar.). —  Flâner,  s'en  aller, 
flairant  partout,  à  la  manière  des  chiens.  Cf. 
Décaniller,  décamper,  sortir  du  chenil,  canil. 

Canitude,  (Sa.),  s.  f.  —  Déchéance,  déca- 
dence, décrépitude.  Ex.  :  Ils  sont  tombés  dans 
la   canitude. 

Et.  —  Du  lat.  :  Canitudo,  de  canus,  blanc,  en 
parlant  des  cheveux. 

Canne  (Fu.),  s.  f.  — Pipette  pour  tirer  le 
vin  par  la  bonde  quand  la  barrique  n'est  pas 
encore  percée.  —  V.  Cannelle. 

Canne-jiloire,  pétoire  (Lue,  By.).  —  Jouet 
fait  d'un  morceau  de  sureau  avec  lequel  les 
enfants  lancent  des  balles  de  filasse  ou  de 
l'eau.  La  moelle  a  été  enlevée  et  l'on  fabrique 
un  piston  avec  un  morceau  de  bois  muni 
d'étoupe  à  un  bout,  pour  assurer  le  frotte- 
ment. —  Ciifoire.  Syn.  de  Chiquoire 

Et.  —  Canna,  roseau. 

Cannelle,  Cannette,  Quenelle  (Mj.,  By., 
Fu.),  s.  f.  —  Ajutage  ou  tuyau  qu'on  fixe 
dans  le  cas  d'une  panne,  pour  l'écoulement 
du  lessif.  Il  Petit  instrument  qui  sert  à  canner 
le  vin.  Percé  de  deux  ouvertures  étroites  à 
ses  extrémités  supérieure  et  inférieure.  Il  sert 
à  retirer  par  la  bonde  d'un  fût  une  petite 
quantité  de  vin  pour  le  goûter. 

Et.  —  Dimin.  du  fr.  Canne,  lat.  Canna,  petit 
tuyau.  —  «  La  Curne  dit  que  ce  mot  (Canne)  est, 
en  Anjou,  aussi  usité  pour  signifier  une  espèce  de 
petite  pompe  de  fer  blanc,  avec  laquelle  on  pompe 
le  vin  par  la  bonde  d'un  tonneau.  Cette  pompe 
forme  un  petit  cylindre  d'à  peu  près  la  grosseur 
d'un  roseau,  ce  qui  me  feroit  croire  que  c'est  par 
similitude  que  les  Angevins  la  nomment  canne.  »  — 
«  Les  joyeux  buveurs  s'associent  pour  boire  aux 
frairies  d'août  une  ou  deux  barriques  entières,  et 
celui  d'entre  eux  qui  les  a  achetées  porte,  comme 
insigne  d'honneur,  la  cannelle  au  chapeau.  »  {La 
Trad.,  p.  329.) 

Canner  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Tirer  par  la 
bonde  d'un  fût,  au  moyen  de  la  cannelle,  une 
petite  quantité  de  liquide  pour  la  goûter. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  canne,  du  lat,  canna,  parce 
qu'on  s'est  évidemment  servi  d'abord  d'un  mor- 
ceau de  canne  ou  de  roseau. 

Cannetière  (Lg.),  s.  f.  —  Machine  à  faire 
les  épelles. 

Et.  —  Du  fr.  Canne,  parce  que  les  épelles  ont  été 
faites  primitivement  sur  des  brins  de  roseau. 

Canneton  (Sp.),  s.  m.  —  Hanneton.  Syn. 
de  Meunier,  Breuyaud,  Bégaud. 

Et.  —  Corr.  du  mot  fr.,  l'h  initial  étant  rempla- 
cé par  une  gutturale  plus  forte.  —  Et  Hanneton 
vient  de  l'ail.  Hahn,  coq,  et  dans  l'ail,  dialect.  Han- 
neton. Cf.  le  nom  de  Poule  d'arbre  donné  au  hanne- 
ton en  Limousin  ;  Grianneau,  dimin.  de  Grian,  mot 
du  pat.  de  la  Suisse  fr.,  emprunté  de  l'ail,  dialectal 
Grigelhan,  de  grigeln,  crier,  et  hahn,  coq,  petit  coq 
de  bruyère.  (Darm.) 

Cannette  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Cannelle. 

Cannier  (Sp.,  Li.,  By.),  s.  m.  —  Sorte  de 
grand  roseau,  de  bambou,  montant  à  3  et 
4  mètres,  que  l'on  cultive  dans  les  jardins.  — ■ 


164 


CANONNEE  —  CAPRICE 


De  canne,  lat.  canra.  ||  Roseau  à  balais.  Li., 
By. 

Canonnée  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  Canonnée  de  temps,  un  temps  assez  long. 

—  par  comparaison  avec  le  nombre  des  coups 
de  canons  tirés?  Cf.  tous  les  mots  désignant 
une  quantité,  com.  Tériaulée,  etc.  Y.  Cananée. 

Canonner  (Mj.),  v.  a.  —  Lapider.  Ex.  :  Ils 
l'ont  canonné  à  coups  de  pierres.  Syn.  de 
Garroter,  Garrocher,  Calonner,  Caillonner. 

Canques  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Cordelettes  qui 
rattachent  les  plombs  de  l'épervier  aux 
mailles  supérieures  et  qui,  en  relevant  le 
maître,  forment  le  giron  de  l'engin. V.  Cambres. 

Et.  —  P.-ê.  pour  Cancres,  parce  que  l'ensemble 
de  ces  cordelettes  figure  les  tentacules  d'un  crabe? 

—  Sous  toutes  réserves. 

Canthalides,  s.  f.  —  Mouches  cantharides. 
Cf.  Tartarine. 

l'antière  (Mj.),  s.  f.  —  Espace  vide  qui  se 
trouve  dans  l'intervalle  de  deux  courbes, 
entre  le  bordage  d'un  fûtreau  et  les  planches 
qui  en  garnissent  le  fond.  V.  Canche.  Devrait 
s'écrire  Canquière? 

Et.  —  Tient  p.-ê.  à  Canche  :  p.-ê.  aussi  à  l'angl. 
Canthus,  angle  de  l'œil,  parce  que  la  cantière  est 
dans  l'angle  du  fond  du  bateau?  —  N.  Cf.  Gode- 
FROY  :  Canchier,  au  sens  de  :  prison  (?)  —  «  Et  puis 
sera  bouté  en  canchier.  >>  In  Prophéc.  de  Merlin.  — 
Lequel  semble  se  rattacher  à  Cancellum.  Une 
forme  Canticaria,  relevée  dans  une  charte  du  dépar- 
tement de  la  Somme,  au  sens  probable  de  :  terri- 
toire, mérite  au  moins  d'être  mentionnée,  car  elle 
aurait  cet  avantage  de  nous  offrir  un  type  latin 
d'où  proviendrait  normalement  et  régulièrement 
notre  mot  Canchière.  —  V.  Dottin  :  Chansière, 
lisière  d'un  champ  ;  —  sillon  fait  le  long  d'une  haie 
à  l'extrémité  et  en  travers  des  autres  sillons. 
(G.  DE  G.,  p.  317.) 

Canton,  s.  m.  (Tr.).  —  Canton  d'ardoise, 
lieu  élevé,  où  l'ardoise  est  disposée,  en  atten- 
dant la  livraison.  (Mén.)  ||  Fu.  —  Coin, 
région,  canche.  —  J' avons  trouvé  ein  bon 
canton  plein  de  nozilles. 

Et.  —  D'un  radical  commun  à  beaucoup  de 
langues,  Cant,  coin.  —  Hist.  :  «  Maurette  se  blottit 
dans  un  canton,  c.-à-d.  un  coin  du  foyer,  sur  une  de 
ces  banquettes  tressées  de  jonc,  qui,  en  Périgord, 
garnissent  les  larges  cheminées  d'autrefois.  (E.  Le 
Roy,  La  Belle  Coutelière.) 

Canuçon  (Lg.),  s.  m.  Caleçon.  —  Se  dit 
parfois  à  Mj.  Syn.  et  d.  de  Caneçon,  Ganeçon. 

Canuler  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Ennuyer, 
importuner.  Syn.  de  Bassiner.  Cf.  Lavement. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Canule  (qui  devrait  s'écrire 
Cannule,  de  Canne). 

Caôtcliouc  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Caoutchouc. 
L'ô  est  très  long.  Cf.  Otil,  Obli,  Ovrir,  etc. 

Capelage  (Mj.),  s.  m.  —  Ensemble  de 
Itoucles,  de  tours  de  cordes,  par  lesquels  les 
haubans  sont  fixés  à  la  tête  du  mât.  — 
V.  Capeler. 

Et.  —  Proprement  :  recouvrir  d'un  chapeau,  ce 
que  l'on  pose  sur  la  tête  d'un  mât,  sur  le  bout  dune 
vergue. 


Capeler  (Mj.),  v.  a.  —  Enrouler  un  câble 
et  l'attacher  solidement  à  demeure  autour 
d'un  mât,  d'un  massif  quelconque.  V.  Cape- 
lage. 

Capériole  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Cabriole,  cul- 
bute. Angl.  capriole.  ||  By.  Capriole,  Car- 
poéiole. 

Et.  —  Pour  capriole,  doubl.  du  fr.  Cabriole  ;  du 
lat.  Capra,  chèvre.  On  dit  aussi  Carpéiole. 

Capistron  (Lg.,  etc.),  s.  m.  —  Caporal.  Syn. 
de  Cabot.  Argot  de  caserne. 

Capitaine  (Mj.,  Chl.),  s.  m.  —  Femme, 
épouse.  Ex.  :  Mon  capitaine  m'attend.  Syn. 
de  Bourgeoise,  Mariée 

Capitanerie,  s.  f.  — ^Commandement  d'une 
place  forte.  Mot  du  'k.w  siècle.  —  Désuet.  — 
N.  Le  mot  Capitainerie  a  un  sens  différent. 

Hist.  —  Lettre  du  duc  d'Anjou  (Hexri  III)  à 
M.  de  la  Trémoille.  —  8  mars  1577.  —  «  Mon  cou- 
sin, j'ai  esté  adverty  que  le  seigneur  de  Vauboy- 
seau  a  remis  au  cappitaine  de  la  Coudre  la  cappita- 
nerie  du  château  de  Rochefort  (sur  Loire).  »  — 
Reçue  de  l' Anjou,  t.  54,  p.  315. 

Capot"  (Mj.,  Fu.,  By.,  Sal.,  Fu.),  s.  m.  — 
Sorte  de  large  capuchon  d'étoffe  noire,  que 
portaient  autrefois  toutes  les  femmes  et  même 
les  petites  filles.  Cette  coiffure  n'est  plus 
portée  que  par  les  très  vieilles  femmes,  comme 
vêtement  de  deuil,  et  par  quelques  congré- 
gations religieuses.  (Lue.  Le  t  est  muet).  V. 
le  n°  II  du  F.  Lore.  ||  Sal.  —  En  soie 

Et.  —  Dimin.  du  fr.  Cape,  doubl.  du  fr.  Capote, 
dér.  du  lat.  Caput.  —  Cape  est  la  prononc.  picarde 
de  Chape.  —  Hist.  :  «  Les  femmes,  couvertes  de 
leur  long  capot  d'étoffe  noire,  restaient  à  genoux  ou 
accroupis  (sic)  au  centre  de  la  nef.  »  (Deniau,  i,  30.) 
N.  Il  s'agit  ici  de  la  coiffe  noire,  plutôt  que  du  capot 
proprement  dit,  lequel  ne  couvrait  que  la  tête.  Le 
capot  vrai  est  encore  porté  par  qqs  religieuses, 
notamment  par  les  sœurs  de  Saint-Charles.  — 
«  Pendant  la  nuit,  l'une  d'elles,  au  risque  de  périr 
sur  la  place,  se  couvre  de  son  long  capot  noir  et  se 
glisse  vers  une  brèche.  »  (Id.,  iv,  529.)  —  Capot- 
chenu.  —  «  La  sixième  vitrine  renferme  deux 
exemplaires  du  capot  de  Marans,  la  plus  large 
d'entre  nos  coiffes.  Le  capot  chenu,  ou  coiffe  des 
dimanches  et  fêtes  ordinaires.  {La  Trad.,  p.  52.) 

Capote  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Faire  capote  ; 
capoter,  chavirer,  en  parlant  d'un  bateau  ; 
être  retourné  par  le  vent,  en  pari,  d'un  para- 
pluie ;  être  renversée  sens  dessus  dessous,  en 
parlant  d'une  voiture. 

Et.  —  On  est  pris  sous  le  bateau  comme  sous  une 
cape,  chape?  —  Faire  capoter,  en  parlant  du  vent. 

Capoter  (Sal.,  etc.),  v.  n.  —  Tomber  cul 
par  dessus  tête  —  et  sens  analogues. 

Capout  (Ag.,.Mj.).  —  Ce  mot  est  un  vestige 
de  l'invasion  allemande  ;  il  veut  dire  :  mort, 
tué,  à  qui  on  a  coupé  la  tête.  —  Faire  capout, 
tomber  mort,  ou  com.  mort.  En  ail.  :  «  Er  ist 
caput  gegangen.   » 

Caprice  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  N'avoir  pas 
dans  son  caprice,  dans  son  idée,  ne  pas 
vouloir.  Il  Faire  caprice,  plaire,  inspirer  une 
passion. 


CAPRIOLET  —  ÇARCLER 


165 


Capriolet  (Ag.,  By.,  Fu.),  s.  m.  —  Cabriolet. 

Et.  —  «  Voiture  dont  les  bonds  sur  les  pavés  rap- 
pellent ceux  de  la  chèvre,  capra,  vu  sa  légèreté.  » 
(LiTT.)  —  «  On  a  hésité  jusqu'à  la  fin  du  xvir-'  s. 
entre  capriole  et  cabriole. 

Capsule  (Mj.),  s.  f.  —  Chapeau  haut  de 
forme.  Syn.  de  Boston,  Taf,  Tube,  Tuyau  de 
poêle,  Galurin. 

Caque  (By.),  s.  f.  —  Dent  de  lait  des 
enfants.  —  On  dit  encore  Cacaudes  et 
Caquines. 

Et.  —  «  Caquer,  c'est  préparer  le  poisson,  c.-à-d, 
lui  ôter  les  ouïes  pour  le  mettre  en  caque.  Holland. 
Kaaken,  du  même  mot,  subst.,  ouïes,  mâchoires, 
puis,  mettre  en  tonneau.  C'est  ainsi  qu'un  mot 
signifiant  mâchoires  en  est  venu  à  signifier  :  ton- 
neau. »  (LiTT. )  —  ScHELER  prétend  que  ces  deux 
sens  proviennent  de  deux  mots  différents. 

Caquenaude  (Vz.),  s.  f.  —  Roseau  de  la 
Passion.  Syn.  de  Quenouille. 

Et.  —  Pourrait  bien  être  composé  d'un  doublet 
de  ce  dernier  mot,  avec  le  préf.  péjor.  Ca.  —  ?  — 
Bat.  —  Typha  latifolia. 

Câquerote  (Sp.),  s.  m.  —  Tesson,  vieille 
écuelle  fêlée,  pot  cassé.  ||  Vase  quelconque.  !| 
Sp.,  s.  f.  Le  crâne,  la  tête  ;  le  même  mot,  pris 
au  fig.  avec  changement  de  genre.  |1  Mg.  — 
Pichet,  assiette  cassée.  ||  Pell.  Chardon- 
Roland.  Syn.  de  Ch.-roulant.  Doit  être  le 
même  que  la  câquerote  de  Sp.,  prise  au  sens 
de  :  tête,  parce  que  les  sommités  de  la  plante 
figurent  des  têtes  armées  de  piquants.  Cf. 
Chabossée. 

Et.  —  Il  faudrait  dire  Caquerolle,  et  encore 
mieux  :  casserolle,  tout  bonnement.  Ce  mot  est 
employé  dans  le  sens  de  écaille  -.  «  Eschylus,  ce  non 
obstant,  par  ruine  fut  tué  et  cheute  d'une  caque- 
rolle de  tortue.  »  (Rab..  P.,  iv.  17,  388.)  —  Casse- 
rolle dérive  de  casse,  emprunté  du  provenç.  cassa, 
qui  suppose  un  type  latin  :  cattia,  sans  doute 
formé  par  le  radical  de  :  catinum,  plat.  Dimin., 
cassette.  —  Une  casse  à  yaue  (eau). 

Caquin  (Sp.,  Sa.),  s.  m.  —  Syn.  de  Chape, 
sable  grossier.  On  répand  du  caquin  (Bri.) 
dans  les  allées.  ||  (Mj.)  Mulette,  ou  Moulette, 
mollusque  bivalve,  ressemblant  à  une  grosse 
moule,  qui  trace  des  sillons  sur  les  grèves  de 
la  Loire  recouvertes  d'un  peu  d'eau.  Une  très 
grosse  espèce  habite  à  Sp.,  où  elle  est  au.ssi 
désignée  sous  le  nom  de  caquin.  \\  Sp.,  œuf, 
nom  enfantin.  |lBg.  —  Petits  cailloux  en 
forme  de  billes. 

Caquine  (Mj.,  Lg.,  Segr.),  s.  f.  —  Quenotte, 
dent  de  lait.  Nom  enfantin.  Cf.  Cacaude.  V. 
Caque,  Câline. 

Carabi  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Méchant  cheval, 
maigre  rosse,  haridelle.  Syn.  de  Carcan, 
Ilaguin,  Harou,  Canasson,  Bourrin,  Biroquin, 
Guinguin,  Bicard.  Bochon. 

Carabin,  s.  m.  —  Pour  Sarrazin,  ou  blé  nèr 
(noir)  (Segr.).  —  Mén.  et  By. 

Et.  —  Corr.  de  Calabrin.q.  vient  de  laCalabre. 

Caraillas  (Lg.),  s.  m.  —  Gros  crachat 
muqueux  et  dégoûtant  ;  graillon.  Syn.  de 
Biritte,  Calot,  Morvias. 


Et.  —  Onomat.  ;  Crrr,  bruit  que  l'on  fait  en- 
tendre en  essayant  d'arracher  ce  mucus.  —  Craïer, 
Crat.   (Jaub.) 

Caramboler  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Atteindre 
et  briser  ou  faire  tomber  un  objet,  j]  Frapper, 
rosser,  battre,  gourmer  une  personne.  !| 
Bousculer,  mettre  en  désordre.  Syn.  de 
Chambarder,  Chahuter.  \\  Ex.  :  Je  vas  te 
caramboler,  te  flanquer  une  tripotée.  (Li.,  Br.) 

Et.  —  ScHELER  prétend  que  Carambola  serait 
la  bille  rouge  qui  se  joue  au  billard  ;  puis  la  partie 
qui  se  joue  avec  cette  bille  ? 

Caramels  ^  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Gigues.  Syn. 
de  Guiboles.  Ex.  :  Ils  sont  dans  le  pré  à  se 
routeler,  à  lever  les  caramels,  jj  Fu.  —  Caran- 
melles.  —  Lever  les  caran-melles,  faire  des 
culbutes,  se  rouler  dans  des  attitudes  peu 
convenables. 

Caramels  "-.  —  Confiserie.  V.  F.  Lore  xii, 
nourriture. 

Carbe  (Mj.),  s.  f.  — Carde,  nervure  médiane 
de  la  feuille  de  bette  ou  poirée.  Par  corrupt. 
I!  By.  Carde.  Nervure  du  cardon  de  la  rhu- 
barbe comestible. 

Et.  —  B.  L.  Cardo,  instrument  à  carder,  de  car- 
duus,  chardon. 

Carbiclion  (à)  (Z.  156).  —  A  califourchon. 
Il  By.  —  A  carbilleau,  à  cheval,  les  jambes 
écartées.  «  I  m'a  fait  la  courboisselle  et  je 
m'sé  mis  à  carboilleau  su  le  mur.  — ^  Il  a  les 
pattes  fortes  et  va  à  carboilleau. 

Carbilleau.  —  ^'.  Carbichon. 

Carbillette  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  A  la  carbillette,  à  califourchon,  les  jambes 
écartées. 

Et.  —  Ce  mot  a  la  même  rac.  que  h' Ecarbiller, 
s'Ecarfillonrwr,    Carfignoii,   etc. 

Carcan  (xMj.,  Lg.,  Fu.,  Lé.,  Ag.,  Lue.).  — 
Rosse,  au  propre  et  au  fig.;  haridelle.  Syn.  de 
Carabi,  Canasson,  Haquin,  Boqueton,  etc.  V. 
Carabi. 

Et.  —  Aha.  Querca  ;  scand.  querk,  cou,  gosier. 
(LiTT.)  —  Explique  le  sens  de  :  collier  servant  à 
attacher  les  criminels  au  pilori  ;  ainsi,  collier  vient 
de  col.  Le  sens  de  :  rosse  en  viendrait  en  partie,  et 
aussi  de  ses  rapports  avec  carca  (carcasse,  corps 
d'animal,  charogne).  —  «  Un  carca  d'oie  est  fort 
bonne  chose  en  rillons.  »  (Jaub.) 

Carcaumille  (By.),  s.  f.  —  Bluet.  Quelle 
manie  elles  ont  de  forcer  leur  linge  en  bleu  ! 
c'est  comme  de  la  carcaumille.  —  Bluet  des 
champs,  qui  pousse  en  abondance  dans  les 
blés  avec  la  rniellée  (nielle). 

Carcliignard,  s.  m.  —  Homme  d'un  carac- 
tère diflicile,  réchin,  rechigneux.  (Mén.).  — 
Cf.  Cachignard. 

Et.  —  Rechigner  ;  re  +  kinan,  german.,  faire  la 
grimace  pour  une  chose  à  laquelle  on  a  peine  à  se 
décider.  (Darm.)  —  Et  enfin,  préf.  Ca,  péjorat. 

Çarcle  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Cercle. 

Çarcler(By.,Mj.),v.a.--Garnir  de  cercles  une 
cuve,  une  busse.  —  Et  l'on  dit  Sercler,  pour 


166 


'  ÇARGLIER  —  CARNE 


Sarcler  eine  planche  de  chicorée  ou  de  choux 
diacres  (d'York). 

Çarclier  (Fu.),  s.  m.  —  Les  çarcliers  de 
Saint-Rémy-en-Mauges.  —  Les  jeunes  gens 
de  Saint-Rémy-en-Mauges  sont  en  grand 
nombre  maçons  en  été  et  çarcliers  en  hiver, 
ç.-à-d.  ouvriers  en  cercles,  parce  que  les 
coteaux  de  l'Evre  sont  plantés  de  châtai- 
gneraies quand  la  pente  du  terrain  empêche 
la  culture. 

Çarcueil  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Cercueil. 

Carcul  (Mj.,  Bg.),  s.  m.  —  Calcul. 

Et.  —  Lat.  Calculus,  caillou  ;  on  comptait  par 
petits  cailloux. 

Carculer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Calculer. 

tarder  Mj.  etc.),  v.  a.  —  Carder  la  peau  à 
qqn.  lui  administrer  une  volée,  le  rosser. 

Et.  —  Peigner  avec  des  cardes  ;  carda,  chardon  ; 
tête  épineuse  de  la  cardère,  ou  chardon  à  foulon.  |1 
Poursuivre,  mordre,  tirailler.  Se  dit  surtout  des 
chiens  qui  se  battent  entre  eux  :  «  Les  autres 
chiens  l'ont  cardé.  »  (Jaub.)  V.  Fougaler. 

Care,  s.  m.  —  Repos.  V.  Couarer,  et  Cail. 

Carême  (feu  de)  (Mj.),  s.  m.  —  Maigre  feu. 

Caresse  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Caresse.  Cf. 
Cârosse.  :|  By.  —  a  bref. 

Caresser  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Caresser.  Cf. 
Amouracher,  Anis,  Calice.  \  By.  —  a  bref. 

Carf,  ('arîiiil,  t'arimounie,  etc.  |  A  pour  e 
—  Le  çarf  est  le  cerf- volant,  insecte.  \'.  Can- 
çarf.  Il  Fu.  —  Cerf. 

Carfignon,  Carfillon  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  — 
Bancroche.  Qui  a  les  jambes  ou  les  pattes 
tortes  ou  écartées  (Cf.  Carbillette)  et  infléchies 
en  dehors. 

Carfignonner.-llonner  (Mj.),  v.  n.  —  ^Mar- 
cher  comme  qqn.  qui  est  carfignon.  On  dit 
surtout  :  Aller  en  carfillonnant. 

Cargnau  de  pain.  —  Syn.  de  Caleau,  Calot. 

Cargne  (Sp.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Charogne, 
bête  crevée.  ||  Viande  de  mauvaise  qualité. 
Il  S'adresse  comme  interpellation  injurieuse 
aux  animaux  et  même  aux  personnes.  Syn. 
de  Querrée,  Quèquée,  Guégane,  Digane,  Digue. 

Et.  —  Charogne,  d'un  lat.  fictif  caronia,  dér.  de 
caro.  Cargne  en  est  la  contraction. 

Cargner,  v.  a.  —  Déraciner,  p.  ex.  des 
navets.  (Vr.) 

Et.  —  Est-ce  le  même  que  Carguer,  charger 
(carguer  les  voiles,  en  faire  une  charge,  un  paquet)? 
Peut-être  le  franc.  Cerner  =  creuser;  qui  a  donné 
Cerneau  Cf.  Carnote  =  fontaine. 

Cargnon  (Sp.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Gros 
morceau  de  pain  ou  de  viande.  Syn.  de 
Guergneau,  Calot,  Signe,  Bine,  Calibier, 
Pessée,  Baissée.  ||  Gros  fragment  de  pierre. 
Il  Amas  épais  et  concrète  de  mucus  nasal  ou 
pulmonaire.  Crachat  dégoiitant.  V.  Morvias. 
C'est  le  fr.  Quignon. 

Et^  -^  Peut  se  dériver  de  Cargne,  franc.  Carnei 


Mais  pourrait  tout  aussi  bien  être  pour  Guergnon, 
de  Guergne,  Grègne  ou  Grigne.  Cf.  le  syn.  Guergneau. 
Et.  —  Quignon,  altéré  de  Coignon,  coin.  —  Hist.  :  «  Le 
fils  du  fermier  aisé  tirant  du  pochet  un  superbe  et 
blanc  cngnon  de  pain  de  froment.  (La  Trad.,  p.  82.) 

Carillonnée  (Mj.),  s.  f.  —  Chaque  reprise 
d'un  carillon.  V.  au  Folk-Lore,  carillonne- 
ment, II.  Cf.,  pour  la  prononciation.  Caresse, 
Carotte. 

Carillonner  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  et  n.  — 
L'a  est  très  long. 

Carlingots  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Longrines 
assez  analogues  à  la  carlingue,  et  fixées  au 
nombre  de  deux,  parallèlement  à  celle-ci. 

Carlingue  (Mj.),  s.  f.  —  Solide  longrine 
fixée  sur  les  rabes  d'un  bateau  et  suivant  son 
axe,  pour  servir  de  support  au  pied  du  mât. 
N.  Maintenant  on  met  de  préférence  une 
conduite.  Le  mot  est  employé  en  fr.  dans  un 
sens  assez  voisin.  ||  By.  Les  râbles  d'un 
bateau. 

Carlit,  s.  m.  —  Bois  de  lit.  Fr.  Châlit.  Le 
sens  primitif  fut  :  lit  de  parade.    Cf.  Charlit. 

Et.  —  Catalectum  (chadalit,  chaaht,  châlit).  Mot 
hybride  ;  du  grec  kata  et  du  lat.  lectum,  lit.  Cf. 
Catafalque  et  Chafaud. 

Carmagnole  (Fu.),  s.  f.  —  Veste  courte. 
Syn.  de  Gilet-rond.  —  En  drap,  pour  les 
dimanches.  «  Prendre  sa  carmagnole,  se 
préparer  pour  aller  à  une  fête.  ||  By.  —  Car- 
moégnole,  veste  défraîchie,  usée.  V.  Bielle. 

Carmélite  (Sa.),  s.  m.  et  f.  —  Enfant 
trouvé,  pupille  de  l'Assistancs  publique. 
Ex.  :  Son  domestique,  c'est  un  carmélite. 

Et.  —  Ce  mot,  qui  commence  à  tomber  en 
désuétude,  est,  sans  nul  doute,  le  fr.  Carmélite, 
parce  que  les  religieuses  Carmélites  auront  été 
préposées  au  tour  de  l'hospice. 

Carmognole  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Carmagnole. 

Carnage  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Saccage. 
Ex.  :  Les  poules  en  ont  fait  d'ein  carnage  dans 
le  jardin  !  ||  Désordre,  pillage,  dégât.  Ex.  :  La 
grêle  en  a  fait  d'ein  carnage  dans  les  vignes  ! 
Il  Tapage,  tintamarre.  Syn.  de  Chahut, 
Barouffle,  Bous  in. 

Et.  —  B.  L.  Carnaticum,  tas  de  chair  ;  temps  où 
l'on  mange  de  la  chair  ;  de  là  le  sens  de  tuerie  et, 
par  ext.,  de  saccage  et  de  bruit. 

Carnassier  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  —  Avide, 
friand,  gourmand.  Ex.  :  Je  ne  se  pas  ben 
carnassier  de  lait.  —  La  légume,  j'en  se  pas 
ben  carnassier. 

Et.  —  Le  mot  fr.,  détourné  de  son  sens. 

Carnaval,  s.  m.  (Sp.,  Fu.).  —  Masque  du 
Mardi  gras.  ||  (Mj.)  Fig.  On  dit  d'une  vieille 
édentée  :  «  Son  nez  fait  carnaval  avec  son 
menton,  »  ||  By.  id.  Mais  :  un  carnavau,  des 
carnavaux,  masques. 

Et.  —  D.  C.  Carnelevamen,  temps  où  l'on 
enlève  l'usage  de  la  viande.  —  Par  extension. 

Carne  (By.),  s.  f.  —  Mauvaise  viande  servie 
à  manger.  «  Ça  I  c'est  pas  de  la  viande,  c'est 


CARNIGEOT  —  CARROI 


167 


de  la  carne  !  »  ||  Injure  :  Oh  !  la  vieille  carne  /» 
Il  By.  V.  Game. 

Carnigeot   (Sal.),    s.  m.    —  Petite  cache. 
^'.   Canigot. 

Carnigeotée  (Sal.),  s.  f.  —  Ce  que  contient 
un  carnigeot. 

Carnote  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Une  fontaine. 

Varnoux  (Sp.),  s.  m.  —  V.  Çarnure. 

f.  —  V.  Çarnure.  Syn.  de 


Eternue,      Ténue.      C'est 


Çarnue  (Mj.),  s. 
Çarnoux,  Nouée, 
l'Agrostis  blanche. 

Çarnure  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  graminée 
aux  tiges  grêles  et  rampantes,  prenant  racine 
à  tous  les  nœuds,  et  formant  des  touffes 
épaisses  à  peu  près  impossibles  à  détruire 
dans  les  terres  cultivées.  Syn.  de  Cernue, 
Cernoux,  Cernouille,   Tenue,  Eternue,  Nouée. 

Et.  —  Pour  Cernure,  du  fr.  Cerner,  parce  que 
cette  plante  vigoureuse  entoure  et  étouffe  les  autres 
végétaux  herbacés  ;  elle  les  cerne. 

Caroline  (Mj.),  s.  f.  —  Coronille,  plante 
d'ornement.  Corr.  du  fr.  Cf.  Victor,  Charlotte. 

Carotte  (Mj.,  By.).  —  Mensonge,  conte. 
Tirer  ou  pousser  une  carotte,  mentir.  Obtenir 
de  l'argent  de  qqii.  pour  une  raison  menson- 
gère. Il  Tlm.,  Lg.,  Fu.  —  Carotte,  a  très  long. 
—  Jouer  la  carotte,  tricher  au  jeu,  ou,  du 
moins,  employer  des  procédés  peu  réguliers. 
P.  ex.,  au  billard,  ne  pas  livrer  de  jeu. 

N.  —  «  . .  .Au  lieu  de  :  tirer  une  carotte,  l'italien 
dit  :  planter  ou  ficher  des  carottes.  L'origine  de  cette 
façon  de  parler,  c'est  que,  dans  un  sol  meuble  et 
doux,  image  de  la  crédulité,  la  carotte  acquiert  un 
développement  admirable  ;  l'expression  italienne 
s'arrête  à  l'intention  de  :  semeur  de  carottes  ;  le  fr. 
considère  le  procédé  qui  les  récolte.  »  (Génin, 
Récréât.,  i,  319.)  —  D'autre  part,  la  carotte  étant 
considérée  comme  chose  de  peu  de  prix,  vivre  de 
carottes  =  vivre  mesquinement  :  jouer  la  carotte  = 
jouer  chichement,  en  ne  hasardant  que  le  moins 
possible.  (LiTT.) 

Carotter  (Mj.,  By.),  v.  a.  — 
Ex.  :  11  m'a  carotté  cent  sous, 
jouer  serré  au  jeu.  V.  Carotte 

Carottier   (Mj.,   By.),   s.   m. 
carotte  ;  menteur,  tricheur, 
et  s.  Syn.  de  Menteux. 

Carpâiller  (Sp.,  Mj.,  Fu.),  v.  n.  —  Crever, 
mourir.  [|  By.  et  Kerpâiller.  Syn.  Claquer. 

Et.  —  Pour  crepâiller,  dér.  du  lat.  Crepare,  qui 
a  donné  le  fr.  Crever,  avec  le  suff.  péjor.  ailler.  — 
Je  proposerais  aussi  :  Tourner  de  l'œil  comme  une 
carpe  sortie  de  l'eau.  —  Carpaille  (Jaub.),  petitesse 
ou  mauvaise  qualité  de  la  carpe. 

Carpéiole  (Mj.),  s.  f.  —  Cabriole  qui  consiste 
à  faire  un  tour  complet  sur  soi-même  en  s'ap- 
puyant  la  tête  sur  le  sol,  culbute.  On  dit  : 
Faire  la  carpéiole.  V.  Capériole,  Capriole. 

Et.  —  Par  métath.  pour  Capriole.   fr.  Cabriole. 

Carpiau,  s.  m.  —  Petite  carpe,  ou  carpe  de 
mauvaise    qualité. 

Hist.  —   «  Nus  (nul)  poissonnier  ne  autre  ne 
,  puet    ne    ne    doit    vendre    barbiaus,    tenchiaus, 


Chiper,  voler. 
Il  Tricher,  ou 

Celui   qui 
(Mj.).  Adj.  q. 


cuerpiaus  et  anguillestes,  des  quex  les  quatre  ne 
valent  un  denier  au  moins.  (Livre  des  Métiers.) 

Carrage  (Lg.),  s.  m.  —  Mise  au  jeu,  enjeu, 
valeur  de  la  fiche.  Ex.  :  Avec  ein  carrage  d'in 
sou  on  peut  bé  perdre  dix  francs  dans  sa 
soirée.  V.  Se  carrer. 

Carrayeur,-eux  (Lg.),  s.  m.  —  Carrier. 
Syn.  de  Perrayeur.  V.  Carreyer.  —  Ou  Car- 
reyeur. 

Carrée,  s.  f.  (Lg.,  Mj.,  Fu.,  By.).  —  Balda- 
quin ;  ciel  de  lit  de  forme  rectangulaire  ;  par 
ext.,  ciel  de  lit  de  forme  qcque.  ||  (Mj.)  Place 
où  l'on  fait  le  feu  dans  la  cabane  d'un  bateau 
de  marinier  ;  par  ext.,  la  cabane  elle-même. 
i|  Espèce  d'ardoise  ;  carrée  fine,  c.  forte.  ||  Sar. 
—  Espèce  de  petite  place  devant  la  porte  des 
caves.  Il  Fu.  —  Terme  d'argot.  La  carrée,  la 
chambre  à  coucher.  ||  Lg.  —  La  maison,  le 
home.  Ex.  :  Chez  mon  père  j'étiomes  sept-z- 
enfants  ;  point  de  travail  ;  il  ne  faisait  pas 
toujours    bon    à   la    carrée.     Syn.    Câilleau. 

Carrefour  (Sp.).  —  Fig.s.  m.  La  région  péri- 
néale.  On  dit  aussi  :  le  carrefour  Briton.  Syn. 
de  Califourche,  Califourchette. 

Et.  —  On  disait  autrefois  :  carrefous  de  chemin, 
de  quatre  fourcs  (quadrifurcus),  c.-à-d.  quatre 
embranchements.  L.  C. 

Carreleur  en  cuir.  —  Vx.  fr.  —  Savetier. 
V.   Recarreler,  Recarrelage,  R^carrelure. 

Hist.  —  1701,  22  juin.  —  Sépulture  de  Pierre 
Foucault,  «  maître  carreleur  en  cuir,  de  la  paroisse 
de  la  Trinité  d'Angers,  ayant  été  mordu  d'un  chien 
enragé,  et  pour  cest  effet  alloit  veoir  la  mer.  » 
{Inv.  Arch.n.  E,  S.  345,1.) 

Carrer  (se)  (Lg.),  v.  réf.  —  Faire  une  mise, 
augmenter  l'enjeu,  à  certains  jeux  de  cartes, 
spécialement  à  la  belle.  Ex.  :  Je  me  carre  de 
deux  sous. 

Carreyer  (My.),  v.  a.  —  Jeter  des  pierres. 
Cf.  Garrocher  (Mén.). 

Et.  —  Il  y  a  le  celt.  Cair  =  pierre.  Lat.  Qua- 
draria,  carrière  ;  quadratarius,  tailleur  de  pierres, 
il  leur  donne  une  forme  carrée. 

Carribot  (My.),  s.  m.  —  Parcelle  de  terrain. 
Dimin.  du  fr.  Carré.  Syn.  de  Morcillon. 

Carriboton  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  carré, 
petit  morceau  de  terrain. 

Carrie  (Lg.,  Sp.),  s.  f.  —  Châssis  formant 
l'encadrement  d'une  porte  ;  dormant. 

Carroi,  Carroil  (Pron.  kà-roueil.)  (Lg.,  Tlm., 
Sp.).  —  Carrefour.  ||  A  Mj.  Cour  de  ferme, 
syn.  de  Rue.  \\  Fu.  —  Non  propre  de  ferme. 

Et.  Hist.  et  Notes.  —  Du  lat.  Quadraticulum. 
dim.  de  Quadratum.  Aux  environs  de  Saumur 
(Distré),  lorsque  plusieurs  personnes,  par  une  belle 
soirée  d'été,  sont  réunies  pour  prendre  le  frais  dans 
un"carrefour,  on  dit  qu'elles  sont  on  Carroi  (pron. 
càroué).  Ceci  semble  indiq\ier  que  le  mot  Carroil 
est  l'origine  du  mot  Guérouéc,(\n\  n'en  serait  qu'une 
corruption.  (?)  L'orthogr.  priniit.  est  Quarroi. 
.En  haste  s'en  alloit 

Par  maint  carroy,  par  maint  canton  et  place. 

(Marot.) 
Comme   les   marchés   se    tiennent   sur   les   places 


168 


CARROSSE  —  CASENNES 


publiques,  ou  carois,  on  a  dit  :  jour  de  carroues, 
pour  :  jour  de  marché.  —  «  Item,  ung  hostel  assis 
à  Mehun  au  Carroy  aux  Barbiers  (1458).  »  — C'est 
le  pavé  du  Roy.  —  «  Que  nulz. . .  ne  soit  si  hardiz 
de  mettre  ou  "faire  mettre  fuerre,  fienz. . .  sur  les 
Carreaux  du  Roy.  »  (L.  C.)  —  Du  Caxge  explique 
Quarroy  par  :  Via  carraria,  seu  publica  (Route  où  il 
passe  des  charrettes.  —  Quarrum).  —  Nous  ne 
partageons  pas  son  avis,  malgré  l'exemple  •  «  Le 
suppliant  estant  seul  soubz  un  arbre  en  la  place,  ou 
Querroy  de  Saint-Ligier. . .  (1416)  —  «  Et  a  esté 
enterré. . .  sur  le  bord  de  la  petite  prée,  auprès  d'un 
petit  carroir.  vis-à-vis  le  chemin  qui  conduit  aux 
Croisettes.  (1696.)  Im:  Ardu,  p.  282,  col.  1,  E,  in. 
—  «  Sépulture  d'un  enfant  de  12  ans,  dévoré  par  la 
bête  féroce  à  l'entrée  des  bois  d'Aigrefoin,  sur  le 
chemin  qui  conduit  d'Angers  à  un  petit  carroir 
(1697).  Inv.  Arch.,  E,  m,  p.  282,  col.  1.  —  «  On 
quel  temps  les  fouassiers  de  Lerne  passoient  le 
grand  carroy,  menant  dix  ou  douze  charges  de 
fouaces  à  la  ville.  »  (Rab.,  G.,  i,  2.5,  51.)  —  «  Il  y  a 
plusieurs  places  publiques  :  le  Pilori,  la  Place- 
Neuve  et  le  quarroi  de  la  Turcie.  »  (Descript.  de  la 
ville  d'Angers,  par  Barth.  Roger,  xvrP  s.  —  A.  h., 
I,  100,  24.)  —  «  Comme  ils  s'en  retournoient,  le 
médecin  gaussa  sa  femme,  et  ainsi  qu'ils  furent  en 
un  carroi,  où  il  y  a  de  grands  arbres,  il  lui  dit  :  . . .  >■ 
(B.  DE  Verville,  Moy.  de  parc,  m,  2.)  —  Add.  — 
Au  Lg.  on  pron.  carroué,  et  l'on  dit  aussi  :  Carroui. 

Carrosse,  s.  m.  (Craon.)  —  Caisse  en  bois 
dans  laquelle  les  lessiveuses  se  mettent  à 
genoux  pour  ne  pas  se  mouiller. 

Carroui  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Carroi. 

Carroux  (faire).  —  «  On  trinqua  l'un  à 
l'autre,  on  fit  carroux.  (B.  de  Verv.,  M.  de  p. 
I,  34.).  Comme  carroi,  place  publique  où  se 
tiennent  les  marchés  et  où  l'on  boit  pour 
conclure  les  affaires. 

Çartain  (Mj.,  Fu.,  By.),  adj.  q.  —  Certain. 
On  dit  :  sur  et  çartain. 

Çartainement  que  (Mj.,  By.,  Fu.).  —  Loc. 
conj.  Il  est  certain  que. 

Carte  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Perdre  la  carte,  p. 
la  tête,  la  tramontane,  la  boussole,  devenir 
fou,  comme  un  navigateur  qui  ne  s'y  recon- 
naît plus  sur  la  carte.  ||  Carte  ou  Quarte?  — 
Période  ou  série  (Lue).  Une  carte  de  beau 
temps.  —  Lat.  Charta,  papier. 

Cartelette  (Tr.),  s.  f.  ^  Le  plus  petit  modèle 
d'ardoise  marchande.  —  Devrait  s'écrire  : 
Qunrielette,  le  quart  d'un  modèle  plus  grand. 

Cartelle  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  sing.  —  Les  cotylédons  d'une  plante. 
Il  Sel.  Une  des  joues  triangulaires  de  l'avant 
du  bordage  d'un  bateau  à  lei^ée.  —  Quartelle? 
Il  Lg.  —  Une  des  moitiés  de  l'amande  d'une 
noix.  Il  Fu.  —  Morceau  de  fruit,  d'amande, 
d'orange.  Syn.  de  Quartier,  Cuisse,  Quesse. 
V.  Jaub.  à  Carquille. 

Carteron  (Tlm.),  s.  m.  —  Baguette  trans- 
versale la  plus  éloignée  du  rouleau  qui  porte 
les  fils  de  chaîne  et  de  part  et  d'autre  de 
laquelle  ceux-ci  passent  alternativement  par 
paires  (Lang.  des  tisserands.) 

Çartificat  (Mj-,   Fu.),  s.   m.   —  Certificat. 


Çartificat  de  bonne  conduite,  maladie  d'... ava- 
rié, ou  accident  consécutif. 

Çartificr  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Çariifier 
comme  par  le  quel,  çariifier  comme  quoi  — 
N.  C'est  la  formule  consacrée,  officielle,  sté- 
réotypée. —  Ex.  :  Tu  vas  me  donner  un  écrit 
comme  par  lequel  tu  çartifies  me  devoir  cent 
écus. 

Cartouffe,  s.  f.  —  Pomme  de  terre.  Ex.  : 
Elle  va  quant  é  li,  là  loin,  dans  le  champ  aux 
cartouffes.  —  Souvenir  de  l'invasion  de  1815. 
De  l'ail.  Kartoffel,  plur.  eln.  (Ag.) 

Çarveau,  Çarvelle  (Mj.,  Fu.,  By.).  —  Pour  : 
cerveau,  cervelle.  On  dit  :  Estropié  de  çar- 
velle,  niais,  imbécile. 

Cas,  s.  m.  Il  Auv.  —  Importance.  S'emploie 
en  ce  sens  dans  la  loc.  :  C'est  guère  de  cas, 
c'est  peu  de  chose,  c'est  de  peu  d'importance. 
Il  Mj.  Possibilité.  S'emploie  en  ce  sens  dans  les 
locut.  :  Eter'  en  le  cas,  éter'  pas  en  le  cas,  être 
capable  ou  incapable.  On  dit  même  alors  : 
p'en  le  cas  (Z.  142.)  Il  est  p'en  le  cas  de  le 
faire.  ||  Lue.  —  C'est  peu  de  cas,  peu  de  chose. 
Il  Question.  —  De  quoi  est-y  cas  ?  qu'allons- 
nous  faire?  —  Ce  qui  était  cas,  ce  de  quoi  il 
s'agissait.  — V.  Penlecas,  Pas-cas.  i|(Mj.)  Trou 
placé  à  la  partie  latérale  et  inférieure  d'une 
panne,  pour  faire  écouler  le  lessif.  Syn.  de 
Bouclet,  Bourdouneau.  Dans  ce  dernier  sens, 
c'est  le  vx.  fr.  Cas,  qui  désignait  les  organes 
génitaux  urinaires,  surtout  chez  la  femme. 
V.  Brantôme,  Vies  des  Dames  Galantes,  dise. 
II,  p.  179.  Il  Xe  pas  faire  cas  de  soi,  ne  plus 
s'occuper  de  sa  personne  ni  de  ses  affaires,  en 
parlant  d'un  malade  que  le  mal  affaisse. 

Casaque  (Mj.),  s.  f.  —  A  très  long.  Tourner 
casaque,  tourner  les  talons,  s'enfuir,  détaler, 
déguerpir.  On  voit  que  cette  expression  n'a 
pas  toul  à  fait  le  même  sens  qu'en  fr.  ||  By.  — 
A  bref. 

Et.  ^  B.  L.  Casula,  signifie  à  la  fois  petite  case 
et  vêtement.  L'idée  d'abri,  de  protection,  relie  les 
deux  acceptions.  (Schel.) 

Casarnc  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Caserne. 

Casarner  (Mj.),  v.  a.  —  Caserner.  |!  Ren- 
fermer, isoler.  Ex.  :  Il  s'est  casarné  chez  lui, 
on  ne  le  voit  plus.  ||  Mj.,  v.  réf.,  même  sens. 
Syn.  de  se  Casemater,  se  calfeutrer. 

Casavet'   (Mj.),  s.   m.  —  Petit  casaquin. 

Il  By.  Casavet".  ||  Sal.  —  Id.  —  Sorte  de  taille 
dont  les  plis  tombent  sur  les  hanches  et  par- 
dessus laquelle  on  lie  le  devanteau. 

Et.  —  Ce  mot  est  probablement  pour  Casaquet, 
dimin.  du  fr.  Casaque.  Il  est  à  noter  que  la  langue 
russe  nous  l'a  emprunté,  en  y  adjoignant  la  terrain, 
ka.  Casaquin,  en  russe,  c'est  Katsaveika. 

Casemater  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Rentrer  à  la 
maison,  s'y  renfermer.  Syn.  de  se  Casarner. 

Casennes  (Chm.),  s.  f.  pi.  —  Nattes,  tresses 
faites  à  la  queue  des  chevaux,  cadènes,  cade- 
nettes,  catenée.  Syn.  et  d.  de  Gazenne.  \\  By. 
—  Gazennes,  et  Gazenner,  mettre  en  gazennes. 

Et.  —  Cadenette,  même  sens.  «  Honoré  d'AIbret^ 


GASQUER  —  CASSER 


169 


seigneur  de  Cadenet  (sous  Louis  XIII),  très  recom- 
mandé par  cette  tresse  de  cheveux,  dite  alors 
moustache,  lui  donna  son  nom.  »  (Littré.)  —  J'y 
aurais  vu,  moi,  le  lat.  Catena,  chaîne,  —  tresse. 

Casqiier  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Payer,  finan- 
cer, verser  de  l'argent,  s'exécuter.  Cf.  Angl. 
Cash,  argent  comptant. 

Et.  —  Delvau  demande  si  ce  mot  rappelle  le 
casque  de  Bélisaire  ! 

Casquette,  s.  f.  (Sp.).  —  Eter'  casquette, 
avoir  la  tête  un  peu  fêlée,  être  légèrement 
pris  de  boisson. 

Et.  —  De  casque.  S'en  donner  dans  le  casque, 
c.-à-d.  dans  la  tête.  —  Cf.  Avoir  son  plumet.  — 
M.  le  marquis  de  V...  me  rappelait  qu'un  plai- 
sant avait  proposé,  pour  l'étymol.  de  casque  : 
ca(pitis)s(alus)qu(otidiana).  C'est  bien  joli  ! 

Casse  1  (Mj.,  Fu.).  —  Vase  de  terre  plat,  de 
forme  rectangulaire,  pour  faire  cuire  au  four 
gigots,  volailles,  gibier  ou  fruits.  ||  Lg.  Casse, 
câssiau,  câssereau,  avec  â  long,  s.  m.  Frag- 
ment de  poterie  brisée.  Syn.  de  Têgot. 

Et.  Hist.  —  B.  L.  Gaza,  cazia,  cazeola,  catiola,  de 
l'aha.  chezi  ;  ail.  mod.  Kessel,  chaudron.  (Litt.)  — 
Le  provenç.  cassa  suppose  *  cattia,  même  rac.  que 
catinum,  plat.  (Cf.  CasseroUe.)  (Darm.)  —  «  Caisse, 
coffre  ;  puis,  sorte  de  caisse,  comme  une  poêle  ou 
poêlon,  et  l'on  a  nommé  casse  une  sorte  de  poêlon  à 
longue  queue  servant  à  puiser  l'eau  dans  l'Anjou  ; 
lèche-frite.  Cf.  Godet.  (L.  C.)  —  P.-ê.  contraction 
de  coquasse,  cocasse,  ustensile  de  cuisine.  Le  pre- 
mier sens  est  :  coquille  ;  on  a  dit  :  «  cocasses  de 
limas.  »  (Rémy  Belleau.)  —  Au  sens  de  vase, 
Rab.  a  dit  :  «  Les  paëlles,  paëllons,  chauldrons, 
coquasses,  liche-frittes.  »  Peut-être  cet  ustensile 
avait-il  la  forme  d'une  coquille...  »  (L.  C.)  — 
«  Casse,  vase  plat  pour  recevoir  le  jus  des  viandes 
qu'on  fait  rôtir,  lèchefrite.  »  —  Trou  plein  d'eau 
sale  ou  de  vase.  —  La  casse  à  fian  est  le  trou  du 
fumier.  Dans  le  dernier  sens  on  dit  aussi  cassouil. . . 
En  lat.  cassus,  creux,  vide  ;  cassa  nux,  noix  vide. 
(Plaute.).  . . 

«  Olles,  cnauderons,  casses  de  cuivre. 
(Texte  du  xv«  s.  D.  C.  —  Citât,  de  Guill.) 

—  tt  Agamemnon   étoit  liche-casse.    »   (Rab.,   P.) 

—  «  En  ceste  isle  seule  naissent  ces  belles  poires. .. 
Si  on  les  cuisoit  en  casserons  par  quartiers,  avec  un 
peu  de  vin,  ce  seroit  viande  très  salubre.  »  (Rab., 
P.,  IV,  54,  450.)  —  «  Item,  unam  cassam  cupri  cum 
pedibus.  »  (D.  C.  1379.) 

Casse  ^  (Fu.,  By.,  Lrm.,  S^  P.,  Chm.,  etc.) 
(a  très  bref),  s.  f.  —  Boue,  saleté,  ordure. 
Petite  flaque  d'eau.  Ex.  :  Il  a  tombé  le  cul 
dans  la  casse. 

Et.  —  L'eau  d'une  mare  est  contenue  dans  une 
sorte  de  creux,  d'encaissement.  —  Ce  sens  se 
confond  avec  celui  de  Casse  '.  —  Et  ce  mot,  dont  le 
sens  implique  celui  d'humidité,  a  aussi  celui  de 
sécheresse.  LTne  terre  casse.  (Jaubert.)  —  Alors  il 
est  à  rapprocher  de  la  rac.  celtiq.  Cac  (Malvezin), 
presser,  fouler.  Dans  :  casse,  durci,  en  parlant  du 
bord  d'un  pain  qui  a  été  serré  au  four  par  un  autre 
pain  ;  et,  en  parlant  d'une  terre  piétinée,  foulée, 
mot  du  Centre  et  de  l'Ouest...  Cf.  Cas.ser  et 
Acasser  :  «  On  ne  doit  pas  marcher  sur  une  terre 
semée,  on  doit  éviter  de  l'acasser.  » 

Add.  —  C'est  un  dos  mots  les  plus  usuels,  surtout 
dans  le  Choletais.  Il  est  presque  inconnu  à  Mj. 

Cassé  (Sa.),  part.  pas.  —  Déchiré. 


Casse-boutons  (Sp.),  s.  m.  —  Bouvreuil. 
Syn.  de  Parse-à-grous-bec,  Pinson  boutonnier. 
Boutounier. 

Et.  —  Cet  oiseau  casse  les  boutons  des  arbres 
fruitiers,  surtout  des  pruniers. 
Boutounier. 

Casse-col.  s.  m.  —  S'  Jean.  —  Chéri  vul- 
garis,  végétant  sur  les  rochers,  les  vieux 
murs.  Pour  la  prendre  on  peut  se  casser  le 
cou.  (Je  cite  Ménière.) 

Casse-cou  (Mj.),  s.  m.  —  Jeu  de  colin- 
maillard.  Il  Persoir  à  casse-cou,  ancien  sys- 
tème de  pressoirs  à  levier,  dont  la  manœuvre 
était  fort  dangereuse.  V.  Coucher,  Jumelles, 
Mariée. 

N.  —  Le  jeu  est  ainsi  appelé  parce  qu'on  crie  : 
Casse-cou  à  celui  qui  a  les  yeux  bandés,  lorsqu'il 
s'avance  vers  un  endroit  dangereux.  S'il  saisit  un 
des  joueurs,  il  crie  aussi  :  Casse-cou.  On  lui  répond  : 
Sus  qui?  —  A  lui  de  trouver.  —  Syn.  Oueille- 
bandée.  Alouette  bandée,  Mapou,  Casse-croûte, 
Chapifou,  La  pou. 

Casse-croûte  (Lg.),  s.  m.  —  Colin-maillard. 
V.  Casse-cou,  pour  l'explic.  et  les  synon. 
Ajouter  :   Cousin-maillard. 

Cassée  ',  (Mj.).  s.  f.  —  Ce  que  peut  contenir 
une  casse.  Une  cassée  de  pommes  cuites  (Mgs, 
Fu.) 

Cassée  '.  —  La  terre  est  cassée  quand, 
après  une  forte  pluie,  elle  est  croûtée  par  la 
sécheresse.  V.  Casse  ^ 

Casse-gueule  (Lg.),  s.  m.  —  Travail  dan- 
gereux. 

Casse-pierre  (Mj.),  s.  m.  —  Iris,  plante.  V. 
Flambe. 

Et.  Hist.  —  Cette  plante  se  plaît  et  prospère 
dans  les  endroits  pierreux. 

Casser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Casser  la 
croûte,  manger,  prendre  son  repas.  ||  Casser 
le  verre  de  sa  montre,  tomber  sur  le  derrière. 
Il  En  casser,  abattre  de  la  besogne.  Ex.  :  11 
n'en  casse  guère.  ||  Casser  un  écu  sur  un 
marché,  le  diminuer.  ||  Casser,  faire  la 
monnaie.  J'ai  cassé  une  pièce  de  cent  sous 
(Fu.)  Il  Je  t'en  casse  !  exclamation  qui 
marque  l'incrédulité.  ||  Casser  le  cou  à  une 
bouteille,  la  boire  gaillardement.  Cette  locut. 
provient  sans  doute  de  ce  que,  le  tire-bouchon 
manquant,  on  fait  sauter  le  goulot  en  le 
frappant  d'un  coup  sec,  de  bas  en  haut,  avec 
un  corps  dur.  ||  Lue.  «  C'est  ainsi  qu'il  y  a  des 
gens  qui  croient  qu'on  n'a  pas  le  droit  de 
casser  le  blé  (2«  partie,  note  de  la  page  74.) 
V.  F.  Lore,  ii.  i|  Un  enfant  casse  son  pan- 
talon, il  le  déchire.  ||  On  dit  :  la  cassure  de 
Juigné,  pour  désigner  un  endroit  sous  les 
fondations  d'un  ancien  pont  qu'on  attribue 
aux  Romains,  sur  les  bords  de  la  Loire. 
(MÉN.)  Il  Mj.  Casser  sa  pipe,  mourir.  Syn.  de 
Tourner  de  l'oeil.  Avaler  sa  langue.  ||  Lg. 
Casser  les  bûchettes,  se  trouver  en  tiers  dans 
la  compagnie  de  deux  amoureux.  N.  En  cette 
gênante  occurrence,  on  n'a  guère  d'autre  res- 
source, pour  dissimuler  son  embarras,  que  de 


170 


CASSIF  —  CASTROLE 


briser  en  menus  morceaux  des  brindilles  de 
bois  qui  n'en  peuvent  mais.  ||  Lg.  Casser  les 
pots.  V.  Pot. 

Hist.  —  Au  sens  de  :  manger.  «  Casser  une  croûte, 
parce  que  ce  verbe  signifie  :  briser,  et  qu'en  man- 
geant on  brise  les  morceaux  avec  les  dents.  «  Oui- 
dà,  dit-il,  messieurs,  je  le  ferai,  mais  que  (dès  que) 
j'aye  disné,  et  cassait  toujours.  »  (Des  Perriers, 
Conte,  105.  —  L.  C.)  —  By.  —  Mais  que,  —  dès  que. 
Très  usité. 

Cassif,  ive  (Mj.),  adj.  q.  —  Boueux,  maré- 
cageux. Casse  K  Ex.  :  Eine  terre  cassive,  trop 
humide.  Syn.  de  Cassoux. 

Et.  —  Dér.  de  Casse  i,  qui  ne  s'emploie  pas  à  Mj., 
mais  qui  est  d'usage  courant  à  Sp. 

Cassiier  (Mj.),  s.  m.  —  Arbuste  qui  produit 
le   cassis. 

Cassine  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Petite  maison, 
cahute.  Xe  se  dit  qu'en  mauvaise  part  et 
ironiquement.  Syn.  de  Cambuse,  Turne. 

Et.  Hist.  — ■  B.  L.  Cassina,  de  cassa,  pour  : 
casa.  L'ital.  a  Casino. 

«  Or,  voilà  le  trésor  de  ma  pauvre  cassine.   » 
(R.  Belleau,  Bergeries.' 

—  «  Et  ces  braves  palais,  dont  le  temps  s'est  fait 

(maistre, 
Cassines  de  pasteurs  ont  été  quelquefois. 

J.  DU  Bellay,  Antiq.  de  Rome,  p.  244. 

—  «  Par  les  colombiers  de  leurs  cassines.  »  (Rab., 
P.,  IV,  3,  361.)  —  «  Et  là  trouvai  les  plus  beaux 
lieux  du  monde,  belles  galeries. . .  et  une  infinité  de 
cassines  à  la  mode  italique.  »  (Rab.) 

Cassis  '  (Mj.,  Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Caniveau, 
petit  canal  pavé  pour  Técoulement  des  eaux. 

—  Terme  de  Ponts-et-Ghaussées. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Casser,  parce  que  le  profil  trans- 
versal a  la  forme  d'une  ligne  brisée,  d'un  V  très 
ouvert.  —  Darm.  l'explique  par  :  petit  ruisseau 
empierré...  De  :  casser,  proprement,  ruisseau  de 
pierres  cassées.  Cf.  Cailloutis,  de  Caillouter.  |!  Je  lis 
dans  le  journal  Le  Temps,  mercredi  19  septembre 
1906,  Causeries  scientifiques,  de  Max  de  Nan- 
souTY,  4«  colonne  :  Ce  nom  vient  «  des  départe- 
ments des  Bouches-du-Rhône  et  du  Var,  où  on  en 
fit  tout  d'abord  avec  des  pierres  dures  dites  «  pierres 
de  Cassis  »,  du  nom  de  la  localité  où  on  les  exploite.  » 

Cassis  '  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Débris  de  chaux 
cassée,  détachée  à  coups  de  marteau  de  la 
surface  des  cruaux.  Ce  sont  des  femmes  qui 
font  ce  travail  dans  la  gueule  des  fourneaux, 
moyennant  trois  sous  par  hectolitre  de 
cassis.  Elles  peuvent  gagner  1  fr.  50  par  jour. 

Cassis  •■>  (By.),  s.  m.  —  Chose  brisée. 

Casson  (Lue).  —  Morceau  de  sucre.  On  dit 
aussi  :  pierre  de  sucre,  et  les  Angevins  sont 
fortement  raillés  d'employer  cette  expression. 
Il  Débris  de  poterie,  tesson. 

Et.  Hist.  —  «  Pain  informe  de  sucre  fin,  sucre  en 
cassons,  pour  :  caissons  :  du  caisson  où  on  ie  met. 
(LiTT.)  D'où  Cassonnade.  —  Cependant,  le  sens 
semblerait  se  rapporter  à  casser,  comme  l'explique 
Darm.  :  Sucre  brut  brisé  grossièrement.  —  Motte  : 
«  Le  suppliant  getta  un  casson  de  terre  ou  pierre  à 
icellui  Micheu.  »  (L.  C.) 

Cassoux  (Lg.,  Tlm.,  Fu.,  Mg.,  Lrm.),  adj.  q, 

—  Boueux,  bourbeux.  Syn.  de  Cassif. 


Et.  —  De  Casse  -.  —  Chemin  où  il  y  a  des  casses 
d'eau,  trous  où  l'eau  séjourne.  Vx  fr.  Cassard. 
«  Des  poissons. . .  qui  se  sont  engendrés  dedans  cer- 
tains cassards  ou  réceptacles  d'eau.  «  (B.  Palissy, 
Disc,  admir.,  p.  337.  —  Cité  par  GtriLL.) 

Cassure,  s.  f.  —  Rupture  d'une  levée.  Syn. 
de  Rompure. 

Hist.  —  «  En  ceste  année  1.595  a  esté  reprinse  la 
cassure  d'entre  les  Ponts-de-Cé  et  le  bourg  de 
Juigné  :  et  estoit  icelle  cassure  telle  et  sy  grande 
que  beaucoup  du  fleuve  et  rivière  de  Loyre  tom- 
boit  et  descendoit  dans  le  Loiret  ou  Louet. . .  » 
{Inv.  Arck.,  t.  II,  E,  S,  282,  1.)  —  1636,  8  sep- 
tembre, ^'épulture  de  Clément  Delaunay,  «  qui 
estoit  tombé  dans  l'eau  à  la  casseure  de  Juigné  »j 
{Id.  —  ibid.,  262,  1.) 

Castapia  (Mj.),  s.  f.  —  Blénorrhée,   syphilis. 

Castaut,  ou-faud  (Mj.,  Ag.,  Fu.),  s.  m.  — 
Un  rustre,  un  péteux  ;  paysan.  Syn.  de 
Dâbre,  Chasse-pie,  Cope-choux,  Vire-bouse, 
Pic,  Pampre,  Pitois. 

N.  —  C'est  le  nom  que,  par  dérision,  les  mari- 
niers donnent  aux  paysans  qui,  en  revanche,  les 
appellent  :  mariniasses,  traîne-bâtons,  péteux,  selon 
le  grade.  «  Donne-m'en,  je  t'en  donnerai.  » 

Caste,  s.  f.  (Chg.).  —  Pour  :  Casse,  d'eau. 

Castille  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Fruit  du 
groseillier  à  grappes.  V.  Guermoiselle.  Le 
mot  :  groseille  est  réservé  au  fruit  du  gr.  à 
maquereau,  jj  Lue,  id,  et  aussi  :  dispute. 

Et.  —  Incert.  —  Le  Breton  a  Castilez,  même 
sens.  Le  Goxidec  pense  qu'il  nous  vient  de  son 
pays  d'origine,  la  Castille. 

CastUlier  (casquilié)  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m. 
—  Groseiller  à  grappes.  V.  Castille. 

Castiner  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  S'agglomérer, 
s'agglutiner. 

Et.  —  Paraît  venir  de  Castine,  fondant  pierreux, 
pierre  calcaire  que  Ton  mélange  au  minerai  de  fer 
pour  en  faciliter  la  fusion.  Ail.  Kalkstein.  pierre  à 
chaux.  (LiTT.)  —  Hist.  :  «  Les  fourneaux  y  sont 
pour  fondre  la  mine  de  fer  avec  l'aide  d'une  matière 
appelée  Castine,  qui  est  :  terre  pierre.  (Guy 
Coquille.  —  Jaub.  )  —  Bernard  Palissy  emploie  : 
castille,  en  ce  sens. 

Castonade  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.),  s.  f.  — 
Cassonade.  V.  Casson.  Comme  on  dit  :  caste- 

roUe. 

N.  —  «  Le  grand  usage  est  pour  castonnade,  et 
non  pour  cassonnade,  qui  est  pourtant  le  véritable 
mot.  Je  dirois  donc  castonnade,  mais  sans  blâmer 
cassonnade.    >  (Ménage.  Observ.  sur  la  lang.  fr.) 

Castounade  (Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  Doublet  de 
Casiouiiade. 

Castreau  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  boîte  où 
vient  s'encastrer  le  pied  du  mât  d'un  bateau.] 

Et.  —  Probablement  pour  Cassereau,  dimin.  I 
rég.  de  Casse  '.  Cf.  le  v.  Encastrer,  qui  a  supplanté] 
le  vx  fr.  Enchastrer,  Enchâtrer.  —  P.-ê.  du  rad.  , 
germ.,  aha,  chasto,  am.  kasten,  caisse  ;  chaton  ; 
d'une  bague. 

Castrer  (Mj.,  Sa.,  Fu.),  v.  a.  —  Châtrer, 
Mot  de  la  langue  des  mégeilleurs. 

Et.  —  Doubl.  de  Châtrer  :  lat.  Castrare,  Castus. 
Casfrole  (Z.  149,  Fu.,   By.,  Mj.),  s.  f.  -^ 


CASUEL  —  CAUSE 


171 


Casserole.  De  casse  ^  N.  Le  russe  nous  a 
emprunté  ce  mot  fr.  sous  cette  forme  :  Kas- 
trioulia.  ||  Fig,  Chapeau  de  femme.  Se  dit 
ironiquement.  ||  By.  —  Id.  —  V.  Lucarne. 

Hist.  : 
«  Saumon,  turbot,  brochet,  alose,  truite  et  sole, 
«  Soient    frits    au    courbouillon,    en    ragoût,    en 

castrole.    » 
(QuiNAULT,  U  Amant  indiscret,  t.  II.  —  MÉN.) 

Câsuel,  le  (Li.,  Fu.,  By.,  Mj.),  adj.  q.  — 
Fragile,  qui  peut  être  cassé.  «  C'est  solide,  ça 
n'est  pas  câsuel.  —  Pat.  norm.  Susceptible, 
de  santé  délicate  :  Câsouel. 

Et.  —  Mauvaise  prononc.  et  erreur  de  format. 
Confusion  avec  Câsuel,  qui  dépend  des  cas  ;  droits 
casuels,  fortuits,  le  revenu  câsuel  opposé  au  droit 
fixe. 

Catacois  (Mj.),  s.  m.  —  Catogan,  queue  de 
cheveux,  comme  les  hommes  en  portaient  à 
la  fin  du  siècle  dernier  ;  cadenette. 

Catachrèse,  s.  f.  (Segr.).  —  Terme  d'injure. 
«  Oh  !  la  vieille  catachrèse  !  » 

Et.  —  Figure  de  rhétorique  prise  dans  le  sens 
d'injure,  à  cause  de  l'aspect  sauvage  du  nom. 

Cataplame,-ou-plâme,  ou-plasse  (Mj.,  By.), 
s.  m.  —  Pour  Cataplasme.  Syn.  de  Pâteau. 

Et.  —  Formé  régulièrement  par  la  chute  de  l's  et 
l'allongement  de  la  voyelle  précédente.  Cf.  Caté- 
chîme. 

Hist.  —  «  Lors  y  faudrait  appliquer  et  catapla- 
mer  l'onguent.  »  (Fouilloux.  —  L.  C.)  De  deux 
mots  grecs  :  appliquer  sur. 

Cateau  (Mj.),  s.  f.  —  Syn.  de  Catuche.  V 
Cathau. 

Et.  —  Fille  de  ferme  ou  d'auberge,  malpropre,  et 
souvent  de  mauvaise  vie  ;  dimin.  de  Catherine,  — 
devrait  s'écrire  Cathau.  —  Hist.  : 

«  Notre  cathau  toute  de  cœur 
Nous  suit  et 'porte  avec  bonheur 
Ces  fruits,  du  lait,  un  peu  de  fleurs.  » 

(Grande  Biblioth.  de  Noëls  angev.,  p.  91.) 

Catéchîme  (Mj.,  Lg.,  Ti.,  Fu.,  By.,  Jum.), 
s.  m.  —  Catéchisme.  Syn.  de  Caterchisse.  Cf. 
Cataplâme.  ||  Lg.  Les  catéchimes,  les  caté- 
chistes, les  enfants  du  catéchisme.  Syn.  de 
Catéchisse,  Caterchisse. 

Catéchisse  (Mj.),  s.  m.  —  Catéchisme.  Syn. 
de  Catéchime,  Caterchisse. 

Cateprome  (Lg.).  —  Interj.  L'enfant  s'en 
sert  au  jeu  pour  signifier  qu'il  entend  jouer 
le  premier.  Cf.  Catesègue,  Cadavant,  Codergne. 

Et.  —  Prome,  premier. 

Caterchisse  (Sp.),  s.  m.  —  Catéchisme.  V. 
Catéchime.  Syn.  de  Catéchisse. 

Catesègue  !  (Lg.).  Interj.  —  L'enfant  s'en 
sert  au  jeu  pour  signifier  qu'il  entend  jouer  le 
second.  Cf.  Cateprome,  Cadavant,  Codergne. 

Et.  —  Sègue,  second. 

Catliarreuse  (Do.).  —  Fille  catharreuse, 
disposée  à  la  débauche  (Mén.) 

Et.  —  Je  ne  vois  pas  le  rapport  et  il  faudrait 
catarrhouse. 


Cathau. 


V.  Cateau 


Catholique  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  —  Conve- 
nable, honnête,  loyal.  Syn.  de  Fiscal,  Fidèle, 
Solvable.  Ex.  :  «  Ça  n'est  pas  catholique,  ce 
que  vous  faites-là.  »  En  dehors  de  toute  idée 
religieuse. 

Catifaillons  (en)  (By.)  Loc.  adv.  —  En 
catimini,  sans  faire  de  bruit.  V.  F.  Lore. 
Veillée  du  Teillage,  V.  F.  Lore,  I,  et  chut-chut. 

Câtillier  (Mj.),  s.  m.  —  Lieu,  endroit, 
parage,  région.  Ex.  :  Ein  sale  câtillier.  \\ 
S'emploie  mieux  au  plur.  comme  nom  col- 
lectif désignant  la  campagne  en  général.  Ex.  : 
Courre  par  les  câtilliers,  battre  la  campagne. 
Il  Sal.  Broussailles.  Petits  objets  en  désordre. 

Catin  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  A  peu  près  inusité 
dans  le  sens  de  :  femme  de  mauvaise  vie.  V. 
Cateau,  Catuche,  Peau,  Pupute.  (Fu.,  By.)  || 
Poupée  d'enfant.  Ex.  :  Que  t'as  eine  belle 
catin,  ma  petite  fille  !  ||  Linge  qu'on  entor- 
tille autour  d'un  doigt  malade.  Syn.  de  Deyot. 

Et.  —  Abrév.  de  Catherine,  «  un  mot  charmant 
qui  est  devenu  souvent  une  injure  —  dans  l'argot 
du  peuple  qui  a  bien  le  droit  de  s'en  servir  après 
Voltaire,  Diderot  et  M'^^  de  Sévigné  elle-même.  — 
N.  Dans  le  pat.  normand,  Catin  est  une  forme 
hypocoristique  de  Catherine,  sans  nuance  dépré- 
ciative. 

Catine  (Mj.),  Prononcez  Caquine.  —  V. 
Observations  à  la  lettre  t,  et  Caquine. 

N.  —  Nique,  dans  Jaub.,  a  le  même  sens.  Il  le 
tire  de  Ctenes,  —  um,  dents  de  devant.  Catine  en 
viendrait:  (R.  O.)  —  J'en  doute.  (A.  V. 

Catiner  (By.),  v.  n.  —  S'amuser  à  la  catin, 
au  sens  de  poupée  ;  faire  des  poupées  avec  des 
guenilles. 

Catuche  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Catin  ;  prostituée. 
Syn.  de  Cateau,  Diane,  Poufiasse,  Pupute. 

Causant,  e  (Li.,  Br.,  Fu.,  Mj.),  adj.  q.  — 
Bavard.  Ex.  :  Aile  est  ben  causante,  elle  parle 
volontiers  à  tout  le  monde. 

Et.  —  Lat.  Causari,  faire  un  procès,  d'où  : 
disputer,  reprocher,  et  simplement  causer.  —  Se 
trouve  dans  M™"  de  Sévigné. 

Cause  (Mj.),  s.  m.  et  f.  —  Action  de  causer, 
causerie,  conversation.  Ex.  :  Je  ne  sais  pas  ce 
que  illy  avait,  mais  ils  étaient  d'ein  cause 
tous  deux  !  ||  Eter  d'ein  grand  cause,  aimer  à 
causer.  ||  s.  f.  Cause,  occasion,  origine. 
(Lisière  du  Maine,  By.)  On  dit  :  J'en  suis-t-y 
cause,  moue?  Prononcez  :  ca-ause.  ||  (Fu.,  etc.) 
A  cause  que,  loc.  conj.  parce  que.  On  l'em- 
ploie aussi  interrogativement  dans  le  sens  de 
Pourquoi?  Ex.  :  A  cause  que  tu  ne  veux  pas 
illy  venir?  ||  A  cause  ?  Loc.  adv.  interr.  «  Tu 
ne  veux  pas  illy  venir  !  A  cause  ?  Ellipse  pour  : 
à  cause  de  quoi?  —  Et  alors  on  répond  qqf. 
A  cause  de  pasque,  c.-à-d.  :  à  cause  de  parce 
que,  sans  s'expliquer  plus  clairement.  La 
réponse  complète  serait,  p.  ex.  :  parce  que  je 
ne  peux  pas.  ||  By.  —  On  dit  :  A  caôse  dé  kaé? 
—  Ben,  à  caôse  dé  pass'  que.  Ou  :  dé  que 
(nord  et  ouest  de  l'Anjou.) 

Hist.  —  Il  montoit  dessus  un  autre  cheval,  pour 


172 


CAUSER  —  CÉMETIËRE 


espargner  Bucephal,  à  cause  qu'il  estoit  desjà  un 
peu  vieil.  »  (Amyot,  Vie  d' Alex. -le-Gr.) 

Causer  (câouser),  v.  n.  —  Parler.  Ex.  :  I 
câouse  ben,  les  paroles  lui  tombent  du  bec 
com.  les  crottes  du  cul  d'une  bique.  ||  (Mj.) 
Emettre  des  paroles.  Ex.  :  Mon  queneau  com- 
mence à  causer.  «  —  «  Le  bonhomme  est  en 
enfance,  il  cause  tout  par  li  (tout  seul).  »  || 
Causer  à,  parler  à.  Ex.  :  Je  vas  illi  causer  ;  — 
a  m'a  causé.  \\  Causer  de,  parler  de.  Ex.  :  J'y 
ai  causé  de  ça  ;  je  vas  illi  en  causer  deux  mots. 
N.  A  Mj.,  au  Lg.,  Tlm.,  Sp.,  Sa.,  on  prononce  : 
côser.  Il  A  By.,  on  prononce  :  J'ai  affaire  à  y-i 
caôser. 

Cavaler  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Couvrir, 
grimper  sur  le  dos  des  autres  animaux.  Se  dit 
de  certains  bœufs  (V.  Chevalard).  des  vaches 
en  chaleur.  Syn.  de  Chevaler,  Chaucher.  \\  Mj., 
By.  —  V.  réf.  Se  cavaler,  s'en  aller,  escamper. 
Argot.  Syn.  de  a'Esbigner. 

Cave  (Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Local  où  travaille 
un  tisserand.  ||  Fu.  —  Caves,  ou  trous, 
endroits  profonds  de  la  rivière,  au  pied  de 
rochers  à  pic.  Cf.  Goure.  Se  dit  dans  toutes  les 
communes  riveraines  de  l'Evre. 

N.  —  Autrefois,  en  effet,  les  tisserands  travail- 
laient toujours  dans  des  locaux  à  demi-souterrains  ; 
aujourd'hui,  ils  travaillent  tous  dans  des  ateliers  de 
rez-de-chaussée,  de  plain-pied  avec  le  sol  ,ou  même 
un  peu  surélevés.  Ces  ateliers  sont  secs  et  bien 
éclairés  et  l'hygiène  de  la  profession  est  aussi 
bonne  que  celle  de  toute  autre.  Je  veux  noter  seu- 
lement qu'en  ce  pays,  où  le  vin  est  rare,  le  sens 
propre  du  mot  cave  est  celui  que  j'indique.  —  Lat. 
Cava,  creux.  Cf.  Concave. 

Cavée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une  cave. 
Ex.  :  Il  a  eine  belle  caçée  de  vin. 

Cavereau  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Caveau. 

Et.  et  Hist.  —  Dimin.  du  fr.  Cave.  Cette  forme 
est  régulière,  car  l'épenthèse  de  la  syll.  er  avant  la 
termin.  diminut.  eau  est  fréquente  en  français. 

—   «  Armoise  de  Lautrec  recluse 

Là  gist   dans   cy   cavearot  cluse.    »   L.   C. 
—   n  Pour  donner  jour  au  cavereau  ou  revestière  de 
l'église.  »  (XVI''  s.  —  Inv.  Arch.,  U,  I,  p.  4,  col.  2.)  — 
«  On  a  mis  son  corps  dans  un  petit  cavereau  devant 
la  porte  du  Chapitre.  »  1684.  —  Id,  S,  H,  4,  2.) 

Cavier  (Mj.),  adj.  q.  —  S'emploie  dans  : 
Moulin  cavier,  genre  de  moulin  à  vent  dont  la 
masse,  conique  et  presque  pleine,  livre  seule- 
ment passage  à  l'arbre  vertical.  Les  meules 
et  tout  le  mécanisme  sont  dans  une  chambre, 
au  ras  du  sol. 

Ça-y-est-y?  —  Est-ce  convenu?  (Fu.,  By.) 

Ce.  Pr.  dém.  —  Syn.  de  Quiou,  Quieu.  \\  Au 
Lg.  on  l'emploie  toujours  et  très  logiquement 
devant  le  relatif  :  que,  dans  la  loc.  Ne  savoir 
ce  que  faire,  ce  que  dire. 

Ce  (Mj.),  s.  m.  —  Cep,  souche  de  vigne.  || 
Fu.  Id.  V.  Cep. 

Céeilien  (Ag.),  s.  m.  —  Membre  de  la 
société  musicale  :  la  Sainte-Cécile. 

Hist.  —  M.  de  Romain,  cédant  aux  instances 
des  Céciliens,  accepta  la  présidence  d'honneur 
en  1888.  (Le  Petit  Courrier,  16  juill.,  1907,  2,  5.) 


Ceguë  (c'guë)  (Mj.),  s.  f.  —  Ciguë.  Cegue 
(xiiie  siècle)  ;  segue.  H  By.  —  De  la  z'guë,  ou 
de  l'ez'guë. 

Ceinturer,  v.  a.  (Mj.,  By.).  —  Entourer 
d'une  ceinture,  ceindre,  sangler. 

Célébrai  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Cérébral. 
Ex.  :  Aile  est  morte  d'eine  fièvre  célébrale.  — 
Cf.  Retière,  Rabourer. 

Céleément,  adv.  —  Sans  être  vu.  Syn.  de 
Cachémejit. 

Hist.  —  «  Lors  le  sénéchal  du  contr'  de  Hay- 
nault. . .  s'en  vint  droit  à  Mothays. . .  et  de  nuit  y 
arriva  si  céleément  qu'il  ne  fut  apperçu  d'aucun  qui 
le  congneut.  »  (J.  de  Bourd.,  Hist.  aggr..  ii,  52.) 
De  :  celer? 

Celer  (Sp.),  v.  réf.  —  Se  taire,  tenir  sa 
langue,  garder  ses  secrets.  Ex.  :  Il  n'est  pas 
capable  de  se  celer  :  faut  ne  illi  dire  que  ce 
qu'on  veut  pardre.  »  ||  v.  n.  Sp.,  Lg.  —  Etre 
étanche,  ne  pas  fuir.  Ex.  :  Mon  quart  à  bolfe 
ne  cèle  point. 

Celle  (By.),  s.  f.  —  Machine  à  roulettes, 
espèce  de  cage  dans  laquelle  on  place  un 
jeune  enfant  qui  ne  marche  pas  encore  seul, 
et  avec  le  secours  de  laquelle  il  peut  s'exercer 
à  former  ses  premiers  pas.  De  :  cella,  petit 
logement.  —  Origine  de  plusieurs  noms  de 
lieux.  (Jaub.).  —  On  devrait  écrire  :  selle.  A 
Mj.    Charte. 

Hist.  —   «  Mais  il  chut,  en  chéant  sur  elle 
De  deux  celles  le  cul  à  terre.  » 

Eust.  Desch.,  Poésies.  (L.  C.) 

Cellt-fin  (à)  (Mj.,  By.),  dans  l'intention  de. 

Hist.  —   «  n  s'en  vint  à  lui  tout  joyeulx, 
A  celle  fin  de  le  tromper, 
En  disant  :  Mon  voisin,  je  veulx 
Vous  donner  annuyt  à  souper.  » 

Villon,  La  Repue  de  Pelletier. 
Et  non  :  à  seule  fin.  Il  By.  Les  deux  se  disent. 
Cellérerie,  s.  f.  —  Lieu  ménagé  pour  con- 
tenir le  vin,  les  provisions. 

Et.  —  De  cellier,  cellarium.  —  Hist.  ;  «  Le  petit 
corps  de  logis  appelé  la  Cellérerie,  qui  est  séparé  du 
grand  corps  de  logis,  convient  à  loger  le  curé  et  ses 
vicaires.  »  (Lettre  de  M.  F.-L.  Ferré,  curé  de 
Saint-Serge,  au  préfet  de  Maine-et-Loire.  —  An/. 
Hist.,  5»  an.,  n"  6,  mai  1905,  p.  617.) 

Cellesé-Ià  (Mj.),  pr.  dém.  f.  plur.  —  Celles- 
là.  Syn.  de  Quellé-là.  —  A  vieilli. 

Celui  (Mj.).  —  On  dit  souvent  :  Tout  celui 
qui,  pour  :  tous  ceux  qui,  quiconque. 

Cénietière  (Mj.),  s.  m.  —  Cimetière.  Syn. 
de  Çoumitière.  On  pron.  cemekière.  ||  By. 
Çom'tière,  Çom'quière. 

Et.  Hist.  —  Lat.  caemeterium,  lieu  de  repos,  où 
l'on  dort.  —  «  Et  fayre  fermer  le  cemetiere,  pour 
empescher  que  les  bestes  ni  antre.  «  (1601.)  Inv. 
Arch.,  E,  III,  p.  245,  col.  1.  —  «  Bénédiction  d'un 
nouveau  semptièrc.  «  (1745.)  —  Id.,  S,  s,  E,  192,  1.  || 
Boutique  d'un  libraire  :  «  Le  Semetierre  des  vivants 
et  des  morts.  »  (Saumaize,  Dict.  des  Précieuses, 
p.  43. 

«  Veau  mal  cuict  et  poules  creuds 

Font  cemetierres  bossus.  » 

(CoTGR.  —  Dictionn.  —  MoiSY.) 


CENDRAILLOUX  —  GERNÉIER 


173 


Cendrâillouv,  se  (Lg.),  adj.  quai.  —  Se  dit 
d'un  terrain  trop  léger,  formé  de  débris  de 
granit,  pauvre  en  argile,  et  qui  a  la  consis- 
tance de  la  cendre.  Syn.  de  Pouvrâilloux.  Cf. 
Peule. 

Cendroux  (Lg.),  adj.  q.  —  Cendreux.  Cf. 
Morvou.r,   etc. 

Cenellé  (Mj.),  adj.  q.  —  Dont  les  grains  sont 
restés  petits  et  durs,  en  parlant  du  raisin  qui 
a  souffert  de  la  sécheresse. 

Et.  —  Du  fr.  Cenelle,  fruit  de  l'aubépine,  le 
même  que  Senelle.  Trois  explicat.  :  1°  contract.  de 
Coccinella  (cf.  Cochenille),  forme  dérivée  du  lat. 
coccum,  kermès,  fruit  ainsi  nommé  à  cause  de  sa 
couleur  rouge  (Litt.)  ;  !»  p.-ê.  d'une  forme  altérée 
du  lat.  popul.  *  cinella,  pour  *  acinella,  dimin.  de 
acinum,  baie  ;  3°  orig.  tudesque  :  sleha,  prunelle. 

Hist.  —  Et  cherchoyent  par  ces  buissons 
Boutons  et  meures,  et  prunelles, 
Framboizes,  frèzes  et  cenelles. 

Rom.  de  la  Rose. 

Cener,  v.  a.  —  Briser,  déchirer  ;  châtrer. 
Il  faut  écrire  Sener. 

Hist.  —   «  Il  faut  que  tout  de  moi  tenez 

Qu'ils  ne  sont  chastrés  ne  senez.  » 
Cl.  Marot,  2«  dial.  d'Erasme. 

Cénéralre  (Mj.),  s.  m.  —  Cinéraire,  plante 
d'ornement. 

Censé  (Mj.,  Fu.,  By.),  adv.  —  Censément, 
presque,  quasi.  Ex.  :  Il  est  censé  aussi  grand 
que  son  frère. 

Censément  (Mj.,  By.),  adv.  —  Presque, 
quasi,  à  peu  près.  Ex.  :  C'est  censément  la 
mèmechouse.  — «  S'adjoint  aux  comparaisons 
pour  les  appuyer,  quand  elles  sont  énoncées, 
ou  pour  les  indiquer,  quand  elles  sont  sous- 
entendues  :  «  Cet  homme  est  venu  censément 
comme  s'il  voulait  travailler  »  —  ou  bien:  «  Il 
est  venu  travailler  censément  ».  c.-à-d.  en 
apparence.    (Jatjb.) 

Centime  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ex.  :  Je  ne  veux 

!  pas  mettre  eine  centime  de  pus.  —  Je  ne  vous 

i  en  mens  pas  d'eme  centime.  Syn.  de  Miette. 

11  Fu.  —  Eine  centime  pourrie,  qui  n'a  aucune 

valeur.  Ça  ne  vaut  pas  eine  centime  pourrie. 

Il  By.  —  Eine  centime,  c'est  pas  grand'chouse, 

mais  c'est  tout  de  même  de  la  bonne  argent. 

Et.  —  Centesimus,  centième,  La  terminaison  a 

conduit  à  le  faire  féminin. 

ICentine  ^  —  Le  même  que  Centime. 
Centine  '\  s.  f.  —  Espèce  de  petit  bateau 
ou  nacelle  sur  la  Loire.  —  Peut-être  Sentine. 
Cf.  Sentineau. 

Hist.  —  «  Hz  pescherent  environ  cinquante 
enguilles,  qu'ilz  mirent  dedans  une  centine,  qui 
estoit  estachée  audit  chalan  et  icelle  emmenèrent 
jusques  aux  fuennes  (?)  près  de  la  porte  de  la  fou- 
1  lerie  dudit  Bloys.  (1409.)  Var.  Sentaine,  Sentine, 
j  Sentene  (d.  c.) 

1  Cep  (cèpe)  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Tas  de  raisin 
j  soumis  à  l'action  du  pressoir.  V.  Ce.  ||  Fu.  Id. 
I  V.  Boite.  La  matière  dont  est  formée  le  cèpe 
j  est  le  râpier.  Se  dit  aussi  des  débris  de  pommes 

qui  ont  fait  le  cidre.  On  indique  dans  ce  cas  : 

Du  râpier  de  poumes. 


N.  —  On  mystifie  souvent  les  gens  simples  et  cré- 
dules en  les  envoyant  chercher  en  hâte  la  vrille  à 
percer  le  cep,  ou  la  corde  à  tourner,  à  virer  le  vent. 
Ce  sont  là  des  attrape-nigauds  classiques  à  la  cam- 
pagne. 

Cépée,  s.  f.  —  Haie,  palissade,  clôture, 
cloison. 

Céquére  î  (Mj.),  interj.  C'est  que..  !  Ex.  : 
Céquére  je  ne  sais  pas  !  Cf.  Pacequére,  Pis- 
quére.  \\  Fu.  —  Céqueu,  c'est  que,  dame  ! 
«  Ah  !  dame  !  céqueu  va  faWer  s'en  r'veni(r), 
oul-é  temps  !  » 

Cequeyer,  v.  a.  —  Secouer  (Secouiller). 
V.   Séqueiller.  Lg. 

N.  —  J'ai  entendu  ce  vocable  à  l'Ile  de  la  Réu- 
nion : 

«   Sacouiez   pas   si   fort,    Madeleine, 
La  case  a  l'é  pas  nous. . .  etc.  » 
(La  case  n'est  pas  à  nous.)   Chanson  créole. 

Cercher,  v.  a.  —  Chercher. 

Hist.  —  «  Nature  a  disposé  toutes  choses,  et 
leur  a  donné  le  premier  mouvement,  à  la  fin 
qu'elles  doivent  cercher.  »  (Sagesse  de  Charron, 
II,  251. 

Et.  —  Du  lat.  circare,  faire  le  tour  de.  Au  sens 
littéral  de  son  radical,  il  se  rencontre  en  ancien  dia- 
lecte normand  : 

—  (Les  mers)  cerchent  le  monde  et  ceignent. 
(BÉN.  —  Chron.  des  Ducs  de  Norm.  —  MoiSY.) 

Cériment  (Craon),  adv.  —  Vite,  en  se 
dépêchant.  V,  Sériment. 

Cérimonie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Cérémonie. 

Et.  —  Le  lat.  a  les  deux  formes  :  caeremonia  et 
cœrimonia.  —  On  trouve  Cérimonie  au  xni«  s. 
(Darm.)  —  Hist.  :  «  Au  moyen  de  quoy  allans 
devers  Alexandre,  après  qu'il  eut  achevé  ses 
cérimonies . .  .  »  (Amyot,  Vie  d' Alex.-le-Gr.)  — 
«  Par  coscinomantie,  jadis  tant  religieusement 
observée  entre  les  cérimonies  des  Romains.  » 
(Rab.,  p.,  ni,  2.5,  271.)  —  «  Pour  donnez  à  entendre 
à  MM.  de  Sainte-Croix  dud.  Montsoreau  les  séri- 
monyes  et  manyères  de  ferre  le  service  divin.  » 
(Inv.  Arch..  G,  il,  p.  205.  col.  1.) 
«  Si  je  monte  au  palais  je  n'i  trouve  qu'orgueil, 
Que  vice  déguisé,  qu'une  cérimonie. 
Qu'un  bruit  de  tabourins. . . 

J.  DU  Bellay,  Les  Regrets,  p.  224. 

Cerises,  s.  f  —  «  Une  personne  ayant  la 
figure  marquée  de  variole,  on  dit  ironique- 
ment qu'elle  a  couché  sur  des  noyaux  de 
cerises   (Segr.  —  Mén.) 

Cerises-ailleures,  c.-à-d.  précoces. V.  ^iiZZeMr. 
A  bref. 

Cerne  (Lg.),  s.  m.  —  Cercle.  ||  Cerne  d'eau, 
halo  lumineux.  Syn.  de  Roue  de  charte.  Œil  de 
bœuf.  —  Du  fr.  Cerner.  V.  Cerneau. 

Cerneau  (Lg.),  s.  m.  —  Halo.  Syn.  de  Roue- 
de-Chârte,  Œil  de  bœuf.  V.  Cerne. 

Cernéier  (Va.),  v.  a.  —  Cerner,  entourer, 
enclore.  ||  By.  Cernéier,  -eyer,  -oyer.  —  Cher- 
cher à,  prendre  des  soins  pour.  Comme  : 
tournoyer.  V.  Révoyer. 

Et.  —  Dér.  de  Cerner.  Pour  le  suff.  Cf.  Rondéier, 
Gauléier,  Eclaréier,  etc.  —  Par  le  lat.,  d'un  mot 
grec  qui  signifie  compas.  —  Hist.  :  «  En  ce  tens  fist 


174 


CERNE-ONGLE  —  CHABOSSEAU 


li  rois  Chilperic  establir  à  Paris  et  à  Soissons  une 
manière  de  geus,  qui  sont  appelés  Cirques...  si 
vaut  autant  comme  Cernes,  qui  est  fait  à  la  roonde, 
dedens  lequel  li  chival  courent  sans  issir  hors  des 
bonnes  qui  y  sont  mises.  »  (D.  C.)  —  «  Et  voyant 
que  tous  estoyent  dedans  le  cerne  de  chordes,  sou- 
dain crya  :  Vyre,  Vyre.  »  (Rab.,  P.,  ii,  25.) 

Cerne-ongle  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  panaris 
superficiel  à  la  base  d'un  ongle.  Syn.  de 
Tourne-ongle,  Tourneux,  V irouneau. 

Cerner  (Lg.),  v.  n.  —  Tourner.  Ex.  :  J'ons 
cerné  à  la  virée  de  l'Elinière,  des  Quatre- 
Chemins.  C'est  le  mot  fr.  dans  un  sens  spécial. 

Cerniâ  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Cerneau. 

Cernouille  (Tlm.,)  s.  f.  —  Sorte  de  gra- 
minée  à  tiges  grêles  et  rampantes.  Syn.  et  D. 
du  Mj.,  Çarnure,  Çarnue,  Cernoux,  Cernure, 
Ténue,   Éternue.  C'est  l'agrostis  blanche. 

Cernouse  (Lg.).  —  Le  même  q.  Cernouille. 

Cérugien,  s.  m.  —  Chirurgien.  Sururgien, 
à  Segré  (Mén.) 

N.  —  Ane.  formes  :  Sérurgien,  Surgien.  —  Cf. 
angl.  Surgeon. 

Ces  (Mj.,  Pm.),  interj.  dont  se  servent  les 
bouviers  pour  faire  reculer  leurs  bœufs.  Ex.  : 
Holà  !  ces,  mes  bœufs  !  Syn.  de  Ceusse  (Du 
lat.  Cessare?)  N.  Oche-holà  !  sert  plutôt  à  les 
arrêter. 

Cèse-là  (Mj.,  Fu.),  pr.  dém.  —  Ceux-là. 
Syn.  de  Ceuse-là,  Quellé-là,   Cellesé-là. 

Cesse  (By.),  s.  f.  —  Ecope,  pelle  à  jeter 
l'eau.  —  C'est  plutôt  Saisse,  fr.  Sasse. 

Cessoire,  s.  f.  (Segr.).  —  Du  v.  cesser,  se 
taire.  Je  vais  te  mettre  sur  la  cessoire.  »  (Mén.) 
— •  J'enregistre. 

Ceté  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.),  adj.  dém.  m.  et  f. 

—  Ne  s'emploie  qu'au  sing.  Ex.  :  D'éiou 
veint-il  ceté  sot-là?  —  Ceté  vache-là  est-elle 
vendue? 

Cetelle-là  (Mj.,  Fu.,  By.),  pr.  dém.  Fém. 
de  Ceti-là,  celle-là. 

Ceti-là  (Mj.,  Fu.,  By.),  pr.  dém.  —  Celui-là. 

Et.  —  C'est  le  vx  fr.  Cestuy-là.  Nous  pourrions 
citer  de  nombreux  exemples.  Restons  dans  notre 
Anjou  : 

—  «  Heureux  qui,  comme  Ulysse,  a  fait  un  bon 
voyage. 

Ou,  comme  cestuy-là  qui  conquit  la  toison. . . 
J.  DU  Bellay,  Sonnet  à  V  Anjou. 

—  «  Cestuy-là  l'a  dit.  «  (Id.,  Déf.  et  Illustr.,  L.II, 
ch.  n,  p.  34.)  —  «  Ce  que  j'ay  dict,  cestuy-cy  l'a  dict 
encor'  et  cestuy-là.  »  (Id.,  L'Olive,  p.  73.) 

—   «  Je  ne  croy  point  cestuy-là  sans  lumière 
Qui  de  l'arc  use  à  son  franc  arbitraige.   » 
G.-C.  BUCHER,  27,  p.  95. 

Cette-là  (Mj.,  Fu.),  pr.  dém.  f.  —  Celle-là. 
V.  Ceti-là.  Syn.  de  Quelle-là. 

Hist.  —   <(  Or  est  bien  une  peine  perdue 
De  faire  tant  pour  ceste-là 
Que  jamais  à  moi  ne  parla.  » 
G.-C.  Bûcher,  150,  chap.  cxvi. 

Ceu  !  (Fu.).  —  Interj.  pour  faire  reculer  les 
bœufs.  —  Est  toujours  accompagnée  d'un 


coup  de  gaule  sur  le  front  de  l'animal.  —  Ceu, 
ceu  !  ceu  donc  !  V.  Ces,  Ceusse. 

Ceuse,  Mj.,  Q.,  Zig.  136,  Fu.,  By.),  pr.  dém. 
m.  pi.  —  Ceux.  A  Saint-Paul  on  le  fait  sou- 
vent précéder  de  l'article  :  «  C'est  ben  souvent 
les  ceuse  qui  se  crayent  les  pus  malins,  qui  se 
font  le  mieux  baiser.  ||  Ceuse-là,  Ceux-là.  On 
dit  aussi  :  Cèse-là,  et  au  fém.  on  n'emploie  que 
cette  dernière  forme.  Syn.  de  Cèse-là,  Quelle- 
là.  Il  Souvent  on  prononce  Ceusse. 

Ceusse  (Lg.).  Interj.  dont  les  bouviers  — 
se  servent  pour  faire  reculer  les  bœufs.  Syn. 
de  Ces,  Ceu. 

Ceusser  (Lg.),  v.  n.  Arrêter  ou  reculer, 
stopper,  en  parlant  des  bœufs.  Du  lat.  Ces- 
sare. Doubl.  du  fr.  Cesser.  —  Cf.  Ces  !  Ceusse. 

Ceusses,  pr.  dém.  m.  pi.  —  Ceux.  «  Ceusses 
qui  vous  ont  dit  ça  ont  menti.  »  On  appuie 
sur  les  deux  ss.  V.  Ceuse. 

Céverée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Ce  qu'on  peut 
porter  sur  une  civière.  V.  Céçière.  ||  Céverée 
de  chaux  ;  ancienne  mesure  pour  la  li\Taison 
de  la  chaux,  sur  laquelle  je  n'ai  pas  de  notion 
exacte,  mais  qui  devait  être  analogue  au 
cotret.  —  On  dit  aussi  :  Céviérée.  ||  Fu.  Syn. 
de  Brouettée. 

Cevièrc  (Mj.),  s.  f.  —  Civière.  ||  Brouette 
plate.  La  brouette  est  en  effet  une  civière 
dont  la  roue  remplace  un  des  porteurs.  ||  By. 
Tf.  —  Grande  boîte  carrée  suspendue  par  des 
chaînes  au-dessous  des  charrettes  de  mar- 
chands de  porcs,  moutons  et  veaux. 

N.  —  Pour  distinguer,  la  civière  ordinaire  est 
toujours  appelée  Cevière  à  bras.  Or,  il  en  était  de 
même  au  xvr*  siècle,  comme  le  prouve  la  citation 
de  Rabelais  :  «  Quaresmeprenant. . .  avoit  les 
espaules  comme  une  civière  à  bras.  »  (P.,  iv,  31, 
410.)  Que  penser  alors  de  la  brouette  de  Pascal? 
Est-ce  une  légende? 

Ceyer  (My.),  v.  a.  —  Scier.  Mieux  :  Seyer. 
Il  By.  —  Ecrit  Scéyer.  Scéyer  le  blé  ;  scéyer  de 
long.  D'où  Sceyeux  de  long. 

Et.  Hist.  —  «  Du  lat.  secare,  devenu  seiier,  soier, 
sier  (arbitrairt  :  scier).  Furetière  remarque  que 
qqs-uns  disent  :  soyer  ou  séier,  au  sens  de  :  couper 
le  blé.  —  Scéier,  séier.  (Jaub.) 

Cliabanais  (Mj.,  etc.),  s.  m.  —  Tapage, 
vacarme,  potin.  —  Syn.  de  Bousin,  Boucan, 
Bachanal,    Chahut,    Bahut,    Chutrin,    Rabat, 

Menère. 

Chabiron  (Sp.),  s.  m.  —  Sorte  de  guêtre  en 
cuir  qui  tient  lieu  de  bas.  Les  chabirons  ont 
une  demi-semelle  s'étendant  seulement  sous 
le  talon  ;  ils  recouvrent  tout  le  pied  et 
s'agraffent  sur  le  côté  de  la  jambe.  Syn.  de 
Sabiron,  Sabaron,  Clôpette.  \\  Sal.  Ou  en  boi- 
linge. 

Chabosseau  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Chevenne, 
sorte  de  poisson  à  grosse  tête.  Syn.  de  Cha- 
veneau.  \\  Tlm.  Nom  de  famille.  |j  By.  —  Vul- 
gairement :  ein  ch'fau  ;  la  chevenne  ;  en  qqs. 
lieux  le  chaveneau.  On  désigne  sous  le  nom 
de  chaboisseau,  grosse  tête,   un  tout  petit 


CHABOSSÉE  —  CHAGOUET 


175 


poisson,   vivant  avec  les   petites  lottes,   et 
remarquable  par  sa  grosse  tête. 

Et.  —  Chabot,  pour  Chevot,  dimin.  de  chef, 
tête. 

Chabossée  (Lg.,  Mj.),  s.  f.  —  Syn.  de 
Bureau,  Tête  de  fer,  Têtes  de  trèfle.  C'est  la 
centaurée  jacée. 

€Iiabosson  (Mj.),  s.  m.  —  Moitié  ou  partie 
d'une  airée.  Ex.  :  De  ressiée,  je  battrons  ceté 
chabosson-\à. 

Chabot,  s.  m.  —  Toupie,  pour  Echabot. 

Et.  —  «  On  appelle  chabot,  en  Anjou,  et  à  Paris 
sabot,  une  toupie,  à  cause  de  sa  grosse  tête. 
(MÉNAGE.)  —  Le  jeu  consiste  à  faire  sortir,  avec 
son  chabot,  ceux  de  ses  adversaires  du  cercle  où  ils 
sont  placés. 

Chabraque  (Vr.),  s.  f.  —  Brouette. 

Chabraquée  (Vr.),  s.  f.  —  Contenu  de  la 
Chabraque. 

Chabut'  (Sp.,  Li.,  Sal.,  Br.,  Th.,  Bl.),  s.  m. 
—  Crochet  de  fer  qui  retient  le  seau  au  bout 
de  la  corde  à  puits.  Syn.  de  Fargeot,  Clenche. 

Chacasse  (Sar.),  s.  f.  —  Jacasse  ;  la  pie. 

Et.  —  Subst.  verb.  de  Jacasser,  qui  semble 
dérivé  du  nom  propre  Jacques,  dont  le  dimin. 
Jacquette  est  donné  plaisamment  à  la  pie.  On  pour- 
rait citer  de  nombreux  noms  d'hommes  donnés  aux 
animaux  :  Margot,  Martin,  Robin. 

Cliâceller  (Lg.),  v.  n.  —  Se  faufiler,  se 
glisser  furtivement,  errer  en  se  cachant.  Ex.  : 
In  chien  qui  tombe  enragé  ne  mord  pas  ses 
maîtres  ;  il  quitte  la  ferme  et  s'en  va  en  châ- 
cellant  par  les  creux  chemins.  —  Vieilli. 

Chacoter  (Bg.,  Sal.),  v.  a.  Gratter.  —  Se 
chacoter  une  dent  avec  son  cure-dent  ou  un 
autre  engin.  ||  Mj.  —  Fouiller,  piquer  à  plu- 
sieurs reprises  avec  une  pointe.  Déchiqueter. 
Syn.  de  Chacrogner.  \\  Z.  153,  Sar.,  By.,  Fu., 
Mj.,  Ti.,  Z.  151,  Sal.  —  Au  fig.  Ennuyer, 
taquiner. 

Chacotin  (Mj.).  s.  m.  —  Menus  débris  d'un 
corps  pulvérisé,  déchiqueté.  V.  Chacoter.  Ex.  : 
Le  tonnerre  a  tombé  sus  ein  âbre,  ça  l'a  mis 
en  chacotin,  réduit  en  miettes. 

Et.  —  Même  rac.  que  Chiquet,  et  le  fr.  Déchi- 
queter. L'Espagnol  a  :  chico  =  petit. 

Chacoura,  s.  m.  Vesce.  —  V.  Pied  de  grolle. 
Mén. 

Cliaeourroie,  ou  rraie.  —  Pied-court,  patte 
de  pigeon,  nerf  de  bœuf,  nom  vulg.  de  la 
potentille  argentée,  à  cause  de  ses  tiges  nom- 
breuses, filiformes,  longues,  etc.  (Mén.)  Syn. 
de  Argentier. 

Chacrogner  (Lg.),  v.  a.  —  Irriter  en 
piquant,  en  grattant,  une  plaie.  Syn.  de 
Chacoter,  Chactâiller,  Echarigner.  ||  Fig.  — 
Agacer,  taquiner,  un  animal.  Syn.  de  Aquiner, 
Harguégner,  Ahargner. 


Ch  =  j.  (By.)  On  dit  :  ajeter,  pour  :  acheter,  et 
niger,  pour  :  nicher. 


Chactaille  (Br.,  Zig.,  183),  s.  f.  —  Noise, 

querelle,  chicane.  Ex.  :  Chercher  chactaille. 

V.    Chaquetailler,  Chacoter.    Syn.    de    Picas- 
séries,  Castille. 

Chacun.  —  En  Anjou  on  dit  volontiers  Un 
chacun,  et  même  Tout  un  chacun.  Cette  locut. 
était  très  usitée  autrefois  (Molière,  Male- 
BRAxcHE,   Calvin). 

Hist.  —  «  Pensant  qu'il  falloit  à  ung  chascun 
faire  droict.  »  (Rab.,  P.) 

Chafaud  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Echafaud.  V. 
Chauffau  (By.) 

Et.  —  «  Du  lat.  popul.  *  Catafalicum,  composé 
hybride,  fait  avec  le  grec  kata  et  le  lat.  fala,  tour  de 
bois  élevée  dans  un  cirque  pour  certains  specta- 
teurs, devenu  *  catafalcum,  *  cadafale,  chaafalt, 
chafaud.  Cf.  Catafalque  et  Echafaud.  — 
xii«  s.  Forteresses  et  caafaus.  »  (Darm.)  —  «  Chau 
farium.  Chauffant.  —  Lesquelz  charpentiers 
n'avoient  chauffant  que  d'un  bout,  parce  qu'ilz 
n'avoient  de  quoy  chaufTauder  ;  et  leur  convint 
deschaufTauder  ledit  bout  chaufîaudé.  »  — 
«  Tour  de  bois  servant  dans  les  sièges  :  —  Ceux  du 
chastel  decliquèrent  quatre  martinets  qu'ils 
avoient  faits  nouvellement,  pour  remédier  contre 
lesdits  chauffaux.  Ces  quatre  martinets  gettoient  si 
grosses  pierres  et  si  souvent  sur  ces  chauffaux  qu'ils 
furent  bientost  froissés.  (Froissaru.) 

Chafauder  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Echafauder. 
V.  Chafaud. 

Chaffourér  (Mj.,  Lg.,  Lue,  Fu.),  v.  a.  — 
Donner  la  chasse  à,  mettre  en  fuite.  || 
Fouiller,  chercher  partout,  fourrager,  boule- 
verser. Il  V.  réf.  Se  couvrir,  se  gâter,  en  par- 
lant du  ciel.  Syn.  de  Chagrigner.  Ex.  :  Velà 
le  temps  qui  se  chaffoure,  j'allons  avoir  du 
bouillon  (Sal.  id.)  ||  Syn.  de  Fouineter,  Fur- 
gâiller,  Fourgâiller  au  sens  de  Fouiller,  jj  By. 
Plus  souvent  Echafîourrer,  donner  la  chasse. 
ChafTourrer,  fouiller.  ||  Chercher  jusque  dans 
les  recoins. a  Sal. 

Et.  —  A  rapprocher  du  fr.  EchaufTourée.  — 
Hist.  :  «  D'abundant  en  ont  chaffourré  leur  robi- 
lardique  loy  Gallus...  et  quelques  autres...  « 
(Rab.,  g.,  I,  3.)  —  «  Toujours  se  vaultroit  par  les 
fanges,  se  mascaroit  le  nez,  se  chaffourroit  le 
visage.  »  (Id.,  ibid,  i,  11.) 

Châgne  (Lg.),  s.  m.  —  Chêne.  Mot  vieilli. 
\*.  Chêgne. 

Châgneaii  (Sp.),  s.  m.  —  Nuque,  partie 
inférieure  de  l'occiput,  région  postéro-supé- 
rieure  du  cou.  On  dit  inséparablement  :  Le 
châgneau  du  cou.  Syn.  de  Châgnon,  Chignon. 
Cf.  Chagouet. 

Et.  —  A  rapprocher  du  fr.  Chignon.  —  Lat. 
popul.  *  Catenionem,  dér.  de  catena,  chaîne.  Cf. 
Chaînon.  Vieilli.  La  jonction  du  cou  avec  le  der- 
rière de  la  tête.  —  XP  s.  «  El  col  un  caeignon.  » 
(Roland.)  —  xnr'  s.  Cui  Renoars  brisa  le  chaaignon. 
—  Le  sens  de  :  chevelure  relevée,  par  ext. 

Châgnon  (Lg.),  s.  m.  —  Nuque.  Syn.  et  d. 
de  Châgneau,  Chignon. 

Chagoter  (Sp.),  v.  a.  —  V.  Chacoter. 

Chagouet  (Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Partie  anté- 
rieure et  supérieure  du  cou  ;  pomme  d'Adam, 


176 


CHAGRAIGNANT  —  CHAINTRE 


larynx.  Cf.  Châgneau,  Châgnon.  Cf.  Cacouet, 
Jaub. 

Chagraignant  (Bl.,  Fu.).  —  Triste.  |i  By. 
Attristant.  ||  Mj.  Chagrigna}-.. 

Et.  douteuse.  —  Le  mot  chagrin  ne  se  montre 
qu'au  xv8  s.,  dans  01.  Basselin  (xl), 

«  Il  faut  laisser  le  chalgrin  importun 
A   tout  le   moins  à  la   table  buvant.    » 

Chagraigner  (By.),  v.  a.  —  Attrister  ; 
ennuyer. 

Chagrigner  (Mj.),  v.  a.  —  Chagriner.  ||  y. 
réf.  Se  Chagrigner,  se  couvrir,  se  gâter,  devenir 
pluvieux,  en  parlant  du  temps.  Syn.  de  Se 
chaffourrer.  \\  V.  Chagraignant. 

Et.  —  Corr.  du  mot  fr.  Cf.  Chanoigne,  Echigner. 
Chahail,  s.  m.  —  Au  Lg.,  comme  à  Sp.,  ce 
mot,  inconnu  à  Mj.  signifie  :  grabuge,  difTi- 
culté,  chicane.  ||  Mais  de  plus,  au  Lg.,  il  a  le 
sens  de  :  grande  quantité,  foison,  surtout  de 
choses  cassées  ou  abattues,  telles  que  : 
branches  d'émonde,  feuilles  de  betteraves,  etc. 
Et.  —  En  ce  dernier  sens,  on  dit  aussi,  au  Lg.  : 
Hachail,  qui  paraît  être  étymologiquement  le  vrai 
mot.  Il  semble  donc  que  Chahail  soit  une  corrupt. 
de  Hachail,  par  métathèse  des  syllabes.  Cf.  Gobier, 
Piépou,  etc.  —  Et  Chavoil,  à  son  tour,  pourrait 
bien  être  un  doublet  de  Chahail. 

Chahon  (Li.,  Br.,  Lg.),  s.  m.  —  Chat-huant. 
Il  Lg.,  Sep.  Bloc  de  bois  percé  de  quatre  trous 
où  s'engagent  les  bouts  des  enlarmes  ou 
remelles  du  carrelet,  et  d'un  cinquième,  où 
passe  une  ficelle  qui  le  rattache  à  la  perche.  || 
Hibou.  Syn.  de  Chohon,  employé  en  ce  sens 
au   Lg. 

Et.  —  Doublet  de  chohon  (au  2«  sens),  parce 
que  la  forme  de  ce  bloc  rappelle  la  tournure  d'un 
hibou.  —  «  B.  L.  Cavannum  :  se  rattache  au  germ. 
Kawa,  qui  a  donné  l'a.  fr.  choe  et  qui  se  retrouve 
dans  les  dér.  Chouart  et  Chouette.  Chat-huant  est 
une  altération  arbitraire  de  chouan,  à  cause  du  cri 
de  cet  oiseau  (huer)  et  de  on.  ressemblance  entre  sa 
tête  et  celle  d'un  chat. 

Chahouets  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Fanes,  tiges 
sèches  des  pois,  haricots,  pommes  de  terre. 
Syn.  de  Cholailles.  Syn.  et  d.  de  Chavoilles. 

Chahut  (partout)," s.  m.  —  Potin,  vacarme. 
(Argot).  Syn.  de  Bousin,  Boucan,  Bacchanal, 
Bahut,  Potin,  Babât,  Chutrin,  Ménère,  Cham- 
tard,  Chabanais. 

Chahutage  (Lg.),  s.  m.  —  \'.  Chahuterie. 

Chahuter  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  du  tapage,  du 
vacarme.  ||  v.  a.  Bousculer,  houspiller  :  Ne  me 
chahute  donc  pas.  ||  Mettre  en  désordre. 

Chahuterie  (Lg.),  s.  f.  —  Tapage,  bousmi- 
lade,  jeu  de  mains.  Syn.  de  Chahutage. 

Chaille  i  (Sa.),  s.  f.  —  Glume,  enveloppe  du 
grain  des  céréales.  Syn.  de  Balle,  Piquériers. 

Et.  —  Doubl.  de  Echale,  de  Echaler.  Pour 
l'aphérèse  de  Te  initial,  cf.  Caleaux.  —  A  donné 
l'angl.  Shell,  écale,  écaille,  coquille 

Chaille  ^  v.  n.  (Lz.,  Segr.).  —  Qui  a  de 
l'importance.  Ex.  :  Ça  ne  chaille  pas,  une 
chose  n'est  pas  plus  pressée  qu'une  autre. 


Et.  —  Chaloir,  du  lat.  Calere,  avoir  de  la  cha- 
leur, avoir  de  l'intérêt  pour  qqn. 
«  J'en  suis  d'avis,  non  pourtant  qu'il  m'en  chaille.  » 

La  Font.,  Contes.  La  Gageure. 
C'est  le  subj.   employé   pour  l'indic.   —  N.   J'ai 
entendu  à  Saint-Malo  un  chiffonnier  crier  :«  Qui  a 
(Vguère  chaut  à  vendre  !  »  c.-à-d.  des  choses  dont  il 
ne  lui  chaut  guère. 

ChailleuY,  s.  m.  —  Quartzite  dans  les 
ardoises.  (MÉx.) 

Et.  —  Chail,  pierre,  caillou,  du  lat.  calculum, 
calceum,  caclum,  chail  ;  forme  fém.  chaille  ;  rognon 
siliceux  qu'on  rencontre  dans  certaines  couches  de 
terrain  jurassique.  (Darm.) 

Chaillou  (Sa.,  By.),  s.  m.  —  Caillou.  Syn. 
de  Caillon.  \\  Plus  spécialement  :  silex.  — 
Forme  normanno-picarde.  V.  Chailleux.  Nom 
de  famille  très  commun.  ||  By.  —  D'où  : 
Chaillouère  ;  la  Châlouère,  faubourg  d'Angers. 

Et.  —  Dér.  de  Chaille,  forme  fém.  de  Chail,  du 
lat.  Calculum,  devenu  Calcium,  caclum,  chail.  — 
Le  produit  Chaillou  est  la  forme  originairement 
franc.,  à  laquelle  la  langue  a  préféré  la  forme  norm. 
Caillou.  (G.  DE  G.  —  Y.)  On  trouve  dans  un  de  nos 
plus  anciens  poètes  ce  joli  distique  : 

«  Aiguë  perce  dur  chaillou 
Por  qu'adès  y  fiere.  » 
qui  rappelle  cet  autre  : 

«  L'eau  qui  tombe  goûte  à  goûte 
Perce  le  plus  dur  rocher.  » 
et  enfui  Ovide,  qu'ils  traduisent  : 
M  Gutta  cavat  lapidem,  non  vi,  sed  sœpe  cadendo.  » 
—  Les  poires  de   Chaillou  sont  notre   Caillot  — 
Rosat.    «   Poires   de    Chaillou   et   nois   fresches.    » 
(L.  C.)  —  N.  On  nous  a  communiqué  ce  couplet 
d'une  vieille  chanson  : 

—  Beau  cantonnier,  beau  cantonnier, 
Tu  fais  là  un  f. .  .ichu  métier. 

Dit  un'  dam'  qui  vint  à  passer  : 

Tu  roules  —  des  tas  de  chailloux  —  (ter) 

Pour  mettre  sus  l'passage  des  roues. 

—  Si  nous  roulions  (c)  a  ross'  comm'  vous. 
Nous  n'roulerions  pas  des  chailloux. 

Conclusion  :  Le  peuple  n'a  pas  toujours  tort  de 
prononcer  certains  mots  comme  le  faisaient  nos 
aïeux.  Apprentif  vaut  bien  :  apprenti  ;  et  le  peil, 
pour  :  le  poil,  se  trouve  dans  la  Chanson  de  Roland. 

Chain,  s.  m.  —  Espèce  de  bol  ferrugineux. 
A  Aubigné,  Tigné,  dimin.  de  Chaînasse,  terre 
argileuse  (Mén.),  mêlée  de  sable  quartzeux 

(LiTT.) 

Chaînée,  s.  f.  —  Mesure  de  terrain  équi- 
valant à  la  perche,  ou  centième  partie  de 
l'arpent  (Mén.) 

Chaînement  (Mj.,  Sp.,  Fu.,  By.),  s.  m.  — 
Armature  de  tiges  de  fer  destinées  à  relier  et 
à  consolider  les  murs  d'un  bâtiment. 

Chaîner  (Mj.,  Spb.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Faire 
un   chainement. 

Chainte  (Fu.),  s.  f.  —  Pour  Chaintre.  Aller 
à  la  chainte,  mener  paître  une  vache  tenue  en 
main  au  bout  d'une  corde,  le  long  des  haies, 
afin  qu'elle  n'aille  pas  «  en  d'mage  »  (en 
dommage) 

Chaintre,  Cheintre  (Mj.,  By.,  Sal.),  s.  f.  — 
Espace  compris  entre  la  haie  et  la  tête  du 
sillon  ;  2  mètres,  jj  Passage  le  long  d'un  bois 


CHAINTRÉ  -  CHAIZË 


177 


(Lue,  Li.,  Br.,  etc.)  (Ti.,  Zig.  203),,  s.  f.  Fig. 
Mauvais  cas,  diiïiculté.  Ex.  :  Mais,  mon 
pouvre  ami,  dans  quelle  chainire  t'es-tu 
fourré? 

Et.  —  C'est  une  autre  prononciation  de  ceintre, 
pour  cintre.  B.  L.  Cintrum,  xm*  s.  —  De  cingere? 
ceindre  ;  cincturare?  Obscur.  —  Hist.  : 

«  J'avais  encore  en  l'aloière  (gibecière) 
Que  je  porte  à  ma  chainture.  » 

Poésies  de  Froissard. 
—    «   Item,   ma  chaintre  de  pré,  laquelle  j'ai  en 
ladite  rivière,  laquelle  contient  en  soy  demi  journal 
ou  environ.  »  {1405.  D.  C.) 

Chaintre  (Z.  150,  By.).  —  Etre  mal  chain- 
tre ;  être  mal  à  son  aise. 

fhaintrer  (Sal.),  v.  a.  —  Les  vaches,  les 
mener  paître  les  chaintres.  \.  Cheintrer. 

l'haïr  °  1  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  n.  —  Choir, 
tomber.  Syn.  de  Chéier. 

Et.  —  L'a.  fr.  avait  Cheoir,  en  deux  syllabes  ; 
lat.  cadère,  e  long,  2«  conj.,  au  lieu  de  la  vraie  conj. 
lat.  cadere,  e  bref,  qui  eût  produit  Chedre.  —  C'est 
la  prononc.  du  xvf  s.  — •  N.  Ce  mot  est  à  peu  près 
tombé  en  désuétude  ;  il  n'y  a  plus  que  les  très 
vieilles  gens  qui  disent  aux  enfants  :  Prends  garde 
de  chair.  Le  part.  pas.  est  Chait,  e. 

Chair  ^  (Lmy.,  Cho.),  s.  L  —  S'emploie  dans 
la  loc.  Pierre  de  chair,  sorte  de  pierre  à  bâtir 
qui  a  des  surfaces  de  clivage.  Par  opposition 
à  Pierre  de  pineau. 

Chaircuiterie  (By.),  s.  f.  pour  Charcuterie. 

Et.  —  D'abord  Charcuitier,  dér.  de  Char,  anc. 
forme  de  Chair,  et  cuite.  —  Cf.  Chartuierie. 

Chaircutier,  s.  m.  pour  Charcutier.  —  On 
dit  aussi  Chartutier. 

Et.  —  L'orthogr.  et  la  prononc.  ont  longtemps 
varié  entre  Charcutier  et  Chaircutier.  —  Hist.   : 
«  Il  te  faut  des  chaircutiers  et  des  rôtisseurs.    » 
J.-J.  Rousseau.  Emile  IL  (Litt.) 
«  En  caresme  est  de  saison 
La  marée  et  le  sermon  ; 
Se    faire    en    ce    temps    chaircuitier, 
On  n'y  profite  d'un  denier.  » 

(LiNCY.  Prov.  fr.,  p.  96,  v»  Carême.) 

Chaire,  s.  L  —  Chaise  (Z.  142,  Lue,  Bv.,  Li., 
Br.,   Mj.) 

E,t.  Hist.  —  «  Du  temps  de  Vaugelas,  l'identité 
de  Chaire  et  de  Chaise  était  encore  si  présente  qu'il 
indique  les  cas  où  il  faut  se  servir  de  l'un  ou  de 
l'autre.  Lat.  Cathedra  ;  a.  f.  Chaere,  en  trois  syl- 
labes. »  —  «  Et  qu'il  soit  fait  une  chaière  de  boys 
honneste  près  et  entre  le  tronc  qui  y  est  et  l'autel, 
pour  asseoir  les  chapelains  et  autres.  »  (1492.)  — 
Inv.  Arch.,  G,  50,  1.  —  «  Apportez-moi  à  ce  bout  de 
table  une  chaire.  «  (Rab.,  P.,  m,  35,  293.)  — 
«  Cadiero  (dans  Mireille,  d'où  le  fr.  Chaière, 
xiv«  s.)  »  —  «  S'accotèrent  au  coin  de  leurs  chaires.  » 
(Balz.,  470.)  —  «  La  plus  belle  chaire  où  s'asseoir 
n'est  jamais  qu'un  morceau  de  bois  mort.  » 
(Hist.  du  vx  tps,  p.  428.) 

Chaireau  (Segré),  s.  m.  —  Tabouret  en  bois 
pour  supporter  les  pieds  et  asseoir  les  enfants 
à  lacampagne  (Mén.)  Syn.   de  Bancelle. 

Chairée,  s.  f.  —  Charrée.  Mieux  Cherrée. 
Cendre  qui  reste  sur  le  cuvier  après  le  lessi- 
vage du  linge.  De  cinerata?  cendrée?  (Litt.) 


Il  Ec.  —  Chairée,  Cherrée,  Charrée.  —  Cendres 
qui  restent  sur  Vencherrier  (ou  encherroué) 
dans  la  panne  (pan-ne)  après  avoir  servi  à  la 
lessive. 

N.  —  On  assit  la  buée.  On  chauffe  la  lessive  ou 
la  buée.  On  vaille  (voi-lle,  vou-ille)  par-dessus  les 
cendres.  Le  jus  qui  sort  par  le  canon  (l'ajutage  est 
w.'dinairement  un  canon  de  fusil)  est  du  lessif 
vi^rononcé  souvent  lessî).  V.  Zigzag  167  sqq.  La 
Buée. 

Chairier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fabricant  de 
chaires. 

Chairpie  (By.),  s.  m.  —  Pour  Charpie. 

Et.  Hist.  —  Ancien  v.  Charpir  (charpir  la  laine, 
R.  de  la  Rose),  mettre  en  loques,  éfaufder,  par 
changement  de  conjug.  de  Carpere,  couper,  tondre. 
—  «  La  femme  l'empereur  par  nom  Josaphat 
.nanda  Narses  ceste  injure  que  ele  le  feroit  filer  o 
(avec)  ses  esclaves  et  charpiner  la  laine.  »  (L.  C.) 

Chaise  (Mj.),  s.  f.  —  Chaire  à  prêcher.  ||  Lg. 
Jeu  de  marelle,  celui  que  l'on  appelle  ailleurs  : 
tire-poil,  mais  non  celui  qui  est  appelé  pied- 
pourri  ou  chaudron.  ||  Fu.  —  Place  du  milieu 
au  jeu  de  tire-poil. 

N.  —  Tous  les  patoisants  appellent  chaire  un 
siège,  et  qqs  disent  :  la  chaise  à  prêcher.  On  verra 
par  l'histor.  que  cette  confusion  des  deux  doublets 
remonte  loin.  —  Hist.  :  «  Le  quatrième  jour 
d'avril  1688,  fulminant  un  monitoire  à  la  requeste 
de  madame  la  maréchale  de  Grammont. . . ,  sortant 
de  la  chaize  avant  d'avoir  pris  la  chasuble,  la 
foudre  du  ciel  tomba  dans  l'église. . .  ladite  chaize 
parut  en  feu.  »  (/.  a.,  S,  E,  ni,  165,  2,  b.)  —  «  Sous 
une  tombe  qui  est  près  la  chesse  à  faire  le  prosne.  » 
(1629.  Id.,  ibid.,  243,  1,  m.) 

Chaisier  (Sp.),  s.  m.  —  V.  Chairier. 

Chait,  e  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Chu, 
tombé.  V.  Chair  i. 

Hist.  —  «  D'un  vieil  molin  choisi,  vaque  et  rui- 
neux, appelé  vulgaument  le  Moulin  Dolent,  en  la 
paroisse  de  Bousse.  »  (1460.  —  Inv.  Arch.,  p.  259, 
c.  1.) 

—   «  Mais   quand   la  vigne   est  vendangeable   et 

(meure, 
«  Et  qu'on  n'en  cueille  en  la  saison  le  fruict, 
«  Le  raisin  chiet  ou  tourne  en  pourriture.  >> 

G.-C.  BucHEK,  199,  p.  201. 
—  «  Quand  l'amant  et  la  dame 

«  Veullent  changer  l'ung  a  l'autre  leur  arme 
«  Et  le  mary  chet  entre  eulx  en  sursault.   » 

Id.,  210,  p.  210. 
—   «  La  beauté  chet  comme  la  fioriture.  » 
Id.,    266,    p.    215. 
N.   —   Dans   ces   dernières   citations,    Chet  est 
l'indic.'prés.,  3»  p.  sing. 

Chaite  (Mj.,  Fu.),  s.  L  —  Tombée,  chute. 
Ce  mot,  qui  a  vieilli,  ne  s'emploie  plus  que 
dans  certaines  expressions.  ||  A  la  chaite  du 
jour,  — ^  à  la  tombée  de  la  nuit.  ||  A  la  chaite 
de  l'anche,  —  au  sortir  du  pressoir.  Ex.  :  Je 
illi  ai  vendu  eine  barrique  de  vin  prise  à  la 
chaite  de  Vanche.  \\  Ec.  —  Chaite.  —  Moment 
où  l'eau,  ayant  baissé  de  manière  à  laisser  les 
prairies  à  découvert,  s'écoule  dans  la  rivière 
par  les  fossés.  —  Il  faut  profiter  de  la  chaite 
pour  prendre  du  poisson. 

Chaize — V.  Chaire,  à  prêcher. 

12 


178 


CHALAXD  —  CHAMARAN 


Chaland  (Mj.),  s.  m.  —  Dans  les  trains  de 
bateaux  cFaulrefois,  qui  se  composaient  de 
5,  6  et  même  7  bateaux,  le  If""  s'appelait  le 
chaland,  le  2"=  le  tirot,  et  le  3«=  le  soube,  ou  sour 
tirot.  Les  autres  n'avaient  pas  de  noms  spé- 
ciaux. Il  Ec.  S'emploie  aujourd'hui  pour  un 
bateau  traîné  par  un  remorqueur. 

Et.  —  Incertaine.  —  Hist.  :  «  Du  trépas  ^(droit 
de  passage)  de  Loire  :  Pour  chalant  portant  mai- 
son. 4  soi.,  pour  sentaine  (sentine)  portant  mar- 
ctiandises  ou  autres  ciioses,  2  sol.,  pour  chalan 
portant  le  double  ou  plus,  6  sol.  «  (Regestum  Ludo- 
vici  ducis  Andegav.,  p.  40.  —  D.  C.)  —  Hist.  :  1670, 
26  décembre,  sépulture  du  «  passager  du  port  »  de 
Sorges,  «  et  fut  mené  en  un  chalon  jusques  auprès 
du  cimetière  à  cause  des  grandes  eaux,  qui  estoient 
partout  et  en  l'église  ».  Inv.  Arch.,  E,  S,  t.  II, 
p.  294,  2. 

C'haiandoiix  (Mj.),  s.  m.  —  Marinier  d'eau 
douce.  Les  mariniers  se  désignent  d'eux- 
mêmes  sous  ce  nom.  Cf.  Mariniasse,  Péteux, 
Pirrier. 

C'hâlée  (Tlm.,  Fu.),  s.  f.  —  Léger  ados  de 
terre,  qui  marque  le  passage  d'une  galerie  de 
taupe  creusée  à  fleur  de  sol.  !|  Cho.  Trace  du 
passage  d'un  gibier.  Syn.  de  Trutée.  Le  même 
que  Châlée,  avec  a  bref,  jl  Fu.  —  Trace  de 
limace  ou  d'animal  rampant.  Cf.  Châler. 

Et.  —  «  Lat.  callis,  petit  sentier.  Lorsque  la 
neige  couvre  la  terre,  on  y  fait  une  chalée  pour  faci- 
liter les  abords  des  bâtiments.  »  (Jaub.) 

Chaleil.  —  «  On  lit  au  Catholicum  armo- 
ricum  :  Lumière  ou  chandelle  à  veiller  de 
nuit,  ou  chouloil,  ou  engasse,  britannice 
Creuseul  (L.  C.  v"  engasse.) 

Chaler,  v.  a.  —  Gauler,  comme  le  prouve 
la  citation  suivante  de  Rabelais,  où  le  sens 
est  déterminé  par  la  suite  du  discours,  où  l'on 
dit  que  les  métayers  accoururent  avec  leurs 
grandes  gaules.  |l  Ec.  —  On  dit  plutôt  Gau- 
ler, pour  :  abattre  les  noix,  et  échaler  pour  : 
enlever  le  brou,  l'échale.  On  n'aime  guère 
cette  opération  ;  elle  met  les  mains  trop 
noires  et  pour  trop  longtemps.  N.  L'a  est  bref. 

Hist.  —  «  Les  mestaiers  qui  là  auprès  estoient 
challoierU  les  noix.  »  (Rab.,  i,  18.) 

Châler  (Lg.,  Tlm.),  v.  n.  —  Fouir  une 
galerie  à  fleur  de  terre,  en  soulevant  un  léger 
ados  qui  en  marque  la  trace.  Se  dit  d'une 
taupe.  Ex.  :  Y  a  eine  taupe  qui  a  châlé  dans 
le  jardin.  ||  Ec.  —  Id.  —  On  dit  :  fouger.  Les 
taupes  ont  ben  foûgé  après  la  petite  pluie  ; 
partout  on  voit  leus  foûgis.  ||  Sal.  S'avancer 
doucement  en  rampant.  ||  Lg.  Nager  à  fleur 
d'eau,  en  parlant  du  poisson. 

Et.  —  Contract.  de  Chevaler'i  Cf.  Chevau  de 
terre. 

Chalêtrc-,-aitre  (Mj.),  s.  m.  —  Constitution, 
complexion,  tempérament.  Ex.  :  II  est  d'ein 
bon   chalêtre. 

Chalibaudc,  s.  i.  —  Syn.  de  Brûlot.  Se  dit 
aux  environs  d'Angers,  mais  non  à  Montjean. 
—  Tas  de  mauvaises  herbes  ou  de  débris  de 
plantes  qu'on  fait  brûler  en  pleins  champs. 
Il  Ec.  —  Ce  mot  évoque  l'idée  de  fêtes  et  de 


danses  autour  du  feu,  avec  ou  sans  tiiais 
(prononc.  mé).  —  La  destruction  des  mau- 
vaises herbes  et  des  bourriers  se  fait  par  des 
brûlis  et  non  par  des  chalibaudes. 

Et.  —  Ce  mot  me  paraît  des  plus  curieux.  J'y 
vois  la  rac.  Chai,  du  lat.  Calere,  fr.  Chaleur,  et  le 
mot  Baude,  pour  Baudre.  En  sorte  que  ce  mot 
signifierait  littéralement  :  Feu  de  bourre  ou  de 
bourrier.  Mais  ce  n'est  pas  tout.  Chalibaude  pour- 
rait bien  être  devenu  :  Chalbaude,  Chaubaude, 
Caubaude,  Caubue  et  enfin  Ecôbue.  D'où  le  fr. 
Ecobuer.  Je  livre  cette  hypothèse  aux  critiques  des 
linguistes.  (R.  O.)  —  L'assemblée  de  Champigné 
est  dite  :  la  Chalibaude.  Il  parait  qu'on  y  allumait 
des  feux  de  joie  (feux  de  la  Saint-Jean^.  Elle  se 
tient  au  commencement  de  juillet,  le  6,  en  1902. 

Et.  —  Un  exemple  des  hypothèses  de  Méxage  : 
«  Calidus,  calidivus,  calidivaldus,  calivaldus, 
calibaldus,  calibalda,  chalibaude.  » 

Hist.  —  «  Sur  la  rive  opposée,  la  chalibaude 
flambe  joyeusement.  «  En  note  :  «  Feu  de  fagots 
traditionnel  dans  la  vallée  de  la  Loire.  »  (M.  Ala- 
Xic,  Ma  cousine.) 

Chalin,  s.  m.  (Mj.).  —  Ecorce  de  noix  pour 
la  teinture.  De  Chaler.  —  Dimin.  de  Chale, 
écale,  brou  de  noix. 

Chalipré,  adj.  q.  —  Choyé.  On  chalipre  une 
trute,  pour  :  On  ne  choie  rien  du  tout  (Express, 
faubour.)    (Mén.)? 

Chaloigne  (By.),  s.  m.  — •  Chanoine. 

Chaloir,  v.  n.  S'inquiéter  de. 

Et.  —  De  calere.  V.  Chaille-.  Cf.  Cela  ne  me  fait 
ni  chaud  ni  froid.  —  Hist.  : 

«  Bref,  tout  conclud  ne  luy  challoit  de  rien.    > 
Ch.  BorRDiGXÉ,  P.  Faifeu,  p.  67. 
«  Car  tant  ont  peur  le  veoir  en  telle  sorte 
Qu'il  ne  leur  ckault  lequel  de  eux  premier  sorte.  » 
Id.,    ibid.,    p.    69. 
«  Je  ne  sçay  pas  si  se  fut  au  mardy, 
Mais  toutesfois  de  la  journée  ne  chaille.  » 
Id.,   ibid.,   p.   75. 
«  Mais  ne  li  caut  de  riens  qu'il  oie, 
Par  Blanceflor  qu'il  n'a  s'amie 
En  non  caloir  a  mis  sa  vie.  : 

(Chanson  du  C^  d'Anjou.  —  D.  C.) 

Chalonuée,  s.  f.  —  Petite  charretée  de  terre 
((ui  fut  d'abord  en  usage  à  Chalonnes,  puis  à 
Angers,  en  1506.  ||  V.  Charte.  Pour  Chalan- 
drée  ou  Chalondrée,  et  non  de  Chalonnes.  R. 
O.  —  \'.  Citation  à  Chârtée. 

Chalonnes.  —  X.  Il  y  a  trois  parlers  dif- 
férents :  1°  Tête  de  l'île  ;  2*5  Trois  kilomètres 
plus  loin  ;  3°  La  campagne. 

Chalubert  (Ag.),  s.  m.  —  Larve  d'insecte 
propre  à  la  pêche.  ||  Ag.  —  Larve  de  libellule. 
Il  Ec.  —  Prononc.  Chalibert  ;  ou  porte-bois  ; 
vulgairement  :  charge-faix  (pron.  charchéfé). 
Larve  vivant  dans  un  tube  qu'elle  se  fabrique 
avec  des  parcelles  de  bois,  d'herbe,  de  débris 
de  coquillages,  de  sable,  etc.  V.  Folk-Lore,  n. 

Clialute  (Li.,  By.).  —  Cf.  Chahute,  s.  m. 

Chaïuaran,  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  l'An- 
themis  (Mén.)  —  Camomille.  V.  Chaininetée. 

Et.  —  «  Chamaras,  —  Germandrée  aquatique  ; 
de  Chamœdrys,  —  Ghamœrops? 


CHAMAROU  —  CHAMPEAU 


179 


Cliamarou  (By.),  adj.  q.  —  Injure.  Vieux 
chamarou  !  Vieux  hibou  !  être  solitaire  et 
grognon.  j|  Sa.  —  Faire  le  chaincwou  ;  f.  grise 
mine  ;  grommeler.  A  Mj.  Chamirou. 

Chambard  (Mj.),  s.  m.  —  Tapage,  vacarme, 
potin,  désordre.  —  Syn.  de  Boucan,  Bousin, 
Chahut,  Chutrin,  Ménère,  Bahut,  Babât,  Bac- 
chanal,  Chabanais. 

Chanibardement  (Mj.),  s.  m.  —  Branle-bas, 
bouleversement,  bousculade,  désordre,  vio- 
lence, billebaude.  Syn.  de  Chahutage. 

Chambarder  (Mj.),  v.  a.  —  Bouleverser, 
briser,  bousculer,  jeter  à  la  porte.  Syn.  de 
Chahuter. 

Chaïube  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Chanvre.  ||  Ec. 
Chambre. 

N.  —  Il  faut  remarquer  que,  pour  cette  plante,  on 
ne  manque  jamais  de  confondre  les  sexes.  On  ap- 
pelle mâles  les  pieds  qui  portent  les  graines  et 
femelles  ceux  qui  n'en  portent  pas.  Cette  erreur 
vient  sans  doute  de  ce  que  les  premiers  ont,  en 
effet,  un  aspect  plus  trapu,  plus  robuste,  plus  mas- 
culin,  en  un  mot,  que  les  véritables  pieds  mâles, 
dont  la  gracilité  rappelle  plutôt  le  sexe  faible. 
Rabelais  commettait  déjà  cette  confusion  :  «  En 
ceste  herbe  y  a  masle,  qui  ne  porte  fleur  aucune, 
mais  abonde  en  semence  ;  et  femelle,  qui  foisonne 
en  petites  fleurs  blanchastres,  inutiles,  et  ne  porte 
semence  qui  vaille.  »  (P.,  m,  49,  326.) 

Et.  —  Du  lat.  Cannabis.  Le  mot  patois  en  est 
plus  près  que  le  mot  fr.  ;  il  a  conservé  le  b  ;  l'ital. 
en  a  fait  un  p,  canapa;  le  russe  pi.  Konoplia;  l'esp. 
un  m,  canama  ;  le  fr.  un  v  +  r.  —  Deux  formes, 
en  lat.  :  Cannab^m,  fém.,  et  Cannabum,  plus 
rare,  masc.  —  Hist.  :  «  Son  droit  de  dime  sur 
«  blez,  vins,  potages,  lins,  chanves,  laines  et  ai- 
gneaux.  »  (1412.  —  Im>.  Arch.,  S,  H,  251,  1,  bas.) 
—  Cf.  l'angl.  Hemp,  même  sens. 

Chainbérier  (No.),  s.  m.  —  Domestique  de 
ferme  qui  réside  chez  lui  et  non  chez  son 
patron.  Pour  Chambrier,  de  Chambre.  Lat. 
Caméra  ou  Camara,  toit  voûté.  Camerarius. 

Chambérière  (Chpt.,  Fu.,  By.,  Mj.).  — 
i°  Chambrière,  dans  les  diverses  acceptions 
de  ce  mot.  ||  2°  Morceau  de  ruban  embrassant 
le  bâton  de  quenouille  et  fixé  à  l'épaule  de  la 
fileuse  au  moyen  d'une  épingle.  Syn.  de  Teint- 
quenoille.  \\  By.  chamboérière. 

Et.  —  C'est  une  métaphore  semblable  à  celle  qui 
a  fait  donner  le  même  nom  au  morceau  de  bois  qui 
soutient  une  charrette  dételée.  De  même,  les 
menuisiers  appellent  valet  l'ustensile  en  fer  qui  sert 
à  fixer  solidement  sur  l'établi  la  pièce  à  travailler. 

Chauiboiiri  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Chambouron. 

Cliaiuboiiron  (Lg.),  s.  m.  —  Mot  de  sens 
indéfini,  ou  plutôt  oublié,  dont  on  se  sert  dans 
la  comparaison  usuelle  :  «  Agrichonné  comme 
ein  chambouron,  ou  c.  ein  chambouri. 

Chainbranler  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  n.  — 
Osciller,  tituber.  Festonner,.  On  joue  souvent 
sur  ce  mot,  en  disant  des  ivrognes  qu'ils  l'ont 
des  portes  à  chambranle.  Syn.  de  Brancho- 
ler.  Bricoler,  Gingeoler,  Flagnoler.  Cf.  Cha- 
branler,  Jaub.,  et  Chambroller. 

Chambre  i  (Mj.),  s.  f.  —  Mairie.^Ex.  :  Ils  se 


sont  mariés  à  la  chambre.  C'est  le  mariage 
civil.  Il  Tlm.  Au  plur.  Les  chambres,  case  rec- 
tangulaire du  jeu  de  marelle,  divisée  en  deux 
compartiments,  intermédiaire  entre  le  chau- 
dron et  le  cœur.  En  exécutant  les  figures  du 
jeu,  les  enfants  doivent  sauter  à  cloche-pied 
par-dessus  les  chambres.  Ailleurs  on  appelle 
cette  case  :  le  diable.  V.  Chaudron,  Cœur. 

Chambre  -  (By.),  s.  m.  —  Chanvre,  jj  By. 
On  distingue  :  1"  le  mâle  ;  2°  la  fumelle 
(femelle)  ;  3'^  le  mélange  des  deux  :  le  tout 
ensemble. 

Chambrère  (Th.).  —  Servante  de  cam- 
pagne.  V.  Chainbérière 

Chambrier  (Sa.),  s.  m.  —  Journalier. 

Et.  —  Du  fr.  Chambre,  parce  que  le  journalier 
n'a  d'autre  domaine  que  la  chambre  qui  lui  sert  de 
domicile.  V.  Chainbérier. 

Chauibrières  (Mj.),  s.  f.  — •  Simples  bâtons, 
de  4  à  6  centim.  de  diamètre,  que  l'on  cou- 
chait immédiatement  au  nombre  de  deux  sur 
le  cep,  et  sous  les  carreaux. 

Chaminetée,  s.  f.  —  Nom  vulg.  de  l'An- 
themis,  se  donne  à  plusieurs  espèces  (Mén.). 
V.  Chamaran. 

Chamirou-  (Mj.),  s.  m.  et  interj.  —  Cha- 
meau, interpellation  ou  désignation  qui 
marque  le  dépit.  Ex.  :  Il  est  pus  sot  qu'il  n'est 
grous,  ceté  chamirou-lk  ! 

Champ  (Mj.),  s.  m.  —  Les  champs,  les 
terres  hautes,  par  opposition  aux  vallées  et 
aux  îles.  Il  Champ  de  courbes,  intervalle 
entre  deux  courbes,  dans  un  bateau,  jj  En 
champ,  dans  les  champs,  au  pré.  Ex.  :  Va 
falloir  mener  les  vaches  en  champ. 

Champagne  (Te,  By.,  Crz.,  Ag.),  s.  f.  — 
Section  de  rivière  amodiée,  affermée  à  un 
pêcheur,  canton  de  pêche.  i|  Pays  plat  ;  La 
Champagne  de  Montreuil-Bellay. 

Et.  —  Campagne,  prononc.  picarde  de  Cham- 
pagne ;  plaine,  panie  plane.  (Cf.  La  fine  Cham- 
pagne, des  Charentes.)  —  Du  lat.  popul.  Campa- 
nia.  plur.  n.  de  l'adj.  Campanius.  devenu  fémi. 
sing.  —  «  Il  sembloit  que  toute  la  champaigne  fust 
coverte  de  batailles...  »  (Villehardouin  — 
autour  de  Constanlinople.  —  Jaub.) 

Champagnisation  (Sar.),  s.  f.  —  Action  de 
champagniser  le  vin. 

Hist.  —  M.  Combrouse.  —  Comment  dosez-vous 
le  sucre  pour  la  champagnisation?  {Ang.  de  Paris, 
19  mai  1907,  2,  4.) 

C!iampagniser  (Sar.),  v.  a.  —  Transformer 
un  vin  ordinaire  en  vin  mousseux,  analogue 
au  Champagne. 

Champagniseur  (Sar,),  s.  m.  —  Industriel 
qui  s'occupe  de  la  champagnisation  du  vin. 

Champeau  (Mj.),  s.  m.  —  Brin  de  fil,  fixé  à 
Vépinoche  et  qui  supporte  un  hameçon.  Syn. 
de  Cordillette. 

Ec  —  Ne  pas  confondre  Champeau  et  Cordeau, 
épinoche  et  hameçon.  —  Le  champeau,  à  quatre 
brins    de  fil,  sert  à  attacher    les    aims.  (haimsj 


180 


CHAMPÊTRE  -  CHANCRE 


hameçons).  Le  cordeau,  à  deux  brins,  servait  pour 
les  épinoches,  dans  la  pêche  à  l'anguille.  Tous  deux 
s'attachent  à  l'aide  d'une  simple  boucle,  se 
bouclent  sur  la  ligne.  —  Les  lignes  sont  de  longues 
cordelettes  que  l'on  tend  sous  le  nom  de  :  lignes, 
traînées,  cordées.  Une  traînée  peut  avoir  un  Ivilo- 
mètre  et  plus.  Dans  les  petits  cours  d'eau,  les 
cordées  sont  souvent  tendues  du  rivage.  Les  hame- 
çons ont  partout  remplacé  les  épinoches.  L'épinoche 
était  une  racine  d'aubépine  munie  de  son  mince 
rameau,  coupé  à  une  longueur  égale  à  l'épine.  — 
Les  quatre  brins  du  champeau  se  cordent  à  l'aide 
d'une  machine  à  corder.  V.  Cordeau.  —  On  pou- 
moye  (paumoye)  les  lignes  dans  des  mannequins,  en 
ayant  soin  d'y  fixer  par  un  virecou,  de  distance  en 
distance,  des  perrons  pour  les  maintenir  au  fond  de 
l'eau,  surtout  dans  le  courant,  lorsqu'en  tendant  on 
fait  des  branles.  \\  Ti.,  Tr.,  —  Zig.  203.  —  Dans  la 
locut.  :  Avoir  le  champeau  (gosier?)  en  dévalant,  — 
aimer  à  boire. 

Champêtre  (le)  (I\Ij.,  Tlm.,  Fu.,  By.),  s,  m. 
et  absolument  le  garde  champêtre.  Cf.  Le 
municipal,  et  même  le  Cipal.  V  .Champi- 
gnole. 

Chanipignole  (Sp.,  Mj.),  adj.  quai.  Superbe. 
Ne  s'emploie  qu'avec  le  nom  :  afTaire.  Ex.  : 
Ah  ben  !  les  gars,  l'afîaire  est  champignole, 
bonne,  avantageuse  ;  cela  va  bien.  N.  On  dit 
aussi  dans  le  même  sens  :  L'afîaire  est  cham- 
pêtre. 

Champignon  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Sorte  de 
cancer,  tumeur  cancéreuse,  fongus. 

N.  —  Dans  nos  campagnes,  toutes  les  afîections 
cancéreuses  sont  attribuées  à  des  végétations,  ou 
même  à  des  animaux  parasites,  qui  se  dévelop^- 
raient  au  sein  des  tissus  et  les  rongeraient.  Cette 
croyance  est  entretenue  par  le  fait  que  certains 
empiriques  guérissent  le  cancer  en  faisant  se  déta- 
cher, au  moyen  de  caustiques  violents,  les  parties 
de  chair  frappées  de  dégénérescence  :  et  ce  sont  ces 
lambeaux  que  la  croyance  populaire  prend  pour 
l'animal  lui-même.  Les  fibres,  souvent  assez 
longues,  qui  y  appendent  sont  regardées  comme  les 
pattes,  les  tentacules  de  la  bête  ou  les  racines  de  la 
plante.  Aussi  beaucoup  de  personnes  prennent- 
elles  soin  de  nourrir  le  prétendu  animal  en  appli- 
quant de  la  viande  sur  la  plaie  cancéreuse  ;  on  peut 
dire  que  c'est  là  un  traitement  rationnel,  sinon 
peut-être  raisonnable.  Il  peut  se  faire  que  cette 
théorie  de  la  nature  parasitaire  du  cancer  ne  soit 
pas  fausse  au  fond  :  le  nom  même  indique  qu'elle  a 
été  de  tout  temps  en  honneur  ;  il  ne  lui  manque, 
pour  être  de  son  siècle,  que  d'être  ramenée  à  la 
théorie  microbienne.  (R.  O.) 

Champnas  (chan-nâ)  (Mj.),  s.  m.  —  Habi- 
tant des  terres  hautes,  par  opposition  à  ceux 
des  vallées  et  des  îles.  V.  Champ. 

Champoyer  (Mj.),  v.  a.  —  Conduire  et 
garder  au  pâturage.  ||  Soigner  des  bestiaux. 
li  Chasser  d'un  champ,  ou,  en  général  :  «  Je 
l'ai  joliment  champoyé  de  chez  moi.  ||  Admo- 
nester fortement.  ||  Ti.,  Zig.  151.  —  Taquiner, 
Syn.  de  Chacoter.  \\  Ec.  N'a  que  le  sens  de  : 
chasser,  pourchasser.  ||  Sal.  —  Conduire  aux 
cliamps,  mener  paître.  Champoyer  des  pirons 
conduire  d'un  lieu  à  un  autre  ;  envoyer 
paître  qqn. 

Et.  Hist.  —  l^f  sens  :  Faire  paître  dans  les 
champs,    Champeare.     «    Guillaume    de    Bougey, 


bouvier  et  garde  d'une  charue  de  certain  nombre 
de  buefs,  avoit  fait  ckampoier  et  dégaster  en  graiit 
partie  l'erbe  desdites  fauchées  de  pré...  par 
lesdits  buefs,  et  que,  à  champoyer  et  dégaster  ainsi 
ladite  herbe...  il  estoit  coustumier. . .  (1480.  — 
D.  C.)  —  «  Les  habitants  des  villes  et  villages 
peuvent  mener  et  faire  mener  leurs  bêtes  grosses  et 
menues  champayer  et  pasturer  es  lieux  de  vaine 
pasture.  -  (Litt.'i  —  «  L'article  155  de  la  Coutume 
d"Orléans  en  a  une  disposition  expresse,  que  pâtu- 
rer, champayer  et  faire  passer  bétail  sur  l'héritage 
d'autruy  par  tolérance  et  sans  titre,  n'attribue 
aucun  droit.  »  (Coût,  du  Poitou,  i,  p.  481,  art.  193.) 
—  2«  sens  :  «  Jehannin  Manecier  et  icellui  Talart 
champoyaient  l'un  contre  l'autre.  »  (D.  C.) 

Champ-le-pope,  s.  m.  —  L'homme  qui 
s'occupe  du  ménage,  de  la  popote.  (Méx.)  — 
Ne  serait-ce  pas  plutôt  :  Jean?  V.  Manette. 

Champ-de-tabac  (Lg.),  s.  m.  —  Cimetière. 
Syn.  de  Cémetière,  Cimentère,  Çoumitière, 
Ouche  des  mottes,  Ouche  des  morts,  Ouche-de- 
tend-cul.  \\  Ec.  —  En  Anjou,  où  on  ne  cul- 
tive pas  le  tabac,  on  dit  :  Champ  de  navets, 
ou  de  naveaux.  Cimetière,  où  l'on  va  manger 
des  pissenlits  par  la  racine. 

Champtoceaux.  —  Ce  mot  est  mal  traduit 
de  :  Castrum  celsum  »,  dit  P.  Marchegay, 
p.  24  .Note. 

Hist.  ■ —  «  Au  temps  de  l'évêque  Pient,  l'église  de 
Poitiers  perdit  l'évêché  du  château  de  Cels  (Champ- 
toceaux). —  Chroniq.  de  Saint- Maixent.  Citée  par 
VAnj.  Hi.<it.,  (>"  an.,  n»  6,  586,  note. 

Champtocéiais  (Mj.),  s.  m.  —  Habitants 
de  la  commune  de  Champtocé  (Comme  on 
doit  dire  Pontsdecéiais). 

Chançard  (Mj.,  By.),  adj.  q.  et  s.  m.  — 
Chanceux.  Sj'u.  de  Chanceur,  Veinard. 

Et.  —  Chance.  B.  L.  Cadentia,  du  L.  cadens,  ce 
qui  tombe,  de  cadere,  choir.  Cf.  Cadence. 

Chance  (Mj.,  Spb,),  s.  f.  —  Cheptel  vif, 
ensemble  des  bestiaux  d'une  ferme.  Ex.  :  La 
maladie  de  poitrine  s'est  emmanchée  chez  li, 
il  a  pardu  toute  sa  chance. 

Et.  —  Contract.  du  fr.  Chevance,  le  bien  qu'on  a. 
Même  rad.  que  chevir  (disposer  de  qqn.  en  venir  à 
bout),  c.-à-d.  chef.  La  chevance  est  ce  dont  on  est 
venu  à  chef,  ce  qui  sert,  ce  que  l'on  possède.  —  Cf. 
Cheptel,  de  capitale,  capital.  —  «  Nous  ne  saurions 
en  chevir.  »  (Molière,  Don  Juan,  iv,  3.) 

Chance  (Z.  131.  Fu.).  —  Qui  a  des  bestiaux. 
\'.  Chance.  \\  Fu.  Pourvu. 

Chanceler  (Sp.),  v.  a.  —  Pour  :  chancer  ; 
Enger,  munir  de  qq.  espèce  bonne  ou  mau- 
vaise. —  Syn.  de  Engeancer,  Oriner,  Nâtir, 
Engénouir 

Chancer  (Mj.),  v.  a.  V.  Chanceler.  Munir 
d'une  espèce  de  plantes  ou  d'animaux. 
Oriner,  etc.  ||  Fu.  Pourvoir. 

Chanceur  (Sp.,  Mj.),  adj.  q.  —  Chanceux, 
veinard,  et  S.  m.  —  Syn.  de  Chançard. 

Chancre  (Lg.),  s.  m.  —  Deuxième  pellicule 
de  la  châtaigne,  de  couleur  jaune,  et  qui 
adhère  à  la  partie  comestible.  H  Aphte,  ulcé- 
ration des  lè\Tes.  Syn.  de  Balafre,  Scorbut. 
Il  Dépôt  blanchâtre  sur  la  muqueuse  buccale 


CHANCRELLE  -  CHANTENAU 


181 


des  petits  enfants  (Mj.)  1|  Fu.  —  Petit  craiie 
parasite  des  moules.  ||  Ec.  —  Non  vulg.  du 
cancer,  du  crabe.  Maladie  des  arbres,  en  par- 
ticulier du  pêcher. 

Chaiicrelle  (Mj.)  s.  f.  —  Herbe  à  tiges  ram- 
pantes, à  fleurs  jaunes,  à  feuilles  ovales 
opposées,  qui  forme  des  touffes  étalées  dans 
les  terres  fortes  et  humides  des  vallées, 
surtout  au  bord  des  fossés  et  des  haies.  Le 
décocté  s'emploie  pour  lotionner  les  vaches 
enchancrées.  Très  probablement  la  lysimaque 
ou  chasse-bosses.  Bat.  Lysimachia  vulgaris. 

Chandail.  —  «  Les  nommés...  ont  été  mis 
en  état  d'arrestation...  sous  l'inculpation  de 
vol...  de  treize  tricots  dits  «  chandails  », 
estimés  80  francs.  {Le  Petit  Courrier,  24  dé- 
cembre 190.5).  Mot  nouveau.  Catalogue  du 
Bon-Marché,  du  Louvre. 

Chandelier  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Tourette. 
I!  Moulin  à  chandelier.  V.  Moulin.  Sorte  de 
moulin  à  vent  dont  tous  les  tournants  et 
virants  sont  enfermés  dans  une  chambre  de 
bois  portée  sur  un  fort  pivot  au-dessus  d'un 
massif  de  maçonnerie.  ||  Fig.  Quatre  poignées 
de  lin  mises  debout  la  tête  en  bas  et  rappro- 
chées par  la  racine,  avec  une  cinquième  posée 
dessus  en  travers  et  horizontalement.  ||  Ec.  Id. 

Hist.  —  «  Un  autre  y  a  planté  un  moulin  sur 
SeuUe,  un  de  ces  moulins  qu'on  appelle  à  Chan- 
delier. »  {Coust.  de  V An].,  il,  col.  98.)  —  «  On  ne 
peut  donc  pas,  en  la  province  d'Anjou,  dire  que  le 
moulin  à  vent,  ou  planté  en  terre,  ou  assis  sur  une 
seule,  ou  le  moulin  à  chandelier,  puisse  être  tenu 
pour  meuble.  »  (Ihid.,  col.  100.) 

Chandelle  (Mj.,  Fu.).  —  Quand,  par  hasard, 
trois  chandelles  se  trouvent  allumées  à  la 
fois,  on  dit  :  «  Trois  chandelles  allumées, 
enterrement  d'un  chat.  »  |j  Fig.  —  Aiguille 
ou  stalactite  de  glace  qui  pend  au  bord  d'un 
toit  à  la  suite  d'un  dégel  partiel,  jj  Filet  de 
morve  qui  sort  des  narines  d'un  enfant  mal- 
propre. Syn.  de  Cloche.  A  ce  sens  au  Lg.,  syn. 
de  Gnâ.  \\  Curieux,  badaud  indiscret  et 
gênant.-  Syn.  de  Ecornifleur.  \\  Sp.  Etai.  Syn. 
de  Appouet,  Abat,  Poinçon. 

Chandeloiirs.  — -  Pour  Chandeleur. 

«    Si    fait    beaux    et    luit    Chandelour.v, 
Six  semaines  se  cache  l'ours.  » 

L.  DE  LiNCy,  Proi\,  p.  96. 

Chandorler  (Lg.),  v.  a.  —  Câliner,  dorloter. 
Syn.  de  Amignonner,  Pouponner. 

Et.  —  Ce  mot,  très  vieux  et  qui  commence  à 
s'oublier,  me  paraît  des  plus  curieux.  Je  crois  y 
reconnaître  une  racine  Dorler,  dont  le  fr.  Dorloter 
serait  le  diminutif.  Mais  qu'est-ce  que  c'est  que  le 
préf.  Chan?  Viendrait-il  de  Chanter?  Dorloter  en 
chantant?  C'est  peu  probable. 

Chanfrein  (Ag.),  s.  m.  —  Regarder  en 
chanfrein,  en  dessous. 

Change  (Lg.),  s.  m.  —  Echange.  Ex.  :  Je 
coniieus  pas  le  prix  do  quelle  va(;he  :  je  l'ai 
pas  ajetée,  j'ai  fait  in  change. 

Changeâiller  (Mj.),  v.  n.  —  Changer  sou- 
vent. N.  On  dit  mieux  Changeotfir. 


Changement 

d'âge. 


(Mj.,   L.g),  s.   m. 


Retour 


Changeotard  (Lg.),  s.  m.  — •  Qui  aime  à 
changer  souvent.  Syn.  de  Changeotoux,  Chan- 
geotier. 

Changeoter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Chan- 
ger souvent.  Cf.  Nageoter.  V.   Changeâiller. 

Et.  —  B.  L.  Cambiare,  changer,  du  L.  Cambire. 

Changeotier  (Mj.),  adf.  q.  et  s.  —  V.  Chan- 
geotard. 

Changeotoux  (Lg.),  adj.  q.  et  s.  —  V.  Chan- 
geotard. 

Changer  (Mj.,  By.).  Locut.  —  Changer  son 
fusil  d'épaule,  changer  de  parti,  retourner  sa 
veste.  Il  Ch.  son  cheval  borgne  pour  un 
aveugle,  ou  :  son  couteau  pour  une  goudrille, 
laisser  le  meilleur  pour  le  pire.  ||  (Fu.)  Abso- 
lument :  Changer  le  linge,  ou  le  vêtement  de 
qqn.  Ex.  :  Méchant  galopin,  il  s'est  enfondu 
des  pieds  à  la  tête,  va  falloir  que  je  le  change 
de  tout  en  tout.  Mj.  id. 

Chaniller,  v.  n.  (Segr.).  —  Tricher  au  jeu 
(MÉx.) 

Chanlatte  (Sp.,  By.),  s.  f.  —  Planches  fixes, 
ou  panneaux  qui  garnissent  le  fond  d'une 
charrette.  |'|  Volige  plus  épaisse  sur  un  bord 
que  sur  l'autre,  en  biseau. 

Et.  —  Latte  mise  de  champ. 

Chanoigne  (Mj.),  s.  m.  —  Chanoine.  Cf. 
Cangrègne.  On  trouve  :  Chenoigne,  dans  une 
charte  de  1252.  D.  C.  V.    Chaloigne. 

Chanteaii  (Mj.),  s.  m.  —  En  terme  de  ton- 
nellerie, douelle  en  forme  de  segment  de 
cercle,  formant  un  des  bords  du  fond  d'un 
fût.  Ce  sens  est  une  métaphore,  ces  douelles 
ont  en  effet  la  forme  d'un  chanteau  de  pain- 
II  Fu.  Outre  le  sens  fr.  :  Bouquet  de  noisettes 
soudé  par  les  cupules. 

Et.  —  B.  L.  Cantellus,  de  Cantus,  coin,  côté, 
d'où  :  chant,  mieux  que  champ.  —  On  disait  :  En 
chantel,  en  cantiel,  pour  :  en  côté,  en  travers. 

Chantelouqnais  (Tlm.),  s.  m.  —  Habitant 

de  Chantelou]),  commune  limitroplie  au  N.  E. 
Ex.  :  Les  Chantelouqunis  n'ont  point  le  même 
patois  qu'à  Tlm.  ;  ils  causent  encore  ben  plus 
mal. 

Chantenau  (Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Présent  de 
noces  que  fait  un  parrain  ou  une  marraine  à 
sa  filleule.  Cf.  Cochelin. 

Et.  —  Composé  de  Chante-Nau,  Noël,  parce  que 
c'est  une  joie  de  recevoir  ce  cadeau?  —  Hist.  : 
«  Les  cadeaux  faits  par  les  parrains  et  marraines 
des  mariés  s'appelaient /fateawx  ou  chantcneaux  {sic); 
ils  devaient  dépasser  do  beaucoup  les  autres  en 
valeur.  »  (Deniau,  i,  p.  7;{.)  —  «  Chantené, 
Chantencau,  Chante-Noél,  miche,  pain  de  Noël.  Il 
était  donné  par  les  maîtres  à  leurs  domestiques,  et 
ceux-ci  emportaient  le  Chante-Noël  dans  la 
famille   où   ils   allaient   passer   la   fêta   de    Noël. 


182 


CHANTER  -  CHAPEAU 


(DoTTiN.)  —  C'est,  évidemment,  le  sens  primitif, 
l'autre  n'en  est  qu'une  extension. 

Chanter  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Faire  entendre 
un  bruit  sifflant.  Ex.  :  Ça  illi  chante  sus  l'es- 
toinat.  Syn.  de  Jarzéler.  \\  Chanter  \e...  chanter 
c.  qqn.  Ex.  :  Toute  poule  qui  chante  le  jau 
est  bonne  à  jeter  à  l'eau.  1!  Chanter  pertin- 
taine.  V.  ce  m. 

Chanterelle  (Mj.),  s.  f.  —  Trachée-artère 
des  oiseaux. 

Et.  —  C'est  là  que  se  forme  le  chant.  —  En  Ital., 
cantarella,  oiseau  servant  d'appeau. 

Chanterie  (Mj.),  s.  f.  —  Le  chœur  d'une 
église.  Ce  mot  n'est  plus  usité  ;  mais  il  était 
employé  à  Mj.,  au  xvi*^  ou  au  xviie  siècle, 
ainsi  qu'en  témoigne  un  document  cité  par 
l'abbé  Allard  dans  ses  Notes  sur  Montjean 
Angl.  Chantery. 

Chanteroler  (Mj.),  v.  n.  —  Chantonner. 

Chantier  (Chanquier),  s.  m.  (Sp.,  Fu.)  1.  — • 
Pièce  de  bois  reposant  à  terre  et  qui  soutient 
une  pièce  de  travail  en  cours  d'exécution. 
(Mj.,  Sp.,  Fu.)  2.  Besogne,  occupation.  Ex  : 
Je  vas  me  mettre  en  chantier  de  laver  la  vais- 
selle. —  Aile  était  en  chantier  de  me  conter 
ce  qu'aile  a  vu.  ||Zig.  151.  —  Embarras.  C'en 
est  d'ein  chantier  !  —  Entreprise.  Y  en  avait 
d'ein  chantier  là  dedans  ;  c'était  à  ne  pas 
savoir  par  queun  bout  s'y  prendre.  ||  3.  Rive, 
berge  de  la  Loii'e.  Ex.  :  Le  chantier  est  ben  à 
bref.  Syn.  de  Tartre.  —  «  L'eau  commence  à 
monter  par-dessus  le  chantier  des  Vernettes. 
Il  By.  —  3^  sens  ;  bord  de  la  rivière,  lorsqu'il 
est  presque  à  pic  et  surtout  lorsqu'il  y  a  un 
trottier  sous  l'eau.  En  général,  bord  de  la 
rivière,  au  niveau  de  la  prairie. 

Et.  —  \"  sens  :  Canterium,  proprement  cheval 
hongre,  puis  pièce  de  support.  Pour  la  métaphore. 
Cf.  Chevalet,  poutre  (littéralement  :  jument).  Ces 
deux  sens  se  retrouvent  en  latin.  (Daem. )  — 
«  Canterius  est  l'arbalétrier,  dans  la  charpente 
d'un  toit  ;  le  sens  primitif  est  donc  :  pièce  de  bois 
inclinée,  ensemble  de  pièces  de  bois  couchées, 
comme  on  en  trouve  dans  les  celliers.  ||  3*=  sens  : 
B.  L.  Canterium.  quartier  de  terre  :  Chanterium, 
lieu  entouré  de  murs,  etc.  Tous  ces  sens  se  ramènent 
à  Cant,  coin,  bord.  Il  y  a  eu  confusion  avec  le  sens 
premier.  —  «  La  Loire  coule  à  plein  chantier.  Ne  se 
dit  plus  que  des  bords,  où  on  construit  des  bateaux, 
et,  par  ext.,  de  tout  ateher  en  plein  air,  où  les 
ouvriers  sont  réunis  en  certain  nombre.  «  (Jaub.)  — 
«  Les  rivières  quand  elles  sont  grosses  à  plein 
chantier,  —  à  borde  chantier  :  «  Joyeuse  sauta  du 
chantier  dans  le  Tar  et  s'y  noya.  »  (D'Aubigné.  — 
L.  C. )  —  «  En  cette  année  1689,  il  y  a  eu  de  très 
grands  débordements  d'eaux...  qui  ont  causé  de 
très  grands  dommages  par  les  ruptures  des  chan- 
tiers. »  (Inv.  Arch.,  E,  ra,  p.  325,  col.  2.)  —  «  Et 
doit  demeurer  pour  constant  que  les  moulins  à 
eau,  assis  en  bateaux,  qui  ne  sont  attachez  aux 
rades,  bancs  ou  chantiers,  pour  perpétuelle  de- 
meure... sont  meubles.  »  (Coust.  d'An/.,  n,  col. 
418.)  —  «  On  pousse  par  les  chantiers  les  bœufs  et 
les  chevaux  qui  marchent  avec  lenteur.  »  {A.  h., 
2-  an.,  n"  3,  578,  21.) 

Chantit  (Mj.,  Fu.,  By.).  —  Pour  :   chanta. 


Les  anciens  faisaient  tous  les  passés  définis 
de  l'indicat.  en  is,  it.  Je  chantis,  j'allis,  etc. 
Hist.  : 

«  Quand  la  belle  fut  tirée, 

S'en  fut  à  la  maison. 

Se  mit  à  la  fenêtre, 

Chantit  une  chanson.  » 

(Ronde  maraîchine,  citée  par  R.  Bazin,  La 
Terre  qui  meurt,  p.  217.) 

Chantoceaii,  —  Hist. 

«  Qui  voudroit  Chantoceau  prendre. 
Il  faudroit  du  ciel  descendre. 

(MÉNAGE,  Dict.  étynwl.) 

Chanvrais,  s.  m.  —  «  Les  Daguenais,  les 
Bohallais,  et  les  Saint-Mathurinais  sont  tous 
chanvrais.  Dicton  (Mén.).  Terrains  d'alluvion 
de  la  Loire,  fertiles  en  chanvre. 

Chanvre,  s.  m.  —  Année  de  chanvre  (MÉx.) 

Chanvre  d'eau,  s.  m.  —  Nom  vulg.  du 
Lycopus  Européens  (MÉx.).  —  Marrube 
aquatique,  de  Bâtard,  qui  nomme  Chanvre 
aquatique  le  Bidens  tripartita. 

Chanvre-folle,  s.  f.  —  Sariette  sauvage.  Le 
Galeopsis  ladanum  (Mén.).  —  Vulg.  Ortie 
rouge  (Bat.) 

Chanvrière,  s.  f.  —  ^^  Chambérière  '. 

Chaon  (Sal.).  —  Mieux  Chahon.  Chat- 
huant. 

Chaosse  (Lx.,  Zig.  143),  s.  f.  —  Bas.  —  V. 

Chausse. 

Chaparder  (By.),  v.  a.  —  Voler. 

Et.  —  Champartir,  champarter,  lever  le  droit  de 
champart  ;  saccager,  voler,  chaparder.  Le  cham- 
part,  c'est  le  :  campi  partem.  —  Corrupt.  popul. 

Chape  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  1"  Balle,  glume, 
gaîne  qui  enveloppe  la  graine  des  céréales. 
Cf.  Enchapé. 

Et.  —  B.  L.  Chapa  ;  com.  Cape,  par  assimilation 
à  ce  vêtement  qui  enveloppe  le  corps.  Blé  chape, 
qui,  battu  et  criblé,  a  conservé  ses  balles. 

2°  (Sp.,  Tlm.,  Lg.).  Sorte  de  sable  grossier 
et  de  mauvaise  qualité  que  l'on  extrait  du 
sol.  Ce  sable  n'est  autre  chose  que  des  débris 
de  feldspath  désagrégé  par  l'eau,  débris 
nécessairement  mélangés  d'une  forte  quan- 
tité d'argile.  ||  Feldspath.  Cf.  l'Angl.  to  chap, 
se  crevasser,  se  fendiller.  Cf.  Chapelure.  ||  A 
Maulévrier,  à  Yzernay  on  désigne  ainsi  la 
tête  d'un  rocher  en  décomposition  (MÉx.). 
Il  Syn.  de  Caquin.  Au  Lg.  souvent  prononcé 
Chaple.  Semble  un  mot  distinct  du  n°  1. 

Et.  —  Chapeler  ;  capulare.  Tailler  en  enlevant  le 
dessus,  d'où  le  sens  de  débris. 

3°    (Lg.)  Paupière  supérieure. 

4"  (Mj.)  Morceau  de  cuir  qui  embrasse 
l'extrémité  de  la  verge  du  fléau  et  la  relie  au 
virolet.  N.  C'est  encore  une  enveloppe. 

Chapeau  (Mj.),  s.  m.  —  Chaperon,  cou- 
ronnement d'un  mur.  ||  Les  mariniers 
désignent  ainsi  les  plantes  et  les  feuilles 
vivant  à  la  surface  de  l'eau.  Cette  couverture 
sert  de  refuge  aux  poissons  (Mén.)  ||  Lorsque 


CHAPEAU-BORDÉ  —  CHAPIX 


183 


le  vin  nouveau  est  nais  en  tonneau  et  que  les 
grains  se  réunissent  à  la  bonde,  il  y  a  là  un 
chapeau  ;  de  caput,  tête  (Id.) 

Chapeau-bordé  (Mj.),  s.  m.  —  Graine  de 
genouiUée,  qui  se  retrouve  mêlée  à  celle  du  lin. 

Et.  —  De  la  forme  de  cette  graine. 

Chapeau  de  vignes.  —  Vignes  en  pente  ;  la 
partie  supérieure  d'une  colline  (MÉîf.) 

Chapelet  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Fig.  Maladie 
des  enfants  en  bas  âge,  qui  se  manifesterait 
par  un  amaigrissement  considérable  et  par  la 
saillie  sous  la  peau  des  ganglions  du  mésen- 
tère. Je  tiens  d'un  docteur-médecin  que  cette 
maladie,  pour  la  guérison  de  laquelle  cer- 
taines commères  sont  des  spécialistes  distin- 
guées, que  cette  maladie  du  chapelet,  dis-je, 
n'existe  pas.  Il  n'en  est  pas  de  même,  ajou- 
tait-il, du  carreau,  qui  est  l'atrophie  mésen- 
térique.  ||  Défiler  son  chapelet  à  qqn.,  lui  dire 
ses  36  vérités. 

Et.  —  Engorgement  ganglionnaire  disposé  en 
forme  de  chapelet.  —  Hist.  :  «  Si  nos  savants  doc- 
teurs entendaient  parler  du  chape  ou  chaple,  assu- 
rément, ils  n'y  comprendraient  rien  !  Cependant,  à 
l'inspection,  ils  constateraient  qu'il  s'agit  ici  de 
certaines  glandes  au  cou  et  au  sein.  {La  TracL, 
p.  257,  1.  8.)  —  N.  On  voit  que  le  chapelet,  ou 
chaplet  de  Mj.  est  un  peu  différent.  Je  crois  que  la 
seconde  orthogr.  serait  la  meilleure,  vu  le  mot 
poitevin. 

Chapeletière  (Sar.),  s.  f.  —  Ouvrière  qui 
fait  des  chapelets.  Industrie  locale.  V.  Cha- 
pelettier. 

Ilist.  —  Publication  de  mariages  du  10  au 
16  mai.  «  E.  B.,  fumiste. . .,  et  M.  V.,  chapeletière.  » 
(Ang.  de  Paris,!  9  mai  1907,  4,  2.) 

Chapelets,  s.  m.  ou  Pas  de  bœufs  (Chol.).  — 
Trace  de  leurs  pas  dans  une  terre  grasse. 

Hist.  —  «  On  rencontrait  encore,  çà  et  là,  des 
endroits  difficiles,  appelés  chapelets,  à  cause  d'une 
longue  suite  de  petits  trous  et  de  légers  monticules, 
symétriquement  pratiqués  par  le  piétinement  des 
bestiaux  :  ces  passages  retardaient  considérable- 
ment la  marche  du  voyageur.  »  (Deniau,  i,  20.) 

Chapeletter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Dire  des 
chapelets.  Cf.  Fourchetler.  \\  (Lg.).  Fermenter 
légèrement,  en  parlant  du  vin  en  bouteilles. 

Et.  —  La  même  pour  le  2"  sens  que  pour  le  l-""  ; 
parce  que  les  bulles  de  gaz  qui  se  dégagent  se 
suivent  comme  les  grains  d'un  chapelet  entre  les 
doigts  d'une  dévote. 

Chapelettier-ière  (Sar.),  s.  m.  et  f.  — 
Ouvrier, -ère  qui  fabrique  des  chapelets.  Cf. 
Allumettier.  V.  Citation  à  Chapeletière.  ^ 

N.  —  'Voilà  un  mot  bien  angevin  et  même  bien 
saumurois.  On  sait  que  Saumur  (faubourg  de 
Fenet,  surtout)  est  le  grand  centre  de  la  fabrication 
des  chapelets.  Cette  industrie  y  aurait  été  intro- 
duite par  les  protestants,  à  la  suite  de  la  révocation 
de  l'Edit  de  Nantes,  en  témoignage  de  leur  réconci- 
liation avec  les  fils  de  saint  Dominique...  Il 
paraîtrait  qu'ils  en  faisaient,  du  reste,  plus  (ju'ils 
n'en  disaient,  et  leurs  successeurs,  les  chapeleiticrs 
actuels,  ont  conservé,  dit-on,  cette  tradition,  si  l'on 
s'en  rapporte  au  proverbe  local,  qui  n'a  pas  varié. 
Sous  toutes  réserves.  (II.  O  ~ 

Chapelle',  s.  f.  (Tlm.).  —  Partie  du  métier 


de  tisserand  où  se  tient  l'ouvrier.  Elle  est 
ainsi  nommée  parce  qu'elle  forme  comme  une 
chambre  à  claire-voie.  ||  Sa.  —  Petite  cons- 
truction voûtée  qui  surmonte  un  puits.  ||  Mj., 
Lg.,  By.,  Fu.  —  Mettre  dans  la  chapelle 
blanche  ;  mettre  au  lit  un  enfant  qui  a  la 
prétention  d'aller  à  la  messe  de  minuit. 

Et.  —  B.  L.  Capella,  dimin.  de  Capa,  chape. 
Série  des  sens  :  petite  chape,  chapelle,  conservée 
dans  le  palais  des  rois  et  sur  laquelle  se  prêtaient 
les  serments  ;  puis  le  lieu,  dans  le  palais,  où  cette 
chape  était  gardée  (d'où  :  Aix-la-C/;apeW(?,  d'une 
chapelle  de  ce  genre  qui  était  dans  le  palais  de 
Charlemagne),  enfm  tout  édifice  où  il  y  avait  des 
reliques.  (Litt.) 

Chapelle  -  (faire).  —  Se  chauffer  devant  la 
cheminée  en  relevant  ses  jupes  jusqu'à  mi- 
jambes.  —  Ou  faire  courtine. 

Hist.  —  N.  —  Faire  petite  chapelle.  Se  chauffer 
comme  ont  la  pernicieuse  habitude  de  le  faire  les 
femmes  du  peuple,  qui  s'exposent  ainsi  à  des  mala- 
dies variqueuses.  —  Faire  du  papier  marbré. 
Avoir  la  mauvaise  habitude  de  se  chauffer  les  pieds 
sur  un  gueux,  dans  l'argot  du  peuple,  qui  a  eu 
maintes  fois  l'occasion  de  constater  les  inconvé- 
nients variqueux  de  cette  habitude,  familière  aux 
marchandes  en  plein  vent,  aux  portières  et,  généra- 
lement, à  toutes  les  femmes  trop  pauvres  pour 
employer  un  autre  mode  de  chauffage.  (Delvaxj.) 
—  Le  terme  propre  est  Ephélides,  ignéales,  taches 
qui  se  développent  à  la  partie  interne  des  jambes  et 
des  cuisses  chez  les  femmes  qui  font  usage  de  chauf- 
ferettes très  chaudes.  Du  grec  :  épihèlioç,  causé  par 
le  soleil.  —  Par  extension.  V.  Chèvres. 

Chapelures  (Sal.),  s.  f.  —  Oignons,  persil, 
etc.,  coupés  en  petits  morceaux. 

Chaperon  (Lg.),  s.  m,  —  La  masse  des 
muscles  du  cou  chez  le  porc.  Lang.  des  char- 
cutiers. 

Chaperonneuse,  s.  f.  —  Chaperon  propre 
aux  Angevines. 

Hist.  —  «  Le  suppliant  demanda  à  uns  compai- 
gnon  s'il  n'avoit  point  veu  une  jeune  fille  qui 
portast  chaperonneuse  d'Anjou;  ...lequel  lui 
dist. . .  qu'il  avait  veu  une  jeune  fille,  . .  .qui  avoit 
une  robe  de  bureau  jusques  à  my  cuisse  et  ung  mes- 
chant  chapeau.  »  D.  C. 

Chapiâ  (Lg.),  s.  m.  —  Chapeau,  ^'ieux. 

Chapiau  (By.),  s.  m.  —  Chapeau.  Cf. 
Coutiau,  etc.  Vieux   à  Mj. 

Chapiet  (Chpt.,  By.),  s.  m.  —  Le  chapelet. 

Chapieux  (Lg.),  adj.  q.  —  De  la  nature  du 
chape,  qui  renferme  du  chape.  Se  dit  d'une 
roche,  d'un  terrain. 

Chapiliou,  s.  m.  —  Colin-Maillard.  Syn.  de 
Casse-cou,  Oueille  bandée.  Alouette. 

Hist.  —  «  Bon  avis  est  bon  devis  :  bonne  amitié 
est  de  crier  :  gare,  comme  au  jeu  que  vous  savez, 
quand  on  va  se  cogner  sans  y  voir.  »  (Note.  Jeu  de 
Colin-Maillard,  qui  s'appelait  alors  le  chapifou.) 
Hi.^t.  du  vx  tps,  p.  392. 

Chapin  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Miettes  ;  pous- 
sière de  bois  tourné,  ou  provenant  de  la  taille 
du  tuiïeau,  avec  laquelle  on  garnit  les  plan- 
chers, ou  Terrasse.  —  Cf.  Chape.  Ex.  :  Du 
chapin  de  touffeau.  » 


184 


CHAPITRE  —  CHARBONNIER 


Chapitre  (Mj.,  Fii.),  s.  m.  —  Délibération, 
colloque,  discussion.  Ex.  :  Ils  en  ont  fait  tout 
ein  chapitre.  »  —  Syn.  de  Décis,  Délibéré.  Très 
voisin  du  sens  où  ce  mot  est  pris  en  fr.  ds  la 
loc.  Etre  sur  le  chapitre  de... 


€hap/e.  (Lg.),  s.  m. 
bref. 


V.  Chape.  L'a  est 


Cliap/eux  (Lg.),  adj.  q.  —  V.  Chapieux. 

Chap/ière  (Lg.),  s.  f.  —  Carrière  de  chape 
ou  chaple. 

Chapon  (By.),  s.  m.  '.  —  Croûte  de  pain 
frottée  d'ail  que  l'on  mélange  à  la  salade. 

■  Et.  —  Mot  formé  ironiquement,  d'après  Bigame 
(patois  de  Beaune)  ;  la  frottée  d'ail  étant  souvent 
le  plat  principal,  le  chapon  du  pauvre  paysan  : 
«  Si  tu  te  trouves  sans  chapon, 
Sois  content  de  pain  et  d'oignon. 

Dict.  des  Prov.  franc.  —  GtriLL.) 

2°  Partie  très  estimée  du  porc.  C'est  la 
graisse  qui  se  trouve  sur  le  dos  ou  le  cou  des 
porcs.  —  V.  Chaponneau. 

Chaponueaii  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Morceau 
de  porc  délicat  et  sans  os,  formé  des  muscles 
qui  tapissent  intérieurement  la  colonne  ver- 
tébrale. Filet  de  porc.  V.  Chapon. 

Chapoteaii  (Mj.),  s.  m.  —  Ustensile  de 
charpentier  en  bateaux,  consistant  en  un 
billot  de  bois  de  la  grosseur  de  la  cuisse,  que 
trois  pattes  maintiennent  verticalement  et 
sur  la  tranche  supérieure  duquel  l'ouvrier 
aiguise  ses  chevilles  et  ses  cales. 

-  Et.  —  Chapoter,  dégrossir  le  bois  avec  une 
plane.  Radie.  Chap,  qui  se  retrouve  dans  Chapuiser, 
tailler,  couper,  et  qui,  d'après  Diez,  est  le  radie,  de 
Cap-o,  cap-us,  chapon.  D'où,  esp.  et  port.,  chapar, 
châtrer.  Chapotin,  l'instrument  :  chapuis,  billot, 
D.  C.  chapuisare  ;  Chaput,  billot  de  bois  pour 
équarirles  ardoises.  (V.  Chapu.)  Litt. 

Chapiis  (Lp.,  Z.  141),  s.  m.  —  Outil  dont 
les  carriers  se  servaient  autrefois  pour  échan- 
tillonner l'ardoise,  lui  donner  la  largeur 
voulue.  Il  Sorte  d'enclume  à  bord  tranchant 
sur  laquelle  on  place  l'ardoise  pour  l'équarrir 
à  l'aide  du  Dolleau  (Z.  141.).  —  V.  Chapoteau. 

Et.  —  Je  l'écris  avec  une  s  à  cause  du  v.  Chapu- 
ser.  —  Hist.  : 

—   «  Princesse,  las  !  selon  ce  contenu, 

Mourir  m'en  vois,  le  chief  sur  le  chapuis, 
Les  yeux  bandez,  à  force  détenu, 
Puisque  de  vous  approcher  je  ne  puis.  » 

Al.  Chartiek,  Po.,  p.  80.5. 

Chapiiser  (Lg.,  Tlm.),  v.  a.  et  n.  —  Tailler 
du  bois,  menuiser,  charpenter  ;  coupiller. 
Syn.  de  Gosser.  V.  Chapoteau,  Chapus. 

Et.  —  Voir  Chapoteau.  —  Hist.  : 
—   «   Tant   fiert,    tant   chaple,    tant   chapuse 
Que  les  Persans  enfin  reuse  (repousse).  » 
Parton.  de  Blois.  (L.  C.) 

—  «  Lequel  boys  le  suppliant  fist  abattre...  et 
icellui  charpenter  et  chappu^^er  à  ses  propres  coutz 
et  despens.  "  (1466.)  L.  C.  —  La  citation  suivante  se 
rapproche  le  mieux  de  notre  sens  :  «  Le  suppliant 
en  buvant  prist  par  sa  merencolie  à  chapucier  et 
doler  de  son  coustel  la  table*  rjui  ésloit  devant  la 
tiompsignid,  r,  1ft*>G,  (Di  C.) 


Chaque  (Mj.,  Fu.),  pr.  ind.  —  Chacun.  Ex.  : 
Ils  coîitent  10  sous  chaque  ;  chaque  lasieune. 
N.  Ce  dernier  emploi  est  plus  rare. 

Chaqiietailler  (Mj.),  v.  a.  —  Fréquentât, 
et  syn.  de  Chacoter,  Chacrogner.  Pat.  norni. 
Déchiquetâiller.  V.  Chactailler. 

Cliâ<)iieiiD,-eune  (Mj.),  pr.  ind.  —  Chacun. 
^x.  :  Châqueun  le  sieun. 

Char  1  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  Chair.  —  V.  Au. 

Hist.  —  «  Qui  servoient  devant  le  roy  et  la 
royne  de  char,  de  vin  et  de  pain.  «  (Joinville.  — 
J.  B.,R.H.,ï,  341.) 

«  De  quatre  choses  Dieu  me  garde  : 
C'est  de  petit  disner  qui  tarde. 
De  char  salée  sans  moutarde, 
De  toute  femme  qui  se  farde 
Et  de  varlet  qui  se  regarde.  » 
Cité    par    Roquefort,    v°    Disgner.    (Jaub.) 

Char  -,  chère  (Mj.,  Fu.,  By.),  adj.  q.  —  Cher. 

N. —  Le  fém.  est  :  chère,  quand  l'adj.  termine  la 
proposition,  et  :  chare,  lorsqu'il  est  suivi  d'un  nom. 
Ex.  :  N'y  a  que  la  première  fois  de  chère,  ma  chare 
amie.  —  N.  L'e  plutôt  fermé  et  très  long  à  la  fin  : 
«  Oui,  ma  chare  amie,  ta  livre  de  beurre  est  trop 
chère.  »  \\  Char  vendeur,  —  celui  qui  vend  cher 
habituellement. 

Charabias  (Mj.,  Sal.,  Fu.,  By.),  s.  m.  Cha- 
rabia. Cf.  Bêtas,  Pâtiras.  —  Avec  un  s  ;  a 
long. 

Et.  —  Appliqué  surtout  au  patois  des  Auver- 
gnats, à  cause  de  l'habitude  qu'ils  ont  de  prononcer 
la  lettre  c  comme  ch,  comme  dans  cette  phrase  que 
l'on  prête  à  un  Auvergnat  dans  une  histoire  popu- 
laire :  Che  n'est  pas  que  cha  choit  chale,  mais  ch'est 
que  cha  tient  de  la  plache.  »  (Jatjb.)  —  Le  Dict. 
génér.  le  tire  de  l'esp.  algarabia,  proprement  :  la 
langue  arabe  :  puis,  par  ext.,  toute  manière  de 
parler  inintelligible.  Le  mot  espagn.  est  la  trans- 
cription de  l'arabe  «  al  arabia  »  (avec  a  aspiré),  la 
langue  arabe. 

Charant,  e  (Sp.),  adj.  q.  —  Qui  vend  cher. 
V.     Char. 

Charbon  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  Affection  à 
laquelle  sont  sujettes  qqs,  personnes,  et  qui 
consiste  en  une  extravasation  subite  et  spon- 
tanée du  sang  sous  la  peau  imitant  une 
ecchymose.  Nom  scientif.  Enchymose. 

Cliarbon- blanc,  s.  m.  —  Nom  d'une  ferme 
de  la  commune  de  Saint-Augustin-des-Bois. 

Charbonnée  (Mj.),  s.  f.  —  (V.  les  Z.  sur 
VAraboute,  173-178.).  Préparation  culinaire 
que  font  les  ménagères  le  jour  où  l'on  tue  un 
porc,  et  dans  laquelle  elles  font  entrer  les 
menus  morceaux  de  la  bête,  surtout  la  chair 
déchiquetée  prise  aux  bords  de  la  saignée. 
I  Charge  de  charbon  introduite  dans  le  four 
à    chaux. 

Hist.  —  Rabelais  donne  à  ce  mets  un  autre 
nom  :  «  Belles  tripes  frites,  belles  carbonnades, 
beaux  jambons.  -  (G.,  i,  21,  41.) 

Charbonnier,  s.  m.  (Ve.,  Mj.).  —  Petit 
oiseau  à  gorge  noire  qui  fait  son  nid  à  terre 
dans  les  prés  (œufs  bleus),  probablement  une 
fauvette.  Cf.  Charbonnière. 

N:  —  Nom  vulgi  ds  la  grandd  mésanft  (parut 


CHARBONNIÈRE  —  CHARLIT 


18f 


major)  ;  petite  charbonnière  (parus  ater).  Litt.  — 
Nom  donné  à  divers  animaux  de  couleur  noire. 
(Darm.) 

Charbonnière  (Sp.,  TIm.),  s.  f.  —  Tas  de 
bois  que  Ton  fait  brûler  à  feu  mort  pour  fabri- 
quer du  charbon.  On  dit  aussi  :  charbonnière. 
Il  Mj.  • — •  Magasin  en  plein  air  où  l'on  dépose 
la  provision  de  charbon  pour  les  fours-à- 
chaux.  Il  Ec.  —  Espèce  de  bergeronnette. 

Cliarboiiner  (Sp.),  v.  a.  —  Charbonner. 

Charbonnier  (Sp.),  s.  m.  —  Charbonnier. 

Charbonnière  (Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  \\  Char- 
bonnière. 

Charcher  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  a.  —  Chercher. 
il  Charcher  midi  à  quatorze  heures,  ch.  pouille, 
querelle.  ||  Sp.  Ch.  la  pierre  à  casser  les  œufs, 
ch.  l'occasion  de  boire  et  de  s'enivrer.  ||  v.  n. 
Absolument,  Mendier.  i|  Ch.  qqn.  lui  chercher 
noise,  le  quereller,  l'attaquer. 

Et.  —  Lat.  Cicare,  faire  le  tour  de,  parcourir,  de 
Circus,  cercle.  Le  sens  primitif  est  :  parcourir  pour 
trouver.  Vx  fr.  Cercher.  —  Hist.  : 

«  En  tel  ennuy,  pour  me  cuyder  retraire, 
Charche  chemin.  »  —  {Fa  if  eu.  p.  16.  —  L.  C.) 
—  «  Têtegué  !  v'ià  justement  l'homme  qu'il  nous 
faut,  allqns  vite  le  charcher.   »  (Mol.,  Médecin  m. 
lui,  I.  V.) 

Charcheux  (Mj.),  s.  m.  —  Mendiant.  V. 
Charcher.  \\  Ec.  —  Charcheux  de  pain,  id. 

Charcois  (Sp.),  s.  m.  —  La  masse  du  corps, 
la  chair  et  les  os.  On  dit  proverbialement  d'un 
vieux  mur  recrépi  :  Il  est  comme  le  renard,  la 
peau  en  vaut  mieux  que  le  charcois.  ||  Car- 
casse, il  Le  prov.  ci-dessus  se  dit  aussi  d'une 
personne  bien  habillée,  mais  qui  a  une  mau- 
vaise réputation  (By.).  ||  Fu.  —  La  masse  de 
chair  et  d'os  d'un  animal  mort.  ||  Ec.  —  id. 

Et.  —  De  Char.    ||  De  Carchesium,  vase,  d'où 
coffre  à  mettre  des  flèches,  —  et  à  contenir  le  corps 
de  l'animal.  (D^  A.  Bos.)  —  Hist.  : 
«  Si  croi,  si  Diex  me  beneie. 
Que  famé  qui  ainsi  se  lie 

Et  se  déguise, 
Et  son  charcois  tant  aime  et  prise, 
N'est  pas  de  grant  honte  esprise 

Dedens  le  cœur.  »  (L.  C.) 
11  vaut  mieux  dans  son  petit  doigt 
Que   toi   dans    tout   ton    charcois.    »    (Jaub.) 

Charder  (Lg.),  v,  a.  —  Carder,  ou  plutôt 
retirer  le  poil  d'une  étoffe. 

Chardeur  (Lg.),  s.  m.  —  Ouvrier  cardeur, 
ou  plut(jt  qui  char  de. 

Chardon,  s.  m.  —  «  Chardonnet  sauvage, 
onopordnm.  acanthium  ;  le  chardon-loriot  ou 
centaurée  laineuse  ;  chardon  conard,  cirsium 
lanceolaium  ;  chardon  roulant,  poinchau, 
fouasse  à  l'âne,  erlache,  relâche  ou  eryngium 
campestre.  Le  chardon  loriot  à  lui  seul  porte 
plusieurs  noms  :  ameline,  chardon  serinette, 
chardon  bénit,  chausse-quasse,  centaurée 
laineuse,  chardon  étailé,  piquegneux,  chardon 
crapu.  Chardon  more,  nom  vulg.  du  sih/hium 
marianuin  (Mén.)  ||  (Lg.)  Scolyme  d'Espagne. 

Chardonnet'   (ehardonète)  (Mj,,  By.),  a.  m. 


Br, 


Chardonneret.  Syn.  de    Chardounet  (Li., 


Et.  —  «  Ce  mot  suppose  un  mot  fictif  :  chardon- 
ner,  chardonnier,  qui  fréquente  les  chardons.  » 
(Litt.)  V.  Jaub.,  cit.  de  Marot. 

Chardon-roulant  (Mj.),  s.  m.  —  Chardon- 
Roland. 

Et.  —  La  dénominat.  pat.  de  cette  plante  paraît 
de  beaucoup  la  plus  logique  et  la  plus  significative 
à  qui  a  vu  les  têtes  de  cette  centaurée  roulées  sur  le 
sol  par  le  vent  d'hiver.  Syn.  de  Fouace  à  l'âne.  — 
Eryngium  campestre.  (Bat.) 

Chardonnet  (Sp.,  Lg.).  ■ — •  Chardonneret. 
.^yn.  de  Chardounet.  Cf.  Bonnet. 

Chardron  (Mj.),  s.  m.  —  Chardon.  Forme 
assez  rare.  Se  retrouve  dans  le  pat.  normand. 

Charge,  s.  f.(Sp.,  Mj.  By.).  —  Etre  en  charge, 
avoir  son  chargement  bien  équilibré,  en  par- 
lant d'une  charrette.  ||  Mettre  en  charge,  dis- 
poser de  telle  sorte  qu'il  n'y  ait  plus  qu'à 
charger.  ||  (PL)  Prendre  à  la  charge,  une  boule 
de  fort,  tâcher  d'atteindre  le  but  en  dirigeant 
sa  boule  par  les  bandes.  V.  Porte-feu.  \\  Lg.  — 
Ancienne  mesure  pour  les  grains  dont  on  n'a 
pu  me  préciser  la  valeur  exacte,  mais  qui 
consistait  en  un  certam  nombre  de  boisseaux. 
C'était  proliablement  la  même  chose  que  le 
sier  ou  septier  de  Mj.  ||  Eter  à  charge,  être  fati- 
gant, insupportable,  ennuyeux.  !|  Prendre, 
uu  avoir  ses  charges,  pr.  à  sa  charge. 

Et.  —  Charger,  de  Carricare,  de  carrus  ;  propre- 
ment :  Mettre  sur  un  chariot. 

Chargé  (Mj.),  part.  pas.  —  Chargé  de  tra- 
vers, ivre.  —  On  disait  jadis  :  chargé  yvre, 
pour  :  chargé  de  vin  (Oudin)  ||  Èc.  —  Il  est 
chargé,  pour  du  coup  ! 

Charger,  v.  a.  (Pell.,  Ag.,  By.).  —  Au  jeu 
de  boules  de  fort,  lancer  sa  boule  de  manière 
qu'elle  monte  sur  le  rebord  arrondi  du  jeu,  le 
fort  étant  de  ce  côté,  ce  qui  amortit  sa  force. 
Il  (Mj.)  Charger  sur  le  cœur,  donner  des 
nausées.  ||  Etre  chargé  de  coûté,  ou  de  travers, 
tituber  par  suite  d'ivresse. 

Charibandé,  s.  f.  —  Pour  :  chaUbaude.  Feu 
de  joie. 

Châriolée  (Vm.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
voiture,  d'un  cabriolet,  d'une  cariole.  V. 
Charriotée. 

Hist.  —  «  Chariolle,  «  chariot  à  faire  marcher  les 
petits  enfants.  »  (Oudix.) 

Châriotée  (Ec.)  ,s.  f.  —  Plein  un  chariot.  V. 
Charriolée. 

Charir"  (Mj.),  v.  a.  —  Câliner,  cajoler, 
caresser.  —  C'est  le  fr.  Chérir.  ||  Se  faire 
charir  par  qqn.,  être  sa  mpîtresse,  en  parlant 
d'une  femme. 

Charissant  (Mj.,  Fu.),  adj.  v.  —  Caressant. 
Ex.  :  Celé  petit  chien  là  il  est  vrai  charissant. 

Charité  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  De  charité,  par 
chaiité.  Il  Etre  dans  les  charités,  être  inscrit 
au  Bureau  do  bienfaisance. 

Cbarliti  '-^  ((  Confiscation  des  lits,  chaflitSf 


186 


CHARLOT  —  CHARREAU 


tables  et  autres  ustensiles  de'mesnage  de  tous 
les  protestants  demeurant  en  ville...  » 
Dec.  1585.  —  C.  Port.  Invent.  55.  ||  Chl.  s.  m. 
Châlit,  bois  de  lit. 

N.  —  Mot  désuet.  Je  le  trouve  dans  l'inventaire 
de  Brodeau,  fait  le  16  août  1745,  par  Louis- Joseph 
Métivier,  notaire  royal  à  Chalonnes,  à  la  requête  de 
François  Plumejeau,  mon  quadrisaieul  maternel. 
On  y  lit  :  «  Item,  un  charlit  de  bois  de  chesne  garni 
d'une  paillasse,  une  coette. . .  » 

Et.  —  Doubl.  du  franc.,  avec  r  épenthétique. 

Chariot  (Lg.),  s.  m.  —  Diminut.  famil.  de 
Charles.  Cf.  Tiennot. 

Charlote  (Lg.,  Tlm.),  s.  f.  —  Echalote.  Corr. 
du  mot  fr.,  par  confusion  avec  le  prénom 
Charlotte.  Cf.  Victor,  Caroline. 

Charlotte  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  bonnet  à 
bouse,  mais  dépourvu  de  bride" 

Charmante,  s.  f.  ou  Galante  (By).  —  Avoir 
la  charmante,  c'est  avoir  la  gale.  «  Qui  ne  l'a 
pas  l'attrape  ;  qui  l'a  la  gratte.  «  (Dicton. 
Mén.).  Par  antiphrase.  X.  Autrefois  :  Mal 
de  Saint-Méen. 

Charme,  s.  m.  —  Charmille. 

Charmille  (f.  au  Lg.,  m.  à  Sp.).  —  Charme 
arbre.  Ex.  :  J'avons  fagoté  du  charmille. 

Char  miter  (Mj.),  v.  a.  —  Cajoler,  de  :  char- 
mer. Vieilli.  Il  Sal.  Dire  des  douceurs.  Se 
laisser    charmiter. 

Charnat,  s.  m.  (Ségr.).  —  Le  bourbillon 
d'un  furoncle.  JlEc.  —  On  dit  :  le  lumas.  \\  V. 
Materon,  Mater. 

Charnier  ',  s.  m.  (Lue,  Mj.,  Fu.,  By.,  etc.). 
—  Grand  vase  de  grès  ou  de  bois,  dans  lequel 
est  salé  et  gardé  le  lar.. 

Et.  —  Carnarium.  —  Hist.  :  «  Et  le  visage  leur 
reluisoit  comme  la  claveure  d'un  vieil  charnier.  »  — 
(Rab.,  p.,  Prol.) 

«  Bacons  mal  sales 
En  charnier  empire, 
A   dist  li   vilains.    » 

Prov.   du    Vil. 

Charnier  ,*  s.  m.  —  Echalas,  perche,  pais- 
seau,  etc. 

Et.  —  Sans  doute  du  lat.  pop.  *  cardinarium, 
dér.  de  Cardo,  cardinis,  gond,  l'échalas  qui  soutient 
la  vigne  ayant  été  comparé  au  gond  qui  soutient  la 
porte.  (Darm.) 

Charnier  ^  (Sar.),  s.  m.  —  Chemin  charnier. 
Nom  d'un  chemin  à  Saumur,  sans  doute  pour 
charrier.  V.  Charrière. 

Charoyère  (Te,  Etr.),  s.  f.  —  Sorte  de  bac 
destiné  à  transporter  d'une  rive  à  l'autre  des 
charrois  de  bestiaux  et  de  voitures  {Peiit 
Courrier  du  12  mai  1903.).  —  Devrait  prendre 
deux  r. 

Et.  —  Charroyer,  autre  forme  de  Charrier.  De 
carricare  ;  deux  formes  d'un  même  mot.  —  Hist.  '■ 
«  Il  se  trouvait  là  dans  un  terrain  vague,  servant  de 
Charroyère  à  beaucoup  de  fermiers  de  la  plaine.  » 
(R.  Bazix,  Les  Oberlés,  S"  partie,  ch.  vn.) 

Charpi  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Charpie. 


Et.  —  Charpi  est  pour  :  linge  charpi  ;  de  même 
que  le  fr.  Charpie  est  pour  :  toile  charpie.  V.  Char- 
pir.  Du  lat.  carpere,  couper,  tondre,  devenu  carpire, 
par  chang.  de  conjug. 

Charpiller  (Sa.),  v.  a.  —  Réduire  en  char- 
pie. Syn.  de  Charpir.  ||  By.  —  Echarpiller, 
effilocher. 

Charpir  (Mf.),  v.  a.  —  EfTilocher.  ||  Fig. 
Tortiller,  déchirer.  Défaire  un  tissu,  détordre 
des  fils  de  laine  ;  étendre,  étirer,  désenche- 
vêtrer  de  la  laine  feutrée.  Pour  l'étym.  V. 
Charpi. 

Charqiiois,  s.  m.  —  \'.  Charcois. 

Charrai  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Charroi.  V. 
Charoyère.  A  vieilli.  Prononc.  du  xvi<=  siècle. 
Il  Ec.  —  et  pour  :  Passage  par  où  on  charraye 
(charrai-ye),  mots  très  journellement  em- 
ployés aujourd'hui.  —  Le  charrai  au  milieu 
des  champs  et  des  prairies  est  qqf.  assez  mal 
défini  ;  il  n'est  pas  entretenu  ;  ce  n'est  qu'une 
grande  rotte  par  où  on  passe  avec  des  chartes 
pour  faire  les  charrois  à  certaines  époques. 

Charraieries  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Travaux  et 
époques  des  charrois  d'automne  :  fumiers, 
composts,  etc.  Cf.  Sèmeries,  Faucheries,  Arra- 
chéries. 

Charraud  (Tlm.),  s.  m.  —  Ornière.  Syn.  de 
Rouère.  Du  fr.  char.  ||  Fu.  Charreau.  «  I  s'est 
ennêvé  dans  les  charreaux. 

Charrayage  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Charrai,  Charraieries. 

Charrayer  (Mj.,  Lx.,  Zig.  143  Fu.,  By.,)  v. 
a.  —  Charroyer.  ||  Fig.  Malmener.  Ex.  :  Ah  ! 
il  te  l'a  charreyée  !  a  ne  savait  pas  si  c'était  du 
lard  ou  du  cochon  !  ||  Tourmenter,  en  parlant 
d'une  maladie.  Ex.  :  La  maladie  l'a  pris  hiar 
de  nuit,  et  il  est  mort  enhuit  :  ça  te  l'a  char- 
reyé  !  \\  Mener  rondement,  reconduire  un  peu 
vivement.  Renvoyer  brutalement,  pour- 
chasser, faire  décamper.  On  dit  dans  le  même 
sens  :  Mener  par  des  petits  chemins,  et  sou- 
vent on  ajoute  :  où  n'y  a  point  de  pierres. 
«  r  n'a  qu'à  venir  par  là  ;  je  te  vas  le  char- 
rayer !  —  On  charraye  les  poules.  Syn.  de 
Pergaler.  V.  Charreyer  (Mj.,  Fu.) 

Charrayeuv  (Mj.),  s.  m.  —  Roulier. 

Charre  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  bâton  de 
quartier  qui,  comme  le  bâton  de  quartier 
ordinaire,  sert  à  bouméier.  Il  en  diffère  en  ce 
que,  destiné  à  arrêter  le  bateau  moins  brus- 
quement que  ce  dernier,  il  se  manœuvre  d'une 
façon  un  peu  différente  et  revêt  une  forme 
appropriée  à  son  emploi.  Comme  son  congé- 
nère, c'est  un  solide  fût  tronconique  de  bois, 
ferré  à  son  extrémité  inférieure  :  seulement 
il  est  plus  long  et  plus  léger  ;  de  plus,  il  n'a 
pas  de  varveau.  Enfin,  au  lieu  de  s'arcbouter 
dans  les  rançoires,  il  est  maintenu  à  son 
extrémité  supérieure  par  une  estroppe  frappée 
que  le  marinier  mollit  ou  freye  peu  à  peu  sur 
un  marmouset. 

Charreau  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Chemin  de 


CHARRÉE  —  CHARTE 


187 


charrettes  le  long  d'un  champ.  Syn.  de  Char- 
rière.  ||  Ornière.  Syn.  de  Royère,  Rouère. 

Et.  —  De  :  char.  —  Hist.  :  «  Le  ckarrau  qui 
conduit  de  Beauvoir  à  Bourgneuf  est  traversé  par 
plusieurs  canaux.  »  (Déniait,  iv,  52.) 

Cliarrée,  s.  f.  (Lue,  By.,  Mj.).  —  Cendre  qui 
reste  au  cuvier  après  la  lessive  coulée,  et 
Charrier,  drap  de  grosse  toile  sur  lequel  on 
met  cette  cendre  quand  on  coule  la  lessive. 
V.  Chairée.  Français.  Donné  comme  réfé- 
rence pour  d'autres  mots. 

Et.  —  LiTTKÉ  le  fait  venir  de  :  cinerata,  cendrée  ; 
mais  ScHELER  ne  peut  admettre  cette  étym.,  à 
cause  du  ch.  —  Hist.  :  «  Pren  de  bonnes  cendres  et 
mets  avec  de  l'eaue  et  fais  comme  charrée.  «  — 
«  Leur  defïend  icelle  chambre  jetter  de  leurs  mai- 
sons, par  les  fenestres,  ordures,  urines,  charrées, 
infections.  »  {Ordonnances.) 

—   «  Près  d'eus  fu  le  fossé  à  l'eve. 

Qui  celi  jour  iert  (était)  aussi  trouble 
Comme  charrée,  ou  plus  au  double.  »  (L.  C.) 

Cliarretis  (Sp.,  Fu.),  s.  m.  —  V.  Chârtis. 
Châssis  d'une  charrette. 

Hist.  —    «  Comme  les  exposans  ostassent  les 
roes  d'un  tomberel. . .  pour  icelles  roes  remettre  ou 
(au)  charreiy  d'une  charrette.  »  (1365.)  L.  C. 
—   «  Puis  a  veu,  en  un  corlil, 
Gésir  un  grant  vieil  charretil  ; 
Encontre  la  maison  le  drece.  »  (L.  C.) 

Charrey  (Lue),  s.  m.  —  Charroi.  Mauvaise 
graphie  de  Charrai. 

Charreyer  (Segr.,  Fu.,  Lue,  By.),  v.  a.  — 
Transporter  qqch.  avec  une  voiture,  une 
charrette.  Charreyer  du  bois.  Cf.  Charrayer. 

Charrie,  s.  f.  —  La  charrie  égalait  41  m., 
87  c,  se  décomposant  en  300  gaules  ;  ancienne 
mesure  de  terrain.  —  La  corvée  que  l'on  d^it 
en  charroi.  De  carrerium  (Mén.) 

Charrière  (Mj.,  Fu.,  Sal.),  s.  f.  —  Chemin 
d'exploitation  tracé  à  travers  un  bois.  1| 
Chemin  temporaire  établi  dans  un  champ  ou 
dans  un  pré  pour  le  charroi  des  fumiers  ou 
l'enlèvement  des  récoltes.  Syn.  de  Char- 
reau.  \\  Bac  pour  les  charrettes.  ||  Fu.  — 
Chemin  tr^icé  en  pleins  champs,  sans  haies 
de  chaque  côté.  ||  Ec.  —  On  dit  plus  souvent  : 
chemin  chârtier,  voie  chârtière. 

N.  —  «  Les  sentiers  doivent  avoir  cinq  pieds  de 
large,  les  charrières  dix  pieds.  »  (Monteil,  Hist. 
des  Français,  xvr^  s.  Cité  par  MéniÈRE.) 

Et.  —  La  charrière  est  le  chemin  par  où  peut 
passer  un  char  :  carreria.  Il  signifiait  :  rue  :  '^^arre- 
ria  Palatii,  de  Ponte,  Fustariœ  ;  Rue  du  Palais,  du 
Pont,  de  la  Menuiserie.  (D.  C.)  —  «  H  a  différence 
entre  erre  et  charrière  ;  quar  erre  est  par  quoi  l'en 
puet  aler  à  pié  et  cheval  sans  plus  ;  charrière  est  par 
quoi  l'en  puet  amener  char  ou  charrette.  »  (Digeste, 
î°  105.)  —  «  Lesse  (largeur)  de  charrière  donée  tient 
en  atendue  onze  pieds.  »  {Livre  de  Justice,  142.  — 
LiTT.)  —  Hist.  :  «  Agnès,  veuve  de  Pierre  de  Sacé, 
a  abandonné  toute  réclamation  sur  le  don  fait, 
sans  son  consentement,  par  son  mari,  au  I>ouroux, 
de  :  quamdam  charreriam,  quam  per  prata  abbatis..., 
et  monasterii,  que  (quse)  vocantur  prata  de  Chapil. 
habere  dicebatur  idem  Petrus.  "  (1240.  —  Inv, 
Arch.,  H,  I,  p.  201,  col.  2.)  —  «  Enfin  les  égorgeurs, 
guidés  toujours  par  Porcher,  arrivent  dans  la 
charroyêre  qui  n'est  qu'à  cinquante  pas  de  l'hôpital. 


(Déniait,  iv,  330.)  —  «  La  Charéière  de  Saint- 
Jacques.  »  La  voie  lactée.  (Dott.  )  —  Bac.  «  Comme 
Bouchart  de  Lisle,  seigneur  de  l'isle  Bouchart  et  de 
Rochefort-sur-Loire,  eust  fait  faire  un  grant  et 
notable  bac,  ou  charrière,  en  la  rivière  de  Loire, 
pour  passer  charroiz.  n  —  Employé  In  Gestis 
Guillelnii  Majoris,  Episc.  Andegav.,  c.  27. 

Chârriolée  (Vm.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
voiture,  d"un  cabriolet,  etc.  Ex.  :  J'avais  eine 
fameuse  châriolée  de  monde.  Cf.  Tomberolée. 
Dér.  de  Chariot.  Cf.  Châriolée. 

Charroi  (Sal.).  —  Etre  dans  un  vilain 
charroi,  être  gravement  malade  ;  dans  une 
affaire  difficile,  désagréable. 

Charroyêre  (Te,  Etr.),  s.  f.  —  Grand 
bateau  plat  de  la  Sarthe,  pour  passer  les 
bestiaux,  les  foins,  etc.  —  V.  le  Drame  du 
moulin  d'ivray  {Petit  Choletais).  V.  Char- 
rière, Charreyère.  \\  Ec.  Charreyère. 

Hist.  —  «  L'hiver,  la  charroière  est  remisée 
derrière  le  pavillon  du  Port.  »  (Abbé  Houdebine, 
Anj.  Hist.,  2«  an.,  p.  578.)  —  «  A  vendre  ou  à  louer 
un  bac  dit  charroyêre,  de  14  m.  de  longueur,  avec 
ses  deux  ponts  d'embarquement.  »  {Petit  Courrier 
du  mardi  18  avril  1905.)  —  «  Il  se  trouvait  là  dans 
un  terrain  vague,  servant  de  charroyêre  à  beaucoup 
de  fermiers  de  la  plaine.  »  (R.  Bazin,  Les  Oberlés, 
S*'  partie.) 

Charrue  (à  couvrir)  (Sp.),  s.  f.  —  Sorte  de 
charrue  dont  on  se  sert  pour  enterrer  les 
semences.  V.  Grand-pas.  \\  Fig.  Charrue, 
attelage  de  bœufs.  Ex.  :  Il  a  la  pus  belle 
charrue  de  bœufs  qu'il  est  rare  de  voir.  —  Cf. 
Harnais,  Attelée.  —  On  dit  :  une  métairie  de 
3  ou  4  charrues,  c.-à-d.  une  grande  métairie. 
Il  Ferme  (Torfou).  «  Le  marquis  det  avoir 
astheure  54  charrues. 

Et.  —  Lat.  Carruca,  voiture,  dont  le  nom  géné- 
ral a  passé  spécialement  à  la  machine  à  roues  dite 
charrue. 

Charruer  (Ec.)  (Pron.  Chéruer).  —  Labou- 
rer à  la  charrue.  ||  Fu.  Charruer. 

Hist.  — •  «  Comme  je  suivais  un  jour  de  l'œil  un 
de  ces  oiseaux  (l'alouette)  qui  s'élevait  en  chantant 
dans  les  airs,  un  vieux  laboureur,  qui  charruait  à 
quelques  pas  de  moi,  s'arrête...  »  (Abbé  Vince- 
LOT,  p.  259. 

«  L'autre  jour  vi  un  charruier, 
Bien  près  du  pont  de  Charenton, 
Charruiant.  »  (Eust.  Deschamps.  —  L.  C.) 
«  Une  brebis,  une  chievre,  un  cheval 
Qui    charruoient    en    une    grant    arée.     » 

Charrueries  (Mj.),  s.  f.  —  pi.  Labours  à  la 
charrue.   Cf.  Sème  ries,  Arracheries. 

Et.  —  Dér.  de  Charruer.  Cf.  Sèmeries.  Arrache- 
ries, Batteries. 

Charruis  (Mj.),  s.  m.  —  Terrain  charmé. 

Charte  (Mj.,  Lg.,  Lue.,  Fu.),  s.  f.  —  Char- 
rette. Faire  charte,  suffire.  Ex.  :  Ça  ne  fera  pas 
charte,  ce  ne  sera  pas  suffisant.  X.  J'ai  entendu 
dire  en  ce  sens  :  Ça  ne  veut  pas  dire  :  char- 
rette (A.  V.).  Il  Tomber  pa'  le  cul  de  la  charte, 
être  ruiné.  ||  Lg.  —  Charte  à  Malbrou,  grande 
charrette  à  fumier.  ||  Machine  à  roulettes 
dans  laquelle  on  place  un  jeune  enfant  pour 
lui  apprendre  à  marcher.  Ex.  :  Il  est  si  brasse- 


li 


CHARTE  —  CHASSE-GALLERY 


bouillon  qu'il  a  déviré  cul  par'  sus  tête  avec 
sa  charte,  »  ||  Ec.  —  Charte  :  grande  charrette 
de  laboureur  pour  les  gros  travaux.  —  Char- 
rette, petit  véhicule  ou  carriole  pour  trans- 
ports légers.  On  dit  :  une  chârtée  de  foin,  et  : 
on  va  mener  queuques  boisseaux  de  pataches 
dans  noute  charrette.  Une  petite  carriolée  de 
pommes  de  terre.  Une  charte  à  bœufs.  Et 
aussi  la  petite  machine  à  roulettes  pour  bébés. 

Et.  —  Contraction  de  :  charrette.  —  Hist.  ; 
«  Quand  j'estoys  malade  et  deffaict, 
Vous  me  veniez  assez  veoir, 
Et  quand  je  suys  sain  et  reffaict 
Charrete  et  beufs  ne  vous  faict  mouvoir.  » 
G.-C.  BtJCHER,  77,  p.  123. 

—  «  La  charte  de  paille  de  froment  a  esté  vendue 
4  livres.  «  (1564.)  Inv.  Arch.,  S,  E,  m,  .304,  2,  h.  — 
«  «  Trouvé  mort  par  l'accident  d'une  charte,  char- 
gée de  deux  pipes  de  vin.  qui  a  tombé  sur  luy.  » 
(1634.  —  Id.,  S,  s,  E,  418,  2,  haut.)  —  «  Deux 
heures  après  fut  emmenée  par  le  mestayer  des 
Ervaux,  son  mari,  en  sa  charte,  en  son  logis.  » 
(1624.  —  Inv.  Arch.,  E,  m,  p.  279,  col.  1.) —  «Vou-- 
dront  bien  me  doner  avis  du  vin  qui  doit  leur  être 
rendu  chez  eux  venant  de  Saint-Florent.  Je  leur 
ceré  forte  obligé...  de  doner  un  cheval...  pour 
aller  à  Nevy  et  Sainte-Cristine,  pour  en  faire  passer 
une  charte  à  Chemillé.  »  (Lettre  de  Desais,  com- 
missaire des  vivres  de  l'armée  chrétienne.  — 
C.  Port,  La  Légende  de  Cathelineau,  p.  248.)  — 
Par  équivoque  peu  spirituelle,  avec  :  charte, 
papier  _• 

—   «  Le  cas  qui  est  cy  dessus  récité 

En  une  charte,  ou  en  ung  tombereau. 
Faifeu,   p.    34.    (L.    C.) 

Charte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Chèreté. 

Hist.  —  «  Charte  de  tous  biens,  fors  le  lard,  pour 
la  glan  qui  a  esté.  »  1584.  [Inv.  Arch..  S,  E.  sup..  A, 
126,  p.  2,1.) 

«  Ce  nonobstant  qu'il  fut  charte  de  vin.  « 

Chârtée  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  s.  f.  —  Le  contenu 
d'une  charte. 

Hist.  —  «  Chascun  pescheur  doibt  mettre  sur 
ladicte  turcye  (levée)  chacun  an  deux  challon- 
drées  de  groys  de  chacune  deux  chartées.  »  1561. 
ilnv.  Arch.,  H,  supp.,  p.  58,  col.  2.)  —  N.  Challon- 
drée,  —  le  contenu  d'un  chaland  ou  chalon,  souvent 
usité  à  cette  époque,  désuet  aujourd'hui,  tant 
comme  radical  que  comme  dérivé. 

—  «  Assez  pour  en  charger  quatre  grandes  chartées.  » 
J.  DU  Bellay,  Trad.  d'une  épistre  latine,  p.  164. 

Chârtis    (Sp.),   m.  —    Châssis  d'une  char- 
rette, le  corps  de  la  ch.  sans  les  roues 
Hist.  : 

«  Que  le  paysan  recueille,  remplissant  à  milliers 
Greniers,  granges,  chartis  et  caves  et  celliers.  » 
Regxier,  Sat.,  XV. 

Chartreau  (Lg.),  s.  m.  —  Ouverture  ou 
goulot  d'une  bourrache.  N.  La  bourroche  a 
deux  chartreaux.  Dimin.  du  fr.  chartre, 
prison. 

Charliiter  (-Mj.),  v.  a.  —  Charcuter. 

Chartiitcrie  (Mj.),  s.  f.  — Charcuterie 

Chartutier  (Mj.),  s.  m.  —  Charcutier. 

Chas  (Mj.,  Tlm  ,  Lrm.,  Fu.),  s.  m.  —  Sorte 
de  bouillie  dont  les  tisserands  enduisent  les 
fils  de  chaîne. 


Et.  —  Ce  mot  est  sans  doute  la  rac.  du  fr 
Chassie,  chassieux.  —  «  Colle  de  farine.  »  (Jaub.)  — 
«  Chasier,  panier  ou  armoire  à  égoutter  le  fromage. 
Caseum.  »  (D""  A.  Bos.)  —  Voulait  dire,  jadis  : 
cuisine.  (Voir  D.  C.  Chassum.)  —  Chasier,  sorte  de 
panier  pour  faire  égoutter  le  fromage.  Casearius. 
D.  G. 

Chasse  i  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Chaleur, 
état  d'une  femelle  qui  désire  le  mâle.  On 
dit  :   Eter  en   chasse,   entrer  en   chasse.   V. 

Saison,  Ravaut,  Saut.  \\  Fig.  F une  chasse, 

pourchasser,  poursuivie,    donner  un    galop, 
tancer.  Syn.  de  Abattage,  Poil,  Savon,  Suif. 

Et.  —  Dans  cet  état,  les  chiennes  sont  suivies 
d'une  troupe  de  chiens,  ce  qui  rappelle  l'idée  d'une 
meute  chassant. 

Chasse  ^  s.  f.  —  Enveloppe  du  blé. 

Et.  —  Du  lat.  capsa,  caisse.  (MÉx.) 

Châsse  (Tlm.),  s.  f.  —  Organe  du  métier  de 
tisserand  qui  porte  le  rôt,  et  que  l'ouvrier 
balance  pour  frapper  les  duites  de  fil  de  trame 
et  les  serrer  les  unes  contre  les  autres.  ||  Lg. 
Pluriel. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Châsse,  et  ce  nom  a  dû  signifier 
d'abord  l'encadrement  du  roût,  ou  rôt,  qui  n'est 
qu'une  partie  de  ce  battant.  C'est  une  litote. 

Et.  —  Lat.  Capsa. 

Chasse- bosse,  s.  f.  —  Nom  vulg.  du  Lysi- 
machia.  V.   Chancrelle. 

Et.  —  De  deux  mots  grecs  :  qui  apaise  un 
combat,  guérit  une  douleur  ;  à  cause  de  la  vertu 
qu'on  lui  attribuait  dans  les  contusions.  (Litt.)  — 
Bosse  était  l'ancien  nom  de  la  peste.  (Dakm.) 

Chasse-cousiDS  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  vin 
vert.  Syn.  de  Sigournet,  Piqueton. 

Et.  —  «  Tout  ce  qui  est  propre  à  éloigner  les 
parasites.  Cousin  est  ici  pour  :  qui  abuse  du  titre  de 
parent  pour  s'inviter  trop  souvent.  »  (Litt.) 

Chasse-femme  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Sage- 
femme.  Beaucoup  prononcent  ainsi,  en  plai- 
santant et  même  sans  plaisanter.  Syn.  de 
Marchande  de  poupons.   Bonne  femme. 

Chasse-galants  (Mj.,  By.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  — 
Toiles  d'araignée  dans  une  maison.  Cela 
indique  le  désordre  et  chasse  les  prétendants 
à  la  main  de  la  fille. 

N.  —  «  Tison  dont  l'un  des  bouts  lève  le  nez  dans 
le  feu  ou  qui,  bien  que  retiré,  continue  à  brûler. 
Signe  de  peu  d'économie.  »  (Jaub.)  Rappelle  la 
Bûche-debout  du  Lg.  F,  Lore,  n. 

Chasse- Ciiallery  (Sp.),  s.  f.  —  V.  Chasse- 
Henneqain. 

N.  —  «  Je  me  contenterai  de  vous  rappeler  qu'un 
sire  de  Gallery,  en  expiation  de  la  faute  qu'il  avait 
commise  de  chasser  un  dimanche,  pendant  la 
grand'messe,  fut  condamné  à  chasser  de  nuit  dans 
les  plaines  éthérées  jusqu'à  la  consommation  des 
siècles.  Sa  meute  endiablée  descend  quelquefois 
sur  la  terre  et  se  repaît  du  corps  des  voyageurs.  » 
(La  Trad.,  p.  252.)  —  N.  P.  Ce  dernier  trait  est 
inconnu  à  Saint-Paul  (Chasse-Galerie),  comme  à 
Montjean  (Chasse  Hannequin).  L'auteur,  qui  le 
cite  (M.  Casimir  Puichard,  conseiller  d'arrondisse- 
ment de  Bressuire),  dit,  comme  moi,  que  la  Chasse 
Gallery  pourrait  bien  n'être  qu'un  passage  d'oi- 
seaux migrateurs  ;  mais  il  cite  certains  faits  qui 


CHASSE-HANNEQUIN  -  CHATELET 


189 


indiquent  qu'elle  fut  bien  souvent  une  poursuite 
de  loups  par  des  chiens,  ou  réciproquement.  Et 
cela  explique  la  croyance  qu'il  relate. 

Chasse- Mannequin  (Mj.),  s.  f.  —  Chasse 
aérienne  et  nocturne  faite  par  une  meute 
invisible,  dont  on  entend  les  aboiements.  La 
croyance  à  la  Chasse-Hannequin,  appelée  à 
Sp.,  Chasse-Galerie,  est  répandue  dans  toutes 
nos  campagnes.  On  la  retrouve  en  Norman- 
die. Des  personnes  dignes  de  foi  m'ont  affirmé 
avoir  entendu  ces  mystérieux  aboiements. 
Je  l'ai  entendue  une  fois.  Il  s'agit  bien  du 
passage  nocturne  d'une  bande  d'oiseaux 
migrateurs.  R.  O. 

Chasse- messe,  s.  f.  —  Pièce  d'artillerie 
appartenant  aux  huguenots,  qui  leur  fut 
l)rise  par  Lemaire,  en  1585?  (Mén.) 

Chasse- morte  (Bg.),  s.  f.  —  Pour  indiquer 
qu'une  affaire  est  terminée  et  qu'il  n'y  a 
plus  à  y  revenir,  on  dit,  dans  le  Baugeois,  que 
c'est  une  chasse-morte. 

Et.  —  Terme  du  jeu  de  paume.  Le  lieu  où  la 
balle  finit  son  premier  bond.  Chasse  morte,  —  coup 
perdu.  —  Figuré  et  familièrement  :  aiïaire  com- 
mencée que  l'on  ne  poursuit  pas.  —  Littré,  au 
8'^  sens.  .... 

Chasse-pies  (Mj.),  s.  m.  —  Nom  que  les 
gens  de  métier  donnent,  par  dérision,  au 
paysan,  de  même  que  les  mariniers  l'appellent 
castaud.  Il  est  vrai  que  Jacques  Bonhomme, 
qui  n'a  pas  toujours  la  langue  dans  sa  poche 
prend  sa  revanche  en  appelant  les  uns  ôvé- 
riaux  et  les  autres  mariniasses  ou  pirriers, 
péteux  ou  traine-bâton.  —  Syn.  de  Castaud, 
Cope-choux,  Dâbre,  Virc-bouse,  Pitois, 
Pampre. 

Chasse- pointe    (Mj.,    Fu,    By.),    s.    m.    — 

Tige  de  fer  avec  laquelle  on  enfonce  une 
pointe  dans  l'épaisseur  d'une  pièce  de  bois, 
ou  au  travers  d'une  planche. 

Chasser  (Tlm.,  Lrm.),  v.  a.  —  Enduire  de 
châs,  un  paré,  dans  le  langage  des  tisserands. 

Chasseriau,  s.  f.  —  Chasseur  qui  n'a  pas 
l'habitude  de  la  chasse.  Syn.  de  Tue-rien. 
(Segr.)  (MÉN.) 

Chasse-vache,  s.  m.  —  Nom  de  l'astraga- 
his  et  du  réglisse.  (Mén.)  Astragalus  glycy- 
phyllos.  (Bat.) 

Chasse- venin,  s.  f.  —  V.  Lait  de  couleuvre. 
(Mén.) 

Chassiâ  (Lg.),  s.  m.  —  Syn.  de  Châssion. 
C'est  la  spergulaire.  Syn.  de  GenouUlée. 

Chassiffiau  ou  fiot  (Mj.,  Bn.),  s.  m.  — 
Arrière-bouche,  pharynx  et  fosses  nasales.  — 
Larynx,  plutôt.  —  Ex.  :  Je  ne  sais  pas  ce  qui 
me  tient  dans  le  chassiffiau  ;  je  ne  sarais  sè- 
ment prendre  mon  respir.  —  Œsophage  de 
l'oie  ;  gosier.  ||  Ec.  —  Ou  Sassiffieau,  ou  le 
sublet,  subie  (sifflet).  Quand  on  souffle  dans 
le  chassiffieau  d'une  oie,  on  reproduit  son 
chant. 

Et.  —  J'estime  que  ce  mot  a  pour  radical  Siffiau, 
ou  Sif/Zeau,  du  fr.  Siffler,  avec  le  préfixe  Châ,  pour  : 


Cal,  cali,  qui  n'est  pas  seulement  péjoratif,  mais 
aussi  augmentatif.  Le  Chassiffiau,  c'est  le  grand 
sifflet,  la  grande  voie  respiratoire. 

Châssion  (Lg.),  s.  m.  —  Mauvaise  herbe 
des  terres  légères,  la  même  que  la  GenouUlée 
de  Mj.  —  C'est  la  spergulaire,  spergularia 
arvensis  (caryophyllée).  — N.  Qqs-uns  disent  : 
chassiâ. 

Chassoir  (Sa.),  pron.  Chassoué,  s.  m.  — 
Jeune  taureau  qui  fait  la  saillie.  Syn.  de 
Bouvard.  V.  Chasse. 

Chat'  '  (Mj.).  —  Fig.  Avoir  un  chat  dans  la 
gorge,  —  être  enrhumé,  enroué.  ||  Sp.  — 
Emporter  le  chat,  —  partir  sans  répondre.  || 
(Mj.).  Se  ]Qi%v\Qchat  aux  jambes,  —  s'ac- 
cuser réciproquement.  ||  Garder  le  chat,  — 
attendre  un  enfant  à  naître,  un  accouche- 
ment. Syn.  de  Tendre  des  cordes.  \\  Chat 
grillé,  —  enfant  chétif,  malingre.  Syn.  de 
Chivrille.  \\  Lg.  —  Guetter  le  chat.  Syn.  de 
Garder  le  chat  (ci-dessus).  ||  Ec.  — •  Ben  oui, 
c'est  le  chat  !  —  N'en  crois  rien.  —  Très  sou- 
vent, quand  un  méfait  a  été  commis  dans  une 
maison,  on  en  accuse  le  chat,  qui  n'est  pas 
toujours  le  coupable.  (V.  La  Fontaine, 
Bertrand  et  Bâton.) 

Et.  —  D'origine  celtiq.  plutôt  que  latine.  Lat. 
popul.,  Cattum,  cattam. 

Châtaignes  (Fu.),  s.  f.  —  Poignée  de  châ- 
taignes. Secousse  violente,  ressentie  dans  la 
main  de  celui  qui  a  frappé  avec  un  bâton  et 
dont  le  coup  a  porté  à  faux.  ||  By.  —  id.  — 
V.   Châtain. 

Châtain  i  (Mj.),  s.  f.  —  Châtaigne,  marron. 
Il  Fig.  Poignée  de  châtains,  — '  commotion 
violente  reçue  dans  l'intérieur  de  la  main, 
lorsque,  par  ex.,  on  frappe  un  coup  de  bâton 
qui  porte  à  faux.  —  Rappelle  le  fourmille- 
ment produit,  comme  par  la  bogue  épineuse 
de  la  châtaigne,  ou  par  les  châtaignes  grâlées. 

Et.  —  Castanea.  De  noms  de  villes  de  la  Thessa- 
lie  et  du  Pont.  — •  V.  Châtaignes. 

Châtain  -  (Fu.)  n.  c.  m.  Nom  donné  au  bœuf 
dont  la  robe  est  de  la  couleur  de  la  châtaigne. 

Château  (Mj.),  s.  m.  Château  d'orage, 
amoncellement  de  nuées  orageuses,  avant- 
coureurs  de  la  pluie  et  de  l'orage.  ||(Pc.)  — 
Château  de  nuages,  même  sens.  ||  Château- 
branlant.  Nom  donné  aux  bébés  qui  com- 
mencent à  marcher  et  semblent  toujours  sur 
le  point  de  tomber. 

Chat-écureuil  (Mj.),  s.  m.  —  Ecureuil.  Cf. 
Chat-fouin.  Syn.  de  Chat-de-perche,  Fouquet. 

Hist.  —  «  Tu  montes  sur  les  arbres  comme  un 
vrai  chat-écurieux.  »  (G.  Sand,  La  Petite  Fadelie.  — 
Jaub.) 

Châtelet  (Lg.),  s.  m.  —  Dévidoir  à  axe  ver- 
tical, sur  lequel  on  met  les  écheveaux  de  fil 
pour  les  dévider  en  bobines  surles  quenellesoxi 
épelles.  Il  Fu.  —  1"  Trochée  de  nozilles  ; 
2"  Jouet  fait  d'une  noisette  percée,  à  travers 
laquelle  passe  un  arbre  vertical  alourdi 
d'une  pomme  de  terre  pour  faire  le  volant  et 


190 


CHAT-FOUIN  —  CHAUCHER 


qu'on   met   en   mouvement   à   l'aide    d'une 
ficelle  enroulée.  — 

Et.  —  L'instrument  est  ainsi  appelé  à  cause  de  sa 
construction  élevée  et  de  ses  angles  qui  simulent 
des  tours.  (Jaub.,  v"  Travouil.  )  —  Le  fil  ainsi  mis 
en  écheveaux  sur  le  châielet  est  donné  au  blanchis- 
sage ou  à  la  teinture.  Les  écheveaux  blanchis  ou 
teints  sont  mis  sur  le  travoué,  sorte  de  dévidoir 
vertical,  et  le  fil  est  dévidé  en  valu  pour  servir  au 
tissage.  (Dott.) 

Chat-fouin  (Mj.),  s.  m.  —  Fouine.  Petit 
Carnivore  plantigrade.  ||  Puer  comme  ein 
Chat-fouin,  —  exhaler  une  odeur  forte  et 
désagréable.  V.  Fouin.  \\  Franc.  Chafouin. 

Et.  —  Fouin  est  le  masc.  de  :  fouine,  animal  qui 
se  plaît  dans  les  hêtres  ;  de  fou.  lat.  fagum.  (Cf. 
Fou,  fouteau.)  (Dakm.)  —  Cf.  Chat-huant,  chat- 
pard.  L'idée  commune  est  celle  d'un  animal  ayant 
qq.  rapport  avec  le  chat.  C'est  le  procédé  de  la 
nomenclature  linnéenne  :  felis  leo,  felis  tigris,  canis 
lupus,  canis  vulpes.  (Jaub.) 

fhat-grillé  (Mj.,  Fu.),  s.  m.—  Enfant  ché- 
tif,  malingre.  Syn.  de  Chivrille,  Petit-grillé. 

Cbatgiiené,  s.  m.  —  Hargaignoux,  rechi- 
gnoux.  (Segr.  —  Mén.)  —  Serait-ce  Chat 
guené,  mouillé,  ce  qui  le  rend  de  mauvaise 
humeur? 

Chatière  (Mj.),  s.  f.  —  Ouverture  longitudi- 
nale à  la  partie  supérieure  et  antérieure  d'un 
cotillon.  Syn.  de  Poche-aux- puces,  Fergâil- 
Hère,  Fernâillère,  Migâillère. 

Chatin  (Lue).  —  Débris  de  tufîeau.  V. 
Moche.  —  Cf.  Chape,  Chapin. 

Chaton,  s.  m.  —  Herbe  aux  hémorroïdes, 
sedum  reflexum,  à  cause  de  la  forme  arrondie 
de  cette  plante,  qui  ressemble  aux  tétines  de 
souris. . .  (Mén.)  —  «  Lg.  —  Aller  en  chaton, 
—  marcher  à  quatre  pattes.  ||  Ec.  —  id. 

Et.  —  Par  comparaison  avec  la  queue  du  chat. 

Chatonnée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Portée  de 
petits  chats.  1|  Sp.  Fig.  —  Ribambelle  ; 
grouillement,  grand  nombre  d'êtres  animés.  || 
Chatonnée  de  rhume,  —  gros  rhume  de  poi- 
trine. —  V.  Chat  (dans  la  gorge).  Dér.  de 
Chatonner.  Cf.  Tétée. 

Chatonner  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  — Mettre  bas, 
chatter,  en  parlant  de  la  chatte.  ||  Fig.  — 
S'avancer  furtivement,  avec  l'allure  circons- 
pecte et  le  pus  léger  d'un  chat,  li  Ça  illi  cha- 
tonne  sus  la  poitrine,  —  ça  lui  siffle.  ||  Ec.  — 
Marcher  à  l'allure  d'un  chasseur  qui  s'avance 
doucement,  en  se  dissimulant  de  son  mieux, 
pour  ne  pas  être  aperçu  par  le  gibier  qu'il 
veut  surprendre.  —  Pat.  norm.  Catuner,  — 
marcher  en  s'aidant  des  mains.  —  Aller  à 
la  baissette. 

Chat  de  perche  (Sa.),  s.  m.  —  Écureuil. 
Syn.  de  Chat-écureuil,  Fouquet,  Perche- 
branche. 

Châtrage  (Lg.),  s.  m.  —  Action  de  châtrer, 
une  roue.  L'été  est  sec,  va  y  avoir  des  châ- 
trages  à  faire. 

Chat-ravau     (\'r.),  s.  m.  —  Chat  voleur, 


qui  saute  sur  les  tables,  etc.,  partout  où  il 
peut  ravir  qq.  victuaille.  —  Ravaut  =  ravis- 
seur, du  lat.  rapere? 

Chatte,  s.  f.  (Sp.,  Mj.).  —  Faire  péter  la  chatte, 

—  en  parlant  d'une  fileuse,  faire  rendre  à  son 
fuseau  un  son  rude  et  éclatant,  en  le  faisant 
tourner  avec  raideur  vers  la  fin  de  l'aiguillée. 
Il  Chatte  noire  ;  ce  nom  se  donne  à  l'empirique 
ou  à  la  sorcière  qui  s'occupe  de  maladies. 
(Ségr.  MÉN.) 

Chatte- gratte  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  jeu  ou 
d'exercice  de  gymnastique  qui  se  pratique  de 
la  manière  suivante.  Deux  joueurs  se  sai- 
sissent à  bras  le  corps,  poitrine  contre  poi- 
trine, de  sorte  que  l'un  ait  les  jambes  en  l'air 
lorsque  l'autre  est  debout.  Celui-ci  se  pen- 
chant en  arrière,  son  partenaire  prend  pied  et 
le  soulève  à  son  tour  de  la  même  façon.  Et 
ainsi  de  suite.  Quelquefois,  les  athlètes  bas- 
culent sur  le  dos  d'un  ou  deux  autres  joueurs 
qui  font  pied-de-selle  et  qui  ont  tout  loisir  de 
gratter  la  terre  de  leurs  ongles.  De  là  le  nom 
de  ce  jeu,  appelé,  en  Berry  :  Virer  les  couètes. 
(Jatjb.) 

N.  —  .Je  connais  une  autre  manière  de  pratiquer 
ce  jeu.  Les  joueurs  sont  dos  à  dos  et  l'un  d'eux 
passe  ses  bras  sous  les  bras  de  l'autre.  Cela  rappelle 
le  branle  d'une  cloche.  (A.  V.) 

Chau  (PI.),  s.  m.  —  S'emploie  dfns 
l'expression  :  Chau  de  noix,  —  brou  de  noix. 

Et.  —  Ce  mot  est  la  rac.  de  Chai  ou  Cal,  qui  se 
retrouve  dans  le  v.  Ecaler.  A  ce  titre  il  est  des  plus 
curieux.  V.   Chaler. 

Chaubeniro  (Lg.),  v.  n.  —  Moisir.  Doubl.  et 
syn.  de  Chaumir,  Chauguenir.  Cf.  Chaubi. 

Chaubi,  adj.  q.  (Sj.,  Ac).  —  Echaubi,  gâté, 
en  parlant  de  la  viande,  p.  ex.  —  Echauffé? 

Chaucher  (Sp.),  v.  n.  Coïter.  ||  Courir  l'oie, 

—  se  dit  du  jars.(Sar.)  Lorsque  l'on  menait 
les  oies  aux  jars,  on  leur  donnait  une  poignée 
d'avoine  pour  les  faire  chaucher.  \\  Ec.  — 
Chausser,  pour  le  canard. 

Et.  Hist.  —  «  Caucher  est  un  anc.  v.  qui  veut 
dire  :  presser,  serrer.  Cf.  Cocher.  Ne  peut  venir  de  : 
coq.  —  Du  lat.  Calcare  (Cf.  Cauchemar).  Il  faut 
faire  sentir  l'accent  circonflexe  (Litt.).  —  N.  J'ai 
entendu  :  Cauquer,  à  l'île  de  la  Réunion.  A.  V.  — 
«  Si  ay-je,  dist  Panurge,  n'a  guères  icy  veu  une 
abbegesse  à  blanc  plumage,  laquelle  vaudrait 
mieux  chevaucher  que  mener  en  main.  »  (Rab., 
P.,  V,  8.)  —  «  Fouler,  presser.  —  De  l'aveyne  il  y  a 
16  boisseaux  en  l'esmine,  que  l'on  mesure  au 
comble  :  et  chauche-Von  une  fois.  »  {Cont.  de  Bourg.) 
De  là  on  employait  ce  mot  pour  désigner  l'acte  du 
coq  avec  la  poule  :  «  Le  coq  qui  cauquoit  les  poulies 
à  petit  semblant.  »  Il  faut  lire  Chauchoit,  en  bon 
français  (B.  de  Verv.,  Moy.  de  parv.,  p.  22L)  De 
même  pour  les  différents  oiseaux  :  (le  rossignol). 

—  «  Sa  femelle,  et  puis  errant, 

Qu'il  a  cauquié,  sauvage 
S'en  va,  et  si  va  sifflant. 
Un  texte  de  S'  Bernard  l'explique  par  Calcare. 

—  «  Que  je  l'amoie  durement  (le  coq). 

Par  ce  que  menu  et  sovent 
Les  (poules)  me  chauchoit  l'une   après  l'autre. 
(L.  C).  —   «  Les  engoulevents  se  perchent  rare- 
ment, et,  lorsque  cela  leur  arrive,  non  en  travers 


CHAUCIMER  —  CHAUFFE 


191 


comme  les  autres  oiseaux,  mais  longitudinalement 
sur  la  branche,  qu'ils  semblent  clocher  ou  cocher, 
comme  le  coq  fait  de  sa  poule,  et  de  là  le  nom 
de  Chauche-branche  qu'on  donne  à  cet  oiseau  en 
Sologne.  »  (BuFFON,  cité  par  Jaub.)  —  «  Ce  jars, 
présenté  sur  la  table  d'un  seigneur,  lequel  en  cher- 
cha l'âme,  et  ne  la  trouvant,  appela  le  cuisinier  : 
Où  est  l'âme  de  cette  oie?  C'est  un  jars  qui  a  tant 
chauché  sa  mère,  que  le  diable  a  mangé  son  âme.  » 
(B.  DE  Verv.,  m.  de  p.  m,  11.)  1!  Jaub.  —  Caucher. 

Chaiicimer  (Mj.),  v.  a.  —  Chauler.  Syn.  de 
Chaumer,  Chaumenter.  De  :  chaux.  ]|  Ec.  — 
Chauçumer,  V.  Chaussumer. 

N.  —  Cf.  Chaussine.  Houille  sèche  propre  à  la 
cuisson  de  la  chaux  (Litt.) 

Chauciner  (Sal.),  v.  a.  —  Mouiller  d'eau  de 
chaux  le  grain  qu'on  doit  semer. 

Chaud',  e(Mj.),  adj.  q.  —  Fig.  A  moitié  ivre. 
On  dit:  Il  était  ben  chaud;  ou  encore:  Il  com- 
mençait à  avoir  la  goule  ben  chaude.  \\  Retors, 
rusé,  dans  un  but  d'intérêt.  Ex.  :  Tu  es 
chaud,  toi  —  dit-on  à  qqn  qui  cherche  à  vous 
entortiller,  —  tu  es  pus  chaud  que  la  braise.  || 
Que  l'on  a  à  cœur.  Ex.  :  Il  avait  ça  chaud, 
vantiers,  de  venir  me  le  dire  !  —  On  dit  iro- 
niquement à  qqn,  en  lui  refusant  ce  qu'il 
demande  :  Si  tu  n'as  que  ça  de  chaud,  tu  ne  te 
brûleras  pas.  ||  Chaud  de,  qui  affectionne, 
féru,  entiché.  —  Ex.  :  Vous  n'avez  jamais  vu 
un  homme  si  chaud  de  ses  enfants.  ||  Excessi- 
vement cher.  «  Dix  pistoles?  fichtre,  c'est 
chaud  !  »  ||  Chaud  de  la  pince,  —  porté  à 
l'amour,  ardent  au  plaisir  cythéréen.  ||  Et  lui 
chaud  !  —  dit-on  en  parlant  de  qqn  qui  a 
refusé  de  s'engager  dans  une  mauvaies  affaire. 
Il  Ec.  —  Chaud  à,  —  porté  à. 

VA.  —  Pour  le  sens  propre,  celui  de  chaleur, 
le  latin  Calidus,  et  pour  le  sens  de  :  retors,  rusé, 
le  lat.  Cnllidus  >  Dans  ce  dernier  sens  il  devrait 
s'écrire  chaut,  car  c'est  l'a  fr.  Caut.  cauté,  lat. 
Cautus.  Il  est  vrai  que  le  fém.  est  chaude.  Cela 
prouve  seulement  que  la  confusion  est  aujourd'hui 
complète  entre  ces  deux  mots,  pourtant  si  difTé- 
rents.  La  citation  suivante  montre,  par  l'orlhogr. 
du  mot  Cauld,  que  cette  confusion  commençait  à 
s'établir  du  temps  de  Rabelals  :  «  L'un  est  un  fm 
et  cauld  Renard.  »  (P.,  iv,  Prol.)  —  Hist. 
—  i<  Le  feu  qu'au  pied  d'un  chêne  auparavant 

Avoyent  laissé  les  peu  coûtes  bergères... 

J.   DU  Bellay.   Les  Amours,  p.    1H7. 
—   «  Tous  hommes  sont  par  toi  circonvenus, 
Cault  ou  non  cauliz.  » 

G.-C.  Bûcher,    38,    lOL 

Add.   Il  Pierre-chaude.  Souris -chaude. 

Chaud  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.—  Chaleur,  tem- 
pérature  torride. 

Ex:  Queune  chaud  ([u'il  fait!  —  j'ai  eiue 
chaud  ! 

Et.  —  C'est  l'adj.  pris  substantivement. 

Chaudasse,  adj.  q.  (Tr.,  Ag.).  —  Fréquent. 
ou  dimin.  de  Chaud,  dans  le  sens  de  :  légère- 
ment ivre.  Syn.  de  Chaudet,  Chaudonnet. 

Chaude  (Mj.,  Sp.,  By.),  s.  f.  —  Chauffe, 
forgée.  Se  dit  dans  :  Forger  un  fer  (à  cheval) 
en  deux  chaudes.  —  Calda.  ||  Fu.  —  Ivresse. 
'—  Il  avait  attrapé  eine  chaude.  Syn.  de  Cuite, 


Chaudet  (Mj.),  adj.  q. — Un  peu  ivre,  émêché. 

Hist.  «  Vous  tfouviez-vous  point  chaudelet. 
Ayant  les  fièvres  en  la  teste?  »  L.  C. 

Chaudière  (Mj.),  s.  f.  —  Vase  de  fer-blanc 
ou  de  zinc  avec  lequel  on  puise  l'eau.  — 
Caldaria.  [|  Fu.  —  Pour  traire  les  vaches.  — 
Alambic  de  bouilleur  de  cru. 

Chaudiérée  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  f.  —  Le 
contenu  d'une  chaudière,  ou  plutôt  d'un 
seau.  Syn.  de  Seillotée.  V.  Chaudière. 

Chaudif  (Lpm.),  adj.q. —  Qui  achaud  aisé- 
ment, ou  qui  transpire  beaucoup.  Ex.  :  Il  est 
chaudif  de  la  tête,  —  sa  tête  se  congestionne 
aisément. 

Chaudillou  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  chaude, 
préparatoire  pour  commencer  à  souder  un 
lopin.  Langue  des  forgerons.  ||  Fu.  —  Un  peu 
gris.  Dimin.  de  Chaud.  Syn.  de  Chaudet. 

Chaudin.  s.  m.  (Lg.).  —  Estomac  du  porc. 
Syn.  de  Giron,  Porl-Girault.  \\  Fu.  —  Dabon, 
lange  de  laine  qu'on  met  aux  pieds  des  petits 
enfants  en  hiver. 

Chaudonnet  (Sal.),  adj.  q.  —  Un  peu  chaud, 
gris.  Syn.  de  Chaudet,  Chaudasse,  C haudillon. 

Chaud-referdi  (Mj.,  Fu),  s.  m.  —  Chaud  et 
froid.  Ex.  :  Il  a  attrapé  ein  chaud-referdi,  qu'il 
a  manqué  d'en  terséler.  ||  Ec.  —  Chaud 
refoerdi,  —  froédi,  —  et  même  foerdi. 

Chaudron  '  (Tlm.,  By.),  s.  m.  —  Jeu  de 
marelle,  le  même  qui  est  appelé  ailleurs 
Pied-pourri  ;  plus  spécialement  la  case 
extrême  de  la  figure  sur  laquelle'  se  joue  le 
jeu,  parce  que  cette  case  a  la  forme  d'un 
demi-cercle.  Syn.  de  Pisse-gogue. 

Chaudron  -,  s.  m.  (Sp.,  Fu.).  —  Sorte  de 
tulipe  sauvage  qui  fleurit  au  printemps  dans 
les  prés  humides.  Syn.  de  Lausanne,  Clocane, 
Gogane.  ||  Nom  vulg.  du  narcisse,  du  faux 
narcisse,  qu'on  nomme  marteau-porillon, 
n.  jaune,  à  cause  de  sa  couleur,  quand  il  est 
en  fleurs  (Bat.)  |i  Fu.  —  Narcisse  de  couleur 
violacée  brune,  striée  de  noir.  ||  Ec.  — 
Damier,  gogane,  coquîcigrolle. 

Chaudronnée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Contenu 
d'un  chaudron.  Cf.  Verrée,  Seillée,  etc.  ||  Fu. 
—  Composé  de  pommes  de  terre  et  d'orge 
pour  les  porcs.  «  J'avions  eine  chaudronnée 
sus  l'feu  ;  j'pouvions  pas  nous  en  aller.  « 

Hist.  —  «  Chaque  dimanche  de  carême,  une 
chaudronnée  de  fevettes.  »  (1769.  —  Ini>.  Arch.  H  i 
p.  3,  col.  2.) 

Chaudrounor  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Faire  la 
cuisiiu'  ;  récui'cr  les  casseroles. 

Chaut't'au,  s.  m.  —  Echafaud.  V.  Chafaud. 

Hist.  —  l'rais  de  construction  «  des  troys 
estaiges  du  chauffault  de  MAL  les  maire  et  esche- 
vins  de  la  ville  estant  au  parc  ouquel  naguères 
a  esté  joué  le  mistère  de  madame  Sainte  Cathe- 
rine. »  (C.  Port,  Invent.  p.  14.) 

Chauffe  s.  f.  —  Gras,  mis  en  boule,  désa- 
grégé et  réduit  en  grumeaux  inégaux,  dont 
les  plus  gros  sont  à  peine  de  la  dimension  d'un 


192 


CHAUFROIDIE  —  CHAUX  DE  FONDS 


grain  de  groseille.   (Fabricat,  de  l'huile  de 
noix.  Saumur.) 

Chaufroidie,  s.  î.  —  Pleurésie,  ou  Chaud- 
rejerdi.  Syn.   de  Purésie. 

Chaufumiers,  s.  m.  —  Les  mariniers  qui 
viennent  chercher  la  chaux  et  l'emportent 
sur  leurs  bateaux.  DifTérent  de  Chaufournier, 
ouvrier  cjui  fait  la  chaux.  —  Chaufour,  — 
calidus  furnus. 

liiaugueni  (Fu.),  s.  m.  —  Du  chaugueni.  Du 
moisi.  Très  employé,  comme  le  suivant. 

fbauguenir  (Lg.,  Sp.,  Fu.),  v.  n.—  Moisir. 
—  Syn.  de  Vairir,  Voirir,  Mudir,  Heurdrir, 
Ouérir,  Veurir.  Doubl.  de  Chaumenir.  Cf. 
Chaubi.  —  Part.  pas.  «  Pain  chaugueni.  » 

Et.  —  Chaumeni,  plein  de  chaume.  Hist.  «  Si  tu 
les  gardes  longtemps,  tu  trouveras  qu'elles  chaume- 
niront.  »  (B.  Palissy.  —  L.  C.)  —  «  Mais,  pour  chas- 
cune  passade,  ilz  n'en  ont  qu'une  nazarcie,  et,  sus 
le  soir,  quelque  morceau  de  pain  chaumeny.  » 
(Rab.,  P.,n,  30.) 

ChauDias  (Mj.),  s.  m.  —  Inégalités  dans  le 
fond  d'un  cours  d'eau,  ondulations  à  la  sur- 
face d'une  grève  submergée. 

tiiaumassé,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Mamelonné. 
Se  dit  d'une  grève  couverte  d'eau.  V.  Chau- 
mas. 

l'haumé,  que  j'cois.  —  Je  crois  que  oui. 
(Chpt.)  Chaume  qu'nenni,  —  je  crois  que 
non.  (Z.  77.)  —  Pour  Sô  mé  =  selon  moi. 

Cliaumeniro  (Mj.),  v.  n.  —  Moisir.  —  Syn. 
de  Mudir,  Hturdir,  Voirir,  Veurir,  Vairir, 
Ouérir  ou  Vouérir,  Chauguenir.  Voir  ce  dernier. 

l'Iiauuienter  (Mj.),  v.  a.  —  Se  dit  par  qqs 

personnes  pour  Chaucimer. 

thaume-perdu,  s.  m.  —  C.-à-d.  rez-terre. 
On  le  brûle,  ou  on  le  couvre  de  terre.  (Mén.) 

''haumer  (Lg.,  Fu.),  v.  a.  —  Chauler,  du 
blé.  Syn.  de  Chaucimer,  Chaumenler. 

Chaumier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Meule  ou  tas 
de  chaume.  ||  By.  —  Un  bébé  gras  et  bien 
portant.  Quée  grous  Chaumier  I  Syn.  de 
Daubier. 

Et.  —  Lat.  Calamus.  —  «  Chaumier,  p.  ê.  pail- 
lasse. Il  paraît  que,  de  ce  mot  chaumier,  nos  tapis- 
siers ont  fait  le  mot  sommier  :  «  Il  romp  sa  lance 
contre  la  muraille,  ou  la  fiche  dans  le  ventre  d'un 
chaumier.  »  (Merlin  Coccaie,  i,  57.)  —  En  note  : 
Sommier  a  signifié  d'abord  bête  de  somme,  puis  : 
poutre  ou  matelas  portant  une  charge  animée  ou 
inanimée  (L.  C.  et  Note  de  l'éditeur,  en  correction.) 
Il  Un  village  de  la  Pommeraye  porte  ce  nom. 
V.  F.  Lore,  xi,  a. 

Chaumiro  (Lg.),  v.  n.  —  Moisir.  On  dit 
aussi  :  Chaubenir.  Voir  Chaumenir  pour  les 
synon. 

Chaupetit  (Lg.),  loc.  adv.  —  Peu  à  peu.  Le 
même  que  A  ché  petit. 

Et.  —  Formé  du  fr.  Petit  et  du  préf.  Chau,  dans 
lequel  je  vois  un  doublet  de  Cal,  Cali,  Gali.  Cf. 
Chaupiot. 

Cliaupiot'  (Mj.),  s.  m.  —  Le  plus  faible 


d'une  nichée  d'oiseaux.  !|  Le  dernier-né  d'une 
famille.  Syn.  de  Rinot,  Cailleau,  Caillereau. 

Et.  —  Pour  Chaupetiot,  de  Petiot  et  du  préf. 
péjor.  Chau.  V.  Chaupetit. 

Chausse  (Fu.,  By.,  Mj.),  s.  f.  —  Bas,  vête- 
ment qui  couvre  le  pied  et  la  jambe.  Ex.  :  Je 
vas  me  brocher  des  chausses.  Souvent  pro- 
noncé chaosse. 

Et.  —  Lat.  calceus,  devenu  fém.  dans  les  lang. 
romanes.  (Lttt.)  —  Calcia  (Dakm.)  —  Le  vx.  fr. 
employait  ce  mot,  et  le  fr.  moderne  a  le  dimin. 
Chaussette.  —  Hist.  —  «  J'ay  ouy  raconter  d'une 
très  grande  princesse  de  par  le  monde,  laquelle 
aimoit  une  de  ses  dames  par-dessus  toutes  les 
siennes,  seulement  parce  qu'elle  lui  tiroit  ses 
chausses  si  bien  tendues  et  mettoit  si  proprement 
sa  jarretière.  «  (Brant.,  D.  gai.,  Disc,  m,  p.  148.) 
—  «  L'on  brochait  les  gilets  de  laine,  l'on  tricotait 
les  chauses.  »  {La  Trad.,  p.  259.)  —  On  dit  :  tirer 
ses  chauses,  pour  :  les  quitter  ;  rhabiller  ses  ch., 
pour  •  les  raccommoder. 

«  Donnèrent  de  la  Tannerie 

Mottes     à  faire  feu. 

Et  la  rue  Normandie 

Un  petit  linceul 

Puis  bonnets,  chausses,  mitaines... 
Noëls  angev.,  p.  61. 

C'hausse-quasse,  s.  m.  —  Centaurée.  Voir 
Chardon-loriot.  (Mén.)  —  Plutôt  fém. 

Chausser  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  — Chausser  une 
plante,  —  la  butter.  ||  Fig.  —  Convenir, 
plaire,  agréer  à.  Syn.  de  Botter,  Haiter.  \\  Ec. 
V.   Chaucher. 

Chausses-aux-cocus  (Lg.),  s.  f.  p,.  —  Prime- 
vère jaune.  Syn.  de  Cocou,  Marteaux. 

Et.  —  Le  nom  vient  de  ce  que  le  calice  de  cette 
fleur,  dont  la  corolle  est  jaune,  imite  assez  bien 
une  culotte  bouffante. 

Chausson  (Lg.),  s.  m.  —  Pierre  de  remplis- 
sage posée  en  long  au  milieu  d'un  mur. 
Langue  des  maçons.  " 

Chaussumer,  v.  a.  —  Fumer  un  champ 
avec  la  chaux.  ||  Craon.  —  Répandre  du 
sulfate  de  cuivre  sur  du  froment,  pour  semer. 

Et.  —  De  *  chaussum,  dér.  de  :  chaux,  et  un  suff. 
umen,  mot  que  l'on  ne  retrouve  pas  directement, 
mais  que  l'on  retrouve  dans  chaussumier,  nom 
dialectal  du  chaufournier.  Cf.  Chaucimer. 

Chaut  v.  irr.  —  Chaloir.  Ne  me  chaut  où, 
—  peu  m'importe  où. . . 

Hist.  —  Ne  me  chaud  où  je  me  fourre 
Pour  voir  le  doux  Messiau, 
Nau,  nau. 

(Noëls  anc.  et  mod.,  18.) 

Chauvarder,  v.  n.  —  Rire  d'une  manière 
forcée,  contrainte  (Segr.  Mén.). 

N.  DoTT.  :  Rire  ironiquement,  se  moquer  de. 

Chauve,  s.  f.  —  Défaut  ;  veine  blanche 
dans  une  carrière  d'ardoises  {Petit  Courrier 
du  18  juin  1904). 

Chauveni  (Lg.),  part.  pas.  —  Gâté,  tourné  ; 
moisi.  \  .  Chauguenir,  Chaumenir,  Chaubenir. 

Chaux  de  Fonds.  —  Ce  mot  est  un  contre- 
sens, ce  nom  de  lieu  doit  s'écrire  Chaudes- 


CHAVARI  —  CHEMIN 


193 


Fonts,  Chaudes  Fontaines,  sources  d'eaux 
chaudes. 

t'havari  (Sp.),  s.  m.  —  Filet  pour  prendre 
les  oiseaux.  1|  Chasse  ou  braconnage  au  moyen 
de  cet  engin.  V.  Arigné. 

€haveneau  (Tlm.,  Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de 
poisson  que  l'on  pêche  parfois  dans  les  ruis- 
seaux de  la  contrée. 

C'est  le  Chevenne  ;  syn.  de  Chabosseau. 

Chavirement  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.),  s.  m.  — 
Bouleversement,  chavirade,  tohu-bohu.  Syn. 
de  Boulivarsement,  Bousculernent.  Te  rv  ire  ment, 

i'havoilles  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Fanes  de 
pommes  de  terre.  Syn.  de  Fonces,  Feuillées. 
X.  L'o  conserve  son  son  naturel:  chavo-illes. 

—  S'emploie  aussi  au  masc.  et  au  sing.  sous 
la  forme  Chavoil.  —  Fanes  de  pois,  de  hari- 
cots, etc.  Il  By.  —  On  dit  :  fayes  (y  mouillé). 

—  Cf.  Jebiche,  Jaub. 

Et.  —  Ce  mot  est  certainement  le  même  que 
Chakouet,  qui  s'emploie  à  Sp.  dans  un  sens  voi 
sin. 

Chê.  —  Pour  chez.  On  dit  :  ché  ielle  =  chez 
elle. 

Chê  (Lg.),  s.  m.  —  Chien.  Mot  très  vieilli, 
presque  oublié,  mais  seul  en  usage  il  y  a  cin- 
quante ans.  Cf.  Bé  pour  :  bien.  Syn.  de  Quien. 

Chécher  (Lg).  v.  a.  et  n.  —  Sécher.  X.  Cou- 
rant au  Lg.,  qqf.  employé  à  Mj. 

Chéchiquette  (Sh.),  s.  f.  —  Petite  quantité. 
S'emploie  dans  la  loc.  :  A  la  chéchiquette.  Ex.  : 
._  ne  me  donnait  ça  qu'à  la  chéchiquette,  par 
petites  quantités  à  la  fois.  —  V.  Chiquet.  — 
Cf.  Déchiqueter. 

Et.  —  C'est  le  pat.  Chiquet,  avec  redoublement 
de  la  première  syllabe.  —  I>a  rac.  semble  être  la 
même  que  pour  chiche,  avare.  —  Le  vx  fr.  avait 
chiqueter,  couper,  découper  (L.  C). 

Chefo  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Levée,  partie 
antérieure  d'un  fûtreau,  formant  un  plan 
incliné.  ||  Ironiquement  Chef  d'ève,  —  chef- 
d'œuvre,  accident  causé  par  la  maladresse  ou 
la  sottise  d'une  personne.  ||  Lg.  La  pâte,  telle 
qu'elle  est  boulangée  la  première  fois.  Langue 
des  boulangers.  Cf.  Bafraîchi.  ||  Chacune  des 
parois  verticales  d'une  carrière  d'ardoises 
(la  tête,  le  bout  par  lequel  on  commence 
l'extraction?) 

Et.  —  Du  lat,  caput,  tête,  avec  l'f  muet,  comme 
dans  chef  d'œuvre  et  olef.  V.  Se.  —  Hist.  «  C'est 
une  indust-ie  fort  intéressaute  à  étudier  que  celle 
de  l'extraction  de  l'ardoise,  soit  qu'on  envisage 
le  côté  purement  technique...  le  mod,>  d'exploi- 
tation du  Chef  ».  Le  Chef  est  la  couche  de  schiste 
exploitée  telle  qu'elle  se  présente  dans  la  carrière 
soit...  (Ler.-CesbR.  V Etrangère). 

■  De  son  bon  ch..f  ou  de  son  chef,  de  sa 
propre  initiative,  de  sa  bonne  volonté,  de  lui- 
même.  «  11  a  livré,  de  son  chef,  aux  baïon- 
nettes de  ses  volontaires,  les  prisonniers  faits 
à  Xoirmoutiers.  «  (Dexiaf,  IV,  59.) 

Chégnasses  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Touffe  da  reje- 


tons de  chêne,  qui  poussent  sur  un  tronc 
coupé  au  ras  de  terre.  —  Dér.  de  chégne. 

Chêgne  (Lg.),  s.  m.  —  Chêne.  Cf.  Crâgne. 
Mot  vieilli.  C'est  la  prononc.  actuelle.  Les 
anciens  disaient  Châgne.  !|  Faire  le  c/jêgne  dret, 

—  se  tenir  la  tête  en  bas  et  les  jambes  rap- 
prochées. Il  Faire  le  chêgne  fourchu,  —  id., 
mais  les  jambes  écartées.  ||  On  distingue  le 
chêgne  blanc  et  le  chêgne  rouge.  Ce  dernier  est 
le  Doussier  ou  le  Doucier  de  Mj.  —  X.  Chêgne 
rouge  pourrait  bien-être  pour  chêne-rouvre* 

Chegniot  ou  Chenot  (Fu.),  s.  m.  —  Jeune 
chien.  \'.  Cheneau. 

Chéhon  (Fu.),  s.  f.  —  Chat-huant.  V.  Cho- 
hon. 

Chéier,  v.  n.  —  Choir,  tomber.  A  vieilli. 
Forme  inchoative  de  Chair°. 

Cheintre  (Mj.,  Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Lisière 
d"un  champ,  bande  de  terre  inculte  et  gazon- 
née,  située  le  long  des  haies  et  qui  forme 
comme  la  ceinture  des  terres  labourées.  j|  Au 
Lg.,  ce  mot  a  le  même  sens  qui  est  le  plus 
général,  mais  de  plus  il  signifie  la  bande  de 
terre  que  le  laboureur  retourne  à  la  charrue 
perpendiculairement  et  à  l'extrémité  des 
sillons,' ce  que  l'on  appelle  ailleurs  :  Tour- 
nailles, Etournâilles ,  Détournâilles,  Traver- 
saine.  —  S'écrit  aussi  Chaintre.  Voir  ce  mot. 

Et.  —  Double  du  fr.  Ceinture.  Lat.  Cinctura. 
Hist.  —  «  La  dite  disme  faisolt  leur  revenu  avec 
douze  boisselées  de  la  Chaintre  joignant  le  bois 
(1739).  Inv.  Arch.  E.  n,  p.  315,  col.  2.)  —  «  Elle 
s'en  alla  courbée,  rapide  pourtant,  le  long  de  la 
Cheintre.  <>  (R.  Bazin.  La  Terre  qui  meurt,  p.  14).  » 

—  «  Accord  passé  par  Raoul,  évêque  d'Angers. .  . 
au  sujet  de  la  mairie  de  Villebernier  «  super 
majofia  de  Villa  Bernonis  ».  et  diverses  autres 
prétentions  «  scilicet  custodiam  pratorum  et 
Clientram  que  (quae)  ipsis  pratis  adjacet.  »  (Inv. 
Arch.  G.,  107,  2.)  —  «  Ils  s'étaient  étendus  sur 
l'herbe  de  la  chintre  (sic),  et  près  d'eux  rangées  le 
long  du  talus,  les  bêtes  soufflaient  comme  leurs 
maîtres.  (R.  Bazin.  Les  Trois  gars  de  la  Haus- 
sière,  dans  le  Pays  Bleu,  '.r»  1.) 

Cheintrer  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  pacager  sur 
une  cheintre  ou  sur  la  bordure  d'un  chemin 
Il  (Lg.  Mj.  ).  Fig.  Flatter,  entourer  desoins,  cher- 
cher à  circonvenir,  à  empaumer,  à  emba- 
bouiner.  Ex.  :  Il  ara  beau  cheintrer  le  bon- 
homme, il  n'ara  pas  la  fille.  « 

Chelinguer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Puer.  ||  Che- 
linguer  du  goulot,  —  sentir  mauvais  de  la 
bouche,  être  atteint  d'ozène.  —  Argot. 

Cheuii  (Sjv.),  s.  m.  —  Chemin. 

Et.  —  Du  celtiq.  Cam,  pas  ;  camen,  chemin. 

Cheiiiicher  (Mj.),  v.  n.  —  Sangloter,  pleurer 
silencieusement.  i|  Pleurnicher.  Syn.  de  Che- 
nucher,  Pigner,  Guigner,  Brézer,  Bichoiller. 

Et.  —  Dirn.  de  Chimer,  dont  le  sens  primitif  est  : 
jileurer. 

Chemiu  (Mj.),  s.  m.  Fig.  Xe  pas  y  aller  par 
quatre  cliemms,  —  aller  droit  au  but,  ne  pas 
garder  de  ménagements,  dire  nettement  les 
choses,  ne  pas  tergiverser.  ||  N'en  faire  qu'ein 

13 


194 


CHEMINEAU  —  CHENNETER 


chemin,  —  y  aller  par  la  même  occasion.  || 
Mener  par  des  petite  chemins  où  n'y  a  point 
de  pierres,  —  mener  rondement.  V.  Chemi.  \\ 
Aller  dret  son  chemin,  son  petit  bonhomme  de 
chemin  (Segr.)  —  loyalement.  ||  Écartement 
que  l'on  donne  aux  dents  d'une  scie,  de  part 
et  d'autre  du  plan  de  la  lame. 

t'hemineau  (Fu.,  etc.),  s.  m.  —  L'ouvrier 
qui  travaille  aux  terrassements,  en  général 
et  des  chemins,  de  fer  en  particulier.  ||  Ec. 
Mendiant,  vagabond.  Syn.  de  Meillaud. 

t'heminée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Faire  la  che- 
minée. Se  tenir  les  jambes  droites  en  l'air,  la 
tête  et  les  mains  étant  posées  à  terre  et  for- 
mant trépied.  Jeu  d'enfants.  C'est  ce  que 
Brantôme  appelle  :  Faire  l'arbre  fourchu.  — 
—  N.  Ce  serait  plutôt  le  chêne  dret.  V.  Chégne. 

Chemineresse.  —  Chanson  que  le  paysan 
chante  en  marchant  (Méx.). 

Cheminet  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Petit  chemin, 

sentier.  Syn.  de  Voyette,  Adressée,  Trutée. 

Chemins-ferrés  s.  m.  —  Ch.  macadamisés, 
ou  du  moins  à  surface  dure. 

Hist.  —    «  A  tant  fet  et  a  tant  erré 

Qu'il  entre  en  un  chemin  ferré. 

R.    du    Renart,    v.    764. 

Chemins  péaigeaux,  s.  m.  —  Ch.   péagers. 

V.  Peaugeau. 

Hist.  —  Le  grand  chemin  péageau  doit  avoir 
14  pieds  de  large  pour  le  moins.  [Coût.  d'Anjou.) 

Chemise  (en).  —  (Li.,  By.).  —  Les  œufs  en 
chemise,  pondus  sans  coque.  —  Cf.  Pommes 
de  terre  en  robe  de  chambre. 

Chenagouille  (Craon),  s.  f.  —  Gorge. 

Chenard  (Vh.),  s.  m.  —  Syn.  de  Cœur  de 
touffeau.  —  Voir  Rairie.  \\  Lue.  —  Pierrailles 
qu'on  trouve  dans  le  sol.  ||  En  Berry,  l'adj. 
chenard  a  signifié  :  noirâtre,  gris  de  cendre. 
V.  Jaub. 

Chenarde,  s.  f.  —  Colchique  d'automne, 
veilleuse,  safran,  flamme  nue.  R.  canis  ardens; 
tue-chien,  qqf.  (Mén,). 

Chenârum  (Ec).  V.  Chenorum. 

Chênas  (Fu.),  Lieu  planté  de  chênes.  Plutôt 
Chênâ,  s.  fém.  Cf.    Hâ,    Va,  Prâ,  etc. 

Chenasserie  (Pell.,  Sp.,  Fu.),  s.  f.  —  Vice 
de  celui  qui  est  chenassier;  priapisme.  Ex.: 
C'est  de  la  chenasserie  toute  pure.  Syn.  de 
Vesserie.  Paillardise.  ||  Réunion  de  paillards. 
Il  Syn.  de  Chiennerie,  Putasserie. 

Chenassier  (Pell.,  Mj.,  Sp.,  Lg.,  Fu.),  adj. 
q.  —  Paillard,  libertin,  qui  a  des  penchants 
erotiques.  Syn.  de  Vessier,  Putassier,  Chien, 
Fumellier,  Fouailleur. 

Chêne  (Lue),  s.  m.  —  Chrysanthème. 

Chenean  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  Br.),  s.  m.  —  Jeune 
chien.  ||  Fig.  Faire  des  cheneaux,  —  vomir  à 
la  suite  d'excès  de  boisson.  —  Syn.  de  Chenne- 
ton,  Chegniot. 

Chêne  franc  (Cnd.),  s.  m.   —  Espèce  de 


chêne  propre  à  faire  du  charbon,  par  opposi- 
tion à  Douceau. 

Cheneille  (Lg.),  s.  f.  —  Chenille.  Cf.  Feille, 
Fauceille,  etc. 

Hist.  —   «  Tu  périras, 

Maudit   pataud, 
Comme  la  cheneille 
La  patte  en  haut.  » 

(DENiAr,  n,   p.   297.) 

Chêne- marin  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Chry- 
santhème, plante  d'ornement.  La  feuille  rap- 
pelle celle  du  chêne. 

N.  —  Le  ficoïde  vésiculeux  et  plusieurs  de  ses 
variétés.  (Litt.) 

Chénevié  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Chénevis. 

Et.  —  Chénevis,  pour  Chenevuis,  dér.  de 
Cheneve,  forme  fr.  très  ancienne  de  chanvre.  — 
Cannabiscum.  —  Hist.  :  «  Certaines  drogues,  les- 
quelles rendent  l'homme  refroidy,  maléficié  et 
impotent  à  génération.  L'expérience  y  est  en 
nymphéa  heraclia,  ameline,  saule,  chénevé. 

Chênier  (chêgnier),  s.  m.  (Br.,  Mj.).  Grabat, 
mauvais  lit.  On  dit  inséparablement  :  Ein 
méchant  chênier  de  lit.  —  V.  Vergnasse,  Ver- 
sailles. Bois  de  lit  en  chêne. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Chêne,  comme  Vernasse  de 
Verne  ou  Vergne,  hêtre. 

Chênière  (Mj.),  s.  f.  —  Grand  bateau  d'au- 
trefois, du  temps  des  trains  de  bateaux,  c.-à-d. 
au  plus  tard  du  premier  quart  de  ce  siècle 
(xixe).  Ils  étaient,  paraît-il,  de  construction 
peu  solide,  sans  doute  dans  le  genre  des 
sapines.  Je  ne  les  ai  pas  vus,  et  je  crois  que 
les  vieux  mariniers  qui  en  parlent  les  ont  à 
peine  connus.  Ce  n'est  plus  qu'un  souvenir.A 
noter  qu'on  ne  les  désignait  guère  que  sous 
le  nom  quasi  inséparable  de  Grandes-chê- 
nières.  Ce  mot  est  à  rapprocher  de  chênier,  ou 
Grand-chênier,  par  lequel  on  désigne  un  mau- 
vais bois  de  lit.  Il  venait  sans  doute  de  chêne, 
comme  Sapine  de  Sapin. 

Chenille  (Mj.),  s.  f.  —  Personne  laide  et 
méchante.  ||  Ec.  —  Enfant  malingre.  Syn.  de 
Chivrille. 

Cheniller,  v.  n.  —  Tricher  au  jeu. 
N.  —  Dans  le  Centre  :  Chavigner.  (Jaub.) 

Chenillette  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Sorte  de  mau- 
vaise herbe.  A  Saint-Paul  on  l'appelle  Harbe- 
grasse.  C'est  l'amaranthus  prostratus,  ou  une 
plante  t-'ès  voisine  ;  p.-ê.  l'arroche  blanche, 
chenopodium  album.  Du  reste  il  y  en  a  plu- 
sieurs espèces.   ||  Mén.  renvoie  à  Matricaire. 

—  Syn.  de  Grâseline. 

N.  —  Nom  vulg.  du  séneçon,  à  cause  des  che- 
nilles zébrées  de  jaune  et  de  noir  qui  sont  les  para- 
sites de  cette  plante.  (Jaub.) 

Chenit  (t  final  muet  ou  sonore)  (Mj.),  s.  m. 

—  Chenil. 

Chennetée  (Lg.),  s.  î.  —  Portée  de  petits 
chiens. 

Chenneter  (Lg.),  v.  n.  —  Mettre  bas,  en 
parlant  d'une  chienne. 


CHENNETON  -  CHET 


195 


Chenneton  (Lg.),  s.  m.  —  Jeune  chien. 
Syn.  de  Cheneau,  Chenol,  Chegniot. 

Chenorum  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  jeu  de 
cartes.  N.  Ce  n'est  plus  qu  un  souvenir.  Se 
jouait  encore  vers  1860. 

Chenot  (Chl.,  By.),  s.  m.  —  Jeune  chien. 
V.  Cheneau.  Fig.  Faire  des  chenots,  —  vomir 
à  la  suite  d'excès  de  boisson.  Le  nom  de 
l'animal  peut  varier  puisque  l'on  dit  :  Piquer 
un  ou  des  renards. 

Chenu,  e  (Mj.,  Lg.,  Z.  134,  Fu.),  adj.  q.  — 
Beau,  bon,  bien,  remarquable,  superbe.  Syn. 
deHurf,  Chic,  Chicard,  Chicocandard,  Rupin.  \\ 
Sr.,  By.  —  Qui  a  du  fion,  du  cachet.  Ne  s'em- 
ploie qu'ironiquement,  ou  avec  la  négation. 
C'est  du  chenu  !  Cf.  Frais. 

Et.  —  «  Dans  la  lang.  popul.  chenu  se  dit  pour  : 
excellent,  fort,  riche,  à  cause  que  ce  qui  est  vieux 
s'est  amélioré.  Chenu  :  tout  blanc  de  vieillesse  ; 
lat.  Canutus,  de  Canus,  pour  Casnus.  (Litt.).  — 
«  V'ià  de  bon  cidre,  c'est  du  chenu.  (Orain). 

Chenucher  (Sr,  By  Segr.)  Pigner,  pleurer, 
V.  n.  jl  Sa.  Pleurer  silencieusement,  soupirer 
tout  bas.  Doubl.  et  syn.  de  :  Chemicher.  Syn. 
de  Ouigner,  Pigner,  Èrézer,  etc. 

N.  Le  patois  norm.  a  les  deux  formes  Jimer  et 
Chouiner  qui  signifient  également  :  pleurer.  A  la 
première  se  rattachent  nos  deux  mots  Chimer  et 
Chemicher  ;  à  la  deuxième,  notre  mot  Chenucher, 
pour  Chouinucher.  ||  Sal.  —  Pleurer,  larmoyer, 
ordinairement  sans  raison. 

Chenulard,  e  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —  Qui  pleure 
souvent,  pleurnichard.  Syn.  de  Ouignard. 

Chenuler  (Li.,  Br.),  v.  n.  —  Pleurer.  Cf. 
Chenucher,  Chemicher.  Pour  Chouinuler. 

Cheoir,  tomber  ;  Conjugaison  :  Ind.  prés. 
Je  chée,  il  chet,  il  cheut,  ils  chéent;  —  imperf. 
Je  chéiais  (je  chédiais,  Cz.).  —  Fut.  :  Je  cher- 
rai. —  Condit.  Je  cherrais.  —  Subj.  pr.  :  Que 
je  chée  ou  chéie.  —  Part.  pass.  chu,  chute  ; 
cheut,  cheute.  V.  Chair,  Chéier,  Cheyer. 

Chépetit  (à)  (Tlm.),  loc.  adv.  —  Peu  à  peu, 
par  petites  quantités.  Corr.  de  Chaupetit. 

Chérante,  adj.  q.  —  Qui  vend  chei.  «  C'te 
marchande  de  beurre-là,  a  n'est  point  ché- 
rante.  ))  (Sp.)  V.  Charant. 

Cherbe-sauvage,  s.  f.  —  Voir  Chanvre-joUe 
ou  Galeopsis,  cherche  à  bourru  ou  euphrais3 
tardive,  qqf,  queue  de  renard.  (Mén.). 

N.  Charbe,  Chanvre  (Cherve,  Charve).  Jaub. 

Cherche  (à)  (Fu.,  etc.).  —  Au  jeu.  Avoir 
dix  à  cherche.  Avoir  10  points  quand  l'adver- 
saire cherche  encore  le  premier,  p.  ex. 

ChercheuY  de  pain  (Sr.,  By.,  Fu.).  —  Men- 
diant. \.  Charcheux. 

Chereutier  s.  m.  —  Charcutier.  V.  Chair- 
cutier,  Chartutier. 

Chère  (Fu.).  —  Chaise.  Autre  prononciation 
de  Chaire. 

Chèrement  (Mj.).  Elever  ben  chèrement,  — 
être  aux  petits  soins  pour  un  enfant  qu'on 
élève. 


Chérettes,  s.  f.  —  Vases  de  la  pharmacie  de 
l'Hôpital  de  Baugé  {Journal  de  B.,  2  juillet 
1904). 

Et.  —  Chevrette,  pot  à  Canon  (en  pharmacie). 
On  nomme  pots-à-canon  ceux  qui  servent  à  con- 
server les  électuaires.  On  nomme  Chevrettes  ceux 
qui  ont  un  bec  au-dessus  du  ventre  ;  ils  servaient 
autrefois,  chez  les  apothicaires,  à  conserver  les 
sirops  et  les  huiles  ;  mais  aujourd'hui  il  n'y  a  que 
les  épiciers  qui  s'en  servent  .  (Dict.  des  Arts  et 
Métiers,  Amsterd.,  1767  v"  Apothicaire,  Litt.  — 
On  a  dit  aussi  Chèvre  et  Chievre  pour  la  peau 
de  chèvre  ;  l'outre  qui  servait  à  renfermer  l'huile 
d'olive  :  «  La  chievre  d'oille  (d'huile)  doit  2  den. 
le  cent.   ;>  {Ane.  Coût  d'Orléans.) 

«  Il  fist  par  dedens,  et  hors  œuvre 
Les    couvrir    de    chèvres    d'olive.     » 

Vigiles  de  Ch.  vn,  n,  107.  —  L.  C. 
N.  —  Ces  pots  auraient-ils  l'apparence  d'une 
petite  chèvre  dressée  sur  ses  pattes  de  derrière, 
avec  une  grosse  panse,  et  peut-être  des  anses  en 
forme  de  cornes  ?  —  On  appelle  bien  choon  une 
grosse  bouteille  de  grès  contenant  de  15  à  20  litres. 
Corrupt.  du  mot  Chat-huant,  en  vx  fr.  Chauant. 
A  Auverse  et  dans  le  Maine  on  dit  Chouan.  Les 
bouteilles  de  grès  dont  il  est  question  sont  ainsi 
appelées  parce  que  leur  goulot  très  court,  sur  une 
panse  rebondie,  les  fait  ressembler  à  de  gros 
hiboux.   Y.    Choon. 

Cherfeuille  (Sa.),  s.  m.  —  Chèvrefeuille. 
Syn.  de  Maùi-de-bon-Dieu.  Contract.  du  mot 
fr.  Il  D'autres  lui  donnent  le  sens  de  Cerfeuil. 

C'herge  (Craon,  Li.),  s.  f.  —  Une  charge  ; 
un  plein  tablier  d'herbe,  p.  ex. 

Chérie,  s.  f.  —  Nom  vulgaire  du  lithosper- 
mum  ou  gremil  (Mén.). 

Cheroué,  s.  m.  —  Pour  :  Encherroué,  En- 
cherrier. 

Cherpoulet  (Lg.),  s.  m.  —  Serpolet.  Cf. 
Cherfeuil. 

Cherre  (Fu.).  —  Choir. 

Cherrée  (Mj.,  Fu.,  Lg.,  By.,  My.,  Ti.).  — 
Charrée,  cendres  le.ssivées.  Corr.  du  mot  fr.  — 
Cf.  Cherrue,  Cherruer. 

Et.  —  Hist.  Du  lat.  Cinerata.  —  «  En  un  cher- 
rier  à  couvrir  la  lessive  où  serait  entré  trois  aulnes 
de  toile  à  raison  d'onze  sols  l'aulne,  cv  xxxiij  sols.  » 
(D.  C.) 

Cherri.er  (Ec),  s.  m.  —  Encherrier  (en- 
cherroué), grande  et  forte  toile  pour  recevoir 
les  cendres,  dans  les  endroits  où  on  met  les 
les  cendres  en  dessus  du  linge  dans  la  panne  ; 
ou  pour  les  recouvrir,  dans  les  endroits  où  on 
met  les  cendres  au  fond  de  la  panne  et  le  linge 
par-dessus  (usage  établi  pour  la  facilité  de  la 
mouillée). 

Cherrue  (Va.,  By.,  Lue),  s.  f.  —  Charrue. 

Cherruer  (Va,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Charruer. 

<  lU'rubin,  s.  m.  —  Voir  Ardoisières.  Fils  du 
maitre  fendeur  d'ardoises  sur  les  carrières, 

Chet  (  My.).  ^^  Cheoir.  '\  Fu.  Chet,  chète. 

Hist.  —  «  J'ai  la  vue  faible  et  le  jour  chet.  u 
(Balz,  469)  : 


196- 


CHETÉAUPANE  -  CHEVAU 


«  Tant  ayme  on  Dieu  qu'on,  suit  l'Eglise, 
Tant  donne  on   qu'emprunter  convient, 
Tant  tourne  vent  qu'il  chiet  en  bise, 
Tant  crie  l'on  Noël  qu'il  vient.   » 
(Villon.     Poés.     divers.     Ballade    des     Proverbes.) 

Chetéaupanne.  V.  F.  Lore  (Mj).  XI,  a. 

Chétif,  ve  (Mj.)  (L'f  est  muet  et  le  t  se  pro- 
nonce mouillé,  chéqui).  —  Fu.  Chéti.  By. 
Qui  a  l'air  souiïrant.  ||  Sp.  Méchant,  malicieux, 
en  parlant  des  personnes  ;  mauvais,  en  parlant 
des  choses.  —  1|  Malingre,  maladif.  j|  Vaurien  ; 
chétif  gars,  mauvais  garnement.  On  dit  pro- 
verbialement d'une  association  de  deux  gar- 
nements :  C'est  chéti  avec  vauren.  —  ||  Lue. 
—  Mesquin,  misérable  ;  My.  de  peu  de  valeur. 

N.  —  A  Sp.,  ce  mot  n'est  employé  que  dans  le 
sens  de  :  méchant,  mauvais,  et  se  prononce  régu- 
•  lièrement:  àMj.,il  n'est  employé  que  dans  les  deux 
premiers  sens,  celui  du  fr.,  et  :  qui  a  l'air  souffrant 
et  se  prononce  toujours  chéqui,  sans  distinction  de 
genre. 

Et.  —  Du  lat.  Captivus,  captif,  prisonnier,  et  de 
là  :  faible,  misérable.  Vx.  fr.  caitif,  chaiti.  —  Ital. 
Cattivo  ;  Angl.  caitifî,  m.  ss.  V.  Jaub.  à  Chaitis, 
citation. 

i'hétiveté  (Tlm.),  s.  f.  —  Méchanceté,  ma- 
lice. Ex.  :  Il  a  sa  pleine  peau  de  chétiveté 

Et.  —  Lat.  Captivitatem.  —  Hist.  «  Il  en  est  des 

prêtres  comme  des  femmes,  qui  sont  toute  bonté 

ou  toute  chétiveté.  »  (G.  Sand.  François  le  Champi.) 

—   «  Que  Jhesus  Christ  en  haut  montant 

Mena  notre  chaitiveté.  »  (Jaub.) 

Chêtre  (en).  — Etre  en  chêtre,  c'est  être  mal 
en  train.  (Segr.  —  Méî^.)  Cf.  Chaintre. 

Et.  —  Serait-ce  une  contraction  de  chevêtre  ? 
Hist.  :  «  Ma  chère  dame,  j'ay  un  maistre 

Un  grand  bourgeois  sy  mal  chevestre 
Que  je  ne  puys  à  lui  durer.  » 

(Mir.  de  Sainte  Geneviève.  —  LiTT. ) 
.Ici  le  sens  pourrait  être  :  acariâtre.  Lat.  Capis- 
trum,  de  Capere.  prendre.   Cf.    Enchevêtrer.    Mais 
c'est  plutôt  pour  Cheintré.  V.  Chintrer. 

Cheugne,  s.  f.  —  Quand  qqn  a  chaud,  on 
dit  qu'il  a  la  cheugne  (Th.). 

Et.  —  Je  trouve  ds  D.  C.  cheugner,  donner  un 
mauvais  coup,  blesser. 

t'heat,  V.  n.  imp.  —  Il  cheut  de  l'eau.  V. 
Cheoir  (Lp.). 

t'heute,  s.  f.  —  Chute.  Cf.  Chaite. 

Hist.  —  «  Extrait  de  la  relation  de  ce  qui  s'est 
passé  à  la  prise  du  village  de  La  Pointe  à  la  cheute 
de  la  rivière.  »  (Paris,  1612,  in-4''.)  —  «  Monsieur 
estoit  campé  sur  un  petit  ruisseau,  dans  lequel  un 
estang  faisait  sa  chcutte.   »  (D'Aub.,  Hist.,  i,  287.) 

LiTT. 

Cheux,  prép.  Chez. 

Et.  —  C'est  le  lat.  casa,  devenu  régult.  chiese, 
puis  réduit  à  chies,  ches,  chez.  (Dakm.)  —  «  Vau- 
GELAs  note  et  condamne  la  prononciation  cheuz 
vous,  cheuz  moi,  cheuz  lui,  dont  la  cour  usait. 
Hist.  : 

«  Mon  Dieu,  je  n'avons  pas  étugué  comme  vous, 
Et  je  parlons  tout  dret  comme  on  parle  cheux  nous.  » 
(Mol.,  Femm.  sav.) 

Le  mot  casa  signifie  :  la  maison  ;  chez  est  ellip- 
tique, et  on  a  la  locut.  complète  dans  le  vx.  fr.  à 
ches,  en  chiés,  qui  signifie  exactement  à  la  maison. 


—  n  Et  de  là  suyvit  tant  le  chevalier  la  pucelle, 
qu'il  la  trouva  cheux  une  sienne  cousine.  »  {Perce- 
forest.  —  L.  C.) 

Chevalage,  s.  m.  —  Labour  donné  avec  le 
pic  entre  les  rangs  des  vignes  avant  le  dé- 
chaussage,  (Méx.).  —  V.  Chevau,  Chevaler. 

Chevalard  (Lg.),  adj.  q.  —  Qui  est  porté  à 
chevaler,  à  grimper  sur  le  dos  des  autres 
aumailles.  —  Se  dit  d'un  bœuf,  d'une  vache. 

Chevalau,  s.  m.  —  Espèce  de  poisson.  (MÉy. 

—  \'oir  Chevalin,  Chevau  *. 

Chevaler,  (Mj.),  v.  n.  —  Ouvrir  un  chenal 
au  moyen  du  chevau.  ]|  Grimper  à  cheval  sur 
le  dos  des  autres  vaches,  comme  font  les 
vaches  en  chaleur.  ||  Se  recouvrir,  empiéter 
(Mj.,  Lg.).  Ses  dents  chevalent  les  eunes  sur  les 
autres.  —  Je  sais  pas  comment  ça  se  fait, 
mais  les  dettes  chevalent  toujours  d'eine  année 
sus  l'autre.  » 

Et.  —  Dér.  de  :  cheval  ;  syn.  de  cavaler.  || 
L'ancre,  solidement  retenue  au  fond  de  l'eau, 
chevale.  \\  v.  a.  Chevaler  les  vignes,  çàd.  les  bêcher 
en  laissant  derrière  soi  la  terre  en  dos  d'âne. 
(MÉX.)  —  V.  Chevalage. 

Chevalerie  (Sp.,Mj.),  s. f. — Nom  collectif  sous 
lequel  on  désigne  les  bêtes  de  l'espèce  cheva- 
line. Ex.  :  Toute  la  chevalerie  est  malade.  — 
Fr.  Cavalerie.  Syn.  de  Chevaline. 

Chevaleux  (Mj.),  s.  m.  —  Hommes  qui 
manœuvrent  le  clievau  pour  ouvrir  un  chenal. 

N.  —  Cf.  Chevalets,  espèces  de  chevaux  de  frise 
en  travers  des  rivières. 

Chevalier  adj.  q.  —  Celui  qui  garde  les 
chevaux. 

Hist.  —  «  Alors,  pendant  la  saison,  un  garde 
bouvier  et  chevalier,  comme  on  disait  autrefois,  s'en 
va  de  prés  en  prés.  »  (Abbé  Hocdebese.  Anj. 
Hist.,  deuxième  an.,  p.  578.) 

Chevalin  (Mj.),  s.  m.  —  Jeune  gardon.  — 
V.  Chevalau,  Chevau  i. 

Chevaline  (Lg.),  s.  f.  V.  CJievalerie. 

Chevalis  (Mj.),  s.  m.  —  Chenal  ouvert  à 
travers  une  grève,  au  moyen  du  chevau.  — 
V.  Chevaler. 

Chevau  '  (Mj.,  Lg.,  Br.),  s.  m.  —  Cheval, 
Cf.  Gevau,  Chuau.  jl  By.  —  Prononc.  :  ein  j'vau 
des  j'vaux,  ou  :  ein  ch'  fau,  des  ch'faux.  Aller 
à  ch'vau,  à  dos  d' chevau.  i|  Ados,  terme  de 
culture. 

On  dit  :  Bêcher,  mettre  la  terre  en  chevaux, 
disposer  la  terre  en  ados.  ||  Instrument  qui  sert  à 
ouvrir  un  chenal  à  travers  une  grève.  C'est  une 
sorte  de  grande  pelle,  ou  bêche,  dont  la  lame,  en 
bois  garni  de  fer,  n'a  que  la  hauteur  habituelle, 
mais  mesure  environ  l'"50  de  largeur.  Une  équipe 
de  chevaleux  se  compose  de  quatre  ou  cinq  hommes. 
Le  chef  tient  le  manche  et  enfonce  l'outil  dans  le 
sable,  tandis  que  les  autres,  au  moyen  d'une 
corde  fixée  au  centre  de  résistance,  baient  l'instru- 
ment, et  entraînent  ainsi  le  sable  vers  les  bords  du 
chenal. 

N.  —  A  Mj.  on  dit  :  Ein  chevau  ,  des  chevaux  ; 
et  au  Lg.  on  ne  manque  jamais  de  dire  -.  ein  che- 
vau, des  chevals.  —  Hist.  «  Rab.,  énumérant  les 
jeux   de   Gargantua,   dit  qu'il  jouait   au   chevau 


CHEVAU  -  CHEZ 


197 


fondu.    )i  (G.,  I,   22.)  —    ||  Lue.  —  Le  chevaii  est. 
tomb»'. 

Chevau  '\  s.   m.  —  Chabosseau,  sorte   de 
poisson. 

Et.  —  Ce  mot  est  probablement  une  contract. 
de  Cheveneau,  mot  inusité,  qui  serait  un  dimin. 
de  Chevenne.  Ce  dernier  vocable  est  le  nom  offi- 
ciel du  Chevau  ou  Ciiabosseau.  —  N.  A  Tlm.  et  au 
Lg.,  ce  poisson  s'appelle  Chaveneau.  Du  reste, 
on  peut,  et  même  on  doit  regarder  ce  mot  Chevau 
comme  un  dérivé  direct  du  fr.  Chef,  lat.  caput. 
(à  cause  de  sa  grosse  tête).  C'est  donc  un  vocable 
tout  différent  de  Chevau,  cheval,  lat.  caballus. 

Chevêche,  s.  f.  —  Espèce  de  chouette. 

N.  —  H  La  comparaison  du  provenç.  Chavesca 
montre  que  le  mot  n'est  pas  un  dérivé  de  chef, 
tête.  Il  faut  y  voir  sans  doute  un  dérivé  du  rad. 
Chav,  qui  se  trouve  dans  Chavan,  forme  primitive 
de  chat-huant.  —  xiiF,  chevoiche.  (Abbé  Vix- 
CELOT,  p.  23.) 

Cheveille  (Lg.),  s.  f.  —  Cheville.  Syn.  et  d. 
de  Chuille.  Cf.  Feille,  Fourneille,  Béteille,  etc- 

Chéveiller  (Lg.),  v.  a.  —  Cheviller.  —  Garnir 
de  clous  le  groin  d'un  porc.  Syn.  de  ChuUler, 
F  or  mailler. 

Cheveneau  (Fu.).  — Chabosseau,  Chevenne, 
V.  Chaveneau. 

Chevêtre  (Mj.),  s.  f.  —  Corde  fixée  aux 
deux  bords  du  fûtreau  et  attachée,  au  moyen 
d'un  nceud  coulant  à  la  partie  antérieure  et 
supérieure  de  la  pôtre  ou  peautre  pour  la  main- 
tenir latéralement. 

Et.  —  Lat.  Capistrum,  de  capere,  saisir.  — 
«  Licou,  bride  (cavestrum). . .  Cavettre,  Cavestre, 
Chevestre,  Chevecier,  etc.,  étaient  de  grosses 
injures,  répondant  à  Pendard,  qui  mérite  la  corde  : 
«  Le  suppliant  dit  à  Guerard  des  Potes  qu'il  estoit 
mauvais  homs  ou  chevestre,  de  batre  ainsi  sa 
femme.    •>  (1395).  —  Jaub. 

Cheveu  (Mj.),  s.  m.  —  Souvent  prononcé  : 
chueu.  Avoir  les  cheveux  creux,  —  être  jaloux, 
en  parlant  d'un  époux.  —  ||  Se  faire  des  che- 
veux, —  avoir  des  soucis,  des  inquiétudes,  des 
chagrins.  (P.-ê.  Se  faire  des  cheveux  blancs 
ou  gris.) 

Cheveux  ou  Chevelure  de  Vénus  (Ec.) 
Nigelle.  Cuscuta  major  (Bat.).  Ne  pas  con- 
fondre avec  la  nielle  des  blés.  —  Vulg.  Épi- 
thyme.  V.  Fil  d'alouette. 

Hist.  —  «  D'autant  que  cette  herbe  embellit 
les  cheveux  :  et  parce  que  les  anciens  peignoient 
leur  déesse  Vénus  avec  belle  chevelure,  ce  mot  de 
Vénus  y   est  ajouté.    »  (O.   de  Serres,   61  L   — 

LiTT.) 

Cheville  (By.),  s.  f.  —  Se  dit  toujours 
ChuïUe,  cheviller,  chuîUer. 

Chevir,  v.  n.  —  \'enir  à  chef,  à  bout.  (Mo- 
lière). 

Et.  —  N'est  pas  le  B.  L.  Cheviare,  mais  le  lat. 
popul.  Capire,  pour  Capere.  (G.  de  G.  —  Y.)  — 
Hist.  —  «...  Ceux  qui  faillent  à  rompre  la  dite 
quintaine  à  cheval  dedans  trois  coups.. . .  doibvent 
à  leur  seigneur  soixante  sols  un  denier  d'amende, 
ou  60  boisseaux  d'avovne,  au  c/»ei'(>  (choix)  du 
seigneur;  >«  Abbé  Bbet.,"65. 


—  «  Depuis  qu'une  femme  a  juré  :  par  la  merci 
de  Dieu,  je  suis  femme  de  bien  de  mon  corps  ; 
on  n'en  sauroit  plus  chevir  ;  on  ne  lui  ose  plus  rien 
dire.  «  (Béroalde  de  Verv,  M.  de  p.  II,  141.) 

Chèvre  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Instrument  sur 
lequel  les  scieurs  de  long  hissent  les  troncs 
d'arbres  qu'ils  veulent  débiter.  Il  est  formé 
d'une  forte  poutre  reposant  à  terre  par  une 
de  ses  extrémités  et  soutenue  à  l'autre  bout 
par  deux  pieds  solides.  i|  Sp.  —  Fig.  Croûtes 
noirâtres  produites  sur  les  cuisses  des  femmes 
par  l'usage  immodéré  de  la  chaufferette.  (Mj.) 
Métaphore  expressive.  Syn.  de  Chevrottes.  \\ 
Dans  les  anciens  bateaux  à  peautre,  soutien 
formé  par  deux  fortes  perches  reposant  sur 
le  pont  d'arrière  ou  carrée  et  qui,  se 
croisant  vers  leur  extrémité  supérieure  et 
maintenues  à  cet  endroit  par  des  ligatures  de 
cordage,  recevaient  dans  l'X  ainsi  formé 
l'extrémité  antéro-supérieure  du  billard  de 
peautre,  qu'elles  empêchaient  ainsi  de  bas- 
culer en  avant.  De  plus,  la  chèvre  contribuait 
avec  les  recoussoires  à  maintenir  le  billard 
de  peautre  dans  son  plan  vertical.  —  V.  Bique- 
ion.  Fu. 

Chèvre-feuille  (By)  ou  Vionne  et  Viorne. 
Les  tiges  du  chèvre-feuille  sauvage  sont 
employées  sous  ce  nom  pour  servir  de  liens, 
surtout  pour  les  fécines  (fascines,  fagots  qu'on 
tend  pour  prendre  des  anguilles). 

Chevrette  (Sp.),  s.  f.  —  Petit  morecau  de 
bois  pointu  des  deux  bouts  que  l'on  fixe  sur 
le  timon  des  charrettes  à  bœufs,  pour  l'atte- 
lage. Il  (Mj.)  Petit  dispositif  pour  la  manœuvre 
d'une  scie  de  long  II  est  constitué  par  deux 
pitons  de  bois  appelés  montants  de  chevrette, 
fichés  dans  le  bord  supérieur  du  cadre  de  la 
scie  et  portant  une  poignée  transversale  que 
manœuvre  le  scieur  monté  sur  la  pièce  de 
bois  à  débiter.  La  chevrette  et  ses  montants 
sont  dans  le  plan  du  cadre.  V.  Renard.  \\  Lg. 
Ephélides  aux  cuisses.  Syn.  de  Chèvres,  Che- 
vrottes. Produites  sur  les  cuisses  des  femmes 
par  l'abus  de  la  chaufferette. 

Chevronnée,  s.  f.  —  Réunion  de  plusieurs 
chevrons  (MÉx.) 

Et.  —  Les  lat,  appelaient  un  chevron  :  capreolus. 

Chevrette,  s.  f.  —  Nom  vulgaire  du  Stachis 
annua.  (Méx.)  —  Epiaire  annuelle  (Bat.) 

Chevrottes  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Croûtes  noi- 
râtres produites  sur  les  cuisses  des  femmes 
par  l'abus  de  la  chaufferette.  —  V.  Chèvres, 

Chevrettes.  —  j|  Ec.  Biques. 

Chejer  (Chpt.,  Cho.,  Ti.),  v.  n.  —  Choir, 
tomber.  Ex.  :  Il  a  ch^yé  ;  elle  est  chette.  — 
Après  la  messe  i  cheyail  de  la  piée  comme  si 
qu'on  l'eût  jetée  avec  une  pelle.  ||  Mj.  Parf. 
déf.  je  cheyis,  de  la  forme  Chai  (r),  fr.  Choir. 
Forme  désuète  en  usage  il  y  a  un  siècle.  — 
Part.  pas.  Chéyu.  —  J'  a  chéyu  de  la  piée. 
Encore  usité. 

Chez  (de)  (Mj.,  Fu.}.  —  Etre  ben  de  chez 
soi,  —  être  personnelloment  à  l'aise,  avoir  du 
bien  de  famille. 


198 


GHI  -  CHIEN 


N.  —  Au  jeu  de  manille,  on  fait  la  question  : 
Etes-vous  bien  de  la  maison  ?  avez-vous  des 
atouts  ? 

Il  Fu.  —  Chez  ielle,  chez  le,  chez  li,  ché  mé, 
chez  tè,  chez  enternous. 

ChJ.  —  radical  indiquant  souvent  un  dimi- 
nutif. 

N.  —  Se  trouve  dans  :  chiquet,  chique,  chiche. 
P.  ê.  de  la  même  famille  que  l'italien  cica,  chose  de 
rien,  l'esp.  chico,  petit.  V"  Chifîe.  On  trouve  dans 
le  vx.  fr.  Chipe-lambeau,  qui  est  le  même  mot  que 
l'angl.  chip,  copeau.  (Darm.) 

Chiâillage  (Mj.),  s.  m.  —  Quantité  insigni- 
fiante. V.  Chiailler.  —  (En  parlant  de  toute 
chose  de  rebut  :  Ce  n'est  que  de  la  chiasse. 
Darm.) 

(iiiâillard  (Lg.),  adj.  q.  et  s.  m.  —  Ladre, 
chiche,  intéressé.  Syn.  de  Chiard,  Rouge- 
couenne,  Tacarin. 

€hiâiller  (Mj.),  v.  n.  —  Aller  souvent  à  la 
selle.   Cf.    Va-vite,  Courante,  Débord. 

Et.  —  Fréquent  du  v.  chier,  avec  un  suffixe. 

ChiâUloux  (Tf.),  s.  m.  —  Pleutre.  —  De 
chier.  Cf.  Chiard. 

i'hiant  (Mj.,  Fu.),  part,  pr.,  adj.  verb.  — 
Très  ennuyeux,  vexant,  emmerdant.  En 
franc,  mitigé  on  dit  :  sciant,  embêtant.  Syn. 
de  Foutant,  Foutimassant,    Canulant. 

Chiard,  e  (Sp.),  adj.  q.  —  Foireux,  mer- 
deux.  Il  Fig.  —  Lâche,  poltron.  i|  Ladre,  peu 
pénéreux.  Syn.  de  Chiâilloux.  \\  Mj.,  Lg.  — 
Qui  va  souvent  à  la  selle. 

Hist.  —  «  Escoutez  dit  notre  retraict  aux  fau- 
teurs :  Chiart,  foirart,  petart,  brenous.  »  (Rab.,  G., 
I,  13.) 

Chias  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Chiure. 

Chiasse  (Mj.,  Sp.,  Lg.,Fu.),  s.  f.  —  Foire, 
flux  de  ventre.  Syn.  de  Va-vite.  \\  Gour- 
mand, rejeton  vigoureux  et  inutile  qui  pousse 
au  pied  d'unarbre.  V.  C/u'asser.  Syn.  de  Jiton, 
Jicton,  Guesson.  \\  26*^  Z.  —  «  Je  vais,  si 
vous  voulez,  vous  oriner  de  mes  chiasses.  » 
Il  Ec.  —  Avoir  la  chiasse,  —  la  foire.  || 
Chiasses  de  mouches.  ||  Gourmand  d'un 
arbuste  (Allonnes).  —  A  By.,  on  dit  un  jît,  ou 
un  rejît. 

Ctiiasser  (Mj.,  Sp.,  Lg.,)  v.  n.  —  Aller  sou'^ 
vent  à  la  selle,  avoir  le  flux  de  ventre.  |i  Sp., 
Fig.  —  Pousser  des  gourmands,  en  parlant 
d'un  arbre.  V.  Chiasse.  Syn.  de  Jitouner. 

Et.  —  Hist.  :  C'est  le  fréquentât,  péjorat.  de 
chier.  «  Bren,  c'est  merde  à  Rouan.  Tant  cliiasser 
et  ureniller.  »  (Rab.,  P.,  iv,  10.)  —  «  1.,'orme 
chiaule  beaucoup,  ainsi  que  l'acacia,  l'épine  noire, 
le  peuplier  blanc,  etc.  » 

Add.  —  «  Les  lilas,  c'est  ennuyeux  ;  on  a 
beau  les  déchiasser,  ça  rechiasse  toujours.  — 
Madame,  voudriez-vous  ben  m'oriner  d'une 
de  vos  chiasses  de  glycérine?  » 

Chibouillis,  s.  m.  ^  Ornements  de 
tulle,  etc.,  enroulés  autour  d'une  colonne. 
(Ag.) 


Chic  '  (Mj  ,  s.  m.  —  Art,  adresse.  Ex.  :  Aile 
a  le  chic  pour  dresser  les  coiffes. 

Chic  %  chique  (partout),  adj.  q.  —  Beau, 
remarquable.  Ex.  :  T'as  point  vu  la  fête? 
C'était  chic  !  —  Syn.  de  Hurf,  Chicocandard, 
Chicard,  Chenu,  Rupin. 

Chicard  (Mj.),  adj.  q.  —  Beau,  remar- 
quable. Syn.  V.  Chic.  N.  Argot. 

Chiche  (Mj.,  Fu.),  interj.  —  Défi  jeté  à  une 
personne  de  lancer  l'objet  dont  elle  vous 
menace  en  plaisantant.  —  X.  Les  Russes 
emploient  cette  même  interj.  dans  le  même 
sens.  —  Comme  qui  dirait  :  Si  tu  ne  le  fais 
pas,  tu  agiras  chichement?  —  Méxiêre  dit 
que,  dans  certains  villages,  à  l'époque  de 
Pâques,  les  enfants  se  jettent  des  œufs  après 
un  défi.  On  dit  :  Chiche  d'œufs  ! 

Chicocandard  (Partout).  —  V.  Chic.  — 
Argot. 

Chicoine,  s.  f.  —  Gifle.  V.  Girouflée. 

Chicoire,  s.  f.  —  Chinchoire.  Tabatière.  || 
Fu.,  Mj.  Seringue  en  bois  de  sureau.  ||  Sal.  — 
Id.  Pétoire.  V.   Chiquoire. 

Chicotin  ou  Arum,  servant  à  faire  des  vési- 
catoires.  —  ij  Amer  comme  chicotin. 

X.  Suc  extrait  de  l'aloès.  ||  Suc  amer  extrait 
de  la  coloquinte.  Mot  altéré  pour  Sucotrin, 
nom  d'une  espèce  d'aloès,  ainsi  nommée  de 
l'île  de  Socotora.  i|  By.  Id.  —  Fu.  Chocolat  en 
soupe,  par  plaisanterie. 

Chicourée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Chicorée. 

Chie   (Mj.),  s.  f.  —  V.  Pète. 

Chie-brut"  (Fu.).  —  Individu  tapageur.  V. 
Brut.  Syn.  de  Potineur 

Chiée  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Quantité  insigni- 
fiante. S'emploie  ironiquement...  Une  belle 
chiée  que  ça!  —  Cf.  Chiâillage.  \\  Ec.  Svn.  de 
Chinchée  (Mj.). 

Chie- mou  (Mj.),  s.  m.  —  Thlaspi-bour- 
sette,  petite  crucifère  appelée  vulgairement 
Tabouret,  Bourse  à  berger,  B.  à  pasteur,  Ma- 
lette.  Syn.  de  Bourse.  X.  Il  est  à  croire  que 
cette  plante  possède  des  propriétés  laxatives. 
—  Il  Va.  Graminée  qui  pousse  près  des  haies 
et  donne  un  fourrage  mou  et  peu  estimé. 
Epillet  lâche,  tige  haute  et  grosse.  Ce  doit 
être  la  flouve  ou  une  houque. 

Chien  (Mj.,  Sp.,  Fu.),  s.  m.  —  Homme 
porté  aux  plaisirs  vénériens,  paillard.  Syn.  de 
Chenassier,  Fuinellier,  Fouailleur,  Putassier, 
Vessier.  \\  Individu  peu  généreux,  ladre.  Syn, 
de  Crasseux,  Requiet.  \\  Eeau  de  vie  commune. 
Syn.  de  Tiaule,  Schnick.  On  va  boire  un  petit 
coup  de  chien  pour  se  réchaler.  ]|  Faire  des 
chiens,  —  vomir  à  la  suite  d'excès  de  boisson. 
Cf.  Piquer  un  renard  (Lg.).  V.  Cheneau.  ||  Sp. 
Faire  le  chien  et  le  loup,  —  être  l'homme  de 
deux  partis.  Mj.  Etre  c.  c/j/enet  loup.  —  Etre 
ennemis  jui-és.  Suivre  en  chien  battu,  —  à 
longue  distance,  d'un  air  soumis  et  craintif.  || 
Jeter  sa  jambe  au  chien,  — ■  faucher  en  mar- 


CHIENDENT  —  CHILLOU 


199 


chant.  Il  Tlm.  Déclic  du  cric  d'un  taillet. 
Langue  des  tisserands.  —  P.-ê.  à  cause  de  sa 
forme.  ||  Mj.  Garder  ein  c/uen desa  chienne,  — 
garder  rancune.  ||  (Lg.)  Mon  chien  a  vu  ein 
loup.  —  il  y  a  qqch.  de  nouveau,  il  y  a  anguille 
sous  roche.  ||  Mj.  Ne  pasvaloir  lesquatrefers 
d'ein  chien,  —  donc,  ne  rien  valoir.  ||  Jeu  de 
chien,  —  jeu  qui  risque  fort  de  dégénérer  en 
rixe.  Il  Vin  de  chien,  —  ivresse  querelleuse. 
Ex.  :  Ils  étaient  en  vin  de  chien  ;  ils  se  sont 
foutu  une  flopée.  ||  Faire  du  chien,  —  faire 
beaucoup  de  toilette,  être  évaporée,  éval- 
tonnée,  en  parlant  d'une  jeune  personne.  || 
Mettre  la  marmite  au  chien,  —  l'accrocher  à 
la  crémaillère  de  telle  sorte  qu'elle  présente 
deux  pattes  en  avant.  ||Lg.,id.Maldec/H'e«, — 
peine  extrême,  grande  difficulté.  Ex.  :  J'ai 
ieu  ein  mal  de  chien  à  en  venir  à  bout.  ||  Ec. 
A  la  chien.  —  Ramer,  nager  à  la  chien,  —  par 
mouvements  alternatifs  des  deux  bras.  ||  Sens 
spécial  :  Un  chien  est  un  bourgeon  quand  il 
est  seul,  le  bourgeon  radical  (Z.  26^). 

Chiendent  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Chiendent-k- 
boulettes,  —  folle  avoine.  Syn.  de  Pâtinoutre. 
Il  Fig.  —  DifTiculté,  malentendu.  Ex.  :  C'est 
justement  ça  qui  fait  le  chiendent  !  —  le  hic. 
Il  Ch.  à  bosses  (Lg. ).  Ch.  à  chapelet.  Syn.  de 
Patinons,   Maquille. 

Et.  —  Triticum  repens?  Les  chiens  malades  ont 
beaucoup  de  goût  pour  celte  plante.  D'où  le 
nom. 

Chiendent  à  bosses  (Lg.),  s.  m.  —  Chien- 
dent à  chapelets.  Syn.  de  Maquille,  Patinons, 
Chiendent  à  boulettes,  ch.  couillu. 

Chiendent  couillu  (Sa.,  Sp.),  s.  m.  —  Syn. 
de  Chiendent  à  boulettes  et  de  Pâtinoutre.  Folle 
avoine.  A  cause  des  renflements  de  la  racine. 
Graminée,  encore  appelée  Maquille. 

Chiendent-roquart  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de 
chiendent  à  tiges  souterraines  plus  grosses 
que  celles  du  chiendent  ordinaire.  Pou.sse 
dans  les  terrains  sableux.  Syn.  de  Ergot-de-joc. 

Chien-fou,  ou  gâté  (Mj.,  Fu.),  enragé. 

Chien  gale  enragé  (galeux?) 

Chien  gâté,  méchant,  chétij,  enragé. 

N.  —  «  On  croyait  par  là  prendre  les  précautions 
nécessaires  pour  qu'il  ne  devînt  ni  chétif  chin,  ni 
chin  f(âté.  (  La  Trad.,  p.  259.) 

Chiennerie  (Mj.),  s.  f.  —  Crapule,  abjec- 
tion. Il  Gens  crapuleux,  abjects.  ||  Vie  crapu- 
leuse, débauchée,  déréglée.  —  Syn.  de  Vie  de 
chien.  Vie  de  Sarrasin.  \\  Rassemblement  de 
chiens,  au  propre.  —  Cf.  Cynique. 

Hist.  —  «  De  cestuy  monde  rien  ne  prestant, 
ne  sera  qu'une  chiennerie. . .  qu'ime  diablerie, 
plus  confuse  que  celle  des  jeux  de  Doué.  (Rab., 
P.,  III,  3,  221.) 

Chiens-blanes  (Lg.),  s.  m.  pi.  —  La  gelée 
blanche.  Ex.  :  Les  petits  chiens  blancs  mordant, 
à  matin.  Cf.  Geau,  Jument  blanche. 

Chien  de  terre  (Sa.),  s.  m.  —  Courtilière, 
taupe-grillon.  Syn.  de  Fumerole,  Jardinière, 
Taupe- jardrinière. 


Chie-pommes.  —  Vieillard  petit,  recourbé. 

(MÉN.) 

Chier  (Mj.),  v.  a.  — •  Chier  la  bousine.  V. 
Bousine.  ||  Fig.  Chier  la  guenille,  —  être  efTi- 
loqué,  éraillé,  en  parlant  d'un  vêtement.  || 
Sp.  —  Faire  chier,  —  causer  un  sentiment  de 
dégoût,  de  répujsion  (Syn.  de  Faire  suer, 
faire  pisser  le  sang)  d'ennui,  d'exaspération. 
Il  Chier  dans  le  son,  renoncer  à  une  entreprise 
qu'on  juge  au-dessus  de  ses  forces.  ||  Sp.,  Mj. 
Chier  des  yeux.  — Pleurer,  larmoyer,  ||Mj.  v.  n. 
et  a.  Produire  une  éruption  cutanée.  Ex.  : 
La  fièvre  illi  a  chié  autour  de  la  bouche.  || 
Envoyer  chier,  c.-à-d.  promener.  N.  On  dit 
souvent  dans  le  même  sens  :  Envoyer  chier 
au  Mail.  ||  Faire,  Ex.  :  Que  chies-tu  là?  || 
Avoir  chié  dans  les  bottes  de  qqn,  —  lui  avoir 
fait  qq.  grosse  sottise,  se  l'être  rendu  hostile, 
l'avoir  indisposé.  ||  Lg.  —  Ça  va  chier,  ça 
chiait,  —  il  va  se  passer,  il  se  passait  qqch., 
une  algarade.  ||  By.  —  Ce  vêtement  chie  la 
penette  (poenette),  la  pénille,  la  guenille  ;  il 
ne  vaut  guère  la  peine  d'être  rhabillé  (rac'- 
modé).  T'as  beau  essayer  de  le  rabiscouder,  tu 
ne  feras  guère  que  le  dabonner. 

Chierie  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  chier.  Ex.  : 
Ils  n'en  font  d'eine  chierie,  ces  gorins-là  !  Cf. 
Boirie,  Pisserie.  ||  By.  —  Cause  d'ennui. 
«  Quée  chierie  que  d'être  obligé  de. . .  »  Syn. 
de  Chiasse. 

Chiette  (Sp.,  Lg.,  Fu.),  s.  f.  —  Syn.  de 
Chiotte,  Latrines,  lieux  d'aisances,  privés. 
Syn.  de  Communs,  Numéro  cent. 

Chiffe  Pour  :  chiffonné. 

Chiffon  (Sp.).  —  Fig.  Souillon,  petite  fille 
malpropre,  mal  tenue. 

Chiffonnier  (Lg.),  s.  m.  —  Chiffonnier.  Syn. 
de  Guenilloux,  Gueneilloux,  Guenillonnier.  || 
Fu.  —  Chiffonnier,  on  nasal. 

Chignon  du  cou  (le).  (Z.  151  By.)  Le  der- 
rière de  la  tête.  Cf.  Châgnon,  Châgnean. 

Et.  —  Le  même  que  Chaînon,  par  compar.  du 
chaînon  d'une  chaîne  avec  les  nodosités  des  ver- 
tèbres. Lat.  pop.  Catenioneni  ;  cadegnon,  chae- 
gnon,  chegnon,  chignon.  —  Cf.  Chaînon.  (Darm.) 
—  Se  disait  il  y  a  longtemps  : 

—  Si  corut  Ysengrin  ferir 
Parmi     le     chaaingnon     dou     col. 

Renart,     24.471. 

Chigreniine  (Tlm.),  s.  m.  et  f.  —  Individu 
maigre  et  chétif.  Syn.  de  Maigremine,  Chi- 
vrille. 

Et.  —  Je  ne  puis  la  voir  nettement  ;  mais  je 
remarque  que  ce  mot  tient  le  milieu  entre  les  deux 
syn.  indiqués. 

Chigripie,  s.  f.  —  Augmentât,  de  Chipie 
(Segr.  —  MÉN.). 

Et.  —  Chipie  semble  dériver  du  rad.  de  Chipoter, 
colle  qui  fait  la  renché.ie  sur  toutes  choses.  Vx. 
fr.  Chipe,  lambeau.  Cf.  Chicoter. 

Chillou,  s.  m.  —  Caillou. 

Et.  —  C'est  une  déformat,  du  moi.  V.  Chail- 
lou. 


200 


CHIMBRANLER  —  CHIPOTER 


Chimbranler,  v.  n.  —  Se  dit  à  Segré  pour 
Chamhranler. 

Chimer  (Lg.),  v.  n.  —  Laisser  suinter  par 
sa  tranche  la  sève  ou  l'humidité  qu'il  contient, 
en  parlant  du  bois  que  l'on  met  au  feu.  || 
Suinter,  en  parlant  de  l'humidité  d'un  tison, 
—  Le  pat.  berric.  a  Simer,  pleurer,  s'infiltrer 
(Jaub.). 

Chimère  (Mj.),  s.  m;  —  Chagrin,  soucis, 
idées  noires.  Ex.  :  Il  se  fait  ben  du  chimère. 
N.  Ne  s'emploie  que  dans  le  sens  figuré  spé- 
cial que  j'indique,  et  seulement  au  singulier. 

Et.  —  D'un  mot  grec,  chèvre  ;  animal  mytho- 
logique. 

Chimier  (Lg.),  s.  m.  —  Cimier,  morceau  de 
la  croupe  d'un  animal.  Syn.  de  Couard. 

Chin  (Ti.,  Zig.  153,  Lx.),  s.  m.  —  Chien.  Cf. 
Chê. 

Chini-hée  (Mj.,  Fu.,  Lg.,  Seg.),  s.  f.  —  Petit 
coup  de  vin,  petite  prise  de  tabac.  Ex.  : 
Allons,  encore  eine  petite  chinchée  ;  on  ne  s'en 
va  pas  comme  ça  sus  eine  jambe.  !|  Au  Lg., 
cependant,  ce  mot  a  le  sens  d'une  quantité 
assez  considérable.  |1  Qqf.  Supplément,  syn. 
de  Amandon. 

Et.  —  «  L'angl.  a  le  v.  to  Chinze,  calfater.  Il 
apparaît  que  ce  mot  vient  d'un  vx  v.  Chincher, 
qui  aurait  eu  le  même  sens,  et  qui  a  donné  Chin- 
chée. Une  chinchée  fut  d'abord  une  prise  de  tabac 
dont  on  se  bourre  le  nez.  "  (Litt.)  —  «  Echanson 
schancio  en  BL.,  Schenck,  en  ail.,  d"où  Schenker 
aujourd'hui  :  détaillant,  cabaretier,  vient  du  pri- 
mitif Schenken,  verser  à  boire,  chinquer,  en  vx 
fr.  (Baron  de  Coston,  Origine,  étymol.  et  signifie, 
des  noms  propres.) 

Chinchoire,  s.  f.  —  Tabatière  en  forme  de 
poire  (Segr.)  Mén.  !|  En  écorce  de  cerisier  ou 
de  bouleau  quelquefois  ;  alors  elle  a  la  forme 
d'une  petite  boîte  ellipsoïde  et  s'appelle  aussi 
Queue  de  rat. 

N.  —  La  chinchoire  est  une  petite  fiole  (gourde) 
à  orifice  étroit,  fermée  par  une  cheville...  Pour 
prendre  une  chinchée  on  ôte  la  chevillette,  on 
secoue  la  chinchoire,  l'orifice  en  bas,  on  fait  tomber 
le  tabac  sur  le  dessus  de  la  main,  dans  un  creux 
produit  entre  le  pouce  et  l'index,  et  l'on  aspire. 

l'hinchon,  s.  f.  —  Préférée,  «  le  petit  chin- 
rhon  ■',  le  Benjamin  (Segr.  Mén.).  1|  Sar.  — 
Chinchon  ou  Chouchou. 

Chine  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Quémanderie.  || 
Colportage.  V.  Chiner. 

Et.  —  Dér.  de  Echine,  porter  sur  féchine.  I| 
Ironiquement.  Tabac  de  Chine,  —  tabac  quémandé. 
V.   Permission. 

Chiner  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Quémander. 
Il  Ex.  :  «  C'est  un  harquelier  qui  venait  pour 
chiner  Monsieur.  »  (Explication  d'un  domes- 
tique qui  avait  refusé  l'entrée  à  un  quémandeur. 
'  Colporter.  ;i  Taquiner,  turlupiner  [[  Dénigrer, 
débiner,  déprécier.  :|  N'endre  des  denrées  de 
Dorte  en  porte.  ||  Se  dit  des  gens  qui  vont  de 
ferme  en  ferme,  la  hotte  sur  le  dos,  chercher 
des  œufs,  des  poules,  etc.,  pour  les  revendre. 
Il  Lue.  —  Les  vagabonds  vont  chiner  de  ferme 


en  ferme  et  demandent  à  coucher  à  l'Hôtel 
du  Bœuf,  c.-à-d.  à  l'étable. 

Chineur  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Quémandeur. 
Il  Colporteur.  Syn.  de  Contreporteur.  \. Chiner. 
Il  Taquin,  turlupin,  satirique,  moqueur. 

Chins  (Lg.).  Prépos.  —  Chez.  Forme 
devenue  rare.  Cf.  Cheux. 

Chintre,  s.  f.  —  \  .  Cheintre,  Chaintre. 
Espace  laissé  libre  entre  les  sillons  et  la  haie, 

Chintrer,  Cheintrer.  Chaintrer.  v.  a.  —  Ti., 

Zigz.  150.  —  Mal  chintre,  —  mal  à  son  aise, 
mal  en  point,  en  mauvaise  posture.  Syn.  de 
Mal  tendu.  \.  Chaintrer.  Cf.  Chêtré. 

Chioire  (chi-oire),  Sp.,  s.  f.  —  Sorte  de 
trappe  ou  planche  mobile  à  l'arrière  et  à 
l'avant  du  fond  d'une  charrette,  que  l'on 
enlève  pour  faire  tomber  plus  facilement  le 
chargement  de  fumier  ou  de  terre.  De  Chier. 

Chiotte  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Lieux  d'ai- 
sance, il  Ironiquement.  Méchante  baraque. 
Syn.  et  d.  de  Chiette. 

Chioux  (Lg.),  adj.  q.  —  Pingre,  ladre. 
Doubl.  de  Chieux.  Syn.  de  Chiard,  Bousoux, 
Crasseux,  Crassoux. 

Chipaud  (Mj.),  adj.  q."" —  Qui  chipote,  qui 
marchande,  qui  hésite.  Syn.  de  Nêmeur.  Ex.  : 
Lui,  point  chipaud,  il  illi  rendu  son  coup  de 
poing.  —  Ma  vache  n'est  point  chipaude  de 
coups  de  cornes,  —  elle  ne  les  marchande  pas. 

Chiper  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Dérober,  voler.  || 
Fig.  Attraper,  occasionner  une  déception, 
désappointer. 

Et.  —  De  chipe,  lambeau,  chose  de  mince 
valeur.  —  Prendre  de  menus  objets,  les  attraper 
subtilement  ;  est  formé  p.  ê.  sur  le  vieux  français 
chipe,  qui  semble  apparenté  avec  l'angl.  chip, 
mais  non  avec  l'island.  kippa.  (G.  de  G.  —  Y.) 
Cf.  Chifîe.  Les  couturières  appellent  :  chippes  ce 
qu'elles  volent  à  leurs  pratiques.  Cf.  Angl.  Chip, 
copeau. 

Chipet  (Mj.),  s.  m.  —  Qqs-uns  emploient 
ce  mot  au  lieu  de  Chiquet,  dans  la  loc.  Chi- 
quet  à  chiquet. 

Et.  —  Ce  mot  doit  être  la  rac.  du  pat.  Chipoter, 
tandis  que  Chiquet  est  la  rac.  du  fr.  Déchiqueter. 
Cf.  Angl.  :  Sippet,  trempette,  mouillette. 

Chipotage  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Un  rien,  une 
petite  quantité. 

Et.  —  Du  fr.  Chipoter.  V.  Chiper.  Syn.  de 
Chiàillage. 

Chipote,  s.  f.  —  \".  Dârée. 

Chipoter  (Mj.,  Lg.,  Sal.,  Fu.),  v.  n.  — 
Liarder,  lésiner,  marchander,  barguigner, 
hésiter,  tergiverser.  V.  Chiper. 

Et.  —  Le  rad.  est  chiffe  ou  chippe.  Proprement 
découper  en  petits  morceaux,  le  même  que  chi- 
coter,  qui  est  la  vraie  orthographe.  »  (L.  C.)  — 
«  Chat.  Les  chats  du  Poitou  étoient  aussi  une 
espèce  de  monnaie  marquée  au  chat  (erreur  ;  c'était 
un  léopard.  N.  E.).  De  là,  selon  D.  C.  on  a  dit  : 
livre  chapotois,  pour  livre  en  monnaie  appelée 
chats  du  Poitou.  (Gloss.  lat.  aux  mots  Chapotensis 
moneta  et  Chipotenses.)  Si  c'est  de  là,  comme  il  y  a 


GHIPOTERIE  -  CHOHON 


201 


apparence,  qu'est  venu  notre  mot  chipoter,  il 
fallait  que  cette  monnoie  fût  de  bien  peu  de 
valeur.  »  (L.  C.)  —  R.  O.  propose  l'angl.  Sippet, 
petite  tranche  de  pain,  trempée  dans  qqch.,  trem- 
pette, mouillette,  et  Sipper,  celui  qui  boit  à  petits 
coups  ;  d'où  Sipoter  et  Sippoter. 

Chipoterie  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Discussion 
futile,  taquinerie  mesquine,  difficultés  que 
fait  un  tapinier  pour  conclure  un  marché. 
De  chipoter. 

l'hique  '  (Sp.),  s.  f.  —  Morceau,  assez 
gros,  de  pain.  Ex.  :  Eine  chique  de  pain 
grousse  comme  les  deux  poings.  ||  (Mj.)  Cou- 
per la  chique  (fig.)  couper  la  parole,  interlo- 
quer, déconcerter.  ||  Poser  sa  chique,  —  mou- 
rir. Syn.  de  Tourner  de  l'œil,,  Avaler  sa  langue, 
Casser  sa  pipe.  —  N.  Qqf.  simplement,  se 
taire  :  «  Pose  ta  chique  et  fais  le  mort.  — 
Dans  le  premier  sens  :  Avaler  sa  chique. 

Et.  —  Primitivement,  chose  de  peu  d'impor- 
tance. Ciccum,  en  lat.  est  la  pellicule  intérieure 
d'une  grenade.  Plaute  a  dit  :  «  Ciccum  non  int'  r- 
duini,  je  n'en  donnerais  pas  un  zeste. 

Chique  ^  (Sp.),  adj.  q.  —  Impair.  Syn.  de 
Soute.  Il  Couble  ou  chique,  — ■  pair  ou  impair. 
C'est  un  jeu  d'enfants  qui  consiste  à  faire 
deviner  si  le  nombre  d'épingles  qu'on  tient 
cachées  dans  sa  main  est  pair  ou  impair.  V. 
Chiquette,  Couble. 

Chique  ■'!  Interj.  —  Fameux  !  etc. 

Chique  ''  (Sp.).  —  Syn.  de  Chiche. 

Chiquenient  (Mj.,  Lg.),  adv.  —  Remar- 
quablement .Ex.  :  C'est  chiquement  ben  fait  ! 
Syn.  de  Chouetteinent. 

Chiquet',  s.  m.  (Cho.,  Sa.,  Sal.,  Mj.).  — 
Usité  surtout  dans  la  loc.  Chiquet-à-chiquet, 
morceau  à  morceau,  par  lambeaux,  petit  à 
petit.  V.  Chéchiquette.  Syn.  de  Chipet,  et 
p.-ê.  corrupt.  de  ce  mot.  Cf.  Chipoter.  A 
regret,  comme  donne  un  avare.  —  Chiche, 
ladre  (Sal.). 

Hist.  —  ...  Et  alors  le  pauvre  drapier  reprit, 
chiquet  à  duquel,  ses  esprits  qui  s'égaraient  à  telle 
musique.  >[H"^^  dui'xtps,  p.  392  et  note.) 

Chiquette  (Sp.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  :  Jouer  à  la  chiquette,  —  jouer  à  pair  ou 
impair.  Cf.  Chique  '\ 

Chiquoire  (Mj.),  s.  f.  —  Clifoire,  V.  Giloire. 

Et.  —  ,Ie  regarde  ce  mot  comme  une  corrupt.  de 
Jicloire,  dér.  inus.  de  Jicler.  Le  fait  suivant  vient 
à  l'appui  de  ma  proposition  ;  à  Auverse,  le  syn.  est 
Giloire.  Ce  peut  être  aussi  un  doublet  de  Ségoire, 
E.ssigoire,  E.'isaii'oir.  car  la  chiquoire  sert  unique- 
ment à  lancer  de  l'eau.  Cf.  Chique-foire,  dans 
Jaubert.  Il  Fu.  Bien  distinguer  la  chiquoire  et  la 
flûte.  V.  Chicoire. 

Hist.  —  Rabelais  :  glyphouèrc.  Variantes  : 
Ficfouère,  Chiasse,  Chie-foire  ;  Flictouère,  Jille. 

Chirat,  s.  m.  —  V.  Chiron. 

Chiron,  s.  m.  —  Pierre  de  grès  ;  bhic  ou 
quartier  de  rocher  (dans  tout  l'Anjou,  surtout 
entre  Gonnord  et  \'ihiers.  —  Sp.,  Tlm.)  — 
Bloc  ou  quartier  de  rocher  dans  un  champ  et 
attenant  au  sol. 


Et.  —  Hist.  Note.  Ce  mot  n'est  plus  connu,  ou 
du  moins  compris  au  Lg.  ;  cependant  il  a  dû  y  être 
usité,  car  il  s'est  conservé  comme  nom  de  lieu.  Un 
des  champs  de  la  ferme  de  la  Roulière  s'appelle 
Champ  des  Chirons.  —  Jaubert  :  Tas  de  pierres 
ramassées  en  rond  dans  les  champs,  dans  les 
vignes.  —  Et  il  l'explique  d'une  façon  bien  natura- 
liste :  Chie-rond.  —  Se  dit  au.ssi  Chirat.  «  Jehan 
Loys  estant  en  ung  Chiron  de  pierres,  desquels  il 
prenoit  et  mettoit  en  son  saing.  »  1459.  —  (L.  C.)  — 
«  Le  sol  du  Bocage  est  humide  et  argileux. . .  :  aux 
abords  de  la  Sèvre,  et  principalement  de  Châtillon 
à  Clisson,  il  est  sabloneux,  pierreux  et  parsemé  de 
blocs  de  granit.  —  En  note  :  Dans  le  pays  ces  blocs 
de  granit  s'appellent  Chirons  (Dexiau,  i,  15).  — 
«  Dériverait  de  l'auvergnat  Cheire,  qui  signifie  : 
coulée  basaltique.  «  Il  existe  d'autres  régions  où  l'on 
peut  rencontrer  ces  trous  glacés  ;  par  exemple, 
dans  les  magnifiques  cheires  basaltiques  d'Aydat.  » 
(H.  DE  Parville.  Annal  pal.  et  litt.,  946,  94,  1. 
R.  0.)  —  «  A  quelques  pas  d'elle,  sa  chèvre  dressée 
contre  un  gros  tas  de  pierre,  ou  cheyron  (Journal 
Le  Temps).  —  «  Dans  Mireille,  228.  3  : 

«  Vincèn,  comme  un  queiroun,  aplanie  de  terrour 
(Vincent,  comme  un  quartier  de  pierre  aplati  de 
terreur.)  —  Chiras,  nom  donné  à  des  entassements 
de  grosses  pierres,  au  sommet  du  Pilat,  non  loin 
de  Saint-Etienne.  —  Chiron  s'est  corrompu  en 
Chignon,  puis  Chinon  ;  de  là  le  nom  de  la  ville 
de  Chàteau-Chinon,  en  Morvan  ;  les  habitants 
prononcent  le  plus  souvent  Château-Chignon. 
(Jaub.)  —  «  Un  Jac  Chiron  était  curé  de  Cerqueux- 
sous-Passavaiit  en  1728.  (Mén.) 

Chirugien  (Fu.).  Chirurgien. 

Chistophie  (Segré).  — ■  Un  verre  de  cognac 
(MÉx.)? 

Chiure  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Tache  produite 
par  des  excréments.  Ex.  :  Les  rideaux  sont 
pleins  de  chiures  de  mouches.  Syn.  de  Chias. 

Chivrille  (Mj.,  Chl.,  Sal.),  s.  f.  —  Enfant 
chétif,  malingre.  On  dit  habituellement  :  Ça 
n'est  qu'eine  méchante  chivrille.  Cf.   Bique. 

—  Syn.   de  Chat-grillé,  Petit-grillé,  Bourbite, 
M«serine.— A  donné  l'angl.  Cheveril,  chevreau 

—  Il  By.  Chenille,  miserite,  quérée.  —  Petite 
chèvre? 

Chloï  (Fu.),  s.  ni.  —  Faire  chlof,  dormir, 
faire  marguenne. 

Et.  —  De  l'ail  Schlafen  ?  Souvenir  de  l'invasion 
de  1815.  (Marguenne  ;  mérienne,  moérienne,  moer- 
dienne,  pour  :  méridienne.  (By.) 

Ch(»bil!e  (Segr.).  —  Gardeuse  de  vaches, 
petite  tillette  (Mén.).  Cf.  Chivrille. 

Choc  (Mj.,  F'u.),  s.  m  —  S'emploie  dans 
l'expression  :  Faire  le  choc,  —  se  hérisser, 
avoir  l'air  renfrogné  ou  malade.  Se  dit  des 
poules  et,  p.  ext.,  des  malades.  Syn.  de  Rebi. 

N.  —  Qqs  uns  disent  :  Faire  k  joc.  P.ê.  sont-ils 
dans  le  vrai,  car  ce  mot  pourrait  bien  avoir  quelq. 
affinité  avec  Jau. 

ChoKrer(Sp.),  v.  n.  — S'ennuyer  à  attendre, 
faire  le  pied  de  grue,  croquer  le  marmot.  Syn. 
de  Droguer. 

Chohon  (Mj.),  s.  m.  —  Chat-huant,  hibou. 
Cf.  Chahon.  ||  Grosse  bouteille  de  grès,  con- 
tenant de  15  à  20  litres.  \'.  Chevrettes. 

Et.    -^    Corrupt;    du    fn    Ghat-huantj    vx    fr; 


Î02 


CHOHON\ER  -  CHOPE 


Chauant.  A  Auverse  et  dans  le  Maine  on  dit 
Chouan.  Les  bouteilles  de  grès  sont  ainsi  appelées 
parce  que  leur  goulot  très  court  sur  une  panse 
rebondie  les  fait  ressembler  à  de  gros  hiboux.  — 
Hist.  «  Aucuns  le  dirent,  estant  jeugne  aignelet 
par  quelque  aigle  ou  duc  chauant  là  ravy,  s'estre 
entre  les  buissons  saulvé.  »  (Rab.,  P.,  iv,  57.) 
Breton  :  Kaouen,  même  sens. 

Chohonner  (Sp.,  Mj,.  Fu.),  v.  n.  —  Se  tenir 
assis  et  replié  sur  soi-même,  le  cou  rentré 
dans  les  épaules,  d'un  air  ennuyé  ou  grognon. 
Il  Bouder.  ||  Se  dissimuler. 

Et.  —  Dér.  du  pat.  Choon.  Chohonner  ou  Chôner, 
c'est  avoir  la  pose  habituelle  et  l'air  maussade  d'un 
hibou,  d'un  chohon. 

Choin  (Lue),  s.  m.  —  Chat-huant.  —  Mieux 
L.nouin.  jj  By.  Prononciat.  locale  de  chouan. 
On  pron.  les  chouens,  la  chouennerie. 

Choîne,  s.  m.  —  Sorte  de  pain.  Vieux  mot 
angevin. 

Et.  —  Hist.  «  Ce  mot  se  trouve  dans  Rabelais 
(IV,  59),  pain  blanc.  On  dit  en  Anjou  et  en  Nor- 
mandie :  "  Il  a  mangé  son  chaîne  le  premier  -,  ce 
qui  fait  voir  que  ce  pain  était  un  pain  blanc  et 
délicat.  —  Je  croy  que  ce  mot  a  été  fait  de  Cano- 
nius,  et  qu'il  a  signifié  primitivement  :  pain  de 
chanoine,  pain  de  chapitre.  »  (Ménage.)  —  «  Le- 
quel suppliant. . .  prinst  trois  pains  blans,  appelez 
choesnes.  N.  E.  1885.  (L.  C.)  —  «  Offrirent  à  Dieu, 
ouvrans  leurs  corbeilles  et  leurs  marmites  :  hypo- 
cras  blanc  avec  la  tendre  roustie  seiche,  pain  blanc, 
pain  mollet,  chaîne  (Rab.  P.,  iv,  59).  —  «  Les 
gars  achetèrent  un  choîne  qu'ils  coupèrent  en 
tranches  égales...  »  N.  Gâteau  grossier  (?)  que 
je  crois  spécial  à  l'Anjou.  »  (H'»^  du  vx  tps,  582.) 

Choir,  V.  n.  —  V.  Cheoir.  —  Choir,  chu,  qui 
est  presque  inusité  maintenant,  est  resté 
assez  employé  à  Lue.  V.   Chair. 

Choisir"  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Choisir  son 
monde,  —  manifester  de  l'aversion  ou  de  la 
crainte  pour  certaines  personnes,  pour  les 
inconnus,  comme  font  les  petits  enfants. 

Et.  —  Du  gothiq.  kausjan,  goûter,  essayer  ; 
aha.  Chiosan,  voir,  choisir  ;  cette  signification, 
dans  le  vx  fr.  est  la  principale,  jusque  dans  le 
xvp  siècle  (Litt.). 

Choix  (Mj.),  s.  m.  —  Faire  choix,  établir 
une  différence.  Ex.  :  Je  fais  ben  choix  des 
deux  frères,  N.  Ce  n'est  pas  là  le  sens  de 
l'expression  française.  ||  Sp.  —  lUy  a  ben 
choix  ;  —  il  y  a  une  grande  différence.  ||  Sp. 
—  Etre  à  choix,  —  être  mis  à  même.  Ex.  : 
J'étais  ben  à  choix  de  me  gager,  jj  Mettre  à 
choix,  —  laisser  libre  de  choisir. —  V.  Choisir. 

Cholà  !  (Lg.).  —  Interject.  Sert  à  arrêter 
les  bœufs.  Syn.  de  Oche  !  Ces  .' 

Cholailles  (a  très  bref).  (Sp.  Sal.),  s.  f.  — 
Ne  s'emploie  qu'au  pluriel.  Feuilles.  Syn. 
de  Talle.  —  ||  Fanes  de  la  pomme  de  terre. 
Syn.  de  Fonces,  Chahouet,  Chavoilles.  Cholons. 
Cf.  le  berrichon  Châlons  (Jaub.)  et  Châlas. 

Et.  —  Dér.  du  vx  fr.  Chol,  chou.  V.  Cholette. 
Lat.  Gaulis.  Ds  le  vx  fr.  li  chois  (singul.  nominat.). 
ou  :  chos,  chous  :  régime  :  le  chol  ;  au  plur.  nomin, 
li  chol  j  fég.  le  ôhols,  choâ,  chous.  (Litx.,. 


Cholastique  (Mj.),  s.  f.  —  Scholastique, 
nom  propre. 

Cholé  (Sal.).  —  Heureux.  Etre  bien  cholL 
Mais  ironique. 

Cholet  (Fu.).  —  Bœuf  de  la  Vendée,  ainsi 
appelé  de  son  principal  lieu  de  vente.  Grand 
marché. 

Cholette  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Jeune  plant  de 
choux.  De  la  cholette.  Syn.  de  Cholon.  Voir 
Gouet,  Cholailles. 

Et.  —  Du  vx  fr.  Cholet.  ;  lat.  caulis  ;  angl.  cole, 
dans  cole-wort.  —  Breton,  kaol. 

Cholettière  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Terrain  où 
Ton  élève  la  cholette  ;  semis  de  choux.  Syn. 
de  Cholonnière.  V.  Cholette. 


Cbolon  (Tlm.,  Lg.),  s.m. 
choux.  Svn.  de  Cholette. 


Jeune  plant  de 


Cholonnière  (Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Terrain  où 
l'on  sème  et  élève  du  plant  de  choux.  Syn.  de 
Cholettière. 

Cholons  (Sp.),  s.  m.  —  \e  s'emploie  qu'au 
plur.  Fanes  de  pommes  de  terre.  V.  Cho- 
lailles, Fonces. 

Chômant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Urgent. 

Chômer  (o  bref)  (Mj.,  By.),  v.  n.  ou  Chom- 
mer  (Lue).  Tarder,  presser.  Ex.  :  Tu  peux 
ben  attendie  pour  arracher  ton  chambe  ; 
çà  ne  chôme  pas.  ||  Chômer  de,  —  manquer 
de,  avoir  un  besoin  urgent  de.  On  dit  d'un 
fâcheux  :  Il  pouvait  ben  rester,  je  ne  chômions 
pas  de  lui.  ||  By.  Id.  J'chom'  dé  tout,  pouv' 
malheureux  !  jl  Sal.  Chômer,  o  long,  au  sens 
de  :  tarder  .  Ça  chôme.  ||  Fu.  Arriver  en 
retard...  Vous  allez  chômer,  le  Sanctus  est 
sonné.  » 

Et.  —  C'est  le  fr.  Chômer,  mais  il  s'emploie 
uniquement  dans  le  sens  ci-dessus.  —  Hist.  «  Mais, 
dist-il,  que  faict  cependant  la  part  de  notre  armée 
qui  desconfit  ce  vilain  humeux  Grangousier  ?  — 
Ils  ne  choument  pas,  dirent-ils,  nous  le  rencontre- 
rons tantost.  «  (Rab.,  G.,  i,  33).  Du  lat.  popul. 
Caumare,  proprement  se  reposer  pendant  la  cha- 
leur (du  gr.  kauma,  chaleur.). 

Chôner  (Sp.),  v.  n.  —  Chohonner.  —  \'. 
Choon. 

Choon,  s.  m.  —  Chouette,  hibou,  chat, 
huant.  —  V.  Chohon,  Choonner.  Bret,  Coan- 
Gohana  (Morbihan). 

Chope  (By.,  Sal.,  Ag.),  adj.  q.  —  Trop  mûr. 


CholetaiS.  La  prononciation  dans  le  Choletais, 
présente  des  particularités  très  remarquables.  — 
Ti  et  Di,  se  pron.  ghy  (h  très  aspiré).  Il  est  mighy, 
—  midi  :  on  t'a  menghy,  —  menti.  —  Impossible 
de  figurer  mieux  cette  prononciation  :  on  entend 
presque  un  d  :  il  est  midghy.  —  Et.  au  contraire,  qui 
se  pron.  ti  :  Tranquille,  pron.  trantille  ,;  A  Gon- 
nord,  Trémentines  :  Qui  te  l'a  ghy,  —  dit  ?  en 
traînant.  —  C'est  ghy  vrai  ?  C'est-il  vrai  ?  — 
Autres  exemples  :  Aiguille,  aig'hyille  ;  un  dit-on, 
g'hjiton  ;  anguille,  ang'hyille  :  Guillon,  G'hjillon  ; 
du  gui,  du  gu'hji  ;  Lyon,  —  G'iyon. 


CHOPER  -  CHOUANER 


203 


Cf.  Blet,  blette.  —  Les  nèfles,  comme  les 
cormes  et  les  alises  ça  n'est  bon  que  quand 
c'est  chope.  Une  poire  chope,  choppe,  chopie. 
V.  Chopir,  Chop-  per. 

Et.  —  Se  dit  des  poires,  des  nèfles  parvenues  à  un 
certain  degré  de  maturité  ou  de  décomposition. 

—  Cormes  choppes.  —  Du  v.  Choppii'.  —  V. 
Chopper. 

Choper  (Mj.,  Lg.,  Spb.,  Fu.),  v.  a.  —  Pincer, 
surprendre,  prendre  sur  le  fait,  arrêter.  Syn. 
de  Piger,  Arquepincer.  V.  Chopper,  Baiser. 

Et.  —  Heurter  du  pied  contre  qq.  ch.  en  mar- 
chant. Vx  fr.  Chope,  souche  ;  heurter  une  souche. 

—  Donc,  par  ext.,  meurtrir  (un  fruit).  —  «  Qui 
chope  et  ne  tombe  pas,  Adjoute  à  son  pas.  «  (L.  C.) 
P.  ê.  du  germaniq.  Schupfen,  shoppen,  pousser, 
heurter,  frapper,  boiter. 

Chô-petit  (à)  (Lg.,  Tlm.).  —  Peu  à  peu.  Le 
même  que  :  à  ché-petit.  De  choir.  Mieux  : 
Chaupetit  (à). 

Chopineau  (Lue,  Fu.,  Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Burette  pour  le  service  de  la  messe. 

Et.  —  Chopine  ;  se  rattache  à  l'ail,  schopfen, 
puiser.  —  Rabelais  dit  :  Chopine  de  tripes.  — 
Hist.  «  On  donne  à  l'orfèvre  deux  petiz  chopi- 
neaulx  d'argent  (1556.).  —  Inv.  Arch.  G.  p.  103, 
col.  2.  —  «  Sa  chapelle,...  composée  de  chasuble 
de  satin  roge,  caHce,  chopines  et  boueste  d'argent 
à  mettre  le  pain  à  chanter  ;>  (1572).  Jd.  E,  p.  195, 
col.  1.  —  «  A  l'Eglise  d'Angiers  la  propriété  de  ma 
chapelle  à  dire  messe,  s'est  assavoir  mon  calixe 
doré,  mon  chandelier  d'argent  et  choppines  (1502). 

—  Id.  G.  p.  50,  col  2.  —  «  Les  autres  120  livres  ont 
servi,  pour  le  bien  de  la  fabrique,  à  payer  deux 
chopineaux  et  un  plateau  d'a.gent  «  (1782).  Id. 
S.  s.  E,  265,  2. 

Chopinette  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Petite 
chopine.  Ex.  :  Si  on  buvait  eine  chopinelte? 

—  Ou  même  :  Si  qu'on  buvait. . . 

Chopir  (Q.,  Z.  171,  Lue,  By.).  —  Mollir. 
Ex.  :  Ça  ne  chopit  pas,  la  vendange,  dans  les 
portouères  ;  ça  ne  s'écrabouillera  pas. 

Et.  —  V.  Choper  ;  heurter,  frapper  un  fruit,  qui 
se  ramollit  au  lieu  du  choc.  Cela  n'implique  nul- 
lement l'idée  de  pourriture.  Ne  pas  confondre, 
d'ailleurs,  chope  avec  :  blet,  blette.  On  ne  mange  la 
nèfle  que  quand  elle  est  blette. 

Chopper  (Sp.,  Lg.,  Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  V. 
choper,  même  sens.  Surprendre  sur  le  fait.  || 
Attraper,  tromper.  Syn.  de  Baiser.  ||  Enle- 
ver, voler,  subtiliser.  Syn.  de  Soulever.  \\ 
Prendre,  arrêter.  Ex.  :  Le  garde-pêche  l'a 
choppé.  Syn.   de  Piger,    Arquepincer,  Baiser. 

—  On  dit,  dans  le  même  sens,  Subiter.  Qui 
m'a  subite  mes  ciseaux? 

Choquer  (Mj.),  v.  n.  —  Donner  des  coups 
de  tête,  comme  font  les  béliers,  les  boucs,  les 
veaux  qui  tettent.  !|  Dans  le  langage  des  mari- 
niers, jreyer  par  secousses  et  non  d'un  mouve- 
ment continu  et  régulier.  V.  Choc. 

Et.  —  Pour  le  rapport  avec  Souche,  cf.  Choque- 
tage,  pour  Souchetage,  vériflcation  après  une 
coupe,  d'après  les  souches,  du  nombre  et  de  la  qua- 
lité des  arbres  abattus.  (Darm.) 


Choreau  (partout). 
Ou  chorau. 


Enfant  de  chœur. 


Et.  —  Du  lat.  Chorus,  chœur  d'église.  —  Hist. 
«  Ne  savez-vous  pas  qu'il  y  a  des  églises  où  les 
chanoines  ont  des  vicaires  qui  font  pour  eux  et 
sont  dits  choriaux  ?  »  (Bér.  de  Verville,  Moy. 
de  parv.)  —  J'ai  joué  à  la  gaulette  quand  j'étais 
choro  anssi  moi.  —  La  Vendée  catholique,  .31  mars 
1907,  1,  6. 

Chôrir°,  Chôrier  (Sp.,  Lg.),  v.  n.  —  Sourire. 
Corr.  du  franc. 

Chorisse  (corice)  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Choreau. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Choriste,  pris  dan  un  sens 
voisin. 

Chose  (Ec,  etc.),  s.  f.  —  Terme  trivial 
dont  on  se  sert  lorsque  le  mot  propre  manque 
à  la  mémoire.  On  dit  aussi  :  machin.  |i  Etre 
tout  chose,  tout  je  ne  sais  comment  ;  malade  ; 
troublé.  —  Il  D'où  choser  —  faire  une  chose, 
sens  imprécis. 

Hist.  —   «  Il  faut  rire  de  tout,  aussi  bien  ne 

(peut-on. 
Changer  chose  en  Virgile,  ou  bien  l'autre 
(en  Platon. 
(Régnier,  Sat.  x.) 
«  Depuis  un  tour  de  temps,  notre  Sylvain  est 
tout  chose,  comme  contrarié,  comme  chagriné.    » 
(G.  Sand.  Claudia.) 

Chou  s.  m.  (Fu.).  —  Chou-poume,  —  chou 
pomme.  ||  Sp.  fig.  Chou  poume,  tête  chauve. 
Syn.  de  Genou.  \\  Chou  naveau,  —  chou  navet. 
Il  Chou-hou\e,  —  chou-rave.  ||  Sp.  Chou-vache 
—  grand  chou  vert  commun.  ||  Sp.  —  Faire 
ses  choux  gras  de  qqch.,  —  s'en  pourlécher  les 
lèvres.  ||  Ssl.  Apporter  le  chou,  —  venir  faire 
un  accouchement.  Se  dit  d'une  ;  mère  tape  à 
la  porte.  \\  Expression  employée  comme  terme 
d'amitié  à  l'égard  des  enfants.  —  Enfant 
chéri,  cajolé,  gâté.  Le  mot  se  redouble  : 
Chouchou.  Par  allusion  (?)  au  chou  sous 
lequel  on  prétend  les  avoir  trouvés. 

N.  —  Noms  de  diverses  espèces  de  choux  : 
Ch.  brocolis  ;  Ch.  dioc,  pour  :  d'York  :  Ch.  minet, 
à  feuille  brune,  plus  lisse  ;  Ch.  pancalier  ;  Ch. 
piochon,  —  cœur  de  chou  ;  {Ch.  radigonnc,  trop 

CU't). 

Choiian,  s.  m.  —  Chat-huant  (Lue).  i| 
Chouan,  paysan  des  guerres  de  Vendée. 

Et.  —  Hist.  (Au  l"  sens)  «  Et  çà  et  là  se  mê- 
laient à  eux  des  crapauds  de  terre  et  des  crapauds 
volants,  des  chouans.  »  (H'"^  du  vx  tps,  469.)  — 
(2«  sens)  .  «  Peut-être  de  Chouan,  oiseau  de  proie 
nocturne,  par  comparaison  avec  les  habitudes'noc- 
turnes  de  ces  bandes  (ou  parce  que  le  signe  de  ral- 
liement était  le  cri  de  .et  animal.  A.  V  (  —  De 
Jean  Chouan,  un  de  leurs  chefs.  S'il  est  difficile  de 
déterminer  l'origine  de  chouan,  formé  presque  de 
notre  temps,  on  comprend  combien  d'autres  déno- 
minations plus  anciennes  sont  restées  obscures. 
(LiTT.)  —  «  Lat.  du  moy.  à  :  Cavannum  :  germ. 
Kawa,  qui  a  donné  le  vx  fr.  Choe,  et  qui  se  retrouve 
dans  Chouart  et  Chouette. 

Chouaner  (Sp.),  v.  n.  —  Se  cacher  dans 
les  bois  et  y  vivre  en  bandits,  en  parlant  des 
réfractaires  à  la  conscription.  Cf.  Chouiner. 

Hist.  —  «  Et,  dans  la  crainte  d'être  enrôlés  de 
force,  ils  ne  voulaient  pas  rentrer  dans  les  fermes 
et  restaient  à  chouanner  sur  les  grands  chomins. 


204 


CHOUANERIE  —  CHRÉTIEN 


(Page  47.  I^official,  représent,  du  peuple.  Jour- 
nal d'un  Conventionnel  en  Vendée.  Dec.  1794, 
juillet  1795,  publié  par  C.  Leroux-Cesbron).  — 
«  Le  20  mars  il  assura  au  Comité  de  Salut  public 
que  le  projet  des  Chouans  était  d'afïamer  les  villes 
pour  les  faire  soulever,  de  s'emparer  des  arsenaux 
et  de  faire  chouanner  par  toute  la  France.  » 
(Dexiau,  V,  185.) 

Cliouanerie,  s.  f.  —  Les  Guerre.s  de  Ven- 
dée. Il  Les  partis  réactionnaires.  ||  (Sp.).  Le 
genre  de  vie  des  conscrits  réfractaires.  V. 
Chouanner. 

fhouau  (Fu.,  Mj.),  s.  m.  —  Cheval  et  che- 
vaux. Cf.  Chevau. 

(ilou-bourroclie  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Bour- 
rache. —  Bat.   Borrago  offlcinalis. 

Et.  —  Lat.  du  moy.  âge  :  borrago,  altération  de 
l'arabe  :  abou,  rach,  le  père  de  la  sueur.  La  forme 
la  plus  usitée  pendant  le  xvF  s.  et  une  grande 
partie  du  xvii"  est  bourrache. 

Choucolât  (Mj.),  s.  m.  —  Corr.  de  Chocolat.      (B 

C'iiouchié  (Mj.),  s.  m.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  :  Eter  comme  un  chouchié,  —  rester  les 
bras  ballants  comme  une  personne  hébétée, 
qui  ne  veut  pas  se  donner  de  mouvement  ou 
qui  ne  sait  à  quoi  se  prendre. 

Et.  —  Trop  claire  ;  mou  comme  un  chou- 
chié. 

Chouchou  (Mj.),  s.  m.  —  Personne  chérie, 
enfant  gâté. 

Et.  —  Réduplicat.  du  mot  Chou,  même  sens. 

Chouchouter  (Mj.),  v.  a.  —  Gâter  par 
des  cajoleries,  un  enfant.  Syn.  de  Apégnoter. 

Chouée,  s.  f.  —  Platée  de  choux  cuits. 

Chouette  (Mj.,  By.,  Fu.,  Sal.),  adj.  q.  — 
Beau,  remarquable.  Syn.  de  Chenu,  Rupin, 
Hurf.  —  D'où  Tadv.  Chouettement. 

Et.  —  Dimin.  de  Choue,  d'un  radie,  ail.  chouch 
(cf.  Choucas).  —  Hist.  «  Ma  femme  sera  coincte 
(gracieuse)  et  jolve  comme  une  belle  petite  chouette.  » 
(Rab.,  p.,  m,  14.) 

Chouin  (Lg.),  s.  m.  Chouan. 

Chouiner  (Sp.),  v.  n.  —  V.  Chouaner.  ||  Lg. 
Faire  l'école  buissonnière. 

Chouipe  (Lg.),  s.  f.  —  Chouette. 

Choulière  (Lue)  ou  Machoulière.  Champ  de 
choux. 

Chou- Diacre  (s.  m.).  —  M.  Ménière  n'a  pas 
compris  ce  mot.  Encore  un  reste  de  l'inva- 
sion allemande.  Il  veut  dire  :  cordonnier,  fai- 
seur de  chaussures  (Schumacher).  ||  Grosse 
injure  :  Bouifre,  Pierrot,  Pleutre. 

N.  —  «  Mots  provenant  de  l'invasion,  en  1815 
(Bourgogne).  Schlof,  de  schlafen,  va  te  coucher.  — 
Oufte,  ouste,  corruption  de  Aufslehen,  lève-toi.  — 
Chlaguer,  schlagen,  battre.  —  Gandrou,  de  Wan- 
derer,  vagabond.  —  Incre,  criard,  têtu,  de  Ein 
schrener,  id.  —  Choumac,  Schulzmacher,  cordon- 
nier. —  Sacramenteurtèche,  sacrameiil  der  Teufel.  — . 
QuaLseurlique  tèche.  Injures,  parmi  les  enfants. 
(Ch.     Nisard.     Curiosités     de    l'étym.     franc.,     p. 

ÎELVI)     »i 


Chou-rèbe  (Lg.),  s.  m.  —  Chou  rave.  Pour  : 
chourabe.  Cf.  Bette-rabe. 

Chouse  (Mj.,  Lg.,  Te,  Fu.,  By.),  s.  f.  — 
Chose.  Il  Illy  a  ben  des  chouses  dans  un  chou- 
sier.  —  les  choses  ne  sont  pas  aussi  simples 
qu'elles  semblent  de  prime  abord.  i|  Belle- 
chouse,  —  beaucoup.  «  J'ai  pris  ben  des 
poissons,  mais  illy  en  a  helle-chouse  qui  ne 
sont  pas  fameux.  —  Cf.  Berchouse.  \\  Avoir 
l'av  chouse,  éter  tout  chouse,  —  avoir  un  air 
étrange,  ahuri  ou  nigaud.  ||  Individu  étonné, 
interloqué.  Ex.  :  Il  en  est  resté  tout  chose.  || 
LTn,  une  pas  grand  chouse,  —  homme  ou 
femme  dont  on  fait  peu  de  cas. 

Hist.  —  N'êtes-vous  pas  de  bien  grands  fous 
De  dire  chouse  au  lieu  de  chose  ?    » 

(H.    ESTIENNE.) 

—  «  Je  suis  qui  suis,  j'ay  parfait  toute  chouse. 
Je  suis  le  Dieu  qui  ay  l'âme  jalouse.  >> 
«  Le  bon  père  Pavault  m'a  appris  qu'il  y  avait 
trois  sortes  de  chouses  dont  il  se  faut  garder. . .  » 
(B.  DE  Verv.)  —  «  S'ensuit  la  déclaration  de  la 
vescelle,  et  aultres  chouses  d'argent  doré.  »  (1438. 
Inv.  Arch.  G.,  p.  2,  col.  2.)  —  «  Tant  pour  pain, 
espèces,  confitures,  poisson,  voirres,  comme  pour 
autres  chouses  achatées  par  ledit  censier.  »  (1388. 
Id.,  H.,  Suppl.,  p.  49,  col.  2.)  —  «  C'est  la  décla- 
ration des  chouses  héritaux,  cens,  rentes  ,  dixmes, 
et  oultres  chouses  que  nous  les  doyen,  chanoines  et 
chappitre  de  l'église  collégiale  fondée  de  Nostre- 
Dame...  tenons  et  advouons  tenir.  «  (Id.,  E, 
p.  96,  col.  1.)  —  «  Calices,  croix,  draps  d'or  et  plu- 
sieurs autres  chouses.  »  (1391.  Inv.  Arch.  G.  n, 
p.  210,  col.  1.)  —  «  Ce  fut  fet  à  Angiers,  sauve 
notre  dreiture  en  toutes  chouses,  le  mercredi  davant 
la  Chandeloz,  l'an  de  grâce  mil  CCLXI.  »  (Ibid., 
H,  I,  p.  9,  col.  2.) 

Add.  ^  On  dit  quéqchouse,  pour  quelque 
chose  (Jm.).  Mj,  queuque  chouse. 

Chouser  (Mj.,  By.,),  v.  a.  —  Faire  une 
action  indéterminée.  On  se  sert  de  ce  terme 
vague  toutes  les  fois  qu'on  ne  trouve  pas  le 
mot  propre  pour  exprimer  sa  pensée.  \'. 
Chouse.  Syn.  de  Machiner. 

Chousetrac  (Mj.),  s.  m.  —  Appellation 
dédaigneuse  que  l'on  applique  à  qqn  que  Ton 
ne  veut  pas  ou  que  l'on  ne  peut  pas  désigner 
plus  expressément.  Syn.  de  Machin-chouette, 
Chousinet.  Dér.  de  Chouse. 

Chousier,  (Mj.)  s.  m.  —  V.  Chouse. 
Hist.    «  Je  scay  grand  chose  en  un  chosier.    » 
1560.  Cité  par  Dabm. 

Chousiner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Syn.  de 
Chouser.      Sal.  Remuer,  brasser. 

Chousinet.  ette  (Mj.),  chose  ;  personne  qu'on 
ne  peut  désigner  plus  exactement  (Mén.) 
Syn.  de  Chouse,  Chousetrac,  Machin-chouette. 

Chou -vert.  —  Brocolis  ;  dit  :  asperge  du 
pauvre.  (Sf.,  Me.) 

Chou  de  vigne,  s.  m.  —  Pied  de  poulain,  ou 
pas  d'âne.  (Mén.) 

Choux  (liocs.  s.  m.  pi. 

pour    d'  York.     \\    By. 
pour  Choux  de  Milan. 

Chrétien  (créquien,  *  Kerkien.  *  ch'rquien), 


Ou  Choux  diocres  ; 
Choux   pancaliers, 


CHUALER  —  CILLE 


205 


(Mj)  s.  m.  —  Homme,  en  général,  quidam, 
individu.  Ex.  :  Je  n'ai  jamais  de  ma  vie  vu  un 
(7;/'é/ze;i  si  laid.  !|  Mj.,  Fu.  —  Marde  de  chré- 
tien, —  excrément  humain,  par  opposition  à 
ceux  des  anim.aux.  i|  Adj.  q.  Du  vin  bon  chré- 
tien, —  mouillé,  qui  a  été  mélangé  d'eau.  V. 
Baptiser.  ||  Syn.  de  :  Citoyen,  Client,  Indien, 
Oi'érier,  Type,  Gibier,  Oiseau,  Moineau,  Aver- 
lan,  Paroissien. 

Hist.  —  Molière  l'a  employé  en  ce  sens  : 
«  iSes  regards  m'ont  fait  peur,  mais  une  peur  hor- 

(rible, 
«  Et  je  ne  vis  jamais  un  plus  hideux  chrétien.    » 
Ecole   des    Femmes,    II 
«  Il  faut  parler  chrétien,  si  vous  voulez  que  je 
vous  écoute.  »  Mol.,  Préc.  ridic.  Se.  7. 

«  Il  s'en  va  ,  comme  il  gargouille  ! 

Mais  que  diable  est-ce  qu'il  barbouille  ? 

Sainte   Dame,   comme   il  barbote  ! 

Par  le  corps-bieu  il  barbelote 

Ses  mots  tant  qu'on  n'y  entend  rien  ; 

Il  ne  parle  pas  Chrestien, 

Ne  nul  langage  qui  appere. 

Farce  de  Pathelin.   (BoREL.) 
Ch'ti,  (Fu.),  €h'tiau(Cho.),  adj.q.  — Chétif. 
Oh  !  le  ch'ti  gas.  Xe  veut  pas  dire  ici  :  ma- 
lingre, mais  :  méchant,  chenapan. 

Chualer  (Fu.),  v.  a.  —  Couvrir,  en  parlant 
du  mâle.  Les  grenouilles  chualent  au  prin- 
temps. Pour  Chevaler. 

Cliuaii  (Mj.),  s.  m.  —  Cheval.  V.  Chevau, 
Gevau. 

Ciîuchelin,  adj.  q.  —  Difficile  à  élever. 
«  Ces  dindons-là  sont  ben  chuchelins.  »  (Lé.) 
Cf.  Pichelin. 

Chiiclion  (Sa.,  Li.,  By.,  Fu.,  Mj.).  —  Mou- 
cheron, moustique,  petit  insecte.  —  V. 
Suchon,  Suçon,  Senuçon,  Guibet,  Guibot. 

Et.  —  Du  lat.  culicem.  On  a  dit  :  cheusson, 
chuçon,  avec  le  suiï.  dimin.  on.  —  Hist.  «  Toutes- 
foys  sus  le  milieu  de  l'esté  sera  à  redoubter  quelque 
venue  de  pusses  noyres  et  cheussons  de  la  Devi- 
nière.  (Rab.,  P.,  Prognost.,  vi,  .589.)  Cf.  l'esp. 
Jejen,  moustique. 

Chuille  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Cheville.  ||  Slz.— 
Se  dit  d'un  cheval  placé  au  milieu,  sur  trois 
chevaux  placés  en  flèche.  \\  Mj.  La  chuille,  — le 
n"  1  au  tirage  des  conscrits.  Syn.  de  Bidet.  Au 
Fuilet.  —  Le  laurier,  le  plus  haut  numéro  du 
canton,  à  qui  on  ofTrait  un  laurier,  un  houx 
gigantesque,  réservé  depuis  longtemps  pour 
cet  usage.  La  possession  du  laurier  donnait 
lieu  à  des  batailles  en  règle.  Aujourd'hui,  le 
drapeau  a  remplacé  le  laurier  ;  mais,  il  y  a 
dix  ans,  le  drapeau  tricolore  était  mal  vu 
dans  les  Mauges.  j|  Ec.  —  Prononc.  Chui-ille. 

Et.  —  Lat.  Clavicula,  clavicla,  cavicla  :  petite 
clef,  de  clavis.  —  Hist.  Voir  Rabelals,  P.,  ni., 
Prol.,   p.  212. 

Cluiiiler  (Mj.,  Fu.).  v.  a.  —  Cheviller.  |! 
Chuiller  ein  gorin,  —  lui  enfoncer  des  clous 
dans  le  groin  pour  l'empêcher  de  jauger.  Syn. 
de  Formailler,  Clouter,  Chéveiller.  \\  Ou  hii 
passer  un  anneau  dans  le  groin.  Ec. 

Chupiron.  s.  m.  Reste  de  cheveux  sur  la  tête. 
(Segr.  —  MÉx.) 


Chut'-chut'  !  (Mj.)  s.  m.  —  S'emploie  dans 
la  loc.  En  chut-chut,  —  à  la  sourdine,  à  la 
dérobée,  en  catimini,  en  grand  secret.  Ex.  : 
Ça  s'est  fait  en  chut-chut.  ||  Ec.  chute-chute. 

Et.  —  De  chut,  onomat.,  par  réduplication.  — 
Hist.  Dans  Mireille  :  cauta-cauto.  avec  prudence  ; 
p.  62,  str.  4.  —  «  Il  fit  ses  préparatifs  à  la  chut- 
chut.  pour  ne  pas  éveiller  l'attention.  »  (M<'  Lar- 
dent, de  M.  C.  L.  C,  p.  23  4,  1.  29.)  V.  Catif aillons. 

Chuter  (Lue,  Mj.),  v.  n.  —  Tomber,  choir. 

Chutrin  (Mj.,  Ag.,  Fu.). — Meux  lit  Gale- 
tas, chambre  misérable.  Cf.  Cagibi.  \\  Mj.,  Ag. 
—  S.  m.  Potin,  tapage,  vacarme.  —  N.  Il  est 
remarquable  que  ce  mot,  en  patois  berrichon, 
a  le  sens  de  :  petite  maison  (Jaub.),  de  même 
que  son  syn.  Bousin  =  petite  auberge.  Syn. 
de  Chahut,  Chambard,  Menère,  Bahut,  Bou- 
can, Chabanais. 

Chuyé.  —  Sens  peu  clair,  dans  cette  phrase 
de  notre  compatriote,  Bruneau  de  Tarti- 
FUME  :  «  Je  ne  veux  pas  dire  que  le  pais 
d'Anjou  fut  plus  chuyé  que  les  aut.es...  » 
{Philandin,  p.  566.)—  Choyé?  Cheyé=chu  ? 

Ciarge  (Mj.,  Fu),  s.  m.  —  Cierge. 

C'ibot  (Sar.),  s.  m.  —  Lézard  vert.  Syn.  de 
Liaî'urd. 

Ciboiilot  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  La  tête,  consi- 
dérée comme  siège  de  la  pensée  et  de  la 
volonté.  Ex.  :  Quand  il  s'est  mis  quéq'  chose 
dans  le  ciboulot.  .  .  Syn.  de  :  Caillou,  Micâ- 
meau.   Toupet. 

Et.  —  Du  fr.  Ciboule  (allium  fistulosum)  par 
analogie  de  forme. 

Cibrer  (Ec),  v.  n.  —  Aspirer  violemment. 
Ou  Sibrer,  mieux  ;  du  lat.  Sibiîare,  d.  de 
Subler. 

Cier.  —  Du  blé.  Mieux  :  Séier,  Scéier. 

Hist.  —  1707.  «  Le  19  juillet  la  challeur  fut  au 
dernier  degré  ;  ce  qui  causa  en  bien  des  endroits 
des  morts  subittes.  Il  mourut  en  ce  jour-là  quan- 
tité de  personnes,  les  unes  ciant  du  blé.  »  {Inv. 
Arch.,  E.  S.  n,  398,  1.) 

Cigale  (en)  (Lg.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
locution  :  En  cigale,  —  en  brindes,  en  go- 
guette, un  peu  ivre.  V.  Brindezingue,  Bombe, 
Guinguette. 

Et.  —  C'est  un  proche  parent  de  Cingalée, 
Cigalée  ;  du  lat.  Cingulare.  A  Mj.  même  on  dit 
fort  bien  d'un  individu  très  ivre  :  Il  en  a  d'eine 
cingalée  ! 

CigaK^e  (Sp.,  Bl.),  s.  f.  —  Syn.  de  Cingalée. 
Averse. 

Cigaler  (Lg.),  v.  n.  —  Boire  du  vin  avec 
excès.  Syn.  de  Pomper,  Solder. 

Cignailler,  v.  a.  —  Couper  malproprement 
un  objet  (Seg  .  —  Mén.).  —  Pour  :  Cisailler. 
Cf.  Sigâiller,  Zigâiller,  Cisâgner. 

Ciler  (Sal.),  v.  n.  —  Jaillir,  jicler.  Le  sang 
illi  a  cilé  !  —  Onomat.  Syn.  de  Jiler. 

Cille  (Mj.),  s.  f.  —  Cime  du  mil  à  balais,  la 
l>artie  dont  on  fait  les  balais. 

Et.  —  Cil  ;  lat.  cilium  (Cf.  ciller,  dessiller,  sourcil). 


2Ô6 


GILLETTE  -  CITRÔLLE 


Sorte  de  poil  soyeux  qui  borde  certaines  parties  des 
végétaux.  Feuilles  ciliées. 

Cillette  (Ec,  Mj.).  —  Abréviat.  de  Fran- 
cillette.  (François,  Françoise,  Francine,  Fran- 
cillet,  Francillette).  V.  Cillon. 

Cillon  (Lg.,  Fu.).  —  Françoise,  prénom  de 
femme.  Forme  vieillie.  Syn.  de  Cillette.  Abrév. 
de  Francillon. 

Cimbalée  (Lg.),  s.  f.  —  Averse  de  pluie 
fouettante.  Syn.  et  d.  de  Çaganée  ;  Çâlée. 
Corr.  de  Cingalée,  Cigalée. 

fimentère  (Lg.),  s.  m.  —  Cimetière.  —  X. 
Ainsi  disaient  les  anciens  ;  mais  le  mot  est 
totalement  désuet.  —  Syn.  et  d.  de  Céme- 
tière,  Çoumitière  ;  Syn.  de  Ouche-des-mottes.  \\ 
Ec.  Som'tière.  V.  Jaub.,  à  Cemetière. 

€imoin  (Lg.),  s.  m.  —  Bandeau  de  linge, 
orné  sur  les  bords  d'une  dentelle,  que  les 
femmes  se  mettaient  autrefois  sur  le  som- 
met de  la  tête,  à  même  sur  les  cheveux,  en 
l'attachant  sous  le  chignon  par  des  cordons  et 
auquel  elles  fixaient  leur  coiffe,  ou  dormeuse, 
avec  des  épingles.  On  n'en  porte  plus  au 
Long.,  mais,  sur  l'autre  rive  de  la  Sèvre,  à 
Saint-Aubin-des-Ormeaux,  les  femmes  fixent 
encore  leurs  saccots  à  des  cimoins  d'étofîe 
noire.  —  Dér.  du  fr.  Cime. 

Cinioiner  (Lg.),  v.  n.  —  Mettre  ou  porter 
un  cimoin,  ou  bandeau.  Le  mot  a  vieilli  et  est 
presque  oublié,  car  les  femmes  ne  cimoinent 
plus. 

Cincenelle  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  cordage 
de  la  grosseur  du  petit  doigt.  V.  Fourneau. 
Terme  de  marine.  —  Littré  dit  :  «  Pour 
hâler  les  bateaux  sur  les  rivières  ;  —  pour 
faire  glisser,  au  moyen  d'une  poulie,  un  bac 
d'une  rive  à  l'autre.  «  —  Le  lat.  avait  :  cin- 
cinnum,  boucle  de  cheveux. 

Cinetharine  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  La  cantha- 
ride. 

Et.  —  D'une  rac.  qui  signifie  :  briller.  Cf.  Tar- 
tarine. 

Cingalée  (Mj.),  s.  f.  —  Averse  de  pluie,  de 
neige  ou  de  grêle  qui  fouette.  Syn.  de  Çaga- 
née, Cimbalée,  Çâlée,  Cigalée. 

Et.  —  Lat.  cingulare,  cingler,  sangler. 

Cinquante  (Mj.,  Fu.,  By.),  adj.  num.  — 
S'emploie  comme  adj.  ind.  dans  le  sens  de  : 
maint,  une  foule  de.  Ex.  :  Il  voyait  toujours 
cinquante  chouses. 

N.  —  Nous  disons  :  mille  ;  les  Lat.  disaient 
600. 

Cintième  (Mj.,  By.),  adj.  num.  ord.  — 
Cinquième.  Voir  note  sur  le  t  montj.  — 
Qqs-uns,  qui  se  croient  des  puristes,  pro- 
noncent ainsi.  —  Cf.  Chartutier.  \\  Fu.  — 
Mesure  bien  connue  des  buveurs  d'eau-de- 
vie. 

Ciqnoire  (Lg.,  Tlm.),  s.  f.  —  Canon  de 
sureau.  Doubl.  de  Chiquoire,  avec  un  sens 
très  voisin.  Syn.  de  Pétoire,  Flaquoire, 
Faquoire.  V.  Chiquoire. 


Et.  —  Clifoire,  pour  Cliquefoire  ;  de  clique, 
impératif  de  l'a.  v.  cliquer,  faire  du  bruit  (cf. 
Cliqueter)  et  foire,  impérat.  du  v.  foirer.  — 
xvr'  Glyphouoire.  (Rab.  iv,  30.)  —  1611,  Clique- 
foire  (Darm.) 

Cire  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Stéarine.  ||  Chassie. 
Syn.  de  Beurre.  \\  Mj.  et  Lg.  —  Cire  de  cor- 
donnier, —  poix.  Syn.  de  Gemme. 

Ciré  (Mj.,  Fu.),  part.  pas.  —  Couvert  d'une 
boue  rendue  luisante  par  le  frottement.  Se 
dit  du  bas  d'un  pantalon.  ||  Elimé,  luisant 
d'usure,  en  parlant  d'un  vêtement.  ||  S.  m. 
LTn  ciré.  Vêtement  en  toile  cirée  des  pêcheurs 
et  des  marins. 

Cirer  (Fu.),  v.  a.  —  On  lui  a  ciré  ses  bottes 
cette  nuit  :  —  on  lui  a  donné  l'extrême- 
onction.  (Li.,  Br.) 

Cirounette  (Lg.),  s.  f.  — ■  Cuscute  du  trèfle 
ou  de  la  luzerne.  Ex.  :  La  cirounette  veint 
par  tapins.  Syn.  de  Teigne,  Fil  d'alouette. 

N.  —  La  cuscute  du  lin  s'appelle  Filouse. 

Ciroux  (Lg.),  adj.  q.  —  Sale,  graisseux. 
Dér.  du  f.  Cireux. 

Cirurgien  Cirugien  (Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Chirurgien.  On  dit  aussi  :  Çurigien. 

Cisâgner  (Fu.),  v.  a.  —  Essayer  de  couper 
avec  des  outils  mal  aiguisés  ;  couper  malpro- 
prement. Doubl.  du  fr.  Cisailler.  C.  Tirâgner 
Syn.  de  Sigâiller,  Zigâiller,  Cignailler. 

Ciseau  (Mj.),  s.  m.  —  Herbe  qui  pousse  en 
touffes  épaisses  le  long  des  berges  de  la  Loire 
et  dont  les  feuilles  longues,  étroites  et  solides, 
servent  à  faire  des  liens  pour  attacher  le 
chanvre.  Syn.  de  Pointe  d'épée.  Laiche, 
carex  arenaria,  probablement  :  laiche  des 
sables.  —  Carex  paludosa.  (Bat.) 

Et.  —  Ces  feuilles,  finement  dentelées  sur  leurs 
bords,  coupent  la  peau  avec  la  plus  grande  faci- 
lité. 

Citarne  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Citerne. 

Citoyen  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Individu.  Syn. 
de  Indien,  Client,  Chrétien.  Voir  ce  dernier. 

Citre  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  Bv.),  s.  m.  —  Pour 
Cidre. 

Et.  —  Du  lat,  Cicera  :  grec  cikera,  venant  d'un 
mot  hébreu  :  boisson  enivrante.  Hist.  : 
«  De  nous  se  rit  le  François, 
Mais  vrayement,  quoi  qu'il  en  die, 
Le  sildre  de  Normandie, 
Vault  bien  son  vin  quelquefois.   » 

Basselix.  Vau  de  Vire. 

Citrée  (Fu),  s.  f.  —  Pluie  abondante.  V. 
Sitrer. 

Citrer  (Mj.),  v.  —  Sitrer.  Masser  et  durcir 
la  terre  à  la  surface,  comme  fait  une  forte 
pluie  suivie  d'une  sécheresse. 

Citrolle  (Lg.,  Cho.,  Fu.),  s.  f.  —  Citrouille 
Syn.  de  Citron,  Palourde. 

Et.  —  «  Du  lat.  cltrus,  citron,  à  cause  de  sa 
couleur,  qui  est  jaune.  •  Histor.  —  «  Le  citre  est- 
une  autre  espèce  de  citrouille  qu'on  esleve,  prin- 
cipalement pour  la  graine,  servant  en  médecine.  » 
(O.  DE  Serres.  —  Litt.) 


CITRON  -  CLAITÉE 


207 


Citron,  s.  m.  (Te.)-  —  Citrouille.  Syn.  de 
Citrolle,  Palourde.  ]|  Fu.  —  La  tête,  le  cibou- 
lot,  la  trogne. 

Cive-à-la-grolle  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Plante 
bulbeu.se  nuisible,  très  commune  dans  les  blés, 
et  dont  l'odeur  rappelle  celle  de  l'ail.  V. 
Aillettr.  Liliacée.  Syn.  de  Ail-à-la-pie.  \\  Fu.  — 
Donne  du  goût  au  beurre  quand  les  vaches 
en  mangent  la  tige.  —  Allium  vineale.  (Bat.) 

Et.  —  Lat.  Cseva,  oignon.  —  Notre  civet  de 
lapin    en    vient.    Proprement    :    plat    à    l'oignon, 
cœpatum  :  ce  mot,  part.  pas.  a  donné  :  civé,  com. 
amatum  a  donné  :  aimé.  —  Hist.  : 
«  D'aulx  et  civots  qui  causent  fort  aleine. 
N'en   mangeassent   bise   crouste   frottée.    » 

Villon.    Contredits   de   Franc-Gontier.    (Litt.) 
—    «    Fortes    sausses,    oingnons    ne    aulx, 
Civés  aguz,  poivre  ne  graigne 
Ne  usez,  car  trop  font  mal  et  paivre. 

(D.  C.   Note  de  I'Ed.) 

Civelle  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Frai 
d'anguilles.  Les  civellts  remontent  la  Loire  au 
printemps  et  forment  le  long  des  rives  un 
cordon  qui  a  souvent  plus  d'un  kilomètre  de 
longueur.  —  Le  lamproyon.  (Litt.,  Suppl.) 
Bret.  :  Silien,  anguille.  ||  Sal.  —  Se  dit  des 
personnes  minces. 

Civier,  (Mj.)  s.  m.  —  Plate-bande  de  cives. 
Ex.  :  En  février,  bonhomme,  fais  ton  civier. 
Prov. 

Civière  (Lue),  s.  f.  —  Brouette.  V.  Cévière. 

Et.  —  Du  BL.  cœno-vehum,  de  :  cœnum,  boue, 
et  vehere,  porter.  Elle  servait  ordinairement  à 
porter  le  fumier.  (Litt.)  —  «  Lat.  pop.  cibaria, 
de  cibum,  nourriture,  proprement  :  véhicule 
pour  porter  les  provisions.  (Darm.)  «  Brancard 
pour  porter  ou  rouler  des  fardeaux.  C'est  notre 
civière,  et  aussi  une  brouette.  On  trouve  :  Civière 
rouleresse,  ou  à  bras,  dans  le  «  Moyen  de  parvenir.  » 
(L.  C.)  —  c(  D.  C.  Tragula,  Cœnovehum,  Ceno- 
vexia,  Cenovectarium.  —  Hist.  :  «  Un  laquais 
qui  rouUe  une  civière  et  une  malle  verte  dessus,  n 
(D'AuBiGNÉ.  —  L.  C.-N.  E.) 

Clâ  (Z.  142.  Mj.),  s.  f.  —  Claie,  .sorte  de 
barrière  grossière,  semblable  à  une  échelle, 
qui  ferme  l'entrée  d'un  champ.  Ne  pas 
confondre  avec  l'échalier,  qui  est  fixe,  tandis 
que  la  clâ  est  mobile  et  s'ouvre  comme  une 
porte.  Une  clâ  soignée  roule  .sur  un  pivot  et 
est  équilibrée  par  un  contre-poids  ;  les  plus 
communes  sont  retenues  par  des  harts  d'osier 
ou  de  chêne  à  un  poteau  autour  du((uel  elles 
tournent.  !î  On  dit  :  Ferme  la  clâ.  \\  Plateau  de 
vannerie  sur  lequel  on  fait  sécher  les  fruits  et 
surtout  des  pruneaux.  —  V.  Bourgne. 

Et  Corr.  de  Cloie.  Cf.  Prà,  Va.  —  Dér.  du  B.  L- 
Clida,  clia,  dans  les  Lois  des  Barbares  et  dans  de 
vx  Gloss.  ;  du  celtiq.  ;  anc.  irl.,  cliath  ;  kymri, 
clwyd  ;  cornouaill.,  cluit  ;  bas-bret.,  cloued 
(Litt.) 

N.  —  By.  Clâ,  pour  Claie.  Prononciation  nor- 
male qui  se  rencontre  partout  comme  finale.  Une 
saulâ,  une  saulaie  ;  les  Frein-«âs  les  Frênaies. 
V.  Clon.  11  Fu.  On  mouille  Cl.  On  dit  aussi,  et  plus 
souvent,  claie,  toujours  Cl  mouillés. 

Clabard  '  (Sp.),  Clabat  (Ag.),  s.  m.  —S'em- 
ploie dans  l'express.  ;  Sonner  le  clabard,  — 


sonner  le  fêlé,  en  parlant  des  sabots.  V.  Tra- 
quenard. 

Et.  —  Comparez  le  wallon,  clabot,  clochette 
pendue  au  cou  des  animaux  ;  du  germ.  :  hoU. 
Klappen  ;  ail.  Klœffen,  bavarder.  Cf.  Glapir, 
Clabauder. 

Clabard  ^  (pron.  Quiabard)  (Mj.),  adj.  quai. 
—  Se  dit  du  lait  écrémé  et  à  demi  tourné. 

Claboter  (Mj.),  v.  n.  —  Clapoter.  ||  Gar- 
gouiller. Syn.  et  d.  de  Liagosser. 

Et.  —  AU.  Klappen,  faire  du  bruit.  Cf.  Clapet, 
du  bruit  que  cette  soupape  fait  en  s'ouvrant  et  en 
se  fermant.  V.  Clagoter. 

Clâbot  (Fu).  —  Toupie.  On  réserve  le  nom 
de  toupie  pour  le  grand  clâbot  à  longue 
queue,  qui  est  toupie  de  luxe.  V.  Echabot. 

Clagoter  (Sp.),  v.  n.  —  Clapoter.  ||  Faire 
des  glouglous.  —  V.  Claboter.  Cf.  Flaboter, 
Flagoter.  (Jaub.) 

Claietée  (Fu.  ),  s.  f.  —  Contenu  d'une  claie. 
«  Une  claietée  de  prunes,  de  poires,  de 
pommes.  »  V.  Claitée,  Clâtée. 

Claie-volr.  —  Mauvaise  prononciation  de 
Claire-voie.  Ouvertures  de  murs  fermées  seu- 
lement de  barreaux  —  ressemblant  à  des 
claies  —  de  sorte  qu'elles  laissent  la  liberté  de 
jouir  de  la  vue.'  Cf.  Clar-voir. 

Clainer  (Segr.),  v.  n.  —  Se  dit  par  ironie, 
quand  on  prend  une  route  opposée  à  celle 
qu'on  doit  suivre.  (Mén.) 

Et.  —  «  Clain,  biseau  que  le  tonnelier  forme  sur 
l'épaisseur  de  chaque  douve.  Pour  clin,  sans  doute, 
de  cliner,  inus,  mais  qu'on  retrouve  dans  :  incliner, 
décliner. 

Clair-bassin,  s.  m.  —  Renoncule  acre  et  la 
plupart  des  autres  espèces  du  genre.  Surtout 
la  ficaire  renoncule.  —  Petite  Eclaire.  (Bat.) 

Claircer  (quiercé)  (Sp.,  Tlm.).  —  Sarcler; 
éclaircir  un  semis.  —  On  prononce  aussi 
Quiarcer  (Fu). 

Et.  —  «  Si  ce  mot  est  mis  pour  sarcler,  l'étymol. 
est  sarculare  (sarculum,  ratissoire,  houe  à  deux 
dents,  sarcloir).  Mais  il  peut  bien  être  pour  : 
éclaircir  et  alors  c'est  un  dérivé  irrég.  de  clair,  et 
le  2®  c.  paraît  dû  à  l'influence  de  :  éclaircir. 

Ctairin  (qqf.  Quièrin)  (Lg.,  Sp.).  —  Son- 
naille ;  sorte  de  sonnette  aplatie  dont  on 
garnit  le  collier  des  chevaux.  ||  Lg.  —  S.  m. 
Jacinthe  sauvage,  à  fieurs  bleues.  Syn.  de 
Clefs  de  Paradis.  Le  même  que  ci-dessus,  pris 
au  sens  fig. 

Et.  —  Du  fr.  clair,  .à  cause  du  timbre  clair  et 
argenté  de  ces  sonnettes.  —  Cf.  Clairon.  —  Hist. 
«  Landis  li  connestables. . .  au  col  de  son  cheval 
pendi  un  clarain,  autel  com  l'on  atache  au  coulx  de 
ces  bestes,  qui  vont  en  pastures  ein  bocages.  » 
(D.  C.  V.  Clarasius.) 

Clairté  (Mj.,  Lg.),  Claireté,  s.  f.  — 
Clarté.  Il  De  clairté  de  jour,  —  pendant  qu'i 
fait  jour. 

Et.  —  Du  fr.  Clair.  —  Hist.  <t  C'est  belle  chose 
voir  la  clairté  du  soleil.  »  (Rab.,  m.  Prol.) 

Claitée,  Clâtée  (Mj.),  s.  f.  —  Ce  qui  peut 


208 


CLAMPIX  —  CLAVETTE 


*enir  sur  une   claie.    Ex.   :    Eine   claitée   de 
preunes.  Cf.  Haitée.  V.  Clâ.  V.  Claietée. 

Clampin  (Mj.),  s.  m.  —  Gamin,  galopin, 
marmouset.  Syn.  de  Moutard,  Gosse,  Mar- 
deux. 

Et.  —  Terme  militaire.  Soldat  retardataire, 
traînard,  écloppé  ;  fainéant  ;  boiteux.  (Litt.) 

Clan  (Sa.,  Segr.),  s.  m.  —  Petite  barrière, 
petite  porte  légère  qui  ferme  une  cour.  Syn. 
de  Lucet.  \\  Lue.  —  Porte  à  claire-voie. 

Et.  —  Pour  Clon,  contract.  de  Cloyon,  dimin. 
de  Cloie  ou  Clâ.  —  Hist.  «  Bonjour,  mes  enfants  ! 
dit  le  bonhomme,  en  poussant  le  clan  de  sa  vigne.  » 
(R.  Bazin.  La  Sarcelle  bleue,  231.) 

Claque  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Au  plur.  Sabots 
plats.  Il  Sabots  formés  d'une  semelle 
en  bois  et  d'une  empeigne  de  cuir.  Ces  sabots 
sont  appelés,  à  Sp.,  sabots  russes  et,  au  Lg., 
Talonnettes.  \\  Fig.  Prendre  ses  cliques  et  ses 
claques  ;  —  prendre  ses  jambes  à  son  cou, 
s'enfuir,  détaler,  décamper.  —  Il  y  avait  un 
V.  cliquer,  faire  du  bruit. 

Claquer  (Mj.,  Ti.,  Zig.  146,  Lg.,  Fu.,  By.) 
V.  n.  —  Fig.  Crever,  mourir. 

Et.  —  Par  ext.  du  sens  de  claquer,  faire  entendre 
un  bruit  sec  d'un  sac  qui  crève.  —  Syn.  de  Quercir, 
Terbélir,  Car  pailler. 

Clar,  Claire  (Mj.,  Fu.,  By.),  adj.  q.  —  Bril- 
lant, bien  ciré,  bien  astiqué.  Ex.  :  Ses  meubles 
ne  sont  guère  clairs.  \\  Propre,  bien  blanc,  en 
parlant  du  linge.  ||  Clair.  —  Il  ne  fait  pas  clar 
de  soir.  I|  Clarté.  —  I  fait  ein  beau  clar  de 
leune.  ||  Voir  clar,  —  avoir  la  vue  bonne,  per- 
çante, —  au  propre  et  au  fig.  |i  Entendre 
clar,  —  avoir  l'ouïe  fine.  ||  Entendre  clar,  — 
prêter  volontiers  l'oreille  à  une  proposition 
avantageuse.  ||  Claire,  —  à  demi  usée,  en 
parlant  d'une  toile. 

Claraud  (Mj.),  adj.  q.  —  Un  peu  clair,  un 
peu  liquide  :  clairsemé,  en  parlant  d'une 
emblavure,  d'un  semis.  Ex.  :  Son  lin  est  ein 
petit  claraud.  —  Cf.  Vardaud. 

tlarce  (quiarce)  (Tlm.,  Fu),  s.  f.  —  Cercle 
surtout  de  barrique. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Cercle,  défiguré  par  une 
curieuse  métathèse  des  articulations.  On  n'en 
doutera  pas,  si  l'on  remarque  que  le  fr.  Sarcler  est 
devenu  dans  notre  patois  Clarcer,  ou  vice-versa, 
ou  Quiarcer.  Cf.  Gabier,  Paumoyer,  Maupoyer,  etc. 

Clarcer  et  C/arcer  (quiarcer)  (Mj.,  Tlm.) 
V.  a.  —  Eclaircir  un  plant  trop  dru.  ||  Sarcler. 

Et.  —  Il  se  pourrait  que  notre  mot  patois  fût 
un  dérivé  du  lat.  Clarus,  un  doubl.  de  Claircir,  ou 
Eclaircir.  et  le  fr.  Sarcler  en  serait  alorsunecorrupt. 
par  métathèse.  Clarcer,  ou  Claircer,  c'est  propre- 
ment eclaircir  un  semis,  une  plantation. 

Clarin,  s.  m.  —  V.  Clairin. 
Clar-de-leune  (Jum.).  —  Clair  de  lune.  — 
A  By.  :  tenue. 

Clarté  (Mj.),  s.  f.  —  On  dit  aussi  Clairté. 
De  clarté  de  jour  ;  de  vue  et  de  jour,  —  pen- 
dant qu'il  fait  encore  jour. 

Clar-voir  (Mj.),  s.  m.  —  Grillage  de  clô- 


ture, sur  un  mur.  Corr.  pour  Claire-voie.  Cf. 
Claies-voir. 

C/âs  1  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Glas.  Syn.  de 
Trépassement.  Doubl.  du  mot  fr. 

Et.  —  fi  Classicum,  sonnerie  de  trompette, 
devenu  classium,  d'où  :  clais,  glais,  sonnerie  de 
toutes  les  cloches  d'une  église,  puis  tintement  lent 
d'une  colche  pour  annoncer  l'agonie  ou  la  mort 
de  qqn.  (Darm.)  —  2°  «  Classicum  aurait  donné 
Cloche,  comme  persicum,  pêche.  Clas,  glas  n'est 
probablement  qu'une  onomat.  qu'on  retrouve  dans 
le  celtique,  glas,  son,  plainte,  et  jusque  dans  le 
sanscrit  klas,  retentir. 

Clâs  ^  s.  m.  —  Branche  de  chêne  morte 
détachée.  (Mén.)  —  P.-ê.  parce  qu'on  en  fait 
des  claies,  clâs. 

Classe  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Faire  ses  classes,  — 
faire  des  études  secondaires.  \\  Homme  de  la 
même  conscription.  Ex.  :  Tiens,  te  velà,  la 
classe  f  Syn.  de  Conscrit. 

C^âtée,  C/aitée  (Mj.),  s.  f.  —  La  quantité  de 
prunes,  de  poires  qui  peut  tenir  sur  une  clâ, 
ou  claie.  V.  Clâ. 

Clâton',(Mj.),  s.  m.  —  Petite  claie  d'osier 
servant  à  faire  sécher  les  fruits.  —  V.  Clâ. 
Cf.  Kâtée. 

Clau.  —  Petite  porte  basse  à  claire-voie. 
(\  .  Cleau,  Clan.) 

Et. —  P.  ê  de  Clos,  clôture  ;  à  moins  que  ce  ne 
soit  une  corr.  de  Claie,  clâ.  —  (Le  lat.  flagellum 
a  fait  fléau,  et,  par  le  changement  de  fl.  en  cl. 
qui  est  fréquent  dans  l'ouest,  clau.  Ne  pas  confondre 
les  deux  mots.) 

Clavelcux  (Bi.),  adj.  q.  —  Linge  claveloux 
linge  sale.  Cf.  le  fr.  Clavelée. 

Claver  (Mj.),  C/aver  (quiaver)  (Lg.).  v.  a.  — 
Saisir,  pincer,  au  fig.  Syn.  de  Piger,  Arque- 
pincer.  \\  Lue,  Sal.  —  Fermer  à  clef.  Déclaver, 
ouvrir.  La  porte  est  déclavée.  ||  Lg.  —  Plan- 
ter des  clous  dans  le  groin  d'un  porc  pour 
l'empêcher  de  fouger.  Syn.  de  Clouter, 
C huilier,  Fofmâiller. 

Et.  —  Le  même  que  le  :  claver  de  Mj.,  avec  un 
sens  un  peu  diiïérent.  —  Le  sens  primitif  est  : 
Mettre  sous  clef  ;  du  lat.  Clavis.  —  En  terme  de 
marine,  être  clai-é,  c'est  être  serré  dans  une  ban- 
quise ;  se  dit  parmi  les  marins  de  Terre-Neuve 
—  Claver  est  un  vx  v.  français. 

Clavereau,     C/avereau     (quiaverâ)      (Lg.), 

s.  m. Clou  que  l'on  fixe  dans  le  groin  du 

porc  pour  l'empêcher  de  fouger.  ||  Mj.  — 
Vrille  à  cuiller  ;  sorte  de  perçage.  —  Pour 
Cavereau"?  de  caver,  percer?  ||  Fu.  —  Pro- 
nonc.  C/averéou.  Perçage,  tarière. 

Claveret  (quiaveret)  (Rg.),  s.  m.  —  Gros 
hameçon. 

Et.  —  Dér.  de  Claver,  ou  du  latin  Clavus.  Syn. 
de  Haim.  V.  Citation  à  ce  mot.  —  Dans  le  Péri- 
gord,  un  hameçon  est  un  clou. 

Clavette  (Mj.),  s.  f.  —  Espèce  d'oie  sau- 
vage, plus  petite  que  l'oie  ordinaire  et  qui 
émigré  plus  tard  qu'elle  vers  le  sud,  en 
décembre  seulement.  Ce  doit  être  l'oie  rieuse, 
anas  albifrons. 


GLAVIOT   —  CLOCHE 


20^ 


Claviot,,  s.  m.  (Craon).  —  Genre  de  crachat 
épais.  Cf.  Caraillas,  Biritte,  Morvias. 

Clavure,  s.  f.  —  Fermeture. 

Hist.  —  «  ...  Car  en  faisant  le  signe  de  croix 
sur  Ihuj'S  de  la  chartre  (prison),  les  serrures  et 
clavnures  de  la  porte,  et  les  fers  dont  les  prisonniers 
estoient  enchesnés  rompirent  en  pièces.  (Saint- 
Lezin.  —  J.  de  Bourdignk.  Chroniq.  31  -)  — 
«  Clefs  desquelles  il  ouvroit  à  trente  et  deux  cla- 
veures,  et  quatorze  cathenatz,  une  fenestre  de  fer 
bien  barrée  (Rab.,  iv,  206).  —  «  Plus  rouillé  que 
ja  claveure  d'un  vieil  charnier.  »  Rab.  V.  Charnier. 

Clayon,  s.  m.  —  Ruche  à  miel  en  paille, 
sans  être  enduite  de  terre  glaise,  ou  panier  à 
mouches.  (Mén.) 

€layot'  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  «  Ouv'er'  donc 
le  clayette  »,  —  le  portail  du  jardin.  — 
Dimin.  de  Claie,  Cloie,  Clâ. 

Cleau  (clo  ou  quio)  (Sp.),  s.  m.  —  Fléau, 
instrument  qui  sert  à  battre  le  blé.  V.  Clau. 
Cf.  Cleumer,  pour  Fleumer.  ||  Fu.  —  J'avons 
battu  ou  cleaux. 

Clef  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Avoir  la  clef  du  four, 
ou  de  la  marmite,  —  avoir  une  tache  de  char- 
bon ou  de  suie  au  visage. 

Clef- de-paradis  (Mj.,  By.,  Fu.,  Sal.,  Mm., 
Sal.),  s.  f.  —  Jacinthe  sauvage.  Syn.  de 
Clairin.  Bat.  Scilla  nutans. 

Et.  —  A  cause  de  la  forme  et  de  la  couleur  bleu- 
céleste  de  cette  fleur. 

Cléiau  (Bg.),  s.  m.  —  Un  loquet  (clef).  || 
Une  petite  barrière  mobile.  (Claie).  V.  Clan. 

CIéient,Client,s.m.  (Bl.Mj.,  Lg.). — Quidam, 
paroissien,  individu  ;  terme  de  mépris  pour 
caractériser  un  homme  qui  a  mauvaise  mine 
et  qui  n'est  pas  estimé.  —  Ex.  :  J'avais 
jamais  vu  ceté  clienl-VA. 

Et.  Client  et  mauvais  client.  A  Rome,  plébéien 
qui  était  sous  le  patronage  d'un  patricien. 

Clenche  (Sa.),  s.  f.  —  Syn.  de  Fargeol  ou 
Chabut. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.  pris  dans  un  sens  spécial. 
—  Déclencher.  —  «  Emprunté  et  dér.  de  l'ail, 
klinke,  proprement  :  ce  qui  fait  du  bruit,  de  Kbngen 
sonner  (cf.  Clinquant).  Pièce  du  loquet  d'une 
porte  qu'on  lève  ou  qu'on  abaisse  sur  le  mentonnet 
pour  ouvrir  ou  fermer. 

«  On  ne  puet  entrer  es  osteus. 

«  Sans   buscier  le   clenque.    » 

RUTEBEUF,  XnP  s. 

Clerc,  s.  m.  —  Contremaître  dans  les 
ardoisières.  Clerc  d'à-bas,  dans  les  travaux 
de  mine.  ||  Mj.  —  Clerc  de  maçon,  manœuvre. 
Ironique. 

Et.  —  Primitivement  :  clerc,  par  opposition  à 
laïque,  puis  de  nombreuses  extensions. 

Cleumer  (cleumé  ou  quieumé)  (Sp.),  v.  n.  — 
Flamber.  Syn.  et  d.  de  Fleumer,  que  je 
retrouve  au  Lg.,  —  ainsi  que  du  Mj.,  Clômer. 

Et.  —  Pour  Fleumer  ou  Flammer.  Ce  dernier 
mot,  employé  dans  le  Haut-Poitou,  est  un  dérivé 
direct,  du  lat.  Flammaro,  Flamma,  et  \\x\  doubl. 
du  fr.  Flamber.  Quant  au  changement  de  l'articu- 
lation 11  en  cl,  on  peut  comparer  avec  Cleau,  Riclel. 


C/euter  (Kieuter),  v.  n.  (Lg.),  —  Cligner 
clignoter.  On  dit  :  Gleuter  des  yeux.  Syn.  de 
Ber  ciller. 

Client  (^Ij.),  s.  m.  —  V.  Cléient.  —  Syn.  de 
Citoyen,  Indien,  Chrétien.  V.  ce  dernier. 

Clifoire,  s.  f.  —  «  On  appelle  ainsi,  à  Angers  et 
à  Bourges,  ce  que  l'on  appelle  à  Paris  une  calon- 
nière,  et  en  Normandie  une  saquebute,  qui  est  ce 
petit  canon  de  sureau  avec  lequel  les  petits 
enfants  et  les  badins  jettent  de  l'eau  au  nés  des 
passants.  D'oculi  ferla,  pour  lequel  on  a  dit  ocli- 
feria  ;  qui  se  trouve  dans  l'épître  33  de  Sknèque... 
Les  Manceaux  l'appellent  :  cannepétoire  (Ménage). 
On  reconnaît  bien  là  les  étymolog.  fantaisistes  de 
notre  compatriote  :  ocubferius  veut  dire  :  qui 
frappe  les  regards,  étalé  pour  la  montre.  —  V. 
Chiquoire,  clisoire. 

Clin,  S.  m.  —  V.  Clain. 

Clincailler,  ou  Trincailler  (Ec),  v.  n.  — 
Faire  un  bruit  de. 

Clincaillerie,  s.  m.  —  Quincaillerie. 

Et.  —  Ail.  klinken,  klingen,  sonner,  tinter, 
rendre  un  son  métallique.  Clincaille,  ustensiles  de 
ménage  en  métal,  altéré  en  quincaille. 

Cliques  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Claques,  Grippe. 

Clir  °  (Mj.),  V.  a.  —  Cueillir,  récolter.  Ex.  : 
Les  parrains  sont  à  clir  du  lin.  L'imparL  de 
l'indic.  est  :  Je  disais.  —  Contract.  du  v. 
Cueillir.  ]|  Clir  du  lin,  l'arracher  (Chpt.,  Fu.) 

Clisoire,  Clissoire.  Petite  seringue  en  sureau 
ou  en  roseau  avec  laquelle  les  enfants  font 
jaillir  de  l'eau.  Cf.  Chiquoire  et  Clifoire. 

Et.  —  Faut-il  rapprocher  ce  mot  de  :  clyso- 
pompe  ?  Clysoir,  du  grec  kludzeïn,  laver.  —  Dans 
Jaubert  :  Clichouere,  rigole  par  où  l'eau  s'écoule- 
évier. 

Hist.  —  «  ...  Il  puissent. ..  faire  GZic/ioueres 
(infra,  clichouere)  une  ou  plusieurs  se  il  leur 
plait,  pour  essyauer  par  un  fossé  où  l'yaue 
s'en  va  derrière  ledit  torgoir.  »  (1308.)  —  «  En 
bourguignon  :  Chiccle,  du  bruit  qu'elles  font 
lorsque  cette  liqueur  est  poussée.  De  là  l'infin. 
chicclai,  pour  :  faire  jaillir,  et  le  nom  Chicclo, 
pour  jet.  (B.  DE  LA  Monnoye.)  —  Cf.  Jicler. 

Clisse  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  d'armoire  basse, 
de  basset,  dans  laquelle  on  sen-e  le  lait.  ||  Ec. 
Claie.  Cl.  mouillés. 

Et.  —  Il  est  probable  qu'autrefois  les  clisses 
étaient  faites  d'osier  tressé.  —  Eclisse  î 

Clo,  s.  m.  —  Fléau.  V.  Clau.  ||  Fu.  — 
J'allons  battre  au  clô. 

Et.  —  V.  Clau.  M.  MÉN.  le  tire  de  Claudicare, 

clocher. 

Clocane  (Sp.),  s.  f.  —  Tulipe  sauvage, 
commune  dans  les  prés  humides.  Syn.  et  d.  de 
Gogane.  \\  Digitale  pourprée.  Bat.  Fritillaria 
meleagris. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Cloca,  parce  que  ces  deux 
plantes  ont  des  fleurs  en  forme  de  cloches. 

Cloche  (Mj.),  s,  f.  —  Fig.  —  Bulle  qui  se 
forme  à  la  surface  d'un  liquide.  |i  Mj.  —  Au 
plur.  Filets  de  morve  qui,  chez  les  enfants 
malpropres,  découlent  du  nez  sur  les  lèvres. 
Expression  pittoresque  :  Ces  filets  rappellent 

14 


210 


CLOCHETTE  —  CLOUETTER 


les  cordes  des  cloches  qui  pendent  du  clo- 
cher. Syn.  de  Gnâ,  Chandelle.  \\  Au  plur. 
Ancolie.  Se  dit  à  Saint-Augustin  et  à  Beau- 
préau.  Il  Lg.  —  Sabot  de  frein. 

Clochette  (Lg-)>  s.  f.  —  Jacinthe  sauvage. 
—  Syn.  de  Clairin,  Clefs  de  paradis.  — -  Scilla 
nutans.  Bat. 

Cloie  (Sp.),  pron.  cloie  ou  quioie,  s.  f.  — 
Claie.  V.  Clâ.  —  Rac.  du  fr.  Cloyère. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Clauderé,  fr.  Clore.  La  cloie, 
pu  clâ  est  proprement  une  fermeture,  une  clôture. 
Le  squelette  de  la  claie  ou  clâ  en  vannerie  repré- 
sente exactement  une  cloie  ou  clâ  de  champ. 

Cloison,  s.  f.  —  Taxe  payée  par  les  mar- 
chands qui  fréquentaient  la  Loire,  imposés 
sous  Louis  XII,  pour  faire  les  cloisons  ou  fer- 
metures.|(Mén.,  qui  ne  cite  pas  la  source.) 

Hist.  —  Droit  de  cloison.  «  Les  droits  et  privi- 
lèges qui  leur  furent  attribués,  furent...  l'impo- 
sition et  la  perception  du  droit  de  cloison...  » 
(Anj.  Hist.,  6<=  an.,  n°  6.  —  Abbé  Rangeard.) 

Clômée  (Mj.),  s.  f.  —  Flambée.  Syn.  de 
Baulée,  Rigaillée.  —  N.  Souvent  on  mouille  l'I. 
Il  Fu.  —  L'o  est  bref. 

Clômer  (Mj.),  v.  n.  —  Flamber.  A  beaucoup 
vieilli.  Le  même  que  Cleumer  et  Fleumer.  — 
N.  Souvent  on  mouille  l'I.  —  Fu.  —  Ça 
clome,  —  o  bref. 

Clon  (Auv.),  Clan  (Sa.),  s.  m.  —  Porte  à 
claire-voie.  Syn.  de  Cloie. 

Ëc.  —  Petite  porte  mobile,  à  loquet,  en 
dehors  de  la  porte  d'entrée  d'une  maison.  — 
Qqf.,  petite  porte  mobile  à  claire-voie  pour 
fermer  un  passage  près  d'une  maison.  —  V. 
Lucet,  Clan. 

Et.  —  Contract.  de  Cloyon,  inus.,  dimin.  de 
Cloie.  Cf.  Pion. 

Clônereau  (Co.),  s.  m.  —  Champignon  non 
encore  développé  dont  le  chapeau  est  ra- 
massé en  boule.  Syn.  de  Bonhomme.  (Tlm.) 

Clopette  (Tlm.),  s.  f.  —  Sorte  de  chaussure 
ou  guêtre  en  cuir,  syn.  de  Chahiron.  Ce  der- 
nier est  de  beaucoup  le  plus  usité.  N.  On  pro- 
nonce Gtopette. 

Et.  —  Du  fr.  Cloper.  C'est  que  les  porteurs  de 
ces  chaussures  rustiques  ne  sauraient  être  des  plus 
ingambes  et  ne  pourraient,  sans  qq.  désavantage, 
figurer  au  bal  de  l'Opéra,  avec  l'illustre  Chicard.  — 
B  L.  Cloppus,  boiteux  ;  vx  fr.  cloper,  d'où  :  clopin- 
clopant. 

Clos- cul,  s.  m.  —  Le  dernier  né,  éclos. 

N.  —  «  Nos  paysans  d'Anjou  appellent  Closcu 
le  poulet  qui  est  le  dernier  éclos  de  la  couvée, 
l'œuf  dont  il  est  éclos  fermant  le  eu  de  la  poule. 

. . .  Nos  anciens  disaient  Quloqul.  —  Du 
TiLLET,  au  chapitre  de  Philippe  de  Valois  :  «  La 
quatriesme,  M"«  Blanche  de  France,  religieuse  à 
Lonchamp,  y  mourut  le  26  avril  1358.  Est  écrit  sur 
son  tombeau  «  qu'elle  était  fdle  Quloqul  desdits 
Roi  et  Reine  ;  parce  qu'après  elle  ils  n'eurent 
enfants.  On  a  dit  aussi  Closcuau.  Belon,  livre  I  de 
son  Histoire  des  Oiseaux,  chap.  17  :  «  Encore  dure 
une  opinion  entre  les  paisants  de  nostre  temps, 
conforme  à  celle  du  temps  d'Aristote,  que  les 
oyseaux  qui  font  beaucoup   de  petits,  ne  nour- 


rissent le  dernier  esclos.  Et  de  nom  français,  l'ont 
voulu  appeler  le  Closcuau.  —  Au  Maine  on  dit  : 
Eclocu,  pour  Closcu.  Syn-  de  Rinot,  Caillaud, 
Caillereau.  Cf.  Crôlc-cuI. 

Closier,  s.  m.  —  Celui  qui  tient  une  clo- 
serie  (français),  un  bordage. 

Et.  —  La  closerie  est  une  petite  exploitation 

rurale  où  il  n'y  a  pas  de  bœufs  de  labour.  De  ; 

clos  ;  B.  L.  Clausaria.  —  On  dit  qqf  Clous,  Clousier_ 

Hist.  —   «  Mais   le   clousier   pour   faire   fin   de 

[compte. 
De  son  parler  il  ne  tint  pas  grant  conte 
Ch.  Boukdigné,  p.  Faifleu,  p.  4l' 

Clot..  —  «  Nous  appelons  ainsi,  dans 
l'Anjou,  un  trou.  »  Dans  le  Languedoc,  clot, 
c'est  une  fosse  pour  ensevelir  un  mort.  De 
crypta,  qui  a  fait  :  grotte. . .,  puis  Clot,  d'où 
le  V.  Clotir,  se  clotir,  c'est  se  cacher.  Se  dit 
des  animaux  qui  se  cachent  dans  leurs 
tanières.  (Ménage.)  j|  Sal.  Fléau  à  battre  le 
blé.  V.  Cleau. 

Clotayer,  v.  n.  —  Fermer,  rendre  clos. 

C/oté  (quioté)  (Mj.),  adj.  q.  —  Rebondi, 
bien  levé,  percé  de  trous  nombreux,  en  par- 
lant du  pain.  On  dit  :  Pain  doté  menu,  pain 
bien  doté.  Le  mot  a  vieilli.  Syn.  de  Mouffu. 
V.  Clot. 

Et.  —  Le  sens  propre  du  mot  doit  être  :  dont  la 
pâte  est  bien  travaillée,  et  j'identifie  ce  mot  avec 
l'angl.  Clotty,  grumeleux,  caillé  (R.  0.)  —  J'y 
retrouve  le  rnot  Clot.  (A.  V.) 

Clotiau,  s.  m.  (Segr.).  —  Petit  enclos,  voi- 
sin de  la  maison,  destiné  au  potager.  Pour  : 
closeau  ;  autrefois  :  cloteau.  (Mén.) 

Hist.  «  Ainsi  la  perrière  du  Petit-Bencornu  allait 
jusqu'à  la  haie  du  petit  cloteau.  »  (1553).  De  Clau- 
deré. (Cité  par  Mén.) 

Clotoyage,  s.  m.  —  Objet  (?)  servant  à, 
enclore  les  terres  des  colons.  (Mén.) 

Clôtoyer  (Lg.,  Pos.),  v.  a.  —  Crépir,  un 
mur.  Syn.  de  Gobeter,  Regobeter.  —  Pour 
Clouetloyer,  fréq.  de  Clouetter. 

N.  —  Ce  n'est  pas  :  enduire,  mais  seulement 
garnir  les  joints  et  les  creux  des  pierres.  —  Hist. 
«  Item,  clôtoyer  et  habiller  la  muraille  de  la  douve 
de  la  grosse  tour.  »  (1523.  Inv.  Arch.  G.  p.  19, 
col.  2.) 

Clou  (Mj.,  etc.),  s.  m.  —  Fig.  —  Mont-de- 
Piété.  Il  Salle  de  police,  prison.  Syn.  de  Ours, 
Boîte,  Hosteau. 

Cloue  (l'I  est  souvent  mouillé),  s.  m.  (Mj.). 
—  Sorte  de  rainette  brunâtre  ou  de  petit  cra- 
paud, qui,  par  les  belles  nuits  d'été,  fait 
entendre  un  chant  ou  gloussement  très  doux, 
qui  lui  a  valu  son  nom.  On  l'appelle  aussi 
Guernouselle,  Graisset.  —  Se  dit  à  Sa.  ||  Sorte 
de  petit  crapaud.  Syn.  de  Crapuchon,  Bâil- 
lon, Bâillard,  Crapiche,  Crapichon,  Boillard. 

Clouer  (Mj.),  v.  a.  —  Clore.  Ex.  :  Ça  te  illi 
joliment  doué  le  bec. 

Et.  —  Doubl.  de  Cloure  et  du  fr.  Clore.  Lat. 
Clauderé. 

Clouetter  (Lg.),  v.  n.  —  Garnir  de  petites 


CLOURE  —  COBLANCES 


211 


pierres  les  interstices  des  gros  moellons  sur  le 
parement  d'un  mur.  —  Dér.  de  Clouer. 

Cloure  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Clore,  fermer.  On 
dit  mieux  Clouer. 

Hist.  —  «  Lesquelz,  pour  osier  tout  doubte  de 
fiction  et  fraulde  occulte  la  faisoient  despouiller 
toute  nue,  et  luy  faisoient  cloure  la  bouche  et  le 
nez.  )>  (Rab.  P.,  IV,  58,  456.)  —  Vx.  fr.  Clouz, 
au  part.  pas. 

Clous  (Mj.,  Fu.,  By.),  part.  pass.  et  s.  m.  — 
Clos.  Ex.  :  Je  n'ai  jamais  clous  l'eil  de  la  nuit. 

—  Ein  beau  clous  de  vigne.  —  V.  Cloure. 

Hist.  —  «  Quand  Penie  sa  régente  se  met  en 
voye,  la  part  qu'elle  va,  tous  parlemens  sont  clous, 
tous  édictz  mutz,  toutes  ordonnances  vaines.  » 
(Rab.,  p.  ,  IV,  57,  456.)  —  «  Colin  de  Menoaie. . . 
baille  à  Saint-Serge...  les  courtils  dou  clous 
du  Fresne.  »  (1302.  —  Inv.  Arch.  H  i,  p.  269,  col.  2) 

—  «  Si,  de  malencontre,  n'estoient  tous  les  trous 
fermés,  clous  et  bouclés.   »  (Rab.,  P.,  ni,  9,  231.) 

—  «  Vente  par  Droet  de  Maacon,  bourgeys  d'An- 
giers...,  d'un  quartier  de  vigne  séant  ou  (au) 
clous  Saint-Aoustin  (1297.  Inv.  Arch.  H,  i,  p.  171, 
col.  2.)  —  «  Guillaume  de  Rezay,  «  de  la  paroisse 
de  Ceaux  »,  vend  «  à  frère  Guillaume,  prior  de 
Ceaux,  2  sols  de  surcens  «  sur  un  quartier  de  vigne 
sis  au  clous  du  Chastelet.  »  (1287.  Id.  S.  H,  158,  1). 

—  «  Le  tout  clous  à  toussez  et  auprès  desqueulx 
foussez  a  de  présent  une  court.  »  (1530.  —  Id.  G, 
9,  2.) 

—   B  Ensi  conme  la  voie  change 

Lez  un  essart  delez  un  clous. 

Ileuc  dut  Renart  estre  enclous. 

Ren.  539.  —  (Essart,  champ 
inculte,  rempli  de  broussailles.  —  Ileuc,  là,  en 
cet  endroit.) 

Clouserie  (Sa.,  By.),  s.  f.  —  Très  petite 
exploitation  rurale,  closerie.  Syn.  de  Bor- 
der ie.,  Biquerie,  Bordage,  Valoir  ie. 

Hist.  «  Marie,  femme  veuve  était  Dame  de  deux 
lieux  (nous  les  appelons  clouseriesj  peu  fertiles 
entre  ses  mains.  »  {Cousu  d'Anj.,  n,  col.  435). 

Clousier  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  fermier  exploi- 
tant une  closerie  ou  clouserie.  Syn.  de  Bor- 
dager,  Bordier. 

Hist.  «  Bergiers,  bouviers,  vachiers,  porchiers 
oizilleurs,  jardiniers,  grangiers,  cloisiers.  »  (Rab., 
P.,  Prognost.  V,  p.  589.) 

Clousser,  v.  n.  —  Pour  Glousser.  Se  dit 
d'une  poule  qui  veut  couver  (Segr.  —  Méx.). 

Et.  L.  pop.,  glociare  (class.  glocire)  devenu 
glocier,  glocer,  écrit  arbitrairement  :  glosser, 
glousser.  Hist.  «  Se  douce,  se  rapiele  trestous  ses 
pouUonchiaus.   »  (xiv».  —  Darm.) 

Clouter  (Mj.,  By.,  etc.),  v.  a.  —  Clouer.  1| 
Clouter  ein  gorin,  —  enfoncer  et  fixer  dans  le 
groin  d'un  porc  des  clous,  pour  l'empêcher 
de  fouger.  V.  Gorin.  Syn.  de  Chuiller,  For- 
mâiller.  —  Doublet  de  clouer. 

N. —  Clouter,  pour  clouer,  cloure,  clous,  pour  Clort 
Clos,  sont  des  mots  mal  prononcés  et  non  pas  dee 
mots  spéciaux,  même  pour  ceux  qui  les  emploiens 
dans  leur  langage  et  qui  cependant  les  écrivent 
correctement.  Il  en  est  de  même  pour  presque 
toutes  les  défectuosités  de  prononciation.  Ex.  :  on 
dit  toujours  :  Les  prées  de  l'Outras,  et  on  écrira  : 
les  prés  de  la  Rouvraie,  et  on  marque  d'un  R  les 
bêtes  qui  doivent  y  paître. 


C'mande  (Ec),  s.  f.  —  Une  commande. 

C'mander  (Fu.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Pour  com- 
mander. —  Dans  la  formule  de  politesse, 
p.  ex.  :  Sans  vous  c'mander,  quel  âge  donc 
que  vous  pouvez  ben  avoir? 

C'mencement  (Lg.,  Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Com- 
mencement. 

Hist.  :  i(  P'r  ma,  v'ià  qu'dé  V quemencement 
dau  combat  y  m'sentchis  (.sentis)  pris  d'ein  maux 
dau  ventre. . .  qu'y  pouvâs  faut  dire  pus  rester  en 
place...  Y  essayas  bé  d'me  r'tenir,  mé  ô  y  avait 
pas  moyen...  ol  était  pus  fort  que  ma!...  Y 
avàs  beau  m'  t'rvirer  à  totes  les  mains  ;  pus  qu'y 
m't'rvirâs,  pus  qu'ô  crêssait.  »  (H.  Bourgeois. 
H""  de  la  Grande  Guerre,  p.  219.) 

C'mencer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Commen- 
cer. Cf.  C'mincer,  Commoincer. 

C'menne  (By.,  Fu.),  s.  f.  —  Commune. — 
On  dit  :  la  C' menue,  pour  :  les  biens  commu- 
naux où  vont  paître  les  bestiaux. 

Et.  —  Lat.  popul.  Communa  ;  class.  Communia. 

C'niincement  (Fu.).  —  Commencement. 

C'mincer  (Fu.).  —  Commencer.  (Zig.  145, 
196.  Br.)  —  Cf.  C'mencer,  Commoincer. 

C'modité  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Commodité,  fl 
Au  plur.,  Waler-closet,  n°  100,  —  Communs. 

Coax.  —  Coac.  V.  Cornille,  pour  corbeau.. 

(MÉN.) 

Cobé?  (Lg.,  Fu.),  adv.  —  Combien?  Syn.  et 
d.  de  Coben.  Cf.  Bé.  V.  Coben. 

Cobêche  (Sa.,  Segr.),  s.  f.  —  Serfouette. 
Syn.  de  Binette,  Binochon,  Piochette,  Piochon, 
Terbéchet,  Trébéchet.  ||  Sal.  —  Meurtrissure. 
V.  Cobiche. 

Et.  —  Du  fr.  Bêche,  et  d'un  préf.  Co,  qui  se 
retrouve  dans  Colimaçon. 

Cobêcher  (Sa.),   v.   a.  —    Biner.   Syn.  de 

Binocher,    Piochonner,    Terbécher.    \\    Sal.    — 
Egratigner,  ôter  de  petits  morceaux. 

Coben  (Mj.,  Fu.),  adv.  —  Combien.  N. 
Il  est  souvent  suivi  de  la  conjonct.  que,  sauf 
quand  il  termine  la  phrase.  Ex.  :  Coben  qu'ils 
seront  de  monde?  —  Je  sais  pas  coben.  —  V. 
Cobé. 

Cobiche  (Mj.),  s.  f.  —  Bosse  produite  par 
un  coup.  Il  Coupure,  entaille.  V.  Coubiche. 
Et.  —  Vx  fr.  Cob,  coup. 

Cobir"  (Mj.),  v.  a.  —  Coffir,  Bossuer.  Syn. 
de  Cabocher,  Cabliner,  Corner. 

Et.  —  Hist.  —  «  Cobbir.  Ecraser,  écacher  :  «  Elle 
luy  cobbit  toute  la  teste,  si  que  la  cervelle  en 
tumba.  »  (Rab.,  iv,  58.)  —  En  Anjou  et  en  Tou- 
raine,  on  dit  d'un  fruit  meurtri  ou  pourri  qu'il  est 
cobbi.  La  Quintixie  dit  :  cotti  et  .Ménage  cite 
coffi.  —  Proprement  :  cçtir  ou  coltir,  —  heurter  de 
la  tête  comme  les  moutons...  De  cobe,  coup, 
petit  coup,  cobeler,  heurter,  frapper  à  petits  coups.  » 
(L.  G.)  —  «  Cette  casserole  est  toute  cobie  ;  —  une 
poÏTe  cobie.  »  (Jaub.). 

Coblances,  s.  L  —  Bandeaux  de  cheveux 
qui  descendent  jusque  sur  les  oreilles  ;  se  di* 


212 


COG  —  COCHER 


sait  à  Angers,  alors  que  les  dômes  portaient 
des  bonnets  en  dentelles.  (Z.  138.) 

Et.  —  On  a  dit,  à  peu  près  dans  le  même  sens  des 
êteinkerque  ;  ce  mot  viendrait-il  d'une  mode  im- 
portée de  Coblentz,  par  l'émigration  ? 

Coc  !  (Mj.),  inte»-.].  —  Toc  !  —  Exp-ime  le 
bruit  d'un  coup  léger,  celui  que  produit  le 
choc  de  deux  corps  durs,  ou  encore  celui 
d'une  enveloppe  dure,  qui  éclate  sous  la 
pression.  —  Onomat. 

Cocâiller  (Sp.),  s.  m.  —  Coquetier,  mar- 
chand d'œufs  et  de  volailles.  V.  Coconier.  || 
Ironiquement.  Homme  efféminé,  se  plaisant 
aux  travaux  de  femmes.  Syn.  de  Manette.  Cf. 
Cocassier.  Ex.  :  Faire  le  cocâiller,  faire  la 
Jeannette.  —  Sal.  Id.  —  Il  déniche  les  œufs 
des  poules. 

Et.  —  Du  fr.  Coq,  ou  du  patois  :  Coco. 

Cocanibine,  s.  f.  — ■  Topinambour  (Li.).  Cf. 
T opine.  {Coc  en  bie,  autre  sens.) 

Cocane.  —  Fritillaire.  Voir  Clochette.  (Mén. 
Bat.  Goganne,  Fritillaria  meleagris. 

Cocaneau  (Pt.),  s.  m.  —  Syn.  de  Gogane, 
Clocane.  —  Fleur  en  forme  de  cloche. 

Et.  —  Pour  Clocaneau,  dimin.  de  Clocane.  On 
voit  que  ce  mot  est  intermédiaire  entre  le  mot  de 
Sp.,  Clocane,  et  le  nom  Mj.,  Gogane.  Il  justifie  la 
dérivât,  que  j'ai  donnée  de  ce  mot. 

Cocarde  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Fig.  Tête  ;  syn. 
de  Baptême.  Ex.  :  Du  petit  sigournet  comme 
ça,  ça  tape  tout  de  même  sus  la  cocarde  !  — 
cela  monte  à  la  tête,  enivre. 

Et.  —  Dit  de  la  crête  du  coq.  Extens.  de  sens. 

Cocasse  ment,  s.  m.  —  Pour  Coassement  ; 
gloussement.  (Mj.) 

Cocasser  (Mj.),  v.  n. —  Caqueter  ;  chanter 
après  avoir  pondu,  en  parlant  des  poules. 
(Luigné.)  Il  Sal.  —  Id.  Se  dit  aussi  de  ceux 
qui  chantent  immédiatement  les  nouvelles. 

Et.  —  Du  mot  coq,  ou  onomat. 

Cocassier  (Lg.,  Mj.),  s.  m.  —  V.  Cocâiller, 
Coconier.  Marchand  d'œufs  et  de  volailles, 
coquetier.  ||  Mj.  —  Fig.  Nigaud,  imbécile.  || 
Grand  cocassier,  —  vétilleur  et  nigaud. 

Et.  —  De  Coco,  pris  au  sens  de  :  œuf  ;  et  au  sens 
de  nigaud,  de  coq,  sot,  vaniteux.  —  Cf.  Cocasse. 

Coc  en  bie,  s.  f.  (Th.).  —  Sorte  de  soupe. 
Mettre  du  pain  chaud  dans  du  vin  ;  manger 
de  la  coc-en-bie.  N.  A  Mj.,  Soupe  à  la  pie.  \\ 
By.  —  La  soupe  à  la  pie  se  fait  avec  du  cidre. 

Coccâtri  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Petits  œufs 
sans  coquille,  que  pondent  parfois  les  poules 
fatiguées  et  que  l'on  regarde,  à  la  campagne, 
comme  des  œufs  de  jau.  |i  Fig.  —  Homme 
efféminé,  sans  énergie.  —  Angl.  Cokatrice, 
basilic. 

Et.  et  Hist.  —  «  Objet  de  superstitions  popu- 
laires et  que  Furetière  dit  une  espèce  de  basilic, 
qui  s'engendre  dans  les  cavernes  et  les  puits.  » 
D.  C.  Cocalrix.  Abréviat.  do  Crocodilus.  (Litt.)  — 
Cela  me  semble  bien  extraordinaire  !  (À.  V.)  — 
«  Cocatris.  —  Tkippault,  au  mot  coquart,  dit  que 


rocatris  signifie  un  basilic,  parce  qu'on  croit  que  le 
basilic  naît  de  l'œuf  d'un  coq.  Il  y  a  une  rue,  à 
Paris,  appelée  la  rue  Cocatris  :  laquelle,  apparem- 
ment, aura  été  appelée  de  la  sorte  parce  qu'il  y 
avait  dans  cette  rue  une  maison  où  pendait  pour 
enseigne  un  basilic.  »  (Ménage.)  —  «  Cocatrix, 
basilic.  En  Poitou,  c'est  un  œuf  gâté  à  la  ponte.  « 
(L.  C.)  —  «  Cocadrille,  reptile  fantastique  et  mal- 
faisant qu'on  suppose  né  d'un  œuf  de  jau.  Sur  la 
route  d'Orléans,  entre  Arpajon  et  Etrechy,  se 
trouve  une  montée  appelée  Cocatrix.  »  —  «  Coqua- 
tris.  Basilic,  animal  aquatique,  amphibie,  dont  on 
peut  voir  l'histoire  naturelle  dans  la  13o<=  réponse  du 
livre  de  Sidrac.  »  «  Je  trouvai  un  œuf  de  serpent, 
duquel  froissé  sortit  un  poulet  basilic  dict  coqua- 
trix.  »  (L.  C.)  —  Cocatrix,  —  basilic,  crocodile  : 
«  Li  cocatrix  est  beste  fiere 
Et  maint  ades  en  la  rivière 
De  ce  fleuve  que  Nil  a  nom.  » 
N.  —  Le  mot  cocadrille,  cité  plus  haut,  se  rap- 
proche de  :  crocodile,  prononcé  qqf.  cocodrille. 

Coccigrole,  s.  f.  ■ —  Fritillaire.  V.  Clochette. 

—  N  «  Il  y  a  une  plante  appelée  Coccigrya,  en 
fr.  Fustet,  dont  la  graine  est  fort  petite  relative 
ment  à  l'arbrisseau.  (  En  note  :  En  Norm.  et  en 
Berry,  c'est  le  nom  de  la  Bugrane  gluante.)  L.  C. 

Coccolêco  !  (Mj.,  Fu.),  interj.  —  Cocorico. 
Onomat.  qui  représente  le  chant  du  coq.  V. 
Tuyau. 

Cochais,  s.  m.  —  Des  pissenlits.  (Chpt.,  Fu.). 

Hist.  —  Cochet  :  «  En  février  et  en  mars,  ils 
vont  aux  viandis,  aux  chatons  des  saules  et 
courdes,  aux  bleds  verdz,  et  dedans  les  prez  au 
cachet  et  aux  boutons  du  mort  bois,  comme  chè- 
vrefeuil,  bouleau  et  leurs  semblables.  »  (Fotjil- 
Loux.  Vén.,  fol.  28.  —  L.  C.)  —  «  Les  feuilles  sont 
dentées  en  forme  de  coches.  —  Bat.  Taraxacum 
dens  leonis. 

Coclié,  ou  Cochet  (Pell.),  s.  m.  —  Blé  mal 
nettoyé,  dont  les  grains  sont  encore  recou- 
verts de  leur  glume.  Syn.  de  Enchapé,  Hotton, 
Quériances,  Bougrain,  Ecréiances.  \\  Coché  de 
noix,  —  amandes  de  noix  épluchées,  pour 
faire  de  l'huile. 

Cochelet,  s.  m.  —  Nom  vulg.  du  melam- 
pyrum.  Aussi  :  sariette,  morelle,  langeole, 
queue  de  renard.  (Mén.) 

Cochelin,  s.  m.  —  Cadeau  que  les  parrains 
et  les  marraines  faisaient  aux  mariés  ;  usten- 
siles de  ménage,  etc.  (Mén.)  Cf.  Chantenau. 

N.  —  Cochet,  conchet.  Présent  en  viande,  vin, 
ou  en  argent  que  donnait  un  nouveau  marié  à  ses 
compagnons.  Probablement,  on  donnait  d'abord 
un  coq.  »  (Jaub.)  —  Explicat.  contraire  à  celle  de 

MÉN. 

Cocher  i  (Sp.),  v.  a.  —  Dréger,  séparer  les    . 
fibres  textiles  des  fragments  ligneux  qui  y 
sont  restés  adhérents  après  le  broyage.   V. 
Bâger,  Paisseler. 

Et.  —  Cocher  et  *  Cocher.  Pour  :  caucher,  du  lat. 
Calcare,  fouler.  La  forme  régulière  (elle  existe  dans 
le  patois,  A.  V.)  serait  chaucher  (1564).  Elle  a  été 
remplacée  par  caucher,  soit  sous  l'influence  de  la 
forme  picarde  :  cauquer,  soit  par  une  sorte  de  dissi- 
milation.  (Cf.  Cauchemar.)  L'orthogr.  par  o  est  due 
à  une  fau.sse  étymol.,  le  mot  ayant  été  pris  pour  un 
dérivé  do  coq.  —  Des  œufs  cochés,  fécondés. 
(Darm.) 


COCHER  —  COCU 


213 


Cocher  -  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a. —  Marquer, 
au  moyen  d'une  coche,  un  pain.  V.  Coché.  \\ 
V.  n.  Compter  pour  qqch.,  être  d'impor- 
tance, au  propre  et  au  figuré.  Ex.  :  Il  a  hérité 
de  dix  mille  francs,  ça  coche.  —  On  dit  aussi  : 
ça  cube.  —  A  rapprocher  de  la  coche  des  bou- 
langers. —  Il  se  croit  queuque  chouse,  mais 
il  ne  coche  pas  auprès  de  M.  Un  tel.  —  Je  ne 
cochons  guère  auprès  de  ceté  monde-là.  — 
Ein  quart  de  vin,  ça  ne  coche  guère.  ||  Il  nous 
a  coché  ein  pain  de  trop.  ||  By.  —  Id.  —  X. 
F.  Lore,  ii.  Coutumes. 

Cochet  ',  s.  m.  (Sa.,  Lue).  —  Le  bon  de  la 
noix  ;  la  noix,  cassée,  débarrassée  de  la 
coquille  et  de  l'entre-deux.  ||  Intérieur  du 
grain  des  céréales.  (Lue.) 

Cochet'  -  (Mj.,  Fu. ),  s.  m.  —  Pissenlit.  || 
Lg.  —  Crépide.  Syn.  de  Bonhomme,  Grim- 
pard,  Grimpor.  —  A  rapprocher  de  Cocu,  à 
cause  de  la  proche  parenté  et  de  la  grande 
ressemblance  de  cette  plante  avec  le  pissen- 
lit 

Et.  —  Les  feuilles  sont  dentelées  comme  par  des 
coches.  V.  Cochais. 

Cochoir  (cochoué)  (Sp.),  s.  m.  —  Instru- 
ment qui  sert  à  dréger.  Syn.  de  Bâget,  Pais- 
seau.  V.  Cocher,  1  et  2. 

Cochonnier,  ère  (Mj.),  adj.  quai.  —  Qui  se 
plaît  dans  la  saleté,  sale,  ordurier.  On  dit 
d'un  mal  élevé  :  Je  sais  pas  qui  illi  a  appris  la 
civilité  cochonnière.  \\  Lg.  —  S.  m.  Tueur  de 
cochons. 

Cochonnière  (Lg.,  By.).  —  Grande  char- 
rette de  marchand  de  porcs,  avec,  à  l'arrière, 
un  vaste  compartiment  à  claire-voie,  fer- 
mant par  une  porte  à  coulisse. 

Coco  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Œuf,  mot 
enfantin.  ||  Fig.  Individu  qui  a  l'air  nigaud, 
nicodème.  Ex.  :  A-t-il  tout  de  même  un  ar 
coco  !  Vilain  coco,  joli  coco,  —  vilain,  joli 
monsieur.  Ironique  et  dédaigneux.  Syn.  de 
Dédais,  Jaudais,  .Jeannot,  Colas.  \\  Ventre. 
Ex.  :  Il  s'en  est  fourré  dans  le  coco  !  —  Syn. 
de  Cornet,  Fusil.  \\  Terme  de  tendresse  : 
Pleure  pas,  mon  coco.  —  Cf.  Poulet,  Pou- 
lette, Poulot,  Poule.  |]  Sal.  —  Il  n'a  pas  coupé 
la  patte  à  coco,  —  c.-à-d.,  il  n'est  pas  malin. 

Et.  —  Ce  mot  doit  se  rattacher  au  fr.  Coque- 
Il  a  donné  en  fr.  Coquetier,  Cocasse,  et  en  patois 
Coconier,  Cocâiller.  A  noter  que  la  langue  verte 
emploie  Coco  dans  le  sens  de  :  Individu  quel- 
conque, mais  avec  une  pointe  d'ironie. —  Coco,  au 
sens  de  ventre,  est  peut-être  emprunté  au  fruit  du 
cocotier. 

Coco- bat^l'z- œufs  (By.,  Sal.,  etc.),  s.  m.  — 
Homme  qui  est  porté  à  remplir  le  rôle  de  la 
femme  et  à  batt'-e  les  œufs  pour  que  celle-ci 
n'ait  plus  qu'à  faire  cuire  l'omelette,  ou,  en 
patois,  l'amelette. 

.    Cocodrille,  s.  m.  —  Cf.  Cocatrix.  —  Cro- 
codile. 

Hist.  —  ((  Le  capitaine  Cocodrille  est  nommé 
dans  la  Satire  Ménippée.  »  P.  246  et  308. 


Coconibc  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Concombre. 
—  Queune  belle  cocombe  !  (Lue,  Cocombre.) 

Et.,  Hist.  —  De  l'accus.  lat.  cucumerem.  En 
1668,  un  grammairien  fait  remarquer  que  beau- 
coup disent  :  cocombres,  et  d'autres  :  concombres, 
mais  que  cocombre  est  le  meilleur.  «  Cocombres 
sont  froides  et  moistes  au  secont  degré.  »  (xm?.  — 

LiTT.  ) 

Cocon  (Li.,  Br.),  s.  m.  — •  Le  coucou. 

Et.  —  Onomat.  ;  lat.,  Cuculus  ;  grec  Kokkux  ; 
ail.,  Kuckuk. 

Coconier  (Mj.,  Lp.),  s.  m.  —  V.  Cocotier. 
Marchand  d'œufs  et  de  volailles.  Syn.  de 
Cognassier,  Cocâiller.  \\  Coquetier,  —  petit 
vase  où  l'on  met  un  œuf  à  la  coque  ;  coque- 


By. 


Les 


f. 


Fièvre 


tier.  Syn.  de  Cocotier,   Cotier. 
2  0  brefs.  —  Seule  expression. 

Cocote    (Mj.,    Fu.,    BJ^),    s. 
aphteuse. 

Cocotier  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Coquetier. 
Syn.  de  Coconier,  Cotier.  ||  Coco,  ■ — •  petite 
boîte  en  forme  d'œuf  pour  renfermer  un  cha- 
pelet —  ordinairement  faite  d'un  fruit  du 
cocotier  (cueilli  avant  maturité,  autrement 
d'aucuns,  comme  celui  des  Seychelles,  pour- 
raient contenir  douze  douzaines  de  rosaires). 
Et.  —  Au  premier  sens,  de  coq,  par  l'intermé- 
diaire d'une  forme  cocot,  d'où  cocote. 

Cocou  (Mj.,   Ti.,  Zig.  159,   Fu.),  s.  m.  — 
Coucou,  sorte  d'oiseau.  On  dit  proverbiale- 
ment de  qqn  qui  a  les  yeux  malades  :  Il  a  les 
yeux  rouges  comme  ein  cocou.   \\  Primevère. 
Syn.  de  Chausse  au  cocu.   On  l'appelle  aussi 
Cocou  jaune,   pour  le  distinguer  du  suivant. 
Il  Cocou  bleu,   pulmonaire.  Syn.-  de  Poumo- 
nique.    \\    Sp.  —   Cocou  lausanne,  —  prime- 
vère. On  distingue  aussi   plus  spécialement 
la  variété  dont  les  fleurs  sont  portées  chacune 
sur  un  pédoncule  distinct.  On  l'appelle  aussi 
simplement   Ausanne    ou  Lausane.    Le   nom 
Cocou,   sans   épith.,    distingue   la    variété    à 
fleurs  en  grappes.  Chose  curieuse,  cette  der- 
nière est  la  seule  qui  existe  à  Mj.  à  l'état 
sauvage.  —   Ces  deux  dernières  dénomina- 
tions proviennent  de  ce  que  la  plante  fleurit 
à  l'époque  où  l'on  chante  dans  les  églises  le 
Hos-annah.  \\  By. —  Nom  donné  vulgairement 
au  Bouton  d'or.   Parmi  les  primevères,  ce 
nom  désigne  surtout  la  primevère  sauvage  à 
corymbes,  qu'on  appeUe  le  coucou  à  ballottes. 
—  Pat.  norm.  Cucu,  primevère.  G.  de  G. 

N.  —  Il  importe  d'avoir  qq.  argent  dans  sa 
poche  la  première  fois  de  l'année  qu'on  entend  le 
coucou  chanter,  parce  qu'on  peut  être  assuré  que, 
dans  ce  cas,  on  aura  le  gousset  bien  garni  tout  le 
reste  de  l'année.  Croyance  populaire. 

Cocu  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Pissenlit.  Syn.  de 
Cochet.  Il  By.  Inconnu  à  l'O.  et  au  N.  d'An- 
gers. Signalé  vers  JÛs. 

Et.  —  Le  pissenlit  est  appelé  :  Cocu,  à  cause  da 
la  couleur  jaune  de  ses  fleurs  ;  cette  couleur  étant, 
on  le  sait,  l'attribut  de  ceux  que  la  colère  des  dieu.x 
a  destinés  à  être,  comme  dit  Balzac,  minotau- 
risés. 

N.  —   «  Primevère,  ou  brayes  de  cocu.  De  là 


214 


COCU  —  COFIN 


cette   allusion   qu'EusT.   Deschamps  fait  à  cette 
plante,   lorsqu'il   fait   dire   à   une   femme   résolue 
à  se  venger  des  infidélités  de  son  mari  : 
«  Je  lui  feray,  sans  jardiner, 
Avoir  cocus  en  son  mesnaige, 
Si  j'en  puis  nullement  fmer.  «  (L.  C.) 

€ocu  ^  s.  m.  —  Pour  Clos-cul.  (Mén.) 

Cocusseau,  s.  m.  —  Vulg.  Ellébore  fétide. 

(MÉN.) 

Cocutière  (Als).  —  Marchande  de  pissen- 
lits. —  Prononcez  :  cocuquière.  —  V'ià  la 
cocutière.  V.  note  à  Cocu  i. 

Codâiller  (Lg.),  v.  n.  —  Faiie  des  écarts  en 
labourant  à  la  charrue  ;  tracer  un  sillon 
sinueux,  faire  des  lièvres.  —  Proprement  : 
faire  des  coudes. 

Et.  —  Fréquent.,  péjor.  de  Coder,  fr.  Couder. 

Code,  s.  m.  —  Coude  (Li.,  Fu.,  Mj.)  Aile  m'a 
donné  ein  coup  de  code. 

Coder  (Mj.),  v.  a.  —  Couder.  ||  Fu.  —  De 
code  en  code,  de  genoye  en  genoye  ;  les  codes 
en  saignaient,  les  genoyes  en  écorchaient. 

Et.  —  Lat.  cubitus.  —  Variantes  :  Coûte,  cute, 
keute. 

Codergne  !  (Lg.),  interj.  —  L'enfant  s'en 
sert  au  jeu  pour  indiquer  qu'il  entend  jouer 
le  dernier.  Cf.  Cateprome,  Catesègue,  Cada- 
vant  (et  Dargne,  dans  Jaub.). 

Codéyer  (Mj.),  v.  a.  —  Coudoyer,  pousser 
du  coude.  Doubl.  du  v.  fr. 

Codone  (Mj.),  s.  f.  —  Coing.  ||  Sal.  Codogne. 

Et.  —  Du  lat.  Malum  cotoneum,  pomme  coton- 
neuse ou  couverte  de  duvet.  Codone  est  donc  un 
doubl.  du  fr.  Coing,  doubl.  beaucoup  plus  rap- 
proché de  la  racine  latine.  —  Cf.  l'angl.  Quiddany, 
Cotignac,  ainsi  que  ce  dernier  mot.  —  Autre 
explication.  «  Du  lat.  Cydonia,  du  gr.  Kudonion, 
de  Cydon,  ville  de  Crète  d'où  provient  le  cognas- 
sier. Coing  est  une  contract.  de  l'anc.  fr.  cooin, 
répondant  à  Cydonium.  Cognassier  se  disait 
autrefois  :  Coigner.  »  (Litt.).  —  Mais  le  Dict. 
génér.  donne  cotoneum,  devenu  codonyo,  codoin, 
cooin  (xrP),  coin.  L'orthog.  coing,  destinée  à 
marquer  fortement,  en  anc.  fr.,  le  son  nasal  in, 
a  été  conservée  ou  rétablie  dans  ce  mot  pour  le 
distinguer  de  Coin.  (C'est  le  même  que  Cydonius.) 
—  H  C.  Port.  Cydoneum. 

Codonnier  (Mj.,  Sal.,  Fu.),  s.  m.  —  Cognas- 
sier. V.  Codone. 

Cœtil,  s.  f.  —  Pour  :  coutil.  (Mén.) 
Et.  Lat.  culcita  (colcta,  coilte,  coite).  L'orthogr. 
couete  (puis  couette,  par  suite  d'une  confusion 
avec  couette  -,  petite  queue,  cauda  =  coe)  n'est  que 
la  notation  de  l'ancienne  prononciation  de  la 
diphtongue  oi.  D'autre  part  l'anc.  fr.  a  possédé  une 
forme  secondaire,  coûte  (cf.  coutil)  issue  du  lat. 
pop.  colta,  pour  colcta,  particulièrement  usitée 
dans  ^'expression  coute-pointe.  Plus  tard,  dans 
cette  express.,  le  sens  de  coite  ayant  été  perdu  de 
vue,  le  mot  a  été  bizarrement  altéré  en  contre, 
courte. 

Cœur  (Mj.),  s.  m.  —  Mettre  le  cœ»r  sus  le  ca''- 
reau,  —  vomir.  Jeu  de  mots  emprunté  au  jeu 
de  cartes.  ||  Cœur  de  poulet,  —  individu  trop 
sensible    à    la    douleur    physique.    Syn.    de 


Pichelin.  ||  Mj.  —  Porter  au  cœur,  —  ravi- 
goter. Ex.  :  Eine  goutte  de  tiaule,  ça  porte  au 
cœur.  Il  Au  contraire,  faire  tomber  en  dé- 
faillance. Ex.  :  Je  me  se  fait  eine  coupe  au 
doigt  que  ça  m'en  a  porté  au  cœur.  N.  On 
voit  que  le  sens  général  est  :  Impressionner 
vivement,  au  physique.  ||  By.  —  «  Pouv' 
p'tit  mâtin,  il  a  des  vês  (vers  intestinaux)  ;  i 
sent  qu'ça  y  i  pisse  au  cœur.  »  ||  Mj.  Cœur  de 
touiïeau,  —  coquillage  pétrifié,  noyau  très 
dur  dans  la  masse  d'un  tufîeau.  Syn.  de 
Chenard.  \\  Avoir  contre  son  cœur,  —  avoir 
à  contre-cœur.  ||  Lg.  —  Fertilité,  force  pro- 
ductive. Ex.  :  C'est  eine  terre  qui  n'a  point  de 
cœur.  Il  Mj.  Tirer  du  cœur,  —  vomir,  ou  faire  des 
haut  le  corps  pour  vomir.  Syn.  de  Cœurasser.  || 
Tlm.  —  La  case  centrale  de  la  figure  sur 
laquelle  se  joue  le  jeu  de  marelle.  Elle  est 
carrée  et  partagée  par  des  diagonales  en 
quatre  compartiments.  V.  Chaudron,  Chambre. 
Cf.  Semaine. 


Cœurasser  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  des  haut- 
le-corps,  avoir  mal  au  cœur. 

Cœur-de- Marie  (Tlm.,  Fu.),  s.  m.  —  Diely- 
tra  spectabilis,  fleur  d'ornement.  Syn.  de 
Cœurs-pendants. 

Cœur-de-pigeon  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  — 
Fruit  du  cerisier  bigarreau. 

Cœur-de-poulet  (Mj.,  Lg.  ),  s.  m.  —  [Indi- 
vidu trop  sensible  à  la  douleur  physique. 

Cœureux  (Mj.),  adj.  q.  —  Qui  a  du  corps, 
de  la  force,  en  parlant  du  vin.  ||  Qui  a  du 
cœur,  c.-à-d.  qui  a  le  cœur  fendillé,  en  par- 
lant d'un  arbre. 

Cœur-Iianète  (Mj.)  (h  fortement  aspiré),  s. 
m.  —  Prêle,  plante  de  la  famille  des  équisé- 
tacées.  Syn.  de  Génetrole,  Quoue  de  poulain, 
Quoue  de  rat,  Pinier.  De  cœur  -f-  haneter.  — 
Qqs  disent  :  Tire-hanète,  qui  semble  bien  être 
le  vrai  mot. 

Cœurs-pendants  (Mj.),  s.  m.  —  Xe  s'em- 
ploie qu'au  pluriel.  V.  Cœur-de-Marie.  A 
cause  de  ses  fleurs  cordiformes.  —  Dielytra 
ou  Dielytra  spectabilis.  —  Le  joli  vocable 
patois  • 

Cœuru  (Z.  137).  —  Courageux,  qui  a  du 
cœur. 

Cofin  (Lrm.).  —  Coffre. 


COFFINE  —  COINE 


215 


Coffine  (Mj.),  s.  f.  —  Ecuelle  de  terre  tron- 
conique  et  évasée.  ||  Lp.  —  Ardoise  bombée. 
Dér.  de  Coffir.  V.  Cofine. 

Et.  Lat.  cophinus,  panier.  —  «  Etui  plein  d'eau 
où  est  une  pierre  à  aiguiser  et  que  le  faucheur 
porte  à  sa  ceinture.  Goffin  signifiait  un  petit  cofîre, 
un  petit  panier.  —  Coffine,  espèce  d'ardoise  convexe 
coffiner,  courber,  voûter  ;  coffinet,  petit  coffre. 
(LiTT.).  —  «  Sorte  de  vase  de  bois  ou  de  cuiller 
en  forme  de  pipe,  qui  sert  à  puiser  l'eau  dans  un 
seau,  et  dont  le  manche,  creusé  comme  un  tuyau, 
ne  laisse  couler  l'eau  qu'en  petite  quantité.  (Jaub.). 

—  Notre  Goi^ 

Coffir"  (Mj.,  My.,  Lue,  Li.,  Br.,  Sal.,  Segr.), 
V.  a.  —  Bossuer,  meurtrir.  —  On  dit  aussi 
Cobir.  —  Syn.  de  Cabliner,  Corner.  ||  Déformer. 

—  Ecraser,  détériorer  un  objet  qcque  ; 
coffir  une  poire,  la  mâcher.  ||  Faire  des  ren- 
foncements :  Il  a  tout  coffi.  son  chapeau. 
(Z.  149.)  li  By.  —  Serre  pas  c'te  pêche-là,  tu 
vas  la  coffir.  —  Ma  castrolle,  elle  a  tombé,  elle 
est  toute  coffie. 

Et.  —  Douteuse.  Cophe  signifiait  :  creux  (D.  C). 
En  fr.  familièrement  on  dit  :  Escoffier.  —  Hist. 
«  De  mode  qu'elle  lui  cohbit  toute  la  teste,  si  que 
la  cervelle  en  tomba  près  de  la  croix  Osannière.  » 
(Rab.,  p.,  IV,  13.)  C.  Port  propose  Conficere. 

Coffissure  (Lue,  By.),  s.  f.  —  Plaie  contuse, 
meurtrissure. 

Coffre  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  — Fig.  —  Esto- 
mac, poitrine.  ||  Par  ext.  —  Constitution 
vigoureuse.  —  Il  a  le  coffre  solide. 

Cofine,  s.  f.  —  Etui  du  faucheur.  Syn.  de 
Couiller,  Couer.  \ .  Coffine. 

Cofreseheiir  (Mj.),  s.  m.  —  Mot  inusité  et 
oublié  aujourd'hui,  mais  que  l'on  retrouve  à 
chaque  instant  dans  les  vieux  actes.  Le 
cofrescheur  était  un  fermier,  responsable  pour 
tous  les  autres  fermiers  du  même  domaine, 
qqch.  comme  un  Parsonnier.  Ce  genre  de 
contrat  est  encore  en  usage  au  Lg.,  pour  deux 
fermiers  tout  au  moins.  Il  était  imposé  du 
temps  du  comte  Walsh  à  tous  les  fermiers  de 
Serrant.  —  Cf.  Frérageiir,  Frerescheur.  \. 
ce  dernier. 

Coger  (Lg.,  Pm.,  Chl.,  Bg.,  Sp.),  v.  a.  — 
Obliger,  forcer,  contraindre.  ||  V.  réf.  Se 
coger,  —  se  contraindre,  se  résoudre  avec 
peine,  se  résigner.  «  Je  vas  me  coger  à  mettre 
encore  cent  sous  ;  je  vois  ben  que  faut  que  je 
m'y  coge.  »  —  Syn.  de  Mincher.  —  Il  faut 
vous  coger  à  le  faire. 

Et.  —  Du  lat.  CogeT-e,  même  sens.  —  Hist. 
«  Quand  les  rentiers  voudront  faire  le  court. 
De  payer  rentes  deubs  à  l'enfermerye. 
On  leur  pourra  mettre  termes  à  court 
Et  les  cogez  payer  sans  asnerye.  (1522.) 
{Ini>.  Arch.,  H.  I,  p.  28,  col.  2.) 

Cognard,  s.  m.  —  Petit  brochet  d'un  an, 
ayant  la  forme  d'un  coin.  (Mén.) 

Et.  —  Lat.  Cuneus.  Vx  fr.  coignet,  petit  coin. 

Cognassou,  s.  m.  —  Petite  souche  bonne  à 
brûler.  (Mén.) 

Cogne  (Mj.)  s.  m.  —  Gendarme.  V.  Grippe- 
Jésus. 


Cogner  (Fu.,  By.,  Z.  146).  —  Frapper,  sur- 
tout à  la  porte. 

Et.  —  Lat  pop.  Cuniare  (class.  cuneare),  pro- 
prement :  fendre  en  frappant  sur  un  coin. 

Coicaud  (Mj.),  s.  m.  —  Nigaud,  nicodème, 
Claude,  jocrisse.  —  Syn.  de  Colas,  Nigue- 
douille,  Dédais,  Jaudais,  Jeannot,  Bégaud.  — 
Nom  propre. 

Coie,  s.  f.  —  La  coie,  pour  corbeau.  De 
coasser.  (Mén.)  —  Ou  :  coua,  onomat. 

Coiffage  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Genre  de 
coiffure  de  femmes.  Ex.  :  J'aime  mieux  le 
coiffage  de  Saint-Paul  que  celui  des  Cer- 
queux.  Syn.  de  Coiffé. 

Et.  —  Douteuse.  —  Lat.  pop.  cofea  ,  paraît  se 
rattacher  au  même  radie,  german.  q.  Kopf,  tête. 
On  a  écrit  :  coëfîe.  ||  Se  Coueffer  de  vin,  pour  : 
s'enivrer.  «  On  dit  encore  en  Anjou,  en  parlant 
d'une  femme  qui  s'enivre,  qu'elle  se  coiffe  sans 
épingle.   »  (L.  C.) 

Coiffé  (Me.),  s.  m.  —  Genre  de  coiffure  de 
femme.  Ex.  :  J'aime  ceté  coiffé-lk.  Syn.  de 
Coiffage. 

Coiffe- noire  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  vête- 
ment noir  que  les  femmes  portaient  autrefois 
et  dont  la  mode  n'a  disparu  que  vers  1860. 
C'était  à  la  fois  une  coiffe  ou  capeline,  enser- 
rant la  tête,  et  un  manteau  descendant  au 
moins  jusqu'aux  genoux. 

Coiffis.  —  V.  Virer. 

Coiminer  (Lg.),  v.  n.  —  Prendre  un  air 
humble.  Ex.  :  Il  est  venu  en  coiminani  me 
demander  si  je  voulais  illi  servir  de  témoin. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Coi  -j-  Mine,  l'-adj.  coi  étant 
pris  au  sens  de  :  humble  ou  piteux. 

Coin  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  — •  Coin  de  beurre,  — 
motte  de  beurre.  V.  Forme,  Façon.  \\  La 
connaître  dans  les  coins,  —  être  très  au  fait, 
très  averti,  très  retors.  ||  Blague  dans  le  coin, 
—  sans  plaisanterie.  (Lat.  amoto  joco.)  By. 
Id.  Cf.  Blague  à  part.  |i  Dans  tous  les  coins- 
cornières,  —  dans  tous  les  coins.  j|  En  boucher 
ein  coin  à  qqn,  —  lui  fermer  la  bouche,  le 
confondre.  Ex.  :  Hein  !  ça  t'en  bouche  ein 
coin,  mon  vieux  caneçon.  ||  De  bique,  ou  de 
bisque  en  coin,  —  de  biais,  en  biais. 

Hist.  —  «  Le  bon  Bringuenarille  (hélas  !) 
mourut  estranglé,  mangeant  un  coing  de  beurre 
frais  à  la  gueule  d'un  four  chaud,  par  ordonnance 
des  médecins.  »  (Rab.,  P.,  iv,  17.)  —  «  Tous  les  ans 
les  fermiers  devaient  apporter  des  redevances  à 
leurs  seigneurs  et  maîtres  «  Messieurs  de  Saint- 
Vubin  »  ■  150  livres  de  beurre  net  et  loyal  en  pot 
ou  en  coing,  «  4  coings  beaux  et  honnestes  aux 
quatre  festes  de  l'an.  »  {A.  h.  II,  3»,  586,  2-3.) 

Coincée  (Ti.,  Zig.  159),  s.  f.  —  Cri  de  dou- 
leur, hurlement.  Syn.  et  doubl.  de  Coinquée, 
Rouincée. 

Coincer  (By.),  v.  a.  —  Enfoncer  des  coins, 
assolider  avec  des  coins,  des  chevilles.  'V. 
Coincer,  Coinquer,  Cointer. 

Coioe.  —  V.  Couèm.  (Cho.)  Crotin  de  che- 
val. 


216 


COINQUÉE  —  COLIN-TAMPON 


Coinquée  (Z.  132,  Fu.,  My.),  s.  f.  —  Cri  de 
celui  qui  a  peur  ou  à  qui  l'on  fait  mal  ;  gro- 
gnement, braiement.  Syn.  et  d.  de  Coincée. 

Coinqiier  (Pell.,  Li.,  Br.,  Fu.,  By.,  Sa.,  Th.). 

—  Crier  d'émoi  ou  de  souiïrance  ;  à  rappro- 
cher du  cri  du  canard  :  coin-coin.  —  Pousser 
un  cri  perçant  ;  se  dit  surtout  du  canard  et  du 
lapin.  • —  J'ai  entendu  le  gorin  coinquer  tandis 
qu'on  le  tuait.  ^-  Laisse  donc  ton  petit  frère 
tranquille,  ne  le  fais  pas  coinquer.  \\  By.  — 
Coinquer  indique  le  cri  de  la  cane  ;  siffler, 
celui  du  canard.  Bruit  de  planches  qui  se 
désunissent,  craquent.  V.  Qoincer,  Coincer. 

Coins,  s.  m.  (Li.).  —  Des  chevreaux. 

C'ointer  (Lg.),  v.  a.  —  Fixer  à  l'aide  d"un 
coin.  V.  Coincer. 

Coipir  °  (M.J.),  v.  a.  —  Rabattre.  —  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Coipir  des 
oreilles.  Se  dit,  au  propre,  d'un  cheval  qui 
s'apprête  à  ruer  ou  à  mordre  et,  au  fig.,  d'une 
personne  qui  courbe  la  tête  sous  une  humilia- 
tion ou  une  réprimande.  ||  Ec.  —  On  dit  :  rire 
des  oreilles.  «  Faut  s'défier  d'ein  j'vau  qui  rit 
d's  oreilles,  c'est  qu'i  mord.  »  V.  Rire. 

Et.  —  Serait-ce  une  corrup.  de  Chauvir  ?  Chau- 
vir de  -l'oreille,  dresser  (le  contraire  de  rabattre. 
A.  V.),  l'oreille,  en  parlant  des  chevaux,  des  ânes. 
Rabelais  dit  Chauver  ou  Chouer,  ce  qui  rend  très 
probable  que  Chauvir,  Chauver  ou  Chouer  viennent 
de  Chowe,  ou  choe,  ancien  nom  de  la  chouette, 
et  désignent  ce  mouvement  des  plumes,  parti- 
culier à  la  chouette,  qui  figure  des  oreilles  com. 
celles  du  chat.  (Litt.).  Hist.  —  «  Seulement 
baislans  aux  mousches,  chovans  des  oreilles  comme 
un  asne  d'Arcadie  au  chant  des  musiciens.  » 
(Rab.,  p.,  v,  Prol.  p.  487.)  —  «  Quand  les  garçons 
d'estable  criblaient,  il  leur  chauvoit  des  oreilles, 
leur  signifiant  qu'il  ne  la  mangeroit  que  trop  sans 
cribler.  »  (Rab.,  P.,  v,  1,  p.  449.) 

Coiraud,  e  (Lg.,  Sp.),  adj.  q.  —  Penaud, 
quinaud,  pantois,  qui  a  l'air  confus  et  piteux, 
décontenancé.  !|  s.  m.  (Lg.)  Bœuf  à  l'engrais. 
Le  mot  est  vieilli.  V.  citation  de  Rabelais  à 
Gourbilleaux. 

Et.  —  !«'■  sens.  Provenç.  Coart  ;  ital.,  codardo  ; 
du  lat.  cauda,  queue,  qui  est  de  la  queue,  c.-à.-d. 
qui  se  tient  en  arrière,  ou  qui  porte  la  queue  basse 
com.  les  animaux  qui  ont  peur.  Coart  est  le  nom  du 
lièvre  dans  le  Roman  de  Renart.  —  «  Hist.  «  Es- 
coute,  c...  mignon,  c...  moignon,  c...  coyrauh, 
etc.  »  (Rab.,  P.  ni,  26.) 

Coissin  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Coussin. 

Et.  —  1°  Génev.  coissin  :  bourg,  côssin,  etc. 
Même  origine  que  couette,  culcita,  par  un  diminut. 
culcitinum.  »  (Litt.)  —  2°  Du  lat.  pop.  coxinum, 
dér.  de  coxa,  cuisse,  devenu  régulièrement  en  anc. 
fr.  coissin,  et  coussin,  sous  l'influence  de  couette.  » 
(Darm.)  —  «  Puis  avec  son  braquemart  fendit  la 
coitte  et  coissin  en  deux,  et  par  les  fenestres 
mettoit  la  plume  au  vent.  »  (Rab.,  P.,  v,  15,  513.) 

—  «  Il  luy  respondit  que  très  bien  et  que  sa  bonne 
et  grasse  chair  luy  avoit  fait  grand  bien.  «  Pour  le 
moins,  dit-elle,  avez-vous  couru  la  poste  sans 
emprunter  de  coissinet.  »  (Bkant.,  D.  gai.,  n, 
p.  165.)  —  «  Ung  coissin  à  porter  en  croppe.  » 
Comptes  de  ménage  de  Jeanne  de  Laval.  (A.  h., 
1,532,15.) 

Coite,  s.  f.  —  Couette.  V.  Cœlil. 


Hist.  —     Et  quant  par  nuit  dormir  voloient, 
En  leu  de  coites  aportoient 
En  lor  casiaus  monceaus  de  gerbes. 
La  Rose,  v.  8438.  —  (L.  C.  —  N.  E.) 

Coix  (Fu.,  Zig.  196),  s.  f.  —  Croix. 

Col  (Mj.,  P"u.,  By.),  s.  m.  —  Se  pousser  du 
col,  —  prendre  des  airs  avantageux. 

Coluquin    (Mj.),  s.  m.  —  Colocpiinte.  ||  By 

—  Caloquine. 

Colas  (Mj.),  s.  m.  —  Pouf,  enfant  joufflu.  || 
Imbécile,  niais,  nicodème.  Syn.  de  Coco, 
Dédais,  .Jaudais,  Jeannot,  Coicaud.  \\  Sp.  — 
Sorte  de  pichet.  ||  Auv.  —  Corneille,  corbeau. 
Il  Jocrisse.  Ex.  :  Je  n'en  vois  point  iun  avoir 
l'ar  si  colas  comme  ceté  pouvre  Maiaud-\k.  \\ 
Colas  est  venu,  —  avertissement  ironique  que 
l'on  donne  à  celui  qui,  en  mangeant,  a  laissé 
tomber  de  la  sauce  sur  son  vêtement.  Cette 
express.  (Mj.)  s'explique  par  la  définition 
précédente.  Cf.  Epinglelte.  \\  Petit  réchaud. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Colas,  abréviat.  de  Nicolas. 
Ce  dernier  nom  paraît  avoir,  comme  Nicodème,  le 
privilège  de  désigner  un  imbécile  et  ils  le  doivent 
sans  doute  à  ce  qu'ils  se  rapprochent,  comme 
forme,  du  mot  Nigaud. 

Colée  (By.),  s.  f.  —  Perdre  une  colée,  c'est 
perdre  la  force  qu'on  peut  obtenir  en  pous- 
sant un  bateau  avec  un  bâton  que  l'on 
appuie  à  l'épaule  ou  au  collet.  (MÉîf.)  —  V. 
Collée,  meilleure  graphie. 

Coléreux,  euse  (Mj.,  By.,  Fu.,  Sal.),  adj.  q. 

—  Colère,  irascible,  emporté. 

Et.  —  Du  lat.  choiera,  bile,  colère  ;  du  grec 
kholera,  qui  signifie  non  pas  :  bile,  mais  :  choiera. 
Colère  n'est  entré  qu'assez  tard  dans  la  langue  ; 
le  mot  habituel  dans  les  âges  anciens  était  :  ire  ; 
puis  est  venu  :  choie,  bile,  grec  kolè  ;  chaude  cote, 
pour  :  emportement,  a  été  longtemps  usité. 

Colibert,  s.  m.  (Lue).  —  Autre  genre  de 
pierre  que  les  cosses. 

Colidor  (Fu.,  By.,  etc.),  s.  m.  —  Pour  : 
corridor  ;  comme  on  dit  dangeleux  pour  : 
dangereux.  (Mén.)  V.  Collidor. 

Et.  —  De  correre,  courir  ;  l'endroit  où  l'on 
court,  où  l'on  passe.  Vx  fr.  Courridour.  Cf.  Cour- 
toire.  —  On  trouve  la  forme  singulière  Curriioire  : 
■'  Comme  il  fut  sur  l'entrée  d'un  petit  curritoire 
qui  conduit  à  sa  chambre.  »  (Litt.  —  Suppl.) 

Colin  (Lg.),  adj.  q.  —  Câlin,  caressant.  || 
Mignon,  chéri.  Terme  d'amitié  que  l'on 
adresse  aux  petits  enfants.  —  N.  C'est  peut- 
être  ce  mot  que  j'avais  saisi  sur  les  lèvres 
d'une  mère  qui  caressait  son  enfant.  J'avais 
cru  entendre  :  Connin.  (R.  O.)  —  Pourquoi 
pas?  mon  petit  lapin.  V".  Connin. 

Colin-Tampon  (By.,  etc.),  s.  m.  —  Homm^ 
qui  touche  à  tout,  qui  s'occupe  de  la  cuisin® 
et  des  détails  du  ménage.  ||  On  dit  aussi  :  J^ 
m'en  fiche  comme  de  Colin-Tampon. 

Et.  —  Batterie  des  tambours  suisses.  (Tampon, 
tympanum,  tambour  ?  Cela  vaudrait  donc  dire, 
au  deuxième  sens  :  ne  pas  se  soucier  de  cet  appel  de 
tambour.  A.  V.)  —  Colin,  abrégé  de  Nicolin,  dérivé 
de  Nicolas. 


CQLLATION  —  COMBATTRE 


217 


Collation  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  masc.  —  Ex.  : 
On  va  faire  ein  collation  sus  l'herbe.  ||  «  C'est 
comme  ein  collation  de  chien,  ça  vint  ben  loin 
à  loin.  »  —  Entendu  ce  propos  d'un  pêcheur 
d'aloses,  à  qui  je  demandais  des  nouvelles  de 
sa  pêche. 

Colle  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Mensonge.  Syn. 
de  Craque,  Carotte,  Veurte. 

Et.  —  Ainsi  dite  parce  qu'une  attrape  est 
comparée  à  une  chose  qui  colle.  —  Cf.  Etre  collé 
au  pied  du  mur  —  par  un  examinateur  qui  vous 
pose  une  colle.  —  Etre  tangent  à  une  colle,  — 
être  menacé  d'un  simulacre  d'examen 

Collée  (Mj.),  s.  f.  —  Effort,  spécialemert 
pour  soulever  un  fardeau,  pour  pousser  un 
bateau  à  la  bourde.  Ex.  :  Y  a  eine  bonne 
collée  à  prendre  pour  charger  ein  sier  de  grain. 
Il  Fig.  —  Manquer  eine  bonne  collée,  —  m.an- 
quer  une  bonne  occasion.  ■ —  Y.  Calée. 

Et.  —  Du  fr.  col,  parce  que,  dans  le  genre  d'ef- 
fort désigné  par  le  mot  collée,  ce  sont  les  muscles 
du  cou  et  des  épaules  qui  fatiguent. 

Coller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  En  coller,  —  en 
faire  'accroire.  —  Tu  voudrais  bien  m'en 
coller.  —  Mentir,  tromper.  ||  Etre  à  coller 
contre  les  murs,  —  être  étique.  ||  Lg.  —  Dor- 
loter, pouponner  un  enfant  pour  le  consoler. 
Littéralement,  le  prendre  à  son  col,  cou. 

CoIIerée  (Mj.),  s.  f.  —  Pelletée  de  terre  for- 
mant une  motte  compacte.  De  colle. 

Collerette  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  La  collerette  à 
Jeanne  du  Quarteron,  —  l'as  de  trèfle.  — 
On  l'appelle  aussi  :  la  bouillerée  à  Jeanneton. 

Colleretter  (Mj.),  v.  a.  —  Orner  d'une  colle» 
rette.  «  T'es  collerettée  tout  de  travers.  »       ^ 

Collet  (Mj.),  s.  m.  — •  Cou.  Charger  à  collet, 
—  charger  sur  l'épaule,  sans  s'aider  de  rien. 
Syn.  de  Trousse.  ||  Gros  cou,  comme  celui 
d'un  homme  vigoureux  et  bien  musclé. 

Colletée,  s.  f.  —  Collets  attachés  à  une 
ficelle,  en  crins,  pour  prendre  les  alouettes,  — 
ou  colletières.  (Mén.) 

Colleter  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  v.  n.  —  Tendre  des 
collets.  Il  V.  a.  Prendre  au  collet,  —  du  gibier. 
Il  Lg.,  V.  a.  —  Munir,  équiper  d'un  collier 
bien  adapté.  «  N'y  a  pas  in  bourrelier  comme 
lui  pour  colleter  in  cheval.  » 

CoUeteur  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Celui  qui  tend 
des  collets. 

CoUetière  (Sp.),  s.  f.  —  Corde  portant  des 
collets.  V.  Colletée.  \\  By.  —  Collets,  etc., 
qu'on  tend  le  long  d'une  génétière. 

Colleture  (Sa.),  s.  f.  —  Enroulement, 
embrassement,  tour  d'une  hart  sur  elle- 
même.  Çhevêtre. 

Collibert,  s.  m.  —  Vieux  mot  angevin. 
Espèce  de  serviteur  à  gages. 

Et.  —  «  Au  moyen  âge,  espèce  de  serfs.  Actuel- 
lement misérables  habitants  d'une  partie  de 
TAunis  et  du  Poitou.  CoUibertus  =  franc,  ou 
affranchi — ensemble.  Mais,  comme  les  affranchisse- 
ments ne  donnaient  pas  toujours  la  pleine  liberté, 


les  colliberis  furent  de  bonne  heure  des  espèces  de 
serfs  d'une  condition  mitigée  et  ils  finirent,  dans  la 
Coutume  d'Anjou,  par  être  simplement  le  nom 
des  serfs.  C'est  de  collibertus  que  vient  cujvert  ou 
cuivert,  terme  d'injure  si  souvent  usité  dans  les 
poèmes.  »  (Litt.,  Suppl.)  —  «  Nom  donné  à  des 
Poitevins  émigrés  au  xnP  s.  dans  les  marécages  de 
la  Basse-Sèvre,  qui  passaient  pour  descendre  des 
Wisigoths,  défaits  par  Clovis  à  la  bataille  de 
Vouillé  (507)  :  persécutés  pendant  plusieurs  siècles, 
les  descendants  de  ces  étrangers  furent  obligés  de 
vivre  à  l'écart  des  autres  habitants.  Connus  dans 
le  Bordelais  sous  le  nom  de  Gahets,  dans  le  midi 
de  Cagots,  en  Bretagne  de  Cacous,  on  les  désigne 
dans  le  Poitou  et  l'Aunis  par  le  nom  de  Collibert, 
qui  signifie  en  vx  fr.  vassal,  ou  plutôt  co-vassal, 
compagnon  d'affranchissement.  Lat.  co-libertus. 
(Eveillé.) 

Collidor  (Mj.,   Fu.),  s.  m.  —  Corridor.  V. 

Colulor. 

Hist.  —  «  Et  outre  le  carré,  les  deux  collidors 
à  côté,  et  aussi  la  chapelle  de  Saint-Guinefort.  » 
(1740.  —  Inv.  Arch.  E,  n,  p.  67,  col.  2.)  —  «  Un 
bâtiment  composé  d'un  petit  colydor. . .  d'une 
petite  boulangerie.  »  (1768.  —  Id.  —  SE,  m, 
138.  2.) 

Collineau,  s.  m.  —  Habitant  de  la  colline, 
du  coteau.  (Mén.) 

Colombage  (Mj.,  Lg.,   By.,  Fu.),  s.  m.  — 
Cloison  en  bousillage.  î|  Fu. . .,  ou  non. 
Et.  —  Dér.  de  colombe. 

Colombe  (Mj.),  s.  f.  —  Outil  dont  les  ton- 
neliers se  servent  pour  dresser  le  bord  des 
douelles.  C'est  une  sorte  de  très  longue  et 
large  varlope  montée  sur  trois  pieds,  le  tran- 
chant de  la  lame  en  dessus.  ||  Lg.  —  Colonne 
de  bois  dans  un  parpaing  ou  une  cloison  de 
bousillage.  De  là  le  fr.  Colombage. —  ||  Pied- 
droit  d'une  porte  de  barrage  dans  un  cours 
d'eau.  Il  (Sceaux).  Table  de  nuit.  V.  Zigz.  184. 
Ici,  pour  Colonne. 

Colombin,  s.  m.  —  Poser  un  colombin,  — 
se  soulager  d'une  façon  abondante  après  un 
bon  repas. 

Et.  —  Colombine,  fiente  de  pigeons  :  terme 
d'agriculture,   engrais   de   fiente   de   volailles.   Cf. 

Colombage. 

Colostre  (By.),  s.  m.  —  Colosse. 
Colta  (Mi.,  Fu.),  s.  m.  —  Coaltar. 

Et.  —  De  :  coal,  charbon,  et  :  tar,  goudron. 
Goudron  provenant  de  la  distillation  de  la  houille 

Coltazer  (Mj.),  v.  a.  —  Enduire  de  coaltar  ; 
coaltarer.  jj  By.  —  Coltasser,  Coltaquer. 

Combat,  (]\Ij.,  Fu.),  s.  m.  — Action  de  se 
débattre.  Ex.  :  Il  brouille  ;  il  est  d'ein  com- 
bat \  Il  Fatigue,  tracas,  —  Ex.  :  Aile  a  ben  du 
combat  après  lui  ;  il  illi  donne  ben  du  combat.  \\ 
Lue.  —  Peine.  Avoir  ben  du  combat. 

Combattant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Turbu- 
lent, fatigant,  à  cause  de  sa  pétulance.  Ex.  : 
Je  n'ai  jamais  vu  ein  quenau  si  combattant. 

Hist.  «  Lui  (de  Canimont)  qui  estoit  renommé 
d'estre  divers  et  combateux  et  en  avoir  battu  plu- 
sieurs.   •  1106.  —  (Jaub.) 

Combattre  (Mj.,   Fu.,   By.),   v.   réf.  —  Se 


218 


COMBATTU  —  COMME 


combattre,  —  se  débattre  en  alléguant.  Ex.  : 
Il  a  ieu  beau  se  combattre  que  ça  n'était  point 
lui.  Il  S'agiter  dans  la  fièvre.  ||  Solliciter  avec 
insistance.  Ex.  :  Il  m'a  pus  combattu  que  je  ne 
sais  pas  que,  pour  que  je  m'en  aille  avec  lui. 

Combattu,  e  (Mj.),  part.  pas.  —  Fatigué, 
rompu,  harassé. 

Combe  (Lg.,  Fu.),  s.  f.  —  Dépression,  même 
de  peu  d'étendue,  dans  un  pré,  dans  un 
champ.  Un  des  champs  de  la  ferme  de 
Toucharête  s'appelle  le  champ  de  la 
Combe.  —  N.  Ce  n'est  pas  tout  à  fait  le  sens 
donné  par  Darm.  —  Syn.  de  Baisseur, 
Canche.  \\  Tf.  —  Champ  qui  présente  en  son 
milieu  une  dépression  longitudinale.  Le  père 
Besson,  de  la  Grande  Inchère,  me  le  défmis- 
sait  :  C'est  in  champ  qui  fait  la  tuile. 

Et.  —  Hatzf,  donne  ce  mot  comme  dialectal- 
Je  ne  l'ai  jamais  rencontré  ailleurs  qu'au  Lg.  et  à 
Tf.  Doit  être  rapproché  du  b.  1.  Cumba,  d'origine 
celtique,  mais  qui  se  rattacherait  aussi  au  grec 
Kumbos,  par  exception.  —  (G.  de  G.  —  Y.) 

Comble  ^Mj.,  By.),  s.  m.  —  Excédent  de 
hauteur  d'un  plan  d'eau  sur  un  autre.  Ex.  : 
Illy  a  deux  pieds  de  comble  à  la  porte.  ||  Faire 
le  comble,  —  dans  la  langue  des  mariniers, 
c'est  faire  la  manœuvre  nécessaire  pour  pas- 
ser de  l'aval  à  l'amont  d'un  pont.  Ex.  : 
J'avons  fait  le  comble  du  pont  d'Ancenis.  || 
Faire  le  comble,  dans  la  langue  des  chau- 
fourniers, c'est  remplir  de  calcaire  le  four 
d'où  l'on  vient  de  tirer  de  la  chaux.  ||  Faîte 
d'une  maison.  ||  Absolument  :  Etre  au 
comble,  —  de  ses  vœux,  du  bonheur,  au 
summum,  au  pinacle  de  la  félicité.  ||  Au 
cotnble,  —  très  enflé.  Ex.  :  Dans  la  journée,  il 
s'était  piqué  à  eine  mauvaise  épine  en 
jÀessant,  le  soir,  il  avait  la  main  au  comble. 
(Lg.)  Il  Fu.  —  Hauteur  du  blé  au-dessus  du 
plan  des  bords,  dans  le  boisseau.  Le  contraire 
est  Ras.  ||  By.  —  Quand  on  vend  au  boisseau, 
on  vend  ras  ou  comble. 

Et.  Hist.  —  Lat.  Cumulus  ou  Culmen,  selon  le 
sens.  «  Droit  de  mouture  est  que  les  meuniers 
doivent  rendre  du  rès  (mesure  de  grain  rase)  le 
comble  (mesure  de  farine  comble).  Litt. 

CombIir°  (Mj.,  Fu.).  —  Combler,  boucher, 
faire  un  terrassement,  remblayer. 

Combrer  (Mj.),  v.  n.  —  S'écrouler,  s'effon- 
drer. Il  S'affaisser. 

Et.  —  Ce  mot  est  un  doublet  du  fr.  Combler.  Il 
dérive  du  lat.  Cumulare,  former  un  cumulus,  un 
monceau,  par  aphérèse  de  l'u,  changement  de  la 
liquide  de  1  en  la  liquide  r,  et  épenthèse  du  b, 
nécessitée  par  la  rencontre  de  l'n  avec  l'r.  C'est  la 
racine  des  mots  fr.  Décombres,  Encombre.  On  dit 
aussi  :  Cabrer  ;  syn.  de  Avâcrer.  —  Hist.  «  Et 
mesmes  il  s'est  faict  trois  rupptures...  la  troi- 
sième au  meilleu  dudit  bourg  qui  a  fait  casbrer  et 
emmené  le  logis  de  l'hospilal  dudit  Saint-Mathu- 
rin.  (1669:  —  Inv.  Arch.,  E,  n,  p.  303,  col.  1.)  — 
«  En  l'an  1818  arriva  une  grande  chute  et  cabre- 
ment  (à  la  carrière  de  Champrobert).  »  1620.  Id. 
S,  s,  H,  65,  2.) 

Côme  I  (Mj.),  s.  f.  — ■  Bosse  ou  creux  pro- 


duit par  un  coup  sur  un  objet  métallique  ou 
sur  le  corps  humain.  (Cômer.) 

Côme  ■■'  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Coffre  où  l'on 
conserve  le  poisson  vivant.  V.  Bottereau, 
Bascule.  \\  Avoir  ein  bachot  en  côme,  —  avoir 
un  bachot  attaché  le  long  des  flancs  du  grand 
bateau  et  remorqué  par  lui.  Terme  de  marine. 
V.  Lucet,  Fûtreau.  ||  By.  —  Compartiment 
ménagé  dans  un  bateau  de  pêche  pour  y 
conserver  (momentanément  du  moins)  le 
poisson  vivant,  et  non  :  coffre  indépendant 
du  bateau.  Ce  serait  alors  une  Botte  ou  un 
Bottereau. 

Côme  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Butor.  ||  S.  f.  Sorte 
de  chouette  de  grande  espèce. 

Cômer  (Mj.,  Lg.).  —  Bossuer,  cabosser.  — 
Syn.  de  Cabliner,  Coffir,  Cabocher.  \\  Fu.  — 
Coumer,  bossuer.  Se  dit  aussi  du  pli  qu'on 
donne  à  une  gaule,  à  un  brin  d'osier  qui  se 
trouve  ainsi  demi-brisé  et  qui  a  perdu  sa 
flexibilité.  ||  Lrm.  —  Détériorer  un  objet  en 
frappant  dessus,  en  le  heurtant  de  manière  à 
produire  des  renfoncements  et  des  bosses.  !| 
Sal.  —  Donner  un  faux  pli. 

Comète  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Syn.  de  :  Etoile 
à  grande  queue.  ||  Tirer  des  plans  sus  la 
comète,  —  faire  des  projets  chimériques. 

Comeune  (Fu.),  s.  f.  —  Commune.  On  ne 
fait  sentir  qu'un  m,  et  u  se  prononce  eu, 
comme  dans  meule.  V.  Cmeune,  C'm^nne. 

Commande  (Mj.),  s.  f.  —  De  commande,  — 
sur  commande.  Ex.  :  Je  pense  qu'il  est  fait  de 
commande  pour  faire  fâcher.  ||  Amarre,  — 
terme.de  marine.  Grosse  corde  qui,  pour  ainsi 
dire,  commande  le  temps  d'arrêt. 
Hist.  —  Ronsard  écrit  : 

Permets  que  je  coupe 
Sous    heureux   sort   la    commande   qui    tient 
Ma  nef  au  bord.  (L.  C.  —  N.  E.) 

Commarcer  (se)  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  réf.  — 
Commercer,  faire  des  affaires.  Ex.  :  C'est 
ein  gibier  qui  se  commarce.  Cf.  S'accouster.  \\ 
Se  commarcer  de,  —  faire  commerce  de.  Ex.  : 
Il  se  commarce  de  bœufs.  ||  V.  a.  Même  sens  : 
Il  commarce  les  gorins. 

Comme  \  v.  a.  3e  pers.  du  sing.  —  Commer.  \\ 
s.  m. 

Hist.  —  Bruneau  de  Tartifcme  a  un  chapitre 
intitulé  :  Des  Commes  usités  (à)  Angers  et  pays 
d'Anjou.  Il  commence  par  citer  toutes  les  compa- 
raisons du  Cantique  des  Cantiques  et  de  nom- 
breux auteurs  de  l'antiquité.  —  Ce  Glossaire  en 
contiendra  un  grand  nombre  sous  le  titre  :  Adages 
et  Comparaisons. 

Comme  -  (Mj.,  Fu.,  By.),  conj.  —  Sert  sou- 
vent de  relatif  à  l'adv.  Aussi,  après  un  compa- 
ratif. Ex.  :  Il  est  aussi  grand  comme  s(jn  père. 
Il  C'est  tout  comme,  —  c'est  la  même  chose, 
cela  revient  au  même.  S'emploie  absolument. 
Il  Sens  variés  :  Je  l'f'rai  aussi  ben  comme  (que) 
vous  ;  je  n'sé  point  aussi  grand  comme  li  ;  il 
est  fort  comme  tout  (extrêmement)  ;  il  est 
mignon  comme  tout,  comme  un  cœur.  ||  Avec, 
en  même  temps  que,  —  Je  se  arrivé  comme 


COMME  ÇA  -  COMPAGNÉE 


219 


ielle.  Il  Lg.  —  Comme  que,  —  comme.  Ex.  : 
On  fait  comme  qu'on  peut.  A  Montj.,  on 
dirait  :  On  fait  comme-i-oxi  peut,  ou  :  comme 
n'on  peut.  N.  Comme,  devant  une  voyelle,  est 
suivi  d'un  t  paragogique.  Ex.  :  A  fait  comme- 
t-a  peut.  Il  Fu.  —  A  signaler  :  Comme-i-i  faut, 
—  comme  il  faut.  ||  Comme  si  que,  pour  : 
comme  si,  gouverne  le  conditionnel.  Ex.  : 
Il  me  regarde  de  travers,  c'est  comme  si  que 
j'arais  mangé  ein  pain  de  sa  fournée,  jj 
Comme  qui,  —  comme  si  l'on.  Ex.  :  C'est 
comme  qui  pisserait  dans  n'ein  violon  pour 
illi  donner  du  son.  —  Comme  qui  dirait,  —  à 
peu  près  comme.  Ex.  :  C'est  comme  qui  dirait 
eine  manière  de  lizard.  ||  Comme  de,  —  comme 
pour.  Ex.  :  A  me  regarde  comme  de  dire  : 
Veins  donc  te  promener. 

Comme  çà  (Mj.,  Fu.,  By.)., —  Couci-couci. 
Ou  dit  encore  :  Comme  ci,  comme  ça. 

Comme  de  ben  entendu  (Mj.,  Fu.,  By.).  — 
Comme  cela  est  clair,  évident  ;  cela  ne  se  dis- 
cute pas.  —  I  m'a  cassé  ein  carreau,  j'gui 
frai  payer,  comm.e  de  ben  entendu. 

Comme  de  juste  (Fu.,  By.).  —  Selon  la 
justice,  bien  entendu,  évidemment. 

Comme  par  lequel  que  (Mj.,  By.).  — 
Comme  quoi.  Vous  me  ferez  un  billet  comme 
par  lequel  que  vous  me  devrez  cent  écus.  || 
Fu.  —  On  dit  :  Comme  par  lequel  ou  laquelle 
que.  By.,  id. 

Comméne  (Te),  s.  f.  —  Commune.  L'o  est 
à  peu  près  muet  et  l'on  prononce  C'méne.  V. 
C'menne,  Cmeune,  Comeune. 

Comment  (Mj.,  By.).  —  Comment  que,  par 
comment  que,  —  comment.  Ex.  :  Je  peux  pas 
comprendre  par  comment  que  ça  se  fait. 

Commer,  v.  n.  —  Employer  des  compa- 
raisons où  entre  le  mot^comme.  V.  Comme. 

Hist.  —  «  Si  je  ne  comme  bien,  qu'un  aultre 
comme  pour  moy.  »  (Mont.,  i,  20.)  Une  édition 
porte  :  «  Si  je  ne  conte  pas  bien,  qu'un  aultre  conte 
pour  moi.  »  A  tort  :  «  Si  j'emploie  des  exemples  qui 
ne  conviennent  pas  au  sujet  que  je  traite,  qu'un 
autre  y  en  substitue  de  plus  convenables.  »  — 
«  Des  vaches,  dans  un  pré,  ne  paissent  pas  et 
regardent   vaguement.    Elles    comment.    (Trélazé.) 

N.  —  Je  comprendrais  :  elles  chôment,  chôment. 

Commerce  (Fu),  s.  m.  —  Occupation,  dans 
un  sens  péjoratif  :  «  Que  sapristi  à' commerce 
fait-y  là?  »  Par  ex.,  en  entendant,  au  pre- 
mier étage,  un  bruit  insolite,  bizarre  fait  par 
le  locataire  du  second. 

Commère  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.).  —  Nouvelle 
accouchée.  C'est  le  sens  unique  du  mot.  !| 
Faire  la  commère,  —  accoucher.  Syn.  de 
Coumère. 

Et.  —  Régulièrement,  la  marraine,  de  co  -f" 
mère,  la  deuxième  mère,  la  mère  spirituelle.  — 
Extension  de  sens.  —  Hist.  «  Nota  qu'il  ne  faut 
point  amesser  les  conmâres  qu'il  n'y  ayt  quinze 
jours  pour  le  moings  qu'elles  soyent  en  leur 
couche.  »  (1588.  —  Irw.  Arch.,  E,  n,  p.  352,  col.  1.) 
—  «  Et  estoit  presque  tous  les  jours  de  banquet, 
de  festin,  de  nopces,  de  commérage,  de  relevailles. 


et  en  la  taverne.    »  (Rab.,   P.,  m,   41,   308.)  — 
«  Lucas  Bestier. . .  donne,  entre  autres  legs,  à  la 
fabrique  de  Thouarcé,    «  sa  grande  robe  de  drap 
noir  parée  de  taffetas,  pour  servir  et  en  faire  un 
manteau    à    mener    et    conduire    les    commères    a 
l'église.  »  (1551.)  Inv.  Arch.,  E,  p,  p.  179,  col.  1.) 
—   «  Si  nous  allons  cet  enfant  voir, 
De  le  servir  feray  devoir. 
De  bon  cœur  servirons  la  mère. 
Je  crois  qu'elle  est  belle  commère.  » 
Sur  la  Nativité.   (L.   C.) 

Commeun-eune  (Mj  ,  Lg:),  adj.  q.  —  Com- 
mun. Ex.  :  L'argent  n'est  pas  ben  commeune. 
Cf.  Auqueun.  \\  (Mj.,  By.  )  A  commeun, 
—  en  commun.  Ex.  :  Le  puits  est  à  commeun 
avec  les  voisins.  ||  S.  f.  Commune.  ||  S.  m.  pi. 
Communs,  —  commodités,  lieux  d'aisances, 
privés.  Syn.  de  Chiotte,  Chiette,  Numéro  Cent. 
V.  Commun.  ||  De  commeun,  —  en  commu- 
nauté. Il  S.  m.  —  Terrain  communal.  Ex.  :  Ils 
mettent  leux  vache  dans  les  commeuns  de 
Champtocé. 

Commissaire,  s.  m.  —  Dans  le  faubourg 
Saint-Jacques,  en  1820,  on  donnait  ce  nom  à 
celui  qui  s'occupait  des  travaux  en  retard 
causés  par  la  maladie  d'un  voisin.  {Aff. 
d'Ang.,  1826,  n*'  70.  —  Mén.) 

Commis-voyageur  (Mj.),  s.  m.  —  Les 
enfants  donnent  ce  nom  à  l'épi  d'une  sorte  de 
graminée,  qui  a  des  barbes  fortes,  rudes  et 
élastiques,  et  que,  après  l'avoir  introduit 
dans  la  manche  de  leur  chemise,  ils  font 
remonter  vers  l'épaule  en  secouant  le  bras. 

Commode  (Mj.,  Fu.,  By.)  (c'mode,  que- 
mode),  adj.  q.  — -  Point  commode,  —  pas  le 
moins  du  monde,  pas  du  tout,  il  n'en  est  rien. 
Ex.  :  A' vous  vendu  voûte  gorin  pour  c'té 
prix-là?  —  Point  commode.  —  C'est  point 
cmode,  c'est  ben  c'mode  !  —  Loc.  très  usitée.  || 
C'est  ben  commode,  — loc.  explét.,  qui  signifie 
à  peu  près  :  De  plus,  mieux  encore.  Ex.  :  Et 
pis,  c'est  ben  commode,  je  ne  sais  s'ment  pas 
s'il  va  venir.  ||  Etre  fait  commode  pour,  — 
être  fait  exprès  pour.  Ex.  :  Il  est  fait  com- 
mode pour  faire  enrager  les  autres,  celui-là  !  — 
D'autres  disent  :  Etre  fait  de  commande 
pour.  Il  y  a  confusion  de  sens  et  de  mots.  — 
Cf.  Abboyon,  Aboyant. 

C(om)niodités  (Z.  155,  Fu.),  s.  f.—  Latrines. 

Commoincer,  C'moincer  (Mj.),  v.  n.  et  a.  — 
Commencer.  Forme  très  vieillie.  Cf.  C'mencer, 
C'mincer,  Coumoincer. 

Commotion,  s.  f.  (Li.,  Br.) 

Communiuux    (Les), 
nant  à  la  commune. 

Communs  (Mj.,  Lg.), 
dites,  lieux  d'aisance, 
Chiotte,  Chiette,  Numéro  Cent,  Cmodités 

CompasDée  (Mj.,  Ti.,  Zig.  157),  s.  f.  — 
Compagnie. 

Hist.  —  «  Décès  de  François  OUivier,  «  lequel 
estoit  soudard  en  la  compagnée  de  M.  du  Plessis  de 
Juigné.  »  (1615.  —  Inv.  Arch.,  S,  s,  E,  239,  2.) 


Congestion. 
Terrain   apparte- 


s.  m.  pi.  —  Commo- 
privés.   —  Syn.    de 


220 


COMPAGNIE  —  CONASSES 


«  Vous  souhaitons  le  bonjour, 
Madame  la  mariée. 
Vous  souhaitons  le  bonjour 
A  toute  la  compagnée.     » 
{La  Trad.,  p.  390.)  —  V.  F.  Lore.  Langage,  vm. 

Compagnie  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  La  for- 
mule de  politesse  rustique  en  abordant  un 
groupe  ou  en  entrant  dans  une  maison  est  de 
dire  :  Bonjour  la  compagnie.  —  Qqs-uns 
même  disent  :  Bonjour,  tout  le  monde  et  la 
compagnie.  1|  Sp.  —  Avoir  de  la  compagnie. 
Avoir  ses  règles.  Euphémisme  très  usité  entre 
femmes.  — Syn.  Trahu,  Araires,  Mardi-gras. 

Compagnon  (Mj.),  s.  m.  —  Faire  passer 
compagnon,  —  faire  baiser  son  derrière  à  qqn. 
X.  On  croit  que  c'est  de  la  sorte  que  les 
compagnons  du  tour  de  France  sont  reçus 
dans  le  devoir.  Cf.  Tonton. 

Et.  —  Cum-panis  ;  qui  mange  le  même  pain.  — 
«  Dans  le  psaume  40,  10  ;  —  Homo  pacis  mea^,  qui 
edebat   panem   mecum    »,   c.-à-d.    :   socius   meus. 

(MÉXAGE.) 

Comparaisons  (Z.  152).  —  Té,  t'es  plate 
comme  eine  douelle  !  —  Voir,  dans  ce  Glos- 
saire, toute  une  partie,  sous  ce  titre.  —  Folk- 
Lore  XVIII. 

Compasser  (Mj.),  v.  n.  —  Transiger,  traiter, 
faire  des  concessions,  partager  le  différend.  !| 
Compenser. 

Et.  —  Compasser,  plus  clair  pour  le  peuple,  a  un 
autre  sens,  cum  -\-  passus.  littéralement  :  mesurer 
au  compas.  (Daem.)  —  Compenser,  cum  -|-  pen- 
sare,  peser.  (Litt.) 

Compère,  s.  m.  (Lg.).  —  Taille  courte, 
sorte  de  vêtement  de  dessous  que  les  femmes 
portaient  autrefois  en  guise  de  corset.  Au 
bord  inférieur,  à  hauteur  des  reins,  était  cousu 
un  bourrelet  qui  soutenait  les  cotillons. 

N.  —  Ce  mot  n'est  plus  qu'un  souvenir.  Cepen- 
dant, les  gamines  du  cru  s'exercent  encore  à 
réciter,  sans  prendre  haleine,  la  petite  scie  sui- 
vante :  J'ai  été  trouver  le  tailleur,  brodeur,  berlifi- 
coteur,  pour  le  prier  de  tailler,  broder,  berlificoter 
mon  compère.  Le  tailleur,  brodeur,  berlificoteur 
m'a  dit  qu'il  ne  voulait  pas  tailler,  broder,  berlifi- 
coter mon  compère.  Je  m'en  se  venue  en  taillant, 
brodant,  berlificotant  mon  compère.  Il  était  aussi 
ben  taillé,  brodé,  berlificoté  comme  si  le  tailleur, 
brodour,  berlificoteur  avait  taillé,  brodé,  berlificoté 
mon  compère.  —  Excellent  exercice  pour  délier  les 
langu'-.p  des  commères  futures.  Cf.  Pisseur. 

Complice  (Mj.),  s.  m.  —  Complice,  ou 
p]ut'':t  Complicité  ou  Complot.  Ce  mot,  en 
effet,  s'emploie  toujours  avec  de.  «  Etre  de 
complice.  »  V.  Esploter.  N.  On  a  dû  aussi  dire 
autrefois  :  Etre  à  complice,  car  l'angl.  a  le 
subst.  Accomplice,  —  complice. 


CompUmenteux  (Mj.),  adj.  q. 
ment'jur. 


f. 


Compli- 


Etat  de    la 


C:;mportance   (Lg.),    s. 
santé   Syn.  de  Portement. 

N  —  Pour  les  anciens,  la  formule  de  politesse 
rustique,  après  avoir  souhaité  le  bonjour,  consiste 
à  ajouter  :  Et  la  comportancet  c.-à-d.  :  Comment 
vous  portez-vous  î 


Comporter  (se)  (Lg.),  v.  pron.  —  Se  porter. 
Ex.  :  Comment  vous  comportez-vous? 

N.  —  Cette  formule  de  politesse,  fort  en  hon- 
neur autrefois,  n'est  plus  en  usage. 

Compose  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  :  Poires  de  compose,  poires  de  compote, 
qui  ne  sont  bonnes  que  quand  elles  sont 
cuites  ou  en  compote.  Corrupt.  du  mot  fr. 

Comprendre  (Mj.),  v.  a.  —  C'est  à  ne  pas 
illi  comprendre,  —  c'est  à  n'y  rien  comprendre. 

Comprenoire  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Intelli- 
gence, compréhension.  «  Il  n'a  pas  la  compre- 
noire facile.  Cf.  Devinoire,  Entendoire. 

Comprets.  —  Pressoir  pour  presser  la  lie  du 
vin.  De  :  comprimere.  Voir  l'admission  à  faire 
le  chef-d'œuvre  du  vinaigrier,  t.  XXVIII, 
p.  86.  (MÉ>-.)? 

Compris  (Mj.),  prép.  —  Ex.  :  Il  a  tout 
acheté,  compris  le  meubilier,  —  y  compris, 
inclus. 

Compte,  s.  f.  —  Tant  qu'à  bon  compte. 
V.  Viré.  Il  (Mj.)  Faire  compte,  —  compter, 
espérer.  Ex.  :  Je  faisais  compte  qu'a  serait 
venue  me  voir.  Ij  En  avoir,  ou  en  tenir  pour 
son  compte,  —  avoir  son  compte,  être  suffi- 
samment battu  ou  maJade.  ||  Un  certain 
nombre.  Ex.  :  Ils  ont  ein  compte  d'hectolitres 
de  pierre  chaude  à  tirer  par  jour.  ||  Donner, 
ou  foutre  son  compte  à  qqn,  —  le  renvoyer,  le 
congédier.  \\  Faire  le  compte,  suffire.  —  Ça 
fait  le  compte.  \\  Mj.,  Lg.  —  Rendre  ses 
comptes,  —  vomir,  en  parlant  d'un  ivrogne.  || 
Sens  spécial  aux  potiers  du  FuUet  ;  une  cer- 
taine quantité  ou  valeur  de  poterie.  Un 
compte,  c'est  un  pot,  ou  deux,  ou  trois,  ou 
quatre,  etc.,  suivant  leur  taille. 

Comptée,  s.  f.  —  «  Préliminaire  de  tous  les 
jeux  d'enfants  pour  savoir  qui  sera  dessous. 
Ces  enfants  formant  le  rond,  celui  qui  fait 
la  comptée  se  met  au  milieu  et  met  successi- 
vement la  main  sur  chaque  enfant,  en  pro- 
nonçant une  syllabe  de  certaines  formules.  Le 
dernier  mot  de  la  formule  désigne  le  chat,  ou 
sert  à  éliminer  successivement  tous  les 
joueurs  jusqu'à  ce  qu'il  ne  reste  plus  que  le 
chat.  Voici  quelques  formules  :  Une  poule 
sur  un  mur  —  Qui  picote  du  pain  dur  — 
Picoti,  picota  —  Lève  ta  queue  et  puis  t'en 
va.  —  Ou  encore  :  Petit  ciseau  d'or  et 
d'argent  —  Ta  mère  t'appelle  au  bout  du 
champ  —  Pour  y  manger  du  lait  caillé  — 
Que  les  souris  ont  barbotté  —  Va  t'en,  ta 
mère  t'attend.  (Dottin.)  V.  Folk-Lore.  For- 
mulettes,  i. 

Compter  (sans)  que  (Mj.,  By.).  —  Car, 
assurément,  certainement.  —  Ex.  :  J'irai 
d'main  au  marché,  sans  compter  que  j'ai  ben 
des  commissions  à  faire.  —  Sans  compter  que 
vous  ferez  bien.  —  Ellipse  :  J'ai  bien  des  rai- 
sons pour  aller  au  marché,  sans  compter 
celle-ci,  que  j'ai. . . 

Conasses  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Anneaux  de  fer 
fixés  les  uns  sur  l'étambot  d'un  bateau,  les 


CONCEVOIR  —  CONFONDRE 


221 


autres  sur  le  gouvernail  et  que  traverse  l'axe 
de  celui-ci. 

Concevoir  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Avec 
l'é  fermé,  et  non  muet.  Concevoir,  comprendre 
Cf.  Recevoir. 

Conchier  (Sp.),  v.  a.  —  Enger,  infester- 
Ex.  :  C'est  tout  conchié  de  picote. 

Hist.  —  «  Ce  qu'il  fait  (le  cinge)  est  tout  conchier 
et  dévaster,  qui  est  la  cause  pourquoy  de  tous 
repçoit  bastonnades.  »  (Rab.,  G.,  i,  40.)  —  «  Ils 
grippent  tout,  dévorent  tout  et  concilient  tout.  » 
(1d.,  p.,  y,  11.) 

Concrir  °  (se),  v.  réf.  (Mj.,  Sp.).  — •  Se  pro- 
duire, naître  spontanément.  Ex.  :  Les  vers  se 
concrissent  dans  la  viande.  —  Mot  inconnu  au 
Lg. 

N.  —  L'idée  de  la  génération  spontanée  des 
bestioles  de  toute  sorte  est  universelle  dans  nos 
campagnes.  —  Cum-creare?  ou  mieux  :  cum- 
crescere. 

Et.  Hist.  —  «  Concréer  (se),  se  former,  être 
formé  :  «  En  Inde,  il  se  trouve  du  miel,  soit  qu'il 
vienne  de  la  rosée,  soit  qu'il  se  concrée  d'une 
humeur  douce.  »  (Malherbe,  Lexiq.  Edit.  Lalanne. 

—  LiTT.,  Suppl.)  —  «  Nus  hom  n'est  concriez  sans 
semence  d'autre  homme.  »  (L.  C.)  —  «  Concrer, 
concrire.  Engendrer,  former.  «  Le  mauvais  air 
concre  les  maladies  ;  l'himeur  de  la  terre  concrie  les 
champignons.  »  On  dit  que  «  la  fiente  de  porc, 
lorsque  l'on  s'en  sert  comme  d'engrais,  concrie  les 
courtilières  ».  On  dit  aussi  que  «  manger  des  châ- 
taignes crues  concre  des  poux  ».  —  Ce  n'est  pas  le 
même  que  :  concréer,  créer  ensemble.  —  V.  réf.  — 
«  La  grêle  se  concre  dans  l'air  ;  les  hannetons  se 
concréent  dans  la  terre  ;  les  chenilles  se  concrient 
sur  les  «  bouchetures  »,  à  la  suite  des  berouées 
chaudes.  »  —  Vient  de  concrescere,  employé  en  ce 
sens  par  Virgile  : 

. .  .Ut  his  exordia  primis 
K  Omnia  et  ipse  tener  mundi  concreverit  orbis.  » 
(Jaub.)  —  Concrire  :  Se  dit  des  objets  qui  se 
forment  dans  la  terre,  y  durcissent  ou  y  fermentent 
et  des  animaux  qui  s'y  engendrent.  On  dit  de  beau- 
coup d'insectes  qu'ils  se  concrient  ou  se  concrillent 
dans  la  terre  ;  les  scarabées,  et  particulièrement 
le  hanneton.  La  concrétion  est  un  subst.  f.  qui  doit 
correspondre  à  concrire.  (De  Montesson.) 

Condition,  (Mj.)  s.  f.  —  Aeine  condition  que, 

—  à  condition  que.  ||  Aller  en  condition,  — 
comme  domestique. 

Conditionnel  (Fu.,  etc.).  —  Emploi  de  ce 
mode.  «  Je  voudrais  ben  que  ça  s'rait  comme 
ça.  » 

Condor  (^Ij.),  s.  m.  —  Talus  de  sable  for- 
mant chacun  des  rebords  d'un  chevalis. 

N.  —  Condol.  —  Amas  de  terre  ;  relevé  d'un 
fossé,  terre  relevée  entre  deux  sillons.  —  Hist. 
«  Lequel  vigneron  estoit  sur  un  condot  d'une  our- 
dière  (ornière)  de  charrette  sur  le  chemin.  »  (1417. 

—  L.  C.  —  N.  E.)  —  On  trouve  condol  ou  condot, 
rendu  en  latin  par  le  mot  :  porca,  dans  D.  C.  V» 
Condis. 

Conduire  (se)  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  l'éf.  —  Se 
diriger.  Ex.  :  C'est  ben  juste  s'il  voit  se 
conduire. 

Conduiseur  (Tr.),  s.  m.  —  Ouvrier  chargé 
de  recevoir  les  blocs  d'ardoise  à  l'orifice  du 
puits  et  de  les  répartir  sur  les  chantiers. 


Hist.  —  «  Les  conduiseurs  desdites  bêtes  et 
charroy  seront  tenus  de  l'amender.  »  (1371.  — 
L.  C.  —  N.  E.)  —  Dorénavant,  les  ouvriers  d'à-bas 
n'entendent  pas  payer  les  journaliers,  les  condui- 
seux  et  tous  les  ouvriers  qui  ne  sont  pas  employés 
exclusivement  à  l'extraction.  {Petit  Courrier,  6  fév. 
1905,  2,  4.) 

Conduite  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Règle  de 
conduite.  On  dit  ironiquement  d'un  noceur 
qui  se  range  :  Il  s'est  donc  acheté  eine 
conduite?  —  Apprendre  à  se  mieux  conduire, 
se  corriger.  ||  Accompagnement  avec  céré- 
monie, il  Conduite  de  Grenoble,  —  action  de 
reconduire  à  coups  de  bâton.  C'est  sans 
doute  une  allusion  à  qq.  conduite  de  compa- 
gnons restée  légendaire.  ||  Conduite  de  onze 
heures,  —  gourdin  solide  qui  permet  de 
voyager  la  nuit  avec  qq.  sécurité.  ||  Dans  un 
bateau  de  marinier,  on  donne  ce  nom  à  une 
forte  pièce  de  bois,  de  2  m.  de  long  environ, 
boulonnée  sur  les  rabes  du  fond  et  qui  sup- 
porte le  pied  du  mât.  La  conduite  a  remplacé 
la  carlingue,  qui  était  beaucoup  plus  longue.  || 
By.  —  Conduite  de  11  heures  ;  syn.  de  Per- 
mission de  10  heures  ou  de  minuit.  Grosse 
canne. 

Coner,  v.  a.  —  Priser  ;  se  servir  de  la  taba- 
tière appelée -chincho ire,  qui  a  la  forme  d'un 
cône  (?).  Il  By.  —  Côner,  ô  long.  Priser  beau- 
coup, se  bourrer  le  cône  (le  nez).  —  «  Il  cône 
tellement  que  toujours  sa  touine  est  vide 
(peu  importe  la  forme  de  la  boîte  ou  taba- 
tière). 

Confée  (Mj.),  s.  f.  — •  Consoude.  Plante  de  la 
famille  des  borraginées.  ||  Lue.  —  Id.  Plante 
des  prés  humides  ;  Delphinium- consolida.  — 
Syn.  de  Consôre.  ||  Se  dit  à  Pell.  ||  Oreille 
d'âne.  (Mén.) 

Confesse  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  (Français.) 
S'emploie  dans  la  loc.  :  Aller  en  confesse,  —  à 
confesse 

Et.  Hist.  —  C'est  le  fém.  de  l'anc.  partie,  confès, 
qui  signifie  :  celui  qui  s'est  confessé. 

—   «  L'ennemi  (le  démon)  qui  nous  caupresse 
Ne  het  tant  riens  come  confesse.   (Vers  1300.) 

Confessioniste  s.  m.  (Ros.).  —  Celui  qui 
va  habituellement  à  confesse.  (Mén.) 

Confiance  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  En  confiance, 
avec  confiance.  Ex.  :  Je  illi  donnerais  ma 
bourse  en  confiance.  \\  Id.  —  confidentielle- 
ment. Ex.  :  «  Moi  qui  illi  disais  ça  en 
confiance  !  »  Ou  :  de  confiance. 

Confirmer  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Giffler, 
calotter.  —  Allusion  au  signe  «  sensible  »  du 
sacrement. 

Confondre    (By.,    Mj.),    v.    a.   —   Abîmer, 

gâter,  détériorer.  Ex.  :  Sa  culotte  est  confon- 
due. —  Syn.  de  Rouiner.  Tu  vas  confondre  tes 
souliers.  ||  Lg.  —  Esquinter,  tuer  de  fatigue. 
Ex.  :  Je  se  confondu,  —  rompu,  fourbu.  Nout' 
chevau  était  confondu.  \\  Lue.  —  V.  Enfondu. 
Il  (Mj.)  V.  réf.  Se  confondre,  —  faire  con- 
fusion, se  tromper. 

Et.    Hist.   —    «   Des   choses   qui  sont  fondues 


22? 


CONFONDU  —  CONSEILLER 


ensemble  n'existent  plus,  en  qq.  sorte  :  «  Voyant... 
mon  herbe  confondue,  perdue. . .,  si  je  ne  dit  mot.  » 
(P.  L.  Courrier.  —  Litt.)  —  «  Finablement,  la 
plus  grande  partie  de  ladite  porte  fut  confondue, 
et  cheut  tout  à  plat.  »  (L.  C) 

Confondu  (Mj.,  Lg.,  Lx.,  Br.),  part.  pas.  — 
De  Confondre.  Sali,  gâté,  abimé,  détérioré  :  Sa 
culotte  est  confondue.  \\  Lg.  —  Rompu  de 
fatigue,  épuisé,  fourbu.  Syn.  de  Grémi.  \\ 
Fu.  —  Infesté  :  C'est  confondu  de  chiendent. 
Syn.  de  Efoisé,  Guerpi.  V.  Confondre. 

Confrérie  (Mj.),  s.  f.  —  Confrérie  ;  l'ê  très 
long. 

Hist.  —  «  Ceux  qui  retiennent  des  papiers 
concernant  la  fabrique,  les  confrairies  et  revenus 
de  l'église  ne  les  ont  point  rendus.  »  (Anj.  Hist., 
6"  an.,  n°  6,  614.  —  Paroisse  de  Tilliers.) 

Confusion  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Grande  quan- 
tité, foison,  grande  abondance.  Syn.  de 
Bénédiction,  Foisance,  Tournée.  Ex.  :  Y  a  des 
poume',  à  c't'année,  que  c'en  est  eine 
confusion.  —  Y  a  eine  confusion  de  vipères, 
c't'année. 

Hist.  —  «  La  nymphe  porte  un  vase  d'où 
tombent  en  confusion  des  pièces  de  monnaie.  » 
(FÉNELON,  XIX.  461.)  —  «  Abondance  de  choses 
placées  pêle-mêle.  »  (Darm.) 

Coniller,  v.  a.  —  Faire  comme  les  conils 
(lapins),  qui  se  dérobent  au  moindre  bruit. 

Et.  Hist.  —  Lat.  Cuniculus.  «  Le  fr.  avait  le  v. 
coniller  pour  dire  :  user  de  fuites  ,de  subterfuges,  se 
tapir.  ))  (Litt.)  —  Cette  façon  de  parler  est  fort  en 
usage  dans  l'Anjou.  (Ménage.)  —  En  parlant  de  la 
mort  :  «  Je  cherche  à  conniller  et  à  me  dérober  de  ce 
passage.  »  (Mont.,  in,  349.) 

Conjurer  (Lue,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Guérir  un 
mal  par  sortilège. 

Conjureur,  .s  m.  (Lue,  Fu.).  —  Sorcier.  — 
V.  Conjureux. 

N.  —  Le  conjureur  de  vipères  arrête  le  venin  en 
prononçant  des  paroles  cabalistiques  aussitôt  qu'on 
lui  a  parlé  de  la  personne  mordue.  Plus  heureux 
que  le  médecin,  il  n'a  pas  besoin  d'examiner  les 
gens  pour  les  guérir.  Il  ordonne  tout  de  même  des 
remèdes,  du  séneçon  et  je  ne  sais  trop  quelles 
autres  herbes.  —  On  assure  que  les  gens  soignés  de 
la  sorte  se  ressentent  des  efTets  de  la  morsure  toute 
leur  vie  ;  mais  c'est  égal  ;  le  conjureur  s'y  entend, 
le  médecin  n'y  connaît  rien.  »  (Jl.,  Br.) 

Conjureux  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  — Conjurateur, 
sorcier  qui  fait  des  incantations  pour  guérir 
certains  maux.  V.  Conjureur. 

N.  —  Il  est  presque  inutile  de  dire  qu'on  a  la 
plus  grande  foi  dans  les  conjureux,  dont  les  pra- 
tiques et  les  formules  mystérieuses  se  trans- 
mettent de  génération  en  génération,  comme  des 
secrets  importants.  Il  y  a  des  gens  qui  conjurent  les 
brûlures,  d'autres  les  entorses,  d'autres  le  mal  de 
ventre,  d'autres  les  morsures  de  vipères,  les 
anthrax,  appelés  vartaupes  (Fu),  etc.,  et  il  ne 
manque  pas  de  personnes  qui  vous  affirment 
sérieusement  qu'elles  ont  éprouvé  elles-mêmes  un 
notable  soulagement  à  la  suite  des  invocations  des 
conjureux,  sans  que  ceux-ci  aient,  d'ailleurs,  pra- 
tiqué aucune  manœuvre,  appliqué  aucun  remède. 
Seulement,  la  condition  essentielle  du  succès  est 
une  foi  robuste  de  la  part  du  patient.  C'est  là,  en 
effet,  le  point  important.  Ceux  qui  savent  à  quel 


degré  le  moral  peut  réagir  sur  le  physique  ne  dou- 
teront pas  que  ces  affirmations  sont  sincères  autant 
qu'elles  sont  désintéressées. . . 

Connaissance  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Maîtresse, 
bonne  amie. 

Conneric  (Mj.,  Lg.,  Tlm.,  Fu.,  partout).  — 
Bêtise,  sottise,  niaiserie,  nigauderie.  Syn.  de 
Bégaudage.  Ex.  :  T'as  encor  fait  là  eine  belle 

connerie  !  j|  Mauvaise  farce. 

Conneûtre  (Lg.,  Fu.),  v.  a.  —  Connaître. 
Doubl.  du  vx  fr.  et  de  Queneûtre. 

Connin  (Lg.).  —  V.  Colin.  «  Mon  petit 
connin,  —  mon  petit  lapin.  »  Angl.  Cony  : 
lapin. 

Connom.  —  Pour  :  prénom.  Vx  mot. 

Hist.  —  «  C'est  ici  le  papier  et  ensignement  où 
est  contenu. . .  tous  les  noms,  connoms  des  pères  et 
mères. . .,  etc.  »  Le  Longeron  (dans  tout  le  registre. 
{Inv.  Arch.,  t.  ni,  E,  S,  s.,  384,  2.) 

Conrayer,  v.  a.  —  Affûter  une  faux  en 
frappant  dessus  avec  un  marteau  nommé 
Bifflain.  V.  Forge,  Batterie  de  faux. 

Et.  —  «  Se  disait  de  la  préparation  de  diverses 
choses,  particulièrement  de  celles  qui  exigeaient 
d'être  pétries,  battues.  (Conregere,  corrigere.)  Du 
pain  mal  conréé,  mal  pétri.  Cette  acception  pou- 
vait bien  venir  de  la  préparation  qu'on  donnait  aux 
cuirs,  qui  consistait  surtout  à  les  battre,  à  les  pétrir. 
On  nommait  cette  préparation  courroi,  du  mot  lat. 
corium,  cuir.  De  là,  couroyer,  mot  qui,  par  l'alté- 
ration de  son  orthographe,  se  confondit  aisément 
avec  conréer.  S'applique  aussi  à  la  préparât,  des 
draps,  etc. 

Conrée  (Lue),  s.  f.  —  Courroie. 

Conroie  (By.).  —  Ou  Conraie.  Courroie. 

Conroye  (Château  de  la  ).  —  Ainsi  nommé 
parce  qu'il  fut  construit  sur  un  emplacemnet 
d'autant  de  terre  que  les  conroyes  d'un  cuyr 
de  thoreau  pouvaient  circuir  et  environner 
(par  Hexgistus  le  Saxon  —  Jean  de  Botjk- 

DIGNÉ,  18  1). 

Et.  —  Lat.  corrigia,  fouet,  de  corrigere,  coiriger. 
Vx  fr.  Curgie,  corgie,  corgiere.  (Litt.)  —  Soit  : 
mais  Conroi  signifie  aussi  :  argile,  marne  argileuse. 

De  Montesson.) 

Consarve  (Mj.,  P'u),  s.  f.  —  Conserve.  — 
De  consarve,  qui  se  conserve  longtemps,  —  se 
dit  des  fruits. 

Consarver  (Mj.,  Fu),  v.  a.  —  Conserver. 

Conscience  (Mj.),  s.  f.  —  Faire  conscience, 
—  donner  du  remords,  exciter  les  reproches 
de  la  conscience.  ||  En  conscience,  —  en  vérité. 
Il  By.  —  En  vérité  conscience,  —  affirmation 
sérieuse. 

Conscrit  (Tlm.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Homme 
de  la  même  conscription.  Ex.  :  Vous  êtes 
mon  conscrit  ;  je  sommes  tous  deux  de  la 
classe  74.  —  Syn.  de  Classe.  ||  Fu.  —  Se  dit 
aussi  des  filles  qui  ont  le  même  âge  que  les 
conscrits  d'une  même  année. 

Conseiller  (se)  (Mj.),  v.  pron.  —  Demander 
conseil,  se  consulter.  Ex.  :  Il  s^était  conseillé 
à  des  gens  qui  s'y  aconnaissent. 


CONSENT  —  CONTRE 


223 


Consent  (Tlm.,  Sa.,  Lg.),  adj.  q.  —  Consen- 
tant, Ex.  :  Si  ça  s'est  fait,  c'est  qu'il  était  ben 
consent.  —  Aile  en  était  consent.  N.  Ce  mot  est 
invariable.  ||  A  Mj.  et  au  Fu.,  on  dit  :  à."  A  con- 
sent ;  à  By.  et  Mj.,  être  usassent. 

Hist.  —  Très  employé  en  ce  sens  au  xvi«  s. 
«  Pour  ce  firent  tous  d'un  commun  consent.  >> 
(Al.  Chartier.  —  L.  C.)  —  Brantôme  a  dit,  en 
parlant  d'une  révolte  :  «  Il  y  en  avoit  qui  n'estoient 
nullement  de  consent,  qui  n'y  consentoient  pas.  » 
{Capit.  fr.  n,  248.) 

Conséquent  (Mj.,  Lx.,  Zig.  154,  Fu.),  adj.  q. 
—  De  conséquence,  important.  Ex.  :  C'est 
eine  somme  conséquente  ;  —  une  ferme 
conséquente,  —  considérable.  —  Ne  se  dit  que 
des  choses. 

N.  —  Conséquent,  pour  :  considérable  est  un 
.barbarisme  que  beaucoup  de  gens  commettent  et 
contre  lequel  il  faut  mettre  en  garde.  Une  consé- 
quence est  une  conclusion  déduite  d'une  proposi- 
tion. —  On  est  conséquent  avec  soi-même  quand 
on    agit   comme   on    pense   et   comme   on    parle. 

(LiTT.) 

Consigne  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Manger  la 
consigne,  — -  ne  pas  exécuter  l'ordre  reçu,  ne 
pas  tenir  la  promesse  donnée. 

Consister  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  —  Le  pat. 
n'emploie  ce  mot  que  dans  la  loc.  :  Ça  ne 
consiste  en  ren,  —  cela  n'a  pas  d'importance 
ou  pas  de  sens,  cela  est  insignifiant. 

Et.  —  C'est  le  sens  le  plus  étymologique  ;  cum-j- 
sistere,  fixer. 

Console  (Sp.),  s.  f.  —  Consoude,  V. 
Consôre.  Sans  doute  pour  :  Consode  ;  comme  : 
code  pour  coude.  Syn.  de  Confée.  Bat.  Sym- 
phitum  ofTicinale. 

llist.  —  «  Ou  la  rose  ou  la  violette. 

Ou   la  consaude  joliette.    »    Froissakt. 
—   «  Je  ne  me  doi  retraire  (cesser)  de  loer 
La  flour  des  flours  ,  prisier  et  honnourer, 
Car  elle  fait  moult  à  recommender. 
C'est  la  consaude,  ensi  la  vœil  nommer, 
Et  qui  lui  voelt  son  propre  nom  donner  | 

On  ne  lui  poet  ni  tollir,  ni  embler  ; 
Car  en  françois  a  nom,  c'est  tout  cler, 
La  margherite.  (Froissart.) 

Variantes  :  consaude,  consolde,  consoulde, 
consourde. 

Consôre  (Mj.),  s.f.  —  Consoude.  Plante  de 
la  famille  des  Borraginées.  Syn.  de  Confée, 
Console. 

Et.  —  Les  mots  Console  et  Consôre  sont  l'un 
et  l'autre  des  doublets  du  fr.  Consoude,  dér., 
comme  ce  dernier,  du  lat.  Consolidare.  —  Hist. 
«  Puis  me  torchay  de  mercuriale,  de  persiguière, 
d'orties,  de  consolde  ;  mais  j'en  eus  la  cacque- 
sangue  de  Lombard.  »  (Rab.,  G.,  i,  13.) 

Conte  1  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Pour  expri- 
mer l'incrédulité,  on  dit  :  C'est  ça  des  contes  à 
Robert  mon  oncle.  |1  Au  conte  de  X,  — 
d'après  ce  que  dit  Un  tel.  Ex.  :  A  son  conte, 
c'est  lui  qui  a  raison.  —  Se  rapproche  de 
Compte  ;  mais  il  y  a  une  nuance  :  A  ce  qu'il 
raconte. 

Et.  —  Les  deux  mots,  d'ailleurs,  viennent  de 
computare  et  sont  souvent  confondus. 


m.  —  Colporteur. 


Conte  -  (Fu.),  prépos.  —  Contre,  à  côté  de. 
Ex.  :  Il  demeure  conte  chez  moi.  ||  Se  pro- 
nonce souvent  Cotte,  au  Fuilet.  On  dit  : 
Conte  chez  le  curé,  ou  bien  Cotte  chez. . . 

Conté  (Z.  150).  —  A  côté  de.  Conté  lé,  à 
ce  Lé  d'elle.  ||  Se  prononce  presque  conteure, 
ou  contere.  ||  On  dit  aussi  Quante,  Quanté  ; 
quanté  moi. 

Content,  e  (Fu.),  adj.  q.  —  Entraîne  l'idée 
de  saturation  :  Je  suis  content,  pour  :  j'ai 
bien  déjeûné.  —  V'ià  nos  gorins  ben  contents, 

—  rassasiés,  repus.  ||  By.  —  J'ai  entendu:Me 
v'ia  côre  ben  content  pour  à  c'te  heiire,  Ghiou 
marci  (Dieu  merci)  la  voûtre  ;  (s.  e.  bonté, 
amabilité).  —  Ce  n'est  pas  du  langage  usuel. 

Hist.  —   V  Nous   avons   pourtant 
Tout  nostre  content 
De  mets  pour  notre  repas. 

.    (Basselin.  —  L.  C.  —  N.  E.) 

Conter,  Contère  (Mj.,  Fu.,  Zig.  196),  prépos. 

—  Contre.  ||  Près  de,  à  côté  de.  V.  Conte  ^ 

Conterporteur  (Mj.),  s. 
Corr.  du  fr. 

Et.  —  Hist.  «  Colporteur.  Sans  doute  de  col^- 
porter,  porter  sur  son  cou.  Cependant  la  forme 
ancienne  est  :  comporter,  qu'on  peut  expliquer  en 
disant  qu'elle  est  pour  :  comporter,  les  syllabes  on 
et  ou  se  confondant  facilement  dans  l'ancienne 
prononciation.  Quoi  qu'il  en  soit,  Conporter  reste 
et  rappelle  le  lat.  comportare.  On  trouve  aussi  au 
XVI®  s.  contreporter.  «  Les  revendeurs  de  livres, 
qui  les  portent  à  leur  col  par  la  ville,  sont  appelez 
contreporteurs,  d'un  mot  corrompu,  au  lieu  de 
colporteurs.  »  (L.  C.  —  Littré.) 

Contervention  (Mj.,  Fu  ,  By.),  s.  f.  — 
Contravention.  Le  Genevois  dit  Contreven- 
tion,  de  Contrevenir.  |j  Fu.  Id.  Ou  Contre- 
vention. 

Conteux  (Lg.),  s.  m.  —  Conteur.  Se  dit 
dans  :  Conteux  de  menteries,  —  menteur. 

Contiendre  (Mj.,  Fu..,  By.),  v.  a.  —  Conte- 
nir. Cf.  Tiendre,  Soutiendre,  Retiendre. 

Contient  (Mj.),  part.  pas.  —  Contenu. 

Continu,  s.  m.  et  adj.  (Sa.,  By.).  —  Au 
continu,  —  à  proportion,  proportionnelle- 
ment. Ex.  :  Il  était  tout  à  fait  grand,  et  puis 
grous  au  continu.  \\  Au  continu  de,  —  à  l'ave 
nant,  à  proportion  de,  relativement  à. 

N.  —  Ces  deux  locutions,  inconnuesà  Mj.,sontdes 
plus  employées  à  Sa.  —  ||  Lg.  Au  continu,  —  au 
prorata. 

Continuant  (Lg.),  part.  pr.  —  Dans  ein 
continuant,  —  par  la  suite,  à  la  longue.  ||  Au 
continuant,  même  sens 

Contraire  (Mj.,  By.),  adj.  q.  et  s.  —  Ben 
du  contraire,  —  tout  au  contraire. 

Contre  (Mj.,  By.),  prép.  —  Auprès  de,  à 
côté  de.  Il  demeure  contre  chez  nous.  —  Il  est 
venu  se  mettre  contre  moi  à  la  messe.  ||  Je  ne 
vais  pas  contre,  —  je  ne  dis  pas  le  contraire,  je 
n'y  contredis  pas.  ||  Ne  pas  aller  contre  de,  — ■ 
ne  pas  se  refuser  à.  Ex.  :  Je  ne  vas  pas 
contre  de  payer  ce  que  faut.  j|  Il  n'y  a  pas  à 


224 


CONTREBAS  —  COPIEURS 


aller  contre,  —  c'est  incontestable.  ||  Sp.  — 
De  contre,  —  auprès,  à  côté.  Ex.  :  L'autre  est 
venu  se  mettre  de  contre  ;  je  me  trouvais 
de  contre.  \\  Sp.  —  Au  contre,  —  au  contraire, 
à  l'opposé,  en  opposition  avec.  ||  Faire  tout 
au  contre  de,  —  faire  le  contraire  de.  ||  Mj.  Avoir 
contre  son  cœur,  —  avoir  à  contre-cœur.  !| 
S.  m.  —  Le  contraire.  Ex.  :  C'est  tout  le 
contre  de  ce  que  je  pensais. 

Hist.  —  «  Dymanche  22  aougst  1568,  à  Valletz, 
contre  le  bourg,  sur  le  soyr,  se  trouvèrent  l'un 
contre  l'autre  M.  de  la  Debaudière. . .  et  M.  de  la 
Poëze.  ).  {Inv.  Arch.,  S.  E.,  m,  333,  1.) 

Contrebas  (Mj.,  Fu.,  By.).  —  En  contre-bas, 
plus  bas.  Un  pré  est  en  contre-bas  d'un  autre. 
De  même  :  En  contre-haut. 

Contre-bouter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Contre- 
dire, contrecarrer.  Par  extens.  ^'.  Contre- 
pointer. 

Contre-guetter  (Mj.),  v.  a.  —  Chercher  à 
arrêter,  en  se  portant  au  devant  d'elle,  une 
bête  échappée,  ii  Rattraper  au  vol  un  objet 
lancé.  Syn.  de  Reciper,  Recéper. 

Contre- marche  (Tlm.),  s.  f.  —  Forte 
baguette  de  bois  articulée  d'un  bout  sur  le 
bâti  du  métier  de  tisserand  et  de  l'autre  bout 
sur  l'extrémité  libre  de  la  marche,  qu'elle 
rencontre  à  angle  droit.  Participant  à  tous 
les  mouvements  de  celle-ci,  elle  l'oblige  à 
monter  et  à  descendre,  suivant  une  surface 
conique  qui  se  rapproche  d'un  plan  vertical. 

Contre- moi.  —  Pour  :  avec  moi  ;  se  dit 
d'accompagner  qqn.  «  Viens-tu  contre  moi  ? 
M'accompagnes-tu?  »  —  Voir  Conte. 

Contre-peste,  s.  m.  — ■  Tussilago  petasites. 
grand  bonnet.  Autrefois,  les  médecins  qui. 
visitaient  les  pestiférés  se  couvraient  la  tête 
d'un  grand  bonnet.  (MÉx.)  —  Bat. 

Contre-poison  s.  m.  —  Pied  de  griffon. 
Vulg.  Hellébore  fétide.  (Mén.)  Bat. 

Contrepointer  (Tlm.,  By.),  v.  a.  —  Contre- 
carrer. Il  Contredire.  Syn.  de  Contrebouter. 
Proprement  :  Piquer  une  étoffe  des  deux 
côtés. 

Contreporteur  (Mj.),  s.  m.  —  Colporteur. 
V.  Conter  porteur.  Syn.  de  Marcelot. 

Contretirer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Tirer  obli- 
quement et  irrégulièrement.  Se  dit  d'un  cor- 
dage, d'une  pièce  de  vêtement  mal  assemblée. 

Contrevents  (Lg.),  s.  m.  —  Favoris,  barbe 
qui  couvre  les  joues.  On  les  appelle  aussi  : 
Tiges. 

Contrôle  (Mj.)  s.  m.  (L'o  très  bref).  — 
L'enregistrement. 

Contrôler  (Mj.),  v.  a.  —  Contrôler.  ||  Enre- 
gistrer. 

Convarsation    (Mj.,    Fu.,    By.),    s.    f.    — 

Conversation. 

Convarsion  (Mj.),  s.  f.  —  Conversion. 
Convartir  (Mj.),  v.  a.  —  Convertir. 


Conveint  (Mj.,  Fu.),  part.  pas.  —  Convenu. 
Ex.  :  C'est  le  jour  que  j'avions  conveint. 

Convenance  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  — 
Convention.  .Ex.  :  Ça  dépend  des  convenances 
que  n'on  a  ensemble.  Ils  avaient  des  conve- 
nances entre  eux. 

Convenir  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Convenir  de, 
fixer,  désigner  d'un  commun  accord.  Ex.  : 
Faut  convenir  ein  jour  pour  nous  rencontrer. 
Le  part.  pas.  est  :  conveint.  X.  On  dit  Conve- 
nir et  Conviendre  ;  Conveint  et  Convient. 

Convient  (Mj.,  Lg.),  part.  pas.  — Convenu. 

Cop,  s.  m.  —  Coup  à  boire.  ||  On  voit  dans 
la  loi  salique  (édit.  Eccard,  t.  II,  art.  7)  : 
«  Usque  ad  très  coppas  >>,  trois  coups  pour 
punition.  (C'est  un  autre  sens.  A.  V.)  Ou  de 
Coparius  (échanson),  qui  est  a  copis  vel 
poculis  (D.  C.)  —  On  achetait  une  cope  de 
sel  ;  copa,  mensura  vinaria,  olearia  et  salina- 
ria.  —  B.  L.  colpus,  de  la  Loi  Salique,  de 
colapus,  colaphus,  qui  se  trouve  dans  le  sens 
général  de  coup  ;  du  lat.  colaphus,  coup  de 
poing,  soufflet.  —  Coup  de  vin,  ce  qu'on  boit 
en  un  coup,  en  une  fois.  (Litt.) 

—  «  Et  quant  rafTrechi  fut  l'abbé  à  son  talent, 
Et  il  ot  bû  un  cop  de  ce  riche  piment.  » 

(Chroniq.  manuscr.  de  Bertr.  du  Guesclin.  — 

MÉN.) 

—  «  Avant  le  cop.  j'ay  profonde  bleçeure.   » 

G.  C.  Bûcher,  173. 

|[  Add.  —  Tlm.  —  Cop,  coup.  —  Mai  d'un 
cop,  tout  d'un  coup  {Mireille,  42,  4.) 

Copage  (Lg.,  Tlm.),  s.  m.  —  Fourrage  vert, 
tel  que  le  seigle,  trèfle,  luzerne,  jarrosse, 
vesceau,  etc. 

Et.  —  Syn.  et  d.  de  Coupage.  Dér.  de  Coper. 

Copay,  s.  m.  (Craon).  —  Estomac  d'un 
animal. 

N.  —  Copa,  estomac  (Orats).  —  Kopé,  —  le 
gros  intestin,  le  boyau  supérieur  des  ruminants 
(DoTTDf).  V.  Copet. 

Cope  (Lg.),  s.  f.  —  Coupe.  ||  Castration. 
Syn.  de  Coupe.  ||  Trace  de  la  castration  au 
flanc  d'une  truie.  Syn.  de  Senure. 

Cope-clioux  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  que  l'on 
donne  ironiquement  aux  paysans.  —  Cf. 
Castaud,  Chasse-pie,  Dâbr'e,  Vire-bouse,  Pic, 
Pampre.  Pitois. 

Coper  (Tlm.,  Lg.),  v.  a.  —  Couper;  forme 
vieillie,  mais  encore  en  usage. 

Et.  —  Doublet  du  mot  fr.  —  A  noter  que  de  cette 
forme  vient  le  fr.  Copeau,  tandis  que  le  patois 
angevin  emploie  le  s.  Coupeau. 

Copet,  s.  m.  —  Estomac  (Segr.).  Avoir  mal 
au  copet.  (Mén.)  —  V.  Copay.  \\  Mj.,  Fu. 
Petit  coup,  à  boire.  Ex.  :  Si  je  boivions  ein 
petit  copet.  Syn.  et  d.  de  Coupet. 

Copieurs,  s.  m.  —  Railleurs. 

N.  —  «  Il  y  a  une  espèce  de  raillerie  qui  consiste 
à  imiter  et  contrefaire  les  personnes. . .  Et  de  là  ; 
Copieurs  de  la  Flèche  (Méxage).  —  Copie,  rail- 
lerie, brocard.  Peut  venir  de  Cop,  dans  le  sens 
de  Coup  de  langue,  ou  de  Copia,  au  sens  d'imi- 


COPIEUX  -  CORCI 


225 


tation  moqueuse  :  «  Voici  qu'il  y  avait  une  vieille 
accroupie  au  coin  d'une  muraille  qui  lui  vint 
donner  sa  copie  en  lui  disant  en  son  vieillois,  etc. . 
(Contes  de  Des  Perriers,  i,  28,  178.)  —  Copier. 
Nous  avons  parlé  des  copieux  de  la  Flèche  les- 
quels ont  dit  avoir  été  si  terribles  gaudisseurs  que 
jamais  homme  n'y  passait  qui  n'eût  son  lardon  ; 
je  vous  dirai  d'un  grand  seigneur  qui  entreprint 
d'y  passer,  sans  être  copié.  »  (Id,  ibid...  p.  1-77.) 
—  Coppier  vient  assez  clairement  de  Cop,  coup 
de  langue,  bon  mot,  plaisanterie,  dans  le  passage 
suivant  :  «  Quand  nous  eusmes  bien  coppié. 
'^i  bien  lardé,  et  devisé,  etc. 

COQUILLARD,    p.    158. 

Copieur,  railleur,  moqueur,  plaisant.  —  L'éty- 
mologie  de  Le  Duchat,  sur  Rabelais,  i,  178, 
tirée  de  copier,  contrefaire,  ne  vaut  rien  du  tout. 
Vient  de  Cop,  coup  de  langue  :  «  Copieux  ont  été 
nommés  pour  leurs  gaudisseries.  »  (Des  Per- 
riers). —  «  Mille  et  mille  autres  petits  contes 
faisait  ce  copieux  curé  à  ses  paroissiens,  affin  de  les 
engarder  de  dormir  en  ses  sermons.  »  (Ibid.)  — 
On  disait  en  proverbe  -.  Copieux  d'Angers  (Dict. 
de  CoTGRAVE),  Copieux  de  la  Flèche  (Conte  de 
Des  Perriers).  —  (Tiré  de  La  Curne.)  — 
Kopyoé.  Qui  copie,  qui  imite  les  gestes  et  les 
façons  des  autres.  (Dottin.) 

Copieux  (Mj.),  adj.  quai.  —  Remarquable, 
admirable,  merveilleux.  —  Pas  d'autre  sens. 

Copin,  et  mieux  Copain.  — •  Compagnon  ; 
vx  fr.  compaing.  —  Qui  mange  le  même  pain. 

Coquarder,  v.  n.  (Segr.).  —  Se  dit  d'un 
chant  particulier  de  la  poule  au  moment  où 
elle  doit  pondre.  (Mén.)  Cf.  Cocasser. 

Coquart.  —  Sot,  niais  (Lé).  Ne  serait-ce 
pas  le  diminutif  de  Coquillard,  qui  signifie  : 
mari  trompé  par  sa  femme  (Amiens)  ou  sim- 
plement de  Cocu  ou  de  Coquet?  (Mén.) 

Et.  —  Hist.  —  Vieux  coq  ;  —  fou,  benêt.  «  Icel- 
lui  Bernart  dist  audit  Duchesne  :  . .  .Va-t-en  hors 
de  ma  maison,  Coquart  ;  lequel  Duchesne  rcspondi . 
audit  Bernart  qu'il  n'estoit  point  Coquart,  mais 
que  ledit  Bernard  estoit  bien  Coquart,  bernart  et 
tout  SOS  :  car  il  n'estoit  si  mauvaise  Couardie  que 
sotie.  —  Coquillard,  Coquebin,  Coijuebers.  » 
(D.  G.) 

Coquatre,  s.  m.  —  Demi-chapon,  poulet 
chaponné  à  moitié.  On  dit  d'un  homme  oui 
chante  mal  qu'il  a  une  voix  de  coquâtre. 

Et.  —  Coq+âtre,  suff.  péjor.  (Litt.) 

Coquaiid  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Œuf.  Terme 
enfantin.  Syn.  de  Coquet.  N.  J'ai  écrit  ailleurs 
Coco,  parce  qu'oii  le  trouve  ainsi  ortho- 
graphié au  sens  de  :  nigaud  ;  mais  l'orthogr. 
ci-dessus  est  plus  conforme  à  la  prononcia- 
tion. 

Coque  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ovaire  de  poisson 
rempli  d'œufs.  1|  Enroulement,  repli  très 
court  d'un  fil  de  fer.  j|  Lg.  —  Partie  d'un  bloc 
de  granit  circonscrite  par  une  fissure  et  qui 
saute  aisément  à  la  taille.  ||  Sa.  —  Coque  à 
l'Avent,  coque  du  Levant.  ||  Grande  coque, 
ou  ciguë  major  ;  cocue,  ciguë,  seguë,  cerfeuil. 
(Mén.)  Il  By.  On  dit  :  de  la  z'guë,  l'ézguë. 

Coque  (Mj.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'un  poisson 
dont  l'ovaire  est  plein  d'œufs,  œuvé. 

Coqueeigrolles  (By.),  s.  f.  —  Maigre  nour- 


riture. Syn.  de  Coquecigrues.  —  N.  J'ai 
entendu  dire  en  ce  sens  :  Des  coquecigrues  et 
des  papillons  rôtis. 


Coquelourde,  s.  f. 
tille.  (MÉN.)  Bat. 


Vulg.  anémone  pulsa- 


Coquer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Eclater  avec  un 
bruit  sec.  Ex.  :  Je  vas  te  tuer  tes  pouées 
(poux),  je  vas  les  faire  coquer.  \\  Se  heurter 
avec  bruit.  —  De  :  coc  !  onomatop.  ||  Prends 
garde,  la  bouteille  va  coquer.  (Li.,  Br.)  || 
(Mj.)  Se  boursoufler.  Ex.  :  L?s  moches  font 
de  mauvais  murs  ;  ça  fait  coquer  l'enduit.  || 
V.  a.  Siffler,  lamper,  flûter,  avaler  d'un  trait. 
Ex.  :  C'est  lui  qui  a  bentout  fait  de  coquer 
eine  verrée  de  vin.  —  N.  De  coc  !  à  cause  du 
bruit  que  fait  le  gosier  de  celui  qui  avale  de  la 
sorte.  Il  Chaucher  ;  le  coq  coque  ou  coche  sa 
poule. 

Coquereau  (Mj.),  s.  m.  —  Jeune  coq, 
cochet.  Dimin.  régul.  du  fr.  Coq.  —  Syn.  de 
Jaulet,  Jolct.  Cf.  angl.  Cockerell. 

Coquerets.  —  V.  Amour  en  cage.  (R.  Ba- 
zin, La  Sarcelle  bLue,  p.  256.)  Coquerelles,  de 
Bat.? 

Coquet"  (Lg.),  s.  m.  —  Œuf.  Syn.  de  Coco, 
Coquaud.  De  là  le  fr.  Coauetier.  Terme  enfan- 
tin. Il  Sal.  —  Limaçon,  à  cause  de  sa  coque. 
Syn.  de  Luma,  Limas. 

Coquette,  (Mj.),  s.  f. —  Saxifrage,  plante 
d'ornement. 

Coquille  (Pell.,  By.),  s.  f.  —  Copeau  mince, 
enlevé  par  le  riflard  ou  le  rabot.  Syn.  de 
Rifle,  Frison. 

Et.  —  Du  lat.  Conchylia,  plur.  n.  de  Conchy- 
lium  (on  trouve  conquilium  dans  un  vx  Glossaire) 
du  grec.  —  Ou  de  :  coque,  dér.  de  :  concha,  avec  la 
forme  diminut.  ille.  Cf.  Flotte,  flottille.  (Litt.) 

Coquoire  (By.),  s.  f.  —  Pour  :  Pétoire.  Tige 
de  sureau  vidée  de  sa  moelle,  dont  les  enfants 
font  une  sorte  de  canon.  (Bl.).  V.  Chiquoire. 

Cor  —  Pour  :  Encore.  «  Si  c'tait  cor  vrai  ! 
—  encore,  si  c'était  vrai!  —  En  voul'  vous 

cor  ?  » 

Corbeau,  s.  m.  (Sp.).  —  Bout  de  rondin 
incomplètement  carbonisé.  Terme  de  la 
langue  des  charbonniers.  ||  Fossoyeur. 

Hist.  —  1367  :  «  La  nuit  d'entre  le  14  et  IS"  jour 
d'apvril  a  esté  ensépulturé  dans  le  cimetière  par 
des  corbeaux  le  corps  de  Michel  Pétart  ;  lequel  est 
mort  de  peste.  »  (Iru>.  Arch.,  ii,  E.  S.  p.  364,  1.) 

Corheillou.  (By.),  s.  m.  —  Panier  dans 
leciuel  ou  distribuait  le  pain  bénit. 

Corbelet  (Lg.),  s.  m.  —  Pièce  de  bois  ou  de 
pierre  en  saillie,  encastrée  dans  un  mur  et  qui 
soutient  le  manteau  d'une  cheminée  ;  console, 
corbeau. 

Et.  —  Dimin.  de  Corbeau.  De  ces  mots  vient  le 
ranç.  Encorbellement. 

Corci  (Ba.,  De,  By.).  ■ — •  Durci,  surtout  en 
parlant  des  aliments,  un  artichaut,  des 
légumes  :  «  C'est  tout  corci.  »  —  Ne  fais  pas 

15 


226 


CORDE  —  CORLETTÊ 


trop  cuire  les  rillettes,  ça  les  ferait  corcir.  — 
Cf.  Corner. 

Corde,  s.  f.  —  Mesure  de  solidité  pour  les 
bois  de  chaufTage,  bûches  ou  rondins.  A 
Montjean,  la  corde  a  8  pieds  de  couche,  sur 
4  pieds  2  pouces  de  hauteur,  et  les  bûches 
doivent  mesurer  32  pouces  ;  ce  qui  donne  un 
cube  de  3,24  stères.  |!  A  Saint-Paul,  on 
envoie  promener  les  importuns  en  les  priant 
d'aller  se  baigner  dans  eine  corde  de  bûches. 
Fu.,  id.  Il  Au  premier  avril,  on  envoie  les 
simples  d'esprit  chercher  la  corde  à  virer  le 
vent.  Il  By.  —  Ancienne  mesure  agraire,  de 
63  au  quartier. 

Et.  —  On  prenait  cette  mesure  avec  une  corde  ; 
les  fagots,  au  contraire,  se  vendent  au  nombre. 
Lat.  chorda,  boyau,  puis  corde  à  boyau,  et  corde 
en  général.  Elle  contient  environ  quatre  stères  ; 
3  st.,  30.  —  Il  V.  Citation  des  Coustumes  d' Anjou,  au 
mot  Somme. 

Cordé,  ée  (Mj.,  Fu.),  part.  pas.  —  Colique 
cordée,  —  colique  de  miserere.  Ainsi  appelée 
parce  que,  dans  la  croyance  populaire,  elle 
proviendrait  de  ce  que  les  intestins  se 
nouent  ou  s'entortillent  les  uns  avec  les  autres. 
Il  Point  cordé,  sorte  de  point  de  tricot.  La 
maille,  prise  à  revers,  est  enroulée  sur  elle- 
même. 

N.  —  By.  —  Il  faut  bien  faire  attention  à  la  fin 
de  la  cuisson  des  rillauds  :  un  coup  de  feu  mal  réglé 
et  les  rillauds  (et  les  rillettes)  sont  cordés  (sans 
doute  pour  :  cornés).  —  Les  carottes,  les  choux- 
raves,  les  navets,  en  vieillissant,  deviennent  cordés, 
ou  miches  (l'un  ou  l'autre).  —  Filandreux. 

Cordeau  (Lg.).  —  Au  plur.  :  Rênes,  guides 
d'un  cheval.  ||  Ec.  —  C'est  la  corde  avec 
laquelle  on  mène  les  chevaux  à  l'abreuvoir, 
par  exemple,  ou  avec  laquelle  on  les  attache 
à  l'écurie,  —  mais  non  les  rênes.  ||  Fu.  — 
Ficelle  poudrée  de  blanc  d'Espagne  ou  de 
noir  de  paille  pour  tracer  les  traits  de  char- 
pente. —  Cordée  pour  la  pêche  à  l'anguille. 
Les  cordelettes  qui  portent  hameçon  s'ap- 
pellent cordillettes.  ||  By.  —  Cordeaux.  Lignes 
de  fond  à  deux  brins.  Elles  servaient  à  sup- 
porter les  épinoches,  montées  pour  la  pêche  de 
l'anguille  au  printemps.  —  V.  Champeaux, 
Virecou,  Perrons,  Branles. 

Cordée  (Lg.,  Dt.),  s.  f.  —  Ligne  de  fond 
dormante  portant  plusieurs  hameçons  atta- 
chés à  des  cordelettes  ;  elle  sert  pour  la  pêche 
à  l'anguille.  V.  Cordeau. 

Hist.  —  Procès-verbal  pour  pêcher  à  la  cordée 
contre  L.  M.,  etc.  {Ang.  de  Paris,  23  juin  1907, 
3,  3.) 

Cordeler  (Sa.,  Va.),  v.  a.  —  Arpenter. 

Hist.  —  Desquelles  vignes  en  a  esté  faict  cor- 
delaige  et  arpentaige  par  le  menu.  »  (1614.  —  Jnv. 
Archiv.  G.   31,  1.) 

By.  —  Faire  une  petite  corde  ou  une  cor- 
delle  pour  mettre  à  la  patte  des  canards  de 
chasse,  —  ou  au  bout  du  fouet. 

Cordeieur,  s.  m.  —  Celui  qui  mesure  la 
terre  à  la  corde  et  pour  celui  qui  mesurait 
ainsi  le  bois.  (C.  D.)  La  corde  était  de  25  pieds 


de  côté,  un  peu  plus  de  66  centiares.  (Mén.)  — 
Se  trouve  aux  Coutumes  d'Anjor- 

Cordelle  (Pell.,  Crz.,  Lue).  —  Chiendent. 

Et.  —  Dér.  dimin.  de  Corde,  pour  raison  évi- 
dente. Qqf.  petite  corde  pour  le  hâlage  des  bateaux. 
Il  By.  et  Mj.  —  C'est  un  Billon,  en  ce  sens. 

Corde  à  quoue  (Mj.),  s.  f.  —  Cordage  qui 
sert  à  amarrer  l'arrière  d'un  bateau  à  la  rive. 
V.  Quoue  ou  Coue. 

Corder  (Lg.,  Fu.),  v.  a. —  Rempailler  une 

chaise.  Syn.  de  Joncer,  Foncer,  Fesser.  \\  By. 
—  Machine  à  corder  les  fils  de  Champeaux. 
Elle  consiste  en  une  boule  en  bois  surmontée 
d'une  tige  en  bois,  munie  d'un  crochet.  On 
attache  deux  fils  à  ce  crochet,  puis,  d'un  coup 
sec,  le  pêcheur  roule  la  tige  sur  sa  cuisse  ;  la 
boule  entretient  le  mouvement  et  les  fils  se 
cordent. 

Cordes-de-ehat,  s.  f.  —  Filon  de  quartz 
blanc  au  milieu  des  schistes.  (Tr.  —  MÉx.) 

Cordeuse  (Lg.),  s.  f.  —  Rempailleuse  de 
chaises. 

Et.  —  Dér.  de  Corder. 

Cordillette  (Lg.,  Fu.),  s.  f.  —  Petite  ficelle 
attachée  à  une  cordée  et  qui  porte  un  hameçon 
à  son  extrémité.  Syn.  de  Champeau. 

Cordillon  (Tlm.),  s.  m.  —  Cordelette  qui 
soutient  Vyètre,  ou  pennon  du  métier  de  tisse- 
rand. Chaque  cordillon,  tendu  en  son  milieu 
par  une  marionnette,  se  rattache  par  son 
extrémité  supérieure  à  une  courroie  de  cuir 
passant  sur  un  rouleau  de  bois  que  supporte 
le  porte-chaîne  et,  par  cette  courroie,  au 
cordillon  du  pennon  opposé. 

Côre  (Mj.,  Ti.,  Zig.  153,  Fu.,  Z.  196,  By.), 
adv.  —  Encore.  Ex.  :  A  n'est  côre  pas  venue. 
C'est  le  fr.,  avec  aphérèse  de  la  première  svl- 
labe.  V.  Cor. 

Coreau,  et  mieux  Choreau  (By.),  s.  m.  — 
Enfant  de  chœur. 

Hist.  —  «  Cureaux  —  Choralis  —  «  Item,  les 
petits  enffens,  c'est  assavoir  les  petiz  cureaulx, 
ne  doivent  pas  seoir  ne  estaller  es  chaeses  haultes 
ne  basses,  mes  ils  doivent  estre  en  estant  es  petiz 
releiz  du  cueur  en  manière  de  station.  »  (D.  C.) 

Corellas  —  Mot  inexpliqué. 

Hist.  —  «  Comme  les  gabeleurs  (gabelous) 
—  en  terme  vulgaire  —  et  les  contrebandiers  sont 
deux  corellas  ;  détruisant  les  premiers,  ont  détruit 
une  grande  quantité  de  voleurs.  »  (Cahiers  de  La 
Romagne.  ) 

Corer  (My.),  v.  a.  —  Arrêter  une  roue  avec 
un  obstacle.  Caler.  Cf.  Accourer.  \\  By.  — 
Côrer,  ou  plutôt  Accôrer. 

Corgne  (Lg.),  adj.  q.  —  Traître,  brutal. Syn. 
de  Trique.  Mot  vieilli. 

Corgnère  (Mj.,  Fu.,  Zig.  196),  s.  f.  —  Cor- 
nière. 

Corletté,  ée,  adj.  q.  (Ec).  —  Une  cane 
cortettée  (coUerettée),  qui  a  comme  une  colle- 
rette de  plumes  de  couleur  blanche  tranchant 
avec  le  reste.  V.  Amouré. 


CORNAGE  -  CORNIÈRE 


227 


Cornage  (Tlm.,  Fu.),  s.  m.  —  Manière  dont 
les  cornes  sont  disposées.  Ex.  :  C'était  un  bon 
bœuf,  mais  il  n'avait  point  un  beau  cornage. 

Cornaige.  —  V.  Cornage. 

Cornâillard,  e  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  et  f.  — 
Se  dit  d'une  bête  bovine  qui  aime  à  cornâiller. 

Cornâiller  (Mj.),  v.  n.  —  Donner  des  coups 
de  cornes  de  tout  côté.  V.  Diguer.  Ex.  :  Ceté 
bougresse-là,  a  ne  fait  que  de  cornâiller  dans 
son  piquet  !  ||  Po.,  Als.  —  V.  réciproq.  — • 
Lutter  l'une  contre  l'autre  en  s'attaquant 
avec  les  cornes.  «  Mes  vaches  a  s'cornâillent.  » 

Cornard  i  (Mj.,  Sp.,  Fu.),  s.  m.  —  Mari 
trompé.  Il  Auv.  —  Cerf,  insecte  coléoptère.  || 
Mj.  —  Bateaux  de  la  Maine,  appelés  aussi 
Jobs,  Mainiers  ou  Moiniers,  caractérisés  par 
deux  longues  perches  fixées  verticalement  au 
bordage,  à  droite  et  à  gauche  de  l'avant. 

Et.  —  Au  premier  sens.  Les  cornes  ont  été  de 
tout  temps  un  symbole  de  moquerie  et  ce  sens  est 
très  ancien  : 

—  S'est  plus  cornars  qu'uns  cers  rames 
Riches  bons  qui  cuide  estre  amés. 
(Roman     de     la     Rose.) 
Et  dans  un  acte  de  1400  :   «  Renoul  dist  audit 
Boursaut  qu'il  estoit  un  grand  Cornart,  qui  vault 
autant  à  dire,  selon  la  coustume  du  pais,  comme 
un  grand  ceux.  »  (L.  G.  —  N.  E.) 

Cornard  -  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Corneur, 
poussif,  atteint  de  cornage,  en  parlant  d'un 
cheval. 

Et.  —  D'après  le  bruit,  comparé  à  celui  d'une 
corne  dans  laquelle  on  souffle. 

Corne  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Bigne,  bosse  au 
front.  Il  Baisser  la  corne,  —  baisser  le  front 
comme  un  coupable  ou  un  enfant  timide.  || 
De  corne  en  coin,  —  en  ligne  diagonale. 

Et.  —  Du  lat.  pop.  corna,  pour  :  cornua,  plurii 
du  n.  cornu,  employé  c.  f.  s.  —  Au  2«  sens  :  «  Lors- 
qu'on fut  venu  à  bout,  en  1412,  de  réprimer  les 
désordres  et  pilleries  des  Anglais  :  «  Fut  toute 
la  terre,  et  frontières  des  dits  Anglois,  esmeute,  et 
pleine  de  rumeurs,  et  tant  qu'ils  se  retrahirent 
toutes  leurs  cornes  abaissées,  mais  dedans  brief 
temps  recommenceront.  »  {L.  C.)  —  N.  —  La 
cornette,  étendard,  a  été  dite  ainsi  à  cause  de  sa 
forme. 

Corné-ée,  adj.  q.  (Li.,  Br.).  —  Qui  sent 
mauvais.  De  l'eau  cornée. 

Et.  —  Hist.  —  On  disait  aussi  :  corner  pour  : 
sentir  mauvais,  se  corrompre,  en  parlant  du  poisson 
et  du  gibier.  Cette  acception  naît  de  l'usage  de 
publier  au  son  de  la  trompette  le  poisson  que  l'on 
avoit  de  la  peine  à  vendre  :  «  Je  ne  scay...  si 
autrefois  en  Poictou  on  n'a  point  vendu  le  poisson 
au  son,  et  cry  de  cornet,  qui  servoit  de  tintinnabule, 
dont  usoient  les  Grecs,  en  la  vente  de  leur  poisson. 
Car  on  dit,  en  ce  pais,  que  le  poisson  corne,  quand 
il  est  gasté,  puant  et  corrompu.  »  (Bouchet,  Sé- 
rées,  I,  231.)  Ainsi  corner  ne  signifie  pas  absolument 
et  proprement  :  sentir  mauvais. . .  Il  n'a  eu  cette 
signification  que  parce  qu'on  a  pris  le  signe  pour 
la  chose  même,  et  c'est  de  là  que  vient  l'abus  du 
mot  corner,  en  parlant  du  gibier  qui  se  corrompt, 
quoiqu'on  en  publiât  la  vente  à  son  de  trompe. 
»  Ils  ne  trouvoient  bon  le  gibier  sinon  qu'il  cornast 
un   peu,   c'est-à-dire   sans   déguiser  les   matières, 


qu'il  ne  fut  un  peu  puant.   »  {Apologie  pour  Héro- 
dote, p.  442.  —  L.  C.) 

Corneau  '  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Sorte  d'alose 
de  forme  plus  allongée  et  de  qualité  très  infé- 
rieure, qui  remonte  la  Loire  par  bandes  très 
nombreuses  dans  le  courant  de  mai.  Les  rive- 
rains la  pèchent  la  nuit,  au  carrelet  à  revers. 
On  l'appelle  aussi  Couvart  ou  Couverts.  —  Le 
corneau  a  une  légère  échancrure  au  milieu  de 
la  mâchoire  supérieure.  Il  n'a  pas  de  dents,  ce 
qui  le  distingue  de  la  finie.  V.  Ratouillard.  \\ 
By.  V.  Zigzags,  Suppl.  2. 

Corneau  "^  (By.),  s.  m.  —  Lieux  d'aisance. 
Syn.  de  Gogueneau,  etc. 

Et.  —  Corneau  paraît  être  une  erreur  pour 
Créneau.  Tuyau  de  plomb,  de  bois,  servant  au 
passage  des  ordures  provenant  de  la  bouteille  ou 
de  la  poulaine  (communs  de  l'équipage).  V.  Car- 
neau,  autre  forme  de  Créneau.  (Darm.  V.  Cré- 
neau.). V.  aussi  Corné. 

Corne-de-çarf  (Mj.),  s.  f.  —  Herbe  à  odeur 
forte  que  d'aucuns  cultivent  dans  les  jardins. 
—  Ménière  la  nomme  (à  tort)  :  Licochet,  ou 
laitue  vivace.  Thlaspi  sativum,  nasitort, 
cresson  alénois.  Bat.  |j  Sorte  de  pâtisserie 
(Ba.),  d'après  sa  forme. 


—    Habitant    de 


Cornéiais    (Mz.),    s.    m. 
Corné. 

Corneille.  —  V.  Chasse-bosse.  (Mén.) 

t^jEt.  —  Emprunté  du  radie,  de  Cornéole  ;  lat. 
du  m.  â  corneola.  Orig.  incert.  (Lysimachie, 
chasse-bosse,  corneille,  genêt  des  teinturiers.) 
Darm.  —  Cornéole,  Cornaline,  Corniole.  (L.  C.) 

\(-  Corner  '  (Segr.),  v.  n.  —  Se  dit  en  parlant 
d'un  fruit  qui  est  plus  que  mûr,  sans  être 
gâté  ;  une  poire  cornée,  une  poire  dont  l'inté- 
rieur est  mou.  Syn.  de  Chope,  Blette.  \\  V.  n. 
Devenir  très  dur  (ce  qui  est  tout  le  contraire 
du  sens  ci-dessus)  sous  l'influence  de  la  séche- 
resse. (Mj.)  Se  dit  de  la  viande  cuite  sur  un 
feu  trop  vif  et  de  certaines  terres  argileuses. 
Se  corner,  même  sens. 

Corner  '.  —  Crier  très  haut  aux  oreilles  ; 
répéter,  ressasser.  ||  Bourdonner.  «  Les  oreilles 
me  cornent;  il  m'est  advis  que  je  oy  Proserpine 
bruyante.  »  (Rab.,  P.,  m,  17,  251.)  ||  By.— 
Ein  beau  ch'fal  ;  c'est-y  dommage  qu'i  corne; 
il  a  le  chassifiau  trop  étret.  —  Souffler  forte- 
ment. 

Cornet  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Un  carnet.  ||  Mj., 
Lg.  —  Estomac,  ventre.  Ex.  :  Je  n'ai  ren 
dans  le  cornet.  V.  Fusil,  Sifflet,  Coco. 

Cornette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Variété  de 
chicorée  à  larges  feuilles  ;  sorte  de  scarole. 

Et.  —  Par  analogie  de  forme.  Nom  vulg.  de  la 
mélampyre  des  champs.  (Plumelle,  queue  de 
renard.)   Darm. 

Cornière  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Coin.  —  On 
dit  :  Dans  tous  les  coins-cornières,  dans  tous 
les  recoins.  |l  Regarder  de  cornière,  —  regar- 
der du  coin  de  l'œil,  regarder  de  travers. 

N.  —  La  cornière  d'un  bois,  en  Berry,  est  le 
coin  d'un  bois.  —  Angl.  Corner,  coin,  angle. 


228 


CORNIFLART  —  CORTÊ 


Corniflart  —  Pour  :  Ecornifleur.  Celui  qui 
vient  en  cachette  écouter  ce  qui  se  dit,  écor- 
ner les  phrases  d'une  conversation.  (Mén.)  — 
Ecornifleur,  le  renard,  dans  La  Fontaine.  || 
Fu.  Corniflart. 

Cornîlle  (Auv.,  Segr.),  s.  f.  —  Corneille, 
groUe,  gros  corbeau  ;  choucas.  V.  Joquart. 

Cornon  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  corne.  !| 
Pointe  de  pioche.  Ex.  :  J'ai  cassé  ieun  des 
cornons  de  ma  pioche.  Syn.  de  Piochon,  Pique, 
Picot. 

Cornou,  s.  m.  —  V.  Corneau  \ 

Cornuchet  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  jeu  de 
boules  qui  est  à  peu  près  le  même  que  celui 
de  la  Marque,  de  Tlm.,  et  de  Maulévrier.  Voir 
au  Folk-Lore,  vu. 

Cornuelle  (By.),  s.  f.  —  Poutre  prolongée 
au  nez  d'un  bateau.  —  V.  F.-Lore.  —  Cou- 
tumes (bateaux),  ii. 

Coroure,  s.  f.  —  Sonnerie  de  cor,  de  trompe. 

Hist.  «  Hardouin  de  Fontaine-Guérin,  composa 
un  Traité  de  vénerie,  laborieux  poènae  de  2.000 
vers,  où  il  enseigne  sortes  de  cornures  ou  sonneries. 
{Anj.  hist.,  2e  an.,  n»  1,  p.  93.) 

. . .    Qui   se    fera   ordonner 
De  justement  et  droit  corner 
Les    quatorze    cornures    dites,    etc. 
Il  y  en  avait  une  qui  s'appeloit  :   D'appel  de 
chiens  la  cornure.  (L.  C.) 

Corpion  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  V.  Courpion 
Corr.  de  Croupion. 

Corporé,  ée  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  —  Taillé,  bâti, 
bien  découplé,  en  parlant  d'un  homme.  Ex.  : 
Ben  corporé,  —  bien  pris  dans  sa  taille. 

Corporence  (Mj.,  By.),  s.  L  —  Corpulence. 
Il  Taille,  manière  d'être,  habitude  du  corps. 

Hist.  —  Le  genevois  dit  Corporance,  usité  aussi 
au  xvi«  s.  : 

Car  on   dict,   vu   sa   corporance, 
Que  c'eust  esté  un  maistre  bœuf. . . 

(Marot.  E pitre  de  Jehan  le  Veau.) 
—  «  Il  se  fait  adorer  et  sait  mieux  aimer  que 
n'aiment  les  gens  d'une  irréprochable  corporence.  » 
(H.  DE  Balzac.  César  Birotteau,  p.  108.)  —  «  Il 
n'est  pas  surprenant  que  M.  le  Cardinal  dans  l'obs- 
curité ait  pu  prendre  la  fille  d'Oliva  pour  la  reine, 
même  corporence,  même  peau..»  [Annales  pol. 
et  litt.,  946,  90,  1.) 

Corps  (côr)  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Tomber  à 
corps  mort,  —  faire  une  chute  violente,  sans 
avoir  le  temps  de  se  garantir  avec  les  mains.  || 
Se  donner  le  corps  à  la  peine,  —  trimer.  ||  Fu., 
Mj.  —  Homme,  individu  en  général,  avec  une 
nuance  de  dédain  ou  de  commisération,  sur- 
tout personne  misérable  et  soulîrante.  Ex.  : 
Jamais  on  n'a  vu  si  hère  que  c'té  pouvre  corps- 
là  !  Il  Fu.  —  Se  prononce  Caure,  au  Long.,  en 
ce  sens.  Pauvre  corps,  pauvi'e  hère.  On  dit 
parfois  :  Pauvre  corps  du  Seigneur  !  ||  Lms.  — 
«  Mon  pauvre  corps.  »  Mon  pauvre  bon- 
homme !  —  Zig.  196.  Pouvre  corps  mordu  de 
puces.  Il  Mj.  Corps  d'âme,  —  personne.  Ex.  : 
Je  n'ai  vu  corps  d'âme,  âme  qui  vive.  || 
Foutre  par  le  corps,  —  accorder  subitement 


après  un  long  débat.  ||  Crier  sus  le  corps,  — 
hêler,  invectiver,  menacer  de  loin.  ||  Lg.  — 
Se  prendre  de  corps,  —  avoir  une  rixe,  une 
querelle  ou  une  dispute.  ||  Sorte  de  corset 
primitif.  Syn.  de  Camisole,  Corselette. 

N.  —  On  appelait  jadis  :  corps,  bâtes  ou  bâtines, 
des  espèces  de  corsets  que  les  femmes  se  confection- 
naient elles-mêmes,  ou  faisaient  faire  par  les 
ouvrières  du  pays.  Ils  étaient  formés  de  toile 
épaisse,  mise  en  double  et  piquée,  mais  non  ren- 
forcés par  une  armature  de  baleines  ou  de  lames 
d'acier.  Le  corset  parisien  a  remplacé  tout  cela, 
et  ces  mots  sont  maintenant  hors  d'usage,  comme 
la  chose  qu'ils  rappellent.  |i  By.  —  N.  La  chose 
qu'ils  représentent  est  encore  très  usitée,  et  on 
lui  donne  le  nom  de  taille  (Segré)  ou  de  camisole 
(By.)  —  Les  vieux  corsets,  grands  et  durs,  sont 
désignés  sous  le  nom  de  Bâtes. 

Corroie,  s.  f.  —  Courroie.  V.  Couraie. 

Et.  —  Lat.  corrigia,  courroie,  fouet,  de  corrigera, 
corriger  .  (Litt.)  —  L.  C.  le  tire  de  corium,  cuir  ; 
ceinture  de  cuir,  et  bourse  de  cuir  qui  y  était 
attachée. 

Hist.  —  «  J'aurai  à  ces  quaremiaus  (quaresme) 
Abit  pour  moi  renouveller, 
Corsie,  espée  et  boqueler  (bouclier). 

(Froissart.)   L.   C. 

Corrompre  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Mitiger, 
atténuer  ;  corriger  la  saveur  de,  remédier 
aux  propriétés  pernicieuses  de,  tempérer, 
assainir.  Ex.  :  Ein  petit  de  vin  —  de  vinaigre 
—  ça  corrompt  l'eau.  —  On  prononce  Cor- 
rompe. Cf.  Dompter.  —  «  C'a  bonne  envie  de 
geler  toutes  les  nuits,  mais  heureusement  que 
n'y  a  eine  petite  bérouée  le  matin  qui  cor- 
rom,pt  ça.   » 

Et.  —  Corrumpere,  rompre  l'ensemble.  —  Mo- 
difier dans  sa  substance  ou  sa  forme.  Corrompre  le 
cuir,  l'assouplir  ;  la  cire  ;  le  fer.  (Darm.) 

Corronipure,  s.  f.  —  Corruption. 

Corselette  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  corset.  — 
Voir  Corps,  le  dernier  sens.  —  Ajouter  : 
muni  d'épaulettes. 

Corseté,  —  Pour  :  Corsé,  qui  a  du  corps. 

On  corse  le  vin  en  y  ajoutant  de  l'alcool.  «  Ce 
vin  est  corseté.  »  —  On  a  supprimé  le  p 
étymol.  de  corps. 

Corsetter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Sangler  dans 
un  corset. 

Et.  —  Corps,  cors,  corset. 
Corsière  (By.).  —  V.  Cossards. 

Cors- de- ventre  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Cours 
de  ventre,  diarrhée.  Syn.  de  Courante, 
Va-vite,  Débord. 

Corté  (queurté)  (Fu.,  etc.),  adj.  q.  —  Vlk 
eine  petite  fille  bien  coriée,  bien  mise,  bien 
attiffée,  à  qui  ses  vêtements  vont  bien.  — 
«  En  vela-t-il  ieun  qui  passe  qui  est  bien 
querté  !  »  Cf.  Querter. 

Et.  —  De  accort,  accorte,  avec  suppression  de 
l'a  initial  ?  Le  sens  primitif  serait  :  qui  est  de 
gentil  esprit,  avisé,  gracieux,  puis  :  insinuant, 
llatteur.  Ital.  accorto,  même  sens.  Le  sens  s'est 
étendu  de  l'esprit  à  la  physionomie,  puis  au  cos- 
tume. De  Montesson  propose  Crête,  propre,  bien 


CORVÉIBR  —  COSSON 


229 


mis  :  «  La  dispense  que  mesme  des  hommes, 
ecclésiastiques  et  des  plus  crestez,  jouissent  en  ce 
siècle.  »  (Mont.  Ess.  m,  5.)  Cf.  Arrêter.  —  Orner, 
parer.  Crêter,  c'est  évidemment  :  faire  la  crête. 
D.  C.  au  mot  Cresta,  lui  donne  le  sens  de  peigner, 
mais,  comme  expression  populaire,  syn.  de  Mal- 
traiter. «  Vray  ment,  tu  es  bien  accresté  à  ce  matin.  » 
(Rab.,  g.,  XXV.)  —  '(  Accresté  à  la  mode  antique.  » 
(Id.,  P.,  II,  1.  —  Le  lecteur  choisira. 

Corvcier,  s.  m.  —  L'homme  qui  travaille 
à  la  corvée. 

Et.  —  Corrogata,  corroata,  corrovata,  corvada, 
corvede,  corvée.  L.  class.  corrogare,  prier  plusieurs 
personnes  en  même  temps.  La  :  corrogata  (opéra) 
est  à  l'origine  une  œuvre  collective  demandée  aux 
vassaux.  (Darm.)  —  Corvayer  ;  qui  doit  la  corvée 
(L.  C.) 

Cosaquin  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Casaquin. 

Et.  —  Casaque  de  :  casa,  vêtement  de  maison. 
DiEZ  cite  à  l'appui  le  B.  L.  casula  qui,  signifiant  : 
petite  maison,  a  pris  le  sens  de  cape,  et,  à  l'appui 
du  suffixe  (cas-acca),  Fital.  guarn-acca,  robe  de 
chambre.  Ajoutez  à  ces  arguments  le  B.  L.  cazeta, 
sorte  de  vêtement.  (Litt.)  —  Orig.  incert.  (Darm.) 
Cf.    Casaque. 

Cossard  (Lmy.,  Cho.,  Fu),  s.  m.  —  Oiseau 
de  maçon,  dans  la  langue  de  ces  ouvriers. 
Forme  masc.  de  Cossarde.  ||  Grosse  corde  de 
la  seine.  By. 

N.  —  Il  y  a  confusion  (By.).  Les  cossards  sont  les 
lièges  enfilés  dans  l'une  des  deux  grosses  cordes 
de  la  senne.  Ces  deux  cordes,  qui  bordent  la  senne, 
l'une  portant  les  lièges,  ou  cossards.  l'autre  les 
plombs  ou  les  ardoises,  s'appellent  des  Corsières. 
Dans  les  petits  engins,  nappes,  nappereaux,  tra- 
mails,  elles  s'appellent  des  filières.  Ces  cordes,  de 
différentes  grosseurs,  suivant  l'importance  de  leur 
emploi,  doivent  être  faites  avec  du  iijné  (cordages 
fabriqués  avec  du  chanvre  mâle  teille  et  simple- 
ment ébaudré.  L'âme  des  câbles  se  fait  surtout  avec 
la  baudre  du  teille.  V.  Tramail,  Lèche,  Lège. 

Cossarde  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Oiseau  de  proie 
diurne  d'assez  grande  taille,  qui  doit  être  le 
busard.  —  Fu.,  Buse.  ||  By.  —  Epervier. 

Hist.  —  «  Pour  les  préserver  des  atteintes  des 
hobereaux,  cossardes,  éperviers  ou  autres.  {La 
Trad.,  p.  26.5.) 

Cossardée  (Lg.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'un 
cossard,  d'un  oiseau  de  maçon. 

Cosse*  (Mj.),  s.  f. —  Sorte  de  pierre  schis- 
teuse ;  première  couche  d'une  ardoisière.  [| 
Lue,  By.  —  Roches  coquillières.  i|  Lg.  — 
Rocher,  promontoire  rocheux.  N.  Le  même 
que  le  mot  Mj.,  avec  un  sens  légèrement  diffé- 
rent. Il  Lg.  —  Souche.  Ex.  :  J'ai  fendu  mes 
cosses  cet  après-midi.  ||  Lg.,  Se^r.  —  Moule  à 
courber  les  tuiles.  Syn.  de  Ouéau.  V.  Cossette. 

Cosse  -  (Mj.),  s.  f.  —  Garniture  de  tôle  qui 
renforce  la  boucle  formée  à  chaque  angle 
supérieur  de  Vencourre  ou  ralingue  d'une 
voile.  —  Anneau  de  fer  plat  qui,  recourbé  sur 
les  bords,  présente  une  cannelure  propre  à 
recevoir  et  à  maintenir  un  cordage  dont  on 
l'entoure.  (Litt.) 

Cossé.  —  Nom  de  lieu. 

Et.  -^  J'extrais  les  curieuses  explications  sui- 


vantes de  l'ouvrage  de  M.  Sudre  :  Cours  de  Gram- 
maire historique,  rrP  partie.  Formation  des  mots 
et  vie  des  mots.  —  «  Considérons  un  même  type 
de  noms,  Cautiacum  ;  il  deviendra  suivant  les 
lieux  :  Cussac,  Cuisia,  Cussat,  Cuissai,  Cussay, 
Cossé  (Maine-et-Loire),  Cusset,  Cussy,  Cuissy, 
Coisy,  Choisey,  Chouzy,  Chouzé,  Choisy.  Ainsi 
s'est  formée  cette  quantité  considérable  de  noms 
de  lieux  (hameaux,  villages,  villes)  qui,  pour  la 
plupart,  sont  à  l'origine  des  noms  de  fermes, 
de  domaines  ruraux,  gallo-romains.  —  Le  sufî.  ac-u 
est  d'origine  gauloise.  Après  -la  conquête  de  la 
Gaule,  Auguste  (27  Av.  J.-C.)  y  établit  l'im- 
pôt foncier  ;  la  propriété  foncière  n'existait  pas 
alors  dans  ce  pays,  la  terre  appartenant  à  la 
commune,  au  pagus.  L'établissement  de  cet 
impôt  transforma  la  propriété  communale  en 
propriété  privée  ;  les  grands  personnages  de  la 
commune  devinrent  propriétaires  soumis  à  l'im- 
pôt et  durent  exploiter  les  terres  qui  devenaient 
leurs  domaines.  Il  fallait  désigner  ces  domaines 
et  créer  une  quantité  de  noms  de  lieux.  On  recou- 
rut à  un  moyen  bien  simple  qui  consista  à  ajouter 
au  nom  du  propriétaire  le  suffixe  gaulois  ac  qui 
signifie  :  relatif  à,  et  répond  à  peu  près  à  notre 
suff.  ier.  Si  ce  propriétaire  était  barbare,  on  ajou- 
tait acum  à  son  nom  simple  :  Camarus,  Camar- 
acum;  Eburus,  Eburacum;  Turnus,  Turnacum. 
Si,  au  contraire,  il  était  devenu  citoyen  romain, 
professeur  d'un  gentilice  ou  nom  de  famille,  le 
suffixe  acum  s'ajoutait  à  ce  gentilice,  qui  était 
toujours  terminé  par  un  i  :  Quintus,  Quinti- 
acum  ;  Paulius,  Pauli-acum  ;  Sabinius,  Sabini- 
acum.  —  Ainsi  se  formèrent  deux  séries  de  noms 
propres  en  acum  et  iacum.  Ils  subirent  des  modifi- 
cations diverses  suivant  les  régions.  . .    » 

Cosser  (Lue,  My.,  Fu.),  v.  n.  —  Lutter  avec 
la  tête,  comme  les  bœufs.  Ex.  :  V'ià  deux 
viaux  qui  s'cossent.  Syn.  de  Cornâiller. 

Et.  —  Hist.  «  D'après  Diez,  du  lat.  co-icere 
jeter  avec,  partie,  coictus,  d'où  l'ital.  a  fait  : 
cozzare,  comme  de  :  directus  il  a  fait  :  dirizzare.  — 
(LiTT.)  —  P.  ê.  de  même  rac.  que  Cotir,  heurter  du 
front.  (Darm.)  —  En  parlant  d'un  faon,  Ron- 
sard dit  : 

«  Saute  à  l'entour  de  moy  et  de  sa  corne  essaye 
De  cosser  brusquement  mon  mastin  qui  l'abbaye.» 
—  Meurtrir,  déchirer.  Cosser  une  pomme,  c'est 
ce  que  font  les  enfants  pour  boire  le  jus  d'une 
pomme  qui  n'est  pas  mûre,  sans  la  peler.  Ils  la 
frappent  tout  autour  d'une  multitude  de  coups  de 
manche  de  couteau  ou  d'un  morceau  de  bois. 
(Jaub.) 

Cossettes  (Tlm.),  s.  f.  pi.  —  Fragments  de 
souches,  éclats  de  bois.  Syn.  de  Souchottes. 
Dim.  de  Cosse. 

Cossine,  s.  f.  —  Alouette  cossine.  Cette 
alouette  reste  dans  le  pays  et  se  nourrit  de 
pois. . .  (MÉN.) 

Cosson  (Mj.),  s.  m.  —  Bruche,  petit  insecte 
coléoptère  sauteur,  qui  ronge  les  feuilles  des 
plantes  et  surtout  celles  des  crucifères.  Il  est 
de  la  famille  des  charançons.  V.  Cotisson.  — 
Il  ronge  les  pois  à  l'intérieur.  Dérivé  de 
Cotir.  V.  ce  mot  et  Saillon.  Syn.  de  Artuson, 
Puzon.  Il  Fu.  Artuson,  ronge  le  bois. 

Et.  —  Hist.  Lat.  Cossus,  insecte  du  bois.  — 
Cosset,  sorte  d'insecte  dans  le  patois  breton 
(D.  C.  Cossi.)  L.  C.  —  «  C'est,  or  de  par  le  diable- 
là,   respondit  Panurge,  un  cosson  noir,  né  d'une 


230 


COSSONXER   -    COUAILLIÉ 


febve  blanche,  or  de  par  le  diable-là,  par  le  trou 
qu'il  avait  fait  la  rongeant.  »  (Rab.,  P.,  v,  13.) 

Cossonner,  Cossouner  (Lg.),  v.  n.  —  Etre 
infecté  de  pucerons,  en  parlant  des  plantes.  || 
Etre  atteint  de  vermoulure,  en  pari,  du  bois. 

Cossus  (By.).  —  Larve  de  papillon,  vul- 
gairement appelé  Cossus-taille-bois,  ou  Bom- 
byx, feuille  morte. 

Costaut  (Ag.),  s.  m.  —  Homme  trapu,  un 
peu  lourdaud.  On  dit  aussi  :  Castaut. 

Côte  (Fu.,  By.),  s.  f.  —  Avoir  les  côtes  en 
long.  Se  dit  d'un  homme  qui  ne  prend  pas  la 
peine  de  se  baisser  pour  saluer  ou  pour  tra- 
vailler. Dans  l'opinion  des  gens  de  la  cam- 
pagne, cette  disposition  des  côtes  est,  dit-on, 
propre  aux  loups,  ce  qui  les  oblige  à  se  retour- 
ner tout  d'une  pièce.  —  Cf.  Avoir  un  poil 
dans  la  main.  V.  Coûte. 

Côté- moi.  —  A  côté  de  moi.  Viens  donc 
côté  moi.  —  C'est  :  Quant  et  moi.  V.  Cotret,  — 
curieux. 

ÎS'.   —   Coste.   On  supprimait  qqf.   l'article   de 
ou  la   préposition  en,  et  l'on  disait  par  ellipse  : 
Coste  ou  Couste  moi,  pour  :  à  côté  de  moi.  —  Hist.  : 
«  Si    trouvay     amour    coste    moi 
Qui  dit  :  regardez  que  je  voy.  —  (L.  C.) 

Côte- noire  (Lg.),  s.  f.  —  Chacune  des  côtes 
antérieures  du  bœuf.  Langue  des  bouchers. 
N.  La  viande  de  cette  région  est,  en  effet,  de 
couleur  plus  foncée. 

Coterie  (Mj.,  Sp.,  etc.),  s.  f.  —  Camarade, 
ami  intime.  Eh  ben  !  la  coterie,  buvons-nous 
ein  litre?  Syn.  de  Branche,  Caneçon. 

Et.  —  Hist.  Mot  ancien  qui  signifiait  un  cer- 
tain nombre  de  paysans,  unis  ensemble  pour  tenir 
les  terres  d'un  seigneur.  D.  C.  Coteria.  —  B.  L. 
Coteria,  de  Cota,  cabane  (Cf.  Cottage).  —  (Litt.) 

—  «  Item,  XXXVI  mencaudées  de  terre  ou  environ, 
tenues  en  coterie  du  seigneur  de  la  Falesque 
(1376.  —  L.  C.)  —  Cf.  Bandes  de  paysans  révoltés 
sous  le  nom  de  Cottereaux. 

Cotier  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Coquetier,  petit 
vase  où  l'on  met  un  œuf  à  la  coque.  Syn.  de 
Cocônier,  Cocotier. 

Cotillon  (Mj.),  s.  m.  —  Boire  sus  le  cotillon, 

—  boire  aux  frais  des  prétendants,  en  parlant 
d'un  père  qui  a  une  fille  à  marier. 

Et.  —  Dimin.  de  Cotte.  On  devrait  écrire  cot- 
tillon.  Celtiq.,  cot  ;  angl.  coat.  B.  L.  Cotta,  cot- 
tus,  dans  un  texte  du  ix<=  s.  —  (Litt.) 

Cotion  (Lg.),  s.  m.  —  Cotillon.  Se  prononce 
en  deux  syllabes.  Le  t  est  dur. 

Cotir"  (Sp.,  Lg.,  Sa.,  Fu.,  Bl.,  Li.,  By., 
Lue,  Pell.),  V.  n.  —  Sauter,  jaillir.  Faire 
cotir  de  l'eau  ;  en  frappant  du  pied,  d'une 
pierre  dans  une  casse  d'eau,  on  fait  cotir 
l'eau,  on  la  projette  sur  les  côtés.  —  La  rosée 
cotit  sur  ton  cotillon.  Eclabousser.  —  Une 
poire  est  cotie,  c.-à-d.  blette.  ||  By.  — 
Faire  cotir,  —  faire  une  souillée.  Cela  me  fait 
penser  à  faire  une  beurrée,  lancer  une 
ardoise  sur  l'eau,  de  manière  à  la  faire  glisser 
en  sautillant  sur  la  surface.  i|  Sal.  —  Sauter, 
danser.  Usité  en  ce  sens  à  Mj. 


Et.  —  Hist.  Au  dernier  sens  :  Meurtrir.  La 
grêle  a  coti  ces  fruits,  ces  poires.  Il  est  vraisem- 
blable que  cotir  est  le  simple  qui  se  trouve  en 
composition  dans  le  provenç.  per-cutir,  du  lat. 
percutere;  dans  l'esp.re-cudir,  recodir,  dulat.  recu- 
tere.(LiTT.)  —  N.On  voit  que  le  sens  a  été  étendu; 
l'eau  ne  cotit  pas,  mais  quand  elle  est  cotic,  elle 
jaillit  et  éclabousse.  —  "  Ledit  Lorrain  dist  pour- 
quoy  il  l'avait  féru  et  coti  la  tête  au  mur.  »  (1377). 
Cotis.  Fruits  meurtris,  comme  les  poires  tapées. 
(L.  C.  —  N.  E.)  V.  Citât.  Jaub. 

Cotisson  (Spr),  s.  m.  —  V.  Cosson. 
Et.  Dér.  de  Cotir.  «  Cotissure,  meurtrissure  qui 
n'entame  pas  le  fruit.  »  Darm. 

Coton  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  Profit,  bénéfice. 
Ex.  :  Je  n'ai  pas  fait  ein  grous  coton  dans 
ceté  gorin-là.  ||  Mj.  Fu.  —  Filer  ein  mauvais 
coton,  —  être  en  mauvaise  posture,  dans  un 
mauvais  cas,  dans  un  état  de  santé  précaire. 
(Tlm.,  etc.)  —  Tablature.  Syn.  de  Chahail. 

Et.  —  De  l'arabe  ;  gothon,  ou,  avec  l'article, 
al gothon. 

Côtoyeux  (Lg.),  adj.  q.  —  Accidenté,  se  dit 

d'un  chemin. 

Cotret,  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  manne  en 
osier,  munie  sur  les  côtés  de  deux  fortes 
anses,  dans  lesquelles  on  passe  des  perches 
qui  servent  à  les  porter.  C'est  au  moyen  de 
cotrets  que  l'on  décharge  la  chaux  et  le  char- 
bon des  bateaux.  Un  cotret  compte  pour  un 
demi-hectolitre,  en  sorte  qu'il  faut  cinq 
cotrets  pour  faire  une  barrique  de  chaux.  V. 
Barrique. 

Et.  —  Le  sens  français  est  tout  différent  :  fagot 
de  bois.  B.  L.  Costeretum.  qui  signifie  une  charge, 
un  panier,  une  botte  (1295).  «  Chacune  mande 
(manne)  de  merlan  ou  poisson  doit  deux  deniers, 
et  s'ils  sont  en  coterès,  chacun  costeret  doit  deux 
deniers.  »  Ce  costeretum  vient  de  costa,  dans  le 
sens  de  panier,  botte  :  une  coste  de  raisins  (1379)  ; 
Costa  circulorum,  une  botte  de  cercles.  On  peut, 
sans  beaucoup  de  peine,  passer  de  l'idée  de  botte 
à  celle  de  fagot.  —  La  localité  de  Villiers-Cotte- 
rets,  se  décompose  en  :  Coste-Retz,  auprès  de 
Retz  (Litt.).  —  Huile  de  cotret,  coups  de  bâton 
(Darm.). 

Cottin  (Th.).  —  Ciguë.  V.  Ceguè. 

Cou  1  (Mj.,  Rg.,  By.),  s.  m.  —  Prendre, 
porter  au  cou,  c'est  porter  sur  le  bras,  un 
enfant.  ||  Rg.  ,Fu.  —  Etre  à  cou,  —  être  porté 
sur  le  bras.  ||  Casser  le  cou  à  une  bouteille  ;  la 
boire  tout  entière.  —  Proprement,  c'est  cas- 
ser le  goulot,  en  faisant  sauter  le  collier  de 
verre  d'un  coup  sec,  faute  de  tire-bouchon. 

Cou  -  !  (By.,  etc.).  —  Exclamation.  Cri  que 
fait  au  jeu  de  Cut  l'enfant  qui  annonce  qu'il 
est  caché  et  que  celui  qui  attend,  à  la  sauve, 
peut  le  chercher.  Qqf.  Coucou.  Du  cri  de 
l'oiseau? 

Cou  ^  pr.  démonstr.  —  Celui-ci,  celui-là. 
(Cho.)  Ex.  :  C'est  i  cou  qui  t'a  volé  ton  cha- 
peau? 

N.  —  Vx  fr.  Çou  ;  ce,  cela,  celui.  —  Çou  temps, 
en  ce  temps.  Etes-vous  ço«  ?  est-ce  vous  ?  (L.  C). 
Doublet  et  syn.  de  Quiou,  Quiô. 

Couaillié,  adj.  —  Celui  qui  tue  le  temps. 


COUANE  —  COUBLER 


231 


paresseux,  preneur  de  cailles,  les  coailliers. 
V.  f.  de  Coisier,  ou  quoisier,  se  reposer  ;  de 
quiescere.  (Mén.)  —  Cf.  Coi,  tranquille. 
N.  —  Dans  L.  C.  Couailler,  remuer  la  queue. 

Couane  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  —  Sot,  nigaud. 
Ex.  :  11  avait  l'ar  pus  couane  !  ||  S.  f.  Individu 
qui  a  l'air  sot,  nigaud,  embarrassé  de  sa  per- 
sonne. Ex.  :  Il  n'a  l'ar  que  d'eine  grande 
couane.  \\  Mj.,  Lg.  —  Mou,  lâche,  stupide. 
Ex.  :  M'a-t-il  l'ar  couane  !  Terme  de  mépris. 

Et.  —  Couenne  .  (Var.  :  Couane,  coane,  coinne.) 
Orig.  obscure  (en  tout  cas  il  est  question  de  la 
peau  du  cochon  raclée).  —  Picard  :  quouane, 
bête,  poltron.  —  Semble  venir  de  Cutis,  peau, 
mais  le  suffixe  n'est  pas  expliqué  (Litt.).  —  L.  pop. 
Cutinna  (dériv.  anomale  du  lat.  class.  cutem, 
peau,  devenu  :  Codenne,  coenne,  couenne).  — 
R.  O.  propose  le  breton  :  Oan,  Goan,  Koan, 
faible.  Angl.  Wan,  blême.  —  Cf.  le  berrichon 
Cagne  (Jaub.).  —  Et  Couème,  Jaub. 

Couanée  (Fu.),  s.  f.  —  Crottin  de  cheval  en 
tas.  —  Par  opposition  à  Crottée,  qui  est 
répandue  en  longueur  par  le  cheval  en 
marche. 

Couarant,  adj.  q.  —  «  Il  s'en  est  venu  tout 
couarant,  en  parlant  de  qqn  qui  s'approche 
mine  de  rien,  pour  vous  surprendre.  — 
Comme  le  renard,  qui  se  rase,  la  queue  entre 
les  jambes. 

Couard  (Mj.),  s.  et  adj.  —  V.  Quouard.  — 
Queue.  ||  Cimier,  en  terme  de  boucherie.  Dér. 
de  Coue.  Syn.  de  Chimier.  ||  Lg.  —  S.  m. 
C'est  le  Dalut  de  Mj.,  le  Tarin,  la  Darut  ou 
Dérue,  le  Bissêtre,  d'ailleurs,  bête  fabuleuse, 
du  nom  de  laquelle  on  se  sert  pour  mystifier 
les  imbéciles. 

Et.  —  Cauda,  queue.  Le  sens  est  autre  en 
franc.  En  langage  héraldique,  on  appelle  lion 
couard  celui  qui  ])orte  sa  queue  retroussée  entre  ses 
jambes. 

Couârer  (Mj.),  v.  n.  —  Dormir  au  soleil.  — 
Cf.  Angl.  to  Cower,  se  blottir,  s'accroupir.  — 
«  En  mars,  on  couâre,  le  paysan  se  repose.  — 
Syn.  de  Soulailler,  Souleiller.  —  Se  trouve 
dans  les  Proverbes  de  M.  de  Solaxd  : 

N.  —  Dans  le  mois  de  Mars 

On  care  (état  de  somnolence). 

Dans  le   mois   d'Avril, 

On  dort  un  petit. 

Dans  le  mois  de  Mai, 

On  dort  malgré  se. 

Dans  le  mois  de  Juillet, 

On  dort  un  petit  houpet. 

Dans  le  mois  d'Août, 

On  ne  dort  pas  du  tout. 
Est-ce  pour  :  couarder,  faire  le  fainéant  ?  — 
R.  O.  rapproche  le  Breton  :  Ar  hoar,  à  l'aise  ; 
Ar  men  coar,  à  mon  aise  ;  Ar  ha  goar,  à  ton  aise  ; 
Ar  hou  coar,  à  votre  aise.  —  L'h,  le  g,  le  c  peuvent 
s'échanger. 

Couasse  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.),  adj.  q. —  Qui 
couve,  ou  veut  couver  ;  couvasse.  Ex.  :  Eine 
poule  couasse.  ||  Sp.  —  Fig.,  s.  f.  Femme  qui 
a  beaucoup  d'enfants  ;  mère  Gigogne.  ]|  Au 
plur.,  Enfants,  marmaille.  ||  By.  —  Dans  la 


direction    du   Mans,   une   pie  se   dit  :   une 
couasse.  De  Couer. 

Couasser  (Mj.,  Lg.,  By.).  —  Couver. 
S'obstiner  à  vouloir  couver,  en  parlant  d'une 
poule.  Ex.  :  A  ne  fait  que  couasser,  ceté 
birogue-\k  !  —  Couvasser.  i|  Autre  sens.  — 
Lg.  —  Croasser.  Ex.  :  Les  groUes  couassent  à 
matin  ;  c'est  signe  de  pieue.  Syn.  de  Cacasser. 

Couassin  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  V.  Coissin. 

Et.  —  Ce  mot  est  probablement  un  doublet  ou 
un  diminut.  du  fr.  Couette.  L'un  et  l'autre  semblent 
dér.  du  lat.  Cubare,  par  l'aphérèse  du  b  ou  du  v, 
comme  dans  Couer.  —  «  Gènev.,  Berry,  —  Coissin. 
Lat.  Culcita  (v.  Couette),  dimin.  culcitinum. 
(Litt.).  —  «  Du  lat.  pop.  coxinum,  de  coxa 
cuisse,  devenu  régulièrement  en  vx  fr.  coissin. 
La  forme  :  coussin,  qui  a  fini  par  supplanter 
l'autre,  paraît  due  à  l'influence  de  :  coûte,  var.  de 
couette. 

Coubarbier  (Lg.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
la  loc.  :  Eté  du  coubarbier,  —  période  de  cha- 
leurs, retour  d'été,  qui  se  produit  ordinaire- 
ment en  octobre  ou  fin  septembre.  C'est  ce 
qu'on  appelle,  à  Mj.,  l'été  des  Egobleaux. 

N.  —  Il  y  a  à  TifTauges  un  village  nommé  le 
Coubarbier.  \\  Il  y  aurait  là  une  épigramme  devenue 
historique  sur  d'anciens  fermiers  du  «  Coubarbier  » 
qui  trouvaient  toujours  le  temps  de  battre  leurs 
récoltes  à  la  fin  de  l'été.  On  sait  que  dans  toutes 
nos  régions  le  battage  en  grange  est  inconnu. 

Coube  (Fu.),  s.  m.  —  Couple,  paire.  «  Ça 
m'a  coûté  un  coube  de  sous.  »  —  Lms,  Zig. 
196.  Id. 

Coubèclie  (Sa.),  s.  L  —  Coupure,  entaille. 
Syn.  de  CoubicJie,  Cobiche. 

Coubiche  (Mj.),  s.  f.  —  Coupure,  entaille, 
taillade.  Ex.  :  Il  avait  eine  fameuse  coubiche 
au  front.  V.  Cobèche,  Cobiche. 

Et.  —  Pour  Coupiche,  s.  verb.  inus.  de  Cou- 
picher,  dim.  de  Couper. 

Coublage  (Mj.),  s.  m.  —  Paire  de  bateaux 
liés  bord  à  bord  et  que  les  mariniers  ma- 
nœuvrent ensemble,  —  surtout  quand  ils 
baissent  ou  dévalent. 

Et.  —  Du  lat.  Copula,  lien.  —  D.  C.  cupla. 

CouiZe  (Mj.,  Sp.,  Fu.),  s.  m.  et  f.  —  Couple. 
Il  Adj.  q.  Pair.  ||  Sp.  —  Jouer  à  couble  ou 
chique,  —  à  pair  ou  impair.  V.  Chiqu  .  || 
Lg.  —  Couble  ou  Soûle.  \\  N.  On  prononce 
aussi  :  Coube.  ||  Fu.  —  Branche  recourbée  en 
crochet  pour  puiser  de  l'eau.  La  courbure  est 
maintenue  par  un  omblet.  (Mm.) 

Hist.  —  n  Le  cor  Dieu,  il  prend  plus  de  plaisir 
quand  on  luy  fait  présent  d'un  bon  couble  de 
bœufs.  ))  (Rab.,  G.,  i,  39.)  —  «  Et  lui  demande  au 
retour,  un  couble  de  boisseaux  de  froment.  » 
(1709.  Inv.  Arch.,  E.,  p.  181,  col.  2.) 

Coub/er,  (Mj.,  Sp.),  v.  a.  —  Accoupler,  lier 
ensemble  deux  objets.  Fr.  Coupler.  — 
Coubler  du  linge,  attacher  ensemble  deux 
pièces  semblables,  deux  torchons,  deux  ser- 
viettes. Il  By.  —  Id. 

Hist.  —  «  Comme  de  masle  et  de  femelle,  coublés 
ensemblement.  »  (Rab.,  P.,  rn,  20,  258.) 


232 


COUBLET'  —  COUÉ 


Coublet'  (Mj.),  s.  m.  —  Couplet.  V.  Couble, 
Coubler. 

Coubloire,  s.  f.  —  Peau  d'anguille  servant 
à  coubler  le  manche  au  fléau.  (Mén.) 

Couche  (Mj.),  s.  f.  —  «  En  avoir  eine 
couche  !  »  sous-entendu  de  bêtise.  ||  Seg.  — 
Appoint  qu'on  met  sur  la  table  à  jouer.  — 
On  dit  :  se  carrer.  (Mén.) 

Et.  —  Le  Duchat  dit  que  c'est  une  métaphore 
empruntée  des  jeux  où  on  parie  une  somme  au 
delà  d'une  autre  qu'on  couche  sur  la  carte. 

Coucher  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  et  n.  —  Coucher 
ein  persoir,  —  serrer  un  pressoir.  H  Coucher 
en  retour,  —  comme  dans  un  lit  qui  n'a  pas 
été  fait,  remué,  brassé. 

N.  —  Premier  sens.  —  Cette  expression  vient 
de  ce  qu'autrefois  on  se  servait  uniquement  d'im- 
menses pressoirs,  dits  à  Casse-cou,  dans  lesquels 
la  pression  s'obtenait  à  l'aide  d'une  énorme  poutre 
agissant  comme  levier  du  second  genre  que  l'on 
couchait  sur  le  cep.  L'expression  est  toujours  en 
usage,  même  pour  signifier  la  manœuvre  des 
pressoirs  à  vis.  qui  ont  partout  remplacé  l'ancienne 
et  dangereuse  mactiine.  I|  Par  ext.,  on  dit  d'un 
pressoir  qu'il  peut  coucher  telle  quantité  de  vin, 
ç.-à.-d.  presser  en  une  fois  cette  quantité. 

C'est  ein  petit  persoir  (pressoir)  à  coucher 
trois  barriques.  ||  Coucher  de  l'argent,  — 
déposer  l'argent,  gage  d'un  pari,  d'un  enjeu. 
Ex.  :  Je  couche  cent  sous.  ||  Coucher  dehors,  — 
rester  abandonné  dehors  pendant  la  nuit,  en 
parlant  des  objets  inanimés.  Ex.  :  Ma  hache 
a  couché  dehors,  aile  arait  ben  pu  trouver  des 
jambes  (m'être  volée).  ||  Envoyer  coucher,  — 
envoyer  promener.  ||  Couché  !  interj.,  —  se 
dit  à  un  chien.  —  Peut-être  :  Couchez  ! 
Couche-toi!  Ou  :  Reste  couché.  AMj.  Couche \ 

Et.  —  Du  lat.  collocare,  mettre,  poser  ;  de  col, 
pour  cum,  et  locare,  placer.  Le  sens  général  de 
placer  a  été  réduit  au  sens  particulier  de  mettre 
dans  un  lit,  ou  dans  une  position  analogue  à  celle 
qu'on  a  dans  le  lit.  On  a  dit  :  Coucher  une  lance 
en  arrêt  (Litt.  ). 

Coucheux  (Mj.),  s.  m.  —  Coucheur. 

touchis  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Lattes  de  bois 
qui  recouvrent  un  cintre  et  soutiennent 
l'intrados  d'une  voûte.  —  Lang.  des  maçons. 

Coucou  (Z.  153.  Sal.,  Fu.).  —  Quand  on 
entend  le  coucou  pour  la  première  fois  de 
l'année,  il  est  bon  d'avoir  de  l'argent  dans  sa 
poche  ;  ça  porte  chance,  on  en  aura  toute 
l'année.  |!  Faire  Coucou.  V.  Cou?  \\  S.  m.  Nom 
vulg.  du  primevère  ;  primula  ofTicinalis.  Les 
enfants  en  font  des  balles  à  jouer  en  réunis- 
sant les  fleurs  au  moyen  d'un  gros  fil.  (Dott.) 
1|  Coucou  !  Ah  !  le  voilà  !  —  Jeu  de  bébé.  La 
maman  se  couvre  la  figure  de  son  tablier  et  se 
découvre  à  ce  cri,  à  la  grande  joie  de  l'enfant. 
il  Qqfois  Cocou. 

Coudaigre  (Tlm.),  s.  m.  —  Ancienne  espèce 
de  pomme.  Ex.  :  Les  pommes  de  coudaigre, 
n'y  a  point  meilleur  pour  faire  du  melage. 

Et.  —  J'y  vois  le  mot  aigre.  Cf.  Coup  d'œil. 

Coudant  (Lg.).  — ^  Cousant.  Part.  pr.  de 
Coudre. 


Condoune  (Sp.),  s.  f.  —  Coing.  V.  Codone. 

Coudounier  (Sp.),  s.  m.  —  Cognassier.  \'. 
Codonn  ler. 

Coudre  (Mj.,  Fu.),  v.  a.  —  Coudre  le  bec, 
fermer  la  bouche  à  qqn,  le  réduire  au  silence. 
—  Ex.  :  Ça  illi  a  ben  cousu  le  bec.  —  N.  On  dit 
dans  le  même  sens  :  Cloure  ou  Clouer  le  bec. 

Coudrer  (Mj.),  v.  n.  —  Se  dessécher  un  peu 
au  .soleil.  On  fait,  par  ex.,  coudrer  le  ciseau 
(carex)  avant  d'en  faire  des  liens  pour  le 
chanvre.  ||  By.  —  On  ne  se  sert  pas  de  ciseau, 
mais  de  paille,  pour  lier  le  chanvre.  On  fait 
dans  bien  des  cas  usage  de  jonc.  S'il  est  vert, 
il  faut,  avant  de  l'employer,  le  laisser 
s'ét'ner  (s'étonner),  syn.  de  Coudrer,  que  je  ne 
connais  pas. 

Coudrie  s.  f.  —  Ou\Tage  de  couture.  (Li., 
Br.,  Fu.).  Elle  a  apporté  sa  coudrie,  son 
ouvrage.  —  Comme  forme,  on  peut  le  rap- 
procher de  :  Brocherie,  Râserie,  Batterie, 
Sèmerie,  etc. 

Et.  —  B.  L.  Cucire  ;  de  consuere  ;  cum,  avec, 
et  suere,  coudre  (d'oîi  :  suture).  La  forme  est  très 
contracte,  mais  régulière  ;  consuere  donne  coure, 
et,  par  l'attraction  de  la  dentale  par  l'r,  coudre  ; 
puis,  dans  les  temps  primitifs,  reparaît  l's,  je 
cousais.  —  Coudrie  est  populaire  (Litt.)  —  Cou- 
durier,  tailleur.  D.  C  Codurerius  (L.  C). 

Coudrier  (Fu.,  etc.). —  «  La  baguette  divi- 
natoire pour  découvrir  les  sources  et  les  tré- 
sors est  en  coudrier.  Elle  a  la  forme  d'un  V  ; 
les  deux  branches  ont  une  longueur  d'envi- 
ron 0™15.  Pour  s'en  servir,  on  place  à  chaque 
bout  de  la  fourche  l'index  de  chaque  main  et 
on  la  tient  suspendue  de  façon  que  le  nœud 
soit  suspendu  en  bas.  Le  nœud  est  attiré  vers 
le  point  où  est  la  source  ou  le  trésor,  comme 
le  fer  est  attiré  par  l'aimant.  (Dott.) 

Coudu,  part.  pas.  (Fu.).  —  Cousu.  X.  Cette 
forme  est  employée  par  qqs-uns  à  Mj.  et  par 
tous  au  Lg.  —  Au  Lg.,  Timparf.  est  :  je  cou- 
dais. V.  Coudant. 

Coue  (Mj.),  s.  f.  —  Queue.  ||  Ça  n'a  ni  coue 
ni  pattes,  —  ni  queue  ni  tête,  cela  ne  rime  à 
rien.  —  V.  Ououe  (By.).  —  La  coue  d'une  île, 
d'un  bateau.  La  coue  du  Pré  de  l'île  aux 
chevaux,  —  la  pointe  qui  est  en  aval.  —  La 
coue  d'un  bateau,  c'est  la  poupe. 

Et.  —  Lat.  Cauda.  Hist.  : 

«  Ma  vache,  qui  n'est  pas  sotte. 
Au  tribunal  se  rend. 
Eir  retrousse  sa  coue, 
Et  s'assit  sur  un  banc.  » 

(La  Trad.  p.  370.) 

Coué.  —  Pour  Couvé.  Un  œuf  coué,  gâté. 
Il  By.  —  Xe  pas  confondre  Coué  et  Coui.  L'n 
œuf  coué  est  un  œuf  couvé  et  un  œuf  coui  un 
œuf  gâté. 

Et.  —  Couvi.  Œuf  gâté  soit  par  un  commence- 
ment de  couvaison,  soit  pour  avoir  été  trop  long- 
temps gardé.  Berry,  Coui  (Litt.).  —  «  Orthogr. 
fautive  pour  Couvis  ;  xm®  s.  un  œuf  couvéis 
(Dakm.). 

Hist.    «  Quant  l'en   un  oef  couveis  prent. 
Ne  n'est  pas  couvez  à  son  terme. 
S'il  est  brisiez,  l'en  voit  le  germe.  »(L.  C.) 


COUÉE  —  COUILLAUT 


233 


Couée  (Mj.,  Lg.,  Fu.,  By.,  Sal.)-  —  Couvée. 
V.  Couer.  \\  Famille,  ribambelle  d'enfants. 
Ex.  :  «  Aile  en  a  eine  couée  de  quéneaux  !  «  — 
«  Je  ne  veux  pas  manger  des  œufs,  puisque  la 
couée  (les  enfants)  de  la  maison  n'en  mangent 
pas.  » 

Et.  —  C'est  la  syncope  de  couvée.  Hist.  -. 
«  Couvée  a  le  sens  de  :  multitude  dans  ce  passage. 
Il  viendra  d'estrange  terre  par  mer  une  grande 
couvée  de  fortes  et  merveilleuses  gens  en  la  grant 
Bretaigne  qui  toute  la  terre  mettra  en  sa  sub- 
gection.   »  (L.  C.) 

€ouéffe  (Fu.),  s.  f.  —  Coiffe.  L'é  est  fermé 
et  traînant. 

Et.   —   Lat.   pop.   cofea,   devenu   cofye,  coife, 

coiffe.  Paraît  se  rattacher  au  même  radie,  germ. 

que  l'ail   Kopf,   tête.    L'Académie   a  écrit  coëffe 
de  1694  à  1740  (Darm.). 

Couelles,  s.  m.  —  Paysans  ;  dérivant  p.-ê. 
de  couellier  (Segi*.).  —  Et  couellier?  Ménière 
ne  le  dit  pas.  Voir  Couillé. 

Couêne  (Smm.),  s.  f.  —  Crottin,  fiente  de 
cheval.  —  Couène,  Coine. 

Couêner  (Tlm.,  Sp.),  v.  n.  —  Crier,  faire 
entendre  un  son  aigre  et  aigu  ;  craquer,  en 
parlant  des  souliers.  Syn.  de  Couinquer, 
Couiquer,  Rouincer,  Couïller. 

Couenne  s.  f.  —  Fainéante.  Pour   Couane. 

Couer  1  (Mj.,  Li.,  Br.,  Sal.,  Fu.,  Lg.,  My., 
Cra.),  v.  a.  et  n. —  Couver. —  Se  dit  même  d'une 
femme.  ||  Couer  le  feu,  —  se  tenir  au  coin  du 
feu.  Il  Couer  le  lit,  se  tenir  au  lit.  ||  Couer  eine 
maladie,  —  être  souffrant,  être  atteint  d'une 
maladie  qui  n'est  pas  encore  déclarée.  ||  Cf. 
Acouasser. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Couver  ;  lat.  Cubare,  avec 
aphérèse  du  v.,  comme  dans  le  fr.  Couette,  Douelle. 
Cf.  avec  le  pat.  Douet,  Mouée 

Couer  ^  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  boîte,  autre- 
fois de  bois  et  maintenant  de  fer-blanc,  que 
le  faucheur  porte  suspendue  en  avant  et  où 
trempe  la  pierre  à  aiguiser  la  faux. 

Et.  —  Syn.  et  contract.  de  Couiller.  —  Syn.  de 
Peurrier. 

Couet  1  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Quouet.  Quantité 
de  tiges  de  chanvre  ou  de  lin  que  l'ouvrier 
arrache  et  maintient  sous  son  aisselle  avant 
de  la  déposer  à  teire.  Il  faut  plusieurs  couets 
pour  faire  une  poignée.  \\  Nom  donné,  dans 
le  M.-et-L.,  à  un  rameau  de  vigne,  dit  aussi 
vinée,  courbé  en  arc  de  cercle  et  attaché  au 
cep  au  moyen  d'un  lien  d'osier.  (Litt., 
Suppl.)  C'est  Couet  '^  pris  au  fig.  ||  Poignée  de 
filasse.  Ex.  :  J'ai  pus  ren  qu'un  couet  de 
chambe  à  râger.  \\  By.  —  Un  couel  de  che- 
veux, —  partie  de  la  gazenn 

Couet  -  (Quoue  ou  Quouet,  Couéter  ou 
Quouéter).  —  Queue. 

Hist.  —  «  Chacun  de  ses  moutons  lui  passait 
j>af  les  mains  ;  elle  leur  ajustait,  un  par  un,  la 
quouette  (queue)  sur  la  sellette,  et,  d'un  coup  de 
hache,  elle  en  rognait  un  petit  bout.  »  (La  Trad., 
p.   263.) 

Couéter,  v.  n.  —  V.  Quouéter. 


Couétil  (By.,  Fu.),  s.  m.  —  Coutil.  De 
Couette,  par  l'intermédiaire  du  vx  fr.  Keute. 

Hist.  —  «  Remarquons  l'immense  lit  de  la  reine  : 
il  est  en  plume  et  «  en  couetil  de  Flandre.  »  {Comptes 
de  ménage  de  .Twa-wnk  de  Laval.  Anj.  hist.,  i,  530, 

7.) 

Couette  '  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Français, 
dans  le  sens  de  Lit  de  plumes.  ||  Au  plur. 
Pièces  de  bois  transversales  formant  chantiers 
sur  lesquelles  on  établit  le  fond  d'un  bateau 
en  construction.  ||  Lg.  —  Le  soleil  brasse  sa 
couette,  —  il  se  couche  dans  un  lit  de  nuages. 

Et.  —  Du  lat.  Culcita,  devenu  colcta,  coilte, 
coite.  L'orthog.  couete  (puis  couette,  par  suite 
d'une  confusion  avec  couette  ',  petite  queue) 
n'est  que  la  notation  de  l'ancienne  prononciation 
de  la  diphtongue  oi.  D'autre  part,  l'af.  a  possédé 
une  forme  secondaire  coûte  (cf.  coutil)  issue  du 
lat.  pop.*  colta,  pour  colcta,  particulièrement 
usitée  dans  l'express,  coute-pointe  ,-  plus  tard, 
dans  cette  expression,  le  sens  de  coite  ayant  été 
perdu  de  vue,  le  mot  a  été  bizarrement  altéré  en 
contre  ou  courte-pointe  (Darm.). 

Couette  *  (Lg.),  s.  f.  —  Mortaise  pratiquée 
dans  le  baugeard  d'une  charrette,  ou  boucle 
de  fer  qui  y  est  fixée  et  dans  laquelle  s'en- 
castre la  membrure  des  ridelles. 

Couettil"  .(Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Toile  de 
coton  très  épaisse  dont  on  se  sert  pour  faire 
l'enveloppe  des  couettes  :  coutil. 

—  Voir  Couette.  L'I  final  pourrait  bien  n'avoir 
été  mis  que  pour  les  besoins  de  la  cause,  pour 
rapprocher  Coutil  du  lat.  Consutile  (R.  O.).  Il 
me  paraît  plus  que  probable  que  le  français  Coutil 
n'est  qu'une  corruption  de  ce  mot.  La  vraie  ortho- 
graphe pourrait  bien  être  Couettis  ;  car  il  est  à 
noter  que  l'I  final,  que  j'ai  mis  pour  concordance 
avec  l'orthographe  française,  n'existe  pas  dans  la 
prononciation,  pas  plus  du  reste  que  dans  celle  du 
français  Coutil.  Pour  cet  1,  voir  ci-dessus. 

Cougner  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Cogner. 

Coui  (Mj.,  Fu.),  adj.  q.  — Couvi,  gâté.  Se 
dit  d'un  œuf  ;  il  est  coui,  parce  qu'il  a  été 
couvé.  Il  Ratatiné,  desséché  à  demi.  Se  dit 
des  plantes.  ||  S.  m.  Sentir  le  coui,  —  avoir 
une  odeur  nidoreuse,  de  relent,  sentir  le 
faguenas.  \\  Qui  a  longtemps  trempé.  Ex.  :  Je 
n'aime  point  la  salade  couie,  macérée.  ||  Abruti, 
déprimé.  —  Ex.  :  On  est  moitié  coui  à  force 
d'être  sus  le  feu.  Syn.  de  Acoussé. 

Hist.  —  V.   Citation  à  Gaulette.  Cf.  Coué. 

Couic  !  (Mj.,  Fu.),  interj.  — Accompagne 
le  geste  de  piquer,  de  frapper  du  bout  du 
doigt  pour  chatouiller.  ||  Faire  couic  ;  — 
porter  rapidement  le  bout  du  doigt  sur  qqn 
pour  le  (hatouiller.  —  Onomat. 

Couïllard  (Lg.).  —  Qui  pousse  de  petits  cris. 
—  De  Couïller,  verbe. 

Couillard  (Sp.,  Fu.),  adj.  q.  —  Xon  châtré. 
Ex.  :  Ein  âne  couillard. 

Hist.  —  «  Voyant  une  asne  couiUart  qui  mangeoit 
des  chardons.  >."(Rab.,  G.,  i,  20,  38.) 

Couillardin  (Sp.),  s.  m.  —  Coïon. 
Couillautj  s.  m.  '—^  Valet. 


234 


COUILLER   -  COULON 


Hist.  —  «  A  ce  mot  magique  de  «  Mathéas  n, 
le  couillaut  bondit  sur  place  et  se  signa.  »  —  En 
note  :  «  J'en  suis  fâché  :  c'était  le  nom  exclusif  et 
spécial  des  valets  des  chanoines  du  Chapitre 
d'Angers.  »  (H'"  du  vx  tps.,  446.)  —  Et  De  CoUi- 
berti  (V.  Collibert).  C'est  l'explic.  de  Ménage. 
mais  elle  ne  me  satisfait  pas,  encore  qu'il  ajoute  , 
«  De  coUibertus  on  a  fait  :  colliertus,  colliartus: 
couillart,  pour  lequel,  par  dérision,  on  a  dit  ensuite 
Couillaut.  »  —  Et  voilà  ! 

Couiller,  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Peurier,  appa- 
reil que  les  faucheurs  portent  à  la  ceinture. 
V.  Couer   . 

Couïller  (Coui-iller)  (Lg.),  v.  n.  —  Pousser 
de  petits  cris  aigus  et  plaintifs,  comme  fait 
un  animal  blessé  ou  pris  au  piège.  Syn.  de 
Couêner,  Couinquer,  Couiquer,  Couister. 

N.  —  (Nous  avons  omis  ici  un  assez  grand 
nombre  de  mots  formés  d'un  vocable  qui  blesserait 
les  oreilles  délicates.) 

Couincer  (By.),  v.  n.  —  V.  Couiner.  Xe  pas 
confondre  avec  Coincer. 

Couiner,  v.  n.  —  Crier,  gémir,  grogner.  Cf. 
Couêner.  On  prononce  Couigner.  Ec. 

touinne  (Mj.),  s.  f.  —  Couenne. 

Couinquer  (Mj.),  Couiquer  (Mj.,  Fu.),  v.  n. 
Pousser  un  petit  cri  aigu.  ||  Hurler  de  dou- 
leur.  De  Couic.  Syn.  de  Couiquer,   Couêner, 
Couïller.  Angl.  to  Quack,  to  Squeak. 

Couir  o  (Mj.),  V.  n.  —  Tremper,  macérer, 
fermenter.  Ex.  :  Que  veux-tu  faire  laisser  ceté 
salade-là  à  couir  dans  le  saladier?  ||  By.  —  La 
salade  s'amortit,  se  confit  ;  on  dit  :  de  la 
salade  confie,  pour  :  confite.  —  De  la  salade 
fanée  avant  d'être  faite  serait  :  maufie  ou 
maufite. 

Et.  Couvir  ;  de  couver,  par  extens.  de  sens. 

Couister  (Bg.),  v.  n.  —  Pousser  des  cris  de 
douleur,  de  frayeur.  Syn.  de  Couêner,  Couiquer. 

Coulange  (Mj.),  s.  f.  —  Etat  d'une  barrique 
que  l'on  a  commencé  à  vider.  Eine  barrique 
en  coulange,  —  en  vidange.  —  Cf.  Vidage  et 
Vidange.  —  Coulage. 

Et.  —  Colare,  faire  passer  au  filtre,  de  colum, 
filtre. 

Coulant,  e  (Mj.),  adj.  verb.  —  Glissant.  || 
Fig.  Qui  présente  peu  de  côtes,  en  pari,  d'une 
route.  Il  Faut  souvent  mettre  du  coulant 
dans  les  affaires.  By. 

Coulantage,  s.  m. 

Ilist.  —  «  Jusqu'au  point  où  aboutit  le  coulan- 
tage, comme  l'appellent  les  mineurs,  ç.-à.-d.  la 
principale  artère  par  où  s'écoule,  au  moyen  desbassi- 
cots,  toute  l'ardoise  extraite  de  la  mine.  »  (Le- 
roux-Cesbron,     U  Etrangère.) 

Coule  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  A  la  coule,  —  au  courant.  Ex.  : 
Il  est  tout  à  fait  à  la  coule  ;  il  était  ben  à  la 
coule  de  son  commarce.  Syn.  û.q  :  A  la  rou- 
lette, au  roule. 

Hist.    «  E  li  gorpils  commence  à  core. 
Quant  voit  que  prendre  nel  porra, 
Porpense  soi  qu'èl  criera  : 
n  Harou  l  »  escrie  à  pleine  goule. 


Li  vilein,  qui  sont  à  la  coule. 
Quant  il  oient  que  cèle  brèt, 
Testuit  se  sont  cèle  part  trèt, 
Si  li  demandent  que  èle  a. . . 

(Rom.     de     Renart.) 

Coulée  (Mj.),  s.  f.  —  Pente  couverte  de 
vignes.  Ex.  :  La  coulée  de  Serrant  —  clos 
fameux  de  la  commune  de  Savennières,  qui 
passe  pour  être  le  premier  cru  de  l'Anjou. 
Par  plaisanterie,  les  riverains  de  la  Loire 
appellent  l'eau  du  fieuve  :  le  vin  de  la  coulée 
d'Orléans.  ||  Dépression  dans  une  prairie  ou 
un  champ.  V.  Canche,  Fondrée.  \\  Fu  ;  id. 
Vallée  de  ruisseau.  «  J 'irons  après  vêpres 
ramasser  des  nozilles  dans  la  coulée  du 
Moulin-Pichon.  »  j|  Sal.  —  Id.  —  Un  ruis- 
seau y  coulait  primitivement.  D'où  :  Décou- 
liner,  descendre  en  pente  ;  Découlinée,  pente. 
Il  Mj.  Action  de  laisser  couler  une  vouillée  au  fil 
de  l'eau,  sur  une  certaine  longueur  de  rivière. 

Portion  du  courant  de  la  Loire,  le  long  des 
chantiers,  où  la  pêche  au  carrelet  à  revers  est 
facile  et  productive.  ||  By.  —  Une  coulée  de 
lessive,  —  l'action  de  faire  cette  lessive. 

Coulément  (Lg.),  adv.  —  Couramment 
Ex.  :  A  ne  sait  pas  lire  coulément. 

Couler  (Fu.,  By.,  etc.)  la  buée,  la  lessive.  — 
Verser  sur  le  linge  mis  dans  une  panne  de 
l'eau  chaude  qui  dissout  la  cherrée,  les  cendres, 
et  forme  le  lessif.  C'est  bien  le  sens  de  Colare, 
faire  passer  au  filtre.  ||  (Mj.),  v.  n.  Faire  des 
glissades.  Il  a  coulé  sus  la  glace.  Les  que- 
neaux  sont  à  couler  sus  la  glace.  Ij  Etre  glis- 
sant, —  Ça  coule,  dans  ce  chemin-là.  jj  Se  la 
couler  douce,  —  mener  une  vie  exempte  de 
soucis.  Il  Fig.,  V.  a.  —  Insinuer.  Ex.  :  Je  illi 
ai  coulé  ça  dans  le  tuyau  de  l'oreille.  ||  En  cou- 
ler à  qqn.  Lui  en  faire  accroire. 

Couleur  (Mj.),  s.  f.  —  Couleur  de  diable 
enrhumé,  —  couleur  déplaisante  à  la  vue.  || 
Café  aux  trois  couleurs,  —  additionné  à  la 
fois  de  cognac,  de  rhum  et  de  kirsch.  —  11  est 
en  grand  honneur  parmi  les  bons  fermiers  et 
gros  marchands  de  bœufs. 

Couleurer  (Mj.,  Fu.,  By.,)  v.  ac.  —  Colorer. 
Ex.  :  Faut  mettre  du  tachant  pour  couleurer  le 
vin.  Syn.  et  d.  de  Coulorer. 

Couline,  s.  f.  —  Pour  colline. 

Coulinée  (Mj.),  s.  f.  —  Eralure  du  terrain, 
trace  d'une  glissade.  V.  Couliner.  \\  Glissade. 
Syn.  de  Glissée. 

Couliner  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Glisser.  V. 
Coulée. 

Et.  —  Semble  dériver  de  Couler,  au  sens  de  : 
faire  couler  le  long  de  la  tige  (Darm.). 

Couloir °  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Couloire,  pas- 
soire. Pron.  Couloué.  ||  Fu.  —  Id.  —  Tamis 
fin,  ou  linge  pour  passer  le  lait  et  le  débarras- 
ser de  ses  impuretés.  Syn.  de  Couloux. 

Couloire  (Sa.),  s.  f.  —  Tuyau  de  descente 
d'une  gouttière.  —  V.  Coulouère. 

Coulon  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  cultivateur  qui 


COULORER  —  COUPE 


235 


sous-loue    quelques  parcelles   de  terre  d'un 
gros  fermier. 

Et.  —  Doubl.  ou  corr.  du  fr.  Colon. 

Coulorer  (Mj.),  v.  a.  —  Colorer.  ||  Colorier. 
Cf.   Couleurer. 

Couloué  s.  m.  —  Une  passoire  à  lait  ; 
petit  tamis  pour  nettoyer  le  lait  après  avoir 
trait  et  arrêter  le  poil  tombé  de  la  vache.  — 
Pour  Couloir. 

Coulouére  (Sa.),  s.  f.  —  Tuyau  de  dessente 
d'une  gouttière.  V.  Couloire. 

Coulouette  (Mj.),  s.  f.  —  Queue  de  chemise. 
Pour  Couette,  ou  Quouette,  dimin.  de 
Quoue.  Syn.  de  Bannière,  Nappe. 

Et.  —  Le  patois  berrichon  (Jaub.,  Suppl.)  a 
Quhue  et  même  Quheue,  pour  Queue.  Il  est  donc 
plus  que  probable  que  notre  mot  Quoue  ou  Coue 
s'est  prononcé  autrefois  Quouhoue  ou  Couhoue. 
Le  vocable  Coulouette  est  le  dimin.  régul.,  avec 
r  1  épenthétique. 

Coulous  (Lg.),  s.  m.  —  Petit  tamis  à  passer 
le  lait.  Syn.  de  Couloir. 

Coumère  (Sp.,  Fu.),  s.  f.  —  Accouchée.  || 
Faire  la  coumère,  accoucher.  ||  Messe  de 
coumère,  m.  de  relevailles.  —  Doubl.  de 
commère.  ||  Commère  (Sp.,  Lg.).  —  Ne 
s'emploie  plus  en  ce  sens.  Pourtant  au  Lg.  on 
chante  encore  : 

«    Ma    coumère,    quand   je    danse. 
Mon  cotillon  fait-il  bien  ? 
Fait-il  le  rond  comme  la  ronde 
Et  comme  les  ailes  du  moulin  ?  » 
C'est  une  variante  de  la  vieille  chanson  que  j'ai 
citée   à   Coûte,  ou    peut-être    en   est-ce   un   autre 
couplet. 

Çoumitière,  Cémetière  (Mj.),  s.  m.  — 
Cimetière. 

Hist.  —  «  Super  duabus  domibus  sitis  in  cymiterio 
de  Corchamp.  »  (1252.  Im>.  Arch.  S.  H.,  51,  2.) 
—  «  Cum  mineta  terre  sitajuxta  vêtus  cymiterium.  « 
(1239.  —  /(/,  ibid,  129,  1.)  Cf.  Cimenière. 

Coumoincer  (Lg.),  v.  a  .  et  n.  —  Com- 
mencer. Syn.  et  doub.  de  Quemencer, 
C'mencer. 

Counaille  (Cho.).  —  Bonnet. 

Counaître  (Sp.,  Tlm.).  —  Connaître.  Syn. 
et  d.  de  Queneuire. 

Coup'  (Mj.),  s.  m.  —  Porter  du  coup, 
être  avantageux,  ou  d'un  bon  usage.  Ex.  : 
Ceté  fournée-là  nous  a  portée  ben  du  coup, 
aile  a  duré  longtemps.  ||  De  coup,  —  tout 
à  coup,  brusquement.  Ex.  :  Ça  l'a  pris 
ben  de  coup.  \\  Eter  aux  cent  coups,  — 
être  outré,  très  irrité  |1  Lg.  —  Eter  aux  cent 
coups  de  sa  vie,  —  être  très  désemparé,  ou 
très  furieux.  |I  (Mj.).  —  Coup  de  temps,  — 
circonstance,  occurrence.  Ex.  :  Il  est  arrivé 
sus  ceté  coup  de  temps-là,  —  sur  ces  entre- 
faites. —  Evénement  imprévu.  En  velà 
ein  coup  de  temps  !  1|  Avoir  fait  les  cent 
dix  neuf  coups,  —  s'être  livré  à  toutes  sortes 
de  débauches;  faire  le  diable  à  quatre. 
Il    Coup     de    chien,    —  bagarre.    ||     Coup 


de  renfoncement,  —  mauvais  coup,  atout> 
horion,  coup  violent.  ||  Coup  de  main,  — 
aide  passagère.  ||  Donner  ein  coup  de  pied 
chez,  ou  jusqu'à. . .,  se  rendre  chez,  ou  jus- 
qu'à. Il  Coup  de  tampon  (se  foutre  ein),  — 
se  battre.  ||  Coup  de  soulé,  —  ivresse.  N.  Il 
y  a  peut  être  ici  un  jeu  de  mots,  entre  soûlée 
et  soleil.  Coup  de  Trafalgar,  —  catastrophe. 
Allusion  à  notre  défaite  navale.  ||  Ein  coup 
que,  —  une  fois  que,  dès  que.  Ex.  :  Ein  coup 
qu'il  a  été  à  son  pouilloux,  il  a  bentout  ieu 
fait  de  manger  son  saint  Crespin.  ||  Dans  n'ein 
coup  près,  —  dans  une  circonstance  donnée, 
pour  un  moment.  Ex.  :  Ça  peut  sarvir  dans 
n'ein  coup  près.  —  Il  n'est  pas  grous,  mais 
il  donnerait  eine  bonne  collée  dans  n'ein 
coup  près.  Il  Ein  coup,  —  une  fois.  Ex.  :  Ein 
coup  la  Toussaint  passée.  ||  Tenir  coup,  — 
tenir  bon,  ferme,  résister.  ||  C'est  pas  le 
coup,  —  ce  n'est  pas  l'affaire.  ||  Coup  de 
mistrac,  —  menée  ou  aventure  mystérieuse, 
suspecte,  compromettante.  ||  Ne  pas  foutre 
ein  coup,  —  ne  rien  faire.  ||  Du  coup,  —  à 
l'instant  même.  ||  Pour  le  coup,  —  à  cette 
fois.  Il  Sus  le  coup  de,  telle  heure,  sus  le  coup 
de  midi,  —  à  midi  précis.  |]  Sus  le  coup,  — 
dans  l'instant.  Ex.  :  Il  est  arrivé  sus  le  coup. 
il  A  tout  coup,  —  pourtant.  Ex.  :  A  l'entend' 
causer,  y  s'donne  ben  du  mal,  mais  à  tout 
coup,  y  n'fait  ren.  —  V.  Cop.  \\  Ein  coup,  ein 
maudit  coup,  —  avec  force,  brutalement. 
Ex.  :  Il  l'a  foutu  ein  maudit  coup  par  terre, 
que  les  deux  bouts  en  ont  relevé  !  |!  Lg.  — 
Endroit  de  la  rivière  où  un  pêcheur  appâte 
et  tend  ses  lignes.  Ex.  :  Quand  c'est  ben 
appâté,  le  poisson  se  tient  sus  le  coup.  \\  Le 
coup  n'est  que  dans  l'épaule.  Jeu  de  mots. 
Se  dit,  au  jeu  de  boules  lorsque  l'un  des  deux 
camps,  qui  pourrait  faire  facilement  3  ou  4 
points,  n'en  fait  qu'un  seul,  par  maladresse. 
Alors  le  coup  n'est  pas  grave. . .,  le  cou  n'est 
que  dans  l'épaule. 

Et.  —  B.  L.  Colpus,  dans  la  Loi  salique  :  de 
colapus,  colaphus,  qui  se  trouve  dans  le  sens 
général  de  coup  :  du  lat.  colaphus,  coup  de  poing, 
soufflet  (LiTT.).  —  Colapum  ;  colepo,  colpo,  colp, 
coup  (Darm.).  —  Add.  Avoir  un  coup  de  marteau, 
de  soleil,  —  être  un  peu  fou,  timbré. 

Coupage.  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Toute 
espèce  de  fourrage  vert  que  l'on  coupe  à  la 
faucille  ou  à  la  faux.  —  V.  Copage.  On  pro- 
nonce qqf.  Coupaige.  (Segr.)  —  \'esceau, 
trèfle,  etc. 

€oupàiller  (Lg.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Couper 
en  menus  morceaux,  déchiqueter.  ||  Découper 
profondément.  Ex.  :  C'est  eine  harbe  qui  a  les 
feuilles  ben  coupaillées.  Syn.  de  Coupicher. 
Fréquent  de  Couper.  Cf.  Cisâgner.  \\  By.  — 
Couper  maladroitement  et  sans  ordre,  cou- 
pilier  ;  d'où  Coupillage. 

Coiipanchf,  s.  m.  —  V.  Çupanche  et  Coupée. 
Espèce  de  vigne.  Corr.  de  Cépage,  de  Cep. 

€oupe  1  (Mj.),  s.  f.  —  Castration.  Ex.  : 
Nos  petits  gorins  sont  guéris  de  la  coupe.  || 
Coupure,    entaille.    :    Ex.    Il   s'est   fait   eine 


23b 


COUPE  -  COURANTE 


fameuse  coupe  à  la  main.  Syn.  de  Encisure. 
Il  Prés  de  coupe,  ou  prés  gras  (Tlm.,  Lg., 
Cho.)  —  Prés  fertiles  et  bien  arrosés  où  Ton 
peut  faire  plusieurs  coupes. 

Coupe  -!  (By.,  etc.),  interj.  —  Cri  usité 
dans  certains  jeux  d'enfants,  lorsque  l'un 
des  joueurs  veut  cesser  de  jouer  pour  un 
motif  quelconque.  —  Vient  de  ce  que  dans 
ce  jeu  (  le  Loup  coupé),  lorsque  l'un  des 
joueurs  est  poursuivi,  si  un  troisième  joueur 
passe  entre  lui  et  le  poursuivant,  coupe,  en 
qq.  sorte,  la  piste,  le  premier  joueur  est 
libre,  le  troisième  a  pris  sa  place.  Cf.  Escart. 

€oupe-asperges  (Mj.,  Fu.),  s.  H.  —  Couteau 
spécial  pour  couper  les  asperges. 

Coupeau  (Mj.,  Lg.,  Li.,  Fu.,  By.),  s.  m.  — 
Copeau.  De  :  couper.  —  V.  Orfeuvres. 

Et.  —  Vx  fr.  Coipeau,  jusqu'au  xvi«  s.,  puis 
Goupeau  aux  xvi«  et  xvrp  s.  —  Hist.  —  «  Le 
voyans  au  dehors,  et  l'estimans  par  l'extérieure 
apparence,  n'en  eussiez  donné  un  coupeau  d'oi- 
gnon. »  (Rab.,  g.,  Prol.) 

—  «  Ceux  de  sur  le  port. . . 

(Donnèrent)  De  coupeaux  deux  grandes  charges 

Pour  chauffer  l'enfant.  « 

Noëls  anc.  et  nouv.  p.   61. 

Coupe-biseau  (Lg.),  s.  m.  —  Petit  couteau 
dont  les  sabotiers  se  servent  pour  abattre 
le  biseau  d'un  talon  de  sabot,  ou  celui  de 
dessus  d'un  sabot  taupe. 

Coup  d'échappé  (Fu.,  By.,  etc.).  —  Quand, 
au  jeu  de  billes,  la  canette  échappe  à  un 
joueur,  s'il  a  le  temps  de  crier  :  Coup  d'é- 
chappé !  avant  les  autres  joueurs,  il  a  le 
droit  de  recommencer  le  coup. 

Coupée,  s.  f.  —  Cépée.  Syn.  de  Jarrie. 

Et.  —  Ce  mot  a  dû  être  d'abord  -.  Çupée,  pour 
Cépée,  comme  Çupanche  est  pour  Cépage,  et 
suparer  pour  séparer.  —  Du  reste  on  dit  aussi 
Çoupanche,  mais  Çupée  est  inusité.  —  De  Cep. 

Coupe-jeu!  (Fu.,  By.,  etc.).  —  Voir 
Coupe  '. 

Coupe-marc  (-AIj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Volant. 

Coupe- pâte  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Petit 
outil  dont  les  boulangers  se  servent  pour 
couper  la  pâte. 

Couper  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  a.  —  Châtrer, 
Castrer.  V.  Affranchir.  \\  Couper  la  figure, 
la  goule,  —  se  dit  d'un  vent  très  froid.  || 
•  Couper  le  sifflet,  la  chique,  —  couper 
la  parole,  interloquer,  confondre.  ||  Ne 
pas  y  couper,  —  ne  pas  pouvoir  échapper 
à  une  chose.  «  Tu  n'y  couperas  pas  !  «  dit 
un  soldat  à  un  camarade  qui  vient  de  se 
mettre  en  faute  de  façon  à  attraper  quatre 
jours  de  clou.  ||  Couper  dans  le  pont  —  don- 
ner dans  le  panneau.  ||  Couper  la  gueule,  — 
être  très  vert,  très  acide.  Ex.  :  Ceté  raudit 
piqueton-là,  il  coupe  la  gueule  à  quinze 
pas  ;  faut  se  tenir  au  bord  de  la  table  pour 
l'avaler.  ||  Couper  par,  —  prendre  un  rac- 
courci. Ex.  :  Vous  n'avez  qu'à  couper  par  les 
pièces  de  la  Gohardière. 


Coupet  (Mj.),  s  m.  —  Petit  coup  à  boire. 
Ex.  :  Le  bonhomme  aime  ben  boire  son 
petit  coupet.  Syn.  et  doubl.  de  Copel. 

Coupi  (Lg.),  adj.  q.  —  Têtu,  entêté. 

Coupichage  (Mj.),  s.  m.  —  Action  de  cou- 
per en  menus  fragments.  |!  Menus  morceaux. 
—  Coupicher. 

Coupicher  (-Mj.),  v.  a.  —  Couper  en  menus 
mo.'ceaux,  couvrir  d'entailles  nombreuses, 
taillader.  —  ||  Sal.,  id.  —  avec  un  méchant 
instrument.  Syn.  de  Coupâiller,  CLsâgner. 

Cou-du-pied  (Mj.),  s.  m.  —  Coude-pied. 

Et.  —  1°  «  Cou  de  pied.  On  ne  doit  pas  écrire 
coude-pied  ;  non  pas  qu'il  n'y  ait  pas  de  coude, 
puisqu'il  n'a  pas  non  plus  de  cou,  mais  parce  que 
cou-de-pied  est  l'ancienne  locution,  et  que  c'est 
efTectivement  à  un  cou  que  nos  anciens  ont  com- 
paré cette  articulation  (Litteé).  —  2°  On  disait  : 
le  coulde  du  bras,  pour  :  le  coude;  comme  si  on 
eût  voulu  distinguer  le  coude  du  bras  du  coude 
du  pied.  Cette  expression  peut  servir  à  appuyer 
l'opinion  de  ceux  qui  prétendent  que  coude-pied 
vient  non  de  :  cou  de  pied,  nuais  de  :  coude  du 
pied.  Cependant  on  lit  : 

«  Un  grand  soUers  aveit.  ke  uns  frères  li  porta  ; 
Entur  le  col  del  pié  à  nuals  les  laça. 

(L.  C.  —  N.  E.) 

Coup-d'œil,  (Bo.),  s. m.  —  Poire  de  coup- 
d'œil.  Ancienne  espèce  de  poire.  Cf.  Cou- 
daigre. 

Couplage,  s.  m.  —  V.  Coublage. 

Courage  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Aplomb, 
toupet.    Ex.   :    T'as   point  honte   de   mentir 

comme  çà  !  T'en  as  d'ein  courage  f  Svn.  de 
Culot. 

Courageux  (Mj.),  adj.  q.  —  Ardent  au 
travail.  Syn.  de  Volontier. 

Couraie  (Cs.),  s.  f.  —  Lacet  pour  atta- 
cher les  sabarons  (chabirons),  guêtres,  cour- 
roie. N.  Mieux  avec  2  r.  V.  Courraie. 

Courait  (Lg.),  s.  m.  —  Verrou.  Syn.  de 
Barroir,  Couroil,  Courâillet,  Crouillet.  — 
Mot  très  vieilli. 

Courâiller  i  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  n.  —  Courir 

de  çà  et  de  là. 

Courâiller  -  (Lg.),  v.  a.  —  Verrouiller.  — 
Syn,  de  CrouUler,  Barrer.  N.  Alors  qu'à 
Mj.,  le  vocable  CrouUler  et  ses  dérivés  : 
Crouillet',  Décrouiller,  continuent  d'être  très 
usités,  les  doublets  longeronnais  de  ces  mots 
sont  entièrement  tombés  en  désuétude 
depuis  un  demi-siècle,  à  tel  point  que  les 
jeunes  gens  ne  les  connaissent  plus.  On  dit 
maintenant  :  Barrer,  Débarrer,  Barroir. 

Courâillet  (Lg.),  s.  m.  —  Verrou.  Très 
vieux.  Syn.  de  Crouillet,  Barroir.  Dér.  de 
Courâiller. 

Courance  (Mj.),  s.  f.  —  Tige  rampante  ; 
stolon  de  fraisier.  Syn.  de  Filongue.  V.  Cou- 
rants. 

El.  —  Du  fr.  Courant,  part.  prés,  de  Courir. 

Courante  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  -^  Foire, 


COURANTIN  -  COURGIBOT 


237 


flux  de  ventre,  diarrhée.  Métaphore  ana- 
logue à  celle  qui  a  créé  Va-QÙe.  Cette  indis- 
position fait  courir. . .  aux  Cmodités.  Syn. 
Treûle,  Trop-chie,  Chiasse,  Débord. 

Hist.  «  Ne  mangeoint  les  poures  gens  que  prunes 
et  fruictz,  car  s'estoit  la  saison  ;  dont  la  courance 
se  preist  dans  l'ost  (l'armée)  et  y  moururent 
beaucoup  de  nos  gens.  »  (L.  C.) 

Add.  —  Il  Autrefois,  danse  villageoise  : 
—    «   Et   devant  ly   donsirant 
la  courante  de  village.  «  —  N.  P. 

Courantin  (Mj.  Fu.)  s.  m.  —  Coureur,  va- 
gabond. Saute-ruisseau. 

Courantine,  s.  et  adj.  —  Faire  la  couran- 
tine,  se  dit  des  servantes  aimant  à  faire  les 
courses  (Mén.). 

Hist.  —  «  Un  bachelier  courant  est  celui  qui  fait 
son  cours  en  courant  les  rues.  Equivoque  entre 
courir,  faire  son  cours,  et  courir  les  rues,  perdre 
son  temps.  »  (L.  C). 

Courants,  s.  m.  —  Dagues  ou  archets. 
Branches  laissées  par  les  vignerons  pour  être 
recourbées.  (Bf.  —  Mén.)  —  ||  By.  —  Pour  : 
coulants,  —  de  fraisiers.  Syn.  de  Courance. 

Coiirard  (Mj.,  Lue,  etc.).  —  Porc  adulte  et 
maigre,  que  l'on  achète  pour  l'engraisser. 
Ainsi  nommés  parce  qu'on  les  laisse  courir 
en  liberté  dans  les  champs,  surtout  au  nord 
de  la  Loire.  Syn.  de  Coureux.  V.  Laitons. 

Hist.  —  «  Les  courards  valaient  de  40  à  50  fr.  et 
trouvaient  difficilement  acheteurs.  »  (Petit  Cour- 
rier du  13  novembre  1903.) 

Couratier,  ère..  —  Personne  qui  court  pour 
apprendre  ou  colporter  des  nouvelles.  Syn.  de 
Porte-venettes,      Porte-et-va-querir. 

Hist.  —  «  Couratière,  entremetteuse.  C'est 
proprement  le  fém.  de  Courratier,  ou  Corratier, 
courtier,  messager  «  pour  ce  que  telles  gens 
courent  tantôt  à  l'une  des  parties,  tantôt  à  l'autre, 
pour  moyenner.  »  (L.  C.)  —  «  Courandière,  Cou- 
rater,  Couraterie,  Courateux,  Couratier  ;  Mar- 
chand forain,  courtier,  coureur,  vagabond.  Prend 
qqf  deux  r  (Jaub.). 

Courratter.  —  Commencer  à  courir. 

Hist.  «  De  couratier  au  sabat.  »  Balz,  p.  508  ? 

Couraudoire.  s.  f.  —  Cf.  Courdoire. 

N.  —  Couradoux.  Terme  de  marine.  Espace 
renfermé    entre    les    deux    ponts    d'un    bâtiment 

(LiTT.). 

Courbatrasse.  (Craon),  s.  f.  —  Aire  au  blé. 
Et.  —  Cour  à  battre  ?  V.  Battrasse. 

Courbe  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Pièce  de  bois 
coudée,  à  angle  presque  droit,  qui  sert  à 
former  la  membrure  d'un  fûtreau,  d'un  ba- 
teau quelconque  à  fond  plat,  et  qui  permet 
de  rattacher  solidement  le  fond  avec  le  bor- 
dage.  Il  Courbe  à  varneau,  —  forte  courbe  qui, 
dans  certains  bateaux,  remplace  la  car- 
lingue ou  la  conduite,  et  supporte  le  pied  du 
mât.  Elle  est  ainsi  nommée  parce  qu'elle  est 
ras  le  varneau.  \\  Sp.  —  Tumeur  qui  se  déve- 
loppe au  jarret  des  bœufs,  à  la  suite  de 
fatigues.  Cf.  le  fr.  Courbature. 


.  Et.  —  Lat.  Curvus.  —  Hist.  —  «  Contre  les 
courbes  (des  chevaux)  faut  employer  cataplasme 
fait  de  sauge.  »  (0.  de  Serres.)  Courbature  ne 
peut  pas  venir  de  Courbe,  mais  de  court-battu, 
battu  de  court,  à  bras  raccourci.  Dans  les  environs 
de  Paris  on  dit  :  la  fièvre  de  courbât.  »  (Litt.) 

Courbe-échelle.  (Lpc).  —  Se  faire  la  courbe- 
éi^helle.  (Syn.  de  Pied-de- Selle).  Expliqué  par 
la  note. 

N.  —  «  Faire  à  qqn  la  courte-échelle,  disposer 
les  mains  de  manière  à  lui  ofïrix  un  appui  sur 
lequel  il  pose  un  pied  pour  monter  de  là  sur  les 
épaules.  »  Au  propre  et  au  fig.  (Darm.).  —  «  Ceux 
qui  croient  que  dans  Rabelais  combrecelle  est  la 
même  chose  que  culbute  se  trompent.  Rabelais 
qui,  par  une  mauvaise  orthographe,  corrompt  sou- 
vent divers  mots,  a  mal  écrit  combrecelle,  pour 
combreselle,  mot  composé  de  combre  et  de  selle. 
On  dit  combre  pour  comble,  ce  qui  se  reconnaît  dans 
décombres,  pour  décombles,  en  ce  que  décombrer 
n'est  autre  chose  que  débarrasser  un  lieu  comblé 
de  plâtras  et  de  démolitions.  Combreselle  est  donc 
une  selle  comblée,  ç.-à.-d.  chargée  du  cavalier. 
Ainsi  lo^-sque  Panurge  invite  la  dame  de  Paris  à 
lui  faire  la  combreselle,  c'est  comme  s'il  invitait 
la  selle  à  recevoir  le  cavalier.  »  (B.  de  la  Mon- 
>îOYE.)  —  «  Sinon  qu'en  vostre  tour  vous  me 
fassiez  dehait  la  combre-échelle.  »  (Rab.,  n,  22.)  — 

«  Faire  la  combreselle  ou  contreselle,  se  baisser 
en  avant,  tendre  le  dos  pour  y  faire  monter  qqn, 
et  faire  la  courte  échelle.  »  (Jaub.) 

Il  By.  —  On  dit  Courbesselle,  Courboesselle, 
ou  Courte  échelle. 

Courbejau  (Me.),  s.  m.  —  Gros  oiseau  de 
passage  à  long  bec,  de  la  grosseur  d'un 
canard.  C'est  un  des  noms  du  Courlis. 

Et.  —  Corbijeau  ;  proprt  Corbeau-coq,  du  rad. 
de  corbeau,  et  de  geau,  jau,  coq.  —  xvi«  corbi- 
geaux.  Rab.,  iv,  59  (Darm.). 

Courbes  (Ec).  —  V.  Archelet. 

Courbeton  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  courbe  du 
chef  d'un  fûtreau.  V*.  Courbe.  \\  (Sa).  —  Le 
Court-berton  de  Sp. 

Et.  —  «  Courbaton,  emprunté  de  l'espagn. 
courvaton,  de  courvo,  courbe.  Souvent  écrit, 
par  fausse  étymol.,  court-bâton.  Pièce  de  bois 
courbée  servant  de  contrefort.  —  ||  Courbeton. 
Dér.  de  courbet.  Le  mot,  recueilli  au  xvnr'  s. 
par  Trévoux,  et  mal  saisi,  a  été  écrit  d'une  façon 
absurde  :  court-bouton,  et  figure  dans  tous  les  dict. 
sous  cette  forme.  Cheville  de  bois  recourbée  ser- 
vant, dans  l'attelage  des  bœufs,  à  fixer  le  joug  au 
timon  (Darm.).  —  ||  Fu.  Grande  cheville  de  bois 
à  laquelle  on  adopte  une  branche  courbée,  qui  sert 
à  attacher  les  bœufs,  conjointement  avec  l'ambiet. 
Il  D.  c.  Corbesson,  v.  Corba.  »  (De  Montessox.)  [| 
By.  —  Prononc. . .  Courboéton,  Courbaérton. 

Courcaillette  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Caille. 
Appeau  à  cailler.  Franc.  Courcaillet. 

Hist.  «  Les  hommes  ont  inventé  certains  petits 
instruments  de  cuir  et  d'os,  nommez  courcaillets, 
qui  peuvent  imiter  la  voix  de  la  caille.  Laquelle, 
ayant  le  courcaillet,  pensant  que  ce  soit  les  femelles 
et  voulant  les  venir  trouver,  tombent  dans  les 
fille ts.  »  <Belon.  Livre  des  Oiseaux,  cité  par 
Ménage.) 

Courcibot.  (Bg),  s.  m.  —  Homme  de  petite 
taille.  Syn.  de  Bas-cul. 

Et.  —  Homme  gros  et  court.  Cf.  Courtiban  ou 


238 


COURDOIRE  -  COURIR 


Courtibau,  tunique  ou  chasuble  courte  que  por- 
taient autrefois  les  diacres  et  sous-diacres  en 
officiant.  (D.  C.  Corabella,  Cortiballus.)  V»  Court. 
—  Courte-botte  (L.  C.  ). 

Courdoire  (Slg.,  Sa.),  s.  f.  —  Chemin  par 
lequel  on  descend  aux  caves  servant  d'ha- 
bitation. 

Et.  —  «  De  la  même  famille  que  corridor  ;  vx  fr. 
courridour.  Renvoie  à  Couraudoire.   »  (Litt.) 

«  Corridor  ;  ital.  corridore,  de  correre,  courir. 
On  a  hésité,  à  la  fin  du  xvi<=  s.  et  au  commencement 
du  xvii«  entre  :  courridour,  corridour  et  corridor  ; 
aujourd'hui,  une  forme  populaire  très  répandue 
est  :  collidor,  par  dissimilation  (Darm.).  »  — 
«  Corradoux,  courradoux  ;  terme  de  marine. 
Espace  compris  entre  les  deux  ponts  d'un  vais- 
seau. Ane.  forme  de  corridor  (Litt.).  >) 

(Lue),  s.  f.  —  Partie  interne  du 


Courée 

porc. 

Et.  —  ( 
Berrichon, 
(Litt.) 


Le  poumon  de  la  çête.  Bourguignon  et 
V.  Jaub.  Corée.  Du  lat.  cor,  cœur.  » 
«  Coraille,  entrailles.  C'est  proprement 
ce  que  nous  nommons,  dans  les  animaux,  la  fres- 
sure, et  que,  dans  quelques  provinces,  on  nomme 
encore  la  courraye.  (N.  On  prononce  maintenant 
courée.)  On  lit  dans  Perceforest,  f»  143  :  «  Féru 
d'une  lance  parmi  le  corps,  si  que  la  corée  lui  en 
sailloit  ». 
«  —  Testot  l'a  pourfendu  desci  qu'à  la  corée.    » 

(D.  C.  Corallum.) 
«  —  As  lévriers  a  donné  lor  droit 
Et  le  poumon  et  la  coraille.  (L.  C.  —  N.  E.) 
{Roman  de  Renart.) 

Intestins,  fressure,  rate  ou  mésentère.  D.  C. 
Corallum,  corata.  —  «  Le  curé  lui  manda  qu'il 
serait  le  bien  venu,  et  incontinent  s'en  va  acheter 
force  courées  de  veau  et  de  mouton.  »  (Bonav.  Des- 
PERRIEKS.  Contes  et  Devis.  Nouv.  xxxvi.)  Cité 
par  De  Montesson. 

Courette,  s.  f.  —  Courroie.  J'ai  rompu 
ma  courette.  Mieux  :  Courrette.  V.  Couraie, 
Cour  raie. 

Coureux  (Mj.,  By.,  Lg.,  Br.,  Zig.  183,  Fu.),  s, 
m.  —  Coureur,  celui  qui  aime  à  vagabonder. 
Chemineau,  trimardeur,  batteur  d'estrade, 
Ex.  :  Je  vas  te  faire  ramasser  par  les  coureux. 
—  dit-on  aux  enfants  désobéissants.  —  Syn. 
de  Halos,  Meillauds.  \\  Lg.  —  Cochon  adulte, 
par  oppos.  à  Laiton.  Syn.  de  Courard.  Ainsi 
nommés  parce  qu'on  envoie  ces  cochons 
maigres  pâturer  dans  les  champs.  1|  (Lg.), 
adj.  q.  et  subst.  —  Animal  mâle  qui  sert 
à  la  reproduction.  Ex.  :  Ein  belin,  c'est  ein 
mouton  coureux. 

Et.  —  Curritorem,  coureur  ;  forme  supposée 
par  l'a.  f.  coreor.  Tous  nos  subst.  de  ce  genre,  en 
eur,  dérivent  d'une  forme  en  eor,  de  l'anc.  langue. 

Courge  1,  s.  f.  —  Bronde,  bourge,  perce- 
pierre,  herbe  à  la  carte  ou  douce  amère.  Ce 
nom  de  courge  lui  vient  de  ses  tiges  allon- 
gées. V.  suppl. 

Et.  —  Lat.  Cucurbila  ;  l'a.  f.  est  de  trois  syl- 
labes, coourde,  choourde,  coucourde,  cougourde 
(Litt.).  —  Cucurbita  :  cogorbede,  cogorbde, 
coorde,  couourde,  courde. 

Courge  -  (Lg.),  s.  f.  —  Petite  perche  ayant 
des  encoches  aux  extrémités,  avec  laquelle 
on  porte  des  seaux  d'eau  sur  l'épaule,  un  en 


avant,  l'autre  en  arrière.  Cf.  Joug.,  Courjette. 
Il  Lg.  Pierre  ou  pièce  de  bois  posée  en  porte  à 
faux  au-dessus  du  corbelet  et  qui  soutient  direc- 
tement un  manteau  de  cheminée.  ||  Lg. —  Ins- 
trument primitif  dont  on  se  sert  pour  tirer 
l'eau  des  puits.  C'est  une  perche  mince, 
fendue  en  deux  au  gros  bout  sur  une  cer- 
taine longueur.  Les  deux  morceaux  sont  eux- 
mêmes  percés  vers  leur  extrémité  d'un  trou 
de  la  grosseur  du  pouce,  perpendiculairement 
au  plan  de  la  fente.  Dans  cette  fente  on  engage 
l'anse  du  seau  ou  de  la  buée  et  on  la  maintient 
au  moyen  d'une  cheville  de  bois  passée  dans 
le  trou.  —  Il  est  probable'que  la  courge  fut 
autrefois  une  lanière  de  cuir. 

Courge  ^  s.  f.  —  Partie  de  la  touffe  du 
fouet,  en  fil-fouet.  (Segr.,  By.)  ou  lacet  des 
souliers  en  cuir.  Les  anciens  comptes  étaient 
«  couzus  avec  des  courgeois  de  cuir  ou  papier.  « 
{Journal  des  travaux,  en  1563.)  MÉx. 

Et.  —  Ecourgée,  escourgée.  De  é  (ex)  et  l'a.  fr. 
popul.  coriata,  lanière  de  cuir.  Fouet  fait  de 
plusieurs  courroies  ;  coup  donné  avec  l'escourgée. 

Courgée.  (Mj.),  s.  f.  —  Averse  de  grêle. 

Et.  —  Ce  mot  me  paraît  être  pour  le  fr.  Escour- 
gée, pris  au  sens  figuré  ;  l'averse  fouette  le  visage. 

Il  Long.  —  Le  contenu  de  deux  seaux. 
Ex.  :  Va  donc  quérir  (cri)  eine  courgée  d'eau. 
Sens  vieilli. 

Et.  —  Voir  :  Courge  -.  Ajoutez  :  «  Courge 
Gourde.  On  portait  ce  vase  au  bout  d'un  bâton,  et 
de  là  peut-être  ces  bâtons  avaient  aussi  pris  le 
nom  de  Courges,  qui  a  passé  aux  bâtons  qu'on 
mettait  sur  les  épaules  pour  porter  les  «  sceaux  » 
à  la  rivière.  —  Nicot  croit  cependant  que  ces 
bâtons  s'appelaient  courges,  au  lieu  de  courbes, 
parce  qu'ils  étaient  courbés.  —  Courge  peut  venir 
d'une  forme  :  curvium,  curuium,  curjum,  courge.  » 
«  Pour  deux  seaulx  et  une  courge  ferrez,  pour  porter 
l'eaue  es  chambres  de  Madame  Ysabel  et  madame 
Jehanne  de  France.  »  (L.  C.) 

Il  Z.  145,  Spb.  —  Trace  laissée  sur  la  peau 
par  un  coup  de  lanière,  de  courgeon.  V. 
Courjée. 

Courgeon  (Z.  124,  Fu.,  By.).  —  Lanière 
de  cuir  très  étroite.  V.  Courge  ^  |t  Lacet  des 
souliers,  mais  en  cuir.  V.  Courge  i.  —  L'at- 
tache du  manche  au  fléau  (Méx.).  Pays  des 
Mauges.  ||  Sert  à  fixer  une  canne  au  poignet. 
(Bâton  des  marchands  de  bœufs.  —  By.) 
Il  Fu.  —  La  tabatière  en  écorce  de  cerisier 
s'appelle  Queue  de  rat  à  cause  du  Courgeon 
du  bout  de  cuir  qui  sert  à  lever  le  couvercle. 

Courgeonner.  (Lg.),   v.   a.   —  Munir   d'un 

courgeon. 

Couril  (Fu.),  s.  m.  —  Verrou.  V.  Courail. 

Couriller  (Fu.),  v.  a.  —  Verrouiller.  Crouiller 
(encore  très  usités).  V.  Courailler. 

Courir,  v.  n.  —  Sens  spéciaux. 

Il  II  lui  a  donné  son  :  Veux-tu  courir,  —  il 
l'a  renvoyé,  chassé,  mis  à  la  porte.  ||  Mj.  et 
Lg.  —  Voir  courir,  —  avoir  une  fringale  de.  — 
Les  asparges,  je  les  voir  courir.  On  dit  dans 
le  même  sens  :  La  langue  m'en  va  en  procès- 


CÔURJÉE  —  COURSÉ 


239 


^ion.  Il  Lg.,  V.  a.  —  Couvrir,  saillir,  féconder. 
V.  Encourir  (s'). 

Courjée   (Sp.),   s.  f.  —  Zébrure,  ou  sillon 

rougeâtre  laissé   sur  la  peau  par  un  coup 

de  fouet.  V.   Courgée,  fin.  —  Le  g  est  meil- 
leur. 

El.  —  De  Corrigia.  Cependant  D.  G.  donne 
Scoriata  et  Scorgiata.  —  Mais  Corium  et  Scrotum 
ont  le  même  sens  :  cuir.  —  «  Un  fouet  composé  de 
cinq  escorgées.  »  (Merlln  Coccaie.) 

€ourjette  (Mjj  ),  s.  f.  —  Morceau  de  bois 
en  forme  de  ccmi-cercle  et  terminé  à  ses 
deux  extrémités  par  des  crochets.  On  le 
mettait  à  cheval,  en  travers  du  bât,  et  on  y 
accrochait  les  bélières  des  portoires,  que  l'on 
bafouait,  pour  plus  de  sûreté.  —  V.  Somme 
Courgée,  Courge  ^.  —  INIieux  par  un  g. 

Courjon  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Petite  courroie 
qui  sert  à  attacher  les  souliers  ou  à  fixer 
une  canne  au  poignet.  V.  Courgeon.  —  Mieux 
par  ge. 

Courlis  (Lg.),  s.  m.  —  Courlis.  Pron.  cour- 
yis. 

Couroil  (Couro-ye)  (Lg.),  s.  m.  —  Verrou. 
Très  vieilli,  comme  son  doublet  Courail.  N, 
Le  son  naturel  de  l'o  est  conservé.  Cf.  Couril. 

Couronne  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Partie  supé- 
rieure et  centrale  d'un  épervier,  celle  qui,  ne 
faisant  pas  partie  du  giron,  est  tortillée, 
vrouillée  par  le  pêcheur  pendant  qu'il  relève 
l'engin.  ||  Le.  —  Couronne  de  mariée.  Perven- 
che. Syn.  de  Province.  N.  C'est  une  plante 
toute  difTérente  qui  est  désignée  sous  ce  nom 
à  Montjean. 

C'ourpe  (Tlm.),  s.  f.  —  Croupe.  Doubl.  du 
mot  fr.  par  métathèse.  V.  Corpion.  \\  By.  — 
(Courpe,  courpière).  —  On  dit  Crope, 
cropière,  pour  :  croupe,  croupière  (partie  de 
l'attelage  d'un  cheval  qu'on  lui  passe  sous 
la  queue). 

Courpégnon,  (Tf.),  s.  m.  —  Croupion, 
coccyx. —  V.  Corpion,  Cropion,  Courpe,  Crope. 

Courpière,  (Mj.,  Lg.,  By.,  Fu.),  s.  f.  —  Crou- 
pière. On  dit  proverbialement  d'une  femme 
entêtée  :  «  C'est  pas  aisé  de  illi  mettre  la 
courpière.  »  Métathèse  de  Fr. 

Courpignon  (Tlm.),  s.  m.  —  Croupion. 
Syn.  et  très  voisin  du  Montj.  Corpion, 
Courpion.  V.  Courpe,  Courpégnon. 

Courpion  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Croupion.  — 
C'est  le  mot  fr.  avec  métath.  de  l'r,  comme 
dans  Querche  (crèche),  Berchet  (bréchet). 
V.  Corpion. 

Courrai  (Mj.),  s.  m.  —  Le  fond  du  sillon  ; 
le  dessus  de  la  terre  non  remuée  en  dessous 
du  guéret  ;  la  terre  qu'ont  comprimée, 
corroyée  le  soc  et  le  sep,  ou  bien  le  fer  de  la 
bêche,  de  la  houe.  —  Du  fr.  Corroyer. 

Courraie.  —  V.  Couraie.  \\  Fu.  —  Courroie. 


Courrail    (Th. 
Courail. 


Le    verrou.    V 


Et.  —  Hist.  —  «  Correau,  barre  de  porte. 
MoNET  dit  :  «  Barre  coulisse  et  traversante  de 
porte.  »  —  NicoT  :  «  Courreaux  de  quoy  on  ferme 
les  portes  »  et  il  cite  Amyot.  —  On  trouve  le 
«  courrail  de  l'huys  »,  dans  Rabelais. 

—   ...    Le   corrail  de   nostre   porte. 

Oui  l'autre  jour  fut  adiré  (égaré' 

Je  comant  qu'il  soit  bien  gardé.  » 

On  dit  encore  le  «  courray  de  la  porte  »  pour  le 
verrou.  Il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  mot  vient  de 
courroyer.  Cette  étym.  me  semble  plus  naturelle 
que  celle  de  Ménage,  qui  la  tire  de  :  rouler,  aussi 
bien  que  celle  de  :  verrouil.  —  «  Dans  un  acte 
de  1471.  on  lit  :  Icellui  Guionnet  de  toute  sa  force 
frappa  audit  huys,  tellement  qu'il  rompit  le  cour- 
reil  d'icellui  et  se  ouvrist  ledist  huys.  »  —  Dans 
un  autre  (1459)  on  lit  :  verroul  ou  croil,  d'où 
dérive  le  verbe  crouiller.  —  «  S'il  vous  plaît, 
dist  Panurge,  m'en  vendrez-ung,  j'en  seray  bien 
fort  tenu  au  courrail  de  votre  huys.    »  (Rab.,  P., 

IV,  6.)  —  L.  C.   Vient  de  Curriculum,  course,  objet 
qui  court  ?  (D''  A.  Bos.). 

Courre,  v.  n.  —  Courir.  (Lue,  Mj.,  Fu., 
By.,  Lx.).  —  Courre  à,  —  aller  chercher  en 
hâte.  Ex.  :  N'y  a  qu'à  ben  courre  au  médecin. 
Il  V.  a.  Aller  chercher,  aller  en  quête  de, 
Ex.  :  Courre  les  violettes,  le  cocous,  les  œufs 
de  Pâques.  ||  Courre  la  galistrade,  —  c.  la 
guinevésée.  \\  Courre  la  poste,  —  aller  vite, 
se  hâter.  Ex.  :  A  n'est  pas  pour  courre  la 
poste,  à  son  âge.  —  Une  bonne,  à  qui  l'on 
reproche  sa  lenteur  :  «  J'peux  pas  courre, 
ça  m'fait  soufï'  !  »  Je  ne  peux  pas  courir,  cela 
me  fait  souffler,  m'essouffle.  (Chm.) 

Et.  —  C'est  le  vrai  dérivé  de  Currere,  d'où  le 
futur,  je  courrai  ;  s'il  venait  de  courir,  il  ferait  : 
je  courirai.  Courir  provient  d'un  changement  de 
la  conjug.  latine,  currire,  pour  :  currere,  ce  qui  n'est 
pas  rare. 

Hist.   —   Je   vis  le  soleil   éclore  :   (écloure  ?) 
Que  t'en  semble  Colinet  ? 

Nau,  nau. 
Ne  penses-tu  point  à  courre  ?  (corre  ?) 

{JSo'éls  anc.  et  noue,  p.  18.) 

Courrerie  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Course,  galo- 
pade. Ex.  :  Queune  courrerie  qu'il  fait,  ceté 
méchant  galopin-là  !  Il  ne  sarait  durer  tran- 
quille. » 

Courroi  (Tlm.),  s.  m.  —  Couche  de  glaise 
battue,  corroyée.  —  A  rapprocher  de  Conroi 
et  de   Conrayer,  Conreyer.   Pour   Corroi,   du 

V.  corroyer. 

Hist.  —  «  Sur  cette  première  couche,  on  trouve 
un  corroi  de  cinq  à  six  centimètres  d'épaisseur, 
composé  de  terre  glaise.  »  (J.  Bodin.  R.  h.  — 
Tome  I,  p.  59.) 

Cours,  (Mj.),  s.  m.  —  Etre,  ou  se  mettre 
au  cours,  au  courant.  ||  V.  Cors  de  ventre. 
Fu  . —  Cours.  Il  Cours  de  maladie,  épidémie 
(Lg.). 

Hist.  —  <(  Et  en  y  moru  de  la  boche  et  de  cours 
ou  flu  de  ventre  plus  de  vingt  mille  personnes.  » 
(L.  C.) 

Coursé  (Sa.,  By.),  adj.  q.  —  Ecourté, 
rendu  court.  Ex.  :  «  Le  semis  a  besoin  d'être 
écoursé.    »  (Mén.) 

N.  —  a  Courson,  branches  taillées  courtes,  par 
opposit.  à  d'autres  taillées  longues.  »  (Litt.) 


240 


COURSIBRE  —  COUSSOUNÉ 


Coursière  (Lg.).  s.  f.  —  Fournisseuse  ordi- 
naire de  denrées  agricoles.  Ex.  :  «  Ma  cour- 
sière m'a  apporté  du  beurre.  »  Cf.  S'^c- 
courser. 

Court  (Mj.),  adj.  q.  |1  s.  m.  —  Le  court  et  le 
long,  —  tout  le  détail,  tous  les  tenants  et 
aboutissants.  Ex.  :  A  ben  fallu  qu'aile  en 
save  le  court  et  le  long.  !|  Les  courts  jours,  — 
les  jours  d'hiver. 

Court-bâton  (Mj.  et  Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de 
jeu  de  force  et  d'adresse  qui  se  joue  de  la 
manière  suivante.  Deux  jeunes  gens  s'as- 
soient à  terre,  en  face  l'un  de  l'autre,  la 
plante  des  pieds  se  touchant.  Tous  d'^ux 
empoignent  par  le  milieu  un  court  et  sclide 
bâton  qu'ils  tiennent  transversalement  entre 
eux,  et,  s'arc-boutant  contre  les  pieds  l'un  et 
l'autre,  ils  s'efforcent  de  se  soulever  récipro- 
quement de  terre.  —  On  dit  tirer  au  court- 
bâton. 

Hist.  —  «  Là  jouoit  au  flux,  à  la  prime. . .  au 
court-baston.  »  {Rab.,  I,  22.) 

Court-berton  (Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Morceau 
de  bois  ou  de  fer,  passé  dans  le  joug  des 
bœufs  et  où  s'attache  VombUe.  Cf.  Cour- 
beton. 

Courte-échelle.  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Courbe- 
échelle. 

Courtin  (Mj.),  adj.  q.  —  Un  peu  court, 
courtaud.  |1  Vêtement  un  peu  court,  s.  m.  — 
Le  fém.  n'est  pas  employé.  ||  Fu.  —  Ou  : 
Petit  courtin  ;  Petit  troisième.  Court  jupon 
de  dessous.  ||  By.  —  Jupon  court,  et  non 
jupon  un  peu  court. 

Courtines  (Mj.,  Fu.,  Lg.,  Bg.),  s.  f.  — Ne 
s'emploie  qu'au  plur.  et  seulement  dans 
l'express.  :  Faire  courtines,  —  relever  ses 
robes  jusqu'aux  genoux,  afin  de  se  chauffer 
largement  les  cuisses  devant  un  bon  feu.  Les 
femmes  aiment  à  faire  courtines.  V.  Cha- 
pelle, etc. 

N.  —  Le  mot  fr.  Courtines  désigne  les  rideaux 
d'un  lit,  la  locut.  ci-dessus  vient  de  ce  que  les 
robes  relevées  formant  une  espèce  d'alcôve  font 
l'effet  de  courtines.  Image  vive  et  pittoresque.  — 
Mais  cet  usage  est  antihygiénique.  Voir  :  Chapelle 
(faire). 

Court-au-lit  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  bout  de 
chandelle.  Le  t  est  muet. 

N.  —  On  est  obligé  de  courir,  quand  on  va  se 
coucher,  avec  ce  court  luminaire,  ou  bien  il  sera 
consumé  avant  qu'on  soit  au  lit.  Très  pittoresque. 

Courtoire  (Cour-touée-re)  (Mj.,  Lg.),  s.  f. 
—  Couvercle  de  marmite.  Contract.  de 
Couvertoire,  doublet  inus.  du  fr.  Couverture. 
Syn.  et  doubl.  de  Quertoire.  ||  Lrm.  —  Cour- 
touère,  id.  ||  Fu.  —  id.  Quertoire.  ||  By.  — 
V.  F.  Lore,  xii.  Nourriture. 

Court-à-queue,  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Qui  a  la  queue  courte  ou  coupée,  en  par- 
lant d'un  animal  ;  —  dont  les  basques  sont 
courtes,  en  parlant  d'un  habit.  —  N.  Le  t 
sonne  fortement.  —  Pour  courte-queue. 


Courue  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  l'ex- 
press. A  la  courue,  à  la  dépêche-compagnon. 
—  Syn.  de  Galope,  Galopée.  ||  By.  —  Id.  On 
dit  aussi  :  A  l'égalope  sans  doute  pour  : 
au  galop,  car  Egaloper  a  le  sens  de  Pour- 
chasser. 

Courvée  (Mj.),  s.  f.  —  Corvée. 

Court- venettes  (Lg.),  s.  f.  —  Personne 
qui  va  de  tous  côtés  s'informer  de  ce  qui  se 
passe.  Le  mot  est  naturellement  du  fém. 
Cf.  Venettes,  Porte-venettes,  Porte-et-va-quérir, 
Couratier. 


Cousiller(Mj. 

de  couture. 


■  Faire  qq.  petit  ouvrage 


Cousillonner  (Mj),  v.  a.  —  Comme  cou- 
siUer.  —  Coudre  maladroitement  et  sans 
goût. 

Cousin  (Mj.),  s.  m.  —  Cousin  du  coûté  de  la 
cuisse,  —  c.  par  alliance,  régul.  ou  irrégul.  — 
îl  Le  cousin  remué  ou  ernié  de  germain  est 
le  fils  du  cousin  ou  de  la  cousine  germaine,  ce 
que  l'on  appelle  :  neveux  à  la  mode  de  Bre- 
tagne. Il  Ne  pas  être  cousins,  —  être  en  mau- 
vais termes.  V.  Chasse-cousins.  —  V.  Remué. 
Il  Fu.  —  Cousin  ermé  de  germain,  —  ce  qui 
expliquerait  ermé. 

Et.  —  B.  L.  Cossofrenus,  dans  un  Gloss.  du 
vii«  s.,  du  lat.  Consobrinus,  de  cum,  avec,  et 
sobrinus,  cousin.  —  «  Cousin  après  germain,  pour  : 
issu  de  germain.  —  «  Cousin  gervais  remué  d'une 
busche  de  moule  »,  était  une  plaisanterie  sur  le 
mot  cousin  remué  de  germain.  Elle  s'employait 
en  parlant  «  d'un  cousin  de  si  loin,  que.  comme 
on  parle,  il  s'en  fallait  un  cent  de  fagots  qu'ils 
fussent  de  même  branche.  »  (L.  C.) 

Cousine,  (Mj.),  s.  f.  —  Au  plur.  Femmes  de 
mauvaise  vie.  Ex.  :  Il  a  été  voir  ses  cousines, 
il  s'est  fait...   avarier. 

Cousiner  (se),  v.  réf.  —  C'est  ,  en  mar- 
chant, frotter  les  deux  chevilles,  ce  qui  use 
les  pantalons  à  cet  endroit. 

Cousin- maillard  (Auv.),  s.  m.  —  Colin- 
Maillard.  Syn.  de  Casse-cou,  Mapou,  Oueille- 
bandée,  Alouette  bandée,  Casse-croûte. 

Cousins  de  la  foire  du  Sacre  ou  de  la  Saint- 
Martin  (By),  se  dit  pour  les  étrangers  qui 
se  rendent  à  Angers  à  cette  époque,  soit 
parents,  amis,  et  amis  des  amis.  (Mén.) 

Hist.  —  «  Durant  les  octaves  du  Sacre,  il  n'y  a 
(à)  Angiers  que  resjouissances,  bonnes  chères..., 
faites  à  ceux  qu'on  appelle  cousins  du  Sacre. 
(Bk.  de  Tartifcme.  —  Philandin,  345.) 

Consoux  (Segr.  Fu.),  s.  m.  —  Petit  tail- 
leur allant  à  la  journée  sur  la  campagne. 
(Segr.  —  MÉK.) 

Coussé  (By.),  —  Mal  levé,  mal  cuit,  gras,  — 
en  parlant  du  pain.  —  V.  Accoussé. 

Cousser  (Pell.),  v.  a.  — •  V.  Accousser. 

Coussouné  (Lg.),  adj.  q.  —  Attaqué  par 
les  bruches.  Se  dit  d'un  pois.  Dér.  de  Cosson.  || 
Se  dit  aussi  du  bois  échauffé,  un  peu  pourri. 
Syn.  de  Poujfi. 


COUTAX  -  COUVÉ 


241 


Coûtan  (Lg.);  s.  m.  —  V.  Coûton. 
Coûte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Côte.  —  Ex.  : 

Ma    commère,    quand    je    danse, 
Mon  cotillon  fait-il  bien  ? 
—  Il  fait  le  tour,  il  fait  le  rond, 
C'est  comm'  les  coûtes  de  nout'  chien. 
N.  —  Les  chiens  passent  pour  avoir  les  côtes 
de  long. 

Coûté  (Mj.,  Tr.,  Zig.  141,  Fu.,  By.),  s.  m  — 
Côté.  !|  Sp.  —  Faire  passer  de  coûté,  —  sup- 
primer, faire  disparaître.   j|  Par  le  coûté  de, 

—  à  côté  de.  Ex.  :  «  Aile  était  assise  par  le 
coûté  de  moi.  )>  |1  En  coûté,  —  latéralement.  !| 

Hist.  —  «  Relevé  deux  grands  vitres  dans  une 
fourme,  près  l'autel  du  coûté  des  femmes  (1599). 
Inv.  Arch.,  H,  suppl.,  p.  62,  col.  2.  —  «  Frère  Jean 
les  regardoit  de  cousté,  comme  un  chien  qui 
emporte  un   plumail.    »   (Rab.,   P.,  iv,   51,   443.) 

—  «  Avec  la  lettre  de  chacun  pseaulme  du  couste 
ou  n'a  hvstoire.  »  (Compt.  de  J.  de  Laval,  Anj. 
hist.,  I,  404,  17.) 

—   «  Suspicion  se  vire 
Toujours  du  cousté  pire.  » 

G.  C.  Bûcher,  129,  p.  157. 

Couteau  (Sp.),  s.  m.  —  Couteau  à  deux 
lames,  homme  hypocrite  dont  la  conduite  est 
louche,  qui  est  rempli  de  duplicité  ;  fourbe. 
Syn.  de  Ficelle,  de  Porte  à  deux  jetées.  \\ 
(Mj.)  Couteau  à  deux  manches,  —  plane, 
sorte  d'outil. 

Couteau,  (Mj.),  s.  m.  —  Coteau.  Cf.  Coûte. 
Ex.  :  M.  Leclerc  est  enterré  au  bout  des  cou- 
teaux de  Chalonnes. 

Et.  —  Hist.  —  On  devrait  dire  :  coteau,  mais 
l'accent  a  disparu  de  la  prononciation  et  de 
l'orthogr.  —  «  Et  dériva  tout  le  pissat  au  gué 
de  Vède,  et  tant  l'enfla  devers  le  fil  de  l'eau,  que 
toute  ceste  bande  des  ennemis  furent  en  grande 
horreur  noyés,  excepté  aulcuns  qui  avoient  pris 
le  chemin  vers  les  cousteaux,  à  gauche.  »  (Rab., 
G.,  I,  36.)  —  «  Envoya  le  duc  Phrontiste  pour 
admonester  Gargantua  à  ce  qu'il  avanceast  pour 
gaigner  le  cousteau  à  la  gauche.  »  (R.  G.,  i,  48,  92.) 

—  «  Qui  a  fait  enlever  les  terres  du  couteau  de 
Bel-Essort.  »  (1688.  Inç.  Arch.,  S.  s,  E.  222, 
2  h.) 

Coutelée  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Motte  de  terre, 
levée  avec  le  pic  en  déchaussant  la  vigne.  — 
Enlevée  avec  le  coutel.  —  «  Couteler,  frapper 
à  coups  de  couteau.  »  (Dabm.) 

Coûtelette  (Mj.),  s.  f.  —  Côtelette. 

Coûti  (Rg.),  s.  m.  —  Côté.  Doublet  de 
coûté. 

Coutiâ  (Lg.),  s.  m.  —  Couteau.  Vieux. 

Coutiau,    s.  m.  —  Couteau. 

Hist.  —  «  Il  tenait  trois  coutiaux  en  son  poing, 
dont  l'un  entrait  au  manche  de  l'autre.  »  (JoiN- 
VILLE,  p.  259.) 

—  Et  de  coutiaux  tranchants  et  de  hache  émoulue 
A  maint  sarrazin  eut  la  cervelle  espandue.   » 

{Chanson  d'Antioche,  publiée  par  P.  Paris,  xiip" 
S.  Citations  de  Ménière.) 

Coûtières  (Mj.),  s.  f.  plur.  —  Solides  pièces 
de  bois  fixées  liorizontalement  au  nombre  de 
deux  d'une  part  sur  le  varneau  d'un  baleau, 
et  de  l'autre  sur  la   tête   de   deux  solides 


madriers  verticaux  appelés  pieds-drets.  Elles 
laissent  entre  elles  un  passage  de  la  grosseur 
du  mât,  et  servent  à  maintenir  celui-ci  dans 
le  plan  axial  et  vertical  du  bateau,  lorsqu'il 
se  couche  ou  se  relève,  et  que  les  haubans  se 
trouvent  détendus.  —  Coûté.  —  (Pr.)  Cô- 
tières. 

Coûtillon  (Lg.),  s.  m.  —  Apophyse  ver- 
tébrale. Langue  des  bouchers.  Dim.  de 
Coûte. 

Coûton  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Branche  de 
saule  arquée  qui  forme  la  carcasse  d'un  panier 
Il  T^u.  —  Coûtons  ;  pièces  de  bois  qui  sont  la 
charpente  flexible  du  panier  ou  de  la  «  bour- 
roche  »  ;  généralement  coudrier  fendu.  || 
(Mj.)  Nervure  médiane  de  certaines  feuilles, 
carde.  Ex.  :  Des  coûtons  de  bette.  Dim.  de 
Coûte.  Il  Lue.  —  Quignon  de  pain.  Sans  doute 
pour  Croûton.  Syn.  de  Cargnon. 

N.  On  trouve  Coston  au  sens  de  tige,  trognon, 
en  vx  fr.  —  Plumes  rudimentaires  qui  restent  à 
arracher  quand  on  a  plumé  la  volaille.  —  Em- 
prunté du  provenç.  mod.  Coustoun,  coutoun, 
dér.  de  Coste,  côte  (Darm.).  —  Coûton.  Bas  de  la 
tige  d'un  végétal  ;  grosse  nervure  d'une  feuille, 
p.  ex.  de  chou,  de  betterave.  Cf.  Coton  (Jaub.). 

CoutrioD  (Lg.,  Tlm.),  s.  m.  —  Second 
coutre  qui,  dans  certaines  charrues,  est  placé 
en  arrière  du  coutre  proprement  dit.  Il  en 
diffère  en  ce  que  son  extrémité  inférieure  est 
engagée  et  fixée  dans  le  soc.  Syn.  de  Tenaille, 
Sa. 

Et.  —  Lat.  Culter,  coutre. 

Couture,  —  «  S'employait  pour  culture, 
de  cultura,  d'où  :  champ  cultivé.  A  Paris 
la  rue  Culture  Sainte-Catherine.  —  Maine- 
et-Loire,  nom  de  lieu  (L.  C).  Vn  quartier  de 
terrains  au  midi  du  bourg  de  Montjean  s'ap- 
pelle les  Coutures. 

Couvart  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Couvercle,  jj 
Sorte  de  poisson,  appelé  aussi  Corneau  et 
Ratouillard.  \\  Anneau  qui,  placé  au  bout 
de  la  chaîne  de  puits,  tient  le  seau  (Bn).  Syn. 
de  Fargeot,  Chabut.  —  ||  Adj.  q.  Couvert 
(Jum.).  —  (Mj.,  By.).  —  Parler  en  paroles 
couvartes,  —  p.  de  façon  à  n'être  compris  que 
de  certaines  personnes,  ou  employer  des  mots 
à  double  sens. 

Et.  Lat.  Cooperire,  couvrir. 

Couvarture  (Fu.,  By.),  s.  f.  —  Couverture. 

Couvé (Ag.), s.  m.  —  Un  couvé,  ou  couvet, 
vase  en  terre  avec  anse  et  couverture  percée 
de  trous,  pour  chaufferette.  Syn.  de  Mar- 
motte. N.  Couvet  (Darm.).  ||  By.  —  Inconnu 
au  N.  d'Angers,  très  connu  en  «  Champagne». 
On  dit  ici  une  seille  à  feu,  ou  simplement  une 
seille,  que  le  vase  ait,  ou  non,  une  couverture. 
1]  Cf.  Couer  le  feu. 

Et.  —  Même  mot  que  Couvoir,  qui  est  devenu 
Couvet  par  une  substitution  de  suffixe  due  en 
partie  à  la  prononciation  populaire  couivé  (Darm.). 
—  Couvre-cendre,  se  dit  en  parlant  d'une  femme 
qui,  pour  se  garantir  du  froid,  a  toujours  du  feu 
sous  elle,  qui  reste  toujours  auprès  du  feu  sans 

16 


242 


COUVERT  —  CRACHAT 


rien  faire  (L.  C.)-  —  Couvet,  en  parlant  du  feu,  être 
caché,  couché  sous  la  cendre.  (Le  feu  couve  sous 
la  cendre.  D'où  :  chaufferette  (D--  A.  Bos.). 

Couvert,  (Mj.)  (pron.  Couvart),  part.  pas.  — 
Qqs-uns  disent  :  Couvri.  Il  faut  noter  en 
outre  qu'on  dit  régulièrement  :  Couvert  en 
ardoises,  en  chaume,  ou  Couvart  d'ardoises, 
de  chaume,  tandis  que  l'on  dit  toujours 
Couvert  à  tuiles.  H  Fu.  —  Pays  de  tuiles  : 
Couvert  en  tuiles. 

Couverte,  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Couverture 
de  cheval.  Le  mot  est  fr.  dans  un  autre 
sens. 

Hist.  —  «  Si  elles  sont  couchées  en  leurs  beaux 
lits,  ne  pouvants  endurer  ny  couvertes,  ny  linceux.  » 
(Br.  Disc,  I,  131,  30.) 

«  Fismes  un  lict  sans  plume  ne  couverte.  » 

Du    FOUILLOUX. 

«  Donne  mon  père  la  couverte 

Qui  est  sus  mon  cheval  morel.  »  Fables  mss. 

Couvi,   adj.  q.  Cf.  Coui.  Œuf  gâté  (My.). 

Couvie,  s.  m.  —  Peurier  servant  aux  fau- 
cheurs pour  mettre  à  tremper  dans  l'eau  leur 
pierre  à  (aiguiser).  —  Mén. 

Couvrâilles  (Fu.,  Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'em- 
ploie qu'au  plur.  Les  semailles.  Dér.  du  fr 
Couvrir  qui,  dans  le  patois,  s'emploie  abso- 
lument au  sens  de  :  faire  les  semailles.  Syn. 
de  Emblayures.  On  dit  :  Dans  les  couvrâilles, 
pour  désigner  l'époque  de  l'année  où  l'on 
sème. 

N.  —  Rappelez-vous  la  fable  de  La  Fontaine  : 
L'hirondelle  et  les  petits  oiseaux  : 

. . .  Dès  que  vous  verrez  que  la  terre 
Sera  couverte. . 

Couverte,  ç.-à.-d.  ensemencée.  «  Le  mot  couvert, 
pris  dans  ce  sens-là,  est  un  terme  d'agriculture 
assez  usité  à  la  campagne,  mais  qui  n'est  pas  fort 
connu  dans  les  grandes  villes.  >>  (Coste.)  —  La  Fon- 
taine parle  ailleurs  de  couvrir  un  champ  de  : 
touselle.  Dans  qqs  provinces,  le  mot  couvraille 
désigne  encore  l'ensemencement  des  terres.  (Edi- 
tion annotée  par  E.  Thirion.  Hachette.) 

Add.  —  On  dit  :  Débattre  de  la  couvraille, — 
lorsque  les  paysans  sèment  le  blé  et  cassent 
les  mottes. 

Couvrer  (Lg.),  v.'a.  —  Faire  les  semailles 
(sèmeries,  couvrâilles,  emblayures)  ;  emblaver 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Couvrir. 

Couvri  (Mj.),  part.  pas.  — _De  couvrir.  V. 
Couvert. 

Couyer  (Fu.),  s.  m.  —  Petit  ustensile  de 
bois  ou  de  cuivre,  dans  lequel  les  faucheurs 
mettent  leur  pierre  à  aiguiser.  Cf.  Couiller, 
Couer,  Peurrier. 

Et.  —  Lat.  Cotarius,  (jui  est  relatif  à  la  pierre'à 
aiguiser,  ou  queux,  du  lat.  cos,  cotis.  —  Coyer, 
d'après  la.  forme  Co.  (Cf.  prov.  mod.  Coudié. 
<Darm). 

Couyèvre  (Li.,  Br.),  s.  î.  —  Couleuvre. 

Et.  —  Lat.  Colubra. 

Coyau,  s.  m.  —  Cordelette.  V.  Acoyau, 
Saule.  V.  Ancreau.  \\  By.  —  Ne  pas  confondre 
Coyau   et  Coyet.  Prononc.  :   coi-iau,    coi-ié. 


Coyau,  morceau  ajouté  (rente)  au  bout  d'un 
chevron,  pour  relever  la  pente  où  sera  placée 
la  gouttière.  Sur  les  coyaux.  s'appuie  une 
chanlatte,  planchette  genre  volige  (voliche), 
taillée  en  biseau  dans  le  sens  de  sa  longueur. 
Coyet,  cordelette  fermant  le  fond  (vulgaire- 
ment le  cul)  d'un  ancreau  et  portant  le  mêr 
(prononc.  entre  mêr  et  mar),  ç.-à.-d.  la 
marque  du  propriétaire  et  au  bout  de  laquelle 
on  attachera  le  perron. 

Coyet  —  V.  Coyau.  Dimin.  de  Coue,  Quoue. 

Crû  (Mj.),  s.  f.  —  Gros  nuage  noir,  nimbus. 
Ex.  :  Il  va  mouiller,  y  a  eine  fameuse  crâ 
dans  la  galarne.  Syn.  de  Craie,  Soutre,  Nuau, 
Bane,  Banc. 

Crabassée  (Sp.),  s.  f.  —  Forte  averse,  dé- 
luge. Ex.  :  Il  a  tombé  eine  crabassée  d'eau. 
Syn.  de  Laça,  Aqua,  Agua.  Cf.  Cramassée. 

N.  —  Vx  fr.  Crabacier,  tomber,  s'écouler.  — 
D'où  le  sens  de  :  chose  qui  tombe  avec  force.  — 
Inconnu  au  Fuilet  ;  mais  on  y  emploie  souvent 
Décrabasser  pour  :  Tomber  avec  fracas  ou  abon- 
dance (personnes  ou  choses).  A  Loudun  on  dit 
que  la  pluie  tombe  à  crabas. 

Crabossé,  adj.  q.  —  Ecraboui,  écrabouillé, 

écrasé  Syn.  de  Ecramoui. 

Crabuchage  (Mj.),  s.  m.  —  Action  de 
Crabucher.  Ex.  :  Il  n'en  fait  d'un  crabu- 
chage avec  ses  sabots  neurs.  —  Syn.  de 
Traquemardage,  Cramâillage. 

Crabucher  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  —  Trébucher. 
Corr.  du  mot  fr. 

5.?"Crabut  (Lg.),  s.  m.  —  Heurt,  choc,  col- 
lision. Ex.  :  Dans  le  crabut,  y  a  eu  deux 
hommes  de  tués. 

Crabutter  (Lg.),  v.  n.  —  Se  heurter, 
entrer  en  collision.  Ex.  :  Les  deux  automo- 
biles ont  crabuué  Fine  dans  l'autre.  Cf.  Cra- 
bucher. 

Crac  s.  m.  —  Crapaud  (Segr.)  par  onoma- 
topée (MÉN.).  Il  Sa.  —  Gros  crapaud.  N.  Les 
petits  s'appellent  Cloues.  Onom. 

Cracassage  (Lg.),  s.  m.  — Craquement, 
éclat  de  la  foudre. 

Cratasser  (Lg.),  v.  n.  —  P^'aire  entendre  un 
bruit  de  craquement,  surtout  en  parlant  de 
la  foudre,  lorsqu'un  coup  éclate  à  courte  dis- 
tance. Ex.:  J'aime  poit  quand  ça  cracasse 
toi  à  coûté. 

Crachat  ou  Crache- de- cocou  (Mj.),  s.  f.  — 
Flocons  d'un  liquide  mousseux  et  p.  ê.  mu- 
queux,  qui  j'essemble  à  de  la  bave  ou  à  un 
crachat  de  salive,  et  que  l'on  voit  souvent 
au  printemps  sur  toutes  les  parties  des  plantes 
sans  acception  d'espèce.  On  attribue  l'ori- 
gine de  ces  flocons  écumeux  au  coucou, 
parce  qu'il  se  trouve  qu'il  commence  à 
chanter  vers  l'époque  où  on  les  observe.  Je 
crois  qu'en  réalité  c'est  la  bave  d'une  espèce 
de  chenille.  \'.  Crache  et  Thion  au  Folk- 
Lore,  m.  Ij  By.  —  C'est  la  bave  d'une  larve, 
^  mais  pas  du  tout  chenille  —  d'une  sorte 


CRACHE  -  CRAISSET 


243 


d'altise,  vulgairement  appelée  Gilbert,  nom 
donné  à  plusieurs  insectes  qui  ne  se  res- 
semblent pas,  entre  autres  à  l'insecte  qui 
replie  les  feuilles  de  vigne  en  cigares  pour  y 
déposer  ses  œufs,  trois,  je  crois,  par  cigare. 

Et.  —  «  Ecume  de  terre,  ou  écume  printanière, 
dite  aussi  Crachat  de  coucou,  crachat  de  grenouille, 
écume  dont  s'enveloppe  la  larve  d'un  insecte 
hémiptère  (l'aphrophore  écumeuse).  On  a  donné 
le  nom  d'écumes  printanières  à  ces  amas  de  ma- 
tières mousseuses  qu'on  voit  au  printemps  sur  les 
herbes  des  prairies  ;  le  peuple,  qui  en  ignore  la 
vraie  nature,  les  prend  pour  des  crachats  de 
différents  animaux.  «  (Litt.  V  Ecume.)  —  «  Cra- 
chat, plaque  écumeuse  qui  vient  sur  les  feuilles  des 
végétaux  attaqués  par  la  larve  du  cercope.  » 
(Darm.)  —  «  Flocon  d'écume  qu'exhale  de  son 
corps  un  insecte,  espèce  de  puceron,  qui  vit  sur  les 
genêts  principalement.  >>  (Ôrain.)  Quant  au  mot 
Crachat,  il  vient  du  germ.  ;  anc.  scand.  Krâki, 
salive  ;  anglo-sax.  hrœkan.  La  forme  germ.  avec 
l'h  devant  l'r  explique  à  la  fois  Cracher  et  Racher, 
qui  sont  le  même  mot.  Il  est  probable  que  le  lat. 
Screare  renferme  un  radie,  commun  à  celui  des 
lang.  germ.  (scr  =  hr),  mais  il  ne  peut  rendre  rai- 
son des  formes  romanes  ;  il  aurait  donné  Escréïer. 

Crache  (Fu.,  By.),  s.  f.  —  Salive.  Subst. 
verb.  de  cracher. 

Crache- louis  (Lm.),  s.  m.  —  Le  cheval  qui 
crache  perd  de  sa  valeur  (Mén.). 

Crache- pain,  (N.  d'Angers),  s.  m.  —  Mets 
assez  peu  ragoûtant.  On  fait  cuire,  avec  des 
pommes  de  terre,  des  petits  poissons  (qui 
n'ont  pas  la  bauge),  le  tout  se  réduit  en  une 
sorte  de  bouillie,  et,  comme  les  arêtes  y 
sont  mêlées,  on  les  crache  à  mesure.  D'où  le 
nom. 

Crache- au- pot,  s.  m.  —  Vieillard  caco- 
chyme qui  se  tient  près  du  foyer,  tout 
courbé.  ■ 

Crachot'  (Mj.).  —  Crachat,  salive. 

Crachotage  (Mj.),  s.  m.  —  Crachotement. 
Syn.  de  Crachoterie. 

Cfachoterie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Action  de 
crachoter  ;  crachotement.  Syn.  de  Cracho- 
tage. 

Crâgne  (Mj.),  s.  m.  et  adj.  Crâne. 

Cràgneuient  (Mj.),  adv.  —  Crânement. 

Crahouner  (Lg.),  v.  n.  —  Tousser  creux, 
avoir  une  toux  profonde.  Syn.  de  Cahuter, 
Cahurner,  Battre-les-pieux,  Teuyer. 

Et.  —  Doubl.  de  Cahurner,  par  métath.  de  l'r. 

Craie  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Crâ,  qui  est  plus 
employé. 

Crailler  (Sar.,  Tir.),  v.  n.  —  Crier,  appeler.  || 
V.  réf.  'E  s'est  crâillée,  —  elle  s'est  écriée 
(Z.  150).  Il  Li.,  Br.  —  On  les  entendait 
crailler. 

N.  —  Se  dit  du  cri  de  la  corneille.  Onomat.  — 
Extens.  de  sens.  —  Croailler.  (Litt.)  —  «  Un 
craillard  d'oie,  la  trachée-artère,  l'organe  qui  sert 
à  crailler.  Les  enfants  s'en  servent  pour  produire 
un  son  peu  agréable.  »  (Jaub.)  —  V.  Chassifiau.  — 
Il  C'est  une  chose  fâcheuse  et  malplaisante  que 


d'ouïr  une  poule  croqueter  et  une  corneille  crailler 
et.  toutefois,  celui  qui  contrefait  la  poule  croque- 
tante  et  la  corneille  craillante  nous  plaît.  »  (Amyot. 
Œ.  de  Plutarq.  5®  livre  des  Propos  de  table.  Quest. 
!'■<'.  (De  Montesson.) 

Craindre  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Craindre  sa 

peine,  —  plaindre  sa  peine. 

Crainte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Crainte  de,  crainte 
que,  s'emploie  elliptiquement  pour  :  de 
crainte  que,  ou  de.  Ex.  i  Fin  comme  Gri- 
bouille, qui  se  jetait  dans  l'eau,  crainte  de  se 
mouiller.  —  Il  avait  tout  mis  dans  le  nom  de 
ses  enfants,  crainte  que  sa  femme  serait 
morte  avant  lui.  ||  Pousser  la  crainte,  —  ins- 
pirer la  crainte.  ||  En  crainte,  —  craintive- 
ment, timidement.  Ex.  Il  ne  illi  parlait  qu'en 
crainte. 

Et.  —  Craindre.  Du  lat.  Tremere,  trembler,  et 
aussi  Craindre.  L'articulât,  tr  s'est  changée  facile- 
ment en  cr.  Cremir  répond  à  une  conjug.  changée, 
tremire.  —  Hist.  «  Le  présent  papier  ayant  été 
osté  de  l'église,  crainte  que  les  gens  de  guerre  ne  le 
brûlassent.  »  (1652.  —  Inv.  Arch.,  S,  s,  E,  p.  364- 
col.  2.)  —  «  Dévoré  par  la  fièvre,  en  proie  aux  tour- 
ments de  la  soif  et  de  la  faim,  il  n'ose,  crainte  de 
surprise,  aller  demander  dans  les  métairies  la  nour- 
riture dont  il  a  besoin.  »  (Deniau,  Hist.  de  la 
Vendée,  v,  504.) 

Craint-peine  (Mj.,  Bf.),  s.  m.  —  Celui 
qui  plaint  sa  peine.  Syn.  de  Tire-à-cul. 

Craintpenneté,  (Bf.),  s.  f.  —  Action  de 
craindre  sa  peine,  peur  de  se  donner  du  mal. 
V.  Pelbrette. 

Craion  (Gré-on)  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Crayon. 
Cf.  Bruère. 

Craire  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  a.  —  Croire.  || 
Obéir.  Ex.  :  N'y  a  gens  de  le  faire  craire, 
ceté  sapré  graissoux-là  !  —  ||  Absolument. 
Se  craire,  —  avoir  de  soi-même  une  haute 
opinion,  être  orgueilleux.  j|  Si  je  me  crayais, 

—  si  je  m'en  croyais.  —  Prononc.  Créere. 

Et.  —  Credere,  creidre,  creire,  croire.  —  On 
disait  autrefois  :  crere,  je  crais  ;  prononc.  inaugurée 
au  xvi«  s. 

Craisir,  v.  n.  —  On  pron.  Kersir  ;  —  mourir, 
expirer.  (By.) 

Craissant  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  m.  —  Croissant. 
Du  fr.  Craitre. 

Craisset,  s.  m.  —  Lampe,  chandelle  ;  fer 
bifurqué    qui    soutient    la    résine    allumée 

(MÉN.). 

Et.  —  «  Creuset.  —  Altérât,  du  vx  fr.  Croisuel, 
devenu  Croiset  par  substitution  de  suffixe,  et 
Creuset,  par  un  rapprochement  arbitraire  avec 
Creux.  »  —  L'a.  f.  signifie  aussi  :  lampe,  et  le  sens 
primitif  paraît  être  :  «  lampe  à  mèches  croisées  », 
Croisai  étant  un  dér.  de  Croix.  (Cf.  B.  L.  Crucibu- 
lum.)  OrDix  donne  encore,  en  1643,  Creseul  et 
Cruzeul,  à  côté  de  :  creuset  : 

«  Ki  a  croisuel  toute  nuit  veille.  »  D.  C.  (Darm.) 

—  «  Cracet,  espèce  de  lampe.  (Cf.  Chareil  et  Cha- 
leil.  —  Lucubrum,  crasset,  gallice.  —  Variantes  : 
Cracet.  crasset,  craisset,  craissés,  crichet,  gracet, 
grassot,  creuseul,  croissol.  —  Crassier,  marchand 
de  graisse  ;  cras,  pour  :  gras.  (Nombreux  ex.  de  c 
mis  pour  g.)   »  (La  Curne.)  —  Crasset,  Lampe, 


CRAISSU  —  CRAPACIXE 


vaisseau  propre  à  faire  brûler  de  l'huile  ou  de  la 
graisse  pour  éclairer.  Crassa  '  :  «  Le  baston  à  quoy 
l'en  pend  le  chaleil  ou  crasset  les  soirs,  pour  alu- 
mer  en  la  maison.  »  1356.  —  Crucibulum,  quod 
cruciet  bolum,  id  est,  bolum  sepit.  (En  note  : 
risum  contine,  comme  qui  dirait  :  Gardez  votre 
sérieux,  et  il  y  a  de  quoi.  )  —  L'auteur  admet 
l'étymol.  :  en  forme  de  croix.  —  Il  propose  aussi  •- 
Crassa,  seu  Adeps,  de  la  graisse  qu'on  y  brûle  en 
guise  d'huile.  (D.  C.) 

Résumé  :  3  origines  :  Crasset,  de  crassa,  graisse  ; 
Crucet,  de  crux,  crucis,  croix  ;  Creusset,  de  creux, 
creuset. 

ScHELER  :  Creuset.  Ce  mot  et  tous  ceux  de  ce 
genre  (croisel,  croiseul,  etc.)  dériv.  du  mha.  Krus 
(nha.  Kraus)  pot,  cruche,  jatte.  Le  B.  L.  Crucibu- 
lum est  une  extension  arbitraire  du  radical  germ., 
opérée  p.-ê.  sous  l'influence  de  Crux,  à  cause  des 
mèches  croisées  de  certaines  lampes.  —  Les  formes 
picardes  :  crachet.  créchet,  et  angl.  cresset,  lampe, 
sont  indépendantes  de  notre  mot  et  tiennent  à 
crache,  graisse,  suif. 

Craissu,  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  part.  pas.  —  Crû, 
de  craître.  N.  Au  Lg.,  cette  forme  e.st  d'usage 
courant  ;  à  Mj.,  elle  a  vieilli  et  ne  s'emploie 
guère  qu'en  plaisantant.  —  Cf.  Torsu.  \\ 
Fu.  créeçu. 

Craît  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Envie,  petite 
portion  de  peau  qui  se  détache  et  se  soulève 
près  de  la  base  des  ongles.  Dér.  de  Craître, 
parce  que  ce  petit  décollement  de  la  peau 
est  attribué  à  la  croissance.  Syn.  de  Recu- 
lons et  de  Echarde.  \\  Mj.,  Lg.  —  Croissance. 
Ex.  :  Ce  queneau-là  n'a  pas  encore  flni  son 
craît. 

Craître  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  v.  n.  —  Croître, 
grandir.  Et  Lat.  Crescere,  creis're,  creistre, 
croistre,  croître.  —  Au  xvn^  s.  plusieurs 
prononçaient  :  craître,  qui  rimait  avec  les 
sons  en  aître.  Cf.  Crére,  de  Credere,  croire. 

Cramail  (Sa.,  Fu.),  s.  m.  —  Sauter  au 
cramail  de  qqn  ;  lui  sauter  sur  le  dos,  le 
prendre  à  la  gorge.  ||  By.  —  Crama,  Crémâ. 

Et.  —  Peut-on  le  rapprocher  de  cramignole 
sorte  de  bonnet,  toque?  (L.  C.)  Je  note  encore 
Cramaculum.  d'orig.  incert..  peut-être  dérivé  du 
néerl.  Kram,  crampon,  qui  figure  dans  les  Capitu- 
laires  de  Charlemagne  ;  d'où  :  crémaillère.  —  V.  Cra- 
mas. 

Craiiiâillage  (Mj.),  s.  m.  —  Action  de 
crainâiller,  bruit  de  sabots  claquant  sur  le 
sol.  Syn.  de  Traqiiemardage,  Crabuchaqe. 

Cramâiller  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  du  bruit 

avec  les  pieds,  traîner  ses  sabots,  les  faire 
résonner. 

Et.  —  Nul  rapport  avec  :  cramâillère  ;  p.-ê.  un 
à- peu-près  pour  Truquemarder. 

Cramâillère  (Mj.,  Ti.,  Zig.  150,  By.),  s.  f.  — 
Crémaillère.  Branler  la  cramâillère.  On  dit 
en  plaisantant  qu'il  faut  branler  la  cra- 
mâillère, lorsqu'il  se  produit  qq.  événement 
heureux,  inespéré  et  à  peine  croyable, 
lorsque  qqn  a  pris  une  bonne  résolution  qu'il 
aura  peine  à  tenir,  exécuté  un  acte  dont  on 
ne  l'aurait  pas  cru  capable.  A  Sp.  on  dit,  dans 
les  mêmes  circonstances  :  faire  une  croix  à 
la  cheminée.  ||  Quand  on  s'installe  dans  une 


mai.son  neuve,  on  pend  la  cramâillère  ;  on 
réunit  ses  parents  et  ses  amis  dans  un  festin 
d'inauguration.  ||  Fu.  —  A  bref. 

Et.  —  Voir  au  mot  Cramail.  B.  L.  Cramaculus, 
du  xn®  s.,  cremasculus,  cremasclus,  du  xiv«.  — 
Hist.   «  Quaresmeprenant. . .  a  les  pores  uretères 
comme  une  cramâillère.  «  (Rab.,  P.,  iv,  409.) 
—    «  Cramilliée  de  fer 

Et  grassot  (lampe)  en  yver.  » 
Fables  inss.  L.  C. 

Cramâillon  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Petit 
crochet  de  fer,  que  l'on  suspend  par  une 
boucle  au  crochet  de  la  crémaillère  pour  la 
rallonger. 

Et.  —  Dimin.  irr.  de  Cramâillère.  ||  Fu.  —  A  bref. 

Cramas  (Bg.),  s.  m.  —  Le  crâne.  V.  Cra- 
mail. 

Et.  —  A  rapprocher  de  Cresmail.  Espèce  de  bon- 
net qu'on  mettait  sur  la  tête  des  catéchumènes 
après  leur  baptême.  Chrismale. 

Cramassée  (Lg.),  s.  f.  —  Grande  quantité. 
Ex.  :  Y  a  eine  cramassée  de  boisis  cette 
année.  Syn.  de  Affourée,  Fouaillée,  Tournée^ 
Râpée,  etc.  Cf.  Crabassée. 

Cramasser  (By.),  v.  n.  —  Sauter  avec 
fureur  sur  qqn.  —  Vient  de  Cramas,  comme 
Cramailler  de  Cramail. 


m.    —    Crapoussin. 
Crôle-cul,    Boustrou, 


Cramoilot  (Sp.),  s. 
V.  Crapaud.  Syn.  de 
Crapasson,  Bas-cul. 

Cramponner  (se)  —  (Mj.,  Lg.),  v.  récipr.  — 
Se  saisir  à  bras  le  corps,  s'empoigner  pour  se 
battre,  lutter.  —  Se  dit  absolument. 

Crampsé  (crammpsé),  adj.  q.  Mort.  (Ag.) 
Il  est  crampsé,  —  il  est  mort. 

Et.  —  Est-ce  la  dernière  crampe,  celle  qui 
amène  la  rigidité?  —  Je  trouve,  dans  L.  Lakchey, 
Cramser,  mouvoir,  pour  crapser,  et  celui-ci  pour 
clapser.  —  Mais,  clapser?  Et  claqué? 

Crâne  (Mj.),  s.  m. 

N.  —  On  prononce  souvent  :  crâgne.  A  noter  que 
l'on  n'emploie  jamais  ce  mot  que  dans  la  loc.  : 
Crâne  de  la  tête.  Ex.  :  Ça  illi  a  défoncé  le  crâne  de 
la  tête.  Cf.  Poignet  du  bras.  Chignon  du  cou, 
Chiiille  du  pied.  |]  Mj.,  Lg.,  adj.  q.  —  Hautain, 
dédaigneux.  Ex.  :  Il  se  tient  crâne,  depuis  qu'il  a 
mouillé  dans  son  assiette  (qu'il  est  devenu  riche). 

Crâner  (Mj.),  v.  n.  — 
brave.  Syn.  de  Braver. 

Cranoux,    ouse    (Sp.), 
veux. 

Craoner   (Cho.),   v.   n. 
lement. 

Et.  —  Onomatopée  (Mes 
qui  se  produit  quand  on  arrache  le  mucus. 
Crahouner. 

Crapacine  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  l'expression  :  Se  prendre  à  la  crapacine, 
—  s'empoigner,  se  saisir  en  se  battant.  || 
Endroit  qcque  par  où  on  peut  saisir  une 
personne. 

Et.  —  Ce  mot  se  rattache  à  la  rac.  Grap,  Grip, 
qui  indique  l'action  de  saisir.  Il  est  voisin  du  fr. 
Crampon,  Cramponner. 


Faire  le  crâne,  le 
adj.  q.  —  Mor- 
—  Cracher  diffici- 


Rappelle  le  son  Crrr, 
V. 


CRAPASSER  —  CRÉ 


245 


Crapasser  (se)  —  (By.),  v.  réf.  —  Se  tenir 
fortement.  —  D'où  Decrapasser  (se),  tomber, 
après  avoir  lâché  la  poignée. 

Crapasson  (Lg.),  s.  m.  —  Crapoussin. 
Doubl.  de  Crapuchon,  Crapichon  et  du  mot  fr. 

—  Syn.  de  Bas-cul,  Crôle-cul,  Cropet,  Cra- 
molot,  Boustrou. 

Crapaud  (Mj.),  s.  m.  —  Eborgneux  de 
crapauds,  —  nom  sous  lequel  les  cultivateurs 
se  désignent  eux-mêmes  par  plaisanterie. 
Il  Fig.  Avoir  les  mains  comme  des  crapauds, 

—  les  avoir  enflées.  ||  Sp.,  By.,  —  Fig.  Cra- 
poussin, gamin,  marmot.  |!  Id.  —  Magot, 
bourse  pleine.  On  dit  de  même  en  fr.  :  la 
grenouille.  —  Dans  ce  sens,  Littré  :  petite 
bourse  de  soie  dans  laquelle  les  hommes 
enfermaient  leurs  cheveux  par  derrière.  || 
Z.  141.  —  Il  a  de  l'esprit  comme  un  crapaud 
a  de  la  pieume  (plume),  ç.-à.-d.  qu'il  en 
manque  complètement.  ||  Les  ouvriers  de  nos 
ardoisières  donnent  ce  nom  aux  plates- 
formes  destinées  à  recevoir  le  bassicot  ou 
baquet  et  (qui)  permettent  de  le  pousser  jus- 
qu'à l'extrémité  de  chaque  banc  au  fond  des 
carrières  nouvellement  ouvertes  (Mén.). 

Et.  —  Incert.  —  B.  L.  crapaldus,  crapollus.  — 
Anglo-sax.,  creopan  ;  frison,  kriapa  ;  holl.  kruipen. 

Crapaudière,  Corr.  de  Crapaudine.  —  Hist. 

—  R.  J.,  fileuse  à  l'Ecce  Homo,  a  eu  la  main 
gauche  prise  entre  la  crapaudière  et  la  balance 
de  son  métier  {Ang.  de  Paris,  13  décembre 
1907,  3,  2.) 

N.  —  Il  fallait  Crapaudine,  plaque  qui  sert  de 
support  et  de  coussinet  à  une  tige  verticale  ayant 
un  mouvement  de  rotation.  Balance,  expression 
impropre,  pour  Chariot.  C'est  un  appareil  qui  se 
déplace  verticalement  sur  une  hauteur  de  0,25  à 
0,  30  cehtim.,  par  un  mouvement  régulier  montant 
et  descendant.  (M.  P. . .  Usine  Bessonneau.) 

Crapaud- boursier  (Fu.).  —  Gros  cra- 
paud. —  V.  Boursier. 

Crapaud-pissoux  (Id.).  —  Variété  de  cra- 
paud. 

Crapaudine  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  lichen 
qui,  api)li(]ué  sur  une  contusion,  fait  sortir  le 
sang  à  travers  la  peau. 

Et.  —  Ainsi  nommé  parce  qu'il  ressemble  à  lu 
peau  du  crapaud. 

Crape,  s.  f.  —  Crampe.  V.  Goutte-Grampe. 

Et.  —  Ane.  ail.  Krampf,  même  radie,  que 
Crampon.  Crampe,  cranche,  crance,  grampe  et 
même  grappe,  sont  toutes  formes  d'un  même  mot, 
qui  était  adj.  —  Etre  crampe,  avoir  les  membres 
contractés,     engourdis,     avoir     là     goutte-crampe. 

(LiTT.) 

Crapiche  (Lg.),  s.  f.  —  Petit  crapaud.  || 
Sorte  de  rainette  à  peau  jaune-brunâtre.  Sjm. 
de  Crapichon,  Crapuchon,  Cloue. 


Crapicliun    (Lg.),    s. 
piche. 


m.   —   Comme    Cra- 


Crapousser  (Lg.),  v 
ruler. 


a.  —  Pousser,  bous- 
El.  —  Si  l'on  compare  ce  verbe  avec  le  Mj. 


Crabucher,  on  se  rend  compte  que  le  préf.  Car 
représente  le  fr.  Tré,  Très,  lat.  Trans,  avec  idée 
d'au-delà.  —  Syn.  de  Poussarder,  Pauficher. 

Crapucher,  (se)  —  (By.).  —  Empoigner 
qqch.  et  s'y  maintenir^fortement.  D'où 
Décrapucher,  tomber. ^,,_,      -\','^.  '7^  ;  C-!.:r)*V; 

Crapuchon  (Sp.,  Mj.),  —  Petit  crapaud. 
Syn.  de  Crapiche,  Crapichon,  Râillon,iBâil- 
lard ,  Roillard,  Cloue.  \\  Fig.  Crapoussin. 
Syn.  de  Cropet,  Cramoloi,  Crôle-cul.  Bous- 
trou,    Bascul,  Crapasson. 

Craquereau,  ou  rot  (Sar.),  s.  m.  —  Tesson  de 
vaisselle.  —  V.  Câquerot. 

Crasse  (Mj.),  s.  f.  —  Grande  quantité. 
Ex.  :  Des  poumes,  illy  en  a  eine  crasse,  cette 
année  (pron.  :  stan-née). 

Et.  —  Lat.  crassus,  épais,  d'où  :  grande  quan- 
tité. On  dit  bien  :  Il  n'y  en  a  pas  épais,  —  en  par- 
lant, p.  ex.,  de  gens  d'esprit.  —  Syn.  de  Confusion, 
Bénédiction,  Flopée. 

Il  Procédés  bas,  indélicats.  «  Il  m'a  fait 
eine  crasse,  mais  il  ne  la  portera  pas  en 
paradis.  »  (Lg.,  Mj.,  Fu.,  By.)  ||  Echauffer 
la  crasse,  —  impatienter,  agacer.  On  dit  de 
même,  en  fr.  :  Echauffer  les  oreilles.  —  Cf. 
Achaler. 

Crasseux  (Mj.,  Lg.,  By.,  Fu.),  adj.  q.  — 
Ladre,  pingre,  avare. 

N.  —  Dans  le  même  ordre  d'idées,  on  dit  en  fr.  : 
Il  est  d'une  avarice  sordide. 

Crassouillou.x,  adj.  q.  — ■  «  Dans  un  rap- 
port d'experts  :  Attendu  que  le  temps  étant 
trop  crassouilloux  et  trop  patduilloux,  l'ex- 
pertise a  dû  être  remise.  (Lpc).  —  Temps 
pluvieux,  rendant  les  chemins  impraticables. 
Cf.  Gassoilloux. 

Crassoux  (Lg.,  By.,  Mj.),  adj.  q.  et  s.  — 
Crasseux. 

Et.  —  Ce  sufTixe,  oux,  est  toujours  signe  de 
mépris. 

Crau,  s.  m.  —  Pierre  celtique  (Mén.). 

N.  —  Probablement  pierre,  même  non  celtique. 
—  MoisY  :  Crom  (angl.  Crag),  pierre  provenant  des 
premières  couches  d'une  carrière.  Du  celt.  craig, 
pierre,  roche.  Cray  ou  Gray,  en  Basse-Normandie. 
«  Nous  appelons  ici  cray  ou  gray  le  menu  caillouage 
qui  se  trouve  aux  carrières,  avant  que  l'on  ren- 
contre la  bonne  pierre.  »  (Moisant  de  Brieux.) 

Crayable  (Mj.,  By.,  Fu.),  adj.q.  —  Croyable. 
Cf.  Craire,  cr ayant. 

Crayais,  v.  a.  —  Je  croyais  (Juni.,  Fu., 
By.).  —  Je  crayais.  V.  Crére. 

Crayance  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Croyance. 
Doublet  du  fr.  Créance. 

Crayant  (Mj.),  part.  pr.  —  Croyant.  || 
Adj.  verb.  Crédule. 

Craye-vous  ?  (Mj.,  etc.),  v.  interr.  — 
Croyez-vous  ?  —  Cf.  Sa-vous  ?  Entende- 
vous  ?  Pense-vous  ?  Voye-vous  ?  A  vous  ? 
V.  Crez-vous  ?  Cré-vous  ? 

Cré  (Mj.,  By.,  Fu.),  adj.  q.  —  S'emploie 


246 


CRÊ  -  GRESCENT 


dans  les  jurons  comme  abréviat.  et  atténua- 
tion. Aphérèse,  pour  Sacré.  Crk.  mâtin  ! 
crk  coquin  ! 

Crê  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  m.  —  Crêpe,  bande 
d'étoffe  noire  que  l'on  porte  au  chapeau  en 
signe  de  deuil. 

Et.  —  Du  lat.  Crispus.  Dans  l'a.  langue,  crespe 
est  un  adj.  signifiant  :  crépu,  frisé.  Cette  étoiïe  est 
frisée. 

Créature  (Fu.,  etc.),  (créiature,  criature, 
kériature),  s.  f.  —  Terme  injurieux.  C'est 
eine  créiature  !  en  parlant  d'une  femme 
galante. 

Hist.  —  «  Et  voilà  que  la  pauvre  créyature  en  est 
devenue  jaune  comme  un  coin.  »  (Mol.,  Le  Médec. 
malgré  lui.  II,  1.)  —  Sainte  Marie  Egyptienne  dit, 
en  parlant  d'elle-même 

«  Jou  ne  li  os  (je  ne  lui  ose)  tourner  mon  vis. 

Ne  li  os  torner  ma  failure  (taille), 

Car  je  sui  une  créature.  ><  (L.  C.) 

Crèche  (Mj.),  s.  f.  —  Dans  une  vigne  dé- 
chaussée, espace  entre  deux  déchaus,  formant 
un  sillon  au  milieu  duquel  se  trouve  la  rangée 
de  ceps. 

N.  —  On  prononce  très  souvent  Querche. 

Et.  —  Orig.  german.  Ail.  Krippe  :  dan.  Krybbe  ; 
angl.  crib  ;  celtiq.,  irl.  grib. 

Créere  (By.),  pour  Croire.  Cf.  Craître,  pour 
Croître.  —  ||  Alors  il  faut  Craire  ? 

Crégnasse  (Sp.),  s.  f.  —  Tignasse.  Cheve- 
lure en  désordre. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Grinis,  avec  le  suff,  péjor. 
asse.  Il  est  probable  que  le  fr.  Tignasse  n'est  qu'une 
corr.  de  ce  mot  patois.  V.  Tégnasse.  Cf.  l'esp. 
Grena,  même  sens. 

Crégnière  (Mj.),  s.  f.  —  Crinière. 

Créiances  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Déchets  du 
criblage  des  grains.  Mot  vieilli  et  peu  usité. 
Syn.  de  Gratteilles,  Ecréiances,  Quériances. 

Créiatoire  (Mj.),  s.  f.  —  Créature.  S'em- 
ploie seulement  en  plaisantant.  Cf.  Créa- 
ture, Créiature. 

Créiature  (Ag.),  s.  f.  —  Mauvaise  pronon- 
ciation de  Créature. 

Hist.  —  Renart  le  voit,  si  s'est  dreciez. 
Sire,  fit-il,  bien  veigniez-vos, 
Séez-vos  si  de  joste  nos. 
Lez  ceste  lasse  criature... 

Crémeau,  —  Vx  mot  angevin.  Coiffe  ; 
Vase. 

Hist.  —  «  Il  y  a  trois  calices,  un  soleil  de  ver- 
meil, un  ciboire,  une  custode  et  des  crémeaux,  le 
tout  d'argent...  >■  (Anj.  Hist..  7«  an.,  n"  1.  juill.- 
aoùt  1906).  —  «  Béguin,  coiffe.  C'est,  proprement, 
le  bonnet  qu'on  met  sur  la  tête  de  l'enfant  après 
qu'il  a  reçu  le  baptême.  «  (L.  C.)  —  C'est  aussi  le 
vase  où  se  conservent  les  saintes  huiles  :  «  Un 
cresmeau  à  trois  tournelles,  dont  le  pied  est  en 
façon  de  boette  pour  mettre  le  pain  à  chanter. 
(Pièce  de  1492.  Du  Cange.)  —  En  1416,  on  trouve  : 
Item,  un  cresmier  d'argent  veré  à  trois  estiuz,  pour 
mettre  le  Saint-Cresme.  (L.  C.  —  N.  E.)  D'où  le 
nom.  —  Veré,  vairé,  ouvragé.  V.  Cramas. 

Crémet  (à  peu  près  partout),  s.  m.  —  Lai- 


tage fait  avec  de  la  crème,  au  moment  où  elle 
va  tourner  au  beurre  dans  la  baratte. 

Crémette  (Mj.),  s.  f.  —  Syn.  de  Harbe  au 
beurre.  Dér.  de  Crème,  Crémer.  C'est  la 
croisette. 

Crémon  (Craon),  s.  m.  —  Crachat  ver- 
dâtre.  Syn.  de  Morvias,  Biritte,  Caraillas. 
Cf.  Quernon. 

Créneau,  s.  m.  —  V.  Bas-flancs,  Bat 
flancs.  C'est  un  Bas-flanc  fixe.  Crèche  d'é- 
tables.  Rappelle  les  créneaux  des  fortifica- 
tions.  Créniau.  Cf.  Quernon. 

Créniau  (Z.  69.),  s.  m.  —  Crèche  d'étable. 

Et.  —  De  cran,  d'après  Tanc.  forme  Cren.  — 
Crena  se  trouve  dans  Plixe  (leçon  douteuse).  Le 
b.  ail.  a  Karn,  entaille.  —  Les  bâtons  de  la  crèche 
la  font  ressembler  à  des  créneaux. 

Crénonille,  s.  m.  —  Voir  Barbeau.  MÉx. 
Bat.  donne  Créconille,  Centaurea,  Cyanus, 
Bluet,  Aubifoin,  Casse-lunettes. 

Créon  (Craon,  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Crayon. 
V.  Craion. 

Et.  —  De  :  creta,  craie.  —  On  trouve  Créon 
en   1.554. 

Crêpe  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  Ennui,  désagré- 
ment, déconfiture,  entreprise  manquée.  «  En 
velà  d'eine  belle  crêpe  !  »  V.  Galette.  \\  Virer  la 
crêpe,  c'est  mourir  (Segr.).  —  Etre  de  la 
crêpe,  ou  en  débauche.  (Id)  Mén. 

Crêpe  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Crête.  Ex.  :  Velà 
eine  poule  qui  va  bentout  pondre,  aile  a  la 
crêpe  ben  rouge.  ||  Fig.  Se  sauter,  se  prendre 
à  la  crêpe,  —  s'élancer  l'un  sur  l'autre,  se 
battre.  Se  dit  des  personnes,  aussi  bien  que 
des  coqs,  dont  les  combats  ont  donné  nais- 
sance à  cette  métaphore.  —  Se  crêper  le 
chignon,  se  rapporte  à'  crêpe  ci-dessus. 
Crispus,  crispare.  i|  Rabattre  la  crêpe  à  qqn., 
l'humilier. 

Crêpe-de-coq  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Crête  de 
coq,  rhinante  ou  célosie  ;  amaranthus  crista 
galli. 

Crêpée  (Th.)  s.  f.  —  Galette  faite  au  four 
de  campagne. 

Crêpelier,  adj.  q.  —  Des  crêpes,  où  l'on 
fait  des  crêpes.  A  Sa.,  com.  à  Mj.,  il  y  a  un 
dimanche  crêpelier  (celui  de  la  sexagésime), 
un  jeudi  crêpelier.  La  semaine  crêpelière  est 
celle  qui  précède  la  semaine  grasse. 

Crépine  (Sa.),  s.  f.  —  Péritoine.  Syn.  de 
Dentelle. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Crépine,  peut-être  dans  son 
sens  propre.  —  Le  péritoine  est  crêpelé,  crispé, 
frisé.  C'est  la  petite  toile  de  graisse  qui  couvre  la 
panse  de  l'agneau  et  qu'on  étend  sur  les  rognons 
quand  celui-ci  est  habillé. 

Crépissage  (Lg.,  By.,  Fu.),  s.  m.  —  Cré- 
pissure,  crépi,  enduit. 

Crére,  v.  a.  —  Croire.  ||  Obéir.  V.  Craire.  \\ 
Ec.  —  Creye-vous  ?  Croyez-vous  ? 

Crescent    (Jum.,    Lé.).    -—    Le    Croissant, 


CRÉSOT  —  CRIBLER 


247 


le  premier  quartier  de  la  lune.  Comme  en 
anglais.  ||  Lue.  —  poussant  et  profitant,  en 
parlant  de  plantes  ou  d'animaux.  ||  Fu.  — 
Craissant. 

Et.  Lat  Crescere,  croître  ;  part.  pr.  Crescentem. 

Crésot,  s.  m.  —  Lampe  en  fer  à  suspension. 
V.  Craisset. 

Crêssion  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  quantité 
de  marchandise  que  l'on  ajoute  à  une  mesure, 
à  une  pesée.  Syn.  de  Amendillon,  Ajet, 
Trait. 

Et.  —  Dér.  de  Craître,  ||  By.  —  On  dit  Amen- 
don  —  qu'on  prononce  souvent  Aliandon  —  pour 
diverses  marchandises  :  Ravouillon ,  pour  le  lait  ; 
Peson,  pour  le  pain  ;  Rabiot,  etc. 

Cressonère  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Scressonère. 

Cressonnette,  s.  m.  —  Cresson  des  prés, 
des  vignes  ;  noms  vulg.  de  l'Eresymum 
praecox  (MÉx.).  —  Nom  de  lieu.  Fu. 

Cresson  des  prés,  s.  m.  —  Vulgaire  carda- 
mine  des  prés  (Mén.). 

Et.  —  Probablement  de  Crescere,  croître,  à 
cause  de  la  rapidité  avec  laquelle  croît  cette 
plante. 

Cressu  (Z.  139),  part.  pas.  —  Crû,  grandi. 
Et    mieux  :  Crésu.  V.  Craissu. 

Crésu,  part.  pas.  de  Croître,  craître.  Crû, 
qui  a  pris  de  la  croissance.  «  Oh  !  nout  !  jeune 
maîtresse,  comme  v'z  avez  crésu  et  enfu- 
rieusi  !  »  ||  By.  —  Crésu  et  enfoérieusi. 

Crételle.  s.  f.  Ou  :  queue  de  chien  :  cyno- 
surus  cristatus.  (Mén.)  Assez  commune  dans 
les  prairies  et  les  bois  et  qui  fournit  un  foin 
de  bonne  qualité.  Dimin.  de  Crète.  (Bat.). 

trêtion  (Lg.  —  t  dur),  s.  m.  —  Bande  de 
terrain  en  éteule,  ou  en  étouble,  large  de  15  à 
20  centim.,  que  le  laboureur  laisse  entre  deux 
sillons  consécutifs,  lorsqu'il  retourne  une 
éteule  vers  la  fm  de  l'été. 

Et.  —  De  :  crête.  —  N.  Les  labours  de  (in  d'été 
se  font  soit  en  levâilles,  soit  en  crêlions.  Labourer  en 
levâilles,  c'est  retourner  toute  la  surface  du  champ, 
et  alors  on  le  laisse  ainsi,  sans  l'ensemencer, 
jusqu'au  printemps.  Dans  l'autre  cas.  on  y  trace 
des  billons  parallèles  formés  de  deux  billons 
adossés  et  séparés  par  des  crêtions  qui  servent  à 
couvrer  ou  à  encrêter  lorsqu'on  emblaye  ou  emblave 
à  l'automne. 


Crêtrc, 

croître. 


Autre     graphie     de     Craître, 


Creuser  (By.,  Mj.,  etc.),  v.  a.  et  n. —  Donner 
de  l'appétit.  ||  Absolument.  Vider  son  verre. 
Ex.  :  Vous  ne  creusez  point  ?  Faut  creuser  ein 
petit  !  !|  Lg.  —  Creuser  les  abeilles,  —  ôter 
le  miel  des  ruches.  Syn.  de  Curer. 

Creuseur  (Lg.),  s.  f.  —  Profondeur. 

Creusiot  Fruit  altéré,  dépourri.  (Segr.  — 
Mén.)  —  De  :  creux  ?  V.  Cureau,  Curot. 

Creusot  '.  —  Plante,  ou  tiges,  ou  feuilles 
baignées  par  l'eau,  qui  ne  touchent  pas 
entièrement  à  la  surface  de  l'eau  et  forment 
une  espèce  d'arc  (Mén.). 


Creusot  ^  (Cho.),  s.  m.  —  Lampe  dont  les 
tisserands  se  servaient  autrefois  pour  s'é- 
clairer dans  leur  travail.  C'était  un  petit 
ustensile  en  fer  battu,  non  étamé,  en  forme 
de  cône  tronqué,  muni  d'une  boucle  à  son 
sommet  et  portant  un  bec  latéral  vers  sa  base. 
Là  se  trouvaient  deux  réservoirs  superposés, 
l'un  supérieur,  contenant  l'huile,  où  trem- 
pait la  mèche  ;  l'autre  inférieur,  servant  de 
trop-plein,  où  se  déversait  l'huile,  lorsque 
l'ouvrier,  par  mégarde,  penchait  trop  son 
creuset.  —  Du  franc.  Creux.  V.  Craisset. 

Creux,  se  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Avoir  le 
nez  creux.  V.  Nez.  ||  Avoir  les  cheveux  creux. 
—  être  jaloux.  ||  Sonner  le  creux,  —  sonner 
creux.  I!  Voix  creuse,  —  v.  sourde.  !|  Tousser 
creux,  —  avoir  une  toux  profonde.  !|  Trou 
(Li.,  Br.).  Une  bonne  femme  donne  une 
ca.sserole  à  raccommoder  et  dit  à  l'éta- 
meur  :  «  Vôlez-vous  mé  boucher  mon 
creux  ?  » 

Crevaison,  s.  f.  —  Mort  des  animaux. 
Terme  injurieux  à  l'égard  des  hommes 
malades.  —  Etre  à  la  crevaison  (Mén.).  Pron. 
Kervaison.  Il  Fu.  —  id. 


Crevant  (Fu.),  part.  prés.  —  Fatigant.  Un 
ouvrage  crevant.  \\  Mj.,  Id.,  et  :  très  drôle. 
Syn.  de  Tordant. 

Crevasse  (Lg.),  s.  f.  —  Ouverture  dans 
une  haie,  produite  par  l'arrachage  d'un  arbre 
ou  par  le  passage  de  gens  qui  ont  brisé  les 
épines.  Syn.  de  Pas. 

Crève- chien,  s.  f.  —  Ou  morelle  noire.  On 
la  dit  susceptible  d'empoisonner  les  animaux. 
C'est  une  erreur.  —  Solanum  nigrum,  Bat. 

Crève-cœur  (Sp.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
la  locution  :  Charger  à  crève-cœur.  Pour 
charger  une  pochée  à  crève-cœur,  on  s'appuie 
le  creux  de  l'estomac  sur  l'extrémité  supé- 
rieure de  la  pochée  et,  se  penchant  au- 
dessus,  on  l'embrasse  au  milieu,  et  on  la 
fait  basculer  sur  l'épaule  à  la  force  des  bras. 
L'expression  s'explique  d'elle-même.  A  Mj., 
on  dit  :  Charger  à  collet.  Au  Lg.  :  en  trousse. 

Crévou  (Th.).  —  Petite  cruche  à  huile. 
V.  Craisset. 

Crez-voHS,  Cré-vous  ?  (By.,  Zig.  183.),  v. 
interr. — Croyez- vous?  Contraction  de  Crayez- 

vous  ? 

Cribiolé  (Lg.),  adj.  q.  —  Braque,  à  demi 
idiot.  Syn.  de  Maboule,  Toc-toc,  Timbré, 
Tiqué,  Crique. 

Et.  —  Pour  Crib/olé,  dimin.  de  Criblé,  part.  pas. 
de  Cribler,  dont  le  sens  est  :  Rendre  infirme.  Ainsi, 
Crib/olé  signifie  :  Un  peu  infirme  (du  cerveau). 

Cribler  (Mj.),  v.  a.  —  Fig.  Estropier.  Ex.  : 
Dans  ces  travaux-là,  y  a  de  que  se  faire 
cribler  dix  fois  par  jour.  —  Cf.  l'angl.  to 
Cripple,  estropier. 

Et.  —  Le  crible  étant  un  instrument  percé  de 
trous,  le  sens  est  venu  de  :  être  percé  comme  un 
crible.  —  .Mur  criblé  de  coups  de  canon.  —  Lat. 
cribrum. 


248 


CRIBLEUR  —  CROCIIE-PIED 


€ribleur  (Fu.,  By.)'  —  Guerleux,  —  Crible 
—  guérie.  «  J'vas  faire  guerler  mon  grain  ; 
ou-l'-é  temps.  » 

Cric  (By.),  s.  m.  —  On  dit  proverbialement 
fort  comme  un  cric.  \\  Tlm.  —  Roue  à  rochet 
dont  est  muni  le  taillet  d'un  métier  de  tisse- 
rand. Le  cric  est  maintenu  par  le  chien.  \\ 
By.  —  Crî.  —  Mais,  que  le  crique  me  croque. 

Et.  —  Dans  ce  dernier  sens,  Cric  est  p.-ê.  p.  Clic, 
inus.,  qui  serait  la  rac.  du  fr.  Cliquet,  Cliqueter. 

N.  —  J'ai  connu,  à  Sp.,  un  homme  dont  le  juron 
favori  était  :  «  Que  le  cric  me  croque  !  »  —  L'asso- 
nance de  cric  et  de  croque  était  sans  doute  pour 
beaucoup  dans  l'adoption  de  cette  sentence,  que 
je  croyais  alors  dépourvue  de  sens  ;  mais  je  vois 
que  les  dents  du  cric  l'expliquent  suffisamment.  — 
Cette  exclamation  est  très  usitée  et  employée 
surtout  pour  désigner  une  chose  impossible.  Ex.  : 
Si  j'y  comprends  ren,  —  si  jamais  je  vas  chez  li,  je 
veux  ben  que  le  cric  me  croque  !  —  A.  V.  ||  Fu.  Id. 

Cricasser  (a  très  bref)  —  (Sp.,  Fu.),  v.  n.  — 
Faire  entendre  le  bruit  de  qqch.  qui  craque  ; 
craqueter.  Ex.  :  Comme  ça  cricasse  !  —  se  dit 
lorsque  le  tonnerre  gronde.  Syn.  de  Cracasser. 
Il  Mj.  Crépiter,  craqueter.  Ex.  :  Quand  on 
le  remuait,  avec  sa  jambe  cassée,  ça  illi 
faisait  cricasser  les  rouchets.  \\  Se  craqueler, 
se  fendiller.  Ex.  :  La  patine  est  toute  cri- 
cassée  ;  ein  bol  tout  cricasse,  dont  l'émail 
est  craquelé.    ||  V.  a.  Fêler. 

Et.  —  Onomat.  Cric,  exprimant  le  bruit  d'une 
chose     qu'on     casse,     qu'on     déchire.     Cric-crac. 

—  N.  La  syll.  cas  est  très  brève. 

Cripassiire  (Mj.,  Sp.),  s.  fém.  —  Craque- 
lure, fente  légère,  fêlure. 

Cri-cri  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Grillon.  Syn.  de 
Guerlet,  Guerzillon.  \\  By.  —  Chant  du  grillon  ; 
l'animal  se  nomme  (3rézillon  (gherzillon). 

Crier  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  —  Crier  à  la  force, 

—  crier    au   secours.    ||    Crier  au    vinaigre, 

—  crier  de  douleur.  V.  Vinaigre.  \\  Crier  sus  le 
dos,  sus  le  corps,  —  huer,  invectiver,  menacer 
de  loin.  ||  Crier  après  qq'un,  —  l'invectiver.  || 
Ec.  —  Crier,  forcer  la  voix,  pousser  des  cris  ; 
pron.  cri-er.  —  Pleurer,  se  plaindre^  pron. 
Kérier. 

Et.  —  DiEZ  le  rattache  à  l'ancienne  étymol.  lat. 
Quiritare,  appeler  les  Quirites,  les  citoyens  à  son 
secours.  L'i  bref  a  facilement  disparu  ;  il  est  resté 
Kritare,  qui  a  donné  sans  peine  :  crier.  —  Hist. 
«  Nous  ne  cesserons  de  crier  après  vous,  comme  un 
aveugle  qui  a  perdu  son  baston.  »  (Rab.,  G.,  i, 
19,  38.) 

Crignasse,  s.  f.  —  Chevelure  en  désordre. 
(Segr.).  Cf.  Teignasse,  Crégnasse  (Méx.). 
By.  —  Id. 

Et.  Hist.  —  Crigne,  chevelure,  crinière.  «  Avoit 
ledit  coursier  la  creigne,  le  toupet  et  la  queue  tout 
de  fil  d'or.  » 

c<  Trait  ses  crignels  pleines  ses  mains  amsdous.  n 
Il  tire  ses  cheveux  à  plein  ses  deux  mains.  — 
Chans.  de  Roi,  st.  204,  v.  15.  (L.  C.) 

Crilloire,  s.  f.  —  Cave  d'habitation  à  Sou- 
langé.  En  langue  romane  on  disait  une  ava- 
louère  pour  désigner  un  objet  en  pente 
(à-val)  ;  pour  descendre  dans  la  carrie,  on  deS'» 


cend  par  la  crilloire.  Crilloire  et  Carrie  s'em- 
ploient l'un  pour  l'autre.  Il  y  avait  un  sei- 
gneur de  La  Crilloire  à  Lambinière  (à  Tré- 
mentines).  —  Méxière,  cité  textuellement. 
Il  A  Tlm.,  ancien  château  et  paroisse  qui, 
avant  la  Révolution,  était  distincte  de  Mau- 
lévîier.  On  dit  encore  en  plaisantant  :  T.  le  M. 
et  la  Crilloire. 

Crique,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  A  moitié  fou, 
qui  a  la  tête  qq.  peu  fêlée  ;  timbré.  Syn.  de 
Cribiolé,  Maboule,  Toc-toc,  Tiqué. 

Et.  —  Ce  mot  est  le  part.  pas.  d'un  v.  criquer, 
inus.,  doubl.  du  fr.  Craquer,  et  qui  a  donné  le 
dimin.  Cricasser.  —  «  Criquer,  se  fendiller,  en  par- 
lant de  l'acier  qui  se  fendille  lors  du  refroidisse- 
ment. De  crique,  fente,  crevasse.  (Litt.) 

Crir  (By.,  Fu.,  etc.),  v.  a.  —  Contract.  de 
Quérir  ;  Kri.  Chercher.  Va  donc  kri  la  bue. 
Ne  se  conjugue  qu'avec  le  v.  aller.  Signifie  : 
aller  chercher,  aller  prendre,  et  rapporter. 

Cristau  (Mj.  Fu.,  By.),  s.  m.  —  Sous-car- 
bonate de  soude  ;  cristaux  de  spude.  Ex.  : 
Me  faut  du  cristau  pour  mettre  dans  ma 
buée. 

Et.  —  C'est,  si  l'on  veut,  un  doubl.  du  fr.  cristal, 
mais  plutôt  le  plur.  cristaux,  ramené  au  sing. 
Cette  substance  se  vend  en  cristaux. 

Cristau- fil.  Verre  d'eau  de  vie  (Segr.  — 
MÉN.).  \'.  Chistophie. 


adj.  q.  —  Difficile,  en 
Ex.  :  C'est  eine  roule 


Criticant,  e  (Mlr.), 
parlant  d'un  chemin. 
criticante. 

Croart  (Q.  Z.  136.),  s.  m.  —  Vieil  arbre, 
en  grande  partie  mort.  Syn.  de  Crônier,  Sicot. 

Et.  —  Probablement  du  vx  fr.  Cro,  creux.  On 
disait  :  escrouser,  creuser. 

Croas,  s.  m.  —  V.  Groas  ;  gravier  et  Crau. 

Et.  —  Grève,  du  lat.  pop.  grava,  d'orig.  celtique. 
En  Anjou,  nom  de  plusieurs  lieux  :  La  Grouas 
(commune  des  AUeuds),  Les  Grouas  (commune 
d'Andard),  etc.  —  Cf.  Guérouas.  —  Fu.  Goéroua. 

Croc'  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Dans  la  loc.  Il 
faut  avoir  du  croc,  de  la  fermeté,  de  l'énergie. 
Il  Au  plur.,  dents.  ||  Fig.  Avoir  le  croc  dur,  — 
être  sévère,  mordant,  revêche.  ||  Croc-dur, 
s.  m.  —  Personne  sévère,  rébarbative, 
hargneuse.  ||  Lg.  —  C  muet.  —  Plume  d'oi- 
seau qui  commence  à  se  développer.  N.  Le 
mot  ne  s'emploie  guère  qu'au  plur.,  et  je  ne 
saurais  garantir  l'existence  du  c  final.  || 
Z.  156.  Endroit  d'un  arbre  d'où  partent  des 
brancTies.  ||  Sp.  —  Synon.  de  Proueil.  Pièce 
de  bois  servant  à  l'attelage  de  la  charrue.  On 
distingue  dans  le  croc  :  le  Tapon  ou  Atteloire  ; 
la  Tatoire,  Tritoire,  Tratoire  ;  la  Retraite, 
Retresse  ;  le  Cheveilleau  ;  la  Prouillère. 

Et.  —  Rad.  germ.  et  celt.  —  Lat.  pop.  Croccum, 
d'or,  incertaine,  qui  paraît  avoir  signifié  :  chose 
recourbée  ;  cf.  Crosse.  (Dabm.)  —  Rac.  celt.  Cor, 
courber.  A  donné  *  coroccos,  contracté  en  *  croc- 
cos,  fém.  crocca,  n.  croccon  ;  croc,  instrument  de 
forme  courbe  (en  bret.  Krôk,  Krôg  :  corniq.  crog), 
—  croche,  —  croce,  crosse,  —  creux.  (Malvezes.) 

Croclie-pied  (à)  (Mj.,  Fu.),  loc.  adv-  —  A 
cloche-pied. 


CROCHET  —  CROLLE 


2'i9 


Et.  —  Cette  loc.  doit  être  prise  à  la  lettre  ;  elle 
peint  exactement  ce  qu'elle  exprime.  Elle  ne  sau- 
rait être  regardée  comme  une  simple  altération  de 
la  loc.  fr.,  qui  est  une  image  beaucoup  moins 
juste.  Qu'il  y  ait  eu  confusion  entre  les  mots 
Cloche  et  Croche,  le  fait  n'est  pas  douteux.  Mais 
a-t-on  dit  d'abord  :  à  Cloche-pied  (pied  qui  cloche, 
claudicare),  ou  bien  :  à  Croche-pied  (pied,  jambe 
croche)?  C'est  cette  dernière  opinion  qui  me  pa- 
raît la  plus  plausible,  par  la  raison  que  j'ai  donnée 
plus  haut,  et  aussi  parce  que  les  règles  les  phis 
générales  de  la  dérivation  nous  indiquent  que  les 
consonnes  fortes  s'adoucissent  ordinairement.  Ce 
serait  donc  le  patois  qui  aurait  conservé  le  vrai 
mot.  (R.  O.)  —  On  dit  :  jambes  croches,  genou 
croche,  avoir  la  main  croche.  (Litt.)  —  A  cloche- 
pied,  de  clocher,  cloppicare,  dont  le  rad.,  d'orig. 
incert.,  se  retrouve  dans  :  clopin,  dopant,  clopiner, 
écloper.  (Darm. 

Il  By.  —  On  dit  seulement  A  cloche  pied. 

Crochet  (crochète)  —  (Mj.),  s.  m.  —  Ba- 
lance romaine.  ||  Rester  au  crochet,  —  en 
variant  d'une  dette,  rester  impayée.  —  Ou  : 
Rester  au  milieu  d'une  phrase  sans  pouvoi/ 
trouver  une  suite.  ||  By.  —  Pour  Croche,  jj 
Fig.  et  ironiquement  Dent.  Ex.  :  Je  ne  veux 
pas  illi  rincer  les  crochets,  —  lui  payer  à 
boire. 

Et.  —  Peson,  romaine,  est  la  signification 
propre  cl  primitive  de  ce  mot.  «  Pareillement  a 
esté  ordonné  que  l'on  use  par  tout  le  pais  et  duché 
d'un  mesme  pois,  et  croc  de  quoy  la  livre  contienne 
six  onces.  »  Ordonn.  des  ducs  de  Bretagne.  —  L.  C. 

Crochetée-de-cerises  (By.).  —  Pour  : 
trochetée.  Vcm. 

Et.  —  Trochée,  dér.  de  troche.  Faisceau  de 
pousses  que  donne  un  arbre  qu'on  a  coupé  un  peu 
au-dessus  du  sol.  —  Troche  :  faisceau,  assemblage 
d'objets  de  même  nature.  —  Doublet  de  torche?  — 
Trochet  (la  forme  féminine  :  trochete,  se  trouve 
dès  1302),  sorte  de  bouquet  naturel  de  fruits,  de 
fleurs,  que  porte  une  tige.  «(Darm.)  —  Croche,  terme 
de  chasse,  probablement  pour  r  troche  ;  crochure, 
pour  trochure,  les  trois  ou  quatre  épois  (cors)  qui 
sont  au  sommet  de  la  tête  d'un  cerf.  (L.  C.)  — 
Crocheté  ;  trochet,  grappe  (de  castilles,  de  cerises). 
DoTTiN.  —  Le  mot  fr.  est  :  trochet. 

Crocheter  (Sp.,  By.),  v.  a.  —  Accrocher, 
fixer  à  l'aide  d'un  crochet.  Ex.  :  Faudrait 
crocheter  la  porte  en  sortant.  ||  Mj.,  Pell.  — 
S'accrocher  l'une  l'autre,  en  parlant  de  deux 
roues  de  voiture.  ||  (Mj.),  v.  réf.  —  S'empoi- 
gner à  bras  le  corps  pour  se  battre.  Ex.  : 
Après  qu'ils  se  sont  ieu  ben  engueulés,  ils  se 
sont  crochetés,  le  poil  en  volait  ! 

N.  —  Veut  dire  ordinairement  :  ouvrir  avec  un 
crochet,  comme  on  ouvrait  autrefois  les  serrures  : 
ici,  fermer. 

frocheton  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  croc,  petit 
crochet.  |l  Employé  dans  les  vêtements  de 
femmes  (i''u.). 

Crochette  (Lg.),  s.  f.  —  Pierre  do  taille 
pour  une  ouverture,  qui  se  place  en  bou- 
tirhe.  Contraire  de  Lancis. 

Crocodile,  s.  m.  —  Scie  pour  les  pierres 
iltnii-durps,  d'après  ses  dents. 

Croisé  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Dont  les 


pennes  se  croisent  sur  le  dos,  en  parlant  d'un 
canard  ou  d'un  oison  adulte. 

Croisette- noire.  —  Gro.sse  croisette,  vulg. 
Gallium    mollugo,    galet   (gaillet^    '^n'^e-lait 

(MÉN.). 

N.  —  Gaillet  crucié  (Litt.).  —  Croix  de  Saint- 
André.  (Darm.)  —  «  Prenez  une  poignée  d'herbe 
nommée  la  Croisette,  ou  cruciate,  une  poignée  de 
rue,  etc.  (Salnove,  Vénerie.  —  L.  C.)  Bat.  Valan- 
tia  cruciata. 

Croix  (Mj.  Fu.), s.  f.  —  Fig.  Traverses,  peines, 
épreuves.  Ex.  :  Faut  n'  n'avoir  des  croix 
dans  la  vie  !  ||  Croix  aurée.  V.  Aurée.  —  Croix- 
Orée,  de  Saint-Pierre  de  Beaufort  ;  qui  se 
trouve  sur  la  limite,  l'orée  d'un  bois,  d'une 
forêt.  Il  Vendredi  de  la  Croix  aourée,  le  Ven- 
dredi Saint  (Aorer,  prier,  adorare). 

Hist.  —  «  Médiocrité  a  esté  par  les  sages  an- 
ciens dicte  aurée,  c'est-à-dire  précieuse.  «  (Rab., 
P.,  IV.  Prol.,  .347.)  —  «  Vente  des  arbres  de  la  place 
du  Château  (Baugé)  :  suppression  des  portes  de  la 
ville,  érection  de  la  croix  Orée  (1775.  —  Inv.Arch., 
E,  rn,  p.  3,  col.  2).  —  «  Le  28  juillet  1764,  je  bénis 
la  croix  stationnale  du  champ  de  foire  de  Saint- 
Pierre...  et,  le  dimanche  de  la  Passion  ds  cette 
année,  j'ai  aussi  béni  la  croix  Maure,  appelée  la 
Croix-stationnale  où  Croix-Orée  de  Saint-Pierre.  » 
(Beaufort.  —  Inv.  Arch.,  E,  ra,  p.  109,  col.  2.) 

Croie  (Sp.,  Fu.,  Lx.,  Zig.  154.),  .s.  f.  — 
Ecuelle.  Syn.  dejCrone. 

N.  —  Crône  :  pour  Crosne  (cf.  crosnel,  dans 
GoD.),  origine  incon.  —  Excavation  produite  par 
les  eaux  sous  une  berge.  (Darm.)  V.  Crôlle. 

Crôle-cul  (Sp.),  s.  m.  —  Crapoussin,  galo- 
pin, marmot.  Cf.  Crôler.  Syn.  de  Boustrou, 
Cramolot,     Crapasson,     Cropet,    Bas-cul.    Cf. 

Clos-cul. 

Et.  —  Croler,  se  dit  des  oiseaux  de  proie,  pour  : 
fienter,  se  vider  par  le  bas.  Sans  doute  de  :  crouler: 
ou  croler,  qui  s'est  dit  pour  :  agiter,  et  qui  exprime 
ici  les  mouvements  de  l'oiseau  dans  la  défécation. 
(Litt.)  —  Crouler,  secouer.  «  Le  faucon  croule  (on 
écrit  souvent  croUe  ou  croie  et,  par  erreur,  croile, 
fait  ses  excréments).  (Syn.  :  Emeutir.)  Darm. 

Crôlée  (Sp.,  Fu.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
écuelle.  V  Croie. 

Crôler  (Sp.),  v.  a.  —  Agiter,  secouer, 
branler.  Patois  :  Crouler,  doubl.  de  Grouiller. 
—  V.  Crôle-cul. 

Et.  —  C'est  l'a.  fr.  Crousler,  qui  avait  le  même 
sens  ;  fr.  moderne  Crouler.  Du  lat.  pop.  *  Crotulare, 
devenu  *  crotlar,  crodler,  croller,  crouler.  Ce  mot 
représentait  Corrotulare,  composé  de  cum  et  de 
rotulus,  rouleau.  (D.\rm.)  —  «  Rac.  celt.  cor, 
courber.  —  A  formé  croter,  fréquent,  croteler, 
devenu  croller,  et  crouler,  rouler.  Crouler  un  navire, 
c'est  le  faire  glisser  sur  des  coulisses  pour  lui  faire 
prendre  la  mer  :  par  ext.,  tomber  en  débris,  en  par- 
lant d'une  construction.  (Malv.) 

—  Et  Renart  fet  semblant  de  mort, 
Qu'il  ne  se  croie  ni  remu>.. 

Renart,  30,  005. 

Crolette,  s.  f.  —  Rouille,  vulg.  Drapa 
sylvestris.  petite  croile,  fleurs  en  sorte  de 
corymbe  (MÉx.).  —  Bâtard  donne  Draba. 

Crôlle,    Croile,    s.    f.    —    Ecuelle,    —    de 


250 


CRONE   -   CROTTÉ 


chaufîe-pied,  petit  récipient.  —  Vase  en 
bois  à  fond  plat.  V.  Croie,  que  nous  préférons, 
parce  que  c'est  le  subst.  verb.  de  Crouler, 
Crôler,  et  parce,  que  l'o  est  toujours  très 
long. 

Crône  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  écuelle,  petit 
vase.  V.  Croie.  Plat  de  terre,  écuelle  gros- 
sière. Il  Sébile,  vase  servant  à  faire  la  quête. 
—  Croie  est  le  vrai  mot. 

Crônée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
crône. 

Crôner  (Mj.),  v.  n.  —  Agiter  l'eau  pour 
effrayer  le  poisson,  qui  se  réfugie  sous  les 
racines  ou  entre  les  pierres,  où  on  le  prend 
ensuite  à  la  main.  Syn.  de  Gouêner,  Lurer.  \\ 
Quêter  avec  une  crône. 

Et.  —  Dér.  de  Crône.  Ce  mot  a  dû  signifier  autre- 
fois les  trous  de  la  rive  où  se  cache  le  poisson,  bien 
qu'il  ne  soit  plus  employé  dans  ce  sens.  V.  Gouêne, 
Gouêner.  Voir  la  N.  à  Croie.  —  Pour  :  crôler,  doubl. 
de  :  crouler.  —  «  Crône  :  un  endroit  au  fond  de 
l'eau,  garni  de  racines  d'arbres,  de  grands  her- 
biers,  etc.,   dans  lequel  les  poissons  se  retirent. 

(MÉNAGE.) 

Crônier  (Lg.),  s.  m.  —  Chicot,  vieille  dent 
gâtée.  Syn.  de  Sicot.  \\  Tesson,  écuelle  ébré- 
chée,  pot  cassé.  Syn.  de  Tégot.  Ceci  nous  ra- 
mène au  Mj.  Crône.  ||  Souche  creuse.  Syn.  de 
Croart,  Sicot. 

Et.  —  Probablement  pour  :  Crôlier,  dér.  de 
Crôler,  branler.  Cf.  Crône,  Crôner. 

Cropet'  (Mj.,  By.),  s.  m.  ■ —  Petite  crotte, 
bouson.  On  dit  à  un  «nfant  :  Allons,  fais  ton 
petit  cropet,  mon  chéri,  pour  l'exciter  à  se 
servir  de  sa  chaise  percée.  ||  Fig.  Crapoussin. 
Tout  petit  enfant.  Terme  caressant.  Ex.  : 
Ein  petit  méchant  cropet.  —  Te  velà,  méchant 
cropet  !  —  Syn.  de  Boustrou,  Crôle-cul, 
Cramolot,  Bas-cul,  Crapasson.  \\  Nabot. 
«  Revenchez-vous,  vous  lairiez-vous  (lais- 
seriez-v.)  battre  à  cestui  cropet  ?  »  (L.  C). 

Et.  —  Probablement  dimin.  de  Croupe  ;  les 
petits  enfants  sont  ordinairement  assis  à  crope- 
tons.  —  Rac.  celt.  Cor,  courber.  Crope,  forme  de 
Croupe  ;  Croper,  croupir  (dans  la  misère),  s'accrou- 
pir, etc.  —  Cropet.  personne  de  petite  taille.  — 
Cropeton,  le  derrière  d'un  petit  enfant.  —  Se  cro- 
per, s'accroper,  —  ir,  —  prendre  une  forme  courbe, 
ronde.  (Malv.) 

Cropion,  corpion  (Mj.),  s.  m.  —  Croupion, 
croupe. 
Hist.  : 

«  Il  lui  mist  sur  le  chef  la  croppe  Saturnale, 
Puis  dessus  l'estomac  assit  la  Quirinale, 
Sur  le  ventre  il  planta  l'antique  Palatin. 

(J.  DU  Bellay.  Antiq.  de  Rome,  p.  241.) 
V.  Z.  146.  —  By.  —  Corpéion. 
Cropiton,   Cropeton  —  A  cropetons,  —  en 
s'accroupissant.   ||  By.  —  Id. 

Hist.  — «  Or,  regardez,  ils  veulent  pondre.  Veez 
comme  ilz  sont  à  croupetons.  »  (L.  C, 
—    «  Ainsi  le  bon  temps  regretons 
Entre  nous,  pauvres  vieilles  sottes, 
Assises  bas  à  croppetons 
Tout  en  ung  tas  comme  jielottes. 
A  petit  feu  de  chenevottes.  » 

Villon,  Les  Regrets. 


Croquant,  s.  m.  —  Xom  sous  lequel  les 
mariniers  de  Montjean  désignent  par  déri- 
sion les  mariniers  du  pays  haut.  Ceux-ci, 
en  revanche,'  appellent  les  nôtres  :  Pirriers. 
Une  politesse  en  vaut  une  autre.  V.  Péteux. 

Et.  —  «  On  appela  croquants  les  paysans  de 
Guyenne,  révoltés  en  1594,  parce  que  leur  cri  de 
ralliement  était  :  «  Sus  aux  croquants  !  »  c.-à-d.  : 
Sus  à  ceux  qui  croquent  (mangent)  le  peuple.  » 
(Darm.) 

C'roque-au-sel  (Mj.,  Ag.,  Fu.,  By.),  s.  f.  — 
Assaisonnement  sommaire  avec  quelques 
grains  de  sel.  Ex.  :  Il  mangeait  des  lumas  à  la 
croque-au-sel.  —  On  dit  aux  enfants,  pour  leur 
faire  peur  :  Je  te  vas  manger  à  la  croque-au- 
sel,  ou  :  la  pirre  au  vinaigre. 

Croquée  (Mj.,  By.).  s.  f.  —  Dentée,  coup 

de  croc,  morsure.  ||  Fig.  Raillerie  mordante, 
propos  incisif. 

Crosse  (Mj.,  Ssl.,  Fu.),  adj.  q.  —  Se  dit 
d'une  poule  qui  crosse  i.  V.  Crosser.  Elle  est 
alors  ébouriffée  et  sauvage.  Syn.  de  Couasse. 

N.  —  Cf.  l'angl.  Cross,  qui  signifie  :  de  mauvaise 
humeur.  —  Crousse.  (Jaub.) 

Crosser  i  (Mj.,   By.),   v.   a.  —  Houspiller, 

malmener,  au  propre  et  au  fig.  —  «  Attends, 
va,  je  te  vas  crosser  !  ■»  —  Mj.  —  Frapper  à 
coups  de  bâton.  Fig.  Rabrouer,  tancer.  || 
Lg.  ,  V.  réf.  —  Se  ramasser,  se  replier  sur 
soi-même  comme  une  crosse.  Cf.  Crosson. 

Et.  —  Du  fr.  Crosse,  pris  au  sens  de  bâton  ou  de 
gourdin.  Crosser  est  pourchasser  en  frappant. 

Crosser  ^  (Mj.,  Ssl.,  Fu.),  v.  n.  —  Glousser  ; 
cesser  de  pondre,  et  se  disposer  à  couver,  en 
parlant  d'une  poule.  La  poule  crosse  fait 
entendre  un  son  rauque  particulier.  Syn.  de 
Couasser. 

Crossier  (Mj.,  Lms.,  Zig.  196.,  Fu.),  s.  m.  — 
Lieu  escarpé  et  rocheux,  talus  pierreux  et 
couvert  de  broussailles.  —  Syn.  Tôvre. 

Et.  —  Cf.  Cosse,  causse.  —  Lat.  Caix,  calcis. 
Avec  épenthèse  de  l'r.  —  Langue  d'oc,  Gorsa. 

Crosson  (Mj.,),  s.  m.  —  Etat  d'une  per- 
sonne ramassée  et  repliée  sur  elle-même,  les 
genoux  au  menton  et  le  dos  voûté.  :  Il  se  tient 
tout  en  crosson  ;  il  est  amoui. 

Et.  —  Courbé  en  crosse  ;  crux  ;  B.  L.  Crucia, 
crocia,  crossa,  croceus. 

Crossonère  (Fu.).  —  Voir  Scorsonère. 

Crotte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Faire  crotte,  — 
faire  banqueroute.  ||  Pénier  à  crottes,  —  le 
derrière.  ||  Fig.  —  Petit  morceau.  «  Eine 
crotte  de  sucre.  »  Syn.  de  Pierre.  \\  Fu.,  Mj.  — 
Aller  à  la  crotte,  —  aller  ramasser  le  crottin 
sur  les  routes. 

Et.  —  Malv.  le  fait  venir  du  celtiq.  Cor,  cour- 
ber ;  une  crotte  de  chèvre,  de  mouton,  etc.,  étant 
une  chose  ronde. 

Crotté,  ée  part.  pas.  —  Riche.  Ex.  :  Aile  a 
l'darrière  croté,  —  elle  est  riche.  (Li.,  Br.).  — 
On  dit  aussi  :  terroux.  Elle  a  du  bien,  des 
*orres. 


CROTTÉE  —  CRUCHER 


251 


Crottée  (Mj,,  Fu.),  s.  f.  —  Quantité  de 
crotte  qu'un  animal  fiente   en  une  fois. 

Crotter,  v.  n.  —  Lâcher  des  crottes.  On 
dit  proverbialement,  en  parlant  de  cjqn  à 
qui  l'on  en  veut  pour  une  mauvaise  farce  :  Il 
n'en  crottera  pas  plus  menu.  Cf.  Pisser 

Crotton  (Mj.),  s.  m.  — Petite  crotte. 

Crou  s.  m.  —  Pour  :  croc.  Crochet  double 
destiné  à  attirer  le  bloc  des  ardoises  (Ti'él., — 

JMÉN.). 

Crouast,  s.  m.  —  V.  Croas.  La  métairie 
des  Croats,  sur  Saint-Germain  des  Prés  (Mén)- 
V.  Crau,  Gravât,  Grossier. 

Crouiilé,  s.  m.  —  Verrou.  «  As-tu  poussé 
le  crouiilé  F  »  (Bg.,  By.).  —  V.  Grouiller, 
Grouillet. 

Crouiller  (Ag.,  Fu.,  Sal.,  Bg.,  Lue.,  Mj.),  v 
a.  —  Verrouiller,  fermer  une  porte.  Syn.  de 
Courâiller,  Gaucher,  Barrer.  By.  —  Couriller. 

Et.  —  C'est  probablement  écrouiller,  mettre 
derrière  la  porte  la  barre  de  bois  ou  de  fer,  l'écrou. 
—  Fermer  à  clef,  de  Kroul,  verrou,  en  bas-bret.  — 
C'est  une  contract.  de  l'a.  f.  courâiller,  ou  cou- 
reiller,  fermer  la  porte  au  courail,  au  coureil  ou  au 
couroil.  Le  couroil,  coureau,  correau  (rad.  courir) 
était  une  barre  de  fer  qui  formait  verrou  en  pas- 
sant par  des  anneaux  :  une  branche  verticale  avait 
un  pontet  qui  s'encastrait  dans  l'ouverture  d'une 
serrure  et  empêchait  le  coureil  de  courir,  le  pêne  de 
la  serrure  étant  passé  sous  le  pontet...  Il  en  est 
de  crouiller  comme  de  :  clever.  On  sait  qu'une  ser- 
rure s'appelait  autrefois  :  clavure,  et  que  les  rues 
dites  de  la  Clavurerie  étaient  celles  où  se  trou- 
vaient les  ateliers  des  serruriers  ou  clavuriers.  » 
(Marche  du  patois  dans  le  pays  de  la  Mée,  de 
Alcide  Leroux,  dans  Y  Intermédiaire  Nantais, 
année  1902,  p.  236.)  —  Hist.  : 

«  C'est  le  corail  de  nostre  oprte 

Que  l'autre  jour  fut  adiré  (perdu). 

Je    command    qu'il    soit    bien    gardé... 

Je  voil  qu'il  soit  arrière  mis.  »  (L.  C.  —  N.  E.) 

Il  Fu.  —  Couriller. 

Crouiilet'  (Bg.,  Lue.,  Sal.,  Mj.),  s.  m.  — 
Verrou.  Syn.  de  Barroir,  Gourail,  Gourâillet. 

N.  —  «  C'est  ainsi  qu'on  appelle  le  verrouil  dans 
les  provinces  d'Anjou  et  du  Maine.  (Ménage.) 
«  Mais  il  faict  un  grand  bruit  dedans  l'étable,  et  puis 
«  En  poussant  le  crouiilet  de  sa  corne  ouvre  l'huis.  » 
(Ronsard.  —  Cité  par  Jaub.) 

Croupion  (By.).  —  Se  prononce  Cropion. 

Croiisillc  (By.),  s.  f.  —  Coquille.  «  La  fon- 
taine rrousilleuse.  »  C.  PoRT,  Dict.  il,  159.  — 
Syn.  et  doublet  de  Grozille.  Voir  ce  mot. 

Crouste  s.  f.  —  Croûte.  Aux  Tuffeaux  on 
donne  le  nom  de  croûte  aux  pierres  déta- 
chées qui  séjournent  à  la  surface  des  car- 
rières (MÉN.). 

Et.  —  Crusta,  tout  ce  qui  enveloppe. 

Croustillonner  (Mj.),  v.  a.  —  Croustiller. 
Il  By.  —  .Manger  le  croîiton  ou  crouston,  en 
em])orlant  le  pain  à  la  maison. 

Crouston  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  L'extrémité 
du  pain,  où  il  y  a  ie  plus  de  croûte.  Ou  dit 
aussi  Croûton. 


N.  —  Je  me  rappelle  que,  dans  mon  enfance,  au 
collège  de  Saumur,  c'était  à  qui  aurait  le  crouston, 
lorsque  le  garçon  servait  le  pain  au  réfectoire.  Rien 
n'était  trop  dur,  à  cette  époque,  pour  nos  dents 
déjeunes  loups.  A.V. —  C'est  le  vx  mot  franc., dont 
l's  s'est  conservé  dans  la  prononciation. 

Croûte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Etre,  ou  se  mettre 
à  ses  croûtes,  —  être  ou  se  mettre  à  son 
compte.  Syn.  de  :  à  son  pouilloux.  ||  Casser 
la  croûte,  manger,  faire  un  repas.  ||  Fig. 
Niais,  imbécile.  Syn.  de  Gruchon,  Cornichon, 
Patachon,  Niguedouille. 

Croûter  (se)  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se  recou- 
vrir d'une  croûte. 

Crozille  (My.,  Mj.),  s.  f.  —  Coquille,  coquil- 
lage. On  dit  aussi  :  crouzille,  crousille. 

N.  —  Je  lis  dans  la  Géogr.  de  M.-et-Loire,  par 
M.  Vannier,  p.  2,  col.  2  :  «  La  fontaine  Crousil- 
leuse,  commune  de  Saint-Clément-de-la-Place, 
rejette,  surtout  au  printemps,  de  petites  coquilles 
fossiles.  —  Et.  Hist.  L'étym.  est  douteuse  :  Le 
D''  A.  Bos  dit  :  Cruise,  cruie,  cruche. . .,  coquille. 
Germ.  Krus,  Kruyse  ;  celt.  crwe,  sceau.  Crasilles. 
Débris  de  coquillages.  A  Genêts,  localité  près 
d'Avranches,  les  crasilles  de  coques  se  vendent  le 
demi-prix  des  coques  vivantes  ;  elles  sont  achetées 
pour  faire  pondre  les  poules.  »  (Litt.  —  Suppl.)  — 
Cruche  de  l'oistre,  coquille  de  l'huître  ;  Croises  de 
noix,  coquilles  de  noix  : 

Et  es  croises  de  nois  feu  mistrent 

0  (avec)  li  feu  firent  ens  repondre. 

{Roman  de  Brut.  — •  L.  C.) 

—  Crozille  ;  copeau  sorti  du  rabot  ;  crouzille,  restes, 

retailles  ;  —  coquilles  de  bois,  frisures.  (Jaub.)  — 

Creuse,  coquille  de  noix  ou  de  noisette.  (Guille- 

MAUT.  ) 

Crû  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Douleur  sourde 
dans  les  gencives  et  dans  les  muscles  des 
mâchoires,  que  l'on  attribue  à  la  croissance. 
Il  Inflammation  légère  du  pis,  chez  la  vache. 
Ex.  :  La  vache  a  du  crû  dans  Vameil  :  ce  bœuf 
a  à.\x  crû,  il  est  légèrement  enflé.  ||  Maladie  des 
bovidés  qui  se  manifeste  par  la  présence  de 
mucosités  dans  leurs  déjections.  Ces  muco- 
sités elles-mêmes  ;  substance  glaireuse.  1| 
Gourme  des  chevaux. 

Et.  —  Croître. 

Cru  1  (Lg.),  adj.  q.  —  Découvert  et  froid, 
en  parlant  du  temps.  Ex.  :  Si  le  temps  est 
cru  de  soir,  je  pourrions  ben  avoir  de  la  gelée 
queUe-net.  \\  Lg.  —  Pansion  crue,  —  fourrage 
mouillé  et  froid.  Du  lat.  Crudus. 

Cru  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Grosse  chenille  qui  se 
trouve  dans  l'herbe.  Elle  serait  très  veni- 
meuse, et  on  prétend  que,  ingérée  par  les 
bestiaux,  elle  les  indispose  gravement.  N.  Je 
ne  sais  si  c'est  la  même  que  ï  Ancelée  de  Pel- 
louailles. 

Cruau  (Mj.),  s.  m.  —  Rognon  calcaire  qui 
ne  cuit  pas  au  feu  du  four  à  chaux.  —  N.  On 
dit  aussi  Quéruau.  Du  fr.  Cru. 

Cruflié  (Fu.,  Lms.,  Zig.  196),  part.  pas.  — 
Monté,  grimpé,  juché,  perché.  —  R'garde 
donc  eillou  qu'  lé  v'ià  cruche  ! 

Cruclier  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  n.  —  Grimper, 
se   hucher,   sauter  sur  ;   décrucher,   tomber. 


252 


CRUCHON  -  CUILLERI 


Syn.  de  s" Encrucher.  Ex.  :  Quin  !  les  queniaux 
qui  crachent  !  (Sa.,  Lue,  Li.,  Br.),  v.  réfl.  Se 
crucher. 

Rac.  —  AH.  zu  Kriechen  ;  d'où  dérive  l'angl. 
to  Crouch,  qui,  tous  deux,  signifient  ramper. 
L'action  de  grimper  (à  un  arbre)  ressemble  beau- 
coup à  la  reptation. 

«   ...Comme  un  nouvel  essaim 
Au  retour  du  printemps  qui  se  jette  et  se  cruche. 
Dans  un  arbre  feuillu  au  sortir  de  la  ruche. 

(R.  Belleau.) 

€ruchon  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Niais,  imbé- 
cile. Syn.  de  Bégaud,  Cornichon,  Nigue- 
douille.  Patachon,  Moule.  \\  S.  m.  Volet 
blanc,  plante  (Méx.).  Bat.  Nymphéa  alba. 

Cruel  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  En  voir  de 
cruelles,  —  éprouver  des  afflictions,  des  dif- 
ficultés graves.  —  En  faire  voir.  .  .  V.  Merdes. 

Cru- noir  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  clou  ou 
de  furoncle  qui  se  guérit  ordinair.  sans  sup- 
purer. 

Cruon  (My.).  —  Cellier.  ||  Petite  cruche. 

N.  —  Crujon,  cruon,  dimin.  de  Cruye.  «  Icelle 
Jeanne  print  sa  cruye  ou  bouteille  pour  aler  à 
l'eau  en  une  fontaine.  »  —  Le  Poitevin  emploie 
crugon  et  cryon.  On  trouve  aussi  :  crugeon  :  «  Denis 
du  Vergier  vint  quérir  de  l'uyle...  et  en  s'en 
retournant  ung  crugeon  d'uvlle  en  un  sac  à  son  col.  » 
(L.  C.  —  N.  E.) 

Crus  renommés  ou  cités.  —  V.  F.  Lore. 

N.  —  «...  Ils  s'en  viennent  le  soir,  à  la  brune,  au 
Port-de-l'Ile,  boire  une  choppe  de  vin  des  Assis,  de 
Malpeine  ou  du  Pauloup. . .  »  «  . .  .Souvent,  aux 
vins  d' Avrillé  ils  préfèrent  le  vin  de  vingt  sous  des 
grands  crus  des  côtes  de  la  Loire  ou  du  Layon.  » 
(Abbé  HouDEBiNE,  Anj.  Hist.,  2<=  an.,  p.  578.) 

Et.  —  Terroir  considéré  comme  ce  qui  fait 
croître  les  végétaux  et  leurs  produits.  —  Devrait 
avoir  un  accent  circonflexe.  (Litt.)  —  En  lat.  : 
Crescentia  et  Crementum.  D.  C. 

Crusson  (Lg.),  s.  m.  —  Cresson.  Cf.  Grime, 
Suiner. 

Crussonnière  (Lg.),  s.  f.  —  Cressonnière. 
Crystère  (Mj.),  s.  m.  —  Clj'stère. 
Et.   —   D'un   V.   grec   qui   signifie   laver  et   se 
retrouve  dans  clysopompe. 

C'té  (By.).  —  Ce.  —  C'ti-là  ;  celui-là.  — 
C'té-là,  c'telle-là  ;  celle-là.  —  Ceûse-là  ; 
ceux-là.  —  C'telles-là  ;  celles-là.  —  Ceusse 
qui  ;  les  siens  qui,  ceux  qui.  —  Celles  qui  ; 
les  siennes  qui  ;  celles  qui. 

C't-i-ià  —  Pour  Celui-là. 

Cu  d'anchère  (Q.,  Z.  171),  ou  anche. 
Cuve  qui  reçoit  le  vin  à  la  sortie  du  pres- 
soir. 

Cuurd,  s.  m.  —  Un  quart  ;  bafjuot  rond, 
demi-barrique  ;  cuvier  (Li.,  Br.,  Sa.,  BL). 
P.  ê.  pour  Cuvard,  de  Cuve.  Cf.  Guette. 

Cuber  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  n.  —  Former  une 
valeur  ou  un  total  important.  Ex.  :  Dix 
mille  francs,  ça  cuhe  !  —  V.  Gocher. 

Cubresaut  (Sar.),  s.  m.  —  Culbute.  Syn. 
de  Bousiquef,  Garpéiole,  Gapcriole.  Lat. 
Caprœ  saltus. 


Cuchet,  s.  m.  —  Brin  de  jeune  bois  de 
vigne,  auquel  on  laisse  un  talon  de  vieux 
bois  (Mén.). 

Cue  (Sa.),  s.  f.  —  Cuve.  Cf.  Doue,  Guette. 

Et.  —  Cupa.  Cf.  Coupe,  vase.  —  Cue,  Queue. 
Vaisseau  à  mettre  du  vin.  Var.  Cueue.  —  Grosse 
futaille  (Queue)  de  la  contenance  de  350  à  530  litres, 
suiv.  les  pays.  (L.  C.) 

Cûe,  cûte  î  (Lg.,  By.,  Fu.),  interj.  —  Les 
enfants  s'en  servent  au  jeu  de  cache-cache 
pour  s'avertir  qu'ils  sont  cachés  et  que  l'on 
peut  les  chercher.  On  dit  aussi  à  Mj.  Kûte,  dans 
le  même  sens. 

Et.  —  Dér.  de  Kûter,  ou  Keûter,  mot  qui,  chose 
à  noter,  est  inconnu  au  Longeron. 

Cueillaison  —  C'est  le  fr.  Cueillette. 

Cuéton,  s.  m.  —  Tonneau  défoncé  d'un 
bout.  Cf.  Guette.  Dimin.  de  Gue. 

Cuette,  (Mj.),  s.  f.  —  Cuve. 

Et.  —  Cuette  est  pour  Cuvette,  dimin.  de  Cuve. 
Il  y  a  eu  aphérèse  du  v,  com.  dans  Couer, 
Douet,  Mouée,  Douelle,  Couette,  Bouer.  V.  Cue. 

Cueurté,  ée  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —  Qui  est 
bien  fait  de  sa  personne  et  habillée  élégam- 
ment. «  Aile  est  ben  cueurtée.  »  —  Accorte  ? 
Syn.  et  doublet  de  Ouerté,  Gorté. 

Cui-ci  (Lg.),  pron.   démonstr.  —  Celui-ci.: 

Cui-là  "(Lg.),  pr.  dém.  —  Celui-là.  N.  On 
dit  même  souvent  :  Çui-là-là. 

CuUlar  (Jum.,  By.),  s.  f.  —  Cuiller. 
Et.  —  Du  lat.  Cochleare,  de  cochlea  par  comp. 
de  la  cuiller  avec  la  coquille  du  limaçon. 

Cuillé  part.  pas.  —  «  S'il  pleut  le  premier 
mai,  les  coings  sont  cuillés  »,  ç.-à.-d.  au  temps 
de  la  cueillaison  (Mén.).  — N.  Je  comprends 
autrement  :  la  récolte  des  coings  est  perdue  ; 
c'est  comme  s'ils  étaient  cueillis.  —  By.  — 
Le  V.  Cueillir  et  par  suite  le  part.  pas.  Cueilli, 
se  prononcent  Guilli  (cu-illî)  ;  les  formes 
cueiller  (cueu-iller)  et  cueille  se  trouvent  sur- 
tout en  Ghampagne.  V.  Glier. 

Cuiller  (Tlm.,  Mj.).  —  !|  Guiller  à  pot,  ou  cuil- 
ler potagère,  —  Louche,  par  opposit.  à  :  cuiller 
à  bouche.  !1  Fig.  La  main  ouverte,  la  paume. 
Ex.  :  On  s'est  touché  la  cuiller,  —  on  s'est 
donné  une  poignée  de  mains.  —  Cf.  La  four- 
chette du  père  Adam,  les  doigts,  —  les  gens 
primitifs  négligent  la  fourchette. 

Cuilleri  (Tlm.),  s.  m.  —  Planchette  horizon- 
tale ayant  à  son  bord  des  échancrures  dans 
lesquelles,  après  le  repas,  chacun  des  habi- 
tants d'une  ferme  suspend  son  couvert, 
dûment  essuyé  à  la  nappe,  quand  il  y  en  a 
une.  Cet  usage,  jadis  général,  existe  encore, 
bien  qu'il  tende  à  disparaître,  ainsi  que  le  mot 
lui-même.  N.  Qqs-uns  disent  :  Guilleri.  — 
De  Cuiller,  évidemment.  Voici  une  note 
curieuse  de  R.  O.  Je  lis  dans  Jaubert,  à 
Essoriller  :  «  Le  seul  souvenir  que  rappelle 
cette  rue  (ancienne  rue  de  la  Vannerie,  à 
Paris)  est  celui  du  carrefour  Guilleri,  au 
milieu  duquel  s'élevait  jadis  un  pilori  sur 


CUIXARD  —  CUL 


253 


-  lequel  se  faisait  l'exécution  de  l'essorille- 
ment.  »  N.  Le  Cuilleri  ou  Guilleri  de  nos 
fermes  consiste  ordinairement  en  une  plan- 
chette entaillée  d'échancrures  sur  un  de  ses 
bords  ;  mais  souvent  aussi  c'est  une  lanière 
de  cuir  clouée  lâchement  sur  une  poutre 
basse,  de  manière  à  former  des  boucles  dans 
lesquelles  on  passe  cuillers  et  fourchettes. 
Ces  ustensiles  ainsi  suspendus  rappellent  les 
têtes  des  condamnés  passées  dans  les  carcans 
du  pilori  ;  ou  plutôt  c'est  la  réciproque  qui 
est  vraie,  et  de  là  sans  doute  était  venue  la 
dénomination  du  carrefour  Guilleri 

(R.  O.) 

Cuinard  (Sar.),  s.  m. —  Gros  bâton  noueux 
avec  une  Riboule,  grosse  tête  au  bas  de  ce 
bâton. 

Cuirages  (Lg.),  s.  m.  pi.  —  Ensemble  des 
revêtements  de  cuir  dont  se  munit  l'ouvrier 
qui  pare  les  haies  d'épine  et  qui  fait  des  four- 
nilles.  V.  Equipage  de  fourneille  au  Folk- 
Lore,   n. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Cuir  ;  voisin  du  fr.  Cuirasse. 

Cuir  de  brouette  (Mj.,  Fu.,  By.).  —  C'est 
le  bois. 

N.  —  ...  d'une  part  gisait  sa  gibecière,  de  l'autre 
son  chaperon,  de  l'autre  ses  souliers  en  cuir  de 
brouette  (donc,  en  bois,  ses  sabots).  —  H"'  du  vx 
temps,  p.  252.) 

Cuir-laine  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Cuir  de  laine, 
sorte  d'étoffe  très  épaisse. 

Cuisine  (^Ij.,  Fu.,  By.)  (Cusine),  s.  f.  — 
Mets.  —  J'allons  manger  de  la  bonne  cui- 
sine. Il  Cuisine  de  poisson,  friture.  Ex.  :  Il 
emportait  toute  eine  cuisine  d'anguilles  qu'il 
avait  prises  à  la  ve.rmke.  Syn.  de  Fricassée.  \\ 
N'avoir  pas  lourd  de  cuisine,  —  être  maigre 
et  petit,  fluet.  ||  Ivresse  complète.  Ex.  : 
Il  en  avait  eine  cuisine  !  Syn.  de  Tripée, 
Nuée,  Culottée,  Muffée,  etc.  A.Mj.,  pronon- 
ciation régulière. 

Et.  —  Coquina,  de  coquere,  cuire  ;  et  cocina, 
usité  à  côté  de  coquina.  =  Une  cuisine  de  gou- 
jons de  Loire,  par  métonymie  (Jaub.) 

Cuisiner  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  cuire. 

Cuisinier  (Lg.),  s.  m.  —  Fig.  Homme  qui 
aime  à  se  tenir  à  la  maison,  à  s'occuper  du 
ménage  et  de  la  cuisine.  Syn.  de  Manette, 
Coco-bat-Vz-œufs,  Jeannette.  On  dit  :  Sapré 
cuisinier  !  terjours  à  la  maison,  voir  si  les 
femmes  tombant  point  dans  le  feu  ! 

Cuisinier  ((Z.  144.),  s.  m.  —  Tablier  de 
grosse  toile.  Se  prononce  Cuisinieu. 

Cuissart,  ard,  s.  m.  —  Brochet  gros  comme 
la  cuisse.  Il  y  a  le  poignard  et  le  jambart 
(Mén.). 

Et.  —  Coxa.cuisse;  os  de  la  hanche. 

Cuisse  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  Cuisse  de  noix,  — 
un  des  quatre  lobes  ou  segments  de  l'amande 
dune  noix.  De  là  cette  énigme,  souvent  pro- 
posée :  Quatre  cuisses  dans  n'ein  lit,  ein 
petit  zizi  dans  le  milieu.  —  Svn.  de  Carlelle. 


Cuissière  (Mj.,  Fu.),  s.  f.  —  L'une  des 
jambes  d'un  pantalon,  d'un  caleçon,  formant 
un  fourreau  qui  enveloppe  la  cuisse. 

Cuisu,  e  (Mj.,  Fu.),  part.  pas.  du  v.  Cuire.  — 
Ne  s'emploie  qu'avec  l'auxil.  avoir,  et  sur- 
tout au  sens  neutre.  Ainsi  on  dira  :  De  ceté 
fois,  le  pain  a  ben  cuisu.  —  Mais  on  dit  :  le 
pain  est  ben  cuit.  —  V.  Nuisu,  Nousu,  Taisu. 

Cuit,  e  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Fig.  Perdu 
sans  espoir,  condamné.  Ex.  :  Il  est  si  malade 
qu'il  est  ben  autant  que  de  cuit.  V.  Cuisu.  — 
Il  est  cuit,  —  il  est  flambé.  Syn.  de  Foutu, 
Fichu,  Frit,  Rousti,  Fumé,  Rincé. 

Cuite  (Mj.,  Fu.,  By.),  s.  f.  —  Excès  de 
boisson,  ivresse.  Ex.  :  Il  a  sa  cuite.  —  Syn. 
de  Rardée,  Riture,  Cuisine,  Culottée,  Muffée, 
Pétée,  Tripotée.  Allusion  à  la  quantité  de 
liquide  qui  chauffe  l'estomac  de  l'ivrogne, 
par  compar.  à  la  cuite  donnée  au  plâtre,  à 
la  poterie. 

Cuiter  (Mj.,  Fu.),  v.  n.  —  Faire  entendre 
un  cri  faible,  mais  aigu  ou  strident.  Se  dit 
des  oiseaux  et  des  insectes.  —  Pépier, 
gazouiller,  piailler.  —  Onomat.  —  N.  On 
prononce  Cu-ïter  et  Quiter.  ||  By.  —  Et 
Cuiker. 

Cuiter  (se),)  (Mj.),  v.  réf.  —  S'enivrer. 
V.  Cuite. 

Cul  (Mj.,  Spb-,  Sa.,  Tlm.,  Lg. ,  Fu.,  etc.) 
s.  m.  —  Les  personnes  collet-monté  n'em 
ploient  jamais  ce  mot  et  demandent  à  leur 
boucher  :  une  indécence  de  veau,  etc.  — 
Locut.  innombrables.  !|  A  cul  plat,  —  sur 
le  derrière  nu.  Ex.  :  Le  poupon  est  assis  à  cul- 
plat,  cu/-su-bout.  Il  Sp.  —  Eter.de  cul,  — 
être  sur  le  derrière,  assis.  ||  Cul  par-sus- 
tête,  —  c.  par-dessus  tête.  Exprime  la  ma- 
nière dont  se  fait  parfois  la  culbute  d'une 
personne  qui  tombe.  V.  Parsus.  ||  Cul  par- 
sus  pointe,  —  même  sens,  jj  La  tête  a  emporté 
le  cul,  —  se  dit  d'une  personne  qui  est  tombée 
à  la  renverse.  ||  Sp.  - —  A  cul  réjoui,  syn.  de 
A  cul-plat.  Ex.  :  Aile  avait  assis  sa  fumelle  à 
cul  réjoui  sus  eine  formitière,  fallait  voir  si 
le  queneau  rouinçait  !  ||  Lever  le  cul,  —  ruer, 
lancer  des  coups  de  pied.  ||  Relever  le  cul,  — 
donner  des  coups  de  pied  au  derrière.  Ex.  : 
Attends,  je  vas  te  relever  le  cul  d'ein  cran  !  || 
Secouer  le  cul,  même  sens.  ||  Enlever  le  cul,  — 
rosser.  Cf.  Enlever  le  ballon.  ||  En  avoir  son 
plein  cul,  —  en  avoir  assez  pour  ses  forces. 
Il  Sp.  —  Etre  com.  cul  et  chemise,  —  être 
amis  inséparables.  ||  Sp.  —  Tirer  au  cuL 
quelqu'un,  —  le  jouer,  le  duper,  le  mettre 
dedans.  ||  Sp.  —  Traîner  à  l'écorche-cu/,  — 
traîner  de  manière  que  les  fesses  frottent  par 
terre.  ||  Sp.  —  Tirer  à  Técorche-cw/,  —  tirer 
chacun  de  son  côté.  Il  Mj.,Fig.  —  Cul,  fond  d'un 
vase,  arrière  d'une  charrette,  d'un  bateau. 
Ex.  :  Le  cul  du  bateau  est  engrevé.  ||  Aller 
à  cul,  —  basculer  ;  mettre  à  cid,  —  faire  bas- 
culer. Il  N'avoir  que  .son  cul  et  sa  chemise,  — 
n'avoir  pas  de  dot,  en  parlant  d'une  jeune 
fille  à  marier.   ||  La  galarne  ouvre  le  cul,  — 


254 


CULASSE  -  CULLERÉE 


le   ciel  s'éclaircit  vers  le   nord,   présage  du 
beau  temps.  ||  Tirer  à  cul,  —  faire  résistance, 
tirer  en  arrière,  renuter,  au  pr.  et  au  fig.  Une 
boule  de  fort  tire  à  cul  lorsque  l'effet  produit 
par  le   fort   est   trop   considérable,    qu'il   se 
produit  trop  tôt.   ||  S'être  levé  le  cul  le  pre- 
mier, —  être  de  fort  mauvaise  humeur,  de 
mauvais  goût,  d'un  mauvais  tour.  V.  Goût, 
Tour.  Ex.  :  Que  qu'il  a  donc  à  faire  le  bouc  ? 
i  s'est  levé  le  cul  le  premier,  ben  sûr  !  ||  D'ein 
cul   fumant,   —   avec   précipitation.    Ex.    11 
est  arrivé  d'ein  cul  fumant.    i|  Prendre  son 
cul  pour  sa  chemise,  —  se  tromper.   ||  Etre 
à  cul,  —  être  à  bout  de  ressources.  ]|  Etre  à 
vire-cul,  —  être  en  très  mauvais  termes.    t| 
Tomber  par  le  cul  de  la  charte,  —  être  ruiné, 
faire  faillite.    ||  S'en  aller  ein  pouce  au  cul, 
l'autre  à  l'oreille,  —  s'en  aller  tout  déconfit, 
tout  penaud,  avoir  éprouvé  une  déconvenue. 
I!   Brûler  le  cul  à  qqn,  —  l'atteindre  et  le 
dépasser.    ||  Etre  du  cul,  —  être  porté  aux 
plaisirs  vénéi'iens.    ||  Mj.  —  Pendre  au  cul, 
à  l'oreille,  —  attendre,  menacer.  Ex.  :  Ça  illi 
pend  au  cul  comme  ein  sifflet  de  deux  liards.  il 
Foutre  au  cul,  —  accorder  subitement  après 
un  long  débat.  V.  Foutre  par  le  corps.   ||  11 
veut  péter  plus  haut  qu'il  n'a  le  cul,  —  il 
veut  vivre  au-dessus  de  ses    moyens  ;    il  a 
des   prétentions   exagérées.    |1    La   goule   illi 
découvre  le  cul,  —  il  est  si  gourmand,  ou 
tellement    ivrogne,    qu'il    n'a    pas    de    quoi 
s'habiller  convenablement.    ||   N'y   a  pas  à 
tortiller  ni  du  cul  ni  des  fesses,  —  il  n'y  a  pas 
à  tergiverser,  à  hésiter.   ||  Aller  de  cul  et  de 
bédée  (ventre),  marcher  en  portant  son  ventre 
ou  son  derrière  dans  des  mouvements  sac- 
cadés. Il  Avoir  qqn  au  cul,  —  le  mépriser  ou 
le  haïr.  On  dit  plus  congrument  et  dans  le 
même  sens:  Avoir  qqn  queuque  part,  sans  plus 
préciser.    ||    Lg.  Faire  cul,  —  reculer.  H  Mj. 
Mordre  dans  le    cul   à   qqn,    lui  lancer   des 
propos  mordants.  ||  Grous  cul,  —  personnage 
important.  Syn.  de  Grousse-léguine,  Magnis- 
magnas.    \\    Absolument.    —    Pleutre,    pied- 
plat,  paltoquet,  cuistre.  Ex.  :  C'est  ein  cul, 
que  ton  Monsieur  !    ||  Coucher  à  l'hôtel  du 
cul  tourné,  —  avec  une  femme  en  colère.  Cf. 
Soufflet.    Il   Prov.,   c'est  la  marmite   qui  re- 
proche au  chaudron  qu'il  a  le  cul  noir,  — 
reprocher  à  un  autre  son  propre  vice.   ||  Cul 
de  four,  —  la  partie  d'un  four  la  plus  éloignée 
de  l'ouverture  ;  la  masse  de  maçonnerie,  gé- 
néralement ronde,   qui   renferme   un   four   . 
Ex.  :  Ein  joli  trou  que  ceté  bourg-là  ;  y  a 
quatre  maisons  et  ein  cul  de  four.  ||  .Biser  le 
cul  de  la  vieille,  ou  de  la  bonne  femme,  — 
ne  pas  prendre  un  seul  point  dans  une  partie, 
de  boules,  surtout.  N.  Evidemment  la  chose 
ne   se   passe   pas   à   la   lettre,    mais   il   faut 
entendre  les  quolibets  des  gagnants  !    «  Va 
donc  kri  la  mère  Unetelle!...    »  ordinaire- 
ment la  plus  laide  et  la  plus  orde  de  l'endroit, 
etc.,  etc.  —  Il  A  cul,  —  se  dit  du  blaireau 
acculé   (Tlm.).   —   Une   charrette   est   k-cul 
quand  elle  repose  sur  sa  partie  postérieure, 
les  brancards  en  l'air.  ||  A  cul  déviré  (Z.  122). 


En   mauvaise  intelligence.  Syn.   de  A  vire- 
cul. 

Supplément.  —  By.  —  Il  y  a  de  la  belle 
joubarbe  sus  le  cul  du  four.  —  Le  cul  de 
î'ancreau,  —  le  cul  de  la  senne  (le  paressef), 
—  le  cul  du  bateau  ;  —  rimer  su  cul,  —  ramer 
en  sens  inverse  pour  arrêter  le  bateau.  — 
Le  j'vau  a  été  obligé  de  rimer  su  cul  pour 
empêcher  la  charte  de  devaller.  —  Si  les 
anguilles  s' emboigassent,  c'est  que,  se  sen- 
tant piquées,  elles  riment  su  cul  et  se  vrillent 
avec  la  ligne,  etc. 

Culasse  (partout),  s.  f.  —  Sac  de  farine 
de  157  kilogs.  C'est  une  unité  de  compte 
traditionnellement  employée  dans  le  com- 
merce de  la  meunerie  et  de  la  boulangerie. 
Mais  on  tend  de  plus  en  plus  à  abandonner 
la  culasse,  trop  lourde  pour  le  quintal  mé- 
trique. Les  générations  baissent. 

Hist.  —  Ce  mot  figure  à  la  revue  des  marchés, 
article  Saumur,  dans  V Angevin  de  Paris,  7  juillet 
1907.  —  Ne  se  trouve  ni  dans  le  petit  Littré,  ni 
dans  le  Dict.  général. 

€ul- blanc  —  Ou  hirondelle  des  fenêtres. 
(MÉN.).  Il  By.  —  Petit  pluvier,  et  je  crois,  une 
espèce  de  traquet. 

Cul-et-de-bédée  (aller  de).  —  Marcher 
comme  une  oie,  en  avançant  pas  saccades  le 
ventre  et  le  derrière.  V.  Bédée  ;  bedaine.  \\ 
By.  —  De  cul  et  de  bodée  (boédée)  ou  :  de 
tête  et  de  bodée. 

€ul-su-bot  II  Fu.  —  Cul-sur-bout.  Mettre 
sens  de-sus  dessous,  un  tonneau  sur  le  fond. 

Culée  (Mj.,  By.,  Lpc,  Segr.),  s.  f.  —  Racines 
d'un  arbre  abattu  qui  restent  en  terre  ou 
que  l'on  en  retirera  pour  les  fendre  et  en 
faire  des  bûches.  Syn.  de  Débottura. 

N.  —  La  culée  du  cuir  est  la  partie  la  plus  proche 
de  la  queue  de  l'animal. 

Cul- gelé  (Mj.),  s.  m.  —  Individu  très 
frileux.    Ex.   :   Fourre-té  donc  dans  le   feu, 

sapré  cul-gelé  ! 

Cul-de-grève  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Eau 
profonde  en  aval  d'une  grève  (partout). 

N.  —  Les  sables  de  la  Loire,  roulés  sans  cesse 
par  le  courant,  forment  des  grèves  étendues, 
planes  et  presque  à  fleur  d'eau,  qui  aboutissent 
brusquement  en  aval  à  une  sorte  de  gouffre,  par 
une  déclivité  abrupte  qui  en  est  le  talus  naturel. 
Cette  disposition,  bien  connue  des  riverains,  est 
souvent  la  cause  d'accidents  déplorables  ;  les  bai- 
gneurs étrangers,  à  qui  elle  n'est  pas  familière, 
s'aventurent  avec  confiance  sur  ce  tapis  de  sable 
moelleux,  dans  cette  nappe  d'eau  d'une  profon- 
deur uniforme.  Tout  à  coup  le  sol  manque  sous  leurs 
pas,  ils  sont  tombés  dans  le  cul-de-grève.  En  vain, 
essayent-ils  de  remonter,  le  courant  les  repousse  et 
le  sable  glisse  sous  leurs  pieds,  les  enlise,  s'ils  ne 
sont  pas  assez  bons  nageurs  pour  regagner  la  rive, 
ils   sont    perdus. 

Hist.  —  «  Puis  il  rechercha  le  jeune  Lamarre, 
mais  il  ne  le  découvrit  au  fond  du  cul-de-grève 
qu'après  avoir  plongé  à  plusieurs  reprises.  (Petit 
Courrier,  30  juillet  1907  ;  2,  4.) 

Cullerée    (  Il  non  mouillés),  (Mj.),  s.  f.  — 


CUL-LOURD  -  CURIEUX 


255 


m.  —    Espèce  de 
—  Fig.  Aplomb, 


le  ménage,  en 
By.  —  Culotte 
Fig.    Excès   de 


Le  contenu  d'une  cuiller.  Corr.  du  fr.  Cuil- 
lerée. Cf.  Boulie  pour  :  bouillie. 

€ul-lourd  (Mj.),  s.  m.  —  Individu  peu 
leste,  peu  agile 

Cul-de-mulet  (Tlm.),  s. 
pomme. 

Culot  (Mj.,   By.),  s.   m. 
toupet.     Terme    d'argot    d'importation    ré- 
cente. «  Eh  !  ben,  t'en  as  d'un  culot  !  »  Syn. 
de  Santé.  Argot. 

Culotte  (Mj.,   By.),  s.   f.  —  Porter  la  cu- 
lotte,   être    la    maîtresse    ds 
parlant  d'une  femme.   !|  Fu., 
à   pont.   V.    Pont.    ||   Sp.   — 
boisson.  V.  Cuite,  Culottée. 

Culottée  (Mj.,  By.,  Fu.),  s.  f.  —  Ivresse 
totale.  Syn.  de  Cuite,  Pétée,  Tripée,  Muffée, 
Biture,  Bardée,  Cuisine,  etc. 

Cul-Perrine  s.  m.  —  Fais  donc  le  cul- 
Perrine.  C'est  boire  en  renversant  la  tête 
en  arrière,  de  manière  à  vider  le  verre  jus- 
qu'à la  dernière  goutte.  —  Allusion  aux 
canards  qui  font  le  plongeon  ?  C'est  alors  le 
verre  qui  les  imiterait. 

Cul-de-porc  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  nœud,  ■ 
le  plus  simple  de  tous.  Terme  de  marine. 

Cul-put  (cupute),  (Mj.),  s.  m.  —  Interpel- 
lation naturaliste  adressée  aux  enfants  mal- 
propres. Il  Fig.  Méchant  enfant,  détestable 
gamin,  garnement. 

Cul-rouge  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fauvette 
des  murailles  (Mén.).  jj  A  Sp.,  c'était  le  sur- 
nom du  père  Boileau  ,  de  la  Revelette,  qui 
avait  refusé  de  chouiner  en  1832  et  avait 
préféré  faire  ein  soldat. 

Cul-de-terre  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Cul- 
de-grève. 

Cupanche  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Çoupanche. 
Cf.  Sument,  Suminaire,  Suparer.  —  Corr.  de 
Cépage,  espèce  de  vigne. 

N,  —  Dans  les  anciennes  vignes,  il  y  avait, 
outre  le  pinot,  une  foule  de  cépages  blancs,  que  le 
phylloxéra  a  achevé  depuis  quinze  ans  de  faire 
disparaître  :  fié.  gouas,  blanc-tendrillet,  écartelis, 
égrustaud,  etc.  J'ai  encore  connu  les  trois  premiers. 
—  «  Çupin,  sans  doute  pour  :  cépin,  de  cep,  pied 
de  vigne.  Voilà  un  bon  çupin.  »  (Jaub.) 

Curage,  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  la  renoue 
persicane.  V.  Pied-noir  (Mén.).  Polygonuni 
hydropiper  (Bat.). 

Curateur  (Mj.),  s.  m.  —  Subrogé-tuteur. 

Hist.  —  Puisque  la  confection  de  l'inventaire 
est  remise  aux  tuteurs  et  curateurs  datifs.  (Coust. 
<V Anjou,  II,  col.  63).  —  «  La  veuve  demanda  au 
curateur  de  l'enfant  du  premier  lit  l'entérinement 
de  son  don.  »  (Ibid.,  col.  322.) 

Curbichon  (Car-Corbichon).  —  (Sar.)  — 
Aller  à  curbichon,  —  à  califourchon. 

Cureau  (Sa.),  s.  m.  —  Cureau  de  pomme, 
la  partie  intérieure  d'une  pomme  mordue,  jj 
Pomme   pelée,    réduite    en    morceaux    pour 


faire  de  la  boisson  (Mén.).  —  On  écrit  aussi  : 
Curot.  —  V.  Curer. 

N.  —  Curon  (Berry).  Ce  qui  reste  d'un  fruit  après 
qu'on  l'a  curé  ou  rongé  ;  un  curon  de  pomme 
(Jaub.). 

Cure-bourrier  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Serre -bou rrier,  Ramasse-bou rrier. 

Cure- bourse  (Mj.),  s.  m.  —  Celui  dont 
les  vacations  sont  très  coûteuses.  Ex.  :  Les 
notaires,  c'est  des  vrai  cure-bourse. 

Cure-oques  (à)  (Lg.),  loc.  adv.  —  Au 
dépourvu.  Ex.  :  Je  sommes  à  cure-oques  de 
foin,  - —  nous  n'avons  plus  de  foin.  Syn.  de  : 
à  Vancre,  à  pain-querre.  —  Image  très  vive  ; 
celui  qui  est  à  cure-oques  (ongles),  cure  ses 
ongles  pour  y  retrouver  qqs  miettes.  —  N. 
Le  mot  :  oques  n'est  plus  connu  au  Lg.  — 
Cf.   Acuroquer. 

Cure-pieds  (Mj.),  s.  m.  —  Décrottoir. 

Curer  (Fu.,  By.),  v.  a.  —  Curer,  vider, 
nettoyer.  Curer  une  mare  (français).  ||  (Sal.). 
C.  Les  raises.  ||  Mais  on  dit  :  Curer  une  pomme 
enlever,  en  rongeant,  la  pulpe  de  la  pomme 
jusqu'aux  pépins.  ||  Curer  les  bestiaux. 
(Mj.,  By.,  Lue.).. —  Enlever  le  fumier  de 
rétable.  N.  Fombrayer  \\  Curer  les  aboilles,  les 
aboueilles.  (Mj.,  Fu.),  c'est  enlever  le  miel  des 
ruches.  Quand  on  a  ramassé  le  miel  en  pres- 
sant les  rayons,  les  enfants  viennent  :  licher 
les  brèches,  ces  rayons,  où  il  reste  encore  du 
miel.  Syn.  de  Creuser.  \\  (Mj.,).  —  Fig.  Syn. 
de  Roup,  Acuroquer.  —  Décaver,  gagner 
tout  l'avoir  de  qqn. 

N.  —  (Berry).  Curer  se  dit  d'une  manière 
absolue  en  parlant  des  noix  :  tirer  Je  noyau  des 
noix  pour  en  faire  de  l'huile.  C'est  une  fête  que 
d'aller  Curer  ;  on  réunit  le  soir  un  grand  nombre 
de  Cureux,  et  l'on  chante  pendant  qu'on  se  livre  à 
cette  occupation  (Jaub.). 

Curette  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Spatule, 
petite  palette  de  bois  ou  de  fer,  servant  à 
nettoyer  un  outil  de  labour  de  la  terre  qui 
y  est  attachée.  —  On  nettoie  de  même  les 
pelles,  les  sabots.  Syn.  de  Dégouet,  Dégou- 
loire,  Débottoire. 

Hist.  —  «  Ainsi  que  le  suppliant  ot  lié  ses  bœufs 
à  la  charrue,  apperceut  qu'il  avoit  oublié  son  curet, 
dont  il  curoit  sa  terre  et  sa  charrue.  »  —  Curetel, 
écuroir  pour  les  pieds  des  chevaux.  (L.  C.) 

Cureur  (Mj.),  s.  m.  —  Cureur  de  gadoues, 
vidangeur.  ||  Cureur  d'aboilles,  —  celui  qui 
fait  la  récolte  du  miel. 

Cureux  (Mj.,  Fu.),  s.  m.  —  V.  Cureur. 

Curieux  (Mj.,  By.,  Fu.),  adj.  q.  —  Soi- 
gneux. Amateur.  Ex.  :  Il  est  curieux  pour  son 
jardin  ;  il  soigne  son  jardin  en  amateur.  || 
Désireux,  avide.  Ex.  :  Je  ne  se  pas  curieux 
d'aller  m'y  faire  casser  la  goulo.  —  Sens  très 
étymologiqiu'.  Curiosus  veut  dire  :  Qui  a  du 
goût  pour. 

N.  —  «  Il  est  curieux  de  la  boisson,  — ■  il  aime 
trop  le  vin.  —  Une  fille  est  curieuse  de  la  danse,  — ■ 
de  se  marier  (Jaub.)  =  Etre  curieux  de  ses  arbres, 
de  ses  bestiaux,  de  ses  récoltes  (Moisy). 


256 


ÇURIGIEN  —  CZARIENNE 


Çurigien  (Lg.),  s.  m.  —  Chirurgien.  On 
dit  aussi  :  Cirugien  et  Cirurgien.  N.  Pour 
la  métathèse  des  voyelles,  voyez  Geouri- 
flée. 

€urot  (By.).  s.  m.  —  Trognon  de  pomme 
dont  on  a  enlevé  la  pulpe,  surtout  avec  les 
dents.  V.  Cureau.  \\  Lg.  Morceau  de  poire  ou 
de  pomme  que  l'on  a  creusé  pour  les  vider 
des  pépins  et  des  parties  véreuses. 

Curoter  (By.),  v.  a.  —  Gratter  la  pulpe 
d'une  pomme  avec  un  couteau,  tout  en  mé- 
nageant (mein-né-geant)  la  peau,  et  la  ré- 
duire en  bouillie.  Ex.  :  J'ai  pus  de  dents, 
j'peux  pus  croquer  les  pommes  (ou  :  mordre 
dans  n'eine  poume)  ;  j'sé  obligée  de  les 
curoter. 

Cusser  (Bg.),  v.  n.  —  Reculer,  se  dérober.  |1 
(Ti).  —  Gronder,  ronchonner  entre  les  dents 
(Zig.  157). 

Cussoter,  v.  n.  —  Tousser  fréquemment, 
sans  violence  :  «  Qui  cussote,  vivote  ».  Pour  : 
toussote,  Assimilation  du  c  et  du  t.  Cf.  Cliar- 
tutier.   V.  Pignocher. 

Cute-cache,  s.  f.  —  Jeu  d'enfant.  Celui 
qui  est  caché  crie  :  Cute  !  pour  avertir  celui 
qui  doit  le  chercher.  Ce  dernier,  après  avoir 
visé  son  ou  ses  camarades  cachés  :  (vise  pour 
un  tel,  derrière  le  pommier  !)  doit  courir  et 
revenir  à  la  sauve  avant  les  autres.  Le  premier 
visé  est  alors  dessous  et  remplace  le  cama- 
rade qui  était  à  la  sauve.  Cf.  Keute,  Vise. 

Hist.  —  Rabelais  :  i,  152.  —  Le  Duchat  croit 
que  ce  mot  vient  de  Cutis,  peau,  et  que  c'est 
le  jeu  qu'en  Lorraine  on  appelle  :  cachemains, 
parce  qu'on  est  obligé  de  cacher  ses  mains,  à  peine 
de  recevoir  des  coups  de  verges  (L.  C).  C'est  peu 
probable. 

Add.  (Ec,  Lue.),  même  sens.  H  Z.  146.  Se 
poster.  Il  Fu.  —  Se  blottir  dans  un  coin, 
sous  un  meuble  :  «  Il  'tait  cuté  sour  le  pont, 
je  l'avons  chafouré  (ou  chacoté)  avec  une 
rème  (rame)  de  pois. 

Hist.  —  Mucer,  cuter  ne  povon  mie 

Car    nous    sommes    en    sa    baillie. 
Mais  ne  s'i  sevent  si  esduire 
Ne  en  cel  leu  cuiter  ne  fuire. 


(L.  C.  —  N.  E.)  =  «  Le  suppliant  et  autres  ses 
complices  avoient  esté  par  nuit...  en  une  cute 
laquelle  estoit  en  la  ville  de  Condé...  et  icelle 
cute  avoient  rompue  et  emporté  aucuns  biens  que 
ilz  y  avoient  trouvé.  »  —  «  Ordennons  que  nuls 
regrattiers. . .  achattent  denrées...  jucques  à 
l'heure  devant  dite,  (ne)  en  privé  hors  du  marché, 
n'en  lieu  rebot  ou  en  cute  (L.  C.  —  N.  E.).  —  D.  C. 
Du  celt.  Cuz.  =  Malvezin'  :  Rac-celt.  Cut,  couvrir 
(var.  de  eue)  ;  d'où  cuta*,  cutta,  dans  cute,  ca- 
chette, lieu  retiré,  et  cuter  ;  se  cuter  dans  un  trou" 
En  bret.,  Kuz,  cachette. 


Z.    15.3),    V.    réf.    —   Se 


Cuter    (se)    (Ti., 
cacher.  V.  Keuter. 

Cuton,  s.  m.  L'homme  s'occupant  du  mé- 
nage, ou  Coconier,  ou  le  Champ-le-pope 
(Longue).  (MÉx.) 

Cuvée  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  Avoir  eine  cuvée, 
—  être  ivre.  Syn.  de  :  Avoir  sa  cuite.  V.  Cui- 
sine, etc. 

Cuvert,  s.  m.  —  Serf.  V.  Colibert. 

Hist.  —  «  L'ancienne  coutume  manuscrite 
d'Anjou  et  du  Maine,  au  titre  de  •■  l'homme  es- 
trange  (étranger)  et  cuvert  :  «  Si  Gentishoms  a 
homes  cuvert  en  sa  terre,  et  il  se  muert,  le  Gentis- 
homs aura  la  moitié  de  ses  meubles...  etc  (Mé- 
nage). =  «  Cuivers,  serfs.  • —  En  Anjou,  ils  sont 
rangés  parmi  les  serfs.  Hs  doivent  des  services 
personnels  définis,  des  corvées  ;  ils  habitent  un 
domaine  dit  fiscus  colliberti,  qu'ils  transmettent 
à  leurs  descendants.  Généralement  ils  payent  une 
redevance  annuelle  de  4  deniers,  d'où  leur  nom 
de  servi  IIII  denariorum.  On  se  déclarait  coUibert 
en  plaçant  sur  sa  tête  ces  quatre  deniers,  que  le 
Seigneur  faisait  tomber  pour  vous  affranchir.  Ils 
formaient  une  classe,  puisque  le  fils  héritait  de 
la  condition  paternelle  ;  cependant  ils  ne  sont  pas 
serfs,  puisque  dans  les  Cartulaires  de  Saint-Père  de 
Chartres  et  de  Vendôme,  des  actes  d'affranchisse- 
ment transforment  des  serfs  en  colliberts  (L.  C.  — 
N.  E.). 

Cuvette  de  Vénus,  s.  f.  —  Cabaret  des 
oiseaux,  peigne.  Dipsacus  sylvestris  (Mén.). 
Bat. 

Czarienne.  —  Vx  mot  angev.  inexpliqué. 

Hist.  —  1723.  «  A  la  Fête-Dieu  cette  année 
nous  nous  somme  donné  les  deux  chappes  cza- 
riennes  rouge  et  blanche  ;  coûtent  240  livres.  » 
{Inv.  Arch.,  n,  E.  S.,  292,  2.) 


OBSERVATIONS 

Prononciatiox.  —  Au  N.  de  la  Loire  Di  (Cf. 
Ti)  se  prononce  régulièrement.  A  Mj.  et  aux  envi- 
rons, c'est  à  peu  près  le  son  de  illi,  dans  BouUie. 
Il  en  serait  de  même  vers  Gonnord  et  Trémen- 
tines.  —  A  Sp.  et  aux  environs,  prononciation  à 
peu  près  régulière.  —  Autour  de  Cholet  (Tlm., 
Lg.,  etc.)  di  se  prononce  dji,  avec  le  son  ji  très 
marqué.  Cette  prononciation,  d'ailleurs,  est  impos- 
sible à  indiquer  ;  les  indigènes  seuls  la  possèdent. 
Elle  rappelle  le  fameux  Shiboleth  de  la  Bible.  — 
Qui  te  l'a  dit,  —  ghy,  en  traînant.  —  Il  est  midi,  — • 
midghy. 


Permutatiox,  Métathèse.  —  Dre,  initial  ou 
médial,  se  prononce  habituellement  Der.  Ex.  : 
Dresser,  Redresser,  —  derser,  rederser.  —  Rem- 
place t.  Descente  devient  descende  ;  lente  (de 
pou)  tende.  —  Remplace  l.  Piauder,  Miauder, 
pour  :  piauler,  miauler. 

Addition.  —  S'intercale  entre  deux  voyelles 
pour  éviter  l'hiatus.  Je  crédiais,  pour  :  je  créiais  ; 
budhier,  p.  buhier.  —  Dés,  syllabe  initiale  sous- 
tractive  :  Désattacher,  p.  détacher,  pron.  dz  atta- 
cher. 

Apocope.  —  Davi,  p.  David. 

Epexthèse.  —  Enchardir,  p.  enchérir. 

Syncope.  —  Prenre,  p.  prendre. 


DA  —  DALE 


257 


Da  (Mj.,  By.,  Sal.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  A  la  bonne  da  —  simple- 
ment à  la  bonne  franquette.  ||  Interj.  ;  oui- 
dà  nenm-dà  renforce  l'affirm.  ou  la  négat. 
Cf.  Na.  —  V.  Bonneda. 

Et.  —  1°  «  De  deux  petits  membres  de  phrase  : 
((  Il  est  tout  à  la  bonne,  da  »,  on  n'en  aura  fait 
qu'un  :  «  Il  est  tout  à  la  bonne  da  »  (Dott.).  — 
«  A  la  bonne  dague.  »  (D.  C.)  Dagha,  plaisanterie. 

—  2«  «  Confusion  :  1°  da,  de  diva,  pour  :  dis  va,  qui 
sont  deux  impératifs  contractés  en  :  dea,  puis  :  da 

—  2"  Dame,  de  dominus,  dame  Dieu,  le  seigneur 
Dieu.  »  (LiTT.)  ' 

Dabée  (Lue,  By.,  Li.,  Br.),  s.  f.  —  Forte 
averse.  «  Tu  vas  en  attraper  d'eine  dabée  !  — 
Il  va  pleuvoir   tu  seras  trempé  jusqu'aux  os. 

—  V;  Daber.  Syn.  de  Trempe,  Enfondure. 
Et.  —  «  Dauber  ?  De  l'ah.  dubban,  frapper.  » 
Daber  (Pell.)    v.   n.  — •  Tremper  à  fond 

s'imbiber.  Ex.  :  En  velà  ein  laça  d'eau  :  la 
terre  va-t-elle  daber  !  ||  Terre  dabée  impré- 
gnée d'eau  ;  aguia.  \\  Lue.  —  Une  forte  pluie 
dabe  la  terre  qui  est  alors  cacée  c.-à-d.  croû- 
tée.  —  Mieux  :  cassée,  de  Casse.  ||  By.  — 
Quand  on  fait  des  semis  délicats,  faut  toujou 
pailler,  ça  oppose  la  terre  de  se  daber  à  l'arro- 
sage ou  à  la  pluie  qui  chê  d'acas. 

Et.  —  Voir  Dabée.  —  Cf.  Angl.  to  Dable,  même 
sens,  syn.  de  Enfondre. 

Dabon  (Mj.,  Lg.,  Bg.,  By.,  Cho.,  Sar.,  Sal.), 
s.  m.  —  Lange  d'enfant.  Ce  mot  semble  être 
une  forme  adoucie  de  Tapon.  On  dit  plutôt 
Dabon  à  Cliolet  et  Tapon  à  Saumur.  [|  Lange 
qui  sert  à  envelopper  un  enfant  au  maillot. 
Par   ext.    :    La  lune   est    dans    son    dabon, 

—  pour  exprimer  qu'elle  est  couverte  de 
nuages.  (Mén.)  ||  Tas  de  linge  (Bg.)  —  V. 
Tapon.  Il  Pièce  Z.  149.  —  Sal.  —  «  Sa  culotte 
ne  tient  que  de  dabons  et  de  morceaux.  » 

Et.  —  Semble  être  un  dér.  de  Daber.  A  noter 
aussi  q.  l'Angl.  Dab  signifie  morceau,  lambeau, 
guenille.  Cela  paraîtrait  indiquer  qu'il  y  aurait 
eu  dans  notre  patois  angevin  une  forme  Dabe, 
aujourd'hui  désuète  ,  qui  a  donné  le  mot  anglais. 

Dabonner  (Sar.,  Q.  Z.  149),  v.  a.  —  Rapié- 
cer un  vêtement.  ||  Mettre  pièces  sur  pièces, 
sans  faire  attention  si  é  sont  pareilles  (de 
même  étoffe  ou  de  même  couleur).  By.  — 
Syn.  de  Taponner,  Rapécoter. 

Dâbre  (Bc),  s.  m.  —  Paysan,  par  dérision, 
dans  le  langage  des  ouvriers,  surtout  des  car- 
riers. Syn.  de  Castaud,  Chasse-pies,  Cope- 
choiix,  Pic,  Vire-bouse,  Pampre,  Pitois,  Crânais. 

Daclie  !  Mj.  interj.  —  Marque  l'incrédulité 
ironique  ou  un  refus  dédaigneux. 

N.  —  «  Dans  l'Indre,  on  dit  :  «  Travailler  pour 
Darchis,  ni  payé,  ni  nourri.  »  (Jaub.)  v°  Travailler). 
Cité  par  curiosité. 

Dagote  (Ag.),  s.  m.  —  Homme  bavard. 
C'est  un  dagote  Syn.  de  Daras. 

Dagoter  (Ag.),  v.  n.  —  Bavarder.  ||  Segr.  — 
Aimei'  à  contrarier.  ]|  (Mj.,  By.),  v.  réf.  ou 
réciproq  . —  Se  harpailler,  se  disputer,  se  ta- 
quiner, se  chamailler.  Syn.  de  se  Grabucher, 
se  Gringoter,  se  Niagrer. 


Et.  —  Ailleurs  on  dit  dans  le  même  sens  se 
digoter.  Ce  mot  a  des  affinités  avec  le  nom  Diguet, 
et  dérive  de  la  rac.  Dag,  Dig,  qui  a  donné  le  fr. 
Dague,  le  patois  Diguet  et  l'angl.  to  Dig.  Se 
dagoter,  c'est  au  fig.,  se  piquer  réciproquement.  — 
Il  Dagoter,  frapper  à  petits  coups,  se  dit  en  parlant 
du  poisson  qui  attaque  mollement  l'appât.  —  Ça 
me  dagotait  dans  le  genou.  |1  Parler  à  tort  et  à 
travers.  ||  Contredire  qqn  pour  l'agacer  (Dott).  — 
LiTTRÉ  cite  le  celtiq.,  bas-bret.  Dag,  dager  = 
dague,  épée. 

Dagron  (By.),  s.  m.  —  Porte  mobile  de  la 
Botte. 

N.  —  Les  pêcheurs  à  la  ligne  et  les  amateurs 
ont,  pour  conserver  le  poisson,  une  corne  dans  leur 
bateau  et,  quand  on  veut  en  conserver  une  grande 
quantité  on  le  fait  dans  des  bascules  ou  dans  des 
mues. 

Les  boutiques  à  poissons  que  les  pêcheurs  de 
profession  ont  avec  eux  quand  ils  font  la  pêche, 
et  où  ils  mettent  leurs  poissons  en  réserve  sont  des 
Bottes  ou  des  Bottereaux.  La  Botte  a  une  longueur 
moyenne  d'environ  8  pieds,  et  le  Bottereau  de 
4  pieds  à  4  pieds  1  /2. 

Dans  le  Bottereau  on  conserve  surtout  l'an- 
guille, et,  comme  il  n'est  pas  long,  il  n'a  qu'une 
porte  au  milieu.  Dans  la  Botte  on  conserve  les 
autres  poissons,  et,  comme  elle  est  longue  et 
qu'il  ne  faut  pas  fatiguer  le  poisson,  quand  on 
veut  l'en  retirer,  elle  est  munie  en  son  milieu  d'une 
porte  à  charnière  et,  à  l'une  de  ses  extrémités,  d'une 
porte  mobile  permetttantde  la  vider  dans  une  sorte 
de  grand  fdet  semi-circulaire  appelé  Troubleau  où 
on  peut  tirer  la  marée  à  l'aise.  La  marée  désigne 
les  lots  pour  la  vente.  On  dit  :  faire  sa  marée. 

La  botte  offre  un  peu  l'apparence  d'un  chapeau 
de  gendarme  ;  elle  est  amarrée  au  bateau  par  des 
cordes  appelées  commandes  (c'mandes). 

Un  dagron  serait  donc  une  planche  façonnée 
pour  servir  de  porte  ou  fermeture  mobile  à  l'un 
des  bouts  d'une  botte. 

On  remarquera  que  l'un  des  côtés  de  la  botte 
est  dret  (rectiligne)  et  que  le  bord  extérieur  va  en 
s'évasant,  le  fond  étant  plus  étroit  que  le  dessus. 
C'est  par  ce  bord  dret  qu'on  amarre  la  botte  à 
Vappoué  du  bord  (en  l'appuyant  le  long  du  bord  du 
bateau). 

Pendant  la  pêche  on  chuïlle  (cheville  la  porte), 
mais  quand  le  poisson  est  en  réserve,  on  la  cague- 
nasse  (cadenasse)  ainsi  que  le  dagron,  ce  qui  n'em- 
pêche pas  les  vols  d'être  fréquents. 

«  Ça  ne  vaut  rien  de  farfouiller  dans  les  bottes, 
çafatille  (fatigue)  le  poésson  et  le  fait  kérver.  Quand 
il  a  l'z  ouïes  blancs,  il  n'est  pas  mangeable.  » 

Dague  (Mj.),  s.  î.  —  Obliquité  de  l'axe  d'un 
bateau  sur  le  courant  ou  sur  sa  propre  direc- 
tion ;  tendance  à  faire  des  embardées. 

Daguenette  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Gaguenette. 

Dagues  s.  f.  —  Branches  laissées  par  les 
vignerons  pour  être  recourbées.  —  Archets  ou 
courants.  (Bf.)  MÉx. 

D'à-haut  (Tr.),  loc.  adv.  —  Ouvriers  qui 
travaillent  sur  les  carrières  et  non  dans  le 
fond  (d'à-bas). 

Dais  dait  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  et  n.  — 
Dois,  doit,  du  v.  Devoir,  l'''^,  2«  et  3e  pers.  s. 
ind.  prés.  —  N.  Ces  formes  ont  beaucoup 
vieilli  à  Mj. 

Dale  (Mj.,  By.,  Lg.),  s.  f  —  Gouttière.  V. 
Dalle. 

17 


258 


DALÊE  —  DANGELER 


Et.  —  Pourrait  se  rattacher  à  l'ail.  Thaï.,  vallée. 
La  dale  est  thalweg  du  toit.  —  Angl.  Dale,  vallée. 
Il    Evier    (Dott.). 

Dâlée  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  s.  f.  —  Pissée  abon- 
dante. V.  Dater.  Syn.  de  Drinée. 
N.  —  Flaque  d'eau,  averse  ;  mare  d'urine  (Dott.) 

—  «  Queu  dalé  quiau  drôle  veint  de  faire  dans  ma 
dorne  !  »  (Favbe.)  Cf.  Dâbé,  Jaub. 

Dîîler  (Auv.,  By.,  Sal.),  v.  n.  —  Pisser 
abondamment.  Syn.  de  Driner. 

N.  —  Ce  V.  n'est  pas  employé  à  Mj.  —  ||  On  dit 
plutôt  Faire  une  dalée  (By.). 

Dalet  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  sillon  ou  de 
gouttière  que  forment  en  arrière  le  fond 
d'une  dormeuse  et  le  rebord  de  dentelle  qui 
recouvre  la  nuque.  Au  fond  de  ce  sillon  est  la 
coulisse  destinée  à  serrer  la  coiffe. 

Et.  —  Dimin.  de  Dale.  —  Trou  par  où  a  lieu 
l'écoulement  de  l'eau  (Daguet).  —  Garniture  d'un 
bonnet  de  femme  (Oeain).  —  Bavolet,  partie  de 
la  coifTure  des  femmes  qui  descend  sur  le  chignon. 

—  Trou  ou  tuyau  pour  faire  écouler  un  liquide 
(Dott). 

Daleter  (Mj.,  Li.,  Br.,  Lg.),  v.  a.  et  n.  — 
Battre  des  ailes.  «  L'oie  va  daleter.  »  ||  Fig.  — 
Daleter  les  bras,  ou  des  bras,  —  battre  l'air 
avec  les  bras,  les  agiter.  —  V.  Saleter,  Essa- 
leter,  Galeter. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  De  ala,  aile,  avec  la  termi- 
naison verbale,  eter.  —  ||  Ingénieux,  plus  que 
solide.  A  V. 

DaUe  (Mg.,  By.),  s.  f.  —  Chéneau,  gout- 
tière. Cf.  Dâler.  \\  Fig.  —  S'arrouser,  se  rincer 
la  dalle  du  cou,  —  boire  un  coup.  Syn.  de 
Goulot.  Il  Sa.  —  Rigole,  saignée  dans  un  pré. 
Syn.  de  Essaivoir.  V.  Dale. 

Et.  —  V.  Datée.  —  Pourrait  venir  (?)  d'un  mot 
arabe  signifiant  conduire,  par  l'espagn.  a-dala. 
(LiTT.,  v»  daleau  ;  renvoie  à  :  dalot  ;  picard  : 
ruisseau,  égoût.)  —  Pierre  d'évier. 

Hist.  —  a  L'eau  des  dattes  insuffisantes  tomba 
par  paquets  sur  les  vitres.  »  (La  Trad.,  p.  142.) 
—    «  Arrousons-nous  la  datte,  la  datte, 
Arrousons-nous  la  datte  du  cou.   » 

(Chans.     pop.) 

Dallée  s,  f.  —  Ce  qui  peut  couvrir  une 
dalle. 

Dalut'  (Mj.),  s.  m.  —  Ce  mot  a  perdu  à 
Mj.  son  sens  primitif,  du  moins  pour  la  plu- 
part des  gens  ;  cependant,  on  l'emploie  sou- 
vent sans  se  rendre  compte  de  sa  significa- 
tion. Pour  exprimer  qu'on  ne  croit  pas  aux 
paroles  de  quelqu'un,  on  répond  couram- 
ment :  «  Oui,  le  Dalut  !  »  —  Le  Dalut,  c'est 
la  Darue  de  Saint-Paul.  —  Syn.  de  Darne, 
Dérue,  Couard,  Tarin,  Bissêtre.  Cf.  Dâlu. 
Jaub. 

Damas  (Ec),  s.  m.  —  Pomme  ou  prune. 
V.  Amas-noir.  —  Les  plus  connues  de  ce 
genre  sont  le  Damas  noir  et  le  Damas  violet. 
On  dit  :  Amar.  Des  preines  d'Amar  noir  ou 
d'Amar  violet,  ou  simplement  de  l'Amar  noir 
ou  de  l'Amar  violet.  V.  Amar,  Amont. 

Dame  ^  !  (partout).  —  Exclam,  signifiant  : 
Certes,  c'est  pourtant  comme  cela  !  —  Dame 


si,  dame  oui,  dame  non  ;  ou  :  si,  dame,  etc.  || 
By.  —  Ben  dame,  pour  :  cependant  et  sans 
doute.  —  A  Chemillé  :  Mein  dame  !  —  Tandis 
que  Dame  oui  signifie  :  Ben  sûr  que  oui. 

Dame^  (Cff.,  Z.  187),  s.  f.  —  Haut  fond, 
espace  assez  grand  laissé  comme  témoin  par 
la  drague. 

Dame  d'onze  heures  s.  f.  —   Aillon  blanc, 
petit  aillet.  Ornithogalum  umbellatum.  (Mén.) 
N.  —  Se  trouve  ds  Littké,  au  n°  14. 

Damerette  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  dame  de 
mince  condition.  Syn.  de  Damette. 

Et.  —  Dameret,  exprime  le  goût  de  se  parer 
comme  une  petite  dame  (Litt.). 

Dames  ou  Damées.  —  «  Femmes  mariées. 
Les  dames  distinguées  demeuraient  autre- 
fois dans  le  Damier,  à  Angers.  {Menagiana. 
Cité  par  Mén.) 

Damette  (Lg.),  s.  f.  —  Petite  dame  de 
mince  condition  sociale.  Syn.  de  Damerette. 

Damier  s.  m.  —  Quartier  des  dames  bour- 
geoises, à  Angers.  !|  Goganne,  coccigroUe,  fri- 
tillaire.  (Méx.)  —  By. 

D'amont  (de)  (Ec).  —  Pour  :  d'Amont.  Cf. 
Debas  (de).  |i  De  d'amont,  pour  :  En  amont, 
en  remontant  ;  comme  :  De  d'bas,  pour  : 
En  aval,  en  baissant,  en  valant.  —  Ex.  :  Il 
est  de  d'amont  (par  là-haut)  ;  il  est  de  d'bas 
(par  là-bas).  —  11  va  de  d'amont,  il  monte,  il 
remonte  ;  il  va  de  d'bas,  il  baisse,  il  va  en 
valant,  vers  l'aval.  Toutes  expressions 
usitées.  Cf.  De  delà. 

Dandin  s.  m.  —  Sonnette  que  l'on  met  au 
cou  des  animaux  qu'on  laisse  seuls  dans  les 
champs.  (Méx.) 

Et.  — -  Hist.  «  Desquelles  bestes  à  laine  en  avoit 
une  qui  avoit  un  dandin  ou  clochette  pendue 
au  cou.  »  (xiv«  s.)  D.  C.  Sonailla.  Le  sens  primitif 
de  ce  mot  est  :  qui  se  balance,  qui  va  et  vient,  sens 
conservé  en  :  dandiner.  —  Cf.  Dig-din-don  (Litt.). 
--  Au  Lg.,  un  écolier  de  6  ans,  à  qui  je  demandais 
ce  que  c'est  qu'un  clocher,  me  répondit  :  C'est  où 
qu'y  a  des  dindons. 

Dangeler  (Sa.),  v.  n.  —  Se  dégoûter,  être 
écœuré.  Ex.  :  «  Leurs  rillots,  ils  m'araient 
ben  donné  de  tout  pour  y  goûter  ;  j'y  dan- 
gelais.  Il  Je  ne  me  dangelle  pas  de  vous,  —  je 
n'ai  pas  peur  de  vous.  C'est  un  autre  sens. 
Il  A  Mj.,  on  dit  dans  le  premier  sens  :  Prendre 
danger.  —  On  dit  :  Dangeler  à,  —  se  dégoûter 
de.  —  Syn.  do  se  Requiétir.  \\  Un  galant  croque 
dans  une  pomme  et  pis,  la  présentant  à  une 
fille  :  «  Si  tu  te  dangelles  point  de  moé,  mange 
mon  morguignâs,  et  dis-moi  que  tu  m'aimes.  ) 
—  A  quoi  elle  peut  répondre  :  «  Déporte-té» 
de  moé,  va,  car  je  n'veux  point  d'té.  (By). 

N.  —  Je  lis  dans  Godefroy  :  Bret.,  Côtes-du- 
Nord,  dongierous,  qui  a  de  la  répugnance,  du 
dégoût.  (On  dit  à  qqn  qui  ne  veut  pas  boire  après 
un  autre  :  Tu  as  danger  de  moi.  —  Dangeros-eus, 
adj.  —  Difficile,  qui  fait  des  difficultés,  sévère..  . 
CI  Ne  demoura  gaires  que  la  dame  empira  de 
car...   et  fu  dangereuse  de  viandes,  lors  aperçut 


DANGELEUX  -  DARÊE 


259 


qu'elle  fu  enchainte.  »  —  Dangier.  Faire  dangier 
de  qqn,  le  rebuter. 

Il  n'est  dame  ne  chastellaine 
Que  je  ne  tenisse  à  villaine 
S'elle  faisoit  de  lui  dangier.   (God.) 
Et.  —  Ainsi  Dangeler  vient  du  fr.  Danger,  pris 
au  sens  de  dégoût.  —  Ou  bien  :  avoir  de  l'inquié- 
tude au  sujet  de  qqn. 

Dangeleux  adj.  —  Pour  :  dangereux.  Cité 
par  Ménière  comme  usité  au  xvii"  s.  Je  n'en 
ai  pas  trouvé  trace.  Cf.  cependant  :  Dangeler. 

Danger  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Dégoût,  répul- 
sion. Il  Prendre  danger,  —  éprouver  du 
dégoût.  Syn.  de  Dangeler.  Cf.  Fâche. 

Hist.  —  <c  Combien  que  la  peste  y  fust  par  la 
plus  grande  part  des  maisons,  ils  entroient  par- 
tout, ravissoient  tout  ce  qu'estoit  dedans,  et 
jamais  nul  n'en  print  dangier.  »  (Rab.,  G.,  i,  27 
54.)  —  Il  «  Iras- tu  avec  y-eux  ?  —  Ben,  pas  de 
danger  (certes  non).  »  —  Même  sens  :  «  Aie  pas 
peur,  j'y-irai  pas,  j'ai  poin'envie  dé  m'iasser  pour 
ren.  »  By. 

Dangereux,  euse  (prou,  dangeureux)  (Mj., 
Lg.),  adj.  q.  —  Difficile,  dégoûté. 

Et.  —  B.  L.  Dangerium  «  Comme  iceulx  parti- 
culiers ayant  une  très  grande  et  dangereuse  cause  en 
nostre  parlement.  »  (1388.  D.  G.  —  Au  sens  fr.) 

Dangeureusement  (Mj.),  adv.  —  Dange- 
reusement. 

Daniel  (Lg.),  s.  m.  —  Petit  œillet  sauvage 
à  deux  fleurs  roses.  Syn.  de  Amourette. 

Danjon  (Mj.),  s.  m.  —  Lisière  de  glace  que 
la  Loire  laisse  attachée  à  ses  bords,  lors- 
qu'elle charrie  des  glaçons.  C'est  une  ban- 
quise, une  lisière  continue,  d'une  largeur  de 

I  à  2  m.  et  plus,  que  la  Loire  dépose  par  les 
grands  froids  le  long  de  ses  rives. 

Dans  (Mj.,  By.),prép. —  Dans  les,  —  environ, 
à  peu  près.  Ex.  :  Ils  sont  dans  les  vingt  à  trente. 

II  m'a  coûté  dans  les  25  pistoles.  ||  A  peu  près 
de,  —  Ex.  :  C'est  ein  homme  dans  voutre 
taille,  dans  voutre  mode.  ||  S'emploie  pour  : 
à,  dans  les  loc.  suivantes  et  autres  analogues  : 
Avoir  ses  sabots  dans  ses  pieds  ;  —  la  nanse 
du  pénier  était  passée  dans  son  bras. 

Hist.  —  «  N'avoir  pas  de  souliers  à  se  mettre 
dans  les  pieds.  »  R.  P.  G.  R.,  qq. 

Danse  —  «  Les  troupes  diverses,  joyeuse- 
ment, se  mêlèrent  et  dansèrent  un  branle  de 
Poitou  où  chacun  à  son  tour  récite  un  couplet 
et  va  se  placer  au  milieu  du  rond.  »  {Hist. 
du  vx  tps.  157.) 

Dansé  ée.  (Mj.),  adj.  q.  —  Les  femmes  gra- 
tifient volontiers  de  cette  épithète  les  per- 
sonnes ou  les  animaux  qu'elles  apostrophent 
avec  colère.  Ex.  :  Attends,  va,  mon  dansé 
mâtin  !  » 

Et.  —  Dansé  est  un  à  peu  près  pour  Damné, 
dont  l'emploi  est  regardé  comme  coupable,  le  mot, 
dans  l'esprit  des  commères,  constituant  un  blas- 
phème énorme.  V.  Dious,  Bleu,  etc. 

Danser  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Faire  danser  la 
malaisée,  —  battre,  rouer  de  coups  ;  infliger 
une  souffrance  qcque.  jj  Se  dit  en  parlant  de 
la  parturition. 


Dante  (Craon),  adj.  q.  —  Apaisé,  calmé. 
Ex.  :  Mon  cheval  est  dante  depuis  ce  jour-là. 

—  Du  fr.  Dompter? 

Daraine  (Lg.),  s.  f.  —  Bavarde,  javotte. 
Syn.  de  Bavasse,  Cacasse.  \\  Se  dit  d'une  poule 
qui  glousse.  V.  Darainer. 

Darainer  (Lg.),  v.  n.  —  Glousser,  caqueter. 
Syn.  de  Darasser.  \\  Fig.  —  Bavarder,  jacas- 
ser. 

Daras  (Sal.)  —  Bavard.  Syn.  de  Dagote. 

Darasser  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Glousser, 
caqueter,  claqueler,  comme  font  les  poules 
lorsque  qqch.  les  inquiète.  Syn.  de  Darainer. 

Et.  —  En  bret.  de  Vannes  :  Darascl,  grive.  — 
Simple  rapprochement.  —  Les  pies  darassent. 

Dard  (partout),  s.  m.  —  Sorte  de  poisson 
de  Loire,  très  commun  dans  la  Maine  et  ses 
affluents,  appelé  ailleurs  vandoise,  aux 
formes  sveltes,  aux  allures  vives  et  rapides, 
ainsi  nommé  parce  que,  à  la  moindre  alerte, 
il  file  comme  une  flèche  entre  deux  eaux.  || 
Sp.,  Lg.  —  Faux,  outil  pour  couper  l'herbe. 
Syn.  de  Dardine,  Darine,  Lamhardine.  N.  Les 
Angl.  emploient  dans  le  même  sens  :  Dart  ; 
The  Death's  dart  , —  la  faux  de  la  mort.  Le 
fr.  a  :  Dail,  faux.  Oublié  à  Mj. 

Et.  —  «  C'est  surtout  le  fer  de  la  faux.  Dalha 

—  dail,  daille,  dart.  —  «  Jehan  des  Ouches,  qui  por- 
tait un  dart  à  faucher,  appareillé  et  émolu  de  nou- 
vel (1398).  —  «  Deux  faulx  ou  dartz,  desquelx  les 
dessu  ditz  avoient  faulché  ladite  herbe  estant 
audit  pré.  »  (1481.  —  L.  C.)  —  «  C'est  un  poisson 
grand  comme  un  dar  de  Loyre.  »  (Rab.,  P.,  iv,  3.) 
■ —  «  La  mort  six  jours  après,  le  rencontrant  sans 
coingnée,  avec  son  dail  l'eust  fauché  et  cerclé 
de  ce  monde.  »  (Id..  ibid,  iv.  Prol.)  —  «  Pour 
cinq  douzaines  et  demie  de  dars  et  de  gardons 
et  pour  beurre  pour  les  frire,  7  s.  2  d.  (1403.  Inv. 
Arch.,  H.  suppL,  p.  30,  col.  1.)  —  Députalion  sur 
la  requête  des  fermiers  de  Bouchemaine,  pour 
mettre  le  prix  aux  dards,  suivant  la  coutume  de 
la  Poissonnerie.  »  (1695.  —  Id.  G.  p.  142,  col.  1.) 

Dardine  (Sp.),  s.  f.  —  Faux  à  faucher.  On 
dit  plus  souvent  :  darine.  Dimin.  de  Dard. 

N.  —  Dans  l'Indre  :  sardine,  nom  tiré  de  la 
forme  allongée  de  l'instrument,  qui  lui  donne  une 
sorte  de  ressemblance  avec  le  poisson  de  ce  nom. 
Cf.  la  sardine,  les  galons  des  caporaux  (Jaub.). 

Dardonne  (Sa.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'une 
vache  de  petite  espèce,  telle  que  les  vaches 
bretonnes. 

N.  —  Une  vache  dardonne,  ne  serait-ce  point  une 
vache  de  Redon. 

Dareau  (Hf.),  s.  m.  —  Tablier.  «  Je  prends 
mon  dareau  et  je  débouille  »  (et  je  m'en  vas). 
Cf.  Darne. 

Dârée  (Mj.,  Lg.,  Ag.,  Pell.),  s.  f.  —  Denrée. 
Il  Ne  pas  y  aller  à  la  petite  dârée,  —  ne  pas  y 
aller  à  pelils  frais,  ne  rien  ménager,  au  pr.  et 
au  fig.  —  On  dit  de  même  :  Ne  pas  y  aller  à  la 
petite  chipote.  Cf.  Nâtir.  ||  Un  paquet,  —  une 
dârée  de  choux,  de  feuilles  de  choux,  de 
piochons.  (By.) 

Et.  —  Hist  «  Denrée  ;  Berry,  darrée  ;  provenç. 
denairada  ;  esp.  dinerada  ;  ital.  derrata  ;  du  B.  L- 


260 


DARGNIER  -  DATER 


denariata,  la  valeur  d'un  denier.  Denrée  a  signifié 
primitivement  ce  qui  vaut  un  denier,  ce  qui  s'ac- 
quiert par  denier,  par  argent  :  «  S'il  sanglouttoyt' 
c'estoyent  denrées  de  cresson.  »  (Rab.,  P.,  iv, 
32.  —  LiTT.) 

—  «  Et  j'ay  bien  mengié  sept  denrées 
De  nouvel  miel  en  fresches  rées.  »  (Renart.) 
—  «  Et  donra  l'en  à  chascun  povre,  qui  y  sera, 
deux  deniers,  ou  deux  denrées  de  pain  (1319.  Tes- 
tament de  Jeanne  de  Bourgogne,  femme  du  roi  Phi- 
lippe-le-Grand.)  —  Denrées  de  pain,  de  vin,  de 
cire,  de  paste  (D.  G.).  —  "  Et  por  ce  qu'ele  veut  que 
li  povres  y  puist  aussi  bien  avenir  comme  li 
riches,  elle  me  dit  que  j'en  feisse  denrées  ;  car  teiz 
(tel)  a  1  denier  en  sa  borce,  qui  n'y  a  pas  v  livres.  » 
(RuTEBEUF,  le  diz  de  Verberie.)  —  «  Quiconque 
vend  chanvre  à  Bourges,  il  doibt  du  quarteron 
une  obole  parisis,  et  s'il  n'en  a  que  4  denrées,  il  ne 
doibt  rien,  et  en  sont  francs  tuitz  li  habitans  de 
Bourges.  »  {,Anc.  cont.  de  Bourges.) 

—  «  Lors  dit  le  queus  à  son  ribaut  : 

Compains,  or  voi-je  bien  de  plain 

Que  d'une  denrée  de  pain 

Souleroie  tous  mes  amis 

Je  n'en  ai  nul,  ce  m'est  avis, 

Ne  je  n'ai  en  nului  fiance 

Fors  en  la  roine  de  France.  » 
Chroniq.  de  Saint- M  agio  ire,  publiée   par  l'abbé 
Lebœuf,  t.  II,  p.  143.)  —  Citations  de  Lapaire. 

Dargnier  (Fu.,  Zig.  196,  Mj.),  adj.  q.  — 
Dernier,  [j  En  dargnier,  loc,  adv.  —  A  la  fin, 
finalement.  Ex.  :  En  dargnier,  il  ne  savait 
pus  que  dire.  V.  Damier. 

Darière  s.  m.  —  Pour  :  derrière. 

Et.  —  Hist.  De  de  +  rétro,  qui  a  subsisté  dans 
l'anc.  fr.  :  rière  (Litt.).  —  «  Devisant  avec  elle, 
luy  persuada  de  monter  darrière  lui  en  crouppe.  » 
(Rab.,  p.,  y,  7.) 

Darin  (Segr.),  s.  m.  —  Ventre.  L'enfant  a 
mal  à  son  darin.  (Mén.) 

Darine  (Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  Faux  à  faucher. 
Dim.  irr.  de  Dard.  Pour  Dardine.  Syn.  de  ces 
mots  et  de  Lambardine. 

Djîriner  (Sal.),  v.  n.  —  Faire  des  riens. 
Cf.  Dâronner. 

Dârinier  (Sal.),  s.  m.  —  Celui  qui  dârine. 
Dariole.   —   Gâteau   léger,   sorte   de   flan. 

(GOD.) 

Darnes,  f.  —  Le  même  que  Dale. 

Damier,  ière  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Dernier. 
Il  En  damier,  —  en  dernier  lieu,  finalement. 
V.  Dargnier. 

Et.  —  Hist.  «  Dernier  ;  derrenier.  dér.  de  l'a. 
fr.  derrain,  contract.  de  deerrain,  forme  eupho- 
nique de  dererain,  du  lat.  pop.  deretranum,  dér. 
de  rétro,  derrière  (tous  les  autres).  Dakm.  —  La 
CuRNE,  cite  31  manières  d'écrire  ce  mot.  —  Vx 
fr.  Darrenier. 

Darnièrement  (Mj.),  adv.  —  Dernière- 
ment. 

Daron  (Craon,  Ag.,  Bl.,  Bg.,  By.),  s.  m.  — 
Radoteur  ;  musard,  qui  se  met  en  retard,  qui 
n'avance  à  rien  ;  tatillon.  ||  Ti.,  Zig.  153.  — 
Adj.  q.  et  s.  m.  —  Lambin.  Syn.  de  Dâron- 
nier,  Lamhinier. 

Dâronner   (Q.,   Ag.,   Mj.,    By.),   v.   n.   — 


Lambiner,  s'attarder  en  chemin  ;  être  trop 
mintitieux  ;  musarder  ;  s'arrêter  dans  la  rue 
à  causer.  V.  Dâriner. 

Et.  —  On  propose  :  Taronner,  dér.  irr.  du  fr. 
Tard.  Cf.  Darine,  pour  Dardine.  —  Cf.  aussi 
Tarinier. 

Dâronnier  ère  (Mj.),  adj.  q.  —  Lambin. 
Doubl.  et  syn.  de  Tarinier.  V.  Dârinier. 

Dârre  (Lg.),  adv.  —  Derrière.  i|  Adj.  — 
De  derrière.  Ex.  :  Touche  les  bœufs  !  les  deux 
dârre  ils  ne  tirant  point.  —  Cf.  Derre. 

Darte,  Derte.  s.  f.  —  Dartre.  V.  Enderse. 
Et.  —  De  herpetem,  épenthèse  du  d.  Pron.  darte, 
(By.). 

Darue  (Sp.,  Sal.),  s.  f.  —  Animal  imaginaire 
dont  le  nom  sert  aux  loustics  pour  mystifier 
les  nigauds.  Quelque  jeune  domestique  de 
ferme  paraît-il  peu  déluré  et  suffisamment 
crédule,  les  jeunes  gens  de  la  maison  lui 
vantent  à  l'envi  les  charmes  d'une  chasse 
nocturne  à  la  Darue  et,  quand  ils  le  voient 
suffisamment  allumé,  ils  l'emmènent  quelque 
beau  soir  «  courre  la  Darue  ».  Il  s'agit,  en 
effet,  d'une  chasse  à  courre.  La  victime, 
munie  d'un  sac  (car  le  fin  du  fin  est  de 
prendre  l'animal  vivant),  est  postée,  avec 
injonction  de  n'en  point  bouger,  au  coin  de 
quelque  champ,  près  d'un  Pas,  ou  Rotte,  où 
la  bête  doit  évidemment  passer.  Les  autres 
font  quêter  les  chiens.  La  Darue,  ou  un  lièvre 
quelconque,  est  levée  dans  le  voisinage  ;  la 
chasse  fait  quelques  randonnées,  puis  s'éloigne 
et  les  malins  vont  se  coucher,  en  remettant 
au  lendemain  les  gorges-chaudes.  Cependant, 
le  malheureux  mystifié,  soutenu  par  une  foi 
robuste,  souvent  pendant  une  partie  de  la 
nuit,  guette  à  la  Rotte  la  Darue  qui  s'obstine  à 
ne  pas  venir.  Syn.  de  Dérue,  Dalut,  Couard, 
Tarin,  Bissêtre.  Y  aurait-il  du  rapport  avec 
le  Tarande  dont  parle  Rabelais  (Pant.,  iv, 
2,  359)?  Il  Sal.  —  Fantôme,  rien,  rêve  irréa- 
lisé. Prendre  la  darue,  —  ne  rien  prendre. 
Hist.  —  A  le  sens  de  fort  : 

«  Regarde  ;  est-ce  bien  fort  féru  ? 

Ne  say  vilain,  tant  soit  dam. 

Qui  n'en  fust  rompt.  »  (God.) 

Darn,  Darut  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Même  sens. 

K  Quin.  veins-tu  prande  le  daru  ?»  —  Même 
explication.  Le  correspondant  ajoute  :  «  D'autres, 
plus  intelligents,  aussitôt  seuls,  retournent  à  la 
maison  et  ceux  qui  croyaient  les  attraper  se 
trouvent  eux-mêmes  fort  attrapés  d'y  trouver  les 
premiers  rendus  avent  eux  et  de  voir  leur  ruse 
déjouée.  » 

Dater  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Se  comporter 
comme  une  personne  riche  ou  d'un  rani^ 
élevé.  Se  distinguer.  S'emploie  dans  la  loc.  : 
Dater  du  grand,  —  être  ou  sembler  ricli.'. 
hautain  ou  magnifique.  Se  dit  des  personms 
et  des  choses.  On  dit  parfois  simplement  : 
Dater.  |J  Avoir  de  l'importance,  de  l'appa- 
rence. Ex.  :  Vous  ne  parlez  pas  !  ein  château 
comme  il  s'en  fait  bâtir  ieun,  ça  date  !  »  Syn. 
de  Noter. 

Et.  —  Date  ;  du  plur.  data,  choses  données  (Litt) 


DAU  —  DÉBAGOULER 


261 


—  Data  (littera),  premier  mot  de  la  formule  qui 
indiquait  l'époque  où  un  acte  avait  été  rédigé.  — 
Dater,  faire  époque. 

Daii  (Lrm.).  —  Du.  —  Dau  pain,  dau  lait, 

—  du  pain,  du  lait.  V.  Dô. 

Daubanne  (Segr.),  s.  m.  —  Homme  débau- 
ché. (Mén.) 

Daube,  s.  f.  —  Recevoir  une  daube,  ou  une 
rossée.  (Mén.) 

Et.  —  1°  Ail.  Dubban,  frapper.  Cf.  Adouber 
(un  chevalier),  lui  donner  un  coup  en  l'armant. 
(LiTT.),  Darm.  nie  cette  origine;  Dealbare,  revêtir 
d'un  enduit  blanc,  crépir.  Le  passage  du  sens  de  : 
crépir,  à  celui  de  frapper  s'expliquerait  facilement 
par  la  façon  de  travailler  de  l'ouvrier  qui  crépit. 

Daubée  (By.).  V.  Dauhe. 

Daubier  (Mj.),  s.  m.  —  Boulot,  enfant  gras 
et  joufflu.  Ex.  :  Queu  grous  daubier  de 
quénau  ! 

Et.  —  Daubière,  terme  de  cuisine  ;  vase  dans 
lequel  on  cuit  une  daube  (Litt.)  ?  —  Syn.  de 
Lochon,  Maloquals,  Pape,  Pâté,  Tourteau. 

Daumoise  (Mj.),  s.  f.  —  Donzelle,  péro- 
nelle,  pécore. 

Et.  —  C'est  une  abréviation  du  vx  fr.  Damoi- 
selle,  avec  allongement  de  la  première  syllabe. 
Daumoise  est  donc  le  doublet  du  fr.  Donzelle  et 
Demoiselle.  —  Domnizelle  (x»),  Damiselle  (xi^). 
B.  L.  Dominicella. 

Davant  (Lg.),  s.  m.  —  Celui  qui  précède. 
Ex.  :  Il  allait  le  davant.  \\  Davant  de,  —  loc. 
prép.,  devant.  Ex.  :  Aile  était  assise  davant 
de  moi.  Syn.  et  doubl.  de  Devant. 

Davantiau  (Ti.,  Zig.  159),  s.  m.  —  Tablier. 
Syn.  et  d.  de  Devanleau.  \\  Manteau  ou  hotte 
de  cheminée,  bord  de  cette  hotte.  C'est  le 
doubl.  de  Devanteau,  pris  au  fig. 

D'da  (By.,  Zig.  183),  s.  m.  —  Dieu.  — 
Forme  hypocoristique  dans  les  jurons.  Ex.  : 
Save-vous  ben  que  le  nom  d'da  de  bounhomme 
i  n'est  point  c'mode  !  —  N.  A  Mj.  :  Nom  de 
delà.  V.  au  Glossaire. 

De  (  Mj .,  By .  ),  prép.  —  Marque  le  temps.  Ex.  : 
De  soir,  de  ressiée,  de  matinée,  — ce  soir,  dans 
l'après-midi,  dans  la  matinée.  ||  Sp.  —  De 
cul,  de  genoux,  —  sur  le  derrière,  à  genoux.  || 
Entre  dans  un  grand  nombre  de  loc,  pour 
marquer  la  relation  entre  le  verbe  et  l'ins- 
trument :  On  dit  :  Travailler  de  bras,  de  tête  ; 
aller  de  son  pied,  se  mettre  de  genoux.  — 
Mettons-nous  de  geneil.  N.  P.  —  A  Sa.,  Sp., 
Tlm.,  de  s'emploie  invariablement  et  illogi- 
quement dans  certaines  loc.  :  Je  sommes 
point  de  parents,  —  nous  ne  sommes  point 
parents.  —  J'en  ai  vendu  de  la  moitié,  —  la 
moitié.  Il  Redondant  :  de  de  chez.  —  Je  veins 
de  de  chez  li.  ||  Se  place  toujours  devant  les 
pron.  inlerrogat.  qui,  que,  quoi?  Ex.  :  De 
qui  est  ça?  De  quoi  que  tu  dis?  N.  On  pro- 
nonce dé  et  non  deu.  Ij  A  Mj.,  on  l'emploie 
toujours  devant  le  mot  :  besoin.  Ex.  :  En 
as-tu  de  besoin?  —  J'en  ai  point  de  besoin.  || 
Idiotismes  remarquables.  A  Mj.,  comme  à 
Tlm.,    on   l'emploie    toujours    après    savoir, 


suivi  de  Tinfinitif  :  Il  sait  de  lire  et  ^'écrire.  || 
Sp.,  Tlm.,  de  joint  toujours  le  nom  gars  au 
nom  de  famille  :  «  C'est  le  gars  de  Gazeau.  » 
Il  pourrait  sembler  d'abord  qu'il  n'y  ait  rien 
là  que  de  naturel  ;  mais  il  faut  observer  que 
l'on  dit  :  «  C'est  le  gars  de  Jules  Gazeau  »,  si 
le  fils  s'appelle  Jules,  alors  même  que  le 
père  aurait  nom  Mathurin.  ||  Depuis.  «  Il  est 
marié  de  la  semaine  dernière  ;  aile  est  enter- 
rée de  dimanche.  ||  Dans,  à.  —  II  est  ben 
affligé  des  yeux,  d'eine  main.  |l  De  bon,  pour 
de  bon,  sérieusement  ;  de  d'ià,  de  là  ;  de 
d'pis,  depuis  ;  de  juste,  comme  de  juste, 
comme  il  est  juste  ;  de  vrai,  vraiment  ;  de 
roule,  conduire  une  barrique  de  roule,  en  la 
faisant  rouler  ;  de  c't'heure,  à  cette  heure  ; 
rf'gui  dire  :  N'y  a  point  de  (à)  gui  dire  ;  de 
cul  et  de  bédée  ;  de  rire,  pour  de  rire,  non 
sérieusement.  |i  (Lg.)  Devant  de,  —  devant. 
Ex.  :  Il  marchait  devant  de  moi.  |  De,  dans 
l'expression  :  Tu  n'as  que  f/'aller,  n'est  nulle- 
ment une  addition  euphonique.  N'avoir  que 
de,  —  n'avoir  qu'à.  Ex.  :  Tu  n'avais  que  de 
faire  comme  éje  t'avais  dit.  ||  L'emploi  abu- 
sif de  de  est  fréquent.  De  matinée  (ce  matin)  ; 
de  moériennée  (ce  midi)  ;  de  ressiée  (ce  soir)  ;  à 
de  soir  (à  ce  soir')  ;  de  depuis,  dé  d'pis... 
huchqu'à...  ;  de  meshui  (désormais,  d'ores 
en  avant).  —  A  Feneu,  on  pron.  d'méshè  ;  à 
Neuville,  d'mesheu)  ;  d'avec  (d'accord  avec), 
etc.  —  «  rte  l'a  accrasé  d'sottises,  i'  y  a  ren 
resté  à  y-i  dire  ;  il  l'a  traité  de  d'pis  Patar 
huchqu'à  Amen.  »  —  De  rebours  (pron.  sou- 
vent dé  r'bou),  de  mauvaise  humeur,  misan- 
thrope). —  «  Dé  d'pis  Saint-Berthél'my 
huchqu'à  Terlazé,  par  au  vis-à-vis  de  Pigne- 
rolles,  on  en  fait-i  des  crochets  !  »  —  «  D'avant 
que  de  faire  quéque  chose,  faut  ben  se  gué- 
manter.  »  —  De  qui  c'est-i?  (qui  est-ce)?  — 
Dé  d'bon,  dé  bon  ;  pour  dé  d'bon  (vraiment, 
et  non  pour  rire).  By. 

Dé,  préfixe.  —  Soustraction  ou  apposi- 
tion ;  déboutonner  ;  ou,  au  contr.,  augmenta- 
tion, démarcher.  —  N.  Nous  n'avons  pas 
indiqué  une  centaine  de  mots  commençant 
par  ce  préfixe.  Chercher  le  mot  simple. 

Dé  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Doigt,  en  géné- 
ral. Il  Plus  spécialement  l'index.  Ex.  :  Mon- 
trer avec  le  dé,  prendre  avec  le  dé  et  le  pouce- 
N.  Cette  forme  a  vieilli,  même  dans  notre 
patois.  Toutefois,  elle  est  restée  en  fr.  dans  : 
Dé  à  coudre. 

Et.  —  Ane.  fr.  deel,  du  lat.  pop.  ditale  (pour  : 
digitale)  de  digitus,  doigt.  Aurait  dû  aboutir  à 
Deau  ;  s'est  confondu  avec  dé  à  jouer  au  xv«  s. 
(Darm.) 

Déauipionné  (Sal.).  —  Etre  déainpionné, 
se  mal  tenir.  Cf.  Ehampionné. 

Deau,  s.  m.  —  Doigt.  «  Nous  disons,  en 
Anjou  :  Deau,  pour  :  dé  »,  dit  Ménage,  ce  qui 
corrobore  l'étym.  ci-dessus. 

Débaîîouler  (By.),  v.  a.  —  Bavarder  de 
choses  inutiles  et  ennuyeuses  :  «  Que  va-t-i' 
côre  avoir  à  nous  débagouler?  (Il  y  a  du 
bagout  là-dedans.) 


262 


DÉBAILLER  —  DÉBÊTER 


Débâfller  (Lg.),  v.  a.  —  Se  dit  dans  : 
Débâiller  les  dents,  —  desserrer  les  dents, 
parler.  Syn.  de  Débâillonner. 

Ilébâillonner  (Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Ne  s'em- 
ploie que  dans  la  loc.  :  Ne  pas  débâillonner  les 
dents,  —  ne  pas  desserrer  les  dents,  ne  pas 
ouvrir  la  bouche  pour  parler,  ne  pas  souffler 
mot.  V.  Bâillonner.  Syn.  de  Débâiller. 

Débalancer  (By.),  v.  a.  —  Pour  Balancer, 
ou  :  se  Débalancer.  —  \".  Balancer. 

Déballer  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Décamper, 
détaler,  déguerpir,  vider  les  lieux.  —  Dé  -j- 
balle,  paquet.  Syn.  de  Décarrer. 

Déballeur  (Mj.),  s.  m.  —  Marchand  qui  va 
vendre  des  marchandises  démodées  sur  les 
places  publiques,  camelot. 

Débarbouiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Débrouil- 
ler. Ex.  :  «  Il  se  débarbouillera  s'il  peut.  »  N. 
Le  verbe  n'a  jamais  le  même  sens  qu'il  a  en 
fr.  —  V.  Débardouler,  Déboucharder,  Bar- 
bouiller. 

Débarbouillette  (Lg.),  s.  f.  —  Linge  dont 
on  se  sert  pour  se  débarbouiller.  Syn.  de 
Débardouloir. 


réf. 


Pour  :   Débar- 


Débardouiller  (se),  v. 
touiller  ;  se  dépêtrer. 

Débardouler  (Bl.,  Mj.),  v.  a.  —  Débar- 
bouiller. Cf.  Bardouler.  Syn.  de  Déboreer, 
Déboucharder,  Débernachouser.  j|  By.  —  \'a 
donc  te  débardouler,  mon  p'tit  gars.  Où  as-tu 
été  te  bardouler  comme  ça  ? 

Débardouloir  (By.)  pron.  loué),  s.  m.  — 
Linge  dont  on  se  sert  pour  se  débarbouiller, 
débarbouiloir.  Dér.  de  Débardouler.  Syn.  de 
Débarbouillette. 

Débargouler,  v.  a.  —  Laver  la  figure  ou  la 
goule  de  l'enfant.  V.  Débardouler. 

Débarrasse  (Lg.),  s.  f.  —  Débarras.  Ex.  : 
Il  est  parti?  Bonne  débarrasse  !  Syn.  de 
Décanche. 

Débarrassé  (By.),  part.  pas.  —  J'ai  sou- 
vent entendu  cette  exclamation  :  Sancte 
débarrassé  !  en  parlant  d'une  personne  gê- 
nante qui  se  décide  enfin  à  partir.  Cela  fait 
partie  des  Litanies  mondaines. 

Débas  (de)  (Ec).  —  On  dira  :  Ce  que  tu 
cherches  se  trouve  de  debas  (en  aval),  ou  en 
damont  (en  amont).  j|  Débas  (Mj.),  s.  m.  — 
Bas  d'une  côte,  vallon  profond,  pli  de  ter- 
rain. Ex.  :  Il  dériboulé  jusque  dans  le  débas. 
—  Leur  maison  est  tout  dans  ein  débas.  || 
Un  pré  dans  le  débas  (Li.,  Br.),  dans  la  partie 
basse,  au  pied  d'une  butte. 

Débâter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Enlever  la 
garniture  d'une  table,  ôter  le  couvert,  des- 
servir. V.  Bâter. 

Débattre  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  v.  n.  —  Emotter, 
casser  les  mottes.  Ex.  :  Ils  sont  à  débattre 
dans  leux  grande  ouche.  V.  Couvrâille.  \\  V. 
réf.  Se  débattre  que,  — ■■  affirmer  ou  nier  avec 


énergie  ;  répéter  ;  alléguer  avec  insistance  ;. 
protester.  Ex.  :  Il  a  ieu  beau  se  débattre  que 
c'était  pas  lui. 

Débauchenient  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Chan- 
gement du  temps  lorsqu'il  se  met  à  la  pluie. 
Ex.  :  S'il  veint  ein  débauchenient  de  temps,  on 
ne  sait  pas  quand  c'est  qu'on  pourra  faire  les 
semeries.  Dér.  de  se  Débaucher. 

Et.  —  Dé  +  bauche,  vx  mot  qui  a  le  sens  de  : 
lieu  de  travail,  atelier.  —  Orig.  inc.  —  Voir 
Débaucher. 

Débaucher  (Mj.,  Lg.),  v.  a. —  Faire  quitter 
à  un  ouvrier  son  travail  ou  son  patron.  || 
Fig.  —  Débaucher  le  temps,  —  mettre  le 
temps  à  la  pluie.  Ex.  :  Ceté  grand  vent-là  va 
débaucher  le  temps.  —  By. 

Et.  —  «  Bauche  est  un  vx  mot  qui  signifie  : 
boutique  ;  ital.,  botega  ;  grec,  apotheca,  Embau- 
cher, mettre  qqn  en  boutique  ;  débaucher,  tirer  qqn 
de  la  boutique  où  il  travaille,  le  détourner  de  son 
exercice  (Ménage).  —  «  Bauche,  en  Saintonge,  est 
une  tâche  ;  débaucher,  interrompre  une  tâche 
(N.-E.).  Mais,  dans  plusieurs  provinces,  au  con- 
traire, engager  dans  qq.  entreprise  : 
«  Granz  genz  aveuc  lui  se  débauchent. 
Droit  vers  Lille  en  Flandre  chevauchent.  »  (L.  C.) 

Debellois,  s.  m.  —  Dompté,  vaincu. 
(MÉx.) 

Et.  —  Débeller,  vaincre,  réduire  ;  de  ,  marque 
la  fin,  et  bellum,  guerre  (Litt.). 

Deberciller  (By.),  v.  n.  —  Le  même  que 
Berciller,  pron.  boerciller.  —  Sans  berciller,  ou 
sans  deberciller. 

Déberdancer  (By.),  v.  n.  —  Tomber  avec 
fracas.  De  Bredancer,  pron.  boerdancer, 
remuer  avec  bruit.  V.  Débricocher. 

Deberdelé  (Jm.,  Li.),  adj.  q.  —  Cassé. 

Déberloquer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Démanti- 
buler, disloquer.  Syn.  de  Décaguenasser, 
Déjerloquer,  Dénâler,  Déharnâcher,  Dénie/n- 
broler,  Dépatraquer.  —  Dér.  de  Berloque,  pour 
Breloque.  \\  Fu.  —  Déberloqué,  —  dégonté, 
démoli,  —  ou  mieux  :  disloqué. 

Débernachouser  (se)  (Ac).  —  Se  déber- 
nachouser la  goule,  —  se  la  laver.  V.  Ber- 
nache.  Syn.  de  Débardouler,  Déborer. 

Déberna ncer,  v.  n.  (Cz.).  —  Dégringoler 
avec  bruit,  p.  ex.,  une  pile  d'assiettes  tom- 
bant d'une  étagère. 

Déberner  (Lg.),  v.  a.  —  Nettoyer,  débar- 
rasser de  la  boue,  des  ordures.  N.  La  syll.  ber 
se  prononce  brève  et  fermée.  —  Ne  s'emploie 
pas  au  fig.  —  Dér.  de  Berner. 

Débernouser,  v.  a.  (Chpt.).  —  Débar- 
bouiller ;  surtout  en  parlant  d'un  enfant.  Cf. 
Breneux,  Brenoux.  V.  Débernachouser. 

Débesiller  (se),  v.  réf.  —  Prendre  un 
regard  assuré.  ||  Au  fig.,  se  déniaiser,  en  par- 
lant d'un  enfant.  —  Cf.  Ebesillé,  Besilloux. 

Débêter  (^Ij.),  v.  a.  —  Rendre  moins  bête^ 
raffiner.  On  dit  d'un  nigaud  :  Il  n'est  pas  tout 
dibêté.  —  Déniaiser,  dégourdir.  \'.  Débesiller, 


DÉBIFFÉ  —  DÉBOTTOIRE 


263 


Débiffé.  —  ffer.  —  Délustrer,  perdre  sa 
fraîcheur.  (Q.,  Br.,  Zig.  134.)  —  Chiffonner, 
décatir.  Syn.  de  Fôpir. 

Et.  —  Dé  +  biffer —  Mettre  en  mauvais  .état.  — 
Drap  débiffé.  (Froissard,  dans  Godef.,  suppl.) 

Débigoiser  (Sal.),  v.  a.  —  Cancaner. 

Débiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dévêtir, 
Contract.  de  Déshabiller.  Syn.  de  Déhaner, 
Déprêter. 

Et.  —  «  Détacher  (les  chevaux  de  hàlage  qui 
tirent  un  bateau).  Dé  +  bille  (morceau  de  bois 
où  s'attachent  les  cordes  du  hâlage).  —  Sens  dif- 
rent. 

Hist.  —  Desbillier,  v.  a.,  enlever,  en  parlant 
d'un  habit. 

—  Il  est  quitte  de  desbiller 

Son    habit,    il    est    bien    atout.    (God.) 

Se  dit  aussi  dans  la  Haute-Normandie,  vallée 
d'Hyères  et  pays  de  Bray. 

Débine  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Débauche,  dé- 
portement. Ex.  :  Quand  il  a  vu  ça,  il  s'est  mis 
dans  la  débine.  Syn.  de  Déhane,  Dévarine, 
Berdindaine. 

Et.  —  Rouchi  ou  Wallon  :  Biner,  fuir. 

Débiner,  v.  a.  —  Ruiner. 

Débiroter  (Lue).  —  Renverser,  v.  a.  et  n.  Se 
dit  d'une  voiture. 

Et.  —  Pour  :  Déviroter  (et  non  de  :  bis  +  rota). 

Débise  ou  Débisse  (TIm.),  s.  f.  —  Poire,  ou 
pomme  séchée  au  four,  pomme  tapée. 

Débite,  s.  f.  —  La  débite  du  timbre,  endroit 
où  l'on  débite  le  papier  timbré.  (Mén.) 

Déblâme,  s.  m.  (Mj.).  —  Excuse,  défaite, 
faux-fuyant,  justification.  Syn.  de  Dévise. 

Et.  —  Du  fr.  Blâme,  avec  le  préf.  Dé.  tJn 
déblâme,  c'est  ce  qui  empêche,  ce  qui  prévient  le 
blâme. 

Hist.  —  «  Ledit  duc  de  Bretagne  fist  dire  et 
proposer  ses  excusations  et  déblasmes  en  la  pré- 
sence dudit  M.  de  Bourgogne.  »  (1394).  —  Vienne, 
Deux-Sèvres,  Vendée.  «  Que  dira-t-eil  per  san 
déblâme  ?  »  (God.) 

Déble  (Vendée),  s.  m.  —  Diable.  Au 
xiii«  Deable. 

Débloyer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Décombrer. 
V.  Remblayer. 

N.  —  Desbléer,  desblaer,  debleer,  deblaer, 
desbloier,  debloier,  —  yer.  Récolter  les  blés,  mois- 
sonner. —  Sens  différent  -.  «  A  tenir,  exploiter, 
uffruictier,  débloyer  ledit  héritage  pour  ledit  pre- 
neur. »  (1388).  Emblaer  et  Desblaer  (1382)  God. 

Débogasser,  v.  a.  (By.).  —  Défaire  une 
bogasse  (pron.  boégasse).  L'anguille,  prise  à  la 
traînée,  s'entoure  souvent,  comme  d'une 
bogue,  de  la  ligne  qu'elle  enroule  et  emmêle 
autour  d'elle  avec  des  herbes  ;  ainsi  serrée, 
elle  est  morte  quand  on  lève  la  ligne  :  la  peau 
de  l'anguille  étant  visqueuse,  on  la  tire  assez 
facilement  de  la  bogasse,  qu'on  démêle  ensuite 
de  son  mieux.  V.  Rimer  su  cul.  Cf.  Dépecasser. 

Déboidrer  (débouée-dré)  (Mj.),  v.  n.  — 
Déborder  d'un  vase,  en  parlant  d'un  liquide  ; 
s'échapper  de  ses  enveloppes,  eu  parlant  du 


contenu    d'un    paquet,    d'un    panier,    d'une 
caisse,  etc. 

Et.  —  On  peut  voir  dans  ce  mot  une  corr.  du 
fr.  Déborder,  par  métathèse  du  d  et  de  l'r,  et 
allongement  de  l'o  en  la  dipht.  oi  .  —  Pour  moi 
j'inclinerai  plutôt  à  y  voir  une  corr.  anal,  de 
Débondrer. 

Déboiser  (dé-boué-zé)  (Mj.),  v.  a.  —  Man- 
ger, avaler.  Le  mot  ne  s'emploie  que  dans  le 
sens  ironique  ou  plaisant.  Ex.  :  Vous  n'avez 
que  de  illi  en  donner,  il  se  chargera  ben  de  les 
déboiser.  \\  Eplucher  les  arêtes  d'un  poisson, 
les  boises.  \\  Manger  goulûment  :  Il  a  bentout 
ieu  fait  de  déboiser  son  pot  de  rillots.  ||  Déboi- 
ser la  monnaie,  —  dépenser,  prodiguer 
l'argent.  ||  Fig.  —  Dissiper,  dilapider,  un  bien, 
un  héritage. 

Et.  —  Du  préf.  Dé,  et  du  pat.  Boise.  D'après 
son  étymol.,  ce  mot  ne  devrait  être  employé  qu'en 
parlant  du  poisson  ;  il  s'emploie  néanmoins  pour 
toute  espèce  de  victuailles. 

Débondée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Flot  qui 
débonde.  —  Se  dira  d'un  enfant  qui  fait  une 
selle  liquide  et  copieuse  :  En  velà  eine 
débondée  !  V.  Débondrée. 

Débondement,  s:  m.  —  Débordement  de 
l'eau  sortant  par  une  bonde.  (Mén.) 

Débonder  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  S'échapper, 
jaillir,  en  parlant  d'un  liquide.  ||  Lg.  —  Se 
débonder,  —  se  mettre  à  la  pluie,  en  parlant 
du  temps.  Syn.  de  se  Débaucher.  —  C'est  le 
mot  français. 

Débondrée  (Mj.),  s.  f.  —  Flot  qui  s'échappe, 
au  pp.  et  au  fig.  I|  Forte  évacuation  alvine. 
V.  Débondée. 

Débondrer  (Mj.),  v.  n. —  Sortira  flots,  au 
pr.  et  au  fig.  ;  s'épancher  brusquement. 
Dé  -)-  bonde.  Syn.  et  d.  de  Débonder. 

Débord  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Flux  de  ventre. 
Ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Etre  au  débord, 

—  avoir  la  foire  ;  elle  a  le  débord.  Syn.  Treûle, 
Courante,  Trop-chie,   Va-vite. 

Hist.  —  «  Ni  l'esbranler  des  vents  impétueux, 
Ni  le  debord  de  ce  dieu  tortueux 
Qui  tant  de  fois  t'a  couvert  de  son  onde.  » 

(J.  DU  Bellay.  —  Antiq.  de  Rome,  p.  244.) 

Déborer  (Lg.,  Som.),  v.  a.  —  Débarbouiller. 

—  Syn.  de  Débardouler,   Débernouser,   Déber- 
nachouser,  Débnucharder.  A  vieilli  au  Lg. 

Etym.  —  Dér.  de  Borer. 

Déborner  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Chercher  et 
marquer  les  bornes.  Ex.  :  Velà  les  faucheries 
qui  arrivent  ;  va  falloir  déborner  dans  les 
Vernettes. 

Hist.  «  IjBs  bourgeois  dudit  lieu  doivent  des- 
borner les  pasquiers,  les  chemins  et  les  communes 
(1346)    GoD. 

Débotter  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Débarrasser  de 
la  boue  qui  y  adhère,  des  chaussures,  une 
charrue  (à  la  gorge  et  au  versoir).  Syn.  de 
Dégouer,  Dégoûter. 

Débottoire  (Lg.),  s.  f.  — Petit  outil  de  bois 
ou  de  fer  avec  lequel  le  cultivateur  enlève  la 


264 


DÉBOTTURE  —  DÉBOUTINER 


terre  qui  adhère  à  sa  charrue.  —  Syn.   de 
Curette,  Dcgouet,  Dégouloire. 

Débotture  (Lg.),  s.  f.  —  Terre,  neige  qui 
adhérait  aux  chaussures  et  que  l'on  a  enlevée. 
Syn.  de  Galochée.  ||  Partie  inférieure  d'un 
tronc  d'arbre  que  l'on  enlève  à  la  scie.  Syn. 
de  Culée. 

Et.  —  V.  Déboîter. 

Déboucbarder  (Sp.,  My.,  Sa.),  v.  a.  — 
Débarbouiller.  V.  Bouchard.  Syn.  de  Débar- 
douler,  Dcbar^ouler,  Débernouser,  Déborer 
Une  jeune  fille  qui  a  des  dartres  farineuses 
reçoit  le  conseil  d'user  d'eau  de  Cologne  : 
«  Quand  je  me  déboucharde  avec  de  l'eau  de 
Cologne,  ça  me  cuit  encore  pus  dur  », 
dit-elle.  (Do.) 

Déboucbonner  (se),  v.  réf.  (Z.  118.).  —  Se 
mettre  à  pousser. 

Débonder  (Mj.,  By.,  Lg.),  v.  a.  —  Faire 
cesser  de  bouder.  Syn.  de  Débouquer,  Déra- 
ter, li  Se  débouder.  (By.) 

Dcboudiner  (Lg.),  v.  n.  —  V.  Débouliner, 
dont  ce  mot  est  une  forme  adoucie. 

Débouêdrer,  v.  n.  (Mj.,  Lg.).  —  Se  ré- 
pandre au  dehors  en  s'échappant  par-dessus 
les  bords  ou  à  travers  les  parois  d'un  vase, 
d'une  enveloppe.  Ex.  :  La  pâte  a  débouêdré  du 
paillon.  Syn.  de  Ebouêdrer.  Se  dit  aussi  d'une 
fusée. 

Débouéler  (Lg.),  v.  a.  —  Décheveler.  Syn. 
de  Ecréner.  Dér.  de  Ebouéler. 

Débouiller  (Lrm.),  v.  a.  — •  Mêler  en  dérou- 
lant ;  dérouler,  défaire  en  désordre  ;  tomber 
ou  faire  tomber  qqch.  de  haut  en  bas  avec 
désordre. 

Débouillir  (Lg.),  v.  a.  —  Faire  bouillir 
pendant  cinq  ou  six  heures  du  coton  pour  le 
préparer  à  prendre  la  teinture.  —  N.  Ce  n'est 
pas  tout  à  fait  le  sens  donné  par  Hatzfeld. 
Lang.  des  ouvriers  de  filature. 

Déboulctter  (Lg.,  Mj.),  v.  a.  —  Luxer, 
désarticuler,  démolir  une  articulation.  Ex.  : 
A  s'est  débouletté  la  cuisse.  i|  Syn.  de  Démou- 
letter,  Démolelter.  Dér.  de  Boulette. 

Et.  —  Boulet.  Eminence  arrondie  qui  forme 
chez  le  cheval  l'articulation  du  canon  avec  le 
paturon. 

Débouliner  (Auv.,  Sa.,  My.),  v.  n.  —  Dé- 
gringoler. Syn.  de  Déribouler,  Décrimbaler, 
Décrabasser,  Dégrôler,  Détribouler,  Tribouler, 
Décrôler.  V.  Bouliner.  C'est  tomber  en  rou- 
lant comme  une  boule. 

Déboulissage,  s.  m.  —  «  Opération  de  la 
première  gomme  mise  pour  les  fils  à  tisser 
pour  l'encollage,  ou  deuxième  gomme.  » 
(Mén.)  —  Débouillissage.  V.  Boulir. 

Débouquer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Rasséréner, 
remettre  de  bonne  humeur,  celui  qui  bou- 
dait, qui  faisait  le  bouc.  Syn.  de  Débouder, 
Dérater. 

Et.  —  Dér.  de  Bouc,  Bouquer. 


Débourder  (Li.,  Br.,),  v.  a.  —  Tirer  de  la 
boue.  —  Je  comprendrais  Débourber.  Ce- 
pendant, il  y  a  le  v.  Bourder,  s'arrêter.  Un 
enfant  qui  s'arrête,  hésite  en  récitant  sa 
leçon  :  bourde.  Débourder  s'exrilique  donc 
b  =:d. 

Débourner  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Enlever 

les  bornes  de.  ||  Rechercher  les  bornes  sépa- 
ratives.  Cf.  Bourne,  Déborner. 

Débourniger  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Débusquer, 
dénicher  ;  découvrir  ce  qui  est  caché  ou  dissi- 
mulé ;  aller  chercher  au  fond  d'une  cachette.  !| 
Lrm.  —  Prononc.  Débourgniger.  —  Faire 
sortir  d'une  cachette,  trouver  qqn  ou  qqch. 
dans  un  endroit  retiré.  Ex.  :  Débourgniger  un 
lièvre.  ||  Sal.  —  Découvrir  une  chose  enfon- 
cée, —  Débourniger  un  carnigeot.  [|  Fu.  — 
Mêmes  sens,  —  après  beaucoup  de  recherches. 
«  J'avons  débournigé  ein  lapin  sour  la 
mouche  de  fournilles.  »  Syn.  de  Démagasiner . 

Et.  —  Ce  mot  n'est  pas  un  dér.  de  Bourniger, 
mais  bien  de  Niger,  composé  avec  les  préf.  Dé 
et  Bour.  Ce  mot,  Niger,  est  une  corr.  du  fr.  Nicher. 
Quant  au  préf.  Bour,  ce  serait  le  lat.  Per. 

N.  —  Chose  curieuse,  notre  autre  verbe  iNiger 
(Nugari),  se  compose  lui  aussi  avec  ce  même  pré- 
fixe, Bour,  pour  former  un  verbe  :  Bourniger.  Il 
semble  que  ce  préf.  Bour,  qui  est  plutôt  un  aug- 
mentât, qu'un  péjorat,.  soit  pour  Ber,  du  lat.  Per. 
V.  à  ce  sujet,  Emhournider.  \\  Déhournicher  (By.) 

Débourrer  (partout),  v.  a.  —  Débarrasser 

de  ses  enveloppes,  découvrir.  ||  Démailloter 
—  Cf.  Embourrer,  dont  il  est  le  corrélatif, 
comme  Développer  et  Déballer  le  sont  de 
Envelopper  et  de  Emballer.  —  Du  fr. 
Bourre. 

Débourrichonner  v.  a.  et  réf.  —  Se  débour- 
richonner,  c'est  se  déniaiser,  sortir  de  la 
gaucherie,  de  l'enfance,  comme  le  papillon 
sort  de  l'enveloppe  qui  emprisonnait  la  chry- 
salide. V.  Débiter,  Débesiller. 

Débourrure-rrage,  s.  m.  (My.).  —  Façon 
des  vignes  à  une  grande  profondeur,  surtout 
au  bas  du  cep.  (Méx.) 

Debout,  adv.  (Sp.).  —  Fig.  —  Eine  parole 

debout,  —  parole- brève  et  rêche.  ||  Sa.,  By.  — 
Trouver  la  porte  debout,  —  trouver  la  porte 
fermée,  ou  :  visage  de  bois.  ||  Lg.  —  Parler 
debout,  —  parler  avec  maussaderie. 

Débouter  (Mj.),  v.  n.  —  Expulser,  sup- 
planter. —  N.  C'est  le  terme  de  jurispru- 
dence pris  dans  un  sens  spécial,  Bouter-de  ; 
jeter  hors  de.  ||  Lg.  —  V.  a.  —  Enlever  la 
terre  que  les  labours  amassent  à  la  longue  vers 
le  bout  des  champs,  afin  de  permettre  l'écou- 
lement des  eaux.  Cf.  Déboutter.  N.  Ceci  nous 
ramène  au  franc.  Bout  et  non  Butte.  Tant  il 
est  difficile  de  déterminer  les  étymol.  les  plus 
simples  en  apparence. 

Déboutiiier  (débouquiner)  (.Mj.),  v.  n.  — 
S'échapper  par  le  bout,  passer  par-dessus 
l'obstacle  qui  le  retenait.  Se  dit,  p.  ex.,  d'un 
peloton  de  fil  ou  de  laine,  d'un  bandage  de 
linge  dont  les  spires  se  développent.  —  Ex.  : 


DÊBOUTOUNER  —  DÉCABLER 


265 


Ma  fusée  est  toute  déboutinée.  Syn.  et  doubl. 
de  Déboudiner.  Cf.  Débouêdrer . 

Et.  —  Dé  +  bout  +  suff.  dimin.  iner.  ||  Débou- 
quiner, comme  Déboucher  ou  Débousquer.  C.  Port. 

Déboutouner  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  —  Débou- 
tonner. 

Déboutter  (Lg.),  v.  a.  —  Aplanir.  Syn.  de 
Aplangir.  Doubl.  de  Débutter.  Toutefois.  \'. 
Débouter. 

Debragué,  part.  pas.  (By.).  —  Dont  les 
vêtements  inférieurs  sont  mal  soutenus.  Reste 
du  temps  où  la  brague  (culotte)  était  à  bra- 
guette (à  pont).  Le  pantalon  à  pisseton  ne  date 
que  d'un  demi-siècle  et  on  voit  encore  de  ces 
culottes  à  pont.  En  Anjou,  le  pont  était 
large  et  maintenu  par  trois  boutons  et  il  arri- 
vait souvent  qu'un  bouton  de  coin  manquait 
ou  n'était  pas  boutonné  ;  d'où  :  debragué, 
lorsque  la  culotte  est  mal  boutonnée  ou  mal 
soutenue  à  la  ceinture.  —  Le  fr.  a  Débraillé. 

Débraguenasser  (Lg.),  v.  a.  —  Déculotter, 
ou  plutôt  :  ouvrir  la  braguette  d'une  culotte. 
Syn.  de  Ebraguenasser,  Débraguetter. 

Et.  —  Du  lat.  Bracca,  braie.  Provenç.  Braga. 

Débraguetter  (Mj.),  v.  a.  —  Déculotter.  |] 
Débrailler.  Cf.  Debragué,  Ebraguenassé.  — 
Débraguetté,  —  dont  la  braguette  est  ouverte. 
Par  ext.,  débraillé,  dépoitraillé,  dont  les 
vêtements  sont  en  désordre. 

Wébrandelle,  —  oire  (By.),  s.  f.  —  Balan- 
çoire, escarpolette. 

Débrandeller  (se),  v.  réf.  —  Se  balancer.  !| 
V.  a.  Faire  osciller  de  çà  et  de  là.  On  cite  ce 
couplet  (Ti.  Z.  150).  —  De  Brandir. 

—  «  Perrine,  viens-t'en  dîner. 

—  Je  m'débrandelle,  je  m'drbrandelle. 

—  Perrine,  viens-t'en  dîner. 

—  J'aime  mieux  me  débrandeller. 

Il  By.  —  Se  balancer  à  la  débrandelle. 

Débrandelouère  (By.,  Zig.  197),  s.  f.  — 
Balançoire. 

Dcbranlier  (Bi.),  v.  a.  et  réf.  —  Se  balan- 
cer.  (Mén.) 

Débrasser  (Segr.),  v.  a.  —  Se  découvrir  les 
bras  quand  on  est  au  lit.  (Mén.) 

Hist.  —  Desbrasser  (se).  Laisser  tomber  les  bras. 
«  A  l'une  foys  me  trouvent  descouverte 
Me  desbrassant  de  pleurs  toute  couverte.   « 

(GOD.) 

Débréger,    v.    u.    (Bri.).    —   Se    débattre. 

(MÉN.) 

Débréler  (Fu),  v.  p.  —  Défaire  un  vête- 
ment tenu  par  des  cordons.  Ne  s'emploie 
qu'au  passif.  —  J'sé  tôt  débrélé,  mes  vête- 
ments ne  tieiment  plus,  on  les  a  tiraillés.  Y. 
Bn'ler,  Débrêner. 

Débrêner  (Lg.),  v.  a.  —  Dénouer,  dépêtrer,^ 
démêler.  Syn.  de  Dénouquer,  Démoiler. 
Et.  —  M.  rac.  q.  Embrêner. 

Débricoclier  (Mj..  Sp.),  v.  n.  —  Echapper  à 
son  point  d'appui.  Syn.  de  Dériper^  ||  Dérâ- 


per. Il  Dégringoler.  S'échapper  brusquement 
et  tomber.  —  Syn.  et  d.  de  Déricocher.  Syn. 
de  Détribouler,  Déribouler,  DébouUner,  Dé- 
crimbaler,  Décrabaler,  Décrabasser,  Tribouler, 
Décrôler,  Déberdancer.. 

Débridagc,  s.  m.  —  En  battant  la  faulx,  on 
enlève  qqf.  des  esquilles  de  fer  ;  la  faulx  est 
alors  débridée.  (Mén.) 

Débridée  (Mj.),  s.  f.  —  Ce  que  l'on  paye 
pour  le  repas  d'un  cheval  à  l'hôtelier.  || 
Détour  où  le  vent,  resserré  par  un  obstacle, 
soufïle  avec  violence.  Ex.  :  Il  se  trouvait  à  la 
débridée  du  vent. 

Débrider  (Mj.),  v.  a.  —  Débrider  eine  gifle, 

—  lancer  une  gifle  à  la  volée.  Ex.  :  Il  te  illi 
débridé  eine  sacrée  maudit  beigne  !  ||  Déco- 
cher, détacher. 

Débrier  (Sp.,  Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Découvrir, 
ôter  l'enveloppe  de. 

Et.  —  Le  mot  est  un  composé  de  Abrier,  avec  le 
préf.  Dé,  ou  Dés  :  il  est  pour  Désabrier,  comme 
Débuter  est  pour  Déshabiller.  ||  Priver  d'abri  : 
Hist.  —  Nud,  ne  desabrié, 

Mort  de  faim  ou  de  soif, 

Ne  d'ostef  desbrié.  (God.) 

Débringué  (By.),  adj.  q.  —  Qui  a  une 
tournure  mauvaise,  négligée,  nonchalante.  — 
Aile  est  toute  débringuée,  —  elle  a  l'air  d'une 
grande  bringue  Cf.  Debragué. 

Débrouiller  (se),  v.  réf.  (Rf.).  —  S'en 
aller.  V.  Dareau. 

Début  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Xe  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Du  premier  début,  —  tout 
d'abord.  Ex.  :  Du  premier  début,  ça  n'était 
pas  grand'  chouse.  —  Le  début,  c'est,  au  jeu 
de  boules,  l'action  de  tirer  de  but,  du  lieu  où 
est  le  but  ;  de  là  le  sens  de  :  commencement. 

Débutée  (Mj.),  s.  f.  —  Prétexte  peu  admis- 
sible, échappatoire  ;  mauvaise  raison  :  bou- 
tade, caprice  ;  entreprise  déraisonnable,  in- 
vention. Il  Prétention  absurde,  projet  peu 
recommandable.  Ex.  :  En  velà  d'eine  débutée 
de  vouloir  s'en  aller  de  soir  par  un  temps 
pareil  ! 

Débuter,  v.  n.  —  ^lot  dont  se  servent  les 
enfants  dans  leurs  jeux. 

N.  —  «  Pour  savoir  qui  débutera,  c.-à-d.  qui  sera 
le  premier  à  jouer,  ce  qui  est  souvent  un  avantage, 
on  s'y  prend  de  différentes  manières.  En  voici  une. 
Deux  joueurs  se  mettent  en  face  à  quelque  dis- 
tance. Chacun  d'eux  pose  successivement  le  talon 
d'un  pied  à  l'extrémité  de  l'autre,  jusqu'à  ce  que 
les  pieds  des  deux  débutants  se  rencontrent.  A  ce 
moment,  celui  dont  le  pied  a  le  dessus  est  déclaré 
le  premier.  Il  est  le  prem'  à  débuter.  S'il  y  a  plus  de 
deux  joueurs,  ce  premier  recommence  avec  un 
troisième,  et  ainsi  de  suite  (P.  Eudel.  Vocabid. 
Biaisais). 

Débutter  (Mj.,  Spb.),  v.  a.  —  Aplanir, 
niveler,  dresser.  Svn.  de  Déboutter,  Aplangir. 

—  Dér.  du  fr.  BÙlte. 


Décâbler   (Lg.),   v.   a.   —   Débarrasser 
câble  qui  le  retient,  —  un  chargement. 


du 


266 


DÉCACHER  —  DÉCANILLER 


Décacher  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Décou- 
vrir. Ex.  :  Faudra  décacher  la  salade.  ||  V.  réf. 
Se  montrer.  Ex.  :  Le  soulé  ne  s'est  pas 
décaché  de  la  ressiée.  ||  Se  découvrir  les  bras 
ou  le  buste  dans  son  lit.  (By.)  V.  Débrasser. 

Hist.  —  Descacher,  v.  a.,  dévoiler. 

—  «  Car  je  ne  puis  son  mauvais  bruyt  cacher 

Si  seurement  qu'elle  ne  le  descache 

Comme  inconstant.  «  (Marot,  n,  165.  —  God.) 

Décade  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  adv.  :  En  décade,  —  dans  un  état  anor- 
mal. Ainsi,  on  dira  d'un  individu  qui  fait  la 
noce  pendant  qqs  jours,  qui  est  en  bombe  :  Il 
est  en  décade.  On  en  dira  autant  d'un  homme 
énervé,  exaspéré,  en  fureur,  qui  ne  se  connaît 
plu.. 

Et.  —  Cette  loc.  est  évidemment  un  souvenir  du 
Décadi  républicain  ;  mais  le  Décadi  lui-même  est 
parfaitement  oublié. 

Décadenancé  (Pell.),  adj.  q.  —  En  dé- 
sordre, débraillé  ;  originairement  :  Décade- 
nassé. V.  Cadenas.  Syn.  et  d.  de  Décague- 
nassé. 

Décadir  (Ti.,  Zig.  159),  v.  a.  —  Décatir. 
Syn.  de  Débiffer.  V.  Fôpir. 

Décaguenasser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  — 
Démantibuler,  disloquer,  démolir.  Ex.  :  Ton 
gilet  est  tout  décaguenassé.  —  La  chaire  est 
toute  décaguenassée.  Cf.  Déquenailler,  Digue- 
nailler.  —  Syn.  de  Déferloquer,  Déroquer, 
Déberloquer,  Dénâler,  Dénienibroler. 

Et.  —  Formé  du  préf.  Dé  et  du  pat.  Caguena,  fr. 
Cadenas  ;  lat.  Catena.  Le  sens  s'accorde  avec  celui 
de  l'original  lat.,  Chaîne,  lien. 

Décahiner  (Mj.),  v.  n.  —  Dégringoler. 

Et.  —  Cf.  Cahin,  dans  Cahin-caha  (qui  semble 
être  une  altération  des  mots  lat  :  quà  hinc,  quâ 
hac.   Daem.) 

Décahuter  (By.),  v.  a.  —  Faire  sortir  de. 
Syn.  de  Décaniger. 

Décalabrage  s.  m.  —  L'ouvrier  qui 
s'occupe  du  décalabrage  est  celui  qui  sur- 
veille les  excavations  susceptibles  de  se  déta- 
cher. (^lÉx.)  Dans  les  carrières. 

Décalabrer  (Ag.),  v.  a.  —  Renverser  avec 
des  leviers  des  blocs  d'ardoise. 

N.  —  «  Il  arrive  souvent  que  qqs  pierres  (des  car- 
rières d'ardoises)  se  délitent  naturellement  et 
peuvent,  avec  le  temps,  tomber  seules  ;  presque 
tous  les  mois  le  clerc  d'à-bas  (celui  qui  a  la  direction 
des  travaux  du  fond)  fait  reconnaître  les  flancs  du 
rocher,  depuis  le  haut  jusqu'au  fond.  Pour  cela, 
des  ouvriers,  s'attachant  au  bout  d'un  cordage  et 
munis  d'une  barre  de  fer,  sont  descendus  par  leurs 
camarades  le  long  du  rocher  souvent  incliné  et 
même  vertical,  sur  300  pieds  de  hauteur.  Ils  ren- 
versent avec  leurs  barres  tous  les  blocs  qui  n'ont 
pas  une  solidité  suffisante.  Cette  opération  s'ap- 
pelle décalabrer  (Annuaire  statistique  de  M.-et-L., 
1837,  p.  175), 

Décaler  (Mj.,  By.,  Ti.,  Zig.  159),  v.  a.  — 
S'emploie  dans  la  loc.  :  Décaler  des  yeux,  — 
ouvrir  de  grands  yeux,  faire  de  gros  yeux, 
regarder  avec  yeux  flamboyants,  irrités, 
lancer  des  regards  terribles.  V.  Déchausser. 


Et.  —  Ce  mot  doit  venir  de  Ecaler  ou  Echaler 
(les  noix),  les  dégarnir  de  l'écale,  forme  normanno- 
picarde  du  fr.  échale.  —  C'est  une  loc.  fig.,  usitée 
aussi  à  Sa.  —  Z.  153. 

Décalotter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Enlever 
la  calotte  de,  décoifTer.  ||  Enlever  le  faîte 
de.  Ex.  :  Le  vent  a  tout  décalotté  les  veil- 
loches.  Il  Lg.  Retourner  un  parapluie,  en  par- 
lant du  vent. 

Décampe,  s.  f.  (Mj.,  Lg.).  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Prendre  sa  décampe,  — 
prendre  la  fuite,  décamper.  Ex.  :  Aile  a  pris 
sa  décampe  à  s'en  aller.  On  dit  aussi  par 
confusion  :  Prendre  sa  décanche,  ou  :  prendre 
Jean  des  Loges.  i|  Tournure,  allure.  Syn.  de 
Dégaine. 

Décamper,  (Lg.),  v.  n.  —  Avoir  une  tour- 
nure, une  allure.  —  Il  décampe  ben  mal,  — 
il  a  bien  mauvaise  tournure.  —  Syn.  de 
Dégoter. 

Décanche  (Mj.),  s.  f.  —  Débarras.  Ex.  : 
Qu'il  aille  ;  bonne  décanche  f  Syn.  de  Débar- 
rasse. Il  Allure,  tournure,  dégaine.  Ex.  :  II  a 
eine  vilaine  décanche.  (Q.  Z.  134.)  ||  Prendre 
sa  décanche,  —  escamper,  s'enfuir,  se  hâter. 
Syn.  de  Décampe. 

Décancher  (Mj.,  Lg.,  Do.,  Lue,  Z.  150,  By.), 
v.  a.  —  Débarrasser,  dégager,  dépêtrer.  Ex.  : 
Donnez  m' donc  une  purgation  pour  me 
décancher,  —  pour  me  dégager  les  intestins.  || 
By.  Id.  —  Il  m'a  îdé  (aidé)  à  me  décancher.  || 
Aller  vite  en  besogne,  et  aussi,  comme  on 
vient  de  le  voir,  déboucher,  désobstruer.  || 
Il  V.  réf.  Se  débarrasser,  se  dépêtrer.  ||  Se 
hâter,  se  diligenter.  ||  Faire  déguerpir  ;  délo- 
ger, débusquer.  Syn.  de  Décaniger,  avec 
lequel  il  semble  qu'il  y  a  eu  qq.  confusion. 
Ex.  :  Je  te  vas  décancher  de  delà.  ||  Faire 
filer.  Ex.  :  Je  te  vas  décancher  à  l'école.  || 
V.  réf.  Filer,  s'en  aller  vivement,  se  hâter. 
Ex.  :  Faut  que  je  me  décanche  à  m'en  aller.  — 
Décanche-toi  à  râger  ceté  couet  de  lin-là.  — 
Cf.  Encancher. 

Et.  —  Jatjb.  cite  Canche,  mare.  Cf.  Conche.  Ce 
mot  signifierait  donc  :  Dégager  d'une  canche? 

Décanicher  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  déguerpir, 
faire  sortir  qqn  d'une  cachette  où  il  était 
blotti,  —  d'un  nid,  d'un  terrier,  d'un  retrait 
qcque.  Déloger,  débusquer.  Syn.  de  Décan- 
cher, Décahuter.  ||  V.  n.  et  réf.  —  Déguerpir, 
sortir  d'une  cachette.  —  Cf.  Se  Canicher.  Syn. 
de  s' Evernâiller . 

Et.  —  LiTTRÉ  cite  Décaniller.  —  «  S'arracner 
avec  regret  de  son  lit  ou  d'un  lieu  de  paresse  : 
Attends,  je  vas  te  décaniller  tout  à  l'heure,  i 
Orain. 

Décaniger  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Voir  le  précé- 
dent. 

Et.  —  Du  préf.  Dé,  et  d'un  s.  Ganige,  inus.,  qui  a 
donné  le  dimin.  Canigeot. 

Décaniller  (Mj.),  v.  n.  —  Décliner.  Ex.  : 
Ils  ont  été  ben  riches,  mais  c'a  toujours  été 
en  décanillant,  dans  ceté  famille-là.  On  dit 
aussi  Déqueniller.  Syn.  de  Dévai'ier.  \\  Z.  145. 


DÉCAPELER  —  DÉCHEYER 


267 


—  Sortir  du  lit,  de  la  chambre,  d'une  cache.  || 
Décantiller.  (By.)  ||/  Sar.,  Do.  —  V.  a.  — 
Gorr.  de  Décanicher,  —  faire  lever  de  son  lit. 
Syn.  de  :  se  Décancher. 

Et.  —  «  S'en  aller  malgré  soi,  avec  qqs  rebuf- 
fades (LiTT.).  —  De  caner  ?  =  Se  rattache  p.  ê.  à 
canis,  chien.  Cf.  le  pat.  de  la  Creuse  :  se  deicho- 
nilla,  se  déprendre  et  s'enfuir,  en  parlant  d'un 
chien  et  d'une  chienne  accouplés  (Darm.) 

Décapeler  (Mj.),  v.  a.  —  Dérouler  une 
corde  qui  était  enroulée  sur  un  marmouset, 
un  guinegau,  etc.  ||  Bj^  Id.  Sur  un  inannoûl, 
un  guindâs  (pr.  guindeau). 

Et.  —  Oter  de  la  tête  d'un  mât  ou  du  bout  d'une 
vergue  tous  les  cordages  qu'on  y  avait  capelés.  De 
Capel,  pour  Chapel,  ou  chapeau. 

Décaper  (Lg.),  v.  a.  —  Enlever  toute  la 
couche  superficielle  de,  un  terrain. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.,  pris  dans  un  sens  spécial, 
qui  doit  être  le  sens  primitif. 

Décapiter  (se)  (Sp.,  Mj.,  Lg.),  v.  réf.  — • 
Entrer  dans  une  violente  colère,  bouillir 
d'impatience  ou  de  dépit,  être  exaspéré. 
Ex.  :  Vous  crayez  tout  de  même  que  n'y  a 
pas  de  quoi  se  décapiter?  ||  Lg.,  v.  a.  —  Exas- 
pérer, mettre  hors  de  soi.  Ex.  :  Ça  me  déca- 
pite, quand  je  vois  ça. 

Et.  —  Simple  jeu  de  mots  entre  :  se  dépiter  et 
décapiter.  Ce  dernier,  quoique  peu  usité,  n'est  pas 
un  inconnu  pour  les  patoisants. 

Décarcassé  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Dépoi- 
traillé. Il  Syn.  de  Ebaveretté,  ÉhalvrettL 

Décarcasser  (By.),  v.  a.  —  Déchirer  les 
vêtements  dans  une  batterie  ;  faire  voir  sa 
carcasse.  (Mén.) 

Décarrer  (Sp.,  Lg.,  Mj.),  v.  n.  —  Détaler, 
s'enfuir.  Syn.  de  Déballer. 

Et.  —  LiTT.  renvoie  à  se  Carrer.  —  Daem. 
explique  :  se  carrer,  par  :  développer  toute  sa  car- 
rure. 

Décarrir  v.  a.  —  Vendre  un  coin  de  terre 
qui  modifie  la  forme  régulière,  carrée  d'une 
propriété.  —  Cf.  le  fr.  Equarrir. 

Décati  (Craon,  By.),  adj.  q.  —  Usé  ; 
aiïaibli.  Etre  ben  décati,  être  bien  affaibli  par 
l'âge  ou  la  maladie.  —  Cati. 

Et.  —  Catir,  ou  :  vx.  fr.  Qualir,  du  lat.  pop.* 
Coactire,  tiré  de  Coactus,  de  Cogère,  presser. 
Presser  (le  drap,  les  étoffes  de  laine)  pour  donner 
de  la  fermeté  et  du  lustre.  Une  étoffe  catie.  (Dar.m.) 
Donc,  décatie,  qui  a  perdu  sa  fermeté  et  son  lustre, 
par  un  long  usage. 

De  c(e)  que  (By.).  —  Tellement.  Ex.  : 
J'pouvions  pus  grouler  de  c'que  j'étions  las. 

Décesser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Cesser. 
Ex.  :  Il  a  mouillé  trois  jours  sans  décesser, 
sans  désemparer.  Syn.  de  Retentir,  Relâcher, 
Arrêter.  Locut.  :  I  n' décesse  point  de....  — 
Gros  barbarisme. 

Déchafauder  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Défaire 
un  échafaudage.  —  Cf.  Chafauder.  \\  By.  — 
Déchauffauder. 

Décliafrer  (Lue,  Bl.,  Segr.),  v.  a.  —  Déchi- 


rer, déchiqueter.  Syn.  de  Dessajrer,  Essafrer.  \\ 
By.  Déchâfrer.  ||  Ti.,  Zig.  159.  —  V.  a.  Dévo- 
rer à  belles  dents.  Ex.  :  Les  quéniaux  ils 
déchâfrent  de  bons  calots  de  pain.  —  Qqs-uns 
l'écrivent  avec  deux  fî. 

N.  —  «  Chaffrer,  détériorer.  Chaffré  se  dit  de  qqn 
dont  le  corps  ou  les  vêtements  sont  délabrés.  On 
trouve  dans  Trévoux  :  chafTourer,  défigurer,  bar- 
bouiller. »  (Jaub.)  Cf.  Dessajrer. 

Déchance  (Mj.),  s.  f.  —  Malchance,  dé- 
veine. Syn.  de  Maledringue,  Malette. 

Déchancer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Démunir 
d'une  espèce  de  plantes  ou  d'animaux.  Syn. 
de  Désoriner.  Cf.  Chancer,  Chance.  N.  Malgré 
leur  grande  ressemblance  de  forme  et  de  sens, 
Déchancer  et  Dégeancer  ne  paraissent  pas 
être  le  même  verbe  ;  le  premier  se  dit  en 
bonne  part  et  le  deuxième  seulement  en 
mauvaise  part. 

Décliargée  (Lg.),  part.  pas.  —  Qui  a  mis 
bas,  qui  a  vêlé.  Syn.  de  Vâlée,  Vélée,  Renou- 
velée. 

Et.  —  P.-ê.  de  Ghevance,  de  chevir  (capire, 
prendre)  être  maître,  disposer  de.  Déchevancer. 

Décharger  (Lg.)^  v.  n.  —  Mettre  bas,  vêler. 
Syn.  de  Faire.  Vâler.  \\  Lg  —  V.  a.  —  Faire 
vêler.  Ex.  :  Venez  donc  bé  vite  décharger  ine 
vache  à  la  Petitière. 

Déchargeure  (Lg.).  s  f  —  Mise  bas- 
vêlage  Ex  :  Nout  vache  avait  ben  du  lait  à 
la  déchargeure.  Syn.  de  Vêlure.  Vâlure.  N. 
Prononcez  :  décharjure. 

Décharrayer  (Mj.).  v.  n.  —  Cartayer, 
quitter  les  ornières,  en  parlant  d'une  char- 
rette. V.  Charrayer. 

Déchausser  (Mj.)  v.  a.  —  Fig.  Ecarquiller. 
Déchausser  des  yeux  ;  —  faire  les  gros  yeux, 
ou  regarder  fixement  d'un  air  eiîronté  ou 
hostile.  Ex.  :  Il  m'a  déchaussé  eine  paire  de 
zyeux  !  Syn.  de  Décaler. 

Déchaux  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Ados  formé 
entre  deux  rangs  de  vigne  par  la  terre  enlevée 
au  pied  des  ceps  en  les  déchaussant  ou  déco- 
tant. 

Et.. —  Par  ext.  de  Enlever  la  chaussure. 

Dèche  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Tare  héréditaire, 
maladie  congénitale  ;  atteinte,  reste  d'une 
maladie.  Ex.  :  II  a  eine  dècfie  de  sa  mère.  !| 
Ruine  ;  pauvreté,  jj  Rester  en  dèche,  —  ne 
pouvoir  payer.  ||  Battre  la  dèche,  —  décliner, 
sentir  la  misère,  la  déchéance. 

Et.  —  P.-ê.  Déchoir,  ce  qui  tombe,  se  perd.  — 
Syn.  de  Relique,  au  l*'  sens.  Breton,  Deiche  ou 
Teiche,  défaut. 

Déchet  (^Ij.),  s.  m.  —  Cité  pour  la  pro- 
nonc.  Le  premier  e  est  absolument  nul  et  le 
mot  n'a  qu'une  syllabe.  Cf.  Péché.  I|  By.  — 
Déchet. 

Déchéveiller  (Lg.),  v.  a.  —  Décheviller. 
Syn.  et  doubl.  de  Déchuiller.  Ex.  :  Noutre 
goret  s'est  déchéveillé.  —  Syn.  de  Déclaveler. 

Décheycr  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —   Donner  du 


268 


DÊGHIASSER  —  DÉCOSSISSAGE 


déchet,  perdre.  Au  fut.  :  Ça  se  décherra,  pour  : 
ça  se  décheyera. 

Et.  —  Doublet  ou  forme  inchoative  du  v.  Dé- 
choir. 

Déchiasser  (AIL),  v.  a.  —  V.  Chiasser. 

Décllifarner  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  dispa- 
raître l'enchifrènement.  Cf.  Enchifamer. 

Déchintrer,  v.  a.  —  Défaire  une  chintre, 
cheintre,  chaintre. 

Déchiqueter  (Sp.),  v.  a.  —  Débiner,  déni- 
grer, décrier,  chercher  à  discréditer  par  des 
propos  malveillants.  —  N.  Le  mot  ne  s'em- 
ploie pas  dans  son  sens  propre  ;  mais  quelle 
énergique  image  dans  cette  acception  figu- 
rée ! 

Et.  —  Dé,  au  sens  augmentatif,  et  Chiqueter, 
qui  veut  dire  :  découper  en  petites  dents. 

Déchiré  (Mj.,  Lg.),  part.  pas.  —  Pas  trop 
déchirée,  —  assez  jolie,  assez  présentable.  Se 
dit  d'une  jeune  fille.  Virgile  disait  de  même  : 
Non  sum  adeo  informis. 

Et.  —  Mot  hybride  ;  dé  +  aha,  skerran,  même 
sens. 

Déchire tte  (Lg.),  s.  f.  —  Déchirure,  accroc. 

Déchiiiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Oter  les 
chevilles  de.  Cf.  Chuiïler.  Mauvaise  prononc. 
de  Cheville.  Syn.  et  d.  de  Déchéveiller. 

Et.  —  Lat.  clavicula.  Syn.  de  Déchéveiller.  Pron. 
Déchui-ller. 


Deci  (Mj.),  adv. 
deci  et  delà. 


Deçà.  Ex.  :  Il  allait 


Décidé  (Mj.),  s.  m.  —  Débat,  discussion. 
Ex.  :  Ils  en  ont  fait  ein  grand  décidé.  Syn.  de 
Décis,  Déjail,  Délibéré,  Chapitre. 

Et.  —  De  +  cœdere,  couper.  De  l'idée  de  tran- 
cher on  passe  à  celle  de  décider  :  une  décision  étant 
ce  qui  tranche  une  question. 

Décidément,  s.  m.  —  Consentement.  Ex.  : 
Il  faut  aller  chercher  son  décidément.  (Mén.) 
Syn.  de  Hait,  Assent. 

Décis  (Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Délibération, 
débat,  discussion  ;  conférence,  commentaire  ; 
conversation  au  sujet  de  qqn  ou  de  qqch. 
Ex.  :  Ils  en  ont  fait  tout  ein  décis  ;  —  ils 
étaient  d'ein  grand  décis.  —  On  dit  aussi  : 
tout  ein  décidé,  tout  ein  délibéré.  Autres  syn.  : 
Raffut,  Pot-pourri,  Chapitre.  ||  Mj.,  By.  —  En 
décis,  —  indécis,  dans  l'indécision,  hésitant  ; 
en  discussion  avec  un  autre  ou  avec  soi- 
même.  Syn.  de  Nême.  Ex.  :  Je  se  en  décis  de 
vendre  ma  taure.  —  N.  Cette  locut.,  très 
usitée,  est  remarquable. 

Et.  —  «  Participe  fait  sur  Decisum.  Pris  substan- 
tivement. «  J'approuve  sans  aucun  doubte  et  fais 
profession  de  tout  ce  qui  a  esté  décis,  déterminé  et 
déclaré  par  les  saints  canons  et  conciles  sénéraux.  » 
(L.  C.) 

Déclairer  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Déclarer. 

Déclarer  (Sp.),  v.  a.  —  Déclarer  quarante. 
V.  ce  mot.  Il  V.  réf.  Se  manifester,  apparaître. 
—  Ex.  :  Les  lames  vont  bentout  se  déclarer. 

Et.  — ^  Ane.  forme  :  Déclairer,  rendre  clair. 


Déc/aveler  (Lg.),  v.  a.  —  Enlever  les  clous 
du  groiu  d'un  porc.  Y.  Claveler.  Syn.  de 
Déchuiller,  Déchéveiller. 

Déclouter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Déclouer. 

Décœur  (Mj.),  s.  m.  —  Dégoût,  répu- 
gnance physique  ou  morale.  ||  Prendre  à 
décœur,  —  prendre  en  aversion. 

Et.  —  Préf.  dé  -\-  cœur.  Toute  affection  est 
censée  résider  dans  le  cœur.  ||  «  Chose  qui  lui  estoit 
fort  à  des-cœur  »,  —  à  contre-cœur  (God.) 

Décœurable  (Mj.),  adj.  q.  —  Ecœurant, 
dégoûtant.  Dér.  de  Décœur.  Syn.  de  Ecœur- 
dant. 

Décoin  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Coin,  angle, 
détour.  Il  Recoin.  N.  Décoin  se  dit  surtout 
d'un  angle  saillant  et  Racoin  d'un  angle 
rentrant. 

Décomposé  (Sp.),  part.  pas.  —  S.  m.  Acide 
chlorydrique  neutralisé  en  partie  par  le  zinc, 
dont  les  chaudronniers  se  servent  pour  déca- 
per les  surfaces  à  souder. 

Déconfesser  (Mj.,  Sp.,  By.),  v.  n.  —  S'em- 
ploie dans  la  loc.  :  Faire  déconfesser,  —  faire 
damner.  ||  Scandaliser. 

Hist.  —  «  Mais  dites-moi,  qui  n'a  ne  prestre,  ne 

llautrui, 
S'il  meurt  desconfesses  qeus  conrois  iert  de  lui  ! 

(GoD.) 

Déconforter  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Oter  le 
confort,  le  courage. 

Hist.  —  «  Ne  croyez  que  plus  pitoyable  fut  le 
déconfort  des  Lacédémoniens,  quand...  (Rab.. 
P.,  ni,  48,  323.) 

Déconnaissable  (Mj.,  By.),  adj.  q.  — 
Méconnaissable. 

Et.  —  Dér.  d'un  v.  Déconnaître,  inus.,  d'où 
vient  également  Déconnu. 

Déconnu  (Mj.,  Sa.),  adj.  q.  —  Prononc. 
dec-nu.  Désorienté.  Ex.  :  A  va  se  trouver 
bien  déconnue  dans  ceté  grande  maison-là.  V. 
Déconnaissable. 

Déconvenue  (partout),  s.  f.  —  Défaite, 
prétexte.  Ex.  :  De  déconvenue,  j'ai  demandé 
eine  vache  à  acheter.  —  Faux-fuyant, 
échappatoire. 

N.  —  Le  mot  ne  s'emploie  pas  dans  le  sens  du  fr. 

Et.  —  Ce  qui  ne  convient  pas  ;  mauvaise  aven- 
ture. 

Hist.  —  L'achison  vous  doy-je  bien  dire, 
La  cause  est  la  desconvenue 
Par  quoy  a  vous  m'en  suis  venue.  (God.) 

Décoquiller,  v.  a.  —  Décoquiller  une 
lettre,  p.  ex.,  c'est  enlever  l'enveloppe,  tout 
objet  qui  emlDOurre. 

Décossir  (Mj.),  v.  a.  —  Décrasser. 

Et.  —  Probablement  pour  Décassir,  formé  de 

Casse,   Cosse,  Encossir. 

Décossirie  (Mj.),  s.  f.  —  Décrassement,  les- 
sive soignée.  Ex.  :  J'avais  fait  eine  fameuse 
décossirie.  Syn.  da  Décossissage,  Décrassage. 

Décossissage  (^Ij.),  s.  m.  • — •  Décrassage. 
Syn.  de  Décossirie.  Dér.  de  Décossir. 


DÉCOTER  -  DÉCROCHETER 


269 


Décoter  (Mj.,  Lg.,  Sal.,  By.),  v.  n.  — 
Quitter  la  place.  Ce  v.  est  toujours  précédé 
de  la  prépos.  sans  :  Sans  décoter,  —  sans 
désemparer.  Ex.  :  Il  a  travaillé  toute  la 
ressiée  sans  décoter.  \\  V.  a.  Faire  quitter  la 
place.  Il  Ramener  avec  le  pic  la  terre  qui  est 
au  pied  des  ceps  sur  le  milieu  du  Déchaux. 
Syn.  de  Déchausser.  ||  A  Segré,  prendre  la 
place  de  qqn.  (Mén.)  Syn.  de  Dégoter. 

Et.  —  Selon  R.  0.,  ce  v.  est  formé  du  préf.  Dé  et 
du  nom  Ecot,  société  de  buveurs.  Logiquement  il 
ne  devrait  s'employer  que  dans  cette  loc.  très 
usuelle  :  Ils  ont  bu  six  heures  d'affilée  sans  décoter. 
L'usage  lui  a  donné  une  signification  plus  générale. 
Le  fr.  Dégoter  est  une  forme  adoucie  de  ce  mot.  — 
J'y  verrais  la  même  rac.  que  dans  Accoter  ;  enlever 
l'appui,  le  soutien,  l'obstacle,  d'où:  faire  déguerpir, 
partir.  —  «  Ce  maudit  gars  ne  décote  pas  d'être  en 
malice,  et  je  ne  sais  qui  serait  capable  de  le  gou- 
verner. »  (G.  Sand.  Les  Maîtres  sonneurs.  — 
Jaubert.) 

Découasser  (Ec,  Li.,  Br.,  By.,  Q.,  Lg.), 
V.  a.  —  Le  contraire  de  Accouasser  ;  empê- 
cher de  couver.  V.  Découer,  Décrosser. 

Et.  —  Dé  +  couv  +  asser.  —  «  Pour  découasser 
une  poule,  on  la  plonge  dans  l'eau.  »  (Lap.).  ||  By. 
—  Pour  découasser  eine  poule,  y  a  pas  qu'ein 
moyen,  mais  l'meilleux,  c'est  côre  de  y-i  tremper 
la  ponnoire  (ponnouére)  dans  l'eau. 

Découcher  (Mj.),  v.  a.  —  Desserrer,  un 
jiressoir.  V.  Coucher. 

Découdu  (Lg.),  part.  pas.  —  Décousu. 

Découer  (Mj.  Lg.),  v.  a.  —  Faire  passer 
l'envie  de  couver  à  une  poule.  Syn.  de 
Décrosser,  Découasser.  Pour  Dé-couv-er.  || 
V.  réf.  —  Se  découer,  — ■  cesser  de  couver, 
quitter  ses  œufs,  en  parlant  d'une  poule 
couveuse. 

Et.  —  Dér.  de  Couer.  C'est  le  pendant  de 
s' Acouer.  Cf.  Découasser.  —  Jaub. 

Découleurer,  Découlorer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  — 
Décolorer. 

N.  —  Descolorable.  —  Discolor,  descoulorable. 
(Petit  vocabulaire  français  du  xin«  siècle).  Decou- 
lourables,  descoulourable  .(GoD.) 

Découliner  (Trél.,  Bg.,  Mj.,  By.),  v.  n.  — 
Découler.  ||  Glisser  sur  une  pente.  Glisser  sur 
le  derrière,  en  hiver,  sur  la  glace.  Jeu  d'en- 
fants. Il  Tomber  goutte  à  goutte,  —  une 
source,  un  vase  trop  plein.  Syn.  et  d.  de 
Dégouliner.  \\  Fu.  —  Couliner.  Se  laisser  glis- 
ser le  long  d'une  colline.  ||  V.  F.  Lorc. 
Langage.  By. 

Et.  —  Dimin.  de  Découler.  V.  Couliner. 

Découpe  !  intcrj.  —  V.  Coupe. 

Découper  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Absolument. 
Recouvrir  le  joint  des  deux  pierres  sous- 
jacenles,  en  parlant  d'une  pierre  de  pare- 
ment. Lang.  des  maçons.  —  \'.  Rate-cul. 

Décourage  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Découra- 
gement. Ex.  :  Quand  je  vois  ça,  le  décourage 
me  prend.  Formé  avec  :  courage,  comme 
Dégoût  avec  :  goût. 

Décourâiller  (Lg.),  v.  a.  —  Déverrouiller. 


Très    vieux.    V.    Courâiller.    Doubl.    de    Dé- 
crouiller. 

DécouroDué  (Z.  139),  part.  pas.  —  Pour  le 
simple  :  Couronné. 

Découronner  (Lx.,  Zig.  143),  v.  a.  — 
Couronner,  un  cheval.  —  Prononc.  :  décou- 
ronneu. 

Décours  (Li.,  Br.,  Jm.,  Mj.),  s.  m.  —  Fig.  : 
Les  affaires  ne  sont  jamais  mises  en  décours, 
—  c.-à-d.  :  la  renommée  amplifie  toujours  les 
nouvelles.  —  On  prononce  souvent  :  D'cours, 
au  sens  de  :  le  dernier  quartier  de  la  lune 
(By.)  -  Id. 

Toutesfois  ils  ne  se  meuvent,  mais  nous  par  le 
decours  du  bateau.  (Rab.,  P.,  v,  xxvi,  537).  — 
Et,  comme  le  prudent  médecin,  voyant  par  les 
signes  pronosticz  son  malade  entrer  en  decours  de 
mort.  (Id.,  P.,  IV,  xxvn,  404.) 

Décout  (Segr.),  s.  m.  —  Pour  Décours. 
(MÉ.v.) 

Découverture  (Tr.),  s.  f.  —  Action  d'enie- 
ver  la  terre  qui  couvre  le  schiste,  pour 
découvi'ir  la  roche. 

Découvrir  (Mj.),  v.  a.  —  On  dit  d'un  gour- 
mand, d'un  ivrogne  :  La  goule  illi  découvre 
le  cul.  (C.-à-d.  :  ses  dépenses  à  table  ou  au 
cabaret  ne  lui  permettent  pas  d'acheter  des 
vêtements.)  ||  Découvrir  son  four,  ou  son  cul 
de  four,  —  marier  son  filleul,  sa  filleule. 
Cette  locut.  vient  probablement  de  ce  que  le 
parrain  et  la  marraine  sont  obligés  de  faire, 
en  cette  occasion,  un  présent  important,  de 
payer  un  Chanlenau. 

Décraballer  (Mj.),  v.  n.  —  Tomber  en  rou- 
lant ou  en  glissant.  Dégringoler.  V.  Décrini- 
baller.  Syn.  de  Décrabasser,  Tribouler,  Détri- 
bouler,  Déribouler,  Débouliner,  Dégrôler,  Dé- 
crôler,  Débricocher. 

Et.  —  Ce  mot  est  composé  du  préf.  Dé  et  d'une 
rac.  Crab  ou  Grab  qui  se  retrouve  dans  le  fr.  Gravir, 
et  dans  l'angl.  to  Climb. 

Décrabasser  (Sa.,  Fu.,  Zig.  196),  v.  n.  — 
Dégringoler.  V.  Décrimb aller.  Autres  synon.  : 
Débouliner,  Dégrôler,  Décrôler,  Déribouler^ 
Délribouler,  Tribouler,  Décraballer.  ||  Fu.  — 
V.  Crabassée 

Décraître  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Décroître.  Cf. 
Croître,  Recraitre,  Récraître 

Décrapasser  (Ag.),  v.  n.  —  Descendre.  Cf. 
Décrabasser.  \\  By.  —  V.  Folk-Lore,  viii. 

Décrapuclier  (By.).  —  Dégringoler.  \".  F.- 

Lore.  Langage,  38. 

Décrépir  (Sal.),  v.  n.  —  Défraîchir.  Se  dit 
des  personnes.  Cf.  Décatir. 

Décrimballer  (Mj.,  By.),  v.  n. —  V.  Décra- 
baller. 

Décrocher  (Mj.),  v.  a.  —  Fig.  Dégoiser, 
éjaculer.  Ex.  :  Ben  !  il  en  a  décroché  queuques 
tout-en-travers.  (Jurons  ;  N.  de  D.) 

Déeroeheter  (^'a.),  v.  a.  —  Décrocheter.  Cf. 


210 


DÉCROLER  -  DÉFENDRE 


Accroclieter.    \\   En   décrocheter.    Lg.,   —   en 
éjaculer,  en  dégoiser. 

Décrôler  (Sp.),  v.  n.  —  Dégringoler.  V. 
Crôler.  Sj'n.  de  Décraballer,  Décriinballer, 
Décrabasser,  etc. 

Décrosser  (Mj.,  Ssl.),  v.  a.  —  Faire  passer 
à  une  poule  l'envie  de  crosser.  N.  Le  traite- 
ment consiste  à  les  tenir  à  jeun  sous  une  ter- 
rine renversée.  V.  Découer,  Découasser. 

Décrouiller  (Mj.,  Lue,  By.),  v.  a.  —  Oter  le 
verrou,  déverrouiller.  V.  Grouiller.  —  Syn. 
de  Décourâiller,  Débarrer.  V.  aussi  :  Crouillet. 
Il  Descendre  un  objet  encrouillé,  comme  un 
jambon.  (Segr.)  Méîj. 

Hist.  —  Descoreillier,  descrouiller. 

«  Déjà  deux  fois  le  Dieu  à  la  perruque  blonde, 

«  Pour  r'ajeunir  le  teinct  de  la  face  du  Monde, 
«  Avoit  descrouillé  l'huis  de  l'estable  au  Taureau, 
«  Pour  en  mettre  dehors  le  plaisant  Renouveau. 

(GoD.) 

Décroûter  (^Mj.),  v.  a.  —  Oter  la  croûte, 
desquamer.  H  Fig.  —  Dégrossir  l'intelligence 
de. 

Décrucher  (Mj.),  v.  a.  —  Déjucher  ;  faire 
descendre  un  peu  brutalement,  faire  dégrin- 
goler. Ex.  :  Attends  ein  petit,  je  te  vas 
décrucher  de  là-haut.  —  \.  Crucher.  Syn.  de 
Déhucher,  Déjouquer. 

Déculer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Couper  la 
culée  (la  souche)  de,  —  un  arbre.  Syn.  de 
Ringeoler. 

Déculotter,  v.  a.  —  Fig.  (Sp.,  Mj.)  Sup- 
planter, dégommer,  dégoter.  j|  Sans  se 
déculotter,  —  sans  se  gêner,  sans  efforts 
extraordinaires. 

Dédais  (Mj.),  s.  m.  —  Dadais.  Niais,  mot 
enfantin.  —  Queu  grand  dédais  !  —  Syn.  de 
Colas,  Coco,  Coquassier,  Bégaud,  Jaudais, 
Jeannot. 

Déde  (Mj.,  Sp.),  prép.  —  De.  S'emploie 
devant  certains  mots,  comme  :  Que,  pron. 
relat.,  et  les  adv.  Yoù,  Là.  Ex.  :  Illy  a  ben 
déde  que  faire  ;  je  se  pas  déde  yoù  qu'il  est  ; 
c'est  déde-lk  que  tu  veins?  —  Redoublement 
du  fr.  De.  —  Illy  a  ben  déde  que  se  fâcher.  || 
Se  joint  au  pron.  interr.  Ex.  :  Déde  que 
c'est  il  qui  griche  les  dents  quand  on  entre  à 
la  maison?  —  La  cramaillère.  (Devinaille 
traditionnelle.)  ||  Déde  que,  —  adverbe. 
Qu'est-ce?  qu'y  a-t-il? 

Dédé  (Lg.),  s.  m.  —  Diminut.  famil.  du 
pron.  André. 

De-debas  (By.).  —  V.  D' Amont. 

Dédelà  (Sp.,  Lg.),  adv.  —  Là,  dans  cet 
endroit-là,  ici,  tout  près.  Ex.  :  Eyour  qu'est 
ton  petit  frère?  —  Il  est  dédelà.  ||  Dans  là 
forme  adoucie  du  juron  :  Non  dédelà,  ou  : 
de  delà!  (By.)  V.  Delà.  N.  Dédelà  indique  un 
endroit  plus  près  que  :  Drélà.  (Bl.) 


Déd(e)uiager  (Mj.,  Lg.),  v. 
mager.  E  nul. 


Dédom- 


Déd(e)  mage  ment  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  — 
Dédommagement. 

Dédepuis,  Dédepis  (Mj.),  prép.  et  adv.  — 
Depuis.  Syn.  de  Dempuis,  Dudepuis,  Dupuis. 

Et.  Hist.  —  Formé  du  fr.  Puis,  et  du  préf.  Déde. 

—  «  Et  mourut  encore  du  depuis  trois  de  leure 
enfants.  »  (1627.  —  Inv.  Arch.  E.  m,  p.  279,  col  1.) 

—  «  Un  esclat  de  tonnaire  qui  pénétra  du  depuis  le 
hault  jusques  à  bas  de  ladicte  tour.  (1626.  —  Id., 
ibid,  p.  .385,  col.  2.)  —  «  Du  depuys,  ay  entendu 
dire  qu'il  a  esté  enterré  au  cymetière  de  Saint- 
Pierre  d'Angers  (1630.  —  Id.,  Ss.  E,  285,  2.)  — 
«  Sçavoir  est  de  la  cresée  de  depuis  la  chère  jusques 
au  grand  autel.  »  (1611.  —  Inv.  Arch.,  En,  p.  302, 
col.  1.)  =  La  raison,  parce  qu'encore  qu'un  acte 
nul  dans  son  commencement  ne   prenne  pas  de 

force  par  le  temps  qui  s'écoule  du  depuis {Coût. 

du  Poitou,  t.  1,  p.  726,  art.  225.) 

—  «  Six  mois  y  a,  j'allay  mon  cueur  lascher 

Par  devers  toy,  pucelle  gente  et  coincte, 
Mais  du  depuys,  je  croy  qu'il  desapoincte.  » 
(G.  C.  Bûcher.  V.  p.  81.) 

Dedet,  s.  m.  —  Petit  doigt. 

Dedins,  adv.  —  Dedans. 

Dédire  (Mj.),  v.  a.  —  Dédire  qqn,  —  lui 
refuser  ce  qu'il  demande. 

Défaillance  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Le  premier  â, 
très  long.  —  Tomber  dans  les  défaillances,  — 
perdre  ses  forces,  devenir  anémique. 

Défaire  (Pc),  v.  n.  —  Dans  la  loc.  :  Qui  a 
fait,  défait.  N.  Au  jeu  de  boules,  si  un  joueur 
a  fait  toucher  le  maître  par  deux  boules,  dont 
une  de  son  camp  et  une  du  camp  adverse, 
son  camp  doit  jouer  encore  le  coup  suivant.  Il 
a  fait  un  coup  nul,  son  camp  doit  le  défaire, 
ou  essayer.  ||  V.  réf.  Se  défaire,  —  quitter 
sa  toilette  de  ville,  se  déshabiller. 

Défais,  s.  m.  —  Avoir  du  defaix  ou  du 
défait,  c'est  ne  pas  recevoir  la  totalité  qui  est 
due.  (MÉN.)  —  Déficit??  V.  Defaix. 

Et.  Hist.  —  «  Defaix,  vx  mot  qui  signifie 
défense,  lieu  défendu,  et  qui  se  trouve  en  cette 
signification  dans  la  coutume  d'Anjou,  art.  92.  — 
«  Si  le  sujet  pesche  les  estangs  ou  deffaix  de  son 
seigneur,  et  prend  ses  connils  de  jour  en  ses 
garennes,  il  fait  amende  arbitraire.  De  defîesus, 
pour  :  defensus.  (Ménage.)?  —  «  Defay.  Terre, 
bois,  garenne  ou  étang  dont  l'usage  n'est  permis 
qu'à  ceux  auxquels  le  propriétgiire  l'accorde.  — 
Deffaia,  Defay,  DelTois.  «  Trois  charetes  chargées, 
attelées  de  buefs  trespassans  parmi  certaines  terres 
labourées  et  cultivées,  et  en  lieu  de  deffois,  où  il 
n'avoit  point  de  chemin.  »  De  :  defensus  (1374. 
D.    C.) 

Défatigiier  (Ag.,  By.),  v.  a.  —  Délasser. 

Défatiquer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Délasser. 
Syn.  et  doubl.  de  Défatiguer. 

Défaufiler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Efaufiler.  || 
\'.  réf.  Se  défaufiler,  —  se  tirer  de  difficultés. 

Et.  —  Faufiler.  Altération  par  étymologie  pop., 
de  :  f orfiler,  fors  -f-  filer. 

Défaupir"  (Mj.,  Lg.,  v.  a.  —  L"nir  une  étoffe, 
une  toile,  en  faisant  disparaître  les  plis.  Syn.^ 
de  Déricasser,  Déliser.  Y.  Faupir,  Fôpir. 

Défendre  (Sp.).  —  Défendre  de  non,  — 


DÉFENDU  -  DÉFORMER 


271 


défendre    de.   Ex.  :  Je  illi  ai  défendu  de  non 
aller  avec  les  gars. 

Hist.  —  «  Je  voudroy'  bien  que...  tous  rois  et 

princes...  défendissent...  de  non  mettre  en  lumière.  » 

(J.  DU  Bellay.  Dâf.  et  IlL,  p.  56.) 

Défendu  (Mj.,  By.,  Lg.),  part.  pas.  — 
Impossible.  Ex.  :  Ça  illi  est  défendu  comme  le 
Pater  aux  ânes.  Prov. 

Déferloquer  (Sp.),  v.  a.  —  Disloquer, 
ébranler,  démolir  ;  détraquer  ;  mettre  en 
pièces.  Syn.  de  Décaguenasser,  Déroquer, 
Déberloquer,  Dénâler,  Disloqueler,  Dépalra- 
quer. 

Et.  —  Je  crois  que  ce  mot  est  pour  Déberloquer, 
dont  la  rac.  serait  le  fr.  Breloque.  —  Déferler, 
marine  ;  déployer  les  voiles  qui  étaient  ferlées  ; 
en  pari,  des  vagues,  se  dérouler  en  nappe  écumante. 
—  Ferler,  c'est  plier  une  voile.  Orig.  incon. 

Déférouer  (Mj.),  v.  a.  —  Défricher.  Syn.  de 
Déjouer,  Défrocquer,  Défréchir,  Dégâter.  Cf. 
Aférouer,  Défrou. 

Et.  —  Le  vx.  fr.  a  Frouer,  briser  ;  Frou.  — 
Hist.  —  «  Plan  des  froux  de  Goueze,  dans  la 
paroisse  de  Gouis,  contenant  une  vue  de  l'abbaye 
de  Chaloché.  »  (Inv.,  Arch.,  E,  p.  59,  col.  2.)  — 
«  Dont  il  sera  faict  cy  après  mension  des  noms 
et  surnoms  et  de  ceux  qui  les  ont  defroués  et 
deraissés.  (Il  s'agit  des  «  novales  »,  ou  terres  nou- 
vellement défrichées.)  1495.  —  Id.  G.  n,  p.  256. 
col.  2.  «  Extrait  et  mémoire  de  ceux  qui  n'ont 
assisté  à  la  currée  des  froux  de  Beaufort.  »  (1638. 
Id.  S.  H,  172,  2.)  —  Note.  Un  frou  (ferum?)  ou 
gât  (lat.  vastum)  était  une  friche,  une  lande. 
De  là  :  déférouer,  ou  défrouer,  et  dégâter.  Il  est  clair 
que  les  froux  de  Beaufort  avaient  été  lotis,  et  que 
certains  habitants,  qui  se  trouvaient  lésés,  récla- 
maient leur  part  de  la  curée.  »  R.  O.  —  «  Il  savait 
les  mérites  de  chaque  sol,  saisissait  le  moment 
précis  où  il  convient  de  labourer,  ensemencer, 
buter  ou  sarcler  cette  terre  froide,  ce  feroux  réfrac- 
taire,  cette  légère  groie  (La  Trad.,  p.  63.) 

Deffaix,  s.  m.  —  V.  Defaix.  —  Défense, 
prohibition.  Lieu  où  l'on  ne  pouvait  aller 
sans  droit  particulier.  (L.  G.) 

Hist.  —  «  En  applégement  de  saisine  brisée,  sur 
refus  de  plége  d'avoir  chassé  en  la  garenne,  ou 
pesché  en  l'étang  ou  deffaix  de  son  seigneur...  « 
(Coût.  d'Anj.  Art.  7.  p.  7-8.) 

Uefficile  (Mj.),  adj.  q.  —  Difficile.  —  Peu 
usité.  —  Cf.  Déligent. 

Défi  (Mj.),  s.  m.  —  A  défi,  loc.  adv.  Au 
défi.  Ex.  :  Faut  jamais  mettre  les  fous  à  défi. 
Prov. 

Défilongée  (A.,  Mj.,  Sal.,  Z.  136),  s.  f.  — 
Longue  suite  ;  rangée  de  personnes  qui  se 
suivent,  file,  kyrielle.  Syn.  de  Filongée, 
Séquèce. 

Définitif  (Sp.,  Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Résultat, 
issue,  conséquence,  dernier  mot.  Ex.  :  Je 
voudrais  ben  savoir  le  définitif  de  tout  ça.  — 
C'est  l'adj.  fr.  pris  substantivement.  ||  Loc. 
adv.  —  En  définitif,  pour  :  En  définitive.  || 
By.  Au  définitif. 

Définition,  s.  f.  ^  Fin.  —  Ah  !  ça,  ça 
n'aura  doue  point  de  définition,  c't'affaire  là? 
Il  Syn.  de  Finissement.  ||  By.  Finition. 


Hist.  —  «  DilTmition.  Fin,  cessation  :  »  Si  par  la 
seule  guerre  et  violence  ceste  controverse  eut  eu  à 
recepvoir  diffinition.  »  (L.  C.) 

N.  —  «  Au  xvin«  siècle,  le  développement  inouï 
des  sciences  naturelles  amène  une  quantité  infinie 
de  mots  grecs.  On  prend  de  tous  côtés,  sous  toutes 
les  formes,  des  mots  simples  ou  composés,  et  même 
des  radicaux  grecs  combinés  en  mots  nouveaux 
suivant  les  lois  de  la  composition  grecque.  Quel- 
quefois on  ajoute  à  des  radicaux  latins  ou  français 
des  préfixes  ou  des  suffixes  grecs,  et  cette  masse  de 
mots  étrangers  fait  pénétrer  dans  notre  langue  des 
procédés  de  formation  conformes  à  son  génie 

«  Cette  langue  savante  reste  en  grande  partie 
étrangère  aux  gens  qui  ne  connaissent  pas  le  latin. 
Le  peuple,  qui  ne  peut  parler  qu'une  langue  intelli- 
gible pour  lui,  l'ignore,  ou,  s'il  en  adopte  quelques 
expressions,  les  rapproche,  au  prix  des  plus  singu- 
lières déformations  des  mots  qu'il  connaît  :  ainsi, 
définition  devient  pour  lui  synon.  de  :  fin  ;  un 
travail  qui  n'a  pas  de  définition  ;  délibérer,  de  : 
libérer  :  un  homme  délibéré  du  service.  Les  mots 
se  déforment  non  seulement  dans  leur  signification, 
mais  dans  leur  aspect  extérieur  :  le  «  carbonate  de 
soude  »  devient  «  de  la  carbonade  »  ;  le  «  stra- 
pontin »  d'un  fiacre  devient  «  le  serpentin  »  ;  le 
«  diabète  »  se  change  en  «  diablette  »  ;  le  «  lau- 
danum »  en  «  lait  d'ânon  «  ;  la  goutte  «  sciatique  », 
en  goutte  «  asiatique  »,  etc.  C'est  ce  qu'on  appelle 
l'étymologie  populaire. 

Le  peuple,  et  en  cela  on  ne  peut  lui  en  vouloir, 
ne  se  décide  pas  à  répéter  les  mots  qu'il  ne  com- 
prend pas  ;  il  faut  qu'il  établisse,  d'une  façon 
ou  d'une  autre,  un  rapport  entre  ces  mots  et  ceux 
qui  lui  sont  familiers.  Quant  à  la  langue  commune 
et  à  la  langue  littéraire,  elles  se  pénètrent  de  plus 
en  plus  de  ces  mots  savants.  » 

(L.  SuDRE.  129  ;  94,  95). 

Défoirer  (se),  v.  réf.  —  Se  défoirer,  c'est 
sortir  du  marché  de  la  foire  pour  aller  rece- 
voir le  prix  d'une  vente.  (Mén.)  ||  V.  a.  Lg.  — 
Retirer  d'un  champ  de  foire  des  bêtes 
invendues. 

Et.  —  Foire  ;  lat.  :  feria,  proprement  jour  férié, 
puis  jour  de  marché. 

Défonceiix  (Mj.),  s.  m.  —  Celui  qui 
défonce.  Ne  s'emploie  guère  que  dans  la 
compar.  proverb.  :  Coiffé  comme  ein  défon- 
ceux  de  portes  ouvertes,  —  coiffé  en  arrière, 
ce  qui  donne  une  allure  délurée,  batailleuse 
et  provocatrice. 

Défondrer  (Mj.),  v.  a.  —  En  parlant  d'une 
barge  de  chanvre,  la  décharger  lorsqu'elle  est 
rouie,  pour  qu'elle  remonte  à  la  surface  de 
l'eau.  C'est  le  contraire  de  Affondrer,  comme 
Débiller  est  le  contraire  de  Habiller.  Défondrer 
veut  donc  dire  :  enlever  une  partie  du  sable 
ou  tout  le  sable  qui  leste  la  barge  et  l'abaisse 
vers  le  fond.  ||  Remettre  à  flot  un  bateau 
coulé  bas,  renflouer.  Le  faire  monter  du  fond. 
—  By.,  id. 

Et.  —  Enfondrer,  pour  Enfonder.  L'épenthèse 
de  l'r,  très  ancienne  est  probablement  due  à 
l'influence  de  Fondre.  —  Vieilli,  pour  Effondrer  ; 
faire  manquer  par  le  fond,  en  surchargeant. 
Alors  Défondrer  est  très  clair,  c'est  relever  par  le 
fond,  en  déchargeant  (Darm.) 

Dcfôpir.  V.  Défaupir. 

Déformer  (Mj.),  v.  a.  —  Ouvrir  la  porte  à  ; 


272 


DEFOUER  -  DEGAINE 


pour  :  défermer.  V.  Former.  Ex.  :  Il  avait 
déformé  le  gorin  et  pis  il  a  foutu  le  camp.  — 
Syn.  de  Désenjermer.  ||  Défaire  la  clôture  de. 

Defouer,  v.  a.  —  Défaire.  «  Les  laboureurs 

défouërent  les  landes  des  haies  »  —  sous 
Foulques-le-Bon.  (J.  de  Botjrdigné.  Cité 
par  Ménièke.)  P.-ê.  pour  Défrouer  ;  p.-ê. 
aussi  pour  Défouir,  du  franc.  Fouir,  —  lat. 
Fodere. 

Défourni  (Lg.),  s.  m.  —  Creux  à  la  surface 
d'un  bloc  de  granit.  Syn.  de  Flâche.  Lang.  des 
tailleurs  de  pierre.  Cf.  Dégarni. 

Défréchir  (Mj.),  v.  a.  —  Corr.  du  v.  f. 
Défricher.  Syn.  de  Déférouer,  Dégâter.  Il  y  a 
métathèse. 

Et.  —  MÉNAGE  le  tire  de  Defruticare,  frutices 
avellere.  Cf.  Défreucher,  Jaub. 

Dcfréner  (PelL,  Lue,  Lé.),  v.  n.  —  Décli- 
ner, s'affaiblir,  s'étioler.  Syn.  de  Alinoter, 
s' Abâchoter.  —  Défrener,  à  Lue  ;  Défrêner,  à 
Longue  —  où  l'on  dit  :  «  Quand  i  pleut  le 
jour  de  Pâques,  la  récolte  s'en  vas  en  défrê- 
nant,  —  en  diminuant.  ||  By.  —  Ne  pas  pous- 
ser, tomber  en  langueur  de  maladie.  Les 
plantes  cessent  de  végéter  normalement, 
puis,  peu  à  peu,  se  dessèchent  et  finissent  par 
mourir,  ou  du  moins  par  ne  pas  du  tout  pros- 
pérer ;  à  moins  que,  pour  une  cause  ou  pour 
une  autre,  elles  ne  reprennent  plus  tard  le 
dessus.  c(  Les  bricolis  (choux-fleurs,  brocolis) 
ont  ben  défréné  c'te  année.  Par  ces  chaleurs, 
tout  défrène  dans  les  champs.  »  Se  dit  aussi 
pour  les  personnes.  —  Cela  arrive  toujours  à 
l'automne  pour  les  chicons  et  les  chicorées. 

Déîrocquer.  —  Vieux  mot  angevin.  Défri- 
cher. V.  Défrouer,  Déférouer,  Dégâter. 

Hist.  «  1728.  —  A  été  défrocqué  cette  année  le 
bois  de  la  Sonnerie...  contenant  environ  six  sep- 
terées.  »  (Inv.  Arch.,  E.  S.  s.,  m,  222,  1.)  V.  Dé- 
j  rouer. 

Défrôler  (Mj.),  v.  n.  —  Se  remuer,  se  tor- 
tiller, comme  fait  une  personne  qui  a  des 
démangeaisons  dans  le  dos. 

Et.  —  «  Orig.  incert.  —  Qqs-uns  écrivent  Frauler, 
frotter  légèrement  des  graines  qu'on  veut  semer, 
pour  enlever  des  parcelles  de  fleur  restées  adhé- 
rentes.  (Dakm.) 

Défrou  (Mj.),  s.  m.  —  Terre  nouvellement 
défrichée. 

N.  —  Ce  mot,  peu  employé  aujourd'hui,  et  pour 
cause,  s'est  conservé  comme  nom  propre  de  cer- 
taines terres  labourables.  Ainsi  il  y  a  une  pièce 
dite  le  Défrout  à  la  Queue  de  l'île  de  Montj.,  et  les 
actes  orthographient  ce  nom  avec  un  t.  C'est  à 
tort,  selon  moi,  car  le  t  final  sonnerait  dans  la 
conversation,  s'il  existait  ;  et  en  outre  Défrou 
vient  sûrement  de  Défrouer,  ou  Déférouer.  Cf. 
Jaub.,  Freux,  Défreuche. 

Défrouer  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  V.  Déférouer. 

Défrure  (Mj.),  s.  f.  —  Défroques,  dé- 
pouilles, nippes,  vêtements  que  l'on  quitte. 
Ex.  :  Petit  sagouin,  je  vas  être  obligée  de 
illi  laver  toute  sa  défrure.  |j  Par  ext.  :  Eplu- 


chures,  abats,  détritus,  décombres.  —  On  dit 
aussi  Défures.  (Ag.) 

N.  —  C'est  peut-être  ce  dernier  sens  qui  est  le 
sens  primitif,  car  le  mot  pourrait  bien  être  pour 
Défrouure,  de  Défrouer,  ou  Déférouer. 

Défublé  (Lue),  part.  pas.  —  Déshabillé. 
Pour  :  dés-affublé. 

Et.  —  AfTubler,  a.  f.  Aflbler,  agrafer.  Du  lat. 
popul.*  afRbulare.  de  ad  -f  fibula,  boucle.  — 
Couvrir  (d'un  vêtement).  —  Darm.  —  Défuler 
son  chapeau,  son  bonnet.  D.  C.  Diffibulare.  Nous 
disons  en  Anjou  :  dexubler  (Méxage.)  =  Defeubler, 
même  sens  ;  d.  son  bonnet,  —  saluer.  (L.  C.)  — 
Defluber,  ôter  le  manteau.  (D.  C).  —  Hist.  Des- 
fubler. 

«  Il  défubla  son  mantel  sebelin.  » 

(Garin  le  Loh.  —  GOD.) 

Défuniage  (Ag.),  s.  m.  —  Action  de  défu- 
mer une  cheminée. 

Hist.  —  Aux  annonces  du  Petit  Courrier,  n°  du 
l"  nov.  1906,  je  lis  :  «  Plâtrerie.  —  Fumisterie.  — 
Plus  de  cheminées  qui  fument.  Tous  défumages 
garantis.  —  M.  P...,  etc. 

Déîumer  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Arranger  de 
telle  sorte  qu'elle  ne  fume  plus,  une  cheminée. 

Défunter  (Mj.),  v.  n.  —  Mourir.  Ne  se  dit 
qu'en  plaisantant.  Syn.  de  Carpâiller. 

Et.  —  Du  lat.  defunctus,  proprement  :  qui  s'est 
acquitté  (cf.  fonction)  s.  e.  de  la  vie.  Hist.  —  Noble 
messire  Hue  d'Anthoing,  chevalier,  et  Philippe, 
sa  femme  défunctée  (1261.  —  God.) 

Défures,  s.  f.  pi.  —  Détritus  poussières  ; 
surtout  :  épluchures  de  légumes.  —  V. 
Défrures. 

Dégabârée,  (Lg.),  s.  f.  —  Grande  quantité 
abondance.  Ex.  :  Y  avait  ine  dégabârée  de 
beurre  sur  le  marché  anuit.  —  Syn.  de  Foi- 
sance,  Afoisance,  Tapée,  etc. 

Dégabarer  (se)  v.  réf.  —  Sortir  d'un  mau- 
vais pas.  (Méx.).  —  Probablement  en  par- 
lant d'une  gabare  engrevée.  —  Cf.  :  Qu'allait- 
il  faire  dans  cette  galère? 

Dégacer  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Aiguiser  ce 
qui  était  agacé.  Ne  se  dit  guère  que  des  dents. 
Ex.  :  Veins  donc  boire  ein  coup  de  mon  petit 
sigournet,  ça  va  te  dégacer  les  dents.  ||  Faire 
disparaître  l'agacement  ou  réchauffement 
produit  par  une  nourriture  trop  sèche.  Syn. 
de  Déroter.  V.  Agacer. 

Et.  —  Pour  Désagacer,  du  fr.  Agacer,  cora. 
Débiller,  pour  Déshabiller. 

Hist.  —  «  Avait-il  mangé  des  prunes  aigres  sans 
peler?  Avait-il  les  dents  esguassées.  (Rab.,  P.,  iv, 
ProL) 

Degaîne  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Tournure, 
allure.  Ex.  :  Queun  animau  vart,  a-t-il 
ponmoins  eine  vilaine  dégaine  !  ||  Tenue,  au 
sens  méprisant.  Quelle  dégaine  ! 

Et.  —  Un  homme,  empêché  dans  ses  habits  et 
ne  se  remuant  pas,  est  comparé  à  un  objet  dans 
sa  gaine,  et,  quand  il  se  meut,  il  a  l'air  de  se 
dégainer  ;  d'où  l'emploi  figuré  de  dégaine.  Lat. 
vagina,  exemple  du  changement  fréquent  de  v  en  g. 
(LiTT.).  —  «  Proprement  :  attitude  de  celui  qui 
se  met  en  garde  (en  tirant  son  épée  de  sa  gaine). 


DEGAINER  —  DÉGÔUER 


273 


puis,  par  ext.  tournure  (ridicule),   manière,  main- 
tien (ScHEL).  —  Le  lecteur  choisira. 

Dégainer  (Mj.),  v.  a.  —  Proférer.  Ex.  :  A 
ne  nous  a  jamais  dégainé  eine  parole.  —  C'est 
le  mot  fr.  pris  dans  un  sens  fig.  et  très  spé- 
cial. Il  Verser,  débourser.  Ex.  :•  C'est  pas  aisé 
de  illi  faire  dégainer  son  argent.  —  Syn.  de 
Abouler.  V.  Dégaine. 

Dégalocher  (Mj.),  v.  a.  —  Enlever  la  boue 
des  chaussures.  ||  Curer  les  dents.  ||  A  pour 
pendant  Engalocher,  de  Galoche.  Vcm.,  et 
Gailloches,  Egaloche.  j]  Curer  une  charrue. 
Syn.  de  Déboîter,  Dégouler,  Dégouer.  V.  Jaub., 
citât,  de  G.  Sand. 

Dégarni  (Mj.),  part.  pas.  —  S.  m.  Creux, 
vide.  Cf.  Défourni. 

Dégâter  (Sp.,  Lg.  ),  v.  a.  —  Défricher. 
Et.  —  Formé  du  préf.  Dé  et  du  fr.  Gâter,  pris 
dans  le  sens  de  son  origine  lat.  Vastare,  et 
surtout  de  la  racine  de  celui-ci  :  Vastus,  vaste, 
désolé,  abandonné.  V.  Gât,  Agât.  Syn.  de 
Défréchir,  Déférouer,  Déjouer,  Défrocquer. 

Et.  —  LiTTRÉ  confirme  la  nôtre.  Vastare,  veut 
dire  ravager  (v  =  g),  rendre  vaste.  Cependant  il 
y  a  un  mot  germaniq.  Wastjan,  ravager,  qui  a 
pu  contribuer  à  changer  le  v.  lat.  en  g  ou  gu,mais 
qui  aurait  donné  plutôt  gastir  (qui  a  existé  en 
effet,  voyez  le  plateau  de  Gâtine).  —  Dégâter,  c'est 
donc,  en  effet,  défricher  une  terre  en  friche. 

Hist.  —  «  Giraud  Berlay  a  donné  aux  moines  de 
l'Absie,  «  fratibus  (sic)  de  Absia...  totum  gastum.., 
in  bosco  suo  (1150,  circa).  —  Inv.  Arch.,  S.  H. 
192,  1,  b.)  —  «  Arrentement  par  l'abbaye  de  Saint- 
Aubin  d'une  pièce  de  gas  appellée  vulgaument 
les  Vignes  au  feu  Bertran.  »  (1405.  —  Id.,  ibid,  259, 
1,  6)  —  «  Poitou.  —  Mon  valet  m'a  dégâtai  trois 
boisselaies  de  mauvaise  terre.  »  (Abbé  Rousseau. 

—    GOD.) 

Dégaucliir  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  By.),  v.  a.  — 
Dans  le  langage  des  maçons,  dégauchir  un 
mur,  examiner  s'il  est  bien  tout  entier  dans 
un  même  plan.  ||  V.  réf.  Se  dégauchir,  —  être 
dans  un  même  plan.  ||  V.  a.  Fig.  —  Voler. 
Ex.  :  Il  illi  a  dégauchi  son  porte-monnaie.  — 
Subtiliser,  flibuster.  Syn.  de  Sourdre,  Soulever. 

Et.  —  Le  sens  fr.  est  tout  autre.  Cependant,  au 
xvF'  siècle,  on  trouve  :  gauche  avec  le  sens  de  : 
tromperie  (Palsgrave,  p.  289,  au  mot  Wyle. 

D(e)gauts  (Mj.)  (l'e  ne  se  prononce  pas), 
s.  m.  —  Au  pluriel. —  Mauvais  fruits,  déchets. 
!   !|  Au  sing.  Rogaton. 

Dégeancer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Débarrasser 
de  qq.  engeance.  Pour  Désengeancer.  V. 
Engeancer.  Syn.  de  Dénenger,  Dégénouir.  Voir 
la  noie  à  Déchancer.  Cf.  le  fr.  Enger  et  le  pat. 
Enenger. 

Et.  —  Désengeancer,  de  Dé.9  Engeance,  de 
Enger,  anciennement  pourvoir  d'un  plant,  d'une 
herbe.  Contract.  de  Aenger,  a  fr.  Aengier  ;  orig. 
incert. 

Dégelée  (Cra.),  s.  f.  —  Grande  quantité  de. 
J'aurons  c't'année  eine  dégelée  de  poumes. 

Dégénouir  (Lg.),  v.  a.  —  Détruire  une  mau- 
vaise engeance  ;  débarrasser  d'une  engeance. 
Ex.  :  C'est  pas  aisé  de  dégénouir  la  veurglée  ! 


Syn.  de  Dégeancer,  Dénenger.  Cf.  Engénouir. 
—  L'orig.  est  incert.  —  A  rapprocher  du  lat. 
Genus. 

Dégérer  (Mj.),  v.  a.  —  Digérer.  Cf.  Déli- 
gent,  Déminuer,  pour  Diligent,   Diminuer. 

Dégîter  (Lg.),  v.  a.  —  Faire  sortir  d'un 
gîte,  dénicher.  Syn.  et  doubl.  de  Dégitrer,  syn. 
de  Déniger,  Débourniger,  Démagasiner. 

Dégitrer  (LPm.,  By.),  v.  a.  —  Faire 
déguerpir  d'un  gîte.  Cf.  :  Se  gitrer.  V.  Dégiter. 

Et.  —  B.  L.  Gistum,  gîte,  du  v.  Gé;ir. 

Déglatir  (Mj.),  v.  a.  —  Dégager,  des- 
serrer, un  cordage.  C'est  le  contr.  de  Englatir. 
L'un  et  l'autre  mot  sont  de  la  langue  des 
mariniers. 

Déglinde  (Bg.),  s.  f.  —  Une  maison,  une 
santé  en  déglinde,  —  en  dégringolade.  Déclin  ? 

Et.  —  Dégringoler?  orig.  incert.  (Il  y  a  le  mot 
Gringole.  gouttière,  corrupt.  de  gargouille.) 

Dégober  (Pell.,  Sa.),  v.  n.  — ■  Vomir.  Syn.  de 
Dégobiller,    Houer,    Ramener,    Dégueuler. 

Et.  —  Dé  +  gober,  avaler  sans  savourer,  sans 
mâcher  ;  on  gobe  une  huître.  Parait  appartenir 
au  celt.  Gob,  bouche.. 

Dégobiller  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Vomir. 
V.  Dégober,  avec  terminaison  diminutive. 

Dégobillis  (By.,  Zg.  83),  s.  m.  —  Matières 
vomies.  Syn.  de  Vomi. 

Dégoiner  (Lg.),  v.  a.  —  Déchirer,  mettre  en 
lambeaux,  au  propre  et  au  figuré.  Syn.  et  d. 
de  Digoiner. 

Dégoniber  (Mj.),  v.  a.  —  Retirer  ou  débar- 
rasser de  la  boue  ;  débourber,  décrotter.  Cf. 
Engomber.  V.  Dégouer. 

Dégonder  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Dégonter. 

Dégonter  (Mj.,  By.,  Fu.),  v.  a.  —  Ebranler 
les  gonds  de.  Ex.  :  Il  a  fait  eine  foudre  de 
vent  qui  a  tout  dégonté  la  porte  du  jardin. 

Et.  —  Composé  de  Gonter.  Syn.  de  Dégonder. 
Du  fr.  gond.  —  Hist.  «  Es  aultres  demouUoit  les 
reins,  avalloit  le  nez,  poschoit  les  yeux,  ...desgondoit 
les  ischies.  »  (Rab.,  G.,  i,  25,  56.)  —  «  Comme  les 
mouvements  d'un  horloge  dégantez  se  font  viste- 
ment.  »  (Contes  d'  Eutrapel,  p.  141.) 

Dégorger  (Mj.),  v.  n.  —  Fig.  Monter  en 
épis,  en  parlant  du  blé.  —  Syn.  de  Epéier.  — 
Pron.  Epier  (By.) 

Dégoter  (Sp.,  Lg.,  Mj.,  By.),  v.  n.  — 
Avoir  une  tournure  avenante,  —  ou  disgra- 
cieuse. Ex.  :  Qui  est-ce  grand  galvaudeux-là? 
Il  dégote  ben  mal  !  \\  Prendre  la  place  de. 
«  Hein  !  mon  vieux,  ça  te  dégote?  »  —  Plus 
vulgairement  :  ça  te  la  coupe.  Syn.  de  Décoier. 
!|  Surpasser,  primer,  distancer,  l'emporter  sur. 

Dégoiibilter  (Auv.,  By.,  Pell.),  v.  n.  —  V. 
Dégobiller.  Dégober.  \\  Vx.  fr.,  couper  la  gorge. 

Dégouer  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  —  Dégorger, 
débarrasser,  une  charrue  de  la  terre,  des 
herbes  et  racines  qui  se  sont  attachées  au  soc 
et  au  versoir  pendant  le  labour.  Ce  mot  a  la 
même  rac.  que  le  fr.  Engouer,  dont  il  est  le 

18 


274 


DÉGOUET  —  DÉGRINGOUILLER 


pendant.  P.-ê.  pour  :  Désengouer,  comme 
Débiller  pour  Déshabiller.  Cf.  Dégomber.  Syn. 
de  Dégouler,  Débotter. 

Et.  —  Engouer,  obstruer  le  gosier.  De  en  +  gav., 
qui  se  trouve  dans  gavion.  (Le  passage  du  sens 
propre  au  sens  figuré  consiste  en  ce  que  l'esprit  est 
occupé  par  qqch.,  comme  le  gosier  par  ce  qui 
l'engoué).  Cf.  Gave,  le  jabot  des  oiseaux  ;  d'où 
gaver.  (Litt.) 

Dégouet  (Sp.),  s.  m.  —  Petite  palette  de 
bois  ou  de  fer  servant  à  nettoyer  la  charrue. 
V.  Dégouer.  Syn.  de  Curette,  Dégouloire, 
Débottoire. 

Dégouler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dégorger, 
rejeter,  épancher,  dégueuler.  ||  V.  n.  S'épan- 
cher, sortir  à  flot.  —  Ex.  :  L'eau  dégoulait  à 
plein  par  le  tuyau  de  la  dalle.  V.  Découliner. 
Il  V.  a.  (Lg.)  Débarrasser  de  la  boue  qui 
adhère  à  la  gorge  et  au  versoir,  une  charrue. 
Syn.  de  Débotter,  Dégouer. 

Et.  —  Dér.  de  Goule.  Cf.  Regouler,  Gouler. 

Dégouliner  (Sar.,  Mj.,  Sal.),  v.  n.  —  Décou- 
ler, s'épancher.  Ex.  :  L'eau  me  dégoulinait 
dans  l'échiné.  —  L'eau  dégouline  du  toit.  — 
Fréquent,  de  Dégouler.  C'est  surtout  tomber 
lentement  et  goutte  à  goutte.  V.  Découliner. 
Hist.  —  «  Saint  Laurent  au  logis  revint 

Lâchant  des  soupirs  plus  {le  vingt, 
Fleurs  de  ses  yeux  dégoulinèrent. 
(Cité  par  Eveillé.) 

Dégouloire  (Lg.),  s.  f.  —  Petit  instrument 
de  fer  ou  de  bois  qui  sert  à  débarrasser  une 
charrue  de  la  boue  qui  y  adhère.  Syn.  de 
Curette,  Dégouet. 

Dégourdeli  (Lue).  —  M'est  donné  avec  le 
sens  de  :  qui  a  les  mains  gourdes,  engourdies 
par  le  froid.  V.  Engourdies.  —  J'aurais  cru 
le  contraire.  ||  Au  fig.  —  Homme  dégourdi, 
qui  sait  se  tirer  d'aiïaire.  —  By. 

Et.  —  Dé  -|-  gourd,  du  lat.  gurdus,  qui,  d'après 
Sénèque,  était  un  mot  espagnol. 

Dégourdélir  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dégourdir. 
—  C'est  le  mot  fr.  avec  la  termin.  élir,  spé- 
ciale à  notre  patois.  V.  Engourdélir,  Etour- 
délir.  Ne  s'emploie  qu'au  propre  à  Mj. 

Dégournier  ((Mj.),  v.  a.  —  Débarrasser  de 
l'inflammation  du  pis,  une  vache  ;  la  traire, 
lorsque  son  pis  est  trop  gonflé  de  lait.  —  Se 
dit  aussi  des  femmes.  Syn.  de  Déronfler.  — 
Cf.  Engourmer. 

Dégoût  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Mauvais 
goût.  Ex.  :  C'est  du  petit  sigournet,  mais  il  n'a 
point  de  dégoût. 

Dégoûtation  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Chose 
dégoûtante,  au  pr.  et  au  fig.  Ex.  :  Queune 
dégoûtation  qu'ein  temps  pareil.  —  C'est 
eine  vraie  dégoûtation  que  c't'afîaire-là.  — 
Syn.  de  Purée. 

Dégoûter  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Avoir  le 
dégoût  de.  Ex.  :  Moi,  je  dégoûte  les  choux. 
Syn.  de  Répugner.  Cf.  Dangeler. 

Dégouttière  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Endroit 
par  où  l'eau  dégoutte,  gouttière. 


Hist.  —  «  En  maisons  et  autres  amasemens  qui 
se  font  et  édifient  de  pan  les  unes  coutre  les  autres 
et  entre  parties,  l'on  doit  laisser  pour  degoustière  en 
couverture  d'estrain  deux  pieds  et  demy,  et  en 
couverture  de  thuile,  pied  et  demy.  »  (L.  C). 

Dégrabouiller  (Mj.,  Lg.,  Lrm.),  v.  a.  — 
Raviner,  dégravoyer,  dégrader.  —  C'est  un 
doubl.  du  fr.  Dégravoyer,  formé  comme  lui 
de  la  race  allemande  Grab,  dont  le  sens  est  : 
fouiller,  creuser,  laquelle  a  donné  l'angl. 
Grave,  fosse.  ||  Cho.  —  V.  n.  Dégringoler.  — 
Cf.  Gravats.  V.  Débouiller. 

Et.  —  Rac.  Grav.,  gravier  ;  dégravoyer,  c'est 
enlever  le  gravier  au  moyen  de  qq.  courant  d'eau. 
Dégravoîment,  effet  d'une  eau  courante  qui 
déchausse  un  mur,  un  pilotis.  (Litt.) 

Dégraduer  (Lue,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dégra- 
der, détériorer,  endommager.  Corr.  du  fr. 

Et.  —  Proprement  :  dépouiller  qqn  de  son  grade  ; 
faire  descendre  (de-gradus,  degré)  —  abattre  par  le 
pied. 

Hist.  —  ((  Il  (le  tonnerre)  pénétra  ensuite  dans 
la  chambre  où  reposait  M.  de  Piédouault...  et 
dégradua  les  murs  autour  de  son  lit.  (Extrait  des 
Affiches  d'Angers.  —  Anj.  hist.,  UP  an.,  138,  4.) 

Dégraduir  (Lg.),  v.  a.  —  Syn.  et  d.  de 
Dégraduer. 

Dégraisserie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Dans  une 
lessive,  on  appelle  ainsi  tous  les  objets  de 
laine  ou  de  couleur.  Ex.  :  Toute  la  dégraisserie 
est  lavée  ;  ça  nous  décanche  ben.  Syn.  de 
Grousseries. 

Dégrammatiser  (Sa.),  v.  a.  — Abîmer.  Ex.  : 

Il  en  a  d'eine  figure  dégrammatisée  !  ||  Se  dit 
de  la  vieille  chaux  tombant  d'un  mur.  —  Et, 
au  fig.,  on  a  l'estomac  dégrammatisé.  (Mén.) 

Et.  —  Où  nos  bons  paysans  ont-ils  bien  pu  aller 
pêcher  un  mot  si  savant?  On  le  retrouve  ailleurs. 
—  Dégramatiser,  v.  a.  Dégrader.  Enlever  l'enduit 
d'un  mur.  «  Ces  enfants  dégramatisent  tout  dans 
la  maison.  »  (Orain,  Ille-et- Vilaine.)  —  Fatigué 
par  une  longue  course  ;  exténué  par  des  excès 
qcques.  (Dagnet,  Gloss.  Manceau.)  —  DoTTiN, 
Bas-Maine,  donne  ces  deux  sens  :  Dégrabatiser. 
dégraboliser,  dégramatiser.  —  Le  cite  dans  son 
Gloss.  de  Pléchâtel. 

Dégravouiller  (Mg.),  v.  n.  —  Tomber  en 
coulant.  Pour  Dégrabouiller. 

Dégrever  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Renflouer, 
un  bateau  engrevé. 

Dégrigner  (Craon,  By.,  Sal.,  Cho.,  Segr.), 
V.  n.  —  Grimacer  avec  dédain  ;  dégrigner  sui- 
un  plat,  signe  de  dégoût.  Cf.  Grincher,  gricher 
des  dents.  ||  By.  Faire  le  dégoûté.  ||  Chercher 
à  déprécier  qqn.  «  C'est  eine  mauvaise  | 
langue,  al'  n'aime  qu'à  dégrigner  l's  autres. 
Syn.  de  Déchiqueter. 

Et.  —  Au  mot  Grignoter.  —  Grigner,  vx  fr., 
montrer  les  dents  ;  aha  Grinan  ;  am.  Greinen, 
grincer  des  dents  (Litt.).  —  «  Montrer  les  dents; 
se  dit  d'un  chien  qui  grogne.  (Okain.) 

Dégringer  (Segr.).  —  V.  Dégrigner.  Mén. 

Dégringoler.  —  V.  Folk-Lore.  Langage 
viu 

Dégringouiller  (Mj.),  v.  n.  —  Dégringoler 


DÉGRIXGUEBALER  —  DÉJÀ 


IIB 


Se  dit  en  plaisantant.  Syn.  de  Décraballer, 
Décrimhaller,  Décrapucher. 

Dégringuebaler  (Auv.),  v.  n.  —  Détaler, 
décamper,  fuir.  Syn.  de  Décarrer.  A  rappro- 
cher de  Déglinde  (du  fr.  Grègues,  dans  la  loc.  : 
Tirer  ses  grègues)  et  aussi  de  Dégringoler. 

Dégrôler  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Décrôler, 
Dégringoler.  —  (Lue.)  Dégrôler,  —  tomber  de 
haut.  —  Syn.  de  Décrimbaler,  Décrabaler, 
Débouliner,  Décrabasser,  Détribouler,  Tri- 
bouler,  Débricocher,  Décrapucher. 

Et.  —  Paraît  être  un  dér.  de  Crôler,  crouler.  Le 
mot  fr.  pourrait  bien  en  venir,  par  réduplication 
de  la  syll.  fondamentale. 

Dégrouillard  (Lg.),  adj.  q.  —  Débrouillard- 

Dégrouiller  (se)  (Lg.),  v.  réf.  —  S'agiter,  se 
remuer,  se  débrouiller.  Syn.  de  se  Démerder. 

Dégroussir°  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dégrossir, 
au  propre. 

Dégrucher  (Sar.),  v.  a.  et  n.  —  Descendre. 
Ex.  :  Je  l'ai  fait  dégrucher  de  dessus  son 
âbre.  Syn.  et  d.  de  Décrucher.  \\  By.,  id. 

Déguenailler  (By.),  v.  a.  et  n.  —  Réduire 
ou  :  Etre  à  l'état  de  guenille,  —  déchiré, 
dépenaillé. 

Dégueulade  (Mj.),  s.  f.  —  Matières  vomies. 

Déguigner,  v.  n.  —  Faire  des  grimaces. 
(MÉx.)  Pour  Dégrigner. 

Déguiser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Enlaidir, 
déparer.  Ex.  :  Ses  dents  la  déguisent  ben  !  — 
N.  Se  dit  des  personnes  et  des  choses. 

Et.  —  Changer  la  guise,  de  manière  qu'il  soit 
difficile  de  reconnaître.  —  Aha,  wisa,  manière  ; 
am.  weise.  (Litt.  —  Contraire  à  l'ancienne  mode. 
Hist.  —  «  Et  qui  voudra  avoir  robes  déguisées 
autres  que  la  commune  et  ancienne  guise.  »  (L.  C.) 

Déhagne  (Ag.),  s.  f.  —  La  foire,  le  débord, 
le  cours  de  ventre.  Doubl.  et  voisin  du  sens 
de  Déhane. 

Déhagné  (By.).  —  V.  F.-Lore.  Langage, 
vm. 

Déhairement.  —  Vieux  mot  angevin. 

Hist. —  «  (Une  femme  étant  morte  de  la  peste,  il 
ne  se  trouva  personne  pour  tenir  sa  fdle  sur  les 
fonds)  «  et  y  pouvoit  avoir  du  péril  à  la  toucher, 
...ce  que  nous  différâmes  à  la  quarantaine,  en 
attendant  le  déhairement.  »  {Inv.  Arck.,  E.  S.  n, 
232,    2.)  V.  Haire,  Hairer. 

Déliaite  (Mj.),  s.  f.  —  Aversion,  haine, 
dégoût.  S'emploie  surtout  dans  la  loc.  : 
Prendre  en  déhaile,  prendi'e  en  grippe.  Hait. 

Et.   —   Dé   +   vx   fr.    Hait,   joie,   plaisir,   gré, 
bonheur  ;  santé  ;  bonne  humeur,  bon  caractère  ; 
courage,  ardeur  ;  bon  espoir,  désir,  envie,  souhait. 
—  Du  german.  hait,  heit  :  promesse,  vœu,  espé- 
rance. —  Dé  est  ici  privatif. 
Hist.  —  a  La  noble  besongne 
Joseph  pas  n'entend, 
A  peu  qu'il  n'en  gronde, 
Pas  n'en  est  content  ; 
Mais  l'Ange  céleste 
Lui  dit  en  dormant 
Qu'il  ne  s'en  déhaite. 
Car  Dieu  est  l'enfant.  » 

Noëls  angev.,  p.  16. 


Déliane  (Mj.),  s.  f.  —  Chose,  chance 
contraire,  série  de  revers,  adversité,  déca- 
dence, mauvaise  fortune,  déclin,  déconfiture, 
cours  de  mauvaises  affaires.  S'emploie  dans 
la  loc.  :  Etre  en  déhane,  —  aller  en  déclinant, 
s'enfoncer.  V.  :  Se  déhaner.  Syn.  de  Male- 
chance,  Maledringue,  Malêtrie.  —  Cf.  Déhait.  \\ 
Mj.  —  Qqf.  et  même  assez  souvent  syn.  de 
Bombe,  Berdindaine,  Dévarine,  Dévarinade, 
Débine,  Guinguette,  Riole,  Cigale,  Ripom- 
pette. 

Et.  —  P.-ê.  Déhale  ;  se  déhaler,  reculer  par  une 
manœuvre  contraire  au  hâlage,  et,  populairement  : 
sortir  d'une  mauvaise  position  (Litt.).  —  Je  ne 
crois  pas.  (R.  O.)  V.  le  suivant. 

Délianer  (se)  (Mj.,  Lg.),  v.  réf.  —  Se 
déshabiller.  —  Ce  mot  signifie  proprement  : 
quitter  son  pantalon. 

Et.  —  Déhane,  Déhaner.  La  rac.  de  ces  mots  est 
un  vocable  Hane,  qui  s'emploie,  ou  du  moins  s'em- 
ployait autrefois  dans  la  région  de  Varades,  Ance- 
nis,  Candé,  avec  le  sens  de  Culotte.  Et  je  note  que 
ce  très  vx  mot,  Hane,  que  j'ai  encore  entendu 
employer  en  plaisantant,  pourrait  bien  être  le 
même  que  l'angl.  Gown,  robe,  et  que  le  lat.  Vagina, 
donc  un  doubl.  de  Gaîne.  L'existence  du  vocable 
Degaîne,  tournure,  allure,  n'est  pas  pour  infirmer 
cette  opinion.  (R.  O.). 

N.  —  Déhaner,  déhener,  déculotter.  Au  fig., 
dégoter,  avoir  facilement  le  dessus,  et  cette  expres- 
sion implique  la  couardise  ou  la  faiblesse  de  la 
personne  en  question.  (Dottin.  à  Ernée.).  —  Syn. 
de  Débiller,  Déharnâcher,  Déprêter. 

Déharnâcher  (Lg.),  v.  a.  —  Le  deuxième  a 
très  long.  ||  V.  réf.  Se  disloquer,  se  démolir, 
en  parlant  d'une  chaise,  d'une  charrette, 
d'un  meuble.  Cf.  Désharnâcher.-  Syn.  de 
Déberloquer,  etc.  ||  (Mj.),  v.  a.  —  Désharnâ- 
cher ;  par  ext.,  déshabiller.  Syn.  de  Déhaner.  \\ 
V.  réf.  —  (By.)  Quitter  ses  vêtements  de 
cérémonie  (du  dimanche,  pour  prendre  ceux 
de  tous  les  jours,  de  travail). 

Détiarponné,  adj.  q.  (Ag.).  —  Déchiré, 
déchiqueté.  «  Il  est  tout  déharponné.  »  —  De  : 
harpon,  avec  extension  de  sens  assez  claire. 

Deliors  (Mj.,  L^.),  adv.  —  Aller  dehors,  — • 
a.  à  la  selle.  —  N.  On  dit  aussi  :  Aller  hors. 

Déliuclier  (Sar.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Des- 
cendre. V.  Dégrucher  (Sp.,  Mj.).  Faire  dégrin- 
goler, précipiter,  faire  tomber  de  haut,  ren- 
verser. Syn.  de  Désencrucher,  Décrucher.  Pro- 
bablement pour  Déjucher,  du  fr.  Jucher.  || 
V.  n.  Dégringoler,  tomber 

Et.  —  Déjucher,  faire  sortir  du  juchoir,  et,  par 
ext.,  d'un  lieu,  d'une  retraite,  d'un  poste.  (Litt.). 
Cf.  Dégucher.  (Jaub.). 

Deil  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Deuil.  A  vieilli. 
Cf.  EU,  Feille,  etc 

Et.  Lat.   Dolium,  de  :  dolere,  avoir  de  la  douleur. 

Deillot  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Petit  sac  de 
toile  ou  de  cuir  dont  on  enveloppe  le  bout 
d'un  doigt  blessé,  doigtier.  —  On  écrit  : 
Déiau,  Dayot,  Deyot.  V.  Deau.  Syn.  de 
Catin. 

Déjà  (Mj.,  Lg.,  By.),  adv.  —  D'ailleurs,  du 


276 


DÉJAIL  —  DÉLIGENCE 


reste.   Ex.  :   Il  n'est  pas  déjà  si  commode  ; 
c'est  déjà  point  si  beau  de  sa  part. 

Déjail  (Sp.),  s.  m.  —  Conversation,  confé- 
rence, pourparler,  discussion,  contestation. 
Syn.  de  Dialogue,  Décis,  Décidé,  Délibéré, 
Raffut,  Chapitre. 

Déjeter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Mépriser, 
tenir  ou  laisser  à  l'écart,  traiter  de  haut, 
n'avoir  pas  d'égards  pour  qqn.  Ex.  :  (En  par- 
lant d'une  jeune  fille,  d'une  personne  que  l'on 
tourne  en  ridicule).  Aile  n'est  déjà  point  si 
déjetée. 

Et.  —  Le  mot  est  fr.,  jeter  de  côté  ;  avec  ext.  de 
sens.  —  Déformer  une  ch.  de  façon  qu'elle  porte 
plus  d'un  côté  que  de  l'autre. 

Déjointer  (Lg.),  v.  a.  —  Déjoindre,  dis- 
joindre. Il  By.  —  Enlever  les  joints  (maçon- 
nerie). 

Hist.  —  Trois  des  quarrials  d'un  contrefors 
virent  dejointies  et  quasses.  (God.) 

Déjoue  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Dégel,  débâcle 
des  glaces.  Lg.  Syn.  de  Déjouquée. 

N.  —  Je  ne  saurais  voir  dans  ce  mot  une  simple 
corruption  du  fr.  Dégel.  Il  y  a,  selon  moi,  une 
figure,  très  vive  et  très  juste.  Le  déjoue  est  cette 
phase  des  saisons  où  le  givre  et  le  verglas  sont 
déjuchés,  déjouqués  des  branches  d'arbres,  des 
toits  où  ils  étaient  comme  perchés.  En  un  mot. 
Déjoue  est  le  dérivé  du  v.  Déjouquer. 

Hist.  —  «  Chantons  Noël,  tant  au  soir  qu'au 
desjue.    » 

Cl.  Marot,  Bail,  n,  76  (Eveillé.) 

Déjouquée  (Mj.,  Lg.,  SsL),  s.  f.  —  Le  mo- 
ment où  les  poules  quittent  leur  perchoir,  la 
pointe  du  jour.  S'emploie  dans  la  loc.  adv. 
A  la  déjouquée,  —  à  l'aube,  au  saut  du  lit.  V. 
Déjouquer.  \\  Sal.  Id.  ||  By.  —  On  dit  plutôt  : 
Sitout  soulé  levé. 

Et.  —  «  Ne  peut  guère  dériver  du  lat.  jugum, 
comme  on  l'a  dit.  Je  Us  dans  le  Gloss.  du  D''  A.  Bos  : 
Juc,  joc,  juchoir,  perchoir,  reposoir.  On  dit  encore  : 
joc,  pour  :  repos  du  moulin...  Le  Normand  a  : 
huchier  dans  le  sens  de  :  faire  le  pied  de  grue, 
attendre,  rester  sans  rien  faire,  se  coucher,  et  Diez 
le  rapproche  de  l'allem.  Hocken  ;  holl.,  hukken, 
s'accroupir,  se  blottir.  L'Académie  a  rejeté  juc  et 
conservé  :  déjuc,  moment  du  matin  où  les  poules 
quittent  le  juchoir.  —  Notre  compatriote  Ménage. 
Joq.  Ce  mot  se  dit  des  moulins  qui  ne  travaillent 
point,  par  faute  de  vent  ou  d'eau,  ou  par  quelque 
autre  accident.  On  dit  :  Ce  moulin  est  à  joq.  Et  de 
là  le  V.  joquer  :  «  Cela  est  capable  de  faire  joquer  le 
moulin.  (Vern.  —  Déjocquée). 

Déjouquer  (Mj.,  Lg.,  SsL,  Sal.),  v.  a.  — 
Oter,  ou  faire  descendre  du  perchoir,  déju- 
cher. Il  V.  réf.  Descendre  du  perchoir.  —  Rac. 
jouquer. 

Hist.  —  «  Vient  as  chapons,  si  les  desjoches, 
L'un  en  manjue,  au  cuer  11  toche.  '> 

Rom.  de  Renart.  v.   15229. 

Déju^/er,  v.  a.  —  C'est  Déjuguer,  écrit 
comme  on  le  prononce  souvent,  comme  s'il  y 
avait  deux  11  mouillées.  —  Détacher  du  joug. 

Déjûner  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Déjeûner.  — 
N.  Beaucoup  prononcent  ainsi. 

Et.  —  Le  genevois,  l'itaL,  le  provenç.  ont  u,  et 


non  eu,  conformément  à  l'étymol.  —  Vx.  fr.  Des- 
juner,  du  lat.  pop.  Disjunare,  où  l'ace,  toniq.  était 
sur  l'u.  —  En  Langued.,  déjeuner  signifie  :  jeûner, 
et  :  lou  déjeun,  le  jeûne.  —  Hist.  «  L'on  paye  douse 
sols  et  à  desjuner  au  curé  ou  viquaire  de  Mazières.  » 
(1660-  Inv.  Areh.,  S  E,  ni,  370,  2.). 

Delà  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Dieu.  Forme 
atténuative,  usitée  seulement  dans  les  jurons 
d'enfants  :  Nom  de  Delà,  bon  Delà.  V.  Dis, 
Dious,  Gouet,  D'da,  etc. 

Delaide  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Adélaïde.  Cf. 
Risti,  Gustine. 

Délaizer  (se)  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  rétrécir,  en 
parlant  d'une  pièce  de  toile  ou  d'étoffe  en 
cours  de  fabrication.  Langue  des  tisserands. 

Et.  —  Du  fr.  laize.  —  Lat.  pop.*  latia,  de  latum, 
large. 

Délayât,  s.  m.  —  Boue  délayée.  Express, 
vulg.  (MÉ>r.) 

Et.  —  Délayer  ;  lat.  dilatare,  étendre,  allonger  ; 
en  efTet,  pour  délayer,  il  faut  étendre,  allonger  par 
un    liquide. 

Délecter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dégourdir, 
délasser.  Ex.  :  Je  vas  me  promener,  ça  va  me 
délecter  les  jambes.  C'est  le  mot  fr.,  dans  un 
sens  spécial. 

Et.  —  Lat  Delectare,  fréquentât,  de  Delicere, 
(d'où  Délices),  extens.  de  sens.  —  Delicire  ;  de 
lacire,  faire  tomber  dans  un  lacs. 

Déléiance  (Mj.),  s.  f.  —  Doléance,  peine. 
Ex.  :  A  m'a  conté  toute  sa  déléiance,  —  toute 
sa  peine.  —  Corr.  du  fr. 

Et.  —  Ital.,  doglienza,  du  lat.  dolere  ;  partie. 
prés,  doleant,  a.  forme  de  :  dolent. —  Pour  :  doliance 
(Cf.  Orliens,  pour  Orléans),  de  doliant,  part,  de 

douloir. 

Délibéré  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Décis.  — 
Par  ext.,  :  Résultat,  solution  définitive, 
décision.  Ex.  :  Faut  que  j'en  save  le  délibéré.  \\ 
Délibération.  Ex.  :  Ils  en  ont  fait  tout  ein 
délibéré.  —  Conférence,  commentaire.  Syn. 
de  Décis,  Décidé,  Raffut,  Pot-pourri,  Déjail, 
Chapitre,  Rapiâmus,  Rapplaudis.  \\  Autre  sens. 
Délivré  :  Délibéré  du  service  militaire.  —  By. 
Il  En  parlant  d'une  fille  alerte.  (My.,  By.) 
Et.  —  Dé  +  liberare,  peser.  Enlever  le  poids. 

Délibérer  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  v.  n.  ;  a.  —  Libé- 
rer, remettre  en  liberté,  débarrasser,  délivrer, 
remettre.  Ex.  :  Il  a  fini  son  congé,  il  est 
délibéré  de  tout. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Libérer  ;  doubl.  du  fr.  Délivrer. 

Délicat'  (e  nul,  Dlicate)  (Mj.),  adj.  q.  — 
Délicat.  Il  By.  —  De  tempérament  faible  ; 
difficile  à  nourrir,  rien  ne  flattant  l'appétit  ; 
dégoûté. 

Délices,  s.  m.  —  Poires  cuites  ;  pour  : 
délicieuses,  excellentes.  (Mg.)  Méx.  —  Cf. 
Délecter.  \ .  Débise. 

Délicol(e)ter  (se),  v.  réf.  (Mg.).  —  S'enlever 
le  licou.  —  Balzac,  p.  465  :  «  Se  delicoltant 
les  bras.  » 

Déligence  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Diligence 


DÉLTGENT  —  DEMAISHI 


277 


Hist.  Se  trouve  dans  les  Ordonnances  des  rois  de 
France,  t.  m,  p.  '.69.  (L.  C). 

Déligent  (Mj.),  adj.  q.  —  Diligent.  Cf. 
Déminuer,  Dériger. 

N.  —  «  Marguerite  Buffet,  Ohserv.,  p.  33,  en 
166H,  signale  la  mauvaise  prononciat.  ■  déligent  = 
«  Soient  les  maistres  deligens  de  veoir  les  tiltres.  ■> 
Ordnnn.  des  r.  de  Fr.,  vu,  776  (xiV'  siècle). 

Déligoyé  (By.).  —  Déluré.  —  On  dit  : 
dérigogué.  —  «  C'est  ein  homme  ben  sérieux 
(grave  dans  ses  attitudes  et  ses  relations)  ; 
pourtant,  à  l'occasion,  quand  i'  connaît  ben 
son  monde,  i'  r'fuse  pas  d'se  dérider,  il  est 
même  ben  dérigogué  (gaîté  et  plaisanterie  de 
bon  aloi).  »  N.  Ce  mot  dériverait-il  de 
Déridé,  dérideillé,  déridoillé?  —  Doubl.  de 
Dérigogué,  Dérigodé. 

Delinquer  (Lg.),  v.  n.  —  Manquer  à  l'appel, 
faillir,  disparaître.  Ex.  :  «  J'étions  quinze 
beaux-frères  et  belles-sœurs,  je  ne  se  pus 
ren  que  tout  seul  ;  tous  les  autres  ont  delin- 
qué.  ))  —  Mot  vieilli.  N.  Pron.  Dlinquer. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Delinquer,  au  sens  étymol  ; 
lat.    Delinq\iere. 

Délinqneter  (Lg.),  v.  n.  —  Décliner,  se 
faire  vieux,  se  casser,  en  parlant  des  per- 
sonnes. Syn.  de  s' Abâchoter.  ||  Se  fatiguer,  se 
casser,  s'user,  en  pari,  des  choses.  —  Cf. 
Jaub.,  à  Delinquer. 

Déliser  (Cho.),  v.  a.  —  Unir  et  lustrer,  une 
étoffe,  en  défaisant  les  plis  ;  catir.  Syn.  de 
Déricasser,  Défaupir. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Délisser,  avec  un  léger  chan- 
gement, de  sens. 

Déliseur  (Cho.),  s.  m.  et  f.  ~~  Ouvrier,  ère 
qui  travaille  au  délisoir. 

Délisoir  (Cho.),  s.  m.  —  Appareil  qui  sert 
à  déliser. 

Délisseuse,  s.  f.  —  Ouvrière  séparant  les 
drapeaux  ou  chiffons  destinés  à  faire  du 
papier.  (Mén.) 

Et.  —  Parce  qu'elle  enlève,  au  moyen  d'un  ins- 
trument, aux  chiffons  destinés  à  faire  du  papier, 
les  coutures  et  autres  accessoires  (et  les  rend 
lisses.)    LiTT. 

Délits,  s.  m.  —  Plans  de  rupture  de  quartz 
ou  de  charbon  bien  accentués  dans  l'exploi- 
tation des  schistes  ;  les  principaux  délits  sont  : 
le  torsin,  les  chefs,  les  erures  ou  rembrayures, 
ces  feuilletis,  les  chauves,  les  assereaux,  les 
cordes  de  chat  ;  les  chauves  sont  des  veines  en 
bizeau  cédant  facilement,  des  veines  noires, 
golorées.  (Mén.) 

Et.  —  Ce  qui  est  hors  de  son  lit,  de  sa  position 
régulière.  (Litt.). 

Délivrance  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Arrière-faix.  || 
By.  Délivre. 

Et.  —  C'est  la  chose  expulsée  pour  l'action 
même.  Syn.  de  Mère,  Einérure. 

Délivrée  (Mj.,  Lg.),  part.  pas.  —  En  par- 
lant d'une  vache.  Qui  a  rejeté  l'arrière-faix. 

Délivrer   (Mj.,   Lg.),   v.   n.   —   Et  absolu- 


ment :  Rejeter  l'arrière-faix.  Ex.  :  Neuf 
vache  n'a  point  n'encore  délivré.  —  Syn.  de 
'Emérer. 

Délivres,  —  anees,  s.  f.  pi.  (Mj.,  Lg.,  Ag.). 

—  Décombres.  «  A  la  charge  d'enlever  les 
délivres.   »  ||  By.  Au  sing.  Arrière-faix. 

Délossé  (Bg.),  adj.  q.  —  Démantibulé.  Un 
fûtreau  est  délossé  quand  les  planches  dis- 
jointes laissent  passer  l'eau.  —  «  J'ai  la 
mâchoire  délassée.  «  ||  By.  —  On  dit  :  élossé, 
pour  tout  objet  fatigué,  désarticulé.  Cf. 
Elosser,  Elocher. 

Déluge  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  —  Individu 
turbulent,  brise-tout.  Ex.  :  Je  n'ai  jamais  vu 
ein  déluge  de  gars  pareil.  —  On  dit  aussi  : 
Déluge  tout.  Syn.  de  Brise-barrières,  Jupitar. 

Hist.  —  «  Lesdits  Bretons  rompirent  l'uys  du 
grenier  du  chapitre  et  collège,  et  bailloient  le  blé 
des  mesdits  sieurs  à  leurs  chevaux,  et  en  faisaient 
grand  déluge  (1490.  —  Inv.  Arch.,  G,  p.  193,  col.  2.) 

Déluger  (Mj.),  v.  a.  —  Ca.sser,  briser, 
détruire,  ravager,  abîmer,  gâter,  détériorer. 

Déluré  (My.).  —  Dégagé. 
Et.  —  Dé  -f  leurre.  Celui  qui  ne  se  laisse  plus 
piper  par  le  leurre.  (Litt.). 

Démacliiner  (Mj.),  v.  a.  —  Défaire.  —  De 
Machiner. 

Démâconner  (se)  (Sel.,  Mj.),  v.  réf.  — ^Se 
casser  l'avant  ou  la  levée,  en  parlant  d'un 
bateau.  Cf.  Démaquégner.  —  V.  Mâchoire. 

Et.  —  La  racine  de  ce  mot  qui  est  pour  :  se 
Démâcouiner,  est  la  même  que  celle  de  Mâcouiner, 
Mâcouinette.  De  fait,  la  levée  d'un  bateau  à  qq, 
analogie  de  forme  et  de  position  avec  la  mâchoire 
inférieure  de  l'homme  ou  des  animaux- 

Démagasiner  (Mj.),  v.  a.  —  Retirer  d'un 
magasin.  ||  (Lg.)  Eparpiller,  soulever  et 
séparer  les  brins  de,  —  un  fagot.  Ex.  : 
Démagasine  donc  pas  quelle  fourneille,  a 
flamberait  trop  vite.  ||  Lg.,  Lcq.  Faire  déguer- 
pir. Syn.  de  Décancher,  Décaniger. 

D(e)inage  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Dommage.  ||  Passer,  aller,  être  en  demage,  — 
passer,  aller,  être  sur  les  terres  des  voisins,  en 
parlant  dos  bestiaux.  ||  Grand  demage  !  interj., 

—  Parbleu  !  —  Ex.  :  Ils  t'ont  invité  des  noces? 

—  Tiens  !  grand  demage  ! 

Et.  —  Se  trouve  dans  les  Ordonnances  des  rois 
de  France  (L.  C).  —  Hist.  «  En  permettant  aux 
propriétaires  de  se  saisir  des  bêtes  trouvées  en 
dommage.  «  (Cont.  du  Poit.,  I,  p.  237,  art.  75.) 

Démain  (à)  (Lg.,  Mnl.),  loc.  adv.  —  Syn. 
de  :  à  désamain  ;  du  côté  le  moins  commode. 

N.  —  A  la  démain  (Jaub.).  —  Id.,  être  mal 
à  son  aise  pour  enlever  un  fardeau  ;  c.-à-d.  à  la. 
démain,  agir  avec  la  main  gauche.  Se  dit  aussi 
d'un  lieu  situé  à  une  certaine  distance  du  chemin 
que  l'on  suit  :  «  Aga,  y  ne  passerai  pouët  pre  là,  o  lé 
trop  à  ma  démain.  »  (Favke.) 

Demaishé  (Mj.,  Lg.),  adv.  —  Désormais, 
dorénavant.  —  Forme  vieillie  de  Demaishuit. 

Deuiaislii  (Lg.),  adv.  —  Désormais.  Syn. 
et  d.  de  Demaishé,  Demaishuit  ;  syn.  de 
Dormaishi,  Dormaishuit. 


278 


DEMAISHUIT' 


DÊME 


Demaishuit'  (demée-zuite)  (Mj.,  Sal.), 
adv.  —  Désormais,  dorénavant.  —  Syn.  et  d. 
de  Demaishi,  Demaishé,  etc. 

Et.  Hist.  —  Des  mots  lat.  De-magis-hodie, 
littéralement  :  «  De  ce  jour  en  avant.  Demaishuit 
est  donc  formé  avec  :  hodie.  com.  le  fr.  Désormais 
l'est  avec  :  hora.  —  «  Les  perdrix  nous  mangeront 
les  oreiles  mesouan.  (Rab.,  G.,  i,  .39,  77.).  —  «  Il 
n'y  a  plus  meshuy  de  ces  femmes  si  charitables,  qui 
veulent  aller  de  leur  gré  dans  la  fosse  avant  leurs 
marys,  ni  les  suivre.  »  (Brantôme  ;  D.  gai.,  Disc. 
I,  p.45,  1.  4).  —  «  Débarrassez-m'-z  en  bé  vite,  p'r 
que  VHomme  sons  tête  y  m'iaisse  d'mési,  tront- 
chille.  )'  (H.  BovB,G.,  H^''^  de  la  Grande  Guerre,  p.  55.) 

Démalaiser  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  S'émou- 
voir, se  mettre  en  mouvement,  s'occuper 
activement  de.  —  Ex.  :  Il  est  ben  temps  de 
s'en  démalaiser,  ça  chôme.  Syn.  de  se  Déma- 
ler,  se  Démarrer,  s'Emover,  s' Emouver,  se 
Démerder,  se  Dégrouiller,  se  Dégabarer. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Malaise,  pris  au  sens  de  Non- 
chalance. —  «  Guérir,  faire  cesser  le  mal-être. 
—    «  Quand  telz  ennuiz  démalayser  y efîorce. 
Je  suis  surpris  d'une  amoureuse  force, 
Qui  en  langueur  redouble  mes  tourments.  « 

(La  Cukne.) 

Démaler  (se)  (Lg.).  —  S'inquiéter,  se  tour- 
menter ;  s'agiter.  Syn.  de  s'Emover,  s'Emou- 
ver,  se  Démalaiser,  se  Démarrer. 

Hist.  —  «  La  reine  se  démaloit 

Et  dementoit  et  ert  dolente. 
—   «  On  peut  boire  s'il  a  talent, 
Mais  il  se  va  moult  demalent. 

[Renard  contrefait.   —  GoD.) 

Démancher  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Fig. 
Luxer,  un  membre.  Ex.  :  Il  s'est  démanché 
eine  jambe.  Syn.  de  Démoletter,  Démouletier, 
Débouletter.  \\  Démantibuler,  démolir,  dislo- 
quer, défaire.  Ex.  :  Je  vas  démancher  ces 
vieilles  chausses-là.  —  Syn.  de  Démolition- 
ner,  Disloqueter,  Déberloquer,  Déferloquer. 

Et.  —  Claire.  C'est  se  séparer  de  son  manche. 
Hist.  —  «  Desmanchez  vos  chalumeaux.  » 

(J.  DTJ  Bellay.  Ode  pastor.,  p.  134.) 

—  Au  son  de  la  bourse  commenceront  tous  les 
chats  fourrés  jouer  des  griphes,  comme  si  fussent 
violons  desmanchés.  »  (Rab.,  P.,  v,  13,  509.).  — «  A 
un  des  records  fut  le  bras  droit  défaucillé,  à  l'aultre, 
fut  démanchée  la  mandibule  supérieure.  »  (Id, 
ibid.,  IV,  15,  383.).  —  «  Voudrois-tu  faire  rétro- 
grader les  plantes?  démancher  toutes  les  sphères 
célestes?  (Id.,  ibid.,  tu,  2,  278.). 

Demande  (Mj.,  By.).  —  «  Queune  de- 
jnande,  Monsieur  le  Curé  !  »  —  En  voilà  une 
demande  !  que  me  demandez-vous  là?  !|  A  la 
demande,  —  selon  que  l'exige  la  disposition 
des  lieux  ou  des  objets.  Ex.  :  Faudra  que  la 
bande  de  porte  seye  faite  à  la  demande. 

Et.  —  De  -f  mandare,  confier,  remettre  ;  puis, 
au  fig.,  confier  à  l'oreille,  à  l'esprit,  donc  :  faire  une 
demande.  (Litt.) 

Demander  (Mj.),  v.  a.  —  Ne  pas  demander 
l'argent  de  son  reste,  —  en  avoir  assez.  || 
Demander  sa  démission,  —  donner  sa  démis- 
sion. Il  Exiger,  falloir.  —  Ex.  :  Ça  demande 
Pâques  avant  que  j'ayons  du  beau  temps.  || 
Bv.  —  Mendier. 


Démanier  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  hâter,  se 
débrouiller.  —  Syn.  :  se  Démalaiser,  se 
Démaler,  se  Démerder,  se  Dégrouiller. 

Démaquégner  (se)  (Lg.),  v.  pron.  —  Com- 
mencer à  profiter,  à  se  développer  ;  se  dé- 
nouer. Se  dit  d'un  enfant,  d'un  jeune  animal, 
d'une  plante  qui  étaient  malingres,  harnis, 
noués. 

Et.  —  Paraît  être  un  doubl.  de  :  se  Démâconner. 
L'étymol.  donnée  pour  ce  dernier  mot  serait  alors 
p.  ê.  un  peu  fantaisiste. 

Démarcher  (By.),  v.  n.  —  Commencer  à 
marcher  ;  en  pari,  d'un  enfant.  Syn.  de 
Courre. 

Et.  —  Sens  très  étymol.  ;  la  démarche  est  le  pas 
qu'on  commence  à  faire  quand  on  veut  aller  en  qq. 
lieu  ou  en  sortir. 

Démarder  (Mj.),  v.  a.  —  Nettoyer  de  ses 
excréments.  |!  Fig.,  v.  réf.  —  Se  débrouiller. 

Démarrant  (Lg.),  adj.  verb.  —  Qui  se  met 
volontiers  en  mouvement,  vif,  pressé,  alerte. 
S'emploie  surtout  avec  la  négation.  «  Il  n'est 
guère  démarrant.  »  Syn.  de  Pressant. 

Démarrer  (se)  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  débrouil- 
ler. Syn.  de  se  Démerder,  se  Décancher,  se 
Dégabarer.  \\  Se  mettre  en  mouvement,  se 
presser,  se  hâter.  Syn.  de  ^.'Emover,  s'Emou- 
ver,  se  Démaler,  se  Démalaiser.  j|  Segr.  — 
Sortir  avec  difficulté  d'un  mollet,  d'une 
mare.  (Mén.,  qui  ajoute  :)  En  terme  de 
marine  :  amarrer  ;  amarre  signifie  câble.  — 
Cette  étymol.  me  semble  meilleure  que  celle 
de  :  mare.  A.  V.  ||  Sal.  —  V.  a.  Tirer  d'une 
ornière,  etc.,  id.  ||  By.  v.  n.  Sens  spécial  :  Se 
mettre  en  mouvement  :  «  I'  n'démarre  pas 
(il  ne  part  pas)  le  jour  qu'il  embarque  !  » 
c.-à-d.  :  il  n'en  finit  point.  —  «  Vas-tu  ben- 
tout  démarrer?  »  —  te  décider  à  agir.  —  L'a 
est  bref.  ||  Mj.  Bouger;  s'en  aller. 

Démateronner  (Mj.),  v.  a.  —  Défaire  les 
grumeaux.  Ce  mot  est  le  contraire  de  A?7ia- 
teronner,  dérivé  comme  lui  de  Materon.  Syn. 
de  Dématouner. 

Et.  —  Maton  ;  rad.  mat,  qui  se  retrouve  dans 
l'ail,  dialect.  matte,  lait  caillé.  Cf.  Pâte  mate,  mal 
levée.   (Daem.) 

Dématouner  (Lg.),  v.  a.  —  Défaire  les 
grumeaux.  Doubl.  et  syn.  de  Démateronner, 
dér.  de  Maton. 

Dême  (Mj.),  s.  f.  —  Doubl.  du  fr.  Dîme.  || 
(By.),  s.  f.  Redevance  ;  dêmes,  l'objet  dû. 
Mots  employés  par  les  rouisseux  qui  prennent 
pour  salaire  de  leur  travail  la  treizaine  (la 
treizième  poignée  de  chanvre,  quand  ils  le 
remettent  roui  au  propriétaire).  D'où  : 
dénier. 

Et.  Hist.  —  Provenç.  :  desme,  deime,  de  décima, 
la  10'^  partie  d'une  chose.  —  «  Tôt  ce  qe  il  aveyt  et 
poeyt  aver  a  prendre  en  la  deyme  de  Braace.  » 
(1262.  —  Inv.  Arch.  H  i,  p.  266,  col.  2.).  — 
n  Vendent  à  Robert  de  la  Plesse  «  prioul  de  Goyz 
(Gouis)  tote  lor  partie  et  la  porcion  de  ferrage,  de 
déisme  de  blé  et  de  vin.  »  (1296.  Id.,  ibid.,  p.  54, 
col.  2.).  —   «  Ce  sont  les  demes  de  Saint  Martin 


DEMEAU  —  DÉMOILER 


279 


d'Angiers  receus  par  la  main  Colin  de  Brie  (1343.)- 

—  «  Testament  de  Jean  Savary,  «  saignour  de 
Concourçon  »,  portant  legs  de  100  s.  de  rente  «  sus 
nostre  deenie  que  nous  avons  en  la  paroisse  de 
Toarcé.  »  (1303.  —  Id.,  ibid.,  G,  48,  2,  bas.)-  — 
«  Che  sunt  les  desmes  deen  (du  doyen)  et  chapitre 
Saint  Martin  d'Angiers,  deues  à  Bourc  et  recheues 
par  monsour  Richart  Chemel,  prestre,  en  l'an  de 
grâce  mil  CGC  cinquante  et  dous.  »  (13.52.  —  Id., 
ibid.,  p.  157,  col.  2.).  —  «  Guill.  de  Corlon  baille  et 
octroie  au  prieur  de  Gouis  «  sa  desme  que  il  a  en 
la  paroises  de  la  Chapelle  d'Aligné.  »  (1274.  — 
Id.,  S,  Hï,  p.  54,  col.  1.). 

Demeau  (Mj.),  s.  m.  —  Ancienne  mesure  de 
capacité  pour  les  grains.  Les  vieux  actes  en 
font  mention  et  le  mot  est  encore  parfois 
employé  par  les  anciens  du  pays.  Ils  pro- 
noncent Demeau  ou  Deumeau.  ||  Zigz.  69.  — 
Double  décalitre,  boisseau. 

Et.  —  Ce  vocable  me  semble  dérivé  de  Dême, 
Dêmer,  parce  que  le  Demeau  servait  à  prélever  la 
dîme,  à  dêmer.  —  En  usage  à  Châteaugontier, 
Champtocé,  Daon  {Anjou  hi^t.  4"  ann.,  n°  5,  p.  397.) 

—  Demiaus...  moitié,  (dimidium)  du  boisseau. 
«  Cinq  demiaus  de  froment,  un  denier  sus  Guffroy 
Menart,  un  demiaus  de  froment  sus  Pierre  Chois- 
net.  ».  —  «  Item,  très  demellos  seu  demiaus  fru- 
menti  et  unum  denarium  super  Droctum.  »  (L.  C. 

—  N.  E.).  —  Demidus  (Demellus)  ;  Demion 
(Demionus).  Le  \"  de  dimidium,  le  2"  de  Demi  -f- 
onus,  mot  hybride  :  la  moitié  d'une  chopine.  «  L'un 
d'eulx  dist  qu'il  failloit  avoir  demion  de  vin,  et  le 
suppliant  dist  que  ce  serait  peu  et  qu'il  en  con- 
venoit  avoir  chopine.  »  (1452).  —  D.  C.  —  Dans 
Jaubert  :  Ameau  (Suppl.).  —  Demeau  (demya  (o), 
mesure  pour  les  grains  valant  actuellement  un 
double  décalitre  (boisseau  ordinaire),  ou  un  quart 
d'hectolitre  (boisseau  d'Ernée)  :  le  mot  demiau 
est  usité  surtout  dans  l'arrondissement  de 
Mavenne.  Anciennes  valeurs  du  demeau  :  à  Mayenne, 
30  î.  782;  à  Villaines,  Lassay,  40  1.  183  :  à  Château- 
gontier, 10,  923;  à  Craon,  Cuillé,  10,  686.  (Dottin.). 

—  Demel  (God.). 

Démembroler  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  v.  a.  — 
Démolir,  démantibuler,  dislocjuer.  Syn.  de 
Déferloquer,  Déberloquer,  Dénâler,  Déhar- 
nâcfier,  Dènâfrer,  Déroquer.  Dim.  du  fr. 
Démembrer.  ||  Sal.  — •  Brouette  démemhrolée. 

Déménager  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Perdre  la 
raison,  devenir  fou.  ^  Syn.  de  Foléier.  — 
C'est  la  raison  qui  déménage.  ||  Déguerpir.  || 
V.  a.  Faire  déguerpir,  jeter  à  la  porte.  Syn.  de 
Démagasiner,  Décancher,  Démûrailler. 

Démenter  (se)  {Guéinanter),  v.  réf.  —  Se  clia- 
griner,  se  plaindre,  se  lamenter,  se  préoccu- 
per, se  tracasser. 

Et.  —  Ce  v.  a  deux  sens  :  s'emporter,  devenir 
furieux,  et  :  se  tourmenter,  se  lamenter.  —  Le  sens 
propre  est  :  perdre  le  sens  (D.  C.  Ementare).  —  Se 
démanter,  ou  :  se  guémenter  se  dit  pour  :  se  mêler 
mal  à  propos  d'une  chose.  «  Après  soupper  il  se 
complaigny  et  dementa  d'acheter  vin  en  la  ville  de 
Fimes  à  ladite  Marguerite.  »  — «  Esquelles  estuves 
icelle  Martinette  se  feust  démentéc  du  chapperon 
sa  fille,  que  elle  avoit  perdu.  »  (L.  C.  —  N.  E.).  — 
Dementare.  «  Laquelle  Emmelot  se  commença 
moult  à  démenter,  à  pleindre  et  à  doulouser,  et 
avoit  moût  d'angoisse.  »  (1390.  —  D.  C). 

Dêmer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Prélever  la 
dîme.  V.  Dême. 


Démerder  (se)  (Lg.).  —  Fig.,  v.  réf.  Se  débar- 
raisser  d'un  importun,  se  tirer  des  difficultés, 
et,  p.  ext.,  se  hâter,  faire  diligence.  Syn.  de  : 
se  Démarrer,  se  Décancher. 

Demésui,  Demeshui,  Demaisiiuit  Demais- 
huit  (Z.  127,  By.),  adv.  —  Aujourd'hui.  || 
Désormais  :  «  Demeshui  je  suis  perdu.  ||  Tu  ne 
feras  jamais  ren  de  ben  demeshuit.  »  ||  Lrm.  — • 
Ou  dur  meshui.  Désormais,  dorénavant. 

Demi  (Mj.,  By.).  —  C'est  à-demi,  loc. 
prov.,  ce  n'est  ni  bien  ni  mal.  ||  A  demi  l'un,  à 
demi  l'autre,  —  tantôt  l'un,  tantôt  l'autre. 
Ex.  :  Ils  illy  travaillaient  à  demi  l'un,  à 
demi  l'autre.  ||  De  demi  en  demi  les  jours,  — 
de  deux  jours  l'un.  Cf.  Demit-en-jour.  ||  By. — 
Aile  a  la  fièvre  de  demi  en  demi  les  jours.  ||  En 
demi,  même  sens,  mais  moins  usité.  ||  A 
demi,  loc,  prép.,  de  deux  l'un.  Ex.  :  Y  a  des 
choux  pou  mes  à  detni  les  rangs. 

Demi-double  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Mesure 
d'un  décalitre.  —  C'est  la  moitié  du  Double. 

Demi-clé  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  nœud,  ou 
plutôt  de  ligature,  que  les  mariniers  pra- 
tiquent en  enroulant  une  amarre  sur  le  col 
d'un  marmouset. 

De  mi- frère  (Mj.,  By.,  Ag.,  Lg.),  s.  m.  — 
Frère  consanguin  ou  utérin.  Syn.  de  Beau- 
frère.  On  dit  aussi  :  Frère  de  père,  ou  de  mère. 

Déminuer  (Mj.,  By.),  v.  n.  et  a.  —  Dimi- 
nuer. Cf.  Déligent,  Dériger.  \\  V.  a.  et  n.  Bais- 
ser de  prix.  Ex.  :  Ils  ont  déminué  le  beurre  à 
matin. 

Et.  —  Di-minuere,  rendre  moindre.  Cf.  Menn. 
Avant  le  xiv  s.  on  trouve  :  demenuisér  (xrp). 

Déminiition  (Mj.),  s.  f.  —  Diminution.  V. 
Déminuer.  \\  Baisse  de  prix.  Ex.  :  Y  a  ben  de 
la  déminutioti  sus  les  œufs. 

Demi-rez,    ou    Comble.    —    \"oir    Mi-rez. 

(MÉN.) 

Demi-route  (Lg.),  s.  f.  —  Chemin  vicinal. 

Denii-sargent  (Mj.),  s.  m.  —  Espèce 
ancienne  de  poire.  (Poire  de  bon-sergent?) 

Demi-sœur  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Sœur  consan- 
guine ou  utérine.  Syn.  de  Belle-sœur.  On  dit 
au.ssi  :  Sœur  de  père  ou  de  mère. 

Demit-en-jour  (Segr.).  —  Pour  :  moitié  du 
jour.  K  \"enoz  donc  chez  moi  demit-en-jour.  » 
—  Cf.  Demi. 

N.  —  Mal  écrit  et  mal  interprété.  C'est  :  de 
milan  jour,  c.-à-d.  dans  le  milieu  du  jour.  A  Mj.,  on 
dit  en  ce  sens  :  Sus  le  haut  du  jour.  Par  ailleurs  on 
dit  :  Dans  les  milans  jours  (s.  e.  de  la  semaine). 
Ex.  :  J'érons  vous  voir  dans  les  milans  jours,  c.-à-d. 
mercredi  ou  jeudi.  V.  Milan.  Il  y  aurait  lieu  sou- 
vent de  rectifier  les  données  de  certains  correspon- 
dants qui  n'ont  vraiment  pas  assez  le  sens  de  leur 
patois.  (R.O.). 

Demi-vin.  —  Voir  Boite.  Cf.  Mévin. 

Démoiler  (Mj.,  Lg.).  Pron.  dé-mouê-ler, 
V.  a.  —  Démêler.  Mot  très  vieilli  à  Mj.  ;  syn. 
de  Débrêner.  Dér.  de  Moiler. 


280 


DÉMOISILLON  —  DENTIER 


'^t.  —  Lat  pop.  misculare,  mes'clar,  mesler, 
mêler.  (Darm.). 

Demoisillon  (Lg.).  V.  le  suivant. 

Demoisillonne  (Mj.),  s.  f.  —  Jeune  demoi- 
selle, jeune  personne. 

Et.  —  Dimin.  du  fr.  Demoiselle.  Cf.  Damerette. 
LiTTRÉ  donne  Demoisillon.  ||  Damoiselette.  GoD. 

Démoletter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Luxer, 
déboîter,  démettre  un  membre,  désarticuler. 
Syn.  de  Débouletter,  Démouletter,  Démancher. 
Se  dit  surtout  du  genou,  mais  aussi  de  toute 
autre  articulation. 

Et.  —  Formé  du  préf.  Dé  et  du  fr.  Molette,  pris 
dan.s  le  sens  de  sa  rac.  lat.  Mola,  meule.  Les  extré- 
mités des  os  dans  les  articulations  s'emboîtent  et 
frottent  l'une  sur  l'autre  à  la  manière  des  meules 
antiques.  Hist.  —  «  Démoller,  déboîter  :  «  Tombe 
à  la  renverse,  et  chéant  sur  l'eschine  il  se  démole  la 
cheville  du  pied  et  se  rompt  le  cropion.  »  —  «  Es 
aultres  démolloit  les  reins.  »  (Rab.,  i,  193  et  note.). 
—  L.  C.  —  Autre  explication  :  De  +  moler  =  mou- 
ler, façonner  (modulare,  modler,  mosler,  moller), 
mouler,  façonner  ;  ...prendre  la  forme  de,  fait  au 
moule  ;  bien  fait.  {Df  A.  Bos.).  Et  alors  cela  vou- 
drait dire  :  démouler,  défaçonner.  —  Je  préfère  la 
première. 

Démolir.  —  Mot  d'enfant.  «  Pourquoi 
as-tu  démoli  ta  poupée?  »  —  «  Je  vas  la 
remolir.  »  répond  la  fillette.  —  M.  Bernier. 

Dcmolitionner  (Mj.),  v.  a.  —  Démolir. 
Tiré  de  Démolition,  comme  Infectionner  de 
Infection. 

Démordre  (Lg.),  v.  n.  —  Démanger.  Ex.  : 
Ça  me  démord  au  grous-t-ortail. 

Demoselle,  s.  î.  —  Demoiselle. 

Démouletter  (Lg.),  v.  a.  —  Désarticuler, 
luxer.  Syn.  de  Démancher,  Débouletter, 
DémoleUer,  sorte  de  compromis  entre  ces 
deux  derniers. 

Dempis  (Mj.,  Lg.),  adv.  et  prép.  —  V. 
Dempuis.  Cf.  Pis,  Pisque. 

Et.  —  De  -|-  in  -j-  post.  —  Hist.  «  01  é  p'  t'  et  bé 
n-à  caôse  de  tchieu  qu'  1'  homme-sons- tête  y  r'vint 
m'rabatter  dempis  tchiéque  temps?  » 
(H.  Bourg.,  H'^^  de  la  Grande  Guerre,  p.  53.). 

Dempuis  (Mj.),  adv.  et  prép.  —  Depuis. 
V.  Dempis.  Syn.  de  Dédepuis. 

Hist.  —  Sépulture  de  Michel  Chartier  «  Lom- 
balais,  lequel  dempuys  peu  de  temps  s'estoit  retiré 
en  ce  bourg  de  Loroux.  »  (1613.  —  Inv.,  Arch.,  S.  s. 
E,  p.  239,  1,  bas.).  —  Ordonnance  des  ducs  de  Bre- 
tagne (L.  C). 

Démuleter  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  —  Féconder 
une  femme  restée  jusque-là  stérile.  V.  Mule, 
Mulet. 

Démurâilter  (Lg.),  v.  a.  —  Faire  déguerpir. 
Syn.  de  Décancher,  Démagasiner,  Déménager, 
Décaniger.  \\  V.  réf.  —  Se  démurâiller,  — 
déguerpir. 

Dénâfrer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Déchiqueter, 
mettre  en  lambeaux,  en  pièces,  lacérer.  Pour 
Dénavrer,  composé  du  fr.  Navrer,  pris  dans 
son  sens  ancien.  Syn.  de  Dénâler,  Déferlo- 
quer  ;  Echaffrer. 


Et.  —  Ane.  fr.  Navrer  et  Nafrer,  dér.  du  rad. 
german.  Narv  ou  narf,  cicatrice.  (Daem.). 

Dénaître  (Tlm.),  v.  n.  —  Enrager,  se  dépi- 
ter. Ex.  :  Tu  le  fais  dénaitre,  ceté  pouvre  gars- 
là,  —  tu  le  fais  enrager. 

N.  —  Denaistre,  v.  n.  Cesser  d'exister.  «  Sans 
cette  petite  créature  qui  me  ravage  le  tempéra- 
ment, c'est  les  sept  péchés  capitaux  !  Elle  me  fait 
dénaître  !  Imaginez-vous...  »  (A.  Léo.  Mariage 
scandaleux,  p.  33.  —  GoD.). 

Dénâler  (Lir.,  Lg.),  v.  a.  —  Di.sloquer, 
démolir.  !|  Déchirer,  découdre.  Syn.  de 
Eraler,  Dénâfrer,  Déberloquer,  Déjerloquer, 
Démembroler,  Déroquer,  Déharnâcher. 

Dénantir  (By.).  —  V.  Chatière. 

Déneiger  (Sp.),  v.  n.  —  Enlever  la  neige. 

Dénenger  (Sp.),  v.  a.  —  Débarrasser  de 
quelque  engeance.  Syn.  de  Dégeancer,  Dégé- 
nouir. 

Et.  —  On  peut  regarder  ce  mot  com.  un  dérivé 
direct  du  fr.  Enger  :  sa  forme  régul.  serait  alors 
Désenger.  Mais  on  peut  y  voir  aussi  un  composé 
du  patois  Enenger,  mis  pour  Désenenger,  par 
aphérèse  d'une  syll.,  com.  Déplir,  pour  Désemplir, 
Débiller.  pour  Déshabiller.  Cette  dernière  opinion 
me  paraît  la  plus  plausible. 

—  Enger,  pourvoir  d'un  plant,  d'une  herbe. 
[2^  sens  :  embarrasser).  —  Enge  =  race,  espèce. 
Orig.  incert. 

Denier  (partout),  s.  m.  —  Absolument 
pour  :  Denier  à  Dieu,  arrhes  données  à  un 
domestique.  Ex.  :  Il  a  rendu  son  denier. 

Déniger  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Dénicher, 
—  V.  Niger.  De  :  nid. 

Hist.  —  «  Denigeant  des  passereaux,  prenant  des 
cailles,  peschant  aux  grenoilles  et  escrevisses.  i> 
(Rab.,  p.,  I,  24.).  —  «  Lucifer  se  desliera  et...  voul- 
dra  deniger  des  cieulx  tous  les  dieux.  »  {Jd.,  P., 
m,  3,  220.).  —  «  Pour  donc  se  soulager  de  mal,  fit 
apporter  son  curedens,  et...  vous  denigea  bien 
messieurs  les  pèlerins,  »  (R.,  G.,  i,  38,  74.). 

Dénouquer  (Lg.).  v.  a.  —  Dénouer.  Syn.  de 
Débrêner.  Dé'",  de  Nouquer. 

Denrée,  s.  f.  —  V.  Darée. 

Mist.  —  «  Les  perpétuelles  médisances  (de  Thi- 
baut de  Champagne)  réduisirent  tellement  le 
nombre  de  ses  amis  qu'il  les  eût  facilement  nourris 
avec  «  une  denrée  "  de  pain.  —  La  valeur  d'un 
denier.  (Cité  par  M.  Levrault.  —  Les  Genres 
littéraires.  La  Satire,  p.  23.). 

Dent  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Avoir  eine  dent, 
loc.  prov.  ;  avoir  une  rancune,  une  haine, 
contre  qqn.  Syn.  de  Rogne.  \\  Parler  de  la 
grousse  dent,  —  parler  d  un  ton  sévère. 

Denté  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Par  aphérèse, 
pour  :  Endenté,  garni  de  dents.  Ex.  :  Aile  est 
ben  mal  dentée,  ça  la  déguise  ben.  —  Syn.  de 
Dentelée. 

Dentelé  (Lg.),  part,  pass.  —  Qui  a  des 
dents,  endenté.  —  Se  dit  des  personnes 
comme  des  choses.  V.  Denté. 

Dentelle  (Mj.,  Lg.,  By.),  —  Fig.  Péritoine. 
Syn.  de  Crépine,  Pérentoine. 

Dentier  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Gencive.  Ex.  : 


DENTISSE  —  DÉPENANCÉ 


281 


Aile  a  des  brins  de  scorbut  sus  les  dentiers 
Syn.  de  Gendive.  Sens  voisin  de  celui  que 
donne  Hatzfeld. 

Hist.  —  «  Ceux  qui  étaient  mordus  au  dentier 
ou  aux  yeux  en  mouraient.  »  Lehoreau,  1712. 
(Anj.  histor.,  iv,  628,  14.). 

Dentisse  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Dentiste.  Cf. 
Ebénisse,  etc. 

Dents  (à)  (Mj.,  By.),  loc.  adv.  —  Tout 
penché,  courbé  ou  cassé  en  deux,  en  parlant 
des  personnes. 

Et.  —  Ce  mot,  un  peu  vieilli,  mais  encore  très 
usité,  ainsi  que  son  dérivé  s' Adenter,  a  une  étym. 
évidente,  et  fait  image,  surtout  pour  qui  a  vu  les 
vieux  vignerons  d'autrefois,  marchant  pour  ainsi 
dire  la  face  contre  terre,  sur  les  dents. 

Dénué,  ée  (Lg.),  part.  pas.  —  Se  dit  d'un 
sol,  d'une  terre  qui  a  été  laissée  en  friche 
depuis  qqs  années. 

Et.  —  On  pourrait  voir  là  un  doubl.  du  fr.  Dé- 
nudé, lat  Denudatus.  Toutefois  Jaubert  a  Désan- 
uué  (avec  a  nasal  —  du  lat.  annus).  Propriété  qui 
ne  produit  plus  rien  depuis  plusieurs  années,  faute 
de  soins  et  d'entretien. 

Dénuer  (Lg.),  v.  a.  —  Dépouiller,  dénuder. 
Ex.  :  La  navine  s'est  dénuée  de  feuilles. 

N.  —  C'est  le  sens  propre  du  v.,  que  le  fr.  n'em- 
ploie qu'au  fig. 

Denuit  (By.),  s.  m.  —  Ce  qui  se  porte  la 
nuit,  toilette  de  nuit.  On  dit  :  un  denuit  ;  je 
ne  trouve  pas  mon  denuit  (s.  e.  vêtement). 
Cf.  Tous -les -jours,  Dimanches. 

Dépadanser,  v.  a.  —  Couper,  décrocher, 
faire  tomber.  Ex.  :  Dépadansez  donc  les 
colliers  des  chevaux.  —  je  vas  dépadancer 
des  chardons.  Cf.  Apadanser,  Apendanser.  — 
Dépendanser.  C'est  dépendre  ce  qui  pend. 
By.  Dépendancer,  décrocher,  faire  tomber. 

Dépanner  (Mj.,  By.)  (dé-pan-ner  ;  pan,  très 
nasal),  v.  a.  et  n.  —  Retirer  le  linge  lessivé 
de  la  panne.  Ex.  :  Va  falloir  dépanner  la  buée. 

—  Cf.  Empanner. 

N.  —  Ne  pas  confondre  avec  :  dépanné,  dégue- 
nillé, déchiré  (lat.  pannus),  ce  qui  est  en  lambeaux. 

—  «  La  peussiez  voir  tant  vies  dras  dépannés, 

Et  tant  grande  barbe,  et  tant  ciés  hurpés.  .> 
(Le  Roman  de  la  conqueste  d'Outremer.)  D.  C. 

Dépapoter  (Ag.),  v.  a.  —  Décoller.  Ex.  : 
La  bande  est  dépapotée.  Langue  des  fabri- 
cants de  billards. 

Depaquetter  (Mj.),  v.  a.  —  Dépaqueter. 
Cf.  Empaquetler,  Bempaquetter,  où  les  deux  tt 
sonnent. 

Déparcher,  v.  a.  —  C'est  enlever  les  parches 
ou  perches  qui  servaient  à  ramer  les  pois. 
D'où  le  proverbe  :  On  ne  déparche  pas  les  pois 
qui  n'ont  pas  de  parches.  —  On  ne  peut  pas 
faire  une  chose  impossible. 

Et.  —  Pertica,  perche. 

Départ  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Eter  sus  le,  sus 
son  départ,  —  être  sur  le  point  de  partir. 

Département  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig. 
Employé  pour  donner  l'idée  d  une  chose  très 


grande,  vêtement,  vase,  etc.  Ex.  :  Queuns 
souliers  !  c'est  des  départements  !  Cf.  Bateau, 
pour  indiquer  des  souliers  trop  larges. 

Dépassant,  e  (Mj.,  By.),  adj.  v.  —  Qui  sait 
se  tirer  d'affaire  en  toute  circonstance,  qui  a 
de  l'entregent.  Cf.  se  Dépasser.  Syn.  de  Adri- 
gant. 

Dépasser  (se)  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  réf.  —  Se 
tirer  d  affaire,  faire  son  chemin. 

Dépatouiller  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Débarras- 
ser de  ce  qui  entrave  ou  retient  les  pieds  (les 
pattes).  Syn.  de  Décancher.  \\  V.  réf.  Se 
débarrasser  des  obstacles  quelconques.  || 
Fig.  Se  hâter.  ||  Se  débourber,  se  tirer  ou  se 
débarrasser  de  la  boue.  —  Autres  syn.  :  se 
Débarbouiller,  se  Démanier,  se  Démarder. 

Et.  —  Le  Dictionn.  général,  au  mot  Patrouiller, 
renvoie  à  Patrouiller,  dér.  de  patte,  piétiner  dans 
la  boue.  Cf.  Patauger,  dér.  de  pataud,  de  patte.  Vx 
fr.  patoyer.  —  La  Curne  :  se  Dépatrouiller,  se 
dépêtrer.  «  Mille  personnes  veulent  assommer 
Balde,  tombé  sous  mille  pierres,  mais  il  se  despa- 
trouille  habilement  de  dessoubs  le  monceau  de 
pierre.     » 

Dépatraquer  (.Mj.),  v  .a.  —  Disloquer, 
réduire  à  1  état  de  patraque.  Syn.  de  Déber- 
loquer,  Déferloquer.  —  Dér.  du  fr.  Patraque. 

Dépanner  (Lg.),  v.  a.  —  Retirer  de  la 
paune  ou  panne  le  linge  lessivé.  Syn.  et  dou- 
blet de  Dépanner. 

Dépéeasser  (Mj.),  v.  a.  —  Débarrasser  de 
qq.  substance  poisseuse,  nettoyer  de  la  boue 
qui  s'est  attachée.  i|  Se  dépécasserles  dents,  — 
les  nettoyer  des  bribes  d'aliments  qui  sont 
restées  prises  dans  les  interstices  ;  les  curer. 

Et.  —  Formé  du  préf.  Dé  et  de  la  rac.  allem. 
Pechs,  lat.  Pix,  fr.  Poix,  avec  terminais,  verbale 
péjorative.  V.  Empécasser.  Cf.  Débogasser. 

Dépeigne  (Jean),  s.  m.  (Segré).  —  Pour 
Ajonc  de  peigne.  V.  Aien,  Haguin,  Hudin, 
Jaunets.  —  Il  faudrait  lire  Jonc. 

Dépelouner  (Tlm.),  v.  a.  —  Dépouiller  de 
sa  couche  de  terre  gazonnée,  un  pré. 

Et.  —  Pour  Dépelonner,  inus.,  qui  a  pour  rac. 
l'élan.  Syn.  de  Depêvrer. 

Dépenaillé  (Sal.),  a.  q.  Réduit  en  guenilles, 
en  loques.  Se  dit  des  choses.  V.  Citât,  de 
Sully  au  suivant.  Cf.  Dépenillé. 

Dépenancé  (Z.  146,  By.),  adj.  q.  —  Triste, 
défait,  mal  fichu.  Ex.  :  T'as  la  goule  toute 
déperiancée  ! 

Et.  —  Dépenaillé  ;  dé  -|-  penaille,  du  vx  fr.  pêne 
ou  pane,  drap,  étoffe.  —  Le  vx  fr.  disait  :  despené, 
despané,  mis  en  lambeaux  (Litt.).  —  «  Vx  fr. 
dépané  :  dé  -\-  pan,  lambeau.  Il  parait  y  avoir  eu 
confusion  entre  dépané  et  despené.  déplumé  ;  de  là 
dépenaillé  au  lieu  de  dépanaillé.  (Darxi.).  —  «  Ce 
terme  s'appliquait  d'abord  aux  oiseaux  dans  le 
sens  (le  déplumé,  ou  plutôt  :  qui  a  le  [)lumage  en 
désordre.  (B.  L.  Depenare,  déplumé  ;  de  penne,  lat. 
penna,  plume)  ;  ou  bien  c'est  un  dér.  du  vx  fr. 
dépané,  déchiré.  (B.  l...  Depanare),  de  pannus, 
morceau,  lambeau,  pan.  Le  mot  penaille  parle  en 
faveur  de  la  2«  étymol.  (Schelee.).  —  Dépenaillé  ; 


282 


DÉFENDEUR  —  DÊPOUICHER 


«   Leurs   grands   panaches   blancs   et   noirs,    tout 
brisés,  dépenaillés.  »  (Sully,  Mémoires.  —  Éveillé.  ) 

Dépendeur  d'andouilles  (partout).  — 
Homme  grand,  maigre,  mauvais  sujet,  à  qui 
sa  haute  taille  permet  de  dépendre,  c.-à-d. 
d'enlever  les  saucissons  ou  andouilles  que 
les  charcutiers  suspendent  devant  leurs  bou- 
tiques pour  leur  servir  d'enseignes  ;  —  se  dit 
d'un  niais,  grand  imbécile.  (Guillematjt.) 

Uépenillé  (Ag.,  By.),  adj.  q.  —  II,  elle  est 
toute  dépenillée  ;  ses  vêtements  sont  tout  en 
loques,  effrangés.  —  On  dit  aussi  :  Dépe- 
naillé. Cf.  Diguenaillé.  V.  Déponardé. 

Et.  —  Voir  Dépenancé. 

Dépense,  s.  f.  —  Prodigue,  Dans  cette 
locut.  :  Aile  est  ben  de  dépense.  (Li.,  Br.,  Mj., 
By.) 

Déperrayer  (Mj.),  v.  a.  —  Enlever  un  per- 
rayage.  ||  Oter  la  garniture  de  pierres  d'un 
filet.  V.  Perrayer,  Perré. 

Dépêvrer  (Lg.),  v.  a.  —  Dégarnir  de  gazon, 
d'herbe,  un  terrain.  Cf.  Dépelouner,  Apêvrer. 
Et.  —  Dér.  de  Pêvre. 

Dépiauter,  v.  a.  —  Enlever  la  peau,  —  d'un 
lapin.  (Ag.,  Lue,  By.),  —  d'une  anguille  ; 
dépouiller,  écorcher.  Syn.  de  E piauler. 

Et.  —  Dé  -f-  piau,  forme  dialect.  de  peau.  —  N. 
Au  fig.  Parlant  du  livre  de  E.  Biré  sur  V.  Hugo, 
Gaston  Deschamps  écrit  :  «  On  le  fouille,  on  le 
déshabille,  on  le  dépiaute.  »  (.Journal  Le  Temps, 
6  décembre  1903.). 

Dépîgner  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Dépîgner  des 
dents  ou  les  dents,  —  découvrir  les  dents  par 
un  rictus  forcé,  faire  une  grimace  de  dégoût. 
Ex.  :  T'as  pas  besoin  de  dépîgner  les  dents  sus 
de  la  bonne  bernâche  comme  ça.  Syn.  de 
Gricher,  Grincher. 

Et.  —  Du  préf.  Dé  et  de  Peigne.  Dépîgner  les 
dents,  c'est  montrer  son  peigne.  Le  vieil  Homère 
parlait  de  la  «  barrière  »  des  dents.  —  Pignocher, 
altérât,  de  Epinocher,  sous  l'influence  de  Peigner, 
manger  du  bout  des  dents.  —  Manger  de  l'épinoche, 
en  prenant  beaucoup  de  précautions,  à  cause  des 
arêtes.  —  Epines.  (Darm.) 

Dépile  (Mj.),  s.  m.  —  Débâcle  des  glaces. 
V.  se  Dé  piler. 

Et.  —  Dépiler,  abattre  des  piliers  (dans  une 
mine).  Darm. 

Dépiler  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  débâcler, 
devenir  libre  de  glaces,  en  parlant  d'un 
fleuve.  V.  Empiler.  Du  fr.  Pile. 

Hist.  —  Desciré  l'ont  et  depillié.  [Renart  le 
Nouveau,  6181.  —  God.) 

Dépiquer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Déplanter, 
arracher.  V.  Piquer. 

Dépiquetter  (Mj.),  v.  a.  —  Arracher  le 
piquet  qui  retient  dans  un  pré  une  vache. 
Ex.  :  Voutre  taure  s'est  dépiqueltée  ;  a 
mouche.  V.  Empiquetter. 

Depis  (Mj.),  prép.  et  adv.  —  Depuis.  V. 
Dempis. 

Hist.  —  «  Vacat  à  cause  des  troubles,  car  depys 


le  28  septembre  1567  j'ay  esté  à  Blain.  »  (Inv.  Arch., 
E,  II,  p.  7,  col.  2.) 

Dépit  (Mj.),  s.  m.  —  Faire  dépit,  causer  du 
dépit,  vexer.  «  Ça  fait  grand  dépit  de  voir  ça.  » 

Dépitant  (Mj.,  By.),  adj.  verb.  —  Qui 
cause  du  dépit,  vexant. 

Et,  —  Despectus  (de-spectare),  regarder  de  haut 
en  bas,  mépriser. 

Dépiter  (se)  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se  dépiter 
à,  —  s  enrager  à,  s'acharner  à.  Ex.  :  Il  se 
dépite  à  travailler  ;  a  se  dépile  à  faire  tout  à 
revers  du  bon  sens. 

Déplaneher  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Rejeter  la 
terre  vers  l'extérieur  de  l'espace  que  circons- 
crit le  parcours  de  la  charrue  ;  commencer  le 
labour  par  les  bords  du  champ,  pour  finir  au 
milieu.  Cf.  Plancher. 

Dép/eunier  (Mj.),  v.  a.  —  Déplumer.  Cf. 
Pleume.  Le  pi  est  souvent  mouillé.  ||  By.  — 
pi  distinct. 

Dép/eyer  (Lg.),  v.  a.  —  Déployer,  déplier. 
Cf.  Pleyer.  \\  By.  PI.  distinct. 

Déplir  (Mj.),  v.  a.  —  Désemplir,  vider.  Cf. 
Débuter. 

Déponinier  (Lg.),  v.  a.  —  Débarrasser 
d'une  pomme,  d'un  navet,  l'œsophage  d'un 
ruminant.  C'est  le  pendant  de  s'Empoumer. 
Langue  des  mégeilleurs. 

Déponardé  (Ag.),  adj.  q.  —  Déchiré. 

N.  —  Déponasser  :  détruire  un  nid  d'oiseau, 
l'arracher,  le  briser.  (Orain.)  ij  Morv.,  dépondre 
quitter,  lâcher,  cesser  d'être,  joint  ou  uni  à.  — 
Forez  et  Lyon.,  id.,  déchirer,  dégueniller.  —  Fr. 
Comté,  Suisse  rom.,  id.,  —  disjoindre,  détacher, 
discontinuer.  Cf.  Dépenaillé,  Dépenillé. 

Déponé  (Ag.),  adj.  q.  —  Déchiré.  Il  est 
tout  déponé.  —  Cf.  Penilles,  Epéner. 

Déponter  (Mj.),  v.  a.  —  Enlever  le  pon- 
tage,  ou  les  appontements  de,  d'un  bateau  ; 
fr.  Pont' 

Déporter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Exonérer, 
dégrever,  décharger.  Ex.  :  Je  vas  me  faire 
déporter  de  mes  prestations.  Syn.  de  Désim- 
poser.  Déposer.  \\  Rayer.  Ex.  :  Il  s'est  fait 
déporter  de  sus  la  liste.  —  Il  s'est  fait  déporter 
du  conseil.  ||  Se  déporter,  —  renoncer  à,  un 
héritage,  une  amoureuse. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.,  employé  uniquement 
dans  ces  sens  spéciaux. 

Hist.  —  «  Et  ne  vous  faschera,  si  pour  le  présent 
je  m'en  déporte.  »  (Rab.,  G.,  i,  1.) 

Déposer  (Lg.),  v.  a.  —  Exonérer,  d'un 
impôt,  dégrever.  Ex.  :  Je  veux  me  faire 
déposer  de  mes  prestations.  —  Syn.  de 
Désimposer,  Déporter. 

Dépoter  (Li.,  Br.,  Mj.,  By.),  v  .a.  —  Trans- 
border. «  On  va  nous  dépoter  »,  nous  chan- 
ger de  train,  —  à  Ecouflant,  p.  ex.  ||  V.  n. 
Absolument  :  Changer  de  voiture,  de  train.  || 
Transvaser. 

Dépouiclier  (Bg.),  v.  n.  —   «  La  chemise 


DÉPRESSER  —  DERASSER 


283 


dépouiche, 
le  ofilet. 


se  montre  entre  le  pantalon  et 


Dépresser  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  débarras- 
ser des  ouvrages  pressants.  Ex.  :  J'érons  vous 
voir  quand  je  serons  ein  petit  dépressés. 

Déprêter  (se)  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  déshabiller, 
pour  :  se  désapprêter.  Syn.  de  se  Débiller,  se 
Déhaner,  se  Déharnàcher. 

Déprier,  v.  a.  —  Vx  mot.  Faire  déclara- 
tion de  marchandises  ou  denrées  qui  doivent 
péage.  (LiTT.) 

Hist.  —  «  Si  aucun  marchand  ou  autre  trespasse 
(passe  outre)  aucun  péage  sans  acquitter,  et  il 
retourne  par  la  coustumière  qu'il  a  trespassée,  le 
seigneur  d'icelle  le  peut  contraindre  à  payer 
soixante  sols  d'amende  et  la  coustume,  et  n'aura 
point  de  confiscation  pour  ce  qu'il  n'a  plus  de  den- 
rée, et  pareillement  en  usera  l'on  au  regard  des 
nobles  et  autres  privilégiés  s'ils  failient  à  déprier.  » 
(L.  C.) 

Déprise  (Mj.),  s.  f.  —  Décollement.  S'em- 
ploie dans  l'expression  :  Avoir  eine  déprise 
d'ongle,  —  avoir  un  ongle  soulevé  et  séparé 
de  la  chair  sous-jacente.  —  De  Déprendre. 

Déprocher,  v.  a.  —  Joli  mot  d'enfant  : 
«  Bébé,  tu  t'es  trop  approché  de  la  table  !  >> 

—  «  Eh  !  ben  alors,  grand-père,  déproche-moi 
donc  !  ))  (Mekcier,  Jean.) 

Depuis  (du).  —  Pour  Depuis.  Se  trouve 
dans  la  Satire  Ménippée,  Régniee,  Cor- 
neille, G.  Sand,  etc. 

Hist.  —  1692.  Sépulture  d'honnête  fille  Margue- 
rite du  Temple,  «  laquelle  actuellement  et  du  depuis 
trois  ans  servoit  en  qualité  de  fille  de  chambre. . .  « 
{Inv.  Arch.,n,  E,  S,  291,  2.) 

Dépulanter  (Mj.),  .v  a.  —  Enlever  la  mau- 
vaise odeur.  V.  Einpulanter,  Pulantie.  Syn. 
de  Dépester,  Désempester,  Désinjectionner. 

Dépulantir  (By.),  et  même  Désempulantir. 

—  On  entend  aussi  Dépulanter  et  Désempu- 
lanter. 

Deqiié?  Dédequé?  (Mj  ),  adv.  interr.  — 
Quoi?  Qu'est-ce? 

Déqueniclier  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  sortir 
d'un  retrait,  d'une  cachette,  faire  déguerpir. 
V.  Enquemcher.  Corr.  de  Décaniger,  Décani- 
cher.  V.  Canicher.  Syn.  de  Démurailler. 

Déqueniller  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Décatiiller. 

Déqiienu  (Sa.),  adj.  q.  —  Privé,  séparé: 
qui  ne  sait  où  rechercher,  où  prendre.  Ex.  , 
Pau'  petit  chaton  !  il  braille  parce  qu'il  est 
déquenu  de  son  frère  ;  je  l'avons  donné.  V. 
Déconnu.  \\  Absolument  :  Isolé,  abandonné. 

Hist.  —  Desquenoitre.  V.  Desconoistre. 
—    «    Quar    ge    l'ai    trai    et    vendu 
Et  du  tôt  l'ai  desquenu.  » 

(Passion  D.   N.  —  GoD.) 

Déquérouer  (Mj.),  v.  n.  —  Se  décrocher, 
tomber.  Ex.  :  Faire  déquérouer  des  poumes. 
Syn.  de  Décrimbaler 

Et.  —  P.-ê.  le  contr.  de  Ecrouer  (Equérouer), 
écrou.  De  l'ail.  Schraube.vis.  Cf.  Encroué.    ' 


Déqueuter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  S'emploie 
dans  la  loc.  :  Sans  déqueuter,  —  sans  désem- 
parer. Ex.  :  Il  a  fait  dix  carambolages  sans 
déqueuter,  c.-à-d.  sans  quitter  la  queue,  au 
billard.  —  Par  ext.,  on  emploie  cette  expres- 
sion en  toute  circonstance.  Ex.  :  Ils  ont 
joué  cinq  heures  aux  cartes,  sans  déqueuter. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Queue  (de  billard).  —  H  y  a, 
lorsque  le  mot  n'est  pas  pris  dans  le  sens  propre,  qq. 
confusion  avec  Déroter. 

Déquiller,  v.  a.  —  Chasser  d'une  place. 

Et.  —  Expression  empruntée  du  jeu  de  quille. 
«  Duras,  voulant  prendre  sa  place,  l'accusa..., 
le  desquilla  facilement.  (Agr.  d'Aubigné,  Hist. 
univers.,  Il,  222.  —  EvElLLÉ.)  Syn.  de  Dégoter. 

Déquinteler  (Lg.),  v.  a.  —  Défaire  les 
quinteaux  de  gerbes.  Cf.  Aquinteler. 

Der  !  exclam.  —  Apocope  de  Dergne,  lui- 
même  de  Dernier.  A  certains  jeux,  cri  poussé 
pour  indiquer  que  l'on  veut  jouer  le  dernier. 
Cf.  Preum,  Seg,  Avant  dergne. 

Dérabioler  (Mj.),  v.  n.  —  Délirer,  divaguer, 
extravaguer,  déraisonner. 

Et.  —  Dé,  et  une  rac.  Rab,  qui  se  retrouve  dans 
le  lat.  Rabies,  Rabidus,  et  dans  le  fr.  Rêve.  On  dit 
aussi  :  Dérêbioler.    ■ 

Déragotonner,  v.  a.  et  n.  (Segr.).  —  Aller 
chercher,  fouiner  partout. 

Et.  —  De  ragaton.  pour  rogaton?  Aller  chercher 
les  rogatons,  de  :  rogatum,  chose  demandée,  — 
objet  sans  valeur,  bribe.  —  P.-ê.  pour  Dérabâton- 
ner,  de  Rabâter. 

Dêrai  (Lg.),  v.  a.  —  Futur  du  v.  dire.  Ex.  : 
J'y  dêrai  bé,  —  je  lui  dirai  bien.  Forme 
vieillie. 

Déraillard  (partout).  —  «  On  désigne  sous 
le  nom  de  Petit  Déraillard  le  petit  chemin  de 
fer  départemental  de  l'Anjou.  La  dénomina- 
tion est  peu  justifiée. 

Et.  —  Angl.  Rail,  proprement  Barre.  —  On 
devrait  dire  Dérailer  (dérêler). 

Dérailler  (Mj.),  v.  n.  —  Fig.  Déraisonner. 
Ex.  :  Il  a  beau  être  plein  comme  ein  boudin, 
il  ne  déraille  point. 

Déramer  (Mj.),  v.  n.  —  Ramer  à  revers, 
pour  faire  reculer  ou  tourner  un  bateau.  || 
(By.),  V.  n.  Ramer  à  revers  pour  rimer  su 
cul  ;  ramer  à  revers  d'une  main  et  à  Tendret 
de  l'autre  pour  faire  deux  bouts  (faire  demi- 
tour). 

Déranimaillé  (Ti.,  Zig.  159),  adj.  q.  —  Qui 
est  de  travers,  qui  louche.  Se  dit  des  yeux. 
«  II  a  les  •  yeux  tout  dérammaillés.  »  Cf. 
Dégrammatiser. 

Déraser  (Lg.),  v.  a.  —  Se  dit  dans  :  Déraser 
ine  roue,  —  aplanir  les  jantes  au  ras  du  cercle 
de  fer  qui  entoure  la  roue.  ||  By.  —  Se  dit 
toutes  les  fois  qu'on  veut  mettre'  de  niveau 
deux  parties  accolées  d'un  objet. 

Derasser  (Z.  145,  Br.),  v.  n.  —  Caqueter, 
glousser,  en  parlant  d'une  poule  qui  veut 
couver.  Cf.  Découasser.  \.  Darasser.  Syn.  de 
Darainer. 


284 


DÊRATELIS  —  DÉRINSER 


Dérâtelis  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Intervalle  ou 
hauteur  du  mur  entre  le  sol  d'un  grenier  et  la 
naissance  du  toit.  Syn.  de  Râtelis. 

Et.  —  Dé  +  le  fr.  Râteau.  V.  Batelières. 

Dérater  (Mj.),  v.  a.  —  Remettre  en  état 
de  fonctionner,  un  mécanisme  qui  s'était 
brouillé  ou  raté.  \\  Mj.,  Lg.  —  Fig.  —  Faire 
cesser  de  bouder,  surtout  un  enfant  pleurard. 
Syn.  de  Débouder,  Débouquer. 

Déraver  (Mj.),  v.  a.  —  Dégarnir  de  terre, 
les  racines  d'un  arbre.  Formé  du  fr.  Rave, 
indiquant  ici  la  maîtresse  racine,  le  pivot  de 
l'arbre,  qu'on  appelle  en  patois  Naveau. 

Dérayer  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Déranger 
qqn  de  sa  besogne.  ||  V.  réf.  Quitter  son  tra- 
vail. 

Et.  —  Dér.  du  préf.  Dé  et  du  fr.  Raie.  Ce  v.  est 
le  pendant  de  Enrayer.  —  Hist.  «  I^es  tabourineurs 
avaient  défoncé  leurs  tabourins  d'un  costé  pour  les 
remplir  de  raisins  ;  les  trompettes  estoient  chargées 
de  moussines  ;  chascun  estoit  desrayé.  »  (R.,  P.  i 
27.) 

Il  V.  n.  Cesser.  Sans  dérayer,  sans  cesser. 
Syn.  de  Décoter,  Déqueuter.  —  Raie  =  sillon  ; 
sans  dérayer,  sans  quitter  le  sillon  qu'on 
laboure. 

Derdéier  (Lg.,  Sp.  Z.  158,  Tlm.),  v.  n.  — 
Trembler  menu,  de  peur,  frissonner.  Syn. 
de  Fribler,  qui  se  dit  également. 

Et.  —  Probablement  pour  Dardéier.  du  fr.  Dard, 
parce  que  la  personne  qui  tremble  vibre  toute 
comme  une  flèche  qui  a  frappé  le  but.  —  Jaub. 
donne  Dardeler.  —  «  Dardai,  le  rayonnement.  « 
(Mireille,  308,  3.) 

Derdiner  (By.),  v.  n.  —  Derdiner  de  la 
tête,  —  trembler  de  la  tête.  V.  Derduner, 
Derdumer. 

Derdumer  (Ti.,  Zig.  159),  v.  n.  —  Trembler, 
frissonner.  Syn.  de  Derdéier,  Fribler. 

Derduner  (Z.  158),  v.  n.  —  Trembler  de 
peur.  —  V.  Derdiner,  Déribioler. 

Dérêbloler  (Mj.),  v.  n.  —  Délirer,  devenir 
fou.  Ex.  :  \eux-tu  ben  te  taire,  tu  dérêbioles. 
V.  Dérabioler,  Déribioler. 

Et.  —  Dér.  de  Rêbioler.  —  Déraisonner,  dire  des 
folies,  extravaguer. 

Dérenarder  (Lg.),  v.  n.  —  Elever  la  pre- 
mière levée  d'un  mur,  soit  au-dessus  du  sol 
des  fondations,  soit  au-dessus  du  niveau  d'un 
échafaudage. 

Derénavant,  ad.  —  Dorénavant. 

Dergne  !  —  Voir  Dern.  Pour  :  dernier.  Cf. 
Prem,  Segue,  etc. 

Et.  —  Le  picard  dit  :  dergner,  et  le  berr.  :  dergne. 

Défi  (Ti.,  Zig.  157),  adj.  q.  —  Avancé, 
déluré,  à  la  roulette.  Abrév.  de  Dérigohié. 

Dériber  (Lp.),  v.  n.  —  Dériver.  L'eau,  en 
grandissant,  se  déribe.  (Mén.)  Doub.  de 
Dériper. 

Déribioler  (Sal.),  v.  n.  —  Déraisonner.  Il 
ne  fait  plus  que  déribioler.  V.  Dérabioler. 


Déribouler,  v.  n.  (Z.  142,  Mj.).  —  «  Tomber 
en  roulant  comme  une  boule,  dégringoler.  V. 
Ribouler.  Syn.  de  Débouliner,  Débricocher, 
Décrahasser,  Décrabaler,  Décrimbaler,  Décrô- 
ler,  Dégrôler,  Détribouler,  Tribouler. 

Déribouliner  (Sal.),  v.  n.  —  Rouler  du  haut 
en  bas  sur  une  pente.  Y.  Déribouler. 

Déricasser  (Lg.),  v.  a.  —  Unir  une  étoffe, 
une  toile,  en  défaisant  les  plis.  Pendant  de 
Aricasser.  Syn.  de  Défaupir,  Déliser. 

Déricocher  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  S'échapper 
de  son  point  d'appui,  se  décrocher  et  tomber. 
V^.  Débricocher,  Dériper. 

Déridaler,  v.  n.  (Craon).  —  Tomber. 

Dérien  (Lg.),  s.  m.  —  Adrien.  Syn.  de 
Andrien. 


Dérigaillé  ou 

débrouillard.  V, 


galiié  (Te.) 
Dérisosué, 


—  Matois,  rusé, 
Dérigodé. 

adj.    q.    —    En 
C'est   tout  déri- 

—  Une    femme 


Dérigandé  (Ag.,  By.), 
désordre,  démantibulé.  — 
gandé,  ça  ne  tient  plus. 
dérigandée  est  celle  qui  a  une  très  mauvaise 
tournure.  —  V.  Dérigodé.  ||  Ti.,  Zig.  157.  — 
Dévergondée.  V.  Dérigodé. 

Dériger,  (Mj.),  v.  a.  —  Diriger.  Cf.  Déli- 
gent. 

Dérigodé  (Mj.),  adj.  q.  —  Tourné,  campé. 
Se  dit  des  choses,  en  bonne  ou  en  mauvaise 
part.  Ex.  :  C'est  ben  dérigodé,  —  cela  a  bonne 
tournure.  —  C'est  toujours  ben  queuque 
chose  qui  est  ben  mal  dérigodé.  —  Mal  fait. 

Et.  —  Ce  mot  est  plutôt  le  part.  pas.  d'un  verbe 
Dérigoder  qui  n'existe  plus.  Si  l'on  réfléchit  que, 
dans  notre  patois  :  Tourner  un  air,  signifie  :  modu- 
ler un  air,  on  saisira  aussitôt  le  rapport  qui  existe 
entre  Dérigodé  et  Tourner.  De  fait,  Dérigoder  a  dû 
signifier  d'abord  :  Moduler  ou  tourner  un  Rigodon. 
Et  pourtant,  chose  curieuse,  ce  mot  ne  s'emploie 
plus  qu'en  parlant  des  formes,  des  apparences, 
jamais  en  parlant  d'un  air  de  musique.  (R.  O.) 

Derigogué,  —  gohié,  —  goillié  (Ti.,  Zig. 
157).  —  1°  (Bg.)  Mal  derigogué,  mal  mis.  — 
2°  (Te:)  D'humeur  enjouée.  Il  est  ben  déri- 
gohié. Ce  qui  s'explique  ;  il  est  d'un  bon  tour. 
Il  Sal.  —  Dérigoyé.  |1  V.  Déri.  Doubl.  de 
Dérigodé. 

Dérigouliner  (Sal.),  v.  n.  —  Même  sens  que 
Déribouliner.  —  Suivre  la  rigole. 

Dérimer  (Mj.),  v.  n.  —  Déraisonner, 
n'avoir  pas  le  sens  commun,  tenir  des  propos 
peu  sensés.  Ex.  :  Tais- té,  tiens,  tu  dérimes.  — 
Cf.  :  N'avoir  ni  rime  ni  raison.  ||  Autre  sens  : 
Faire  disparaître  les  gerçures  de  Rime  = 
gerçure.  Lat.  Rima,  —  fente,  fissure,  sillon. 
Sortir  du  sillon.  Cf.  Délivrer. 

Déringue,  s.  f.  (Craon).  —  Redingote. 

Et.  —  Faut-il  voir  là  une  métathèse,  pour  : 
Rédingue? 

Dérinser  (Mj.,  Lue,  Mnl.,  By.,  Te,  Bi.), 
v.  a.  —  Déraciner.  —  (Chf.,  Lue.)  Dérinser 
des  navets.  —  V.  Défrouer.   \\  Oter  la  terre 


DÉRIPÊE  —  DÊROTER 


285 


autour  d'un  gros  arbre  ou  d'une  grosse  pierre 
pour  l'arracher.  (Sar.) 

Et.  —  Ce  verbe  n'est  nullement  une  corrupt.  du 
V.  Déraciner  ;  il  est  pour  Dérisser,  dér.  dir.  du  pat. 
Risser,  de  Ris,  et  doit  s'écrire  avec  un  s  et  non  un  c. 
On  dit  :  «  Il  a  foncé  pour  couper  les  ris  des  frênes 
qui  mangeaient  toute  sa  terre.  »  P.-ê.  de  la  même 
origine  que  le  grec  Ridza,  racine.  —  Dans  le  Haut- 
Maine  :  couper  les  épines  d'une  haie  en  laissant  le 
bois  franc.  Sans  doute,  ici,  pour  Déroncer.  —  Hist. 
■<  Dont  il  sera  faict  cy  après  mension  des  noms  et 
surnoms  de  ceulx  qui  les  ont  défroués  et  déraissés. 
(Il  s'agit  de  iroux  ou  gâts,  transformés  en  novales 
c.-à-d.  en  terres  nouvellement  défrichées.  »  (1415. 
—  Inv.  Arch.,  G,  n,  p.  256,  col.  2.) 

Déripée  (à  la),  loc.  adv.  —  Sur  le  point  de 
tomber,  de  déraper.  —  V.  Dériper. 

Dériper  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Quitter 
brusquement  son  point  d'appui,  s'échapper, 
en  parlant  d'un  objet  inanimé.  —  Doubl.  du 
fr.  Déraper.  Syn.  de  Débricocher,  Déricocher, 
Eriper.  ||  Dévier  de  sa  route  ;  comme  :  déri- 
ver, dévier  de  sa  rive.  (Mén.)  ||  Dévaler,  des- 
cendre rapidement. 

Et.  —  Déraper,  Dé  -|-  holland.  rapen,  saisir 
(l'ancre  saisit  le  fond).  Litt.  —  «  Tu  fais  passer  ta 
charrette  trop  près  du  fossé,  la  roue  déripera  et  tu 
verseras.  »  (Jaub.,  qui  le  tire  de  Ripa,  rive.)  — 
Déraper  et  Dériver  n'ont  pas  le  même  sens.  Le 
bateau,  après  avoir  dérapé,  peut  dériver.  —  Cf. 
l'angl.  to  Drive,  pousser.  La  forme  primit.  Dri- 
ver, employée  jadis  et  qu'on  retrouve  encore  en 
1700,  a  été  remplacée  par  Dériver,  sous  l'influence 
de  Dériver,  au  sens  de  :  Faire  sortir  une  eau  cou- 
rante de  son  lit.  (Darm.)  Cf.  Dévier,  sortir  de  sa 
route. 

Dérire.  —  Prosthèse  de  Rire.  Ex.  :  C'est 
pour  dérire  que  je  vous  dis  ça.  —  Les  enfants, 
dans  leurs  jeux,  emploient  ce  vocable  et 
l'opposent  à  :  pour-de-bon,  alors  j'écrirais  : 
pour-de-rire.  «  Si  tu  veux,  on  va  jouer  pour 
de  rire,  pas  pour  de  bon.  »  —  By.,  id. 

Hist.  —  Se  moquer  de.  «  Les  unes  choses  doit-on 
atarger,  les  autres  derire  et  despire,  les  autres 
apaisier.  ■»  (J.  le  Bel.  —  Gop.) 

Déris,  s.  m.  —  Les  eaux  du  déris.  Les 
grandes  eaux  qui  dérivent  sur  les  prairies,  — 
qui  les  couvrent.  (Mén.)  \.  Dériver. 

Dérision,  s.  f.  —  Abondance.  C't'année, 
j'avons  des  pommes  comme  par  dérision,  — 
que  c'en  est  ridicule.  ||  By.  En  dérision... 
qu'c'en  est  eine  dérision. 

Dériver  (Lg.),  v.  n.  —  Déborder,  en  par- 
lant d'un  cours  d'eau.  —  Peu  usité.  i|  Se 
dériver  (Sa.),  v.  réf.  —  Avoir  la  corne  du 
sabot  usée  jusqu'à  la  chair,  en  parlant  d'une 
bête  bovine.  Syn.  de  s'Egraver. 

Et.  —  Du  fr.  Rive,  parce  que  c'est  le  bord  du 
pied  qui  s'use  d'abord.  —  Dériver.  Limer  la  rivure 
d'un  clou  pour  le  faire  sortir  de  son  trou.  Se 
dériver,  perdre  sa  rivure. 

Derlindiner  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Sonner, 
tinter,  vibrer  avec  un  son  clair,  comme  une 
sonnette,  une  vitre.  Pour  Drelindiner,  du  fr. 
Drelin,  onomat.  —  Syn.  Dinder. 

Hist.    —    a    Un    tintinnabulemenl    de    grelots 


argentins  drelindina  dans  la  vallée.  »  (Emile  Ber- 
GERAT.  —  Annales  pol.  et  litt.,  n"  279,  p.  263,  col.  2.) 

Derliner,  v.  n.  —  Comme  Derlindiner. 

Dermaishuit,  adv.  —  Désormais.  V.  De- 
mésui,  Deineshui,  Demeshuit,  Dormeshui,  etc. 

Dérocher  (Mj.),  v.  a.  —  Raviner,  afîouiller, 
creuser,  déraciner.  Syn.  de  Dégrabouiller, 
Dégravouiller.  Ex.  :  L'ousée  a  tout  déroché  le 
chemin.  \\  Mj.,  Lg.  Déterrer,  exhumer,  sur- 
tout un  animal.  Cf.  Enrocher,  Déroquer, 
Roche. 

Et.  —  Composé  du  pat.  Roche,  fosse.  Etymolo- 
giquement  parlant,  Dérocher  a  donc  le  même  sens 
littéral  que  Dégrabouiller.  Il  a  pour  contraire  Enro- 
cher. —  On  peut  aussi  admettre  l'explication  • 
détacher  un  roc  en  le  minant,  par  afîouillement.  — 
Hist.  «  Finablement,  trouvèrent  une  montjoye 
d'ordure.  Lors  les  pionniers  frappèrent  sus  pour  la 
desrocher..  »  (Rab.,  P.,  n,  33.) 

Déroger  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Déraisonner, 
tomber  en  enfance.  Ex.  :  Le  bonhomme  est 
ben  vieux,  mais  il  porte  ben  son  bois,  et  pis 
qui  ne  déroge  pas  d'eine  petite  miette.  i| 
Perdre  la  tête,  bafouiller. 

Et.  —  Au  propre  :  Prendre  des  dispositions  qui 
sont  différentes  de  dispositious  antérieures  ou  qui 
y  sont  contraires.  —  De  -(-  rogare  (porter  une  loi.) 

Déronf/er  (Lg.),  v.  a.  —  Traire  une  vache 
dont  le  pis  est  distendu  par  le  lait,  surtout 
pour  la  première  fois  après  le  vêlage.  Se  dit 
aussi  d'une  femelle  quelconque  et  des 
femmes.  Syn.  de  Dégourmer. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Enfler,  Renfler.  Cf.  Enronfler. 
C'est  donc  Désenfler,  Dérenfler. 

Déronf/ure  (Lg.),  s.  f.  —  Action  de  traire 
une  vache  pour  la  première  fois  après  le 
vêlage.  Ex.  :  Aile  a  ieu  ben  du  lait  à  sa 
déronflure.  V.  Déronfler. 

Déroqiier  (Lg.,  By.),  v.  n.  —  S'emploie 
dans  la  locution  :  Sans  déroquer,  —  sans  se 
déranger,  d'affilée.  Ex.  :  Il  a  bu  six  verres  de 
vin  sans  déroquer.  Syn.  de  Déqueuter.  \\  Sa.  — 
Déranger,  bousculer.  Ex.  :  «  Tu  vas  tout 
déroquer  dans  l'armoire.  —  Le  Déroquer  du 
Lg.  est  le  même  que  celui  de  Saint-Aug.  et 
avec  le  même  sens,  doubl.  du  Mj.  Dérocher. 

Et.  —  Paraît  venir  du  fr.  Roc.  —  Cf.  Roquer, 
au  jeu  d'échecs.  —  Jeter  en  bas  d'une  roche,  faire 
rouler  d'en  haut.  (Darm.) 

Dérôrter  (Mj.),  v.  a.  —  Défaire  la  hart,  la 
rôrte,  d'un  fagot,  le  délier.  V.  Rôrter.  Se  dit 
au  Lg.,  mais  on  dit  plus  souvent  Déroter. 

Et.  —  Desrioté.  Ce  mot  est  formé  de  Rote, 
Riote,  ou  Riorte,  lien  de  fagot.  Il  vient  de  Route 
ou  Roupie,  du  lat.  Ruptus,  une  branche  rompue 
ou  coupée  dont  on  se  sert  pour  lier  les  fagots.  » 
(L.  C).  —  Plutôt  de  Retortus.  V.  Rôrte.  R.  O. — 
Hist.  «  Pour  ce  que  la  chosette,  faicte  à  l'emblée, 
entre  deux  huys,  à  travers  les  degrés,  darrière  la 
tapisserie,  en  tapinois,  sus  un  fagot  desrotc,  plus 
plaît  à  la  déesse  de  Cypre.  »  (Rab.,  P.,  ni,  18.) 

Déroter  (Lg.),  v.  a.  —  Délier  la  hart  de,  un 
fagot,  une  limande.  ||  Lg.  —  Rafraîchir,  faire 
passer  l'agacement  et  la  constipation  d'une 
bête  bovine  enrôlée.  Syn.  deJ)égacer 

Et.  —  Dér.  de  Rote  ;  doubl.  de  Dérôrter. 


286 


DÈROUIXE  —  DESCEXDRIE 


Dérouine  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  hotte, 
en  forme  de  chaise,  sur  laquelle  les  chaudron- 
niers vitrier-s  portent  leurs  marchandises  et 
leurs  outils  lorsqu'ils  vont  chiner.  [|  Machine 
à  repasser  les  ciseaux  se  mettant  en  mouve- 
ment avec  le  pied  ;  se  dit  aussi  pour  vrai 
moulin  à  paroles  (Segr.),  vx  fr.  Deresne,  chi- 
cane. (Mén.)  Donnerait  l'ét.  de  Darainer. 

Et.  —  Au  premier  sens,  paraît  tiré  de  Dere, 
derrière.  —  D'autre  part  je  vois  que  le  pat.  nor- 
mand a  Têrouine,  peau  de  cochon  dont  sont  recou- 
verts les  colliers  de  la  charrue  ou  l'arrière-selle.  Or 
je  remarque  que  la  dérouine  du  rétameur  est  ordi- 
nairement recouverte  d'une  peau  garnie  de  ses 
poils.  Ce  doit  être  la  vraie  étymologie  et  la  racine 
est  le  fr.  Truie.  Du  reste  ce  mot  doit  nous  être  venu 
directement  de  Normandie.  11  y  a  cinquante  ans 
presque  tous  nos  chaudronniers  étaient  du  dépar- 
tement de  la  Manche.  R.  0. 

Dérousi  (Cho.),  s.  m.  —  Saleté.  Ex.  :  «  Des 
couvreurs  jettent  les  décombres  et  disent,  en 
les  voyant  :  Quel  dérousi  !  Quelle  saleté  ! 

Déroute  (Mj.),  s.  f.  —  Alerte,  grande  hâte. 
Ex.  :  Fallait  qu'ils  aillent  prendre  le  train  de 
huit  heures  ;  ils  en  ont  ieu  d'eine  déroute  !  \ 
Échauffourée. 

Derre  (Sa.,  By.),  s.  m.  —  Derrière,  arrière. 
Ex.  :  J'avions  mis  les  gorets  dans  le  derre  de 
la  charte.  ||  Par  derre,  par  derrière.  —  N.  Cet 
adv.  s'emploie  à  Mj.,  mais  c'est  une  expres- 
sion vieillie. 

Hist.  —  «  Derere  »  dans  la  Chanson  de  Roland. 
—  «  Quand  je  vis  tcheu,  y  passis  p'r  dâr  lé  cama- 
rades, et  y  desçondjis  dans  n-in  p-tchit  pré  tôt 
contre  le  pont  de  Roch'tervière.  Y  me  cachis 
quemm't'y  pus  le  long  d'ine  ahaie,  et,  sauf  vont' 
respect,  y  mis  bas  ma  tchulotte,  avec  man  fusil  à 
coûté  de  ma.  «(H.  Bocbg., //'"rfe  la  Grande  Guerre, 
p.  219.)  Cf.  Dârre. 

Derrrière  (Mj.,  By.),  s.  m.  et  prép.  — 
Retourner  sus  les  buttes  de  derrière,  revenir 
sur  ce  qui  a  été  dit. 

Derser  (Lg.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dresser.  || 
Repasser  du  linge.  —  Cette  prononc.  est 
maintenant  désuète  à  Mj. 

Dertre  (Mj.),  s.  f.  —  Dartre.  Vieux.  —  Syn. 
de  Enderse.  \\  By.  Derte. 

Et.  —  MÉNAGE  cite  cette  prononc.  —  P.  ê.  du 
celtiq.  —  Rad.  tarz,  éruption  ;  sanscrit  Dardru, 
dartre   (Litt.). 

Dérue  (Sp.),  s.  f.  —  V.  Darue. 

Dérunter  (Mj.),  v.  a.  —  Déranger,  détruire 
l'équilibre,  la  stabilité  ou  la  solidité  de.  Syn. 
de  Déyoter.  Cf.  Arunter. 

Désabérier  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Désabrier. 

Désabrier  (Lg.),  v.  a.  —  Découvrir,  ôter  ce 
qui  couvre.  Syn.  de  Débrier. 

Et.  —  Formé  du  préf.  Des  et  de  Abrier.  On  pro- 
nonce souvent  Désabérier  et,  By.,  désaboérier.  — 
Sans  abri,  nu  : 

—   «  Nud,  ne  desabrié 
Mort  de  faim  ou  de  soif 
Ne  d'ostel  desbriâ.  »  (L.  C). 

Desagréiab,  adj.  q.  —  Désagréable.  —  By. 


Désagrément  (Mj.),  s.  m.  —  Le  2«  e  très 
long. 

Désaguériable  (Mj.)  adj.  q. —  Désagréable. 
Forme  vieillie.  Cj.  Agréiable,  s' Agréier. 

Désalter  (Mj.),  v.  n.  et  a.  Déserter.  —  Cf. 
Essaher. 

Désamain  (ou  D'zamain)  à  (Mj.,  By.),  Loc. 
adv.  —  Du  côté  le  moins  commode.  V. 
Amain.  En  sens  contraire  de  l'amain.  Syn. 
de  Démain. 

Désaquer,  v.  a.  —  Défaire  la  laine  tricotée 
pour  la  retricoter  de  nouveau  (Segr.).  Ne 
serait-ce  pas  :  défaire  un  sac  sous  forme  de 
bas,  ou  tirer  d'un  sac?  (Méx.). 

Désargoter  (Lg.),  v.  a.  —  Enlever  les 
onglons  de,  un  porc.  Ex.  :  Pour  désargoter  in 
goret,  on  illi  fait  routir  les  soteilles.  \\  V.  n.  Des- 
soler.  Perdre  ses  onglons  par  décollement,  com. 
il  arrive  aux  bœufs  et  aux  vaches  dans  certaines 
maladies.  Syn.  de  Dessaboter,  Dessoquiller. 

Et.  —  Dér.  de  Argot,  fr.  Ergot. 

Désart  (By.),  s.  m.  —  Désert.  X.  Une 
grande  ferme  de  Chalonnes-sur-Loire,  dans 
les  prés,  s'appelle  Désart  ou  Desart.  A  dû  être 
jadis  un  vaste  désert. 

Désarter  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Déserter.  On 
prononce  souvent  Désalter.  —  By. 

Désattelé  (Lg.),  adj.  v.  —  Dont  les  bêtes 
d'attelage  sont  peu  nombreuses  ou  en  mau- 
vais état  ;  qui  n'a  pas  une  bonne  charrue,  un 
bon  harnais  de  bœufs. 

Désaubée,  adj.  q.  (Br.,  Li.).  —  Ta  taille  est 
toute  désaubée,  ton  corsage  est  tout  déchiré. 

Et.  —  Désauber  :  1°  Oter  la  robe  blanche  (alba) 
que  l'on  mettait  aux  catéchumènes  le  jour  de  leur 
baptême  ;  2°  Oter  les  aubes  d'un  bateau  à  vapeur 
qui  peut  aller  à  la  voile.  (Litt.). 

Desbagouler,  v.  a.  —  Dégoiser,  raconter. 
«  Desbagouler  ses  jolis  propos.  »  (Balz.). 

Et.  —  Tiré  du  mot  Goule.  Rac.  Bagou,  ou 
Bagout.  —  V.  Bagout. 

Desbouler,  v.  n.  —  Débûcher,  culbuter. 

Et.  —  Rouler  du  haut  en  bas  comme  une  boule. 
—  Tirer  un  lapin  au  déboulé,  au  moment  où  il 
s'élance  hors  du  terrier  d'où  l'a  fait  fuir  un  furet. 

Descende,  s.  f.  —  Descente  (Lg.).  Pente. 
On  va  plus  vite  à  la  descende  qu'à  la  montée. 
Syn.  de  Descendée. 

Descendée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Descente.  — 
Côte,  rampe.  ||  By.  Id.  —  La  montée  et  la 
descendée.  —  Aux  carrières  on  dit  :  à  la  des- 
cendée, et  non  pas  à  la  descente,  par  similitude 
sans  doute  avec  :  la  montée.  —  Syn.  de  Des- 
cende. 

Descendre  (Lue),  v.  n.  —  Digérer. 

Descendrie  (Mj.,  Tr.),  s.  f.  —  Puits  vertical 
ou  galerie  en  pente,  pour  la  descente  des 
ouvriers  dans  les  mines  par  le  moyen  des 
échelles. 

N.  —  «  L'autre,  le  puits  de  «  descendrie  »,  sert, 


DËSENCRUCHER  —  DESSOURCELER 


1^1 


comme    son    nom    l'indique,    exclusivement    aux 
ouvriers  à  descendre  au  fond  de  la  mine.  » 

(Leroux-Cesbkon.  U Etrangère.) 

Désencnicher  (Lg.),  v.  a.  —  Faire  des- 
cendre, déjucher.  Ex.  :  Attends,  va,  j'te  vas 
désencrucher  de  quel  tuilloler  (tchuilloler, 
tilleul)  !  Syn.  de  Décrucher,  Déhucher.  Cf. 
s'Encrucher,  C rucher. 


.   a.   (ou-ferger,   Long.).  — 
By.     Pron.     Désenfoerger, 


Désenfarger, 

Désentraver. 
feurger. 

Et.  —  Oter  les  Enferges,  les  Enfarges  des  pieds 
des  chevaux.  En  vx  fr.  on  trouve  Defferger,  Def- 
farger,  et  dans  Montaigne  Désenfarger  avec  le 
même  sens. 

—    «  Et  saint  Liénart  qui  deffarge 
Les  prisonniers  bien  repentants.  >> 
(Rom.   de  la  Rose.) 
—   «  Le  plaisir  qu'il  (Socrate)  eut  à  gratter  sa 
jambe  après  que  les  fers  en  furent  hors,  accuse-il 
pas  une  pareille  doulceur  et  joye  en  son  âme  pour 
estre    désenfargé    des    incommodités    passées.     » 
(Mont.,  Ess.,  n,  11,  142.).  —  C'est  un  coureux  de 
femmes,    une    tête   à   l'évent,    un    poulain    déserv- 
fargé.  »  (G.  Sand.  Claudie).  Eveillé. 

Désennier  (Lg.),  v.  a.  —  Désennuyer.  — 
Ex.  :  Je  vas  me  promener,  ça  me  desenniera. 
Cf.    Ennier. 

Désennui  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ce  qui  désen- 
nuie, distraction.  Ex.  :  Ça  n'est  qu'ein  desen- 
nui de  cheintrer  les  vaches,  la  ressiée.  Vx.  fr. 

Désennuiement  (Tlm.,  Z.  146),  s.  m.  —  Ce 
qui  est  capable  de  désennuyer,  distraction, 
récréation,  désennui  (qui  n'est  pas  fr.). 

Désenorter  (Craon),  v.  n.  —  Se  promener. 

De  serrant.  —  Si  le  temps  est  froid  et  sec, 
on  dit  que  M.  de  Serrant  est  arrivé  (Mén.). 
Cf.  Ecacher,  Jean  des  Loges. 

Desilloa  (Mj.),  s.  m.  —  Ardillon,  petite 
pièce  de  bois  attachée  par  le  milieu  au  bout 
d'une  corde,  et  qu'il  suffit  de  passer  dans  la 
boucle  d'une  autre  corde  pour  rabouter  l'une 
avec  l'autre  ;  tresillon.  Franc.  Etrésillon.  — 
Syn.  et  corr.  de  Tersillon,  Arsillon,  Terseillon. 

Et.  —  Tresillon.  V.  Etrésillon,  pour  :  estésillon, 
du  vx  fr.  Esteser,  tendre,  vx  fr.  teser,  du  lat.  pop. 
tensare  (cf.  Entoiser).  —  On  trouve  aussi  Tre- 
sillon, primitivement  Tésillon,  morceau  de  bois 
dont  on  se  sert  pour  serrer  deux  cordages  ensemble 
au  moyen  d'une  ligature.  »  (Darm.). 

Désole  (Sp.),  s.  m.  —  Désolation.  —  Ex.  : 
Je  l'avais  jamais  vue  dans  ein  désole  pareil.  — 
Désespoir. 

Et.  —  Désoler  ;  de  -|-  solus,  rendre  seul,  désert. 
(Tandis  que  Consoler,  de  cum  -\-  solari).  Puis  il  y  a 
eu  réaction  de  l'un  sur  l'autre.  Le  radie,  est  le 
même,  d'ailleurs  (Litt.). 

Désorîner  (Mj.),  'V.  a.  —  Démunir  d'une 
espèce  de  plantes  ou  d'animaux.  Ex.  :  Je  se 
désorinée  de  lapins.  Syn.  de  Déchancer.  ||  adj. 
verb.  Dégénère,  en  parlant  d'une  plante  ou 
d'un  animal.  V.  Oriner. 

Désouiller  (Mj.),  v.  a.  —  Faire  passer  le 
dégoût  amené  par  une  satiété  excessive.  Ex.  : 


Je  vas  boire  un  coup  pour  me  désouiller.  V. 
Ouiller. 

Dessaboter  (se)  (Sa.),  v.  réf.  —  Perdre  son 
sabot,  avoir  la  corne  du  pied  décollée,  en 
parlant  d'un  cheval,  se  dessoler.  Syn.  de 
Dessoquiller,  Désargoter. 

Dessafrer  (Lg.),  v.  a.  —  Déchirer,  déchi- 
queter. Syn.  de  Essafrer  ;  doubl.  et  syn.  de 
Déchafrer. 

Et.  —  Me  paraît  dérivé  du  fr.  Safre.  Essafrer, 
Dessafrer  c'est  déchirer  gloutonnement  sa  proie. 
Déchafrer  ne  serait  qu'une  forme  corrompue  dans 
laquelle  la  chuintante  a  remplacé  la  sifflante. 

Dessaisonner  (Fu.),  v.  a.  —  Cueillir  avant 
maturité,  pour  expédier  en  Angleterre,  p.  ex. 
—  «  La  poire  de  Milan  est  meilleure  quand 
al  é  dessaisonnée.  »  ||  (Mj.)  Semer  une  plante 
hors  de  la  saison  convenable. 

Dessert.  —  By. 

—  Desservir. 


Dessart  (Mj.),  s.  m. 
Dessarvir  (Mj.),  v.  a. 
Desseniencer  (Mj.), 


a.  —  Dégarnir  (un 
champ)  de  son  emblavure,  en  parlant  des 
intempéries  ou  de  la  vermine.  Ex.  :  Les 
Bureaux  sont  tout  dessetnencés,  rapport  au 
varménier.  C'est-  le  pendant  .du  fr.  Ense- 
mencer. 

Dessentêrie  (Mj.),  s.  f.  —  Dyssenterie.  Syn. 
et  doublet  de  Dyssenterie.  ||  By.  —  Par  :  é. 

Desserviteurs,  s.  m.  —  Autrefois  vicaires 
des  paroisses.  (Mén.)  Actuell.  Desservants.  — 
Vx  fr.  Desservitorerie. 

Dessetrois  (Mj.,  By.),  adj.  num.  —  Deux 
ou  trois.  Il  Adj.  indéf.  —  J'ai  dessetrois  pa- 
taches  ;  —  poids  de  chanvre  ;  -^  à  vendre.  || 
Quelques. 

Dessident  (Sp.),  s.  m.  —  Nom  que  l'on 
donne  aux  membres  de  la  Petite  Eglise.  Syn. 
de  Camisard,  Petit-Elu.  —  Corr.  de  Dissident. 

Et.  —  Dis,  séparation  :  sedere,  être  assis.  Celui 
qui  s'écarte  des  règles  d'une  Eglise. 

Dessoquiller  (se)  (Sa.),  v.  réf.  —  Perdre  la 
corne  du  pied  par  décollement,  en  parlant 
d'un  bœuf,  d'une  vache.  Se  dessoler.  Dér.  de 
Soquille.  Syn.  de  Dessaboter,  Désargoter. 

Dessos  (Lg.),  adv.  —  Dessous.  Syn.  et  d. 
de  Dessour.  \\  Prép.  Sous.  Syn.  de  Sour.  Ex.  : 
Le  chat  est  dessos  le  lit. 

Dessour  (Mj.,  By.),  adv.  et  subst.  m.  — 
Dessous.  Il  Le  dessour,  —  le  côté  ou  la  partie 
aval.  Terme  de  navigation.  ||  Du  dessour, 
dans  le  dessour,  en  dessour,  —  en  aval.  V. 
Sour.  Il  Aller  en  dessour,  voir  ses  affaires 
décliner,  déchoir.  —  Syn.  et  d.  de  Dessos.  \\ 
Mj.  —  Au  dessour,  —  au  dessous.  —  Au 
dessour  de,  —  en  aval  de.  En  ce  sens,  on  dit 
mieux  :  En  dessour  de. 

Dessourage  (Pell.,  By.,  Lue),  s.  m.  —  Sous- 
bois.  Il  Bourrées.  ||  Action  de  dessourer.  Syn. 
de  Brousille. 


Dessourceler    (Mj. 
désenguignonner. 


a.   Désensorceler, 


288 


DESSOURDINE  —  DEUL 


Et.  —  Dés,  avec  le  radie.  Source,  qui  se  trouve 
dans  Sourcier,  Ensourceler.  Cf.  Débiller,  Déplir. 

Dessourdine  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  A  la  dessourdine,  —  à  la  sour- 
dine, en  tapinois,  en  cachette.  Syn.  de  :  En 
cache-cache. 

Dessourer  (Pell.),  v.  n.  —  Nettoyer  un  bois, 
couper  les  sous-bois,  faire  des  bourrées. 
V.  Dessour. 

Dessur  s.  m.  —  Dessus.  Syn.  :  d'sur,  sus.  Le 
dessur  du  panier.  ||  (Mj.),  Prép.  Sur.  N.  Peu 
usité,  sauf  dans  les  chansons,  quand  la 
mesure  l'exige.  C'est  le  pendant  de  Dessour. 

Dessuroter,  v.  a.  (Ag.,  By.).  —  Prendre. 
—  «  Je  cherche  mon  dé  ;  ben  sûr,  on  me  l'a 
dessuroté.  Cf.  Subiter,  etc. 

Dessus  (Mj.),  adv.  et  subst.  H  Côté  ou  par- 
tie amont.  Du  dessus,  dans  le  dessus,  en 
dessus,  —  locut.,  pour  :  En  amont. 

Desvée,  s.  f.  —  Etre  en  desvée,  folle,  extra- 
vagante.  Se   disait   au   xiii^  s.   \.   Endkvke. 

(MÉK.) 

Et.  —  Endèver.  Il  faut  rejeter  l'explic.  par  de- 
ex-viare.  —  Diez  propose  Dissipare,  simple  con- 
jecture. —  V.  B'eve. 

Desver,  v.  n.  —  Devenir  comme  fou.  — 
Variantes  :  Derver,  dierver,  dever  (Goc). 
V.  Deve. 

Det'  (Lue),  s.  m.  —  Doigt.  —  Digitus. 

Détarder  (Sp.),  v.  n.  —  Tarder.  ||  V.  a. 
Retarder.  \'.  Tarder. 

Dételée,  s.  f.  (Lue).  —  Une  dételée  est  le 
travail  que  l'on  fait  en  labourant  sans  déte- 
ler. 

Dételer  (Lg.),  v.  n.  —  Fig.  Abandonner  le 
travail,  laisser  sa  besogne.  Ex.  :  Les  maçons 
ont  dételé  de  bonne  heure,  anhuit.  ;;  Se  ran- 
ger, cesser  une  vie  déréglée.  «  A  votre  âge,  il 
serait  temps  de  dételer.  Cf.  :  Etre  guéri  du 
galop,  même  sens. 

Détêter  (Lg.),  v.  a.  —  Faire  passer  le  mal 
de  tête  à.  Ex.  :  Je  prise  un  peu  pour  me 
dététer.  Cf.  Entêter. 

Détortre  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Détordre.  Le  t 
est  étymol.  lat.  Detortum.  Tourner  d'un 
autre  côté. 

Détour  (Mj.),  s.  m.  —  Moment  ;  conjonc- 
ture. Ex.  :  Je  le  rebaiserai  à  queuque  détour. 

Détournâilles  (Mj.,  Sp.),  s.  f.  pi.  —  Syn. 
de  Elournâilles,  Tournailles,  Traversaines. 

Détourne  (Sa.),  s.  f.  —  V.  Harbe,  Herbe  à  la 
détourne. 

Détrancher  (Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Donner  à  la 
terre  labourée  d'un  jardin  une  seconde 
façon  au  moyen  du  pic  ou  de  la  houe,  de  la 
tranche,  sorte  de  bêche  (truncare,  *  trincare). 

N.  —  LiTTRÉ  donne  :  Délranger,  bouleverser  la 
terre  pour  faire  la  guerre  aux  taupes.  —  Cela 
semble  une  corrupt.  de  notre  mot  patois.  A  moins 
que  l'on  n'y  voie,  avec  Darm.,  Dé  -|-  Etranger, 
éloigner. 


Détraqueter  (Mj.),  v.  a.  —  Détraquer.  || 
Démantibuler.  Cf.  Décrocheter.  Syn.  de 
Déferloquer. 

Et.  —  Dé  +  traquer  ;  proprement  :  Détourner  de 
la  trace,  —  traque,  prononc.  picarde.  —  «  Trac,  a 
deux  sens  :  1°  allure  du  cheval  (rac.  trac,  aller, 
marcher,  qui  se  rencontre  dans  presque  toutes  les 
langues   germaniques  ;   cf.    Tracasser)  ;    2°   trace, 

piste.    (SCHELEE.) 

Détrajer,  v.  a.  (Mj.).  —  Sevrer  un  enfant, 
opposé  à  traire.  Syn.  et  d.  de  Détrier. 

Et.  -\-  Détrier,  retirer  de  nourrice  :  «  Les  Juifs  ne 
les  Romains  ne  les  sevroient,  ne  detrioient  qu'ils 
n'eussent  trois  ans.  (Bouchet.  Sérées,  n,  322.  — 
L.  C.)  —  Détrier,  Déterier.  Renvoie  à  Trier,  sépa- 
rer. (Jacb.)  —  Sevrer.  D.  C.  Districare,  pour 
Extricare.  Lat.  Districare.  «  Notre  hostesse  de 
nourrice,  ayant  bien  remarqué  ce  qui  avoit  esté 
dit  pour  faire  tarir  les  nourrices,  va  demander 
combien  de  temps  on  devait  laisser  teter  un  petit 
enfant.  A  qui  il  fust  respondu  qu'on  trouvait  aux 
Machabées  et  es  lois  romaines  que  les  Juifs...  » 
(Comme  plus  haut.  G.  Bocchet.  —  Guillemact.) 

'  Detre.  —  Droite.  Le  détrier  est  le  bœuf 
attelé  à  la  droite  de  la  charrue.  (Mén.)  —  C'est 
le  fr.  Destrier.  Dextre  et  Senestre  ;  droite  et 
gauche. 

Detré,  adj.  q.  —  Avant  d'avoir  le  droit 
d'être  nommé  perreyeurs,  il  faut  être  detré, 
au  prix  de  150  francs.  (Mé>-.)  —  Je  suppose  : 
Guêtre,  muni  de  la  guêtre  ou  des  guenilles 
fixées  autour  de  la  jambe  qui  protègent  le 
fendeur  d'ardoises. 

Détremper  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Délayer.  || 
V.  n.  Se  délayer.  Ex.  :  Ça  me  breuye  dans  le 
ventre  ;  c'est  la  foire  qui  détrempe.  Prov. 

Détribouler  (Lg.),  v.  n.  —  Dégringoler, 
tomber  d'une  certaine  hauteur  en  roulant  sur 
soi-même.  Syn.  de  Tribouler,  Déribouler, 
Décrimbaler,  Décrabasser,  Décrabaler,  Dégrô- 
ler,  Débricocher,  Décrapucher. 

Détrier  (Mj.,  Lg.,  Q.,  Do.),  v.  a.  —  Sevrer, 
un  nourrisson.  Je  vas  détrier  mon  poupon.  || 
Fig.  Déshabituer.  Syn.  de  Etrier.  Cf.  Détrayer 
et  Trier.  —  jArs.  —  V.  le  suivant. 

Détriller  (Sal.).  —  Faire  perdre  une  habi- 
tude. Se  dit  surtout  pour  le  lait.  Détriller  un 
enfant,  un  jeune  veau.  —  Je  préfère  Détrier. 

Détruire  (se)  (Mj.,  Lg.),  v.  réf.  —  Se  suici- 
der. 

Deugnet  (Lg.),  adj.  q.  —  Difficile,  délicat, 
dégoûté.  Ex.  :  La  grand  vache  jaune  aile  est 
deugnette  pour  boire.  Syn.  de  Dangeureux. 

Et.  —  Doublet  du  fr.  Douillet,  mais  avec  un  sens 
différent. 

Deul  (Lue,  By.),  s.  m.  —  Deuil,  chagrin.  — 
Tu  me  fais  ben  du  deul.  -^  Cf.  Deil. 

Et.  Hist.  —  xi«,  doel  ;  xn«.  duel  :  xi\-«,  deul  ; 
xvr,  dueil.  (Litt.)  —  Lat.  Dolium. 

«  Femme  n'aras  pas  à  ton  eulx 
Mais    diverse    et    de    dur    langage  ; 
A  donc  te  croistra  tes  deuls.  » 
(E.  Deschamps,  f"  242.  —  L.  C,  qui  cite  25  ma- 
nières d'orthographier  ce  mot.) 


DEUMEAU  —  DÉVARINE 


289 


Deumeau  (M,j.),  s.  m.  - —  V.  Demeau. 

Deurinési  (Craon).  —  Désormais.  V. 
Demeshui,  etc. 

Deusse  (Mj.),  adj.,  n.  c.  —  Mauvaise  pro- 
nonc.  de  deux.  —  Cf.  Dessetrois. 

Deuzio  (Mj.),  adv.  —  Secundo,  deuxiè- 
mement. Ne  se  dit  qu'en  plaisantant,  par 
compar.  avec  Primo. 

Deva,  V.  n.  (Lm.).  —  Un  malade  qui 
s'aiïaiblit  :  deva  ;  il  s'en  va.  C'est  :  aller  mal 

(MÉN.) 

Dévalant,  part.  prés.  —  En  dévalant,  en 
descendant  du  côté  du  val,  —  une  pente.  — 

By. 

Hist.  —  «  La  haie  ou  bois  en  dévalant  l'eau,  sous 
le  moulin  des  Essarts,  formait  la  départie  des 
paroisses  de  Loire  et  d'Angrie,  en  1765.  »  (Mén.) 

Dévalée  (Mj.,  Lg.,  Lue),  s.  f.  —  Pente,  des- 
cente. —  On  dit  :  A  la  dévalée,  ou  :  à  la  d'valée, 
à  la  descente.  Ex.  :  Ça  va  le  diable  à  la 
dévalée.  —  Au  fig.  :  Ça  va  trop  vite,  en  pari., 
p.  ex.,  d'un  liquide  qui  bout,  d'une  chose  qui 
se  fait  trop  fort.  (Ag.)  — ■  La  rue  qui  longe  le 
Jardin  des  Plantes  est  surtout  connue  sous  le 
nom  de  la  D'valée  Saint-Samson,  ou  sim- 
plement :  La  D'valée.  (By.)  —  Mieux  : 
h'avalée,  —  elle  descend.  Mais  non  :  la  vallée, 
comme  on  le  pense. 

Dévaler  (Ag.,  Lue,  Sar.,  Th.,  By.),  v.  n.  — 
Descendre.  ||  Sal.  —  Descendre  en  suivant  le 
courant,  ||  Lrm.  —  Descendre  une  côte,  c'est 
dévaler 

Hist.  —  Ronsard,  Ode,  in,  1.  IV. 
—   «  Ne  scais-tu  pas  qu'à  (tout)  chacun 
Le  port  d'enfer  est  commun, 
Et  qu'une  âme  impériale 
Aussytost  là-bas  dévale. 
«  On  luy  attachoyt  un  casble  en  quelque  haulte 
tour  pendant  en  terre.  Par  iceluy  avecques  deux 
mains  montoyt  puis  devaloyt  si  roidement. . .  que 
plus   ne    pourriez   parmy   un    pré   bien   égualé.    » 
(Rab.,  g.,  I,  23.)  —  «  Et  puis  le  voir  de  là  en  trois 
jours  dévaller.  »  (J.  du  Bellay.)  —  Se  trouve  dans 
Villon,  Balzac.  —  «  Je  semble  au  mort  qu'en  la 
fosse  on  dévale.  »  (Ronsard.)  —  Dans  une  moralité, 
Dieu  le  père  s'adresse  ainsi  à  Raphaël  : 

«   Raphaël,   il  me   vient  à  gré 
Du  povre  ladre  visiter  ; 
Pour  ce  te  convient  dévaller. 
Là-bas  à  lui  incontinent.  » 
(La  vie  du  mauvais  riche.  —  GuiLLEMAUT.) 

Devance  (Lg.).  —  A  la  devance,  au  devant 
de.  Ex.  :  J'ai  été  à  leux  devance.  Syn.  de 
Redevance,  Eredévance  (premier  e  nul). 

Devanirade  (Segr.),  s.  —  Etre  en  devani- 
rade,  c'est  se  mettre  en  bamboche.  (Mén.) 
V.  Dévarine. 

Devant  (Mj.),  s.  m.  —  Celui  (jui  précède. 
Ex.  :  Il  allait  le  devant.  Syn.  et  d.  de  Davant.  \\ 
Pour  :  devanteau,  devantière,  ou  devanlôre, 
devantier.  (Mén.)  ||  (Mj.)  En  devant,  loc. 
adv.,  —  devant,  par  devant.  Ex.  :  Aile  allait 
toute  seule  en  devant.  \\  En  devant  de,  —  loc. 
prép.,  devant.  Ex.  :  J'étais  assis  en  devant  de 


ieux.  Il  De  devant,  —  d'avant.  Ex.  :  Le 
dimanche  de  devant  la  Pentecoute.  (Lg.,  By.) 
Il  D'auparavant.  Ex.  :  Je  nous  sommes 
mariés  dans  la  semaine  de  devant.  \\  Devant 
soi,  —  à  sa  disposition.  Ex.  :  11  a  de  l'argent 
devant  lui.  jj  Lg.  —  On  fait  suivre  ce  mot  de  la 
prépos.  de.  Ex.  :  Il  allait  devant  de  moi.  jj 
Devant  de  cheminée  (partout),  s.  m.  Pan- 
neau mobile  dont  on  bouch:;  u:.e  cheminée.  — 
By. 

Devantage  (Mz.,  Rg.).  —  Devantage  de,  — 
plus  de. 

Devanteau  (Mj.,  By.,  Lg.,  Lue,  Sal.),  s.  m. 
—   Tablier,   devantier   .(Li.,    Br.)    Id.,   avec 

corsage. 

Et.  Hist.  —  Dér.  de  Devant.  —  Syn.  de  Dorne, 
Devantière,  Gorinier.  —  «  Je  vis  qu'elle  deschaussa 
un  de  ses  esclos  (nous  les  nommons  sabotz),  mit 
son  devanteau  sus  sa  tête. . .  »  (Rab.,  P.,  m,  17.)  — 
«  Ceux  qui,  parmi  les  jeux,  refusent  les  opinions 
sérieuses,  font,  dict  quelqu'un,  comme  celui  qui 
craint  d'adorer  la  statue  d'un  saint,  si  elle  est  sans 
devantière.  »  (MoNT.,  Ess.,  m,  359.)  Litt.  —  m  Tire 
de  sa  sarcote  quelques  pièces  recousues  et  plus 
sales  que  le  devantail  d'un  cuisinier.  »  D.  C.  V" 
Perizonium.  —  «  Si  Mélusine  nous  est  d'abord 
apparue  dans  la  clarté  lunaire,  c'est  encore  ainsi 
que  le  peuple  se  l'est  représentée,  portant  dans  sa 
«  dorne  »,  dans  son  devanteau  de  mousseline  les 
matériaux  qui  lui  sont  nécessaires.  »  (La  Tradit., 
p.  216,  1.  17.) 

«  Ton  devanteau. 
Ma  tieusinière. 
Ton  devanteau. 
Il  est  salaud. 
Il  faut  d'ia  cendr',  i  faut  d'ia  sau  (du  sel) 

Pour  laver  ta  devantière, 

Il  faut  d'ia  cendre,  i  faut  d'ia  sau 

Pour  laver  ton  devanteau.  » 

(  Vieille  chansonnette.  —  Guillemaut. 

Il  Devanteau  (à  My.). 

Devantiau  (Sar.).  —  V.  Devanteau. 

Devantière  (Sp.,  Lg.,  Lue),  s.  f.  —  Tablier 
de  femme,  devantier.  Le  fr.  emploie  ce  mot 
dans  un  sens  qq.  peu  différent.  V.  Devan- 
teau, Dorne.  —  Prononcer  :  devanquié, 
devanquière.  ||  Ne  pas  confondre  avec 
Devant  hier,  où  l'on  fait  sonner  le  t,  Devan- 
tière, avant  hier. 

Hist.  —  «  Qu'est-ce  mitrons?  ô  pauvres  igno- 
rants !  les  garçons  boulangers  sont  ainsi  nommés 
parce  qu'ils  n'ont  point  de  haut  de  chausses,  mais 
seulement  une  devantière. . .  et  le  devanteau.  » 
(BÉB.  DE  Verville,  M.  de  parv.,  n,  28.  —  Jaub.' 

Devant  que  de,  loc.  conj.  Devant  que  £ 
veni  (r),  —  avant  de  venir.  Voir  Devant. 

Devarier  (Lg.),  v.  n.  —  Décliner.  Se  dit  des 
personnes,  des  bestiaux,  des  récoltes.  Ex.  :  La 
trèfle  a  bé  devarié  dempis  quinze  jours.  Syn. 
de  Décaniller,  Dequeniller. 

Dèvari!;on«ler  (Lg.),  v.  a.  —  Dévergonder. 

Cf.  Variglds. 

Et.  —  Plus  rapproché  que  le  mot  fr.  de  l'origin. 
lat.  :  de-verecundia,  enlever  le  sentiment  de  la 
honte,  de  la  vergogne. 

Dévarine  (Z.  139.,  Sa.),  s.  f.  —  S'emploie 

19 


290 


DÊVARTIR  —  DEVIN 


dans  la  loc.  :  Etre  en  dévarine,  —  être  en  noce, 
faire  la  noce.  Syn.  de  :  Etre  en  bombe,  Ber- 
dindaine,  Déhane,  Débine,  Dévanirade,  Guin- 
guette, Riole,  Cigale,  Dondaine,  Verdée,  Tri- 
noche.  j|  Lx.  Zig.  149.  —  Désordre.  Mettre  à 
la  dévarine,  —  mettre  en  désordre,  à  feu  et  à 
sang,  à  quatre. 

Oévartir  (Mj.),  v.  a.  —  V.  Divarlir. 

Dévartissement  (Mj.),  s.  m.  —  Divertisse- 
ment. 

Dêve  (Mj.,  Sp.),  s.  f.  —  S'emploie  surtout 
dans  l'expression  :  Faire  la  dêve,  —  faire  le 
diable  à  quatre,  faire  du  tapage  ;  badiner, 
batifoler,  folâtrer  avec  bruit.  ||  Que  la  dêve,  — 
en  grande  quantité.  Ex.  :  Y  a  des  poumes  que 
la  dêve,  cette  année,  —  que  c'en  est  une  déri- 
sion. Syn.  de  :  Que  le  diable. —  N.  A  noter  que 
Endémené  (de  Démon)  a  le  même  sens  que 
endêvé. 

Et.  discutée.  —  Est-ce  un  doubl.  du  fr.  Diable  ; 
ital.  Diavolo  ;  lat.  Diabolus  ;  ail.  Teufel  ;  angl. 
Devil?  Il  est  la  rac.  du  fr.  Endêver.  —  Diez  a  pro- 
posé Dissipare.  V.  Desvée.  —  C.  Port  affirme  Diva, 
Indivare.  Répondrait  à  Enthousiasmer  (théoç). 

Dévenancée'JMj.),  s.  f.  —  Flot  de  liquide. 

Dévenancer  (Br.,  Mj.,  Sal.),  v.  a.  — 
Répandre,  verser,  laisser  échapper  le  contenu, 
déverser.  ||  Tomber  (By.). 

Devenir  (Mj.),  v.  n.  —  S'emploie  généra- 
lement avec  à.  Devenir  à,  en  venir  à.  Ex.  :  Il 
va  devenir  à  ne  pus  entendre.  Ça  va  devenir  à 
ren.  ||  Venir.  —  Ex.  :  Irez-vous  à  la  ville?  — 
J'en  deviens.  Sens  inconnu  à  Mj.  !|  Lue.  — 
Dépérir.  ||  Mal  venir,  s'amoindrir  ;  se  déjeter. 
Il  est  tout  dévenu  (é  fermé)  par  les  fieuvres. 

Déventer  (Sp.),  v.  a.  —  Présenter  au  vent 
la  tranche  des  ailes  d'un  moulin. 

Dêver.  —  Qui  a  formé  Endêver.  V.  Dêve. 

Et.  Hist.  —  Perdre  le  sens  :  »  Cil  chastelains  est 
desveiz  ;  se  nous  le  voulons  croire,  il  nous  fera  tous 
mourir  de  maie  mort.  »  — •  «  Atant  se  parti  du  roi 
comme  une  rfes(.'ée.  »  (Blanche  de  Castille.) 
«  Au  roi  Charboucle  est  venu  la  novele, 
Con  il  entend  qu'à  poi  il  ne  desve.  » 
(L.  C.)  —  «  Desvier  —  deviare  :  «  Bone  gens,  ares- 
tés  ;  quelle  cose  vous  est  avenue  ?  Pourquoy  vous 
desvyez-vous   ensi?    (Egarer,    troubler.    —    Fkois- 
SABT.)  —  Desipere,  de-ex-ripare  (aller  à  la  dérive, 
comme  :  delirare,  sortir  du  sillon,  délirer.)  D''  A. 
Bos.  —  Desvé,  diswitted  : 

«  Respunt  irez  Charles  li  reis, 
Si  très  marriz  et  si  desvez, 
Por  poi  ne  s'est  toz  forsenez.   » 
BÉN.,  Chron.  de  Norm.  —  MoisY,  qui  le  fait  venir 
du  vx  norm.  desveer,  dévoyer.  Via  a  donné  au  fr. 
voie,  d'où   :   dévoyer,  et  au   norm.  veie,   d'où   : 
desvéier,  desvéer. 

«  Bien  ressemble  femme  desvée 
Tote  enragiée,  eschevelée. 
(Benoît  DE   Sainte-Maure,   Roman  de   Troie.) 
«  Diva,  feit-elle,  es-tu  desvez 
Ou  de  ton  sens  si  forsenez 
Que  tu  n'as  mes  (plus)  cure  de  toi?  »  Id. 
(Devillard.)  —  Diez  :  de  desipit  =  desve,  d'où 
un  nouv.  verbe,  desver,  derver.  (Constans.) 

Dévers  (Mj.),  s.  m.  —  Pente,  côte,  flanc 


d'une  colline.  Ex.  :  Noutre  vigne  est  dans  ein 
dévers  à  regarder  en  galarne,  aile  est  ben 
gelante.  ||  Tendance  à  se  renverser,  manque 
d'aplomb.  Subst.  verb.de  Déverser.  Ex.  :  La 
poudre  (poutre)  a  du  dévers.  \\  Inclinaison.  i| 
Dénivellation.  ||  Contre-bas,  escarpement, 
revers.  ||  (By.,  Sal.)  Tenir  le  dévers,  empêcher 
de  verser,  de  tomber  sur  le  côté.  Ex.  :  Tiens 
ben  le  dévers  !  \\  Dévers  de  main,  claque 
envoyée  subitement  à  qqn  qui  ne  s'en  défiait 
pas.  V.  Vire-main.  Mj.  A  citer  la  vieille  chan- 
son de  deux  ivrognes  : 

Tiens  ben  le  rfécers-eu 

Jamais  je  ne  mangerons  tout.     bis. 

Ma  femme  est  soûle,  eu 

Et  moi  je  ne  tiens  pas  debout,  bis. 
Et.  et  Hist.  —  Dévers,  qui  n'est  ni  droit,  ni 
d'aplomb.  Un  mur  dévers.  |;  Terme  de  charpente. 
Le  dévers  d'une  pièce  de  bois  en  est  le  gauchisse- 
ment ou  la  pente.  Il  faut  marquer  ce  bois  suivant 
son  dévers.  (LiTT.)  —  Le  dévers  d'un  rail,  excès  de 
hauteur  du  rail  extérieur  sur  le  rail  intérieur,  qui 
incline  le  train  en  dedans  de  la-  courbe  pour  com- 
battre la  force  centrifuge.  (Darm.)  —  Cette  char- 
rette de  foin  versera,  si  vous  ne  tenez  pas  le  dévers 
avec  vos  fourchots.  (Jattb.)  —  Deversus,  tourné 
d'un  côté.  D'où  Déverser,  pencher,  incliner. 
(ScHELER.)  —  Autre  mot.  V.  Devers. 

«  Puis  s'augmenter  devers  la  fin  du  jour.  » 

J.  DU  Bellay,  Les  Amours,  p.  187. 

Devers  (Mj.).  —  Prépos.  Le  l^r  e  muet.  — 
Vers.  Ex.  :  Ça  sera  devers  lundi  de  l'autre 
semaine  que  je  ferons  tuer  noutre  gourin.  I! 
Comme  devers,  à  peu  près  vers.  Ex.  :  C'est 
comme  devers  Pâques,  qu'elle  est  morte.  —  Il 
est  devers  onze  heures.  V.  Dévers,  s.  m. 

Déverser  (Déversé,  ou  Dévarser.)  (Mj.), 
V.  a.  —  Renverser,  retourner,  culbuter.  || 
Faire  tomber.  Ex.  :  Je  te  l'ai  déversé  les  quatre 
fers  en  l'ar  !  —  Y  a  ieun  des  soûlauds  qui  a 
déversé  l'autre  dans  le  foussé. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.  pris  dans  un  sens  spécial. 
—  N.  On  prononce  la  2«  syllabe  très  brève. 

Dévesser  (Sp.),  v.  a.  —  Réprimander, 
morigéner,  gronder,  rabrouer.  V.  Vesse. 

Dériander  (se)  (Lg.),  v.  pron.  —  Maigrir, 
dépérir.  Se  dit  surtout  des  animaux. 

Déviauler  (Cz.),  v.  réf.  —  Vas-tu  bentout 
te  déviauler,  cesser  de  fainéanter  ;  par  ex.  à 
qqn  qui  reste  trop  tard  au  lit.  C'est  ne  plus 
faire  le  vieau,  le  veau.  Cf.  La  Foxtaixe  : 
«  Tandis  que  ce  nigaud  comme  un  évêque 

assis, 
«  Fait  le  veau  sur  son  âne  et  pense  être  bien 

sage.    » 

Dévidette  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  cannetière 
à  faire  les  épelles  mécaniquement.  Langue  des 
tisseurs.  Du  fr.  Dévider. 

Devin  (Lg.),  s.  m.  —  Sorcier,  Syn.  de  Sour- 
cier. 

Et.  —  Divinus,  celui  qui  a  des  clartés  divines. 
(LiTT.)  —  Théologien  ;  savant  en  divinité,  en 
théologie.  (L.  C.)  —  Hist.  «  Dès  qu'on  voit  une 
personne  atteinte  d'une  maladie  un  peu  extraordi- 
naire, on  court  chez  le  devin,  on  le  conjure  de  sou-  ,'iJ 


DEVINAILLE  —  DIABLE 


291 


lager  le  malade.  »  (Boxjrniseatj,  cité  par  DEîHAtr, 
Hist.  de  la  Vendée,  I,  49.) 

Devinâille  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Enigme.  Ex.  : 
Devine,  devinâillle  ;  Qui  pond  sur  la  paille? 

—  Ce  distique  sert  toujours  d'entrée  en 
matière.  —  V.  au  Folk-Lore,  viii. 

Devinée  (d'vinée)  (Mj.,  By.),  s.  f.  — ■  Lubie, 
idée  ou  dessin  peu  raisonnable.  Ex.  :  En  velà 
eine  devinée!  \\  By.  N'avoir  guère  de  devinée, 

—  d'idée,  d'intelligence.  Syn.  de  Devinoire. 
N.  A  Mj.  on  dirait  plutôt  presque  :  devinée. 

Devinoire  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ingéniosité, 
esprit  d'invention,  pénétration.  —  Syn.  de 
Gingin,  Ingénie.  Cf.  Comprenoire,  Pensoire. 

Devir°  (Sp.),  v.  a.  —  Devoir,  être  rede- 
vable de.  Ne  s'emploie  qu'en  ce  sens.  —  A 
vieilli.  Dér.  dir.  du  lat.  Debere. 

Déviration,  s.  f.  —  Sens  dessus  dessous, 
bouleversement.  «  Ils  ont  tout  mis  en  dévi- 
ration chez  moi. 

Dévire  (à  la)  (Lue).  —  Sens  dessus  dessous. 

Dévire- main,  s.  m.  —  Une  gifle.  J'vas  l'en- 
voyer un  dévire-main  !  —  V.  Dévers. 

Dévirement  (Mj.),  s.  m.  —  Billebaude, 
confusion,  désordre. 

Dé  virer  (Lue,  My.,  By.),  v.  a.  —  Chavirer, 
renverser.  Ex.  :  Il  l'a  déviré  cul  par  sus 
pointe,  —  les  quatre  fers  en  l'air,  !|  Retourner. 

—  Ex.  :I1  a  déviré  ses  poches.  —  I  dévirait  les 
yeux.  Il  Dévirer  ses  guêtres,  mourir,  passer  de 
vie  à  trépas.  ||  v.  réf.  Se  renverser,  tomber.  || 
Se  retourner  brusquement.  Ex.  :  I  s'est  déviré 
sus  moi  eine  secousse,  j'en  ai  ieu  peur.  ||  v.  n. 
Tomber  à  la  renverse.  Fr.  Virer.  ||  Bousculer, 
déranger. 

Et.  —  Augment.  de  Virer.  —  Retourner  sens 
dessus  dessous.  —  Détrevirer,  même  sens.  —  Aucun 
mot  du  fr.  moderne  ne  peut  rendre  exactement 
cette  expression.  Trevirer  signifie  :  tourner  sens 
dessus  dessous.  La  syllabe  dé,  dans  cette  circons- 
tance, devient  augmentative,  au  lieu  d'être, 
comme  dans  une  foule  de  mots,  soustractive  ou 
oppositive.  La  signification  de  Détreviré  est  donc 
facile  à  saisir,  sinon  à  rendre.  C'est  un  esprit  à 
l'envers,  un  fils  de  famille  dissipateur,  un  zouave 
qui  ne  connaît  que  le  plaisir  et  le  combat,  ou  bien 
un  poète  qui  se  met  à  genoux  devant  une  fleur.  On 
voit  que  Détreviré  peut  toucher  à  l'idéal  et  s'appli- 
quer à  l'âme  qui  se  tourne  vers  le  ciel,  ou  à  celle  qui 
ne  s'attache  qu'aux  plaisirs  les  plus  grossiers.  — 
Détreviré  signifie  aussi  :  mettre  à  l'envers.  Ainsi,  la 
culotte  du  roi  Dagobert  était  détrevirée.  (Beattchet- 
FiLLEAU,  de  Chef- Boutonne,  cité  par  Favre.) 

Déviroler  (Mj.),  v.  a.  —  Renverser.  ||  v.  n. 
Tomber.  Dimin.  de  Dévirer.  Culbuter. 

Dévise  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Sorte  de  bonbon 
en  forme  do  cornet  au  fond  duquel  est  fixée 
une  petite  bande  de  papic-r  roulée  qui  porte 
imprimé  un  distique  en  vers,  aussi  mauvais 
que  la  pâte  du  bonbon.  ||  Lg.  —  Malice,  sub- 
terfuge, prétexte  inventé  pour  tromper. 
Syn.  de  Rubrique,  Déblâme. 

Devise  (Lue),  s.  f.  —  Jalon. 

Et.  —  Devise,  de  Division  ;  d'où  idée  de  tracer, 


de  dessiner.  —  Un  jalon  porte  ordinairement  un 
carré  avec  des  divisions.  —  Peut-être  aussi  de  ce 
que  le  géomètre  vise  un  but  par  ce  moyen.  Confu- 
sion entre  les  deux.  (Litt.).  —  Cailloux  servant  de 
limites  ;  borne  qui  sert  de  limite  aux  champs. 

(G.    DE    GUER.) 

Dévitorser  (Sp.),  v.  a.  —  Lancer  avec 
raideur,  par  un  mouvement  de  torsion  parti- 
culier du  bras.  Ex.  :  Il  illi  a  dévitorsé  eine 
tape  par  la  goule.  —  Il  a  jeté  sa  boule  en 
dévitorsant. 

Et.  —  Je  vois  bien  la  rac.  de  Torser  (torquere, 
torsum)  ;  mais  Dévi?  Dévier? 

Dé  voir,  s.  m.  (Mj.).  —  En  dévoir  de,  en 
train  de.  Ex.  :  Aile  était  en  dévoir  de  tirer  ses 
vaches.  —  A  Sp.,  on  dit  dans  le  même  sens  : 
En  chantier  de. 

Dévorée  (Sa.),  s.  f.  —  Grand  repas,  festin, 
bombance.  Se  dit  qq.  peu  à  Mj.  —  Syn.  de 
Gueuletoiv. 

Dévorer  (se)  (Lg.),  v.  réf.  —  Eprouver  de 
vives   démangeaisons. 

Dévot'  (Mj.).  —  Dévot.  Cf.  Délicat'  N.  — 
La  f"^  syllabe  est  muette. 

Devotieux,  (Mj.-),  adj.  q.  —  Dévot.  ||  By,  é. 

Dévouer  (Sar.),  v.  a.  —  Dévider,  dépelo- 
tonner. 

N.  —  Dévouyer  (ouiller),  tourner  rapidement 
un  travouil  ;  dérouler  une  corde,  dépelotonner  du 
fil.  -  By. 

Dévouiller  (Craon).  —  Aller  vite.  Une 
fois  commencé,  ça  va  dévouiller.  Cf.  Travouil. 
V.  Dévouer.  Cf.  Dévrouiller. 

De  vrai.  —  Loc  adv.  Vraiment  ;  ce  que  je 
dis  est  la  vérité.  Interrog.  De  vrai  ?  V.  Vrai. 

Deyot  (BL,  Mj.),  s.  m.  —  Petit  linge  dont 
on  enveloppe  un  doigt  malade,  brûlé,  coupé. 
V.  Deillot.  N.  Le  t  final  est  souvent  sonore. 

Déyoter  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  —  Décaler, 
détruire  l'équilibre  de,  déranger  de  son 
aplomb.  Contraire  de  Ayoter  ;  composé, 
comme  lui,  de  Yot,   Yoter.  Syn.  de  Dérunter. 

Dézubler,  v.  a.  —  «  Dézubler  son  chapeau, 
c'est  mettre  son  chapeau.  R.  difiibulare,  — 
et  affibulare,  c.-à-d.  s'affubler  de  son  chapeau. 
(Mén.).  V.  Dexubler,  Défublé. 

D'hic  et  de  Iioe.  loc.  adv.  (Q.).  —  Avec 
difficulté,  cahin,  caha  ;  comme  qui  dirait  :  de 
ci,  de  ça. 

D'Iiiii,  Dui.  —  Pour  :  aujourd'hui. 

Diabète  (Mj.),  s.  f.  —  Ex.  :  Il  avait  la  dia- 
bète. N.  On  prononce  souvent  Diabète.  Syn. 
de  Buvette. 

Diable  (Mj.,  Sp.,  By.),  s.  m'.  —  Sorte  de 
vase  de  terre  avec  couvercle  dans  lequel 
on  fait  cuire  à  l'étouffée  des  marrons  ou  des 
pommes  de  terre.  «  Ainsi  nommé  parce 
qu'il  concentre  la  chaleur  et  constitue  une 
sorte  d'enfer.  (Gtjillem).  »  ||  Grand  insecte 
coléoptère,  appelé  à  Mj.,  Biche.  \\  Petit 
véhicule  très  bas  pour  le  transport  des 
pierres  de  taille,  des  barriques  pleines,  etc. 


292 


DIABLEMENT  —  DIFFAMER 


Dans  ce  dernier  cas  on  l'appelle  aussi  Poulain. 
Il  Et,  au  contraire,  chariot  à  roues  très  hautes 
pour  le  transport  des  troncs  d'arbres,  jj  Pell. 

—  Syn.  de  Erussoire.  \\  Mj.,  Sorte  de  herse, 
formée  de  dents  très  courtes  fixées  au-dessous 
d'une  boîte  oblongue  que  l'on  remplit  de 
pierres  et  qui  est  traînée  perpendiculairement 
à  sa  longueur.  ||  Que  le  diable,  loc.  adv.  — 
beaucoup,  fort,  extrêmement.  Ex.  :  Va  y 
avoir  du  vin  que  le  diable.  Syn.  de  :  Que  la 
dêve,  tant  que  la  dêve.  ||  Pas  diable,  —  pas 
merveilleux  (Lg.).  Ex.  :  Il  n'est  pas  diable, 
quiô  vin.  ||  Le  diable  m'ampute  !  Pron. 
m'ampue.  ||  Le  diable  me  brûle  !  |1  Sorte  de 
juron.  Il  II  criait  comme  si  le  diable  était  après 
li.  Il  Nombreux  proverbes  :  Vaut  mieux  tuer 
le  diable  que  le  diable  vous  tue  ;  —  On  ne  peut 
pas  peigner  un  diable  qui  n'a  point  de 
cheveux  ;  —  Ça  va  le  diable  à  la  d'vaUe,  etc. 
Il  Syn.  de  Grattaud,  Pipet. 

Diablement  (Mj.).  adv.  Très.  —  C'est  dia- 
blement bon,  mauvais. 

Diâbler  (Mj.),  v.  a.  —  Suspendre  sous  un 
diable,  une  pièce  de  bois.  ||  Herser,  avec  un 
diable,  une  pièce  de  terre. 

Diablerie.  —  «  La  diablerie  de  Saumur, 
c.-à-d.  la  passion  à  personnages,  ainsi  appelée 
apparemment  par  rapport  à  cinq  ou  six 
démons  qui  y  jouent  un  rôle.  «  (Le  Duchat, 
Notes  sur  Rabelais,  t.  IV,  p.  58.).  Il  en 
dérive  le  prov.  :  Faire  le  diable  à  quatre.  — 
La  Diablerie  de  Doué,  —  id.  iv,  60,  note  9. 

Diablutou  (Mj.),  s.  m.  —  Diablotin. 

Diâbresse  (Mj.),  s.  f.  —  Diablesse.  Forme 
atténuative,  régulièrement  employée  par  les 
femmes. 

Diâche  (Mj.),  s.  m.  et  interj.  —  Diable, 
diantre,  bigre.  Ex.  :  Ceté  diâche  de  gamin-là. 
Syn.  de  Diâtre. 

Et.  —  C'est  une  corr.  du  fr.  Diable,  c.  Diantre, 
un -de  ces  jurons  atténués  si  communs  dans  le 
patois.  V.  Dis,  Dious,  Bleu,  Gouet,  Dougre,  Sarché. 

Diacre,  s.  m.  —  Plante  qui  croît  au  milieu 
des  prairies.  V.  Roulée. 

Dialogue  (^Ij.),  s.  m.  —  Discours,  commen- 
taire. Ex.  :  «  Il  a  causé  pus  d'eine  heure  de 
temps  tout  seul;  il  en  a  fait  d'ein  dialogue/  » 

—  Syn.  de  Délibéré,  Chapitre,  Déjail. 

N.  —  Bernard  de  la  Monnoye,  dans  son  édi- 
tion des  Noëls  bourguignons,  rapporte  qu'un  doc- 
teur faisait  venir  ce  mot  du  nom  de  l'ânesse  de 
Balaam,  nommée  Logos,  parce  qu'elle  parla  lorsque 
son  maître,  la  battant  de  toute  sa  force,  lui  criait 
Dia  pour  la  faire  avancer.  (Paris,  Lavigne,  1842, 
ou,  comme  le  dit  la  traduction  :  Cheu  stu  don  j'ai- 
mon  bé  le  ju,  —  chez  celui  dont  nous  aimons  bien 
le  jus.) 

Diamant  (Tr.).  —  Cristaux  de  sulfure  de 
cuivre  que  l'on  trouve  incrustés  dans  certains 
échantillons  d'ardoise. 

Diane    (Tlrn.),   s.    f.   — '^Maîtresse,    catin, 

p ,  ribaude,  femme  de  mauvaise  vie.  Syn. 

de    Pouffiasse,    Catau.    Prouonc.    Yane    ou 


Guiane.  N.  Serait-ce  un  souvenir  de  Diane  de 
Poitiers? 

Diarès.  —  Pâtisserie  faite  au  sucre,  en 
vogue  vers  1820.  (Affiches  d'Angers,  1820). 
Serait-ce  une  idée  de  denrée?  (Mén.).  —  Non, 
c'est  le  Guillaret,  de  Nantes,  connu  chez  nous. 

Diâtre  (Lg.),  s.  m.  —  Forme  atténuative 
pour  Diable.  Ex.  :  Quio  diâtre  de  gars  !  Doubl. 
de  Diâche  et  du  fr.  Diantre,  adj.  q.  — 
Méchant,  endiablé.  Syn.  de  Endetté. 

Dicter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Rédiger,  écrire. 
Ex.  :  La  lettre  était  vrai  ben  dictée,  très  bien 
tournée. 

Hist.  —  «  Et  luy  monslrerent  le  dicté  de  Rami- 
nagrobis.  Pantagruel  l'avoir  leu  et  releu,  dist...   » 
(RAB.,P.,m,  29,280.). 
«  J'ai  veu  l'escript  très  docte  et  entendu 
«  Que  m'as  mandé  pour  me  mesler  aux  dieux, 
«  Mais  pas  n'est  tien,  l'as  pris  en  d'aultres  lieux, 
«  Va,  va  le  rendre  à  l'homme  vertueux 
«  Qui  l'a  dicté... 

(G.  C.  Bûcher,  237,  p.  321.) 

—  c(  Car  mort  ne  va  les  œuvres  abbatant. 
«  Et  mortel  est  cestuv-là  qui  les  ditte.  » 

(Cl.  MÀrot,  p.  231.) 

—  «  Je  me  suis  entremis  de  dicter  et  croniquer 
cette  histoire.  »  (Fkoissart,  m,  p.  1.  (L.  C). 

—  K  I  endyte,  i  wTite.  —  Write  thou,  and  i  will 
endyte  :  tu  escriras  et  je  composeray,  ou  :  je  dic- 
teray,  ou  je  coucheray  le  langaige  (Palsgrave.) 
Composer,  rédiger,  exprimer  sa  pensée  par  écrit. 
Horace  a  dit  :  Dictare  versus,  pour  :  composer  des 
vers,  et  Suétone  :  dictare  actionem,  pour  :  com- 
poser un  plaidoyer.  On  dit  en  pat.  norm.  :  Voilà 
une  lettre  bien  dictée.  »  —  «  Je  ne  sais  dicter  une 
lettre.  »  Au  moy.  âge,  on  appelait  dictée  un  récit, 
une  histoire,  etc.,  recueillis  par  écrit  : 

«  Je  parole  à  la  riche  gent 
«  Ki  ont  les  rentes  et  l'argent, 
«  Quer  por  els  sunt  li  livres  fez. 
«  E  bien  ditez  et  bien  retrez. 

(Wage,  Roman  de  Rou.) 

—  «  E  si  n'estoit  homme  vivant 

«  Mielx  dictant  ne  mielx  escrivant.  » 
(Pet.  poèmes  du  Mont  Saint- Michel.  —  MoiSY.). 

Dictons  sur  l'Anjou.  Voir  au  Folk-Lore,  V. 

Didi,  Didit'  (guiguite)  (Mj.),  s.  m.  —  Petit 
doigt  d'enfant.  Mot  enfantin,  formé  par  rédu- 
plicalion  de  la  première  syll.  du  lat.  Digitus, 
doigt. 

Dié  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Dieu.  Par  dié,  pour  : 
par  Dieu.  Par  dié  oui.  —  Prononc.  souvent 
Parguié.  (Lg.).  —  Syn.  de  Zieux,  Dien,  Dis, 
Bleu,  Gouet,  Dious,  Zié,  Zien,  Gouatte. 

Dien  (Lg.,  Tlm.),  s.  m.  —  Dieu.  Forme 
atténuative  employée  dans  les  jurons.  Ex.  : 
Nom  de  Dien.  —  Le  montj.  Dienne  en  est  la 
forme  fémin.  —  Cf.  Bleu,  etc.  —  Sacrédienne. 

Dieu  (Mj.).  —  Dieu  de  Dieu  !  Exclamation 
très  employée  pour  marquer  le  dépit,  rimpii- 
tience,  la  surprise.  Elle  n'est  pas  considérée 
c.  un  jurement. 

Diffamer,  v.  a.  (Mj.).  —  Rendre  affreux, 
horrible,  au  physique.  ||  Blesser  affreusement, 
abîmer. 

N.  —  C'est  le  fr.  Diffamer,  dont  la  signification 


DIFFÉREMMENT  —  DIRE 


293 


a  été  transportée  d'une  très  curieuse  manière  du 
moral  au  physique. 

Et.  —  Di,  qui  marque  retranchement,  et  fama, 
réputation,  avec  a  long. 

Hist.  —  «  Décédé  de  cette  nuict  dernière  de  mort 
pitoyable,  pour  avoir  esté  diffamé  en  le  visage  par 
un  chien  enragé.  (1648.  —  Inv.  Arch.  E,  ii,  p.  228, 
col.  1.).  —  «  Et  voylà  l'ouvrage  gasté  et  diffamé.  » 
(Rab.,  P.,  II,  15,  1.52.) 

Diflféremmeut  (Mj.).  —  Diiïéremment  que 
ça,  —  sans  cela.  Ex.  :  Faudra  mettre  deux 
pistoles  ;  différemment  que  ça,  j'allons  point 
faire  affaire.  —  Cf.  Autrement. 

Différente  (Pc,  By.),  adj.  —  Indifférente, 
«  C'te  fille-là  n'est  point  différente  »,  c-à-d. 
elle  n'est  pas  désagréable  à  voir.  Dans  le 
même  sens  :  A  n'est  point  abjecte. 

N.  —  Il  y  a  ellipse  -.  Elle  n'est  point  différente 
d'une  autre  qui  est  bien.  —  A  moins  que,  tout 
simplement,  la  première  syll.  de  :  indilTérente  se 
soit  soudée  à  la  dernière  de  point. 

Digane  (Sp.,  Do.),  s.  f.  —  Charogue.  || 
Viande  de  mauvaise  qualité.  Syn.  de  Querrée. 
C'est  le  montj.  Guégane.  Cf.  Digue,  Digoiner. 

l>igeon-jon  (By.).  —  V.  Canard. 

Digoine  (Sal.),  s.  f.  —  Etre  en  digoine.  — 
Avoir  le  désir  de  briser,  de  mordre.  On  dit, 
en  un  seul  mot  :  être  endigoiné. 

Digoiner  (Tlm.),  v.  a.  —  Lacérer,  déchi- 
queter, arracher  par  lambeaux,  dévorer  à 
belles  dents.  Ex.  :  Il  a  bentout  ieu  fait  de 
digoiner  son  calot.  —  Syn.  et  d.  de  Dégoiiier, 
Ligoiner.  Cf.  Mâcouiner.  \\  Lg.,  Se  digoiner,  se 
disputer.  Syn.  de  se  Dagoler,  se  Diguenâiller. 

Et.  —  CoTGRAVE  enregistre  Dignoner,  piquer, 
comme  un  mot  normand.  Cf.  Digon  et  Digot,  tige 
de  fer  pour  retirer  les  coquillages  du  sable,  ou  :  fer 
barbelé  adapté  à  une  perctie  pour  harponner  le 
poisson.  —  GoDEFROY  :  Digart,  éperon.  —  Dottin  ; 
Digonner,  quereller  continuellement.  —  Diguer, 
piquer  ;  diguet,  bois  pointu  (G.  de  Guer.  ).  ||  Dér. 
de  Diguer,  comme  le  prouve  le  pat.  norm.  Digun- 
ner,  piquer,  pousser. 

Digue  (Lg.),  s.  f.  —  Charogne,  carne.  Syn. 
de  Cargne,  Digane,  Guégane,  Querrée,  Quéquée. 
Abrév.  ou  rac.  de  Digane. 

Diguenâiller  (guiguenàiller  (Mj.),  v.  a.  — 
Tirailler,  secouer  violemment  en  tous  sens. 
Il  V.  réf.  Se  tirailler.  ||  Sp.  —  Fig.  —  Se  dis- 
puter, discuter  avec  violence.  Syn.  de  se 
Dagoter,  se  Digoiner.  \\  My.  —  Diguenaillé, 
déguenillé.  Cf.  Dépenaillé,  nillé. 

Et.  —  Ce  mot  me  paraît  être  pour  Dilenailler, 
formé  du  préf.  Dis,  qui  marque  division,  sépara- 
tion, et  du  fr.  Tenailler.  La  substitution  de  la  gut- 
turale gue  à  la  dentale  paraîtra  moins  impro- 
bable si  l'on  rapproche  Diguenâiller  de  Décaque- 
nassor,  dans  lequel  cette  même  substitution  parait 
indéniable.  —  Toutefois  il  est  plus  probable  que 
c'est  un  fréquentatif  de  Digoiner,  et  qu'il  vient  de 
Digane  ou  Guégane. 

Diguer  (Auv.,  Jm.),  v.  n.  —  Broquer, 
donner  des  coups  de  cornes,  en  parlant  d'une 
vache.  Syn.  de  Comailler.  —  Voisin  de  l'angl. 
to  Dig.  —  Cf.  Dagoter.  Daguer?  Digoiner. 


T\\  —  Diguer  (to  dig,  to  dygge,  Palsgr.)  aiguil- 
lonner, piquer  avec  le  diguet,  nom  donné  en  patois 
à  un  morceau  de  bois  très  court,  taillé  en  pointe, 
dont  on  se  sert  pour  faire  avancer  les  ânes.  »  — 
«  I  faut  crere  que  ch'est  Satan  qui  Vdigue.  »  —  Le 
fréquentât,  est  Digonner.  «  N'eurent  les  mouches... 
moyen  de  la  (jument)  poindre  ni  digonner.  »  A 
Guernesey  les  fabricants  d'éperons  s'appellent 
Digards.  (Moisy.). 

Diguet  (diguète)  ou  Dillet  (Sp.,  Mj.).  — 
Morceau  de  bois  pointu  ;  plantoir.  V.  Diguer. 
Piquet  qcque. 

Hist.  —  «  Alors,  dist  Gargantua,  qu'on  fist  de 
vostre  nez  une  dille  pour  tirer  un  muy  de  merde  » . 
(Rab.,  p.,  i,  11,  27.).  —  «  Autant  que  vous  en 
tirerez  par  la  dille,  autant  en  entonneray  par  le 
bondon.  »  (Id.,  ibid.,  ni,  Prol,  p.  212.). 

Dimanche  (Mj.).  —  Au  plur.  Habits  des 
dimanches.  Ex.  :  Il  était  encore  dans  ses 
dimanches  quand  le  feu  a  épris  ;  il  s'est  con- 
fondu. —  Cf.  Tous -les -jours,  Denuit. 

Dindelles,  s.  f.  —  Petites  cloches  qu  on 
plaçait  dans  les  clochers  ;  c'était  le  dindélier 
qui  les  sonnait.  ||  On  donne  ce  nom  à  deux 
clochettes  qu'on  agite  d'une  manière  particu- 
lière en  tête  de  la  procession  dans  les  cam- 
pagnes. Ce  mot. est  formé  par  onomatopée, 
V.  Echelettes. 

Dinder,  v.  n.  —  Envoyer  dinder,  ou  pro- 
mener. MÉNiÈRE,  qui  le  tire  du  lat.  inde,  contre 
toute  vraisemblance.  —  Mi^  pour  Dinguer.  \\ 
Lg.,  Tf.  —  V.  n.  Sonner,  vibrer.  Se  dit  des 
cloches,  de  la  vaisselle,  des  vitres.  Syn.  de 
Derlindiner. 

Hist.  —  «  Gens  saphirez,  qu'un  dint  de  verre 
esveille (G.  C.  Bûcher,  p.  192. 

Dindon  (Lg.),  s.  m.  —  Son  de  cloches.  ||  P. 
ext.,  les  cloches  elles-mêmes,  grelot,  —  dans 
le  langage  des  enfants.  Cf.  Dandin.  De  Dinder. 

Dinguer  (Sp.,  Mf.,  Ag.,  By.),  v.  n.  —  Ne 
s'emploie  que  dans  l'expression,  très  usitée, 
d'ailleurs  :  Envoyer  dinguer,  e.  promener  ; 
lancer  au  loin.  ||  Argot. 

Dious  (Mj.),  s.  m.  —  Dieu.  Cette  forme 
n'est  usitée  que  dans  les  jurons  :  Nom  de 
Dwus,  bon  Dious  !  Cf.  Dis,  Dien,  Dié,  Bleu, 
Zieux,  Gouet,  Ziou. 

Dire  (guire)  (Mj.),  v.  a.  ||  v.  n.  —  En  dire, 
clabauder.  jj  Dire  après  qqn,  lui  faire  des 
reproches  ou  des  réprimandes.  ||  Le  cœur 
ne  m'en  dit  pas,  je  n'en  ai  pas  envie. 
Il  Dis  donc,  écoute  donc.  ||  N'y  a  pas  à 
dire,  malgré  tout.  N.  On  ajoute  qqf.^  :  mon 
bel  ami.  1|  Y  en  a  pas  pour  dire,  il  n'y  en  a 
qu'une  qantité  insignifiante  ;  ce  n'est  pas  la 
peine  d'en  parler.  ||  Dire  sus,  critiquer,  cen- 
surer, gloser  de.  Ex.  :  lelle,  qui  est  toujours  à 
dire  sus  les  autres,  a  ne  se  voit  donc  point'?  || 
Absolument.  —  Plaire,  agréer,  convenir. 
Ex.  :  Sa  mère  voulait  la  faire  marier,  mais  ça 
ne  illi  disait  pas.  ||  En  dire  long,  durer, 
fournir  longtemps,  abondamment.  Syn.  de 
Sucéier.  Ex.  :  Velà  eine  lampe  qui  ne  va  pas 
en  dire  ben  long  demais-huit.  —  Velà  ein 
poupeau  de  filasse  qui  en  a  dit  ben  long.  || 


294 


DIRIES  —  D'JARNI 


Redites  de  ce  mot  :  I  me  dit,  dit-i  ;  qu'i  m'a 
dit,  dit-i  —  N.  On  conjugue  :  Je  dis,  tu  dis,  il 
dit,  je  disons,  v.  disez,  ils  disent.  ||  Gronder, 
trouver  à  redire  :  «  T'as  pas  fini  de  dire  ?  » 
Il  Faire  dire,  taquiner. 

Diries  (Mj.,  Sp.  Segr.,  By.),  s.  f.  —  Ne 
s'emploie  guère  qu'au  plur.  —  Dires,  discours, 
propos,  clabauderies.  Ex.  :  Si  on  voulait 
écouter  les  diries  du  monde  !  —  N.  C'est 
peut-être  ce  mot  qui,  avec  une  légère  aspi- 
ration, est. devenu  Giries  dans  la  bouche  du 
populaire  parisien.  C'est  la  prononc.  chole- 
taise.  —  Tout  ça  c'est  des  diries,  des  bavar- 
dages, des  cancans  sans  valeur. 

Hist.  —  «  Telle  fut  donc  sa  dirie,  issue  des  gloses 
antiques  du  pays  de  Segré...  »  (/f'«'  du  vx  tps, 
p.   240). 

Dis'  (Mj.).  —  Dieu.  Cette  forme  n'est  guère 
employée  que  par  les  enfants,  dans  les  jurons 
atténués  :  Nom  de  Dis  !  bon  Dis  !  —  Corr.  de 
Dious.  Cf.  Dien,  Bleu,  Zieux,  Dié,  Gouet. 

Discampette  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  locution  :  Prendre  sa  discampette,  p. 
la  fuite,  décamper,  escamper,  détaler.  Syn. 
de  Décampe,  Décanche,  et  de  Jean  des  Loges 
(déloger). 

Et.  —  Ce  mot  est  un  dimin.  de  Discampe,  doubl. 
inus.  de  Décampe,  qui  répond  au  fr.  Décamper.  Le 
fr.  emploie  :  Prendre  la  poudre  d'escampette  ; 
dans  cette  locut.  les  deux  derniers  mots  pourraient 
bien  n'être  qu'une  corruption  du  pat.  Discampette, 
malgré  l'existence  d'un  v.  Escamper,  probable- 
ment formé  après  coup,  par  influence  du  mot 
Escampette  (R.  O.).  —  Littré.  V.  Escampette. 
Vx  fr.  Escampe,  Escamper,  de  :  es  -f"  champ, 
prendre  les  champs. 

Discipline,  s.  f.  —  Pour  Bicyclette  !  Mais 
j'ai  toute  confiance  en  mon  correspondant. 
(A.  V.)  (Li.,  Br.)  ||  Je  l'ai  bien  entendu, 
à  Mj.,  appeler  Berniclette,  par  des  vieux  qui 
ne  l'avaient  vue  qu'à  travers  leurs  lunettes, 
ou  bernicles.  (R.  O.) 

Discré  (Mj.),  adj.  q.  invar.  —  C'est  une 
forme  atténuée  du  fr.  Sacré,  employé  comme 
juron.  Les  femmes  font  de  cet  euphémisme 
un  fréquent  usage.  Ex.  :  Attends,  va,  mon 
discré  cochon  !  Syn.  de  Sarché,  Sapré,  Satré. 
—  Oh  !  la  discré  pivée  !  —  Oh  !  la  sacré 
pihiée!  (Fu.)  ||  (By.)  Très  usité.  Une  grand 
discré  piatrée,  pour  :  une  platée  au  comble, 
tout  fin  plein  son  plat,  de  soupe,  p.  ex.  N'est 
pas  connu  à  By.  com.  syn.  de  Sarché,  etc., 
pour  :  sacré. 

Diseux  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Diseur. 

Disgracieux  (Mj.,  By.),  adj.  quai.  —  Désa- 
gréable, fâcheux,  contrariant,  déplaisant. 

Disloqueter  (Mj.),  v.  a.  —  Disloquer.  Cf. 
Accrocheter.  Syn.  de  Déberloquer,  Déferloquer. 

Et.  —  Dis  -j-  locare,  de  locus,  lieu  ;  chasser  de 
son  lieu  ;  séparât,  violente  de  parties  jointes. 

Disparser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Disperser. 
Plus  près  de  son  orig.  lat.  Di-spargere,  dis- 
parsus. 


Disputard  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  —  Bougon, 

querelleur. 

Disputer  (Li.,  Br.,  Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Tu  vas 

te  faire  disputer,  nom  de  Gouatte  !   ||  Faire 
de  vifs  reproches,  invectiver. 

Dissiper  (se)  (Lue),  v.  réf.  —  S'amuser. 

Et.  —  Lat.  dis  (marquant  dispersion)  et  le  vx 
lat.  supare,  jeter.  C'est,  proprement  :  faire  éva- 
nouir en  disséminant,  en  dispersant.  Se  dissiper, 
c'est  disperser  son  esprit  au  lieu  de  l'attacher  à  un 
seul  objet. 

Distinguier  (Mj.),  v.  a.  —  Distinguer.  Cf. 

Seringuier. 

Distinguo,  s.  m.  (Mj.,  Lg.,)  —  Contestation, 
Ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Avoir  du  dis- 
tinguo, avoir  du  différend,  des  difïïcultés,  de 
la  bisbille.  Syn.  de  Bisbise,  Chalail. 

Et.  —  Terme  d'argumentation  scolastique, 
signifiant  :  je  distingue,  et  qu'on  emploie  pour 
indiquer  que,  dans  une  proposition,  l'on  accorde 
une  partie  (concedo)  et  nie  l'autre  (nego),  ou 
simplement  que  l'on  fait  une  distinction.  —  Hist. 
«  Distinguo,  mademoieslle  ;  dans  ce  qui  ne  regarde 
point  sa  possession,  concedo  ;  mais  dans  ce  qui  la 
regarde,  nego.  »  (Molière,  Mal.  imag.,  n,  7.  — 
Littré.  ) 

Distribution  (Mj.),  s.  f,  ||  Fig.  Fessée, 
raclée,  volée  de  coups.  Ex.  :  Il  te  illi  a  foutu 
eine  sacrée  distribution  que  le  cul  illi  en 
traînait  par  terre.  ||  Grande  quantité,  abon- 
dance. Ex.  :  Y  en  a  eine  distribution  de  poires, 
cette  année.  —  Syn.  de  Fouâillée,  Râpée. 
Tournée,  etc. 

Diton  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Dicton,  proverbe, 
adage,  locution.  C'est  un  diton. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Dicton,  dans  lequel  le  v.  a  pris 
sa  forme   moderne   par  la  chute   du   c  ;   du  lat. 

Dictum. 

Divars',e  (Mj.,  Sp.,  Lue.),  adj.  q.  —  Frivole, 
étourdi,  léger,  changeant,  ondoyant,  sans 
consistance  dans  les  idées  ou  dans  les  sen- 
timents, sans  esprit  de  suite  dans  la  conduite, 
fantasque.  !|  En  pari,  d'un  enfant,  étourdi, 
léger,  turbulent  surtout,  difficile  de  caractère. 
—  N.  L's  final  sonne,  même  au  masc. 

Et.  —  Di  -j-  versus,  tourné  vers  (différents 
objets).  —  Divers.  Plein  de  méchanceté  :  «  Estoit 
Frédégonde  diverse  et  de  grant  cruauté.  »  V.  Citât, 
à  Deul. 

Divartir  "  (^Ij.),  v.  a.  Divertir,  jj  Dissiper 
dilapider,  prodiguer.  Ex.  :  Il  sait  ben  de 
divartir  la  monnaie  ||  v.  réf.  Se  divartir. 

Divers'  (Craon,  By.,  Ag.),  adj.  q.  —  Se  dit 
d'un  enfant  grognon  et  difficile  à  élever.  || 
Etourdi,  vif. 

Divertir,  v.  a.  —  Détourner,  soustraire.  V. 
Mins. 

Dix-liuit  (Mj.,  By.),  adj.  num.  !|  s.  m.  — 
Se  mettre  sur  son  dix-huit,  faire  toilette, 
s'endimancher.  Syn.  de  Trente  et  un. 

Et.  —  Lorédax  Larchey  demande  si  c'est  un 
jeu  de  mots  sur  :  deux  fois  neuf  :  habillé  à  neuf. 

D'jarni.  —  «  Juron.  Pour  :  Je  renie.  —  A 


D'JARNILLER  —  DOMAINE 


295 


Segré,  rarement.  D'Jarnicoton.  Coton  était 
le  confesseur  de  Henri  IV.  Ce  jésuite  était 
très  en  faveur  ;  il  devint  le  confesseur  de 
Louis  XIII.  Comme  il  était  dangereux  dans 
ses  rapports,  le  renier  ou  ne  pas  l'écouter, 
c'était  une  faute.  (Extrait  de  la  Société 
d'émulation  du  Doubs.  Glossaire  de  Tissot, 
patois  des  Fourgs,  arrondissement  de  Pon- 
tarlier.  —  Cité  par  Ménière.). 

D'iarniller,  v.  a.  —  Pour  :  renier.  V- 
D'jarni.  (Mén.).  —  Je  pense  qu'il  faut  D'jar- 
nigué.  je  renie  Dieu. 

D'mage  (By.),  s.  m.  —  Prononciation  de 
Dommage.  C'est  grand  d'inage  !  \\  Beau 
d'mage  !  il  ne  manquerait  plus  que  cela. 

D'méshuit'  (By),  adv.  —  Désormais. 
Avec  le  t  sonore,  se  dit  dans  la  vallée  de 
la  Loire  ;  D'méshui,  vallée  de  la  Sarthe  ; 
D'méshé  et  D'mésheu,  vallée  de  la  Mayenne. 

Dô  (Lg.),  art.  composé.  —  Du.  Ex.  :  Ça, 

c'est  dô  bon  vin.  —  N.  On  dit  aussi  :  dou. 

Dober,  v.  a.  —  Frapper  à  coups  de  poing 
sur  le  dos.  V.  Dauber. 

N.  —  Jaub.  l'explique  aussi  par  le  mot  dos. 
Cela  me  svirprend. 

Dodâiller  (Lg.),  v.  n.  —  Somnoler.  Fré- 
quentatif de  Doder. 

Dodas  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  garçon.  Forme 
adoucie  de  Gogas.  V.  Gas.  Ces  réduplications 
enfantines  sont  de  tous  les  instants. 

N.  —  On  a  beaucoup  ri,  jadis,  à  Mj.,  d'une 
maman  quelque  peu  maniérée  qui  répétait  à  son 
affiaii  :  Mémarche,  mon  petit  dodas,  sus  tes  petites 
papattes,  dans  ta  petite  chochàrte. 

Doder  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Dormir  profon- 
dément, faire  un  somme,  sans  être  couché  ; 
roupiller.  Syn.  de  Dodâiller.  \\  Segr.  Com- 
mencer à  dormir,  éprouver  les  premiers  symp- 
tômes du  sommeil  (Mén.). 

Et.  —  Dérive  du  fr.  Dodo  et  il  a  comme  dérivés 
les  V.  f.  Dodiner  et  Dodeliner.  A  donné  l'angl.  to 
Doze,  même  sens  ;  hoUand.  Dutten  ;  island.  Dotta. 
V.  à  Redotard. 

Dodiner.  —  Bercer  un  enfant,  et,  par  ext., 
le  caresser.  N'a  pas  le  même  sens  que  le  fr. 
Dodeliner. 

Et.  —  Sens  propre  :  Remuer,  d'un  radie,  possible 
Dod,  balancement.  Cf.  l'angl.  to  dodale,  se  laisser 
aller  nonchalamment.  —  Ou  de  Dodo,  formé  par  la 
réduplication  de  la  première  syll.  de  Dormir.  — 
Dodeliner,  Bercer.  «  Dodeliner  de  la  teste  se  dit  en 
Anjou  pour  :  remuer  de  la  tête.  (Ménage.)  »  — 
!<  Ainsi  marmottant  de  la  bouche  et  dodelinnnt  de 
la  teste,  alloit  voir  prendre  quelque  connil  (lièvre) 
aux  filets.  »  (Rab.,  i,  39.)  —  «  Vin  par  trop  prins 
trouble,  rougit  les  yeux  et  afïoiblit  la  vue  et  le 
chief  et  fait  dodiner  et  trembler.  » 

Dodo,  s.  m.  —  C'est  le  lit  d'un  enfant,  ou 
encore  le  mot  enfantin  signifiant  le  sommeil. 
Redoublement  de  la  \^^  syll.  de  Dormir. 

Doguer  (Li.,  Br.),  v.  n.  —  Faire  entrer  de 
l'eau  dans  ses  sabots.  Cf.  Noguanl.  \\  Sar., 
Lue,  Luigné.  —  Donner  des  coups  de  cornes, 
se  dit  des  vaches.  V.  Boucquer. 


Doigt  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Un  dé  à  coudre. 
Cf.  De. 

Doille  (Tlm.).  —  Pron.  do-ille,  s.  f.  Douille. 
Doubl.  du  mot  fr.  j|  Douelles,  planches  du 
tonneau.C.  PoKT.  iîet';/e(^er^«/o",1880,p.l95. 

Doit.  —  V.  Douet  (Sal.). 

Hist.  —  «  Sépulture  d'un  inconnu...  qu'on  a 
trouvé  noyé  dans  un  doit. . .  appelé  le  Doit  de 
l'Angevine. . .  »  (Im<.  Arck.,  t.  ui,  E,  S,  s.,  p.  344,  1.) 

Doite,  Doitte,  s.  f.  —  C'est  une  bonne 
doitte  »,  se  dit  en  parlant  d'aiguilles.  «  Je 
n'en  ai  point  de  cette  doitte-\à.  »  Sans  doute  : 
grosseur,  numéro.  (Ag.).  —  Se  dit  plutôt  du 

m. 

Et.  —  Doite.  Terme  qui  sert  à  comparer  la  gros- 
seur, l'égalité  du  fil  dans  un  même  ou  plusieurs 
écheveaux,  etc.  «  Voilà  deux  pelotons  qui  pa- 
raissent de  la  même  doite,  tandis  que  ce  troisième 
est  d'une  doite  plus  grosse.  —  Ce  que  vous  filez  là 
est  d'une  jolie  doite.  (Legoarant.)  —  De  :  doigt. 
(LiTT.)  —  La  grosseur  du  fil  s'apprécie  avec  les 
doigts?  (Darm.)  —  Doettes,  s.  f.  pi.,  fils. 
«  Et  leurs  robes  estoient  si  nettes 
Que  l'on  comptoit  bien  les  doettes.  » 
Filer  à  longues  douettes  ;  filer  en  laissant  le  fusean 
suspendu  à  un  long  fil.  —  «  I^es  filles  d'autre  part, 
leurs  quenouilles  sur  la  hanche,  flloient,  les  unes 
assises  en  lieu  plus  élevé...,  sur  une  huche,  ou 
met,  à  longues  douettes,  afin  de  faire  plus  gorgiase- 
ment  pirouetter  leurs  fuseaux.  »  (Contes  d'Eutra- 
pel,  p.  135.)  —  On  dit  encore,  à  Brest  :  une  douette 
de  fil.  Ailleurs,  on  dit  Doitée.  (L.  C.  et  N.  E.)  — 
L'étymol.  par  Doigt  est  indiscutable.  La  fileuse 
obtient  une  grosseur  de  fil  plus  ou  moins  considé- 
rable suivant  que  son  doigt  l'allonge  plus  ou  moins 
en  tirant  sur  la  filasse.  Ne  peut  se  dire  des  aiguilles, 
comme  l'a  pensé  mon  correspondant,  sinon  par 
une  extension  facile  à  expliquer.  1|  R.  O.  y  voit 
plutôt  un  doublet  du  fr.  technique  Duite.  —  V. 
Hatzfeld.  —  Douette,  doitée.  Brasse,  quantité 
de  fil,  —  à  la  longueur  de  bras  d'une  fileuse. 
(DoTTiN,  Pléchàtel.)  Cf.  Aiguillée. 

Doleaii  (Lp.),  s.  m.  —  Outil  assez  semblable 
à  la  doloire  des  tonneliers,  dont  les  carriers 
se  servaient  autrefois  pour  tailler  l'ardoise. 

Et.  —  De  :  doler  ;  aplanir,  unir  avec  la  doloire. 
Lat.  Dolare,  même  sens. 

Dolleau  (Z.  14L),  s.  m.  —  V.  Doleau.  Sorte 
de  grand  couteau  très  lourd  servant  à  équar- 
rir  les  ardoises.  V.  Chappu.  Ces  deux  outils, 
d'ailleurs,  ne  servent  plus  depius  une  ving- 
taine d'années  ;  l'ardoise  se  taille  maintenant 
à  la  mécanique.  • — •  Le  Dolleau  faisait  cisaille 
avec  le  rebord  métallique  du  billot  ou  chaput 

(MÉN.) 

Doler  (se)  (Lue),  v.  réf.  —  Se  plaindre,  se 
lamenter.  Lat.  Dolere.  Cf.  Doulasser. 

Dolette  (Chl.),  s.  f.  —  On  dit  :  Gueux 
comme  la  dolette. 

Et.  —  Rac.  Dol,  —  dolor,  douleur?  Peut-être 
surnom  d'une  mendiante. 

Domaine  ,adj.  q.  —  Vieux  mot  angevin  qui 
semble  signifier  que  l'on  a  la  propriété  du 
sol  et  non  pas  seulement  le  revenu. 

Hist.  —  (Revenus  consistant  en). . .  14'journaux 
de  vignes  domaine. . .  (Anj.  Hi^t.,  G"  année, 
n°6,  610.) 


296 


DOMINER  —  DORMAILLER 


Dominer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Révolter, 
irriter,  exaspérer,  faire  bouillir  de  colère. 
Ex.  :  Quand  je  vois  des  affaires  comme  ça,  ça 
me  domine.  Syn.  de  Audacer.  Pas  d'autre 
sens.  C'est  le  fr.  pris  dans  un  autre  sens. 

Dommage  (d'mage)  (Mj.,  Lg.).  —  Aller,  ou 
passer  en  dommage,  en  pari,  des  bestiaux, 
aller  sur  le  champ  du  voisin.  ||  Beau  dommage! 
Affirmation  ironique  :  Parbleu,  il  ne  man- 
querait plus  que  ça  !  Ex.  :  Un  enfant,  grondé 
pour  avoir  cassé  un  carreau,  s'excuse  en 
disant  qu'il  ne  l'a  pas  fait  à  Vexprès.  «  Beau 
dommage  !  »  lui  réplique-t-on.  V.  D'mage. 

Dompter  (Mj.,  Lg.),  v.  a. 

N.  —  Je  donne  ce  verbe,  qui  n'a  pas  d'autre  sens 
qu'en  franc.,  parce  que  je  dois  faire  remarquer  que 
le  p  s'y  fait  toujours  très  fortement  sentir,  comme 
dans  le  composé  :  indomptable.  Nous  retrouvons  là 
encore  (voir  aux  citations  de  Bodin)  une  preuve 
évidente  de  la  fidélité  de  notre  patois  à  la  pronon- 
ciation ancienne.  Car,  si  l'on  n'avait  pas  prononcé 
de  la  sorte,  il  n'y  aurait  en  aucune  raison  étymolo- 
gique d'adopter  l'orthograptie  en  usage.  Obser- 
vons qu'au  rebours,  comme  en  fr.,  le  p  est  muet 
dans   Compter.    (R.   O.)    ||   By.    Le   p   est   muet. 

N.  —  Et  nous  arrivons  à  ce  résultat  singulier 
que  le  p  sonne  dans  dompter,  venant  de  Domitare, 
qui  n'en  a  pas,  —  et  qu'il  est  muet  dans  Compter, 
venant  de  Computare,  qui  en  a  un.  Le  p  n'est  pas 
étymol.  dans  Dompter  ;  il  provient  d'une  vicieuse 
tendance  qu'avait  le  moy.  âge  à  mettre  un  p  après 
un  m  ou  un  n,  d'où,  p.  ex.,  temptation,  qui  est 
resté  en  anglais.  (A.  V.,  d'après  Littré.) 

Donaison  (Mj.,  By.),  s.  L  —  Donation. 
Doublet  du  fr. 

N.  —  On  peut  remarquer  que  la  forme  en  est 
bien  française  et  que,  par  la  dérivation,  il  est  abso- 
lument semblable  au  fr.  Raison,  oraison,  inclinai- 
son. Il  a  été  conservé  de  l'anc.  langue  juridique  du 
xvni^  s.  —  Le  breton  l'a  conservé  comme  notre 
patois  :  Donœson,  —  don,  présent.  ||  (Lue). 
Donnaison.  ||  Hist.  —  La  donayson  de  l'église  de 
Saint-Brevein  (1103-1109.  —  Irw.  Arch.,  p.  250, 
col.  2).  —  «  Ce  sont  les  choses  que  le  priour  et 
frères  de  la  maison  Dieu  ont  acquit  tant  par 
donaisons  comme  les  ont  acheté. . .  »  xvi*=  s.,  /(/., 
S,  s.  H,  15,  2,  29.)  —  «  J'voulons  parler  à  monsieur 
Je  notaire,  point  à  d'autre,  rapport  à  une  donaison 
que  veut  nous  faire  nout'  mère.  »  (C.-L.  C.  — 
Maître  Lardent,  p.  G9.) 

Doue  (Mj.),  conj.  —  Mot  intercalé.  —  Quel 
donc  mois  que  j'sommes?  Pour  :  En  quel 
mois  sommes-nous  donc.  Dans  les  phrases 
intcrrogatives. 

Dondaiue  (Sp.),  s.  f.  —  Bombance,  ripaille. 
Faire  la  dondaine,  godailler.  Syn.  de  Bombe, 
Cigale,  Dévarine,  \\  Sal.  Humeur  bonne  ou 
mauvaise.  «  Elle  est  en  dondaine  après  son 
homme. 

Et.  • —  Onomatopée.  Mot  qui  s'applique  encore 
à  des  refrains  de  chansons  triviales  et  qui  est  ordi- 
nairement accolé  au  mot  Dondon  ;  la  Faridon- 
daine,  la  faridondon.  —  On  appelle  aussi  Dondon 
une  fdle,  une  femme  qui  a  beaucoup  d'embonpoint. 
Queune  grousse  dondon  ! 

Donnée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Action  de 
donner,  don,  cadeau.  Ex.  :  C'est  eine  vraie 
donnée,  dit-On,  lorsque  dans  une  vente  les 


objets  sont  adjugés  à  vil  prix.  ||  Donnée  de 
pain,  distribution  de  pain  que  les  familles 
aisées  tiennent  à  honneur  de  faire  faire  aux 
pauvres,  à  la  suite  du  service  d'un  de  leurs 
membres.  C'est  une  très  vieille  coutume 
locale.  On  donne  aussi  de  l'argent. 

Hist.  —  «  Ses  discussions  se  faisaient  intermi- 
nables sur  le  plus  ou  moins  de  droits  de  tel  ou  tel  à 
participer  aux  données  de  pain  ou  aux  données  de 
bois.  ))  (C.  Lekoux-Cesbron,  p.  97,  1.  24.)  — 
«  J'exigeais  simplement  que  le  dimanche,  à  la 
sortie  de  la  messe,  le  garde-champêtre,  grimpé  sur 
la  borne  aux  publications,  annonçât  qu'il  serait 
fait  une  donnée  de  pain  au  nom  de  M.  Un  Tel. 
(Id.,  p.  281, 1.  18.)  —  «  Le  maximum  de  la  condam- 
nation consistait  en  une  donnée  de  pain  aux 
pauvres  de  la  commune,  (id.,  p.  281,  1.  13.)  — 
Souvenirs  d'un  maire  de  village. 

Donner  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se  donner 
chez,  s'attacher  à  la  maison  de.  Ex.  :  C'est 
ein  chat  qui  s'est  donné  chez  nous  ;  je  ne  sais 
pas  déde  yoù  qu'il  est  venu.  ||  Se  donner  à, 
s'abandonner  aux  soins  de  qqn,  contre 
cession  de  son  avoir,  en  parlant  d'un  vieillard. 
Il  Se  donner  à,  s'adonner  à.  Ex.  :  Il  s'est  donné 
à  boire.  ||  Se  donner  le  corps  à  la  peine,  se 
donner  du  mal,  prendre  de  la  peine.  V.  Corps. 
Se  donner,  être  contagieux.  «  La  vérette, 
ça  se  donne.  ||  Se  donner,  se  procurer.  Ex.  : 
A  n'a  jamais  su  se  donner  sèment  eine  dou- 
zaine de  chemises.  ||  v.  a.  et  n.  —  Donner  du 
nez,  allonger  le  nez  pour  voir  ;  se  réfugier. 
Ex.  :  Il  ne  sait  pas  eyoù  donner  du  nez.  || 
Suppurer.  Ex.  :  Son  fronde  a  ben  donné. 
Syn.  de  Rendre.  ||  Z.  149.  —  Ne  pas  donner 
ses  morillettes,  vendre  cher.  ||  Donner  sus  les 
ongles,  réprimander,  rabrouer.  1|  D.  sus  le 
nez,  humilier. 

Dont  (Mj.,  By.),  pr.  relat.  —  A  noter  que 
ce  mot,  assez  usité,  semble  n'avoir  par  lui-, 
même  aucun  sens  dans  les  loc.  où  il  entre.  Il 
est  toujours  suivi  de  la  conj.  que.  Ex.  :  C'est 
le  meunier  dont  que  le  gars  s'est  tué.  ||  Dont 
que,  loc.  conj.  qui  sert  à  relier  deux  membres 
de  phrase,  mais  sans  y  ajouter  aucune  idée 
particulière  ;  c'est  une  simple  formule  de 
transition.  Ainsi  on  dira  :  Ils  avaient  été  en 
farme  à  Brodeau,  dont  qu'ils  illy  sont  restés 
pus  de  cinquante  ans.  ||  Dont  il  y  a,  pour  :  il 
y  a.  (C.  PoBT,  Rei'.  de  V Anj.,  1880,  p.  180.  i| 
Dont  auquel.  C'est  l'homme  dont  auquel  je 
vous  parlais. 

Doré.  —  Ce  mot,  ajouté  à  un  nom  de  lieu 
semble  mis  pour  :  d'orée,  et  indique  qu'il  se 
trouve  à  l'orée  d'un  bois,  à  la  lisière  d'un 
champ.  Il  La  venelle  est  l'opposé  du  doré  du 
lit,  le  devant  (MÉx.). 

Doreau,  s.  m.  —  Pièce  d'or.  «  Aux  ardoi- 
sières on  dit  :  Tu  vas  toucher  le  doreau,  moi 
j'aurai  le  sac  en  toile  »,  pour,  je  recevrai  le 
cuivre.  (Mén.). 

Doriper.  —  Pour  :  dériper. 

Dorise,  s.  f.  —  Femme  ridicule. 

Dorniâiller  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Dormir  un 
peu,  d'un  sommeil  interrompu,  somnoler. 


DORMAISHI  —  DOUÇARD 


297 


Dormaislii  (Lg.),  adv.  —  Désormais,  doré- 
navant. Syn.  et  d.  de  Dormaishui  ;  syn.  de 
Demaishuit,  Demaishé. 

Dormaishui  (Sp.,  Lg.),  adv.  —  V.  Demais- 
huit, Demeskui,  etc. 

Dormant,  s.  m.  (Sp.).  —  Le  temps  du 
sommeil. 

«  Fais-moi  voir  en  mon  dormant 
«  Celui  qu'  j'arai  en  mon  vivant.   » 

Dormesliui  adv.  —  Désormais.  V.  Demais- 
huit. S'écrit  aussi  :  Dormesuit,  Dormesuite. 

N.  —  Je  lis  dans  le  Castoiement  d'un  père  à  son 
fils,  xnP  s.  : 

«  Au  jouvencel  vient,  si  li  dit  -. 

«  Ge  ne  vueil  mais  des  ore  attendre.    » 

{Le  Jugement  de  l'huille  qui  fut  prise  en  garde, 
V.  42-3.) 

Dormeuse  (Lg.),  s.  f.  —  Coiffe  des  femmes 
du  Longeron.  Elle  rappelle  assez  la  coiffe  nan- 
taise, mode  de  la  Varenne  et  de  Ghampto- 
ceaux,  en  ce  sens  que  c'est  aussi  une  sorte  de 
hennin  ;  mais  elle  en  diffère  en  ce  que  le  fond 
est  moins  long,  avec  une  incurvation  concave 
sur  le  dessus.  En  somme,  ces  coiffes  ont  exac- 
tement la  forme  du  sabot  couvert,  ou  sabot 
taupe.  Par  ex.,  on  se  demande  à  quel  propos 
ce  nom  de  dormeuses,  et  comment  il  serait 
possible  de  dormir  avec  ces  appendices  sans 
les  réduire  à  l'état  de  bonnets  à  bouses.  — 
Syn.  Queue-de-pie. 

Dorraeux  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Dormeur. 

Dormir  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Dormir  en  gen- 
darme, ne  dormir  que  d'un  œil.  ||  D.  dur, 
être  difficile  à  réveiller.  ||  Tourner  sans  que 
son  axe  oscille  et  si  vite  que  sa  rotation  soit  à 
peine  perceptible,  en  parlant  d'un  échabot. 
On  dit  alors  qu'il  ronfle. 

Dormirle  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Action  de 
dormir.  Ex.  :  Il  n'en  fait  d'eine  donnirie,  ceté 
chien-là  !  Cf.  Tousserie,  Chierie,  Pisserie,  etc. 

Dormi toir  (Mj.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Aller  au  dormitoir,  aller  se 
coucher.  Aiigl.  Dormitory,  dortoir. 

Dormiton  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Celui  qui 
aime  à  dormir,  dormeur. 

Dorue  (Sp.,  Tlm.),  s.  f.  —  Tablier  de 
femme,  devantier.  Syn.  de  Devanteau,  Devan- 
tière.  Ce  mot  a  qq.  peu  vieilli.  ||  Autre  sens  : 
Darne  de  puits  (Z.  116.),  pierre  placée  debout 
à  l'entrée  d'un  puits  et  par-dessus  laquelle 
on  puise  l'eau.  Ce  n'est  pas  la  margelle,  qui 
est  le  bord  horizontal  ;  elle  forme  bien  : 
tabjier.  N.  Au  Lg.  cette  dernière  acception 
est  la  seule  en  usage  ;  le  sens  primitif  du  mot 
est  complètement  oublié.  Habent  sua  fata... 
Il  Le  sens  de  tablier  couvrant  les  genoux  s'est 
étendu  à  celui  de  genoux  même,  giron.  La 
mère  dit  :  Vins  donc  sur  ma  darne.  (Cho.). 

Hist.  —  «  Le  giron,  espace  depuis  la  ceinture 
jusqu'aux  genoux  quand  on  est  assis.  La  chanson 
du  Lendemain  de  noces,  citée  par  M.  J.  Bcgeaud, 
dissipe  les  dernières  illusions  de  la  mariée,  en  lui 
faisant  toucher  la  triste  réalité.  Elle  lui  dit  : 
«  V's  aurez  le  cotillon  cendroux, 
«  L'devant  d'vot'  dorne  pissoux.  » 


(Favre.)  —  «  Il  y  a  des  vocables  qui  sont  français 
naturels,  qui  sentent  le  vieux,  mais  le  libre  et  le 
français,  comme  :  tenue,  empour,  dorne,  bouger,  et 
autres  de  telle  sorte.  »  (Agb.  d'Aubigné,  Conseils 
de  Ronsard  à  ses  disciples.) 

Dornée  (Lg.,  Sp.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
dorne,  d'un  tablier.  —  N.  Chose  curieuse,  ce 
mot  est  encore  usité  au  Lg.,  alors  q.  Dorne, 
dans  son  sens  propre,  est  oublié.  —  Syn.  de 
Gironnée.  ||  Fig.  Ventrée.  On  dit  d'une  femme 
grosse,  d'une  chienne  pleine  :  Aile  en  a  ine 
dornée  ! 

Doron  (Bg.),  s.  m.  —  Un  causeur 
ennuyeux. 

Doronner  (Bg.),  v.  n.  —  Causer  de  façon 
à  gêner,  ennuyer.  Cf.  Dâronner. 

Dorothe  (Mj.),  s.  f.  —  Mauvaise  femme, 
chipie.  Pour  Dorothée?  qui  vient  de  deux 
mots  grecs  :  don  de  Dieu  !  P.  ê.  à  rapprocher 
de  Darasser,  Dcrasser.  Ce  serait  une  femme 
querelleuse,  disputeuse. 

Dorures  (Mj.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Bijoux. 
Ex.  :  A  ne  manque  pas  de  dorures.  Ils  ont  été 
ajeter  leux  dorures. 

Dorusé  (Segr.),  adj.  q.  —  Doré.  (Mén.) 

Dôsse  (Sa.  ),  adj.  au  comparatif?  S'emploie 
dans  la  locut.  Aller  de  pire  en  dôsse,  aller  de 
pire  en  pire,  de  mieux  en  mieux,  de  plus  fort 
en  plus  fort.  —  Je  ne  sais  pas  quel  peut  être 
le  sens  propre,  ni  l'origine  de  ce  mot.  ||  Mj., 
Lg.  — s.  f.  Dose. 

Dossière  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Courroie  de 
cuir  qui  fait  partie  du  harnais  d'un  cheval  et 
qui,  passant  sous  la  sellette,  soutient  les 
brancards  de  la  voiture. 

Et  —  Dér.  du  fr.  Dos  ;  doublet  fém.  de   Dossier. 

Dou  (Lg.),  art.  composé.  —  Du.  V.  Dô,  et 
citations,  à  Clous. 

Doublage  (Sa.,  Sf.,  Mj.),  s.  m.  —  Cloison 
qui  sépare  les  stalles  des  chevaux  dans  une 
écurie.  Syn.  de  Rasage. 

Hist.  —  «  Abatre  et  raser  le  donjon  du  chasteau 
du  costé  de  la  ville...  parpains  de  doul)laiges  et 
toutes  autres  maczonneries  qui  se  trouveront 
esdites  tours.  (1092.  —  Inv.  Arch.,  E,  n,  p.  17, 
col.  1.) 

Double  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Double  déca- 
litre. Ex.  :  J'ai  acheté  six  doubles  de  blé  de 
semence.  ||  (Mj.)  Aller  en  double,  marcher 
courbé  en  deux.  ||  Gangner  le  triple  et  le 
double,  faire  de  gros  bénéfices.  ||  A  double 
guindas.  V.  Guindas.  Se  pron.  avec  bl  mouillés 
(Lg.)  ou  :  doubel,  e  presque  nul,  ailleurs  :  J'en 
ai  le  douVl  de  vous. 

Et.  —  Du  (duo)  —  plex  (plicare),  plié  en  deux. 

Doublé,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Gras,  étoffé, 
râblé,  en  parlant  d'un  animal.  Syn.  de  Ponnet. 

Doubleau  (Lg.),  s.  m.  —  Pierre  de  taille 
qui  en  double  une  autre  pour  former  une 
assise. 

Doucard,  e  (Mj.),  adj.  q.  —  Douceâtre. 


298 


DOUCE  —  DOUGÊ 


Et.  —  Franc.  Doux,  sufF.  ard,  comme  dans 
Blanchard,  Grisard. 

Douce  (Mj.),  s.  f.  —  Chacune  des  deux 
planches  les  plus  extérieures  du  fond  plat 
d'un  bateau,  dans  le  langage  des  charpen- 
tiers. C'est  sur  les  douces  que  sont  chevillées 
les  varges.  \\  adj.  q.  —  Terre  douce  (Lue)  —  t. 
légère  et  sablonneuse,  jj  Non  salée.  On  crie  la 
sardine  :  A  la  fraîche,  à  la  douce  !  \\  loc.  adv. 
A  la  douce,  doucement,  cahin-caha.  En 
parlant  de  la  santé.  Ça  va-t-à  la  douce. 

Douceau  (Cnd.),  s.  m.  —  Espèce  de  chêne, 
impropre  à  faire  du  charbon. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Doux,  parce  que  les  branches 
de  cette  espèce  de  chêne  sont  douces,  liantes, 
flexibles.  Syn.  de  Doucier. 

Doucereux  (Mj.,  By.),  —  Syn.  de  Doucin. 
Il  Douceâtre.  Ex.  :  Les  rillots  sont  ein  petit 
trop  doucereux. 

Doucet  (Mj.),  adj.  q.  —  Doucereux.  Ne  se 
dit  que  des  personnes.  Syn.  de  Doucin. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Doux.  Cf.  Grandet,  Jeunet. 
La  Fontaine  : 

«  ...ce  doucet  est  un  chat 

«  Qui,   sous   son   minois   hypocrite, 

«  Contre  toute  ta  parenté 

«  D'un  mauvais  vouloir  est  porté.  » 

Doucettement  (Mj.,  By.),  adv.  —  Très 
doucement. 

Hist.  —  «  Seulement  tira  Panurge  à  part,  et 
doucettement  lui  remontra  que...  »  (Rab.,  P., 
m,  2,  216.)  —  «  Et  le  sort,  par  après  advenant, 
soit  plus  doucettement  porté  des  parties  condem- 
nées.  »  (Id.,  Ibid.,  140,  306-7.) 

Douceur  (Mj.),  s.  f.  —  Légère  humidité. 
Il  En  douceur,  avec  lenteur  et  précaution. 
Ex.  :  Je  illi  coulé  ça  en  douceur  dans  le  tuyau 
de  l'oreille.  Laisse  venir  le  mât  en  douceur. 
(By.  id.). 

Doucier  (Mj.),  s.  m.  —  Espèce  de  chêne  qui 
se  distingue  par  les  caractères  suivants  :  pas 
ou  peu  de  glands  ;  branches  très  droites  et 
plus  grosses  que  dans  les  autres  espèces  ; 
bois  de  très  mauvaise  qualité,  même  pour  le 
chauffage,  car  il  s'échaufTe  et  se  pique  très 
vite,  et,  dans  le  feu,  il  regarde  noir.  Syn.  de 
Douceau.  C'est,  je  crois,  le  chêne   rouvre. 

Et.  —  Du  mot  Doux,  au  sens  de  ^flexible  ;  ses 
rameaux  sont  plus  flexibles  que  ceux  des  autres 
chênes. 

Doucin-e  (Mj.),  adj.  q.  —  Doucet,  douce- 
reux, délicat  ;  hypocrite.  Se  dit  de  la  figure 
ou  des  manières  d'une  personne.  ||  Sal.  adj. 
fém.  Doucine,  doucereux,  mais  fade. 

Doucineux  (Lg.),  adj.  q.  —  Douceâtre. 
Ex.  :  L'eau  de  la  Fontaine-Brûlée  était 
doucineuse.  V.  F.  Lore,  xi  a,  Suppl. 

Doue  (Sp.,  Ma.,  Z.  205),  s.  f.  —  Douve 

Et.  —  C'est  le  fr.  avec  l'aphérèse  fréquente  du 
v.  V.  Douet,  Couer,  Mouée.  V.  Douille. 

Hist.  —  «  Sommes  tenuz  à  soutenir  les  doez 
desdiz  moulins  à  nos  propres  couz  et  despens  à 
toujourz.  (1306.  —  L.  C.) 

Douelle  (By.),  s.  f.  —  Douve  ou  planche 


dolée  qui  forme  le  corps  des  ouvrages  de  ton- 
nellerie. V.  Douille.  Il  Ag.  —  Ça  bout  sous 
douelle.  Métaph.  tirée  du  vin  ;  ça  se  prépare, 
ça  se  manigance  en  dessous.  Ex.  :  «  Y  a  un 
mariage  qui  doit  bouillir  sous  douelle  »  se 
préparer  secrètement.  Variante  de  Douve. 

Hist.  —  «  Le  suppliant  avecques  une  docile  de 
pippe  rompit  le  morillon  de  la  claveure  de  la 
huche.  »  (14.50.  L.  C.)  —  C'est  un  dérivé  du  vx  fr. 
doue,  variante  de  douve,  du  lat.  doga,  et  non  dova. 

(G.  DE  GUEE.). 

Douêner  (Mj.),  v.  a.  —  Dauber,  battre 
com.  plâtre.  C'est  p.  ê.  une  corr.  de  Tauner, 
Tanner.  En  efîet,  la  loc.  Tanner  la  peau  est 
souvent  employée  ds  le  même  sens.  Syn. 
Rouster,  Lâtrer,  Lauder,  Bondrer,  Flôper, 
Feurter,  Jâbler,  Roter,  Scionner,  Touroiller. 

Et.  —  Cf.  Bret.  Donein.  battre,  de  Dorn,  main. 
—  Hist.  «  Mais  je  lui  baillis  si  vert  dronos  (coups) 
sur  les  doigts...  »  (R.,  P.,  n,  14,  150.)  —  «  Si  quel- 
qu'un de  sa  vieille  cognoissance  lui  crioit  :  «  Ha, 
frère  Jean,  mon  ami,  frère  Jean,  je  me  rends  !  »... 
soubdain  lui  donnoit  dronos.  »  (Rab.,  G.,  i,  27,  56.) 
Ce  sont  plutôt  des  rapprochements. 

Douet  (Th.,  Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Mare,  abreu- 
voir, lavoir,  il  Lrm.  Lavoir. 

Et.  —  Il  y  a  deux  courants,  breton  et  latin.  — 
D'après  M.  Godabd-Faultrier  (l'Anjou  et  ses 
monuments),  ce  mot  serait  d'origine  celtique.  Ne 
serait-il  pas  plus  simple  de  le  regarder  comme  mis 
pour  Douvet,  dimin.  régul.  du  fr.  Douve,  au  sens 
de  :  fossé?  L'aphérèse  du  v  n'a  rien  d'extraordi- 
naire. V.  Doue.  —  LiTTRÉ,  V  Doit,  Dois.  Petit 
cours  d'eau,  du  lat.  Ductus,  de  ducere,  conduire  ; 
et  Douet  :  «  Il  s'en  va  porter  un  faix  de  drapeaux 
(langes)  à  un  douet  qui  estoit  sur  le  chemin.  » 
(Desperr.,  Contes,  36.). 

«  Au  renouveau  de  la  doucour  d'esté, 
«  Que  resclaircit  li  doix  en  la  fontaine, 
K  Et  que  sont  vert  bois  et  vergier.  » 
En  Bret.  et  en  Norm.  on  prononce  :  doue,  qui 
désigne  aussi  les  lavoirs  :  en  Poitou,  la  forme  est  : 
douet.  Le  nom  est  employé  dans  les  noms  de  lieux  : 
Saint   Jean   du   Doigt   (Finistère).   Variantes  gra- 
phiques  nombreuses    (L.    C).   —    «   Un    homme 
incognu,  ...qu'on  a  trouvé  noyé  dans  un  doit,  qui 
est  dans  le  grand  pré  de  la  métairie  de  la  Jobel- 
lerie,  appelé  Le  Doit  de  l'Angevine.    »  (1712.  — 
Inv.  Arch.,  E,  m,  p.  345,  col.  1.).  —  «  Avons  trouvé 
le  S'"  Rousselot  ...qui  tarissoit  un  douet.  »  (1795.  — 
Anj.  hist.,  iir  an.,  534,  24.). 

Dougé,  adj.  q.  ou  Douget'  (Mj.).  —  Fil 
très  fin,  filé  à  la  main  pour  coiffes,  etc.  —  N. 
Il  ne  s'en  fait  plus  et  le  mot  est  presque 
oublié. 

Et.  Hist.  —  «  On  appelle  ainsi  en  Anjou  ...ce 
qui  est  délié  et  fin.  Ainsi  on  dit  :  du  fîl  dougé,  de  la 
toile  dougce.  Ronsart,  au  livre  n  de  ses  Amours, 
au  poème  intitulé  La  Quenouille  : 
«  Aussi  je  ne  voudrois,  que  toy.  Quenouille,  faite 
«  En  nostre  Vendomois  (où  le  peuple  regrette 
«  Le  jour  qui  passe  en  vain)  allasses  en  Anjou, 
<(  Pour  demeurer  oisive  et  demeurer  au  clou. 

Je  te  puis  assurer  que  sa  main  délicate 
«  Filera  dougément  quelque  drap  d'écarlate.  » 

Sur  lequel  endroit  Belleau  a  fait  cette  note  : 
Dougément  :  subtilement,  <è  filets  prins.  et  menus. 
Dougé  est  un  mot  d'Anjou  et  de  Vendomois, 
propre  aux  Filandières,  qui  filent  le  fil  de  leur 
fuseau  tenu  et  menu.  —  .\u  Roman  de  la  Rose  : 
«  Le  corps  est  droit,  gent  et  dougé.  » 


DOUGET  —  DOUZIL 


299 


Ce  mot,  comme  celui  de  délié,  a  été  fait  de  Delica- 
tus.  (MÉNAGE.)  —  «  Elle...  avait  amassé  des 
petites  pellicules  légères,  comme  celles  des  poules 
dougées  et  délicates.  >>  (B.  de  Verville,  i,  18.)  — 
«  Prédicat  dit  que  cette  eau  venoit  filant  douge 
(mince,  menue)  comme  petits  filets  de  soie.  » 
(Id.,  m.  de  parv.,  i,  169.)  —  Dougé  comme  foing,  — 
comme  un  saz,  —  comme  soye.  (Brun,  de  Tartif., 
PhiL,  525.)  —  Toile  douge.  (1480.  GoD.) 

Douget  (Tr.),  s.  m.  —  Instrument  à  fendre 
les  ardoises,  qui  sert  après  le  passe-parteau. 
(Mén.  ). —  Douge. 

Dougre,-esse  (Mj.),  s.  f.  —  Bougre, -esse. 
C'est  une  forme  atténuative  du  mot  fr., 
employée  surtout  par  les  femmes.  Cf.  Bour- 
gesse,  Sarché,  Satré,  Dioiis,  Gouet,  etc. 

Douillet,  s.  m.  —  Gilet  de  tricot. 

Uoiiji  (Sal.),  s.  m.  Fente.  —  Dousil.  —  Je 
vois  ben  le  douji  par  où  la  bue  gâte,  c.-à-d.,  le 
défaut  de  l'affaire,  de  quoi  il  retourne. 

Doulasser  (Lg.,  Tlm.),  v.  n.  —  Faire  mal, 
f.  souffrir,  poindre,  s'élancer.  Ex.  :  Ça  me 
doutasse  dans  le  coûté  de  la  tête. 

Et.  —  Forme  fréquent,  dér.  du  vx  fr.  Douloir, 
lat.  Dolere.  V.  citât,  à  Démenter,  in  fine. 

Doiileureux  (Mj.),  adj.  q.  —  Douloureux. 
Et.  —  Dér.  direct  de  Douleur.  Cf.  les  mots  fr. 
Chaleureux,  Peureux,  etc. 

Hist.  — «  Et  crient  comme  diables  à  ce  sentement 
de  solution,  laquelle  leur  est  doloreuse  en  diable.  « 
(Rab.,  p.,  in,  23,  266.) 

—  «  Ung    doloreux   et    dur    gémissement... 

—  «  Où  t'en  vas-tu,  mon  cueur  si  (^o^orewz. . . 
(G.-C.  Bûcher,  p.  81  et  282.)  —  Cités  comme  rap- 
prociiement. 

Doumoire.  - —  Vieux  mot  angevin.  Sens 
inconnu.  Dalmatique  ? 

Hist.  —  Don  d'une  chazuble,  une  chappe,  ung 
doumoire...,  deux  fanons  de  ostade  noire...  » 
(Inv.  Arch.,  ii,  E,  S,  367,  1.  —  Allençon.) 

Dounaison  (Z.  131),  s.  f.  —  Donaison, 
donation. 

Oouner  (Sp.,  Tlm.,  Lg.),  v.  a.  —  Donner. 
Je  vas  te  les  douner. 

Hist.  —  «  Sais  poué  si  l'Bleu  m'ontondjit  ;  tôt 
c'  qu'  l'a  que  (tout  ce  qu'il  y  a  que,  c'est  que) 
r  metchit  à  couri'  avec  les  aôtres,  tchi  filiant 
queunne  daux  enragés  p'r  douner  la  chasse  aux 
Rovaux.  ))  (H.  BoxJBGEOls,  Hist.  de  ta  G.  Guerre 
p.  220.) 

Dourcher  (Lg.),  v.  a.  —  Toucher.  ||  Aiguil- 
lonner. Syn.  et  d.  de  Durcher. 

Dousil.  —  Au  sens  de  «  petite  branche  de 
coudrier  taillée  en  cône,  qui  sert  à  boucher 
les  trous  percés  dans  un  tonneau  »,  ne  repré- 
sente pas  directement  le  latin  Duciculus, 
d'où  est  sorti  le  vx  fr.  Dois,  Doisil,  du  fr. 
moderne,  et  dousil,  dosil,  deuzi,  du  fr. 
dialectal,  n'en  sont  que  des  dérivés.  »  (G. 
deGuer.  —Y.). 

Doutable  (Lg.,  ^Ij.),  adj.  q.  —  Douteux. 
Souvent  bl  mouillés. 

Doutance  (Mj.,  Lg.,  Lue.,  By.),  s.  f.  — 
Doute,  idée  vague,  soupçon,  pressentiment. 


«  J'en  ai  comme  eine  doutance.  —  J'avais 
eine  doutance  que  c'était  comme  ça.  ||  (Lseg.). 
Tendance,  hésitation.  Ex.  :  Le  vent  a  toujours 
eine  doutance  de  se  tourner  dans  ceté  canche- 
là.  —  Citât,  dans  Jaub. 

Doute  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Soupçon.  |1 
Hésitation.  Ex.  :  J'ai  été  en  doute  de  illy 
aller.  Syn.  de  En  dècis,  en  Nême  ;  c.-à-d. 
J'ai  eu  un  moment  l'idée  d'y  aller.  ||  Demi- 
intention.  Ex.  Je  se  en  doute  si  je  ne  vas  point 
le  vendre.  ||  N'y  a  pas  de  doute,  ce  n'est  pas 
douteux,  c'est  certain.  ||  Etre  en  doute  de, 
même  sens.  Ex.  :  J'étais  en  doute  d'avancer 
jusque  là-bas. 

Douter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Soupçonner, 
avoir  des  soupçons.  Ex.  :  Je  doute  ben  fort 
sus  lui,  je  le  soupçonne  fortement.  ||  v.  a. 
Croire  reconnaître,  sans  être  sûr  de  son  fait. 
Ex.  :  Je  l'ai  pourtant  doutée,  mais  j'étais  pas 
ben  sûr  que  c'était  ielle.  ||  Redouter.  Ex.  : 
Je  ne  le  crains  ni  ne  le  doute.  (Lg.)  ||  Lx. 
Douter  de. 

Hist.  —  M.  J. . .,  fermier  à  Motron  (Lx),  s'était 
aperçu  que  des  colzas  qui  se  trouvaient  dans  un 
champ  disparaissaienj;.  Doutant  de  la  personne  qui- 
ie  volait,  il  avertit  la  gendarmerie.  (Ang.  de  Paris, 
7  avril  1907,  3,  3.) 

Douve,  s.  f.  —  Plante.  Petite  d.,  ranunculus 
flammula  ;  grande  d.,  r.  lingua.  —  Elle  croît 
ordinairement  dans  les  douves.  (Mén.)  Bat. 

Doux  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Humide,  en 
pari,  du  linge,  des  habitations,  etc.  Ex.  :  Vous 
avez  eine  maison  qui  a  l'ar  ben  douce.  Cf. 
Rude.  \\  Pluvieux.  È'.n  temps  doux.  \\  Monter 
à  doux,  monter  un  cheval  sans  selle,  ni  cou- 
verte. Sans  doute  par  antiphrase.  ||  Tout  à 
la  douce,  tout  doucement.  Ex.  :  Vas-y  tout  à 
la  douce,  comme  les  marchands  de  sardine,  de 
cerises.  V.  Douce.  \\  Filer  du  doux,  filer  doux. 
I!  Modéré,  dans  les  prix  doux,  pas  cher,  ||  s.  m, 
Liqueur  douce,  de  dame.  Un  verre  de  doux, 
anisette,  crème  de  noyau,  etc.  ||adj.  q.  — ■ 
Liant,  fibreux,  en  pari,  du  bois.  Ex.  :  Velà  du 
noyer  qui  est  doux  comme  ein  étain.  Compar. 
proverb.  —  Du  fer  doux.  \\  Se  la  couler  douce, 
vivre  sans  soucis.  ||  Qui  flatte  le  toucher  par 
un  contact  sans  aspérité. 

Doux  d'argent  (Mj.,  Tlm.,  By.),  s.  m.  — 
Ancienne  espèce  de  pommes  ainsi  nommée 
parce  qu'elle  est  douce  au  goût  et  très 
blanche  de  pelure. 

Douzil  (Lue,  By.),  s.  m.  —  Fausset  de  bar- 
rique, ou  plutôt  :  trou  du  fausset.  ||  By.  qqf. 
Doizil,  pron.  douzî. 

Et.  —  B.  L.  Duciculus  (D.  C),  dimin.  de  dux, 
qui  conduit,  petit  tuyau  :  le  nom  ayant  été  trans- 
porté du  trou  à  la  cheville  qui  le  bouche.  (Ijtt.)  — 
Doisil,  du  vx  fr.  Dois,  source,  —  même  étym. 
(Darm.)  —  Dousil  o  (l  final  muet,  comme  dans 
fusil).  Petit  morceau  de  bois  de  coudrier,  et  plus 
ordinairement  d'osier  (d'où  son  nom),  taillé  en 
pointe  ou  en  cône,  dont  on  se  sert  pour  fermer  ou 
boucher  un  tonneau.  C'est  tantôt  un  fausset..., 
tantôt  une  cannelle.  »  —  «  Il  faudra  tordre  le 
douzil,  et  bouche  close.  »  (Rab.,  G.  V.)  —  «  Et  ça, 


300 


DOUZILLER  —  DRET-HAUT 


Tragemala,  de  ce  mot 


de  par  le  diable  !  ça,  dit-il,  le  douzil  est  en  la  pinte.  » 
(Bonav.  des  Périkrs,  Contes.  —  Cités  par  Jaub., 
dont  nous  contestons  l'étymologie.)  —  Moisy  le 
fait  venir  du  celt.  Doul,  pour  :  dour,  eau,  et  de  sil, 
passoire. 

DouzMler,  v.  n.  —  Se  servir  du  douzil.  || 
Segr.  —  Prendre  de  l'eau  et  allonger  un 
liquide  avec.  —  V.  Jaub  à  Bousiller  ;  citât, 
de  Remy  Belleau.  Cf.  Doziller. 

Douzit'  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  trou  par  où 
s'écoule  un  liquide.  ||  La  cheville  qui  bouche 
ce  trou.  —  V.  Douzil.  \\  Douzit  de  la  panne 
à  buée  ;  (Craon)  conduit  de  cuve  à  lessive. 

Doyau,  s.  m.  —  Linge  qui  enveloppe  un 
doigt  malade.  —  Pour,  ou  comme  Déyau. 

Doziller  (Mj.),  v.  n.  —  Tomber  goutte  à 
goutte,  s'écouler  lentement,  en  parlant  d'un 
liquide.  Pour  Douziller.  dér.  de  Douzil,  ou 
Douzit.  —  Voyez  ces  mots  pour  l'Historique. 

Dragée  (Mj.,  By.),  s.  f.  ■ —  Cracher  la  dragée, 
lancer  en  parlant  des  goutetlettes  de  salive. 
V.   Postillon. 

Et.  —  B.  L.  Dragata 
grec  signif.  friandises. 

Drageline,  s.  f.  —  V.  Matricaire  (Mén.). 

Dragou-rouge  (Lg.),  s.  m.  —  Sang-dragon, 
sorte  de  parelle  à  nervures  rouges. 

Draguée  (Lg.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'une 
drague. 

Et.  —  Angl.  drag,  crochet,  fdet  ;  to  drag,  tirer. 

Dragiienée  (Bg.),  s.  f.  —  Aller  à  la  dra- 
guenée,  marcher  de  travers  comme  un  homme 
ivre.  Cf.  Haquenée,  Traquemard. 

Draillée  (Segr.),  s.  f.  —  Donnée  une  draillée, 
ou  :  donner  le  fouet.  (Mén.).  Cf.  Drainée 

Drainée  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  Battre  la  dmmée.  C'est  à  la  fin  des  bat- 
teries, lorsque  la  dernière  airée  est  égrenée,  se 
mettre  à  battre  tous  à  la  fois,  à  grands  coups 
de  fléau  non  rythmés.  Amusement  tradi- 
tionnel. 

Et.  —  Ce  mot  semble  avoir  de  l'affinité  avec 
l'angl.  Drum,  tambour. 

Il  Lg.  —  Rossée,  volée  de  coups.  Syn.  de 
Lâtrée.   Cf.  Draillée. 

Drap'  (Mj.),  s.  m.  —  Drap  de  corps,  drap 
lont  on  recouvre  le  cercueil  d'un  mort.  ||  Mj. 
—  Ne  pas  être  dans  de  beaux  draps,  être  en 
mauvaise  situation,  en  fâcheuse  posture. 

Drapeau  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Usité  surtout 
au  j)luriel  dans  le  sens  de  Langes  d'enfants. 
C'est  un  petit  drap. 

Hist.  —   «  Quoi  donc.  Colin,  ne  sais-tu  pas 

«  Que  Dieu  vient  de  naître  ici-bas? 
«  Qu'il  est  logé  dans  une  étable? 
«  Il  n'a  ni  lange,  ni  dmprau. 
«  Et  dans  cet  état  misérable 
«  On  ne  peut  rien  voir  de  plus  beau.  » 
(Vx   Noéls.) 
—   «   — Et  en  ces  ords  cuveaux 

«  Où  nourrices  essangent  leurs  drappeaux. 
(Villon.  ) 


—   «  Vous  verrez   deux  animaux 
(^ui   échauffent  ses  drapeaux.    » 

(Nocls  anc.  et  nouv.,  p.  74.) 
—   «   Ta   mér'    ail'    é   poué   là, 
Air  é  à  la     rivière 
A  laver  tes  drapias.  » 

(Chanson  locale.  —  Lrm.) 

Draper  (Tlm.),  v.  a.  —  Rouer  de  coups. 
Il  Sp.  —  Fouetter,  en  pari,  de  la  pluie. 

Drègues  (Chai.),  s.  f.  —  Vêtements. 

Et.  —  Pour  Grègues,  vêtements.  Autre  forme  de 
Grecque.  (Cf.  Grégeois,  Grièche,  Grive.)  Culotte 
sans  braguette,  autrefois.  La  forme  indique  un 
emprunt  au  provenç.  Grega,  ou  à  l'esp.  Griega. 
CoTGRAVE  définit  Grègues  par  :  grand  haut  de 
chausses  gascon  ou  espagnol,  gallogascoines,  en 
angl.  Galligaskins.  —  Il  y  avait  alors  des  chausses 
à  la  grecque,  à  l'italienne,  à  la  napolitaine. 

Dré  là  (Cho.,  Sar.,  By.),  loc.  adv.  Là  bas, 
tout  droit.  —  Drela,  Dedla,  Dret  là  (My.) 
«  Où  donc  qu'tu  vas?  »  —  «  J'vas  dré-là.  »  en 
montrant  le  lieu,  tout  près.  —  V.  Drez. 

Dreiller  (Z.  115.),  v.  n.  —  Bêcher  en  sillons. 
Vient  de  raie,  rayon.  C'est  bêcher  de  raie. 

Dresser  (Lue,  Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Repasser 
au  fer  chaud,  du  linge.  Ex.  :  Va  falloir  que  je 
prenne  la  lingère,  j'ai  pus  de  coiffes  de  dressées. 
C'est  unir,  aplanir,  rendre  droit.  ||  Plutôt  : 
Mettre  debout,  dresser,  en  état  d'être  porté, 
empeser,  parer,  ou  repasser  du  linge  (C.  Port.) 

Dret'  drète  (Mj.,  Lg.,  Lrm.,  Sal.),  adj.   q. 

—  Droit.  Cf.  Fret,  Adret,  Maladret,  Etret, 
pour  le  changement  de  oit  en  et.  ||  Licite, 
permis.  Ex.  :  Il  n'est  point  dret  de  manger  de 
la  viande  anhuit.  —  On  dit  aussi,  par  ellipse  : 
Il  n'est  point  dret  de  viande.  ||  Au  dret  de, 
vis  à  vis  de,  en  face  de.  Ex.  :  Il  demeure  au 
dret  de  chez  nous.  ||  Au  dret  de  soi,  en  ce  qui 
le  concerne.  Ex.  :  Chacun  paiera  au  dret  de 
.soi,  sa  quote  part.  V.      Vis-à-vis.    \\   Ec.  — 

Tenir  au  dret  ;  maintenir  le  bateau  dans  la 
bonne  direction  avec  le  gournâ  (gourneau), 
quand  il  va  à  la  voile  ou  à  la  hâlée.  Pron.  dré. 

—  By. 

Hist.  —  (I  A  la  Rompure,  au  droict delà  Pierre  de 
Drain,  l'eau  estant  grande,  voilant  passer  la  dite 
rompure.  »  (1568.  —  Inv.  Arch.,  E,  ui.  p.  332-3.)  — 
«  Donné  à  Angiers,  sauf  notre  dreit,  le  seniadi 
emprès  l'an  noef  l'an  de  grâce  M.  CC  quatre  vinz 
diez  et  noef.  »  (1299.  —  Id.,  H,  i,  p.  10,  col.  1.)  — 

—  «  Ce  fut  donné  à  Angiers,  sauf  nostre  dreit  et  à 
tous  autres,  le  mercredi  empres  Noël,  l'an  de  grayce 
mil  dous  cenz  e  quatre.  »  (1204.  —  /ne.  Arch., 
p.  171,  col.  2.)  —  «  Donné  à  Angiers,  sauf  notre 
dreit,  le  jeudi-  empreis  la  saint  Hillaire,  l'an  de 
grâce  MCC  quatre  vinz  deiz  e  noef.  »  (1299.  —  Id., 
H,  I,  p.  171,  c.  2.)  —  n  Et  ainsi  qu'il  fut  au  droit 
d'entre  eux,  il  luy  demanda...  »  (Rab.,  P.,  n, 
9,  134.)  —  «  L'encolure  d'un  cygne,  effilée  et  bien  . 
drette.  »  (Mol.,  Les  Fâcheux,  n,  7.) 

Et.  —  C'est  l'ancienne  prononc.  de  Directus.  — 
Cotte  diphtongue  oi,  dit  H.  Estienne,  a  été  chan- 
gée en  e,  comme  es  mots  dret  et  endret,  pour  droit 
et  endroit.  »  (H.  Estienne,  Dialog.  du  nouv.  lang. 
fr.  italianisé.  —  Cité  par  Eveillé.) 

Dret-haut  (By.).  V.  Galerne. 

Hist.  —  «  Dreit  haut.  «  Lorsque  le  vent  passant 


DREITIER  —  DRRR! 


301 


de  la  galerne  au  nord  devient  dreit  haut.  »  (Anj. 
hist.  —  Abbé  HouDEBiNE,  2«  an.,  n»  6,  p.  579.) 

Dretier,ière  (Mj.,  Lj;.,  By.),  adj.  q.  Droitier. 

Drez  (Lg.,  Mj.),  prép.  —  S'employait  uni- 
quement dans  l'express.  :  Drez-là,  par  là,  là. 
Ma  bisaïeule,  Marie  Bastard,  veuve  Angus- 
seau,  morte  en  1877,  à  l'âge  de  96  ans,  n'em- 
ployait jamais  d'autre  expression,  non  plus 
que  les  personnes  de  sa  génération.  Le  mot  a 
aujourd'hui  définitivement  disparu.  (R.  O.). 

N.  —  On  pourrait  p.-ê.  écrire  Drée-là,  car  c'est 
ainsi  que  le  mot  se  prononçait  ;  mais  je  ne  crois 
pas  que  l'on  puisse  admettre  Dret-là,  car,  alors,  le  t- 
final  aurait  sonné  infailliblement.  —  A  rapprocher 
le  breton  :  Dré-men,  par  ici  ;  dré-zé,  par  là  ;  dré- 
brehan,paroù?  —  AU.  Durch;angl.  Through.  (R.  0.) 

Drî  !  (Mj.),  interj.  —  Cri  dont  les  charretiers 
se  servent  pour  faire  arrêter  ou  reculer  les 
chevaux.  Abrév.  de  Drière,  Derrière. 

Drière  !  (Mj.).  —  V.  Dri.  Corr.  de  Derrière. 

Drigal  (Fu).  s.  m.  —  Saint-Frusquin. 
Ex.  :  Il  ont  chârreyé  son  pauvre  drigal  à 
matin.  »  V.  Adrigail.  «  Le  matin,  j'en 
finissons  point  d'êter  après  nout'  drigal.  » 

Drigiie  (Segr.),  s.  f.  —  Cours  de  ventre.  En 
picard  :  dringuer,  ou  jaillir.  (Mén.).  C.  Va-vite. 

Drijjou,  s.  m.  —  Sans  soin  (Mén.).  — 
Grigou? 

Drigiier  (Sp.),  v.  n.  —  Agir  ou  marcher 
avec  vivacité.  Cf.  Driner. 

N.  —  Ce  mot  a  sans  doute  la  même  rac.  que 
Dringuet.  V.  à  Drucher. 

Et.  —  Briller  ;  courir.  Voir  Godefroy.  Orig. 
incon.  —  (Darm. )  —  Driller,  sautiller,  se  sauver 
promptement.  «  Au  trot,  je  drille  comme  un  che- 
val. 1.  (L.  C.) 

Drinard  (Sp.),  s.  m.  —  Enfant  pisseux. 
!!  Fig.  Gringalet,  homme  petit  et  fluet. 

Driner  (Segr.,  Mj.,  By.),  v.  n.  —  Se  hâter, 
se  dépêcher,  courir,  trimer.  Syn.  de  Briguer. 
Il  Pisser.  ||  Ex.  Où  donc  que  tu  vas  driner  par 
là?  Il  Lcq.,  Sp.,  id. 

Et.  —  «  Driller,  courir.  Cf.  Angl.  to  drill.  percer, 
s'échapper.  »  (Litt.)  —  Darm.  conteste.  —  C'est 
ce  V.  qui  est  devenu  l'angl.  to  Drain,  égoutter,  et 
qui  nous  est  revenu  sous  la  forme  Drainer.  (R.  O.) 

Dringiie  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Grande  per- 
sonne mal  bâtie  ou  méchante.  Bringue.  —  Se 
dit  aussi  des  bêtes.  Cf.  Drogue. 

«riiigiift,  ette  (Mj.,  Sal.),  adj.  q.  —  Vif, 

alerte.  ||  Bien  tourné,  bien  campé.  ||  Soigneux 
de  sa  personne,  coquet  sans  excès.  Cf.  Bri- 
guer. Il  Pimpant,  sémillant.  Syn.  de  Mus- 
cadin. 

Et.  —  Dér.  de  Driguer,  c.  Ginguet  de  Gigue.  Le 
sens  primitif  a  dû  être  ■.  vif,  alerte. 

Drit  (Li.),  s.  m.  —  Le  drit,  l'humidité. 

Drogue  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Bête  ou  personne 
méchante.  Ex.  :  Oh  !  la  vilaine  drogue  !  — 
C'est  eine  mauvaise  drogue,  c'est  une  harpie. 
—  Cf.  breton  :  Droug,  Drouc,  mauvais,  mal. 

Droguer  (Partout),  v.  n.  —  S'ennuyer  à 


attendre,   faire  le  pied  de  grue,   croquer  le 
marmot,  se  morfondre. 

Et.  —  Ne  vient  pas  de  Drogue,  ingrédient,  mais 
de  Drogue,  jeu,  où  le  perdant  porte  sur  le  nez  un 
petit  morceau  de  bois  fendu,  qui  le  gêne  fort.  On 
le  garde  jusqu'à  ce  qu'on  gagne.  (Litt.  et  Darm.). 

Droit  (Mj.),  s.  m.  —  Se  prononce  le  plus 
souvent  Bret,  mais  non,  du  moins  à  l'époque 
actuelle,  dans  l'express,  suivante  :  Au  droit 
de  soi,  en  ce  qui  le  concerne.  Ex.  :  Chacun 
paiera  au  droit  de  soi,  sa  quote-part.  ||  Lue. 
Se  trouver  au  droit,  rencontrer.  Mettre  au 
droit,  atteindre  en  tirant.  !|  Droit  comme  mon 
bras  quand  je  me  mouche,  dit-on  par  déri- 
sion, p.  ex.  à  un  enfant  qui  a  tracé  une  ligne 
de  travers  et  qui  prétend  qu'elle  est  droite. 

Hist.  —  «  Ainsi  doncques,  toutes  les  choses  que 
la  nature  a  créées,  tous  les  arts  et  sciences...  sont 
chacune  endroit  soy  une  mesme  chose.  »  (J.  dtj 
Bellay.  —  Déf.  et  III.  L.  i,  ch.  i,  p.  4.). 

Drôle  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —  «  Elle  est  ben 
drôle,  elle  a  une  jolie  taille,  sa  toilette  lui 
va  bien.  ||  Autre  sens.  (Lg.,  Sp.),  s.  m. 
Enfant,  dans  le  sens  le  plus  général,  ij  Plus 
spécialement  petit  garçon.  Syn.  de  Queneau, 
Races.-  (Th.).  Mon  drôle  est  malade. 

Et.  —  Peu  satisfaisante.  —  Hist.  «  ...qui  désigne 
tantôt  le  drôle,  ou  petit  gars,  comme  en  Poitou.  » 
(La  Tradit.,  p.  72,  1.  2.). 

«  Tous  les  droites,  mes  compagnons, 
«  Quand  d'eux  me  viendra  souvenir 
«  Auront  part  en  mes  oraisons.  /) 

(Basselin,  lui.). 
Drôlerie,  des  Ponts-de-Cé.  —  V.  au  Folk- 
Lore,  Dictons,  V. 

Drôlet,  ette  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Assez 
drôle,  avenant,  gentil.  ||  Drôlette  (Ché). 
Chanson  grossière  et  satirique,  chantée  pour 
danser,  endormir  les  enfants.  (Mén.). 

Drôlichon  (IMj.),  adj.  q.  —  Drôle,  assez 
drôle.  Cf.  le  fr.  Folichon. 

Hist.  «  Mon  ami  Drôlichon,  qui  n'est  pas  une  bête, 
«  Obtient  pour  quelque  argent  un  arrêt  sur  requête. 
(Racine,  I^es  Plaideurs.  I.  7,  211-12.) 

Drôlière  (Sp.,  Lg.,  Mv.),  s.  f.  —  Petite 
fille.  V.  BrÔle  (Th.)  Drollière.  —  Syn.  de 
Queugne. 

Dr  orne  (Mj.),  s.  f.  —  Train  de  pièces  de 
bois  flotté.  La  drome  et  Véchaduau  sont  au 
fond  une  même  chose,  mais  ce  dernier  était 
beaucoup  plus  important  et  construit  d'une 
façon  bien  plus  solide  en  vue  du  long  voyage 
qu'il  avait  à  faire  pour  venir  de  la  Nièvre. 
La  drome  est  formée  de  bois  du  pays,  assem- 
blés sommairement  pour  un  trajet  de  qqs 
lieues.  N.  L'o  se  prononce  très  bref,  commme 
dans  le  mot  :  homme. 

Drouillurd  (Lue),  s.  m.  —  Sorte  de  chêne 
de  qualité  inférieure.  Quercus  cerris. 

N.  —  Drouille,  chêne  blanc,  aussi  appelé  chêne 
drouillard.  En  grec  Druç.  ||  ]\Iénièke  l'appelle 
chêne  rouge,  et  le  tire  de  derw,  mot  celtique,  ou 
du  vieux  gaulois.  —  Je  conteste  l'étym.  grecque. 

Drrr  !  Interj.  —  Pour  arrêter  ou  faire 
reculer  les  chevaux. 


302 


DRU  —  DURER 


Dru,  e  (Mj.,  By.),  adj.  quai.  —  Fort, 
vigoureux,  bien  portant,  gaillard.  —  Le  mot 
a  vieilli  à  Mj.  ||  Auv.  —  Fort,  croisé,  adulte. 
Se  dit  des  canetons,  des  oisillons.  ||  By.  Dru 
com.  père  et  mère. 

Et.  —  Sens  primit.,  herbe  drue  :  p.  ext.  s'est 
appliqué  aux  personnes.  —  Du  celtiq.?  hardi, 
volontaire  ;  beaucoup,  gras.  (Litt.).  —  Constans 
lui  donne  deux  sens  :  1°  ami,  amant.  —  2°  serré, 
«  dens  drus,  petis.  —  dents  petites  et  serrées.  — 
Malvezin  :  «  Dru,  fort,  solide,  vigoureux  —  racine 
celtiq.  —  D'où*  drutos,  qui  se  retrouve  dans  le 
gallois  drud,  autrefois  drut,  audacieux,  brave, 
fort  ;  le  gaéliq.  druth,  volontaire,  pétulant  ;  le 
corniq.   dru,  beaucoup,  et  le   fr.   dru,  pour  drut, 

abondant,  épais  :  blé  dru,  pluie  drue,  herbe  drue 

Employé  com.  préfixe,  dru  donne  un  sens  aug- 
mentât. :  druida,  pour  druvida  (de  vid,  savoir, 
selon  d'Arbois  de  Jubainville  et  Holder)  ;  en 
fr.  druide,  proprement  très  sage,  supérieur  par  le 
savoir.  —  Hist.  —  «  En  peu  d'années  vous  y 
voiriez  les  sainctz  plus  druz,  plus  miraclificques... 
que  ne  sons  tous  ceux  des  neuf  éveschés  de  Bre- 
taigne,  excepté  seulement  sainct  Ives.  (Rab.,  P., 
m,  4,  222.).  N.  Ainsi  le  mot  avait  bien  au  xvp  s.  le 
sens  que  notre  pat.  lui  a  conservé. 
—  Arbre  planté  chevelu 
Pousse  dru. 

Qui  sème  dru  récolte  menu  ; 

Qui  sème  menu  récolte  dru.  »  (Mén.). 

Drucher  (Segr.),  v.  n.  —  Sauter.  Ex.  : 
Vous  venez  trop  tard  à  la  chasse.  Il  faut 
arriver  à  la  pique  du  jour  ;  les  lièvres  dru- 
chant  avec  les  cheval.  »  —  Vx  fr.  Druge,  fuite, 
retraite?  Cf.  Briguer. 

Drugir  (Auv.,  By.),  v.  n.  —  Devenir  fort, 
se  développer.  Se  dit  des  canetons,  des  oisil- 
lons. Dér.  de  Dru. 

N.  —  «  Druger.  Etre  ardent  au  plaisir.  Du  celt. 
drujal,  folâtrer.  —  Druge,  leste  de  corps,  actif 
d'esprit.  Du  celt.  drud,  fringant,  robuste,  brave.  — 
Drugesse,  activité  d'esprit,  etc.  (Moisy.). 

Driizir  (By.).  —  Devenir  Dru.  —  V. 
Drugir. 

D'sour,  s.  m.  —  Un  (Tsour.  (Bl.,  By.).  Un 
vêtement  de  dessous.  Cf.  le  fr.  Pardessus. 

Dû,  part.  pas.  (Mj.,  By.).  —  Avoir  dû, 
avoir  failli.  Ex.  :  Il  a  dû  en  terséler,  il  a  failli 
en  mourir.  ||  Donné.  Ex.  :  C'est  pas  dû  à  tout 
le  monde  d'être  riche. 

Duchequé  (Lg.),  prép.  —  Jusque.  C'est 
une  corr.  du  mot  fr.  —  Se  rapproche  du 
latin  :  De-usque.  Ducheque-lk,  jusque  là. 
Cf.  Tucheque  Hucheque,  Enjusque. 

Duchèse  (Mj.),  s.  f.  —  Duchesse. 

Diidepuis  (Lg.),  prép.  et  adv.  —  Depuis. 
Cf.  Dupuis,  Dempis,  Dedepuis. 

Duit°  (Mj.)  s.  m.  —  Petit  barrage  en 
branches  de  saule,  pour  diriger  le  poi-sson 
vers  les  nanses  ou  ancreaux.  \\  Petite  jetée, 
petit  éperon  de  pierre  le  long  d'un  chantier. 

Et.  —  Lat.  Ductum.  —  Cf.  Angl.  Duct,  conduit, 
canal. 

Il  Petit  lavoir.  Syn.  de  Douet.  Pas  à  Mj. 

Duiter  (Tlm.),  v.  n.  —  Lancer  le  fil  de 


trame  au  moyen  de  la  navette,  afin  de  faire 
une  duite. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Duite.  —  Ductum,  de  ducere. 

Dupe  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'avec 
la  prépos.  dans,  ce  qui  forme  l'express,  sui- 
vante, très  usitée,  mais  logiquement  inexpli- 
cable :  Se  trouver,  Etre  dans  la  dupe,  être 
dupe,  Etre  la  victime,  subir  les  conséquences 
fâcheuses,  payer  les  pots  cassés.  —  Dupe, 
ici,  est  employé  dans  le  sens  de  duperie  ;  de 
même  :  Etre  dans  les  dettes  de  qqn.  —  Ex.  : 
Avec  tout  ça,  c'est  moi  qui  en  se  dans  la 
dupe,  qui  suis  le  dindon  de  la  farce. 

Et.  —  Ce  mot  a  été  le  nom  de  la  huppe,  oiseau 
qui  passe  pour  l'un  des  plus  niais.  De  la  sorte, 
la  huppe  ou  la  duppe  fut  prise,  dans  le  jargon 
ou  argot  du  temps,  pour  une  personne  aisée  à 
tromper,  sens  que  «  pigeon  )'  a  de  nos  jours.  Mais 
duppe,  ou  dupe  est-il  une  altération  de  huppe? 
Cela  est  possible,  mais  non  certain.  (Litt.). 

Dupuis  (Lg.),  prép.  et  adv.  —  Depuis. 
Syn.  de  Depis,  Dédepis,  Dempis,  Dudepuis. 

Dur  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Dur  à  son  mal, 
peu  sensible  à  la  souffrance,  stoïque.  ||  s.  m. 
Liqueur  forte.  Un  verre  de  dur  (rhum,  eau- 
de-vie,  etc.).  V.  Doux.  Il  Entendre  dur,  être 
un  peu  sourd 

Durant  (Mj.),  prép.  (Mj.).  —  Tout  durant, 
tout  le  temps  de.  Ex.  :  Il  n'a  fait  que  de 
grouler  tout  durant  la  messe,  ceté  méchant 
galopin-là. 

Duraud  (Sa,),  adj.  q.  —  Un  peu  dur. 

Durbasse  (Tlm.),  s.  f.  —  Lobe  d'une  tête 
de  chêne  mousard.  —  N.  Les  vieilles  têtes 
de  chênes  mousards  ne  sont  pas  simples,  mais 
se  composent  de  plusieurs  durbasses,  vieilles 
branches  d'émonde  qui  ont  grossi  jusqu'à 
devenir  énormes. 

Durcher   (Lg.,    Tlm.),   v.   a.   —  Toucher, 

dans  tous  les  sens.  Syn.  de  Dourcher. 

Dureau  (Mj.),  s.  m.  —  Centaurée  jacée, 
grande  centaurée.  Dér.  du  fr.  Dur.  Les  tiges 
de  la  plante,  desséchées,  sont  très  dures  et, 
mêlées  au  foin,  elles  le  déprécient.  Syn.  de 
Chabossée,  Têtes  de  fer,  Têtes  de  trèfle. 

Durement  (Mj.),  adv.  —  Peu  vigoureu- 
sement. Ex.  :  Velà  des  naveaux  qui  poussent 
durement.  —  Se  dit  des  plantes  ou  des  ani- 
maux dont  la  croissance  est  pénible.  Cf. 
Tendrement. 

Durer  (Ag.,  Mj.),  v.  n.  —  Absolument  : 
Rester  tranquille.  Ex.  :  Vous  n'avez  jamais 
vu  ein  queneau  si  combattant  ;  il  ne  dure 
point.  —  vUlons,  dure  donc  !  —  Il  ne  dure  ni 
en  lieu  ni  en  place.  ||  v.  a.  Endurer,  supporter. 
«  On  illi  mettrait  ben  ein  emplâtre  de 
mouches,  mais  il  ne  le  durera  point.  —  Faut 
ben  durer  ce  qu'on  ne  sarait  empêcher.  —  Je  v 
ne  vas  point  durer  ça  ben  longtemps  !  —  Il 
n'a  pas  pu  durer  son  pâteau  de  moutarde.  » 
Il  Paraître  long,  en  parlant  du  temps. 

Et.  —  Série  des  sens  :  Etre  dur  contre  les  causes 
de  destruction,  continuer  d'être,  persister  à  être 


DURET  -  E 


â03 


(tranquille)  (Litt.)-  —  C'est  le  :  «  durare  nequeo  in 

œdibus  »  de  Plaute  ;  Je  ne  puis  durer  à  la  maison, 

c.-à-d.  y  rester.  Cité  par  Jaub.  —  Eveillé.)-  — 

Hist.  «  En  sorte  que  le  diable  n'y  eût  pas  duré.  » 

(Rab.,  P.,n,  16,  156.). 

«  Voilà,  mon  cher  Morel,  combien  le  temps  me  dure 

«  Loin  de  France  et  de  toy...  » 

(J.  DU  Bellay.  Les  Regrets,  p.  220.). 

—   «  Trêves  pour  Dieu  !  de  ce  jaloux 
«  Qui  est  si  maussade  et  f  ascheux 
«  Qu'on  ne  peult  durer  avec  luy, 
M  Car  il  y  a  trop  moins  d'ennuy 
«  En  purgatoire  qu'en  ces  jeux.  » 
(G.  C.  Bûcher,  235,  p.  229.) 

Duret  (Tlm.),  s.  m.  —  Troëne.  Syn.  de 
Verzelle.  Pour  qqs  uns  c'est,  comme  à  Sp.,  le 
troène,  ou  verzelle  ;  pour  d'autres,  c'est 
l'arbuste  appelé  à  Mj.  garais.  ||  Au  Lg.,  on 
distingue  le  duret  blanc,  qui  est  le  duret  de 
Sp.  et  de  Tlm.,  la  verzelle  de  Mj.,  c.-à-d.  le 
troène,  et  le  duret  rouge,  qui  est  l'arbrisseau 
appelé  à  Mj.,  pied-fût.  Le  garais  porte  le 
même  nom  qu'à   Mj.    ||   Bâtard  :  Verzelle, 


ligustrum  vulgare  ;  Garais,  evonimus  euro- 
pseus. 

Duretal,  pour  Durtal,  en  Anjou.  On  dit, 
quand  une  femme  a  la  tête  dure,  qu'elle  a  été 
faite  à  Duretal.  (Mén.). 

Durger  (Lg.),  v.  n.  —  Durer.  Ex.  :  O  fait 
trop  beau  temps,  ça  veut  pas  durger. 

Duriou,  s.  m.  —  Durou  jaune.  Vulg. 
Chondrilla  juncea,  ou  Durou. 

Durzillon  (Mj.),  s.  m.  —  Durillon.  De 
Durzir. 

Durzir  °  (Mj.),  v.  n.  —  Durcir.  Corr.  du 
mot  fr.  —  Au  sujet  de  l'adoucissement  du  c 
en  z,  cf.  Noirzir. 

Dusite-  —  Pour  Dusil,  Douzit.  (Mén.). 

D'valant  (Ec).  —  V.  Valant. 

Dyssentêrie  (Mj.),  s.  f.  —  Dyssenterie. 
Syn.  et  doublet  de  Dessenterie. 

D'zur.  —  Dessus. 


S 


OBSERVATIONS 

Prononciation.  —  E  muet  devient  é  ;  concevoir, 
recevoir,  —  concevoir,  recevoir.  —  Er,  é  finals 
deviennent  eu  (Gn).  —  Flamber,  flambée,  aisé,  — 
flamiew,  aiseu,  —  E  devient  oé  ;  mérienne,  — 
moérienne.  Mais  les  élégants  disent  :  mérienne  pour 
méridienne,  revenir,  ert'éwir,  fermer,  f oermer  (By.). 

—  E  ,  ê  se  prononcent  ée  ;  être,  c'est,  qu'est,  mais, 

—  éêtre,  c'ée,  qu'ée,  mée  (Vern.).  —  E  ouvert 
devient  eu,  —  fièvre,  lièvre,  —  fieuvre,  lieuvre.  — 
Devient  é  fermé  et  traînant  dans  la  plupart  des 
finales  en  ère,  père,  mère,  —  péere,  méere  ;  même 
devient  meinme,  avec  nasalisation. 

Ei.  —  Devient  i  ;  oreiller,  veiller,  réveiller,  — 
oriller,  viller,  réviller,  —  remplace  oi  :  accroire, 
croître,  —  accreire,  creître. 

Œ,  Eu.  —  Devient  yè  ;  couleuvre,  couyèvre.  — 
Ou  u,  —  seulement,  —  sument,  à.  peu  près,  pleu- 
résie, —  (•  pu  près,  plurésie.  —  Ou  ei  :  deuil,  œil, 
feuille,  —  deil,  eil,  feille.  —  Ou  ou  :  peuplier,  — 
pouplier. 

Permutation.  —  E  devient  très  souvent  a  ;  — 
commercer,  cher,  cuiller,  conserve,  élégant,  s'ali- 
bertiner,  enchérir,  renchérir,  —  commarcer,  char, 
cuillar,  consarve,  alégant,  s'alibarliner,  enchardir, 
renchardir.  —  E  fermé,  de  même  ;  —  chercher, 
cierge,  trébucher,  —  charcher,  ciarge,  crabucher.  — 
Et,  au  contraire  E,  É  remplacent  a  ;  ramer,  rame 
deviennent  :  rémer,  réme.  Pois  rémards.  —  Epar- 
gner, sarcler,  sarment,  —  épergner,  sercler,  ser- 
ment. —  E  remplace  i  :  diligence,  —  déligence  ; 
régal,  régalant,  —  rlgal,  rigalant.  —  E  devient 
0  :  préfet,  précaution,  —  projet,  procaution  ;  fermer, 

—  former.  —  E  devient  ou  :  pépie,  pépin,  — 
peuple,  poupin.  —  Ou  in  :  mercredi,  —  minkerdi.  — 
Ou  oi  :  peser,  regret,  —  poiser,  regroit.  —  E  de- 
vient u  :  semer,  séminaire,  séparer,  cresson, 
cépanche,  —  sumer,  suminaire,  suparer,  crusson, 
çupanche.  —  É,  es  —  deviennent  in,  ins  ;  éduquer, 
essentiel,  —  induquer,  inssentiel.  Au  contraire,  es 
remplace  ins  :  installer,  —  estaller. 

Addition.  —  E  s'ajoute  à  l'intérieur  d'un  mot  : 


tablier,  —  tabelier  ;  oublier,  crier,  —  obelier, 
querier.  —  Par  prosthèse,  euphoniquement,  aux 
mots  commençant  par  s  suivi  de  certaines  consonnes 
statue,  —  estatue.  V.,  à  sa  place,  l'observation  à  Es. 
Retranchement.  —  Aphérèse.  Ecrabossé,  — 
craboosé.  —  Chétif,  —  ch'ti. 

Métathèse.  —  Re  devient  presque  toujours 
er  ;  redresser,  erdreser  ;  s'entreregarder,  s'enter- 
garder. 

Groupes  de  lettres.  —  Eau  — '  se  prononce 
le  plus  souvent  iau  ;  couteau,  chapeau,  veau,  etc., 
—  coutiau,  chapiau,  viau.  —  Mais  aussi  iâ.  V.  au 
F.  L.  XI,  a,  l'article  Chatéaupannc.  —  Dans  les 
mots  terminés  par  eau,  à  Cho.,  Ché.,  on  appuie 
sur  l'e  ;  marteau,  ciseau,  —  marteau,  ciseau.  —  Il 
ne  faut  pas  dire,  d'ailleurs,  que  eau  intercale  un  i. 
D'abord,  cette  prononciation  est  devenue  rare 
partout.  D'autre  part,  les  anciens,  les  vrais  pa- 
toisants, ne  prononçaient  pas  ieau,  mais  euau, 
en  une  seule  émission  de  voix.  Et,  dans  cette  diph- 
tongue, eu  n'était  autre  chose  que  l'e  des  termi- 
naisons en  el  ;  tandis  que  au  représentait  l'I 
final,  ri  lourd,  tel  que  le  prononcent  encore  les 
Anglais.  C'est  donc  une  redondance  d'écrire 
ieau.  Il  faut  adopter  carrément  iau  (ou  euau). 
Iau,  à  Saint-Julien  de  Vouvantes 

Eau  se  prononce  éou  à  Mot.,  Sf.,  Bpu.  —  J'ai 
toujours  vu  écrit,  dans  les  «  paysanneries  »,  viau, 
baliau,  etc.  Cette  prononciation  est  inconnue  dans 
les  Mauges  du  Nord.  On  dit  véou,  batéou,  chapéou, 
mantéou.  Si  bien  que  j'ai  longtemps  considéré  les 
œuvres  oii  ce  langage  était  employé,  comme  imi- 
tant mal  le  patois.  En  réalité  on"^  choisit  la  pro- 
nonciation :  batiau,  coutiau,  parce  qu'elle  est  plus 
facile,  qu'au  théâtre  l'acteur  l'accepte  mieux  et 
qu'elle  est  plus  sonore,  plus  à  effet  que  l'autre  ; 
elle  différencie  mieux,  en  apparence,  le  patois  du 
français  (Fu.). 

Eau,  devient  é  (Lrm.)  ;  beau,  —  bé.  Lg.   iâ. 

En,  devient  oin  ;  commencer,  —  commoincer, 
c'moincer  ;  et  ein  (Saumur)  :  einfeint,  pour  enfant. 

Elet,  let,  devient  iet  ;  chapelet,  sifflet,  —  cha- 
piet,  subiet. 


304 


E  —  EAU 


É,  Er.  —  Dans  la  région  de  la  Pouèze,  Bécon, 
le  Louroux-Béconnais,  le  son  p,  surtout  aux  fi- 
nales, se  change  en  eu.  On  dit  Prru,  Lahbeu,  pour 
Pré,  Labbé  (abbé).  Tous  les  infinitifs  de  la  première 
conjugaison  se  terminent  en  eu  :  Mangeu,  Alleu,  etc. 
On  dit  aussi  :  Eulle,  pour  Elle.  —  Dans  cette 
même  région  le  son  è,  se  change  en  ée  très  long. 
On  prononce  Guéere,  Péere,  Méere,  Mée,  Ée,  pour 
Guère,  Père  ,  Mère,  Mais,  Est  (il  en  est  de  même 
à  Mj.)  ;  de  plus  toutes  les  finales  en  ais  des  verbes 
sont  prononcées  en  ée  :  Je  f aisée,  je  disée,  etc. 

Er  devient  éier  à  l'infin.  de  certains  verbes  : 
Cerner,  gauler,  ronder,  éclairer,  deviennent  :  Cer- 
néier,  gauléier,  rondéier,  éclaréier. 

Sur  les  bords  de  la  Mayenne  Er  devient  aussi 
eu  (v.  plus  haut)  :  Cuisinier,  étrier,  — •  Cuisinieu, 
étrieu.  —  Devient  ier  dans  les  noms  de  profession  : 
Boulangier,  houchier.  Lg.   Horlogier. 

Eur  devient  eux,  oux  (péjoratif)  ;  baveur,  ba- 
veux, oux  ;  grêleur,  grêleux,  oux. 

Et  remplace  oit  :  droit,  étroit,  froid,  —  dret, 
étret,   fret. 

Grê.  —  Dans  des  mots  comme  Grêler,  grêle 
(tamis),  devient  Gher  qui  se  prononce  dur  :  gherler, 
gherie.  Le  blé  a  besoin  d'être  gherlé  par  le  gher- 
leux. 

N.  —  Voir  d'autres  observations  dans  le  Glos- 
saire, à  leur  place,  et  aussi  les  mots  cités  ci  dessus. 

E.  (Mj.).  Pron.  pers.  f.  s.  et  pi.  Elle,  elles. 
Ex.  :  É  veint  d'arriver  ;  é  sortent  de  partir. 
Syn.  et  d.  de  ^,  Aile. 

Eau  (Mj.),  s.f.  —  Urine.  S'emploie  en  ce  sens 
dans  la  locut.  :  Gâter  de  Veau,  uriner.  —  By. 
—  Id.  —  J'ai  entendu  :  Pancher  (épancher) 
de  l'eau,  —  même  sens.  A  S'  Crépin,  on  dit  : 
s'égoutter,  pour  :  prendre  ses  précautions,  le 
soir,  avant  d'aller  se  coucher.  H  Mj.  Au  plur. 
Eaux,  —  urines.  Ex.  :  Le  médecin  qui  a  vu 
de  ses  eaux  a  dit  qu'il  'tait  ben  malade.  || 
Jugeux  d'eau,  —  empirique  qui  traite  d'après 
l'examen  des  urines.  ||  Sp.  Juge  à  l'eau,  même 
sens.  Il  Mj.,  Lg.  Tirer  à  Veau,  —  être  fort,  et 
chargé  d'humidité,  en  parlant  du  vent.  ||  Eau 
de  lait,  —  petit  lait.  ||  Mj.  £'a».r-fortes,  —  s.  f. 
plur.  Toutes  les  solutions  de  drogues  chimiques 
aux  affinités  énergiques,  et  non  pas  seulement 
l'eau  forte.  Ex.  :  C'est  fait  avec  des  eaux- 
fortes.  Il  Eau  rouillée,  —  eau  ferrugineuse.  || 
Mettre  par  eaw,  une  seine, — la  déployer  dans 
l'eau.  Il  Morte-eau,  —  eau  qui  dort,  remous. 
Ex.  :  Faut  tendre  en  morte-eau.  —  By.  C'est 
le  moment  où  il  n'y  a  pas  de  courant, 
ou  bien,  lorsqu'il  y  a  du  courant  dans  le 
lit  principal,  l'endroit  où  le  courant  ne  se  fait 
pas  du  tout  sentir,  ce  qui  constitue  un  mollet  ; 
le  remous  est  un  contre-courant. 

Etym.  —  Comme  j'aurai  de  nombreuses  occa- 
sions, dans  le  Glossaire,  de  renvoyer  à  ce  mot,  je 
vais  en  traiter  l'étymologie  d'une  façon  très 
détaillée. 

Eau  vient  du  mot  lat.  Aqua,  qui  s'est  déformé 
de  bien  des  manières,  depuis  dix-neuf  siècles,  et 
est  devenu  successivement  :  Ague,  aiguë,  egue, 
awe,  èwe,  ève,  iave,  iaue,  eau.  De  là  viennent  : 
Aiguade,  aiguail,  aiguayer  (devenu,  à  Angers, 
guayer,  ghé-hyer),  aigue-marine,  aiguière, 

Aix.  Toutes  les  villes  de  ce  nom,  ou  composées 
avec  ce  nom,  indiquent  des  stations  d'eaux  ther- 
males :  Aix-les-Bains,:  Aix-la-Chapelle,  etc.  Nous 


avons  à  Angers  la  rue  des  Aix.  —  Aigues-Mortes, 
Aigues-Vives.  —  Le  grand  Aix,  autrement  dit 
Hay,  commune  de  Marcé,  moulin  à  eau.  Dans  le 
même  ordre  d'idées  citons  ici  les  Eaux-Bonnes,  et, 
chez  nous,  Bonnes-fau-r. 

Chaudesaigites,  Eaux-chaudes,  évidemment.  — 
Chaudefonds,  canton  de  Chalonnes.  que  l'on  écrit 
quelquefois,  bien  à  tort.  Chaux  de  fonds,  sans 
doute  à  cause  des  carrières  de  pierre  à  chaux  qui  s'y 
trouvent,  signifie  :  Fontaine  chaude  (du  nom  de 
la  fontaine  Sainte-Madeleine,  qui  a  longtemps 
passé  pour  thermale.  C.  Port). 

Ancolie.  Plante  renonculacée,  dite  Gant  Notre- 
Dame.  Corrupt.  du  lat.  des  botanistes  Aquilegia, 
qui  recueille  l'eau  à  cause  de  ses  pétales  disposés 
en  urnes. 

Aquarium,  aquatile,  aquatique,  aqueux,  aquo- 
sité,  aquifère,  aqueduc  ;  terraqué. 

Antraigues,  Entragues,  Antraygues.  Noms  propres 
de  personnes  ou  de  lieux.  Qui  se  trouve  entouré 
d'eau,  à  l'origine. 

Rapprochons  :  Boileau,  Boisleve.  «  Ces  surnoms 
facétieux  plaisaient  fort  à  nos  pères.  Il  nous  sou- 
vient d'avoir  vu,  au  bas  d'une  ancienne  charte 
latine,  un  témoin  qui  s'appelait  Non  bibens  aquarti 
(ne  buvant  pas  d'eau).  Nous  avons  des  Boileau  en 
nombre  ;  mais  il  n'y  a  plus  un  seul  Ne  boit  Veau. 
J'ai  grand  peur  que  le  Ne  ne  soit  resté  en  route. 

(LORÉDAN   LaRCHER.) 

Aquitaine.  Cette  province  devait  son  nom 
à  la  grande  quantité  d'eaux  thermales  qu'elle 
contenait. 

Serdeau.  La  forme  ancienne  est  Sert  de  l'eau.  Il 
est  donc  impossible  de  n'y  pas  voir  un  officier, 
ou  un  domestique  qui,  primitivement,  servait  l'eau. 
—  Officier  qui  recevait  des  mains  des  gentils- 
hommes servants  les  plats  que  l'on  desservait  de 
la  table  roj'ale.  Lieu  où  l'on  portait  cette  des- 
serte. 

Verseau,  pour  Verse-eau.  Traduction  des  mots 
latins  et  grecs  qui  désignent  ce  signe  du  zodiaque 
(entre  le  20  janvier  et  le  20  février)  (Darm.).  — 
I.iTTRÉ  ne  donne  pas  ce  sens  ;  il  l'explique  par 
Retourner  ;  époque  où  il  faut  verser,  retourner  la 
terre. 

Evier.  Le  peuple  dit  souvent  levier,  un  levier. 

UEvière  ou  VEsvière.  Un  quartier  de  la  ville 
d'Angers  porte  ce  nom.  Dans  les  chartes  du  moyen 
âge  Aquaria.  «  Le  tuyau  d'égoût  des  anciens  bains 
se  voit  rue  de  la  Blancheraie.  Y  avait-il  là  une 
source,  des  bains,  un  lavoir  ?  La  partie  de  cet 
égoût  qui  traversait  la  rue  se  trouve  sans  doute 
encore,  d'un  seul  morceau,  dans  la  cour  de  la 
maison  qui  est  en  face.  »  (Corresp.  de  By.) 

Acadeau,  accadiau.  Esséver,  Essevoire,  Enêvé. 
V.  Gloss. 

Guyenne  (La).  —  J'aurais  pu  ajouter,  plus  haut  : 
«Du  mot  Aquitania,  Aquitaine,  se  forma  peu  à  peu 
le  mot  Aguienne,  dans  lequel  il  est  facile  de  recon- 
naître encore  le  mot  Aqua,  sous  la  forme  Ague, 
et  que  l'on  s'habitua  insensiblement  à  écrire  la 
Guyenne,  au  lieu  de  l'Aguienne,  comme  le  deman- 
dait son  origine,  et  comme  le  voulait  le  bon 
sens  » 

Aigoual  (V),  un  pic,  est  de  la  même  famille, 
ainsi  que  le  : 

Credo,  qu'il  fa\it  écrire  le  Crét-d'cau. 

Aiguardentier,  s'est  dit  à  Genève,  au  xvi«  siècle 
pour  Fabricant  d'eau-de-vie,  —  eau  ardente. 

Fontainebleau.  Il  serait  tentant  d'expliquer 
ce  mot  par  Fontaine-belle-eau.  Mais  ce  mot  vient 
de  Fonteni-Bitaldi,  sans  doute  La  Fontaine  de 
Bleau.  du  nom  du  seigneur  de  la  contrée. 

On  connaît  les  innombrables  proverbes  où  entre 
le  mot  Eau. 


ËBAFFER  -  ÉBESILLÉ 


305 


D'autres  noms  de  personnes  : 

Trinquelague,  nom  d'une  famille  titrée  par 
Louis  XVIII,  et  synon.  de  Boileau,  Dring-Water 
en  angl.,  Bevilacqua  en  italien.  On  retrouve  dans 
le  mot  fr.  le  v.  ail .  Trinken,  boire,  d'où  Trinquer. 

Morteau,  s'explique  tout  seul.  Cf.  Mortemart. 

Et  tous  les  Daix,  Daux,  Delage,  Deleau  ! 

Aigueperse,  aqua  sparsa,  eau  versée.  Faut-il 
citer  :  Aquapuncturer,  Aqua-tinta,  Aqua-forte, 
Aquarelle  —  et  Water-closet  ? 

J'allais  oublier  Caldaguès.  Voici  un  nom  qui 
ne  doit  pas  venir  des  Flandres  !  Eaux-Chaudes. 

Et  Soda-water,  et  Kirsch- wasser,  mots  étran- 
gers, devenus  français.  Et  tous  les  mots  tirés 
du  grec  (udôr,  hydor,  hydr)  ;  plus  de  trente,  dont 
je  vous  fais  grâce. 

Je  vous  dirai  ici  une  bien  jolie  explication  du 
mot  lat.  aqua,  lui-même.  Je  la  trouve  dans  Littré, 
au  mot  Épinard.  Un  vieil  étymologiste,  Jean 
Bauhin,  fait  venir  ce  mot  du  grec  Spanios,  rare, 
«  parce  que,  ajoutait-il  en  latin,  les  médecins  en 
usent  rarement  ».  Et  Fittré  -.  «  ce  qui  rappelle  la 
fameuse  étymologie  Aqua,  a  qua  vivlmus,  dont 
nous  vivons  !    » 

Pour  finir,  voulez-vous  connaître  les  diverses 
manières  d'orthographier  ce  mot  chez  nos  pères  ? 
Voir  le  mot  Aiguë. 

Et,  dans  les  patois  :  Aiguë,  aiguy,  aigua,  eygua, 
eigue,  ivoue,  igoué,  ive,  if. 

Voir  CocHERis.  Nom  de  lieux,  pages  7  à  22. 
Chapitre  des  plus  intéressants. 

Racine  Av.  L'AIT  (Morbihan),  l'Avon,  l'Avario 
(Aveyron),  l' Avéra  (Avron,  affl.  du  Cher). 

Rac.  Eve.  Eve,  Evelle,  Evaux,  Esves  le  Mou- 
tier,  Esvres,  Evian,  Ayvaillé  sur  l'Embleve,  Deux 
Evailles,  Longuève,  Belleve,  Megève,  Amblève, 
Entreves,  —  Glandeve,  Lodeve.  —  Aibes,  Aveline, 
Ayvelles,  Auvegny,  Avouze,  Avigneau,  Albeuve, 
Morteuve,  Euvy,  Enencourt  l'Eage,  Yvette, 
Iviers,  Yvoine,  Yvuy,  Yvory,  Yvoy  le  Pré,  la 
Rogive,  Saint-Pierre  des  Ifs.  —  Azay  (Indre-et- 
Loire,  de  Essia,  Assia.) 

En  sanscrit,  la  rac.  Av.  est  l'un  des  signes  du 
mouvement. 

Rappelons  la  racine  celtique  Aa,  rivière,  eau 
courante  qui,  en  France  et  dans  d'autres  pays, 
forme  des  noms  de  rivière,  l'Aa,  l'Aar. 

Ébaffer  (Mj.),  v.  a.  —  Ebahir,  ahurir,  effa- 
rer. —  Ebaffé,  le  part,  passé,  mêmes  sens.  — 
Essoufflé,  épouff'é,  haletant. 

Ébagé  (Z.  142),  adj.  q.  —  Egaré,  qui  a  pris 
la  clef  des  champs. 

Ébahir  (s')  (By.),  v.  réf.  —  S'évanouir. 
V.  F.  Lore.  Langage,  viii,  39. 

Ëballer  (Sa.),  v.  a.  —  Egrener  ||  v.   n.  — 

S'égrener.  Ex.  :  Le  grain  n'éballe  point  de  ce 

•  temps-là.  Il  Pour  :  s'éballer,  sortir  de  la  balle. 

Et.  —  Du  lat.  E,  et  du  fr.  Balle,  glume  dont  on 
fait  les  ballins. 

Ébalveretté  (Mj.),  adj.  q.  —  Gorr.  de  Eha- 
veretté. 

Ébaraiider  (Th.),  v.  a.  —  Ebrancher  un 
arbre.  ||  Ebarrauder  (By),  de  bai'raude,  solive 
grossière  mise  sous  les  parquets  (tranche 
équarrie). 

Ébaupin  (Mj.,  Lg.,  Li.,  Br.),  s.  m.  —  Aubé- 
pine. Corrupt.  du  mot  fr.  par  métathèse  des 
voyelles,  avec  tei'min.  mascul.  ||  Ebaupin  de 
rivière.  Reine  des  prés  (Lg.),  ainsi  nommée  à 


cause  d'une  vague  ressemblance  entre  la 
fleur  de  cette  plante  et  celle  de  l'aubépine.  || 
Nom  vulg.  du  néflier  (Mén.)  —  ||  Lg.  Nom 
d'une  ferme.  ||  By.  —  De  Vébaupin,  et  même 
du  lébaupin,  pour  aubépine.  L'épine  noire  est 
appelée  souvent  de  l'aubépine  noire.  La  reine 
des  prés  est  désignée  sous  le  nom  de  frênelle 
(frée-nelle).  Les  mots  :  néOie."  et  nèfle  ne  sont 
pas  connus; on  dit  le  niHier  et  Icmêle.  ||Sal.  ic?. 

Ébauvelée  (Craon),  adj.  q.  —  Personne  un 
peu  en  l'air,  —  qui  n'a  pas  froid  aux  yeux. 

Éba veretté  (Mj.),  adj.  quai.  —  Décolleté, 
qui  a  le  cou  et  la  poitrine  à  nu.  V.  Ebalveretté. 
Dér.  de  Baverette. 

Ébecher  (Mj.),  v.  n.  —  Sortir  de  la  coquille, 
la  percer  avec  son  bec.  Ex.  Les  petits  poulets 
sont  ébechés.  De  :  E,  ex,  hors  de,  et  de  Bec. 
V.  Bêchée.  Commencer  à  éclore.  Ex.  :  J'avons 
ein  poulet  d'ébeché.  Cf.  Bêché.  —  C'est,  de 
fait,  le  bec  qui  sort  le  premier.  ||  By.  —  On 
dit  :  pécher.  «  Les  petits  canetins  vont  bentoû 
écloure,  les  œufs  sont  tout  péchés,  —  Les 
petits  commencent  à  briser  la  coque,  coquille 
de  l'œuf  avec  leur  péque  (s.  f.,  la  pèque,  pour  : 
le  bec.)  Le  petit  pèche  l'œuf  ;  l'œuf  est  péché, 
mais  non  le  petit. 

Ébecqueté  (Mj.),  adj.  q.  —  Qui  a  le  cou 
mince  et  le  museau  allongé  et  pointu,  en 
parlant  des  animaux.  Se  dit  aussi  des  per- 
sonnes qui  ont  une  physionomie  du  même 
genre.  —  Le  héron  au  long  bec,  emmanché 
d'un  long  cou. 

Ëbeilloiiir'^  (-Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Eblouir.  Syn. 
et  d.  de  Ebélouir.  Forme  vieillie  à  Mj.  —  Cf. 
EqueiUouir,    Beillouetter. 

Ëbeill'ouisscment  (Mj.),  s.  m. —  Eblouisse- 
ment. 

Ébélobé  (Z.  142,  Li.,  Br.,  By.).  —  Faible 
d'esprit,  ahuri,  à  demi  fou,  dément.  —  Syn. 
de  Bobé,  Bobane,  Boban,  Maboule.  —  ||  Etre 
ébelobé,  —  être  pris  d'un  léger  étourdisse- 
ment.  Cf.  Ebobé. 

Et.  —  Pour  Eboilobé,  dér.  de  Boilobé. 

Ëbéloiiir  (Mj.).  v.  a.  —  V.  Ebeillouir. 
Remarquez  la  difficulté  de  prononcer  deux 
consonnes  consécutives,  éblouir.  Cf.  Eberché, 
ébréché.  Il  By.  Pron.  Eboélouir. 

Ëberché  (Mj.),  part.  pas.  —  Ebcrchii.  — 
Pour  :  Ebréché.  On  est  éberché  quand  il 
manque  une  dent,  ce  qui  fait  brèche.  ||  By. 
—  Eboerché. 

Et.  —  Aha,  brecha,  de  brechon,  rompre. 

Ëberluté,  adj.  q.  —  Niais,  stupide. 

Et.  —  Berlue,  de  Bis,  particule  péjorative,  et 
lue,  se  rattachant  à  :  lucem,  lumière,  mauvaise 
lumière.  —  ||  Ebloui.  (Jaub.,  qui  renvoie  à  Ber- 
luter.)   Il  By.  Eberluré. 

Éberzéler  (s')  —  (Sal.),  v.  réf.  —  Crier  avec 
effort.  i<  1  séberzelle  des  coups  !  »  Y.  s'Equer- 
zéler,  s'Elerzéler. 


Ébesillé  (Mj.),  adj.  q. 


Qui  a  les  yeux 
20 


S06 


ÉBESÎLLER  —  ÉBOUILLANTER 


chassieux.  Dér.  de  la  même  rac.  que  Besil- 
loux. 

Ëbesiller  (Sar.,  By.),  v.  a.  —  Eventrer  une 
volaille.  ||  By.  Prononcer  :  Eboésiller  et  Ebou- 
siller,  —  eventrer  malproprement,  maladroite- 
ment, une  volaille,  un  poisson  ;  écraser.  «  Le 
pouv'  chien  a  été  ébousillé  sous  la  roue  de  la 
charte.  » 

Et.  —  Cf.  dans  Littré  :  Eberguer  le  poisson  : 
prendre  les  morues  vivantes,  ouvrir  le  ventre  et  en 
extraire  les  entrailles.  —  !|  Même  rac.  Bes,  que 
dans  Béserot,  Abrzarder.  V.  Beille,  Bouse. 

Ébicanée  (Sp.),  s.  f.  —  Cri  strident,  bruyant 
éclat  de  rire.  Dér.  dO'S'Ebicaner. 

Ébicaner  (s')  —  (Sp.),  v.  r.  —  Pousser  des 
cris  ou  des  éclats  de  rire  aigus.  V.  Bicaner. 
Syn.  de  Picrasser,  s'Equerzéler,  s' Eterzéler. 

Ëbichoter  (Lg.),  v.  a.  —  Cueiller  les  cœurs 
de  choux  verts.  D.  de  Bichote. 

Ébigorner  (Segr.,  By.),  v.  a.  —  Ebigorner 
un  animal  ;  tuer  en  suçant.  La  belette  ébi- 
gorne  la  poule  en  suçant  le  sang  à  la  gorge 
(Mén.).  Dér.   de  Bigourner.   Cf.  ÈpiJwrgné. 

Ébiroillé  (Lg.),  adj.  q.  —  Rouge  et  chas- 
sieux. Se  dit  des  yeux.  —  Syn.  et  composé  de 
Biroillé. 

Èble,  s.  m.  —  Euble.  Nom  vulg.  du  sam- 
bucus  ebulus  (Mén.).  [|  By.  On  dit  de  l'yèble, 
et,  même,  du  z'yèble.  Fr.  hièble. 

Éblé  (Chl.,  Mj.,  Sal.,  By.),  adj.  q.  —  Idiot, 
imbécile,  qui  a  l'air  égaré,  hébété,  abruti,  à 
demi  inconscient.  —  ||  Etourdi,  évaporé  ; 
vx  fr  esblouir,  du  lat  lux,  lumière  (Mén  )  || 
Ebloui?  Il  Individu  dont  la  vue  est  troublée, 
au  physiq.  ou  au  moral.  I|  Dans  le  pat.  man- 
ceau,  je  trouve  :  Œblé,  qui  se  frotte  les  yeux 
pour  s'assurer  de  —  confirme  la  supposition 
de  Ebloui,  —  Syn   de  Bobé,  Ebobé,  Ebelobé. 

Ébobé  (Mj.,  Lg.,  Ag.,  Sal.),  adj.  q.  —  Qui  a 
l'air  nigaud,  ahuri,  ébaubi.  Dér.  de  Bobé. 
Syn.  de  Eblé.  <-  Aile  ouvre  toujours  la  bouche, 
aile  est  comme  une  ébaubée.  »  Ebaubi,  en 
franc. 

Ébobeluche  (Mj.),  s.  f.  —  Sainte  imagi- 
naire, qui  a  la  spécialité  d'enlever  le  temps. 
C'est  la  commère  de  sainte  Guénetie  et  de  saint 
Guernuchon.  N.  —  Subst.  verb.  dérivé  du 
suivant  qui  est  oublié  à  Mj. 

Ëbobelucher  (Tlm.),  v.  a.  Eplucher,  au 
propre  et  au  fig.  Cf.  sainte  Ebobeluche.  Dér. 
de  Babeluche. 

Ëbogler  (Mj.),  v.  Ecosser.  Ex.  Ebogler  des 
pois.  Il  Enlever  la  drupe  d'un  fruit.  Ex.  :  Ebo- 
gler des  noix,  —  ôter  le  brou.  —  Contract. 
pour  Eboguiller,  qui  serait  le  dér.  régul.  de 
Boguille,  et  Bogue.  J'écrirais  Ebogueler.  — 
Syn.  de  Egobler,  Epelouner.  V.  Eboguer. 

Et.  —  Bogue.  P.  ê.  de  l'ail.  Balg.,  enveloppe, 
balle,  —  de  châtaigne,  et  aussi  :  enveloppe  conte- 
nant la  graine  de  certaines  plantes. 

Ëboglures  (Mj  ),  s  f  —  Xe  s'emploie  qu'au 


plur  ;  cosses,  drupes  enlevées  à  des  fruits. 
—  Dér.  de  Ebogler. 

Éboguer  (Auv.,  By.,  Sar.),  v.  a.  —  Ecosser, 
V.  Ebogler.  Dér.  de  Bogue.  —  Oter  les  coques 
piquantes  des  châtaignes.  ||  Craon.  —  Rece- 
voir des  coups.  Syn.  de  Écoper. 

Eboguiller  (s')  —  (By.),  v.  réf.  —  S'ébo- 
guiller  les  yeux,  en  enlever  l'humeur  chas- 
sieuse, —  peut-être  comme  on  enlève  la 
bogue  des  châtaignes,  etc.  ||  Segr.  Eboguille 
les  fèves,  écosse  les  fèves,  enlève  les  cosses  des 
fèves.'  —  By. 

Ëborgneur  d'âchées  (s.  m.).  —  Laboureur 
novice  qui  cherrue  mal.  Cf.  Eborgneux  de 
moches. 

Eborgneux  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Celui  qui 
éborgne.  Les  cultivateurs  se  donnent  à  eux- 
mêmes  le  nom  à' Eborgneux  de  crapauds.  — 
V.  Eb.  d'âchée.  —  V.  Crapaud,  jj  Eb.  de 
moches.  Se  dit  d'un  mauvais  ouvrier  à  qui  on 
ne  peut  confier  que  des  moches  —  morceau  de 
tuffeau,  de  moellon  peu  utilisable.  Dans  toutes 
ces  expressions  satiriques,  le  mot  Eborgneux 
est  synon.  de  Maladroit.  !|  A  Pléchâtel,  Ebor- 
gneux de  mottes,  de  crapauds.  —  tourner  les 
crapauds  à  revers,  labourer.  Dott. 

Ëboudiner  (s')  (Tlm.),  v.  réf.  —  Se  défaire, 
en  parlant  d'une  fusée  de  fil,  d'un  peloton.  — 
Syn.  de  s'Ebouéler,  Déboutiner.  Paraît  être 
une  corr.  du  dernier  mot. 

Ébouédrée,  Ëbouédrâillée  (Lg.),  adj.  q.  — 
Se  dit  d'une  femme  un  peu  grosse,  qui  n'a 
pas  de  corset  et  dont  les  seins  ballottent.  Syn. 
de  Ebouélée,  Ebousée.  \\  By.  —  On  dit  :  époi- 
traillée  ou  dépoitraillée.  Prononc.  :  époé- 
trâillée. 

Ébouêdrer  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  S'ébouler.  || 
S'échapper  par  le  bout  du  fuseau,  en  pari,  du 
fil.  —  Syn.  de  Ebouiller,  Ebouéler,  Déboué- 
drer.  \\  Lg.  S'écraser,  en  pari,  d'un  fruit  pourri. 

Ëbouélé  (Mj.),  part.  pas.  —  Éboulé, écroulé. 
il  Affaissé,  avachi,  déformé.  Se  dit  d'une 
femme  dont  les  seins  ne  sont  pas  contenus 
par  un  corset.  Ex.  :  Queune  grousse  vache  ! 
A  ne  prendrait  sèment  pas  ein  corset.  A 
n'est  que  ça  ebouélée  !  —  Syn.  de  Ebouédré, 
Eboué'drâillé,  Ebousée,  Epoitrâillé. 

Et.  —  «  Ane.  fr.  Esboueler,  eventrer  :  de  f^s. 
ex,  et  bouel,  forme  anc.  de  boyau.  Pour  le  pass.ur 
du  sens  primitif  au  sens  actuel,  cf.  :  le  mur  fait 
ventre,  menace  de  s'ébouler. 

Ebouéler  (Li.,  Mj.),  v.  n.  — •  S'ébouler.  || 
En  pari,  du  fil,  s'échapper  par  les  bouts  du 
fuseau,  i  \'.  réf.,  même  sens  ||  v.  a.  —  Faire 
ébouler,  faire  écrouler.  ||  Ebouéler  son  pailler, , 
—  accoucher.  V.  Déboutiner.  ||  Tu  vas  ebouéler  | 
eine  pétarée,  —  tu  vas  tomber  brusquement. 
Il  Sal.  Ecraser.  Ebouéler  une  roue.  V.  Ebouil- 
ler. "Sla,    Id.    Syn.  de  Ecramouir,  Ecraboutir. 

Ébouillanter  (By),  v.  a.  —  Nettoyer  une  i 
barrique,  un  vase  en  terre,  avec  de  l'eau  ; 
bouillante.  ||  By.  Brûler  avec  un  liquide  jj 
bouillant,  ébouillanter  qqn.  ;  s' ébouillanter. 


ÉBOUILLER  —  ÉCACHER 


307 


Ébouiller  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Ebouler.  Syn. 
et  d.  de  Ebouéler.  ||  Ebouiller  son  pailler,  — 
accoucher. 

Ëboiilevancée  (Sal.),  s.  f.  —  Cancanage. 

Éboulevancer  (Sal.),  —  Faire  une  ébou- 
levancée,  —  répandre  tout  d'un  coup  un 
secret.  Cancaner  en  grand. 

Éboiirrer  (Bg.),  v.  a.  —  Ebourrer  son  gueux 
(chauiïe-pied)  avec  une  clef  ;  remuer  la 
cendre  de  sa  chaufferette,  pour  ramener  les 
braises  à  la  surface,  en  s'y  prenant  par  la 
circonférence.  —  C'est  le  contraire  de  Em- 
bourrer,  garnir  de  ce  qui  bourre.  Syn.  de 
Ebrâsiller. 

Il  A  By.,  le  gueux  s'appelle  :  seille,  seille  à 
feu,  chaufferette  en  terre  avec  une  anse. 

Ébousée  (Lg.),  adj.  q.  —  Dont  les  chairs 
sont  débordantes  et  les  seins  ballotants,  en 
parlant  d'une  grosse  dondon.Syn.  de  Eboidlée, 
Ebouédrée,  Ebouédrâillée,  Epoitrâillée. 

Et.  —  Dér.  de  Bouse.  Littéralement  :  étalée 
comme  une  bouse. 

Ëboutouneui'  (Li.,Sp.,  Br.),s.  m.  de  Casse- 
boutons.  Oiseau  qui  arrache  les  boutons  des 
arbres  fruitiers,  des  pruniers  surtout. 

Pour  Eboutonneur,  dér.  du  fr.  Bouton.  || 
Mj.  —  Pinson  boutonnier. 

Et.  —  Eboutonneur,  eux.  —  Le  bouvreuil  s'at- 
tache aux  boutons  des  arbres  fruitiers. 

Ëbouziller  (By.),  v.  a.  —  V.  Ebraziller. 
Ebouziller  le  feu  ;  farfouiller  avec  la  palle  et 
les  pinces  pour  le  ranimer.  — •  Ebouziller  un 
bobo,  gratter  l'escarre.  Syn.  de  Echarigner.  \\ 
Po.  —  Syn.  de  Ebourrer  sa  chaufferette, 
mouver  ou  émouver  le  feu.  ||  Li.,  Br.  — 
Blesser.  —  I  va  V ebouziller  avec  sa  fourche. 
—  Ce  sens  n'est  pas  connu  de  mes  autres  cor- 
respondants. C'est  le  même,  alors,  que  Ebe- 
siller  ;    crever   le    ventre,    ou  bouse. 

Éboyer  (Rf.),  v.  a.  —  Ecraser  «  Je  me 
suis  éboyé  le  doigt.  »  Est-ce  Ebogué?  enlever 
l'épiderme,  qui  est  comme  la  bogue  du  doigt. 

Et.  —  Ebouiller.  Jaub.  renvoie  à  Ecrabouiller. 

Ëbragueiiassé  (Lg.),  adj.  q.  —  Déboutonné, 
débraillé,  dépoitraillé.  Syn.  de  Débraguellé. 
Et.  —  Dér.  de  Brague,  braie  ;  lat.  Bracca. 

Ëbrâiller  (s')  —  (Segr.,  By.,  Mj.),  v.  réf.  — 
S'écrier,  brailler.  Syn.  de  s'Epicrasser,  s'Equer- 
zéler,  s^Eterzéler,  s^ Ebicaner,  s' Eberzéler. 

Ëbrancher  (Mj.),  V.  a.  —  Echai'per.  «  N'ap- 
proche pas,  sinon  je  Vébranche  !  » 

Ëbraser  (Segr.,  By.),  v.  a.  —  Etre  ébrasé. 
se  brûler.  Au  fig.  Etre  ébrasé  de  soif,  être 
brûlé  de  soif  (Méî^.). 

Et.  —  Le  sens  fr.  est  autiv.  —  Le  vx  fr.  a  Esbra- 
ser,  —  mettre  en  braise.  Cf.  Abrasé. 

Ebrâsiller  (Sp.,  Z.  149,  Li.,  By.),  v.  n.  — 
Remuer  la  braise,  pour  raviver  le  feu.  —  Pour 
Ebraisiller,  dér.  du  fr.  Braise.  Syn.  de  Ebour- 
rer. 

Et.  —  Aha.  brasa  ;  ail.  mod.  braten,  rôtir.  — 


A.  f.  brese,  régulier.  —  L'a  est  dû  à  l'influence  de 
brasier  et  de  embraser. 

Ébreter  (s')  —  (Z.  153,  Ti.),  v.  réf.  Se 
fâcher  (Craon).  Crier.  —  S'animer,  s'exciter, 
élever  la  voix,  s'emporter  (Ag.,  By.).  Faut 
pas  Vébréter  »,  dit-on  à  qqn  qui  se  met  en 
colère.  V.  Ebruter.  ||  Peut-être  pour  Ebreuter. 

Ébrive  (Mj.),  s.  f.  —  Elan,  escousse,  erre 
d'un  bateau.  ||  Au  fig.  On  dit  du  chanvre,  du 
lin  dont  la  croissance  s'arrête  subitement  :  Il 
a  pardu  son  ébrive.  N.  On  prononce  qqf. 
Ebrife.  ||  Ex.  :  Astheure,  avec  les  tape-nez, 
ein  bateau  fait  le  comble  d'ein  pont  sans 
pardre  son  ébrive. 

Ëbrivé,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Bien  lancé,  qui 
marche  avec  entrain,  à  une  allure  vive  et 
délibérée.  Dér.  de  Brife.  L'ital.  Abbrivo 
signifie  :  élan.  ||  Lpc.  —  Joyeux,  très  gai. 
«  As-tu  l'air  ébrivé  !  » 

Ébriver,  v.  n.  —  Ebriver  sur  le  tard,  —  se 
presser.  ||  Lg.  —  v.  réf.  —  S'élancer,  se  mettre 
en  marche  à  une  vive  allure.  Dér.  de  Brife, 
Ebrive. 

Ébroqiiiner  (Lpz.,  Zig.  146),  v.  a.  —  Ecor- 
cher,  dépouillei-,  vider,  un  animal.  Syn.  de 
E piauler,  Effondrer. 

Ébroquinée  (Z.  146),  adj.  q.  —  Ecorchée. 

N.  —  Jaub.  :  Ebroquer,  Ebrécher.  —  Ebroquer 
une  assiette.  —  Renvoie  à  Broque,  cassant.  Cf. 
Angl.,  Breack. 

Ébruter  CM].,  By.),  v.  a.  —  Ebruiter.  || 
Publier,  proclamer,  annoncer.  Ex.  :  Ils 
ébrutent  le  vin  ben  char.  Cf.  Ebreter. 

N.  —  Les  Bas-Norm.  disent  :  Ebriter,  de  brit, 
pour  bruit.  (MÉN.4GE.)  V.  Eboulevancer. 

Ëbuer  (Mj.),  v.  a.  —  Ebarber,  déraser. 
Ainsi  :  ébuer  une  pierre,  c'est  la  casser  à 
coups  de  marteau,  jusqu'au  ras  du  mur  dont 
elle  fait  partie  ;  ébuer  une  pièce  de  bois,  c'est 
la  déraser  à  l'herminette  jusqu'à  l'affleure- 
ment du  bordage  où  elle  est  fixée. 

Écabocher,  v.  a.  —  Meurtrir  la  tête,  y  faire 
un  trou,  une  caboche.  Caboche,  tête  dure. 
(Mén.).  Cf.  Camocher. 

Écabouir  (Pell.,  Sa.,  By.,  Sar.,  Lue),  v.  a. 
—  Syn.  de  Ecramouir.  Ecraser,  aplatir.  Se 
rapproche  de  Acamer.  \\  By.  —  Ecabouir, 
c'est  :  écraser  complètement.  Ecrabouir.  — 
plus  complètement.  Ecarbouiller,  —  encore 
plus.  Ecrabouiller,  id.  «  J'ai  pêché 
(pris)  eine  taupe,  faut-i  Vécrapouti  (r)  comme 
un  crapaud,  ou  l'élinguer  au  bout  d'eine 
branche?  » 

Et.  —  Ecrabouiller.  Bruxelles  :  scrabouilles, 
le  résidu  du  charbon  non  entièrement  consumé. 
(Marine,  escarbilles),  de  Excarbunculare,  réduire 
en  charbon,  et,  par  là,  mettre  en  pièces.  V.  Escar- 
boucle. 

Écacher  (Sp.,  Lg.,  Tlm.),  v.  a.  —  Serrer 
fortement,  saisir,  pincer.  ||  Fig.  Ça  écache  dur 
à  matin,  —  le  froid  est  vif.  —  Cf.  itad.  Schiac- 
ciare.  Angl.  to  squash,  écraser,  aplatir  ;  to 
squeeze,  serrer,  exprimer.  —  Jaub.  Escacher. 


SOS 


ÊCACHI 


ÉCARRURE 


Et.  —  Le  simple  :  cacher,  se  trouve  dans  Ron- 
sard : 
«...   à  pieds  descheaux  cache  le  vin  nouveau.    » 

Et.  incert.  ;  p.  ê.  se  rattache  au  lat.  Coactus, 
serrer,  presser  (I>itt.).  —  Briser,  froisser  :  L.  C. 

«  Terre,  mère  de  nous,  que  jà  tiens  ecachez 
«  Tant  de  braves  mortels  ,  que  l'âge  a  fait  dissoudre, 
«  Dy  moy,  les  as-tu  tous  faict  retourner  en  poudre, 
«  Si  tost  qu'ils  on  esté  dans  ton  giron  couchez.  »  — 
—  «  Ne  Ta  triblée  n'esquachie  (une  racine), 

«  Ainçois  la  menja  sans  tribler.  » 

(Renan.  25.106.) 

—  «  Le  flum  (fleuve)  est  toujours  trouble,  dont 
çaus  du  pais  qui  boire  en  vuelent,  vers  le  soir  en 
le  prennent  et  esquachent  quatre  amendes  ou  quatre 
fèves,  et  lendemain  est  si  bonne  à  boire.  »  (Joix- 
viLLE,  //'■«  de  Saint  Louis.)  Le  sens  est  :  appuyer 
fortement,  aplatir  en  écrasant.  (De  :  calcare, 
quatere,  ou  quaxare.)  —  Buffon  l'emploie  ;  «  Ils 
(les  éléphants)  écachent  et  détruisent  dix  fois  plus 
de  plantes  avec  leurs  pieds  qu'ils  n'en  consom- 
ment. »  (L.  C.)  —  Une  maison  d'Ecachehouton, 
«  unam  domum  in  vico  de  Cacheboton.  (1282.  Ini>. 
Arch.,  S.  H.,  11,  1,  h.)  «  Il  (Jarret  de  fer)  ne  faisait 
usage  de  son  fusil  qu'à  la  dernière  extrémité.  D'or- 
dinaire, ses  deux  poings  lui  suffisaient  pour. . . 
écacher  les  Bleus. .  .  Mais  il  les  écachait  si  bien. . .  » 
(H.  Bourgeois.  W^^  de  la  Grande  Guerre,  p.  195). 
«  Quand  on  donne  oled  net  et  curé,  le  Meusnier 
doit  rendre  du  boisseau  de  bled  rez  un  comble  de 
farine  ;  et  de  deux  boisseaux,  l'un  de  la  dite  farine 
empli,  caché  et  pressé  avec  les  deux  mains  en  croix, 
et  de  rechef  comblé.  »  {Coût,  du  Poit.,  t.  I,  p.  132, 
art.   36.) 

Ëcachi  (Sar.),  part.  pas.  Ecrasé.  V.  Ecacher. 

Écaîeter  (Mj.),  v.  a.  —  Arracher  en  déchi- 
rant. Ex.  :  Il  a  écafeté  eine  branche  de  pom- 
mier. Il  Déchirer.  Ex.  :  J'ai  écafeté  la  cuissière 
de  ma  culotte.  Syn.  de  Ecaler,  Eclafer. 

Et.  —  Pour  Eclafeter.  dim.  de  Eclafer.  Syn.  de 
Elosser,  Eglâsser.  —  Ecaffer.  Terme  de  vannier. 
Partager  l'osier  en  deux  dans  le  sens  de  son  épais- 
seur. (LiTT.)  —  Ecafer,  forme  norm-pic.  dér.  du 
vx  fr.  eschafe,  coquille,  écaille.  (Cf.  le  provenç. 
moderne  Escaiadou,  outil  à  fendre  l'osier,  de 
Escaia,  proprement  Ecailler.)  Le  vx  fr.  Eschafe 
est  le  lat.  scapha,  qui,  du  sens  de  barque,  a  passé, 
au  m.  âge,  au  sens  de  cosse,  coquille  (Darm.). 

Écaigner  (Segr.),  v.  a.  —  Ecaigner  un  mal, 
çàd.  le  taquiner  ;  de  même  que  grabotter  un 
mal.  On  écaigne  un  chien  en  l'excitant  à  la 
colère  (Mén.).  —  De  canis?  chien.  Doublet  de 
Aquiner,  syn.  de  Echarigner,  Ebouziller. 

Écailler  (Ag.),  v.  a.  —  Ecailler  le  feu,  le 
remuer.  Ne  serait-ce  pas  plutôt  l'égailler. 
V.  Débourrer,  Ebourrer,  Ebrâsiller. 

Ëcaleaux  (Di.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  —  Noix.  Syn.  de  Caleaux.  N.^Ce  mot 
forme  le  trait-d'union  entre  son  synon. 
Caleaux  et  le  v.  Echaler,  duquel  tous  deux 
dérivent.  V.  Ecalot. 

Et.  —  Ecale.  Enveloppe.  Enveloppe  qui  couvre 
la  coque  des  noix.  Le  même  que  Ecaille.  (Litt.).  — 
Hall.  Skalia,  se  rattache  au  goth.  Skalja,  tuile 
(Cf.  Ecaille),  pour  Echale  (D.\rm.).  —  Echaleau. 
On  appelle  ainsi  en  Anjou  une  noix  qui  commence 
à  sécher  (Ménage.) 

Écaler  (Mj.),  v.  a.  —  Détacher  par  arra- 
chement. Ex.  :  Le  vent  a  écalé  une  branche 


de  tilleulier.  Syn.  de  Eclafer.  —  Ecaler  des 
noix.  V.  Caleaux. 

Et.  —  Ecaller,  de  squallare.  V.  Ecaille.  M.  de 
LA  QuiNTiNYE  :  Ecaler  se  dit  des  poix  et  des  fèves, 
qu'on  écosse,  ç.-à.-d.  qu'on  sort  de  leur  cosse.  » 
(MÉNAGE.)  —  Oter  l'écale  des  fruits  à  coque 
dure.  S'applique  par  ext.  à  des  fruits,  des  légumes 
dont  l'enveloppe  est  tendre,  des  pois.  Dans  ce 
cas,  le  fr.  emploie  -.  écosser.  Cf.  Echaler,  Egousser. 
(.Iaub.) 

Ëcalniouehée  (Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Frasque, 
équipée,  entreprise  annoncée  à  grand  fracas 
et  qui  échoue  misérablement.  Ex.  :  Il  en  a 
fait  là  eine  belle  écalmouchée  !  —  Syn.  de 
E^arouchée,  Esgarade.  —  Semble  tenir  au 
fr.  Escarmouche. 

Écalot  (My.)  s.  m.  —  Noix  épluchée  ; 
coquille  de  noix  écale.  V.  Ecaleaux. 

N.  —  «  En  des  escalles,  cuire  leur  viande.  » 
(BoDiN.  Preuves.  Saumur,  note  26.) 

Ëcamouir  (Jl.)  v.  a.  —  Ecraser.  Syn.  de 
Ecramouir.  Doubl.  de  Ecabouir. 

Écan  (Ec.  By.),  adj.  q.  —  Couleur  d'un 
gris  un  peu  foncé.  V.  Amouré.  \\  By.  —  S'ap- 
plique aux  canards.  Une  cane  écan. 

Écarbeiller  (Segr.,  By.),  v.  a.  —  Ecarter 
les  jambes.  —  Ecarbeilîard,  cheval  ayant  les 
jambes  écartées.  —  Corbeillard,  celui  qui  se 
frotte  les  genoux  en  marchant.  Voir  Escar- 
quillé.  Molière  a  dit  :  «  Ils  marchent  escar- 
quillés  comme  des  volants.  »  (Mén.).  —  Ne 
serait-ce  pas  Ecarquiller,  de  Ecartiller,  avec 
ti  prononcé  qui?  ||  By.  —  Prononc.  Ecar- 
boeiller.  D'où  la  locut.  :  à  carboeillon  (car- 
boeillon).  S'assire  à  carboeillon  su  eine  chaire 
(chéere,  chaise).  Ecarboeiller  les  jambes,  ou  : 
s'écarboeiller. 

Et.  —  «  Ecarquiller,  ecartiller  (vx),  pour  équar- 
tiller,  ex-quart-iller  ;  mettre  en  quatre  (à  force 
d'ouvrir),  yeux  ou  jambes.  (Darm.) 

Écarbiller  (s').  —  (Ag.,  By.,  Sal.,  Mj.),  v. 
réf.  —  Ecarter  les  jambes.  Syn.  de  s'Ecar- 
fillonner,  Ecarbeiller,  Ecarquégner.  —  V.  Car- 
billette.  !|  Sal.  Il  écarbille  les  yeux  comme  un 
qualre-épée  (quaterpée)  qui  chie  des  macres.  » 

Écarfignonoer  ou  Écarfillonncr  (v.  réf.).  — 
(Mj.)  Ecarter  largement  les  jambes.  V.  Car- 
fignon.  Syn.  de  s' Ecarquégner. 

Et.  —  Ce  V.  semble  être  un  dimin.  de  s'Ecar- 
quégner  ;  d'autre  part,  il  est  évidemment  composé 
de  CarfiUon.  D'où  il  faut  conclure  que  ce  dernier 
mot  et  i' Ecarbiller  ont  une  rac.  commune,  Carb, 
Carf,  dont  je  ne  vois  bien  ni  le  sens,  ni  les  attaches 
avec  les  langues  voisines.  —  Voir  cependant 
l'étym.  à  Ecarbeiller. 

Ecarquégner  (Lg.),  v.  a.  —  Ecarter  large- 
ment. Il  S' Ecarquégner,  v.  réf.,  E.  largement 
les  jambes.  Syn.  de  s'Ecarfîllonner,  s'Ecar- 
biller.  C'est  le  fr.  Ecarquiller.  —  \'.  Ecarbiller. 
Il  By.  Écarquigner. 

Écarrure  (Mj.),  s.  f.  —  Carrure.  ||  By.  — 
On  entend  même  :  Ecarrissage,  pour  Ecar- 
rure. «  Dame  oui,  qu'elle  est  forieuse  (foé- 
rieuse.  V.  Furieux),  elle  en  a  d'un  ecarrissage  ! 


ÉCART  —  ÉCHALER 


309 


—  C'est  vrai  ;  mais  si  elle  est  groussière 
-grosse)  de  corps,  elle  est  ligeare  (légère)  d'es- 
prit. Comme  bonté  et  comme  savoir,  elle  est 
ben  râle  (rare),  ein  cœur  de  promière,  ma 
chère.  »  —  C'est  du  genre  de  :  protestations, 
pour  :  prestations  ;  la  maladie  du  père  Antoine 
pour  :  une  péritonite  ;  un  rhododendron  cire 
jaune,  pour  :  Sir  John  Broughton. 

Écart  (Mj.),  s.  m.  —  Ferme  ou  village  éloi- 
gné des  routes.  Ex.  :  Le  postillon  est  en  retard 
il  ara  ieu  des  écarts  à  faire.  «  ||  Lg.  —  Les 
cartes  qui  rentrent,  et  non  pas  seulement 
celles  que  l'on  écarte.  Ex.  :  J'ai  fait  in  bel 
écart.  Syn.  de  Récart,  Rentrée. 

Et.  —  LiTTRÉ,  au  sens  8,  dit  que  c'est  du  mot 
Carte  et  de  l'Ecart  aux  cartes  que  sont  venus 
tous  les  sens  de  Ecarter.  —  L.  C.  dit  que  Escarre 
vaut  mieux  com.  orthogr.  ;  ce  sont  les  fragments 
d'une  commune.  (N.  E.  —  que  nous  ne  pouvons 
adopter.)  «  Les  habitants  des  villes  et  villages  qui 
ont  leurs  finages  contigus,  et  joignant  l'un  de 
l'aiitre,  sans  moyen,  ni  privilège,  peuvent  mener 
leurs  bestes,  grosses  et  menues,  l'un  sur  l'autre, 
en  vaine  pasture,  jusques  aux  équar-s  des  clochers 
des  églises.  »  (Coût,  de  Verdun.)  —  Equare  indique 
'étymol.  V.  Escart. 

Ëcartant  (Lg.,  Sep.),  adj.  v.  Qui  fourvoie, 
où  l'on  s'égare.  Se  dit  d'un  chemin.  Ex.  :  La 
route  n'est  point  écartante.  »  Syn.  de  Egarant. 

Écartéier  (Sb.),  v.  n.  —  Suivre  la  voie 
charretière  en  s'écartant  des  ornières.  Syn.  de 
Décharrayer. 

Et.  —  Cartayer,  p.  ê.  pour  Carretayer  (cf.  char- 
tier,  pour  charretier),  dér.  de  carrette,  forme 
norman-pic,  —  pour  charrette.  Eviter  les  or- 
nières en  dirigeant  les  roues  de  la  voiture  dans  l'in- 
tervalle qui  les  sépare.  (Darm.) 

Écarteler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fendre.  Ex.  : 
Ne  chante  donc  pas  comme  ça,  tu  m'écartèles 
la  tête.  Il  V.  n.  Se  fendre.  —  Ex.  :  Ta 
culotte  est  toute  écarlelée.  —  Syn.  de  Encar- 
teler.  —  C'est  le  v.  fr.  dans  un  sens  plus  général. 

Et.  —  Ex  -|-  quartellus,  dim.  de  quartus.  C'est 
partager  en  quatre.  Nous  devrions  écrire  Equar- 
teler,  com.  les  Ital.  squartare.  de  quartus  (et 
scartare,  de  carta,  écarter.)  Litt. 

ËcartélLs  (Mj.),  s.  m.  —  Ancien  cépage 
blanc  qui  a  disparu.  Il  était  d'ailleurs  de 
mauvaise  qualité.  V.  Çupanche. 

Écartélure  (Mj.,),  s.  f.  —  Fente,  lézarde. 
Syn.  et  d.  de  Encartélure.  —  Du  fr.  Ecarteler. 

Écarter  (Tlm.),  v.  a.  —  Etendre  et  aplatir, 
un  moiTeau  de  fer  avec  la  panne  d'un  mar- 
teau. 

Ëcarterie  (Lg.),  s.  f.  —  Atelier  où  l'on 
carde  le  coton,  la  laine. 

Et.  —  Pour  Carderie,  par  confusion  avec 
Ecarter. 

Écarts.  —  Nom  de  plusieurs  fermes,  lieux- 
dits  ;  réunion  de  métairies.  V.  Ecart. 

Écatouir  (s')  —  (Sp.,  Chc),  v.  réL  — 
S'accroupir.  Syn.  de  s' Amouir,  s'  Appou- 
guenir,  s"  Ajoupir,  s^  Assoutrer,  s'  Aguérouer, 
Serait-ce  l'angl.  to  squat? 


Écaubu  (Segr.),  s.  m.  —  Espèce  de  taudis 
sans  cheminée. . .  (Mén.).  —  V.  Ecobue. 

Et.  Ecobuage.  Opération  qui  consiste  à  enlever 
la  couche  superficielle  du  terrain  avec  l'écobut  — 
terme  angevin  —  et  à  brûler  sur  place  les  ma- 
tières organiques  qu'elle  contient  Je  pense  que 
MÉNiÈRE  a  confondu. 

Eccétéra  (Mj.,  By.).  —  Adv.  Pour  Et 
cœtera.  —  DifTiculté  de  prononcer  deux  con- 
sonnes différentes  consécutives,  d'où  assimi- 
lation de  la  première  à  la  seconde.  Les  ga- 
mins (dont  je  fus)  ajoutent  souvent  :  pan- 
toufle —  que  je  ne  chercherai  pas  à  expliquer. 

Éce  (Mj.,  By.),  pron.  dém.  —  Ce.  Cette 
forme  s'emploie  surtout  après  les  prépositions 
avec,  par,  pour  Ex  :  Avec  éce  qu'elle  a,  a 
peut  ben  vivre.  —  Pour  éce  que  je  veux  en 
faire,  c'est  encore  trop  bon  ! 

Éceté  (Mj.,  By.),  adj.  dém.  —  Ce,  cet, 
cette.  Forme  employée  surtout  après  les  pré- 
pos.  avec,  par,  pour.  Ex.  :  N'y  a  qu'à  aller 
par  éceté  voyette-là.  Syn.  et  d.  de  Ceté.  \\  Ma 
fdle  n'est  point  pour  éceté  gars-là.  —  Je 
connais  ren  de  méchant  comme -écezé  fumelle- 
là.  —  V.  Ceté. 

Échabot'  (Mj.),  s.  m.  —  Toupie.  Syn.  de 
Moine,  Pibole,  Pibot,  Piffre,  Chabot.  \\  By., 
t  final  muet,  o  très  bref. 

Et.  —  Ce  mot  a  pour  rac.  Chabot  qui  a  formé  le 
dimin.  Chahosseau,  et  qui  dér.  du  lat.  Caput  (grosse) 
tête.  Jaub.  Sibot. 

Échaduau  (Mj.),  s.  m.  —  Brelle.  Grand 
train  de  bois,  comme  il  en  descendait  autre- 
fois de  la  Haute-Loire  à  destination  de 
Nantes.  L'échaduau  portait  une  cabane  où 
les  mariniers  logeaient  et  faisaient  leur  cui- 
sine. On  n'en  voit  plus  passer. 

Échaffrer  (Bg.),  v.  a.  —  Déchirer,  déchi- 
queter, mettre  en  guenilles.  Des  gens  qui  se 
battent  s'échaffrent.  Syn.  de  Dénâfrer.  \\  By. 
—  Déchâffrer. 

Éfhale  (Pell.,  By.),  s.  f.  —  Coquille  de 
noix.  Doubl.  de  Chaille,  malgré  la  différence 
de  sens.  Ecale.  —  D'où  Echaler. 

Et.  —  Ail.  Schalle,  même  sens  ;  angl.  Shell. 

Échaleaii  s.  m.  —  Noix  qui  commence  à 
sécher.  —  V.  Ecalot,  Ecaleaux,  Caledux. 

Éebaler  (Sar.,  Bv.),  v.  a.  —  Oter  le  brou  des 
noix.  Ecaler.  —  D"^ouble  du  français  Ecailler, 
du  lat.  Scala,  écaille.  A  donné  les  noms  Eca- 
leaux,  Caleaux,  Echaleau.  Dér.  de  Echale,  et 
doubl.  de  Ecaler.  —  On  échale  aussi  les 
amandes.  —  Syn.  de  Ebogler.  \\  Q'échaler,  v. 
réf.  Se  dessécher,  s'exfolier,  se  desquamer.  Se 
dit  d'un  bobo  superficiel,  etc.  —  Ex.  :  Ton 
fromage  commence  à  s'échaler  (Lg.) 

Et.  —  V.  Echale.  Hist.  «  Cependant  les  mes- 
taiers,  qui  là  auprès  challoient  les  noix,  accou- 
rurent avec  leurs  grandes  gaules.  »  (Rab.  G.,  I, 
25.)  —  «  Comme  on  avalle  les  huytres  en  escalle.  » 
(Id.,  p.,  m.  18.)  —  «  Le  duc. . .  commanda  à  ses 
gens  achetter  toutes  les  noix  qu'ils  pourroienl  finer, 
et  des  escalles  cuire  leur  viande  ,  ainsi  fut  fait»  . 


310 


ÉGHALETTE  —  ÉCHANTILLONNAGE 


(OitiU.  des  Chronifj.  de  Norm.  —  J.  B.  —  R.  h.  I., 
420.)  «  (Dépensé)  en  deux  milliers  et  demy  oistres 
escallées,  et  deinv  cent  non  escallf.,  31  s.  »  (1556.  — 
Inv.  Arnh.  S.  s.'  H,  57,  2,  41.)  —  A  donné  l'angl. 
to  sheal,  même  sens,  ainsi  que  les  noms  :  shal, 
shell,  écaille. 

Échalette  (Lg.),  s.  f.  —  Grande  claie  ou 
ridelle  à  claire-voie  que  l'on  implante  à  l'un 
des  bouts  d'une  charrette  pour  maintenir  le 
chargement.  i|  Par  ext.  :  Assemblage  de 
tringles  qui  soutiennent  les  tablettes  ou 
rayons  d'une  boutique.  —  Syn.  de  Echafon, 
Echilon.  Dimin.  du  fr.  Echelle,  pat.  Echalle. 
By.  —  Echelette. 

Échaleuré-ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Echaufïé,  en 
nage  (ou  en  âge),  en  sueur.  |1  Qui  n'est  pas 
sensible  au  froid.  1|  Pris  subst.,  Echaleurée,  — 
suée,  transpiration. 

Échalier  s.  m.  (By.,  Sal.,  Sp.,  Tlm.,  Sar.» 
Mj.,  Sa.),  s.  m.  —  Escalier.  Pas  à  Mj.  j] 
Barrière  fixe  qu'on  enjambe  pour  entrer 
dans  un  champ. 

Bv.  —  Fermeture  de  l'entrée  d'un  enclos,  for* 
mée  de  deux  barres  de  bois,  fixées  horizontalement 
par  leurs  bouts,  l'une  au-dessous  de  l'autre,  à 
deux  pouteaux  (poteaux  ou  pieux)  verticaux 
Pour  passer  un  échalier,  on  met  un  pied,  le  gauche, 
par  ex.,  sur  la  barre  inférieure,  et  on  enjambe 
l'autre,  en  appuyant  le  pied  droit  sur  la  même 
barre  inférieure,  pendant  qu'on  passe  la  jambe 
gauche.  —  Souvent  la  barre  inférieure  est  rem- 
placée par  des  branches  épineuses  ou  des  fds  de 
fer  à  pointes,  qui  bouchent  complètement  le  dessous. 
N.  —  Petite  échelle  double  et  basse  appuyée  des 
deux  côtés  d'ure  haie  (boucheture,  bouchure) 
au  point  d'intersection  d'un  sentier  avec  la  haie, 
afin  de  donner  aux  piétons  le  moyen  d'enjamber. 
Souvent  l'échelle  est  simple  et  n'existe  par  consé- 
quent que  d'un  côté  ;  l'on  se  contente  alors  de 
planter  de  l'autre  un  pau,  ou  une  petite  fourche 
saillante  d'un  ou  deux  décimètres  au-dessus  du 
sol,  et  servant  de  point  d'appui  au  passant  pour 
son  pied  droit,  tandis  que  le  gauche  est  encore 
engagé  sur  l'échelle.  La  partie  de  la  haie  qui  cor- 
respond à  l'échalier  est  soigneusement  cordelée, 
pour  que  les  vêtements  ne  s'y  accrochent  pas. 
Dans  les  pays  où  il  existe  des  bancs  de  pierre  cal- 
caire, plats  et  minces,  on  en  dresse  en  guise  d'é- 
chalier  des  fragments  pourvus  de  part  et  d'autre 
des  points  d'appui  ci-dessus  décrits.  ^  Cordelée,  — 
entrelacée.  Ce  mot  s'emploie  en  parlant  des  haies 
faites  avec  de  grandes  branches  flexibles,  généra- 
lement de  saule,  tressées  horizontalement  autour 
de  paux  (pieux)  fixés  en  terre  de  distance  en  dis- 
tance, et  destinés  à  la  consolider.  La  haie  cordelée 
est  comme  une  étoffe  dont  les  paux  sont  la  chaîne 
et  les  branches  forment  la  trame.  (  Vocabul.  du 
Berry,  1842.) 

Et.  —  Hist.  Echelle,  lat.  scala. 
«...  L'une  part  du  pont  fondi, 
«  Par  ne  sais  quele  mescheance, 
«  En  tel  sens  que  li  rois  de  France 
«  Vint  à  l'yaue,  sans  eschaliers.  »  (L.  C.) 
—   Mais   l'entrée   habituelle   des   enclos   de   la 
Gâtine  et  du   Bocage...   consiste  d'ordinaire  en 
un  échalier  fixe  qui  barre  le  sentier.   »  (La  Trad., 
p.  35, 1.  2.) 

«  Notaire  du  Perche,  passe  plus  d'échaliers  que 
de  contrats.  »  Livre  des  Prov.  fr.  I,  380.  —  «  En 
c-e  pire  état  de  choses,  les  piétons,  pour  cheminer 
plus    facilement,    se    frayaient    d'étroits    sentiers 


par  les  champs,  le  long  des  haies,  et  escaladaient, 
à  chaque  clôture,  des  échaliers  très  élevés.  »  (De- 
NIAU.  H"  de  la  V.,  I,  20.) 

Ëchalin  (Sar.),  s.  m.  —  La  première  enve- 
loppe de  la  noix.  Cf.  Echaler. 

Ëcba/iné  et  Echaliiné  (Lg.),  adj.  q.  — 
V.  Achaliné. 

Ëcha/iner,  Ëcliailliner  (Lg.),  v.  a.  — 
Echauffer,  mettre  en  sueur,  une  personne. 
Syn.  de  Echauffarder,  mettre  en  nage. 

Et.  —  Dér.  de  la  même  rac.  Chai,  qui  se  retrouve 
dans  Achaler,  et  dans  le  fr.  Chaleur. 

Ëchalle  (Bl.,  Mj.,  Fu.,  Zig.  196),  s.  f.  — 
Echelle.  Forme  vieillie  à  Mj.  —  Cf.  Palle. 
Lat.  scala,  d'où  :  escalader.  —  N.  Ainsi  se 
prononce  vulgairement  le  mot  échelle,  qu'é- 
crivent correctement  ceux  mêmes  qui  le 
prononcent  mal.  V.  Echelle  de  meunier.  By. 

Hist.  «  S'ensuit  ce  que  Grégoyre  le  Taillandier 
a  déclaré  au  gibet  des  Melonnières,  luy  estant  au 
pié  de  Véchalle  d'iceluv  gibet.  »  (1501.  Jnv.  Arch., 
G,  p.  S^t,  col.  1.) 

Échalon  (Sp.,  Sa..),  s.  m.  —  S'emploie  sur- 
tout au  plur.  —  Sorte  de  grandes  claies  que 
l'on  place  à  l'avant  et  à  l'arrière  des  char- 
rettes pour  en  retenir  le  chargement.  Dimin. 
du  fr.  Echelle,  comme  Echalier.  Syn.  de  Echa- 
lette, Echilon.  \\  C'est  aussi  le  côté  à  claire- 
voie  d'une  charrette.  Syn.  aussi  de  Rancher. 

Et.  —  De  Echelle,  ou  du  pat.  Echalle  ;  ridelle. 
Hist.  «  Mon  petit  mignon,  où  nous  menez-vous  ? 
—  A  l'estable,  dist-il,  de  mes  grands  chevaulx. 
Nous  y  sommes  tantost  ;  montons  seulement  ces 
eschallons.  »  (Rab..  G.,  /,  12.)  —  «  Lequel  cheva- 
lier tenait  en  sa  main,  par  contenance  un  eschillon 
de  charrette.  »  (D.  C.) 

Ëchalot  (Sar.),  s.  m.  —  Noix  échallée. 
X.  —  Noix  dépourvue  de  son  brou.  (Jaub.) 

Ëchamboti  (BL,  Ag.),  adj.  q.  —  Enfant  de 
quatre  ou  cinq  ans,  qui  peut  se  passer  de  sa 
mère.  |  Il  est  ben  venu,  vont'  queniau,  il  est 
tout  échamboti,  —  il  marche  et  est  tout  à  fait 
débrouillé. 

Ëchambotir  (Z.  136,  Q.),  v.  n.  —  Prendre 
de  l'âge,  de  la  force.  ||  By.,  v.  réf.,  id.  ou 
reprendre,  etc. 

Échange  (Mj.),  s.  m.  —  Faire  ein  échange. 
Marier  en  même  temps  le  frère  et  la  sœur 
avec  la  sœur  et  le  frère  d'une  autre  famille. 

Échanger  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Essanger, 
tremper  le  linge  dans  l'eau. 

Et.  —  Barbarisme,  très  usité  parmi  les  blan- 
chisseuses, et  né  de  l'assimilation  avec  essanger, 
le  seul  correct.  Enlever  la  sanie  ;  lat.  sanies. 
Exsaniare.  (Litt.) 

Échantillonnage  (Bg.,  Sgl.),  s.  m.  —  Nom 
donné  à  l'état  de  lieux  dressé  en  jouissance 
d'un  moulin,  soit  moulin  tournant,  virant  et 
travaillant  (.Mén.). 

Et.  —  Echantil,  mot  qui  s'est  dit  autrefois 
pour  étalon  de  mesure  ;  de  E,  Es,  et  un  dimin. 
de  Cant,  coin,  morceau  (Litt.).  —  Altération  de 
Echandillon  (sous  l'influence  de  Chant  -,  chanteau), 
mot  qui  se  rattache  à  la  même  racine  que  le  prov.  ; 


ÉCHAPPE  —  ÉGHAUDÉ 


311 


escandilh,  peson,  jauge,  l'ital.  scandaglio,  sonde, 
etc.,  ç.-à.-d.  au  lat.  scandere  (cf.  scander.). 

Échappe  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  S'emploie  dans 
la  loc.  :  Coup  d'échappé,  —  coup  donné  par 
mégarde,  échappade.  Ainsi  un  enfant,  au  jeu 
de  billes,  laisse  échapper  la  sienne  au  lieu  de 
la  lancer,  il  s'écrie  :  Coup  d'échappé  !  c-à-d. 
Ça  ne  compte  pas,  j'ai  le  droit  de  recommen- 
cer. Il  Mj.  adj.  q.  —  Délivré,  hors  de  danger, 
indemne,  sain  et  sauf. 

Et.  —  Il  y  a  deux  formes  :  échapper,  sortir 
de  la  chappe,  la  cape,  se  mettre  h  découvert,  — 
et  escamper,  sortir  du  champ,  s'en  aller.  —  (Litt.) 

Échappée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Elan  que 
prend  un  enfant  lorsqu'il  échappe  aux  mains 
qui  le  soutiennent  pour  faire  seul  ses  premiers 
pas.  —  C'est  le  mot  fr.  dans  un  sens  spécial. 

Échappement,  s.  m.  —  V.  Echappe. 

Échapper  (Mj  ,  By.),  v.  n.  —  Disparaître 
aux  regards.  Ex.  :  Je  l'ai  aparçu  comme  t  il 
échappait.  \\  V.  a.  Préserver,  conserver.  Ex.  : 
Presque  toutes  mes  laitures  ont  péri;  j'ai  vu 
l'heure  que  je  n'en  échapperais  pas  ieune.  — 
Se  dit  des  poulets,  des  lapins,  des  jeunes 
plantes.  Les  tirer  d'affaire,  réussir  à  les  élever. 
Il  Laisser  échapper.  —  J'ai  échappé  ein  point 
de  ma  brocherie. 

Écharde  (Mj.),  s.  f.  —  Ecaille  de  poisson. 
V.  Echarder.  \\  Lg.  —  Envie,  pellicule  qui  se 
détache  de  la  peau  à  la  base  d'un  ongle.  Syn. 
de  Crait,  Reculons. 

Et.  —  Proprement  :  piquant  de  chardon,  de 
Ex  ou  Es  -)-  carduus  (Litt.).  —  Ane.  fr.  Escharde, 
—  écaille  et  éclat  de  bois  ;  a.  f.  escharder,  fendre 
du  bois  ;  mot  d'orig.  germ.  ;  néerl.  schaard,  ail. 
scharte,  anc.  partie,  du  v.  scheren,  fendre.  Le  mot 
actuel  écharde  est  identique  à  l'a.  f.  escharde  :  le 
sens  de  piquant  de  chardon  a  été  imaginé  pour 
l'expliquer.  «  (Darm.)  —  Nicot  dit  que  c'est  cette 
petite  éclature  en  tronçon  de  festu  qui  s'élève 
quand  on  fent  du  bois.  De  cardus,  dit  pour  car- 
duus... on  a  fait  excardare,  d'où  echarder  et 
écharde.  Les  Angevins  disent  éjarder  et  jarde. 
(Ménage.) 

Echarder  (Mj.),  v.  a.  —  Ecailler,  un  poisson. 
li  Lg.  —  Carder.  Lang.  des  ouvriers  fileurs.  Cf. 
Ecarterie. 

On  dit  :  éjarder,  —  ôter  le  jard,  les  écailles 
d'un  poisson. 

Ëchardeuse  (Lg.),  s.  f.  —  Machine  qui 
arrache  et  fait  ressortir  les  poils  d'un  tissu  de 
coton  ou  de  laine,  de  manière  à  le  rendre  pelu- 
cheux. —  Même  rac.  que  le  franc.  Carde, 
cardère,  chardon. 

Ëchargeau,  s.  m. —  Charge  de  planches  de 
sapin  qui  payait  cinq  sols,  selon  le  tarif  des 
droits  de  Boëte.  (Méx.).  \'.  Boîte. 

Écharigner  (Mj.),  v.  a.  —  Egratigner,  déchi- 
queter avec  les  ongles,  remettre  à  vif  une  plaie 
ancienne  en  enlevant  les  croûtes  qui  se  sont 
formées.  C'est  proprement  mettre  la  chair,  la 
char  au  vif.  —  Syn.  de  Egracigner,  Chacrogncr, 
Ebouziller,  doubl.  de  Echarner.  Cf.  Ecaigner. 
P.  ê  dér.  de  Eschare. 


Écharpigner  (Lg.),  v.  a.  —  Réduire  en 
charpie,  lacérer,  mettre  en  pièces.  -V.  Echar- 
p  Hier. 

Écharpiller  (Ag.,  By.),  v.  a.  —  V.  Echar- 
p  igner. 

Et.  —  E  -j-  charper  -^  charpir  (diviser  le  crin, 
la  laine)  puis,  mettre  en  pièces,  —  lat.  carpire, 
carpere. 

Échaiihouillé  (Segr.,  By.),  part.  pas.  — 
Etre  échaubouillé,  être  en  transpiration,  avoir 
très  chaud.  (Mén.).  ||  By.  Echaubouilli. 

Et.  —  Echauboulure.  Altérât,  de  chaude  bouil- 
lure,  proprement  :  bulle  (cf.  bouillon),  ampoule 
chaude,  ç.-à.-d.  produite  par  la  chaleur.  La  subs- 
titution de  1  simple  à  ill  paraît  due  à  l'influence  de 
boule,  et  l'addit.  de  l'é  initial  h  celle  de  échauder, 
échaudure,  échauffure.  —  Eschaubouillure  (1549. 
Darm.) 

«  De  ton  mouchoir,  piqué  de  gent  ouvrage, 
«  Par  ces  chemins  je  m'alloys  éventant. 
«  Un  feu  plus  vif  de  ce  mouchoir  sortant 
«  Me  chaubouilloit  col  et  sein  et  visage.  » 

(Poés.  de  Jacq.  Tahureatj.  —  L.  G.) 

Échaubouillure  (My.,  By.),  s.  f.  —  Ampoule 
faite  par  l'eau  bouillante.  V.  Echaubouillé. 

Et.  —  Echauboulure.  De  caleo  et  bulla,  on  a  dit  : 
excalbuUare,  d'où  :  échaubouler,  échauboulé  : 
«  qui  cutim  papulis  exasperatam  habet  »,  a  dit 
Nicot.    Les   Angevins   prononcent   -.    échaubouillé. 

(MÉNAGE.) 

Ëchaubourdir  (Tlm.),  v.  a.  —  Tuer  de 
chaleur.  Ex.  :  Queule  chaleur  !  J'en  se  toute 
échaubourdie  !  Se  rapproche  du  fr.  Echau- 
boulure. i|  Mzs.,  Lrm.  Frapper  d'insolation. 

Échaucruer  (Lg.),  v.  a.  —  Havir,  cuire 
rapidement  et  superficiellement.  Syn.  et  d. 
du  mot  Echauquérouer. 

N.  —  Cette  forme  longeronnaise  indique  à  mon 
sens,  l'origine  des  deux  mots  ci-dessus.  Ils  vien- 
draient du  fr.  Chaud  et  Cru. 

Échaudé  ^  (Lg.),  part.  pas.  Desséché  dans 
l'épi  par  la  chaleur  avant  la  maturité.  Se  dit 
du  blé.  Syn.  de  Halni.  \\  By.  —  Echaudoui. 

Échaudé^  (Ag.),  s.  m. —  Sorte  de  gâteau 
sec,  fait  avec  de  la  pâte  non  levée,  du  safran 
et  qqf.  du  beurre.  Je  ne  trouve  pas  cette 
pâtisserie  mentionnée  dans  le  fameux  Noël 
Angevin  :  O  merveille  des  merveilles.  || 
Gâteau  fait  de  blanc  d'œuf  surtout,  dont  il 
est  fait  une  grande  consommation  pour  les 
petits  oiseaux  de  volière,  les  serins  principa- 
lement. 

Et.  —  Ilist.  Ainsi  nommé  de  ce  qu'il  reste  envi- 
ron vingt  minutes  dans  l'eau  (Litt.).  —  Petite 
pâtisserie  légère  faite  de  pâte  échaudée  (passée  à 
l'eau  chaude),  d'oeufs,  de  beurre  et  de  sel  (Darm.). 
—  Escaldati  (panes)  (Ménage).  —  Escaudis.  Et 
leur  escaudis  et  tout  autre  pain  qui  est  tournez 
pour  vendre.  —  Escaudisseur.  Boulanger  nui  cuit 
ces  pains  .  —  Eschaudé.  «  Nus  tameliers  (nul  bou- 
langer) ne  puet  cuire  au  jour  de  la  teste  aux  mors, 
se  ce  ne  sont  eschaudés  à  donner  por  Dieu.  {L'vre 
det  Méfie/ 1,  4.)  —  L.  C.  —  Pain  légèrement  cuit. 
Hescaudel.  1*^20.  —  «  Item,  à  la  Raint-Remy, 
'•2  deniers.  Item  demy  ■lescaudcl.  —  «  Concesse- 
runt  singulis  diebus  unam  michiam.  in  pistrino 
suo,   vel  unum    Escaudelum   in   festis,   item   duas 


312 


ÉCHAUDOUIR   -  ÉCHELLE  DE  MEUNIER 


justas  vini.  »  —  «  I-o  jour  de  la  feste  de  saincte 
rSeneviefve,  qui  est  es  foiries  de  Noël,  si  ont  li 
peagier  de  petit  pont  et  le  Prévost  de  Paris  à 
chascune  feste  12  sesliers  de  vin  et  12  Eschaudez, 
et  2  sols  et  1  2  Eschaudez  petits.  (  D.  C.)  —  «...  Fu- 
BETiÈRE  dit  qu'il  était  fait  en  forme  deHriangle 
ou  de  cœur.  —  Les  échaudés  manceaux  ont  conservé 
cette  forme.  —  Robert  Fstienne  traduit  par  : 
crustulum  bicorne.  —  D.  C.  indique  Cornuyau 
comme  synon.,  sous  Cornuta.  (De  Montessox.)  — 
Gâteau  sec,  sans  levain,  qui  se  fait  en  Vendée,  dans 
la  commune  de  Féaule.  Ce  gâteau  est  l'objet  d'une 
grande  consommation  dans  les  foires  de  la  Vendée 
et  des  Deux-Sèvres.  Qqs  antiquaires  ont  cherché 
a  trouver  dans  la  formf»  circulaire  de  l'échaudé  un 
symbole  de  la  fécondité.  Leurs  dissertations  sont 
plus  ingénieuses  que  vraies.  (Favre.)  —  ...Ce 
gâteau  ne  se  vend  guère  qu'à  Laval  et  on  n'en 
fabrique  que  dans  le  Carême  : 

«  Et    d'Astillé    les    tessiers 

«  De  leur  farine 
«  I>ui  feront  des  échaudés 
«  De  beau  safran  tout  dorés.   » 

{Noël  du  Comté  de  Lai'al.  —  DoTTrN.; 

Ëchaudouir  (s'),  v.  réf.  —  Ce  verbe  s'em- 
ploie quand  le  soleil  rhaufîe  les  noix  de  ma- 
nière à  les  faire  échaler.  (Méx.).  ||  V.  a.  — 
Faire  mûrir  trop  promptement,  brûler  ou 
dessécher  à  moitié  un  fruit,  en  parlant  du 
soleil.  By.).  —  CL  le  fr.  Echauder.  H  Sal. 
Gâter  par  la  chaleur  venant  après  la  pluie. 
Blé  échaudoui.  Mj.  Echauduir. 

Ëchauffaison  (By.),  s.  L  —  Maladie 
inflammatoire,  pleurésie,  Chaud-refroidi.  On 
dit  :  Attraper  une  ëchauffaison.  |j  (Mj.,  By.). 
EchaulTement  du  corps  se  manifestant  par  de 
la  constipation. 

Échaufïardée  (Mj.),  s.  f.  —  Suée,  transpi- 
ration. Ex.  :  J'en  ai  attrapé  d'eine  échauf- 
fardée  à  courre  après  lui  !  Syn.  de  Echaleurée. 

Ëchauffarder  (Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Mettre  en 
sueur,  en  nage.  Ex.  :  Tu  as  couru  :  te  velà  ben 
échauffardé.  —  j|  V.  réf.  S'échauffer.  ||  Fu.  — 
Echauffardé  et  Chaud illon  se  disent  de  celui 
qui  a  bu  un  coup,  qui  est  légèrement  pris  de 
vin.  =  N.  Au  suj.  du  sufl'.  péjor.  arder,  cf.se 
Poussarder.  ||  Syn.  Echaliner. 

Échauffées  (Bri.,  By.),  s.  f.  pi.  —  «  Prendre 
des  échauffées,  se  dit  lorsque  le  sang  monte  à 
la  tête.  »  (MÉN.).  V.  Echauffardée. 

Échauffer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  EchaulTer  les 
oreilles,  la  peau,  la  crasse,  —  agacer,  impa- 
tienter. Il  Echauffer  le  cœur,  —  donner  des 
nausées.  Cf.  Achaler. 

Échaupiard  (Lg.),  adj.  q.  —  Qui  aime  à 
observer,  à  épier,  à  espionner,  qui  se  tient 
aux  écoutes.  Syn.  de  Fouinard.  V.  Echaupier. 

Éehaupier  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  —  Épier,  obser- 
ver avec  une  curiosité  indiscrète,  espionner. 
—  Syn.  de  Rafouiner.  Cf.  Echaupion.  Doubl. 
du  fr.  Epier  et  de  Echaupir,  Espier. 

Echaupion  (Sp.),  s.  m.  —  Espion.  ||  Obser- 
vateur indiscret.  V.  Echaupier.  Doubl.  évi- 
dent du  fr.  Espion. 

Éehaupionner   (Sp.),   Vi   a-   -— ^   Espionna)', 


épier.  Dér.  de  Echaupion  ;  doubl.  de  Espion' 
ner. 

Echaupir"  (Sp.),  v.  a.  —  V.  Echaupier. 

Ëchauquérouer  (Mj.),  v.  a.  —  Havir,  cuire 
seulement  à  la  surface.  Ex.  :  De  la  viande 
échauquérnuée.  Blanchir  mal,  du  linge  ou  du 
fd,  comme  il  arrive  lorsqu'on  chauffe  trop 
fortement  la  lessive,  le  blanchir  une  première 
fois.  —  Dér.  irrég.  de  Chaud,  chauffer.  || 
Faire  rissoler  ;  Syn.  de  Routillonner.  V.  Echau- 
cruer. 

Échausse  (Mj.),  s.  L  —  Echasse.  Syn.  de 
E galoches,   Equér loche. 

Échavoillcr  (Lg.),  v.  a.   —    Effeuiller,   les 

navets,  les  betteraves.  Syn.  de  Effouiller.  Dér. 
de  Chavoil. 

Éché,  Echais  (Segr.),  part.  pas.  —  Etre 
mal  éché,  mal  tombé.  Rac.  Cheoir.  S'emploie 
au  moral.  (Mén.). 

Échelette  •  (Sp.,  Mj.,  Sa.,  Sal.),  s.  f.  —  Son- 
nette. Ex.  :  Le  sacrisse  sonnait  les  échelettes  à 
la  tête  de  la  procession,  —  à  la  Saint-Marc, 
aux  Rogations.  —  Aux  Ponts-de-Cé  :  Echi- 
lettes.  Il  By.  V.  Echilettes,  Achelette. 

Et.  Hist.  —  (LiTT.  et  Darm.  donnent  un  sens 
tout  autre.)  '1  Echelette  et  Echilette.  On  appelle 
ainsi,  en  plusieurs  lieux  de  France,  et  particulière- 
ment sur  la  rivière  de  Loire,  ces  cloches  que  les 
crieurs  portent  aux  enterrements.  De  :  scilletta, 
dimin.  de  scilla,  lequel  se  trouve  en  cette  significa- 
tion en  plusieurs  endroits.  De  l'ail.  :  schell.  Dans  la 
loi  salique  :  «  Si  quis  skellam  de  caballis  furaverit.  » 

—  DuRANDL's  :  De  divlois  ofrciis  :  ...  Il  y  a  trois 
espèces  de  cloches  dont  on  se  sert  dans  l'église. . ., 
sqailla,  cymbalum,  etc.  —  Squilla  pulsatur  in 
triclinio,  id  est,  refectario.  »  —  «  Schellam  caballi  » 
est  interprété  par  :  «  tintinnabulum  quo  utuntur 
equi  onerarii.  »  —  Des  grelos  ont  remplacé  le  plus 
souvent  ces  sonnettes  aux  coliers  des  chevaux. 
(MÉNAGE.)  —  Escalette,  Escheletes  : 

«  Et  li  poitrax  fu  a  or  estelé,  ■ 
«  Tôt  environ  d'escheletes  ovré  : 
«  Quand  li  chevax  a  un  petit  alez, 
«  L'or  retentit  et  a  un  son  geté.  » 

{Agolant.) 

—  Eschiele.  — .  «  Li  abbés  les  mena  en  refroitour 
(réfectoire),  ou  li  premiers  signes  de  Vesrhielle  fut 
sonez.  »  —  Et  encore  :  Eschille.  (L.  C.)  —  D.  C.  dit 
que  l'on  appelle,  en  Anjou:  Eschillettes  de  petites  j 
cloches  que  l'on  peut  tenir  et  porter  à  la  main.  —  j 
Clochettes  à  manche,  portées  aux  processions.  — 
Dans  un  inventaire  du  12  messidor  an  II  : ...  6°  deux 
échelettes.  »  Cité  par  :  abbé  Bretaudeau,  p.  282. 

Échelette  -  (By.),  s.  L  —  Petite  échelle. 
«  Les  enfants,  en  faisant  passer  un  jeune 
oiseau  d'un  de  leurs  doigts  sur  l'autre,  lui 
font  monter  Véchelette.  »  (Méx.).  CL  Ichelette. 

Échelettée  (Sp.),  s.  f.  —  Ribambelle, 
kyrielle,  grande  quantité.  Syn.  de  Bache- 
lettée,  C  ramassée,  Bénédiction,  Flopée.  N.  Le 
même,  sans  dcute,  que  Bachelettée. 

Échelier,  ,s.  m.  —  Echalier. 

Échelle  de  meunier  (Mj.),  s.  f.  —  Echelle  à 
larges  échelons,  qui  est  fixée  à  demeure  et  sert 
à  monter  au  grenier.  Elle  tient  lieu  d'escalier 
dans  beaucoup  de  fermèsi  i|  Byi  »="  Prononai 


^S 


ÉCHELLE  A  POISSONS  —  ÉCLATOIRE 


313 


Echalle.  Sorte  de  civière  sur  laquelle  les 
pêcheurs  poumoyent  (paumoyent)  leur  senne 
après  une  bâclée  et  qu'ils  tirent  à  travers  sur 
les  bords  du  fûtreau,  pour  en  opérer  le  trans- 
port. Serait  mieux  à  Echalle,  tout  court. 

Échelle  à  poissons,  s.  f.  Coursier  d'usine, 
voie  d'eau  passant  entre  deux  rangs  de  pilotis. 
Défense  d'y  pêcher  (Mén.), 

Éclieni mêlée  (Lg.),  s.  f.  —  Couche  bien 
rangée  de  tiges  de  céréales  sur  une  aire  pour 
le  battage.  Syn.  de  Vargée.  Y.  Gaule. 

Et.  —  Je  pense  que  ce  mot  est  pour  Enchemmée, 
et  jele  rattache  à-È'«e/îewme,  parce  que  les  Echem- 
melées  forment  une  sorte  d'assemblage  en  se 
recouvrant  comme  les  rangées  d'ardoises  d'un  toit. 

Échevrote  (Lg.),  s.  f.  —  Muflier  sauvage,  à 
fleurs  rouges,  commun  dans  les  terres  cul- 
tivées. 

Écliiché  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Pauvre,  qui 
vit  chichement.  ||  Etriqué,  en  parlant  d'un 
vêtement.  ||  Z.  124.  —  Maigre,  petit,  qui 
manque  d'ampleur.  Du  fr.  Chiche. 

Et.  —  Cf.  Italien,  cica,  chose  de  rien  :  esp.  chico, 
petit. 

Échiclier  (Sal.).  Donner  peu  et  de  mauvais 
gré. 

Écliigner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Echiner  dans 
ses  divers  sens.  ||  Fig.  v.  réf.  —  Se  fatiguer 
beaucoup,  se  rompre  l'échiné  :  «  A  qu'faire 
z'échigner  le  tempérament?  »  —  Du  fr.  Echine. 

Et.  —  Echigner  est  la  prononc.  popul.  — 
Echine,  celt.  chein  ;  bas-bret.  kein,  qui  ont  pu  faci- 
lement devenir  :  eschein,  sivein.  (Litt.)  —  La  forme 
popul.  echigner  paraît  due  à  une  confusion  avec 
î'anc.  V.  eschigner,  syn.  de  :  rechigner.  (Darm.)  — 
«  Je  ne  veux  pas  que  vous  alliez  vous  faire  échisner 
mal  à  propos  à  la  contrescarpe.  »  (Lettre  de  J. 
Racine  à  Boileau.  —  Eveillé.) 

Échilettes  (Ec,  Lue,  By.,  Po.),  s.  f.  — 
((  Ces  clochettes  sont  au  nombre  de  deux,  que 
l'on  tient,  une  de  chaque  main,  en  les  levant 
alternativement.  Elles  sont  un  peu  grosses  et 
de  timbres  différents.  Le  manche  est  assez 
long.  »  Il  A  Montsoreau,  aux  Rogations,  on 
dit: 

«  Quand  on  entend  les  échilettes, 

«  On  dit  que  les  guignes  verdellent.  « 
(26e  z.)    =    Il  On  ne  dit  pas  :  sonner,  mais 
branler  les  échilettes.  —  ||  On  obtient  un  cer- 
tain rythme  spécial.  —  V.  Echelettes  (Po.), 
Achelelle,  surtout. 

Écliiloii  (Sa.),  s.  m.  —  V.  Echalon. 

Écliirer  (Lg.),  v.  a.  —  Déchirer. 

Échu,  p  (Mj.,  By.),  part,  pas.  —  Lssu,  né. 
Ex.  :  Il  n'a  pas  besoin  de  vouloir  tant  dater 
du  grand,  on  sait  ben  qu'il  n'est  pas  échu 
d'ein  prince. 

Et.  —  C'est  le  fr.  :  échu,  confondu  avec  :  issu,  à 
cause  de  l'a-ssonnance,  sans  doute.  Cf.  Vu. 

Éclater  (Mj.),  v.  a.  —  Détacher  par  éclate- 
ment ou  arrachement,  une  branche,  un  ra- 
meau, uue  bouture.  [|  V.  réf.  —  S'arracher. 
E)L.  :  La  branche  a  éclafé.  Syn.  de  Ecafeter, 
Bctajner,  Elosser,  Eglâsser, 


Et.  —  Ce  V.  paraît  être  le  même  que  le  fr.  Eclater. 
La  Fontaine  a  dit  :  «  Le  premier  qui  les  vit  de  rire 
s'éclata.  »  —  Aujourd'hui,  on  dirait  :  s'esclafTa.  || 
V"  Eclabousser.  —  La  plus  anc.  forme  est  :  escla- 
boter,  qui  paraît  une  transformation  irrégul.  de 
Esclafer,  qui  veut  dire  :  faire  éclater,  et  dont  le 
radie.  Claf  ou  Clif  se  trouve  sans  doute  dans 
Clifoire. 

Éclafeter  (.Mj.),  v.  a.  —  V.  Eclafer. 

Ëclafure  (Mj.),s.  f. —  Eclat,  bouture,  petite 
branche  détachée  par  éclatement  ou  arrache- 
ment. Ex.  :  Aile  a  planté  des  éclafures  d'eil- 
lets.  V.  Eclafer. 

Éclaire-cul  (Lg.,  Jb.),  s.  m.  —  Ver-luisant. 
Et.  —  C'est,  en.  effet,  l'arrière-train  de  l'insecte 
qui  émet  une  lueur  phosphorescente. 

Éclarcir  (By),  v.  a.  —  Pour  éclaircir,  — 
eine  planche  de  carottes  (ou  autre  sBmis);  sar- 
cler (sercler)  et  déraincer  (arracher)  ce  qu'il 
y  en  a  de  trop.  Syn.  et  d.  de  Eclarzir. 

Éclaréiant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Brillant, 
reluisant.  Syn.  de  Eclarescent. 

Éclaréier  (^Ij.),  v.  n.  —  Reluire.  Ex.  :  Tes 
souliers  néclaréient  guère.  —  Dér.  à  forme 
inchoative  de  Eclarer: 

Éclarer  (Mj.),  v.  a.  ||  V.  n.  —  Faire  des 
éclairs.  Ex.  :  Il  éclare  à  faire  peur.  —  Syn 
de  Eparer.  Dér.  de  Clar,  doubl.  du  fr.  Eclairer. 

Hist.  —  «  Le  ciel  tonner  de  hauU,  fouldroyerc 
esclairer,  pleuvoir,  gresler.  »  (Rab.,  P.,  iv,  18,  390.» 

Eclarescent  (Mj.),  adj.  q.  —  Reluisant. 
Syn.  de  Eclaréiant.  —  Fr.  Eclairer. 

Éclarzie  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Eclaircie.  Syn. 
de  Eparée.  \\  Lg.  —  À  V éclarzie,  —  à  la  pointe 
du  jour.  Syn.  de  A  la  déjouquée. 

ÉcIarzir»  (Mj.),  v.  a.  —  Eclaircir,  rendre 
clair.  —  Doubl.  de  Eclaircir,  dér.  de  Clar. 
Pour  la  terminaison,  compar.  avec  Noirzir 

N.  —  L.  C.  donne  un  sens  contraire  :  «  Esclarzir 
(s'),  s'éclipser.  «  Aussitost  comme  l'ame  issi  du 
corps,  li  solail  s'esdarzL  et  la  lune  et  les  esteilles 
perdirent  lur  clarté,  por  sept  jors.  »  [Hist.  de  la 
,'->ainte  Croix.)  —  «  Est  tombé  en  obscurité  aussi 
difficile  à  esclarcir.  »  (J.  du  Bellay,  Déf.  et  III. 
II,  2,  34.)  —  «  Pour  toutes  fois  vostre  double, 
esclarcir.  »  (Rab.,  P.,  ni,  21,  260.)  —  «  Regarde  au 
ciel  quand  il  est  esclarcu-  » 

G.-C.  Bûcher,  xi,  p.  103.) 
«  Qui  pourtraira  sur  blanc   marbre  esclarcy 
«  De  ceste  nymphe  et  tant  belle  déesse 
<i  L'excellent  corps  et  visage  fulcv?  » 

(Id.^  1-i.  p.  104.) 
«  Mais  c'est  affin  qu'elle  soit  esclarcie 
«  Par  ton  sçavoir  des  nuaux  d'ignorance.    » 
(Id.,  Epistre,  76,  p.  283.) 

Éclateries,  s.  f.  pi.  —  Chemin  des  Eclateries, 
près  d'Angers,  donnant  route  des  Ponts-de- 
Cé.  Rempli,  au  moins  originairement,  d'éclats 
de  schiste  provenant  des  carrières  d'ardoises. 

Et.  —  Aha.  skleizân,  rompre  ;  am.  schleissen. 

Éclatoire,  s.  f.  —  Prendre  des  petits  oiseaux 
à  V éclatoire,  dans  une  meule,  dans  un  buisson, 
le  soir,  avec  une  lanterne,  en  recouvrant  le 
tout  avec  un  filet  {MÉ^^),  •=-  Vi  Edottoire, 


314 


ÉCLIPSE  —  ÉCOMOBINE 


Éclipse  (Lg.),  S-  f-  —  Cf.  Esclipe.  \\  adj.  q. 
Eclipsé.  Ex.  :  Le  soleil  est  éclipse.  —  Cf. 
Asme. 

N.  —  Partout  on  dit  :  Le  soleil  a  fait  éclipse,'ou 
esclipe,  pour  :  Il  y  a  eu  une  éclipse  de  soleil.  V, 
Eclipse  de  soleil  au  F.-L.,  m. 

Écilr»  (Mj.),  V.  n. —  Eclater,  se  briser; 
tressauter.  Se  dit  des  muscles  lorsque,  par 
suite  d'un  faux  mouvement,  ils  se  dérangent 
ou  se  déchirent  en  produisant  une  sensation 
de  douleur  vive  et,  pour  ainsi  dire,  fulgu- 
rante. Ex.  :  Ça  m'a  édi  dans  le  bras. 

Et.  —  Ecli.  Terme  de  marine  ;  languette  de  bois 
éclaté.  —  Eclié,  Eclisse.  Aha.  kliozan,  fendre. 
(LiTT.)  —  Ecli,  s.  verb.  de  Eclier,  même  origine 
que  éclisser.  Du  francique  Slitan. 

Éciis  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Eclisse,  écharde, 
éclat  de  bois.  Dér.  de  Eclir,  et  doubl.  du  fr. 
Eclisse. 

N.  —  Breton  :  Asclœden,  p..  Asclœde,  éclat  de 
bois.  —  Hist.  «  Le  tonnerre  n'a  causé  d'autre 
dégât  que  d'avoir  enlevé  quelques  ardoises  et 
emporté  qqs  éclis  de  bois  de  la  porte  d'une  petite 
cour.  »  {Affiches  d'Angers.)  —  178L  Anj.  Histor., 
3«  an.,  148,"3L 

Éclisser  (By).  —  Casser  sans  précaution, 
de  manière  à  produire  des  éclis. 

Éclocher  (Segr.),  v.  a.  —  Ecorcher.  «  Les 
ronces  éclochent  les  doigts.  »  (Mén.).  Ex + 
cortex  ;  Excorticare. 

Éc/opereau  (Equiopereau)  (Sp.),  s.  m.  — 
S'emploie  surtout  au  plur.  Arrête-bœuf,  Ono- 
nis  spinosa.  Syn.  de  Arque-bœuf.  Dér.  du  fr. 
Ecloper.  La  plante  est  armée  de  fortes  épines 
et  qui  s'y  frotte  s'y  pique.  —  V.  Equiopin. 

Et.  —  Es  -)-  anc.  adj.  Clop.  Cf.  Clopin-clopant. 

Éclore,  V.  n.  —  \.  citation  à  Eclouer. 

Éclosé  (SI.),  adj.  q.  —  Champignon  qui 
vient  d'éclore  (Mén.). 

Et.  —  Ex  -(-  cludere  (claudere,  clore),  fermer 
hors  de  (Litt.).  Mieux  :  Dé-fermer. 

Éclosser  (Z.  158,  Ti.),  v.  a.  —  Casser  la  tête, 
au  fig.  —  Ils  nous  éclossent  la  tête.  —  Double 
de  Aclasser. 

Éclottoir  (Chm.),  s.  m.  —  Filet  à  prendre 
les  oiseaux  (comme  l'Iraignée),  de  nuit  ;  on 
éclaire  le  filet.  —  V.  Eclatoire. 

Ëclouer  (Sp.),  v.  n.  —  Eclore.  Dér.  de 
Cloure  ;  doubl.  de  Ecloure.  Cf.  Clouer. 

Hist.  —  «  C'est  pour  faveur  que  les  éléments 
portent  aux  alcyons...  qui  pour  lors  ponent  et 
esclouent  leurs  petits  lez  le  rivage.  »  (Rab.,  P.,  v,  6.) 
—  «  C'estoit  un  pigeon  prins  on  colombier  de 
Gargantua,  escluuant  ses  petits.  »  (hL,  P.,  iv 
3,   360.) 

—   «  A  l'heure  du  plein  minuit 
«  Je  vis  le  soleil  :'-clore 
«  Que  t'en  semble,  Colinet, 

«  Nau,  nau, 
a  Ne  penses-tu  point  à  courre?  » 
(Noels  Ang.,  p.  18.  —  Eclore  rime  avec  courre  et 
devait  se  prononcer  :  écloure.)  V.  le  suivant. 

Écloure  (By.),  v.  n.  —  Eclore.  —  Part, 
pas.  Eclous,  pour  :  éclos.  V.  Eclouer. 


Écobue  s.  f.  —  Espèce  de  pelle  en  fer, 
légèrement  courbe,  servant  à  enlever  le 
gazon  pour  l'écobuage  (Mén.).  —  Employé 
par  K.  Bazin  (Angers  et  l  Anjou,  p.  1). 
Hélas  !  j'ai  vu  la  charrue  coucher  à  terre  les 
derniers  genêts  du  Craonais,  il  y  a  quelques 
années,  dans  un  petit  champ  qui  s'appelle 
VEcobu. . .    )) 

Écôbus  (Mj.,  Sp.),  s.  m.. —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  Champs  écobués. 

N.  —  Il  est  à  noter  que  l'opération  agriculturale 
de  l'écobuage  est  aujourd'hui  totalement  inconnue 
à  Sp.,  aussi  bien  qu'à  Mj.  Mais  elle  a  dû  être  prati- 
quée autrefois,  car,  à  Sp.,  plusieurs  champs  s'ap- 
pellent encore  les  Ecôbus  ;  et,  d'autre  part,  à  Mj., 
c'est  une  loc.  prov.  de  dire  :  Je  fumons  comme  des 
écobus  ;  c.-à-d.,  il  fume  beaucoup  dans  la  maison. 
Cette  expression,  très  usitée,  n'est  pas  comprise  de 
ceux  qui  l'emploient.  —  On  a  écobué,  jadis,  au  Lg. 

—  Syn.  de  Jeannoille,  Taupinenu.  V.  Ecobue. 

Écoché  (Sp.),  s.  m.  — Grain  de  céréale  qui 
est  resté  enchâssé  dans  sa  glume  après  le 
battage.  Syn.  de  Enchapé,  Encoche,  Coché. 

Ëcoeur  i  (Sp.),  s.  m.  —  V.  Ecœurde. 

Écceur  ^  ou  Équeul  (By.).  Voir  ce  dernier. 

—  Toujours  précédés  de  :  tout.  «  Il  a  avalé  ça 
tout  écœur,  ou  équeul,  —  vivement,  sans 
mâcher  ni  goûter.  —  Faute  de  mieux,  je 
soupçonne  :  tout  et  quel  (queul),  —  tel  qu'il 
est?  Il  Syn.  et  d.  de  Eciœil. 

Écœurdant  (Sp.),  adj.  verb.  —  Ecœurant, 
dégoûtant.  Syn.  de  Décœurable. 

Écœurde  (Sp.),  s.  m.  —  S'emploie  dans  la 
loc.   Faire  écœurde,    écœurer.    V.    Ecœurder. 

Éco'urder  (Sp.),  v.  a.  —  Ecœurer.  Le  d 
vient  du  lat.  Cor,  cordis  — -  par  épenthèse. 

Écœuré  (Lg.),  adj.  verb.  —  Très  fatigué  et 
affamé.  —  Nous  sommes  loin  du  sens  fran- 
çais. Et  cependant  on  dit  :  J'ai  une  faim,  que 
j'en  ai  mal  au  cœur  ! 

Écogâiller  (s").  —  (Lg.),  v.  réf. —  Crier,  à 
s'arracher  la  gorge.  Syn.  de  Picrasssr,  s'Epi- 
crasser,  s' Equerzéler,  s,' Ebicaner.   s'Ecopailler. 

Ëcoite  (Li.,),  s.  f.  —  Torchon  de  four.  \'- 
Ecouvillon.  —  On  le  passe  dans  le  four  chaud 
pour  enlever  le  reste  des  cendres  laissées  par 
la  raclette.  Syn.  de  Nippe.  Pour  Ecouette. 

Et.  —  Ecouvette  ;  a.  fr.  Escouve,  balai  (lat. 
scopa),  ecouvillon  de  boulanger.  (Darm.)  —  Esco- 
bat  ;  battu  d'une  escoube,  d'un  balai  de  verges. 
(I  L'an  136'i,  le  pilori  fut  dressé. .  et  ung  homme  y 
f>ist  foété  ou  escobat.  »  Chroniq.  de  Montpellier. 
(L.  C.)  Peut-être,  primitivement,  le  torchon  était-il 
un  balai. 

Écele  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Mettre,  être  aux 
écoles,  mettre,  être  en  pension  dans  un  éta- 
blissement d'enseignement  primaire  supé- 
rieur, secondaire  ou  supérieur. 

Écolleter  (Mj.),  v.  a.  —  Décolleter.  Ex.  : 

Aile  avait  une  robe  toute  écolletée. 


Écuiuobiiie    (Sa.), 
Cf.   Auto/naboule. 


s.    f. 


Automobile. 


ËCOMOTIF  —  ÉCOULETTE 


315 


Écomotif  (Chl.,  Z.  142,  Mj.),  s.  f.  —  Loco- 
motive !!!  —  Cf.  Etanies,  pr  Litanies.  —  On 
consent  parfois  à  dire  Ecomotive.  ||  Cf.  By. 
—  Le  fil  estrî  (c),  pour  :  le  fil  électrique. 

Ëcopailler  (s')  —  (Segr.),  v.  réf.  —  Faire 
beaucoup  de  bruit  en  éternuant,  ou  bien, 
pour  marquer  sa  surprise,  en  grondant.  (Mén.) 
Cf.  s^Ecogâiller. 

Écoper  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Recevoir  un 
horion,  une  réprimande,  une  avarie.  Syn.  de 
Etrenner.  \\  Etre  la  victime,  être  condamné  à 
payer  les  pots  cassés,  —  toute  une  tournée  de 
consommations.  —  Ex.  :  J'ai  écopé  de  quatre 
jours  de  boîte.  Syn.  de  Gober,  Trinquer. 

Et.  —  Vider  avec  l'écope.  Allusion  à  l'ennuyeuse 
corvée  de  canotage  qui  consiste  à  vider  l'eau  d'un 
bateau  au  moyen  d'une  écope. 

Écoperche  (Mj.,  Lg.,  Sa.),  s.  f.  —  Perche 
d'échafaudage,  dans  le  lang.  des  maçons. 

Et.  —  Le  mot  Goberge,  que  donne  Littré  dans 
un  sens  voisin,  doit  être  une  corrupt.  de  celui-ci.  — 
A.  f.  Escot,  bâton,  morceau  de  bois  et  perche.  D.  G. 
Escoparius.  (Litt.)  ||  Pat.  norm.  Etamperche. 
Cette  forme,  qui  est  la  plus  correcte,  nous  fournit  la 
véritable  étymol.  de  ce  mot  :  Stantem  perticam. 
Notre  mot  angevin  n'est  qu'une  corruption  du  mot 
normand  et  le  franc.  Golaerge  une  corruption  du 
nôtre.  (R.  O.) 

Écoquelucher  (Sar.),  v.  a.  —  Ecoquer. 
Est-ce  enlever  la  coque?  J'ai  reçu  le  mot  sur 
une  liste,  sans  explication.  C.  Ebobelucher. 

Ëcorbigner  (s')  —  (Ag.),  v.  réf.  —  S'écor- 
cher,  surtout  le  nez,  en  y  introduisant  le 
doigt.  —  Un  tufîeau  est  écorbigné  si  une  de 
ses  arêtes  est  écornée.  Cf.  Echarigner. 

Écorce  (Mj.),  s.  f.  —  Betterabe-écorce.  Variété 
de  betterave  dont  la  chair  et  le  jus  sont  très 
rouges  et  qui  se  cultive  pour  les  usages  culi- 
naires. 

Ëeorcliard  (Lg.),  s.  m.  —  Equarisseur.  Syn. 
de  Zeguin,  Zien. 

Écorclie-cul  (Sp.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
les  locutions  :  Traîner  à  Vécorche-cul,  tr.  de 
manière  que  le  derrière  frotte  à  terre.  Tirer 
à  V écorche-cul,  chercher  à  échapper,  à  s'ar- 
racher de  l'étreinte  d'un  adversaire. 

Hist.  —  «  Ainsi  estoit  traisné  à  écorche-cul  par  la 
poultre  (jument),  tous  jours  multipliante  ses 
ruades  contre  luy.  »  (Rab.,  P.,  iv,  13,  380.)  —  «  Il 
le  jeta  en  arrière  à  jambes  rebindaines,  et  vous  le 
traînoit  ainsi  à  Vescorche-cul  plus  d'un  traict  d'arc.  » 
(/c/.,  ibid.,n,  29,  190.) 

Écorner  (Mj.),  v.  a.  —  Fig.  Blesser  de  qq. 
manière.  Syn.  de  Ehamper.  Ex.  :  En  velà 
ieun  d'écorné.  \\  Ecloper,  infliger  un  horion, 
en  général. 

Ëcornifier,  Écornifler  (Ag.,  Z.  137.  By., 
Mj.),  V.  a.  et  n.  —  Regarder  ou  écouter  avec 
une  curiosité  indiscrète  et  gênante,  espionner, 
reluquer,  moucharder.  Du  fr.  Ecornifler,  dans 
un  autre  sens.  Syn.  de  Bicler,  Bignoler,  Echau- 
pionner,  Echaupir,  Echaupier. 

Et.  —  Au  sens  franc.  Ecornifler  est  une  dériv- 
irrég.  et  plaisante  de  Ecorner.  Ecorner  son  bien. 


c'est,  en  qq.  sorte,  en  prendre  une  corne,  un  coin. 
D'où  Ecorner  le  bien  des  autres,  se  faire  donner  çà 
et  là  de  l'argent,  un  dîner.  Par  extension.  (Litt.) 

Ëcornifleur  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Celui  qui 
écornifle.  Syn.  de  Chandelle,  Echaupion. 

Ëcorvailler  (Reçu  ce  mot  sur  une  liste, 
sans  explication.  Angers.) 

Ëcot  (Mj.,  Lg.,  Sar.,  By.),  s.  m.  —  Frag- 
ment d'un  tuyau  de  plume  qui  reste  adhérent 
à  la  peau  de  l'oiseau  plumé.  —  ||  Petite  plume 
dont  la  penne  n'est  pas  encore  développée, 
chez  les  jeunes  oiseaux.  ||  Par  analogie,  le 
chaume  ou  le  pied  de  l'herbe  qui  reste  après 
la  moisson  ou  la  fauchaison.  Dans  ce  sens,  le 
mot  ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Avoir  eine 
récolte,  céréale  ou  foin,  sus  Vécot,  c.-à-d. 
éparpillée  dans  le  champ  où  on  l'a  coiipée  et 
exposée  à  la  pluie.  Syn.  de  Eteule,  Etouble.  || 
Lue.  Ecot,  de  blé.  Champ  moissonné  dont  les 
gerbes  et  le  chaume  ont  élé  enlevés.  i|  Pied 
de  genêt  privé  de  ses  branches.  (Mén  ).  — 
Il  Ec.  —  Ecots.  Voir  Piron.  \\\\  Ranger  les 
écots  ;  opération  qui  consiste  à  enlever  le 
talon  d'une  masse  de  schiste  à  peu  près  régu- 
lière et  qui  empêcherait  l'abatage  de  la  pièce 
suivante,  si  on  ne  l'enlevait.  (Méx.). 

Et.  —  AU.  schiessen,  pousser  des  rejetons.  (Litt.) 
—  Aba.,  skot.  ;  am.  schoss,  pousse,  rejeton. 

Ëcoter  (Segr.),  v.  n.  —  Enlever  la  racine 
des  genêts  coupés  (Mén.).  Syn.  de  Glouer. 

Écouailles  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Laine  du  ventre 
du  mouton. 

Ëeoubelle,  s.  f.  —  Ecoubette  jaune.  Vul- 
gaire Chondrilla  juncea.  (Mén.). 

Éeouette  (Sar.),  s,  f.  —  Chiffon  mouillé 
avec  lequel  on  nettoie  le  four.  —  Cf.  Ecoiivil- 
lon,  Ecoite,  Ecoulette.  Syn.  de  Nippe. 

Et.  —  Ecouvette.  De  l'a.  fr.  Escoube,  balai.  Lat. 
Scopa.  (Litt.) 

—    "  Et  le  deust-on  vif  brusler 

«  Comme  un  chevaucheur  à'escouveUe.  » 
(Villon.  —  Comme  un  sorcier  qui  chevauche  un 
balai.)  —  Il  y  a,  à  Paris,  une  rue  qui  s'appeile  la  rue 
des  Ecoufes  ;  on  y  vendait  sans  doute  des  balays.  » 
(MÉNAGK.)  —  Escoube.  «  Une  grant  escoube,  ou 
balay,  dont  l'en  nettoyé  le  blé  batu  en  Tarée.  » 
Les  marins  disent  encore  :  écoupe.  —  Escouvette. 
Excudia  (1252.  —  L.  C).  Crins  d'une  queue  de 
cheval  attachés  à  un  manche,  dont  on  se  sert  pour 
émoucher  les  chevaux  pendant  qu'on  les  ferre. 
(Jaub.) 

Ëcouetter  (Sar.),  v.  a.  —  Nettoyer  le  four 
avec  l'écouette.  Syn.  de  Nipper. 

Écouflant  —  .T'ai  entendu  expliquer  ce  mot  par  : 
La  roche  (jui  pleure.  Non.  C'est  la  traduction  de 
Confluentem,  confluent.  Ce  bourg  se  trouve  au 
confluent  de  la  Sarthe  et  de  la  .Maine.  Villa  Conflen- 
tis  (396-1010),  Capellania  d'Escoflain  (1190),  et 
Cl.  Port,  ij  By.  —  S'écrit  Ecouflant  ;  s'écri- 
vait Ecouflans,  Confluentem  (vicus  ou  pagus).  Le 
village  de  j)ècheurs,  dépendant  autrefois  de  Can- 
tenay,  était  bâti  entre  les  confluents  du  Loir  et  de 
la  Sarthe,  de  la  Sarthe  et  de  la  Maine  (appelée 
aujourd'hui  ^layenne). 

Ecoulette,  s.  f.  —  Petit  balai.  (Mén.).  Voir 
Ecoite,  Eeouette,  etc. 


316 


ÉCOULORGNER  —  ÉCRASABLEMEXT 


Ëcoulorgner,  v.  n.  Ménage  dit  :  Mot  ange- 
vin qui  signifie  :  tomber  en  glissant.  Ecolorger 
traduit  Elabi,  dans  le  Diction,  lat.-fr.  du 
P.  Labbé. 

Ëcouronner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Couronner 
un  cheval.  i|  Couper  la  tête  de,  émonder  pour 
la  première  fois,  un  arbre,  écimer. 

Ëcourre  (Lg.),  v.  a.  —  Laisser  écouler  l'eau 
de,  —  un  étang.  Dér.  de  Courre. 

Ëcoursoire  (Mj.),  s.  f.  —  Corde  qui  retient 
la  peautre  d'un  fûtreau  et  l'empêche  de  glisser 
en  arrière  suivant  son  axe.  Dans  les  bateaux 
de  mariniers,  Vécoursoire  était  une  forte 
chaîne.  —  Dér.  du  fr.  Course,  parce  que  l'é- 
coursoire  limite  la  course  de  la  peautre.  || 
By.  —  Sur  les  rivières,  le  fûtreau  n'a  pas  de 
peautre,  il  se  guide  au  gourneau  (gournâs). 

Ëcourté,  ée  (Li.,  By.),  part.  pas.  —  Trop 
court.  Des  robes  écourtées,  trop  courtes.  Sens 
un  peu  différent  du  français. 

Écourues  (Mj.),  s.  f.  —  Temps  pendant 
lequel  on  met  à  sec  une  portion  de  canal.  || 
Etat  de  la  rivière  lorsqu'on  ouvre  les  portes  des 
barrages  et  qu'on  laisse  courir  les  eaux. 

Et.  —  Dér.  de  Ecourre.  —  Hist.  (Ch.  Bourdigxé, 
P.  Faifeu,  Epitre.  —  A  la  suite  d'une  famine.)  — 
«  Mesgresse  faict  ainsi  ses  escouruës.  » 

N.  —  By.  Action  d'ouvrir  le«  portes  marinières, 
pertuis,  écluses  sur  les  rivières,  au  mois  d'août,  pour 
laisser  courir,  couler  l'eau  et  amener  une  baisse 
aussi  grande  que  possible,  afin  que  l'administration 
des  Ponts  et  Chaussées  puisse  faire  les  travaux 
utiles  et  les  réparations  des  divers  ouvrages  intéres- 
sant ces  rivières.  —  Ecouriie,  —  Cliômage  des 
rivières  et  canaux.  —  Ce  mot,  adopté  par  les  Ponts 
et  Chaussées  et  qui  figure  dans  les  Affiches  offi- 
cielles de  notre  région,  ne  se  trouve  pas  au  Diction- 
naire général.  On  l'emploie  surtout  au  pluriel.  — 
Hist.  Voici  maintenant  le  tableau  des  heures 
d'ouverture  des  portes  marinières  ou  pertuis  situés 
dans  le  département  pour  servir  à  l'exécution  de 
Vécourue  générale  prescrite  par  le  précédent 
arrêté.  (Ang.  de  Paris,  16  juin  1907,  2,  6.) 

Écouter  (s')  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Veiller  de 
très  près  sur  sa  santé,  avoir  qq.  maladie  ima- 
ginaire ;  être  un  peu  pichelin. 

Et.  —  Lat.  Auscultare.  P.-ê.  formé  de  .4ms,  an- 
cienne forme,  oreille,  et  cultare,  ou  clutare,  fré- 
quentât, de  Cluere,  entendre,  —  entendre  par 
l'oreille. 

Ëcoufes  (Li.,  Br.,  By.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  —  Quand  on  n'a  rien  à  donner  à 
manger  à  des  hôtes  de  passage,  on  leur  sert 
des  Ecoutes.  On  n'a  rien  ;  alors  on  écoute. . . 
ce  qui  va  venir  ou  tomber  des  nues. 

Ëcoute  s'i  pleut  (Ag.),  s.  m.  —  Niaiseries, 
mauvaises  explications.  «  Tout  ça,  c'est  des 
Ecoute  s'i  pleut  !  » 

Ëcouteux  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ecouteur. 

Ëeouvilion  (Ag.),  s.  m.  —  Un  homme  très 
grand  et  très  maigre.  «  Queu  grand  écouvillon. 
—  Cela  fait  image.  U écouvillon  est  le  paquet 
de  guenilles,  longuement  emmanché,  dont  on 
fourgonne  le  four;  ^-  V.  Ecouelie.  Cf.  Manche 
à  balai  i 


Hist.  —  «  Sec  et  noir  comme  escouvillon.  » 
(Villon.  Petit  Testament.) 

Ëcraboui  (Ch.),  adj.  q.  —  Ecrasé.  —  Un 
objet  écraboui  conserve  encore  sa  forme  ;  un 
objet  écrasé  n'est  plus  reconnaissable?  —  V. 
Ecabouir. 

Écrabouiller  (Li.,  Br.,  Ch.,  Sal.),  v.  a.  — 
Ecraser  complètement,  mettre  en  bouillie,  en 
marmelade.  Dér.  irr.  de  Ecraser.  — A  Auverse 
Ecramouir,  Ecrabouir  (r  fin.  muet).  V.  Eca- 
bouir. Franc.   Ecarbouiller. 

Et.  —  On  pourrait  y  voir  un  composé  de  Ecra- 
ser et  de  Bouillie.  —  Orain  dit  que  c'est  écraser  de 
telle  façon  qu'il  y  ait  un  jet  de  sang  ou  de  matière 
qcque.  Ecraser  un  limaçon  avec  le  pied,  c'est 
l' écrabouiller. 

Hist.  —  «  Ny  plus  ni  moins  que  font  ceux  qui 
sont  mordus  de  fescorpion  :  le  plus  souverain 
remède  qu'ils  ont,  c'est  de  le  prendre,  tuer  ou  de 
Vescarbouiller  et  l'appliquer  sur  la  morsure  ou 
playe  qu'il  a  faite.  »  (Brantôme,  Dam.  gai., 
D,  I,  p.  47,  1.  30.)  —  D.  C.  Esboellare,  Esboeler, 
Esboueler  : 

—   «  Si  tu  la  porte  ne  nous  ouvres, 

«  T'esbouelerai   comme    un    chien.     > 
Escrabouiller.     La    bouele,    c'est    le    ventre,    les 
boyaux.  V.  Ebouéler. 

Ecrabouir  (Auv.),  v.  a.  —  Ecraser.  V. 
Ecramouir,    Ecabouir,    Ecraboutir,   Epoutelir. 

Ëcrabousiller  (Sal.),  v.  a.  —  Ecraser  en 
projetant  de  côté  et  d'autre  les  débris  d'une 
chose  molle.  V.  Ecabouir,  Ecrasiller. 

Ecraboutir  (r  fin.  muet).  —  (Mj.),  v.  a.  — 

Ecraser.  Dér.  irr.  de  ce  mot.  V.  Ecrabouir. 

Ëcrailler  (s')  —  (Sar.),  v.  réf.  —  Criailler, 

s'écrier,  s'égosiller.  V.  s' Ecogâiller. 

Ëcralt  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Partie  dont  un 

terrain  s'est  agrandi  par  des  apports  d'allu- 
vions.  Dér.  de  Ècraitre.  ||  Lais,  atterrissements. 
Cf.  Le  Craissement,  nom  de  lieu. 

Et.  —  Croître  avait  une  seconde  forme  :  craître. 

Ëcraître  (Mj.),  v.  a.  —  Agrandir,  accroître, 
augmenter.  Corr.  de  Accraître,  pour  Accroître 
du  lat.  Accrescere.  V.  Craitre.  ||  By.  Accraître. 

Ëcraïuaillé  (Li.),  adj.  q.  —  Ecorché.  Ex.  : 
T'as  la  goule  toute  écramaillée.  Même  rac.  q. 
dans  Ecraboui?  etc.  Cf.  Dérammaillé. 

Ecramouir  (Mj.),  v.  a.  —  Ecraser.  ||  Fig. 
Pet  écramoui,  —  vesse,  pet  silencieux,  Syn. 
de  Ouesse,  Vessie.  Corr.  de  Ecrabouir,  qui  se 
rattache  à  Ecraboutir  Syn.  de  Epoutelir, 
Avâcrer,  Ecamouir,  Ecabouir,  Ecrapoutir, 
Ecrémouir,  Ëcrabousiller,   Acrâser. 

N.  —  Faudrait-il  voir,  dans  qqs-uns  de  ces 
vocables,  l'adj.  moût 

Ecrapoutir  (Lg.),  v.  a.  —  Ecraser.  Syn. 
et  d.  de  Ecraboutir,  V.  Ecramouir.  ||  Lrm. — 
Ecrapoutchir,  id,  aplatir.  V.  Ecabouir,  etc. 

Ëcrasable   (Lg.),    adj.   q.   —  Abominable. 
Ex.  :  Il  a  eine  cuite  écrasable.  Cf.  Escrasable. 
N.  Bl.  est  souvent  mouillé. 
Ëcrasablenient  (Lg.),  adv.  — ^  Prodigieuse- 


ÉCRASER  —  EFFANT 


317 


ment.  Ex.  :  Les  poiriers  sont  préparés  écra- 
sablement  cette  année.  Cf.  Escrasable. 

Écraser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Rayer.  Ex.  :  Il 
a  tout  écrasé  la  table  avec  son  ongle.  —  N.  Le 
sens  patois  est  sans  doute  la  signification 
primitive  du  fr.  Ecraser.  Ce  mot  semble, 
en  effet,  dérivé  du  lat.  E  +  Cratère? 

Et.  —  Ane.  scand.  Krassa,  broyer,  briser. 

Écrasiller  (Sal.).  —  V.  Ecrabousiller,  etc. 

Écréiances  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  Syn.  de  Quériances.  Ce  mot  me  paraît 
être  employé  pour  Ecribiances,  ou  Ecri- 
blances  (bl  mouillés),  dér.  du  fr.  Cribler.  — 
Il  Th.  —  Ecuériances.  Le  déchet  du  moulin. 
Syn.  de  Créiances,  Gratelles. 

Et.  —  Crible  ;  lat.  Cribrum. 

Écréiiioiiir  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Ecraniouir. 

Écrêner  (Lg.),  v.  a.  —  Décheveler.  Syn. 
de  Débouéler,  Ecrigner,  Ecriner. 

Et.  —  Doubl.  de  Ecriner,  dér.  du  lat.  Crinem. 
Le  pat.  norm.  a  Décringneu,  mal  coifTé. 

Écreviche  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ecrevisse. 
Syn.  et  d.  de  Equerviche. 

Écrier  (s')  —  (Sp.),  v.  réf.  —  Se  publier, 
se  répandre,  —  en  parlant  d'un  bruit.  Ex.  : 
Ça  s'est  écrié  qu'il  allait  être  saisi. 

Ecrigner  (Sal.,  By.),  v.  a.  —  Echeveler. 
Syn.  et  d.  de  Ecriner,  Ecrêner.  —  Crin,  cri- 
nière. 

Ecriner  (Mj.),  v.  a.  —  Décheveler.  Syn.  et 
d.  de  Ecrêner. 


—  Lîn  écrit,  —  un 
l|  Ein  mot  d'écrit, 


Écrit  (Mj.,  By.),  s.  m. 
papier,    une   assignation, 
qqs  mots.   Ex.  :    A  nous  a  envoyé  ein    mot 
d'écrit  avant-z-hiar. 

Écriteur  (Lx.,  Zig.  154),  s.  m.  —  Ecrivain, 
comptable,  bureaucrate,  plumitif. 

Écriture  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ecritui'e  de 
plume,  de  main,  —  texte  manuscrit.  Ex.  : 
Je  sais  point  de  lire  V écriture  de  plume. 

Écrot  (Lg.),  s.  m.  —  Plume  qui  n'est  pas 
encore  développée.  Syn.  et  d.  de  Ecot.  N.  Le 
mot  a  vieilli. 

Écrues  (Ec,  By.),  s.  f.  —  V.  Apetissures. 

ECU  (Lue,  Mj.,  By.),  s.  m.  —  On  compte 
encore  souvent  par  écus  de  3  francs.  ||  De- 
mander mille  écus,  —  d.  mille  excuses.  Jeu 
de  mots  qui  fait  toujours  rire.  ||  Compter  les 
écus,  pour  les  enfants,  exprime  le  mouve- 
ment de  tête  du  hanneton  qui  se  dispose  à 
s'envolei',  et,  plus  particulièi'ement  la  dilata- 
tion des  antennes.  (Mén.). 

Et.  —  Lat.  Scutum  ;  grec  skutoç,  peau  et  bou- 
clier ;  radie,  sanscr.  sku,  couvrir.  Le  bouclier  pri- 
mitif était  en  bois  couvert  de  cuir.  —  La  monnaie, 
ainsi  nommée  parce  que,  sur  une  des  faces,  elle 
portait,  comme  un  écu  de  blason,  trois  (leurs  de  lis. 
—  N.  Ecuyer,  en  vient,  celui  qui  porte  Vécu  du 
chevalier  ;  mais  non  Equitation,  de  equus,  che- 
val. —  Confusion  fréquente. 

Ëcueil,    lie    (Mj.),    adj.    q.    —    Apparent, 


visible,  qui  surnage.  Ex.  :  C'est  de  la  graisse 
toute  écueille. 

Et.  —  Y  aurait-il  qq.  rapport  avec  le  fr.  Ecueil, 
s.  m.?  C'est  peu  probable.  —  Il  y  a  bien,  outre  le 
sens  de  :  rocher,  scopulus,  celui  de  :  rassembler, 
excolligere,  vx  fr.  escueil.  —  Serait-ce  le  lat. 
Oculusv  On  dit  que  la  graisse,  le  beurre  font  des 
yeux  sur  le  bouillon. 

Écuit'  (Mj.),  s.  m.  — Etui.  Corr.  du  mot  fr. 
Cf.  Tuile,  Tuyau. 

Et.  —  La  plus  vraisemblable  est  celle  de  Darm. 
Estui,  s.  verb.  de  l'a.  v.  Estuièr,  renfermer.  Orig. 
inconnue.  —  Nie  celle  de  Litt.  Mha,  Stûche 
(d'après  DiEz),  sorte  de  gaîne  ;  am.  Stauchen, 
entonner. 

Écullée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ecuellée. 

Et.  —  Lat.  scutella,  dimin.  de  scuta.  —  Hist. 
«  Plus  de  Fabius,  préteur  romain,  lequel  mourut 
sufToqué  d'un  poil  de  chèvre,  mangeant  une 
esculée  de  laict.  »  (Rab.,  P.,  iv,  17.)  — •  «  On  devait 
autrefois,  trois  écullées  de  farine  sur  trois  boisseaux 
de  méteil,  droit  de  mouturage  ;  ces  trois  écullées 
pesaient  6  livres  3  quarterons.  »  (Mén.) 

ÉcurieuK  (Lue),  s.  m.  —  Ecureuil. 

Et.  —  Vx  fr.  escurel,  escuriaus,  —  escurieu 
(xvi®  s.)  B.  L.  squiriolus,  scuriolus  ;  lat.  sciurus  ; 
grec  skiouroç;  de  skia,  ombre,  et  oura,  queue,  — 
l'animal  qui  se  fait  de  l'ombre  avec  sa  queue. 
(LiTT.)  Syn.  de  Ecuroil,  Chat-écureuil,  Fouquet. 

Écuroil  (Ecuro-ïl)  —  (Lg.),  s.  m.  —  Ecu- 
reuil. Syn.  de  Chat-écureuil,  Chat  de  percJie, 
Ecurieux,  Fouquet.  —  N.  Dans  la  dern.  syll. 
l'o  conserve  son  son  naturel. 

ÉcHsser  v.  a.  —  Fendre  en  deux. 

Et.  —  Ecuisser,  faire  éclater  le  tronc  d'un  arbre 
en   l'abattant.  E,  es  —  cuisse;  couper  les  cuisses. 

Hist.  —   «  Laidement  (il)  t'a  ton  chapel  trait  ; 
«  Par  poi  qu'il  ne  t'a  escuissié.  » 
(Par   poi   que    =    peu   s'en   faut   que.   —  Renart, 
V.    10431.)    (Litt.)   —   Ce   sens   ne   paraît   qu'au 
xvF  s.,  par  confusion,  sans  doute,  avec  :  éclisser. 
(Darm.) 

É(l.âler  (Mj.),  v.  a.  —  Disjoindre  les  douves 
ou  douelles  d'un  fîit,  en  parlant  de  la  séche- 
resse. —  Probablement  pour  Edoueller  du 
fr.  Douelle. 

Éfenâillée  (Mj.),  s.  f. —  Eparpillement  de 
foin  (lat.  fenum).  V.  Efenailler.  —  Mieux  par 
deux  ff,  ainsi  que  le  suivant. 

ÉfenâilIer  (Cho.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Epar- 
piller du  foin  ;  répandre  ou  disséminer  des 
graines,  des  objets  légers,  foin,  paille,  menues 
branches,  linge,  papiers.  Syn.  de  Epirâiller, 
Egâpler. 

Éfestoui  (Br.,  Mb.  Sar.,  Do.),  adj.  q.  — 
Gai,  en  fête.  «  Les  petites  sont  ben  efestouies.  » 
—  Ecesloui.  Il  By.  Evoestoui.  V.  Effestoui.  Cf. 
Révestoui. 

Et.  Hist.  —  «  Enfesté,  qui  aime  les  fêtes.  » 
—   «  Mais  soit  toujours  près  de  ma  coste, 
«  Sinon  pour  aller  au  moustier 
«  Quant  au  jour  qu'il  sera  mestier 
«  Et  qui  ne  soit  pas  enfestée 
«  Ne  de  saillir  à  la  volée.  » 

(E.  Deschamps.  —  L.  C.  ) 

Effant,  s.  m.  —  Enfant. 


âi8 


EFFARER  -  EFFOEL 


Et.  Hist.  —  Bourg.,  éfan  ;  pic,  efîant  ;  prov. 
effan  ;  du  lat.  in-fantem,  celui  qui  ne  parle  pas. 
(LiTT.)  —  «  Un  vers  (verrat)  ochist  (occit,  tua)  un 
effant. . .  en  le  rue  S.  Gille,  jiour  lequel  fait  et  par 
grant  délibération  de  conseil,  on  trayna  et  pendi 
ledit  vers,  et  fu  pendus  par  les  pies  et  en  sonna  on 
les  trois  cloches  la  vegille  S.  Vinchent  el  mois  de 
janvier  l'an  1323.  »  (L.  C.  —  N.  E.) 

«  Corné  l'z  éfants  d'  Laval, 

«  Qui    c'mençant    ben    et    fin'ssant    mal.     » 

(DOTTIN.) 

Effarer  (Lg.,)  v.  a.  —  Découvrir,  —  le 
temps  ;  dissiper  les  nuages.  Syn.  de  Eparer, 
Eviâiller,  Ebobelucher. 

Effarouché,  ée  (Mj.),  part.  pas.  —  Fig. 
Evaporé,  évaltonné,  qui  a  des  manières  un 
peu  extravagantes,  en  parlant  d'une  jeune 
fille.  Il  S.  f.  Equipée.  Syn.  de  Ecalmouchée. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Effaroucher,  par  confus,  avec  le 
fr.  Echauffourée.  Il  y  a  eu  métathèse  syllabique 
comme  dans  Ebaupin,  Maupoyer,  etc.  Syn.  de 
Esgarade.  —  Farouche.  Lat.  pop.  *  feroticum,  de 
ferocem,  devenu  feroche,  ferouche,  farouche.  Cf. 
silvaticum,  sauvage.  (Darm. ) 

Effenailler  (Sal.),  v.  a.  —  Jeter,  disperser, 
— ^du  foin.  —  Lat.  fenum.  Voir  par  un  f. 

Effeniller  (Z.  124,  By.),  v.  a.  —  Eparpiller. 
V.  Efenailler.  —  Les  deux  ff  sont  préférables, 
mais  la  prononciat.  n'en  indique  qu'un.  || 
Sar.,  Do.  —  Lacérer,  déchirer,  mettre  en 
feuilles.  V.  Effeuiller. 

N.  —  «  Effeniller  de  la  paille  humide  pour  la  faire 
sécher,  c'est  l'écarter  en  la  secouant  comme  du 
foin,  la  rejeter  hors  du  fenil.  —  Lat.  fenum.  (Jaub.1 

Efferdiller  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Transir  de 
froid.  Syn.  de  Afferdurer,  Afferdeiller.  — 
Efîerdillé,  —  adj.  verb.  —  Frileux,  transi  de 
froid.  Syn.  de  Ferdeilloux,  Efferduré.  \\  By. 
Pron.  Efïoerdiller. 

Efferduré,  ée  (Lg.,  Jum.),  adj.  q.  —  Qui 
craint  le  froid.  «  AU'  est  ben  efferdurée.  » 

Et.  —  Lat.  frigidus,  de  frigus  ;  ail.  frieren,  froi- 
dure ;  vx  fr.  fridore  ;  ital.  freddura.  —  Il  faut  deux 
f,  quoique  un  seul  se  fasse  sentir.  H  By.  —  Efîoir- 
duré,  pour  Eiïroiduré.  V.  Efferdiller. 

Ëffestoui  (Sar.).  — V.  Efestoui,  Evesloui.  \\ 
By.  Evestoui,  évoestoui.  ||  Mj.  Révestoui. 

Effet  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Occasion,  cause. 
Ex.  :  C'est  la  boisson  qui  a  été  Veffet  de  son 
malheur.  ||  D'effet,  comme  d'effet,  —  en  effet, 
efîectivement.  ||  Faire  effet,  —  produire 
de  l'effet.  ||  Faire  de  Veffet,  —  frapper, 
impressionner.  ||  En  effet  de,  —  en  fait  de. 
Ex.  :  Ce  que  j'eume  le  mieux,  en  effet  de  frui- 
tages,  c'est  des  guermoiselles.  ||  Si  c'était  ein 
effet  de  voûte  bonté,  de  voûte  complaisance, 
—  si  vous  étiez  assez  bon,  assez  complaisant. 
Formule  de  politesse  rustique  des  plus 
usuelles. 

Effieller  (Ag.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Crever  la 
vésicule  biliaire  de.  Ex.  :  Tu  vas  effondrer  ces 
poissons-là,  et  pis  tâche  de  ne  pas  les  effieller. 
Il  Au  fig.  Effieller  une  bouteille  de  vin,  —  la 
boire.  Cf.  Effioler.  —  Effieller  des  huîtres,  — les 
manger  el  laisser  les  coquilles.  ||  By .  —  «  Tu  vas 


habiller  ces  poissons-là,  éjarde-les  ben,  les 
ébousille  pas  trop  et  surtout  prends  garde  de  ne 
pas  les  effieller.  —  Sa' vous  ce  que  c'est  que  d'e/- 
fieller  des  huîtres?  —  Sont-elles  bonnes,  les 
huîtres?  —  Oh  !  j'en  se  ben  sûr,  je  les  ai 
touVeffiellées.  —  Sont-elles  bonnes,  ces  allu- 
mettes-là? Tu  sais  que  les  darnières  ne 
valaient  ren.  —  Oh  !  c'te  fois,  y  a  ren  à 
craindre,  je  les  ai  tout  effiellées  (essayées). 

Effil  (Ghal.),  s.  m.  —  Bois  scié  en  long. 

N.  Mot  désuet.  Je  le  retrouve  dans  l'inventaire 
de  Brodeau,  1745.  (V.  Charlit.)  «  Item,  six  planche.? 
ou  effil  de  léard. . .  »  Et,  ailleurs  :  «  Item,  dix-sept 
morceaux  de  cerizier  syé  tant  en  eff^l  qu'en  carré.  » 
C'est  :  dans  le  sens  du  fil.  (R.  O.) 

Effilasser  (Mj.),  v.  a.  —  Effilocher,  effîlo- 
quer. 

Et.  —  Ef,  pour  :  es,  et  fil,  filasse. 

Effiler  (Sa.),  v.  a.  —  Rompre  la  colonne 
vertébrale  à  une  vache.  Ex.  :  Ils  ont  effUlé 
leux  vache  quand  aile  a  vêlé.  V.  Equasiller. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Effiler,  de  fil,  parce  qu'il  y  a 
rupture  de  la  moelle  épinière.  —  Effiler,  2«  sens, 
Enerver,  fatiguer.  Es  -\-  fil,  dans  le  sens  :  de 
tranchant  ;  comme  on  ne  donne  le  fil  qu'en  limant, 
diminuant,  effiler  a  pris  le  sens  de  :  user,  fatiguer. 
(LiTT.)  —  Affaiblir  en  donnant  moins  de  corps.  Cf. 
Exténuer.  Epuiser  de  fatigue,  les  chiens,  en  les  fai- 
sant courir  trop  jeunes.  V.  Fil  (des  reins). 

Effioler  (Ag.),  v.  a.  —  Vider  une  fiole.  Cf. 

Effieller. 

Efflandri  (Seg.),  s.  m.  —  Personne  de  haute 
taille  et  sans  tournure  ;  syn.  de  :  grand  flan- 
drin,  fluet,  élancé.  Syn.  de  Flamand. 

Et.  —  Flandrin,  —  de  Flandre.  Sobriquet  péjo- 
ratif donné  aux  gens  grands  et  fluets,  à  cause  de  la 
haute  taille  qui  est  ordinaire  chez  les  Flamands. 

Effleurer  (Mj.),  v.  a.  —  Ecrémer.  C'est  là 
une  image  très  jolie  et  très  juste  ;  la  crème  est 
la  fleur  du  lait.  Au  Lg.,  à  Tlm.,  elle  en  est  la 
lie.  V.  Lie-de-lait. 

Effleuroir  (pr.  effleuroué)  —  (Mj.),  s.  m.  — 
Vase  dans  lequel  on  conserve  la  crème.  V. 
Effleurer. 

Effluanté,  adj.  q.  —  Agité. 

Et.  —  Effluent.  Terme  de  physique  :  fluant  hors, 
lat.  Effluens.  —  Ce  serait  bien  savant  pour  nos 
paysans.  Voir  Effuanter. 

Elïoel  (Segr.),  s.  m.  —  L"accroît  du  bétail. 
V.  Effouil.  «  Le  seigneur  a  la  moitié  des 
effoils.  )i 

Et.  Hist.  —  Effoëil.  «  Et  si  peut  le  seigneur  de 
fief  prendre  et  lever  Veffoil,  revenu  et  accroist  dudit 
bestail,  nourri  du  domaine  et  mestairie  tenue  de 
lui.  »  (Coût.  d'Anjou,  103.)  De  Exfolium,  comme 
Effeuiller  de  :  Exfoliare,  Effeuiller  la  vigne,  c'est 
vitem  pampinare.  (Ménage.)  —  Effoueil.  Part 
portée,  profit  et  croît  du  bétail.  (L.  C.)  —  Effouil 
bénéfice  obtenu  par  la  vente  de  ce  que  Ton  a  de 
trop  en  éclaircissant  un  taillis  ;  —  bénéfice  sur  la 
vente  du  bois,  des  bestiaux  :  «  J'avons  pus  de 
cinquante  pistoles  à'effouil  ren  qu'su  les  viaux.  » 
(DoTTiN.)  —  De  ;  ex,  folium,  à  cause  qu'on  les 
nourrit  des  feuilles  des  arbres  et  herbes.  (Borel.)  — 
Je   ne   le   crois   pas  ;   je   préfère   l'explication   de 

DoTTIN. 


i} 


EFFONDRER  -  ÉGAILLÉE 


319 


Effondrer  (Mj.),  v.  a.  —  Ouvrir  et  vider 
un  animal.  ||  (Z.  146).  —  Un  cheval  effondré, 
usé,  fatigué,  éreinté.  Syn.  Ebroquiner,  Epiau- 
ler. 

Et.  —  LiTTRÉ,  au  3"  sens.  Ef,  pour  Es  -\-  fond. 
L'r  est  épenthétique.  Le  provenu,  ne  l'a  pas  : 
Esfondar.  —  «  Fay  effordrer  la  paux,  et  vuider,  et 
très  bien  laver.  »  (L.  C.) 

Effore  (Sar.),  s.  m.  —  Dernier  vin  qui  coule 
du  pressoir.  Cf.  Létors. 

Effouanter  (Mj.),  v.  a.  — •  Epouvanter, 
effrayer,  effaroucher.  Syn.  de  Effourachcr.  V. 
Effuanter. 

Effoiiil,  s.  m.  —  Eflfouilie  (Pell.),  s.  f.  —  Ne 
s'emploie  qu'au  sing.  —  Bénéfices  accessoires; 
réalisés  sur  l'élève  du  bétail.  Ex.  :  Ils  font  ben 
de  Veffouille  sur  le  bestail  dans  ceté  ferme-là. 

Et.  —  C'est  le  subst.  verb.  correspondant  à 
Effouiller,  pris  dans  >in  sens  métaphorique.  — 
Hist.  «  Elle  (la  coutume)  ajoute  qu'il  prendra 
Veffoeil,  etc.  (Voir  ce  mot.)  —  «  Lesquelles  vaches 
et  Va^oueil  qui  en  proviendra  seront  gardées  et 
conservées  au  mieulx  que  faire  se  pourra  en  ladicte 
isle.  »  {Bail  de  l'île  Saint-Aubin,  1594.) —  Anj. 
Hist.,  2«  an.,  n°  3,  585,  2';-25.)  —  Des  bœufs 
à'effouil  —  ou  d'efîouage  —  nés  sur  la  ferme,  qu'on 
n'a  pas  achetés.  —  V.  Effoet. 

Effoiilller  (Me,  By.,  Segr.),  v.  a.  —  Effeuil- 
ler du  brout.  Il  (Lue,  By.).  Eff.  les  choux,  la 
vigne,  et  aussi  :  vendre  des  animaux  sans  être 
obligé  d'en  racheter.  ||  (Mj.).  Ne  se  dit  qu'en 
parlant  des  plantes  dont  les  feuilles  servent 
de  fourrage.  On  dit  :  Effouiller  des  choux,  des 
betteraves,  des  carottes  ;  on  ne  dirait  pas  : 
Effouiller  eine  rose.  Pour  les  feuilles  des 
arbres,  on  dit  Groger.  \\  Br.  —  Enlever  les 
jits  qui  poussent  au  pied,  au  printemps.  || 
Lpos.  —  id. 

■     Effoiiilleter  (Pc),  v.  a.  —  Enlever  les  feuilles 
pour  la  pans  ion. 

Effouracher  (Lg.,  Tlm.),  v.  a.  —  Effarou- 
cher. Syn.  de  Effouanter.  Doubl.  par  méta- 
thèse  du  mot  fr.  Cf.  Gobier,  Geouriflée,  Çuri- 
gien. 

Effrâgner  (Tlm.),  v.  a.  —  Egratigner, 
excorier,  érafler.  Dér.  de  Frâgner. 

Effranger  (Mj.,  By.),  v.  a.  — ■  Déchirer, 
entr'ouvrir  sur  une  grande  longueur,  —  déchi- 
rer en  général. 

Et.  —  Dér.  direct  du  lat.  Ex-frangere,  ou 
Effringere.  —  Frange.  Du  lat.  fimbria,  par  transpo- 
sition de  l'r,  frimbia,  où  bi  (cf.  plonger)  se  change 
en  g  doux,  à  l'ex.  de  mi,  dans  simius,  singe.  Var- 
EON  rapproche  fimbria  de  fibra,  fibre. 

Effrangeure  (Mj.),  s.  f.  —  Longue  déchi- 
rure. De  effranger  ;  c.  Gageure,  de  Gager. 

Effreuser  (Sp.),  v.  a.  —  Effriter.  ||  V.  réL 
—  S'effriter,  s'efileurir.  N.  Ce  mot  semble  se 
rapprocher  du  fr.  Froisser,  af.  Freusser,  du 
lat.  Fricare.  Syn.  et  d.  de  Effriser. 

El.  —  Berry,  freusser  (faire  du  bruit  à  travers  les 
branches).  Probablement  de  :  frustum,  morceau, 
d'où,  barbarement  :  frustare,  mettre  en  morceaux. 
On  trouve  dans  le  B.  L.  :  frussura  domus,  bris  de 


maison  ;  frussura,  terre  mise  en  culture  ;  frustrare 
racler,  mettre  en  pièces  ;  frustura  terra?,  morceau 
de  terre,  ou  encore  :  fraustrum,  frostrum.  —  Et 
non  de  :  frendere  ou  frictiare.  (Litt.)  —  Effriter, 
2"  se  13  :  e  -|-  rad.  de  friable,  avec  intercal.  d'un  t, 
due  à  efTriter,  !«■■  sens.  (Comme  Littré.  —  Darm.) 

Effrichon  (Lg.),  s.  m.  —  Léger  flocon  de 
neige.  Ex.  :  Il  tombe  des  effrichons.  Syn.  de 
Grémillages,  Bouchon. 

Et.  -|-  Pour  :  efïrison,  dér.  de  eiïriser.  C'est  donc 
le  synon.  exact  de  Grémillages. 

Effriser  (Lg.),  v.  n.  —  Effriter,  émietter. 
Syn.  de  Effreuser. 

Et.  —  Effriter.  S'en  aller  en  poussière.  Rien  ne 
paraît  justifier  ce  sens.  —  Effruiter,  ôter  le  fruit, 
rendre  incapable  de  fruit  est  le  sens  originel  ; 
Es-fruit.  Ueffrilemeni,  c'est  l'épuisement  d'une 
terre  par  le  retour  de  certaines  cultures.  (Litt.)  — 
V.  Effreuser. 

Effrit  (Sar.),  part.  pas.  —  Etre  eff  rit,  avoir 
froid,  frissonner. 

Effrite  (Po.),  s.  f.  —  Effrayant. 

Et.  —  Af.  esfreer  ;  ex  -|-  germ.  frida  ;  am.  friede, 
paix.  M.  à  m.  faire  sortir  dé  l'état  de  tranquillité. 
(Darm.) 

Effuanter  (Lg.,  Sar.,  Sal.),  v.  a.  —  Effarou- 
cher, mettre  en  fuite.  V.  Effouanter. 

Effumeler  (By.),  v.  a.  —  Enlever  la  femelle 
du  chanvre,  en  laissant  le  mâle  qui  nourrira  sa 
graine,  le  chénevié. 

Et.  —  Fumelle,  au  xvt«  s.  ;  femella,  dimin.  de 
femina.  (Litt.) 

Éffunier  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Fumer 
avant  de  flamber. 

Et.  —  Du  préf.  E,  qui  marque  émission,  et  du 
lat.  Fumare. 

Ëfoisé  (Lg.),  adj.  q.  —  Qui  a  assez  et  trop, 
à  foison.  Ex.  :  Des  carottes,  j'en  se  éfoisé.  \\ 
Infesté.  Ex.  :  Je  sommes  éfoisés  de  vipères. 
Syn.  de  Guerpi,  Confondu. 

Égacer  (Z.  124,  By.,  Ti.,  Zig.  159),  v.  a.  — 
Rebuter  ;  agacer. 

Égaciier  (Segr.),  v.  a.  —  Ecraser.  P.-ê.  pour 
Ecacher? 

Et.  Hist.  —  Ecacher,  écraser.  Dans  ce  sens,  le 
simple,  cacher,  est  dans  Ronsard  : 

—  «  . . .  A  pieds  deschaux  cache  le  vin  nouveau.  » 
Tiré  probablement  du  lat.  Coactus,  serré. 

Ëgaciâ  (Ec,  By.),  V.  Agacia. 

Égail  (Lrm.,  etc.),  s.  m.  —  Rosée.  Voir  Eau. 
V.  Recarreler.  C'est  le  franc  Aiguail. 

N.  —  Un  prov.  vendéen  dit  d'une  chose  qui  est 
très  tendre  :  «  Tendre  queme  égail.  »  Nous  disons, 
nous,  tendre  comme  la  rousée.  ||  A  Mj.,  on  dit  : 
Comme  ein  aiguail. 

Hist.  —  1788.  Cette  année,  le  gouvernement  a 
commencé  à  établir  dans  tout  le  royaume  les 
assemblées  provinciales  ou  municipales...,  dont 
les  fonctions  seront  Végail  des  impositions.  {Inf. 
Arch.,  n,  E,  S,  p.  358,  1.)  Ici,  le  sens  est  :  distribu- 
tion, répartition. 

Egaillée  (Mj.,)  s.  f.  —  Objets  dispersés.  Ex.: 
En  velà  eine  égâidée  de  prennes  !  —  V.  Egâil- 
Itr.    Il   Eparpillement.    ||  By.  —  A  Végail,   à 


320 


ÉGAILLER  -  ÉGAPLER 


Végâillée  (éparpillée).  Eparpiller  de  la  paille 
à  Végâillée,  pour  la  faire  sécher.  Ce  n'est  pas 
le  syn.  de  Etendre.  —  a  bref  dans  Egail. 

Égailler  (é-gâil-ler).  —  (Mj.,  Sal.,  By.),  v. 
a.  —  Disséminer,  éparpiller,  disperser.  Ex.  : 
Egaillez-vous,  les  gars.  —  Ce  commandement 
des  chefs  vendéens,  que  l'histoire  a  recueilli, 
a  rendu  fameux  notre  v.  Egailler.  Il  résume 
une  tactique  heureuse  et  intelligente  dont 
usèrent  maintes  fois  les  Chouans  pour  se  sous- 
traire aux  feux  de  peloton  ou  à  la  canonnade 
des  Bleus.  [|  Ec.  Egâillez-vous,  les  gars  des 
Echaubrognes.  ||  Lg.  —  Biner  avec  la  houe 
à  cheval.  Syn.  de  Trimbaler.  \\  Etendre.  — 
Egailler  la  buée,  —  étendre  le  linge  de  la 
lessive.  ||  A  Végâillée  (Lue),  en  désordre.  ||  Se 
mouiller  de  rosée  (Th.).  Tu  vas  V égailler.  \\ 
Li.,  Br.  —  Bg.  —  Mêmes  sens. 

Et.  —  C'est  se  répandre  comme  l'égail,  l'ai- 
guail  (de  aqua.  —  V.  Eau).  —  Hist.  «  Rapport  de 
CoLBERT,  Archives  d'An/o^',  p.  111  :  «  Un  rejet  de 
120.000  livres,  qui  serait  égaillé  sur  toutes  les 
élections.  »  —  «  Composition  arrestée  à  700  livres 
qui  ont  été  motié  par  motié  égaillées  sur  les  col- 
leptes  es  années  1701  et  1702  »  M 696?  Im:  Arch., 
E,  n,  p.  397,  col.  2.)  —  «  RooUe  et  égail  fait  sur  le 
général  des  paroissiens,  manants  et  habitants  de 
Chazé-Henri,  pour  l'année  1735,  de  la  somme  de 
2.000  livres  du  principal  de  la  taille,  taillon...  » 
(1735.  —  Id.,  G,  II,  p.  253,  col.  2.)  —  «  Taux  et 
égail  de  l'impôt  du  sel  en  la  paroisse  de  Coutures, 
pour  l'année  1695.  (îbid.,  E,  ii,  p.  10,  col.  1.  — 
Egail  =  répartement.)  —  D.  C.  Gajardus.  ||  «  Le 
jour  où  le  Saint  Esprit  s'est  égaillé  sus'  l's  apôtres, 
tu  n'y  étais  point,  mon  pauv'  gas.  »  (De  Moxt.1  — 
«  Ainsi  troussée,  la  bande  s'égailla  dans  la  vallée.  » 
(Hist.  du  vx  tps,  270,  et  N.)  !]  V'ià  l'soleil  qui 
s'montre.  faut  aller  égailler  le  foin.  —  Egay'-\ous, 
les  gas  (disait  Jean  Chouan  à  ses  hommes),  pas  de 
bulot.  V.  Hugo,  dans  93,  commet  une  amusante 
erreur  sur  le  sens  de  ce  mot.  (Dott.)  —  «  Tous 
deux  (Cathelineau  et  Perdriau),  après  avoir 
placé  leurs  trois  prisonniers  au  premier  rang  pour 
les  (?)  protéger,  s'avancent  vers  le  feu  des  coule- 
vrines  ;  ils  égaillent  leurs  hommes  dans  les  jardins 
qui  bordent  la  petite  rivière.  »  (Deniatj,  i,  269.)  — 
«  Entre  tout,  un  ormeau  qui  devant  lui  se  panche, 
«  Et  s'égaille  ombrageux  de  mainte  verte  branche.  » 

(Baif.  —  L.  C.) 
La  forme  et  l'étymol.  se  refusent  à  l'explicat.  du 
D''  A.  Bos,  que  je  cite  souvent  :  Egailler,  Egaliser  ; 
étendre  également,  répandre  uniformément.  It. 
Eguagliare.  Etvm.  *  Ecqualiare,  d'sequalem,  égal, 
v.  f.  ivel.  —  Eguer,  égaliser.  Cf.  iver,  de  eqvare, 
pour  œquare. 

N.  —  Ne  pas  confondre  avec  Aiguailler,  tremper 
du  linge  dans  l'eau. 

Ëgaillettes  (Pc),  s.  f.  —  Echasses.  Cf.  Ega- 
loche.  N.  On  y  a  vu  le  rad.  du  mot  Eau  ;  les 
echasses  permettent  d'aller  à  sec  dans  les  lieux 
mouillés. 

Égâilleuse  (Lg.),  s.  f.  —  Houe  à  cheval.  Syn. 
de  Bilieuse,  Trimbale. 

Ëgairer  (Lg.),  v.  a.  —  Egarer. 

Ëgaisser  (Sa.,  Mj.),  i^v.  a.  —  Syn.  de 
Aiguancer,,  Gueiller.  \.  Eguesser  (s').  1|  By. 
—  Gaicher  (ghée  —  cher). 

Égal  (Mj.),  adj.  q.  «  Avoir  tous  égalé  portion, 


avoir  tous  part  égale,  [j  C'est  égal,  —  quand 
même,  tout  de  même.  Locut.  très  usuelle  qui 
sert  de  conclusion  à  un  discours,  et  de  tran- 
sition à  un  autre  sujet.  —  Ex.  :  Cest  égal, 
j'arais  jamais  cru  ça  de  lui.  ||  Adv.,  —  égale- 
ment. Ex.  :  J'avons  payé  tortous  égal. 

Égalettée  (Mj.),  s.  f.  —  Amas  de  matière 
molle,  demi-liquide,  largement  étalée  à  terre, 
flaque.Syn.de  Eguerlée,Véserée.\ .  s'Egaletter. 

Égaletter  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'étaler  en 
plaque,  s'aplatir,  comme  fait  une  matière 
molle  et  pâteuse  qui  tombe  d'une  certaine 
hauteur,  ij  V.  a.  Aplatir,  étaler.  —  De  galette. 

Et.  —  Galet,  l»''  sens.  Caillou  poli  et  arrondi 
aux  angles  ;  d'où  :  galette,  par  assimilation  de 
forme.  A.  f.  Gai,  caillou  ;  bas-bret.  kalet,  dur  ; 
gaël.  gai,  caillou. 

Égalfurcher  (Lg.),  v.  n.  —  Faire  un  violent, 
écart  des  jambes  dans  une  glissade  imprévue. 

Et.  —  Pour  Ecalifourcher,  dér.  de  Califourche, 
Califourchette,  mots  qui,  cependant,  sont  oubliés 
au  Lg. 

Égaliser  (Mj.,  Tlm.),  v.  a.  —  Légaliser.  Ex.: 
Y  a  eine  signature  à  égaliser. 

Égaloche  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Echasse.  Syn. 
de  Egailletle,  Equérioche,  Echausse.  Ne  s'em- 
ploie en  ce  sens  qu'au  plur.  ||  Sorte  de  quille  que 
l'on  place  debout  devant  le /)o?eaa,dans  certains 
jeux  de  palet  analogues  au  jeu  bien  connu  du 
bouchon.  Syn.  de  Mère.  Dér.  du  fr.  Galoche, 
signifiant  dans  le  pat.  tout  ce  qui  rehausse  la 
chaussure.  V.  Gailloche,  Gaillocher,  Galocher, 
Dégalocher,  s'Engalocher,  Galochée. 

Et.  —  Galoche  vient  p.-ê.  de  Gallicae,  sorte  de 
chaussure  gauloise.  Il  Sar.  —  On  appelle  encore 
ainsi  un  gros  amas  de  neige  sous  les  pieds. 

Égancer  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  V.  Ëgaisser, 
Aiguancer,  Eau.  Laver  à  grande  eau,  du  linge. 

Égandriller  (Mj.),  v.  a.  —  EfTiloquer,  effilo- 
cher, érailler  sur  les  bords.  Ex.  :  Sa  robe  est 
toute  égandrillée. 

Et.  —  La  rac.  de  ce  mot,  Gand,  a  probablement 
qq.  rapport  avec  le  fr.  Ganse. 

Ëgâpiller  (Tlm.),  v.  a.  —  Disperser, 
répandre.  Syn.  de  Egailler,  Egâziller,  Epi- 
gâiller,  Egâpler. 

Et.  —  Le  mot  est  très  curieux  en  ce  qu'il  est  un 
doubl.  certain  du  Mj.  Egâziller,  Epigâiller  et  qu'il 
rattache  ensemble  les  deux  mots.  Ce  demie'",  en 
effet,  n'est  qu'une  métathèse  de  Egâpille:.  Cf. 
Maupoi/er,  Gabier,  etc.  Et,  d'un  autre  côté,  il  vient 
singulièrement  troubler  les  idées  que  nous  avions 
pu  nous  former  sur  l'étymologie  de  ces  divers  mots. 
Il  paraît  bien  que,  malgré  leur  ressemblance  exté- 
rieure, ils  appartiennent  à  deux  familles  distinctes 
par  leur  origine  :  1°  Egailler,  Aivâiller  ou  Ei'âtller, 
du  lat.  Aqua,  Aive.  V.  Eau  ;  2''  Egâziller,  Ëgâpiller, 
Epigâiller,  qui,  en  considérant  les  deux  derniers 
comme  des  corruptions  du  premier,  pourraient 
être  des  dériv.  du  lat.  Vasum.  —  Sinon,  il  faudrait 
admettre  que  Ëgâpiller  et  son  sosie  Epigâiller  ap- 
partiennent à  une  troisième  famille,  celle  du  franc. 
Gaspiller,  dont  ils  seraient  un  composé.  (R.  G  . 

Ëgâp^er  (Lg.),  v.  a.  —  Disséminer,  faner,, 
éparpiller.    Syn.    de    Ëgâpiller,    Effenâiller, 


ÉGAPI  -  ÉGÔURBAIL 


321 


Egailler,  Aivâiller.  Doublet  du  premier.  X. 
On  mouille  souvent  l'I. 

Égapi  (Sar.),  adj.  q.  —  Sentir  Végapi,  le 
gâté,  le  relent.  ||  Si,  à  l'époque  des  vendanges 
le  raisin  a  été  longtemps  exposé  à  l'air  avant 
d'être  mis  au  pres.soir,  le  vin  prend  un  goût 
d'évent  très  prononcé  qu'on  désigne  sous  le 
nom  (ïégappi.  (Mén.).  — ■  Cf.  Agapi  (vent). 

Égarance  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  qqs  loc.  prov.  —  Pardre  ^'égarance,  — 
perdre  de  vue.  ||  Trouver  d'égarance,  s'aper- 
cevoir qu'on  a  perdu,  ne  plus  trouver. 

Et.  —  Egarer.  De  E,  es  -|-  garer,  du  ha.  waron, 
prendre  garde  ;  celt.  kimry,  gwara,  défendre  l'accès 
des  palissades  ;  bas-br.  gwarer  (garenne,  garer). 
Garder,  aha.  warten,  prendre  garde  ;  rad.  war, 
considérer.  (Litt. )  —  Il  se  peut  que  l'étymol.  pri- 
mit.  ait  été  :  Perdre  de  carence.  En  e'Tet,  ce  mot 
juridique  était  jadis  très  répandu,  même  dans  le 
langage  commun.  Il  y  aurait  eu  plus  tard  confusion. 
(R.  O.)  —  Et  cela  me  rappelle  l'erreur  réjouissante 
de  ce  scribe  qui  orthographiait  :  Procès-verbal  de 
garance,  —  parce  qu'il  le  copiait  sur  papier  de  cou- 
leur rouge.  (A.  V.) 

Égarant  (Mj.),  adj.  verb.  Qui  fourvoie,  qui 
égare.  Se  dit  d'un  chemin.  Syn.  de  Ecartant. 

Ëgârsille,  s.  f.  —  S'emploie  dans  la  loc.  A 
Yégârzille,  —  à  la  débandade,  en  désordre. 
Ex.  :  Les  moutons  s'en  allaient  à  Végârsille. 

Et.  —  Dér.  de  Egosiller.  —  N.  L'a  est  long. 

^gasille  (Mj.),  s.  f.  —  Action  d'égâsiUer, 
d'éparpiller.  Ne  s'emploie  que  dans  la  loc. 
adv.  :  A  Végasille,  de  ci  et  de  là,  de  droite  et  de 
gauche.  V.  Egâ.siller,  Ëgârsille.  N.  L'a  est  bref 
dans  Egasille,  bien  qu'il  soit  long  dans  Ego- 
siller. 

Égâsiller  (Mj.,  Sp.,  Sal.),  v.  a.  —  Eparpiller, 
répandre,  disséminer,  disperser.  Syn.  de 
Egailler,  Egâpiller,  Epigâiller,  Egâpler.  — 
Dér.  du  lat.  E  -f-  vas?  —  ||  Je  le  tirerais  plu- 
tôt de  la  racine  de  Eau,  Aiguasiller.  ||  V.  réf. 
(Sp.),  s'ébaudir,  se  donner  de  l'air,  du  mouve- 
ment, de  l'exercice,  de  la  distraction. 

Ége  remplace  souvent  la  terminaison  âge. 
«  S'il  aimant  ben  l'fruitège,  qu'i  n'en  pren- 
nyant  donc.  —  (By.) 

Ëghuier  (Cho.),  v.  a.  —  Enlever  les  feuilles 
du  bas,  —  des  choux.  «  Eghuier  troais  fagas 
de  choux  dans  le  chon  (champ)  du  Moulin.  » 

—  Ta,  gas  Pierre,  feras  fomberdhier  et  pis 
apré,  tu  prendras  la  blanche,  et  pis  feras 
charcher  de  la  pansion.  —  Aiguier,  éghier. 
On  dit  :  léguer  à  Chaudefonds.  —  V.  Egler. 

Ëglâser  (By.),  v.  a.  —  Glacer.  V.  Aglmer. 

ÉgZâsser  (Lg.),  v.  a.  —  Détacher  par  arra- 
chement, une  branche.  Syn.  de  Elosser, 
Eclafer,  Edafeter,  Ecafeter.  —  Péjor.  de  Egler. 

Égier  (Sar.,  Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Œilletonner. 
Il  Elaguer.  Syn.  de  Eguerter,  Elouetter,  Ep\er. 

—  Ebrancher  un  jeune  arbre.  Cf.  Aiguier. 

Et.  —  Du  lat.  Oculare,  oculus.  ||  La  Ccrne, 
Eiller  :  regarder;  œiller;  dans  Oudin.  C'est  donc 
bien   :   enlever  les   œilletons,   sorte   de  bourgeon 


allongé  qui  se  développe  tantôt  à  l'aisselle  d'une 
feuille,  comme  dans  l'ananas,  tantôt  au  collet  de  la 
racine  d'une  plante  vivace,  comme  dans  l'arti- 
chaut. (Petit  Larive  et  Flelry.) 

Églese,  s.  L  —  Vieille  forme  angevine  du 
xiii^- siècle.  V.  Revue  de  V  Anjou,  t.  LIV,  p.  308. 
Très  voisin  du  latin  Ecclesia. 

Église  (Mj.),  s.  L  —  N'avoir  pas  couché 
dans  l'église,  —  être  un  imbécile.  V.  Saint- 
Esprit.  On  dit  :  S'il  a  couché  dans  l'église,  il  a 
été  ben  honnête  (il  n'a  pas  volé  le  Saint- 
Esprit)  (By.).  —  V.  Petite  Eglise. 

Égluau  (Mj.),  s.  m.  —  Gluau. 
Et.  —  Lat.  Glutem. 

Égnelle  (Lg.,  Sp.,  By.),  s.  f.  —  Jeune  brebis. 
V.  Agneau,  Ignelle.  Pour  Agnelle,  fém.  du  fr. 
Agneau  ;  vx  fr.  Agnel. 

Égobleaux  (Mj.),  s.  m.  — ■  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.,  et  seulement  dans  l'expression  : 
L'été  des  égobleaux.  V.  Gobeaux. 

N.  —  On  appelle  ainsi  une  période  de  chaleur  qui 
se  produit  vers  la  mi-septembre,  c.-à-d.  au  mo- 
ment où  l'on  épluche  les  noix.  On  dit  aussi  l'Eté  des 
gobeaux.  —  Le  mot  EgobleaUx  est  une  métathèse 
pour  Ebogleauv,  dér.  de  Ebogler.  C'est  la  même 
transposition  de  son  q.  dans  Gobier,  Gobasse.  — 
Oter  la  bogue.  Cf.  Coubarbicr. 

Égobler  (Mj.),  v.  a.  —  Ecaler  des  noix. 
Syn.  de  Echaler.  Pour  Ebogler,  du  pat.  : 
bogue.  Cf.  Gobier. 

Égoïgner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Couper  mal, 
en  déchirant,  couper  avec  un  outil  mal  aflilé. 
Syn.  de  Sôdigner. 

Et.  —  Egoïne,  ou  égohine.  —  Orig.  incon. 

Égoine  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  scie  à  la  main. 
Il  By.  —  Outil  de  jardinier.  —  Ne  pas  con- 
fondre avec  zague,  petite  scie  à  la  main,  outil 
de  charpentier.  —  L'égoïne  prend  en  attirant  ; 
la  zague  prend  en  poussant. 

N.  —  Dans  D.  C.  Goia,  Legoy,  Goye  =»  Serpe. 

Égoïsse  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Egoïste. 

Ego  sum.  —  Comment  se  forme  ou  se  déforme 
un  mot.  Il  Aux  Ponts-de-Cé,  à  la  Société  de  la  Paix, 
jouant  à  la  boule,  nous  étions  6  points  à  9.  Je  joue 
le  dernier  et,  par  une  chance  inespérée,  le  maître, 
légèrement  poussé  en  avant,  donne  3  points  à  mon 
camp.  —  «Qui  donc  l'animal  qui  ajoué  ce  coup-là?» 
s'écrie  notre  excellent  copain  et  parajot  L..., 
celui  que  nous  appelons  l'Ingénieur  de  la  machine  à 
eau.  —  «  C'est  moi,  dis-je.  »  Et,  la  caque  sentant 
toujours  le  hareng,  je  me  crois  obligé  d'ajouter  en 
bon  latin  :  Ego  sum  (s.  a.  qui  fecil.  —  «  Je  com- 
prends bien,  allez,  me  dit-il  :  c'est  pas  malin.  Ça 
veut  dire  :  J' sommes  égau^,  9  -'j  9,  pas  vrai?  »  — 
«  Tout  juste.  ')  —  Ego  sum  est  en  train  de  devenir 
légendaire  dans  «  l'île  '>.  Et,  dans  cinquante  ans, 
sans  cet  article,  on  pourrait  se  demander  comment 
Ego  sum  peut  se  traduire  par  :  J'sommes  égaux.  Je 
l'ai  écrit  pour  : 

«  Aux  Saumaises  futurs  épargner  des  tortures.  » 
comme  dit  l'autre.  (Boileau.) 

Ëgourbail  (Tlm.),  s.  m.  —  Désordre.  Ex.  : 
Ah  !  quel  (gourbail  que  y  a  dans  quio  bers  !  » 
Comme  tout  est  sens  dessus  dessous  dans  ce 
berceau  !  —  Mot  vieilli. 

21 


322 


ÉGOURNER  —  ÉGRETTER 


—  Egrener.  ||  Emier, 
Egorner,  Egueurner, 


Égoiirner  (Lg.),  v.  a. 
émieller.  On  dit  aussi 
Eguerner. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Egrener.  Est  pour  Egruner 
Cf.  Grune. 

Égousser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Ecosser,  cosser. 
Dér.  de  Gousse  ;  orig.  inc.  —  Cf.  Cosse. 

Égracigner,  ou  Ëgrassigner  (Li.,  Br.,  By. 
Mj.),  V.  a.  —  Egratigrier.  V.  Egraciner. 

Et.  —  E,  es  -)-  gratiner,  de  gratter  ;  pic.  égrafi- 
gner. 
—  «  Toujours  le  chardon  et  l'ortie 

«  Puisse  esgra^gwe/- son  tombeau.  »  (Ronsard.) 
Dans  D.  C.  Ingratinare.  —  Le  D^  A.  Bos  l'explique 
ainsi  :  De  Graphe,  1,  poinçon,  stylet  à  écrire,  petit 
poignard  ;  et  Grapiie,  2,  croc,  griffe,  par  l'intermé- 
diaire d'un  dimin.  grafin  (?)  ;  mais  il  est  plus  pro- 
bable que  grafTignier,  qui  ne  date  aue  du  xv«  s., 
vient  directement  du  provenc.  Grafinar,  beaucoup 
plus  ancien. 

Égracignure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Egratignure. 

Égraciner  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Egratigner. 
Doubl.  de  Egracigner. 

Égrainclier  (Segr.),  v.  a.  —  Pour  Egrigner  ; 
Egrainer.  Tige  égrenée.  (Mén.). 

Égrandezir"  (Sp.),  v.  a.  —  Agrandir.  V. 
Egrandir.  Pron.  Egran-dzi.  —  N.  Au  sujet 
du  préf.  E  au  lieu  de  A,  cf.  Ecraitre. 

Ëgrandir°  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Agrandir. 
Corr.  du  mot  fr.  V.  Egrandezir,  et  la  note. 

Ëgrandissenicnt  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Agran- 
dissement. 

Égrasseau  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Egrain, 
égrin  ou  aigrin,  —  poirier  ou  pommier  sau- 
vage. Il  Chl.  —  Tige  d'une  plante  qui  pousse 
au-dessous  de  la  greffe.  —  Syn.  Sauvageau. 

Et.  Hist.  —  J'écrirais  Aigrasseau,  Aigrin,  tirant 
ces  mots  de  Aigre.  —  Du  Gange  donne  Egre, 
comme  Aigre,  Aigrat.  raisin  aigre,  qui  n'est  pas 
dans  sa  maturité,  Acerbi.  —  Le  C'«  Jaub.  :  Aigras- 
seau. Fruit  du  pommier  et  du  poirier  sauvage, 
ainsi  nommé  à  cause  de  sa  saveur.  L'arbre  lui- 
même  :  «  Enter  des  aigrasseaux.  »  S'écrit  aussi 
Egrasseau.  —  Egrin,  dit  le  Dict.  général,  voir  égrin 
et  mieux  aigrin.  Lat.  pop.  acrumen  ;  vx  fr.  aigrun, 
par  confus,  de  suffixe.  —  Ménière  dit  qu'en  1783 
on  disait  aigraffaux,  de  graiffe,  graiffer.  —  N'y 
aurait-il  point  confusion  typographique?  l's's 
double  et  l'ff  double  avaient  autrefois  beaucoup 
de  rapport.  —  Se  prononce  qqf.  Egrasyao.  — 
«  Et  se  plaint  d'un  sien  voisin,  lequel  couppoit  les 
branches  de  ses  arbres  et  déroboil  les  aigrasseaux 
de  sa  pépinière.  »  {Coust.  d'An/.,  t.  u,  col.  501.)  — 
«  A  une  bonne  famme  d'Avrillé,  pour  11  boues- 
seaux,  de  pommes  sauvages,  pour  faire  esgraz.  » 
(1406.  Inv.  Arch.,  S,  s,  H,  50,  2,  21.) 

Égrate  (à  1')  —  (Z.  128),  loc.  adv.  Au  loin, 
en  éparpillant. 

Égraver  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Faire  mal  à  la 
plante  des  pieds  en  y  imprimant  ses  saillies, 
comme  font  les  bas,  surtout  de  coton,  à  la 
suite  d'une  longue  marche.  —  Fr.  Graver. 
Syn.  et  d.  de  Agraver.  \\  Mj.,  Lue,  By.  —  Un 
animal  est  égravé  quand  il  a  le  pied  meurtri 
par  la  marche  excessive.  —  Rac,  Gravier, 


sans  doute,  par  suite  d'un  gravier  introduit 
dans  le  sabot?  !|  My.  —  V.  réf.  —  Se  faire  des 
ampoules  aux  pieds  et  aux  mains. 

Et.  —  Gravats,  gravois  ;  de  :  grève.  (Cf.  gravelle, 
gravier,  grève.)  Lat.  pop  Grava,  d'orig.  celtiq. 
(Darm.)  —  «  Je  lis  dans  le  Dictionn.  des  Sciences  de 
i^rivat-Deschanel  et  Focillon  :  Aggravée 
(Médecine  vétérinaire),  maladie  que  l'on  observe 
aux  pieds  des  animaux  qui  ont  marché  longtemps, 
surtout  sur  un  sol  dur  et  graveleux,  etc.  »  — 

Hist.  —  «  Sur  le  marbre  des  cieux 
«  Engraveront  trop  mieux 
«  Le  vif  de  ta  mémoire.  » 

('.  DU  Bellay,  Au  seigneur  de  la  Haye,  p.  139.) 

—  «  Et  engravoit  en  ses  monnoyes  les  victoires 
qu'il  avoit  gaignées.  »  (Amyot,  Alèx.-le-G.,  p.  4.)  — 
«  Escrite,  voire  certes  insculpée  et  engravée  on  pos- 
térieur ventricule  de  mon  cerveau.    »  (Rab.,  P., 

IV,  4,  362.)  —  '(  Ensemble  la  maie  tache  y  demou- 
roit  perpétuellement, 

«  Si  énormément  engravée 
«  En  l'âme,  en  corps  et  renommée, 
«  Que  le  diable  ne  î'eust  ostée.  >> 
(Rab.,  p.,  u,  16,  157.)  —  »  \J angravure  de  la  pierre 
mise  sur  la  fousse,  x  sols.  »  (xvP  s.  Inv.  Arch.,  E, 
408,  1,  38.) 

N.  —  J'ai  recueilli  ces  citations.  Toutefois,  il 
ne  faudrait  pas  confondre  Graver,  tracer  sur  une 
matière  dure,  au  moyen  d'un  burin,  d'un  ciseau 
(une  figure,  une  inscription),  de  l'aha.  graban,  am. 
graben,  —  avec  Grave,  de  la  famille  de  Grève,  gra- 
vier, d'orig.  celt.  Voir  ci-dessus. 

Ëgremiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Egrener 
très  menu,  émietter.  Pour  Egreniller,  dimin. 
du  fr.  Egrener. 

Et.  —  Du  préf.  E,  et  d'un  v.  Gremiller,  inusité, 
auquel  répond  le  subst.  Gremillage.  —  Semble  tenir 
au  fr.  Grumeau,  —  «  Gremil.  Paraît  composé  de  : 
mil,  millet  et  d'un  premier  élément  de  sens  incer- 
tain. »  —  Nom  propre  :  Gremillon. 

Égreneaux,  Égrenofs  (Z.  136,  Q.,  Mj.,  By.), 
s.  m.  pi.  Syn.  de  Greneaux.  \\  Par   égreneaux, 

—  par  petites  quantités  à  la  fois  ;  dispersé  ; 
en  petits  groupes  ou  isolément.  Ex.  Le  monde 
s'en  revenaient  de  Saint-Méen  par  égreneaux, 

—  à  la  débandade  —  comme  des  grains  que 
l'on  détache  de  la  silique,  de  la  cosse,  de  la 
bogue.  Il  Lue.  —  Premières  châtaignes  tom- 
bées. -  «  Premières  graines  ou  premiers  fruits 
mûrs  qui  tombent  avant  la  récolte  ;  ce  sont  à 
peu  près  exclusivement  les  châtaignes  et  les 
marrons  ainsi  recueillis  qui  portent  ce  nom. 

N.  —  By.  —  Ne  devrait-on  pas  écrire  Egrai- 
neaux?  Ne  pas  confondre  avec  des  Graineaux  ou 
Greneaux,  qui  sont  des  pois  de  mai  (nom  vulgaire 
des  haricots)  écossés  avant  leur  maturité.  Mj.,  id. 

Égrenée  (By.),  s.  f.  —  Une  égrenée  de  pain. 

V.  Ëgremiller.  (MÉN.).  Pain  que  l'on  a  réduit 
en  miettes  en  le  froissant  dans  ses  mains,  pour 
le  faire  tremper  dans  du  lait,  par  ex. 

Ëgreniaux  (Segr.),  s.  m.  —  Châtaigne  tom- 
bée de  l'arbre  sans  sa  bogue  (MES'.).  —  \". 
Egreneaux. 

Égretter  (By.).  —  Pour  Egherter  ;  enlever 
par  la  râche  les  greffes  (ghertes)  du  chambre 
qui  a  été  hrayé.  Syn.  Bâcher,  Bâger.  ||  Enlever 
à  la  serpe  les  brindilles  d'une  branche  coupée 

—  ou  les  brindilles  qui  poussent  sur  le  tronc 
d'un  arbre.  V.  Eguerter. 


ÉGRIGNÉ  -  ÉHAMPINER 


323 


Égrigné  (Do.),  part.  pas.  —  Abîmé. 

Égroïgner  (Mj.),  v.  a.  —  Effriter,  détacher 
par  le  frottement  les  grains  d'une  pierre.  || 
Erafler  la  peau.  ||  Erailler,  user.  —  V.  Eguer- 
gner.  Syn.  de  Effreuser,  Effriser.  Cf.  Ègué- 
roinché. 

Ëgron  (Craon),  s.  m.  —  Héron.  V.  Hégron. 

Et.  —  Berry,  Aigueron,  aigron,  de  l'aha.  Heigero, 
suéd.,  Hœger.  (Litt.)  —  Pour  Hairon,  de  *  Hagiro- 
nem,  forme  latinisée  de  l'aha.  Heigir.  —  Vx  fr. 
Haigron,  aigron  (conforme  à  l'étymol.).  (Dabm.)  — 
Jaub.  l'explique  par  :  oiseau  du  bord  de  l'eau 
(Aigueron,  de  Algue).  —  Ingénieux. 

Égrousser  (Mj.),  v.  a.  —  Essanger.  ||  Faire 
d'une  façon  sommaire,  superficielle,  un  travail 
qcque. 

Et.  —  Dér.  de  Grous.  C'est,  proprement,  enlever 
le  grous  de  la  crasse.  \\  Faire  d'une  façon  superfi- 
cielle, sommaire,  un  travail.  |]  By.  —  On  dit 
Dégrousser  et  Dégroussir,  au  l"  sens. 

Ëgruner  (Sp.),  v.  Egruger,  réduire  en  gra- 
nules. V.  Egroïgner.  \\  Sp.  —  Egrener.  Doubl. 
du  mot  fr.  et  de  Egourner.  Syn.  de  Egorner, 
Egueurner,  Eguerner. 

Et.  —  E,  es  -f-  gruger  ;  du  ba.  grusen,  écraser. 
(Litt.)  —  Gruger  paraît  être  pour  :  gruiser,  em- 
prunté du  hoU.  gruizen,  écraser  ;  rad.  gruis,  grain. 
(Darm.)  —  Grumus  salis,  pour  :  un  grumelet  de  sel 
se  trouve  dans  Pline,  1.  33,  4.  —  Egrumeler, 
exgrumellare.  (Ménage.)  —  Esgruner.  Réduire  en 
poudre.  V°  Temperare.  (D.  C.)  —  Esgrumer, 
réduire  en  fragments,  en  morceaux,  grumeaux, 
égruger,  morceler,  émietter,  broyer,  écraser,  égrai- 
ner,  ébrécher.  Ital.  sgrumare.  Etym.  *  exgrumare, 
de  :  grumum,  petit  tas  de  terre,  fragment,  gru- 
meau. —  Esgruner.  Grumu  donne  Grum  ou  Grun. 
(D--  A.  Bos.) 

Égrustaiid  (Mj.),  s.  m.  —  Ancien  cépage 
blanc,  qui  a  disparu.  V.  Çupanche. 

Égueiller  (Lg.),  v.  a.  —  Etirer,  un  brin  de  fil 
à  demi  tordu,  pour  défaire  les  matons  ou  trées. 
Syn.  de  Eneiller. 

Et.  —  Dér.  de  Guée,  Gueiller,  parce  que  les  doigts 
font  l'office  d'une  guée. 

Égiienâillcr  (Lg.),  v.  a.  —  Eparpiller.  Syn. 
de  Egailler,  Egârziller,  Epigâiller,  Egâpiller, 
Evâiller,  etc. 

Et.  —  Sorte  de  fréquentât,  de  Egailler;  ou,  p.-ê., 
dér.  de  Guêne,  comme  Egailler  l'est  de  Aive. 

Ëgueneillé  (Lg.),  adj.  q.  —  V.  Eguenillé. 

Ëgiieni  (Ssl.),  adj.  q.  —  V.  Eguenillé. 

Ëgiicnillc,  ée  (Z.  171.  Q.,  Mj.,  By.),  adj.  q. 

—  Dont  les  grains  .sont  peu  nombreux  et 
écartés  en  parlant  d'un  fruit  en  grappes.  Cf. 
fr.  Guenille.  Syn.  de  Ëgueneillé,  Egueni. 

Éguergner  (Sp.),  v.  a.  —  Syn.  de  Egroïgner. 

—  Ce  mot  est  pour  Égrégner,  par  la  métath. 
habituelle  de  la  voyelle  et  de  l'r  dans  les 
doubles  articulations.  Kg:\:>gner  et  son  doubl. 
Egroïgner  sont  des  corr.  du  fr.  Egrener. 

Ëguerlée  (Lg.),  s.  f.  —  Flaque  de  matière 
demi-liquide,  largement  étalée.  Ex.  :  Le  bœuf 
en  a  chié  d'eine  éguerlée  !  Syn.  de  Egalettée, 
Véserée. 


Et.  —  Dér.  de  Guérie,  Guerler.  Une  éguerlée  a  dû 
signifier  d'abord  les  menus  grains  projetés  par 
dessus  les  bords  de  la  guérie. 

Éguermeiller  (Lg.),  v.  a.  —  Triturer, 
écraser,  pilonner,  —  de  la  vendange,  par  ex. 
Syn.  de  Guermoirer.  Dér.  de  Guermeille. 

Eguerner  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Egourner. 

Égueroinché  (Segr.),  adj.  q.  —  Objet 
rugueux,  brisé  avec  une  tenaille.  (Mén.).  Cf. 
Egroïgner. 

Ëguérouailler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Epar- 
piller, disperser.  V.  Guérouée. 

Et.  —  Grouiller  :  prov.  mod.  groux?  —  grouiller 
et  couver,  frayer,  engendrer.  (Darm.)  —  Une 
guérouée,  ou  grouée  serait  alors  une  couvée  (idée  de 
nombre),  et  :  éguérouer,  disperser,  la  grouée. 

Ëguerre,  Ëgaire,  s.  f.  —  Variété  de  lyco- 
pode  qui  a  la  mauvaise  réputation  de  faire 
perdre  la  mémoire  de  leur  chemin  aux  per- 
sonnes qui  marchent  dessus.  Vient  donc  de 
Egairer,  mauvaise  prononc.  de  Egarer.  Cf. 
Boilobe,  Herbe  à  la  détourne. 

Ëgiierter  (Mj.),  v.  a.  —  Elaguer,  enlever  les 
menues  branches  le  long  d'une  jeune  tige 
d'arbre  ;  ôter  les  épines.  ||  Enlever  les  bour- 
geons (Z.  118).  Syn.  de  Elouetter,  Egler,  Epier. 

Et.  —  Dér.  de  Guérie,  pris  ici  aufig.,  dans  le  sens 
de  :  petite  branche,  épine.  V.  Egretter. 

Éguerzéler  (s'),  v.  réf.  —  S'écrier,  pousser 
des  cris  perçants,  clamer.  Syn.  de  s'Epicrasser, 
s' Eguerzéler,  s'^Eterzéler,  s  Ebicaner. 

Et.  —  Forme  adoucie  de  s'Equerzéler,  dér.  du  fr. 
Crécelle. 

Ëguesser  (s')  —  (Fu.),  v.  réf.  —  Se  dit  d'un 
cheval  qui  se  baigne  dans  un  gué.  V.  Egaisser. 
A  rapprocher  de  Aiguë,  Egue,  V.  Eau. 

Egueurner  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Egourner. 

Ègues,  s.  f.  —  Eaux.  —  «  Le  juge  des 
Egues  et  des  forêts.  ))1(De  Bourdiqné.  Chron. 
p.  10.)  V.  £'au. 

Ëguéyer  (Partout),  v.  a.  —  Baigner,  laver 
le  linge,  le  passer  à  l'eau  avant  de  le  tordre. 
Cf.  Guéyer  (ghé-yer).  —  De  Egue,  Aiguë.  — 
V.  Eau. 

Ëguie  (Mot  transmis  sans  explication). 

Ëguillette.  —  V.  Aiguillette. 

Hist.  —  1603,  22  mars,  requête  de  Sébastien 
Hervé  et  de  Jacquine  Roche,  qui  se  sont  mariés  à 
Saint-Evroult  d'Angers,  pour  éviter  le  noument  de 
Vesguillette  ou  autres  maléfices  dont  on  les  mena- 
çoit  aux  Ponts-de-Cé.  (Inv.  Arch.,  t.  II,  E,  S, 
p.  271-2.) 

Éguser  (Ec,  By.),  v.  a.  —  V.  Aguser. 

Ëhaniper  (Sp.),  v.  a.  —  Ecloper.  Syn.  de 
Ecorner,  Ehampionner,  Ehaupionner,  Epi- 
horgncr,  Ehampiner,  Ebigorner. 

Et.  —  Paraît  dér.  du  fr.  Hampe,  pris  par  mé- 
taph.  au  sens  de  jambe.  V.  Hampane.  Cf.  dans 
Jaub.  Arampé. 

Ehampiner  (Tim.),  v.  a.  —  Ecloper, 
affliger  de  qq.  bobo. 


324 


ËH  AMPIONXER  —  ÊLAITER 


Et.  —  Dér.  de  El  imper,  dont  il  est  le  synon. 

Ëhanipionncr  (Mj.),  v.  a.  — V.  Ehamper. 

Éhancher  (s')  —  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  réf.  — 
Se  luxer  l'articulation  coxo-fémorale,  en  par- 
lant d'un  animal.  Cf.  s'Epauler. 

Ëhannetonner  (Sar.),  v.  a.  —  Enlever  les 
hannetons,  les  vers  qui  doivent  les  produire. 

(MÉN.). 

Et.  —  De  l'ail.  Hahn,  coq  ;  en  angl.  cock-chafer, 
coq,  scarabée. 

Ëhaupionné  ée,  (Sp.)  adj.  q.  Blessé,  de 
qq.  façon  que  ce  soit.  Ex.  :  Il  est  toujours 
ëhaupionné  d'un  bout  ou  de  l'autre. 

Et.  —  Pour  :  éhampionné,  dim.  de  :  éhampé. 

Eh  !  ben ...  ''  Eh  /  ben,  que  donc,  eh  !  ben 
que  donc  !  »  —  Que  voulez-vous  que  j'y  fasse? 
Que  voulez-vous  donc?  (Bg.,  By.  et  ailleurs). 

N.  —  Expression  qui  se  répète  deux  fois,  vive- 
ment, pour  exprimer  la  surprise,  l'ennui,  ou  plutôt 
la  part  que  l'on  prend  à  l'ennui,  au  chagrin.  L'é  de 
Que  est  plus  que  fermé,  dans  le  lang.  baugeois. 

Ei  —  s'emploie  souvent  pour  :  oi  :  creître, 
pour  :  croître,  etc.  (By.). 

Éiard  (Mj.),  s.  m.  —  Peuplier.  Ce  mot,  qui 
est  pour  Léard,  ne  s'emploie  guère  qu'au 
plur.  Beaucoup  de  personnes  disent  :  Ein 
léiard,  des  éiards.  Cf.  Ziard.  —  Du  bois  de 
léiard,  des  léiârds. 

Eil  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Œil.  Ex.  :  J'ai 
attrapé  ein  bourrier  dans  Veil.  Le  plur.  est 
Zyeux.  Il  Regarder  d'un  bel  eil,  —  regarder 
d'un  bon  œil,  avec  sympathie,  jj  Avoir  un  eil 
•qui  regarde  de  bise  et  l'autre  de  galarne,  — 
ou  :  Avoir  un  eil  qui  dit  marde  à  l'autre,  — 
loucher.  V.   Pertoire. 

Hist.  —   «  Qui  jamais  ne  sent  en  son  eil 
«  Couler  l'emmiellé  sommeil.  » 

(J.  DU  Bellay,  Contre  les  avaricieur,  p.  129.) 
«  Là  semblait  que  nature  et  l'art  eussent  pris  peine 
«  D'assembler  en  un  lieu  tous  les  plaisirs  de  Vœil, 
a  Et  là  s'oyoit  un  bruit  incitant  au  sommeil.  » 

(Id.,  Songe  ou  Vision  sur  Rome,  p.  254.  Œil  rime 
avec  :  sommeil.) 

«  Quand  Gylon  vient  chez  moy,  fust-il  nuyct  noire, 
«  Toute  chose  y  reluits  comme  le  beau  soleil  ; 
€  Et  quand  elle  s'en  va,  fît-il  cler  comme  yvoire, 
«  Tout  y  devient  obscur  et  ténébreux  à  Vœil.  » 

(G.-C.  Bûcher,  23,  p.  02.) 

Eillet  (By.).  Œillet. 

Eillosser.  —  Transmis  sans  explication. 
Elosser?  Eglasser? 

Ein,  eine  (Mj.,  By.),  adj.  num.  et  art.  indéf. 
Un,  une.  S'emploie  exclusivement  avec  un 
nom.  V.  Jeun.  Ex.  :  J'ai  acheté  ren  qu'etn 
gorin,  et  pis  quand  même  j'en  ai  trouvé  ren 
que  ieun  qui  me  convenait,  c'est  encore  eine 
chance.  ||  N'être  qu' ein,  —  être  tout  couvert 
de.  Ex.  :  Il  n'était  qu'em  sang.  —  A  n'était 
qu'eme  casse  des  pieds  à  la  tête. 

N.  —  C'est  la  corr.  du  fr.  Un.  —  Il  importe  de 
noter  que,  dans  le  pat.,  le  mot  fr.  Un  a  deux  équi- 
valents, absolument  distincts  et  qui  ne  s'emploient 
jamais  l'un  pour  l'autre,  l'usage  qu'on  en  fait  étant 
strictement  soumis  à  la  règle  indiquée  plus  haut. 


Hist.  —   «  In  onge  avecque  daux  plumats  (bis) 
«  Vaint  de  m'avreti  qu'à  minet 

«  01  est  né  chez  Colas 
«  Sus  de  la  paille,  dans  son  tet, 
«  Daux  enfants  le  pus  bias.  » 

(La  Trad.,]}.  201,  10-14.) 
Ein  petit  (G.-C.  Bûcher,  p.  221)  :  un  peu. 
«  Je  n'en  sçauroys  rien  perdre  que  la  peine 
«  Et   ung  petit  de  jaulne   de   ma  bourse.    » 

Eioù  (Mj.,  Fu.,  By.),  adv.  Pour  :  où  donc. 
«  Eioù  air  vous  donc?  —  Eioù  vas-tu?  — 
Eyoù  vaut  mieux.  V.  toutefois  Eoù. 

Eizion,  s.  m.  —  Nom  vulg.  d'un  osier  (Mén.) 

Éjanibée  (Lg.),  s.  f.  —  Enjambée. 

Éjainber  (Lg.).  Enjamber.  On  dit  encore  : 
Ajamber. 

Éjarder  (By.),  v.  a.  —  Oter  le  jard  du 
poisson.  V.  Echarder  (pour  l'étymol.). 

Et.  —  Echarde,  piquant  du  chardon.  (Litt.)  — 
Non.  —  Hist.  : 

a   . .  .Que  se  garde 

«  Du   poisson   qui  a  dure  escharde.    »   L.   C. 

Éje  (Mj.,  Lg.),  pron.  pers.  Je.  Cf.  le  lat.  : 
Ego,  l'ail.  Ich. 

N.  —  «  Autrefois,  les  gamins  du  Longeron 
s'amusaient  traditionnellement  à  se  proposer 
l'énigme  suivante  :  «  Joue  éje  t'ô  dis,  joue  éje  t'ô 
noume;jepeux  pas  mieux  t'ô  dire  que  de  t'ô 
fourrer  dans  la  goule.  »  —  Et,  si  l'interrogé  s'avi- 
sait de  dire  :  «  C'est  ein  joue  à  poules  »,  l'autre  lui 
répondait  :  «  Merde  dans  ta  goule.  » 

ÉJonc  (Fu.,  Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ajonc.  — 
C'est  aussi  un  nom  de  lieu,  à  cause  de  la  cul- 
ture d'ajoncs  qui  y  était  faite.  L'ajonc  pilé  se 
donnait  aux  chevaux. 

N.  —  L'anc.  forme  fr.  était  Ajoou,  ajou  ;  semble 
avoir  été  modifiée  sous  rinfluence  de  jonc. 

Ek.  Contract.  pour  Et  que,  pour  quoi.  — 
Veux-tu  v'ni  icit  !  —  «  Ek  fer  ?  »  Et  pourquoi 
faire? 

Ëlaiguier  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Elaguer.  Syn. 
de  Elouetter,  Eguerter,  Egler,  Léguer. 

Et.  —  Doubl  du  mot  fr.  —  «  Alayer  un  arbre.  » 
Est-ce  une  simple  forme  euphonique  ?  Cependant 
Roquefort  cite  dans  le  même  sens  :  «  Allagayer, 
allayer,  élaoruer,  retrancher  (en  lat.  :  alleviare), 
alléger  ;  et  allégier,  soulager,  rendre  léger  »,  ce 
qui  mettrait  sur  la  voie  de  la  loc.  suiv.  :  Alayer  une 
vache,  la  disposer  à  donner  son  lait.  (Jaub.) 

Élainiant  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Aimant.  N. 
On  dit  dans  le  même  sens  :  Pierre  d'élaimant. 
Ex.  :  C'est  pacequé  n'y  a  de  Vélaimant  là- 
dedans.  —  Magnétisme,  force  magnétique. 
Ex.  :  Y  a  de  Vélaimant  dans  son  couteau. 

N.  —  Je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  eu  confusion  avec 
le  fr.  Elément,  mot  abstrait,  parfaitement  inconnu 
de  nos  paysans.  J'estime  qu'il  y  a  eu  simplement 
agglutination  de  l'article  et  de  la  voyelle  e,  de  la 
prép.  de.  On  a  dit  :  l'aimant,  puis  :  laimant,  le 
laimant,  l'élaimant  (R.  0.). 

Et.  —  Aimant,  Adamantem,  acier,  diamant, 
d'où  :  adamant,  adement,  aement,  aimant,  aimant. 

Ëlaiter  (Mj.,  Lj.,  By.),  v.  a.  —  Faire  sortir 
le  lait  qui  reste  dans  le  beurre  après  le  bara- 
tage. 


J 


ÊLAIZE  —  ÉMAGINÉ 


325 


Élaize  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Laize.  ||  Bord  irré- 
gul.  d'une  planche  que  l'on  a  enlevé  d'un 
trait  de  scie.  ||  Planchette  longue  et  étroite 
que  l'on  accole  au  bord  d'une  planche  pour 
l'élargir.  Cf.  Egluau.  \\  Bande  d'étoffe  que  l'on 
rapporte  pour  élargir  un  vêtement.  ||  N'avoir 
guère  d'élaize,  —  ne  pas  suffire,  ne  pas  durer 
longtemps.  Ex.  :  Quand  faut  aller  à  la  bou- 
cherie, eine  pièce  de  quarante  sous,  ça  n'a 
guère  d' élaize. 

Et.  —  Laize.  Lat.  pop.*  latia,  de  laturri,  large- 
Cf.  Lé.  —  N.  —  Est-ce  élaize  ou  rlèse  ?  bande 
étroite  (dont  un  côté  est  irrégulier  et  contient 
l'aubour  —  ou  l'aubier)  qu'on  a  détachée  d'une 
planche  rectifiée  avec  la  scie.  De  lé,  prononcez 
le,  ou  lais,  presque  toujours  remplacé  par  lèse  ou 
laise.  —  Au  sens  de  lisière  :  Pour  tenir  ses  chausses 
(bas)  elle  fait  toujours  ses  jarreteli''res  avec  des 
laises  de  drap.  (By.) 

Élancé  (Mj.),  part.  pas.  Fig.  Lancé  très  en 
dehors,  un  peu  viveur.  [|  Absolument  :  qui 
marche  à  une  vive  allure.  Ex.  :  Vous  velà 
ponmoins  élancé!  Syn.  de  Ebrivé,  Embromé. 
Il  N.  Il  est  d'usage,  lorsqu'on  rencontre  une 
personne,  même  inconnue,  de  lui  dire  en 
passant  :  Vous  velà  parti  ! 

Élarge  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Espace.  Ex.  : 
J'avais  point  d'élarge  dans  le  guernier  pour 
botteler  le  foin.  Syn.  de  Elargisse. 

Élarger  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Elargir.  Ex.  : 
On  met  des  harasses  pour  élarger  les  chartes. 
Il  V.  n.  s'Elargir.  Ex.  :  Le  bois  fend  ;  je  vois  le 
trou  élarger  quand  je  cogne  sus  la  cheveille. 

Élargisse  (Mj.),  s.  f.  —  Elargissement, 
agrandissement,  espace  additionnel.  Ex.  :  Ça 
va  donner  de  V  élargisse.  Syn.   de  Elarge. 

Élève-pape  (Lg.),  s.  m.  —  Elève  ecclésias- 
tique. Se  dit  par  une  douce  ironie.  On  dit 
aussi  :  Apprenti-pape.  Usage  très  fréquent. 
Cf.  le  dicton  sur  le  soldat  qui  porte  dans  sa 
giberne  le  bâton  de  maréchal. 

Élever  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Dans  un  ouvrage 
de  tricot,  faire  deux  mailles  sur  une  seule. 

Élevure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Endroit  d'un 
ouvrage  de  tricot  où  l'on  a  élevé.  V.  Appe- 
tissures  (By.). 

Éliet  (El,  mouillé)  —  (Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Œillet.  Cf.  EU. 

Éiinguer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Hisser  ou  des- 
cendre à  l'aide  d'un  palan  fixé  au  bout  d'une 
vergue.  Syn.  de  Palanquer.  \\  Attacher  un 
objet  avec  une  corde.  V.  Ecabouir. 

Et.  —  Elingue.  Corde  qui  a  un  nœud  coulant 
à  chaque  bout,  et  qui  sert  à  entourer  les  fardeaux 
pour  les  mettre  dans  les  vaisseaux,  ou  hors  des 
vaisseaux.  —  D.  C.  à  Fundibule.  —  Angl.,  sling, 
élingue  et  fronîe.  (Litt.)  —  Aha.  slinga  ;  am. 
schlinge  (Darm.).  —  En  norm.,  petit  bâton  fendu 
par  un  bout,  dont  les  enfants  se  servent  pour  jeter 
des  pierres.  (Ménage.) 

Elle  (Mj.),  pron.  pars.  —  Le,  la.  C'est  le  cas 
rég.  ou  accusatif.  —  Ex.  :  Velà  eine  palourde, 
va  falloir  elle  emporter.  —  Si  le  chevau  galope, 
je  vas  pas  pouvoir  elle  arrêtert  —  V.  Le*  On 


double  l'I  parce  qu'il  se  prononce  très  lourd. 
—  N.  Je  verrais  ici  la  prosthèse  d'un  e;  je  ne 
peux  pas  (e)  l'arrêter.  A.  V. 

EUégir'^  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Alléger.  Dou- 
blet de  Allegir.  Cf.  Soulegir.  \\  Lg.  —  Ellegir 
un  trou  de  boulin,  —  ménager  un  trou  de 
boulin  au-dessus  de  l'arasement  d'une  levée 
de  mur,  en  commençant  la  levée  suivante. 

Élllou  (^Ij.),  adj.  quai,  invar.  —  De  l'œil. 
Ne  s'emploie  qu'avec  le  mot  dent.  Ex.  :  Dents 
elliou,  —  dents  de  l'œil.  On  appelle  ainsi  les 
deux  canines  supérieures,  dont  la  racine 
pénètre  en  effet  dans  les  os  de  la  face,  très 
près  de  l'orbite  de  l'œil.  —  Eil.  ||  By.,  é-illo, 
eillot. 

Ëlocher  (Mj.),  v.  a.  —  Locher,  ébranler  un 
piquet,  un  arbre,  une  dent,  un  objet  qui  est 
planté,  piqué.  Mais  on  ne  dira  pas  :  élocher 
ein  mur,  eine  porte.  —  Double  de  Elosser. 

Et.  —  Elocher,  vx  mot  qui  signifie  :  ôter  de  sa 
place,  renverser.  Ebranler  une  plante  com.  si  on 
voulait  l'arracher.  Lat.  fictif  :  ex-locare,  déplacer. 
(Litt.)  —  «  Locher,  mot  d'orig.  germ.  ;  am. 
locker,  mha,  loger,  qui  branle.  »  (Darm.)  —  Es- 
locher.  Secouer,  ébranler.  Branler,  remuer.  Dé- 
boîter, disloquer.  —  «  Pour  ce  que  le  suppliant 
vit  que  le  petit  Jehan  s'efïorçoit  de  courir  sus  à 
icellui  Nicolin,  il  eslocha  ledit  espieu,  et  en  frappa 
le  petit  Jehan  (1447).  —  «  Les  clous  de  quoy  les 
planches  de  la  nef  estoient  attachiez  estoient  tous 
eslochez.  »  (Joinville.) 

—  «  Neptune  s'en  venoit,  d'un  souffle  véhément, 
«  De  la  terre  elocher  le  massif  fondement.  » 

(Baif.)  —  Citations  de  L.  C. 

—  «  Sont  de  leurs  lieux  esquelz  souloient  gésir 
«  Tant  deslochez  et  haultement  ravis 

«  Que... 

(Rab.,  Epistre  à  Jehan  Bourhet,  604.) 

Il  DiEz  propose  le  mha lùcke,  branlant  ;  Scheler, 
le  germ.  loc,  mod.  locke,  boucle,  mèche  de  che- 
veux ;  lochier  serait  ainsi  :  faire  flotter  les  cheveux, 
et,  p.  ext.,  agiter.  —  Je  propose  l'ail.  Loch,  trou. 
(R.  O.) 

Éloquence  (Z.  139),  s.  f.  —  Avoir  de  Vélo- 
quence,  c'est  crier  très  fort.  V.  Loquence. 

Élosser  (Ag.,  Lue,  By.,  Z.  150,  Lg.),  v.  a. 
—  Mêmes  sens  que  Elocher.  \\  Lg.  —  Déta- 
cher par  arrachement,  une  branche.  Syn.  de 
Eglasser,  Eclafer,  Eclafeler,  Ecafeter.  Doubl. 
de  Elocher,  avec  un  sens  voisin.  Ou  p.  ê.  corr. 
de  Eglasser.  —  ||  By.  —  C'est  :  ébranler  afin 
de  pouvoir  arracher. 

Élouetter  (Te.),  v.  a.  —  Elaguer,  couper  les 
menues  branches  le  long  de  la  tige  d'un  arbre. 
Ex.  :  Je  m'en  vas  élouetter  dans  ma  balise.  — 

Syn.   de  Eguerter,  Egler,  Ep\er,  Elaiguier. 

Éniaginablc  (Sp.,  By.),  adj.  q.  —  Inimagi- 
nable, incroyable.  Ex.  :  J'ai  ieu  eine  peine 
émaginable  à  passer.  —  Corr.  du  mot  fr. 

Émaginant  (Lg.),  adj.  verb.  —  Etonnant, 
incroyable.  —  Ex.  :  C'est  émaginant  si  c'est 
vrai. 

Éniagination  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Imagina- 
tion. 

Ëmaginé  (Mj.,  Lg.),  part.  pas.  —  Imaginé- 


326 


ÉMAGINER  —  EMBARGER 


Lg.  —  Devant  un  adj.  sert  à  former  une  sorte 
de  superlatif.  Ex.  :  C'était  in  bœuf  émaginé 
bon,  —  parfaitement  bon.  —  Cf.  Fini,  Par- 
fait. 

Ëmaginer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Imaginer.  || 
V.  réf.  S'émaginer  de,  —  imaginer,  inventer. 
Ex.  :  Tu  ne  Vémagines  de  ren.  ||  Lg.  —  Eton- 
ner. Ex.  :  Ça  m'émagine,  s'il  en  veint  à  bout. 

Ëmagineux  (Che.),  adj.  q.  —  En  parlant 
d'un  cheval  ombrageux.  V.  Aparcevanl. 

Ëmaginoire  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Imagination. 
Cf.  Comprenoire. 

Ëmaier  (s'),  v.  réf.  —  S'inquiéter,  s'émoyer. 
Cf.  Emayer. 

Et.  —  Wall.,  émaï,  bourg,  émeger.  Mot  hy- 
bride, es  -f-  aha  magan,  pouvoir,  être  fort;  action 
d'ôter  force  et  pouvoir.  Esmoi  est  la  forme  pic. 
esmai  la  f.  directe,  venue  de  l'ail.  Vx.  fr.  :  esmai, 
esmay,  esmoy.  (Litt.).  —  Emoi,  pour  :  esmoi, 
subst.  verb.  de  l'anc.  v.  esmoyer  (Montaigne), 
pour  :  esmayer.  Confus,  de  suff.  (Dabm.)  — 
«  Et  che  esmaia  durement  chiaux  de  la  ville.    » 

(FkOISS.  SCHELER.  ) 

—  «  Fol  est  qui  tant  pour  un  bouclier  s'esmaie, 
«  .T'ai  bien  jette  le  mien  dans  une  haj'e.  )> 
(Amyot.  Œ.  de  Plut.,  Dits  notables  des  Lacédémon. 

—  DE  MoNTESs.)  —  Nul  rapport  avec  le  lat. 
Eraovere. 

Ëmanicant  (Lg.),  adj.  q.  —  Impotent,  in- 
firme, manchot,  bancal.  —  Syn.  de  Manicant. 

Ëmarder  (Sp.),  v.  a.  —  Nettoyer,  torcher 
un  jeune  enfant.  ||  Passer  à  l'eau,  essanger 
des  langes  pour  en  enlever  les  ordures.  ||  Mj. 
Fig.  Emarder  une  personne,  —  médire  d'elle, 
gloser  sur  elle,  publier  ses  défauts  ou  ses  vices, 
la  débiner  ;  décrier,  calomnier,  desservir. 
Ex.  :  Ils  ont  été  nous  émarder  partout.  — • 
Pour  Emerder,  du  fr.  merde.  —  Tympaniser. 

N.  —  Cette  énergique  et  pittoresque  expression 
ne  rappelle-t-elle  pas  invinciblement  le  mot  de 
Napoléon  î^^  -.  «  Il  faut  laver  son  linge  sale  en 
famille  T  » 

Ëmayer  (s'),  v.  réf.  —  Pour  :  s'émoyer.  V. 
Emaier. 

Embabouiner  (Tlm.,  Lg.),  v.  a.  —  Enve- 
lopper, entourer  d'un  bandage.  Syn.  de  Em- 
bourrer.   ||  Embarrasser,  ligoter.  —  Lrm.,  id. 

Et.  —  Dér.  de  Babouin.  Or,  ce  mot  n'est  qu'une 
autre  forme  du  pat.  Boubelln  ou  Boublin,  et  du 
fr.  Bobine.  Il  en  résulte  que  Embabouiner  est  un 
doubi.  du  fr.  Embobiner,  ou  Embobeliner,  lequel 
a,  au  fond,  même  signification  (R.  0.1.  —  Enlacer 
comme  la  bobine  avec  le  fil  (Litt.).  —  En  -f-babouin. 
Prendre  par  des  singeries,  de  fausses  démonstra- 
tions (Darm.).  —  Embaboiné  :  «  Dont  a  dict  l'a- 
postre,  que  ceux  qui  se  laissent  embabouiner  à 
cette  passion  et  cupidité,  font  naufrage  et  s'es- 
garent  de  la  foy  et  s'embarrassent  en  diverses 
peines.  »  (N.  E.  —  Sacesse  de  Charron,  I,  21.)  — 
Esbaboyner,  tromper  :  «  Icellui  Perrin  dist  au 
suppliant  que  il  n'estoit  que  un  falroulleur,  et  le 
cuidoit  ainsi  esbaboyner,  et  que  tout  ce  qu'il  disoit 
estoit  mensonge.  »  (L.  C.)  —  Envelopper  la  fi- 
gure. «  Il  est  tout  embaboviné,  on  ne  lui  voit  cjue 
le  bout  du  nez.  «  (Jaub.^ 

Emballe  (Mj.,  By.,  Lrm.),  adj.  q.  et  s.  m. 
ou  f;  —  Olibrius,  ardélion,  qui  fait  l'empressé 


et  se  mêle  de  tout  sans  nécessité,  qui  aime  à 
s'ingérer  dans  ce  qui  ne  le  regarde  pas.  Syn. 
de  Embousé.  ||  Lue.  —  Fanfaron,  vantard.  — 
C'est  la  mouche  du  coche.  ||  Ag.  —  Marie- 
quatre-emballes,  —  personne  qui  fait  des 
embarras,  qui  se  donne  une  importance 
qu'elle  n'a  pas.  —  Syn.  Tabousse. 

Et.  —  MÉNAGE  dérive  ce  mot  de  baie,  sac,  pa- 
quet. La  succession  des  idées  est  claire  :  1°  mettre 
des  objets  en  balle  pour  les  expédier  ;  2"  les  expé- 
dier ;  3°  expédier  qqn,  le  faire  partir  ;  4'^  s'emballer, 
au  fig.,  sortir  de  son  calme,  se  laisser  entraîner  à 
qq.  bévue,  s'emporter,  se  passionner  pour  qqch. 

Emballé  (Tlm.),  part.  pas.  —  S'emploie 
dans  la  loc.  :  Voix  emballée  —  voix  voilée, 

assourdie. 

Et.  —  C'est  le  v.  s'emballer,  pris  au  flg.  —  La 
cause  de  l'enrouement  est  rapportée  à  une  balle,  à 
un  obstacle  qcque  fixé  dans  la  gorge. 

Emballer  (s')  —  (Sp.),  v.  réf.  —  Syn.  de 

s'Emboiser.  —  ||  (Mj.,  By.).  —  Se  mêler  de. 
Ex.  :  A  s'est  emballée  de  vouloir  les  marier. 

Emballeur  (Sp.,  Mj.),  adj.  q.  et  s.  —  V. 
Emballe.  Syn.  de  Tabousse. 

Embâme  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Sentir  eine  embâme,  —  sentir 
bon,  embaumer.  On  emploie  aussi  dans  cette 
loc.  la  forme  modernisée  :  Embaume. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Balsamus,  —  vx  fr.  basme. 
Hist.  —  «  Prenant  à  gré  ma  mort  comme  doulx 
basme.  » 

G.  C.  Bûcher,  98,  p.  139.) 
«     Et     n'y     a    bajime 
«   Perle   ny  gemme 
«  Qui  sceust  doulcir  son  amer.  » 

(ID.,     139,     p.     165-, 

Embâme  (Lg.),  adj.  q.  —  S'emploie  dans 
la  loc.  :  Embâme  de  dormir,  —  qui  a  très 
grande  envie  de  dormir,  mort  de  sommeil. 

N.  —  Ce  mot  est  probablement  un  double  du 
mi'y.aba'imi,  qui  signifiait  :  enflé.  Celui  qui  a  grande 
envie  de  dormir  a  les  traits  gonflés  et  les  yeux 
gros  de  sommeil. 

Embâmer  (Mj.),  v.  a.  —  Embaumer.  Du 
vx  fr.  Basme  ;  lat.  Balsamum. 

Hist.  —  «  La  chair  en  est  tant  délicate  et  tant 
friande  que  c'est  basme.  »  (Rab.,  P.,  IV,  1.) 
«  Embasme  de  son  odeur 
«  Le  vert  honneur  delà  préo.  » 
•J.  DU  Bellay.  Chant  de  l'amour,  p.  273.) 

Embarboiiillé  (Ag.,  By.),  part.  pas.  —  Bar- 
bouillé. 

N.  —  «  Se  salir  ;  se  couvrir,  en  pari,  du  temps  ; 
avoir  le  cœur  embarbouillé,  disposé  à  vomir  ; 
faire  perdre  à  qqn  le  fil  de  ses  idées  :  v.  réf.  s'em- 
barbouiller,  s'embrouiller,  se  perdre  dans  ce  qu'on 
dit.  —  «  Ne  embarboyllez  vostre  neuve  robe,  je 
vous  prie.  »  (Palsgr.,  p.  5i9.  —  Guillem.) 

Embarboiiiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Em- 
brouiller. Syn.  de  Emberlificoter.  Cf.  Débar- 
bouiller. —  V.  le  précédent. 

Embarger  (Sa.,  By.),  v.  a.  —  Disposer  en 
barge,  entasser,  —  des  fagots.  ||  Mj.,  Lg.  — 
Disposer  en  grosses  meules,  du  foin,  de  la 
paille.  De  Barge.  \\  Ec.  —  V.  Abarger. 


EMBARLIFICOTER  —  EMBERVER 


327 


Embarlificoter,  v.  a.  —  Entortiller,  em- 
barrasser par  ses  raisonnements,  embrouiller. 
Cf.  Emberlificoter. 

Et.  —  Mot  de  fantaisie  (Litt.).  —  Id.  Semble 
être  une  variante,  faite  à  plaisir,  de  emberluco- 
quer,  s'entêter  ridiculement  (d'une  idée).  Orig. 
incert.  (Darm.  ).  —  Hist.  —  «  Qu'est-ce  que  la  vie  ? 
Un  sentier  hérissé  de  ronces  et  d'épines  où  l'on  ne 
peut  faire  un  pas  sans  s' embarlificoter  les  jambes.  » 
(Werther,  ou  les  Egarements  d'un  cœur  sensible. 
Vaudeville.  .Jaub.) 

Embarras  (Mj.),  s.  m.  —  Ça  n'est  pas  Y  em- 
barras,—  ou  (ailleurs)  d'emèarras,  —  loc.  fami- 
lière, employée  à  tout  propos  et  d'une  signifi- 
cation presque  nulle,  souvent.  —  Effective- 
ment, etc.  Ex.  :  «  Je  crais  ben  qu'il  est  fou.  —  Ça 
n'est  pas  Vembarras  !  «  c.-à-d.  C'est  bien  pos- 
sible, ma  foi.  —  Cette  formule  approbative 
est  des  plus  employées  à  Mj.  —  L'a  final  se 
prononce  très  bref. 

Et.  —  En  4-  barre. 

Embarrassée  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  By.),adj.  q.  — 
Se  dit  d'une  fille  enceinte. 

Hist.  —  «  Ma  fiancée,  qui  avait  peur  que  je  ne 
revinsse  pas,  étant  déjà  embarrassée,  pensa  mourir 
de  tristesse  et  de  regret  de  sa  noce  perdue.  « 
(P.  L.  Courrier.  Pamphlets.) 

Embarrasser  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  v.  a.  — 
Rendre  enceinte.  Syn.  de  Enguernousir, 
Enceinter.   \\  Se  débarrasser,  accoucher. 

Embasse  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Embase,  emba- 
sement. 

Embâter  (Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Syn.  de  Enros- 
ser,  Embirnqiier.  Ex.  :  Est-il  pourtant  ben 
embâté,  pouvre  corps  !  avec  ceté  grousse 
trouille-là!  —  !|  V.  réf.  se  mêler.  Ex.  :  Il  s'est 
embâté  de  vouloir  la  marier.  Syn.  de  s  Em- 
baller, s' Emhouser. 

Et.  —  Charger  d'un  bàl. 

Embatoir  (Sp.,  Tlm.),  s.  m.  —  Fosse  étroite 
et  remplie  d'eau,  dans  laquelle  on  plonge  une 
roue  dès  qu'on  l'a  embatue. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Embatre  que  l'Académie  écrit 
avec  un  seul  t,  tandis  qu'elle  écrit  avec  deux  t  le 
v.  battre. 

Embattre  (s')  —  (-Mj.),  v.  réf.  —  Se  recou- 
vrir en  partie,  en  pari,  de  deux  objets,  de 
deux  planches,  p.  ex.  Syn.  de  Chevaler.  \\  V.  a. 
—  Engager  partiellement  l'un  sur  l'autre.  || 
Sp.  Mettre  un  cercle  de  fer  sur  les  jantes 
d'une  roue. 

Embaiiclie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Embauchage, 
embauchement.  Ex.  :  Il  est  parti  chercher  de 
V embauche  ;  il  a  trouvé  eine  bonne  embauche. 

Et.  —  En  -j-  bauche.  Embaucher,  commencer  ; 
c'est  faire  entrer  dans  la  bauche,  ou  bauge. 

Embauché,  pai-t.  p.  —  Se  dit  du  temps, 
quand  il  est  à  la  pluie.  \.  A  Mj.  on  dit  en  ce 
sens  :  Débauché.  By.,  id. 

Embaucher  (Mj.),  v.  a.  —  Entreprendre. 
Ex.  :  Il  en  embauche  pus  qu'il  ne  peut  en  san- 
gler. 

Embauchoux  (Mj.),  adj.  q.  —  Embaucheur. 


Il  Mère-emèauc/«e«se, 
boute-en-train. 


femme  qui  est  un  peu 


Embaume  (Mj.),  s.  f.  —  V".  Embâme. 

Embauner  (Lue),  v.  a.  —  Mettre  sur  la 
figure  d'un  cheval  des  œillères  pour  l'empê- 
cxer  de  voir  ce  qui  pourrait  l'effrayer.  ||  Au 
fig.,  s'embauner  de  qqn.,  —  ne  voir  que  ses 
qualités.  Ex.  :  Elle  s'est  embaunée  de  cette 
personne  »,  c.-à-d.  elle  ne  voit  qu'elle  ;  des 
œillères  lui  couvrent  les  yeux  quand  il  s'agit 
de  ses  défauts.  V.  Emboiné.  Cf.  Embâmé. 

Embayure  (An-ba-iure).  —  (Mj.),  s.  f.  — 
Sorte  de  nœud.  Terme  de  marine. 

Embeaudezir  (Tlm.),  v.  a.  et  n.  —  Embellir. 
Dér.  irrég.  du  fr.  Beau.  Embellezir. 

Embécassé  (Segr.),  part,  pas.  Ennuyé.  « 
Cet  homme  m'embécasse  »,  pour  dire  :  J'ai 
assez  de  son  bec.  —  Une  fille  embécassée,  ou 
amoureuse.  (Mén.).  —  V.  Empécasser,  bien 
préférable,  sous  tous  les  rapports. 

Embedouflé  (By.),  adj.  q.  —  Haletant, 
oppressé,  qui  a  l'estomac  (la  bedoufie)  trop 
plein.  Syn.  de  Gonfle,  Guède. 

Embéguiné,  part.  pas.  —  Coiffé.  ||  Au  fig. 
être  coiffé  de  qqn,  avoir  un  béguin  pour  une 
personne. 

Et.  —  Béguin.  Coiffe  de  Béguine.  Dér.  de  Lam- 
bert le  Bègue,  fondateur  au  xiv  s.  du  premier 
couvent  de  Béguines  (Darm.). 

Embelleziro  (Tlm.),  v.  a.  et  n.  —  Embellir. 
Cf.  Embeaudezir''. 

Embenêzir"  (Mj.),  v.  a.  —  Améliorer,  jj  V. 
n.  —  S'améliorer.  Vieux. 

Et.  —  Dér.  irr.  de  Embonnir,  dont  il  est  aussi  le 
synon.  —  Syn.  de  Embonnezir. 

Emberlificoter  (Mj.),  v.  a.  —  Embrouiller, 
embarrasser  ;  troubler,  entortiller.  ||  Ennuyer, 
V.  Embarlificoter.  \\  By.  —  Pron.  Emboerlifl- 
coter. 

Hist.  —  «  Ha,  pour  grâce,  n'emburelucoquez 
jamais  vos  esprits  de  ces  vaines  pensées.  »  (Rab., 
G.,  f,  7,  16.)  —  Rapprochement. 

Embernaché  (Segr.),  adj.  q.  —  Empêtré. 
«  Not'vieau  était  embernaché  dans  son  licou.  » 
Sjm.  de  Embrèlé.  By.  Emboernaché. 

Emberniclé  (Mj.),  adj.  q.  —  Enchifrené. 

Et.  —  Je  ne  vois  pas  bien  l'origine  de  ce  mot.  On 
pourrait  croire  qu'il  vient  de  Bernicle,  par  une 
métaph.  un  peu  forte.  Mais  l'existence  du  doublet 
Embourniflé  vient  à  l'encontre  de  cette  hypothèse. 
En  effet,  on  doit  remarquer  que  toujours  c'est 
l'articulation  cl  qui  s'est  substituée  à  fl.  (V.  Cléau, 
Cleumer,  Hidet).  tandis  que  la  réciproque  n'est 
pas  vraie.  Il  faut  donc  admettre  que  Emberniclé 
est  pour  Embourniflé.  (R.  O.) 

EmbernoHsé  (Th.),  adj.  q.  —  Couvert  de 
boue  des  pieds  à  la  tête.  —  De  Bren,  Brenoux. 

Emberver  (Mj.,)  v.  a.  —  Combuger,  remplir 
(j'eau,  —  un  fût  sec,  pour  le  rendre  étanche. 
Corr.  du  fr.  Abreuver.  —  Emberver,  Em- 
beurver,  Embrever,.   jj  Lg.  —    Infester.  Ex.  : 


328 


EMBESOGXÉ  —  EMBORDOUFLÊ 


Il   est  embervé   de  gale.   —  Cf.    Embeurver. 
Jaxjb. 

Enibesogné  (Lg.),  adj.  q.  —  Indisponible, 
en  pari,  des  choses.  Ex.  :  Ça  fait  bé  de  l'argent 
embesogné.  —  Ne  se  dit,  en  franc,  que  des  per- 
sonnes. 

Embêtant  (Partout),  adj.  verb.  —  En- 
nuyeux, agaçant.  Syn.  de  Hébétant,  Chiant, 
Canulant. 

Embêtement  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ennui. 
Syn.  de  Hébétement. 

Embêter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Rendre  bête, 
abêtir,  mystifier.  [|  Ennuyer,  importuner, 
agacer.  —  Syn.  de  Hébéter. 

Embeurrée  (Mj.),  s.  f.  —  Plat  de  légume 
copieusement  assaisonné  avec  du  beurre. 
«  Eine  embeurrée  de  choux.  »  Mot  d'importa- 
tion récente. 

Embeurrer  (By.).  —  Etendre  du  beurre 
sur  du  pain,  ou  étendre  des  rillettes,  des  con- 
fitures, des  fraises  écrasées.  Syn.  de  Graisser. 

Embiaisons  (Tlm.),  s.  f.  plur.  —  Semailles. 
Syn.  de  Sèmeries,  Couvrâilles. 

Et.  —  Ce  mot  est  évidemment  pour  Emb/aisons. 
avec  l  mouillé,  et  vient  de  blé  (que  les  vieux  pro- 
noncent Bié),  lat.  Bladus.  Il  est  voisin  du  fr. 
Emblavure.  V.  Einblayer.  —  «  Pour  Emblavaison.  « 
Au  propre  :  mettre  en  blé,  puis,  au  fig.,  embarrasser, 
parce  que  la  récolte  sur  pied  encombre  le  champ  : 
de  même  que  Déblaver  (déblayer)  a  signi^'-é  : 
ôter  la  récolte  ;  puis  :  ôter  ce  qui  encombre. 

Embiber  (Mj.),  v.  a.  —  Imbiber.  Cf.  Enéver. 

Embiciller.  —  Transmis  sans  explication. 
P.-ê.  rendre  imbécille  ;  c.  Embêter,  rendre 
bête. 

Ëmbiroquer  (Mj.),  v.  a.  —  Syn.  de  Enros- 
ser,  Embâter. 

Et.  —  Formé  de  En  et  de  Birogue  ;  correspond 
exactement,  c.  sens  et  c.  forme,  à  Enrosser. 

Embistrouiller  (Ag.,  By.,  Mj.),  v.  a.  — 
Engager  dans  qq.  diffîcuîté.  ||  Fig.  —  Em- 
brouiller, embarrasser,  interloquer.  |j  Agacer, 
ennuyer,  embêter.  —  V.  Emberlificoter.  \\ 
Embobiner.  ||  Faire  perdre  le  fil  de  ses  idées. 
—  Syn.  de  Enquiquiner. 

Et.  —  En  Bistrouiller.  «  Ex.  :  Il  est  arrivé  tout 
embistrouillé,  —  tout  saisi.  » 

Emb/aisons  (Tlm  )s.  f.  pi.  Emblavures. 
cjyn.  de  Semaisons,  Couvrâilles.  Y.  Embiaison. 

Emb/ayer  (Lg.,  Tlm.),  v.  a.  —  Emblaver, 
ensemencer  surtout  en  blé.  —  On  prononce  : 
Embiéyer.  —  Ce  mot  a  vieilli.  —  V.  Embiai- 
sons. 

Emb/ayures  (Lg.),  s.  f.  —  Emblavures.  Syn. 
de  Embiaisons,  Semaisons,  Couvrâilles.  Pro- 
nonc.  :  Embiéyures. 

Emblouser  (Sp.,  M.),  v.  a.  —  Blouser, 
duper,  tromper,  mettre  dedans.  ||  V.  réf.  se 
tromper,  etc.,  faire  erreur.  On  dit  aussi  :  Se 
blouser. 

Et.  —  Dér.  de  la  blouse  des  jeux  dé  biUàrdi 


Enibobeliner  —  Emboubeliner  (Mj.),  v.  a. 
—  Enjôler,  circonvenir  qqn,  persuader  avec 
astuce,  il  Envelopper,  —  d'un  manteau, 
d'une  fourrure  ;  un  doigt,  un  membre  malade, 
d'un  linge. 

Et.   —   De  bobine  ;  on  l'entoure   d'un   fil  :  de 
même,  la  personne  est  circonvenue  par  les  cajo- 
leries, les  (latteries.  les  compliments.  —  Hist.  (qui 
suppose  Popin  ou  Poupin)  :  V.  Boublin. 
«  Se  vest  et  lace  et  enpopine 
M  Plus  acesmez  que  une  reine.  »  (xni,  Litt.) 

Embocagé,  ée,  (Mj.),  adj.  q.  —  Boisé,  cou- 
vert d'arbres,  en  pari,  d'un  champ,  d'un 
pays.  —  Bocage. 

Embocager  (ou  Emboucager)  —  (Mj.),  v. 
a.  —  Couvrir,  ombrager,  étouffer,  en  pari. 
des  haies,  des  arbres.  Ex.  :  C'est  eine  terre 
qui  est  trop  embocagée.  il  n'y  veint  ren  ; 
ceté  vigne  est  embocagée  l|  P.  ext.,  masquer, 
cacher.  Ex.  :  Il  a  fait  ein  grand  hangar  qui 
ben  emboucagé  sa  maison.  »  —  Bocage. 

Embogasser  (s')  —  (By.).  —  Prononc. 
Emboégasser.  —  L'anguille  se  sentant  piquée 
et  retenue  par  l'hameçon,  rime  su  cul,  cherche 
à  se  dégager  en  s'enroulant  la  queue  à  tout  ce 
qu'elle  rencontre,  de  l'herbe,  la  ligne  elle- 
même,  se  tord  et  se  vrille  cent  fois  sur  place 
et  s'entortille  très  serré,  corde  et  herbe,  autour 
du  corps  ;  elle  s'embogasse  et  s'étrangle.  —  Il 
faut  la  débogasser.  Il  suffit  souvent  de  tirer 
dessus  d'une  manière  convenable  pour  la 
sortir  et  enfin  on  défait  la  bogasse  (boégasse) 
en  la  démêlant  de  son  mieux.  Le  pêcheur 
apporte  ainsi  des  mortes  et  des  vives  (s.  e. 
anguilles).  Dér.  de  Bogue. 

Emboiné  (Q.  Z.  171),  adj.  q.  —  Enthou- 
siasmé. \\  Embauné. 

Emboiser  (s')  —  (em-bou-è-zé)  —  (Mj., 
By.),  V.  réf.  —  Avaler  par  mégarde  une  arête 
de  poisson,  qui  se  fixe  dans  la  gorge.  —  Boise. 
—  Syn.  de  ?,' Emballer. 

Emboisure  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Cadre  de 
menuiserie  ou  de  charpente  servant  de  mon- 
ture à  une  scie,  à  un  rouleau  à  battre,  etc.  |1 
Cadre  d'une  fenêtre.  —  Dér.  de  Boisure. 

Embondezir  "   (Lg.),    v.    a   . —  Améliorer. 

Syn.  de  Embonnir. 

Embonnezir  "  (Sp.,  Tlm.,  Lg.)  ou  Embuii- 
nezir  °,  v.  a.  et  n.  —  Améliorer,  abonnir.  V. 
Embonnir,  Embenêzir.  Cf.  Embellezir,  Egran- 
dezir,  Salezir. 

Embonnir  °  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Améliorer. 
Il  V.  n.  et  réf.  —  S'améliorer.  Syn.  de  Embon- 
nir, Embonnezir,  Embenêzir.  —  «  Oh  !  nout' 
jeune  maîtresse,  comme  v'z  avez  krézu  (crû, 
grandi)  et  embonni  (profité)  !  (Dott.).  ||  Li., 
Br.  —  Embellir,  j]  —  On  n'embonnit  point  à 
vieuzir. 

Et.  —  En  -)-  bon.  —  Hist.  «  11  fait  comme  nous 
tous,  il  n'embonnit  point  à  vieillir.  »  (M.  Xlanic. 
Ma  cousine.  Annal,  p.  et  L,  n"  939,  p.  399.) 

Bmbordoufl4   (Ag.),   adj.   q.   —  Eesoufflé. 


EMBORNIFLE  —  EMBRENER 


329 


Arriver  en  courant,  tout  embordouflé,  —  hale- 
tant. V.  le  suivant.  ||  By.,  Emboerdouflé. 

Eniborniflé  (Ag.),  adj.  q.  —  Enchifrené, 
enrhumé  du  cerveau.  Syn.  et  d.  de  Embour- 
niflé. 

Embotter  (Lg. ),  v.  n.  —  Prendre  l'eau  ou 
la  boue  dans  ses  chaussures.  Syn.  de  ?>' Enai- 
ver,  s' Embouillonner,  Poicher.  j|  E.  une  poule, 
c'est  lui  attacher  aux  pattes  un  linge  afin  de 
l'empêcher  de  gratter  ;  on  croit  que,  dans  ces 
conditions,  la  poule  ne  doit  pas  pouvoir 
pondre.  (Mén.). 

Eniboubeliner  (Mj.),  v.  a.  —  Envelopper, 
entourer  de  linges  ou  de  vêtements,  empa- 
queter avec  soin,  emmitoufler.  ||  V.  r.  Se  cou- 
vrir avec  excès.  V.  Embobeliner. 

Emboucagé  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  V.  Embn- 
cagé.  11  Fu.  —  Se  dit  d'un  lieu  embroussaillé, 
où  il  est  difficile  de  pénétrer.  —  De  Boucage, 
bocage. 

Emboucager  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Entourer 
d'arbres  nombreux  et  épais,  assombrir.  Cf. 
Boucage. 

Eiuboudiner  (Craon,  By.),  v.  a.  —  Mettre 
la  viande  dans  le  boyau. 

Eniboue  (Sar.).  V.   Embout. 

Enibouiller  (s').  —  V.   Tramail. 

Embouillonner  (s')  —  (Sp.,  By.,  Sa.,  Th.), 
V.  réf.  —  Prendre  l'eau  dans  ses  chaussures. 
Syn.  de  s'Enaiver.  De  Bouillon.  —  On  dit 
aussi  s'Embouillouner.  —  Embotter. 

Embounir  (Lg.)>  v.  a.  —  Abonnir,  amé- 
liorer. Il  V.  n.  —  Devenir  meilleur  ou  plus 
fort,  plus  gras.  Syn.  et  d.  de  Embonnir,  Em- 
bonnezir. 

Eiubourdiner  (Sal.),  v.  a.  —  Bourdonner 
autour.  Embourdiner  les  oreilles. 

Eiiibournicler  (Mj.),  v.  a.  —  Enchifrener- 

Embournifler  (Chf.),  corrupt.  du  précédent. 
V.  Emherniclé.  Syn.  de  Enchifarner,  Enre- 
ni  fier. 

Et.  —  Composé  d'une  racine  Nifl  qui  tient  au 
verbe  Nipper,  au  s.  Nippée,  au  franc.  Renifler, 
avec  les  préf.  En  et  Bour.  Ce  dernier,  qui  se  trouve 
dans  Bourniger  et  prend  les  formes  Bor  dans  Em- 
bordouflé, Emborniflé,  ou  Ber  dans  Embernidé, 
paraît  être  le  latin  Per,  employé  comme  augmen- 
tatif ou  péjoratif.  (R.  O.) 

Emboiirniger  (Chf.).  —  Corrupt.  de  Em- 
bouriiiiler.  V.  Emberniclé. 

Enibourras  (Mj.),  s.  m.  —  Enveloppe.  Ex.  : 
Y  avait  ein  gvous-l-einbourras.  —  De  Em- 
bourrer.  Cf.  Remarias.  — ■  Jaub.  a  Embour- 
rasser. 

Einbourrer  (Mj.,  l'.y.),  v.  a.  —  Envelopper, 
dans  le  sens  le  plus  général.  D'ailleurs,  on 
n'emploie  pas  d'autre  mot.  i|  Fig.  —  Avoir 
le  cœur  embourré,  —  éprouver  de  l'inappé- 
tence avec  nausées.  —  C'est  le  mot  fr.  avec 
extension.  ||  Lue.  —  Enterrer  ;  ou  :  couvrir 
de  vêtements.  ||  Sari  -—  Couvrir  le  feu,  des 


ordures,  un  petit  tas.  ||  Ti.,  Zig.  203.  —  Fig. 
Duper,  rouler.  Ex.  :  Si  ben  que  le  diable  fut 
embourré.  Syn.  de  Baiser,  Rincer. 

Hist.  —  a  Qu'on  aille  vite  me  chercher  des 
feuilles  de  lierre.  Il  faut  Vembourrer  dans  du  lierre, 
ça  gardera  mieux  la  chaleur.  «  (C.  Leroux-Ces- 
BROX.  —  Souvenirs,  p.  101,  21.) 

Enibousé  (Mj.),  adj.  q.  —  Empressé  sans 
nécessité,  qui  se  mêle  de  ce  qui  ne  le  regarde 
pas.  Ardélion.  Syn.  de  Emballe.  De  En  -|-  bouse. 

Embouser  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se 
salir  de  bouse.  ||  Fig.  S'empresser  sans  en 
être  prié,  se  mêler  de  ce  qui  ne  vous  regarde 
pas;  s'ingérer.  Syn.  de  s' Embâter, s' Emballer. 

Et.  —  Bouse.  V.  Bouser.  —  Hist.  «  Car  sa  barbe 
est  presque  toute  embousée.  >  {Rab.,  G.,  i,  2.) 

Embouson,  s.  f.  —  Etre  un  embouson,  c'est 
faire  ses  embarras  ;  de  bousare,  en  bret.,  qui 
signifie  :  assourdir.  (Mén.).  V.  Embousé. 

Embousonner,  v.  a.  —  V.  Embouson. 

Eniboussicrer  (Spb.,  By.,  Sal.),  v.  réf.  —  Se 
salir  les  mains  avec  un  corps  gras,  épais.  V. 
Boussacrer,  Boussicre. 

Embout  (Chm.),  s.  m.  —  Sorte  d'entonnoir 
au  moyen  duquel  on  gave,  on  embout  (du 
v.  Embouter)  les  oies  pour  augmenter  leur 
foie. 

Et.  —  D.  C.  Embutum,  vx  fr.  Embut.  De  in 
et  butis,  tonneau.  —  Emboquer.  Mettre  de  la 
mangeaille  dans  la  bouche  des  animaux.  De  en 
+  boque,  bouque,  pour  bouche  (Litt.).  —  Le  sens 
est  différent.  —  V.  Embut. 

Embouveter  (Mj.),  v.  a.  —  Encastrer  dans 
une  rainure.  Dér.  du  fr.  Bouvet.. 

Et.  —  Bouvet,  .^eune  bœuf,  et  Rabot  à  faire 
les  mortaises,  —  com.  le  bœuf  creuse  le  sillon. 
(Darm.). 

Embrasement  (Mj.),  s.  m.  —  Incendie. 
Beaucoup  disent  :  Abrasement 

N.  —  «  On  appeloit  «  maistres  des  embrase- 
ments »  ceux  qui  ont  inspection  sur  la  police  qui 
regarde  les  incendies.  »  (L.  C.) 

Embraseur,  s.  m.  —  Incendiaire  (Mén.). 

Embrayer  (Mj.),  v.  n.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  Aiguille  à  embrayer,  —  grosse 
aiguille  qui  sert  à  coudre  les  cordes,  encou- 
res, etc.  Elle  est  aplatie  et  recourbée  vers  la 
pointe.  N.  Le  mot  embrayer  n'a  pas  d'autre 
emploi  ni  aucun  sens  défini. 

Embrêchements  (Mj.),  s.  m.  —  |Ne  s'em- 
ploie qu'au  plur.  —  Complications,  obstacles, 
difTicultés  inattendues.  V.  Rembrêchenients, 
Ëmbrcches. 

Embroches  (Mj.  ),  s.  f.  V.  Embrèche- 
ments. 

Embrêler  (Lg.),  v.  a.  —  1"  Engager, 
empêtrer,  entortiller.  Dér.  de  Brêler  ;  Brai- 
teler.  Syn.  de  Embricocher.  —  2«  Empêtrer, 
entraver.  Syn.  de  Brider.  Doubl.  et  syn.  de 
Embrêner.  Cf.  Embernaché. 

Embrêner  (Lg.,  Sp.),  v.  a.  —  Empêtrer, 
entraven  Ex.  i  Je  me  se  embréné  dans  oine 


330 


EMBREUNE  —  EMMANCHÉ 


rôrte,  et  pis  j'ai  fait  le  bousiquet.  —  Doit 
être  pour  Embréler.  V.  Bréler,  Braiteler. 
Braiter.  Syn.  de  Embricocher.  Cf.  Débrèner. 
Il  Lrm.  —  Embréner.  Enchevêtrer  des  brins, 
des  fils,  des  tiges  minces.  Ex.  :  Un  écheveau 
embréné,  c.-à-d.   emmêlé,   mal   préparé. 

Embreune  (Mj.),  s.  f.  —  Crépuscule,  brune, 
chute  du  jour.  De  Breun,  breune.  \\  La  grousse 
embreune,  —  la  nuit  tombante.  —  Cf.  le  fr.  se 
Rembrunir. 

Hist.  : 

«...  Les  traictz  de  sa  face 

«  Qui  chacune  aultre  embrunist  et  efface.  » 
G.   C.    Bûcher,    83,   p.    128.) 

Enibreunir"  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  — ■ 
S'embrunir,  se  couvrir,  en  parL  du  temps.  De 
Breun,  breune,  p.  brun,  brune. 

Embrever  (Sal.).  Abreuver.  Mettre  de 
l'eau  dans  les  fûts  pour  faire  gonfler  le  bois. 

Embricocher  (Mj.),  v.  a.  —  Engager,  em- 
pêtrer, entortiller.  Syn.  de  Embréner,  Embré- 
ler. Cf.  Débricocher  et  Embernaché. 

Embrocher  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Frapper 
avec  ses  cornes.  Syn.  de  Encorner,  Broquer. 

Embromé,  ée  (Sp.),  adj.  q.  —  Pressé, 
empressé,  hâté.  —  Dér.  de  Bramer,  ronfler,  à 
cause  du  bruissement  ou  ronflement  que  pro- 
duit la  marche  d'une  personne  qui  se  hâte. 
D'ailleurs,  on  dit  proverbialement  :  Il  va,  que 
tout  en  brome.  Syn.  de  Elancé,  Ebrivé. 

Embrouille  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Embrouille- 
ment, confusion,  chaos.  ||  Brouille,  défaut 
d'entente,  difficulté,  contestation,  malen- 
tendu. —  Fr.  Embrouiller.  Syn.  de  Bistrouille. 
Cf.  l'ital.  Imbroglio,  devenu  fr.  ||  Ni  vu,  ni 
connu,  je  V  embrouille.  Se  dit  après  un  tour 
d'adresse  ou  de  passe-passe.  Et  on  ajoute 
même  un  geste  ;  on  tourne  ses  mains  l'une 
autour  de  l'autre  pour  imiter  la  vivacité  du 
tour.  —  Cela  peint  la  rapidité  d'un  acte  et  la 
difficulté  de  l'expliquer. 

Embriinche,  s.  L  —  Nom  vulg.  d'une  eu- 
phorbe dont  les  tiges  forment  une  ombelle. 
(MÉN.).  —  Donne  encore  :  Embrunchie.  Cf. 
Embrunchun. 

Embrunches  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Filets  de 
résine  fondue  que  laisse  couler  un  oribus,  sur- 
tout lorsque  le  temps  est  à  la  pluie.  Ex.  :  Le 
rousinard  est  à  la  pleue,  il  fait  des  embrunches. 

Et.  —  Pour  Rambrunches,  parce  que  ces  filets 
rappellent  les  tiges  de  la  vigne  sauvage.  —  Lat. 
Labrusca. 

Embrunchun  (Rf.),  s.  m.  —  Tithymale 
réveille-matin.  Syn.  de  Homblel,  Embranche, 
Embrunchie.  Bat.  Euphorbia  helioscopia. 

Embu  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Reploiement  ou 
froncement  insensible  de  l'étoffe,  au  moyen 
duquel  un  tailleur  regagne  et  annule  la  diffé- 
rence de  longueur  de  deux  morceaux  d'étoffe 
qui  se  cousent  bord  à  bord. 

Et.  —  Embu,  part,  pas,  d'emboire.  Marine. 
Une  toile  à  voile  a  de  l'embu  quand  On  l'a  fait  boire, 


ç.-à.-d.  quand  on  l'a  cousue  lâche  à  sa  ralingue 
(LiTT.).  —  Embuer,  mettre  la  lessive,  la  bue,  dans 
le  cuvier.  De  buée,  qui  vient  lui-même  d'un  radie, 
lat.  Buere,  imbiber,  qui  se  trouve  dans  Imbuere. 

Embûches  (Mj.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Traverses, 
empêchements,  obstacles,  difficultés  quel- 
conques, déconvenues,  anicroche,  contre- 
temps, encombre. 

N.  —  C'est  le  mot  fr.,  dans  un  sens  spécial  et  fig- 
—  Pas  d'autre  sens. 

Et.  —  Embusquer.  En  -f  bosc  (bois)  ;  anc. 
forme,   embuscher. 

Emburonner  (Z.  124),  v.  a.  —  Mettre  le  foin 
en  petits  tas,  en  barons.  Syn.  de  Abeulotler. 

Embut  (Fe.),  s.  m.  —  Entonnoir.  —  Em- 
bout. 

Hist.  —  «  On  ne  faisoit  que  luy  entonner  vin  en 
gorge  avec  un  embut.  »  (Rab.,'  P.,  n,  27.).  — 
Et.  —  De  In  et  buttum,  pour  butta,  bouteille,.  — 
N.  De  tonne,  nous  avons  fait  entonnoir. 

Émêché,  ée  (Partout),  adj.  q.  —  Légère- 
ment pris  de  boisson.  Gris.  Syn.  de  Pom- 
pette, etc. 

Et.  —  «  On  mèche  (on  assainit)  un  fût  en  y 
'jrAlant    une    mèche    (bout    de    sangle    enduit    de 

soufre.)  Darm. «  Comparaison  de  l'ivrogne 

i  la  mèche  ravivée  d'une  chandelle  :  «  Quand  je 
rentre  un  peu  émùché  après  minuit,  elle  me  dit  : 
«  La  cruche  est  dans  le  coin,  éteins-toi.  »  (MoN- 
SELET.  Cité  par  L.  Larchey.)  —  J'v  vois,  en  effet, 
une  comparaison  avec  la  mèche  d'une  lampe  qui 
est  imbibée  d'huile,  etc. 

Ëmeiliaudé  (Lg. ),  adj  q  —  Loqueteux,  en 
haillons.  Syn.  de  Impenaillé,  Gueneillé,  Gue- 
nilloux.  Dér.  de  Meillaud. 

Ëmeiller  (s')  —  (Lue).  —  S'émoyer,  se 
tourmenter,  s'inquiéter.  V.  Emaier. 

Émener  (s')  (Sar.),  v.  réf.  —  Sortir  d'un 
engourdissement  en  donnant  du  mouvement 
à  ses  jambes. 

Émérer  (Lg.),  v.  n.  —  Rejeter  l'arrière-faix. 
Syn.  de  Rendre  la  Mère,  Délivrer. 

Ëmérure  (Lg.),  s.  f.  —  Arrière-faix  ;  enve- 
loppes du  fœtus.  Syn.  de  Délivrance.  V.  Emé- 
rer. 

Ëmiâqué  (Li.,  Br.),  adj.  —  Pourri,  écrasé. 
Les  potterres  sont  tout  émiâquées.  » 
Et.  —  De  mâcher,  sans  doute,  avec  sens  péjorat. 
Masticare,   mâcher,   machurer  :   préf.   E.   (Darm.) 

Ëmitation  (Mj.),  s.  f.  —  Imitation. 

Émiter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Imiter.  Cf. 
Emaginer. 

Emmanche  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Arrangement, 
manière  dont  plusieurs  objets  sont  attachés, 
ajustés,  enchevêtrés.  Ne  s'emploie  qu'en 
mauvaise  part,  et  jamais  dans  le  sens  pr., 
qu'exigerait  l'étymologie.  Ex.  :  En  velà 
d'eine  emmanche  !  \\  Conjoncture  singulière, 
coïncidence  étrange,  aventure  louche,  imbro- 
glio. —  En  -f  manche. 

Emmanché  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Mis, 
habillé,  vêtu.  Ex.  :  T'es  ben  mal  emmanché 
avec  ceté  culotte-là  !  Syn.  de  Querté. 


EMMANCHEMENT  —  ÉMOUGHETTE 


331 


Emmanchement  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  V. 
Emmanche.  Combinaison,  mécanisme. 

Emmancher  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Mettre, 
arranger,  ajuster.  Ex.  :  Que  velà  ein  lit  qu'est 
mal  emmanché  !  \\  V.  réf.  —  S'ajuster,  se 
mettre,  se  parer.  Ex.  :  Je  n'ai  toujours  ben 
jamais  vu  eine  fille  savoir  si  mal  de  s'emman- 
cher. (Sal.).  Il  S' emmancher  après  qqn,  ou  après 
sa  culotte,  —  entreprendre  qqn.,  s'attaquer 
à  lui,  le  malmener.  Ex.  :  Les  mariniers  se 
sont-ils  pas  emmanchés  après  sa  culotte  ;  ils 
illi  en  ont  dit  depis  Patar  jusqu'à  Amen.  || 
^'emmancher  après  qqch.,  —  se  mettre  à,  y 
travailler.  ||  Compter  des  frais,  faire  une  note. 
Ex.  :  Les  médecins  ont  bentout  fait  de  nous 
en  emmancher  pour  ben  de  l'argent. 

Emmanchure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Syn.  de 
Emmanche  et  Emmanchement.  \\  Circonstance, 
conjoncture.  !|  Combinaison,  mécanisme.  || 
Manière  dont  un  outil  est  emmanché.  !|  Fig. 
Imbroglio. 

Emmantibuler  (Sal.),  v.  a.  —  Organiser, 
disposer,  —  plutôt  mal,  sans  ordre.  Contr.  de 
Démantibuler.  Syn.  de  Emmancher,  Apponter. 

Emmarehement  (Lg.),  s.  m.  —  Disposition 
des  marches  d'un  escalier  ;  surtout  hauteur 
des  marches,  dans  la  langue  des  maçons. 

Emmardée  (Mj.),  s.  f.  —  Excréments  dont 
un  enfant  s'est  sali.  V.  Mardée. 

Emmardement  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Ennui,  agacement,  sujet  d'irritation. 

Emmarder  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Emmer- 
der. Ennuyer,  agacer,  importuner  ;  dédaigner 
souverainement.  Syn.  de  Enquiquiner,  Enqui- 
nequiner,  Emmieller,  Enzuter,  Enrousiner, 
Enrhumer,  Bassiner,  Canuler. 

Emmarrer  (Lg.),  v.  a.  —  Embarrasser. 
Syn.  de  Encancher. 

Emméchanter  (Sar.),  v.  a.  —  Rendre 
méchant. 

Emmétrer  (^Ij.,  Lg.),  v.  a.  —  Disposer  en 
tas  réguliers  d'un  mètre  cube,  du  macadam. 

E  m  miauler  (Lg.),  v.  a.  —  Enjôler,  chercher 
à  circonvenir,  à  séduire  par  de  douces  paroles. 
Doubl.  du  fr.  Emmieller . 

Et.  —  Jatjb.  propose  :  de  la  voix  doucereuse  du 
chat,  lorsqu'il  sollicite  sa  femelle. 

Emmieller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Par  euphé- 
misme pour  Emmarder.  V.  ce  mot  pour  les 
synon. 

Enimoller  (s').  —  (Lg.,  Sal.),v.  pron. — S'em- 
bourber. Syn.  de  ?,  Emmolletter,  s' EnmioUiner, 
s'Engomber.  [\  Prendre  la  boue  dans  ses  chaus- 
sures. Syn.  de  s'Enaiver. 

Enimolletté  (Segr.,  Mj.),  part.  pas.  —  Em- 
bourbé, enfoncé  dans  une  fondrière.  I!  Sa., 
adj.  q.  —  Boueux,  bourbeux,  en  pari,  d'un 
terrain.  Syn.  de  Mâqueux.  —  V.  Mollet,  de  : 
mou,   mol. 

Enimolletter  (s')  —  (Mj.,  Sal.),  v.  réf.  — 
S'embourber,  s'enfoncer  dans  une  fondrière, 


dans  un  mollet.  Syn.  de  s'Emmolliner,  s'Em- 
nioller. 

Emmolliner  (s')  —  (Sp.),  v.  réf.  —  S'em- 
bourber, V.  Mollin,  Emmolletter. 

Emmortoiser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Emmor- 
taiser.  Cf.  Mortaise. 

Emmoulageur  (Mj.),  s.  m.  —  Faiseur  de 
moulins. 

Hist.  —  «  Jacques  Barbot,  charpentier  emmou- 
lageur,  a  certifié  que...  «  (1743.  —  Inv.  Arch., 
S.  E.,  rn,  410,  1,  h.)  —  Syn.  et  d.  de  Amoulageur. 

Emmurâiller  (Mj.),  v.  a.  —  Murailler  ; 
envelopper,  encastrer  dans  une  masse  de 
maçonnerie.  —  Emmurer.  Ex.  :  Y  a  eine 
panne  emmurâillée,  —  diffère  d'une  panne 
libre. 

Hist.  —  «  Qui  la  (ville  de  Paris)  voudroit  emmu- 
râiller, comme  Strasbourg,  Orléans  ou  Ferrare.  » 
(Rab.,  p.,  II,  15,  1.52.) 

Émoier.  —  V.  Emaier. 
Ëmoiement,  s.  m.,  dér.  de  Emoier. 
N.  —  Esmoi  est  la  forme  pic,  et  esmai  la  forme 
directe,  venue  de  l'ail. 

Émonde  (Mj.),  s.  f.  —  Emondage.  S'emploie 
surtout  dans  la  loc.  :  Bois  d'émonde,  — 
émondes,  bois  provenant  de  l'émondage  des 
arbres. 

Et.  —  E  -}-  mundus,  propre.  —  Cf.  Truisses. 

Ëmorche  (Mj.),  s.  f.  —  Amorce,  jl  Herbe  à 
paître.  Ex.  :  Y  a  de  Vémorche  dans  ceté  pré-là. 
Doublet  du  fr.  —  C'est  le  sens  propre  du  mot  ; 
ce  que  l'on  peut  mordre.  Syn.  de  Pévre, 
Pécage,  Paissage,  Pânage. 

Hist.  — «Enl'aultre,  un  fouzilgarny  d'esmorche, 
d'allumettes,  de  pierres  à  feu.  »  (Rab.,  P.,  n, 
16,  156.)  —  Autre  citation  assez  malpropre,  G.  i,  13, 

29. 

Émorcher  (Mj.),  v.  n.  —  Tondre  l'herbe, 
paître,  en  parlant  d'une  vache.  Doubl.  du  fr. 
Amorcer,  pris  dans  le  sens  de  sa  rac.  lat. 
Mordere,  morsare. 

Ëmotteler  (Lg.),  v.  a.  —  Epandre,  défaire 
les  mottes  de  —  le  fumier.  Ex.  :  Après  qu'on 
a  égâplé  le  fumier  dans  les  champs,  on  Vémot- 
telle.  —  Dér.  du  fr.  Emotter. 

Ëmoucheronner  (Sar.),  v.  a.  —  Casser  la 
pomte  de. . . 

Émoucheter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Emoucher, 
chasser  les  mouches.  —  N.  Le  fr.  a  un  autre 
sens. 

His.  —  :<■  Luy  disant  qu'il  esmouchasl  bien  sa 
playe,  que  les  mousches  n'y  fissent  ordure.  » 
(Rab.,  p.,  n,  15,  152.) 

Émouchette  (Sp.,  By.),  s.  f.  —  Petit  bâton 
portant  à  son  extrémité  un  pinceau  de  longs 
crins,  dont  on  se  sert  pour  chasser  les  mouches 
qui  piquent  les  chevaux  pendant  qu'on  les 
ferre.  ||  (Lg.).  Bandeau  de  genêts  ou  de 
menus  branchages  que  l'on  suspend  en  été 
sur  le  fronteau  des  bœufs  pour  chasser  les 
mouches»  Syn.  de  Emouchoire.  \\  Li.,  Br.  — 


332 


ÉMOUCHOIRE  —  EMPATOUILLER 


Petit  oiseau  de  proie.  C'est  le  fr.  mis  au 
féminin.  ||  My.  —  Mèche  de  fil  fouet. 

Ëniouclioire  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Emouchelte. 

Ëmouler   (Sp.),  v.   a.  —  Ecraser,   broyer, 
briser,  fracturer.  —  Doubl.  de  Emoudre. 
Et. —  Préf.  E  -|-  lat.  mola,  avec  termin.  verbale. 

—  Ex-molere.  Le  composant  Mouler  est  donc 
un  doubl.  inus.  du  fr.  Moudre.  —  Hist.  — «  Es  uns 
escarbouilloit  la  cervelle...  es  aultres  demoulloit 
les  reins,  avalloit  le  nez,  poschoit  les  yeux.  » 
(Rab.,  g.,  I,  27.) 

Ëniousard  (Ssl.),  s.  m.  —  Têtard,  arbre, 
que  l'on  émonde  à  intervalles  fixes  et  dont  la 
tête  est  coupée.  Syn.  de  Mousard,  Têtaud, 
Truisse,  Trouesse,  Troignard,  Hurard. 

Émouser  (Fu.,  Zig.  196),  v.  a.  Emonder, 
un  arbre.  Cf.  Mousard. 

Hist.  —  1608.  Sépulture  d'Et.  Marsault,  «  qui 
étoit  à  ébrancher  ou  émouser  des  aunes  des  saules 
sur  les  biés  ou  rivùre  du  moulin  de  Troys  Houers  ; 
et  est  tombé. . .  »  (Inv.  Arch.,  t.  III,  E.  S.  s.,  L.  26, 
1,  h.  —  Saint-Pierre  Maulimart.) 

Émousse  (Craon),  s.  f.  —  Souche  de  bois. 

N.  —  «  Chêne  que  l'on  a  coupé  à  qqs  mètres  au- 
dessus  du  sol,  pour  lui  faire  rapporter  les  émondes 
que  le  fermier  coupe  tous  les  six  ans.  «  (Dott.) 
Syn.  de  Mousard,  Truisse. 

Ëmouti  (Segr.),  s.  m.  —  Tomber  en  èmouti, 

—  le  bois,  la  pierre  qui  tombent  en  poussière, 

—  comme  s'ils  avaient  été  moulus.  (Mén.). 

Ëmoiiturer  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Prélever  la 
mouture  sur  un  sac  de  blé.  Ex.  :  Les  meu- 
niers émouturent  ben  dur.  —  Fr.  Mouture. 

Ëmouvation  (Mj.),  s.  f.  —  Surexcitation 
nerveuse.  Ex.  :  Aile  était  d'une  émouvation 
qu'a  ne  se  sentait  pas.  —  On  dit  aussi  :  Emo- 
vation.  —  V.  Emouver.  ||  By.  Syn.  de  Emou- 
vette. 

Émouver  (Mj.),  v.  a.  —  Surexciter,  émous- 
tiller.  On  dit  aussi  :  Emover.  —  Lat.  Emo- 
vere.  —  Doubl.  du  fr.  Emouvoir.  ||  Remuer, 
activer,  chasser.  «  J'vas  vous  émouver  de 
delà.  ))  —  (Z.  149).  «  Emouve  donc  le  feu  de 
ta  chaufferette  avec  ceté  clef-là.  »  ||  S'émou- 
ver,  —  se  remuer,  se  presser. 

Ëmouvette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  les  loc:  Mettre  en  émouvette,  être 
en  é.  —  Surexciter  ou  être  surexcité.  —  V. 
Emovette.  —  Z.  142.  Emoi,  effervescence. 

Ëmovation,    Ëmové,     Ëiiiover,     Ëiuovette 

(Mj.).  Voir  ces  mots  avec  la  syll.  ou. 

Émoyance  (Mj.,  By.,)  s.  f.  —  Transe,  appré- 
hension, trouble,  inquiétude,  effroi,  émoi. 
Ex.  :  Il  ne  sent  plus  son  mal  de  dent,  c'est 
Yémoyance  qu'il  a  de  se  la  faire  arracher.  — 
Emoyer.  —  Ex.  :  U émoyance  c'est  de  braver. 

Ëmoyant  (Sar.,  Mj.,  By.),  adj.  q.  —  In- 
quiétant, tourmentant.  «  C'est  ben  émoyant 
de  séier  le  bié  de  ceté  chaud  là. 

Ëmoyé  (Z.  134.  Q.,  Mj.  By.).  part.  pas. 
■ —  Inquiet,  troublé,  tourmenté,  —  qui  craint. 

Ëmojer  (Mj.,  Lg.,  Sar.,  By  j  Th.),  v.  a.  — 


Mettre  en  émoi, inquiéter, troubler.  ||  S'émoyer, 
s'inquiéter. 

N.  —  Ce  mot  si  expressif,  un  des  plus  usités 
du  patois  angevin,  mériterait  de  passer  dans  la 
langue  française  classique,  qui  possède  déjà  le 
dérivé  :  émoi.  ||  Jaub.  S'améger. 

Et.  —  Ne  vient  pas  du  lat.  emovere,  com.  on 
serait  tenté  de  le  croire.  —  V.  Emaier.  Je  rap- 
pelle :  Es,  ex  (privatif)  et  le  german.  magan,  être 
apte,  pouvoir  ;  resté  en  angl.  anc.  :  to  amay  ;  mod., 
dismay,  épouvanter  (D''  A.  Bos.).  —  De  Unmagen, 
vha  ;  ail.  mod.  unmacht,  défaillance  (mal  orthogr. 
ohnmacht).  —  Scheler,  qui,  lui  aussi,  repousse 
Emovere. 

Hist.   «  Gylon  soubzrit.  Amours  commence  à  rire, 
«  Gylon  s'esmoye,  Amours  est  soucieux.   » 

G.   C.   Bûcher,   76,  p.   12.^.) 
—  c(  C'est  nostre  Roy,  nostre  chef,  s'il  a  mau, 
«  Chascun  membre  s'en  esmoye.  » 

(ID.,  278,  p.  254.) 

Empafïé  (Mj.),  adj.  q.  —  Ivre.  Dér.  de  Paf. 

N.  —  Empiffrer,  enivrer  ||  Tromper.  Jaub.  — 
Il  Mj.  —  Somnolent.  Syn.  de  Endêvré,  Embnmé,  ou 
Embaumé  de  dormir. 

Empanner  (Mj.).  —  (Em-pan  (très  nasal) 
ner),  v.  a.  — ■  Entasser  dans  une  panne,  du 
linge.  Cf.  Dépanner. 

Ënipannure  (Mj.),  s.  f.  —  Ensemble  des 
planches  qui  formaient  la  lame  de  la  peautre. 
Vieille  marine.  N.  —  L'a  est  bref,  non  nasal. 
—  Pour  empennure,  du  lat.  Penna.  Cf.  Empe- 
non. 

Empaquetter  (Mj.),  v.  a.  —  Empaqueter. 
Cf.  Reinpaqueiter,  Dépaquetter. 

Enipar  (Mj.,  By.),  prép.  —  A  partir  de. 
Ex.  :  Ça  prend  (ïeinpar\à.  \\  Empar  icit,  s'em- 
ploie dans  la  loc.  :  Empar  icit  de,  —  de  ce 
côté-ci  de,  en  deçà  de.  Ex.  :  II  demeure  ein 
petit  empar  icit  de  la  Poumeraye.  —  Brodeau 
est  ben  empar  icit  de  la  Basse- Ile.  (By.,  id.). 
Il  Vers,  du  côté  de.  Ex.  :  Ils  demeurent  empar 
les  Orchères. 

Et.  —  Du  fr.  En  -|-  par.  Cf.  Emprès,  Empour. 

Enipas  1  (Lg.,  Sp.,  Mj.,  By.),  s.  m.  —  Em- 
pan. Syn.  de  Empon. 

Bnipas  ^  (Lg.,  Sp.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  Maladie  du  cheval,  caractérisée 
par  des  aphtes,  des  boutons  qui  apparaissent 
sur  les  gencives  de  l'animal  et  l'empêchent 
de  manger.  —  Cf.  Jatjb.  à  Lampas  ;  il  cite  : 

Hist.  : 
«  Et  durera  ce  temps  de  passe-passe. 
«  Jusques    à    temps    que    Mars   ait   les   empas. 

(Rab.,  g.  n.) 

Empâter  (Z.  134,  Q.,  Mj.),  v.  réf.  —  S'em- 
pâter, s'étendre,  s'élargir.  —  \.  Empatter. 

N.  —  «  Epater.  Donner  à  un  ouvrage  d'art 
moins  de  hauteur  qu'il  ne  faudrait,  eu  égard  à 
sa  base.  De  é  -j-  patte  ;  priver  de  patte,  rendre  plus 
petit,  —  écraser,  aplatir  (Litt.).  —  Aplatir  en 
élargissant  la  base.  Nez  épaté  (Dabm.). 

Empiîter.  (Lg.),  v.  a.  —  Appâter. 

Empatouiller  (s')  (Mj.),  v.  réf.  — S'enfoncer 
dans  la  boue,  patauger.  Syn.  de  s' Engomheri 
Dér.  de  PalouU.  V.  Patouiller, 


EMPATTE  -  EMPILER 


sâd 


li!mpatte  (Mj.),  S.  f.  —  Pose,  embarras. 
S'emploie  dans  la  loc.  :  Faire  de  Vempatte  ou 
des  empattes,  poser,  chercher  à  épater.  Cf. 
Epate,  Flafla. 

Et.  —  Epater.  Rompre  le  pied  d'un  verre. 
Trivialement,  faire  tomber  sur  les  4  pattes,  et, 
fifT-,  étonner,  déconcerter. 

Empatté,  ée  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Large  et 
jifu  proéminent,  en  parlant  d'un  abcès  ;  qui 
s't'tend  largement  sous  la  peau,  en  parlant 
d'un  bobo,  d'un  furoncle.  ||  Camus,  en  par- 
lant d'un  nez.  |]  Qui  a  une  large  base,  ou  les 
p:ittes  très  divergentes,  en  pari,  d'un  vase, 
d'un  billot,  d'un  chevalet,  etc.  |i  Pris  sous  les 
pattes.  Il  Qui  a  de  grosses  et  larges  pattes.  — 
lipater. 

Hist.  —  «  Et  estoient  largement  pattes,  comme 
sniit  les  oyes.  »  (Rab.,  P.,  iv,  41.) 

Einpatter  (Mj.),  v.  a.  —  Saisir  avec  les 
pattes,  comme  essayent  de  faire  certains  che- 
vaux vicieux,  jj  Fig.  —  Empaumer,  s'emparer 
de  l'esprit  de.  ||  Sp.  —  Monopoliser,  ij  V.  réL 
Poser,  chercher  à  étonner,  à  épater.  iJ  S'in- 
gérer, se  mêler  des  affaires  d'autrui,  se 
nii'ttre  en    avant.  —  V.    Empâter. 

Empatteur  (Mj.),  s.  m.  —  Poseur,  celui  qui 
cherche  à  épater.  Syn.  de  Epateur. 

Empaumer.  V.  Empommer. 

Empécasser  (Mj.),  v.  a.  —  Salir  de  qq. 
Riilistance  poisseuse.  ||  V.  réf.  —  S'embourber 
(Sal.). 

Et.  —  Du  préf.  En  et  de  la  rac.  ail.  Pechs,  lat. 
Pix,  picis,  poix.  V.  Dépécasser.  Syn.  de  Engriboter. 
—  V.  Embécassé. 

Empêcher  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Dans  la  loc.  : 
Nt'mpêche  que,  —  il  n'en  est  pas  moins  vrai 
que.  Ex.  :  Il  a  beau  être  riche,  n'empêche  que 
c'est  un  sot.  —  H  y  a  ellipse.  —  ||  En  empê- 
cher, —  empêcher  cela,  s'y  opposer,  y  obvier. 
Ex.  :  Ça  s'est  fait  parce  que  que  je  n'ai  pas  pu 
en  empêcher.  —  V.  Empéger. 
%  Et.  —  Du  mot  lat.  pes,  pedis,  pied  ;  in  pedem- 
icare.  Otjstacle  placé  devant  le  pied  ;  piège,  lat. 
pedica.  Cf.  Prœdicare,  prêche 

Empéger  (Tlm.),  v.  a.  —  Embarrasser, 
empêcher.  Ex.  :  Je  me  se  trouvé  ben  empégé. 

Et.  —  Pour  :  empiéger,  du  fr.  piège.  Il  y  a  une 
autre  explication  :  «  Pris,  embarrassé,  arrête 
comme  par  de  la  glu  ou  de  la  poix  ».  «  Vous  me 
semblez  à  une  souris  empeigée,  tant  plus  elle  s'ef- 
force soy  dépestrer  de  la  poix,  tant  plus  elle  s'en 
embrene.  »  (Rab.,  P.)  —  «  Empiger,  graisser, 
enduire  de  poix.  V'^  Gema  :  «  Icelle  Cardine  de- 
moura  avec  son  frère  omlit  pressouer  pour  lui 
aidier  à  goutrenner  (goudronner)  et  empiger  la 
meth  d'icellui  pressouer.  »  (1457,  D.  C.)  —  Empai- 
gement.  Littéralement  :  Position  de  ce  qui  est  pris 
dans  la  poix  ou  pai  (D.  C.  Impechementum.  — 
DE  Mont.).  ||  Empaiger  :  Poisser,  prendre  dans  la 
poix,  empêtrer,  embarrasser.  «  Et  par  ce  moyen 
demeuroit  empestré  comme  une  souris  empeigée. 
(Rab.,  p.,  n,  3.  —  Id.)  —  (La  sangsue  à  vos 
jambes)  s'empega  (se  colle).  Mireille,  32,  4.)  — 
Conclusion  :  Ne  pas  confondre  Empêcher  et 
Empéger,  dont  le  sens  se  rapproche  parfois.  «  Et  le 
rat  coupa  un  jour  la  maille  qui  empiégeait  le  lion.  » 


(Diderot.)  Ici,  c'est  bien  le  sens  de  piège  ;  lat. 
pêdica,  lien  aux  pieds. 

Empeigne  (Ag.,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Goule 
ou  gueule  d'empeigne,  —  langue  bien  pendue, 
grand  bavard.  Ex.  :  Il  a  eine  gueule  d'em- 
peigne ;  queune  gueule  d'empeigne  que  cet 
indien-Xk  ! 

Et.  —  Rappelle  l'ouverture  béante  du  soulier. 
B.  L.  Impedia  ;  in  -[-  pes,  pedis.  —  Ce  qui  est  sur 
le  pied  ? 

Empendancer  (Lue,  By.),  v.  a.  —  Pendre, 
accrocher  un  objet  qui  reste  pendant. 

Empenons,  ou  Emplons  (Mj.),  s.  m.  pi.  — 
Rayons  de  la  nageoire  dorsale  de  certains 
poissons.  Le  2  est  une  corrupt.  du  1.  —  || 
Planches  qui,  dans  les  peautres  des  grands 
bateaux  d'autrefois,  formaient  la  lame  trian- 
gulaire ou  le  corps  de  la  peautre.  Elles  étaient 
encastrées  en  dessus  dans  le  billard  de  la 
peautre  et  fixées  en  dessous  à  la  barre,  qui  ne 
correspondait  nullement  à  la  barre  des  gou- 
vernails actuels.  Cf.  Empannure. 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Empennons,  voisin  du 
fr.  Empenné,  et  dér.  c.  lui  du  lat.  Penna.  Les 
Empenons  sont  tout  à  fait  analogues  aux 
pennes  des  oiseaux.  —  Hist.  —  «  Extendant 
toute  la  main  comme  une  aisle  d'oiseau  qu  une 
pinne  de  poisson.  »  (Rab.,  P.,  n,  19, 166.) 

Empérique  (Tf.),  s.  m.  —  Empirique,  hon- 
greur.  Syn.  de  Mégeilleur. 

Empesseler  (Lue),  v.  a.  —  Mettre  des 
é chai  as. 

Et.  —  Paisseau.  L.  pop.  paxellum  (class.  paxil- 
lum),  paissel  paisseau.  —  D.  C.  Paisselare. 

Empestiférer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Empester. 

Et.  —  In,  pestis,  ferre. 

Empetchié  (le  t  sonore)  —  (Mj.),  adj.  q.  —_ 
Empressé  sans  nécessité,  qui  se  mêle  de  ce  qui 
ne  le  regarde  pas. 

N.  —  Si  l'on  remarque  que  ce  mot  ne  s'emploie 
que  par  ironie,  que  d'ailleurs  il  est  invariable,  on 
comprendra  ss  peine  que  ce  soi-disant  adj.  est 
l'équivalent,  plus  naturaliste  encore,  de  Embouséy 
et  qu'au  fond  il  n'est  autre  qu'une  loc.  adv.  : 
En  pet  chié.  —  Glissons,  n'appuyons  pas. 

Empetoiiser  (Segr.),  v.  n.  —  Faire  des  em- 
barras. (^lÉN.).  Cf.  Empetchié,  Embousé. 

Empeiireur  (Mj.),  s.  m.  —  Empereur. 

Emplâtre  (Li.,  Br.,  By.),  s.  f.  —  Emplâtre, 
avec  le  pi  mouillé. 

Empicoré  (Mj.),  adj.  q.  —  Endiablé,  qui  a 
le  diable  au  corps.  Syn.  de  Endétnené,  Ende- 
mené,  En.<falbâné,  Endêvé.  \\  Sal.  —  Empi- 
couré. 

Et.  —  Du  fr.  Pécore  ?  ? 

Empiétation,  s.  f.  —  Action  d'empiéter  sur 
un  terrain  voisin. 

Empilée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Tas  d'objets 
empilés,  entassement. 

Empiler  (s')  —  (Mj.).  v.  réf.  —  S'embàcler, 
s'obstruer  ou  se  prendre  de  glaces,  comme  il 
arrive  parfois  à  la  Loire.  On  se  rappelle  le 


334 


EMPILLER  —  EMPRES 


glacier  de  Saumur  en  janvier  1880.  La  même 
chose  se  produisit  et  se  produit  souvent  à 
Montjean,  où  le  fleuve  est  particulièrement 
étroit.  Il  Fig.  Ne  plus  pouvoir  avaler,  faute 
de  boisson.  —  Syn.  de  Barrer.  Cf.  Emliâcle 
(By.). 

Et.  —  Du  fr.  pile  (lat.  pila,  colonne),  parce  que 
les  glaçons,  non  seulement  se  soudent  par  leurs 
bords,  mais  chevauchent  les  uns  sur  les  autres  et 
forment  des  piles  ou  amas  énormes. 

Hist.  —  «  Le  16  décembre  commença  l'hiver,  et 
la  glace  se  fist  en  la  rivière  de  la  Loire  le  samedy 
ensuivant  et  s'arresta,  condensa  et  épaissit  en 
sorte  la  nuit  entre  le  29  et  30  dudit  mois,  qu'elle 
fut  toute  prise  et  empilée.  »  (1660.  —  Inv.  Arch., 
E.,  n,  p.  314,  col.  1.) 

Empiller  (Segr.),  v.  n.  —  Animal  qui  a  trop 
mangé  de  trèfle  (Mén.).  —  C'est  le  précédent. 

Enipiquetter  (Mj.),  v.  a.  —  Mettre  au 
piquet  une  vache.  Syn.  de  Enjener,  Enfuner. 
Cf.  Dépiquetter. 

Emp/anter  (Lg.),  v.  a.  —  La  trèfle  verte 
est  mal  emplantée,  aile  est  trop  claire. 

Et.  —  Doublet  ,  plus  véritablement  français,  du 
mot  franc.  Implanter. 

Emplâtre  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Il  a  l'ar  d'eine 
grande  e/Hp/â^re.  ||  Fig.  Individu  gauche,  niais, 
avachi,  ganache.  —  Cf.  Emplâtre. 

N.  Lorsqu'on  rencontre  un  cavalier,  une  plai- 
santerie courante  consiste  à  lui  dire  :  Tu  reveins 
de  chez  le  vétérinaire  ?  ou  :  Ton  chevau  est  tou- 
jours ben  malade  !  Seuls  les  jeunes  nigauds 
s'y  font  prendre,  et  s'ils  se  laissent  aller  à  demander 
pourquoi,  on  leur  sert  la  réponse  flatteuse  :  Pas- 
qu'il  a  ein  emplâtre  .'  (Mj.) 

Emplir  «  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Féconder.  Syn. 
de   Garnir. 

Emplons    (Mj.),  s.  m.  pi.  —  V.  Empenons. 

Empocher  (Mj.),  v.  a.  —  Empocher  des 
gogues,  —  introduire  dans  leurs  enveloppes 
le  sang  de  porc  et  le  hachis  de  lard  et  de 
bettes  qui  y  est  mélangé.  —  V.  Gogue,  et,  au 
Folk-Lore,  la  Mort  du  Gorin.  ||  Jouer  à  empo- 
cher, à  mettre  les  gains  en  poche.  —  Autre- 
ment l'argent  du  gain  pourrait  être  consacré 
à  payer  les  consommations.  C'est  une  conven- 
tion à  établir  avant  de  jouer.  ||  By.,  id. 

Empocheux,  s.  m.  pi.  (Mj.).  —  Bandits 
dont  la  tradition  a  conservé  le  souvenir  terri- 
fiant et  qui,  à  une  époque  lointaine  et  indé- 
terminée, faisaient  disparaître  les  gens  en  les 
jetant  à  l'eau  cousus  dans  des  sacs.  —  V. 
FoIk-Lore,  x.    (Mj.,  By.). 

Empoigne  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Se  dit  dans 
Foire  d'empoigne,  le  vol.  Ex.  :  Il  a  acheté  ça 
à  la  foire  d'empoigne.  —  En  +  poing. 

Hist.  —  «  Les  tableaux  du  capitaine  Cluseret  ont 
été  achetés  à  la  foire  d'empoigne.  »  (Moniteur, 
31  mai  1872.  —  L.  Labchey.) 

Empoisonner  (Sp.),  v.  a.  —  Empoisonner. 

Empommer  (s')  —  (By.),  v.  réf.  — Mâcher  à 
moitié,  de  manière  que  la  pomme,  la  poire, 
le  topinambour,  etc.,  reste  à  moitié  de  l'œso- 


phage, sans  pouvoir  avancer  ni  reculer.  Se 
dit  des  animaux. 

Empommier,  s.  m.  —  Instrument  destiné 
à  refouler  la  pomme  de  l'animal  enipommé. 

Empon  (Lg.),  s.  m.  —  Empan.  Syn.  de 
Empas. 

Emponter  (Lg.),  v.  a.  —  Couvrir  avec  la 
main  étendue,  comme  lorsqu'on  mesure  un 
empan. 

Et.  —  Est  p.-ê.  pour  Empanner  (Cf.  Jaub.), 
ou  vient  du  fr.  Pont.  La  main  forme  en  effet  comme 
un  pont  au-dessus  de  l'objet  ainsi  mesuré.  —  Je  le 
tirerais  simplement  de  Empon. 

Emportant,  e  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  — 
Emporté,  irascible  ;  colère.  Syn.  de  Coléreux. 

Emporter  (Mj.),  v.  a.  —  Emporter  le  chat, 

—  partir  sans  répondre.  ||  E.  la  savate,  — 
s'en  aller  d'une  noce  sans  avoir  dansé. 

N.  —  Jaub.  explique  ainsi  la  première  locut. 
Déménager  complètement  et  d'une  manière  fur- 
tive  ;  le  chat  étant,  de  tous  les  animaux  domes- 
tiques, le  plus  fidèle  au  logis. 

Emporture  (Tlm.),  s.  f.  —  Déchirure  pro- 
duite sur  le  bord  d'une  pièce  de  toile  par  une 
tension  trop  énergique,  au  moyen  de  la 
temple.  On  dit  :  Eine  emporture  de  temple. 

Empoté  (Z.  124,  By.),  adj.  q.  —  Embar- 
rassé, maladroit  ;  comme  s'il  avait  les  mains 
ou  les  pieds  engagés  dans  un  pot  —  Quel 
empoté  !  Syn.  de  Impopompe. 

Empougner  (Tlm.,  Sp.),  v.  a.  —  Empoi- 
gner. Cf.  Pougnet. 

Empoumer  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  — 
Avaler  une  pomme,  un  fruit  quelconque,  un 
navet,  une  pomme  de  terre  qui  s'arrête  dans 
l'œsophage  et,  en  comprimant  la  trachée- 
artère,  produit  la  sufTocation.  Se  dit  des 
bêtes  bovines.  De  Poume,  pour  Pomme.  Cf. 
S'empommer,  etc. 

Empour  (Mj.,  Lg.  By.),  adv.  et  prép.  —  A 
la  place,  en  échange.  Ex.  :  Je  illi  ai  donné  ein 
sou  empour.  ||  Empour  que,  loc.  conj.  — 
parce  que,  à  raison  de  ce  que.  Ex.  :  II  a  ieu 
eine  image  empour  qu'il  a  été  ben  sage.  ||  Sp. 

—  A  Vempour,  loc.  adv.  —  Syn.  de  Empour. 

—  En  -f-  pour,  pour  cela. 

Emprès  (Mj.,  Lg.),  prép.  —  Près  de,  auprès 
de.  Ex.  :  Je  me  trouvais  tout  emprès  lui.  || 
Adv.  —  près,  auprès.  —  En  -|-  près,  près  de 
cela.  —  N.  Les  vieillards  font  souvent  cette 
réflexion  mélancolique  :  «  Je  serais  ben  mieux 
en  terre  qu'en  pré.  — C'est  un  jeu  de  mots 
sur  Emprès  =  Ex.  :  II  s'en  allait  tout 
emprès  la  haie.   ||  'B'emprès  —  d'auprès. 

Hist.  —  «Ce  fut  donné  à  Angiers,. . .  le  maer- 
credi  emprès  Nocl-l'an  de  grayce  mil  dous  cenz  e 
quatre.  »  (1204.  —  Inv.  Arch.,  H.,  i,  p.  171,  col.  2.) 

—  «  Donné  à  Angiers,  sauf  nostre  dreit,  le  jeudi 
empreis  la  Saint- Hillaire,  l'an  de  grayce  MCG 
quatre  vinz  deiz  e  noef.  »  (1299.  —  Id.,  ibid.,  p.  171, 
e.  2.)  —  «Ce  fut  donné  à  Angiers  le  mercredi 
emprès  le  dimanche  que  l'on  chante  Judica  me. 
(1314.  Id.,  G,  p.  44,  col.  1.)  —  «  Ce  fut  donné  à 
Saumur   le   jour   de   mardi   emprès  le   dimanche 


EMPRÊT  —  EN 


335 


ouquel  l'en  chante  en  saincte  église  Oculi  mei,  en 
l'an  de  grâce  mil  dous  cenz  quatre-vinz-dez  et 
oyt.  »  (1298.  —  Id.,  ibid.,  p.  54,  c.  1.)  —  «  Donné 
en  nostre  maner  des  Ulmes,  le  samedi  emprès  la 
feste  saincte  Scolaice  virge.  »  (1315.  —  Id.,  ibid., 
p.  164,  c.  2.)  —  «...  Pour  aider  à  faire  «  le  pillier 
du  chevreau  d'emprès  Bonnevoisine,  100  s.  » 
(1388. —  /fZ.,  S.  s.  H.,  49,  2,  31.) 

«  Si  je  ne  t'ai  visité  tous  ces  jours 

«  Dame   très   honorée, 
«  C'est  qu'emprrs  toy  estoient  cent  mille  Amours 
Qui  ont  ma  mort  jurée.  » 

(G.    C.    Bûcher,    59,    113.) 

Emprêt  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Emprunt. 
Amené  par  :  prêter. 

Et.  —  Très  compliquée.  —  A.  f.  Emprest. 
«  Celui  de  qui  la  chose  est,  et  à  qui  l'on  la  requiert 
à  emprest,  ne  la  prestera  ja  se  il  ne  viaut  (veut). 
(Assises  de  Jériis,  I,  193.) 

Eniprêter  (Sp.,  By.),  v  .a.  —  Emprunter. 
Et.  —  Corr.  du  mot  fr.,  par  confus,  avec  le  v. 
Prêter. 

Empulanter  (Mj.),  v.  a.  —  Empuantir.  V. 
Pulantie,   Dépulanter,   Empulantir. 

Et.  —  C'est  le  v.  fr.  avec  un  1  épenthétique  et 
un  changement  de  terminaison. 

Empulantir  °  (Lue,  By.),  v.  a.  —  Empuan- 
tir. V.   Empulanter. 

Hist.    :  «  Si    grans    pueurs    fors    en    issoit, 
«  Tout  l'air  en  e m pullent issoit.  » 

(D.    C.    —    N.    E.) 

Empunaiser,  v.  a.  —  Infester  de  punaises. 

P^t.  —  «  Punaise,  de  punais.  Semble  venir  du 
lat.  pop  *  puttinasium,  pour  :  putidinasium 
(putidus,  puant,  nasus.  nez),  devenu  putnais 
(Darm.). —  «  Que  desdittes  boucheries  soient  tou- 
jours issues  grans  punaisies  et  ordures. . .  telle- 
ment que  les  lieux  d'environ  en  ont  esté  toujours 
corrompuz  et  empunaisiez.  »  (D.  C.  1391.) 

Emput'  (Mj.),  V.  a. —  Emporte.  C'est  une 
forme  irrégul.  de  la  3"  p.  du  sing.  du  subj. 
prés,  du  V.  Emporter,  dans  le  juron  très 
usité  :  Que  le  diable  m'empuC  !  —  juron  très 
atténué  comme  bien  d'autres.  ||  Au  Lg.  on 
dit  :  Que  le  diable  s'empuf  !  ce  qui  est  encore 
moins  compromettant. 

Et.  —  Pourquoi  ne  pas  y  voir  le  verbe  fr.  Am- 
puter ?  —  Emputer,  premier  sens  :  imputer, 
accuser,  dénoncer  ;  —  délateur,  calomniateur  (ce 
qui  va  bien  avec  le  sens  de  :  diable).  Lat.  :  imputare. 
?"  Ëmputeur  de  gens  ;  qui  blesse  ou  qui  tue  les 
gens.  Gloss.  Tribulare  '  «  Icellui  Conte,  qui  estoit 
homme  très  rioteux,  ëmputeur  de  gens  et  tribou- 
leur...  »  (1382.  —  D.  C.) 

N.  —  Dans  Emput  le  t  est  sonore  ou  muet.  — 
A  By.,  il  est  muet  :  on  dit  :  le  diable  m'empu.  — 
«  J'ai  supprimé  Vc  final,  car,  à  Mj.,  où  Ton  aime 
pourtant  à  appuyer  sur  le  t,  on  le  supprime  sou- 
vent dans  ce  mot.  Rabelais  a  écrit  :  «  Je  n'y  vays 
pas.  Diable  m'emport  si  j'y  vais.  »  (Rab.,  P.,  m, 
23,  264.)  Le  t  est  muet,  et  il  s'agit  bien  ici  de 
Emporter  et  non  de  Amputer.  (R.   O.) 

Éniution  (Lg.),  s.  f.  —  Emotion.  ||  Excita- 
tion. Syn.  de  Emouvette,  Emovette. 

En  '  (By.,  Mj.,  etc.),  prép.  —  S'emploie  au 
lieu  du  fr.  à  ou  de  après  plusieurs  verbes,  pour 
gouverner  le  compl.  indirect.  On  dit  :  Penser 
en,  Rêver  en,  surtout  lorsque  le  compl.  est  un 


nom  de  personne.  Du  reste,  le  fr.  a  Croire  en 
Dieu.  Il  De  même  dans  une  foule  de  loc.  — 
On  dit  :  En  nuit,  en  jour,  en  loin,  pour  :  De 
nuit,  de  jour,  de  ou  au  loin.  Ex.  :  Je  n'aime 
guère  voyager  en  nuit  ;  —  je  le  voyais  en 
loin,  qui  venait  à  moi.  On  dit  aussi  :  Sus  jour, 
mais  non  sus  nuit.  ||  Mj.  —  En  premier,  en 
darnier,  au  commencement,  à  la  fin.  Ex.  : 
En  premier,  il  prenait  ça  pour  rire,  mais  en 
darnier  il  ne  savait  pus  guère  si  c'était  du 
lard  ou  du  cochon.  ||  De  tout  en  tout,  —  entiè- 
rement. Ex.  :  11  était  enfondu,  a  fallu  qu'il 
change  de  tout  en  tout.  ||    De  tout   en  tout, 

—  du  tout  au  tout,  —  Ex.  :  11  a  changé 
de  tout  en  tout,  depis  qu'il  est  malade  ;  il  est 
aussi  maigre  comme-t-il  était  gras.  ||  S'em- 
ploie toujours  devant  certains  noms  de  lieux, 
au  lieu  de  à.  Ex.  :  En  Buhuard  (Béhuard),  en 
Blaison,  en  Saint-Laud,  en  Brodeau,  en 
Margerie  (lieux-dits  de  l'île  de  Chalonnes),  etc. 

—  Il  En  un,  en  deux,  en  trois,  —  un,  deux, 
trois  ;  —  à  divers  jeux  d'enfants,  par  ex. 
quand  il  s'agit  de  sauter,  on  prend  3  fois  son 
élan  —  ou  d'éliminer  :  En  un,  en  deux,  en 
trois,  du  bois  (un  joueur  sort  ;  en  quatre,  en 
cinq,  en  six,  du  bis  (id.)  ;  en  sept,  en  huit,  en 
neuf,  du  bœuf.  — 1|  Lg.  —  En  Gholet.  ||  Vers, 
du  côté  de.  Ex.  :  La  maison  regarde  en  midi, 
en  mar  ;  —  le  four  est  en  galarne  ;  la  cave  est 
en  à  haut  ;  le  tet  aux  vaches  est  en  basse  mar  ; 
la  mette  est  en  à  bas.  ||  Remplace  Dans. 
S'éveiller  en  peur,  être  en  doute.  \\  En  tout,  — 
du  tout.  Ren  en  tout,  —  rien  du  tout.  —  || 
Locut.  nombreuses  :  En  après,  après,  ensuite  ; 

—  En  derrière,  par  derrière  ;  —  En  dréture, 
directement,  franchement  ;  —  En  errière,  en 
arrière  ;  —  En  guérouage,  égaré  ;  —  En  place 
de,  au  lieu  de  ;  —  En  conscience,  conscien- 
cieusement. —  En  ré,  en  raie,  en  moyenne  ; 
En  saison,  en  rut  ;  —  En  suivant,  à  la  suite  ; 
En  lieu  de,  au  lieu  de. 


Ex. 


L'en 


En  ^  Pron.  indéf.  pour  :  on. 
m'a  dit  »,  on  m'a  dit.  (By.) 

En  ',  prononcé  (e)  nn'.  —  Ex.  :  Faudrait 
nn'avoir.  Il  faudrait  en  avoir  (Mj.,  By.). 


«  En,  équivaut  à  An.  —  Le  son  nasal  s'est 
conservé  chez  nous  dans  :  nen-ni,  hen-nir,  que  le  fr. 
actuel  prononce  :  na-ni,  ha-nir.  Nous  prononçons 
aussi  en-ivrer,  an-ivrer.  D'autres  dictionn.  sont 
d'accord  avec  nous  ;  l'Acad.  ne  se  prononce  pas. . . 
En  prend  le  son  nasal  Ein  dans  ennemi,  einnemi.  — 
En  (ayant  le  son  in)  se  substitue  dans  qqs  mots  à 
ien.  Ainsi  l'on  dit  :  ben  (adv.),  ren,  l'auren,  le  men, 
le  ten,  le  se?i,  pour  :  bien,  rien  ,  vaurien,  le  mien,  le 
tien,  le  sien.  Nous  avons  hésité  dans  l'écriture  de 
hen,  men,  ten,  sen,  dont  la  prononciation  se  serait 
fait  comprendre  sans  explication  à  titre  de  syncope 
d'une  des  voyelles  formant  diphtongue  en  fr., 
par  bin,  min,  tin,  sin  ;  mais  nous  avons  considéré 
que  :  men,  ten,  sen,  font  au  fém.  menne,  tenne, 
senne,  et  non  pas  :  minne,  etc.  Le  lecteur  est  averti. 
—  Cette  espèce  de  syncope  d'une  des  voyelles 
formant  dipht.  en  fr.,  se  rencontre  dans  qqs  can- 
tons dans  le  mot  chien,  rarement  dans  bien 
(subst. )  et  jamais  dans  chrétien,  qui  se  prononce 
chréquien,  ou  kerkien. 


336 


ÊNAFRER  -  E^XAVER 


N.  —  Enn',  à  l'initiale,  ou  après  une  consonne 
et  devant  une  voyelle.  «  Faut  gagner  de  l'argent 
pour  enn  avoir.  —  Enn'  a-t-y  s'ment  ?  (En  a-t-il, 
seulement  ?)  —  Comben  y  enn'  a-t-y  î  —  i'enn' 
ai  ieu.  —  I  «n'ont  (Ils  en  ont)  —  I  nn'  a  ieu.  — 
J'vas  nn'  avoir.  —  S'enn'aller.  —  A'  «n'a  tout  ce 
qu'a  peut  en  faire  après  ses  queniaux  (Dott.).  — 
On  conjugue  :  Je  «n'ai,  tu  «n'as,  i  /m'a,  nous  nn'a- 
vons,  vous  nn'avez,  i  nn'ont.  —  (de  AI  ont.) 

Énâfrer  (Lg.),  v.  a.  —  Déchirer,  déchique- 
ter, lacérer,  mettre  en  lambeaux.  Ex.  :  Leux 
chien  a  manqué  de  m'énâfrer.  Cf.  Dénâfrer, syn. 

Et.  —  Pour  'Enâvrer,  dér.  du  fr.  Navrer. 

Énaivé  (Fu.,  Mj.),  part.  pas.  —  Qui  a  pris 
i'eau  dans  ses  chaussures  ;  il  n'y  a  pas  d'autre 
expression  usitée.  ||  Fig.  —  Un  peu  ivre. 
Syn.  de  Eméché,  Vinaigré.  V.  Enaiver. 

Ënaiver  (s')  —  (Mj.,  Sp.),  v.  réf.  —  Prendre 
l'eau  dans  ses  chaussures.  —  De  Aive.  V.  Eau. 
Prononc.  :  s'en-èvé.  —  Syn.  de  s'Embouil- 
lonner,  Emboîter. 

Ënâler  (Lg.),  v.  a.  —  Syn.  de  Dénâler. 

Enaller  (s')  —  (By.,  Mj.),  v.  réf.  —  L'em- 
ploi de  cette  expression  prouve  que,  pour  nos 
paysans,  il  n'y  a  pas  là  deux  mots,  mais  un 
seul.  Il  Mourir  lentement  :  A  s'est  enallée  de 
la  poitrine. 

Hist.   —    «  Qu'est-ce   que   peuvent  bien   faire, 
pour  gagner  leur  vie  elles-mêmes,  les  filles  de  la 
petite  ou  même  de  la  grande  bourgeoisie  quand  le 
chef  de  famille  s'est  en  aWé. . .  /'(Fr.  Saecey.  Annal. 
p.  et  l.  n»  614,  p.  194,  col.  .3,  ligne  12.)  —  La  poésie 
des  demeures  abandonnées,  où  toutes  choses  sont 
revenues  à  l'état  sauvage,  et  où  l'on  sent  errer 
l'âme   des  hôtes  en  allés.    »   (A.    Theuriet. Fron- 
tières d'Italie,  Id,  n"  929,  228,  2.) 
«  Mardi  gras, 
N't'en    va    pas, 
J'f'rons  des  crêp',  tu  en  mang'ras. 
«  Mardi  gras  s'est  enallé, 
«  J'avons  fait  des  crêp',  i  n"n  a  point  mangé.  » 
(Refrain     populaire.) 
«  Quand  Joseph  eut  apperçu 
«  Que  sa  femme  avait  conçu, 
K  II  ne  s'en  contenta  mie, 
«  Fâché  fort  contre  Marie, 
«  Et  s'en  voulut  enaller. 
«  Joseph  est  bien  marié. 

(Noéls    ang.,    p.    11.) 

Énansé  (Z.  123,  By.),  adj.  q.  —  Dont 
l'anse  est  cassée.  V.  Nanse. 

Ënanseter  (Mj.),  v.  a.  —  Casser  l'anse  de. 
V.  Nanse.  Ex.  :  Aile  a  énanseté  le  pichet,  ceté 
pâgnon-là.  V.  Nanse. 

Énargie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Energie. 

Encabaner  (Mj.),  v.  a.  —  Engoncer.  Cou- 
vrir presque  complètement  le  visage,  en  par- 
lant d'une  coilîure  trop  large.  Mot  très 
expressif.  Sens  tout  autre  que  celui  du  fr. 

Encabrer  (Cho.,  By.,  Segr.),  v.  a.  —  Mettre 
dans  un  trou,  enterrer,  enfouir,  —  un  chien, 
et  même  un  homme.  Syn.  de  Enrocher.  ||  By. 
—  E.  un  cadâbre  d'animal. 

Encaguenasscr  (Mj.),  v.  a.  —  Museler  un 
chien.  ||  By.  —  P'ermer  solidement,  avec  un 
caguenâs. 


Et.  —  Dér.  du  pat.  Caguenâs,  fr.  Cadenas  ; 
lat.  Catena.  Ici  encore  on  retrouve  le  sens  primitif  : 
chaîne,  lien.  V.  Décaguenasser. 

Encaissement  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Couche  de  macadam  qui  recouvre  une  chaus- 
sée. 

Encaisser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Encaisser 
un  chemin,  —  le  recouvrir  de  macadam. 

Encameloter  (Sp.),  v.  a.  —  Ensorceler. 
Syn.  de  Ensourceler,  Ensabbater,  Ensavater. 

Et.  —  Camelot.  Dér.  de  chameau  ;  la  forme 
vraiment  fr.  est  Chamelot,  employée  par  Jors- 
viLLE.  Grosse  étoffe  qu'on  fabriquait  dans  le 
Levant  avec  du  poil  de  chameau  ou  de  chèvre,  — 
tout  objet  de  pacotille,  —  façonner  com.  le  camelot. 
—  D'où  :  Embobeliner  qqn  par  des  boniments 
semblables  à  ceux  dont  use  le  camelot  pour  placer 
sa  marchandise. 

Encanclie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  V.  Décanche, 
Encancher.  Obstacle,  désagrément,  embarras. 

Et.  —  Canche,  Mare.  En  Artois,  c'est  une 
rivière  d'un  cours  lent,  qui  transforme  la  vallée 
en  une  vaste  canche. 

Encancher  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Embar- 
rasser. Il  Engager,  bien  ou  mal,  un  travail.  || 
Fig.  Surprendre,  pincer,  prendre  sur  le  fait. 
Ex.  :  Qu'il  tâche  que  je  l'y  encanche  à  me  voler 
mes  choux  !  Syn.  de  Piger.  ||  V.  réf.  —  S'em- 
barrasser, au  pr.  et  au  fig.  —  le  pied  dans 
une  racine,  —  dans  une  entreprise  ardue.  || 
S'engager  dans  un  passage  étroit  ou  difïïcile. 
Syn.  de  s'Emmarer.  \\  Lue.  —  Boucher, 
embarrasser. 

Encanillé,  Enquenillé  (Segr.),  —  Avoir  le 
nez  enque-nillé,  embarrassé,  bouché   (MÉx.). 

Encarbichonner  (Br.,  Z.  145),  v.  a.  —  En- 
jamber. Cf.  Carfignon,  Carbillette,  s'Ecarbiller. 
Dér.  de  Carbichon  (à). 

Encartéler  (Mj.,  Tlm.),  v.  a.  —  Ecarteler, 
fendre. 

Et.  —  Ecarteler  pour  'Ecarterer,  de  é,  ex,  et 
quartier.  Partager  en  quatre  quartiers  (Dakm.). 

Encartélure  (Mj.,  Tlm.,  Sp.),  s.  f.  —  Fente 
Syn.  et  d.  de  Ecartelure. 

Encastiné,  adj.  q.  —  Sec  et  dur  comme  la 
castine. 

Et.  —  Castine.  Altérât,  de  l'ail.  Kalkstein, 
Kalk,  chaux,  et  stein,  pierre. 

Encatiner  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Envelopper 
le  bout  de,  —  un  doigt.  V.  Calin. 

En  cause,  loc.  adv.  —  Etre  bien  en  cause, 
c'est  parler  facilement.  On  dit  de  même.  Etre 
bien  en  parler  (qui  devrait  s'écrire  en  un  seul 
mot  :  emparlé).  ij  By.  Encausé,  Emparlé,  — 
qui  cause  volontiers,  pas  fiar.  V.  En  parlé. 

Eneaver  (Mj.),  v.  a.  —  Laisser  en  contrebas, 
masquer.  Ex.  :  Tous  ces  haussements  là,  ça 
va  eneaver  ta  maison.  ||  (Tlm.).  Eneaver  l'ou- 
vrage. —  Abaisser  le  taillé  de  jusée  le  long  des 
montants  du  métier,  de  manière  à  rendre 
horizontal  le  paré  de  la  pièce  de  toile.  —  V. 
Tasseau.  Langue  des  tisserands. 


ENCEINTER 


EXCISELER 


337 


Enceinter,  v.  a.  —  Rendre  grosse.  Syn.  de 
Embarrasser,  Enguernousir. 

N.  —  On  trouve  enceintée  dans  les  Lois  de 
Guillaume,  ?5.  De  in,  privatif,  et  ceinture  ;  pro- 
prement. Qui  ne  porte  pas  de  ceinture  î 

Encenser  (Mj..  By.),  v.  a.  —  ||  V.  n.  — 
Secouer  la  tête  de  haut  en  bas,  en  pari,  d'un 
cheval.  Le  mot  fait  image. 

Et.  —  Encens  ;  du  lat.  Incensum,  brûlé.  Cf. 
Incendie. 

Enchancré  (Mj.),  adj.  q.  —  Qui  a  des 
chancres  au  fondement.  Se  dit  des  animaux 
de  l'espèce  bovine.  Cf.  Chancrelle. 

Enchantement  (Mj.),  s.  m.  —  Infatuation, 
engouement,  entichement. 

Et.  —  LiTTRÉ,  4«  sens.  Satisfaction,  joie  vive. 
Lat.  Incantare  ;  opérer  par  des  chants  magiques. 
—  On  dit  de  qqn.':  Il  a  l'air  enchanté  de  lui,  — 
souvent  par  ironie. 

Enchanter  (Mj.,)  v.  a.  —  Infatuer,  ember- 
lucoquer,  enticher. 

Enchapé,  ée  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Ecoché.^ 
Se  dit  d'un  grain  de  céréale  qui  est  resté 
enfermé  dans  sa  balle,  même  après  le  battage 
et  le  vannage.  1|  S.  m.  —  Grain  couvert  de  sa 
glume.  Syn.  de  Coché.  —  Du  fr.  Chape. 

N.  —  Terme  de  commerce.  Enfermer  un  baril 
de  vin  ou  de  marchandise  dans  un  second  baril. 
En  +  chape. 

Encharzir  °  (Mj.),  v.  n.  —  Renchérir,  deve- 
nir plus  cher.  Cf.  Rencharzir.  Syn.  et  doub.  de 
Encherdir.  \\  By.  —  Enchardir,  renchardir. 

Enche,  Encheneau,  s.  m.  —  V.  Anche, 
Ancheneau. 

Et.  —  Enchenot.  Ryn.  d'Echeno.  V.  Echeneau. 
Renvoi  à  'Echenal.  —  Gouttière  en  bois  pour  rece- 
voir l'eau  des  toits.  —  De  Cheneau  (Litt.).  — 
Aha.  Ancha,  tibia  et  tuyau.  Cf.  le  lat.  Tibia,  os 
de  la  jambe  et  llùte  (Darji.).  —  Boeel  dit  que  ce 
mot  signifie  Canal  de  pressoir,  sens  subsistant  en 
Anjou  et  en  Normandie. 

Enchenime  (Mj.),  s.  f.  —  Assemblage  de 
deux  pièces  de  bois  :  mortaise,  rainure, 
jable,  etc.,  et  tenon,  ou  pièce  correspondante. 
Ce  mot  est  de  la  langue  des  mariniers.  J 
Partie  du  bordage  d'un  bateau  qui  dépasse 
le  fond  en  dessous.  On  dit  aussi  Encheume. 

N.  —  Cf.  Angl.  Enseame,  couture  ;  ail.  Insieme, 
ensemble. 

Encherdir  "  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Enchérir, 
augmenter  de  prix. 

Enchère  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Porter  la  folle 
enchère  d'une  chose,  —  en  subir  les  consé- 
quences, en  poi'tor  indûment  la  responsabi- 
lité, en  payer  les  pots  cassés. 

Hist.  —  «  Pour  fî.n  je  concluray  que  si  nous  fai- 

f]  sons  des  maux. . .   à  ces  pauvres  cocus,  nous  en 

portons  bien  la  folle  enchère,  comme  l'on  dit,  et  en 

payons  les  triples  intérêts.    »  (Bbant.,   D.   G.,  i, 

112,  20.) 

Encherrier  (Lue,  Z.  151,  By.,  Ti.,  Zig.  153, 
Li.,  Br.,  Mj.),  s.  m.  —  \.  Encherroir.  Toile  de 
essivage,  celle  que  l'on  met  dans  la  panne, 


sur  le  linge,  et  qui  reçoit  les  cendres,  la  cher- 
rée.  Elle  a  la  forme  d'un  grand  drap  de  lit. 

Et.  —  LiTTRÉ,  St.'pfil.  —  Encharron  ;  nom 
en  Normandie...,  même  sens.  —  N'admet  pas 
comme  sûre  la  dériv.  par  Cendre,  et  en  propose  une 
autre  plus  discutable. 

Encheume  (Mj.),  s.  f.  —  \'.  Enchemme. 

Encherroir  (enchée-roué),  s.  m.  —  Drap  de 
lit  dont  on  couvre  le  linge  mis  dans  la  panne 
et  qui  retient  les  cendres  de  la  lessive,  ou 
charrée,  lorsque  l'on  coide.  ||  Bois  cylindrique 
qui  retient  la  lessive  sur  la  panne.  (Méx.).  N. 
Il  confond  avec  les  sarches.  =  \\  Pièce  de  toile 
qui  sert  à  changer  les  abeilles  de  ruches.  {Id.). 
N.  —  La  Curne.  Charrier,  grosse  toile  :  charrée. 
Ce  mot  qui  subsiste  en  terme  de  blanchisseuse  pour 
désigner  le  canevas  sur  lequel  on  met  la  cendre 
quand  on  coule  la  lessive,  a  été  employé,  dans  un 
sens  moins  déterminé,  pour  une  espèce  de  grosse 
toile,  par  Favin,  qui  dit,  en  parlant  des  Mexi- 
cains :  «  Le  commun  populaire  n'usoit  de  chaus- 
sure. . .  et  ne  se  pouvait  habiller  que  de  «  nequen, 
ç.-à.-d.  de  bourras,  de  charrier  et  d'estoupes.  — 
On  dit  aussi  Charrier,  pour  Charrée,  cendre  de 
lessive.  —  On  ht  dans  Paré  :  «  Puis  faut  passer  les 
dites  choses  par  dedans  un  charrier  double  ou 
autre  toile...  Puis  coulerez  le  tout  au  travers 
d'une  grosse  nappe,  ou  charrier.  —  Cendrier; 
charrier.  C'est  le  sens  propre.  On  a  nommé  Cen- 
drier la  toile  ou  canevas  qu'on  met  sur  le  cuvier 
de  lessive  parce  qu'elle  soutient  les  cendres.  On 
l'appelle  en  Anjou  Encherroir.  —  De  là,  toute 
toile  grosse  et  forte. 

«  L'eau  est  à  la  cendre  meslée, 
«  Mais    elle    est    paravant    coulée 
«  Sur  le  cendrier,  si  que  ne  passe.  » 
(Et.     Deschamfs.) 
Langes,  suaue,  linceul. 

Enchetribi  (Lg.),  .s.  m.  —  Mécanisme  com- 
pliqué, disposition  de  pièce,  —  en  mauvaise 
part.  Syn.  de  Enquibrage.  —  N.  Terminai- 
sons mises  à  part  je  vois  un  seul  et  même  mot 
dans  ces  deux  vocables.  —  Syn.  et  d.  de 
Achelribi. 

Enchévelis  (Mj.),  s.  m.  —  Nœud  coulant. 

N.  —  Ce  mot  semble  dérivé  du  lat.  Capere,  par 
l'intermédiaire  d'un  dér.  de  ce  v.,  voisin  de  celui  qui 
a  donné  Chevctre. 

Enchevelurc  (Z.  118),  s.  f.  —  Manière  de 
passer  le  lien  pour  arrêter  l'attache.  ||  By.  — • 
Sorte  de  nœud. 

Enchifarner  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Enchifrener. 
Syn.  de  Embournifler,  Embournicler,  Enreni^ 
fier.  Il  By.  —  Pron.  Enchifoerné. 

Enchiz,  s.  m.  —  Meurtre  commis  sur  une 
femme  enceinte  (MÉ>".). 

Et.  —  Hist.  MÉXAOE  dit  :  «  L'ancienne  coutume 
d'Anjou  et  du  Maine,  non  imprimée  :  «  Le  Baron 
a  en  sa  terre  le  meurtre,  le  rapt  et  Vends. . .  Rapt, 
si  c'est  femme  forcée.  Encis,  si  est  quand  l'en  fiert 
femme  enceinte,  et  elle  et  l'enfant  se  meurent. . .  » 
Et  la  nouvelle,  ^rt.  4  i  •  «...  et  (îc-  encis  ;  si  est  de 
meurtrir  femme  enceinte  ou  son  enfant  au  ventre.  » 
De  incisium,  de  incidere,  intus  cœdere. 

Enciselcr  (Craon,  Sar.,  By.),  v.  a.  —  Fendre 
faire  une  entaille,  inciser.  —  ||  By.  —  Faire 
des  enciselures  (incisions),  en  particulier  aux 

22 


3â8 


ENCISER  —  EXDÉMENÊ 


poissons  qu'on  veut  faire  frire,  et  surtout  aux 
anguilles,  qu'on  coupe  ensuite  par  (rançons 
(tronçons). 

Enciser  (Mj.),  v.  a.  —  Inciser,  couper, 
entailler.  ■ —  Cf.  Embiber,  Enflammation. 

Hist.  —  «  Le  mantel  e  les  dras  tresqu'al  cuir 
encisa  (jusqu'au  cuir).  —  L.  C. 

Encisiire  (Mj.),  s.  f.  —  Incision,  coupe, 
coupure,  entaille. 

Hist.  —  «  Il  s'arma  d'une  brave  et  galante  bra- 
guette, faicte  de  feuille  de  figuier,  lesquelles  sont 
naïfves,  et  du  tout  commodes  en  dureté,  incisure, 
frizure,  polissure. . .  «  (Rab.,  P.,  m,  8,  2.30.) 

Enc/avelé  (Lg.).  —  Pron.  En-quia-velé, 
part.  pas.  —  Complètement  fermé  et  comme 
cloué.  Syn.  de  Lissé.  Ex.  :  Le  loup  avait  la 
goule  endavelée.  —  V.  au  Folk-Lore.  —  D.  de 
Claçer. 

Encleume  (Mj.,  Bv.),  s.  f.  —  Enclume. 
Vieilli. 

Et.  —  Du  lat  pop.*  Includinem,  altérât,  du  lat. 
class.  Incudem  (altér.  due  d'une  part  à  l'influence 
de  Includere,  inclure,  et,  de  l'autre,  à  celle  des 
noms  en  udo,  udinis),  devenu,  par  substitution 
desufT.  Inclumine,  enclume.  !|  Cf.  Enfleume. 

Encliquetage  (Mj.),  s.  m.  —  Roue  à  rochet, 
avec  déclic. 

Et.  —  En  -|-  cliquet,  de  :  cliquer,  faire  du  bruit, 
primitif  de  cliqueter.  Cf.  Clinquant,  clique,  cli- 
quetis, cliquette. 

Enclous  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Enclos.  V. 
Clous.  Se  trouve  dans  le  Roman  de  Renart, 
xni«  siècle.  —  On  disait  Cloure,  pour  Clore. 

Encontre  (Li.),  loc.  prép.  dans  :  A  ren- 
contre de,  le  long  de.  '<  Aile  est  à  rencontre 
du  mur.  ))||  Adv.  —  Je  ne  vas  pas  à  rencontre, 

—  je  ne  dis  pas  le  contraire.  Ag. 

Encorcir  °  (Bg.,  Ag.,  By.),  v.  a.  —  Salir, 
encrasser.  Il  est  encorci  de  poussière.  Un 
tablier  encorci.  Syn.  et  doub.  de  Encossir. 

Encorder  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Mettre  en 
corde,  du  bois  de  chauffage.  V.  Corde.  \\  Lue. 

—  Autre  sens.  Se  dit  d'un  animal  atteint  d'os- 
téoclastie. 

Encore  (Z.  136,  Q.),  s.  f.  —  La  cale  mise 
pour  arrêter  une  roue.  Syn.  et  d.  de  Accoure.  || 
(Mj.).  —  Adv.  Encore. 

Et.  —  Premier  sens  :  Accore,  altér.  de  Ecore. 
pour  Escore,  de  l'angl.  Score  (aujourd'hui  Shore), 
rivage,  étai.  Accorer  un  navire. 

Eneornailler  (Sal.),  v.  a.  —  AfTicher  les 
bans  de  mariage.  ||  V.  réf.  —  Se  faire  afTicher. 

Et.  —  Douteuse.  Se  mettre  les  cornes  sous  le 
joug,  com.  les  bœufs  ;  —  publier  à  son  de  corne  ; 

—  allusion  au  sort  qui  attend  qqs  maris  ?  P.  ê.  pour 
Accordailler;  du  fr.  Accordailles. 

Encornailles  (faire).  Sal.  —  flaire  afficher 
pour  le  mariage  (Mettre  dans  les  cornes?) 

Encorner  (Lg.,  Hy.),  v.  a.  —  Frapper  avec 
ses  cornes.  Syn.  de  Embrocher,  Braquer. 

Encossir  (r  fin.  muet)  —  (Mj.),  v.  a.  — 
Encrasser.  Syn.  et  doub.  do  Encorcir. 


Et.  —  Com.  son  pendant  Décossir,  ce  mot 
semble  être  un  dériv.  de  Casse,  boue.  Il  serait  pour 
Encassir. 

Encoublère  (Pell.),  s.  m.  —  Sorte  d'arrête- 
bœuf  sans  épines.  —  Medicago  falcata.  Bat. 

Encoure  (.Mj.),  s.  f.  —  Grosse  corde  qui 
forme  la  bordure  d'une  voile,  ralingue. 

Encourer  (Mj.),  v.  a.  —  Border  d'un  cor- 
dage, d'une  ralingue,  une  voile.  V.  Encoure. 

Encourir  "  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  S'en- 
fuir, se  sauver.  Ex.  :  Il  s'est  encouru  à  toute 
sa  force. 

Encourre  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  S'En- 
courir, s'enfuir,  se  sauver. 

Hist.  —  «  Tous  les  prebstres.  devins  et  prophètes 
qui  lors  estoyent  en  Ephèse . . .  s'en  coururent  comme 
forcenez  par  la  ville.  »  (Amyot,  Vie  d'Alex, 
le  Grand.)  —  «  Adonc  Alexandre  s'en  courant 
vers  le  cheval,  le  prit  par  la  bride.  »  —  Id.,  ihid. 

Encrais  (By.).  —  Y.  Folk-Lore.  Lang^L-. 
VIII,  32. 

Encrêter  (Lg.),  v.  a.  —  Labourer  en  bil- 
lons.  On  encréte  un  champ  avant  de  le  couvrer. 
Il  Recouvrir  jusqu'au  faîte  les  billons  embla- 
vés, avec  la  terre  des  crêtions.  L'opération  se 
fait  au  moyen  de  la  rabale  {vau,  huau). 

Dér.  du  fr.  Crête.  Cf.  Virelécher,  Plancher. 

Encr'ner  (s')  —  (Sa.),  v.  réf.  S'invétérer  et 
s'aggraver,  en  parlant  d'un  mal  aigu.  ||  Faire 
des  dettes  de  plus  en  plus  criardes,  s'enfoncer 
dans  la  gêne  par  trop  de  dépenses.  ||  S'em- 
barrasser, au  propre  et  au  flg.  —  de  dettes  ou 
de  vêtements. 

Encroiser  (Lg.),  v.  a.  —  Entrecroiser.  Syn. 
de  Enterbouécher. 

Eucros,  s.  m.  —  Engin,  nasse  à  prendre  le 
poisson.  (Pc).  V.  Foudret,  Ancra.  \\  By.  — 
Ancreau,  Encreau.  —  Engin  en  fil,  appelé 
verveux,  à  peu  près  de  la  forme  de  la  bosselle 
(boisselle)  et  de  la  nasse  (nanse)  qui  sont  en 
osier. 

Encrouiller  (Segr.),  v.  a.  —  Endependancer 
dans  une  cheminée,  à  un  clou  ;  Décrouiller  est 
le  contraire.  —  V.  Crauillcr. 

Encrucher  (s')  —  (Lg. ),  v.  réf.  —  Grimper, 
se  jucher  ;  s'engager  dans  un  passage.  Ex.  : 
N'allez  pas  vous  encrucher  dans  quiô  chemin. 
Syn.  de  Crucher,  s'Enquiller,  s'Endrénier, 
s"  Enquenicher. 

Et.  —  D.  C.  Incrocare.  —  Accrocher  un  objet 
dans  les  branches  d'un  arbre  ou  sur  un  point 
élevé. 

Endabonner  (Bg.,  By.,  Mj.),  v.  a.  —  Mettre 
un  enfant  dans  un  dabon,  l'envelopper  de 
langes. 

Ëndemuger  (Mj. 
ger.  Cf.  D'mage. 

Endeméné  (Lg., 
mené. 

Endémené  (Ag.,  Do.,  Segr.,  Br.,  Mj.),  part, 
pas.  —  Endiablé,  turbulent,  pétulant.  ||  Qui 


By.),  V.  a.  —  Endomma- 
adj.  q. 


ba 


\".  Endé- 


ENDEMENTIERS  —  ENDOVRER 


339 


se  donne  du  mal,  qui  s'agite  :  «  Comme  vous 
êtes  endémenée  !  »  —  comme  vous  vous  déme- 
nez. Il  Pressé.  —  Je  se  ben  endémené.  »  By.  — 
Pron.  End'miné. 

Et.  —  Hist.  On  pourrait  croire  que  ce  mot 
dérive  du  v.  fr.  se  Démener.  Je  ne  le  pense  pas,  et 
ce  qui,  à  mon  avis,  milite  contre  cette  opinion, 
c'est  l'existence  du  syn.  ital.  Indemoniato.  Il  est 
clair  que  les  deux  mots  dériv.  du  lat.  In  et  Daemon 
(Grec  :  En  et  Daimôn).  —  Syn.  de  Empicoré  ; 
Endeméné  (Sa.).  —  Littré.  En,  démener,  s'agiter 
violemment.  —  «  Cest  fleur  d'aage  est  fort  cha- 
touilleuse et  endémenée  à  prendre  tous  ses  plaisirs.  » 
(Amyot,  Plut.,  Com.  on  nourrit  les  enfants.)  — 
(L'atroce  blessure)  endemounio  lou  brau  —  rend 
le  taureau  démoniaque,  l'endiablé.  —  {Mireille, 
154,  .3.)  —  Cf.  Endèvé. 

Endemeufiers  (adv,).  —  Vieux  mot  ang.  — 
Cependant,  en  attendant. 

Et.   —  MÉNAGE   :   in-de-interim.   —    «   Advint 
que    endementiers    que    ledit    Taupin    jouoit...     » 
Entrementiers,  —  Entretant  (D.  C.) 
Et    prist    trêves    endementiers 
«  Entre  dix  jours  et  vint  entiers.    » 

{Rom.  de  la  Rose.) 

Ëndependancer,  v.  a.  —  Pendre,  suspendre 
V.  Encrouiller. 

Enderse  (Lg.),  s.  f.  —  Dartre.  Syn.  de 
Dertre.  N.  Dans  la  syll.  Der,  l'é  est  fermé. 

Et.  —  Pour  :  enderte,  ou  endertre,  dér.  de  : 
dertre.  —  «  Quand  le  sel  de  tartare  (tartre)  est 
mis  en  lieu  humide,  il  se  réduit  en  huile  de  tartare, 
et  plusieurs  guérissent  les  enderces  dudit  huile, 
parce  qu'il  est  corrosif.  »  (B.  Palissy.  —  Jaub.) 

En-dessour  (Mj.),  adv.  — •  Au  dessous,  en 
aval.  Il  Aller  en  dessour,  —  décliner  dans  ses 
affaires. 

En-devant  (Mj.,  By.),  adv.  — Devant, surle 
devant.  Ex.  :  Aile  'tait  assise  en-devant.  \\ 
Loc.  prép.  —  Par  en-devant  de,  —  par  devant. 
Ex.  :  J'ai  passé  par  en-devant  de  la  maison. 

Endêver  (Sar.,  Li.,  Br.,  Mj.,  ChL,  Craon, 
Lue),  V.  n.  —  Faire  fâcher,  taquiner,  irriter. 
—  Le  partie,  passé  a,  bien  entendu,  les  mêmes 
sens.  —  Syn.  de  Empicoré.  Formé  de  Dêve. 
Endiablé.  A  Saint  Paul  :  Faire  la  dêve,  faire 
le  diable  à  quatre,  du  tapage  ;  badiner,  bati- 
foler, folâtrer  avec  bruit.  —  Est  français  ;  je 
le  donne  cependant,  parce  que  j'y  renvoie 
Desvée,  Desver,  Dêver. 

Et.  —  Le  sens  est  clair  ;  l'étymol.  l'est  moins. 
Littré  :  En  -j-  desver.  Diez  rejette  De-ex-viare, 
qui  aurait  donné  Desvoier,  et  propose  dissipare, 
simple  conjecture.  —  Gachet  propose  :  diable  : 
encore  une  simple  hypothèse  :  —  il  le  rapproche 
del'angl.  Endeavour,  s'efforcer. —  Ital.  Indiavolare, 
endiabler.  —  Dict.  Génrr.  :  En  -(-  desver,  perdre  la 
raison  ;  —  ou  derver.  Orig.  incon.  —  L.  C.  —  «  Je 
ne  l'ay  prins  que  ce  malin,  mais  déjà  j'endcsve, 
je  grésille  d'estre  marié.  »  (Rap.,  P.,  m,  7.  — 
N.  E.)  —  Jaubkkt  :  Fou,  insensé,  terrible,  enragé. 
Desvé  —  hors  de  la  voie.  ||  Impatienter,  faire 
donner  au  diable.  Le  b  de  diable  s'est  changé  en 
V,  dans  l'ital.  diavolo,  et  dans  l'angl.  devil,  de 
même  que  dans  endcvcr  —  Scheler  :  De  toutes  les 
étym.  proposées,  une  seule  est  à  retenir,  celle  de 
Diez  :  «  On  s'est  servi  d'abord  de  la  3®  pers.  sing. 
desve,  qui  répond  correctement  au  L,  desipit  (il 


est  fou)  ;  puis,  de  la  forme  du  prés,  desve,  on  a 
dégagé  un  infinitif  prés,  desver,  et  un  part.  pas. 
desvé.  —  BoREL.  Forcener.  De  indivare,  a  Deo, 
vel  demone  corripi  ;  ç.-à.-d.  être  espris  de  fureur 
divine,  com.  les  Sybilles  et  ceux  à  qui  on  faisait 
rendre  les  oracles  ;  car  ils  devenaient  tous  trans- 
portés (Virgile,  En.  VI.)  On  bien  :  indeviare,  s'éga- 
rer de  sa  voie.  GuiLL  :«  On  s'ennuyait  quand  vous 
n'aviez  plus  personne  à  faire  endcvcr.  »  Rousseau  ; 
La  N.  Héloise.  —  Ménage  :  Indeviare,  deviare, 
extra  viam  ire  ;  aller  hors  de  la  voie.  (Contesté  ; 
vo'r  plus  haut).  On  dit  de  même  :  Délirer,  qui 
signifie  littéralement  :  Sortir  du  sillon  ;  De  lira 
arare.  —  Nous  lisons  dans  un  très  anc.  texte  :  .  . 

«  Por  poj  qu'il  ne  s'en  est  desvé.  :  — -.' 
(Peu  s'en  faut  qu'il  ne  s'en  a'^foUe.)  |i  h'Endé- 
varie  était  un  ancien  jeu.  L'enfant  qui  devait  être 
endovey  se  couchait  sur  le  dos,  ayant  les  pieds  nus  ; 
celui  qui  devait  procéder  à  l'invocation  lui  intro- 
duisait d'abord  dans  le  nez  Vendovoir.  ç.-à.-d. 
l'Achillea  à  mille  feuilles,  et  lui  criait  :  Endrvé,  etc. 
—  Après  avoir  rempli  les  narines  et  mis  entre  les 
doigts  l'Achillea,  puis  sur  un  caillou  placé  près  de 
•  sa  tête,  un  de  ses  camarades  frappe  à  coups  re- 
doublés, en  criant  •  Endévé.  —  Les  autres  se  re- 
tirent. Voilà  l'en'ant  endévé,  qui  fait  des  diable- 
ries. »  (MÉN.)  —  Dans  le  Castoiement  d'un  prre  à 
son  fis  . 

«  Nostre    maistre    par    lunoisons 

«  A  en  la  teste  estordisons, 

«  Le  sens  perd,  devient  desvez. 
{Du  tailleur  le  Ro>i  et  de  son  Scr;iennt,  p.  27,  50- 
51.  —  Desverie,  p.  27,  vers  149.)  • — «  Et  de  même 
qu'elle  n'eût  jamais  songé  à  regarder  un  faucon- 
nier entre  mille,  de  même  elle  cndévai'  de  voir 
celui-là  parce  qu'il  était  invisible.  —  En  N.  — 
Endêver  de,  désirer  vivement,  au  point  d'être  en 
colère.  »  (//''«  du  vx  tps,  p.  101.)  —  «  ...  Bien 
entendu  qu'ils  ne  manquaient  jamais  de  se  trouver 
sur  la  même  route  et  de  se  gêner  étrangement  ; 
et  si  le  soudard  endêvait. . .  »  {Id.,  387.)  —  En 
résumé  :  1°  Indeviare  ;  2°  Indivinare  ;  3°  Diabolus  : 
4"  Desipere  —  quatre  étym.  entre  lesquelles  je  me 
prononcerai  pour  la  deuxième.  Cf.  Endémené,  et 
V.  Déve  et  l'explication  de  C.  Port,  surtout. 

Ëndodeliner  (By.),  v.  a.  —  Tromper  ; 
comme  Endodiner,  endormir  quelqu'un 
avec  des  paroles  trompeuses.  (Mén.).  —  Cf. 
Emb  beliner. 

Endodiner,  v.  a.  —  Comme  Ëndodeliner. 

Endormi  (1').  —  Paresseux,  nonchalant. 
Ce  nom  se  donne  aux  animaux  occupés  au 
labour,  comme  :  la  Blanche,  la  Grise,  la  Fai- 
néante, la  Bâilleuse,  le  Roujeau,  le  (iaillé,  le 
Cailleté,  le  Levreau,  le  Châtain,  le  Marjolet, 
le  Moureau  (noir  et  blanc),  le  Vermé  (pour  : 
vermeil).  (Mén-.) 

Endormir  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Engourdir, 
paralyser,  rendre  insensible,  en  parlant  de  la 
fatigue.  Ex.  :  J'en  ai  le  bras  tout  endormi  à 
force  de  cogner. 

Endôvé  (Sp.),  adj.  q.  —  \'.  Endôvré. 

Ëndôvré,  ée  (Mj.),  part.  p.  —  Endormi, 
somnolent,  engourdi,  apathique,  qui  manque 
d'activité,  de  ressort.  Syn.  de  Endôvé,  Em- 
paffé. 

V,-  Et.  —  P.-ê.  pour  Endrôvé,-  dont  la  rac.  Drôve 
aurait  donné  l'angl.  Drowsy,  même  sens. 

Endôvrer  (Mj.),  v.  a.  —  Rendre  somnolent, 
endormir,  abrutir. 


340 


EXDRAIT  —  EXFARGES 


Ëndrait  (Mj.,  By.),  s.  m.  et  f. —  Endroit. 
V.   Dret,  Drait  et  Endret. 

Et.  —  Proprement  :  en  droit,  ce  qui  est  droit, 
ç.-à.-d.  opposé  à  envers,  et,  au  sens  de  :  localité, 
ce  qui  est  dans  le  droit  chemin,  sur  la  route,  dans 
la  direction  de.  (Ijtt.)  —  Qqf.  pour  Métairie, 
closerie. 

Endréraer  (44"  Z.,  Ec,  By.,  Mj.),  v.  a.  — 
Endrémer  un  bateau,  le  faire  passer  juste  dans 
un  chenal,  sous  une  arche  de  pont,  surtout 
par  un  mauvais  temps.  —  Embouquer.  — 
«  Par  un  coup  de  fort  temps  pareil,  c'est  pas 
facile  d'endrémer  un  pont.  »  \i  Bien  mettre  le 
travail  en  train.  —  My.  !|  S'engager  dans  qq. 
passage  étroit  ou  difficile.  Ji  Engager,  faire 
pénétrer.  —  Enquiller. 

Et.  —  En  dret  mener  ?  —  Le  préf.  en  et  le  bret. 
Dremeine,  Tremeine,  passer  ?  —  je  préfère  la 
première.  ||  R.  O.  préfère  la  deuxième  :  le  patois 
n'aurait  pas  laissé  tomber  la  syllabe  finale  de  me- 
ner. V.  Endémener. 

Endret'  (Mj.),  s.  f.  et  m.— Endroit.  Ex.:  Ils 
demeurent  dans  eine  vilaine  endret.  —  T'as 
point  mis  ça  dans  la  bonne  endret.  —  N.  Il 
existe  à  Mj.  un  lieu  dit  :  La  Petite  Endret.  — 
(Lue,  etc.)  V.  Endrait.  Etymol. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Endroit.  Cf.  Dret.  —  A  noter 
que  le  breton  nous  a  emprunté  ce  mot  :  Afidret, 
endroit.  —  Hist.  —  (Je  m'en  viendrais,  moi,  la 
reine,  aux  Baux)  moun  paure  endré  (mon  pauvre 
pays.)  {Mireille,  p.  ^4,  str.,  2.)  —  Pays  natal. 
«  La  vue  de  son  cher  endroit. . .  »  (G.  Saxd.  Le 
péché  de  M.  Antoine,  col.,  II,  ch.  18.) 

Enduëment  (Lrm.).  —  Traitement?  ce  qui 
est  dû? 

Hist.  —  2°  «  Sera  aussi  suppliée  Sa  Majesté  de 
supprimer  tous  les  financiers...,  et  de  substituer 
dans  leurs  places  un  receveur  dans  la  capitalle  de 
chaque  province  à  qui  on  assignerait  un  enduë- 
ment fixe. . .  »  {Cahier  des  plaintes  et  doléances  de  la 
paroisse  de  la  Romagne.)  A  donné  l'angl.  Endowe- 
ment  =  dotation. 

Endurer  (Lg.,  By.),  v.  n.  — Absolument: 
Souffrir.  Ex.  :  C'est  des  choux  qui  ont  enduré 
pour  la  sécheresse.  »  ||  Supporter,  avec  l'idée 
d'un  bien-être  résultant  d'une  souffrance 
évitée.  —  (Mj.).  On  endure  ben  ein  petit  ar  de 
feu  par  eine  fret'  pareille.  ||  By.  —  J'endure- 
rais ben  ein  manteau  tellement  qu'i  fait  fret'. 

Ëneiller  (Mj.),  v.  a.  —  Etirer  le  fil  pour 
l'amincir  et  le  régulariser,  comme  font  les 
fileuses.  Syn.  de  Eguetller. 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Enœuiller,  défaire  les 
nœuds,  doubl.  du  fr.  Enucléer. 

Enenger  (En-nengé)  —  (Sp.),  v.  a.  —  Enger, 
embarrasser  de  qq.  engeance,  bonne  ou  mau- 
vaise. Fr.  Enger.  —  V.  Engeancer,  Dégeancer, 
Dénenger,  Engénouir. 

Énerter.  Ménage  dit  :  Xos  paysans  d'An- 
jou disent  :  Enerter  un  lieu,  pour  dire  :  Y 
planter  des  arbres.  P.-ê.  d'inarbustare.  = 
Très  forts,  nos  paysans.  Syn.  de   Affier. 

Et.  —  «  Enherter.  Semer,  préparer  pour  ense- 
mencer, mettre  une  terre  en  valeur,  en  produit. 
Ertaye  ou  Ertoye,  désigne  une  terre  inculte. 
(D.  G.  Hertemus.)  En  hers,  le  produit  quelconque 


donné  par  ce  labour.  (D.  C.  Adhœrere,  2),  Herte- 
mus, champ  qui  ne  peut  être  ni  cultivé,  ni  labouré, 
en  fr.  Ertaye,  ou  Hertaye,  Hertoye  :  «  Trois  deniers 
assis  sur  demi-arpent  de  terre  ou  environ...  joi- 
gnant à  la  terre  et  hertaye  feu  Estienne  Cornillau... 
d'autre  part  à  Y  ertaye  de  Guion  le  Bouyer.  » 

Enéver,  ou  Enêver  (Mj.).  —  V.  Enaiver, 
V.  a.  —  Mouiller.  —  j|  V.  réf.  Se  mouiller  les 
pieds,  faire  entrer  l'eau  dans  sa  chaussure. 
On  s'enève  en  passant  un  ruisseau,  en  s'em- 
bourbant  dans  un  mollet  (mauvais  pas, 
endroit  boueux  dans  un  chemin  détrempé 
par  la  pluie).  Prononc.  En-nêver. 

Enfafouiner  (Sal.),  v.  a.  —  Embarrasser; 
gêner  les  mouvements.  Avoir  la  tête  enfa- 
fouinée,  —  avoir  mal  à  la  tête. 

Enfaîteau  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Tuile  dont 
on  recouvre  le  faîtage  d'un  toit.  Syn.  de  Faî- 
teau. 

Enfance  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Sénilité.  Ex.  : 
Il  commence  à  ne  pus  guère  savoir  ce  qu'il  dit, 
il  dhoge  souvent  ;  y  a  de  Venjance.  \\  D'en- 
fance, —  dès  l'enfance. 

Enfantin  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Crasse  jau- 
nâtre qui  se  forme  sur  le  cuir  chevelu  des 
jeunes  enfants.  Syn.  de  Râche,  Rage. 

N.  —  Pour  rien  au  monde  les  mères  ne  consen- 
tiraient à  enlever  cette  crasse  de  la  tête  de  leurs 
enfants,  pas  plus  qu'elles  ne  voudraient  leur 
rogner  les  ongles  ou  les  cheveux  dans  le  cours 
de  la  première  année.  A  leurs  yeux,  Venfantin, 
la  ràche  est  pour  leurs  nourrissons  un  signe  et  un 
gage  de  bonne  santé.  Tel  n'est  pas  l'avis  des  mé- 
decins  hygiénistes. 

Enfar  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Enfer.  1|  Bête 
d'enfar  —  petit  coléoptère  à  élytres  rouges 
marquées  de  points  noirs. 

Enfarger  (Mj.),  v.  a.  —  Mettre  des  enfarges 
à,  entraver,  [j  Fig.  Etre  enfargé,  —  avoir  de 
lourdes  chaussures,  qui  entravent  la  marche. 

Et.  — •  Ce  mot  est  formé  de  la  prép.  En,  et  d'un 
V.  Farger,  inus.,  dér.  de  Far,  fer.  V.  Fargeot.  et 
Fergon.  —  ||  By.  —  Pron.  Enfoerger,  Enfeurger. 
C.  PoKT,  le  dérive  plus  justement  de  Fabrica, 
comme  Forge  et  Farge.  Cf.  Enforger. 

Enfarges  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  Entraves  formées  de  deux  anneaux  de 
fer  réunis  par  une  chaîne,  dans  lesquels  on 
engage  les  pieds  de  devant  d'un  cheval.  V. 
Enjarger.   \\  By.  Pron.  Enfoerges,  Enfeurges.  - 

Hist.  —  «  Le  suppliant  donna  à  icellui  Piron 
ung  coup  des  mailles  des  enferges  dont  il  vouloit 
enferger  et  lyer  ladite  jument.  »  (1472.)  —  En- 
forgez  des  pieds  et  des  mains.  (Mont.,  i,  .'^27.) 
—  «  Ceux  qui,  faibles  de  corps,  ont  l'esprit  grand, 
fort  et  puissant,  est-ce  pas  grand  dommages  de 
les  enferger  et  garrotter,  à  la  chair  et  au  mariage, 
comme  l'on  fait  les  bestes  à  l'estable.  >>  (Charron, 
178.)  —  Grelots  et  effarges  de  mulets  de  charbon- 
nier. »  {La  Trad.,  p.  80,  /.  18.)  —  «  Pour  un  de  ses 
paroissiens,  il  (le  curé)  fit  une  recommandation  telle 
en  son  prône  :  Il  y  a  un  honnête  homme  qui  avait 
mis  sa  cavale  enfargée  en  ses  fossés.  Messieurs  mes 
paroissiens,  on  lui  a  pris  les  enfarges  avec  une  ser- 
rure à  bosse.  (Cf.  Bosselle).  Il  vous  prie,  Messieur-. 
de  lui  rendre  lesdits  enfarges,  et  pour  votre  pein.\ 
de  par  Dieu,  que  la  bosse  vous  demeure.  »  (B. 
DE  Vekville,  m.  de  p.  I,  113.) 


ENFEL  —  ENFONDRE 


341 


Enfel,  leiifel  (Do.),  adj.  q.  —  Il  est  enjel  ; 
Enflé.  —  P.-ê.  doit-on  prononcer  :  enf'l,  enfle. 

Enfener  (Mj.),  v.  a.  —  Attacher  dans  un 
pré  une  vache  à  un  piquet,  au  moyen  d'une 
/ène,  ou  corde.  Lat.  :  Funis. 

Enfenouiller  (Ag.),  v.  a.  —  Porter  au  cœur 
comme  ferait  l'odeur  du  fenouil.  Ex.  :  Les 
radis,  je  les  aime  ben  ;  mais  les  bonbons,  ça 
m^enfenouille. 

Enferdezir  "  (s')  —  (Lg.),  v.  réf.  —  Se 
refroidir.  Ne  se  dit  que  du  temps  ou  du  vent. 

Enferdir  "  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  refroi- 
dir. Ex.  :  Le  vent  s'enferdit  ;  il  va  venir  à 
mouiller.   \\  By.  S'enfoerdir. 

Et.  —  Pour  s'Enfroidir,  de  :  froid.  V.  Ferdir,  se 
Renferdir.  —  Syn.  de  Enfrédezir. 

Enferduré,  adj.  q.  —  Qui  a  froid. 

Enferger  (Lue,  Sar.),  v.  a.  —  V.  Enfarger- 
Entraver  au  moyen  de  fers. 

Et.  —  Du  Gange  :  Disferiare,  Inferrare.  «  Entre 
les  Scythes,  quand  les  devins  avoient  failli  de  ren- 
contrer, on  les  couchoit  enfor^ez  de  pieds  et  de 
mains  sur  des  charriotes  pleines  de  bruyère.  » 
(Mont.,  Ess.,  i,  30.)  —  «  Du  plaisir  qu'il  sent  à 
gratter  sa  jambe  après  que  les  fers  en  furent  hors, 
accuse-t-il  pas  une  pareille  doulceur  en  son  âme. 
pour  être  dcsenforg'-e  des  incommodité?,  passées.  » 
(Id.,  n,  11.) 

Enferges   (Lg.),  s.   f.  pi.  —    V.    Enfarges. 

Enfcrmier,  infirmier,  s.  m.  —  Mot  désuet 
qui  avait  encore,  au  xvii''  siècle,  cours  en 
Anjou. 

Hist.  —  En  1625  il  (Madelon  Claude  de  Saint- 
Offange)  était  enfermier  (infirmier)  et  profès  de 
ladite  abbaye  (de  Saint-Maur).  —  (Revue  de  V  Anj., 
mars-avril,  1907,  t.  LIV,  p.  183.) 

Enferiiailler  (Craon,  Ac),  v.  a.  —  Mettre 
des  pointes  ou  du  fil  de  fer  dans  le  groin  d'un 
porc  pour  l'empêcher  de  fouiller  la  terre.  Syn. 
de  Formâiller.  \\  E.  un  taureau,  lui  mettre 
une  pince  au  nez.  —  Qqs-uns  disent  :  Enfer- 
mailler. 

Ënfertlcr,  v.  a.  —  Mettre  un  jertyao. 

Et.  —  Frelte.  Orig.  inc.  —  Cercle,  virole  de  fer, 
dont  on  garnit  un  mât,  le  moyeu  d'une  roue,  la  tête 
d'un  pilotis,  le  manche  d'un  outil,  le  bois  d'une 
lance,  d'une  flèche,  etc.,  pour  l'empêcher  de  se 
fendre  (Darm.).  —  En  Anjou,  cercle  pour  les 
sabots.  V.  Ferquiau,  Ferteau. 

Enfilée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Enfilade. 

Enfiler  (Mj.),  v.  a.  —  Rejoindre,  sur  une 
glissoire,  celui  qui  s'est  lancé  en  avant. 

Enfilette  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  longue 
aiguille  sans  pointe  et  portant  un  chas,  ou 
œil,  à  chacune  de  ses  extrémités.  Elle  sert  aux 
pêcheurs  pour  passer  la  cordilletie  dans  les 
ouïes  des  petits  poissons  servant  d'appât.  — 
Du  fr.  Enfiler.  ||  By.  —  Souvent  en  baleine. 

Enflammant  (Mj),  adj.  verb.  —  Inflam- 
mable. Syn.  de  Eprenant. 

Enflamniation  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Inflam- 
mation. 


Et.  —  Dér.  logique  du  fr.  Enflammer.  Cf.  Enciser, 
Embi'ier. 

Enflamber  (Lue),  v.  a.  —  Enflammer. 
Enflé  (1')  !  (Mj.).  —  Exclam.  Interpellation 
amicale  ou  ironique.  Ex.  :  Te  velà,  té,  Venflé  ! 

—  la  personne  fût-elle  maigre  comme  une 
perche. 

Enfler  (Mj.,  By.),  fig.,  v.  réf,  —  S'enfler,  — 
s'emporter,  se  mettre  en  colère.  Ex.  :  I  s'est 
enflé  comme  eine  soupe  au  lait,  'i' enfler  la 
bousine,  se  gonfler  d'importance,  s'enorgueil- 
lir. Il  Sp.  —  S'enfler  le  nez,  —  même  sens.  || 
N'avoir  pas  la  tête  ben  enflée  de,  —  n'être  pas 
très  enthousiaste,  enchanté  ou  entiché  de. 

Et.  —  In  flare  ;  souffler  dans. 

Enf/esse  (Tlm.),  s.  f.  —  Enflure,  œdème. 
Syn.  de  Enflun,  Enfleume.  N.  On  pron. 
Enfiesse. 

Enfleume,  Enflume.  Enflun  (Mj.). — ^  Comme 
Enflesse.  —  S.  f.  —  Enflure,  œdème. 

Enfolie,  s.  f.  —  Mode  spécial  de  peuple- 
ment et  d'entretien  des  vignes  surtout  usité 
dans  l'arrondissement  de  Saumur.  Un  jeune 
cep  est  abandonné  à  lui-même  et  sans  être 
taillé  jusqu'à  la  'i"  et  même  la  4^  année.  A 
cette  époque,  on  coupait,  au  printemps,  toute 
la  tête  de  la  jeune  souche,  pour  laisser  un 
petit  sarment  appelé  Queue  de  rat  comme 
amorce  de  végétation  et  préservatif  d'apo- 
plexie foudroyante. . .  Le  viticulteur  obtient 
autour  de  la  .section  la  sortie  de  4  ou  8  gour- 
mands vigoureux.  L'hiver  suivant,  ces  sar- 
ments sont  étalés  sur  le  sol,  rangés  comme  les 
rais  d'une  roue  de  voiture  et  recouverts,  à 
leur  centre,  d'un  mamelon  de  terre,  de  0™60 
à  O-nSO  de  base,  et  de  0™40  à  0'"50  de  haut  à 
son  centre.  Les  sarments  sortent  autour  de  la 
base  de  cette  motte  et  sont  rognés  à  deux 
yeux  francs  hors  de  terre.  On  appelle  cette 
opération  Enfolier  une  souche,  mettre  une 
souche  en  enfolie.  Du  lat.  Infoliare,  enfeuiller.. 
(Sur  la  viticulture  du  N.-O.  de  la  France. 
Rapport  à  S.  E.  M.  de  Forcade  la  Roquette, 
ministre  de  V  Agriculture,  par  le  D"'  Jules  GuYOT 
Paris,  imprimerie  impériale,  1867).  =  Qqs-uns 
expliquent  par  :  en  folie  ;  c'est  une  folie  de 
tailler  ainsi  un  cep  qui,  de  ce  fait,  est  perdu. 

—  Je  préfère  Infoliare. 

EnfoIié  (Lue),  part.  pas.  —  V.  Enfolie. 

Enfolier  (Lue),  v.  a.  —  V.  Enfolie. 

Enfoncer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Enfoncer  qqn, 
le  ruiner,  le  couler.  ||  Réduire  à  quia.  ||  V.  réf. 
Se  ruiner  peu  à  peu. 

Entendre  (IVIj.,  Lg.,  Sal.,  By.),  v.  a.  — 
Mouiller    complètement,    tremper    les    vête- 
ments, il  V.  n.  —  Avoir  ses  vêtements  trem- 
pés par  la  pluie.  Ex.  :  J'ai  enfondu  en  m'en 
venant.  —  Cf.  Dater. 

Et.  —  Lat.  Infundere.  —  C'est  :  mouiller  jus- 
qu'au fond,  aux  os.  —  Hist.  : 

«  Mais  ce  qui  est  en  ton  cueur  enfondu 
!t  No  nous  est  pas  mûristré  nv  entendu. 

(O.  C.  BouCûÊft,  189,  P..194J 


342 


ENFONDU  —  ENGONCÉ 


Enfondii  (By.,  Li.,  Br.,  By.,  Sar.,  Mj.), 
part.  pas.  —  Trempé,  mouillé  complètement 
à  fond.  «  J'sé  tout  enfondu,  —  de  pluie,  d'iau. 
—  Cf.  Confondu. 

Hist.  —  «  Icelle  Gernesote  pour  se  évader  de  la 
voye  se  mist  en  une  mare,  ou  il  y  avoit  beaucoup 
d'eaue  ;. .  .  ils  allument  du  fe>i  pour  lui  seicher  ses 
habillements  qui  estoient  tous  enfondus  d'eaue 
(1473.  —  L.  C). 

«  Maigres,     velluz     et     morfonduz 
«  Chausses  courtes,  robbe  rongnée, 
«  Gelez,  meurtriz  et  enfonduz. 
(Fr.  Villon.  Petit  Test.  —  st.  30.  —  Eveillé.) 

Enfondiire  (Mj.),  s.  f.  —  Pluie  dont  on  est 
trempé.  Syn.  de  Saucée.  Ex.  :  Aile  a  attrapé 
eine  belle  enfondure,  le  temps  de  ramener  ses 
vaches.  ||  Mj.  —  Etat  de  celui  qui  est  trempé 
par  la  pluie.  Syn.  de  Trempe,  Trempée,  Trem- 
pure. 

Enforger  (Li.,  Br.),  v.  a.  —  Entraver. 
Enforger  un  cheval,  c'est  lui  mettre  des  fers 
spéciaux  pour  l'empêcher  de  courir.  V.  En- 
farges,  etc. 

Enfornailler,  v.  a.  —  Le  même  que  Enfer- 
nailler. 

Enfermer  (Mj.),  v.  a.  —  Enfermer. 

Enfourner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fourrer  dans 
la  bouche,  ingurgiter,  avaler. 

Et.  —  En  -|-  four,  autrefois  :  forn. 

Enfré  (Segr.),  adj.  q.  —  Pour  :  enferré, 
sans  doute.  «  Quand  une  jeune  fdle  se  marie, 
on  dit  qu'elle  est  enfrée,  ou  enfergée  (Mén.). 

Enfrédezir  «  (Lg.),  v.  a.  —  v.  a.  et  n.  — 
Refroidir,  se  refroidir.  Syn.  de  Enferdir. 

Engaillocher  (s')  —  (Li.,  Br.),  v.  réf.  — 
S'enfoncer  dans  la  boue,  avoir  des  bottes  de 
boue. 

Et.  —  D.  de  Galoches. 

Engalipoter  (Sal.).  — •  Embarrasser  les 
mains  dans  qqch.  de  collant,  comme  la  pâte, 
la  boue.  Du  franc.  Galipot.  Syn.  de  Empé- 
casser. 

Engalocher  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  Salir  de 
boue  ses  chaussures.  —  Galocher.  Syn.  de 
s'Engomber,  Boiter,  Palier,  Patiner,  s'Èmmo- 
ler,  s^Emmolliner,  s'Emmolleter. 

Engarder  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  garder, 
prendre  garde.  Ex,  :  Il  s'est  ben  engardé  de 
venir.  ||  Etre  engardé,  —  être  dans  l'impossi- 
bilité de.  Il  V.  a.  —  Empêcher,  mettre  dans 
l'impossibilité  de.  Ex.  :  Aile  était  ben  engar- 
dée  d'y  aller. 

Et.  —  En  +  garde.  —  Hist.  —  «  Et  envoyoit 
peu  de  gens  à  l'assault  pour  engarder  seulement  les 
Tyriens  de  pouvoir  reposer.  »  (Amyot.  Vie  d'A- 
lexandre le  Grand.)  Porus  tenoit  toujours  ses  élé- 
phans  sur  l'aultre  rive  en  bataille,  les  testes  tour- 
nées  devers  les  ennemis  pour  les  engarder  de  passer, 
{Id.  ibid  .  p.  25.)  —  «  Faulte  de  chiffre  m'en- 
garde  vous  en  escrire  davantage.  »  (Rab.,  Lettre 
à  M.  de  Maillezais,  p.  612.)  —  «  J'advoue  Dieu, 
si  j'eusse  esté  au  temps  de  Jesuchrist,  j'eusse  bien 
engardé  que  les  Juifs  ne  l'eusent  prins  au  jardin 
d'OlJvet,  »  (Rab.,  G.,  n,  39,  76.)  —  «  Ne  voyez- 


vous,  dist  Panurge,  que  les  chastaignes  qu'on  faict 
cuire  au  feu,  si  elles  sont  entières,  elles  pètent 
que  c'est  raige  ;  et  pour  les  engarder  de  peter,  l'on 
les  entame.  »  (R.  P.,  n,  31,  197.)  —  «  Non  qu'il 
engardost  les  dicts  théologiens  sorbonicques  de 
chopiner.  »  (I^ab.,  P.,  n,  10,  137.) 

Engendré  (Mj.),  part.  pas.  —  Constitué, 
conditionné.  Ex.  :  C'est  toujous  ben  des 
sabots  qui  sont  ben  mal  engendrés  !  » 

Et.  —  In  -j-  gêner,  generare. 

Engénouir  °  (Lg.),  v.  a.  —  Enger,  embar- 
rasser d'une  mauvaise  engeance.  Ex.  :  Mon 
jardin  est  tout  engénoui  de  môrion.  —  Syn. 
de  Engeancer,  Enenger.  —  In,  genus. 

Engin  (Ec,  By.),  s.  m.  —  Filet.  V.  Apeiis- 
sures. 

Engiponné,  adj.  q.  —  Enjuponné. 

Engirunné  (Mj.),  adj.  q.  ou  part.  pas.  Pris, 
emprisonné  dans  le  giron  d'un  épervier.  Se 
dit  du  poisson. 

Engivane  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ingéniosité, 
esprit  inventif.  —  V.  s' Engivaner.  \\  Craon. 
Sorcellerie  populaire. 

Engivanement  (Bg.).  s.  m.  —  Corvée  désa- 
gréable. V.  s' Engivaner. 

Engivaner  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'ingé- 
nier. Ex.  :  Il  ne  sait  pas  de  queune  sottise 
s'engivaner.  \\  Bg.  —  Se  charger  d'une  com- 
mission désagréable  ;  faire  mauvaise  société. 

Et.  —  Corrupt.  du  vx  fr.  Engeigner. 
«  Tel,  comme  dit  Merlin,  cuide  engeigner  autrui 
«  Qui  souvent  s'engeigne  soi-même.   » 
(La    Font.   —   La   Grenouille  et  le  rat.    Ce   verbe 
3  ici  le  sens  :  de  tromper  ;  cf.  Engin,  de  ingenium.) 

Engivasé,  adj.  q.  —  Etre  engivasé,  dans 
l'embarras,  le  bourbier,  la  boue,  la  vase. 
(MÉx.). 

Englalir  «  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'embar- 
rasser, s'engager.  Terme  de  marine.  Ex.  .  :  La 
glane  s'est  englatie  dans  le  rias  du  poulieau. 

Englôtir  '^  (Mj.),  v.  a.  —  Engloutir.  Cf. 
Môron. 

Et.  —  En  -)-  radie,  de  glouton.  Lat.  gluto,  de 
glutus,  gosier. 

Engoiser  (Lg.),  v.  a.  —  Engouer. 

Engomber  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'em- 
bourber. Cf.  Dégomber.  Syn.  de  s' Engalocher, 
Botter,  Patter,  Patiner,  s' Emmoller,  s' EmmoUi- 
ner,  s'Emmolleter. 

Et.  —  Ital.  Ingombrare,  de  in  -\-  combri,  ou 
cumbri,  amas  de  bois  abattu.  Cumbrus  s'est  dit 
poiir  Cumblus,  leq\iel  est  une  forme  barbare  du 
lat.  Cumulus,  comble.  (Litt.^ 

Engoncé  (Ag.),  part.  pas.  —  Mal  vêtu,  v. 
Engoncer. 

Et.  —  La  Curne  :  «  Conche,  coquille,  —  bassin, 
-r-  ajustement.  Et  alors  il  vient  de  l'ital.  :  acconcio. 
suivant  Pasquiek,  et,  en  remontant  plus  haut, 
du  lat.  Concinnus.  Il  ne  servait  guère  que  dans 
ces  expressions  :  en  bonne  conche,  mal  en  conche 
et    semblaliles    :     «    L'hôtesse    le    voyant    (Philo-' 

fiœmen)  =i  laid  et  mal  en  con'-he  présuma  que  ce, 
fit  quelqu'un  des  gens  du  capitaine  qui  eut  été  là 


ENGOULER  —  ENJAQUETER 


343 


envoyé   devant,   si   lui   fit   fendre   bragardement 
du  bois.  »  —  S'enconcer. 

Engouler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Saisir  avec  sa 
gueule.  Ex.  :  Le  chien  illi  a  engoulé  le  mollet. 
Il  Avaler.  N.  Le  fr.  a  le  composé  Engoulevent. 
—  Fig.,  Accaparer.  ||  Lg.  —  V.  réf.,  se  bourrer 
d'herbes  arrachées,  en  parlant  de  la  gorge 
d'une  charrue.  A  Mj.,  on  dit  dans  le  même  sens 
s'Engorger.  ^  Se  dit  encore  (au  neutre),  en 
parlant  d'une  charrue  au  versoir  de  laquelle 
la  terre  trop  humide  s'attache,  adhère.  Ex.  : 
Ma  charrue  engoule  ;  aile  est  engoulée.  On  dit 
aussi  Botter. 

Engoiirdélir  «  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Engourdir 
par  le  froid.  (Lue).  —  V.  Gourd. 
Et.    —    Hist.    : 

«  La  pensée  ont  vers  Dieu  si  froide 
«  Qu'il  sont  engorddi  et  roide 
«  Plus  que  ne  soit  poil  en  fouache.  » 
(D.  C.)  —  Sens  primitif  :  obtus,  inepte,  sot.   » 
Icellui  Boyn  commença  à  desmenlir  le  suppliant 
et  l'appeller  villain  Gnrdin.  »  —  D'où  :  En^ardeli, 
enÊjourdeli,   engourdi.    (Id.).   —    Forme    diminut. 
du  fr.  —  Pour  la  terminais.  Cf.  FAourdMir. 

Hist.  —  «  Dis,  c...  (latry,  c.  moisy,  c.  en- 
gourdely.  »  (Rab.,  P.,  m,  28,  278.) 

Engourdélissenient  (Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Engourdissement. 

Engoiirmée  (Mj),  adj.  q.  —  Dont  le  pis  ou 
le  sein  est  gonflé,  soit  par  un  excès  de  lait, 
soit  par  l'inflammation.  Syn.  de  Enronflée. 
Du  fr.  Gourme  ;  orig.  inc.  —  Cf.  Dégourmer. 

Engoiitté,  adj.  q.  —  Qui  a  de  la  goutte.  — 
La  légende  de  Saiat-Lubin.  —  A  Thouarcé 
on  soutient  que  tous  les  curés  de  ce  lieu 
auront  la  goutte,  tant  que  la  statue  de  saint 
Lubin  ne  sera  pas  remise  en  sa  chapelle. 
(MÉx.). 

Engraineur  (Lue),  s.  m.  —  L'homme  qui 
engage  les  herbes  dans  la  machine  à  battre. 
Et.  —  En  -j-  Grain.  V.  Engreneur.  Su  pp. 

Engravé  (Mj.),  adj.  q.  —  Animal  dans  le 
sabot  duquel  une  pierre  s'est  introduite.  N. 
On  dit  plutôt  Egravé.  Cf.  Agravé. 

Et.  —  De  en  -j-  grav.,  rad.  de  :  gravier.  Le 
même  q.  Grève.  —  Bas-bret.  :  grouan,  sable  ; 
idmry,  grou  ;  sanscr.,  gravan,  pierre.  (Ne  pas 
confondre  avec  Graver,  faire  des  gravures,  de 
l'ail.  Graben,  creuser.) 

Eugrf'Iure  (Tlm.),  s.  f.  —  Entre-deux  de 
tulle  dans  une  broderie. 

Et.  de  Grêle  ou  Guérie,  parce  que  cet  ornement 
rappelle  le  fond  d'une  guérie. 

Engrener  (Lg.),  v.  n.  —  Verser  le  grain 
dans  un  tarare.  C'est  le  mot  fr.  dans  un  sens 
spécial. 

Hist.  :   «  Prince,  combien  qu'on  ait  envye 
«  D'engrener  quand  le  moulin  mouU, 
«  Pi  force  et  puissance  dévie, 
«  n  ne  faict  pas  ce  tour  qui  veult.  » 

(J.  Marot.  —  Eveillé.) 

Engréver  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  S'en- 
graver,  toucher  sur  un  banc  de  sable,  en  par- 
lant d'un  bateau.  V.  Engraver.  —  De  Grève; 
C'est  s'échouer. 


Engriboter  (Mj.),  v.  a.  —  Salir,  souiller. 
Ex.  :  J'ai  les  mains  tout  engribotées  de  pâte. 
Syn.  de  Einpécasser,  Engalipoter.  —  Cf.  Gri- 
baud,  Gribot,  tache  d'encre. 

Enguerguéter  (Mj.),  v.  a.  —  V.  Engouer. 
Engorgeter,  de  Gorge.  V.  Gorgoton. 

Enguerlucher    (s')   —   (Vr.,   Chf.),   v.   réf. 

S'embrasser.  ||  En  argot  Greluchon  estramant. 

Enguernousir  °  (Sp.,  Mj.).  Rendre  enceinte 
une  femme,  et  surtout  une  fille.  S'emploie 
par  plaisanterie.  Pour  Engarnousir,  de  Garnir. 
Syn.  de  Embarrasser.  Enceinter.  V.  Abernote 
au  Suppl. 

Engueulade  (Mj.),  s.  f.  —  Engueulement, 
prise  de  bec.  ||  Semonce.  Syn.  de  Abattage, 
Savon,  Suif,  Poil.  ' 

Engueuser  (Segr.),  v.  a.  —  Se  faire  engueu- 
ser,  c'est  faire  une  mauvaise  affaire.  (Mén.). 

Et.  —  Un  ex.  du  xV  s.  prouve  que  gueux  a 
signifié  :  cuisinier,  et  est  une  autre  forme  de  : 
queux.  Ce  mot  a  passé,  par  dénigrement,  des 
marmitons  aux  mendiants,  aux  mauvais  sujets.  — 
Les  Gueux  de  Hollande  viennent  p.  ê.  du  holl. 
Guit,  coquin,  indépendant  du  mot  fr.  —  Schiller 
les  appelle  cependant  Die  Geusen,  ce  qui  appuie 
fortement  l'étymol.  fr.  (Litt.)  Cf.  Gueux,  réchaud, 
chaufTerette. 

Enguiberdé.  V.  Aguibré. 

Enguicher  (Ag.,  Sal.,  Mj.),  v.  a.  —  Faire; 
feutrer.  Ainsi,  en  frottant  dans  l'eau  les  bas 
de  laine  blanche  surtout,  les  lavandières  les 
enguichent  de  telle  sorte  qu'ils  se  rétrécissent, 
se  durcissent  et  qu'il  serait  presque  impos- 
sible de  les  défaire.  =  Ex.  :  C'est  de  la  laine 
enguichée,  a  n'est  pas  aisé  à  charpir.  —  Syn. 
de  Aniatelasser.  La  laine  d'un  matelas  très 
emmêlée  est  enguichée.  ||  S'enguicher,  v.  réf. 
Se  feutrer.  |j  S'engager  dans  un  passage 
étroit  Syn.  de  [s'Enquenicher,  s'Enquiller. 

Enlionter  (Fu.).  —  Se  moquer  de.  Ex.  : 
'•  Les  gars  !  enhnntez-\e  donc  ;  il  a  pissé  dans 
sa  culotte.  »  Syn.  de  Ahonter. 

Enhuit'  (anuite).  —  (Partout),  adv.  — 
Aujourd'hui.  ||  By.  —  On  dit  anhui  ;  mais  on 
dit  :  d'an/i/u'-t-en  huit,  en  quinze.  Demaishui, 
sans  t  final. 

Et.  —  Ce  mot,  l'un  des  plus  couramment  em- 
ployés, est,  selon  moi,  formé  de  la  prépos.  En 
(prononcée  com.  dans  les  mots  ■  Enivrer.  Ennoblir, 
Enorgueillir),  et  de  l'adv.  fr.  Hui,  avec  le  t  final, 
dont  l'addition  est  dans  le  génie  même  du  oatois 
angevin.  V.  Deniaishu.it' .  Tahal\  -'eut',  etc.  — 
Le  sens  littéral  est  :  dans  ce  jour,  in  hoc  die.  — 
Peut-être  pourrait-on  rapprocher  ce  mot  de  la  loc. 
A  matin,  et  y  voir  la  prépo'-.  A,  reliée  à  l'adv. 
Hui  par  un  n  euphonique.  Cf.  A  n'ein.  (R.   O.) 

Par  curiiisit'',  je  cite  les  variantes  suivantes. 
«  Enhui,  cnhuy,  ennuy,  ennuict.  ennuyt,  annuit, 
enuit,  aenqui.  ancui,  encui,  enquenuit,  anquenuit, 
encornuyt,  encornuit,  encorenuit.  —  Pour  les 
formes  ayant  un  c  .  banc  horam  hodie.  (L.  C.) 

Enjaqueter  (Pell.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  En- 
goncer, gêner  les  mouvements  du  torse  et  des 
bras.  Ex.  :  C'est  trop  etvjaqueiant  d'avoir  ein 


344 


ENJAVELER 


ENOMBRER 


gros  gilet  broché.  —  En  +  jaquette.  ||  V.  réf. 
(Bg.).  S'habiller  de  vêtements  qui  engoncent. 

Enjaveler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Réunir  les 
javelles  en  gerbes  (et  non  :  mettre  le  blé  en 
javelles). 

Et.  —  Javel,  monrcau,  en  vx  fr. 

Enjointure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Jointure' 
articulation. 

Enjoui,  adj.  q.  —  Enjoué.  —  Une  étoffe 
qui  a  de  belles  couleurs  est  enjouie,  c.-à-d. 
qu'elle  réjouit  les  yeux.  (Mé>'.). 

Enjiisqiie  (Sp.,  Mj.),  prép.  —  Jusque.  Ex.  : 
Je  vas  aller  enjusqiik  la  cloie  du  champ.  — . 
N.  Rare  à  Mj.,  très  usité  à  Sp. 

Eniaidezir  °  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Enlaidir. 

En  l'air  (Tlm.),  s.  m.  — •  Prétexte.  N.  Ce 
mot,  qui  s'emploie  surtout  au  plur.,  a  bien  le 
sens  que  je  lui  attribue,  et  non  celui  de  : 
propos  en  l'air.  Syn.  de  Déconvenue,  Déblâme. 

Enlarme  (Sal.).  —  Pour  :  Enarme.  Bois 
des  carrelets.  — ||  (Mj.,  Long.).  —  Branche  de 
saule  arquée  qui  soutient  un  des  coins  du 
carrelet.  Pour  armer  un  carrelet  il  faut  donc 
quatre  enlamies,  dont  les  extrémités  sont 
fixées  dans  les  quatre  trous  de  la  Tête  de 
mort.  Syn.    de  Remelle. 

N.  —  «  L'écu,  c'est  le  bouclier  chevaleresque. 
Il  peut  couvrir  un  homme  debout,  depuis  la  tète 
jusqu'aux  pieds.  Il  est  en  bois  cambré,  couvert  d'un 
cuir  plus  ou  moins  orné  et  peint,  le  tout  solide- 
ment relié  par  une  armature  de  bandes  de  métal 
qu'on  faisait  concourir  à  son  ornement.  Il  est  muni 
d'enarmes,  ou  d'anses,  dans  lesquelles  le  chevalier 
passe  le  bras. 

Ex.  :  —   «  L'Escu  au  col  par  les  Enarmes  tint.  . . 
«  Ils  s'enheurtent  et  de  cors  et  de  pis 
«  Que  les  Enarmes  se  font  des  poins  saillir.  » 
(Ils  s'entreheurtent  et  de  corps  et  de  poitrine 
(à  tel  point)  qu'ils  se  font  sauter  les  enarmes  des 
poings.)  —  Ne  pas  croire,    comme  quelques-uns, 
que  «  armes  »  ici  veuille  dire  des  «  armes  »,  c'est 
le  mot.  lat  armus  qui  veut  dire  :  bras.  C'est  donc 
bien  la  branche  flexible  que  l'on  ajoute  au  verveux, 
et    rappelant  les  anses  dans  lesquelles  le  chevalier 
passait  le  bras.  Littré  n'a  pas  compris  ce  mot  ; 
il  le  rattache  à  «  larme  ».  Enlarmer  un  filet  ;  faire 
de   grandes    mailles   à   côté    du  filet    avec   de  la 
licelle.    —    Terme    de    pêche.    Mettre    de    petites 
branches  le  long  d'un  verveux.  Etym.  En  et  larme; 
ces  mailles  étant  semées  comme  des  larmes.  —  Il 
est  vrai  qu'il  se  corrige  dans  le  supplément,  mais 
pour    retomber    dans    une    autre    faute.    Il    l'ex- 
plique par  armes.  Ce  n'est  pas  :  arma,  armorum  ; 
c'est  armus,  armi.  En  angl.  et  en  ail.  :  arm,  bras. 
Le  Dict.  génér.  dit  aussi  que  Enlarmes    est    une 
altération  popul.  de  Enarme,  courroie  pour  passer 
le  bouclier  au  bras  ;  subst.  verb.  de  Enarmer,  du 
lat.  pop.   Inarmare,  passer  à  son  bras  :  in,  armus. 
—  On  dit  Enlarme  dans  Trévoux  ;  Branche  flexible 
oliée  en  cerceau  que  l'on  ajoute    au    verveux.  — 
La  Curne  :  Enarme  ;  anse,  courroie  par    laquelle 
on  tenait  l'écu  ou  bouclier. 

L'escu  par  les  enarme"  prant.   » 
Enarm^  voulait  dire  :  Qui  a  de  fortes  épaules. 

Enlernes  (Ec).  —  V.  Ancreau,  Enlarmes. 

Enlcvé«  (Mj.),  .4.  f.  — =  EnlèvÉtnient,  rafle, 
ucrnprtivitTifinl,  i-(4t}uiHU.)oii.  Kv.  »  U^  ont  fjîlt 


eine  fameuse  enlevée  de  jeunes  gens.  ||  Les 
marchands  de  vin  d'Angers  en  ont  fait  eine 
enlevée  du  coûté  de  Thouarcé.  —  «  Les  Cho- 
letais  ont  fait  toute  eine  enlevée  de  foin.  » 

Enlever  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fig.  Enlever  le 
cul  à  qqn,  —  le  rosser,  le  rouer  de  coups.  Syn. 
Enlever  le  ballon.  ||  V.  réf.  vh'enlever,  — 
s'éclaircir,  devenir  serein,  en  pari,  du  temps. 
I!  Se  dissiper,  en  pari,  d'un  brouillard.  i|  Se 
gonfler  et  déborder,  par  suite  d'une  trop  vive 
ébullition,  com.  fait  le  lait.  !|  S'emporter,  se 
mettre  en  colère.  On  dit  proverbialement 
d'un  homme  irascible  :  Il  s'enlève  comme  eine 
soupe  au  lait.  |j  Enlever  \e  temps,  — l'éclaircir. 
Ex.  :  Ceté  vent-là  va  enlever  le  temps. 

Enli<,'neuient  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Aligne- 
ment. 

Enligner    (Mj.),     v.   a.    —  Aligner.   Viser. 

Enlitrer  (Lg.),  v.  a.  —  Faire  perdre  un  litre 
à  un  joueur.  Ex.  Te  xeikenlitré,  mon  gars!  — 
dit-on  au  perdant  —  tu  vas  être  l'ofTicier 
payeur. 

Ënlourdéier  (Mj.),  v.  n.  —  S'alourdir,  aug- 
menter de  poids.  Ex.  :  Il  a  ben  craissu  et 
enlourdéié.  X.  Vieille  forme  qui  ne  s'emploie 
plus  qu'en  plaisantant. 

Ënlourdir  »  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Alourdir.  || 
V.  n.  —  S'alourdir.  —  Cf.  Enligner. 

En'n'a.  —  Abréviation  de  Elle  en  a.  — 
En'  n'a,  du  fait. 

Enni  (Lg.),  s.  m.  —  Ennui.  Syn.  de  En- 
nuyance. 

Hist.  : 
«  Uns  petiz  bien  vaut  mieux,  si  Diex  me  voie, 
«  Qu'on  fait  courtoisement, 
«  Que  cent  greignor  fait  ennieusement.  » 

(L.  C.  —  N.   E.  —  Greignor,  plus  grand.) 

Ennier.  (Lg.  )  v.  a.  Ennuyer.  Cf.  Essuer, 
Evier. 

Ënnuit'  (Lrm.),  adv.  —  Aujourd'hui.  V. 
Enhuit. 

Hist.  —  De  Caxge  cite  Ennutigium,*  Ignite- 
gium,  couvre-feu.  extinction  des  feux  ;  —  le  soir, 
noctanter.  —  Mais  a  le  sens  de  :  Aujourd'hui  dans 
des  Lettres  de  rémission  de  1390.  —  «  Je  reny 
Dieu,  se  tu  ne  le  comperras  ennuit  qulque  part 
que  tu  ailles. . .  Colin  Raoulliaus,  oncle  de  Ba- 
rigot,  lui  dit  :  Beau  neveu,  va  t'en,  tu  es  bien 
taillié  de  faire  ennuit  une  grant  folie.  »  —  A  Lrm. 
on  fait  aussi  fortement  sonner  le  t,  —  comme  qui 
dirait  :  aujourd'huite. 

—    «    Ennuit   la    chose    me    plaira, 
Et  demain  il  m'en  déplaira. 

(Pierre  Grixgore  ou  Gringoire.  Le  Jeu  du 
Prince  des  so/s  et  Mère  sotte,  joué  aux  Halles  de 
Paris,  le  mardi  gras  de  l'an  151  L) 

Ennujance  (Mj.  By.),  s.  f.  —  Ennui.  Syn. 
de  Enni.  Angl.  Annoyance.  Formé  de  En- 
nuyant. 

Et.  —  In,  odio.  On  dit  en  provenç.  mod.  : 
Mé  vénes  en  odi  ;  tu  m'ennuies-  (Litt.,  Suppl.) 

Enoit)I>rer  («')■  v.  V^h  -"-  ^c  mettrp  à 
l'ombre,  at>  VonfArmer; 


ÉNOULÉE  —  ENRAIE 


345 


Hist.  —  «  Enumbrier,  dans  Saint  Bernard, 
répond  au  lat.  Obumbrare.  ||  «  La  fumée  qui  de 
eulx  et  de  leurs  chevaulx  yssoit,  les  enumbroit  tel- 
lement, qu'il  sembloit  qu'ib-  fussent  en  une  nuée. 
(Perceforest,  v,  /p  17  6.)  «=-  «  Ce  mot  se  dit  de  J.-C. 
quand  il  a  pris  la  forme  humaine  dans  le  sein  de  la 
Vierge  :  «  Et  de  toutes  rentes  qui  nous  appartien- 
droient...  pour  cause  de  iceUiy  royaume  de 
Jherusalem,  lesquelles  seroient  où  notre  Seigneur 
enumbra  en  la  glorieuse  Vierge  Marie.  »  (1383.  — 
L.  C.)  —  «  En  une  Vierge  s'enombra.  » 

{IVoëls  Angev.,  1,  3.) 

Énoulée  (Bg.,  Au.),  s.  f.  —  Faire  l'énoulée; 
casser  les  noix  pour  en  retirer  l'amande  et 
faire  l'huile.  ||  Opération  de  l'épluchage  des 
noix. 

N.  —  Pour  cette  circonstance,  on  invite  les  voi- 
sins et  amis  à  donner  un  coup  de  main,  quitte  à 
leur  rendre  ensuite  le  même  service,  et  le  travail 
se  fait  à  la  veillée  et  en  nombreuse  et  joyeuse 


compagnie, 
cleare. 


V.     Guérouée,    Enouler.     Lat.     Enu- 


Énouler  (Auv.),  v.  a.  —  Casser  et  éplucher 
les  noix  destinées  à  la  fabrication  de  l'huile. 

Et.  —  Enucleare,  ôter  le  noyau  ;  de  e,  hors  de, 
et  nucleus.  noyau.  —  Fr.  'Enucléer,  extirper  une 
tumeur  (Litt.)".  —  Hist.  : 

—  «  L'hiver    vient-il  ?    les    noix    lors    on    énoule, 
«  Et  l'huile  étreinte  hors  de  la  presse  coule.   « 

(Baif.) 

En  parlé,  Locut.  —  Etre  bien  en  parlé, 
avoir  la  parole  facile,  et  en  abuser.  Il  est  bien 
en  parlé.  Se  dit  plutôt  ironiquement. 

N.  —  On  devrait  dire,  en  un  seul  mot  :  Emparlé. 
Les  exemples  abondent.  «  Si  emparlé  et  si  sage 
était  en  paroles,  qu'il  sembloit  que  ce  fust  ung 
grant  clere  et  un  grant  maistre.  «  (Chroniq.  de 
Saint- Denis.)  —  «  Thelamon,  qui  étoit  le  plus  em- 
parlé, dist  tout  hault...  »  [Percef.)  —  «  Femmes 
trop  emparlées.  » 

—  «  Donnez  pour  Dieu  ,  soiez  po  eniparlée, 
«  A  vo  mari  ferme  et  obéissant, 

«  Sobre,  en  tous  cas,  prude  femme  trovée.  » 
(E.  Deschamps.) 

—  «  Icellui  Macé,  qui  estoit  homme  noiseux, 
emparlé  et  moqueux.  »  (1453.  —  N.  E.)  —  Et  les 
mots  :  Emparlerie,  office  d'avocat.  —  Émparleur, 
traquet  de  moulin.  —  Emparlier,  avocat.  D.  G. 
Amparlarii  et  Prelocutor.  —  «  Les  advocats 
estoient  anciennement  appeliez  amperliers,  qui 
parloient  pour  les  parties,  sous  tenoient  et  défen- 
doient  leurs  droicts  et  causes,  et  lors,  comme  j'ay 
observé  en  mon  vieil  praticien  ,  les  parties  ne  plai- 
doient  par  procureurs,  ainz  parloient  et  plaidoicnt 
leurs  cau.ses  par  amparliers.  »  (Citations  de  L.  C.) 

"il  pour  (ParloUt),  loc.  adv.  —  En  échange. 
«  Que  (ju'tu  m'donneras  en  pour?  —  En  pour 
de  que? 

Hist.  —  Vo  troqué  le  séjor  des  ainges 
Anpor    quoi  ? 
(La     Monnoye.     Noëls    Bourguignons.) 
«  Prisonnière    là-bas,    mais    princesse    là-haut. 
«  Elle  changea  son  trosne  empour  un  eschaffaut.  » 
Agr.  d'Aubioné,  Tragiff.,  t.  IV,  l.  Il',  p.  15.5.) 
Eveillé.  —  Très  usité  au  m. -âge  ; 

«  Empor  tei,  filz,  m'en  estoie  penaz.  » 
(C'est  pour  toi,  mon  fils,  que  je  m'étais  donné  la 
peine  d'en  prendre  soin.  —  Vie  de  saint  Alexis.) 

Enquenklipr  (Mj.),  v.  a.  — ■  Engager,  intro- 
duiro  Uuiiip  q^.  recoin  ou  dans  un  |)a88age 


étroit.  Pour  Encanicher,  pendant  de  Décani- 
cher.  Dér.  de  Canicher.  Syn.  de  Enquiller, 
Endrémer,  Masser,  Encrucher. 

Enquenillc,  Encanillé  (Segr.).  —  Avoir  le 
nez  embarrassé.  (Méx.) 

Enquenoillé  (Segr.),  adj.  q.  —  Acculé  dans 
un  coin  ;  se  dit  pour  un  animal. 

Enquibrage  (Mj.),  s.  m.  —  Mécanisme» 
dispositif,  combinaison  de  pièces,  en  mau- 
vaise part.  Il  Bric  à  brac,  encombrement.  Ex.: 
En  velà  d'ein  enquibragge  !  Cf.  Aguibrée.  Syn. 
de  Enchetribi,  Machicatoire. 

Enquiller  (Lg.,  Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Enfiler, 
engager,  introduire,  insérer.  —  Syn.  de  En- 
quenicher,  Endrémer,  Masser. 

Et.  —  «  Dans  l'argot  :  Cacher  entre  ses  jambes. 
Ou  :  entrer,  m.  à  m.  jouer  des  quilles  dans.  » 

Enquinequiner  (Mj.,  Lme.),  v.  a.  —  En- 
nuyer, embêter,  agacer.  V.  Enquiqainer.  — 
N.  Cette  forme,  qui  est  la  vraie,  est  employée 
au  Mesnil  et  à  Mj.  par  beaucoup  de  personnes. 
Syn.  de  Bassiner,  Canuler.  \\  Se  moquer  de, 
dédaigner. 

Enqiiintcher  (Segr.),  v.  a.  —  Mettre  les 
gerbes  par  cinq,  l'épi  en  haut,  et  dont  la  cin- 
quième recouvre  le  tout,  l'épi  en  bas.  Rac. 
Quinque.  —  Dans  les  Manges,  mettre  les 
gerbes  en  quintuaux;  on  a  40,  50  quintuaux 
de  blé.  (Méx.) 

Enquiquiner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Ennuyer, 
agacer.  Ex.  :  Tais-toi,  tu  nous  enquiqaines.  || 
Se  moquer  de.  Ex.  :  Et  pis,  s'il  n'est  pas 
content,  je  Venqaiquine.  V.  Enquinequiner, 
forme  vraie. 

Et.  —  Màm.  :  Maculer,  souiller.  Forme  redou- 
blée du  vx  mot  Inquiner,  lat.  Inquinare  (le  lat. 
vient  lui-même  de  In,  cœnum,  boue  ;  et  cœnum 
du  V.  Cunio,  aller  à  la  selle.)  —  Syn.  de  Enrousiner, 
Emmieller,  Bassiner,  Enrhumer,  Emniarder,  En- 
zuter.  —  GrriLtEMAUT  propose  le  vx  mot  fr. 
Quine,  grimace,  d'où  quiner,  faire  mauvaise  mine. 
La  Fontaine  a  créé  le  v.  Enquinauder,  que  n'ad- 
met point  l'Académie.  Le  mot  popul.  Enqui- 
quiner a  été  formé  avec  redoublement,  comme  dans 
ces  termes  enfantins  :  Bébête,  Pépère.  —  Je  pré- 
fère la  première  explication. 

Enrager  (Tlm.,  Sp.),  fig.  v.  n.  —  Quitter 
son  service  avant  le  terme  convenu,  en  par- 
lant d'un  domestique  de  ferme.  1|  Mj.  By.  — 
Enrager  sa  vie,  —  se  dépiter.  [|  Fermenter 
tumultueusement  en  parlant  du  vin  nouveau. 
Il  Etre  tourmenté  d'un  violent  désir.  Ex.  : 
Velà  des  poules  qui  enragent  de  chier:  a  n'ont 
renjdans  le  ventre  ! 

Et.  —  Au  premier  sens,  serait-ce  pour  Enrayer  î 
Retenir  les  roues  en  barrant  les  rai-;  avec  un  bâton  ; 
s'arrêter  ?  —  Ou  Enriager,  s'arrêter  au  milieu  du 
riage. 

Enraie.  En  ré.  En  rez  (By.).  —  J'ai  cru 
comprendre  que  cette  expression  signifiait  : 
en  moyenne.  \'endre  son  blé  en  raie,  à  tel 
prix,  l'un  dans  l'autre.  \".  Raie. 

N.  -"  Cependant  :  — >  n  Au  mot  Enfailer.  — 
Remplir  péfideesui  Iob  bordS)  ajoutar  à  un«  mi* 


346 


EXRAILLER  —  ENROSSER 


sure  déjà  pleine  ce  que  l'on  peut  y  faire  tenir  de 
denrées  sèches.  <.-  Enfaîter  un  boisseau  d'avoine, 
de  pommes,  de  noix,  etc.  »  Certaines  denrées  ne 
s'cnfaîtent  pas,  telles  que  le  blé,  l'orge,  on  les 
radure,  avec  la  radoire  ;  d'où  :  Radurer,  rader, 
niveler  le  blé  dans  le  boisseau.  —  Rez,  mesure 
qcque  remplie.  —  Raire,  de  Radere,  au  ras,  au 
niveau  i(JAUB.).  —  Vendre  c  raie,  serait-ce  user 
de  ce  procédé  ?  (Non.  R.  O.)  —  Comme  la  raie  est 
aussi  le  sillon,  serait-ce  vendre  Je  blé  encore  dans 
le  sillon,  sur  pied,  avant  la  moisson  ? 

Eorâiller  (Q.,  Do.,  Sar.,  By.,  Zig.  134),  v. 
a.  —  Enrhumer.  Ex.  :  J'sé  ben  moins  enrâillée. 
—  Raille,  enrouement.  Syn.  et  doub.  de  En- 
rouâiller. 

Et.  —  «  Etoffe  éraillée,  dont  les  fils  s'écartent- 
Etym.  incert.  Littef  propose  :  es  -(-  rallum.  râcloir, 
ce  qui  conviendrait  bien  à  notre  sens.  S'Erâiller, 
c'est  faire  des  efforts  violents,  se  racler  la  gorge, 
pour  en  faire  sortir  les  mucosités.  —  'Brailler, 
pouf  Esraailler,  ancient  Esroeiller  ;  e  -|-  roeiller, 
proprement  rouler  en  dehors.  L'a.  f.  se  rattache 
au  lat.  rotare.  rouler,  par  l'intermédiaire  du  lat. 
pop.  Rotelliare,  devenu  Rodeillier,  roeiller.  Des 
yeux  éraillés,  dont  le  bord  est  retourné.  —  Dété- 
riorer, en  écartant  les  fils,  les  mailles  ;  —  la  voix, 
en  raclant,  en  qq.  sorte  le  gosier,  n  (Daem.) 

Enrâteler  (Tlm.),  v.  a.  —  Engager  entre  les 
dents  d"un  râteau,  par  demi- portées,  les  fils 
de  chaîne  d'une  pièce  de  toile,  pour  la  mon- 
ter sur  le  métier.  —  En  +  râteau. 

Enrayer  (Mj.,  Lg.,  By.,  Sal.,  My.,  Craon, 
Sar.),  V.  n.  et  a.  —  Commencer  un  travail. 
Ex.  :  J'ai  enrayé  eine  paire  de  chausses.  — 
J'avons  enrayé  en  huit  à  battre  dans  l'aire.  H 
Commencer  sa  journée.  Mal  enrayer,  c'est  : 
mal  commencer  (Z.  141.)  -^  \\  En  sep- 
tembre on  enraye  les  labours.  A  douze  mois 
les  quenaux  enrayent  à  courre  (c.  à  marcher). 
Saint-Paul.  \\  Faire  un  demi  labour,  les  deux 
premières  raies  ;  les  dernières  se  font  plus 
tard.  (DoTT.)  —  ||  V.  réf.  —  8' enrayer  à,  — 
commencer  à,  se  mettre  à. 

Ce  mot  a  un  sens  tout  opposé,  celui  de  : 
finir,  terminer,  arrêter.  (Lue.)  1"  Commencer, 
comme  la  charrue  qui  fait  une  raie,  un  rayon  ; 
2»  plus  rarement,  s'arrêter.  En  voici  l'expli- 
cation. 

Et.  —  ScHELKK  distingue  très  bien  :  1'"-'  Enrayer, 
retenir  les  roues  en  barrant  les  rai'--  (radius)."  Cf. 
Désenrayer  :  —  2»  Tracer  le  premier  sillon  dans  un 
champ  qu'on  veut  labourer  ;  de  roie,  raie  (lat. 
Rigal  entre  deux  sillons,  puis  •  sillon.  Cf.  Rigole.    . 

Enrechir  "  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Enrichir. 
Ex.  :  N'y  a  ren  de  pus  suffisant  qu'ein  gueux 
enrech  i. 

Enrênement  (.\g.),  s.  m.  —  Action  de 
mettre  les  rênes. 

Hist.  —  «  Claude  s'entendit  appeler  par  M.  Lof- 

ficial,   qui  était    allé   présider   lui-même   à    Venrè- 

nemeiit  du  cheval.   "  (R.  Bazin.  La  Sarcelle  bleue, 
l:  235.) 

Enrenifler  (Lg.),  v.  a.  —  Enchifrener.  Syn. 
de  Enchifarner,   Enibournifler,   Embournicler. 

Enrotoiirner  (s")  (^Ij.,  By.,  Lg.),  v.  réf.  — 
S'en  retourner,  s'en  aller.  Éx.  :  Je  me  se  enre- 
tourné  comme  j'étais  venu  ;  '-^  A  s'est  enre- 


tournée  dès  dans  le  soir.  —  Syn.  de  se  Ren- 
tourner. 

Enrevenir  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  S'en 
revenir.  Ex.  :  Il  ne  s'est  point  enrevenu  qu'à 
matin,  que  le  lendemain.  Cf.  s'Enretourner, 
en  Envouloir,  etc.  ||  Pour  vous  enrevenir  à 
mon  histoire,  dit-on  après  avoir  été  inter- 
rompu. Il  Revenir  de.  Ex.  :  11  s'est  enrevenu 
de  la  foire  d'Ingrandes  avec  eine  belle  taure. 

I  Absolument  :  Revenir  à  son  état  normal. 
Ex.  :  Les  vignes  ont  ieu  ein  petit  de  mal, 
mais  s'il  faisait  queuques  jours  de  beau  temps, 
ça  s'enreveindrait  ben.  i|  Se  ramollir.  Ex.  :  Le 
pain  est  dur,  mais  n'y  a  qu'à  le  mettre  dans 
la  cave,  il  a' (  nreveindra  ben.  X.  Les  cuisiniers 
font  s  enrevenir  un  morceau  de  viande,  des 
légumes  sur  le  feu. 

Enrevers  (à  1'),  loc.  adv.  —  V.  Virer. 

Enrheunier  (By.),  v.  n.  —  S'enrhumer. 
Et.  —  I^at.  rheuma  ;  grec,  id.  —  xirp  s.  reume. 
Le  patois  est  donc  conforme  à  l'étymol. 

Enrhumer  (Mj.),  v.  a.  —  Fig.  Ennuyer, 
agacer,  embêter.  Euphémisme  fréquent  pour  : 
Emmerder,  Emmieller,  Emmardcr,  Enqui- 
quiner, Enrousiner.  ||  V.  n.  —  S'enrhumer. 

Enriagé,  ée  (Sp.),  adj.  q.  —  Qui  est  en 
retard.  Prend  un  complément  avec  de.  Ex.  : 
Je  se  enriagé  de  dormir. 

Et.  —  Du  préf.  En,  et  du  pat.  Riage.  Enriagé 
signifie  m.  à  m.  :  Oui  est  dans  le  riage,  alors  qu'il 
devrait  être  au  bout. 

Enrière  (Z.  127.  Sal.),  adv.  —  Au  contraire. 

II  Lg.  —  Mais,  d'un  autre  côté.  Ex.  :  A  ne 
serait  pas  trop  laide,  enrière  aile  est  point 
fine.  Syn.  et  d.  de  Arrière. 

Enrioché  (Tlm.),  adj.  q.  —  Rieur,  enjoué. 
Et.  —  Dér.  de  Riochcr.  \\  Sal.  —  Parti  à  rire. 

Enrocher  (Mj.,  Lg.,  My.,  By.),  v.  a.  — 
Enterrer,  inhumer.  Ne  se  dit  que  des  animaux. 
Quand  il  se  dit  d'un|homme,  c'est  par  mépris. 
C'est  mettre  dans  un  trou  un  cadavre.  De 
Roche.  Syn.  de  Encabrer. 

Hi^t.  —  «  Qui,  en  enrochant  un  porc  mort  de 
peste. . .   »  (1708.  —  Inv.  Arck.,  E,  n.  p.  251,  c.  1.) 

Enronf/ée  (Lg.),  part.  pas.  —  Dont  le  pis 
ou  le  sein  est  gonfié,  soit  par  excès  de  lait, 
soit  par  inflammation.  Syn.  de  Engounnée. 

Enronf/er   (Lg.),    v.    n.    —  Etre    atteinte 
d'une  inflammation,  d'une  induration  de  la    j 
mamelle  ou  du  sein.  Se  dit  d'une  vache,  d'une 
femme,  etc. 

Et.  Pour  :  Enrenfler,  dér.  du  fr.  Enfler,  Renfler. 
Cf.  Déronfler. 

Enronf/ure  (Lg.),  s.  f.  —  Inflammation, 
engorgement,  induration  de  la  mamelle  chez, 
une  femelle  qui  nourrit.  —  De  Enronfler. 

Enrosser  (Mj.),  v.  a.  —  Munir  d'une  mau- 
vaise bête  ou  d'une  méchante  femme.  Ex.  = 
Il  a  pris  eine  fille  riche,  mais  n'empêche  qu'il 
s'est  ben  fait  enrosser.  —  Du  fr.  Rosse.  Litté- 
ralement, munir  d'une  rosse.  Cf.  Embâtcr. 
Syn.  de  Embiroquer  (By.,  id.). 


ENROTER  —  EXT 


347 


Enroter  (Lg.),  v.  n.  —  Etre  atteint  d'échauf- 
fement  et  d'agacement  par  suite  d'abus  des 
fourrages  secs,  en  pari,  d'une  bête  bovine. 
Une  bête  enrôlée  rouge  (ronge)  le  bois,  le  linge 
qu'elle  peut  saisir,  elle  est  constipée  et  mai- 
grit. V.  Déroterau  Folk-Lore.  XIV.  ||  Devenir 
anémique,  en  parlant  du  bétail.  N.  Un  bœuf 
enroté  marche  en  titubant  comme  un  homme 
ivre. 

Enrouâiiler  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Enrouer 
V.  Rouâille.  Cf.  Enrâillé. 
Et.  —  En  -|-  raucus,  rauque. 

Enrouser  (Sp.),  v.  a.  —  Arroser.  Syn.  de 
Arrouser. 

Ënrousiner  (Bg.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  En- 
nuyer, agacer,  embêter.  Syn.  de  Enquiqui- 
ner, Enrhumer,  Bassiner.  «  Tais-toi,  tu  nous 
enrousines.  »  \\  Se  moquer  de  :  Et  pis,  s'i  n'est 
pas  content,  je  Venrousine. 

Et.  —  Engluer  comme  par  de  la  poix,  de  la 
résine,  de  la  rousine.  —  Autre  explication  :  Piquer 
avec  des  ronces,  enrossiner.  de  Runciaï  :  «  Lequel 
Hue  fery  ledit  Jehan  de  la  pointe  de  son  espée 
en  la  joue,  jusques  à  bien  petit  effusion  de  sang, 
ainsi  comme  s'il  se  fut  enrossiné  d'une  ronce 
tant  seulement.  »  (1403.  D.  C.)  —  On  trouve, 
au  même  sens  :  Enronciner.  —  Troisième  sens  : 
Enrosiné,  couvert  de  rosine,  dimin.  de  rosée. 
(D-- A.  Bos.) 

Enruuzouc  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Arrosoir. 

Eii$al)!)a(é,  ée  (Sp.,  Lg.),  ,  part,  passé.  — 
Endiablé,  po.ssédé,  ensorcelé.  —  Cf.  Ensour- 
celer  ;  qqs-uns  disent  :  Ensavaler.  Syn.  de 
Endtvé  et  du  suivant  : 

Ensalbâné,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Cor:\  de 
Ensahhalé.   Syn.   de   Empicoré,   Endévé. 

Ensalboiner  (Sal.),  v.  a.  —  Ensorceler  pour 
de  bon.  Cf.  Ensourdiganer.  V.  Ensavaler. 

Ensaqueter  (Mj',  By.),  v.  a.  —  Ensacher. 
Cf.  Epuceter,  etc. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Sac,  par  l'intermédiaire  d'un 
V.  inusité  Ensaquer,  doubl.  du  fr.  Ensacher.  Cf. 
Saqunler,  Saquetée,  Saqueton. 

Ensauver  (s')  —  (Lué,^By.,  Mj.),  v.  réf.  — 
Se  sauver,  s'enfuir.  Ex.  :  S'il  veut  me  battre, 
je  m'ensauverai.  V.  s^Enrelourner. 

Ensavater  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Ensabhaler. 
Corrupt.  |)roduite  par  une  confusion  du  radie, 
avec  I3  fr.  Savate.  Syn.  de  Ensourccler, 
Encameloter,  Ensalboiner,  Ensourdiganer. 

ERseigner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Prescrire.  Ex.: 
Le  mégeilleur  a  enseigné  de  illi  faire  ein 
pâteau  d'harbes  fortes  et  de  illi  mettre  sus  le 
pé  (pis).  —  B.  L.  In,  signare. 

Eiisemblénient  (Te).  —  Ensemble. 

Ensemencé  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Guérels 
ensemencés,  emblavure  ;  récolte  qui  y  croît. 
Ex.  :  Velà  ein  temps  qui  va  faire  grand  bien 
aux  ensemencés.  —  Ces  gelées-là,  ça  fait  ben 
du  mal  aux  ensemencés. 

X.  S'emploie  surtout  au  plur.  —  Syn.  de 
Emhiaisons,  Emblayures. 


Enserronner  (By.).  —  V.  Serran. 

Ensommeillé  (Sar.),  adj.  q.  —  Endoi'mi. 

Ensoucier  (s')  —  (Lg.,  By.),  v.  réf.  —  Se 
soucier.  Ex.  :  Je  ne  m'en  ensoucie  poit.  Cf. 
s^Enrelourner,  s'Enaller,  s' Ensauver. 

Ensouï  (Chm.),  adj.  q.  —  Un  lapin  tiré  de 
très  près  et  criblé  de  grains  de  plomb  est 
ensouï.  — •  N.  Du  franc.  Souil,  pat.  Soue.  Un 
lapin  ensouï  est  un  lapin  tiré  dans  son  souil, 
dans  son  gîte. 

Ensouïller  (Mj.),  v.  a.  —  Bourrer,  faire 
entrer  de  la  laine  ou  de  la  plume  dans  l'enve- 
loppe d'un  matelas,  d'une  couette,  d'un  oreil- 
ler. —  Souille.  Il  Ailleurs  :  Ensouiller. 

Ensouïllure  (Z.  145,  M.j,  By.),  s.  f.  —  Enve- 
loppe d'une  couette,  d'un  oreiller. 

Et.  —  Hist  :  «  Entoyer,  couvrir  d'une  toile.  » 
«  Un  treillis  nuef  à  entoyer  un  lit.  »  (L.  C. —  N.  E.) 

—  Enveloppe  d'un  matelas,  taie  d'oreiller.  De 
touaille,  ou  touaillai.  C'étaient  des  nappes,  des 
serviettes,  de  la  toile.  —  D.  C.  Toacula  : 

«  Quand  tu  auras  tes  mains  lavées 
«  Et  à  la  toaille  essuiées.  » 
Nappes  d'autel,  linges  servant  pour  la  célé- 
bration de  la  messe  :  «  Très  tuellas,  unam  ster- 
nendam  super  altare,  aliam  sub  libro,  tertiam  ad 
tegendas  manus.  "  (de  Montes.)  —  N.  —  Je  ne 
saurais  admettre  que  Ensouïller  soit  le  même  que 
Entoyer  ou  Entouailler,  nique  Souille  =  Touaille. 

—  Souille  a  essentiellement  le  sens  d'enveloppe, 
tandis  que  Touaille,  du  germanique  :  twahan, 
laver,  a  le  sens  d'essuie-mains.  Les  citations  ne 
sont  pas  du  tout  concluantes.  Je  m'en  tiens  à 
Sepeliculum  =  Souille.  (R.  O.)  —  Dont  acte. 
(A.  V.) 

Ensosirceler  (Mj.),  v.  a.  —  En.sorceler. 
V.    Sourcier.    Sj^n.    de   Ensabhaler,  Ensavaler, 
Encameloler.   P.-ê.   aussi  sous  l'influence   du 
mot  Source  ;  les  sorciers  prétendaient  pou- 
voir les  découvrir.  V.  le  suivant. 

Ensourdijjaner  (Sal.),  v.  a.  —  Ensorceler, 
mais  moins  fort  que  Ensalboiner.  «  Je  se 
ensourdigané,  ren  ne  me  réussit.  « 

N.  —  Ce  mot  vient  évidemment  de  Sourdigue, 
pour  Sourdille.  Ainsi  Ensourdiganer  c'est  le  fait  du 
simple  sourcier,  de  celui  qui  ne  sait  que  faire 
tourner  la  baguette  de  coudrier  pour  découvrir  les 
sourdilles,  et  n'a  à  ses  ordres  que  des  petits  diablo- 
tins de  rien  du  tout  :  tandis  qu'au  vrai  sorcier, 
qui  va  faire  le  sabbat  avec  le  chœur  des  puissances 
infernales  et  est  familier  avec  Belzébuth  et  Asta- 
roth.  il  appartient  d'ensahhater,  é' ensavater,  (ï en- 
salboiner ou  ensalhâncrhèies  et  gens  (R.  O.) 

Ensuairer  (Mj.),  v.  a.  —  Mettre  dans  son 
suaire,  un  mort  ;  l'ensevelir. 

Et.  —  Sudarium,  rendu  par  Suaire,  d'après 
Suer.  (Dies  irœ  :  Sudarium  et  vestes.) 

Ensumencer  (Lg.),  v.  a.  —  Ensemencer. 
\.  Su  mer,  Sumence. 

Ent  (By.)  Terminaison  de  la  troisième  per- 
sonne plur.  —  Les  anciens  devaient  la  prononcer. 
Ils  disent  encore  :  S'i'  n'en  voulant,  qu'  i'  n'en 
mangegeant  donc.  —  Eh  !  ben,  qu'i  viennegeant, 
s'i  pouvant.  —  J'venant  —  ou  vennegeant  (indic.) 
d'arriver.  —  I  fésiant  ben.  —  Eh  !  ben,  qu'i  fég' 
géant  donc  (qu'ils  fassent  donc).  ||  Encore  dans 
tout  le  Choletais,  mais  pas  àMj.  ent  devient  tantôt 
ant,  tantôt  ont. 


348 


EXTABLER  —  ENTIAR 


Eotabler  (Lm.,  Mj.,  By.),  v.  n.  —  Jouer  la 
première  carte.  N'a  pas  tout  à  fait  le  même 
sens  que  Etablir.  —  C'est  poser  la  carte  sur 
la  table. 

Entaille  (d')  —  (My.),  loc.  adv.  —  Avec 
ordre.  —  En  -f  taille,  d'après  la  taille. 

Entarder  (Lg.),  v.  a.  —  Attarder.  Cf.  Enli- 
gner. 

Entenâiller  (s')  —  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  Sa., 
Tlm.),  V.  pron.  —  Saisir  et  maintenir  solide- 
ment un  morceau  de  fer  avec  des  tenailles. 
Langue  des  forgerons.  Ex.  :  Le  plus  difTicile 
pour    un    apprenti,    c'est   de   ?,' entenâiller. 

Entend  (s')  —  (Partout).  —  Locut.  ellipt. 
souvent  employée  en  manière  de  parenthèse 
et  qui  signifie  :  ou  plutôt,  c'est-à-dire.  On 
dit  aussi  :  Qui  s' entend.  Sert  pour  se  reprendre, 
quand  on  s'est  trompé  :  «  Je  l'ai  vendu  dix 
pistoles...,  dix  pistoles  et  un  écu,  qui  s'en- 
tend. »  —  «  C'est  le  gars,  s'entend,  qu'avait 
fait  ça.   » 

Entendement  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Entente, 
accord,  conciliation.  Ex.  :  N'y  a  point  d'en- 
tendement avec  li,  avec  ieux,  avec  du  monde 
comme  ça. 

Hist.  —  «  En  ce  premier  article,  Messieurs  les 
Réformateurs  commencent  leur  traité  par  la  dé- 
claration et  rntendement  des  Justices...  du  pays 
d'Anjou.  ).  (Coust.  d'Anj.,  t.  n,  col.  3.) 

Entende-vous?  (Mj.)  v.  interr.  —  Enten- 
dez-vous? Cf.  Voye-vous?  Sa-vous?,  etc. 

Entendoire  ( — douère)  — (By.  Mj.),  s.  f.  — 
Entendement,  intelligence.  Ne  se  dit  qu'en 
plaisantant.  Ex.  :  V  n'a  pas  Ventendoire  facile. 
Cf.  Comprenoire.  ||  Mj.  —  Ouïe. 

Hist.  —  «  J'ay  assez  belle  entendouoire,  voire.  » 
(Rab-,  p.,  IV,  17,  405.) 

Entendre  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Entendre 
haut,  dur,  —  avoir  l'oreille  dure.  ||  Ne  pas 
entendre  de  cette  oreille-là,  —  ne  pas  l'en- 
tendre ainsi,  refuser  de  consentir.  ||  N'en- 
tendre  ni  à  hue,  ni  à  dia,  —  ne  tenir  aucun 
compte  des  observations,  ne  pas  entendre 
raison.  |!  y  entends  két'  —  je  ne  comprends 
pas.  Loc.  importée  par  les  bretons  ;  két  est  la 
négation. 

Entendu  (Partout),  part.  pas.  —  Compris, 
admis.  Ex.  :  Convenu  et  entendu  :  trente- 
six  fesses  font  dix-huit  culs.  Prov.  |I  Comme 
de  ben  entendu,  —  cela  va  sans  dire,  bien 
entendu  (Mj.,  By.). 

Enter'  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  By.),  prép.  Pour  : 
entre.  liLoc.  :  Enter  deux  :  «La  trouves-tu  ben 
belle?  —  Enter'  deux.  —  Ni  jolie,  ni  laide. 

N.  —  Voir  l'observât,  à  Tre.  C'est  Tinter  du 
lat.,  que  le  fr.  a  gardé  dans  Interdire,  interposer. 
On  dit  :  Enter  prendre,  entercouper,  entermis,  l'e 
nul. 

Enter  (Long.),  v.  a.  —  Refaire  un  ])ied  à 
un  bas  usé.  Syn.  de  Renier.  \\  Enter  ine  porte, 
—  rallonger  une  porte. 

Enterboiiêcher  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Entre- 
lacer,  "ncliovdt.-prj   emmêler.   Dér*   de   Ter* 


bouécher.  Syn.  de  Encroiser.  —  L'e,  de  enter, 
presque  nul,  ainsi  que  dans  les  mots  suivants. 

Enterbourder  (s')  —  (Sa.),  v.  réf.  S'arrêter 
de  temps  à  autre  de  travailler,  se  reposer  par 
intervalles.  —  \'.  Bourder. 

Enterbûcher  (s'),  Entr'bûcher  (s')  —  (Ti., 
Zig.  153),  V.  récipr.  Se  battre,  se  rosser. 

Enterdorniir  (s')  —  (Lg.),  v.  pron.  S'endor- 
mir à  demi.  Syn.  de  %Entr  endormir. 

Enterniaigré  (Mj.),  adj.  q.  —  Entrelardé, 
ni  maigre,  ni  gras.  Entre,  maigre  (entre-gras). 

Enterniangé  (Mj.),  adj.  q.  —  Variable, 
incertain,  changeant.  Ne  se  dit  que  du  temps 
qu'il  fait. 

Entermis  e  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  adj.  q.  —  Qui 
agit  avec  décision,  d'un  air  délibéré  ;  déluré, 
remuant,  actif,  pétulant.  Corr.  du  fr.  Entre- 
mis, qui  sait  s'entremettre.  —  Cf.  Qui  a  de 
l'entregent. 

Enter nèrge  (Lg.).  V.  Enterniage.  Syn.  et  d. 
de  Enterniar.  Dér.  de  Nerge. 

Enterniage  (Mj.),  adj.  q.  —  Livide,  violacé, 
Ne  se  dit  que  de  la  peau  bleuie  parle  froid  ou 
par  un  coup.  Ex.  :  Ah  !  que  t'as  grand  fret  ! 
T'en  es  tout  enterniage  !  —  Syn.  de  Enter- 
nèrge. 

Enterniar  (Mj.),  adj.  q.  —  V.  Enterniage. 

Enterrer  (Mj.,  Lrm.),  v.  a.  —  Fig.  Enivrer 
complètement  qqn  en  buvant  au  défi  avec  lui. 

Entèrtenir  (s')  —  (Mj.,  By.),v  .  pron.  S'en- 
tretenir. V.  s'Entretiendre.  Forme  vieillie.  || 
Se  tenir  l'un  l'autre,  ne  pas  aller  tout  seul. 
Ex.  :  Ça  va  ben  s'entertenir  pour  qu'il  s'en 
retire  dans  sa  farme. 

Enterver  (Sp.),  v.  a.  —  Comprendre,  saisir, 
s'expliquer.  Corr.  du  v.  fr.  Entrevoir.  Cf. 
l'angl.  Interview.  ||  Entendre. 

Hist.  —  Cité  par  L.  C.  qui  l'explique  par  : 
regarder,  considérer,  suivi  d'un  point  d'interro- 
gation ?  —  Enterveux,  dans  Villox,  p.  105,  et, 
en  marge,  Entreveux  :  (Jargon,  17.) 

«  Si  grupez  estes  des  carieux, 

«  Rebignez-moi  tost  ces  enterveux.  »' 

—  Cependant  Bouchet,  dans  ses  Sérées,  avait 
dit  :  Entrever,  c'est  entendre  et  M.  A.  I^oxgxox,  dans 
sa  belle  édition  des  œuvres  complètes  de  Vello:^ 
(Lemerre,  1891),  l'explique  ainsi. 

Enterviolet,  ette  (Sp.),  adj.  q.  —  Violacé. 
Syn.  de  Enterniage.  De  entre  (à  demi)  et 
violet.  Syn.  de  Violeté. 

Entêtas  (Sa.),  s.  m.  —  Bout  d'un  sillon.  En 
4-  tête,  ji  Le  faîte,  le  sommet  d'un  billon  ou 
d'une  planche  de  terre. 

Entêter  (Partout),  v.  a.  —  Donner  des 
maux  de  tête.  Ex.  :  Ceté  bouquet-là,  ça 
m'entête.  Cf.  Atêter. 

Ent'eurgarder  (s')  —  (Ti.,  Zig.  153),  v. 
récipr.  —  Se  regarder  l'un  l'autre. 

Ëntiar,  ère  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Entier.  <\ 
Fig.  -«  à  demi  abruti,  un  p@u  butor.  I!  Nor.< 


ENTIARÊMENT  —  EXTREMIS 


349 


chalant,  apathique,  sans  ressort,  sans  initia- 
tive. 

Entiarément.  (Mj.,  By.)  adv.  Entièrement. 
N.  On  dit  ordinairement  :  Tout  entiaré- 
ment. 

Entonic  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Entamure,  en- 
taille, coupure,  incision.  Dér.  de  Entamer. 

Et.  —  Lat.  Attaminare,  mettre  la  main  sur 
qqch.  —  Cf.  Contaminer  (Litt.).  —  Intaminare, 
proprement  souiller,  par  ext,  :  atteindre  dans  son 
intégrité.  (Darm.)  —  Ménage  :  «  Le  verbe  grec 
qui  signifie  couper,  prend  un  o  à  l'une  de  ses 
formes,  entomein.  Et  Maître  Fr.  Rabelais  (qui 
savait  le  grec)  a  visé  sans  doute  à  cette  étymo- 
logie,  lorsqu'il  a  fait  le  nom  de  Frère  Jean  des 
Entommeures,  au  lieu  de  Des  Entamures.  — 
ScHELER  :  In-taminare,  pour  at-taminare,  rad. 
tamen,  —  tagmen  (rac.  tag,  tang,  toucher).  — 
Il  Tout  cela  n'est  pas  concluant  ;  nous  écartons  le 
grec,  au  moins  directement.  Souiller  ne  peut 
amener  le  sens  de  couper. 

Entomer.  (Mj.,  Lg.,  Lrm,  Sal.)  v.  a.  En- 
tamer. 

Et.  —  «  Ce  mot  dérive  du  grec  En,  tomoç.  Il 
est  donc  plus  voisin  de  sa  racine  que  le  doublet 
fr.,  lequel  n'en  est  qu'une  corruption.  (R.  O.)  — 
Je  n'admets  ces  sources  grecques  que  faute  de 
mieux.  (A.  V.)  V.  Entome. 

Hist.  — «  Mais  vistes-vous  oncques  chien  ren- 
contrant quelque  os  medullare  ?  Si  veu  l'avez, 
vous  avez  pu  noter  de  quelle  dévotion  il  le  guette..., 
de  quelle  prudence  il  Ventomme.  »  (Ra^b.,  G.' Prol.)  — 
«  Rien  du  blanc  sacrosainct  barbouillé  ne  fut..., 
ne  cntomné.  »  (Rab.,  P.,  iv,  52.)  —  «  Fit  un  son  tel 
que  font  les  châtaignes  jettées  en  la  braze  sans 
e.stre  eniommées  lorsque  s'esclatent.  »  (Rab.,  P., 
IV,  56,  483.) 

Entomure(Mj.,  Sar.),  s.  f.  —  L'entame  d'un 
pain,  d'un  fruit,  etc.  Voir  Entome,  Entamer. 

Hist.  —  «  Va  ,  ladre  vert,  respondit  Frère  Jean, 
à  tous  les  millions  de  diables,  qui  te  puissent  ana- 
tomiser  la  cervelle  et  en  faire  des  entommeures.  » 
(Rab.,  p.,  IV.,  66,  472.)  —  Prend  un  ou  deux  m  ; 
le  patois  n'en  fait  sonner  qu'un. 

Entors,  se  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Toidu, 
démis.  Ce  mot  est  hors  d'usage,  sauf  dans  la 
loc.  :  Avoir  la  pirre  entarse  et  le  jabot  de  tra- 
vers. —  Se  dit  en  pari,  de  qqn.  qui  se  plaint, 
à  tort,  d'un  mal  imaginaire.  Ici,  entorse  est 
mis  pour  :  torse,  tordue.  La  pirre,  c'est  le 
poumon. 

Et.  —  Part.  pas.  du  vx  v.  Entordre. 

Hist.  : 

«  Dont    l'heur    d'.Vngiers    semble    manchot, 

«  Les  droits  entors  et  indispos.   » 

(G.  C.   Bûcher,  285,  257.) 

Entorté  (Segr.),  adj.  q.  —  Pour  Entortillé. 
Qqf.  Entourtié  (Mén.). 

Et.  —  De  l'a.  v.  Entordre  ;  tordre  serré  et  non 
régulièrement. 

Entortiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Circonvenir 
qqn.,  le  mettre  dedans,  le  duper. 

Entoiirner,  v.  a.  —  Couvrir  un  objet  en 
tournant  autour.  —  Cf.  Contourner.  (Mén.) 

Et.  —  Dér.  de  Entour,  d'après  la  forme  primi- 
tive Entorn. 


Entournure  (Mj.),  s.  f.  —  Dans  les  anciens 
bateaux  à  peautre,  échancrure  demi-circu- 
laire pratiquée  sur  le  bord  supérieur  de  l'ar- 
rière du  bateau  et  qui  recevait  le  billard  de 
peautre,  auquel  elle  servait  de  coussinet.  — 
N.  C'est  le  mot  fr.  en  un  sens  spécial. 

Entraînasse,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Languis- 
sant, atteint  d'une  maladie  de  langueur.  Dér, 
de  Traînasser.  Syn.  de  Malageux,  Mala- 
geaux. 

Entr'aparcevoir  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Aper- 
cevoir d'une  manière  peu  distincte.  Ex.  : 
J'ai  cru  V entr' aparcevair  comme  aile  échap- 
pait. 

Et.  —  Composé  du  v.  Apercevoir,  écrit  comme 
il  se  prononce  dans  le  patois,  avec  la  prép.  Entre, 
qui,  en  composit.,  a  le  sens  de  :  à  demi. 

Entre  (Prononc.  Entre  ou  entére).  —  Pré- 
pos. 

N.  —  A  Saint-Paul,  et  c'est  là  une  des  carac- 
téristiques du  patois  de  la  localité  et  des  environs, 
cette  prépos.  s'emploie  devant  la  plupart  des  pron. 
pers.,  auxquels  elle  s'unit  inséparablement  lors- 
qu'ils sont  pris  com.  complément  d'une  préposi- 
tion. Ainsi  on  ne  manquera  jamais  de  dire  ; 
Avec  entre  eux,  chez  entre  nous,  auprès  d'entre  vous 
et  même  :  entre  entre  eux.  —  N.  —  On  retrouve  cet 
emploi,  mais  p.  ê.  moins  général  dans  la  plus  grande 
partie  des  Mauges  et  jusqu'à  la  Pommeraye,  mais 
non  à  Montjean. 

Hist.  —  «  Mais  soudain  je  m'advise  de  mes 
lardons,  et  les  jettois  au  milieu  d'entre  eux.  (Rab., 
P.,  rr,  14,  151.)  —  «  Je  vous  les  exposerais  selon 
la  relation  d'entre  eux-mêmes.  »  (Rab..  P.,  n, 
20,  169.)  —  «  Et  ainsi  qu'il  fut  au  droit  d'entre 
eux,  il  luy  demanda. . .   »  (R.,  P.,  u,  9,  134.) 

Entr'attendre  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  — 
S'attendre  l'un  l'autre.  Cf.  s' Entr' envoyer,  etc. 

Entrechamper  (Sar.),  v.  a.  —  Placer  alter- 
nativement divers  objets  les  uns  à  côté  des 
autres.  Cf.  Enterbouêcher. 

Entrée!  (pron.  entreci  ou  enterci)  —  (Mj., 
Sp.),  prép.  —  D'ici  à,  sous.  Ex.  :  J'érons  vous 
voir  entreci  huit  jours,  —  d'ici  à  huit  jours, 
sous,  dans  les  huit  jours. 

Entre-cuisse,  s.  m.  —  Partie  sèche  qui 
sépaio  la  partie  charnue  de  la  noix.  (Mén.). 
Cf.  Cuisse. 

Entredens  (Lg.),  s.  m.  —  Goison  qui 
sépare  deux  stalles  ou  boxes  dans  une  étable. 

N.  —  Dans  chaque  stalle  on  met  une  couple  de 
bœufs,  les  deux  parsonniers  ou  parageaux. 

Entreflus  (Lg.),  s.  m.  —  Morceau  de  viande 
de  bouchei'ie  constitué  par  les  muscles  du 
diaphragme.  On  en  fait  des  biftecks.  Les  bou- 
chers nomment  aussi  ce  morceau  :  Rampe. 

Entrejeter  (s')  —  (Mj.,  Bk.),  v.  récip.  — 
Se  jeter  l'un  à  l'autre.  S'entrejeter  le  chat  aux 
jambes.  V.  Chat.  On  dit  aussi  :  se  jeter... 

Entremis  (Mj.,  Tlm.,  Lg.),  adj.  q.  —  Décidé, 
touche  à  tout  ;  qui  se  mêle  de  tout,  ardélion. 
Syn.  de  Emballe.  ||  Débrouillard.  V.  Entermis. 

Et.  —  Du  fr.  s'Entremettre,  pris  au  sens  de  : 
Se  mêler  de  tout,  se  fourrer  partout. 


350 


ENTR' ENDORMIR  —  ENVERRURE 


Entr'endormir  '^  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  • —  S'en- 
dormir à  moitié,  s'assoupir.  Syn.  de  s'Enter- 
dormir. 

Entr'engueuler  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réci- 
proque. Se  jeter  réciproquement  à  la  tête  des 
grossièretés  et  des  injures. 

EDtr'envouloir  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réci- 
proq.  —  S'en  vouloir  réciproquement.  —  V. 
Envouloir. 

Entr'envojer  (s")  —  (Mj.,  By.),  v.  récipr.  — 
S'envoyer  l'un  l'autre.  Ex.  :  Le  monde  s'en- 
tr' envoi/aient  voir  ça. 

Ëntrepas,  s.  m.  —  A  demi-pas,  à  petits  pas. 
Et.  —  L'intervalle  entre  les  deux  pas  :  l'amble. 
Hist.  —  K  Eh  !  oui.  je  vais  tout  Venlrepas.  « 

Entrepoiircliasser  (s'),   Ent'pourchasser  (s') 

—  (Ti.,  Zig.  173),  V.  récipr.  —  Se  pourchasser 
l'un  l'autre. 

Entreprendre  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Entre- 
prendre qqn.,  lui  intenter  un  procès  ;  assi- 
gner en  justice  de  paix.  «  J'vas  l'entreprendre. 
Il  Essayer  de  guérir  qqn..  Ex.  :  Le  médecin 
n'a  pas  voulu  V  entreprendre.   » 

Hist  —  «  M.  le  Prieur  de  Lasse  a  gagné  un  gros 
procès  contre  M.  d'Oysonville,  son  frère  et  sa 
sœur,  et  qqs  habitants  qui  l'avoient  voulu  entre- 
prendre pour   de  prétendues  réparations.  »    (1739. 

—  Inv.,  Arch.,  S.  E.,  m,  238,  1.  h.) 

Entrer,  v.  —  On  dit  à  l'impérat.  :  Enter - 
don  (ent'r).  —  (Ec). 

Entretiendre  (s')  —  (^Ij.),  v.  réf.  —  Se 
tenir  l'un  l'autre,  dépendre  l'un  de  l'autre.  || 
Présenter  des  difficultés.  Ex.  :  Ça  s'entretient 
ben  pour  vivre  avec  çà.  De  Tiendre. 

Entrevire  (Lg.),  s.  f.  —  La  masse  des  intes- 
tins d'un  bœuf,  dans  la  lang.  des  bouchers. 
V.  Sagourne. 

Entribarder  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Mettre  un 
tribard.  \\  Entraver.  ||  Embarrasser,  d'une 
manière  qcque,  les  jambes  d'un  homme  ou 
d'une  bête.  ||  V.  réf.  S'embarrasser  les  jambes 
dans  qq.  obstacle.  V.  Tribard.  ||  (Lg.).  Entri- 
berder.  i|  Cf.   Entriinarder. 

Entriboicher  (Ag.),  v.  a.  —  Entremêler. 
P.  ex.,  dans  un  breack  les  personnes  qui  se 
font  \is-Si-\\s  entriboichent,  entrecroisent  leurs 
genoux.  Rapprocher  Tête-bêche.  V.  Terboicher. 

Ëntriniarder  (Sal.),  v.  a.  —  Empêcher,  — 
mettre  dans  un  triniard.  Cf.  Entribarder. 

Entrînassé  (Mj.),  adj.  q.  —  Entraînasse. 
Péjorat.  de  Entraîner. 

Entrîner  (Mj.),  v.  a.  —  Entraîner.  Cf. 
Triner,  Giner. 

Entr'ôvrir  "  (Mj.),  v'  a.  —  Entr'ouvrir.  Cf. 
Ovrir. 

Entrure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Se  dit  dans  : 
Entrure  du  soc,  —  profondeur  à  laquelle 
pénètre  le  soc.  On  la  règle  au  moyen  de  la 
jauge.  Syn.  de  Goule. 

Entures  (Li.,  Br.,  By.),  s.  f.  —  Greffons  de 
poirier,  de  pommier. 


Et.  —  Du  lat.  pop.  Emputa,  plur.  neutre, 
devenu  fém.  sing.,  qui  est  le  grec  Emphyton, 
planté  dans,  devenu  Empte,  Ente. 

Enturlupiner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Taquiner, 
agacer,  ennuyer.  ||  Se  moquer  de.  Syn.  de 
Enquiquiner.  V.  Turlupiner. 

Enturlute  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  :  Avoir  Venturlute,  n'avoir  que  des  cartes 
de  même  espèce  au  jeu  de  mouche.  Ex.  :  Ah  ! 
dame,  de  ceté  fois,  j'ai  eine  belle  enturlute. 

Et.  —  LiTTRÉ  donne  le  mot  Lanturelu,  ou  Lan- 
turlu.  refrain  de  chanson  et  jeu  de  la  bête.  Le  pat. 
Enturlute  est  probablement  le  même  mot,  et,  bien 
qu'il  ne  désigne  jamais  un  refrain  de  chanson,  il 
paraît  dériv.  de  Turluter  et  Turlntutu. 

Ëniitile  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Inutile. 

Et.  —  Doubl.  du  mot  fr.  —  Pour  la  forme 
cf.  le  fr.  Ennemi  (du  lat.  Inimicus),  que,  par  paren- 
thèse, il  serait  plus  logique  d'écrire  'Enemi. 

Ënutilement  (Mj.),  adv.  —  Inutilement. 

EnveiUoclier  (Sa.,  By.),  v.  a.  —  Disposer  en 
veillés,  du  foin,  en  meules.  —  De  Veilloche. 

Et.  —  Enveilloter.  —  Rassembler  le  foin  coupé 
et  le  mettre  en  petits  tas.  En  veillote,  non  expli- 
qué. (LiTT.) 

Envêler  (s')  —  (Sp.),  v.  réf.  —  S'envoiler, 
se  gauchir.  ||  Lg.  —  S'enveler,  e  muet.  -  Syn. 
de  s'Envoler. 

Et.  —  Se  courber,  se  gauchir,  en  parL  du  fer, 
de  l'acier,  lorsqu'on  les  trempe.  Les  limes  s'en- 
voilent  qqf.à  la  trempe.  En  -j-  voile,  par  compar. 
à  la  courbure  d'une  voile  que  gonfle  le  vent. 

Envelimer  (Mj.),  v.  a.  —  Envenimer||  v. n. — 
S'envenimer.  De  Velin.  Syn.  et  d.  de  Enveri- 
mer. 

Et.   —   In,   venenum.    Au   xn^   s.   Velin,   pour 
venin.  Hist.  —  «  Survint  une  appostume  ou  bosse 
audit  GefTroy,  laquele  il  fit  fendre  et  flamer  à  un 
barbier  qui  se  envelima  telement  qu'il  n'en  pot  estre 
guéri.  »  —  Au  fig.  Irrité  (contre).  —  L.  C. 
«  Alexandre,   qui   tant   feist   de   hemée, 
«  Qui  voulut  veoir  l'estoille  poucinière, 
«  Sa    personne    par    moy    fut    envlimée. 

(Villon.  Ballade  au  nom  de  la  Fortune.) 

Envener  (By.),  v.  a.  —  Faire,  lacer  le  voin. 

Envenir  °  (s')  —  (By.).  «  Vous  envienne- 
vous  de  chez  vous?  —  Vous  envenez-vous.  || 
Mj.  —  A  s'est  envenue  comme-t-alle  a  pu. 

Enverimer  (Lg.,  Tlm.),  v.  n.  —  S'enveni- 
mer. —  Doubl.  du  mot  fr.  et  de  Envelimer. 

Envéroueille  (Mj.),  s.  f.  —  Orvet;  —  le 
sourd,  c'est  la  salamandre.  —  Syn.  de  Nielle. 
Syn.  et  d.  de  Envrain,  Envrun,  Envrogne, 
Envrougne. 

Et.  —  Dér.  de  Envrouiller,  parce  qu'on  trouve 
ordinairement  l'animal  enroulé  sur  lui-même  en 
spirale.  —  «  Envoyé.  Un  des  noms  vulg.  du  ser- 
pent qu'on  nomme  aussi  :  orvet  et  aveugle  (Anguis 
fragilis.)  Litt. 

Enverrer  (Sa.),  v.  a.  —  Vitrer.  Ex.  :  Ils  ont 
fait  enverrer  leur  fenêtre.  —  De  Verre. 

Enverrure  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Verrue. 
Et.  —  Lat.  verruca  .  Syn.  de  Verrure.  Pour  le 
préfixe.  Cf.  Enderse. 


ENVERS  —  ENVROUILLER 


351 


Envers  prép.  (prononc.  envars).  —  (Mj.). 
—  En  comparaison,  de.  Ex.  :  Il  est  ben  fort, 
mais  c'est  ren  envers  son  frère. 1 — Ceti-là  n'est 
pas  char  envers  l'autre.  ||  Envars  se  dit  peu. 

N.  —  Le  picard  dit  :  A  m'  n'envers,  à  mon  égard. 
Le  fr.  dirait  :  A  mon  endroit. 

Enveurg/er  (Lg.),  v.  a.  v.  a.  —  Enrouler, 
enlacer.  Syn.  et  d.  de  Envrouiller.  Dér.  de 
Veurgler. 

En  veux-tu,  en  voilà.  —  Grande  quantité. 
Y  a  des  poumes,  c't'année,  en  veux-tu,  en 
voilà.  (By.,  etc.). 

Enviant  (Mj.),  adj.  veb.  —  Enviable,  dési- 
rable, capable  de  tenter,  alléchant. 

Envie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Souvent  m.  — 
Avoir  Venvie  bon  ;  avoir  grand  envie.  ||  Avoir 
eine  envie  bleue,  eine  envie  rouge,  —  avoir  un 
très  grand  désir.  ||  Absolument.  Avoir  l'envie 
bon,  —  avoir  envie  de  bien  faire,  se  montrer 
travailleur  et  actif,  en  pari,  d'un  jeune  gar- 
çon. Il  Cf.  Une  peur  bleue. 

Et.  —  Individia  ;  in,  videre,  fixer  les  yeux  sur, 
com.  fait  l'envieux.  —  Hist.  «  Georgette  avait  eu 
une  envie  rouge  d'être  carrément  malhonnête 
pour  couper  court  à  ses  assiduités.  «  (C.  Leroux- 
Cesbron.  Maître  Lardent,  p.  73,  /.  12.) 

Envieuse  (Lg.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'une 
femme  grosse  qui  a  des  envies. 

Envieuzir  "  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Devenir 
vieux  ;  en  vieillir.  Cf.  Vieusir.  Lat.  Vetustare. 

Enviouv,  ouse  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  En- 
vieux. Il  Désireux.  Syn.  de  Ambitionne iix. 

Environ  (Lpm.,  Segr.,  By.,  Lue),  prép.  — 
Autour  de,  alentour  de.  Ex.  :  Il  est  toujours 
environ  ielle.  —  Ne  sournège  donc  pas  tout  le 
temps  environ  moi.  (Segr.)  —  «  Comme  je 
sais  faire  un  peu  de  cuisine,  les  vendangeurs 
voulaient  me  charger  des  repas,  mais  j'aimais 
mieux  être  environ  (m'occuper  de)  mes  busses. 

Et.  —  Hist.  —  L'Acad.  ne  l'admet  pas  comme 
préposit.,  mais  ce  mot  a  été  employé  en  ce  sens 
par  de  trop  bons  auteurs  pour  qu'on  le  rejette.  De 
En,  viron  (de  virer,  autour). 

«...  C'est  à  dire  environ  le  temps 
«  Que  tout  aime  dans  la  nature.   » 

(La  Font.,  iv,  22.  —  Litt.) 

—  «  S'esveilloit  donc  Gargantua  environ  quatre 
heures  du  matin.  »  (Rab.,  G'.,  i,  23,  45.)  —  .<  En 
l'année  1664,  environ  le  milieu  de  décembre,  parut 
au  ciel  une  commète.  »  (1664.  —  /ne.  Arch.,  E,  ii, 
p.  194,  col.  1.)  —  «  Le  testament  que  fit  Hardouin 
Brehier,  le  28  juillet  1501,  le  codicille  du  28  jan- 
vier 1506,  où  il  parle  de  sa  sœur  Anne,  qui  «  a  pris, 
dit-il,  grande  peine  environ  moy  pendant  ma  ma- 
ladie »,  sont  conservés  à  la  Bibliothèque  d'Angers 
(m.ss.  635,  n»  105.)  —  Note  aux  (Euvres  de  G. 
C.  Bûcher,  p.  23. 

Environnoir.  —  Morceau  de  linge  servant 
à  envelopper  le  corps  de  l'enfant  nouveau-né 
V.  Testron. 

Envoierai,  Envoyerai  (Mj.,  By.).  —  Fut.  du 
V.  Envoyer. 

Envoler  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'envoiler, 
se  gauchir.  Syn.  et  d.  des' ^wcéier,  s'Enveler.  \\ 
By.  —  S'anvoiler.  C'est  le  franc,  mal  écrit. 


Envouloir  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Avoir  de  la 
rancune,  de  la  haine.  S'emploie  avec  en.  Ex.  : 
Il  m'en  enveut  ben  ;  ils  nous  en  envoûtent  tout 
plein. 

Envoyer  (]\Ij.,  By.),  v.  a.  —  Envoyer  aux 
prennes,  —  e.  promener.  ||  E.  dinguer,  au 
pétard,  chier,  chier  au  Mail,  à  l'épluche,  — 
même  sens.  ||  Lancer,  décocher,  un  bon  mot, 
un  lazzi,  une  saillie  ;  un  air,  un  couplet,  une 
romance.  —  C'est  ben  envoyé.  Fut.  J'envoie- 
rai. 

Et.  —  In,  via.  —  Hist.  —  «  Luy  disant,  si  elle 
en  avait  un  fils,  qu'elle  luy  envoyeroit.  »  (Brant., 
D.  G.,  VI,  300,  32.)  —  «  Et  les  envoyerons  joyeux 
à  leurs  domiciles.  »  (Rab.,  G.,  i,  29.)  —  «  Fut 
conclud  en  baralipton  que  l'on  envoiroit  le  plus 
vieux  et  le  plus  suffisant  de  la  faculté  théologale 
vers  Gargantua.  »  (R.,  G.,  i,  17,  36.) 

—  «  Trop  et  trop   tost   la   Parque 

«  T'envoira    prisonnier 
«  Dedans    l'avare    barque 
«  Du   vieillard   nautonnier.    » 
(J.    DU    Bellay.    A    Salmon    Macrin,    p.    95.) 

—  c(  £'nroî/ra  jusqu'au  ciel  le  bruit  de  ton  renom. 
(Id.  —  Sur  la  mort  de  Sylvia  Mirandola,   194.) 

—   «  Très  volontiers  et  girofles  et  roses 

«  Je  Venvoi/rais.  . .   (G.  C.  Bûcher,  88,  132.) 

—  «  Je  Venvoijrai  flamme  si  chaleureuse.  » 

(Id.,  45,  168.) 

Envrain  (By.),  s.  m.  —  Orvet,  reptile  inof- 
fensif. —  Cf.  Le  Sourd,  ou  sourd-gars,  qua- 
terpée  ou  salamandre.  V.  Envrun. 

Et.  —  Je  vois  dans  ce  mot  une  corr.  de  Envrimer, 
qui  envrime.  Car  une  croyance  popul.  présente  ces 
êtres  comme  très  dangereux,  bien  à  tort  : 
«  Si  un  envrain  voyait 
«  Si  un  sourd-gars  entendait, 
«  La  fin  du  monde  viendrait.  » 
Voir    un    article    intéressant    dans    Larousse, 
tome  XIV,  p.  100. 

Envrimé  (Z.  130),  part.  pas.  —  Envenimé. 
Serait  mieux  écrit  Enverimé.  ||  By.  —  On  dit 
plutôt  Envelimé,  deVelin  (e  nul).  Un  velin, 
c'est  une  vipère.  Du  Velin,  pour  :  du  poison, 
du  venin,  —  et  même  bobo  à  l'état  d'inllam- 
mation  aiguë. 

Bnvrogne  (Sp.),  s.  f.  —  Orvet.  V.  En- 
vroug,np,  Envéroueille.  Syn.  de  Nielle,  Anvain. 

N.  —  Il  est  clair  que  ces  trois  vocables  sont  des 
doublets  très  voisins  et,  en  somme,  un  seul  et 
même  mot.  J'avais  pensé  que  la  vraie  forme  était  : 
Envéroueille,  que  je  dérivais  de  Envrouiller, 
Vrouiller.  Cette  opinion,  assez  plausible,  vu  les 
mœurs  de  l'Orvet,  me  paraît  maintenant  discu- 
table. La  forme  primitive  pourrait  bien  être 
Envrogne,  et  dér.  du  breton  Amprehon,  qui  dé- 
signe je  ne  sais  quel  reptile  ou  insecte,  et  qui 
semble  avoir  donné,  outre  notre  mot  patois,  le  fr. 
lamproie.  R.  O.  ||  Ce  n'est  pas  l'avis  de  Littré. 

Envrou<!ne  (Sp.),  s.  f.  —  Orvet.  V.  En- 
vrogne. Envéroueille. 

Envrouille  (Lrm.),  s.  f.  —  Couleuvre. 

Envrouiller  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Entortiller. 

Et.  —  A  rattacher  au"  lat.  Inverticulare,  de 
Invertere,  et  non  à  Veruculum.  —  Hist.  (Leurs 
grandes  cornes,  trois  fois)  envertouiado.  (Mireille.) 
—  V.    Vrouiller,  Veurgler. 


352 


ENVRUN  —  ÉPAULE 


Ënvrun  (Pell.),  s.  m.  —  Orvet.  Syn.  de 
Enveroueille,  Envrougne,  et  doubl.  de  ce  der- 
nier, ainsi  que  de  Anvain,  Envrogne,  Envrain. 

Enzuter  (Mj.),  v.  a.  —  Ennuyer,  agacer, 
impatienter.  Ex.  :  Il  Tii'enzule,  avec  ses  contes. 
(I  Dédaigner  complètement.  Ex.  :  Le  patron, 
on  Venzute.  Syn.  de  Emmarder,  Emmieller, 
Enquiquiner.  De  zut. 

Épaffer  (Mj.),  v.  a.  —  EpoufTer,  essouffler. 

Épais  (Partout),  adj.  q.  —  Nombreux,  en 
grande  quantité.  Y  en  a  pas  épais.  Il  n'y  en  a 
pas  beaucoup.  ||  —  (Mj.).  Couvert,  nuageux, 
en  parlant  du  temps,  jl  Sale,  encrassé,  en  par- 
lant d'un  verre  à  boire,  d'un  verre  de  lampe. 
Il  Chargée,  en  parlant  de  la  langue.  ||  s.  f.  — 
Epaisseur. 

Et.  —  Lat.  spissus.  —  Hist.  «  Nul  ne  peut  faire 
construire  latrines  ou  chambres  aisées  en  son  hé- 
ritage près  l'héritage  de  son  voisin,  si  non  qu'il  y 
ait  entre  deux  un  mur  de  deux  pieds  et  demi  d'épois, 
à  chaux  et  à  sable.  »  {Coût.  d'Anj,  Art.  516,  p.  366.) 

Épaiss  r  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  couvrir, 
devenir  nuageux  en  parlant  du  temps. 

Ëpâmer  (s')  —  (Lg.),  v.  réf.  —  Se  pâmer, 
s'évanouir.  —  Conforme  à  l'étymol. 

Et.  —  Lat.  pop  *  Pasmare,  pour  Spasmare, 
proprement  :  Avoir  un  spasme. 

Ëpampler  (By.),  v.  a.  —  Enlever  les 
pampres  de  la  vigne.  Lat.  Pampinus. 

Éparée  (Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Eclaircie,  em- 
bellie. Syn.  de  Eclarzie.  —  V.  Eparer.  \\  2°  By. 

—  Ensemble  d'objets  étendus  à  terre.  Syn.  de 
Egaillée,  Epirâillée. 

Et.  —  De  :  épartir  ?  e,  partiri,  partager. 

Éparer  (Lue,  Sal.,  By.,  My.,  Mj.),  v.  a.  — 

Etendre  du  linge  pour  qu'il  sèche.  Syn.  de 
Egailler.   ||  Ti.,  Zig.  151.  —  ^''éparer,  v.    réf. 

—  S'étaler  à  terre,  tomber  tout  de  son  long.  || 
Achever  de  chauffer  au  rouge  blanc,  un  four. 
Il  Débarrasser,  désencombrer,  découvrir.  Ex.  : 
Ça  t'a  ben  éparé  la  figure  de  te  faire  couper  les 
cheveux.  1|  V.  réf.  —  Se  découvrir,  s'éclaircir, 
devenir  serein,  en  pari,  du  ciel.  Ex.  :  Velà  le 
temps  qui  s'épare.  —  Geté  petit  vent-là  va 
ben  éparer  le  temps.  Syn.  de  Eviâiller  et  de 
Effarer.  \\  Sp.,  v.  n.  —  Faire  des  éclairs.  Ex.  : 
Il  épare  dans  la  galarne,  j'allons  avoir  de 
l'orage.  V.  Eclarer. 

Et.  —  Epartir,  devenu  de  la  première  conju- 
gaison ?  —  De  E,  et  du  vx  fr.  partir,  partager. 

—  Hist.  : 

«  Car  c'est  lui  qui  répand  la  neige  à  pleines  mains  ; 
«  Comme  flocons  de  laine  il  l'oblige  à  descendre  ; 
«  La  bruine  à  son  choix  s'épari  sur  les  humains, 
«  Comme  s'épartimit  la  cendre. 

(Corneille,  Psaumes.) 
—   ((  Car,   comme  le  blanc  exteriorement  dis- 
grege  et  espart  la  veue.   »  (Rab.,  G.,  I,  10,24.)  — 
«  Je  voy  le  ciel  du  cous  té  de  la  Transmontane  qui 
commence  à  s'esparer.  »  (R.  P.,  iv,  22,  396.) 
«  Sont  tes  vertuz  qu'il  espart  et  desmontre 
«  Jusques  aux  desers  pour  les  faire  produyre.  » 
(G.  C.  Bûcher,  160,  p.  177.) 

Épargnant  (Mj.,  Lg.),  adj.  verb.  Qui 
s'épargne,  que  l'on  mange  par  petites  bou- 


chées, en  parlant  d'un  mets.  Cf.  DonnanU 
allant,  etc.  Ex.  :  La  moutarde,  c'est  ben  épar- 
gnant. 

Et.  —  LiTTRÉ  donne  un  sens  différent.  —  De 
l'ail,  sparen,  ou  du  lat.  parcere  ? 

Épargne  (à  F)  —  (Mj.,  By.),  loc  adv.  — 
Parcimonieusement.  Aller  à  l'épargne,  — 
faire  le  moins  de  frais  possible. 

Épars,  Épart  (Z.  118,  Sp.,  Lg.,  Sal.,  By.), 
s.  m.  —  Eclair.  V.  Eparer.  \\  Eg.  —  Au  mo- 
ment d'un  coup  de  vent,  on  dirait  un  oragan, 
mais  non  :  N'y  a  ren  que  des  orages  épars  de 
coûté  et  d'autre.  —  Expliquerait  ce  mot  au 
sens  de  éclairs. 

Et.  —  «  Epars,  se  dit  de  petits  éclairs  qui  ne 
sont  pas  suivis  de  coups  de  tonnerre.  A.  fr.  Espars, 
éclair  ;  espadre,  éclairer,  mot  qui  coïncide  pour  la 
forme  avec  Espardre,  disperser  (spargere),  l'es- 
pars  étant  ainsi  dit  de  la  dispersion  de  la  lumière 
dans  le  ciel.  —  xni«  s.  (Litt.).  —  Epart,  subst. 
verb.  de  Epartir,  au  sens  intransit,  de  :  faire  des 
éclairs,  proprement  :  se  fendre,  en  parlant  du  ciel. 
(Darm.).  —  Hist.  —  «  En  celle  partie  ou  l'ost 
(l'armée)  le  roi  Clothaires  estoit  logiés,  ne  venta 
point,  ne  ni  chaï  yaue,  ne  nuz  signes  d'espart.  ne 
de  tonnoire.  »  D'où  le  v.  Espartir.  «  Le  suppliant 
veant  grant  et  horrible  horage  de  temps...,  en 
plouvant,  greslant,  tonnant,  ventant  et  espar- 
tissant  telement  que  à  peine  ne  povoit  homme 
cognoistre  l'autre.  »  (L.  C.)  —  Eparnir,  nuir, 
éclairer.  (Jaub.^  Agi.  Spar  :=  rayon;  Spark  = 
étincelle. 

J:_jÉparvier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Epervier.  Syn. 
de  Esparvier,  Rifflet,  Riclet. 

QEt.  —  Aha,  Sparvari,  epervier  ;  ail.  Sperber . 
goth.  Sparva,  moineau  ;  ail.  Sperling  ;  angl; 
Sparrow,  les  noms  d'animaux  permutant  souvent 
de  l'un  à  l'autre.  —  Hist.  —  «  Gerfaux,  autours, 
sacres,  laniers,  faucons,  esparviers,  esmerillons.  « 
(Rab.,  g.,  I.  55,  102.)  —  «  Sus  le  poing  mignonne- 
ment  engantelé  portoient  chascune  ou  un  espar- 
i'ier  ou  un  laneret.  >>  (Ibid.,  57,  105.) 

Ëpastrouiller  (Mj.,  Fy.),  v.  a.  —  Epater, 
étonner. 

Épate  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Pose,  embarras, 
forfanterie,  piaffe.  S'emploie  dans  la  loc. 
Faire  de  Vépate,  —  poser,  chercher  à  épater. 
Syn.  de  Empatte,  Flafla. 

Et.  —  Faire  tomber  sur  les  quatre  pattes,  et, 
fig.  étonner,  déconcerter.  Cf.  Tomber  à  la  renverse 
(Litt.).  —  Epater,  chercher  à  ébahir  qqn  par  qqch. 
de  renversant. 

^pateur  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Poseur,  piaffeur, 
forfante  :  celui  qui  cherche  à  épater.  Syn.  de 
Estrabroufjeur,   Empalteur. 

Épaucantée  (Segr.),  s.  f.  —  Se  dit  d'une 
femme  aux  allures  masculines  (Méx.). 

Épaule  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Avoir  les  mains 
comme  des  épaules  de  mouton,  —  c.-à-d. 
larges  et  fortes.  ||  Fig.  Faire  la  forte  épaule, 
—  f.  le  gros  dos,  comme  qqn  qui  s'attend  à 
recevoir  des  coups,  ou  qui  éprouve  un  senti- 

Jment  d'effroi  en  voyant  une  personne  sur  le 
point  de  faire  une  chute  ou  d'être  victime 

Id'un  accident  qcque. 

\     Et.  —  Lat.  spalhula,  omoplate,  dim.  de  spatha, 


ÉPAVE  —  ÉPICOTOIR 


353 


spatule,  ainsi  dite  à  cause  de  la  forme  large  de  cet 
os.  Ane.  forme  :  Espalde. 

Épave  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que  dans 
la  loc.  adv.  D'épave,  —  isolément,  seul  de  sa 
société,  de  sa  bande,  débandé.  Ex.  :  Y  a  ein 
bœuf  qui  s'en  va  d'épave  sus  la  route. 

Et.  —  B.  L.  Espavus,  espava  ;  du  lat.  expavidus» 
effrayé,  écarté  par  la  peur  (parce  que  ce  mot  s'est 
dit  d'abord  des  bêtes  effrayées  et  égarées).  Ex  + 
Pavidus  (LiTT.).  =  «  Ce  mot  a  donné  à  aucuns 
chrétiens  de  facile  créance  de  s'adresser  par  prière 
à  saint  Antoine  de  Padoue. . .  pour  recouvrer  les 
choses  égarées  :  parce  que,  en  ancien  langage  ita- 
lien, on  appelait  Pava  ce  qu'on  appelle  aujour- 
d'hui Padoua  :  en  laquelle  ville  repose  et  est  gran- 
dement vénéré  le  corps  de  saint  Antoine,  dit  de 
Padoue,  ou  de  Pade,  que  d'ancienneté  on  appelait 
saint  Antoine  de  Pave.  »  (Coquille.  Institutions 
au  Droit  français.  Chap.  Des  Droits  de  justice  en 
commun.  —  Ménage.)  —  «  h'espave  étant  un 
bien  errant  et  égaré. . .  Ce  n'est  pas  le  Seigneur  qui 
prend  et  trouve  des  bêtes  égarées  ou  autre  espave 
dans  son  territoire.  »  (Coût,  du  Poitou,  u,  p.  390-1, 
art.  303.) 

Épée,  s.  f.  —  Couteau  en  bois  ou  en  buis 
servant  aux  tisseurs  pour  serrer  les  fils  de 
tissage.  ||  Plante,  Scandix  pecten.  (Bat.). 

Et.  —  Spatha  est  le  nom  d'une  longue  épée  chez 
les  Gaulois  et,  par  hasard,  conforme  avec  le  lat. 
spatha,  outil  de  tisserand  (Litt.). 

Ëpéguiller  (Mj.),  v.  a.  —  Manipuler,  manier 
délicatement  du  bout  des  doigts. 

Et.  —  Pour  Epoguiller,  dér.  de  Poguilles  ;  et 
Pégililler. 

^peicre,  s.  m.  —  Oiseau,  Epeiche. 

N.  — «  Les  paysans  de  l'Anjou  disent  épeicre  (au 
lieu  de  épeiche).  Oiseau  qui  gravit  par  les  arbres 
comme  un  pivert,  dont  il  est  une  espèce.  De  Spicare 
piquer.  (Ménage).  —  «  Espec,  lat.  Apiaster  ;  il 
mange  les  abeilles  (L.  C). 

Épéier  (Lg.),  v.  n.  —  Epier,  monter  en  épis. 
Syn.  de  Dégorger.  On  dit  aussi  en  ce  sens  : 
L'épi  sort  de  la  botte. 

Ëpeigner  (Mj),  v.  a.  —  Casser  une  douelle 
au  jable,  en  briser  le  peigne.  Syn.  et  doubl.  de 
Epéner. 

Ëpeignoir  (Tlm.),  s.  m.  —  Couteau  dont  le 
tisserand  se  sert  pour  couper  ses  bouts  do  fds. 
Dér.  de  Peigne.   Cf.  Epelloir. 

Épelle  (Lg.,  Tlm.),  s.  f.  —  Petite  bobine 
chargée  du  fil  de  trame,  que  le  tisserand  met 
dans  sa  navette.  Cf.  l'Angl.  Spindle,  fuseau, 
broche  de  fdaturc. 

Épelieter.  —  Mol  communiqué  sans  expli- 
cation. V.  Epelloir? 

Êpelioir,  Épéloir  (Cho.),  s.  m.  —  Couteau 
dont  les  tisserands  se  servent  pour  couper 
leurs  fils.  Prononc.  Epéloué.  Cf.  Ëpeignoir. 

Et.  —  Peut  se  dériver  de  Epelle,  mais  tient  peut- 
être  plutôt  au  français  Peler.  L'épéloir  sert,  en 
effet,  à  rogner  les  bouts  de  fils  qui  forment  comme 
\me  toison,  une  pelure,  sur  la  toile,  après  le  tissage. 

Ëpelouner  (Lg.),  v.  a.  —  Débarrasser  de 
son  enveloppe  épineuse,  une  châtaigne.  Syn, 
de  Egobler.  Dér.  de  Pelon. 


Épeneiilé  (Lg.),  adj.  q.  —  Dépenaillé,  dé- 
guenillé, loqueteux.  —  Syn.  de  Peneilloux, 
Penailloux,  Pendillé,  Guenilloux,  Gueneilloux. 
Dér.  de  Peneille. 

Ëpéoer  (Sp.),  v.  a.  —  S'emploie  dans  la  loc: 
Epéner  un  fût,  en  casser  les  jables.  N.  Ne 
s'emploie  que  dans  ce  sens  particulier.  — 
Doubl.  et  syn.  de  Ëpeigner. 

Ëpenillé  (Ag.,  By.),  adj.  q.  —  Y. Epeneiilé. 
Il  est  tout  épenillé,  —  ses  vèteii^ats  sont  en 
loques,  effrangés.  Cf.  Dépenillé.  V.  Epeniller. 

Ëpeniller  (Segr.,  By.),  v.  a.  —  Défaire  de 
la  laine  tricotée  (Mén.)  —  et  Dépeniller  (Po.). 
Effiler  un  vieux  tissu  de  laine  avant  de  l'écar- 
der  (de  la  carder)  pour  la  refiler  ;  d'où  Epe- 
nillé et  Dépenillé,  —  se  dit  du  bas  d'un  vête- 
ment usé  et  frangé.  Celui  qui  le  porte  est 
dépenaillé.  \\  Sal.  —  Disperser  en  petites  par- 
ties, —  mettre  en  pénilles  (guenilles). 

N.  —  «  Epeniller  le  fumier.  Le  diviser  avec  des 
fourches,  souvent  même  avec  les  mains,  pour  le 
répandre  d'une  manière  plus  égale  sur  toutes  les 
parties  d'un  champ.  —  De  Pénilles  (mauvaises 
bardes,  guenilles  ;  —  d'où  épenadlé).  Jaub. 

Ëpenter  (Segr.).  —  Même  sens  qu'à  la  note 
de  Epeniller  (Mén.). 

Ëperaillée  (à  1')  —  loc.  adv.  (Sp.).  Çà  et  là. 
—  C'est  Epirâillée. 

Ëpergne  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Epargne.  ||  Aller 
à  Vépergne,  —  épargner.  ||  A  Vépergne,  — 
parcimonieusement.  Ex.  :  Il  panse  à  Vépergne, 
les  bœufs  n'en  ont  pas  leux  souc. 

Épergner  (Lg.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Epar- 
gner. 

Ëperon,  s.  m.  —  Tige  adjacente  à  une  tige 
de  ronces  destinée  à  faire  des  harts.  (Mén.). 
Et.  —  Aha.  sporo,  sporon  ;  a.  mod.  Sporn. 

Épéyer  (Lg.,  By.),  v.  n.  —  Epier,  monter 
en  épis.  Lat.  spica,  épi. 

Ëpiaii  (Auv.),  s.  m.  —  Tête  ou  cœur  de 
chou  commun.  Dimin.  du  fr.  Epi,  par  ext. 
V.  Epéyer,  Epier.  Syn.  de  Bichote.  —  Berry  : 
Epiot,  Epijot,  —  petit  épi  qui  se  développe 
mal.  1!  C'est  le  piochon. 

Épiaiiler  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Echarder  ; 
enlever  la  peau,  pat.  pieau.  i|  Z.  146.  —  Un 
cheval  épiaulé,  écorché.  Cf.  Epiauter.  Syn. 
Effondrer,  Ebroquiner. 

Épiautcr  (Jum.,  By.),  v.  a.  —  Dépouiller 
un  lapin,  lui  enlever  la  pieau. 

Ëpibociier  (s')  (Br.,  Sar.,  By.),  v.  réf.  — 
S'écorcher.  As-tu  bentôt  fini  de  t'épibocher 
les  doigts?  de  te  les  écorcher.  |!  Se  dit  aussi  de 
la  figure,  et  surtout  des  envies,  des  craits.  On 
dit  encore  Pibocher.  V.  Epigrogner  (Sar.). 
Il  P.-ê.  pour  Epibécher,  s'éplucher  avec  le 
bec  (Sar.)  se  dit  des  poules. 

N.  —  Epigocher,  —  irriter  (un  bouton,  avec  les 
ongles)  ;  s'épigocher,  se  taquiner.  (Dott.).  —  By. 

Ëpieotoir  (Cré.),  s.  m.  —  Crible  pour  passer 

23 


354 


ÉPIGRAILLER  —  ÉPINOCHES 


le  grain,  les  épicots  ou  épigots.  V.  Epigot. 
(Méx.). 

Bpicrailler  (s')  —  (Z.  145,  By.),  v.  réf.  — 
Crier  d'une  voix,  d'un  ton  perçant  ;  s'écrier. 
Syn.  de  s'Epicrasser,  s'Equerzéler,  s' Eterzéler, 
s' Ebicaner. 

Ëpicrasser  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'écrier. 
Syn.  de  s'Ebicaner,  s' Equerzéler,  s^ Ebrâiller, 
s'Eterzéler,  s'Ecogâiller.  Dér.  de  Picrasser, 
Picras.  \\  Sal.  —  Crier  de  voix  de  tête. 

Épi  d'eau.  Potamogeton  natans  (Mén., 
Bat.). 

Épié  (Mj.),  part.  pas.  —  Verrure  épiée,  — 
crevassée,  dont  l'aspect  rappelle  celui  d'un 
épi  de  blé. 

Épier,  Épéier  (Lg.),  v.  a.  —  Détacher  à  la 
main  les  brindilles  garnies  de  feuilles  de  cer- 
tains arbres,  surtout  du  frêne  ou  du  chêne, 
pour  les  faire  manger  aux  bestiaux.  Syn.  de 
Groger,  Eruffer,  Erusser.  —  Du  fr.  Epi  ;  de  là 
Epiot  ;  Epiau,  cœur  du  chou  cassé  à  la  main. 

N.  —  Epier  n'est  pas  tout  à  fait  le  syn.  exact  des 
deux  derniers  mots.  On  épie  ou  épeye  le  chêne  ou 
le  frêne,  en  cassant  les  menues  ramilles  ;  on  éruffe 
l'ormeau  en  passant  la  main  le  long  des  branches 
pour  arracher  les  feuilles.  Dans  les  deux  cas  on 
fait  du  brout.  Le  Mj.  Groger  correspond  à  la  fois  à 
Epier  et  à  Erufjer.  —  ||  By.  —  On  dit  :  Erusser, 
surtout  en  parlant  des  umeaux  (ormeaux),  pour  en 
faire  manger  les  feuilles  aux  bêtes.  On  dit  :  Efïeiller 
pour  :  arracher  les  feuilles  inutiles.  Serrer  les  choux, 
c'est  les  effeiller  pour  avoir  de  la  pansion.  De  cette 
façon  les  choux  sont  Effouillés,  —  débarrassés  de 
leurs  basses  feuilles. 

Ëpiétant  (Mj.),  part.  prés,  de  Epiéter,  adj. 
verb.  —  Avantageux,  qui  se  fait  ou  peut  se 
faire  vite,  en  pari,  d'un  travail.  Syn.  de 
Avangeant.  \\  Qui  va  vite  en  besogne,  en  par- 
lant des  personnes.  Syn.  de  Avantageux. 

Épiète  (Mj.),  s.  f.  —  Faculté  de  travailler 
vite,  d'être  avantageux,  adroit  et  actif  à  la 
besogne.  Ex.  :  Il  a  de  Vépiète.  V.  Epiéter. 

Épiéter  '  (Mj.,  Lg.).  Devrait  s'écrire  Epié- 
ter (pi  mouillé)  ;  V.  n.  —  Avancer,  aller  vite 
en  besogne.  Syn.  de  Açanger.  Doublet  du 
franc.  Exploiter.  —  Cf.  Jaub.  à  Epiéter.  || 
Sal.  —  Aller  vite.  —  C'est  ëpiétant,  —  facile. 
—  Ménière  dit  que  Epiéter  veut  dire  à  Cholet 
supporter  avec  patience,  tandis  qu'à  Segré 
c'est  le  sens  de  Mj.,  —  Quelques-uns  y  ont  vu 
un  dérivé  de  Pied.  Cf.  Piétiner  (comme  forme, 
non  comme  sens),  Empiéter. 

Épiéter  ^  (Lg.),  v.  a.  —  Enlever  avec  un 
balai  la  couche  de  balles,  deglumes  détachées 
qui  recouvre  le  grain,  après  le  battage  au 
rouleau.  Dér.  de  Epi.  Syn.  et  doubl.  de  Epio- 
ter. 

Épieur,  s.  m.  —  ||  M.  X,  épieur  à  Beaupréau 
{Le  Petit  Courrier,  25  janvier  1904).  Semble 
vouloir  dire  :  Ouvrier  en  toile  ;  mais  quel 
rôle  ?  Cf.  E pelle,  Epelloir. 

Épigoclier,  v.  a.  —  Prendre  malpropre- 
ment du  beurre,  par  exemple.  (Mén.).  V.  Epi- 
bocher. 


Ëpigotis  (Segr.),  s.  m.  —  Déchet  du  bat- 
tage d'orge,  d'avoine,  etc.  (Mén.).  V.  Epi- 
gots. —  Spica. 

Épigots  (Segr.),  s.  m.  —  Enveloppe  du  fro- 
ment, du  blé.  On  écrit  aussi  Epigaut.  (Mén.). 

N.  —  Epigeaux.  Epis  qui  échappent  k  l'action  du 
battage  et  qu'on  retrouve  ensuite  dans  la  paille 
sortie  de  l'aire  ou  de  la  machine  à  battre.  (Favke.) 

Épigrogner  V.  Epibocher,  même  sens  (Sar.). 

Ëpiliorgné,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Eclopé, 
blessé  de  qq.  manière.  Syn.  de  Ehaupionné, 
Ehatnpé,  Ecorné.  V.  Champi.  Corr.  de  Ebi- 
gorné,  littéralement  :  qui  a  les  deux  cornes 
cassées. 

Épiloguer,  v.  n.  —  Donner  un  tas  de  mau- 
vaises raisons  comme  excuses.  —  As-tu  ben- 
tout  fini  d' épiloguer  ? 

Et.  —  De  2  mots  grecs  ;  petit  discours  récité  par 
l'auteur  à  la  fin  de  la  pièce.  —  P.  ext.  Trouver  à 
redire  sur  ce  que  qqn  fait  ou  dit  : 

—   «  Et  pourquoi,  s'il  vous  plaît, 

«  Lui  bailler  un  savant  qui  sans  cesse  épilogue  f  » 
(Mol.  F.   S.  v,  3.) 

Mot  très  savant  emprunté  par  le  peuple. 

Épine,  s.  f.  (Sp.,  Mj.).  Fig.  —  Mauvaise 
épine,  —  ennemi  acharné;  créancier  fâcheux, 
homme  dangereux  dont  il  faut  se  défier.  |1 
ii/^tne blanche,  aubépine.  V.  £'èaf/pm.  ||  Epine 
noire,  —  prunellier.  1|  Epine  du  dos,  —  épine 
dorsale.  Syn.  de  Râteau  de  l'échiné. 

N.  —  Certaines  piqûres  d'épines  sont  fort  diffi- 
ciles à  guérir  ;  aussi,  dans  nos  campagnes,  on  croit 
qu'il  y  a  des  mauvaises  épines,  des  épines  veli- 
meuses,  sans  acception  de  plante.  Cette  nocivité 
particulière  est  attribuée  à  la  présence  d'un  reptile, 
d'un  velin  qui  aurait  élu  domicile  au  pied  de  la 
souche. 

Épine-nère,  s.  f.  —  Epine  rioire.  Vulg. 
prunier  sauvage. 

Épiner  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Garnir  d'épines. 
Ex.  :  J'ai  épine  la  rotte  pour  que  le  monde  n'y 
passent  point.  ||  Ménière  donne  un  sens  tout 
opposé  :  enlever  les  épines. 

Hist.  —  «  Car  il  est  un  peu  chatouilleux,  et  à 
peine  y  toucheriez-vous  sans  vous  espiner.  (Rab., 
P.,  IV,  11,  376.) 

Épingles  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Gratification, 
pourboire  que  l'on  donne  aux  valets  de  ferme 
ou  aux  toucheurs  à  l'occasion  d'une  vente  de 
bestiaux.  Syn.  de  Aiguillettes.  —  Se  pro- 
nonce qqf.  Epingues. 

Épinglette  (Sp.),  s.  f.  —  Fig.  —  Tache  de 
graisse  qu'on  a  laissée  tomber  par  mégarde 
sur  ses  vêtements.  V.  Colas. 

Épinoclies  (By.).  s.  f.  —  Epines  d'aubé- 
pine montées  pour  la  pêche  de  l'anguille  au 
printemps.  Voir  :  Champeaux,  Cordeaux, 
Virecou,  Perrons,  Branles,  Achées. 

N.  —  Voici  comment  on  se  sert  de  l'épinoche.  On 
attache  le  cordeau  au  coude  de  l'épine,  en  le  remon- 
tant du  côté  de  la  pointe  de  celle-ci.  Puis  on  intro- 
duit le  ver,  coupé  à  cet  effet,  sur  le  bois,  d'abord, 
puis  sur  l'épine  et  la  corde.  L'anguille  avale  le  tout 
et,  en  se  sentant  piquée  et  résistant,  s'accroche  de 


ËPIOC  —   ÉPOUTELIR 


355 


plus  en  plus.  On  ne  se  sert  de  l'épinoche  que  pour 
les  petites  anguilles;  les  grosses  casseraient  l'épi 
noche  au  coude  et  se  dégageraient.  On  tend  au  fond 
de  l'eau,  surtout  pendant  les  crues,  les  lignes  dor- 
mantes ainsi  préparées  (Mj.).  —  Syn.  de  Cordée. 
Il  Tendre  des  épinoches,  —  aller  en  titubant.  Pro- 
bablement par  allusion  au  pêcheur  qui  ne  les  tend 
pas  en  lignes  très  droites.  Syn.  de  Faire  des  portes 
à  chambranle,  des  paraphes. 

Épioc,  Ëpioque  (Ag.),  s.  m.  ou  f.  ;  adj.  q. 
—  Qui  n'a  aucun  mérite  à  faire  ce  qu'il  fait. 
Ex.  —  On  parle  d'une  femme  très  économe, 
et  l'on  vante  en  elle  cette  qualité.  —  «  Ah  ! 
oui,  vous  réplique-t-on,  aile  est  épioque  ; 
quand  aile  a  bu,  a  n'a  plus  soif.  »  —  Elle  ne 
peut  pas  faire  autrement,  soit  que  les  moyens 
lui  manquent,  soit  que,  comme  je  le  croirais 
plutôt,  quand  elle  est  satisfaite,  elle  s'arrête. 

J'ai  recueilli  moi-même  ce  mot,  dans  les  meilleures 
conditions  d'authenticité.  A.  V.  —  «  Je  comprends 
cette  expression  autrement.  Sens  laudatif,  —  et  je 
l'écris  :  Et  pi  hoc,  —  et  puis  voilà,  et  puis  c'est  ça. 
Parlant  de  cette  femme  économe,  on  dira  :  De  ce 
fait-là,  vois-tu,  c'est  une  femme  et  pi  hoc,  —  je  ne 
te  dis  que  ça.  On  l'emploie  aussi  en  plaisantant.  — 
Eh  !  ben  oui,  c'est  un  homme  et  pi  hoc  ;  quand  il  a 
bu,  il  a  pus  soef.  —  J'veux  ben,  c'est  eine  femme  et 
pi  hoc,  —  après  ielle  y  a  pus  qu'à  tirer  la  corde,  ou 
l'échalle. 

Épiot  (Mj.),  s.  m.  —  Nom  collectif  par 
lequel  on  entend  tous  les  épis  détachés  qui 
restent  sur  l'aire  après  le  battage,  et  lorsque 
les  pailles  sont  levées.  ||  Lg.  —  Petit  épi  mal 
développé. 

Ëpioter  (Mj.),  v.  n.  —  Enlever  V épiot  de 
l'airée.  —  Syn.  et  doub.  de  Epiéter. 

Épirâillée  (Mj.),  s.  f.  —  Eparpillement. 
Syn.  de  Pagalée.  V.  Epirâiller.  \\  Sal.  —  Dé- 
sordre d'objets  jetés  à  terre.  Syn.  de  Eparée, 

Epirâiller  ,  v.  a.  —  Eparpiller.  Syn.  de 
Efenâiller,  Egailler,  Egâsiller,  Egâpiller. 

Et.  —  Ce  mot  peut  avoir  pour  racine  le  pat. 
Piron  au  sens  de  javelle.  Il  signifierait  proprement  : 
Défaire  les  pirons.  On  peut  aussi  y  voir  une  corr. 
du  fr.  Eparpiller  ;  mais  le  contraire  est  peut-être 
plutôt  vrai. 

Épistolier  vieux  mot  angevin.   Secrétaire  ? 

Hist.  =  « Deux  épistoliers...  »  Etat  du  clergé 

de  la  cathédrale.  (Anj.  hist.,  6«  an.,  n»  6,  p.  576. 
Abbé  Rangeard.) 

ÉpZer  (Lg.),  v.  a.  —  Elaguer.  Syn.  de  Egler, 
Elouetter,  Eguerter.) 

Et.  —  Je  considère  que  ce  mot  est  pour  Epeler, 
composé  du  fr.  Peler,  légèrement  détourné  de  son 
sens.  Subséquemment  l'e  radical  est  tombé  et  l'on 
a  mouillé  l'I  (on  pron.  épier),  que  l'on  mouille  même 
lorsqu'on  est  obligé  de  rétablir  l'e  devant  une 
muette  finale.  C'est  ainsi  que  l'on  conjugue  : 

J'épeille,  t'épeilles,  il  épeille,  j'épions,  vous  épiez, 
ils  épeillent.  Toutefois  c'est  p.-ê.  le  même  que 
Epier  ou  Epéyer. 

Épluche  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Envoyer  à  V  épluche,  —  envoyer 
promener.  V.  Mail,  Pétard.  —  Orig.  incert. 

Épluchée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Epluchage, 
action  d'éplucher,  ce  que  l'on  épluche,'  quan- 


tité d'objets  épluchés.  |i  Fig.  Destruction. 
Ex.  :  C'en  a  fait  eine  épluchée  de  monde,  ceté 
maladie-là  !  |]  Volée  de  coups,  rossée.  Ex.  : 
Ils  te  illi  ont  foutu  eine  épluchée  !  —  Syn.  de 
Dégelée,  Roustée,  Laudée,  Pleumée.  By., 
Zig.  183 

Épluchures  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Dans  la  loc.  — 
«  C'est  ce  que  gnia  de  bon  dans  les  épluchures/  » 
En  parlant  d'un  vaurien.  Cf.  Dans  le  royaume 
des  aveugles  un  borgne  est  roi. 

Ëpogassé  adj.  q.  (Ag.).  —  Qui  n'est  point 
réveillé.  Syn.  de  Endôvré. 

Épondoire'(Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  trident  ou 
croc  à  trois  dents  recourbées,  qui  sert  à  retirer 
la  litière  souillée  de  déjections  de  sous  les 
pieds  des  bestiaux  et  à  arranger  les  fumiers. 
V.  Fombréier. 

Et.  —  P.-ê.  pour  Epandoire,  parce  que  l'instru- 
ment sert  parfois  à  épandre  les  fumiers  dans  les 
champs.  —  Le  vx  fr.  a  Epoindre,  piquer. 

Ëpopondre,  s.  m.  —  Perclus  (Pour  :  hypo- 
condriaque) ;  paralytique.  ||  Infirme  ;  niala- 
droit  ;  imbécile,  sot,  brutal.  —  On  dit  encore  : 
Ipopondre,  Epopontre.  «  I  va  comme  ein  épo- 
pontre.  »  Syn.  et  doubl.  de  Impopompe,  Impo- 
pondre. 

Et.  —  De  deux  mots  grecs,  sous  les  cartilages  des 
côtes,  siège  supposé  de  l'hypocondrie. 

Ëpoulailler  (Segr.,  By.),  v.  a.  —  Renvoyer 
la  poulaille,  les  poules,  de  l'endroit  où  il  y  a 
du  grain.  (Mén.).  Syn.  de  Pergaler. 

Et.  —  Pulla,  f.  de  pullus,  petit  d'un  animal,  et 
poule  a  dû  désigner  primitivement  une  jeune  poule, 
avant  de  supplanter  Gcline,  au  sens  de  :  femelle  du 
coq. 

Ëpoumonnage  (Nt.,  Vh.,  The,  By.),  s.  m. 

—  Façon  donnée  à  la  vigne. 

Et.  —  Ce  nom  lui  viendrait-il  de  ce  qu'elle  est 
très  dure,  fatigante  ? 

Épounionaire  (Dr.,  Cho.),  s.  f.  —  Pulmo- 
naire. Syn.  de  Cocou-bleu. 

Ëpourchasser  (s')  —  (Mj.),  v.  réf. —  Gagner 
sa  vie,  se  débrouiller,  se  tirer  d'affaire.  S'em- 
ploie absolument.  —  Cf.  Pourchas. 

N.  —  Les  Italiens  disent  dans  le  même  sens  :  Pro- 
cacciarsi  di  che  vivere.  C'est  le  même  mot. 

Épouser  (Mj.),  v.  a.  —  Marier. 

Et.  —  LiTTKÉ,  3"  sens  ;  lat.  sponsare.  Vx  fr. 
Espouser,  marier.  =  Hist.  «  M.  de  Mouchant,  pres- 
tres,  les  a  espousez  à  Saint- Jean  (1602.  Inv.  Arch., 
S.  s.  E.,  298,  2,  6).  —  «  Furent  espousez  ensemble 
par  un  cordelier  nommé  Chevreuse.  d  (1593.  Id. 
Ibid.,  329,  2,  b). 

Il  Sp.,  V.  n.  —  S'épouser,  se  marier  légale- 
ment. Ex.  :  Ils  épousent  de  soir  à  la  mairerie. 

—  S'emploie  par  opposit.  à  Marier. 

Époussiérer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Epoudrer, 

épousseter. 

Ëpoutelir*^  (Sar.,  Pr.),  v.  a.  —  Ecraser,  éca- 
bouir  ;  s'en  aller  en  lambeaux,  en  bouillie. 
Ex.  :  Nout'chien  s'est  fait  époutlir  par  le 
chemin  de  far.  ||  By.,  Zig.  183,  id.  —  Syn.  de 


356 


ÉPOUVANTAS  —  ÈQUIQUETTE 


Ecramouir,  Ecrahoutir.    \\  Ecrouler.  Syn.   de 
Avâcrer. 

Épouvantas  (Mj.),  s.  m.  —  Epouvantail. 

Ëprenant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Inflammable. 
Syn.  de  Enflammant. 

Éprendre  (Mj.By.)  —  (qqf.  Eprenre),  v.  n. — 
S'allumer,  s'embraser,  en  pari,  du  feu.  Ex.  : 
Le  feu  a  ép/'îs  dans  n'ein  pailler.  ||  v.  réf.  — 
Même  sens. 

Hist.  —  (G.  C.  Bûcher,  15,  87.) 
«  Mais  ceste  dame-cy  est  plus  dure  et  plus  grave 
«  Que  fer,  aymant,  ni  roc,  carpour  veoir  flamme  es- 

(prendre, 
«  Pour  larmes  ny  pour  pleurs  dont  ma  face  se  lave, 
«  Ny  pour  mon  sang  coulant,  doulce  ne  se  veult 

(rendre.  » 

Épreux  (By.).  —  Eperons. 

Épris  (Mj.,  Lg.,  By.),  part.  pas.  —  Pris, 
enflammé.  Se  dit  du  feu  lui-même  ou  du  bois 
qui  flambe.  ||  Epris  d'eau,  —  très  pluvieux. 
Ex.  :  Le  temps  est  ben  épris  d'eau. 

Hist.  —  «  Se  précipita  pour  penser  esteindre  le 
feu  qui  estoit  esprins  en  la  maison  de  la  Bauldoui- 
nière.  »  (16.^8.  —  Im<.  Arch.  E.  m,  p.  280,  c.  1.) 
—   «  Mais  tes  vertus  sans  plus  me  font  transy 
«  Et  telle  amour  en  mon  cueur  ont  esrrise 
«  Que  je  n'ay  rien,  fors  tov  seule,  en  soucv.  » 
(G.  C.  Bûcher,  i,  p.  78.)  ' 

Épuceter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Epucer  ;  dé- 
barrasser des  puces.  Ex.  :  Le  chien  a  ben  assez 
à  faire  de  s'épuceter  Cf.  Emoucheler.  —  Puce, 
lat.  pulicem. 

Épuzer  (Lg.),  v.  a.  —  Syn.  de  Epuceter. 

Équasiller  (Sa.,  Lg.),  v.  a.  —  Romp?e  la  co- 
lonne vertébrale,  à  une  vache.  Syn.  de  Effiler. 

Et.  —  Dérivé  de  Quasi,  terme  de  boucherie, 
parce  que,  lors  des  mises-bas  difficiles,  c'est  dans  la 
région  lombaire,  ou  du  quasi,  que  se  produit  par- 
fois cette  rupture.  =  «  Se  dit  du  bœuf  dont  les 
muscles  et  tendons  se  déchirent  quand  il  tombe 
sous  le  coup  du  marteau.  Il  arrive  très  souvent  que 
le  boeuf,  violemment  étourdi,  tombe  les  jambes  de 
derrière  écartées  et,  suivant  l'expression  consacrée 
dans  la  boucherie,  il  s'équasille,  c.-à-d.  que  les 
muscles  et  les  tendons  se  déchirent  par  la  violence 
de  la  chute  et  causent  dans  l'intérieur  des  cuisses 
de  graves  désordres  qui  font  que  la  viande  est 
moins  bonne.  »  (Journal  Officiel,  21  mai,  187*^.  — 
Cité  par  Littré,  Suppl.).  —  Le  auasi  est  un  mor- 
ceau de  la  cuisse. 

Équeillouir  °  (Lg.),  v.  n.  —  Eclore.  Pour 
Eclouir,  doubl.  de  Eclo.uer,  avec  allongement 
de  cl  en  queil  et  terminaison  en  ir  au  lieu 
de  er.  Syn.  de  Ecloure. 

Et.  —  Esp.  et  port.  :  excluir  ;  ex-cludere  pour 
les  formes  en  u),  et  de  ex-claudere  (pour  les  formes 
en  0  et  en  au).  —  Litt. 

Équérioche  (Auv.),  s.  f.  —  Echasse.  Corr. 
de  Egaloche  ;  syn.  de  Echausse. 

Équerviche,  s.  f.  —  Ecrevisse.  Forme 
vieillie.  Syn.  et  d.  de  Ecreviche. 

Équerzéler  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  S'écrier 
avec  une  voix  rauque  ou  perçante.  Syn.  de 
s'Ebicaner,  s'Epicrasser,  s'Ebrâiller,  s'Eco- 
gâiller.  Dér.  de  Querziler.  V.  s'Eterzéler. 


Équeul  (Sar.,  By.).  —  Tout  entier.  —  Ce 
doit  être  le  même  q.  Ecueil.  A  Mj.,  cet  adj. 
est  toujours  précédé  de  :  tout.  Tout  écueil. 

Èqueume mer  (Mj.),  s.  f.  —  Verbe.  — 

Ecume,  écumer.  Mot  vieilli.  —  Cf.  Leune, 
Preune. 

Et.  —  Ecume  ne  vient  pas  du  lat.  spuma,  le  c  du 
fr.  s'y  oppose,  mais  du  german.,  aha,  skûm,  ail. 
schaum  ;  gaél.  sgiim. 

Équiangle  (Ag.,  Cho.),  adj.  q.  —  Fig.,  Egal, 
indifférent.  Ex.  :  Ça  m'est  équiangle.  Syn.  de 
Equilatéral,   Inférieur. 

Équier  (Tlm.),  v.  n.  —  Tressauter,  se 
déchirer  par  suite  d'un  effort,  en  parlant 
d'un  muscle.  Syn.  de  Eclir.  —  Mot  vieilli,  qui 
devrait  s'écrire  EcZer,  doubl.  de  Eclir.  Cf. 
Quier.  Ex.  :  Ça  m'a  équié  dans  les  reins.  —  Cf. 
Eclisse. 

Equilatéral  (Ag.,  Cho.),  adj.  q.  —  Fig.  — 
Indifférent.  Ça  m'est  equilatéral.  Syn.  de 
Equiangle,  Inférieur. 

Équilibre  (Mj.),  s.  m.  —  Etre  sus  Véqui- 
libre,  —  être  dans  l'incertitude,  dans  l'at- 
tente. 

Équiller   (Mj.,   By.),   v.   a.   —  Au  jeu   de 

boules,  de  billes,  de  palet  ;  jouer  un  coup  pré- 
liminaire dont  le  résultat  doit  régler  la  com- 
position des  deux  partis  et  l'ordre  dans  lequel 
on  jouera.  Quiller,  Abuter.  V.  Esquille. 

Et.  —  Jeter  une  quille  en  visant  à  la  placer  près 
de  la  boule  pour  savoir  qui  jouera  le  premier,  etc. 
Quille,  de  l'aha  :  kegil  ;  ail.  kegel,  objet  allongé  en 
forme  conique.  —  N.  Jette-t-on  bien  une  quille, 
même  au  jeu  de  quilles?  Je  n'ai  jamais  vu  équiller 
qu'avec  des  billes,  des  boules,  des  palets.  Je  préfère 
l'explication  par  Esquiller,  tâcher  de  conquérir  la 
première  place  par  son  adresse.  (Angl.  Skill).  Il  me 
semble  que  le  sens  est  bien  plus  général  et  autre- 
ment satisfaisant  pour  l'esprit.  —  (R.  O.) 


—  V.  Eciopereau. 
Arrête-bœuf,  Ono- 


Équiopereau  (Sp.),  s.  m 

Équiopin  (Tlm.),  s.  m. — 
nis    spinosa.    Syn.    de    Equiopereau,    Arque- 
bœufs,  Picote. 

Et.  —  Du  fr.  Ecloper,  comme  Equiopereau,  qui 
devait  s'écrire  par  cl  mouillé,  comme  Equiopin. 

Équiper  (Z.  146).  v.  a.  —  Atteler,  ||  By.  — 
Préparer  tous  les  objets  nécessaires  à  la 
pêche. 

Équipier  (Pc),  s.  m.  —  Joueur  faisant 
partie  d'une  équipe  dans  un  Concours  de 
boules  de  fort. 

Hist.  —  Le  cercle  de  l'Ordre,  des  Ponts-de-Cé, 
invite...  à  un  vin  d'honneur...  MM.  les  Equi- 
piers  qui  ont  participé  au  Concours  de  la  Coupe 
Cointreau.  {Ang.  de  Paris,  2  juin  1907,  1,  5.) 

Équiquette  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Un  afliquet. 
Noyau  d'abricot  percé  d'un  trou.  Nos  grand' - 
mères  Axaient  ce  noyau  à  leur  ceinture  et 
tricotaient  en  y  appuyant  une  des  aiguilles. 
On  ne  se  sert  plus  guère  d'affiquet  de  nos 
jours. 

Et. —  Affigere,  fixera?   Cf.  Ridet  =  Rifiet. 


ÉRACE  —  ERGUÉLISSE 


357 


Érace  (de  F),  Lrm.  —  Du  lierre.  —  ^lieux 
hérace. 

Érâcliée  (Sa.),  s.  f.  —  Eraflure.  Semble 
dér.  de  Râche,  Râcher,  Râjer.  Erussée  paraît 
être  une  corrupt.  ou  un  doublet  de  ce  mot. 
V.  Râchage. 

Ërâclier  (Segr.),  v.  a.  —  Er.  les  épines. 
Mettre  une  haie  à  nu  ;  chêne  ou  ormeau,  on 
ne  laisse  que  la  souche.  —  L'épine  noire, 
blanche,  les  genêts  sont  érâchés  tous  les 
quatre  ou  cinq  ans,  au  moyen  d'une  vouge, 
serpe  à  grand  manche,  en  forme  de  croissant. 
V.  Râcher. 

Et.  —  Eradicare?  —  Cela  voudrait  dire  plutôt 
déraciner,  et  ce  n'est  pas  le  sens. 

Ërâflée  (By.),  s.  f.  —  Eraflure.  Syn.  de 
Erâchée.  Cf.  EraleUe. 

Érai,  érais  (Mj.),  v.  n.  —  Fut.  de  l'ind.  et 
cond.  prés,  du  v.  Aller.  Ex.  :  i'érons  demain 
aux  noces.  N.  On  prononce  :  ée-rai,  ée-rais. 

Éraigne  s.  f.  —  V.  Iraigne.  C'est  un  grapin, 
à  plusieurs  branches,  une  araignée. 

N.  —  LiTT.  donne  Erigne,  petite  pince  armée  de 
crochets  (pour  la  chirurgie). 

Érâiller  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  ré.  —  Faire 
des  elîorts  pour  débarrasser  la  gorge  des 
mucosités  qui  l'obstruent  ;  chasser  violem- 
ment l'air  des  poumons.  Syn.  de  Râgonner. 
Même  rac.  que  Râillonner  et  Râgonner.  Fr. 
Râle,  râler. 

Et.  —  Probablement  de  Es  et  Rallum,  râcloir. 
Ne  peut  venir  de  arracher.  (Litt.)  Dans  son  Suppl. 
LiTTRÉ  ajoute  :  Exradiculare,  de  radere,  comme 
fodiculare,  fouiller,  de  fodere.  =  Scheler  :  D'un 
type  lat.  exrallare,  tiré...  du  subst.  rallum, 
ràcloir.  Un  type  E-radulare,  de  radula,  même  sens, 
est  également  admissible. 

Éraler  (Sp.,  Mj.),  v.  a.  —  Casser  les  jambes 
à,  rendre  boiteux.  Ex.  Chaire  éralée,  —  chaise 
boiteuse.  —  V.  Raie,  qu'on  retrouvera  dans 
Râloire.  \\  (Lg.).  —  Par  ext,  et  au  fig.,  déchi- 
rer. Ex.  :  J'ai  éralé  ma  culotte  dans  les  érondes. 

—  N.  A  rapprocher  du  v.  Erailler.  —  Jatjb. 
Araler. 

Éralettc  (Lg.),  s.  f.  —  Eraflure.  On  dit 
proverbialement  :  Il  n'est  pas  fort  ;  pour 
charger  eine  gearbe  il  fait  trois  trous  et  eine 
éraleUe,  —  c.-à-d.  qu'après  avoir  piqué  sa 
fourche  (2  trous),  il  est  obligé  d'appuyer  le 
manche  à  terre,  ce  qui  fait  un  3^  trou,  et 
encore  ce  manche,  en  glissant,  écorchele  sol. 

—  De  Eraler.  \\   Déchirure,    accroc.  Syn.    de 
Echirette. 


Er  —  (By.)  Observations.  «  L'interversion  Er, 
remplaçant  Ile,  se  rencontre  dans  une  foule  de  mots; 
elle  est  aussi  fréquente  que  les  syll.  hre,  cre,  cire,  fre 
sont  communes  dans  notre  langue.  Mais  une  con- 
dition est  nécessaire,  c'est  que  l'e  de  re  soit  bref 
ou  presq\ie  muet.  S'il  est  long  ou  traînant,  com. 
dans  Grêler,  frelon,  l'interversion  n'est  plus  pos- 
sible. Ainsi  Fermer,  (ait  fre  mer  (Jaub.).  —  Fuilet, 
By.,  Ercommencer,  er  joindre,  ermarcicr,  erdes- 
endre,  erveni  (r),  etc.  —  Venderdi.  Bat. 


Éraacelces  (Sar.,  By.),  s.  f.  —  Toiles  d'arai- 
gnées. V.  Irancelées.  ||  By.  Rare.  On  dit  : 
Irantègnes,  d'où  :  irantégner. 

Éranceler  (Ec,  By.),  v.  a.  et  n.  — Abattre 
les  toiles  d'araignées,  les  érignées  ou  iraignées. 
V.  Irancelées.  Syn.  de  Irantégner. 

Ëranculant  (en)  —  (Lg.),  loc.  adv.  —  En 
traînant  la  jambe  ;  s'emploie  avec  :  aller, 
marcher. 

Ëraouir  (Segr.j,  v.  a.  —  Etouffer.  (Mén.) 

Erbouchcr  (Segr.)  du  nez.  V.  n.  —  Faire  la 
moue.   (Mén.)  Cf.  Remuser,  Rimoucher. 

Er  brasser  (Segr.),  v.  a.-  —  Relever  les 
manches  de  sa  chemise  (Mén.)  —  De  :  bras. 

Ercéper  (Partout),  v.  a.  —  Recevoir.  On 
dit  Ercéper  une  ballote.  —  Recéper  ;  reci- 
pere. 

Erchigner  (Ec,  By.),  v.  n.  —  V.  Archigner. 

Erclamer,  v.  a.  —  Réclamer. 

Ercoiter  (Segr.),  v.  a.  —  Ercoiter  un  gre- 
nier ;  réparer  en  terre  glaise,  mêlée  de  bouse 
de  vache,  le  sol  d'un  grenier.  De  couette,  espèce 
de  matelas.  (Mén.)  —  V.  Couette. 

Erdaler,  v.  a.  —  Syn.  de  Ridaler. 

Erdévance  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Redevance  ; 
aller  à  Verdévance  de  qqn,  —  à  sa  rencontre, 
au  devant  de  lui. 

Erdévancer  (Mj.),  v.  a.  —  Devancer. 

Erdhiéter  (Cho.),  v.  a.  —  Attraper  au  vol, 
saisir,  empêcher  de  tomber  (recéper,  :eguet- 
ter).  Ex.  :  Y  s'penchait  su  la  dorne  du  puits  ; 
si  j'I'avais  pas  r'dhietté,  y  chédhîait  (chéait, 
tombait)  dedans.  » 

Et.  —  Guetter  ;  Pic,  vater  ;  wall.,  waiti  ;  aha, 
wathân,  veiller,  garder.  —  P.  ext.,  saisir  qqn  qus 
l'on  guette. 

Erfoiirclier  (Segr.),  v.  a.  — Deuxième  labou- 
rage à  la  cobèche  ou  à  la  tranche  ;  2"  travail 
à  la  fourche.  (Mén.). 

Ergancier  (Sal.).  —  Eglantier.  Rosier  sau- 
vage portant  ce  qu'on  appelle  larose  de  chien. 
V.   Argancier,  Arlantier. 

Ergarder  (Zig.  203.  By.),  v.  a.  —  Regarder. 
Y.  Are  garder. 

Ergot-de-Joc  (Pell.),  s.  m.  —  Chiendent 
roquarl.  —  Métaph.  très  expressive.    V.  Joe. 

Ergiieillé  (Z.  134,  Q.,  By.),  adj.  q.  —  Irrité, 
envenimé.  Le  verbe  :  Ergueiller. 

Ergiipillir  (s')  —  (Br.,  Zig.  134),  v.  réf.  — 
S'irriter,  s'envenimer,  se  gonfler.  Syn.  et  d. 
de  s'Orgueillir. 

Ergiieillisser  (Mj.),  v.  a.  — V.  Regueillisser, 
qui  est  le  même  mot,  avec  métath.  de  l'r  et 
de  l'e,  très  fréquente.  Voyez  Er,  Note.  Se 
rapproche  de  Orgueillir.  —  Hérisser,  ébour- 
rifter.  Syn.  de  Harissonner,  V.  Erguelissé. 

Ergiiélissc  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Réglisse 
Corr.  de  Reguélisse. 

Et.   —   Pour   :   rcguelice,'.  requelice,   sorti   par 


358 


ERGUÉLISSER  —  ERRÉ 


métath.  de  lequerice,  du  lat.  liquiritia,  transcrip- 
tion popul.  (sous  l'influence  de  liquor,  liqueur)  du 
grec  glukurridza,  proprement  :  racine  douce.  Aux 
xn«,  xm®,  liquorece,  reçulisses. 

Ergiiélisser  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Hérisser,  en 
parlant  par  ex.  des  cheveux.  Cf.  Ergueillisser. 

Et.  —  P.-ê.  du  lat.  hericius,  hérisson  ;  (hericio- 
nem,  forme  augmentée).  —  Non.  Gorrupt.  de  Er- 
gueillissé,  Regueillissé,  dont  la  rac.  est  Guée  ou 
Gueille. 

Éribé  (Sp.),  s.  m.  —  V.  Girbé.  Coupe- 
bourgeon. 

Érielle  (Mj.),  s.  f.  —  Tête  ou  borne  de  bois 
fixée  au  bordage  d'un  bateau  pour  l'amarrage 
des  cordes  de  manœuvre.  Ex.  :  Eine  érielle  de 
bouline.  V.  Rielle. 

Érifler,  v.  a.  —  Erafler.  Egratigner.  On  dit 
aussi  Erofler.  On  érifli  l'eau  en  jetant  des 
ardoises  à  la  surface  de  l'eau  (Mé>'.).  — 
Ricochets. 

Érignées,  Iraignées  (Ec,  By.),  s.  f.  pi.  — 
Araignées  ;  toiles  d'araignées. 

Éripeaiix  (Lx.),  s.  m.  Oreillons.  Pour  Ori- 
peaux? Syn.  de  Jottereaux,  Goumons,  Ori- 
peaux. 

Ériper  (Lg.,  By.),  v.  n.  —  S'échapper  par 
le  bord  ;  échapper  brusquement  à  son  point 
d'appui  ;  déraper.  Plus  employé  au  Lg.  que 
son  syn.  Dériper.  Syn.  de  Débricoler,  Dérico- 
cher. 

Et.  —  Déraper  ;  dé  -^  germ.;  holl.,  rapen  ;  suéd., 
rappa  ;  ail.,  rafïen,  saisir.  C'est  :  ne  plus  saisir. 

Erlache,  s.  m.  —  V.  Chardon. 

Erlâche,  Erlâcher  (By.).  — ■  Relâche,  relâ- 
cher. V.  Erlantier  après  Errière. 

Erliquette,  s.  f.  —  Un  reste,  un  reliquat. 
«  J'avons  ben  tertous  eune  erliquette  de 
bonnes  chouses  à  vous  marquer. . .  »  (M.  VÉ- 
TAULT,  Angevin  de  Paris.) 

Erluire  (Mj.),  v.  n.  —  Reluire.  Ex.  :  Tes 
sabots  ne  sont  guère  erluisants.  Syn.  de 
Reluiser. 

Et.  —  Mot  picard  ;  paraît  être  d'orig.  german. 
Cf.  l'angl.  to  look. 

Ermarque  (Mj.),  s.  f.  —  Marque,  point  de 
repère.  Doubl.  de  Remarque. 

Ermé  adj.  q.  ou  part.  pas.  —  V.  Renié. 

Erminette  (Bg.),  s.  f.  —  Goule  d' erminette  ; 
visage,  maigre. 

Et.  —  Erminette,  ou  herminette,  espèce  de  hache 
à  tranchant  lunaire  convexe,  pour  planer  et  doler 
le  bois.  De  :  hermine,  parce  qu'on  a  comparé  la 
partie  recourbée  de  l'erminette  au  museau  de  l'her- 
mine. 

Ermenae,  s.  m.  —  Almanach.  Syn.  et  doubl. 
de  Arména. 

Ermoire  (Ec,  By.),  s.  f.  —  V.  Onnoire. 

Ernafler  (Segr.,  By.),  v.  n.  —  Aspirer 
bruyamment  ;  se  dit  d'un  animal  qui  a  peur. 
Pour  :  renifler.  —  On  donne  une  erniflée  de 
tabac,  pour  :  une  prise.  (Mén.). 


Et.  —  Re  4-  nifler  ;  souffler  par  le  nez  ;  d'un  mot 
germ.  q.  signifie  :  bec,  nez. 

Erne  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Vent  d'Est.  Etre 
sous  l'erne.  Cf.  Galerne  et  Soulère.  Quand  le 
vent  est  sous  la  Galerne,  les  aspics  courent 
aux  champs  ;  mais  quand  il  est  sous  Verne, 
les  aspics  restent  dans  leurs  trous. 

Et.  —  Bas-bret.  Gwalarn,  galerne  ;  de  gai,  vent, 
et?  V.  Erne  au  supplément. 

Éronce  (Lue,  By.,),  s.  f.  —  Ronce. 
Et.  —  Lat.  Ruraicem.  V.  Eronde,  Eronze. 

Ëroiide  (Sp.),  s.  f.  —  Ronce.  V.  Eronce.  Ne 
pas  confondre  avec  :  Queue  d'éronde,  terme 
de  menuiserie  (Mj.),  où  éronde  vient  du  lat. 
Hirundo,  hirondelle. 

Ëronder  (Lg.),  v.  a.  —  Piquer  avec  des 
ronces.  Syn.  et  d.  de  Bronzer.  Dér.  de  Eronde. 

Ëronfier  (Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Eglantier. 

N.  —  Ce  mot  est  syn.  de  Argancier,  Arlantier, 
Argancier,  Ergancier.  Il  en  est  aussi  très  proba- 
blement un  doublet,  aussi  bien  que. du  mot  fr.  — 
A  noter  toutefois  qu'il  se  rapproche  par  sa  forme 
de   Eronde,  Eronze,  Eronzier. 

Ëronze  (Fu.,  Mj.),  s.  f.  —  Ronce.  V.  Eronde. 
Ex.  :  Il  é  chêt  dans  lés  éronzes  ;  il  a  la  goule 
toute  égracignée.  » 

Ëronzer  (s')  —  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  piquer 
à  des  ronces.  Dér.  de  Eronze.  Syn.  et  d.  de 
Erotider. 


Ronceraie,  hallier 


Eronzier  (Mj.),  s.  m. 
de  ronces  —  de  Eronze. 

Ëroiière  (Sm.),  s.  f.  — •  V.  Rouère. 

Erpecre,  s.  m.  —  Revêche  (Mén.),  Je  sup- 
pose :  Air  pècre,  picras,  pèque. 

Et.  —  Pecque.  Emprunté  du  prov.  mod.  péco, 
fém.  de  pec,  sot.  Lat.  pecus.  —  Employé  par  Mo- 
lière. 

N.  —  «  Je  le  ferais  venir  de  Pecque,  pour  Bec. 
Un  coq  en  colère  est  redoutable  par  ses  ergots  ; 
mais  la  plupart  des  oiseaux,  lorsqu'ils  se  défendent, 
donnent  des  coups  de  pèque  dont  il  faut  se  défier. 
Avez-vousvu  un  héron,  un  cormoran,  une  poule 
d'eau,  etc.  en  colère?  Tout  coup  de  pèque  fait  trou. 
Il  faudrait  écrire  Erpecque  (By.).  —  Je  m'en  tiens 
à  la  première  étym.  (A.  V.),  RO.  à  la  2«. 

Erprésenter  (Mj.),  v.  a.  —  V.  Représenter. 

Erqué  (Craon),  adj.  q.  —  Las.  —  Recru? 

Erquelier  ( Ag. ,  Cnd. ,  Segr.  ),  s.  m.  —  Vaurien' 
paresseux.  Se  dit  aussi  Harquelier.  \\  By.  pour 
ce  dernier. 

N.  —  DE  Mont,  cite  :  Erquanier,  Erquenier, 
Arquanier. 

Erqueiiper  (Po.),  v.  n.  —  Redoubler,  se 
presser.  —  Recoper? 

Erré,  adj.  q.  —  Mois  qui  a  un  r  dans  son 
nom.  11  By.  —  Les  huîtres  et  les  moules  sont 
dangereuses  dans  les  mois  qui  ne  sont  pas 
erres.  V.  Trèfle  verte,  au  F.  Lore,  m,  Suppl. 

—  «  Si  les  mois  ne  sont  pas  erres, 

«  Le  poisson  ne  mangerez.  »  (Prov.  MÉx.) 

—  «  Boire  eau  point  ne  devez 

«  Aux  mois  où  R  trouverez.   » 

(Le  Roux  de  Lescy). 


ERREUR  —  ESBROUFE 


359 


Les  Anciens  disaient  : 

«  Mensibus  erratis,  ad  solem  ne  sedeatis.   » 
Ne  vous  asseyez  pas  au  soleil  dans  les  mois  errés. 
—  Mensibus  erratis  medicus  probat  ostrea  sumi. 

Erreur  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Se  mettre  en 
erreur  avec  qqn,  —  être  en  désaccord,  en  bis- 
bille, avoir  un  différend. 

Errière  (Mj.), s.  m.  An  ière 'Enerrière.  jj  Interj- 
Errière  !  —  Les  charretiers  s'en  servent  pour 
faire  reculer  leurs  chevaux.  —  Cf.  Derriou  ! 
Arre. 

Erlantier  (Li.,  Br.).  —  Eglantier. 

Et.  —  Norm.,  Argancier  ;  Berry,  arlantier.  La 
forme  primit.  est  l'anc.  fr.  Aillent.  —  Diez  le  tire 
de  Aculeus,  aiguillon.  Syn.  de  Eronfier  ,Arlantier, 
Argancier,  Ergancier. 

Érudée,  s.  f.  —  Erussée. 

Érufer,  ÉniiVer  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Cueillir 
les  feuilles  d'arbres,  en  les  détachant  au 
moyen  de  la  main  passée  en  rebroussant  le 
long  des  branches.  Doubl.  du  v.  f.  Erafler. 
Syn.  de  Groger  ;  Erusser,  qui  semble  bien  être 
le  même  mot  et  en  est  syn.  à  Auverse  ;  Epier, 
Epier,  Epéier. 

Ërussage,  s.  m.  —  V.  Erussée. 

Érusse,  s.  m.  —  Rembrayures.  Espèces  de 
délits  qui  ne  sont  jamais  accompagnés  d'au- 
cun  dérangement   de  la  couche  sclristeuse. 

(MÉN.) 

Erussée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Grand  travail, 
grande  fatigue,  accident  ou  maladie  grave. 
Ex.  :  Il  en  a  attrapé  d'eine  erussée  !  \\  Auv.  — 
Action  de  gruger  le  chanvre.  C'est  là  le  sens 
propre  du  mot.  Ce  sens,  comme  la  chose  elle- 
même,  est  inconnu  à  Mj.,  où  l'on  broie  tou- 
jours le  chanvre.  Dans  la  région  d'Auverse,  le 
travail  de  Vérussée  se  fait  dans  les  veillées, 
appelées  elles-mêmes  Erussées,  auxquelles  on 
convoque  les  voisins.  V.  Enoulées.  \\  Epreuve 
cruelle.  ||  Tr.  —  Plan  de  glissement  des 
schistes  par  une  masse  de  rocher  plus  ou 
moins  considérable  qui  tend  à  tomber  dans 
une  carrière,  c.-à-d.  à  s'érusser.  (Mén.). 

Érusser  (Te,  Lue,  By.,  Sar.,  Mj.),  v.  a.  — 
Ecorcher,  gratter  fortement,  comme  fait  un 
corps  rugueux.  Ex.  :  La  corde  m'a  érussé  les 
mains.  ||  User,  érailler.  Ex.  :  Tu  as  joliment 
érussé  ta  culotte  à  te  traîner  sur  les  genoux.  j| 
Se  servir  de,  porter  pour  la  première  fois  un 
objet  neuf.  Ex.  :  C'est  moi  qui  ai  érussé  ces 
chemises-là.  ||  Auv.  —  Gruger,  dépouiller  de 
ses  graines,  le  chanvre.  Extraire  la  graine 
d'une  plante  en  la  faisant  glisser  entre  deux 
corps  durs,  sans  détruire  la  tige.  —  Syn.  de 
Erufjer,  Groger,  Epier,  Epéier.  —  On  érusse  des 
feuilles  de  vigne,  d'orme,  etc.  pour  les  vaches  ; 
de  Tavoine  folle  pour  les  oisons.  —  Ti., 
Zig.  150,  id.  Erusser  de  la  feuille,  la  détacher 
à  la  main.  Syn.  de  Groger.  ||  Mj.  —  Fig. 
Erusser  ein  confesseur,  —  se  confesser  la  pre- 
mière à  lui.  Il  V.  réf.  —  S'adoucir,  se  polir  par 
l'usure. 

Et.  —  Par  curiosité  je  citerai  Ménage  :  «  Belon, 


livre  3  de  son  Ornithologie,  ch.  vrn,  parlant  de 
l'oiseau  appelé  lièvre  :  Sa  queue  est  ronde  comme 
celle  des  oiseaux  de  rivière.  Mais  la  voyant  errussée 
par  le  bout,  avons  eu  occasion  de  penser  qu'il  ss 
perche  et  fait  son  nid  par  les  rochers  et  sur  les 
arbres.  »  —  Nous  disons  en  Anjou  :  «  érusser  le 
chanvre  »,  pour  dire  :  arracher  la  graine  du  chanvre 
avec  un  certain  bâton  fendu.  Peut  estre  d'Eruo, 
erusso,  erussare,  érusser.  Dans  le  passage  de  Belon 
errussé  semble  être  dit  pour  hérissée  »  =  Dottin, 
propose  :  Emonder  une  «  rus  »,  vieille  émousse, 
souche.  —  Tout  cela  est  peu  concluant. 

Érussoire  (Pell.),  s.  f.  —  Instrument  qui 
sert  à  égrener  le  chanvre.  On  l'appelle  aussi 
Diable  (à  Pell.).  Il  est  constitué  par  un  pan- 
neau en  planches,  maintenu  verticalement, 
dont  le  rebord  supérieur  est  garni  de  pointes 
très  rapprochées. 

Érut  (My.),  s.  m.  —  L'érut.  Le  lierre.  Syn. 
de  Lier  ru,  Hé  race,  Erâce. 


Esbaubi 


V.  Ebaubi. 


Esbigner  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  S'en- 
fuir, s'esquiver  avec  l'idée  de  le  faire  en  se 
dissimulant.  Syn.  de  se  Cavaler,  prendre  sa 
discampette.  Argot. 

EL  —  LiTTRÉ,  Suppl.  —  «  Géxin  le  dérive  de 
bigne,  pioche,  et,  trouvant  dans  le  dialecte  napoli- 
tain «  sbignare  »,  dans  le  même  sens  que  le  mot  fr., 
veut  qu'il  ait  été  introduit  à  Naples  par  les  soldats 
de  Charles  VIIL  Erreur  ;  le  mot  est  d'origine  ita- 
lienne et  se  trouve  dans  les  «  Donne  curiose  »  de 
GoLDOKi  (II,  23)  ;  Arlequin  s'y  sert  de  cette  expres- 
sion qui,  par  conséquent,  n'appartenait  pas  seule- 
ment au  dialecte  de  Naples,  mais  aussi  à  celui  de 
Bergame  (ou  p.-è.  de  Bologne,  où  la  scène  se  passe). 
L'auteur  (ou  l'éditeur)  l'explique  par  «  svigno  », 
que  le  dictionnaire  de  Buttura  traduit  ainsi  : 
décamper,  sortir  de  la  vigne  (probablement  comme 
un  maraudeur).  Buttura  donne  un  exemple  tiré 
du  Malmantile.  Le  mot  est  donc  originairement 
italien    et   l'origine    pleinement   éclaircie.    (Félix 

BOVET.) 

—   «  Et  l'amant  qui  s'sent  morveux 
«  S'esbigne  en  disant  :  Si  j'tarde, 
«  Si  j'm'amuse  à  la  moutarde, 
«  Nous  la  gobons  tous  les  deux.  » 
(DÉs.\UGlERS,  Parodie  de  la  Vestale,  II,  7*  couplet. 
Jaubert  qui  renvoie  à  Génin,  Récréât,  philol.  II, 
104.) 

Esbiner  (s'),  v.  réf.  —  V.  S)' esbigner. 

Esbroufe  (Partout),  s.  f.  —  Embarras,  airs 
prétentieux.  Ex.  :  Faire  de  Vesbroufe  ou  des 
esbroufes,  —  faire  de  l'embarras,  se  donner 
des  airs  importants.  —  Syn.  de  Epate,  Em- 
patte,  Escarts.  ' 

Et.  —  On  choisira.  —  Litt.  «  Ch.  Nisard  {Reçue 
de  l'Instr.  pubL,  2  août  1860),  trouvant  dans  des 
textes  anciens  «  esboufer  »,  pour  :  éclater,  rejaillir, 
pense  que  c'est  le  même  mot  ;  cela  est  possible. 


Es  —  Observations.  —  Es  (sifflant)  s'emploie 
qqf.  pour  s  simple,  au  commencement  des  mots, 
comme  dans  Escandalc,  Escabicusc,  Espécial, 
Esqueletie.  Estatue,  Estomachique,  Estudieux,  etc. 
—  Es  est  une  interversion  de  la  syllabe  se,  dans 
Escouer,  Escousse,  pour  Secouer,  Secousse.  — ■  Voir 
Observ.  à  S. 


360 


ESBROUFEUR  —  ESCOLTER 


bien  que  l'épenthèse  de  l'r  au  milieu  fasse  difliculté. 
—  Au  Suppl.  :  Vol  à  Vesbroufe,  où  des  compères 
bousculent  une  personne  qui  vient  de  toucher  de 
l'argent  et  la  volent.  »  =  Dict.  gén.  «  Emprunté  du 
prov.  mod.  esbroufa,  proprement  s'ébrouer  ;  —  il 
sort  une  certaine  vapeur  (brouée)  de  la  narine  du 
cheval,  quand  il  s'ébroue.  »  =  Du  vx  mot  italien 
Sbruffo,  éclaboussure.  Sbruffare,  éclabousser,  cor- 
respond à  notre  provenç.  Esbroufar  (ébrouer,  en 
parlant  des  chevaux,  c.-à-d.  souffler  avec  force  en 
éclaboussant.)  L.  Larchey. 

Esbroufeur  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Celui  qui 
fait  de  Vesbroufe.  Syn.  de  Epateur,  Empatteur, 
Estrabroufeur. 

Escabieuse.  —  Scabieuse.  —  Voir  Es.  Note. 

Et.  —  Lat.  du  m.  âge  Scabiosa,  de  scabies,  gale  ; 
on  employait  autrefois  la  scabieuse  des  champs 
contre  la  gale.  Syn.  de  Beaux-hommes,  Veuve. 

Escache-breton.  —  «...  et  vindrent  les 
enfants  du  duc  et  leurs  gens  au  pied  du  chas- 
teau  d'Angers,  jusques  à  la  tour  qui,  depuis, 
fut  nommée  escache-breton.  »  J.  de  Bofrd., 
C.  L.l,  212. —  Y.Ecacher. 

"îlseandale,  Escandaliser,  Escarlatine,  etc. 
Voir  Es.  Observations.  Note.  —  (Mj.,  By.). 

Escarbouffias  (Ps.),s.  m.  —  Plaques  de  bou- 
tons sur  le  visage.  N.  Inconnu  à  Mj.,  pour 
Escarbouf/as  =  e.s«arbouc/as.  (Cf.  Riclet  :— 
riflet;  Cleau  =  fléau,  etc.)  qui  est  le  franc. 
Escarboucle  avec  termin.  péjor.,  du  lat.  Car- 
bunculus. 

Escargot  (Lg.),  s.  m.  —  Scarabée  ;  tout 
gros  coléoptère.  Syn.  de  Barbot.  Corr.  du  fr. 
Escarbot. 

N.  —  De  la  sorte,  au  Lg.,  les  escargots  volent 
très  bien.  ||  By.  —  Limaçon.  Son  nom  vulgaire  est  : 
lumâs.  Pour  désigner  les  scarabées  et  autres  gros 
coléoptères,  surtout  les  hydrophiles,  on  dit  :  un 
a'ibot,  qqf.  barbot. 

Escarnoufler  (Sal.),  v.  a.  —  Scandaliser. 
(Ironique) 

Escarpiller,  v.  a.,  les  yeux.  —  P.  Ecarquil- 
1er. 

Et.  —  Vx.  fr.  Ecartiller,  —  la  prononc.  ti  =  qui, 
a  donné  Ecarquiller.  De  E-j-  quart  -j-  iller.  Propre- 
ment :  mettre  en  quatre,  à  force  d'ouvrir. 

Escart  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Répit,  trêve.  Ce 
mot  est  employé  par  les  enfants  dans  les  jeux 
de  barres,  de  vise,  du  loup.  Cf.  Coupe. 

N.  —  Lorsqu'un  des  joueurs,  poursuivi  de  près, 
se  sent  fatigué,  il  demande  :  De  l'escart,  c.-à-d.  un 
moment  pour  reprendre  haleine. 

Et.  —  C'est  le  vx  fr.  Escart,  avec  l'ancienne  pro- 
nonciation ;  fr.  mod.  Ecart.  =  C'est  de  Vécart  aux 
cartes  que  sont  venus  tous  les  sens  de  écarter. 
LiTTRÉ,  qui  cite  Escart.  Terme  d'écolier.  Au  jeu 
de  barres,  avance  sur  l'adversaire,  dans  la  course 
qu'on  doit  fournir.  Demander  de  Vescart.  Sans 
doute  le  même  (}ue  :  écart.  =  «  Soy  amusant  à  Ves- 
cart de  la  compagnie.  »  (Rab.,  Sciom.,  p.  596.) 

Escarts  (Sp.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  dans  la  loc.  Faire  ses  escarts,  —  f.  de  la 
piaffe,  des  embarras.  Syn.  de  Esbroufe.  Sans 
doute  le  même  que  le  précédent,  pris  au  fig. 
—  V.  Epate,  Empatte.  Cf.    Verver. 


Eschabouillure,  s.  f.  —  Ampoule  prove- 
nant d'une  brûlure.  Franc.  Echauboulure. 

Eschdettes,  Bschilettes  (Sar.),  s.  f.  — 
V.  Echelette,  Echalette. 

Ilist.  —  «  En  1598  mourut  la  dame  du  jeu  de 
paulme  du  Pélican...  les  Angevins  en  dressèrent 
aussy  l'ordre  du  convoy  de  cette  sorte  :  Et  premier  : 
Les  sonneurs  d'eschelettes. . .  (Bk.  de  Taetif,  Phi- 
landin,  510).  =  Campanelle. 

—   «  Frains  seurorez,  et  compenelles, 
«  Et  eschelettes,  et  lorains.  » 

(G.    GUIART.   —   L.   C.) 

Escicotter,  Scicotter  (Sar.),  v.  a.  —  Couper 
avec  difficulté  ;  alors  viendrait  de  scie  ;  et 
ôter  les  tuyaux  à  la  volaille,  de  sicot. 

Esclande  (Bl.),  s.  m.  —  Esclandre,  Scan- 
dale. —  Lat.  Scandalum. 


-  Eclipse.  Ex.  :  La 
il  y  a  eu  éclipse  de 


Esclipe  (Mj.),  s.  f. 
leune  a  fait  esclipe,  - 
lune. 

Et.  —  Corr.  du  mot  fr.  par  une  de  ces  métathèses 
familières  au  patois.  «  C'est  le  jour  où  le  soulé  a 
fait  esclipe.  » 

Esclopié,  adj.  q.  —  Eclopé.  Cf.  Clopin, 
dopant. 

Esclos,  Esciops,  Esclots  (Sp.,  By.),  s. 
m.  —  Gros  sabots,  appelés  à  Mj.  Sabots  cou- 
verts, et  ailleurs  :  beutliers.  «  Et  portant  lous 
esciops  ferrats  »,  et  portent  leurs  sabots  ferrés. 
N.  P.  —  Syn.  Sabots  taupes,  eu  ataupés. 

Et.  —  LiTTRÉ,  Suppl.  uEsclot.  Nom,  en  Dauphiné- 
d'une  espèce  de  sabot,  tout  en  bois,  d'une  seule 
pièce.  A.  fr.  Esclo,  trace,  vestige  des  pas  ;  pro- 
venç., esclau,  qui  viennent  d'après  Diez,  de  l'aha- 
Slag,  corrompu  en  Sclag,  am.  Schlag,  coup.  —  Es- 
clotier,  le  fabriquant.  — Rab.,  IIL  17,  parlant  de 
la  Sybylle  de  Panzoust.  — «  Depuis  je  vis  qu'elle 
déchaussa  un  de  ses  esclos  :  nous  les  appelons  sabots  ; 
mit  son  devanteau  sur  sa  teste. . .  »  —  Au  ch.  xxvn 
du  1.  V,  il  appelle  Isle  des  Esclots,  l'isle  des  religieux 
qui  portent  des  socques.  —  Y  aurait-il  du  rapport 
avec  Soccus?  Douteux.  =  la  Curne  ;  Bûche.  — 
Souliers  de  bûche,  pour  :  sabots  :  «  Souliers  de 
bûche  (alias  des  sabots)  qu'ils  disent  en  ce  pays-là 
(à  Toulouse),  des  esciops,  si  bien  m'en  souvient, 
lesquels  esciops  ils  font  pointus  par  le  bout,  pour 
la  braveté.  «  (Contes  de  Des  Perriers).  =  «  Le 
reste  emplissans  d'eau,  comme  font  les  Limosins  à 
belz  esclotz,  charroyans  les  vins  d'Argenton.  » 
(Rab.,  p.,  m,  52,  332.)  —  Se  trouve  dans  Daudet. 
Souvenirs  d'un  homme  de  lettres.  (Notes  sur  Paris.) 

—  «  Les  nounous  ».  —  Les  nourrices  arrivent,  par 
fournées  de  huit  ou  dix,  piétinent  et  s'alignent 
soumises,  leur  enfant  au  bras,  avec  un  bruit  d'es- 
clots,  de  souliers  à  clous.  »  —  V.  Roman  de  Renart, 
7895.  —  D.  C.  v»  Esclaux.  —  Bonav.  des  Per- 
riers. C.  et  J.  devis,  81.  —  Rapprocher  Eclopée, 

—  de  la  difficulté  de  marcher  avec  des  éclops  ,  on 
va  clopin-clopant.  (Ch.  Nisakd,  315.) 

Escoffier  (Mj.,  Lg.,  Sal.,  By.),  v.  a.  —  Tuer. 
Syn.  de  Estourbir. 

Et.  —  Ex  conficere  (achever,  tuer),  tiré  lui- 
même  de  cum  (avec),  ficere  (faire).  Cf.  Confire. 
Ital.  Sconfiggere.  —  Hist.  —  «  Vous  allez  peut 
être  ben  vous  faire  escoffier.  (La  Vendée  catho- 
lique, 31  mars  1907,  p.  2,  col.  1.) 

Escolter  (Mj.,  Lg.,  Li.,  Br.),  v.  a.  —  Escor- 
ter, accompagner.  Cf.  Désalter,  Essalter. 


ESCORBUT  —  ESPLICATION 


361 


Et.  —  Ex,  corrigere,   diriger.   —   Ital.   scorta, 

action  de  diriger. 

Escorbut  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Scorbut.  V. 

Es.  il  Grain  d' escorbut,  —  aphte. 

Escouble?  —  «  Jaune  comme  pied  d'es- 
couhle.  ))  (Br.  de  Tabtif,  Phil.  528.) 

N. — C'est  tout  bonnement  soit  une  corruption, 
soit  une  mauvaise  orthograpiie,  en  tout  cas,  un 
doublet  du  vx  pat.  Estouble,  devenu  Etouble 
au  Lg.,  et  en  franc.  Eteule.  La  comparaison  est 
très  juste.  (R.  O.) 

Escourgeon,  s.  m.  —  Lanière  de  cuir  ser- 
vant de  lien  pour  un  fléau. 

Et.  —  Escourgées.  Fouet  fait  de  plusieurs  la- 
nières de  cuir.  Formé  de  Corgie,  avec  renforcement 
de  Es  prosthétique  ;  le  même  que  courroie.  De 
cuir  ;  lat.  corium.  Cf.  Courgeon. 

N.  —  Pour  façonner  ces  liens  on  se  servait  de 
peaux  d'anguilles  (By.).  —  Hatz.  le  donne  à 
Ecourgeon. 

Escrabe  (By.,  Als),  adj.  q.  —  Exécrable. 
V.  F.  Lore,  Langage,  32. 

Escrasàble  (Mj.),  adj.  q.  —  Abominable, 
affreux,  hideux,  physiquement  ou  morale- 
ment. —  Du  vx  fr.  Escraser,  devenu  Ecraser. 
Doubl.  de  Ecrasable. 

Esculpter  (Mj.)  —  Voir  Es.  Note. 

Escuse  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Excuse.  ||  Faites 
escuse,  —  ou  simplement  Escuse  f  —  excusez- 
moi,  pardonnez-moi,  pardon.  ||  Demander 
escuse,  —  demander  pardon.  —  N.  Loc. 
bizarre.  Faites  excuse  veut  dire  :  Faites  des 
excuses,  littéralement.  —  J'ai  entendu  dire  à 
la  fois  :  Pardon-ej:cwse. 

Et.  —  xir^  s.  escuser,  —  xirP  s.  id.  —  xiv»,  ex- 
cuser. Du  lat.  Excusare.  Il  faut  voir  l'étym.  donnée 
de  Accuser.  Excuser,  accuser,  c'est  tirer  de  cause, 
mettre  en  cause  ;  causa  paraît  donc  bien  être  dans 
le  mot.  Mais,  d'autre  part,  causa  se  rattache  à 
cudere,  frapper,  pousser,  dont  le  fréquentatif  cu- 
sare  est  admis  par  les  ctymol.  latins,  com.  radie. 
de  accusare  et  de  excusare  ;  causa  se  rapportant 
pour  la  forme  à  cudere, comme  clausa  à  cludere,et, 
pour  le  sens  signifiant  :  ce  qui  pousse,  et  figurément, 
affaire  juridique. 

"îsciiser  (Mj.,  By.).  —  Escusez  !  —  inlerji. 
fichtre,  diantre.  Marque  la  surprise  et  l'ironie, 
Ex.  :  Ren  (jue  ça  qu'aile  est  triflée  !  Escusez  ! 
Ane  se  mouche  pas  du  pied, comme  les  poules. 
—  On  dit  aussi  :  Escusez  du  peu  !  —  V.  Escuse. 

Esgail.  —  V.  Eau,  Egail.  —  Répartition. 

Hist.  —  «  ...  de  fasson  qu'il  leur  est  inutille 
et  n'ont  aucun  moyen  de  fournir  aux  charges 
ordinaires  ausquellcs  ledit  revenu  est  des- 
tiné, en  quoy  votre  service  est  de  jour  a  autre 
retardé  avecq  beaucoup  d'incomodité,  et  telle  que 
s'il  n'est  question  que  de  fournir  dix  e.scuz,  soit 
pour  racoustrer  l'une  des  portes  de  la  ville,  faire 
une  barière  ou  autre  menue  dépence,  mcsmes  pour 
les  fraiz  d'un  messaiger,  l'on  est  contrainct  de  {)ro- 
céder  par  esgail  et  déparlement,  à  faulte  de  deniers 
communs.  »  (Requête  adressée  par  Pierre  de  Dona- 
dieu  à  Henri  IV.  —  P.  MaRCHEGAY,  p.  4).  — 
«  Commission  pour  faire  egail  de  la  somme  de 
10.000  livres  réclamée  par  le  roi  pour  subvenir 
aux  frais  occasionnés  par  les  troubles.  »  (C.  Port, 
Im'ent.  p;  30.) 


Esgarade  (Mj.),  s.  f.  —  Equipée.  |!  Eter'  en 
esgarade,  —  en  colère.  —  Syn.  de  Escalmou- 
chée,  Effarouchée,  au  premier  sens. 

Et.  —  Ce  mot  paraît  être  un  dér.  du  vx  fr. 
Esgarer,  fr.  mod.  Egarer.  D'un  autre  côté  il  res- 
semble un  peu  au  fr.  Algarade,  avec  lequel  il  n'est 
pas  sans  avoir  une  certaine  analogie  de  sens.  — 
E,  garer. 

Espacanage  (By..,  Ché.),  s.  m.  —  Espace 
compris  entre  deux  jeunes  arbres,  de  0,60 

(MÉN.). 

Espadronner  (Segr.),  v.  réf.  —  Faire  le 
beau,  le  fier  (MÉx.). 

Et.  —  Espadon,  de  l'ital.  spadone,  augment.  de 
spada,  épée.  —  Espadonner,  manier  cette  épée.  —  ? 

Espartise  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Expertise. 

Esparvier  (Sp.,  Li.,  Br.),  s.  m.  —  Epervier. 
V.  Riflet,  Bidet. 

Et.  —  C'est,  avec  la  prononciation  pat.,  pour  la 
2«  syll.,  le  vieux  fr.  Espervier,  angl.  Sparrow. 

Espèce  de. . .  —  Loc.  qui  commence  toutes 
les  injures.  Espèce  de  vieux  sot,  d'imbécile, 
de  propre  à  rien,  etc.  —  ||  Mj.,  Lg.  —  Bête 
d'espèce,  —  bête  de  race  pure.  Ex.  :  N'y  a  pas 
eine  mauvaise  vache,  mais  a  n'est  point  d'es- 
pèce. Il  Espèce  !  — •  absolument.  —  Exclama- 
tion marquant  le  dédain,  avec  le  sens  de  : 
nigaud  ou  mauvais  sujet. 

Espectacle  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  V.  Es,  note. 

—  Ex.  :  C'est  ein  bel  espectacle. 

Espédient,  Espédier  (By.).  —  Expé- 
dient, etc. 

Espérer  (By.),  v.  a.  —  Attendre.  Ex.  : 
Espérez-moi  une  minute. 

N.  Jaubert  :  «  S'emploie  même  en  parlant  de 
choses  fâcheuses.  «  On  espère  encore  une  crue, 
disaient  les  riverains  de  la  Loire,  après  le  désastre 
du  31  mai  1856.  »  —  Virgile  dit  :  (En.,  iv,  149). 
«  Hune  ego  si  potui  tantum  sperare  dolorem.  » 

—  «  Adonc  fusmes  tous  esbahiz  plus  que  devant 
et  espérions  tous  être  en  péril  de  mort.  »  (Joixv. 
Histoire  de  saint  Louis.) 

Espérieiice  (Mj.,  By.).  —  Expérience. 

Espert  (Mj.,  By.).  —  Expert.  De  même  : 
Espertise,  Espartise. 

Espic  (Ec,  By.).  V.  AspL  —  Eau  d'espic, 
ou  de  spic.  —  Alcoolat  de  lavande. 

Espiègrc  (Lg.),  adj.  q.  —  Rechigné,  de 
mauvaise  humeur,  de  caractère  difficile, 
rébarbatif.  Syn.  de  Rechignoux,  Rechégnoux, 
Hargnoux,  Harguégnoux.  C'est  le  mot  fr. 
Espiègle,  détourné  de  son  sens  et  estropié. 

Espicr  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Epier,  observer. 
Syn.  de  Echaupir,  Echaupionner. 

N.  —  Cette  forme,  employée  naguère  encore  par 
quelques  vieillards  est  maintenant  hors  d'usage.  — 
Aha  spehôn,  ail.  spàhen  ;  angl.  to  spy.  Cf.  lat.  Spi- 
cere  ;  grec,  skopein.  —  Voir. 

Espiriluol.  —  V.  Es,  note.  (Mj.). 

Esplicàfion  (Mj.),  s.  ï.  —  Explication.  || 
Au   })lui'.    Discours  abunliiqués.   prétentieux; 


362 


ESPLIQUER  —   ESSAIVER 


Espliquer  (s')  —  (Mj.).  —  Absolument  : 
Parler  d'une  manière  prétentieuse  et  pédante, 
avec  affectation  ;  employer  des  mots  recher- 
chés, le  plus  souvent  mal  compris. 

Et.  —  Lat.  Ex.  plicare  ;  fjroprement  :  déployer. 
La  forme  d'origine  est  :  esployer  (Cf.  Eployé). 
Expliquer  a  été  refait  sur  le  latin.  —  ïtal.,  esplicare. 

Esploter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Exploiter. 

Et.  —  D'un  fréquentatif  fictif  :  explicitare,  de 
explicare,  lequel  ayant  le  sens  d'achever,  terminer, 
a  donné  toutes  les  acceptions  du  v.  exploiter.  — 
N.  Cette  forme  patoise,  dont  l'assonance  avec  le 
franc.  Comploter  est  frappante,  m'amène  immé- 
diatement à  établir  l'origine  de  ce  dernier.  Hatzf. 
dit  :  Comploter  vient  de  complot,  mais  l'origine  de 
ce  dernier  est  inconnue.  J'ose  dire  au  contraire  : 
Complot  est  le  subst.  verb.  de  comploter,  et  com- 
ploter vient  du  lat.  fictif  Complicitare  ;  Exploter 
de  Explicitare.  D'ailleurs  complicitare  vient  de 
complex,  —  icis,  qui  a  donné  le  franc.  Complice.  Et 
qui  complote  (complicitat)  sinon  des  complices 
(complices)?  A  noter  aussi  que  nos  paysans  disent 
toujours  :  Etre  de  complice,  comme  qui  dirait  :  Etre 
de  complicité,  de  complot.  Il  y  aurait  lieu  de  recher- 
cher si  l'on  n'a  pas  dit  autrefois  Comploiter,  comme 
on  a  dit  Emploite  pour  Emplette,  comme  on  dit 
encore  Exploiter.  La  diphtongue  oi  est  la  transfor- 
mation naturelle  de  l'i  latin.  (R.  O.) 

Espofié  (Segr.),  part.  pas.  —  Blessé  légère- 
ment, tandis  que  Escofié  =  tué.  (MÉx.). 

Esponton  (Ag.,  By.),  s.  f.  —  Se  dit  d'une 
petite  apprentie  maladroite.  «  Quelle  espon- 
ton !  » 

Et.  —  (Par  curiosité.)  —  Bourguign.  :  Se  tenir 
comme  un  éponton,  —  se  tenir  droit  et  ébahi  ;  de 
l'ital.  puntone,  pointe:  de  punto,  piqûre:  du  lat. 
punctum.  L'esponton,  demi-pique  que  portaient 
autrefois  les  officiers  d'infanterie  (Litt.).  —  Cf. 
Droit  comme  un  cierge.  —  Il  marche  raide  comme 
s'il  portait  le  Saint-Sacrement.  —  Il  a  avalé  sa 
canne.  A.  V. 

Esposant,  —  set  —  sitiou  (By.,  etc.).  — 
Exposant,  etc.  V.  Exposition  pour  un  sens 
spécial. 

Esprès  (Mj.,  By.),  adv.  —  Exprès.  ||  A 
l'esprès,  —  exprès,  de  propos  délibéré,  avec 
intention.  Ex.  :  Je  ne  l'ai  pas  fait  à  l'esprès.  || 
Par  esprès,  —  au  suprême  degré. —  Ex.:  Aile 
est  sotte  par  esprès. 

N.  —  Par  exprès  est  une  loc.  pop.  que  le  bon 
usage  rejette  et  qu'il  faut  éviter,  mais  le  vx  fr. 
nous  montre  que  ce  n'est  pas  une  faute  en  soi, 
mais  un  archaïsme.  Il  faut  même  remarquer  que 
l'adv.  exprès  s'explique  par  l'ellipse  de  :  par,  devant 
l'adj.  exprès,  pris  substantivement.  —  Lat.  ex- 
pressus,  part,  de  exprimere,  ex-premere,  presser 
hors  :  «  Qui  est  exprimé  de  façon  à  ne  laisser 
aucun  doute  possible.  » 

Espress  (Lg.,  Mj.,  s.  m.  et  f.  —  Le  train 
express.  —  Ex.  :  Lespress  a  n'est  petêtre 
sèment  pas  amvée. 

Esprit  (Sp.,  By.,  Mj.),  s.  m.  —  N'avoir  pas 
volé  le  Saint-Esprit,  —  être  bête.  Cf.  Eglise. 
Il  Oribus,  —  chandelle  de  résine  (Sp.,  By.). 
Syn.  de  Rousillarde,  Rousinard. 

Esproprier  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Exproprier- 
Mettre  hors  de  sa  propriété. 


Esquelette  (Mj.,  By.),  s. 
Cf.  Estatue.  V.  Es. 


m.  —  Squelette- 


Esquille,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Adroit,  au 
prop.  et  au  fig.  —  N.  Il  est  impossible  de  ne 
pas  reconnaître  ici  l'angl.  skilled,  de  Skill, 
adresse.  \\  Esquiller  (Mj.),  v.  n. — Ancienne 
forme  de  Equiller. 

Esquinté  —  -er  (Mj.,  By.),  part.  pas.  et 
verbe  a.  —  Qui  a  les  reins  cassés  ;  assommé. 
il  Très  fatigué,  recru,  moulu,  rendu,  fourbu. 
«  J'sé  ben  esquintée.  —  Je  suis  bien  lasse.  || 
V.  a.  —  Casser  les  reins,  assommer,  i|  Fati- 
guer beaucoup  ;  —  se  dit  des  personnes,  des 
animaux  et  des  choses. 

Et.  —  Même  rac.  que  le  fr.  Echine.  —  Il  faut 
rejeter  le  lat.  Spina.  —  Provenç.,  Esquina  ;  esp.,  Es- 
quena.  —  ha.  skina.  —  Celtiq.  —  cornwal.,  chein, 
dos  ;  bas-bret.  Kein,  qui  ont  pu  devenir  eskein, 
ou  skein,  —  (Litt.).  —  «  Du  prov.  mod.  Esquinta, 
propr.  :  Partager  en  cinq  ;  du  lat.  pop'*  exquintare. 

Esquintement  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ce  qui 
esquinte,  ce  qui  fatigue  à  l'excès.  Syn.  de 
Tue-homme,  Tue-gens,  Tuerie,  Tuette,  Tue- 
ment.  \\  Grande  fatigue.  Syn.  de  Esquinture. 

Esquinture  (Mj.),s.  f.  —  Fatigue  excessive. 

Esquipot  (Craon),  s.  m.  —  Tasse,  petit 
vase  [|  ou  Estipot.  Enjeu,  à  Segré  ;  à  Cholet, 
stipot,  corbeille  qui  sert  à  mettre  l'enjeu, 
pour  :  petit  pot?  (Mén.).  —  Cagnotte.  (P.  Eu- 

DEL.) 

Et.  —  Sorte  de  tire-lire  ;  pot,  avec  un  préf. 
inconnu.  (Litt.)  —  «  «  C'est  donc  le  tronc  des 
chirurgiens  :  ç.-à.-d.  une  petite  boîte  faite  en  forme 
du  tronc  des  quêteuses,  dans  laquelle  on  met  ce 
que  gagnent  les  garçons  chirurgiens  et  qui  est 
ensuite  partagé  entre  eux  et  leurs  maîtres.  M.  le 
Noble,  dans  sa  Fradine  : 
«  Et  qui  de  Vesquipot  hureusement  tirée 
«  Du  lit  d'un  Maltotier  tu  te  vois  honorée.  » 

Par  corr.  pour  Estipot,  formé  de  stipus,  qu'on  a 
dit  pour  stipes  ;  c.-à-d.  un  tronc.  »  (Ménage.) 

Essafrer  (Lg.),  v.  a.  —  Déchirer,  déchique- 
ter. Syn.  de  Dessafrer,  Déchaffrer. 

Essaife  (Pell.),  s.  f.  —  Canal  d'écoulement 
pour  les  eaux  ;  saignée  ou  drain  dans  un  ter- 
rain. Syn.  de  Ségoire,  Essigoire. 

Et.  —  Dér.  de  Essaiver,  avec  durcissement  de 
l'aspirée  labiale.  —  V.  Eau.  \\  By.  —  J'écrirais 
Essef  (fin  de  la  baillée)  ;  essève,  l'endroit  où  l'on 
essève  une  baillée. 

Essailter  (Sar.),  v.  a.  —  Couper  l'aile  d'un 
volatile.  V.  Essaleter. 

Essaimis,  s.  m.  —  Petit  essaim  d'abeilles. 

(MÉx.). 

Essaiver  (^Ij.),  v.  a.  —  Tirer  hors  de  l'eau, 
la  seine.  Terme  de  pêche.  —  V.  Eau.  ||  By.  — 
Esséver. 

Et.  —  Essaver.  Tirer  avec  une  pelle  l'eau  d'un 
fossé  ou  celle  d'un  ruisseau  qu'on  a  barré.  —  D.  C. 
Essavare  Et  -f-  eve,  iave.  —  Exaquare. 

Hist.  —  «  Quod  segetes  suas  exaquare  non  pos- 
sent,  quia  qua  parte  aquam  demitterent  non  babe- 
rent.  »  (1143.  —  Inv.  Arcli.,  H,  i,  p.  38,  col.  1.)  — 
«  Chascun  pescheur  escenant  sur  la  turcye  (levée) 


ESSAIVOIR  —  ESSOTIR 


S63 


de  la  loyre  doibt  demander  congé  de  ce  faire,  sur 
penne  que  sa  sayne  sera  confisquée  aux  pauvres.  » 
(1561.  —  Inv.  Arch.  H,  suppl.  p.  58,  col.  2).  —  N. 
Escener  (esseiner)  vient  de  seine,  que  l'auteur  écrit 
sayne.  J'ai  cru  devoir  relever  ce  mot  quand  même. 
Il  est  clair  que  le  mot  patois  actuel  Essainer  pro- 
vient d'une  confusion  produite  par  l'assonance 
avec  cet  ancien  vocable  ;  car  Essaiver  vient  indu- 
bitablement de  Aive,  témoins  :  Essaivoir,  Ségoire. 
Tel  est  le  sort  des  vocables  patois,  qui  ne  sont  pas 
fixés  par  l'écriture.  (R.  O.).  —  «  Essaiver  une  seine 
me  semble  fort  bien  dit  ;  c'est  la  sortir  de  l'eau.  — 
Je  ne  puis  vérifier  le  texte  cité  ;  mais  je  croirais 
fort  que  l'on  a  lu  un  n  là  où  il  y  avait  un  u  pour  un 
V,  dans  Escenant.  (A.  V.). 

Essaivoir  (Sp.),  s.  m.  —  Fossé  d'écoule- 
ment pour  les  eaux  ;  rigole  d'assainissement. 
—  De  Essaiver.  V.  Eau.  Syn.  de  Essaife, 
Essigoire,  Ségoire.  V.  ce  dernier  pour  l'éty- 
mol. 

Essalter  (Mj.),  v.  a.  —  Blesser  grièvement, 
broyer  à  demi,  écharper.  Cf.  Ebrancher.  \\  By- 
ou  Essaleter  (pron.  esselter.  V.  Essailter)- 
Briser  une  aile  d'un  oiseau  à  la  chasse  ;  lui 
couper  une  aile  ou  les  pennes  d'une  aile  pour 
l'empêcher  de  voler.  V.  Daleter,  Saleter,  Gale- 
ter. 

Et.  —  De  Essarter?  écobuer,  déchirer.  B.  L* 
exartare,  du  v.  fictif  exsarittare,  de  ex  -\-  sarrire, 
sarcler.  —  Discutable.  —  Pourquoi  pas  de  Ala,  aile  ? 

Essanger,  v.  a.  —  Tremper  le  linge  dans 
l'eau  avant  de  le  mettre  dans  la  panne  à  les- 
sive. 

N.  —  Est  français.  N'a  aucun  rapport  avec  le 
mot  Eau.  Vient  de  Ex-saniare,  proprement  : 
Faire  sortir  la  sanie. 

Essart  (Pell.),  s.  m.  —  Branche  d'arbre  qui 
n'a  qu'un  an  de  pousse.  C'est  la  rac.  du  fr. 
Essarter. 

Et.  —  B.  L.  Exsartum.  Champ  qui  était  en  friche 
et  couvert  de  bois,  et  qui  est  défriché  et  prêt  à 
mettre  en  culture  (Litt.).  =  Exsartum,  fréquent 
dans  les  lois  barbares, est  le  subst.  participial  de 
Exsarrire  (class.  Sarrire),  sarcler,  issu  d'une  confu- 
sion entre  sarritum,  part,  de  sarrire,  sarcler 
et  sartum,  part,  de  sarcire ,  raccommoder 
(Darm.).  =  Lieu  défriché  ou  à  défricher.  Essarter, 
Arracher,  défricher,  détruire,  déchirer.  (L.  C.)  = 
Nom  de  lieu,  —  de  famille.  Des  Essarts.  (Jaub.). 

Essarver  (Mj.),  v.  n.  —  Manœuvrer  avec 
une  rame  de  manière  à  empêcher  l'avant  du 
bateau  d'aborder  trop  rapidement  la  rive. 
De  Ex,  servare?  Cf.  Obsarçer. 

Essayer  (Mj.),  v.  a.  —  Essayer  qqn.,  l'at- 
taquer. 

Esscî  (Chm.,  Lue),  s.  m.  —  V.  Essigoires. 
Rigole  pratiquée  dans  un  champ  pour  l'écou- 
lement de  l'eau.  —  V.  Eau.  Ane.  fr.  Esseau, 
évier.  V.  Essaife.  \\  By.  —  Fin  de  la  baillée. 

Essemcaii  (Fu.,  Sal.,  Mj.),  s.  m.  —  Essaim 
d'abeilles.  Pour  Essaimeau,  dimin.  du  fr. 
Essaim.  V.  Essemer.  Syn.  et  d.  de  Essumeau. 

Essenier  (Mj.),  v.  n.  —  Essaimer.  Corr.  du 
mot  fr.  —  Syn.  et  d.  de  Essumer. 

Essémiller  (Lg.),  v.  a.  —  Ebaucher  une 


face  plane  à  la  surface  d'un  bloc  de  granit. 
On  essémille  par  stries  parallèles  ou  briquées, 
creusées  à  la  pioche  de  carrier.  —  C'est  le  fr. 
Smiller. 

Esséner  v.  n.  —  Coudre  à  grands  points  ; 
aller  trop  vite. 

Esscrmenter  (My.),  v.  a.  —  Emporter  les 
sarments  taillés.  Revue  de  U  Anjou,  1883.  Août. 
Cf.  Sarmenler. 

Esserpilière,  s.  f.  —  Serpillière. 

Esscver,  v.  n.  —  V.  Essaiver. 

N.  LiTTRÎ;,  Suppl.  —  Lait  essevé.  Dans  le  Calva- 
dos, nom  du  lait  écrémé  ;  ainsi  dit  parce  qu'on 
nomme  Sève  du  lait  la  crème.  Es  -)-  sève.  —  Sens 
autre,  cité^'par  curiosité. 

Essève,  Essevoir  (By.).  —  V.  Essaiver, 
Essaivoir  (Segr.).  Une  Essève,  tranchée  pour 
que  l'eau  -puisse «'courir  dans  les^^  fossés, 
quand  le  blé  j  est  semé  et  le  dos  du 
sillon  roulé  dans  le  sens  de  la  pente.  «  As-tu 
renéti  Vessevoué  ?  —  Cf.  Essaife,  Essef. 

Esseiil,  s.  m.  —  V.  Mouilleul.  Essieu.  L'es- 
seul  de  la  roue  est  cassé. 

Et.  —  Lat.  AxiculUs,  dimin.  de  Axis,  axe  ;  xiF  s. 
Aissel,  xiii«  essiau,  aisil  —  xvF  aixieu. 

Essief,  Vx  mot  ang.,  s.  m.  —  Etalon  servant 
de  point  de  comparaison  pour  les  mesures. 

Hist.  —  «  Ont  aussi  lesdils  moyens  Justiciers 
droit  de  bailler  mesures  à  bled  et  à  vin  du  patron 
et  essief  du  Seigneur,  dont  ils  tiennent  leur  justice.  » 
{Coût.  d'Anj.  Art.  XIV,  p.  11). 

Essigoire  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Essaivoir,  Ségoire^ 
forme  de  transition  entre  les  deax.  ||  Pour 
faciliter  l'écoulement  des  eaux,  on  pratique 
généralement  dans  les  mâques  des  rigoles  en 
diagonale  qu'on  nomme  Essigoires.  V.  Essef, 
Essaife,  Essève. 

Hist.  —  «  Icelui  Scrvatu  saichant  lesdiz  deux 
champs...  estre  moult  chargiez  d'eaues,...  vint 
à  leurs  diz  champs  aiant  une  pelle  ferrée  en  sa 
main,  et  faisant  voie  et  essaigouere  aux  eaues.  » 
{1400.  —  L.  C). 

Essille  (Z.  124),  s.  f. —  Résidu  de  nourriture 
laissé  par  le  bétail. 

Essodir  (Mj.,  Sp.),  v.  a.  —  Assommer.  |j 
Etourdir  par  des  coups.  Syn.  de  Essotir  que 
cite  Jaub. 

Essoriller  (Mj.),  v.  a.  —  Essorer  légèrement. 
!|  Dessécher,  griller  légèrement  à  la  surface.  || 
Etroit  (Ag.,  By.).  Un  bonnet  est  essorillé, 
quand  il  ne  couvre  pas  les  oreilles. 

Et.  —  De  deux  sortes.  Au  l""-  sens  :  Essorer, 
égoutter,  sécher  ;  exaurare,  mettre  à  l'air  pour 
sécher  : 

«  Et  après  qu'elle  ara  esté 
«  Un  jour  et  une  nuit  d'esté 
«  Trampée  en  celle  yauve  sus  heure, 
«  On  le  doit  traire,  sans  demeure, 
«   Et  mettre  en  tel  lien  essorer 
«  Que  l'yauve  n'y  puisl  demorer.  »  L.  C. 
2"  sens.  Ex,  sans,  auris,  oreille. 
Essotir  (Lg.),  v.  a.  —  Etourdir,  assomme, 
en  portant  un  coup  à  la  tête.  ||  Fig.  Abrutir 
Doubl.  de  Essodir.  Syn.  de  Assobrer. 


364 


ESSOUCHER  -  ESTOMAC 


Essoucher  (Sp.),  v.  n.  —  Couper  à  la  hache 
les  têtes  des  souches  dans  les  bois  taillis,  après 
l'abatage  des  cépées. 

N.  On  fabrique  ainsi  des  souchottes.  Les  boitiers, 
ou  bûcherons,  dont  ces  souchottes  sont  un  gain 
supplémentaire,  professent  que  l'opération  non 
seulement  n'est  pas  nuisible  aux  taillis,  mais  encore 
qu'elle  leur  est  utile  en  ce  que,  les  surfaces  des 
souches  étant  rajeunies  et  avivées,  les  jarries  ou 
cépées  nouvelles  doivent  pousser  plus  drues  et  plus 
vigoureuses.  Quelques  propriétaires  de  bois,  mal 
convaincus  de  la  justesse  de  cette  théorie,  qu'ils 
trouvent  plus  intéressée  que  séduisante,  inter- 
disent la  pratique  de  Vessouchage  ;  la  plupart  la 
tolèrent.  —  V.  Souche. 

Essouriter  (Lg.,  Tlm.),  v.  a.  —  Moucher, 
pincer,  battre  qqn  ;  au  fig.,  lui  infliger  une 
défaite  morale,  une  déconvenue  pénible. 

Et.  —  Le  Dict.  génér.  donne  :  Essourisser,  de  ex 
et  souris  ;  fendre  la  souris,  cartilage  des  naseaux 
pour  empêcher  le  cheval  de  hennir  bruyamment. 
=  Ou  de  Sourit',  pris  au  sens  de  pénis? 

Essueau  (Sp.),  s.  m.  —  Torchon,  essuie- 
mains.  De  Essuer.  Syn.  de  Essue-mains. 

Essue-mains  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Essuie-mains.  Syn.  de  Essueau.  V.  Essuer. 

Essuer  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Essuyer. 
Cf.  Ennier. 

Et.  —  Du  lat.  Ex-succare,  enlever  le  suc,  l'hu- 
midité. Provenç.  Eisugar  ;  ital.  Asciugare.  xm*^  s, 
essuer.  —  xvi«  s.  :  «  Hz  commençarent  cryer. 
myault,  myault,  feignan  cependant  s'essuer  les 
œilz  comme  s'ilz  eussent  plouré.  »  (Rab.  P.,  iv,  54)* 
—  «  Et  cessoient  ordinairement  lors  que  suoient 
parmy  le  corps,  ou  estoient  autrement  las.  Adonc 
estoient  très  bien  essués  et  frottés.  »  (Rab.,  G.,  i, 
23). 

Essuette  (Lg.),  s.  f.  —  Torchon  à  essuyer  la 
vaisselle.  De  Essuer,  Essaiinis. 

Essuitîer  (Lg.),  v.  a.  • —  Débarrasser  de  son 
suif,  dégraisser.  ||  Fig.  Battre,  rosser.  Syn. 
de  Flôper,  Rouster,  Estamper. 

Et.  —  Lat.  Sébum,  devenu  :  siu,  sui,  suif. 

Essumeau  (Lg.),  s.  m.  —  Essaim.  Syn.  et 
d.  de  Essemeau.  Cf.  Sumer,  Essaimis. 

EssuHier  (Lg.,  By.),  v.  a.  —  Essaimer- 
Doubl.  de  Essemer. 

Essuyon  s.  m.  —  Torchon.  V.  Essuer. 

Estable  (Mj.),  adj.  q.  —  Stable,  durable.  H 
Fixé.  —  V.  Es,  note. 

Estallation  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Installation. 
Jf.  Induquer,  Insentiel. 

Estaller  i  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Installer.  |i 
Camper,  poser.  Ex.  :  Il  s'est  estallé  à  pisser  le 
long  d'une  bourne.  Syn.  de  se  Braquer.  \\ 
Absolument  v.  réf.,  S' estaller,  tomber  sur  le 
derrière.  Syn.  de  Attraper  ein  tape-cul  ;  casser 
son  verre  de  montre. 

Estaller  -  vx  mot  ang.,  v.  a.  —  Etaler. 

Hist.  —  «  Le  dimanche  21«  jour  de  février..., 
la  rivière  estallée  aux  champs...,  a  si  fortement 
poussé  par  dessous  la  glace...  »  (1711.  —  /ne. 
Arph.,  S,  E.  ITT,  98,  1,  h). 


Estame,  s.  f.  —  Se  dit  d'un  travail  de  lai- 
nage surtout  ;  une  bonne  estame,  un  bon 
tricot. 

Et.  —  Stamen,  fil  de  la  quenouille.  =  Stamina, 
plur.  n.  pris  pour  une  fém.  sing.  En  ang  .  Stamina, 
force  de  résistance,  vigueur  naturelle. 

Estamper  (Mj.),  v.  a.  —  Gourmer,  rosser, 
battre.  Syn.  de  Flôper,  Rouster,  Essuiffer, 
Douener.  C'est  le  v.  fr.  dans  un  sens  spécial. 

Et.  —  Norm.,  Estamper,  broyer  ;  aha  stamfon, 
frapper  du  pied  ;  ail.  stampfen.  —  On  estampe  la 
monnaie  avec  le  balancier.  (Litt.). 

Estarniiner  (Mj.,  Bk.),  v.a.  —  Exterminer. 

Estâse  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Extase.  De  deux 
mots  grecs  :  transport. 

Estatue  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Statue.  V.  Es, 
note. 

Hist.  —  «  Ny  plus  ny  moins  que  firent  jadis 
aucuns  des  conjurateurs  de  la  mort  de  César,  les- 
quels, ainsi  qu'ils  alloient  faire  leurs  coups,  se  tour- 
nèrent vers  Vestatue  de  Pompée.  »  (Bkajn't,  D.  G., 
VI,  .336,  31.) 

Estatuer  (s')  —  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se 
baser,  prendre  comme  point  de  repère,  comme 
terme  de  comparaison.  Ex.  :  Faut  pas  s'esto- 
tuer  là-dessus,  fr.  —  Statuer.  V.  Es,  note. 

Estau  (Mj.),  s.  m.  —  Rocher  qui  forme  la 
voûte  d'une  galerie  de  mine  et  limite  la  veine 
de  charbon  à  sa  partie  supérieure.  Ce  mot  est 
de  la  langue  des  mineurs.  Travailler  sous 
estau,  c'est  travailler  directement  sous  le 
rocher.  • 

Et.  —  Le  même  que  Etau.  Etym.  dont.  —  «  Tiré 
de  étoc,  où  le  c  ne  se  prononçait  pas  devant  l's  ; 
écrit  :  étau  par  confusion  entre  étocs  et  étaux,  plur- 
de  étal.  Par  ext.  —  N.  J'ai  déjà  pensé  bien  des  fois 
que  ce  mot  devait  s'écrire  Estoc,  avec  c  muet,  et 
qu'il  n'est  autre  que  le  mot  franc,  pris  à  peu  près 
dans  le  sens  où  on  l'emploie  le  plus  habituellement  : 
D'estoc  et  de  taille.  Dans  les  mines  de  charbon  il  y 
a  la  paroi  verticale  que  le  mineur  abat  :  c'est  le 
front  de  taille.  N'est-il  pas  naturel  d'appeler  Estoc 
la  voûte  que  la  pointe  de  l'outil  vient  menacer  à 
chaque  coup?  (R.  0.). 

Estèque  (Ts.,  Mlr.),  s.  f.  —  Outil  de  potier 
consistant  en  une  lame  de  bois  ou  de  métal, 
avec  la  tranche  de  laquelle  l'ouvrier  abat  les 
bavures  et  les  irrégularités  de  la  pièce  qu'il 
vient  de  tourner. 

Et.  —  Ail.  Stecken,  bâton.  (Litt.).  Plutôt  Ste- 
chen,  piquer. 

Estipot  s.  m.  —  V.  Esquipot. 

Hist.  —  «  M.  Pkessac,  dans  le  Glossaire  qui  ac- 
compagne les  poésies  patoises  de  l'Abbé  Gusteatt 
dit  que  V estipot  «  est  un  coffret  étroit,  en  bois,  placé 
au  dedans  d'un  coffre,  à  la  partie  supérieure  du 
côté  droit  et  dont  le  couvercle  relevé  sert  à  main- 
tenir ouvert  le  coffre,  toujours  muni  d'au  mnin'^ 
un  estipot,  car  souvent  il  en  a  deu^c.  C'est  là  qu"n 
met  l'argent,  que  la  maîtresse  du  logis  renferme  ce 
qu'elle  a  de  plus  précieux.  »  (Favee.) 

Estomac,  Estomal,  Estomat'  (Mj.),  s.  m. 
Estomac.  ;j|  Toute  la  région  thoracique 
interne  et  externe.  Ex.  :  Ça  illi  chante  sus 
Vestomac,  —  il  a  la  respiration  sifllaulu. 


ESTOPPER 


ÉTABLIR 


365 


Cb.  —  Avoir  Vestomal  à  bas  ;  la  sorcière  le 
relève  avec  un  peigne  bénit,  par  un  mouve- 
ment de  bas  en  haut.  ||  Sein.  —  >;.  Quelques- 
uns  disent  :  Estumal. 

Et.  —  Lat.  stomachus,  du  grec  stomakoç,  de 
stoma,  bouche  ;  —  gorge,  pharynx,  qui  tient  à  la 
bouche.  C'est  dans  le  lat.  que,  de  pharynx,  sto- 
machus a  glissé  au  sens  de  gaster,  ventre. 
Hist.  —  «  Voulant  Gylon  estouffer  une  puce 
«  Qui  menoit  guerre  à  son  bel  estomac 
(i  Et  ne  pensant  qu'on  la  vist  à  la  muce, 
«  Son  sain  descouvre  et  mect  la  puce  à  sac.  » 
(G.  C.  Bûcher,  148.) 

—  «  De  Veslotnach  de  ma  belle  maîtresse.  » 

(G.  C.  Btjcher,  199,  202.) 

—  «  Mon  estomac,  gros  de  ce  dieu  qui  vole.  » 
(J.  DU  Bell.  Sonnets  de  l'honn.  amour,  190.) 

—  «  Son  estomac,  enflé  divinement. 
»  Devient  rassis. . . 

Id.  Les  Amours,  p.  184.) 

«  Ladite  Chassebœuce  se  defferma  sa  robe  et  se 
gressa  soubz  les  esselles  en  l'estomac.  " 
{Inv.  Arch.,  G.  p.  84,  col.  2.) 

Estopper  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Passer  à  l'ai- 
guille de  la  laine  dans  l'intérieur  du  talon 
d'un  bas,  afm  d'épaissir  et  de  renforcer  cette 
partie.  ||  Lg.  —  Faire  une  reprise  à  un  bas. 

Et.  —  Etouper  ;  lat.  stuppa  et  stupa.  Cf.  Kstofer, 
estofe.  —  Cf.  l'ail.  Stoff,  étoffe  ;  l'angl.  StulT,  id., 
l'espagn.  Estopa,  étoupe,  et  Stop,  boucher  et  par 
conséq.  le  fr.  Etoffe  s'y  rapporte. 

Estoppure  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Doublure 
faite  à  l'intérieur  du  talon  d'un  bas  avec  des 
brins  de  laine  passés  à  l'aiguille.  ||  Lg.  Reprise 
faite  à  un  bas.  Syn.  de  Passis. 

Estoumac  (Lg.,  By.,  Mj.,  Tlm.),  s.  m.  — 
V.  Estomac.  \\  Poitrine,  thorax.  ||  Les   seins. 

Hist.  —  «  Et  lesdits  loups  qui  lui  mangèrent  la 
fase  et  l'estoumac.  »  (1598.  Ini>.  Arch.,  S.  E.,  m, 
424,  1,  b). 

On  dit  aussi  Estoumal  (Mj.,  Tlm.)  et  Estumal 
(Mj.,  By.). 

Estourbir  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Tuer,  Assom- 
mer. Syn.  de  Escofier.  —  ||  Etourdir  (Bg., 
Do.).  «  Ne  me  flanque  pas  la  balle  dans  la 
tête,  tu  vas  vcCestoarbir.  —  Cf.  pat.  norm. 
Eteurbue,  instrument  servant  à  émietter  les 
mottes. 

Estra  (Mj.,  By.),  adv.  —  Extra.  —  C'est 
de  Vestra,  —  du  luxe. 

Estrabouft'eiir  (Lg.),  s.  m.  —  Forfante, 
individu  qui  fait  beaucoup  d'embarras.  Syn. 
de  Esbrouffeur,  Epatleur,  Empatteur.  V. 
Esbroufe. 

Estradcr  (Mj.),  v.  n.  —  Battre  l'estrade, 
vaguer,  rôder,  courir  la  campagne,  aller  à 
l'aventure.  ||  Z.  115.  —  Traverser. 

Et.  —  L'estrade,  c'est  la  voie,  strada,  du  lat. 
strata,  voie  pavée.  L'a  fr.  avait  estrée,  route. 
Battre  l'estrade,  c'est  battre  les  routes.  Cf.  Ail. 
Strasze  ;  angl.  Street  ;  ital.  Strada.  V.  Galistrade. 
L'esp.  a  Estrada,  chaussée. 

Hist.  —  «  Et  feray  voulentiers  courir 
«  Et  cstragner  toute  la  ville 
«  Pour  savoir  où  est  vostre  fille.  « 

(G.  C.  BUCHER,  195,  198.) 


—   «  J'ai  au  talons  les  mules 

«  Par  quoi  je  n'y  puis  plus  trotter. 
>(  Prises  m'ont  les  froidures 
«  En  allant  estraquer. 

[Noëls  angevins,  p.  30.) 

Pat.  norm.  Etrat,  sentier  dans  la  neige. 

Estrangcr  (s'),  v.  réf.  —  Se  tenir  éloigné  de. 

Et.  —  Du  lat.  fictif  *  Extranearius,  de  extra- 
neus,  de  extra,  hors.  Beaucoup  de  dialectes  ont 
cet  s.  —  xni8  s.  Estrangier,  Eloigner  d'un  lieu. 
Ital.  Straniare.  (Litt.)  —  Hist.  «  Ce  desseing  n'a 
jamais  esté  que  pour  me  satisfaire  et  m'estranger 
de  l'oysiveté  que  peut  causer  une  faynéantise.  '> 
(Brun,  de  Takt.,  Philand.,  Préf.)  —  «  Une  petite 
somme  étrange  celui  qui  l'emprunte,  une  grande 
le  rend  ennemi.  »  (Malherbe,  Lexiq.  Edit.  La- 
lanne.)  —  «  . .  .ceux  que  la  dévotion,  la  religion  et 
la  piété  estrangent  de  leurs  foyers  pour  faire  pa- 
roistre  en  aultres  lieux  les  scintilles  de  leur  charité. 
(Br.  de  Tart.,  Phil.,  97.) 

Estrangouiller-gouyer  (Ag.,  Mj.,  Sp.).  — 
Etrangler.  —  Xe  se  dit  qu'en  plaisantant  : 
Que  le  diable  ra' estrangouille  I 

Et.  —  Lat.  strangulare,  d'un  mot  grec  qui  veut 
dire  :  serrer.  —  Cf.  Estranguillon,  angine  qui 
attaque  le  bœuf  et  le  cheval.  —  Poire  d'étranguil- 
lon,  d'un  goût  très  âpre.  (Litt.).  —  Cf.  Jaub., 
Estringoler. 

Estraquer,  v.  a.  —  Chasser  l'oiseau. 
Et.  —  Traquer  ;  orig.  incert.  —  Hist.  :  V.  Estra- 
der. 

Estrope  (Mj.),  s.  L  —  Bout  de  cordage  fixé 
à  demeure  en  quelque  point  du  bateau,  et 
dont  l'extrémité  libre  peut  se  frapper  sur  un 
autre  cordage,  sur  une  charre,  etc.  —  Doubl. 
de  Etrieu  et  de  l'angl.  Stirrup. 

Et.  —  Lat.  Stroppus,  corde,  lien.  Estroper  une 
poulie. 

Estropié  (Mj.).  —  On  dit  :  Estropié  de  cer- 
velle !  —  imbécile,  nigaud. 

Estropisie  (Mj.),  s.  f.  —  Hydropisie.  C'est 
le  mot  fr.  absolument  estropié. 

Et.  —  Du  grec  :  accumulation  d'eau.  —  Hist.  : 
«  Contre  Vhystropisie,  l'hypocrisie  ou  hydropisie, 
nos  paysans  font  encore  usage  d'un  joli  petit 
topique.  »  (La  Trad.,  p.  248,  1.  3L) 

Estiiberlu,  Estiibutu, ,  Hiistiiberlu.  s.  m.  — 

Corr.  de  Hurluberlu.  —  On  dit  encore  :  Hutu- 
butu. 

Estumal  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Estoumal. 

Esvit^re  (F).  —V.  Eau. 

Et.  Conjonct. 

N.  —  Comme  en  fr.  on  ne  fait  jamais  sentir  le  t, 
mais  on  ajoute  à  la  suite  un  son  mouillé  eupho- 
nique devant  les  voyelles,  du  moins  en  certaines 
circonstances.  Ainsi  les  vieux  disaient  :  A  té  e«  y  a 
mé,  je  ferions  ben  ça.  —  On  dit  toujours  :  En  trop 
et  y  en  point,  y  a  point  de  mesure.  ^-  A  faire  et  y  a 
défaire;  y  a  toujours  de  l'ôvrage.  —  A  pied  et  y  k 
cheval.  —  Siir  et  y  assuré.  —  Il  avait  eine  vache  et 
y  eine  belle  (Mj.)  — 1|  Ménière  dit  :  Le  Et,  à  Segré, 
c'est  le  consentement  du  maître.  On  dit  :  Je  vous 
vends  cet  objet,  sauf  le  et  de  not'  maître.  —  Erreur. 
C'est  le  hait  qu'on  trouve  dans  le  mot  Souhait. 

Etablir  (Mj.),  v.  a.  —  Jouer  le  premier  aux 


366 


ÉTAGUE  —  ÉTAURE 


cartes  ;  jouer  une  première  carte.  Ex.  :  J'éta- 
blis carreau.  Dans  ce  sens,  syn.  de  Entabler. 
Et.  —  Du  lat.  fict.  Stabilescere,  de  Stabilire,  de 
Stabilis,  stable. 

Étague  (Mj.),  s.  f.  —  Corde  qui  soutient  la 
vergue  et  qui  sert  à  liisser  la  voile.  —  Cf.  Etai. 

Hist.  —  «  Voyez  la  roideur  des  estails,  des 
utacques  et  des  escoutes.  »  (Rab.,  P.,  iv,  65.  470.) 

Étai,  s.  m.  —  Corde  qui  soutient  le  mât  en 
avant  et  sert  à  l'abaisser  ou  à  l'élever. 

N.  —  Dans  les  bateaux  de  mariniers;  le  mât 
n'est  pas  fixe  comme  ceux  des  navires.  Il  est  néces- 
saire qu'il  soit  mobile;  parce  que  la  hauteur  qu'on 
est  obligé  de  lui  donner  ne  permettrait  pas  de  passer 
sous  les  ponts.  A  cet  effet,  la  base  du  mât  est  reçue 
dans  une  sorte  de  forte  boîte  verticale,  située  au 
milieu  du  bateau  et  que  l'on  appelle  Castreau. 
Cette  boîte,  fermée  en  avant  et  sur  les  côtés,  est 
ouverte  en  arrière,  si  bien  que  le  mât,  retenu  d'ail- 
leurs par  des  haubans,  ne  peut  s'incliner  en  avant, 
ni  latéralement,  mais  peut  se  coucher  entièrement 
sur  l'arrière  du  bateau,  en  pivotant  autour  de  sa 
base,  laquelle  est  taillée  en  biseau  légèrement 
arrondi. 

Et.  —  Du  flam.  Staede,  staye,  appui.  (Litt.) 
Hist.  Voir  la  citât,  à  Etague. 

Étaiser  (Mj.),  v.  a.  —  Produire  ou  donner 
une  hernie.  ||  V.  réf.  —  Se  donner  une  hernie. 
Il  part,  passé  Etaisé,  —  hernieux,  qui  a  une 
hernie.  Syn.  de  Blesser. 

Et.  —  Ce  mot  est  formé  du  préf.  E  et  du  fr.  Taie, 
pris  dans  le  sens  de  :  membrane.  La  hernie  est  le 
résultat  de  la  déchirure  du  péritoine. 

N.  —  Les  commissions  de  révision  des  conscrits 
ont  constaté  que  la  proportion  des  hernieux  est  très 
forte  parmi  les  riverains  de  la  Loire,  tant  parmi  la 
population  agricole  que  parmi  les  mariniers.  La 
raison  en  est  que  mariniers  et  laboureurs,  ceux-là 
pour  la  manœuvre  des  bateaux  engrevés,  ceux-ci 
pour  la  mise  à  l'eau  du  chanvre,  ont  à  exécuter  des 
travaux  pénibles  et  qui  nécessitent  de  violents 
efforts,  étant  plongés  dans  l'eau  souvent  jusqu'aux 
aisselles,  et  cela  pendant  des  heures  entières.  Le 
relâchement  des  parois  abdominales  qui  en  résulte 
est  la  cause  de  ces  hernies  fréquentes. 

Ëtaisure  (Mj.),  s.  f.  —  Hernie.  V.  Etaiser^ 

Étaler  (P.C.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Arrêter 
l'élan  de,  —  surtout  un  bateau.  Lorsque 
l'ancre  a  mordu,  le  bateau  tire  sur  le  câble  et 
étale,  reste  immobile.  By.,  —  Le  commande- 
ment d'étaler  abrège  le  mot  :  'taV  tout  !  || 
V.  réf.  S'étaler,  —  rompre  son  erre.  —  Crue 
qui  s'étale,  qui  s'arrête.  Cf.  Etau. 

Et.  —  On  disait  en  ce  sens,  jadis  :  Faire  estai, 
résister,  tenir  tête  (Lîtt.).  =  Aha,  Stal,  place.  Cf. 
Stalle,  Piédestal.  —  Mer  étale,  stationnaire. 

Étalon  (Lg,),  s.  m.  —  Se  dit  de  tout  animal 
destiné  à  la  reproduction,  même  d'un  tau- 
reau, d'un  verrat,  etc. 

Et.  —  Loi  des  Visigoths  :  equus  ad  stallum,  du 
B.  L.  Stalla  ou  Stallum,  écurie  ;  c.-à-d.  cheval  tenu 
à  l'écurie  et  non  soumis  au  travail,  pour  être 
employé  à  la  reproduction.  —  xin*  s.  Estaloun. 

Étamer  (Mj.,  By.,  Lg.),  v.  a.  ||  v.  n.  — 
Commencer  à  sécher,  se  ramollir  sous  l'action 
de  la  chaleur.  Se  dit  d'une  feuille  verte  et 


tendre  exposée  à  un  soleil  briilant  ou  à  un 
feu  vif.  Ex.  :  Fais  donc  étamer  eine  feuille  de 
bette,  de  chou  ||  v.  a.  —  Rendre  mate  et 
molle  une  feuille  verte,  en  pari,  de  la  chaleur, 
du  feu.  Il  Fig.  —  Faire  mûrir  un  abcès,  faire 
blanchir  la  peau  qui  le  recouvre,  en  pari,  d'un 
emplâtre.  ||  Se  trouve  dans  le  sens  de  Essuyer 
pour  faire  sécher,  dans  un  passage  de  Bér. 
DE  Verv.,  Moyen  de  parv.,  I,  162,  qui  ne 
peut,  en  vérité,  être  cité. 

N.  —  By,  —  Le  linge  éparé  commence  à  s' étamer, 
s'essorer.  On  dit  :  Si  tu  veux  que  les  joncs  frais 
coupés  ne  soient  pas  cassants,  il  faut  les  laisser 
s'ét'ner  au  soulé  (les  étendre  au  soleil  et  les  laisser 
se  faner.  En  ce  sens  :  Coudrer  (Mj.)  V.   Etonner. 

Et.  —  Un  objet  étamé  est  recouvert  d'une  surface 
blanche.  —  Etain.  —  Lat.  Stannum,  de  Stagnum, 
supposé.  Les  mots  romans  ont  un  g  ;  m  =  n.  Cf. 
Venimeux,  de  venin.  (Litt.). 

Étanchelefte  (Mj.),  s.  f.  —  V.   Tanchelette 

et  Poil  (Vaspit,  ou  Poueil  d'aspit. 

Étanies  (Mj.),  s.  f.  —  Litanies.  Corr.  du 
mot  fr.  —  Pour  Létanies,  qui  se  dit  égale- 
ment, avec  chute  de  1'/  initial.  Cf.  Ecomotij. 

Et.  —  Lat.  ecclésiastique,  litania  :  grec,  litaneia, 
prière.  —  Par  ext.  —  Hist.  «  Là  fut  décrété  qu'ils 
feroient  une  belle  procession,  renforcée  de  beaux 
preschans  et  létanies  contra  hostium  insidias 
(contre  les  embûches  des  ennemis).  »  (Rab.,  G.,  i, 
27.) 

Étarnel  (Mj.,   By.),  adj.  q.    ||  s.  f.  pi-  — 

Etarnelles,  variété  d'immortelles  à  petites 
fleurs  jaunes.  —  Elychrysum  stœchas  (Bat.) 

Étaruité  (Mj.,  By.),  s'v  f.  —  Eternité. 

Ëtarnuer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Eternuer. 

Étarquer  (Mj.),  v.  a.  —  Etendre  et  assu- 
jettir fortement  sur  la  vergue,  une  voile. 

Et.  —  Etarque  :  haut,  tout  à  fait  hissé,  en  pari, 
d'une  voile.  Orig.  inc. 

État'  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Faire  état  de,  — 
faire  attention  à.  Ex.  :  Il  est  ben  au  bas,  mon 
pouvre  bonhomme  ;  je  illi  ai  montré  son  riga- 
loir  par-dessus  le  pied  du  lit,  il  n'en  a  point 
fait  à'état.  \\  Etre  dans  tous  ses  états,  —  être 
hors  de  soi.  ||  Gens  diétat,  —  artisans,  par 
oppos.  aux  cultivateurs  et  aux  bourgeois. 

Étau  (Mj.,  By.),  adj.  q.  invar.  —  Etale, 
qui  ne  monte  ni  ne  baisse,  en  parlant  de  l'eau. 
Ex.  :  L'eau  est  étau  ;  faut  espérer  que  j'allons 
avoir  du  rabais.  ||  Par  ext.,  immobile,  en 
général.  Rester  étau,  —  ne  plus  bouger,  rester 
coi,  déconcerté,  déconfit,  confondu,  interdit, 
interloqué,  à  quia.  Ex.  :  Aile  est  restée  étau. 
Syn.  de  Coiraud.  «  Pourquoi  que  tu  restes 
étau,  au  lieu  de  courir°,  —  de  te  sauver? 

N.  —  C'est  le  franc,  étal,  sous  une  autre  forme. 
Jatjbert  cite  Esto  et  le  dérive  de  stare  ;  c'est  pos- 
sible. —  Hist.   «  L'anguille  y  est  et  en  cest  esiau 
musse.  ))  (Rab..  G.,  i,  2.) 
—   «  Et  si  le  pleur  n'est  à  la  perte  esgau 
«  Ne  souffre  pas  toutevoye 

«  Que  les  soupirs  du  Roy  tiennent  estau 
«  Ny  que  la  France  a  dueil  soit  proye.  » 

(G.  C.  BtJCHER,  278,  p.  254.) 

Étaure,  Éfors,  Étort  (Li.,  Br.,  Bl.,  By.),  s. 


ÉTAURER  —  ÉTOUBLE 


367 


m.  —  De  l'étaure,  du  vin  qui  se  fait,  qui  n'a 
pas  encore  bouilli.  —  V.  Etor.  Cf.  Létors, 
Bernâche.  |j  Sal.  —  Vin  qui  sort  le  dernier 
d'un  cep  pressé. 

Étaurer  (s')  —  (Sar.),  v.  réf.  —  Avoir  des 
pandiculations,  s'étendre.  —  C'est  un  mouve- 
ment par  lequel  on  renverse  la  tête  en  arrière 
en  étirant  ses  membres.  —  Serait-ce  pour 
s'Etirer? 

Étausser,  v.  a.  —  Etausser  un  arbre,  couper 
les  branches  de  la  partie  supérieure,  se  dit 
principalement  pour  les  mûriers.  V.  Têtards 
(Méx.).  Syn.  de  Emouser. 

Et.  —  Etau,  souche  morte,  en  picard.  Semble  se 
rapporter  à  estoc,  tige,  bâton.  Plutôt  dérivé  du  lat. 
E.  +  Tunsare. 

Éteindre  (Mj.),  v.  a.  —  Combiner  avec  de 
l'eau,  la  chaux.  Ex.  :  J'avons  vingt  hesto- 
litres  de  chaux  à  éteindre. 

Et.  —  Exstinguere,  ôter  en  appuyant. 

Éteint  1  (Mj.),  part.  pas.  —  Fait  au  fém. 
éteinze.  Cf.  Etreint,  étreinze. 

Éteint  ^  (Mj.),  s.  m.  —  Charbon  ou  nielle 
du  blé,  ou  plutôt  blé  niellé,  épi  qui  a  coulé  à 
'  a  floraison.  Ex.  :  Y  a  de  V éteint  dans  ceté 
forment-là.  N.  Ne  pas  confondre  avec  la 
Fouédre.  C'est  le  part.  pas.  de  Eteindre,  pris 
substantivement. 

Ételon  (Mj.),  s.  m.  —  Etalon,  syn.  de  Pou- 
lain. 

Étendard  (Lg.),  s.  m.  —  Corde  tendue  sur 
des  piquets  et  qui  sert  à  faire  sécher  le  linge. 
Syn.  de  Billon.  —  Dér.  du  fr.  Etendre. 

Étendier,  s.  m.  —  Poteau  enfoncé  dans  le 
mur  et  soutenant  les  bouliniers.  —  Relevé  sur 
une  affiche  de  vente,  à  Angers. 

Étendnre  (Mj.),  s.  f.  —  Etendue,  immen- 
sité. Ex.  :  lUy  en  avait  eine  étendure  d'eau  ! 
—  N.  Pour  l'éponthèse  de  l'r,  cf.  Sangsure. 

Éter'  (ét(^re)  (Mj.),  v.  subst.  Etre.  —  Eter' 
pour,  —  être  sur  le  point  de.  Ex.  :  J'étions 
pour  partir  quand  il  est  arrivé.  ||  By.  —  Et', 
et'.  V.  Eteur,  Etre. 

Étercer  (Lg.),  v.  a.  —  Etrécir.  Syn.  et  d. 
de  Etercir. 

Étercir  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Etrécir.  V. 
Etercer. 

Éternue  (Sa.),  s.  f.  —  Sorte  de  graminée  à 
tiges  grêles  et  rampantes,  appelée  ailleurs 
Cernue  ou  Cernoux.  C'est  l'agrostis  blanche. 

N.  —  N'a  aucun  ra[)port  de  sens  avec  Eternuer. 
Rac.  Sternere,  étendre  (ramper' 

Éterzéler  (s')  —  (Mj.),  s.  réf.  —  S'écrier. 
Autre  forme  de  Equerzéler.  Syn.  de  s'Epicras- 
ser,  s' Ebrâiller,  s'Ecogâiller.  Cf.  Terzéler, 
Terbélir. 

Êtes  (v')  —  V  été  ben  émoyé.  Vous  êtes. 

Étêter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Etèter  ses  choux  ; 
marier  les  cadets  de  ses  enfants  avant  les 
aîués. 


N.  —  «  En  Anjou,  quand  le  plus  jeune  se  marie 
avant  son  aîné,  on  appelle  cela  étêter  les  choux  ; 
aussi,  au  dessert,  cet  aîné,  non  marié,  apporte  à 
l'époux  un  gros  chou  à  vache,  et  l'époux  casse  la 
tête  du  chou,  aux  applaudissements  de  toute  la 
noce.  )'  (Deniau,  Histoire  de  la  V.,  i,  77.) 


Éteur'  (By.,  etc.). 
V.  Eter. 


Etre.  Eur,  très  bref. 


Etez  (By.,  Zig.  203).  —  V.  être  ;  2^  pers. 
plur.  ind.  prés.  Ex.  :  Mais  vous  été  (étez)  pas 
sans  connaître  la  mère  Y. 

Ëtiialer  (Sal.),  v.  a.  —  Oter  les  feuilles 
{égler)  des  choux.  Du  grec  thalloç,  feuille, 
thaïe,  mot  employé.  Cf.  Talle. 

Étiant  (Tlm.,  By.).  —  Verbe  Etre,  à  la 
3^  pers.  du  plur.  de  l'indic.  imp.  —  A  T.  le  M., 
cette  forme  est  toujours  en  usage,  et  d'ailleurs 
toutes  les  3"  pers.  du  plur.  en  aient  se  pro- 
noncent iant  :  ils  disiant,  ils  faisiant. 
Hist.  —  «  Mez  tote  neutre  assomblée 

«  lour  dissit  que  les  raves  en  la  Judée 
«  n' étiant  guère  estimie.  (Noëls  pop.) 

Étiller.   Équiller  (Ds.),  v.   n.  —  Au   jeu  ; 

tirer  pour  savoir  à  qui  jouera  le  premier. 
Equiller,  c'est  approcher  le  plus  près  de  la 
quille.  Cf.  Rabuter. 

Étiniager  (Mj.),  v.  a.  ou  Estimager,  c'est 
estimer  ce  que  peut  peser  un  récipient,  en 
faire  l'estime. 

N.  —  Ager  est  un  suffixe  comme  :  oyer,  eyer, 
éier.  —  On  prononce  souvent,  à  la  montjeannaise, 
Equimager. 

Hist.  —  «  Procès-verbal  û'étlmagement  de  la 
contenance  de  la  mesure  dite  guibourg  (17®  ou 
18°  s.  Iiw.  Arch.  G.,  p.  114,  col.  1.) 

Étoile,  s.  f. —  Etoile  à  grand-queue,  comète. 
(M.,Sp.)  — Celles  qui  sont  populaires:  L'é.du 
berger,  Vénus  ;  la  Poussinière,  les  Pléiades  ; 
la  Char'le  du  roi  David,  la  Grande  Ourse  ;  le 
Chemin  de  Saint-Jacques  ou  \'allée  de  Josa- 
phat,  la  Voie  lactée  ;  les  Trois  rois  mages,  le 
Baudrier  d'Orion. 

Étonner  (By.),  v.  a.  —  Pron.  :  Et'ner.  V. 
Coudrer.  Expression  technique  exprimant  : 
faire  agir  la  chaleur  pour  produire  des 
fissures  ou  pour  préparer  la  fusion.  —  V.  réf. 
s' Etonner.  V.  Etanier  pour  la  définition. 

Étor,  Étors.  (Pc).  —  Premier  vin  exprimé, 
Tétor,  l'étors  {Angevin  de  Paris,  n"  2).  V. 
E  taure,  Létors,  Bernâche. 

Et.,  Hist.  —  Estorse.  L'action  de  retirer  du  suc 
en  pressant.  —  Extortura  (D.  G.).  «  Ce  sont  les  cou- 
tumes des  presséors  de  Charronne  :  1°  Qui  aura  au 
presséor  le  marc  d'un  tonel  de  vin  creu  en  vigne, 
qui  doit  dime  et  prainte,  il  doit  avoir  de  la  seconde 
estorse,  ou  de  la  tierche,  deus  setiere  de  vin.  »  (Id.) 

Étou,  adv.  pour  Itou,  aussi.  Et  moi  étou, 
et  moi  aussi.  A  rapprocher  du  lat.  Item,  même 
sens. 

Étoiible  (Lg.),  s,  f.  —  Eteule  ou  éteuble. 
Syn.  de  Ecot.  Cf.  Etrouble  (Jaub.) 

Et.  —  Du  lat.  pop.  *  stupila  (class.  stipula), 
devenu  estoble,  étouble.  —  Chaume  qui  reste  sur 


368 


ÉTONNER  —  ÊTRE 


le  champ  après  la  moisson.  —  Stipuler.  Chez  les 
Romains  :  contracter  par  la  paille.  «  II  est  curieux 
de  suivre  la  biographie  d'un  symbole. . .  comment 
l'herbe,  suivant  le  cours  de  la  végétation  juridique, 
devient  paille,  stipula  ;  comment,  la  formule  rem- 
plaçant le  symbole  et  se  perdant  elle-même  dans 
une  locut.  vulgaire,  le  souvenir  de  cette  paille  nous 
reste  en  un  mot  :  stipuler.  (Michelet.  Origines  du 
droit  fr.  Introd.  112.)  —  Plus  tard,  toute  trace  de 
symbole  s'étant  effacée,  stipuler,  c'est  contracter, 
en  formant  le  contrat  par  l'échange  d'une  interro- 
gation et  d'une  réponse  effectuées  dans  des  formes 
et  avec  des  paroles  solennelles.  —  Aujourd'hui, 
énoncer  expressément  dans  un  acte  qq.  condition 
obligatoire.  «  Dicta  stipulatio  a  stipula  ;  veteres 
enim,  quando  sibi  aliquid  promittebant,  stipulam 
frangentes  frangebant  ;  quam  iterum  jungentes, 
sponsiones  suas  agnoscebant.  »  (Isid.  Hispal., 
Orig.,y,  24.).  —  Stipula,  dimin.  de  stipa,  paille. 
Se  rattache  à  stare,  se  dresser.  (Dabm.)  =  En  Berry, 
estrouble,  avec  l'r  épenth.,  comme  dans  jardrin. 

—  «  Tout  ainsi  que  la  flamme  est  plus  vite  attachée 
«  A  i'estouble,  du  vent  et  du  soleil  seichée, 

«  Qu'à  l'herbe  verdoyante... 

(De  Moncheestien.  Jatjb.) 

Ëtouner  (Sp.,  Tlm.),  v.  a.  —  Etonner. 

Et.  —  Ex,  tonare.  Ebranler  comme  par  un  coup 
de  tonnerre. 

Étoupas  (Li.,  Jum.,  By),  s.  m.  —  Pièce  de 
tôle  qui  .sert  à  fermer  le  four.  —  V.  Etouper. 
Syn.  de  Bouche-four.  \\  By.  Toupas. 

N.  —  «  Pour  fermer  hermétiquement  le  four,  on 
entoure  l'étoupas  de  fiente  de  vache  que  l'on  pétrit 
à  pleines  mains.  »  (Dott.) 

Étouper  (Chili.,  By.),  v.  a.  —  Boucher.  Ex.: 
Le  toulon  est  étoupé,  bouché  par  des  fascines, 
des  épines.  1|  Lue.  —  Boucher,  étouper  la 
brèche  d'une  haie  avec  des  bourrées  d'épines, 
=  ou  en  rabattant  les  branches  vertes.  Syn. 
de  Former,  Epiner. 

Et.  —  Le  BL.  a  stuppare,  dans  la  Loi  des  Alle- 
mands. —  Lat.  stuppa,  étoupe,  la  partie  de  l'écorce 
du  chanvre  la  plus  voisine  du  tronc  (grec,  stupoç  ; 
lat.  stipes).  —  P.  ex  t.  boucher,  (Litt.)  —  Hist. 
«  Ores  est  a  scavoir  si  ce  trou  par  ceste  cheville 
peut  entièrement  estre  estouppé.  »  (Rab.,  P.,  iv,  9.) 

—  «  Cette  menace...  m'estouppa  de  manière  le 
gosier  que  je  ne  sceus  avaller  une  seule  goutte.  » 
(Mont.  —  Ess.,  n,  17.  —  De  Moxt.) 

Ëtourdéli  (Mj.,  By.),  s.  et  adj.  q.  —  Pour  : 
Etourdi  ;  qui  a  des  vertiges.  Ne  se  dit  pas  au 
figuré. 

Et.  —  On  suppose  comme  rac.  le  mot  turdus, 
grive,  prise  ici  pour  un  type  de  sottise,  comme 
l'étourneau  l'est  lui-même.  D'où  Estourdir.  L'esp. 
et  le  port,  ont  Aturdir.  —  (Litt.).  =  Orig.  incert. 
S'applique  surtout,  en  vx  fr.,  à  l'action  du  vin  sur 
le  cerveau,  ce  que  semble  appuyer  l'opinion  de 
ceux  qui  y  voient  un  composé  avec  la  partie.  E  et 
tourd,  grive.  (Cf.  la  loc.  Soûl  comme  une  grive.) 

Étourdélir  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Etourdir.  Cf. 
pour  la  termin.  Engourdelir. 

Ëtourdéiissement     (Mj.,     By.),    —    s.    m. 

—  Etourdissement,  vertige.  V.  Ëtourdéli. 
Syn.  de  Etourdélition. 

Ëtourdélissons  (Pc,  By.),  s.  m.  —  Etour- 
aissements. 

Etourdélition  (Mj.),  s.  f.  —  Etourdisse- 
ment, vertige.  V.  les  mots  précédents. 


Ëtournâilles  (Sm.)l  s.  f.  —  V.  Tournailles, 
Détournâmes,  Traversaine.  ||  Sal.  —  Bout  du 
champ  non  cultivé  en  droite  ligne,  où  l'atte- 
lage tourne. 

Étourneau,  s.  m.  (Tlm.).  —  Couleur  étour- 
neau,  —  c.  bringée,  en  pari,  d'un  cheval.  Syn. 
de  Péchard.  —  Lat.  Sturnus,  sturnellus. 

Ëtrangé,  part.  pass.  «  Le  moine  vint  dans 
la  salle  où  étoit  le  roi  (Louis  XI),  lequel  le 
voyant  demeura  fort  étonné  et  lui  sembloit 
avoir  devant  lui  le  spectacle  hideux  de  l'âme 
monachale,  étrangée  de  son  triste  corps.  « 
(B.  DE  Verv.,  m.  de  parv.,  t.  III,  66.)  V. 
Etranger  (Il  croyait  que  le  moine  était  mort). 

Ëtranger  (Lp.,  Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Rebuter. 
Eloigner  de  soi.  Ex.  :  Faut  pas  étranger  le 
monde  quand  on  arrive  dans  un  pays  pour 
faire  des  affaires.  1|  Etriller  (en  affaires), 
égorger.  =  Oh  !  ma  chère,  comme  tu  m'é- 
iranges  !  —  dit  par  une  femme,  au  marché, 
sur  une  de  nos  plages,  à  une  compatriote  qui 
lui  vendait  du  poisson.  J'avais  compris  : 
Traiter  en  étranger.  Pour  peu  que  l'on  fré- 
quente les  stations  balnéaires  ou  autres,  on 
me  comprendra.  V.  Estranger.  —  Angl.  to 
Estrange.  ||  V.  réfl.  —  Même  sens. 

Hist.  «  Ma  bonne  amour  que  tu  as  offensée 
«  Rompra  l'Enfer  comme  toute  incensée 
«  Et  s'en  ira  tes  plaisirs  estranger.  » 

(G.  C.  Bûcher,  169.) 

—  «  Etrangez-vous  de  ces  pifres  présomptueux, 
qui,  voyant  les  bonnes  personnes  désireuses  de  se 
calfeutrer  le  cerveau  d'un  peu  de  bonne  lecture  et 
profitable,  s'en  scandalisent.  »  (B.  de  Verv.,  M. 
de  P.,  I,  42.) 

Ëtranges,  adj.  q.  —  Pour  :  étrangers. 
Etranges  pays,  pays  étrangers.  —  Balz,  367. 

Ëtrang/er  (Mj.)  (é-tran-iller),  v.  a.  —  Au 
pr.  et  au  fig.  Cf.  Sangle,  Liéner,  com.  prononc. 

Être  (Pron.  étére),  v.  s.  ||  (Mj.).  —  Etre 
pour  —  être  destiné  à.  Ex.  :  Après  ein  assaut 
comme  ça,  il  n'est  pas  pour  être  queuquefois 
ben  portant.  \\  Etre  pour,  être  capable  de. 
Ex.  :  Avec  le  butin  qu'il  a,  il  n'est  pas  pour 
vivre  de  ses  rentes.  ||  Y  être,  —  être  prêt.  Y 
es-tu?  il  Y  être,  —  être  fait.  Ex.  :  Ça  y  est.  \\ 
(Mj.,  By.).  Etre  de,  —  être  sous  le  coup  de,  en 
proie  à.  —  Ex.  :  Aile  était  rf'eine  impatience  ! 
—  \\  était  t^'un  pété-mou!  \\  Mj.  Cest  pas  de, — 
il  n'y  a  pas  à,  —  ce  n'est  pas  un  moyen.  —  Ex.: 
Pour  dresser  ein  chien,  c'est  pas  de  trop  le 
battre.  ||  C'est  pas  de  refus.  —  Voul'  vous  ein 
verre  de  vin?  —  C'est  pas  de  refus,  par  la 
chaud  qu'y  fait.  —  ||  Etre  à  son  amain,  —  V. 
Amain. 

Hist.  —  «  Lorsque  les  brigands  prirent  Saumur 
et  Angers,  et  jurent  pour  attaquer  Nantes,  «  (Inter- 
rogat.  de  René  Mercier  par  la  municipal.  d'In- 
grandes.  —  C.  Port.  —  Légende  de  Cathelineau, 
p.  323.)  —  «  Madame,  qui,  à  ce  que  j'entends,  est 
pour  s'en  aller  bien  tost  es  pays  de  Monseigneur  le 
duc  son  mary.  »  (J.  du  Bellay,  Lettre  au  sieur 
Jean  de  Morel,  p.  322.) 

Conjugaison  du  verbe  Etre  en  Anjou,  d'après  les 
Notes  de  M.  Pucelle,  professeur  au  Lycée.  M.  X. 
De  By.,  et  R.  Onillon. 


CONJUGAISON  DU  VERBE  ÊTRE 


369 


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370 


CONJUGAISON  DU  VERBE  ÊTRE 


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CONJUGAISON  DU  VERBE  ÊTRE 


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372 


CONJUGAISON  DU  VERBE  ÊTRE 


N.  —  Telles  sont  les  formes  notables  du  v.  être 
(et  en  même  temps  du  v.  avoir)  dans  les  localités 
indiquées.  Il  est  entendu  que  les  formes  Montjean- 
naises  se  retrouvent  au  Lg.  et  à  Tlm.  toutes  les 
fois  que  le  contraire  n'est  pas  spécifié.  Il  faut 
remarquer  que  la  forme  en  ornes,  de  la  1"^  pars,  du 
plur.,  tend  à  disparaître,  bien  qu'elle  soit  encore 
employée  par  nombre  de  vieillards  (R.  O.) 

J'ajoute  quelques  observations  qui  m'ont  été 
communiquées  de  différents  côtés. 

«  ...Je  ne  sais  où  j'ai  entendu  dire  couram- 
ujerit  —  je  crois  bien  que  c'est  en  Anjou,  côté 
Craonnais  —  je  sommes,  nous  sont,  et  surtout  : 
j'allons,  nous  vont.  Il  y  a  une  nuance.  Dans  :  je 
sommes,  le  sujet  parle  surtout  de  lui-même  ;  dans  : 
nous  sont,  le  sujet  parle  au  nom  de  tous  (ce  qui 
suppose  qu'ils  sont  en  grand'èoi<ée  (nombre)... 
On  aime  beaucoup  le  futur  composé  ;  au  lieu  de  : 
je  serai,  on  dit  volontiers  :  j'vâs  être. . .  —  A  l'im- 
pératif :  mon  gâs,  sée  toujours  bon  sujet  ;. . .  seyez 
de  bons  travailleurs...  J'ai  entendu  souvent  dis- 
tinguer :  Faut-il  qu'il  se  (seye)  assez  lâche  pour. . . 
au  présent  —  et  :  Fallait-il  qu'il  seille  (seye)... 
pour  :  qu'il  fût,  temps  pa.ssé.  !l  Au  Lg.,  il  n'y  a  pas 
de  nuance  entré  Je  vons  et  J'allons. 

Et  je  compléterai  cet  article  par  des  citations  de 
phrases  sur  chacun  de  ces  temps  ;  elles  en  éclairci- 
ront  le  sens. 

Indicatif  présent 

J'sé  Den  lassé  —  J'sé  t'i  ben  comme  çà?  T'é  trop 
grand  pour  le  —  E'tu  pré?  —  Il  ô  riche  comme  un 

puits Al  è  pu  riche  que  li  —  E'  t'i  v'nu  chez  té? 

—  J'sommos  pardus  !  —  J'sommes  t'i  bentou  ren- 
dus? V's  êtes  s'ment  pas  à  moquié  ch'min.  —  I 
sont  sour  la  grange,  à  faire  marienne.  —  A'  sont 
tojou  à  s'prom'ner.  Sont  elles  encore  ou  (aux) 
champs?  —  On  dit  .encore,  interrogativement  : 
Aile  est-elle?  Ils  sont-ils?  —  E  sont  toujou',  sont-ê 
core  aux  champs?  j 

Indicatif  imparfait 

J'tais  pas  là  —  Ah  !  j'en  n'tais-t-i  soûl  !  — 
T'étais  ou  lit  quand  j 'avons  parti.  —  'tait-elle  ou 

noces? Etait-ou  poissé  ben  dur?  (C'était-i  collé 

bien  dur?)  —  Oul'tait  trop  lourd,  j'ous  ai  laissé  à 
bas.  (II.  cela  était...,  je  l'ai...)  —  J'tions  quat' 
gars  et  quat'  filles.  —  J'tions  t'i  à  ton  goût?  — 
Vous  'tiez  rouges  comme  dés  c'rises.  —  II'  'talent 
rendus  avant  enter  nous.  (Enter,  prononcez  enterr, 
est  explétif).  Al'  'talent  couéffées  en  bounet  rond. 
Indic.  parf.  défini 

J'guy  (j'v)  fus  dé  ou  matin.  —  A'guy  fut  (elle  y 
fut)  tout  de  suite.  —  J'guy  fûmes  var  la  Saint- 
Jean. 

Indicat.  parf.   indéfini 

J'ai  été  malade.  —  J'ai  t'i  été  longtemps?  — 
T'as  été  rampré  (tout  auprès)  d'chez  li,  t'as  s'ment 
pas  entré.  —  As-tu  été  à  la  fouerre?  —  Il  a  été  à  la 
chasse  su  Saint-Rémi.  —  A  t'i  été  avec  enter  vous. 

Al'   a  été  chamberrière   (femme  de   chambre) 

pendant  quinze  ans.  —  J'avons  été  pas  pu  d'deux 
heures  à  faire  nout'  tour.  —  J'avons-ti  été  pu  fort 
r\Wenter  vous?  —  Il  (s)  ont  tertou  été  malades. — 
Al  (s)  ont  été  Dimanche  à  l'assemblée  de  Morvault. 

A  By.,  au  lieu  de  rampré,  —  cont'  chez  li  ; 
eir  au  lieu  de  al. 

Indic.  parf.  indéf.  composé 

—  Quand  j'ai  iu  été  rendu,  je  mé  se  r'pousé.  — 
Quand  t'as  iu  été  pris,  t'as  point  asseye  d't'en 
sauver?  —  Quand  al'a  iu  été  mariée,  ça  été  fini, 
al'a  jamé  recommencé  à  chanter.  —  Dé(s)  que 
j'avons  iu  été  ou  lit,  la  piée  s'é  mise  à  chè  (la  pluie 
s'est  mise  à  tomber).  —  S'tout  qu'  vous  avec  lu  été 


partis,  al'a  arrivé.  —  Apre  qu'il  (s)  on  (t)  iu  été 
r'venus,  ça  leûs  a  pris. 

Indicat.  p.  q.parf.  composé 

—  Si  j'avai(s)  iu  été  là,  il  (s)  arraient  rin  dit.  — 
Si  t'avai(s)  iu  été  là,  t'arrais  jéliment  ri.  —  Si 
al'avait  iu  été  pu  riche,  il  en  a'rrait  ben  v'Iu 
(voulu).  —  Si  j'avion(s)  iu  été  avartis  à  temps,  ou 
(cela)  n'arrait  poin(t)  arrivé.  —  Si  j'y  avions  iu  été 
ensemble,  queu  brut  qu'j'arrions  m'né  !  (quel  bruit 
nous  aurions  fait).  —  Si  il(s)  avaient  iu  été  là,  il(s) 
ous  arraient  point  soufTart.  —  Si  al'  avaient  iu  été 
éiou  qu'à  d'vaient  éter,  al'  arraient  rin  attrapé. 

Futur  simple 

J'  s'rai  pré  quand  tu  vindras.  —  J'  s'rai-t'i 
invité  de  c'te  noce-là?  —  I  s'ra  b'n  aise  dans  c'te 
meson-là.  —  -\'  s'ra  point  pour  tè,  t'as  pas  besoin 
d'y  aller. 

Ce  même  futur,  employé  spécialement  comme 
interrogatif  dubitatif.  Même  emploi  à  MJ. 

N.  —  Tu  s'ras  dans  une  bonne  place,  pas  vrai? 
(Sans  doute  es-tu  là  dans  une  bonne  place,  n'est-ce 
pas?)  —  r  s'ra  là  dans. . .  —  Vous  s'rez  ben  payé, 
payés  là  d'dans?  (J'  suis  sûr  que  v's  êtes  ben  paj'é 
là  dedans.)  —  I'  s'ront  riches,  ces  gars-là?  A' 
s'ront  riches,  ces  filles-là  (Sans  doute,  ils,  elles 
sont  riches. . .  ) 

Futur  antérieur 

Quand  j'y  arrai  (t)  été,  j'ouerrai.  (Après  y  être 
allé,  je  verrai).  —  Quand  tu  y  arras  été,  tu  nous 
diras  ce  que  t'en  penses.  —  Quand  t'arras  été 
pincé  une  bonne  fouè,  tu  r'vindras  pu.  —  Dé 
qu'  al'  arra  été  là,  al'  arra  ben  vu  qu'où  (il)  y 
faisait  point  bon.  (Dubitatif  et  interrogatif  :  Pro- 
bablement, en  arrivant  là,  elle  aura  vu  qu'il  n'y 
faisait  pas  bon).  —  T'ous  arras  quand  oui  arra  été 
arrangé.  (Tu  l'auras  quand  cela  aura  été  arrangé). 
—  Quand  j'y  arrons  été,  j'ouerrons.  (Lorsque 
nous  y  serons  allés,  nous  verrons).  —  Quand  vous 
arrez  été  pris,  vous  r'commencerez  pu. 

By.  —  Quan'  j'y  arrons  été,  ou  quant'  c'est  que 
j'y-i  arrons  été,  j'vârrons. 

Conditionnel  présent 

J'y  vas  pas,  j's'rais  p'têt'  point  ben  r'çu  !  — 
I  s'r'ait  b'n  aise  de  t'ouerre  (de  te  voir).  —  A  s'rait 
—  J'serions  ben  bêtes  de  faire  atten- 
,  à  lé.  —  J'serions  t'i  pas  ben  mieux  là, 
—  I  s'raient  ben  à  minme  (à  même)  si  i 


b'n  aise, 
tion  à  li. 
à  Tombe 
v'iaient. 


Conditionnel   passé 

J'arrai(s)  été  rendu  1'  premier,  si  j'avais  v'iu 
courre  à  ma  force.  —  J'arrai(s)  t'i  été  ben  attrapé  ; 
(comme  j'aurais  été  bien  attrapé  !)  —  T'arrai(s) 
été  ben  fin  !  (Ironique  :  Vraiment,  si  tu  avais  fait 
cela,  tu  aurais  été...)  —  Si  a  s'était  mariée,  al 
arrai(t)  été  comm'  lés  autes  (sous-entendu  :  elle 
aurait  éprouvé  le  même  sort).  —  J'arrion(s)  été 
ben  bêtes  d'où  crére  (de  vous  croire). —  etc..  || 
Au  Long.,  cela  signifierait  :  de  le  croire. 

Subjonctif   présent 

Faut  que  j'seye  rendu  à  huit  heures.  —  Faut-i 
que  j'seye  là,  aussi  moi?  —  Mée  qu'tu  seyes  rendu 
à  midi, 't'arras  le  temps.  (Pourvu  que  tu...)  — 
J'avons  pas  besoin  d'aller  fort,  mée  que  j'seyons 
rendus  à  midi,  ça  s'ra  ben  assez  tout.  —  Faut  qu'i 
sèent  fous  pour  dire  ça.  —  Faut  qu'a  sèent  folles 
pour  prêcher  comme  ça. 

Subjonctif  imparfait 

Faudrait  que  j'fuje  rendu  dès  l'matin,  ou 
jour,  etc. 


CONJUGAISON  DU  VERBE  ÊTRE  —  EVAILLER 


373 


/ nfinitif  présent 

—  Veux-tu  éter  le  parrain  d'mon  p'tit  gars?  — 
Faut  éter  fou  pour  aller  courre  par  un  temps 
pareil  !  —  Eter  si  pré  d'gagner,  et  pi  pardc  ! 
(perdre). 

Infinitif   passé 

Aoué  été  (Avoir  été). 
Additions.    —    Plus-que- parfait    de    l'indicatif 

(Auxiliaire  aitéré) 
.I'aouai(s)  été,  t'aouai(s),  il  aoué,  j'avions,  vous 
aviez,  il(s)  aouaient  été. 

Étreint,-ze  (Mj.)  —  Etreint,  te  —  part, 
pas.  —  Ex.  :  A  s'est  étrelnze  bon  dur,  à  n'en 
chier  la  bousine.  Cf.  Plaint,  plainze.  —  Lat. 
Stringere. 

Étrenner  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Fig.  Recevoir 
un  horion.  Syn.  de  Ecoper. 

Étret,  ète  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Etroit. 
Cf.  Dret. 

Hist.  : 
«  Demoiselle  belette,  s\i  corps  long  et  fluet, 
«  Entra  dans  un  grenier  par  un  trou  fort  étret.  « 

(La  Fontaine,  m,  17.) 
«  Echappé    d'un    filet   qui    d'une    attache   estrette 
«  Les  tenoyt  enserrez,  chacun  fait  sa  retraite.  » 

(J.  DE  MONTLYARD,  aU  XVI«  S.  MÉN.) 

Étrétezir  °  (Lg.),  v.  a.  —  Etrécir.  Vieilli. 

Ëtrier  (Lg.),  v.  a.  —  Sevrer  un  enfant,  un 
jeune  animal.  Syn.  de  Détrier,  seul  employé 
à  Mj.,  et  qui  se  dit  aussi,  mais  plus  rarement 
au  Lg. 

Ëtrieu  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Etrier.  Cf.  Etrou, 

Et.  —  Assez  confuse.  Le  radie,  semble  avoir 
l'idée  de  Appuyer  avec  effort.  —  L'étrier  paraît 
avoir  d'abord  été  la  courroie  qui,  maintenant, 
soutient  l'étrier  proprement  dit.  —  V.  fr.  Estrier, 
comme  notre  patois.  De  même,  on  a  dit  Angieus, 
Poitieus,  pour  :  Angiers,  Poitiers.  —  L'angl. 
stirrup  est  un  composé  de  Stigan,  monter,  et  rope, 
corde.  —  Dér.  Estrivière. — Vx  verbe:  Desestriver, 
renverser  des  étriers,  désarçonner.  N.  Je  ne  le  crois 
pas.   Stirrup  —  Estrope  —  Etrieu  —  Etrou. 

Ëtrilleiir  (Ag.),  s.  m.  —  Ouvrier  ([ui  polit 
les  cordes  avec  un  Raidat. 

Hist.  —  A  l'usine  Delahaye-Rougère,  M.  V..., 
élrilleur,  portait  un  fardeau  lorsqu'il  tomba  sur  les 
genoux.  (Anfi.  de  Paris,  21  juillet  1907,  3,  2.) 

Étripcr  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Enlever  les 
tripes. 

H.  —  Cité  par  Rab.,  P.,  m,  28,  278. 

Ëlrdiifî/tT  (Lg.),  v.  a.  —  Etrangler. 

Étroii  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Tolet,  boucle 
d'osier  fixée  dans  un  trou  pratiqué  au  rebord 
du  fûireau  et  dans  laquelle  on  engage  le 
manche  de  la  rame,  ou  laagourt  de  gâche.  \\ 
Dansles  autres  bateauxon  remplace  Vétrou  par 
le  tolet. 

Et.  —  Etrope,  pour  Estrope.  Corde  qui  attache 
l'aviron  au  tolet.  (Dakm.)   Doubl.  de  Etrieu. 

Ettache  (Lg.),  s.  f.  —  Attache,  lien.  Mais 
on  (lit  :  Attacher  et  non  Ettacher. 

Étiiit*,  s.  m.  —  Etui.  —  N.  Se  prononce  qqf. 
Ecuit. 


Étuler  (s')  —  (Mj.,  Sa.),  v.  réf.  —  S'amincir, 
s'élancer,  devenir  grêle,  en  parlant  de  la  tige 
d'un  arbre;  s'amaigrir,  en  parlant  d'un  plant 
trop  épais.  —  Doubl.  du  fr.  s'Etioler. 

Et.  —  Etioler,  de  Eteule,  pousser  en  chaume.  — 
du  lat.  stipula,  paille. 

Ëturgeun  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Esturgeon. 
N.  Ce  poisson  remonte  parfois,  quoique  rare- 
ment la  Loire  ;  il  en  fut  pris  un,  d'une  cen- 
taine de  livres,  à  Chalonnes  (1900). 

N.  —  Il  est  remarquable  que  le  pat.  ait,  dans  ce 
mot,  supprimé  l's.  Cf.  les  mots  Etude,  Etoile,  etc. 

Et.  —  Aha.  sturio.  —  Eturgeon  se  trouve  dans 
Retz,  i,  2. 

Eiible,  s.  m.  —  V.  Eble,  sureau. 

Et.  —  Euble,  hièble.  Lat.  Ebulum.  Cf.  Hcble. 

Eules  (Mj),  pron.  f.  plur.  —  Elles.  Ou 
Eulles.  —  Cf.  lelle,  leuUes. 

Eunier  (Mj.),  v.  a.  —  Aimer. 

Eun,'eune,  (Ti.,  Te,  Zig.  203),  adj.  déterm, 
et  adj.  numér.  —  Un,  une.  Syn.  et  d.  de  Ein. 
In,  leun,  Y  in.  —  By.  Dans  n'eine  colère. 

Eusse  (Mj.,  By.).  Pron.  pers.  Eux.  —  N. 
C'est  une  prononc.  affectée  qui  nous  est 
venue  récemment  des  villes.  Les  vrais  patoi- 
sants n'en  usent  pas. 

Évâiller  (Segr.,  Craon,  Mj.),  v.  a.  —  Syn. 
de  Egailler. 


Eu.  —  Observations.  —  Eu  remplace  e  dans  : 
chez,  —  cheux  nous.  —  Est  remplacé  par  u  dans  : 
hurter,  hureux,  malhureux,  et  par  é  dans /ène,  jeune, 
ai'cgle,  aveugle  (Lg.).  —  Eux  remplace  souvent  la 
terminaison  eur  :  laboureux,  flatteux,  leux.  Cette 
particularité  est  restreinte  aux  adjectifs  en  général 
et  aux  subst,  qui  indiquent  une  profession  ou 
peuvent  prendre  la  forme  fémin.,  comme  ven- 
dangeur, —  geuse.  Les  autres  snbst.,  cœur,  odeur, 
seigneur,  ne  subissent  point  cette  modification. 
(Jaub.)  —  Inutile  de  la  signaler  partout.  V.  plus 
bas  :  Eun. 

Eur.  —  Prononciation  de  :  re  dans  les  mots 
comme  s'Entreregarder,  —  s'entr'eurgarder. 

Eux.  —  Prononciation  de  Eur. 

N.  —  En  moyen  français,  l'r  final  de  eur  dispa- 
rut de  la  prononc.  popul.  et  même  dans  celle  des 
classes  élevées.  On  disait  :  un  menteu,  un  porteu 
d'eau,  un  coupeu  de  bourses,  un  arraciteu  de 
dents,  etc.  —  Nous  trouvons  une  trace  de  cette 
prononciat.  dans  le  vers  de  La  Fontaine  : 
«  Mon  bon  Monsieur,  (eu) 
«  Apprenez  que  tout  flatteur  (eu) 
«  Vit  aux  dépens  de  celui  qui  l'écoute.  » 
—  L'r  reparut  dans  la  prononciation  de  la  bour- 
geoisie dans  le  milieu  du  xviir"  s.  Toutefois,  l'on 
dit  encore  faucheux  à  côté  de  faucheur  (araignée 
des  champs),  baveux,  pour  baveur,  etc.  C'est  sur- 
tout dans  la  langue  popul.  que  la  prononciat.  par 
eux  s'est  maintenue  de  façon  à  amener  une  confu- 
sion avec  le  suiï.  eux,  euse.  C'est  en  réalité  un 
suffixe  différent  de  celui-ci  et  péjoratif  :  les  parta- 
geux,  pour  :  les  partageurs.  C'est"  ainsi  que  l'on  a 
dit  :  les  Conimuneux,  pour  :  les  Communards.  A  la 
même  origine  se  rattachent  d'autres  termes  de 
mépris,  comme  les  Gommeux.  etc.  (L.  Sudre. 
W.,  129,  p.  83.) 


374 


ÉVANGILE 


ÉVIS 


Et.  —  Semble  dér.  de  Aivail  (v.  Eau),  comme 
Egailler  du  fr.  Aiguail.  En  sorte  qu'aux  doublets 
Aivail  et  Aiguail,  l'un  purement  patois  et  l'autre 
admis  en  fr.,  correspondraient  les  deux  doubl. 
riat.  Evâiller  et  Egailler.  Il  est  à  noter  que,  dans 
l'un  et  dans  1  autre,  l'a  se  prononce  très  long,  très 
lourd,  tandis  qu'il  est  très  bref  dans  Aivail,  aussi 
bien  que  dans  Aiguail.  —  Se  rapproche  de  Eve, 
évier.  —  Evâiller  du  foin,  du  fumier,  l'étendre.  || 
Z.  1.39.  Etendre,  allonger. 

Ëvangile,  s.  f.  —  Ex.  :  Ils  ont  lu  la  grande 
évangile. 

Ëvangiler  (Fu.,  Mj.),  v.  a.  —  Lire  l'évan- 
gile sur  qqn,  bénir,  faire  des  prières  religieuses 
sur.  Les  femmes,  à  leurs  relevailles,  se  font 
évangiler  par  le  curé  ;  on  fait  aussi  évangiler 
les  petits  enfants  le  jour  de  la  Saint-Jean.  || 
Sp.  —  Ironiquement:  Exécuter,  saisir. —  Ex. 
L'huissier  a  évangile  ein  tel. 

Évas  (Lg.),  s.  m.  —  Evasement.  Ex.  : 
Uévas  d'une  porte,  d'une  fenêtre.  Langue 
des  ouvriers  du  bâtiment. 

Eve.  —  Eau.  Mais  aussi  Jument.  Dans  le 
premier  cas,  il  vient  de  Aqua  ;  dans  le  second, 
de  Equa.  Se  lit  dans  Fane.  Coutume  d'Anjou 
et  du  Maine,  non  imprimée.  Le  Hers  est 
pendu  quand  ils  emblent  chevaux  ne  èves.  » 
—  Les  Gascons  disent  Eques. 

Évée  (Chem.  Cha.),  s.  f.  —  Abondance  de 
pluie.  Cf.  Aivée. 

Éveille-fou,  s.  m.  —  Ce  son  se  donnait  à 
la  cloche  des  moines  indolents.  D'après 
Ménage  :  «  à  cause  de  la  cloche  qui  sonnait 
les  matines».  Dans  une  Charte  de  l'Hôtel- 
Dieu  d'Angers  (1183)  on  lit  :  «  Tintinnabulum 
quod  evigilans  Hultum  dicitur.  »  Au  contraire, 
sur  la  cloche  du  réfectoire  il  y  avait  ce  vers  : 
«  Vox  mea,  vox  grata  est,  quia  prandia  dico 

(parata.  » 

Que  ce  son  est  doux,  quand  elle  me  dit  que 
le  repas  est  prêt.  (Mén.) 

Événouir  (Z.  139,  Lx.,  Zig.  143),  v.  n.  — 
S'évanouir.  Elle  a  événoui  ;  —  elle  s'est  éva- 
nouie. 

Éventé  (Lg.,  By.),  part.  pas.  —  Goût 
d'éventé,  goût  désagréable  que  prend  le  lard 
trop  avancé.  Syn.  de  goût  de  vent. 

Éventer  (Mj.),  v.  a.  —  Dans  le  langage  de 
vignerons,  éventer  une  pièce,  c'est  en  l'Ogner 
l'extrémité.  Ainsi  le  blanc  tendrillet  coule 
régulièrement  à  la  floraison,  si  on  Vévente.  \\ 
Lg.  —  Ouvrir  la  panse  de,  une  bête  bovine, 
au  moyen  du  trocart  ou  d'un  couteau,  en 
cas  de  météorisation.  Langue  des  mégeilleurs. 
N.  Et  non  Eventrer. 

Et.  —  Du  franc.  Vent,  parce  que  les  gaz 
s'échappent  par  la  plaie. 

Et.  —  LiTTRÉ,  sens  4  et  5.  Eventer  un  œil, 
approcher  la  coupe  très  près  de  cet  œil  ;  éventer 
la  sève,  faire  de  trop  grandes  plaies  aux  arbres. 
C'est  :  altérer  par  l'exposition  à  l'air. 

Évernâiller  (s')  —  (Sp.),  v.  réf.  —  Sortir 
d'une  cachette,  se  montrer  subitement.  Syn. 
à.Q^QDébourniger,^Q  Décanicher.  ||  Ma.  Z.  205. 


—  Se  secouer,  se  réveiller,  faire  montre 
d'énergie. 

Éverrer,  v.  a.  —  Couper  le  filet  de  la  langue 
pour  préserver  un  animal  de  la  rage. 

N.  —  Enlever  sous  la  langue  des  chiens  un  petit 
nerf  qu'on  a  pris  pour  un  ver  occasionnant  la 
rage.  (Litt.)  V.  Everter. 

Éverter  (Lg.),  v.  a.  —  Extraire  de  la  cer- 
velle d'un  mouton  atteint  du  tournis  ou  aver- 
tin  le  ver  qui  occasionne  la  maladie. 

Et.  —  Evidemment  dérivé  du  fr.  Ver.  Il  est 
d'ailleurs  très  vraisemblable  que  c'est  de  ce  mot 
que  vient  le  fr.  Avertin,  et  non  du  lat.  Avertere, 
comme  le  prétend  Hatzfeld. 

Éverzillé  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —  Avisé.  Ma 

petite  est  bien  éverzÛlée. 

Évestoui  (Sar.,  Li.,  Br.,  Lg.,  By.),   adj.  q. 

—  Gai,  réjoui,  déluré,  gaillard,  rusé.  Mon 
gars-  est  ben  évestoui.  Cf.  Révestoui.  \\  By. 
Evoestoui. 

Éveuveter  (Lg.,  Sp.),  v.  n.  —  V.  Veuveter, 
Veuver. 

Éviâiller  (Mj.,  Tlm.,  Sal.),  v.  a.  —  Décou- 
vrir, mettre  au  beau,  rasséréner,  en  parlant 
du  temps.  Syn.  de  Epurer,  Egarer,  Ebobe- 
lucher.  —  Du  fr.  Vie?  i|  v.  a.  —  Réjouir, 
ragaillardir,   égayer,  rasséréner  le  caractère. 

—  C'est  le  même  mot  qu'à  Mj.,  dans  un  sens 
très  voisin.  j|  V.  réf.  S'éviâiller  ;  se  donner  du 
mouvement,  de  la  gaîté,  en  parlant  des  per- 
sonnes. 

Evier  (Lg.),  s.  m.  —  Evier.  L'e  se  prononce 
très  ouvert,  conformément  à  l'étymol.  Aive. 
On  devrait  même  écrire  Aivier.  Eve  existe 
toutefois.  V.  Eau.  \\  Br.  Ee-vier,  ée-vier. 

Et.  —  Lat.  Aquarium.  —  Le  peuple  dit  souvent  : 
un  levier,  par  suture  de  l'article. 

Évier  (Lg.),  v.  a.  —  Eveiller.  Cf.  Vier, 
Viée,  Cotion.  —  Lat.  Evigilare.  ||  By.  Ev'iller, 
ill,  dur. 

Évisi  (Mj.,  Z.  149,  Sal.,  Chl.),  s.  m.  —  Avis, 
opinion.  Ex.  :  Il  m'était  ben  évis  que  j'avais 
entendu  queuque  chouse.  ||  Conscience, 
notion  des  choses  extérieures,  perception 
réfléchie.  On  dit  d'un  petit  enfant  :  Uévis  va 
le  prendre,  c.-à-d.  la  conscience  va  se  déve- 
lopper en  lui.  Il  Sembler  évis,  —  sembler, 
paraître,  être  avis.  Ex.  :  Me  semblait  ben 
évis  que  je  l'avais  déjà  vue  queuque  part, 
mais  je  n'étais  penlecas  de  illi  mettre  un  nom 
sus  la  figure.  —  N.  Cette  loc.  pléonastique  est 
en  usage  à  Tlm.,  comme  à  Mj.  —  Il  me  semble 
évis  que,  —  n'est  autre  chose  qu'un  amalgame 
assez  illogique  des  locut.  :  Il  me  semble 
que...,  etc.  Il  m'est  avis  que...  —  Cf. 
Tâcher  moyen,  dans  :  Tâchez  moyen  d'aller, 
plus  vite.  'I  Fu.  —  Il  n'est  pas  évis  comme 
c'est  difficile,  —  on  ne  saurait  croire,  s'ima- 
giner combien  c'est  difficile,  Mj.,  id.. 

Et.  —  Avis.  De  à  +  vx  fr.  vis,  lat.  visum,  ce 
qui  est  vu.  On  a  dit  d'abord  :  Ce  m'est  à  vis,  puis  : 
ce  m'est  avis  :  enfin  :  c'est  mon  avis. 


ÉVIS  —  EXTRAIT  D'AGE 


375 


Hist.  —  «  Ayant  perdu  la  connaissance  et  adi>is 
du  monde,  rendit  son  âme  à  Dieu.  »  (1619.  — 
J/u:  Arch.,  S.  E.  m,  305,  1,  m.) 

—  «  Ny  plus  ne  moins  qu'à  ceux  qui  sont  sur  l'eau 
«  Passans  d'un  lieu  à  l'aultre  par  basteau. 

u  II  semble  advis,  à  cause  du  rivage 
«  Et  des  grands  flotz,  les  arbres  du  rivage 
«  Se  remuer,  cheminer  et  danser.  » 
(Rab.,  Epit.  à  Jehan  Bouchet,  p.  60o.) 

—  Voir  :  Avis. 

Évis  =  (Mj.)  (Evice),  s.  f.  —  Vis,  machine 
simple.  Corr.  du  mot  français.  Cf.  Ai'isse. 

Éviter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Ne  pas  inviter. 
Se  dit  en  plaisantant.  Ex.  :  Ils  ont  invité  les 
autres,  mais  moi  ils  m'ont  éi'ité.  —  Invitare, 
Evitare. 

ÉvTole,  s.  f.  —  Ampoule  ou  vessie  qui  vient 
sur  la  peau.  De  Eve.  V.  Eau.  Syn.  de  Bouffie. 

N.  —  1564.  Eaurolle,  aerole.  —  Aquariola. 
«  Un  râteau  mal  rangé,  pour  ses  dents,  paraissoit 
«  Où  le  chanvre  et  la  rouille  en  monceaux  s'amassoit 
«  Dont  pour  lors  je  connus,   grondant  quelques 

(paroles, 
«  Qu'expert  il  en  sçavoit  crever  ses  éveroles.  » 
(RÉGNIEK,  Sat.,  X.) 

On  dit  Evrole,  en  Anjou.  —  Ménage. 

Examiner  (Mj.),  v.  pr.  —  S'examiner,  — 
s'user,  s'érailler,  se  faire  mince,  en  parlant 
du  linge  ou  d'une  étoffe.  Ex.  :  Velà  eine  che- 
mise qui  commence  ben  à  s'examiner. 

Et.  —  Examen  ;  proprement,  l'aiguille  de  la 
balance  qui  dénonce  l'équilibre  ;  de  là  :  action  de 
peser,  d'examiner,  pour  :  Exagmen,  de  Exigere,  ou 
Exagère,  réduire  à.  (Litt.)  —  Examiné,  d'oii  : 
usé,  tourmenté  :  «  Car  voirement  du  temps  passé 
(ce  pays)  avoit  esté  trop  fort  examiné  et  traveillé 
de  tailles.  »  (L.  C.)  —  Je  lis  au  mot  Essaimer, 
maigrir,  s'en  aller  peu  à  peu.  En  parlant  de  la 
santé,  Montaigne  (n,  22)  dit  :  «  Il  nous  la  faut 
essimer  et  abattre.  »  —  «  J'aimerois  presque 
également  qu'on  m'ostast  la  vie,  que  si  on  me 
Vessimoit.  »  (ui,  10.)  —  Si  Essimer  est  pour  Essai- 
mer, comme  Examiner  est  de  la  même  famille, 
p.-ê.  faudrait-il  voir  là  une  identité  de  sens. 
(Voir  Montaigne  et  son  Gloss.  —  De  Mont.)  — 
Examiner  (to  examine),  décourager,  accabler, 
éprouver.  —  Du  lat.  Exanimare,  consterner, 
inquiéter  ;  littéralement  :  ôter  la  vie.  Par  méta- 
thèse,  en  ce  sens,  pour  Exanimer.  «  La  durée  de 
cette  playe  fut  longue...  afin...  que  Dieu  resti- 
tuast  (pourvût)  sa  terre  de  peuple  tout  nouvel, 
examiné  par  adversité.  (Al.  Chart.,  EEsp.,  p.  321. 

—  Cité  par  MoisY.)   ||  R.  O.  propose  s'Etaminer, 
du  fr.  Etamine.  Vx  fr.  Estamine. 

Exarcer,  Exarcice  (Mj.)-  —  Exercer,  Exer- 
cice. 

Hist.  —  Les  habitants  de  Saint- Aubin  avaient 
demandé  «  que  l'église  de  Sint-Aubin  en  set 
commune  leur  fut  ouverte  pour  par  eus  y  être 
exarcer  leur  culte  ».  (Cité  par  abbé  Bretaudeau, 
p.  182.) 

Excès  (By.),  adv.  —  Trop.  Ex.  :  N'y  a 
point  d'excès.  Il  n'y  a  rien  de  trop.  —  Exces- 
sus,  de  excedere. 


Ex.  —  Ce  préfixe,  devant  une  consonne,  se 
prononce  toujours  Es.  On  dit  Esprés,  esploiter, 
esposer,  estase,  etc.  (Mj.,  By.) 


Excuses,  s.  f.  —  Faites  excuses,  —  excusez- 
moi.  Cf.  Escuse. 

N.  —  Cette  loc.  est  à  rejeter  ;  le  sens  rigoureux 
serait  qu'on  demande  à  son  interlocuteur  qu'il 
fasse  ses  excuses  ;  comme  dans  :  Exiger  des  excuses. 
C'est  le  contraire  de  ce  que  l'on  veut  dire. 

Exemple  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ex.  :  Dame  ! 
c'en  est  ieune  qui  donne  de  belles  exemples  à 
ses  quenaux  ! 

Et.  —  A  été  fait  du  fém.  (Régnier.)  L'est 
encore  qqf.,  sans  raison,  dans  exemple  d'écriture. 
(Litt.)  —  N.  Les  plur.  neutres,  en  lat.,  étant  ter- 
minés en  a,  comme  beaucoup  de  noms  fém.  sing., 
furent  assimilés  souvent  à  ceux-ci.  Tel  :  Exemple. 

Exiler  (Sp.),  v.  a.  —  Détourner,  distraire, 
subtiliser.  ||  v.  réf.  —  S'isoler,  s'écarter,  se 
tenir  à  distance.  —  C'est  le  fr.  Exiler,  con- 
fondu sans  doute  avec  Isoler,  et  pris  dans  des 
sens  spéciaux. 

Exister  (Lg.),  v.  n.  —  Mener  large  et 
joyeuse  vie,  se  donner  du  bon  temps.  Ex.  : 
C'est  ein  homme  qui  a  existé. 

Expédient,  e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Expé- 
ditif,  vif,  prompt,  en  parlant  des  personnes.  || 
Expéditif,  simple,  facile,  efficace,  en  parlant 
des  choses.  Ex.  :  Je  crais  que  c'est  le  pus 
expédient  de  faire  comme  ça.  —  Pratique. 

Et.  —  Dér.,  comme  le  fr.  Expéditif,  du  lat.  Expe- 
dire.  Ex,  pes,  pedis  :  dégager,  tirer  le  pied  hors.  — 
«  Aultres  sont  par  le  monde  qui,  estant  grande- 
ment affligés  du  mal  de  dents...,  n'ont  trouvé 
remède  plus  expédient  que  de  mettre...  »  (Rab., 
P.,  n,  Prol.)  —  «  I-e  même  du  Moulin,  toutefois, 
accorde  qu'ils  peuvent  faire  ad  dictum...  Mais 
il  semble  qu'il  trouve  plus  expédient  que...  » 
(Coust.  d' Anjou,  t.  n,  col  »9.) 

Exposant  (Mj.,  By.),  adj,  verb.  —  Dange- 
reux, périlleux.  Syn.  de  Risquable.  C'est  ben 
exposant  !  » 

Exposition  (Pc,  Mj.),  s.  f.  —  Péril,  danger, 
risque.  Au  jeu  de  boules  :  «  N'y  a  point 
d'exposition  à  s'-appuyer  sur.  à  pousser  le 
maître.  »  Sous-entendu  :  nous  avons  une  boule 
devant,  ça  ne  peut  que  nous  faire  un  point 
de  plus. 

Expr<^s  (Esprès)  —  (Mj.,  By.),  adv.  —  Ex.. 
C'est  fait  exprès,  comme  les  chiens  pour 
mordre  le  monde,  ji  A  l'exprès,  —  même  sens 
—  je  ne  l'ai  pas  fait  à  l'exprès.  ||  C'est  comme 
un  fait  exprès,  je  voulais  sortir  et  y  tombe  de 
la  piée  à  verse.  1|  Lg.,  s.  m.  pi.  —  L'outillage. 
Ex.  :  Pour  bûcher,  faudrait  avoir  les  exprès. 

Et.  —  Qui  est  exprimé  de  façon  à  n'avoir  aucun 
doute  possible. 

Exténuer,  v.  a.  —  «  Il  cherche  à  m' exté- 
nuer, à  me  faire  du  tort,  à  diminuer  ma  clien- 
tèle, en  me  prenant  mes  clients.  «  Entendu 
ce  mot  d'une  personne  étrangère  à  l'Anjou  ; 
mais  comme  il  est  expressif  !  —  Cf.  Atténuer. 

Et.  —  Ex  tenuis,  rendre  plus  petit,  plus  ténu. 

Extrait  d'âge  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Acte  de 
naissance. 

Hist.  «  Qui  avait  refusé  de  délivrer  son  extrait 
d'âge.  »(1743.  —  Inv,  Arch.,  E.,  m,  p.   410,  col.  1), 


376 


ÉYON 


FAGUEXAT 


Éyon  (Sp.).  —  V.  Yon. 

Éyoù  (Ec,  Mj.,  By.),  adv.  —  Où.  Marque 
le  lieu.  Ex.  :  Eyoù  est-il?  —  V.  Yoù.  ■ —  Eyoù 
donc  qu'  tu  vas?  D'éyoù  donc  qu'tu  viens?  || 
Et  même  :  d'yoù  donc  qu'tu  viens  ?  Il 
Y  a  eyoù,  —  il  y  a  de  quoi.  Ex.  :  S'il  n'y  a  pas 
éyou  en  tourner  !  —  s'il  n'y  a  pas  de  quoi  en 
perdre  la  tête  !  —  N.  Après  Eyoù  on  emploie 
ordinairement  que.  Ex.  :  Je  ne  sais  pas  éyoû 
que  c'est.  — Souvent  aussi  on  ajoute  un  s  para- 
gogique.  —  Ex.  :  Je  sais  pas  eyous  que  c'est. 


—  N.  A  Mj.,  on  dit  indifféremment  :  Eyoù, 
Yoù,  Eyous,  Yous,  Oyou,  ayons.  —  Dans  le 
Choletais  (Sp.,  Tlm.,  Lg.).  Èyour,  Your. 

Éyour  (Sp.),  adv.  —  Où.  —  Marque  le 
lieu.  Ex.  :  Je  sais  pas  éyoùr  qu'il  est  ; 
je  l'ai  mis,  je  sais  pas  éyoùr.  —  Cf.  Your, 
Eyoù. 

Éyous'  (l's  final  se  prononce  fortement). 
Comme  Eyoù,  Eyoùr.  Je  sais  pas  éyoùs  qu'il 
est,  (Mj.,  By.) 


F 


OBSERVATIONS 

Voir,  à  leur  ordre  alphabétique,  et  en  note 
diverses  remarques.  De  plus  : 

FI  se  prononce  souvent  Cl  ;  ex.  :  Fléau,  clenu, 
fleumer,  cleumer  ;  riflet,  riclet. 

F  devient  r  :  neufs,  neurs;  remplace  v  :  dénâfrer. 

Ne  se  prononce  pas  à  la  Pin  des  mots  :  chétif  °, 
ch'ti. 

F.  —  Indique  une  monnaie  frappée  à 
Angers.  X.  Voir  au  Musée  des  antiquités  à 
Angers. . .  5°  un  denier  tournois  de  Henri  III, 
frappé  à  Angers,  lettre  F.  (Abbé  Bretaud. 
p.  9,  note.) 

Fabriqueur,  s.  m.  —  Membre  de  la  fa- 
brique d'une  église.  (Brossier,  t.  II.  —  Méx.) 

Face  (Mj.,  Ag.)  s.  f.  —  En  face,  loc.  prép. 
—  en  face  de,  vis  à  vis  de.  Ex.  :  Il  demeure 
en  face  chez  nous. 

Hist.  —  Son  cadavre  a  été  retrouvé  en  face  la 
Baumette.  {P.  Courrier,  30  juill.  1907,  2,  4.) 

Faces,  s.  f.  —  Grand  côté  des  bancs  de 
schistes,  tandis  que  les  petits  côtés,  ou  chefs, 
ne  servaient  pas  à  marquer  les  foncées  (Tr.). 
Méx. 

Fâche  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Dégoût,  écœure- 
ment. X"e  s'emploie  que  dans  l'express.  : 
Prendre  fâche,  se  dégoûter,  être  écœuré. 
Ex.  :  J'y  prenais  fâche  sus  leux  cuisine.  — • 
Syn.  de  Prendre  danger,  Dangeler. 

Il  By.  —  Fâcherie  plus  grave.  —  Des 
p'tit's  fâcheries  d'abord  ;  c'est  anhui  eine 
vrai'  facile  entre-y-eux  ;  d'meshui  i'  s'ront 
toujou  à  couteaux  tirés. 

'^.t.  —  «  Le  lat.  Fastidium  n'a  pu  donner  direc- 
tement fâcher.  Provenç.  fasticar,  —  gar  ;  fâcher. 
Ce  V.  dérive  de  Fastic,  Fastig,  qui,  conformément 
au  génie  de  la  langue  provenç.,  représente  le  lat. 
Fastidium.  Fâcher  est  donc  proprement  :  donner 
du  dégoût,  de  l'ennui. 

Façon  (Sp.),  s.  f.  —  Façon  de  beurre,  motte 
de  beurre.  Syn.  de  Coin,  Forme.  ||  Sens  ero- 
tique. Cf.  Faction,  Aller  au  beurre. 

Et.  —  Du  lat.  factionem.  pouvoir  de  faire. 

Façonnier  (Sa.,  Mot.),  s.  m.  —  Bûcheron 
qui  fait  des  fagots  à  la  tâche.  —  V.  Façon. 


Faction  (Mj.).  s.  f.  —  Prendre  en  faction, 

—  pr.  sur  le  fait.   ||  Etre  en  faction,  —  sens 
erotique.  —  V.  Façon. 

Fade  (Mj.,  By.),  adj.  q.  ^  Amer.  Ex.  :  C'est 
fade  comme  de  la  suée  (suie).  —  A  Mj.,  le 
mot  n'a  pas  d'autre  sens,  et  Amer  est  inconnu. 

—  A  Sp.  on  emploie  les  deux  mots  dans  leur 
vrai  sens,  jj  Lue,  id. 

Et.  —  Lat.  fatuus,  insipide.  Cf.  Fat.  (Litt.)  — 
Lat.  vapidum,  éventé,  devenu  fapidum,  fapde, 
fade.  (Darm.) 

Hist. 

<!  Par  un  seul  mot  on   y   pourroit  pourvoir 

«  Et  faire  miel  le  fade  de  mon  cœur.  » 

(G.-C.  Btjchek,  134,  160.) 

Fadéier  (Mj.),  v.  n.  —  Devenir  amer.  Ex.  : 
Velà  eine  cocombre  qui  va  bentout  fadéier. 

Et.  —  Du  fr.  Fade,  pris  au  sens  patois,  avec  le 
saff.  inchoatif  :  éier. —  V.  Fade. 

Fadi  (Sar.).  —  Voir  Fade. 

Faducliet  (Segr.),  s.  m.  —  Petit  avorton, 
frêle,  chétif  ;  faible,  débile,  difficile  à  nourrir. 
V.  Faluchet. 

Fagas  (Cho.),  s.  m.  —  V.  Faguenat. 

Fagotage  (Lg.),  s.  m.  —  Xom  collectif 
sous  lequel  on  désigne  les  fagots,  la  bourrée, 
la  fournille  ou  fourneille.  Ex.  :  Cobé  le  fago- 
tage paye-t-il  d'entrée  à  Cholet? 

Fagotier  (Auv.),  s.  m.  —  Tas  de  fagots. 
Syn.  de  Massière,  Mouêche. 

Fagoton  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  fagot. 

Fagots  (Th.).  —  Quand  le  vent  est  au  N., 
on  dit  qu'il  est  dans  les  fagots. 

Fagot'  (Li.,  Mj.,  Br.).  —  C'est  le  mot 
Fagot,  avec  le  t  final  sonore. 

Faguenat  s  m.  —  Moisi.,  ou  Faguenas. 

Et.  —  Orig.  incert.  —  Faguenas.  Terme  familier 
et  vieilli.  Odeur  rebutante  qui  sort  d'un  corps 
échaiiiïé  ;  odeur  d'hôpital.  "  Odeur  de  crocheteur 
échauiTé  ;,  dit  L.a.  Moxxoye.  {Gloss.  des  Noëls 
bourguign.)  —  (LiTTRÉ.)  Odeur  de  gousse.  «  Le 
faguenat  des  Hespaignols,  par  Fra  Inigo.  »  (Rab., 
I,  72.)  —  Y  aurait-il  du  rapport  avec  :  fange, 
fangeas,  —  bourbier,  mare,  —  faignes  et  fagnes, 
dans  le  Luxembourg? 

—  «  Une  mare,  un  fangeas  qui  n'a  rive  ni  fond.  » 

(Belleau,87.) 


FAIGNANT 


FAIRE 


377 


—  Staguenat,  saguenat,  s.  m.,  urine  qui  croupit. 
(Favre.)  —  La  P*  forme  rappelle  Stagnant.  — 
«  Il  est  vrai  que  le  cas  de  celles  qui  font  des  enfants 
est  toujours  faguenant  et  mal  odorant.  >  (B.  de 
Verville,  m.  de  p.,  m,  83,  4.) 

Faignant  (Partout),  s.  m.  —  Fainéant. 

Et.  —  «  On  prend,  d'ordinaire,  feignant  pour  une 
corrupt.  de  fainéant  ;  mais  Génin  a  soutenu  que 
c'est  le  part,  du  v.  feindre,  ou  se  feindre,  ayant 
eu  le  sens  de  :  hésiter,  reculer.  Cette  manière  de 
voir  est  appuyée  sur  feintise,  prise  au  sens  de 
fainéantise.  (LiTT.)  —  N.  L'existence  de  notre  v.  se 
Poindre  et  de  l'adj.  Fointroux  vient  appuyer  l'opi- 
nion de  Génen.  —  Faingnant  ;  chiche,  avare,  — 
aujourd'hui  syn.  de  paresseux,  —  part,  de  faindre. 
«  De  vous  me  guermente,  et  plain, 
«  Du  plus  jaingnant  et  fau.x  et  mauvais  villain 
«  Qui  oncques  fu.  »  —  (Deschamps.)  L.  C. 

—  Se  faindre,  se  ménager,  travailler  nonchalam- 
ment : 

«  Car  amors  ne  se  faint  niant.  «  (D.  C.)  — 
ScHELER  donnera  la  conclusion  :  «  Il  faut  distin- 
guer, comme  l'observe  fort  bien  Génin,  le  mot 
fainéant,  qui  ne  fait  rien,  de  feignant,  mot  popu- 
laire signifiant  :  qui  ne  va  pas  de  tout  cœur  au  tra- 
vail, ou  plutôt  qui,  n'osant  pas  avouer  sa  paresse, 
accepte  le  travail  sans  le  rechercher.  Ce  feignant  là 
vient  de  :  se  feindre,  hésiter,  faire  difficulté,  se 
soustraire  au  travail. 

Faignante  (Sp.),  s.  f.  —  Siège  de  roulier, 
formé  d'une  bande  de  forte  toile  que  sup- 
portent, en  avant  de  la  roue,  deux  pitons  en 
bois  fixés  dans  le  limon  de  gauche  de  la  char- 
rette. 

Et.  —  Corrupt.  de  l'adj.  fr.  Fainéante,  pris 
substantivement  et  métaphoriquement. 

Faigne  (Lg.),  s,  f.  —  Patrouillis,  ordure 
demi-îiquide,  boue,  fange.  Ex.  :  J'ons  sèment 
pas  de  la  bourrée  (litière)  ;  les  bêtes  sont  dans 
la  jaigne.  Syn.  de  Pilroil,  Pitoil,  Fatouille. 

Faignoux  (Lg.),  adj.  q.  —  Boueux,  fan- 
geux, plein  d'ordure.  Syn.  de  PatouiUeux, 
Pitroilloux.  De  Faigne. 

Faije  (Tlm.,  Lg.).  Faise  (Mj.),  fa.sse  (que 
je),  subj.  prés,  du  v.  faire.  —  Il  faut  que  je 

fnije,  ou  Fai.'^c. 

Faillait,  impai'f.  de  Falloir,  et  Faillii,  part 
pas.  Mj. — Pour  :  fallait,  fallu.  — On  dit  encore  : 
Faillait  ben,  a  ben  faillu  ;  mais  ces  formes  ont 
vieilli.  Il  Z.  152.  Faullait,  pron.  fauyait  (By., 
ici.  et  faillu,  pron.  fauillu).  —  Se  confond  avec 
Failli.  Ex.  :  Il  ne  s'en  est  guère  faillu  qu'il 
tombe  dans  le  puits. 

llist.  —  «  Voyant  que  naturellement  sus  vos 
vieulx  jours,  étiez  constipé  du  ventre  et  que, 
journellement,  vous  faiUoit  au  cul  fourrer  un 
apothycaire,  je  dis  un  clistere.  »  (Rab..  P.,  iv,  67, 
\~'i.)  —  «  Ce  jourd'huy  joudy...  que  l'eau  estoit 
par  les  rues  de  ceste  paroisse  et  faiUoii  y  aller  par 
batleaux.  »  (1623.  —  /ne.  Arch.,  S,  s.,  E.  284,  2,  m.) 

Failléte  (Lg.),  s.  f.  —  Faillite. 

Failli  (Lue,  Sal.,  Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Terme 
de  mépris  et  sens  vulgaire.  —  Failli  gars,  — 
mauvais  garnement,  jj  Malade,  qui  dépérit  : 
«  Il  est  bien  failli , —  il  a  bien  mauvaise  mine. 

—  Syn.  et  d.  de  Fâli.  (Lrm.,  id.)  i  By.,  a  très 
lonjî. 


Et.  —  Faillir,  de  fallere,  faillire  (a  produit  faillir 
et  falloir).  Le  lat.  fallere  a  passé  aisément  du  sens 
de  tromper  à  celui  de  faillir.  —  On  disait  :  failli  de 
cœur,  cœur  failli,  —  lâche,  sans  cœur.  (Litt.)  — 
Jehan  de  Bourgeauville  dist  au  suppliant  qu'il 
batroit  bien  un  si  failli  et  si  foireux  chevalier 
comme  il  estoit.  )>  (1388.)  L.  C. 

Faillir  (Mj.).  —  Falloir.  X.  Ces  deux  verbes 
sont  sans  cesse  confondus.  Même  orig.  — 
Fallere,  Fallire.  V.  Failli.  ||  By.  —  Pron. 
Fauiller. 

Failloir  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Falloir.  Forme 
très  vieillie.  Cf.  Vailloir.  Y.  Faillir. 
Hist.  : 

«  Vis  à  vis,  de  l'autre  costé. 
S'assit  le  segineur  de  l'hostel. 
Et  eurent   du   vin.    Dieu   sait  quel, 
Il  ne  failloit  poinct  demander.  » 

Villon,  les  Repues  franches.  —  Jaub. 

Failli!  (Mj.),  Part.  pas.  de  Falloir.  —  Vieilli 
Il  By.  fauillu. 

Hist.  —  CI  En  l'an  1593,  il  a  faillu  à  Pasques, 
pour  accommunier  le  peuple  de  la  paroisse  de 
Cuon.  "  (Iiw.  Arch.,  S,  E,  111,  2,  h.) 

Faim-calle,  s.  f.  —  Faim  valle. 

Et.  —  De  faim  et  du  celto-breton  gwal  ,  mau- 
vais. Cette  étymol.,  corroborée  par  l'express,  ana- 
logue Male-faim,  explique  aussi  les  formes  acces- 
soires :  faim-gall,  faim-calle  et  fraimgalle,  fringale. 

Faine  (Segr.),  adj.  —  N'être  pas  faine, 
c'est  :  n'être  pas  embarrassé  ;  —  p.-ê.  fai- 
néant (MÉx.).  Angl.  Fain,  contraint. 

Fainiant,  Fainianter,  Fainiantise.  Pour  : 
Fainéant,  fainéanter,  fainéantise.  (Partout). 
\'.  Faignant. 

N.  —  Le  gallo-roman  a  perdu  la  particule  in  qui 
s'unissait  aux  subst.  et  aux  adj.  poTir  leur  donner 
une  valeur  négative  et  l'a  remplacée,  dans  l'anc. 
fr.,  par  :  neent,  nient.  D'où  :  fainient.  Le  peuple  ne 
prononce  déjà  pas  si  incorrectement  ce  mot. 

Faire  (Mj.,  Spb.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Sens 
innombrables,  jj  Proposer  en  vente  pour  un 
certain  prix.  Ex.  :  II  m'a  fait  sa  vache  vingt- 
cinq  pistoles.  —  A  m'a  fait  ses  codones  dix- 
huit  sous  le  quarteron.  ||  Faire  son,  faire  le. 
Ex.  :  Il  a  fait  son  sot,  fais  donc  pas  ton  sot.  — 
Faire  son  rococo,  son  pidoux.  \\  v.  n.  Absolu- 
ment. —  Mettre  bas.  Ex.  :  Je  crais  que  la 
jument  va  faire  ceté  nuit.  ||  Tendre,  pêcher. 
Ex.  :  J'ai  fait  là  pendant  pus  d'eine  heure,  je 
n'ai  point  vu  mordre,  jj  .Absolument.  Faire, 
—  suffire.  By.  Ex.  :  Ce  que  j'avais  de  grain 
ne  fera  pas,  ou  ben  ça  fera  bique  à  bique.  — 
Vingt  écus,  ça  ne  fera  pas  pour  payer  mes 
quatre  laitons.  —  Les  Angl.  disent  de  même  : 
That  vont  do,  cela  ne  suffira  pas.  ||  Avoir  de 
que  faire,  avoir  ben  de  que  faire,  —  être  à 
l'aise,  être  riche.  ||  Sp.  —  par  ellipse.  Avoir 
de  que,  —  même  sens.  Ex.  :  C'est  des  gens 
qui  ont  ben  de  que.  |1  Faire  pour,  —  se  pré- 
parer à.  Ex.  :  Faut  faire  pour  nous  en  aller. 
Als.  Faire  après,  soigner.  By.  Ex.  :  Ein 
homme  puissant  comme  ça,  qui  est  en  para- 
lésie,  je  vous  réponds  que  sa  femme  a  du 
tahut  à  faire  après.  Cultiver.  Ex.  :  C'est  eine 
terre  point  commod(!  à  faire.    [\  Atleindre  à 


378 


FAISANT   —   FAISE-EXT 


un  poids,  à  un  volume,  à  une  dimension.  Ex.  : 
Ceté  coi'de-là  ne  fait  pas  quatre  pieds  et  demi. 

—  Ton  gorin  ne  fait  pas  sept-vingts.  ||  Pro- 
duire .son  effet.  —  Ex.  :  Sa  médecine  a  ben 
fait.  —  Faut  donner  le  temps  à  la  médecine 
de  faire.  \\  Faire  des  souffrances,  —  souffrir, 
pâtir.  Ex.  :  Il  a  fallu  qu'aile  en  faise  des  souf- 
frances pour  mourir.  ||  Faire  fracture,  — 
casser  qqch.,  f.  effraction.  ||  Faire  frayeur,  — 
effrayer,  épouvanter.  ||  Donner  les  cartes.  — 
Ex.  :  C'est  à  moi  de  faire.  \\  Tant  faire  de  ses 
pieds  et  de  ses  mains  que . . . ,  —  en  faire  tant, 
agir  avec  tant  d'ardeur,  que.  ||  v.  n.  —  Affec- 
ter, impressionner.  Ex.  :  Ça  illi  fait  ben  que 
son  chien  a  querci.  \\  Absolt.  Illy  faire,  — 
avoir  qq.  effet,  être  de  qq.  importance.  Ex.  : 
Je  ne  crais  point  que  ça  illy  fail.  —  Ça  illy 
fait  comme  ein  cautère  sur  eine  jambe  de 
bois,  —  au  pied  comme  à  la  jambe,  c.à.d. 
rien.  ||  N'avoir  que  faire  de.  —  Hist.  «  Car, 
comme  elle,  pensant  luy  faire  plaisir,  luy 
envoyoit  tous  les  jours  force  viandes 
exquises...,  il  luy  manda  qu'il  n'en  avait 
que  faire.  (Amyot.  Vie  cC Alex,  le  G.)  —  ||  N'y 
a  que  faire  de,  —  il  est  inutile  de  s'y  attêter 
(entêter),  ça  ne  sarvira  à  ren.  ||  Que  faire  que? 
pourquoi?  Ex.  :  Que  faire  que  tu  illi  parlais? 
Ben,  que  faire  veux-tu  te  lever?  \\  N.  —  Faire 
est  souvent  rejeté  à  la  fin  de  la  proposition. 
Ex.  :  Que  illi  parlais-tu  faire?  —  Que  veux-tu 
l'attacher  faire?  \\  Faire  de  l'homme,  —  faire 
l'homme.  —  ||  Faire  du  chien,  —  f.  beaucoup 
de  toilette,  en  parlant  d'une  jeune  fille.  ||  V. 
n.  —  Mesurer,  avoir  une  longueur,  une  lar- 
geur, une  grosseur  de,  —  Ex.  :  J'ai  tué  ein 
vipère  qui  faisait  ben  ein  mètre,  i]  Faire  cons- 
cience, —  donner  des  scrupules,  Ex  :  Ça  me  fai- 
sait conscience  de  illi  prendre  si  char.  |j  Fairela. 
vie,  —  mener  une  vie  de  débauche.  j|  Faire 
vieux,  —  avoir  l'air  vieux,  et,  a^  fig.,  paraître 
abattu,  hâve,  défait  ou  déconfit.  ||  Faire  du 
jeu,  —  faire  bon  jeu,  amuser  beaucoup.  || 
Faire  du  retour,  —  durer,  suffire  longtemps. 
Ex.  :  Eine  pièce  de  cent  sous,  ça  ne  fait  guère 
de  retour,  ça  n'a  guère  d'élaize  (dé  laise).  — ■ 
Syn.  de  Sucéier.  ||  Y  faire,  —  avoir  de  l'in- 
fluence. Ex.  :  La  lune,  ça  illy  fait  ben  pour  le 
temps.  Il  Absolument.  Faire  à,  —  Pêcher,  ou, 
plus  exactement,  essayer  de  pêcher,  tendre. 
On  fait  à  la  ligne,  à  la  sine,  à  la  trouble  ;  on 
fait  à  la  vermée,  au  vif,  et  (au  Long.),  au 
fleuré  ;  on  fait  à  la  ligne  de  fond,  à  la  ligne 
volante  ;  on  fait  au  goujon,  au  gardon,  au 
brochet,  etc.  —  On  fait,  on  fait  ;  mais  on  a 
beau  faire,  on  ne  pêche  pas  souvent.  ||  Faire 
de  que,  impressionner.  Ex.  :  Ça  m'a  ben  fait 
de  que,  de  le  voir  comme  ça.  ||  Faire  affre.  — 
V.  Affre.  Il  Faire  canne,  —  porter  une  canne, 
se  pavaner  avec  une  canne.  ||  Faire  caprice, 

—  inspirer  un  caprice,  une  passion.  ||  Faire 
danger,  —  dégoûter.  ||  Faire  eine  mort, 
mourir.  On  dit  :  faire  eine  belle,  eine  bonne, 
eine    triste    mort.    ||   N'avoir   que   faire    de, 

—  s'occuper  vainement  de,  —  Ex.  :  il  n'a 
que  faire  de  la  demander,  ce  n'est  point 
pour  lui.   Il  Faire  divorce,  —  divorcer. 


—  «  Un  linot  depuis  peu,  charmé  de  votre 

(note, 
A  fait  divorce  avecque  sa  linote.  » 
(Pellisox.  —  Cité  par  Jaub.  à  Linot.)  —  || 
A  voir  faire  (Lg.)  —  d'après  ce  que  l'on  dit 

—  Ex.  :  J'en  ai  demandé  des  nouvelles  ;  à 
voir  faire,  il  n'a  pas  si  grand  mal  comme  ça 
s'est  dit.  il  Se  suffire,  vivre,  v.  n.  —  Ex.  : 
Avec  cent  francs  par  mois  et  quatre  enfants, 
vous  pensez  ben  qu'ils  ont  ben  du  mal  à  faire. 
Il  Lue.  —  Il  fait  de  la  piée,  —  il  pleut.  |]  Faire 
sa  poire  ou  sa  merde,  —  s'en  faire  accroire, 
se  pavaner.  ||  Faire  de  l'herbe,  —  en  cueillir. 
Il  On  fait  une  haie,  on  ne  l'émouse  pas.  (Fu.) 

—  il  Z.  141.  —  Il  n'y  a  guère  où  en  faire,  — 
en  parlant  d'un  mauvais  ouvrier  qui  ne  tra- 
vaille pas.  Il  est  comme  la  mauvaise  pierre 
dont  on  ne  peut  tirer  d'ardoise. 

Il  Faire  affaire,  —  conclure  un  marché. 
Ex.  :  Eh  ben,  as-tu  fait  affaire  avec  ton  mar- 
chand de  gorins?  ||  Ben  faire  (Mj.),  v.  a.  et  n. 

—  Suffire.  Ex.  :  Ça  c'mence  à  ben  faire,  — 
en  voilà  assez.  ||  Qu'ça  peut-i  faire?  —  qu'est- 
ce  que  cela  peut  faire.  I  est  mis  pour  :  il,  et 
non  pour  y.  Ce  n'est  pas  comme  dans  :  Ça 
n'y  fait  ren.  Tous  les  remèdes  ça  n'y  fait  ren  ; 
y  pour  :  à  lui,  au  malade,  ou  :  à  elle,  à 
la  maladie.  ||  Faire  sa  religion,  —  la  pra- 
tiquer. Il  Faire  son  jubilé,  sa  mission,  — 
suivre  les  exercices  d'un  jubilé,  d'une  mis- 
sion. Il  Se  faire  besoin  de,  —  avoir  besoin  de, 
désirer.  —  Et  :  Vous  me  faites  besoin,  —  j'ai 
besoin  de  vous,  de  vos  services,  !|  Etre  fait 
mourir,  —  être  mis  à  mort.  —  N.  En  parlant 
de  canards,  une  femme  disait  :  Je  vas  faire 
mon  bonhomme  les  tuer,  pour  :  je  vas  les 
faire  tuer  par  mon  bonhomme.  ||  Faire  un 
taureau,  —  le  châtrer.  Langue  des  mégeil- 
leurs.  Il  Lg.  —  Faire  un  bœuf,  une  vache,  — 
abattre  et  dépecer.  Lang.  des  bouchers. 

Hist.  —  Proust,  ce  cruel  maire  de  Joué-Etiau, 
qui  fit  égorger  un  si  grand  nombre  d'habitants  de 
sa  commune...,  a  fait  une  mort  des  plus  effrayantes. 
(Deniau,  Hist.  de  la  V.,  t.  VI,  157.) 

Faisant  (Mj.),  adj.  verb.  —  Actif,  labo- 
rieux, travailleur.  I|  My.  —  Domestique. 
(MÉx.) 

Faiscinage,  s.  m.  —  Fascinage.  Usage  de 
fascines  placées  dans  l'eau  pour  arrêter  le 
poisson  —  1772  — •  sorte  de  barrage.  (Mén.) 

Et.  —  Lat.  fascina,  de  fascis,  faisceau.  —  Fai- 
sine,  sorte  de  panier  d'osier  propre  à  la  pêche.  — 
Fessina.  En  fr.  Faisse,  ou  Fesse,  «  vimen  tortum  », 
jonc  tordu. 

Faiscine  (By.),  s.  f.  —  Prononc.  Fée-cine. 
Fagot  à  deux  liens  d'ormeau  ou  de  frêne 
garni  de  pierres,  que  l'on  tend  pour  la  pȐche 
des  anguilles. 

Faise-ent,  —  Subj.  prés,  du  v.  faire  (Li., 
Br.,  Mj.). 

N.  —  Les  enfants  et  nombre  de  grandes  per- 
sonnes conjuguent  comme  suit  le  prés,  de  l'ind.  du 
V.  faire  :  Je  fais,  tu  fais,  il  fait,  je  faisons,  vous 
faisez,  ils  faisent.  —  On  dit  aussi,  à  l'impérat.  : 
fais,  faisons,   faisez.   Pour  tout  le   monde  à  Jieu 


FAISEUX  —  FAIX 


379 


près,  le  subj.  a  la  forme  :  Que  je  faise,  que  tu 
faise(s),  qu'i  faise,  que  je  faisions,  que  vous  faisiez, 
qu'ils  faisent.  —  Ex.  :  Que  vouTyous  que  'f  faise':  — 
Syn.  et  d.  de  Faije.  \\  By.  «  Qu'i  faigegeant,  —  qu'ils 
fassent.  » 

Faiseiix  (Mj.),  s.  m.  —  Faiseur.  Ex.  :  C'est 
ein  grand  jaiseux  d'embarras.  j|  Faiseux  de 
gueux,  —  exploiteur. 

Faisselle,  s.  f.  —  Vase  en  terre,  percé  de 
trous  dans  le  fond,  pour  laisser  égoutter  le 
petit  lait  du  fromage,  qui  s'y  sépare  de  la 
partie  caséeuse  et  coagulée.  —  Panier  d'osier, 
corbeille  ou  paillasson  ayant  la  même  desti- 
nation. Il  By.  —  Pron.  Fraisselle  (frée-celle). 

Et.  —  Lat.  fiscella,  de  fi.scus,  panier  (d'où  notre 
mot  fisc.)  —  D.  C.  Fiscina.  «  Par  les  trous  des 
faisselles  ou  esclisses  les  fourmages  s'égoutteront  «. 
(O.  DE  Serres.)  Litt.  —  Dans  Jaubert  :  Fesce  de 
Moule  à  fromages  en  forme  de  petite  caisse  ou  de 
pyramide  tronquées,  monté  sur  deux  petites  ba- 
guettes attachées  en  croix,  relevées  et  reliées  entre 
elles  par  des  brins  de  paille  de  choix. 

—  «  Tune  fiscella  levi  detexta  est  vimine  junci 
«  Raraque  per  nexus  est  via  facta  sero.  » 

(TiBtTLLE,  n,  3,  17.) 

—  «  Li  saut  (sort)  à  grans  gros  la  cervelle, 
«  Si  comme  fait  de  la  faisselle 

«  Le  lait  quand  on  fait  le  fromage.  » 
(Ane.  traduct.  d'OviDE,  citée  par  de  Laborde.) 

—  «  Cumque  jam  celare  non  po.sset,  sumpsit 
/tsce//a/MScirpeam,  et  linivit  eam  bitumine  ac  pice. 
(La  corbeille  où  fut  exposé  Moïse.  —  Exode,  i  et  n 

—  Fiscella,  dans  Virgile,  EgL,  x,  71. 

Fait  (fête)  —  (Partout),  s.  m.  —  Ne  s'em- 
ploie qu'au  sing.  —  Avoir,  biens,  possessions. 
Ex.  :  Ceté  gars-là  a  du  bon  fait.  —  Il  ont 
tout  mangé  leur  fait.  \\  Effets  d'habillement 
Ex.  :  Ne  va  pas  salir  ton  fait.  \\  Beaufait.  \\ 
Lue,  —  id.  —  Il  a  emporté  tout  son  fait,  — 
toutes  ses  affaires,  tout  ce  qui  lui  apparte- 
nait. Il  Z.  151.  —  Ce  mot  ne  désigne  pas  seu- 
lement le  mobilier  (linge,  etc.)  garnissant  une 
maison  ;  il  signifie  aussi  :  chose.  Ex.  :  Un  tas 
(le  fait,  —  un  tas  de  choses.  ||  Z.  150,  Et 
même  :  propos,  histoires.  —  On  dit  ein  tas  de 
fait  sur  son  compte.  ||  Sar.  —  id.  —  Lg.  — 
Parfaitement  mûr,  —  adj.  q.  —  en  parlant 
d'un  fruit.  ||  Fermenté  à  point,  en  parlant 
d'un  fromage.  Il  Bislourné,  châtré,  en  par- 
lant d'un  bouvilion. 

N. —  L'emploi  de  ce  mot  au  sens  d'avoir  dénote  une 
pensée  vraiment  philosophique,  à  savoir  que  tout 
bien,  toute  utilité  est  un  produit  de  l'activité 
humaine.  C'est  le  principe  sur  lequel  se  basent  les 
économistes  pour  soutenir  le  droit  de  propriété. 
(R.  O.)  Cf.  Butin. 

Il  Petit  fait  (Lue,  Mj.,  By.),  s.  m.  —  C'est 
un  petit  fait,  —  un  propre  à  rien,  un  pares- 
seux. Il  Se  dit  d'une  personne  insignifiante, 
sans  valeur  morale  ni  physique.  Ex.  :  Il  a 
oine  marraine  qui  est  ben  petit  fait. 

Et.  —  LiTTRÉ,  12'-'  sens  :  La  part  qui  revient  à 
chacun.  On  a  partagé  la  succession,  chacun  a  eu 
son  fait.  —  13"  sens  :  Le  bien,  la  fortune  de  qqn. 

—  «  Bienheureux  qui  a  tout  son  fait  bien  placé.  » 
(Mol.,  L'Avare,  I,  4.) 

—   a  Elle  est  modeste,  elle  prend  soin 
B  De  son  fait,  bonne  ménagère.  » 
(Rémy  Bsllsac.) 


Fait  (Sp.),  s.  m.  —  Dos,  échine  d'un  ani- 
mal, bête  de  somme  ou  autre. 

Et.  —  Faix.  Ane.  fr.  Fest,  devenu  fêt,  écrit  faix, 
par  confus,  avec  faix  (charge,  de  fascem,  faisceau). 
—  V.  Faîteau. 

Faite  (.Mj.),  s.  f.  —  Donne,  main,  —  aux 
cartes. 

Faîteau  (-Mj.),  s.  m.  —  Tuile  posée  sur  le 
faîtage  d'un  toit.  On  dit  aussi  Enfaiteau  ;  fr. 
Faîte.  Il  By.  —  Prononc  Féeto,  enféeto, 
enféetio,  —  o  bref. 

Et.  —  Ne  peut  venir  de  Fastigium.  De  l'aha. 
Firste  ;  am.  First,  devenu  ferste,  teste,  écrit  plus 
récemment  :  faiste  (puis  faîte),  par  fausse  étymol. 
avec  :  fastigium,  pignon,  sommet.  L'a.  f.  dit  :  feste, 
s.  f.,  ou  :  fest,  s.  m.  La  langue  actuelle  a  conservé 
le  l'-"''  mot  en  lui  donnant  par  confus,  le  genre  du  2»  ; 
et  on  trouve  le  2"  écrit  à  tort  :  faix. 

Hist.  : 

«  Toutesfois  l'eau  plus  haute 
«  Cœuvre  le  fest  et  par  dessus  lui  saute.  » 
(Marot.) 

Fait-faire  (de)  —  (Lg.),  loc.  adj.  —  Que 
l'on  fait  faire  spécialement  pour  la  maison, 
ou  à  la  maison,  ou  avec  des  matières  pre- 
mières fournies  par  la  maison.  Ex.  :  De  la 
toile  de  fait-faire.  Syn.  de  Faiticier. 

Faitieier  — ■  issier  (Ag.,),  adj.  fait  à  la 
maison,  par  opposit.  à  ce  qui  est  acheté  tout 
fait.  Il  Mb.  —  Adroit  de  ses  mains.  «  Mon  gas, 
il  est  ben  faitissier,  il  a  fait  un  baquet  à 
cochons  de  sa  tête,  —  c.-à-d.  tout  seul,  sans 
conseil.  » 

N.  —  M.  E.  Pavie  (nom  cher  au.x  Angevins)  me 
raconte  cette  anecdote.  Son  père  avait  connu  à 
Paris  Alex.  Dumas  père.  Celui-ci,  passant  par 
Angers,  alla  le  voir  à  son  imprimerie,  rue  Saint- 
Laud,  lui  demanda  à  déjeuner  et  resta  même  au 
dîner.  Apercevant  une  pièce  de  pâtisserie  sur  le 
buffet,  comme  le  dessert  touchait  à  sa  fin,  il 
demanda  pourquoi  on  ne  la  servait  pas  :  «  Ah  ! 
Monsieur,  répondit  la  cuisinière,  j'avais  fait  ce 
pâté  pour  vous,  mais  je  l'ai  manqué  :  et  puis  ça 
n'est  qu'un  gâteau  faiticier,  on  aurait  mieux  fait 
d'en  avoir  un  d'achetis  de  chez  le  pâtissier  !  J'en 
se  ben  confuse,  allez  !  »  —  Dumas  se  fit  expliquer 
ces  locutions  du  pays,  puis,  pour  consoler  la  cuisi- 
nière :  «  Servez  le  gâteau  faiticier,  la  bonne  ;  les 
gâteaux  ratés  ont  une  saveur  particulière,  croyez- 
moi.  »  —  MÉNAGE  :  Faitissier  ;  comme  quand  on 
dit  :  Serge  faitissière,  —  qui  est  un  mol  fort  usité 
dans  la  province  d'Anjou.  De  factitiarius  :  à  la 
différence  des  étoffes  étrangères.  On  a  dit  aussi  : 
faitis,  de  factitius.  Le  drapier,  dans  la  Farce  de 
Pathclin,  parlant  de  son  drap  : 

«  Je  l'ai  faire  ioni  faitis 

«  Ainsi  des  laines  de  mes  bestes.   » 
—  La  Curne.  . .,  ce  qui  se  faisait  à  la  main,  de  la 
maison,  pour  éviter  de  l'acheter  au  marché.  — 
Féticier,  qui  cuit  le  pain  à  son  four.  (Berry.) 

Faix  (Mj.,  By.),  s.  m.  Fig.  —  Avoir  tout 
son  faix  à,  —  avoir  toutes  les  peines  du  monde 
à...  Ex.  :  J'avais  tout  mon  faix  à  m'empê- 
cher  de  rire.  ||  Fu.  —  Prononc.  fé.  Un  faix 
de  choux  se  porte  sur  le  dos,  au  moyen  d'une 
rôrte.  —  Zig.  196. 

Et.  —  Lat.  fascis  j  xi^  s.,  fais. 


380 


FALANGE  —   FARAMINE 


Falange  (Mj.),  s.  f.  —  Diaphragme  des 
animaux.  Terme  de  boucherie.  Syn.  de 
Rampe,  Hampe,  Entrevire. 

Fâli,  e  (Mj.),  adj.  q.  —  Hâve,  défait,  amai- 
gri. Il  Méchant,  malhonnête.  Ex.  :  C'est  un 
grand  fâli  gars.  ;j  Mauvais,  de  peu  de  valeur. 
Ex.  :  J'ai  trouvé  un  fâli  couteau.  —  Corr.  du 
fr.  Failli.  —  Cf.  bret.,  Fal,  mauvais. 

Falimeuche  (By.),  s.  f.  —  V.  Falmeuche, 
pour  Falimèche  ;  famble,  iris  des  lavandières  ; 
pron.  qqf.  famb-y  (e),  id.  pour  flamme.  Syn. 
de  Casse-pierre. 

Fallenchère  (Chl.,  Ag.),  s.  f.  —  Folle  en- 
chère. Fig.  —  T'en  auras  la  fallenchère,  —  tu 
en  supporteras  les  conséquences. 

Faller  (Fu.,  Zig.  196),  v.  n.  —  Falloir. 

Fallu.  —  V.  Faillu. 

Falmeuche  (Segr.),  s.  f.  —  Flammèche. 
(Mén-.).  Il  On  dit  :  falimeuche,  pour  falimèche. 

Faluchet,  etfe  (Mj.),  adj.  q.  —  Débile,  mal 
portant,  gringalet.  Dimin.  de  Fâli.  Syn.  de 
Muserin. 

Fâmbe  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  L'iris.  —  On  dit 
aussi  Famble  (Z.  151)  —  pour  Flambe  et 
Flamme.  Syn.  de  Casse-pierre,  Falimeuche. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Flamme  ;  lat.  flammula.  — 
Au  xiv«  s.  «  Yreos  (iris)  est  flambe  qui  a  la  fleur 
blanche.  »  (H.  de  Moxdevh.le.  —  Litt.) 

Famble.  V.  Fambe.  \\  By.  —  Pron.  qqf. 
famb-ye.  Se  dit  aussi  pour  :  flanime,  d'où  : 
flamber,  pron.  souv.  fambler,  et  même  fam- 
bier  et  flamber. 

Fambler  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Flamber.  Syn. 
de  Cleumer.  Par  métathèse  de  l'I.  V.  Fambe. 
—  Pat.  norm.  Fambler.  —  V.  Famble. 

Fambray  s.  m.  —  Fumier. 

Et.  —  '(  Fembroi,  fremboi,  femeroi  :  fumier. 
B.  L.  *  fimaretu,  de  *  fimarium,  de  fimum,  fien, 
fumier  que  l'on  trouve  aussi  sous  la  forme  de 
fembrier.  (D^  A.  Bos.)  —  Femeri,  femeria  ;  purin  : 
«  Y  ne  fo  po  léchi  corre  la  femeria  au  tarau  de  la 
rua.  »  Il  ne  faut  pas  laisser  le  purin  courir  (se 
perdre)  au  fossé  de  la  route.  (Guill.) 

Fambrayer  -bréier  (Li.,  Br.,  Sar.,  Lg.),  v. 
a.  —  Nettoyer.  Oter  le  fumier  et  mettre  de  la 
litière  fraîche.  !|  Fombréier. 

Et.  —  Voir  Fambray.  —  Dans  de  nombreux 
exemples,  j'ai  trouvé  le  sens  de  :  fumer  les  terres, 
sous  les  formes  :  fambrer,  fiambrer,  fembroïer.  — 
DoTT.,  ce  même  sens  :  plus  :  nettoyer  les  étables. 

Fameusement  (Partout),  adv.  —  Très,  fort, 
extrêmement.  Ex.  :  Il  est /o/7îeusemen/ grand  ; 
c'est  fameusement  bon.  —  \'.  Fameux. 

Fameux,  se  (Partout).  —  Grand,  gros,  fort, 
vigoureux.  Ex.  :  Velà-t-il  ein  queneau  qui  est 
fameux  pour  son  âge  !  —  Se  dit  des  personnes 
et  des  choses.  ||  Z.  146. 

N.  —  C'est  le  mot  fr.,  détourné  de  son  sens 
propre.  Dans  le  patois,  il  n'a  que  la  signifie,  ci- 
dessus. 

Famine  (Va.),  s.  f.  —  Fig.  —  Sorte  de  gra- 


minée  du  genre  brize,  ainsi  nommée  parce 
qu'eUe  fait  le  plus  grand  tort  aux  céréales. 

Fanal  (Mj.,  Sp.),  s.  m.  —  Le  ventre,  l'esto- 
mac. S'emploie,  en  plaisantant  dans  la  loc.  : 
Se  bourrer  le  fanal,  —  manger,  se  repaître, 
s'empiflrer.  —  Ne  rien  avoir  à  se  coller  dans 
le  fanal.  Cf.  Fusil,  Cornet,  Sifflet,  Coco. 

Et.  —  B.  L.  Fanale.  Cf.  le  grec  phœnoç,  brillant. 

Fanchette  (By.).  —  Prénom.  —  Fanchon, 
Fancine,*Fanie  pour  Françoise.  (Mén.) 

Fanfols  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  François,  forme 
enfantine,  caressante  et  parfois  ironique.  V. 
Bouffer. 

N.  —  J'ai  souvent  entendu  dire,  par  plaisan- 
terie :  «  Fouffe  le  feu,  Fanfois,  —  souffle  le  feu. . . 
Probablement  par  moquerie  d'une  prononciation 
fautive.    —    Forme    hypocoristique.     |]    By.    — 
L'enfant  répond  :  Mouman,  i  famb-ye. 

Faquin  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Faraud. 
Syn.  de  Muscadin,  Dringuet,  Ragot. 

Hits.  —  «  Leurs  gilets...  laissaient  leur  che- 
mise former  à  l'extérieur  un  bourrelet  peu  gra- 
cieux ;  mais  les  faquins,  aux  jours  de  fête,  avaient 
soin  de  la  cacher  sous  une  ceinture  de  mouchoirs 
artistement  plissée.  »  (Deniau,  Hist.  de  la  V.,  i, 
5.5.) 

Faquoir,  (Lg.),  s.  m.  —  Tige  de  bois  qui 
sert  à  pousser  les  balles  d'un  canon  de  sureau. 
Syn.  de  Poussoir.  Cf.  Faquoire,  Ficaire. 

Et.  —  P.-ê.  pour  Flaquoir,  de  Flaquer,  jeter 
avec  force  un  liquide.  (La  Beuyèee.)  —  De 
flac  ! 

Faquoire  (Lg.),  s.  f.  —  Canon  de  sureau, 
clifoire.  Syn.  de  Chiquoire,  Péterole,  Pétoire. 

N.  —  Jaub.  donne  Fie-foire,  du  fr.  Foire  et  du 
lat.  ficare.  —  Pour  Flaquoire. 

Far  (Mj.,  By.),  s.  m.  Fer.  —  Au  plur.,  ce 
mot  se  prononce  comme  en  français.  — 
D'où  :  Farblantier.  Mj. 

Fara  (BL).  —  Celui  qui  est  effrayé  ;  bruit 
qui  effraye.  ||  Sal.  Faraud. 

Faraicliier.  —  V.  Frescheur. 

N.  —  L.  C.  —  Frerescheurs,  s.  m.  p  .  Cohéri- 
tiers, copartageurs.  —  Frarescheurs.  (Coutum. 
général.  ) 

Faramine  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Horrible, 
épouvantable.  Ne  s'emploie  que  dans  l'expres- 
sion :  Bêle  faramine. 

N.  —  L'argot  emploie  en  ce  sens  le  mot  Fara- 
mineux, —  étonnant,  merveilleux.  C'est  farami- 
neux !  ■ —  Animal  fantastique,  à  craindre  et  que 
Ton  poursuit.  «  On  dit  qu'la  bête  faramine  recom- 
mence à  courre  ;  l'gas  ne  l'a-t-il  point  vue  dans 
l'chemin  de  Saint-Bervin,  ça  qu'était  grous  comme 
une  busse  et  ça  roulait  d'vant  li,  et  ça  qu'a  dis})aru 
dans  la  périère.  »  (Dottix.)  —  Vermine  qui  se 
multiplie.  «  Ceux  qui  ont  les  chiens  et  les  engins  à 
prendre  les  mauvaises  bestes,  et  sa  faramine,  qui 
destruisent  les  bestes,  et  les  nourritures  que  les 
bonnes  gens  nourrissent.  »  (Ane.  Coût,  de  Bret.)  — 
L.  C.  —  Ferain,  bête  sauvage.  Feramen.  «  Ut  in 
forestis  nostris  nemo  feramina  nostra  furari 
audeat.  )>  (802.) 


ÎWRAUDER 


FAUSSE-COUCHE 


381 


—  «  Ciers  i  mist  et  bisses,  et  dains, 
«  Puis  counins,  lièvres  et  ferains 

«  Et   manière   de   sauvagine.    »   (813.    D.    C.) 

—  LiTTRÉ.  Supp  .  —  Pharamineux.  Etonnant, 
merveilleux  (mot  qui  paraît  avoir  été  en  usage  à  la 
cour  de  Louis  XV  et  qui  n'est  usité  aujourd'hui 
qu'en  certaines  contrées).  —  «  Aussitôt  qu'ils  (les 
convulsionnaires  de  Saint-Médard)  le  voyaient 
arriver  (le  chancelier  de  Folard)  dans  leur  cime- 
tière ou  dans  leur  galetas,  les  cris  pharamineux,  les 
bonds,  les  sauts  de  carpe  et  les  contorsions  y 
centuplaient  d'ardeur  et  d'activité  frénétique.    » 

—  LiTTRÉ  ajoute  :  orig.  inconnue.  —  D.  C.  nous  la 
donne  plus  haut.  —  Cité  de  Decourchamp.  — 
Souvenirs  de  la  marquise  de  Créquy,  n,  11.) 

Faraudcr  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Faire  le  faraud, 
coqueter,  mugueter.  —  Syn.  de  Fionner. 

Farce,  s.  f.  —  Entendre  la  farce  (Mj.)-  Eter' 
ben  de  la  farce  (Sp.,  By.),  —  entendre  la 
plaisanterie.  ' 

Et.  —  Même  origine  que  farce,  terme  de  cuisine. 
Lat.  farsus,  part.  pas.  de  farcire.  Parce  que  la 
Farce  était,  ou,  comme  la  farce  de  la  cuisine,  qqch. 
de  mélangé  et  d'agréable,  c.-à-d.  une  espèce  de 
revue  de  sujets  divers,  ou  une  pièce  farcie.  La  Fox- 

TAINE  : 

«  Le  récit  en  farce  en  fut  fait  ; 
«  On  l'appela  le  Pot  au  lait.  » 

Fard  (Ag.,  Mj.),  s.  m.  —  Piquer  ein  fard, 

—  rougir  de  confusion.  Cf.  Feu,  soleil. 

Farfadets  (Sal.)  —  Apparition  merveil- 
ItMise  de  l'eux  pendant  la  nuit. 

Farfouiller  (Sal.),  v.  n.  —  Rechercher 
jusque  dans  les  coins.  Sens  français.  ||  By.  — 
Attaquer,  creuser,  etc.  «  Comme  la  bûche, 
trop  longue,  mise  en  travers  dans  le  feu,  n'en 
finissait  point  de  se  couper  (se  rompre  en 
deux  morceaux),  impatientée,  elle  farfouil- 
lait le  charbon  avec  les  pinces  (pincettes). 

Fargeot  (farjote)  —  (Mj.),  s.  m.  —  Crochet 
de  i'(M',  avec  fermeture  à  ressort,  fixé  au  bout 
de  la  corde  d'un  puits,  et  dans  lequel  on 
engage  l'anse  du  seau  qu'on  veut  y  des- 
cendre. 

Et.  —  Dimin.  de  far,  fer  ;  comme  Enfarge.  V. 
Clenche,  Chabul,  Gerfaut. 

Fariné-net  (Tlm.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Xom- 
dont  on  baptise  souvent  les  bœufs  blancs. 
V.  Garelle. 

Farinier  (Sp.),  s.  m.  —  Garçon  meunier, 
plus  spécialement  chargé  de  la  fabrication  de 
la  farine.  V.  Porte-poches.  \\  Nom  qu'on  donne 
souvent  aux  bœufs  qui  ont  le  pelage  blanc. 
V.  Fariné. 

Hist.  —  «  Ils  s'acheminent  vers  un  moulin  à 
,vent  pour  demander  encore  du  pain.  Le  farinier 
leur  en  donne.  »  (Deniau,  Hist.  de  la  V.,  t.  IV, 
p.  505.) 

Farme  (Mj.),  adj.  q.  —  Frais,  non  orageux. 
Se  dit  du  temps,  du  vent,  etc.  —  Pour  : 
ferme.  ||  Ferme,  solide.  (By.)  «  la  grande 
chaleur  vous  rend  mou  ;  par  les  frais  du  matin 
on  se  sent  farine  et  disposé  au  travail.  —  Le 
temps  se  tient  forme.  ||  s.  —  Farme,  far- 
mier,  —  pour  :  ferme,  fermier. 


Farmer  (Mj.),  v.  a.  —  Fermer.  Syn.  et  d., 
de  Former,  Fromer. 

Farmier  (Mj.),  s.  m.  —  Fermier. 

Faroi.j  (Segr.),  s.  m.  —  Sentir  le  farois,  ou 
une  odeur  forte,  en  pari,  d'un  animal  sau- 
vage. On  dit  aussi  le  farouan  (Mén.)  —  Cf. 
Faguenas. 

Fars"  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Farce,  hachis 
de  viande,  de  mie  de  pain  et  d'herbe  dont  on 
garnit  l'intérieur  d'une  volaille,  etc.  —  Farce. 
Des  œufs  au  fars.  Oseille  cuite.  —  «  Eine 
brème  d'ein  coub'  dé  livres,  c'est  vrai  bon, 
avec  ein  fars.  Les  petites  brémilles  (boer- 
milles),  ça  n'vaut  ren,  ça  n'est  qu'  du  bois.  » 

Fatique  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Fatigue  (pron. 
faquique).  Le  bret.  nous  a  pris  cette  forme  : 
faticq. 

Et.  —  Lat.  fatigare.  —  D'un  radie,  fat,  fass  ou 
fess  (fessus,  las  ;  fatiscere,  se  lasser),  et  un  sulT. 
igare  (de  agere?  pousser).  Ita  .  Faticare.  —  Se  dit 
surtout  de  l'estomac  qui  réclame  à  manger. 

Fa/iquer  (Mj.,  By.)  (faquiquer),  v.  a.  — 
Fatiguer  |1  v.  réf.  V.  Fatique. 

Fauceille  (Lg.),  s.  f.  —  Faucille.  Cf.  Béteille, 
Feille,  Pendeiller,  etc,  Cheveille.  Lat.  Falci- 
cula. 

Fauchée,  s.  i.  — •  Ce  qu'un  homme  peut 
faucher  dans  une  journée.  (Mén.) 

Faucheries  (Mj.,  By.),  s.  f.  plur.  —  Même 
sens  que  Fauches.  La  fauchaison.  Cf.  Batte- 
ries, Arracheries. 

Fauches  (Sp.,  Lg.,  Tlm.),  s.  f.  pi.  —  Fau- 
chaison, fenaison.  Ex.  :  Il  est  mort  au  mois 
de  juun,  dans  le  temps  des  fauches.  V.  Fau- 
cheries. 

Faucheux,  Feneux  (By.,  Mj.).  —  Fau- 
cheur. «  Les  faucheux  et  les  feneux  se  mettent 
à  l'œuvre.  »  {Anf.  Hist.,  n°  3,  p.  577,  1.  18). 

Fauciller  (Mj.),  v.  a.  —  Couper  à  la  fau- 
cille. 

Faulait  (Lg.),  v.  imp.  —  Fallait,  3^  pers., 
s.  ind.  imparf.  de  Falloir.  —  Cf.  Faillant.  \\ 
By.  —  Fauillait. 

Faulu  (Lg.),  part.  pas.  de  Falloir,  pour  : 
Fallu.  V.  Faillu. 

Faupi  (Segr.),  adj.  q.  —  Chiffonné. 

Et.  —  Foupir,  pr.  feupir,  felpir,  du  rad.  felp 
(orig.  inc),  qui  se  trouve  dans  friper  ;  —  frepe. 
forpe,  felpe,  —  guenille. 

Faupir  (fôpi),  v.  a.  —  Froisser.  Se  dit  des 
étoiles,  du  linge.  —  (Chol.,  Sar.,  By.,  Mj., 
My.).  —  Chiffonner.  —  V.  Faupi,  Fôpir.  Syn. 
Aricasser 

Hist.  —  «  Monstrans  leurs  paniers  rompus, 
leurs  bonnetz  foupis,  leurs  robes  dessirées.  » 
(Rab.,  g.,  1,  26.) 

Fausse-châsse  (Mj.),  s.  f.  —  Catafalque. 
Lat.  Capsa.  — •  Fausse  parce  que  vide. 

Fausse-couche  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  Avorton, 
ni  fait  ni  à  refaire. 


382 


FAUSSE-GORGE  —  FEILLARDER 


Fansse-gorge  (.Mj.,  By.),  s.  f. 
trachée  artère. 


Larynx, 


Faut,  Faudra,  Faudrait.  —  Impers,  employé 
sans  le  pron.  il.  —  A'fallu.  —  (Mj.,  Bv.,  etc.) 
Hist.  : 

<;   ...O  sentences  abstruses, 
«  Quand   mourir  fault  à  jour  non  révélé.    » 
(G.-C.  BrcHEE,  255.) 
«  Et  fault  qu'amour  tue  son  feu 
«  Quand  le  bon  sang  n'est  .secourable.   » 
(Id.,  99.) 

—  «  L'idée  de  laquelle  faudrait  tirer  l'exemple. 
(J.  DU  Bellay,  Déf.  et  Illustr.,  i,  11,  28.)  —  «  A  ce 
propos,  faut  se  souvenir  que  M.  Blanchet,  qui  m'a 
précédé...  »(1699/«f.  Arch.,  E,m,  p.  184,  col.  1.)  — 
«  Et  celles  qui  étoient  un  peu  élevées,  a  fallu  les 
couper  par  le  pied.  «  (1709.  —  Id.,  ihid.,  p.  252, 
col.  1.) 

Faute  (Mj.,  By.).  —  Locutions  :  Par  faute 
de,  —  faute  de,  par  défaut  de,  par  manque  de. 

—  Ex.  :  Il  est  mort  par  faute  ^'haleine.  Plai- 
santerie proverb.  —  ||  Faire  faute,  —  man- 
quer, faire  défaut. 

Et.  —  Lat.  pop.  *  fallita,  subst.  partie,  de  fallere, 

—  devenu  :  faite,  faute. 

Fauteil  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fauteuil.  Cf. 
EU,  Seil,  Feille. 

Et.  —  B.  L.  Faldistorium,  ou-tolium,  de  l'aha- 
faltstual,  de  falten,  plier,  et  stuol,  siège,  am- 
stuhl. 

Faut-il"!  (fôti!)  (Mj.,  By.),  interj.  — Marque 
le  regret,  la  pitié,  la  douleur.  —  Faut-il 
qu'i  soye  bête  !  —  Mon  Dieu,  faut-il  !  faut-il  ! 

Fauveau,  s.  m.  —  Nom  nonné  aux  bœufs 
de  couleur  fauve. 

Et.  —  Rad.  german.  falvv  (a.  m.  falb.).  Il  faut 
rejeter  le  lat.  fulvus  et  flavus. 

^  Hist.  —  «  Voicy  trippes  de  jeu,  goudebillaux 
d'enuy,  de  ce  faulveau  à  la  raie  noire.  »  (Rab.,  G., 
v.)  —  «  Ce  fauveau  à  la  raie  noire  doit  souvent 
bien  estre  estrillé.  »  (R.,  P.,  iv,  9.) 

Faux  1  (Li.),  s.  m.  —  Le  terrier  du  renard. 

N.  —  Faux-à-connils.  Terriers  de  lapins.  — 
Hist.  :  «  Noble  homme  peut  faire  en  sa  terre,  ou 
fief  noble,  faux  à  connils,  au  cas  qu'il  n'y  aurait 
garenne  à  autre  seigneur  es  lieux  prochains.  » 
ih.C.) 

Faux  -  (Mj.,  By.),  adv.  —  Faussement. 
«  Il  n'est  point  faux  nommé.  » 

Faux-cordon  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Large 
bande  de  percale,  unie'^ou  brodée,  dont  les 
femmes  couvrent  les  cordons  qui  retiennent 
et  fixent  la  coiffe. 

Faux-cul.  s.  m.  —  Tournure,  pièce  de  toi- 
lette féminine  suppléant  à  une  nature  ingrate. 
(Partout,  hélas  !) 

Faux-manche  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Manche 
de  faux.  Syn.  de  Hampier. 

Faux-rond  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Excen- 
tricité. Ex.  :  La  meule  a  du  faux-rond,  — 
elle  est  mal  centrée.  ||  Qqf.,  par  abus,  on 
désigne  sous  ce  nom  les  oscillations  de  part 
et  d'autre  de  son  plan  de  rotation,  que  fait 
une  roue  qui  n'est  pas  perpendiculaire  à  son 
axe. 


Faveur  (Mj.),  s.  f.  —  Saveur  appétissante 
Ex.  :  Quand  les  pois-sucre  s'en  vont  secs,  ils 
n'ont  plus  guère  de  faveur  Syn.  de  Retonton. 

N.  —  Bien  que  l'angl.  ait  le  mot  Flavour,  de 
forme  très  voisine  et  de  sens  identique,  je  ne 
pense  pas  que  les  deux  vocables  n'en  fassent  qu'un. 
Je  suis  plutôt  porté  à  croire  qu'il  y  a  eu  confusion 
entre  les  deux  mots  :  Saveur  et  Faveur,  confusion 
qui  daterait  de  l'époque  où,  dans  les  livres  impri- 
més,   les   lettres   s   et   f   étaient   aisément   prises 

l'une    pour   l'autre C'est   un    curieux   ex.    de 

confusion  par  l'œil.  Toutefois.  Cf.  Piéger  =  Féger 
=  Figer.  (R.  O.)  H  Me.  —  »  Voul'  vous  m'par- 
mettre  d'érusser  des  feuilles  de  coudrier?  »  — 
«  J'créyais  qu'on  n'érussait  que  l'umeau  (l'umiaô)» 

—  «  C'est  par  la  faveur  de  la  rareté.  » 

Fayan,  s.  m.  —  Fauteau,  hêtre.  —  Lat. 
fagus. 

Hist.  —  «  Plusieurs  verriers,  de  ceux  qui  font 
les  verres  de  vitre,  se  servent  de  la  cendre  de  bois 
de  fayan  en  lieu  de  salicor.  »  (Palissy.)  —  Cf. 
Foyard.  On  le  tire  de  :  fou,  un  des  noms  vulg. 
du  hêtre.  (Fouteau,  de  fagitellus,  dim.  de  fagus.)  — ■ 
Fou,  de  fagus.  (L.  C.  V»  Fayard.) 

Fayaux,  Fayots  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.   m.   pi. 

—  Haricots.  Syn.  de  Feuvette,  Mougette. 
Et.  —  Fayo(l).  —  Altérât,  de  faséole,  —  xv«  s., 

faisole.  —  xvr'  s.,  fazeols.  —  Lat.  faseolus,  du 
grec  phazèloç,  qui  =  aussi  :  barque.  Le  nom  a 
p.-ê.  été  donné  au  fruit  à  cause  de  sa  forme.  (Litt.) 
Hist.  —  L'exemple  y  est  manifeste  en  pois, 
faseolz,  noix...  (Rab.,  P.,  m,  8,  229.) 

Fayes  (By.),  s.  f.  —  Branches  de  pois 
(fayots),  après  la  récolte.  Syn.  Chavoilles. 

Fay-Feu,  n.  pr.  —  Pierre  Fay-Feu  était 
recommandable  par  ses  facéties  ;  on  dit  : 
c'est  un  Fay-Feu,  d'après  Tartifume,  pour 
Celui  qui  aime  la  plaisanterie.  (Mén.).  — 
Souvent  cité  dans  ce  Glossaire. 

Fecine  (By.),  s.  f.  —  Fascine,  fagot  tendu 
pour  prendre  les  anguilles.  V.  Barbe  de  bouc. 
Chèvrefeuille.  V.  Faiscine. 

Fée  (Avoir  ben  du)  —  (Lms.,  Z.  196).  Locut. 

—  Avoir  tout  son  fée  à. . .,  avoir  de  la  peine 
à  obtenir  un  résultat,  y  mettre  toutes  ses 
forces  ;  en  avoir  autant  qu'on  en  peut  porter,      , 

—  d'un  fardeau.  Pour  faix. 

Féger,  v.  a.  et  n.  —  Figer.  —  Qqf.  Fléger.  ij 
By.,  Mj.  —  toujours. 

Et.  —  LiTTEÉ  :  De  figere  (e  bref),  devenu  figere 
(e  long).  V.  Sangofigie  (le  mot  manque).  —  Dict., 
gén.  :  Pour  :  fégier  ;  du  lat.  pop.  fidicare,  de  fidicum. 
foie  ;  proprement  :  faire  ressembler  au  foie.  (Cf: 
l'a.  ail.  geliberet,  caillé,  de  leber,  foie.)  —  Hist.  : 
«  Ils  s'embatirent  en  ung  lieu  où  le  porc  avoit 
rendu  estai. . .  et  trouvèrent  grand  planté  de  sang 
fégé.  (L.  C.) 


Feillage  (Mj.,  By.),  s.  m. 
On  a  dit  Fueille  et  Feille. 


Feuillage.  —  • 


Feignant  (Lue),  s.  m.  —  V.  Faigniant. 

Feillard  (Mj.,  By.),  s.  m.  —Pour  :  feuillard 

(bois  ou  tôle). 

Feillarder  (By.),  v.  n.  —  Froufrouter  dans 
les  feuilles  sèches,  comme  font  les  reptiles. 
Syn.  de  Ferter,  Ferdasser.  Dér.  de  Feillarde. 


FEILLARDES  —  FENER 


383 


Feillardes  (Mj.),  s-  f-  pl-  —  Feuilles  sèches. 
Il  Branches  garnies  de  leurs  feuilles  sèches.  || 
Bourrées.  Syn.  Fournille,  Fourneilte. 

Et  . —  Pour  Feuillardes,  du  fr.  feuille.  Syn.  et 
d.  de  Fouillardes.  Hist.  : 

—   «  O  vous,  mes  vers,  qui  volez  par  le  monde 

«  Comme  feuillars  esparpillez  au  vent.  » 
(J.  Dtr  Bellay.  —  Sonnets  de  Vhonn.  amour.,  199) 
—   ic  (Les  vents)  croulent  son  tronc  d'une  horrible 

(menace, 
«  Et  de  feuillars  pavent  toute  la  place.  » 

(Id.,  IV,   19.) 

Feillardoux'^(Lg.),  adj.  q.  —  Qui  a  beau- 
coup de  feuilles,  feuillu.  •  ||  Qui  garde  long- 
temps ses  feuilles.  Ex.  :  «  Le  chêgne  rouge 
est  jeillardoux.  —  Dér.  de  Feillardes. 

Fellle  1  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Feuille.  Cf.  Seil 
Ed.  Syn.  et  d.  de  Foille. 

Hist.  —  «  Au  mitan  de  laquelle  y  a  une  figure 
de  grand  arbre,  duquel  jeillages  et  fleurs...  » 
(1596.  Inv.  Arch.,  S,  s,  H,  82,  2,  2.)  —  «  . .  .Et  y 
ap'rçus  in  portefeille  avec  daux  papiers  d'tot' 
manières.  «  (H.  Bourgeois,  Hist.  de  la  Gr.  Guerre. 
p.  53.) 

Feille  -  (Lg.),  s.  f.  —  Fille.  Ex.  :  Aile  est  bé 
sotte  ceté  jeille-là    ou  :  quelle  feille. 

Feillé  (Lg.,  Bv.),  adj.  q.  —  Feuillu.  De  : 
feille. 

Feillé»*  (Lg.),  s.  f.  —  Feuillée,  ensemble  de 
feuilles,  feuillage.  Ex.  :  La  navine  s'est 
dénuée  de  feillée,  a  n'a  pas  ein  saccage  de 
feillée. 

Feillet"  i  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  scie  à  main 
avec  monture.  ||  By. 

Et.  —  C'est  le  pat.  Feillet,  fr.  Feuillet  :  Une 
scie  n'est  qu'une  bande  de  tôle,  ou  feillard,  avec 
monture  à  cadre. 

Feillet  %   Fcilleter,  Fcilleton,   Feiilette,  pr. 

Feuillet,   etc.   (Mj.).   —   Le   dernier,   un   des 
estomacs  des  ruminants,  le  3"  feuillet. 

Hist.  —  K  Extraict  d'un  livre  relié  en  bois  cou- 
vert de  cuir,  escript  en  parchemin,  contenant  cin- 
quante feilletz  escriptz. . .  commençant  au  premier 
'  feillet  par  ces  mots...    »  (xviP  s.  Inv.   Arch.,  H- 
I,  171,  col.  1.) 

Fein  (Lg.),  s.  m.  —  Foin.  Ex.  :  A  laulu 
donner  dô  fein  aux  aumailles.  —  Forme  très 
vieillie.  Lat.  fœnum.  V.  citât,  à  Fener. 

Feindre  (se),  v.  réfl.  —  Sans  point  m'y /<?mf/re 
=  sans  hésiter,  sans  dissimuler.  Et  aussi  :  se 
contraindre,  par  extens.  naturelle  du  sens 
primitif.  L'hypocrite  se  contraint  à  faire 
montre  de  sentiments  qu'il  n'a  pas.  De  suite 
on  aperçoit  que  le  mot  Faint,  signalé  par 
Mén.  dans  le  Segréen,  et  dont  j'ai  indiqué 
l'identité  avec  l'angl.  Faint,  n'est  autre  que 
le  part.  pas.  de  ce  verbe.  Il  est  encore  évident 
que  Feindroux,  du  Lg.,  et  son  syn.  montj. 
Fointroux  en  viennent  directement  et  que  le 
V.  se  Foindre  en  est  le  doublet.  Le  Feindroux, 
Fointroux,  Faignaiu  ou  Feignant,  autrement 
dit  le  pare.ssenx,  se  feint,  se  faint,  çàd.  ne  tra- 
vaille que  contraint  et  forcé.  Il  n'est  pas 
impossible  même  que  le  v.  se  Refreindre,  de 


Sp.,  soit  un  composé  de  celui-ci,  avec  r  épen- 
thétique.  (R.  O.) 

Et.  —  Fingere.  Dans  le  vx  fr.  Se  feindre,  — 
souvent  :  ne  pas  vouloir,  hésiter  à.  Le  sens  primit. 
du  rad.  fig.  est  :  toucher.  Ainsi,  le  sens  propre  de 
figere  est  :  façonner,  puis  :  feindre,  —  façonner  une 
apparence.  De  ce  qui  n'a  qu'une  apparence  et  qui 
est  vide,  faible,  on  en  est  venu  au  sens  de  hésiter, 
craindre.  (Litt.)  —  Dans  les  Noëls  angev.,  4, 
Introd.  : 
«  Au  saint  Nau  chanterai  sans  point  m'y  feindre.  » 

Feindroux  (Lg.),  adj.  q.  -^  Paresseux,  fai- 
néant. Syn.  et  d.  de  Fointroux.  Mot  vieilli. 

Feint  (Mj.),  s.  m.  —  Fissuré,  veine  dans  la 
pierre  qui  en  favorise  l'éclatement.  On  dit  : 
Ein  feint  de  pierre.  Ce  mot  est  de  la  lang.  des 
perreyeurs. 

Et.  —  Findere,  fendre.  —  Bourg.,  l'arbre  se 
foint.  (LiTT.)  —  Doubl.  masc.  du  fr.  Fente?  — 
P.-ê.  Fin.  Cf.  Fine. 

Feinte  (Mj.,  Lg.,  By.,  Sal.),  s.  f.  —  Foi.  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  affirm.  ou  négat. 
Ma  feinte,  —  ma  foi.  Ex.  :  Ma  feinte,  j'en  sais 
de  ren  ;  ma  feinte,  oui,  ma  feinte,  non.  V. 
Finie. 

Feluet  "  (Tlm.),  adj.  q.  —  Faible  et  ma- 
lingre. Syn.  de  Faluchet.  Les  deux  mots 
paraissent  être  des  diminut.  de  Fâli. 

Femme  i  (Sp.),  Fig.  —  Fève. 

Et.  —  Lat.  faba.  —  Souvent  prononcé  Fauve.  1| 
Mj.,  By.,  feuve.  Mais,  ici,  l'étym.  est  tout  autre  ; 
allusion  à  l'empreinte. 

Femmes  -.  —  Une  buée  à  quatre  femmes 
(Z.  151)  est  celle  où  l'on  emploie  quatre 
femmes,  donc  buée  importante.  — -  By.,  id. 

Fenasse  (Lg.),  s.  f.  —  Mauvaise  herbe 
commune  dans  les  guérets,  sorte  de  graminée. 

Et.  —  Un  des  noms  vulg.  du  sainfouin.  Foin  ou 
Fain,  avec  la  désin.  péjor.  asse.  (Litt.)  —  Agrostis, 
et  autres.  (Jaub.)  Cf.  Fein,  Fener,  Afenasser. 

Fendi  (Tr.,  Zig.  141),  s.  m.  —  Action  de 
fendre  l'ardoise.  —  Mieux  :  fendis,  semble- 
t-il. 

Fendre  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Se  fendre.  Ex.  : 
\elà  du  bois  qui  fend  ben.  —  J'ai  eine 
migraine  que  la  tête  m'en  fend.  \\  Se  fendre 
(By.,  etc.),  V.  réf.  —  Se  livrer  à  une  prodigalité 
peu  habituelle.  —  «  Je  me  se  fendu  de  vingt 
sous  pour  aller  à  eine  baraque  de  la  foire. 

Fendnre  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Fente.  Dér.  mal 
formé  du  v.  fendre. 

Hist.  —  «  Parmi  les  fendures  (ouvertures)  des 
barrières.  »  (Froissart.  —  L.  C.) 

Fend-vent  (Sal.),  s.  m.  —  Poseur,  fat. 

Fi^ne  (Mj.),  s.  f.  —  Corde  servant  à  con- 
duire les  vaches  au  pré  et  à  les  enfener.  — 
LaL  Funis.  Syn.  Nâche. 

Fener  (f'ner)  — (Mj.,  Lg.,  Chpt.,  By.,  Sal.), 
v.  a.  —  Faner,  tourner  et  retourner  l'herbe 
pour  la  faire  sécher.  Vx  fr.  Fein.  —  L'e  est 
nul.  —  V.  Fenasse.  \\  By.  f'ner.  Etendre  à 
plat  le  foin  coupé.  ||  Cf.  Fein,  Fenasse. 


384 


FÉNÉRAILLE  -  FERGANE 


Et.  —  Doubl.  du  V.  fr.,  plus  rapproché  que  lui 
de  la  rac.  fœnum.  —  Hist.  : 

—   «  Si  plein  de  fein,  de  fourment  et  de  vin.  » 
(J.  DU  Bell.,  A  Cérès,  à  Bacchus,  p.  216.) 

Fénéraille  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Y.  Funérailles. 
«  Au  palier  la  fénéraille.  »  C.-à-d.  quand  le 
paillier  (la  meule  de  paille)  sera  fini,  nous 
ferons  la  fête.  —  Dans  palier,  l'a  est  très 
bref,  tandis  que  cette  voyelle  est  ordinaire- 
ment très  longue. 

Et.  —  Funeralia  ;  pi.  n.  de  Funeralis,  dér.  de 
funus,  obsèques.  —  Quel  changement  de  sens  ! 

Féneries  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Fenaison,  époque 
où  l'on  fane  ;  travaux  de  la  récolte  des  foins. 
Cf.  Sèmeries,  Arracheries,  Batteries,  etc.  ||  By. 
foénerie. 

Feneux  (Mj.).  — -  V.  Faucheux.  By.  f'neux. 

Fenir  (Br.,  Zig.  134),  v.  a.  et  n.  —  Faner, 
se  faner.  Syn.  et  d.  de  Fener. 

Fenit'  (Mj.),  s.  f.  —  Fenil.  Cf.  Chenif.  \\ 
By.  F'nî. 

Et.  —  Fœnile.  —  Hist.  :  «  On  congnoist  grant 
sanglier  du  jeune  à  trois  signes  :  le  l**""  si  est  par 
les  trasses,  le  2^  par  le  lit,  et  le  3«  est  au  fenil.  »  — 
«  Ils  descouvrirent  dedans  le  fenil  de  son  logis, 
sous  de  la  paille  et  du  foing.  »  (L.  C.) 

Fenoil  (Lg.),  s.  m.  —  Fenouil.  N.  Le  son 
naturel  de  l'o  est  conservé  :  fe-no-ïl. 

Fénouille  (Lg.),  s.  f.  —  Ce  nom  s'applique 
à  la  plupart  des  herbes  aquatiques  qui  ne 
sont  pas  la  parielle  (nénuphar)  ou  des  gra- 
minées, et  spécialement,  par  confusion,  à  la 
renoncule  aquatique  à  fleurs  blanches. 

Et.  —  Doubl.  fém.  du  fr.  Fenouil,  parce  que  cer- 
taines herbes  aquatiques  ont  une  vague  ressem- 
blance avec  cette  plante. 

Fenouillet.  —  MÉNACiE  nomme  ainsi  «  une 
sorte  de  pomme,  venue  d'Anjou  à  Paris, 
ainsi  appelée  du  goût  de  son  eau.  «  Le  fenouil- 
let gris,  dit  M.  Merlet,  ou  pomme  d'anis,  est 
une  bonne  pomme,  qui  ne  sent  point  :  et  en 
la  mangeant  il  semble  que  l'on  mange  du 
fenouil,  ou  de  l'anis  musqué.   » 

Et.  —  Fenouil,  de  fœniculum,  petit  foin.  (Cf. 
Genouil,  de  genuculum.) 

N.  —  Fenouillet  anisé.  Il  est  difTicile  d'en  trou- 
ver aujourd'hui  aux  environs  d'Angers,  où  cette 
pomme  était  connue  autrefois.  On  pourrait, 
paraît-il,  s'en  procurer  des  greffes  aux  environs 
de  Chalonnes.  —  V.  au  F.-I,ore,  la  Veillée  du  vil- 
lage. J'en   ai  vu  maintes  fois  à  Mj.  (R.  0.) 

Fenoiiillette  (Sal.).  —  Dans  la  loc.  :  Etre 
en  fenouillette,  —  être  agité.  V.  FenouilloJi. 

Fenouillon  (Mj.),  s.  m.  —  Colère  sourde, 
rage  concentrée.  S'emploie  dans  la  loc.  En 
fenouillon.  —  Surexcitation.  Syn.  de  Pété- 
mou,  Vezon,  Fenouillette. 

Ferdaine  (Mj.),  s.  f.  —  Fredaine.  ||  Mésa- 


Fer.  —  Interversion  de  Fre,  S}'11.  initiale  ou  in- 
tercalaire. Il  By.  Foér.  —  Dans  presque  tous  les 
mots  commençant  ainsi. 


venture,  méchef.  —  «  Il  illi  arrive  toujours 
queuques  ferdaines.  Syn.  de  Sornette,  Aver- 
nette,  Bachelette. 

Ferdasser  (Lg.,  Mj.,  By.,  Tlm.),  v.  n.  — 
Froufrouter  ;  faire  entendre  un  bruit  comme 
de  feuilles,  de  branches  sèches  ou  d'étoffes 
froissées.  Ex.  :  Y  a  un  v(e)rin  qui  ferdasse 
dans  la  haie  (f'rdace).  Syn.  Feillarder. 

Et.  —  Pour  Fertasser,  dér.  de  Ferler.  —  N.  Les 
Poitevins  ont  encore  adouci  ce  mot  davantage  ; 
ils  disent  :  Frelasser. 

Ferdeilloux  (Tlm.,  By.),  adj.  q.  —  Frileux. 
Syn.  de  Ffferdeillé.  Même  rac.  que  ce  dern. 
mot.  Mis  pour  Ferdilloux,  de  Ferdir. 

Et.  —  Froidir.  Berry  :  frédir,  ferdir,  frédezir. 
Froid  ;  lat.  frigidum  ;  norm.  la  fred  ;  Berry,  la 
fret  :  ital.  freddo.  —  Frileux  ;  Berry,  frédilleux, 
ferdilleux.  *  Frigidulosus,  de  Frigidulus.  (Litt.) 

Ferdéler  (Mj.),  v.  a.  —  Entourer  un  gros 
cordage,  ouun  objet  cylindrique  qcque  d'une 
cordelette  mince  appelée  fertage,  enroulée  en 
une  hélice  dont  les  spires  se  touchent.  (Mari- 
niers.) 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Fertéler,  dim.  d'un  v. 
Ferter,  inus.,  qui  est  la  rac.  de  Fertage.  Tous  ces 
mots  dér.  de  Fretter.  —  V.  Ferteau.  —  DiEZ 
voit  dans  Frette  une  contract.  pour  Ferrette,  petit 
morceau  de  fer. 

Ferdir  °  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Froidir.  — 
Refroidir.  Ex.  :  La  soupe  ferdit  (frdi)  pen- 
dant ce  temps-là.  |1  N'attendre  ni  à  buffer  ni 
à  ferdir,  —  être  très  impatient.  W  Buffer.  — 
C.-à-d.  manger  sa  soupe  trop  chaude,  sans 
avoir  la  patience  de  soufïler  dessus  ou  de 
l'attendre  à  froidir. 

Et.  —  Pr.  Frédir,  qui  est  le  fr.  Froidir,  avec  la 
prononc.  du  xvi«  s.  —  V.  Fr£t,  Dret. 

Fergâillée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Flambée,  feu 
vif  et  clair  qui  ne  dure  que  peu  de  temps.  Ex.  : 
J' allons  faire  eine  fergâillée  pour  nous  récha- 
1er.  Syn.  de  Bigâillée,  Bigalée,  Baulée,  Fouée, 
Frisée,  Joie  de  mariage.  —  V.  Fergâiller. 

Fergâiller  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Fourgonner, 
aviver  le  feu  dans  un  four  au  moyen  du  four- 
gon. Il  Aviver  le  feu,  en  général,  remuer  la 
braise.  Dér.  de  Fergon.  Fréquent  irr.  de  Fer- 
gonner. 

Et.  —  Fourgon,  longue  perche  garnie  de  fer 
pour  remuer  la  braise  dans  le  four.  De  fourche  ; 
esp.  hurgon  ;  ital.  forcone.  —  On  a  dit  :  feurgier 
dents,  pour  :  curer  les  dents.  —  Lat.  furca.  (Litt.) 
—  Fourgon,  dér.  du  même  rad.  que  l'a.  v.  fourgier, 
fourger,  fouiller,  fourgonner.  Du  lat.  pop.  foricare, 
de  forare,  ])ercer. 

Fergâillère  (Tlm.),  s.  f.  —  Poche  de  côté,  à 
une  robe  de  femme.  Syn.  de  Poche-aux- 
puces,  Migâillère,  Chatière.  Dér.  de  Fergâiller. 
Syn.  de  Fernâillère. 

Fergancer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Nettoyer, 
faire  le  nettoyage  d'une  maison,  d'un  ménage. 
Syn.  et  d.  de  Fourgancer.  Cf.  Fergon,  Fer- 
gâiller. Syn.  de  Fertoirer. 

Fergane  (Z.  153,  Sar.,  Sal.,  Mj.,  By.  ), 
s.  f.  —  La  bouche  ouverte.  Ex.  :  Il  ôvrait  eine 


FERGON  —  FERSAIE 


385 


fergane  à  illy  fourrer  eiri  bon  sabot.  Syn.  de 
Freu,  Ganache,  Four.  V.  Fourgon.  —  By., 
Foerganne.  —  Sal.  Tendre  la  fergane,  — 
brailler  haut  et  clair,  en  ouvrant  grandement 
la  bouche. 

Fergon  (Mj.,  By.,  Sal.),  s.  m.  —  Fourgon. 
Instrument  qui  sert  à  aviver  le  feu  dans  le 
four.  Cor.  du  fr.  Fourgon.  V.  Freu.  \\  By. 
Forgon. 

Fergonner  (Mj.,  By.,  Sal.),  v.  n.  —  Four- 
gonner. V.  Fergon.  —  ||  Fergouner  (Bl.).  || 
By.  Forgonner.  ||  Frotter,  nettoyer  (Sal.). 

Fergonnettc  (Sal.),  s.  f.  —  Arbuste  à  fruits 
rouges,  épineux.  —  Sans  doute  le  Ruscus 
aculeatus,  de  Bâtard  ;  petit  Houx,  Houdin, 
Fourgon,  Houx  frelon.  V.  le  suivant. 

Fergonnièrcs  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  —  Fragonniôre  ou  petit  houx. 
Syn.  de  Fragonnelle,  Hudin,  Fringounelle.  V. 
Fergonnette. 

Et.  —  Fragon,  même  sens,  ruscus  aculeatus. 
D.  C.  Froncina  ;  orig.  inc.  —  La  forme  la  plus 
ancienne  est  Fregon. 

Fériand  (Sar.,  By.),  adj.  q.  —  Friand, 
curieux. 

Et.  —  C'est,  comme  l'a  vu  Ménage,  le  part.  prés, 
du  V.  Frire,  avec  le  changement  du  t  en  d.  puisque 
le  fémin.  est  friande.  (Cf.  Galande,  de  Galant.) 
Qui  flatte  le  palais  (en  pari,  des  ch.),  en  le  flattant 
comme  qqch.  qui  est  frit  ;  —  personne  vive,  — 
comme  ce  qui  frit.  —  Lat.  frigere  (Litt.).  —  Id. 
Proprement  :  qui  grille  (d'impatience),  —  sens  act. 
ou  pass.,  —  qui  allèche  ou  est  alléché. 

fériau,  vx  mot  angev.,  adj.  q.  —  De  fête. 
Et.   —   Férial  ;   de   féria,   jour   de   fête  ;   férié, 
feriatus. 

Hist.  —  u  Car  le  jour  est  feriau, 
Nau,  nau,  nau.  » 

(Noëls  ang.,  4,  Introd.) 

Féricr  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  d'une  ancienne 
espèce  de  poires.  Poires  de  férier.  V.  Feurrier. 

Férieuse  (Z.  145),  adj.  q.  pour  Furieuse, 

—  grosse,  belle. 

Férieusement  (Mj.),  adv.  —  Enormément, 
excessivement.  —  V.  Férieux. 

Férieux  (Segr.,  Sar.,  Bl.,  Mj.),  adj.  q.  — 
Gros,  gras,  fort,  bien  venu  ;  énorme.  ||  By. 
Pron.  foérieux,  et  plus  souvent  forieux,  syn. 
de  :  fort,  en  bonne  santé.  !|  Sp.  —  Férieuse, 

—  gro.sse,  enceinte,  en  parlant  d'une  femme. 
C'est  le  sens  exclusif  de  ce  mot  à  Sp.,  il  ne  l'a 
pas  à  Mj.  —  !|  On  dit  :  Vont'  gars  est  devenu 
ben  férieux  pour  :  il  a  pris  de  la  force. 

Ferlampier  (Lg.),  s.  m.  —  Frelampier. 
Inconnu  à  Mj.  |1  Sal.  Petit  faraud. 

Ferlimousse  (By.),  s.  f.  —  Firlirnousse.  V. 
Frimousse.  Orig.  douteuse,  —  de  I-'rime.  || 
By.  Foerlimousse. 

Perluchet  (Pc,  By.),  adj.  q.  —  Mince, 
grêle.  Freluquet.  V.  Faluchet.  \\  By.  Foerlu- 
quet. 

Et.  —  Freluquet,  —  celui  qui  porte  des  fre- 


luches,  petite  houppe  de  soie,  sortant  d'un  bouton, 
d'un  gland.  D.  C.  Flocus.  —  (De  :  loque,  et  d'un 
préf.  fre,  fer,  fra?) 

Ferme  (Lg.),  adj.  q.  —  Froid  et  sec.  Se  dit 
du  temps,  par  oppos.  à  mou.  —  Cf.  Malade. 

Fcrnii  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  et  f.  —  Fourmi. 
Syn.  et  d.  de  Formi,  Fronii,  Frémi.  N.  Au  Lg. 
une  ancienne  espèce  de  poire  s'appelle  :  poire 
de  fermi. 

Fermière  (Lg.),  s.  f.  —  Fourmilière.  Syn. 
de  Formitière.  N.  La  première  syll.  se  pro- 
nonce fermée  et  très  brève  ;  la  seconde  très 
fermée  (comme  ée)  et  traînante.  Dér.  de 
Fermi  ;  doubl.  de  Formière. 

Fermoyer  (Ac),  v.  a.  —  Charrier  du 
funiier.  Cf.  Famhreyer,  Fombreyer. 

Ferraure,  s.  f.  —  Fermeture  d'un  pré,  d'une 
barrièi'e.  —  Cf.  Formure. 

Fernacul  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Freluquet, 
godelureau,  mirliflore.  —  Queu  pauv'  p'tit 
fernacul  ! 

Fernailler  (Fu.),  v.  a.  —  Clouer  le  nez  d'un 
porc  pour  l'empêcher  de  fouger.  V.  Formâiller. 

Fernâillère  (Lg.),  s.  f.  —  Ouverture  longi- 
tudinale sur  le  côté  ou  au  devant  d'un  cotillon 
et  qui  sert  aux  femmes  pour  certains  soins 
intimes.  —  Syn.  de  FergâUlère,  Migâillère, 
Poche-aux-puces,    Chatière. 

Et.  —  Pour  Fournàillère,  de  Fournàiller.  Ce 
n'est  donc  pas  un  doubl.  de  FergâUlère. 

Férouard,  e  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  —  Plante  ou 
branche  qui  a  poussé  trop  vigoureusement, 
gourmand.  Ex.  Du  chambe  férouard,  — 
chanvre  qui  a  poussé  trop  vile-  et  dont  la 
filasse  est  de  mauvaise  qualité. 

Ferquiaii  (ferkiao),  s.  m.  —  Freteau,  frette, 
petit  cercle  de  fer  qui  sert  de  lien  à  un  mor- 
ceau de  bois  ;  p.  ex.  à  des  sabots  pour  les 
empêcher  de  fendre,  —  à  une  roue,  etc.  — 
Var.  :  Fertiau,  Frettiau.  Frette. 

Ferrailloiix  (Lg,),  s.  m.  —  Marchand  de 

ferraille  ambulant. 

Ferrer  (Sp.,  By.),  v.  a.  —  Empierrer,  maca- 
damiser. —  Ex.  :  Le  chemin  n'est  pas  ferré. 
Syn.  Encaisser.  ||  (Mj.)  Ferrer  uu  bateau,  — 
étouper  les  joints  et  maintenir  avec  du  ferris. 

Ferrets  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Grosses  guertes 
provenant  de  la  racine  du  lin  ou  du  chanvre. 

Et.  —  Dér.  probablement  du  fr.  Fer,  parce 
qu'elles  sont  plus  dures  que  les  guertes  qui  pro- 
viennent de  la  tige  et  rappellent  le  ferret  d'une 
aiguillette. 

Ferris  (Mj.),  s.  m.  —  Garniture  de  gavé,  qui 
se  place  à  la  ligne  de  jonction  du  fond  avec 
les  bords  d'un  fûtreau,  à  Venchemnie.  \\  De 
Ferrer. 

Fersaie  (Z.  130,  Sal.,  Mj.)  —  Pour  Fresaie. 
Espèce  de  chouette.  —  Ou  Effraie.  V.  Ferzâ. 
S'écrit  par  s  ou  z.  By.  —  Foerzaie  ou  Foerzà. 

Et.  —  En  Poitou  :  Presaie,  d'après  .Ménage, 
que  cette   forme   conduit  au   lat.    Prœsaga  avis, 

25 


386 


FERSILLER  —  FESSETURE 


l'oiseau  qui  donne  des  présages.  —  D'autres  ont 
tiré  son  nom  d'une  manière  de  fraise  qu'il  a  autour 
du  cou.  (LiTT.j 

Fersiller,  v.  n.  —  Se  dit  pour  un  liquide  qui 
commence  à  bouillir.  —  Lat.  Fritillare. 

Et.  —  Frétiller?  —  Berry  :  fertiller  ;  prov. 
frezilhar.  D.  C.  donne  Fritillare,  piler  du  poivre 
dans  un  mortier,  et  Fritillum,  Fratillum,  mortier 
à  piler  du  poivre  :  c'est  le  mouvement  de  va  et 
vient  du  pilon  qui  a  donné  Frétiller.  Quant  à 
Fratillum,  il  est  dans  Isidore  sous  la  forme  plus 
intacte  de  Fractillum,  ce  qui  conduit  à  Fractum, 
supin  de  frangere,  briser,  le  pilon  étant  considéré 
comme  instrument  qui  brise.  (Litt.) 

Fertage'(Mj.),  s.  m.  — •  Cordelette  dont  on 
se  sert  pour  ferdéler.  —  Ferter,  fretter. 

Perte  ou  Feurte  (Chm.),  s.  f.  —  Bâton  pour 
la  chasse  à  la  martre,  p.  ex.,  avec  chiens  spé- 
ciaux, la  nuit.  Ils  n'aboient  que  sur  cet  ani- 
mal qui,  poursuivi,  grimpe  dans  un  arbre.  Là, 
la  martre  est  abutée.  Les  chiens  aboient  au 
pied.  La  ferte  sert  à  battre  les  buissons.  || 
Lue,  Segr.,  —  Même  sens.  Grand  bâton  pour 
aller  à  l'affiàt  —  qqf.  ferré.  ||  By.  —  Foerte. 
V.  Troie. 

N.  —  DoTTEST.  —  Ferte,  frette,  long  bâton,  dont 
l'un  des  bouts  est  garni  de  fer,  qqf.  même  d'une 
petite  fourche  en  fer.  On  s'en  sert  pour  franchir 
les  fossés  larges  et  profonds  et  les  haies  élevées. 
Dans  les  commencements  de  la  chouannerie,  un 
certain  nombre  d'insurgés  n'avaient  que  la  frette 
pour  se  défendre  et  attaquer,  mais  ils  la  ma- 
niaient habilement. 

Ferteau  (Mj.),  s.  m.  — •  Frette,  anneau  de 
fer  qui  enserre  la  tête  d'un  pieu.  —  P.  Fret- 
teau,  dim.  du  fr.  Frette. 

Ferter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Produire  un 
bruit  léger  en  froissant  des  feuilles  ou  des 
branchages  secs,  comme  fait  un  reptile  dans 
une  haie.  || 

Et.  —  Je  le  rapproche  de  Frétiller  (fertiller), 
qui  en  serait  le  diminutif.  ||  Dans  qqs.  régions  : 
Peigner  le  chanvre.  —  V.  Ferloirer.  Ce  v.  est  pour 
Feurler,  de  Feurte,  branche.  Cf.  Feuillarder  et 
Feuillard.  \\  Pron.  foerter  (By.),  syn.  de  fureter, 
chercher  dans  tous  les  coins,  —  Fur'ter,  c'est 
chasser  au  furet. 

Fertis  (Mj.),  s.  m.  —  Étoupe,  corde  défaite 
pour  calfats.  Pour  Frettis.  Tient  au  fr.  Fretter 
Cf.  Fertage,  Ferteau,  Ferdéler. 

Fertoirer  (Mj.),  v.  n.  —  Travailler  à  net- 
toyer, à  mettre  tout  en  place  dans  le  ménage. 
Syn.  de  Fergancer. 

Et.  —  Pour  Frétoirer  ou  Frottoirer,  sorte  de 
fréquentatif  de  Frotter.  Notre  patois  a  diî  avoir 
un  verbe  Fréter,  ou  Fretter,  qui  a  donné  l'angl. 
to  Fret,  frotter,  user  en  frottant.  Et  même  j'ose 
dire  que  ce  v.  existe  encore.  C'est  notre  v.  Ferter. 

Fertoué  (Segr.),  s.  m.  —  Petite  herse  ser- 
vant à  verser  les  grosses  mottes  (Mên.) 

Fertouper,  v.  a.  —  Frapper  dur  et  long- 
temps.. .  (Mén.)  Cf.  Touper,  Vartaupe. 

Ferzâ  (Auv.,  Li.,  Br.),  s.  f.  —  Fresaie, 
chouette.  Orfraie.  —  On  dit  aussi  Ferzaie, 
Ferzée.  Pour  la  termin.  Cf.  Clâ,  Prâ.  —  V. 
Féseraie,  Fer  saie. 


N.  —  Oiseau  nocturne  de  sinistre  présage.  Elle 
vient  chercher  qqn  dans  la  maison  auprès  de  la- 
quelle elle  a  chanté. 

Féseraie  (Mj.),  s.  f.  —  Pour  Fersaie,  par 
interversion  des  consonnes.  V.  Ferzâ. 

Fessée  (Mj.),  s.  f.  —  Grande  quantité,  abon- 
dance. Ex.  :  Y  a  eine  fessée  de  mêles  cette 
année.  Syn.  de  Tapée,  Tournée,  Cramassée, 
Foissée,  Fouée. 

Et.  —  Je  comprendrais  Faiscée.  Un  «  fais  »  de 
foin,  c'est  ce  qui  peut  entrer  en  un  lien  de  blé.  — 
Fkoissart  dit  :  a  Grand  faiz  de  chevaux  )-,  — 
grande  quantité.  (L.  C.)  —  Fessel,  faisceau, 
fagot  :  Fessellus,  faisceau,  gerbe.  —  Fessus  est 
traduit  par  ;  tas.  —  P.-ê.  faut-il  y  voir  simple- 
ment un  rapprochement  avec  le  grand  nombre  de 
coups  donnés  dans  une  fessée.  Cf.  Tapée,  Flopée. 
J'ai  remarqué  ailleurs  que  beaucoup  de  mots  signi- 
fiant :  volée  de  coups  ont  aussi  le  sens  de  :  grande 
quantité. 

Fesse- merle  (Ang.),  s.  m.  —  Nom  donné 
par  les  paysans  à  l'épervier,  parce  qu'il 
«  chasse  les  merles  ».  (Ab.  Vincelot,  p.  60.) 
V.  Foisse-méle. 

Fesser  (Sp.),  v.  a.  —  Rempailler  une  chaise. 
Syn.  de  Foncer,  Joncer,  Corder.  Cf.  Fesseter.  || 
Segr.  —  Se  dit  en  parlant  du  bois.  «  J'ai 
fessé  dur  ce  bois  ;  j'ai  eu  du  mal  à  le  fesser.  » 

—  J'ai  frappé  dur,  j'ai  eu  du  mal  à  le  fendre. 

—  Il  By.  —  Syn.  de  Battre  et  de  Frapper 
sur  :  «  Oui,  je  me  fais  honte,  j'ai  fessé  (foessé) 
mouman  ;  c'est  vrai  que  j'étais  sou  (saoul). 

—  Ein'  brut'  ;  i  foessait  sus  son  j'vau  (cheval) 
avec  le  manche  de  son  fouet  !  » 

Et.  Geangagnage  cite  dans  le  wallon  fesî, 
entrelacer  de  l'os'er  ;  a.  \v.  fesse,  latte.  —  Diez  : 
fitse,  baguette  ;  bavar.  fitzen,  fi'apper  avec  une 
verge.  —  (Litt.'>  —  Faisse,  s.  f.,  bâton  :  «  Lequel 
suppliant  tenoit  un  petit  baston,  appelé  faisse, 
aussi  comme  un  petit  paisseau  d'une  haie.  »  (1350.) 

—  Ecrit  aussi  :  fesse.  Faisselle,  feisselle,  foiselle,  — 
chaseret  de  bois  ou  d'osier  pour  les  fromages  : 

«  Je  lui  porteray  mon  formage 
«  Dans  cette  feisselle  de  jon.  »  (Noël.) 
(L.  C.)  —  Fascia,  lien,  bande.  Un  faissier,  c'est  un 
vannier.  (Schl.)  —  Fesser,  battre  ;  ruer  ;  travailler 
dur,  frapper.  (Dott.)  —  Ne  signifie  pas  seulement 
fouetter,  mais  frapper  sur  n'importe  quoi  et 
n'importe  comment.  (De  Mont.)  Cf.  Faiscelle. 

Fesseter  (Lg.),  v.  n.  et  a.  —  Entrelacer 
des  branches  coupées  pour  former  une  haie 
sèche. 

N.  —  Lorsqu'il  s'agit  d'une  haie  vive,  on  dit 
Plesser.  ||  Tresser,  clisser  un  panier,  faire  un  ou- 
vrage de  vannerie.  —  N.  En  ce  sens  on  dit  plus 
souvent  Plisser. 

Et.  —  Fréquent,  ou  dimin.  de  notre  v.  pat. 
Fesser,  qui  dérive  probablement  du  lat.  Fascis. 
Par  ailleurs,  Fesseter  a  donné  l'angl.  to  Fasten, 
qui  signifie  :  attacher,  fermer.  Il  est  probable 
encore  que  notre  v.  Foncer  (rempailler)  ne  dérive 
pas  de  Fond,  mais  qu'il  vient  directement,  comme 
Fesser,  d'une  forme  primit.  Fascer  ou  Fasser.  V. 
Fesser. 

Fesseture  (Lg.),  s.  f.  —  Haie  sèche,  faite 
de  branchages  coupés  et  entrelacés.  Dér.  de    | 
Fesseter. 


FESSIER  —  FEUVETTE 


387 


Fessier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  singulier.  Grosses  fesses.  ||  Lg.  —  lîidi- 
vidu  à  grosses  fesses. 

Fessoir  s.  m.  —  Espèce  de  houe. 

Et.  —  Fessou,  Fessouet.  Houe  triangulaire  aiguë. 
Altérât,  du  vx  fr.  Fossouer,  instrument  pour  fouir. 
Lat.  Fodere.  —  Cf.  Fossoyer.  (Litt.)  —  Fesseur,  — 
oir,  —  ooir. . .  Fessoir  à  fouir  vignes.  «  Fossorium 
dictum,  quod  foveam  faciat,  —  cum  quo  fodi- 
tur.  »  ■ —  «...  Fossierres  et  autres  instruments  à 
fessier,  et  fait  faire  fossez. . .  »  {1360.  —  D.  C.) 

Feste,  s.  m.  —  Faîte,  sommet. 

Et.  —  La  Coutume  d' Anjou,  art.  173  :  Tous  ven- 
deurs de  drap  en  détail  les  aulneront  par  le  fest, 
sur  peine  d'amende  arbitraire,  c.-à-d.  par  le  haut. 
De  fastum,  inusité,  dont  :  fastigium.  »  (Ménage.) 

Fet  (Br.),  s.  m.  —  V.  Fait.  Bien,  vêtement, 

Fêtages.  vx  mot  ang. 

Hist.  —  «  ...  Le  clergé  de  ces  églises  conserva 
l'usage  des  cloîtres,  des  repas,  des  distributions 
communes.  Les  fêtages  mêmes,  quoique  convertis 
en  distributions  pécuniaires,  en  étaient  encor&  une 
image  sensible.  »  (Anj.  Hist.,  6"  an.,  n"  .574.  Abbé 
Rangeakd.) 

Fête  (Lg.),  s.  L  - —  Au  jeu  de  manille,  les 
atouts,  la  maison.  Ex.  :  Etes-vous  ben  de  la 
fête? 

Fête-Dieu.  —  Pour  la  Procession  de  la 
Fête-Dieu,  lire  :  Anjou  Historique,  6«  an., 
n"  6,  187.  Extrait  de  I'Abbé  Rangeabd. 

Fêter  (Mj.,  By.).  —  Absolument,  v.  n.  — 

Chômer  une  fête.  Ex.  :  Demain  on  va  fêter  : 
c'est  la  Saint-Jean. 

Fêtons.  —  Fêtons  de  Pâques,  ou  ceufs  au 
lait  (MÉN.) 

Feu  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Pierre  à  feu,  — 
pierre  à  fusil,  silex.  ||  Fig.  —  Rougeur  de  la 
figure,  avec  sensation  de  chaleur  occasionnée 
par  l'afïlux  du  sang.  Ex.  :  J'ai  eiu  feu  dans  la 
figure  !  ||  Goût  de  feu,  —  goût  particulier  du 
vin  poussé.  On  dit  de  ce  vin  qu'il  a  goût  de 
feu,  ou  (ju'il  a  du  feu.  ||  Sp.  —  Feu  sec,  — 
sorte  d'éruption  cutanée.  ||  Avoir  goût  de  feu, 
être  trop  chaud,  en  parlant  d'un  mets.  (Lg.) 
—  Plaisanterie.  ||  Mj.  Brûler  à /eu  mort, — se 
consumer  lentement.  ||  Feu  guerzais.  ||Ardeur 
vénérienne  chez  un  animal  femelle.  Se  dit 
surtout  des  chiennes.  Syn.  de  Lice,  Marois, 
Saison.  Ex.  :  Eine  chienne  en  feu.  By.,  id.  [| 
Avoir  du  feu  dans  le  tison,  être  encore  vert, 
plein  d'ardeur.  ||  Au  feu  !  —  Appel  pour  se 
rendre  à  un  incendie,  ||  Piquer  ein  feu,  — 
rougir  de  confusion.  Cf.  Fard,  Soleil.  \\  Faire 
feu,  produire  de  l'effet.  |1  Faire  feu  des  quatre 
fers,  loc.  prov.,  fulminer. 

Et.  —  Du  lat.  focus,  foyer,  qui  a  remplacé  le 
lat.  popul.  ignis.  Devenu  :  fou.  —  Hist.  :  On  lit 
sur  un  registre  de  1336  :  «  Clamando  et  alta  voce 
dicendo  :  à  foc  à  foc.  »  (L.  C.) 

Feuger  (Segr.),  v.  a.  —  Se  dit  des  porcs 
quand  ils  cherchent  dans  la  boue  :  «  Les 
porcs  feugent.  » 

Et.  —  Fouger,  de  Fodicare,  fodere,  creuser, 
fouir.  (Litt.)  —  Les  sangliers  ont  été  aux  feuges 


quand  ils  «  ont  fait  grans  fossez,  et  ont  fouy  bien 
en  parfont  en  terre  pour  avoir  une  racine  qui  est 
appelé  feuges  ».  Feugage,  —  droit  payé  pour  laisser 
les  porcs  fouir  la  terre.  (L.  C.) 

Feuillard  (Sp.),  s.  m.  —  Tôle  mince.  De 
Feuille.  ^'.  Feillard. 

Fe Mille.  —  Prononcé  Feille.  By. 

Feuillées  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Fanes  de  pommes 
de  terre.  Syn.  de  Chavoilles,  Fonces.  C'est  le 
mot  fr.  en  un  sens  spécial. 

Feuillet,  s.  m.  ||  Sa.,  By.  —  Feuillet  de  foie, 
—  lobe  du  foie.  Le  foie  a  quatre  feuillets. 

Feuilletis  (Tr.),  s.  m.  —  Espèces  de  délits 
qui  ne  contiennent  pas  d'amandes  quart- 
zeuses.  (Mén.) 

Et.  —  Endroit  où  l'ardoise  est  facile  à  diviser 
en  feuillets.  (Litt.) 

Feuillette  (Mj.),  s.  f.  —  Feuillet.  Troisième 
estomac  des  ruminants.  Syn.  de  Livre. 

Feurieuv,  adj.  q.  —  Mauvaise  prononc.  de 
Furieux. 

Feurquiau  (Segr.,  dit.),  s.  m.  —  Prononc. 
pat.  de  Fortiaut.  Bande  de  fer  blanc  pour 
consolider  le  dessus  des  sabots.  —  Fretter. 

Feu  dé  r'culée  (By.).  —  V.  Raviêe. 

Feurrier  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  d'une  espèce 
de  petite  poire  commune  dans  les  grands 
poiriers  des  haies.  Des  poires  de  feurrier. 
Mûrit  assez  tard.  V.  Férier. 

Feurrier  (Lg.),  s.  f.  —  Verge,  branche 
menue  et  souple.  Syn.  de  Scion.  V.  Ferte. 

Feurte  (Lg.),  s.  f.  Branche,  rameau.  Dou- 
blet de  Ferte,  avec  un  sens  plus  général.  Syn. 
de  Branseau,  Scion. 

Et.  —  Pour  Frète,  dér.  du  lat.  Fractum.  De  fait; 
la  feurte  est  la  branche  détachée  de  l'arbre,  jamais 
colle  qui  tient  au  tronc.  A  cet  égard  on  pourrait 
peut-être  faire  un  rapprochement  avec  le  fr.  Scion, 
dér.  possible  du  lat.  Secare,  scier.  (R.  O.) 

Feurter  (Lg.),  v.  a.  —  Fouetter  avec  une 
verge.  Syn.  de  Scionner,  Roter.  Dér.  de 
Feurte. 

Feuve  (Li.,  Br.,  By.,  Mj.),  s.  L  —  Fève. 
Syn.  de  Femme. 

Et.  —  Lat.  Faba.  —  Hist.  :  «  En  cette  année  il  y 
a  cherté  de  bleds  ;  le  froment  xx  sols,  le  seigle 
xvn  sols,  feubves  xvii.  »  (1583.  Inv.  Arch.)  —  «  Le 
premier  jour  d'avril,  le  fourmant  valoit  lxx  sols  le 
boisseau,  le  seigle  Lxnn  sols,  et  le  boisseau  d'orge 
et  feubves  xlv  sols.  (1630.  —  Inv.  Arch.,  E,  n 
164,  1.)  —  «  S'ensuivent  les  cens,  devoirs  et  rentes 
tant  par  deniers  que  par  froniens,  seilles,  avoennes, 
poys,  feuves,  chappons,  poullez,  vin,  vendenge,  que 
cyre  deux  chaincun  an  au  prieur.  »  (1467.  Id.,  G. 
p.  135,  col.  2.) 

Feuvêrier  (Mj.),  s.  m.  V.  Feuvrier. 

Feuvette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Haricot  blanc. 

Et.  —  Diniin.  de  feuve.  Le  haricot  est  l'image 
réduite  de  la  fève.  Syn.  de  Mougette,  Fayots,  ou 
Févettes.  A  Trélazé,  les  perreyeux  disaient 
févette  pour  fauvette. 

Hist.  —   «  Aux  prisonniers  et  aux  renfermés 


388 


FEUVRIER  —  FICTER 


dans  les  prisons...,  chaque  dimanche  de  carême, 
une  chaudronnée  de  fevettes.  »  (1769.  —  Inv.  Arch., 
H,i,  p.  3,  col.  2.) 

Feuvrier  (Mj.,  By.).  —  Février.  N.  Les 
vieux  disent  Feuvérier,  Févérier. 

Et.  —  Februarius,  de  februare.  faire  des  expia- 
tions, mot  sabin,  suivant  Vaeron,  et  non  de 
febris,  fièvre.  (Litt.  )  —  Febrarium.  (Darm.)  — 
Hist.  :  «  Le  10«  jour  de  feubvrier  1644,  les  cloches  du 
Plossis  ont  esté  réfecte  par  le  procureur  et  le  curé, 
comme  il  est  écrit  sur  ycelles.  «  (Im>.  Arch.,  S, 
s,  E,  163,  1,  bas.)  —  Le  dernier  jour  de  feuvrier  feut 
faict  un  accord  de  M.  Chabot,  duc  de  Rohan,  avec 
le  maréchal  d'Ocquincourt.  (1639.  Id.,  ih.,  164, 
2,  m.) 

Féyence  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Fayence. 

Et.  —  De  Faenza,  bourg  d'Italie,  où  cette  pote- 
rie a  été  inventée.  Dfniau  raconte  qu'après  la 
bataille  de  Torfou,  les  paysans  vendéens,  grisés 
par  le  succès  inespéré  qu'ils  avaient  remporté  sur 
Kléber,  coururent  jusqu'à  Cholet  raconter  qu'ils 
avaient  battu  l'armée  de  faïence  (Mayence). 

Fiac  !  (By.),  interj.  —  Exprime  le  bruit  que 
fait  un  corps  qui  tombe  dans  Feau  ou  dans 
la  boue. 

Fiacher  (Li.),  v.  n.  —  Les  cochons  fiachent. 
Se  vautrent. 

Et.  —  Flache  (o«  sens),  mare  d'eau  dans  un  bois 
dont  le  sol  est  argileux.  —  Cl  =  Fi.  (Litt.)  —  Lat. 
Flaccus.  (Darii.) 

Fiambée  (Lue),  s.  f.  —  Prononc.  de  F/am- 
bée. 

Flamber  (Lue),  v.  n.  —  Flamber. 

Fiance  (Lg.,  Tlm.),  s.  f.  —  Confiance, 
sûreté.  Syn.  de  Fiète,  Fiement.  ■ —  Dér.  du  fr. 
se  Fier.  Tis.  Fiançailles  (vieux). 

Et.  —  Fidere.  —  Hist.  :  «  Le  cinquiesme  advis 
que  je  donne  icy  à  se  bien  conduire  aux  affaires,  est 
un  tempérament  et  médiocrité,  entre  une  trop 
grande  fiance  et  défiance.  »  (Sagesse  de  Charon.)  — 
Au  sens  de  fiançailles  :  «  . .  .Notre  promoteur  nous 
a  remontré  que...  on  continuait  4  faire  des 
fiances  et  mariages  après  les  heures  réglées  par  les 
ordonnances...  »  {Anj.  Hist.,  6«  an.,  n°  6,  614. 
Paroisse  de  Tilliers.) 

Fiar  (Bl.,  Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Fier.  fém. 
fière.  Lat.  Férus. 


Fiaraud   (Mj.), 
fiérot. 


adj.   q. 


Un    peu    fier 


Fiarté  (Mj.),  s.  f.  —  Fierté. 


Ficelle  (Sp.,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Homme  faux 
et  hypocrite,  individu  madré,  retors,  fourbe. 
Syn.  de  Sac-à-diable,  Couteau-à-deux-manches. 
Porte-à-deux-jetées,  Planche. 

Et.  —  Allusion  aux  fils  qui  font  mouvoir  des 
pantins.  Tenir,  voir  la  ficelle.  Connaître  les  ficelles 
d'un  métier.  Diez  le  tire  de  filicellum,  comme  cer- 
velle de  cerebellum,  avec  changement  de  genre. 
C'est  possible.  Mais  le  mot  s'est  écrit  :  fiscelle  et 
paraît  avoir  été  rapproché  de  fiscella,  petit  panier 
tressé  de  jonc  ou  d'osier.  —  Delvau  : 

—   «  Cadet  Rousselle  a  trois  garçons, 
«  L'un  est  voleur,  l'autre  est  fripon, 
«  Le  troisième  est  un  peu  ficelle. . .    » 

Fichant  (Mj.),  adj.  verb.  —   Forme  atté- 


nuative  de  :  foutant.  —  Ennuyeux,  désa- 
gréable. C'est  fichant  !  Syn.  de  Chiant. 

Fiche  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Axe  d'une  porte 
d'armoire  dans  les  meubles  de  style  local 
ancien.  Ces  axes,  ou  tiges  de  fer  cylindriques, 
qui  avaient  la  même  hauteur  que  la  porte,  lui 
étaient  extérieurs  et  constituaient  un  orne- 
ment qui  ne  manquait  pas  d'un  certain 
cachet,  mais  qui  nécessitait  des  soins  cons- 
tants d'entretien.  \\  v.  a.  —  Forme  abrégée 
de  :  ficher.  Ex.  :  \'a  te  faire  fiche  !  —  va  te 
f.  lanlaire. 

Hist.  —  «  Dans  les  cabinets  (armoires)  les  plus 
anciens,  le  vantail  s'ouvre  sur  une  tige  de  fer 
placée  à  l'extérieur  et  nommée  fiche,  dont  la  ména- 
gère entretient  soigneusement  le  poli.  »  (La  Trad., 
p.  43,1.  30.) 

Ficher  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  S'emploie  comme 
forme  atténuative  dans  tous  les  sens  de 
Foutre.  Ex.  :  Je  te  vas  ficher  mon  pied  dans 
le  cul.  —  11  n'a  l'ar  que  de  se  ficher  du  monde. 

—  X.  On  dit  aussi  à  l'infinitif  :  fiche.  Ex.  : 
11  n'a  l'ar  que  de  s'en  fiche.  —  Il  y  a  deux 
participes  passés,  fiché  et  fichu.  Ce  dernier 
est  le  plus  usité.  Il  a  été  emploj^é  par  asson- 
nance  avec  :  foutu,  dont  il  a  tous  les  sens,  ce 
qui  n'est  pas  vrai  pour  l'autre. 

Et.  —  Vo  Fichage.  —  A  eu  le  sens  de  faire  une 
chose  avec  vivacité  :  «  Quand  les  gens  le  conte 
virent  ce,  ils  lessirent  l'ost  et  se  fichèrent  par-dessus 
la  lice  et  coururent  sus  aux  Sarrazins  à  pié.  » 
(Jorsv.  —  LiTTEÉ.)  —  Dès  la  fin  du  xrv«  s.,  ficher 
se  trouve  dans  le  «  Livre  du  maréchal  de  Bouci- 
CAUT  ))  :  Quand  Chateaumorant,  avec  la  compai- 
gnée  des  autres  prisonniers,  feurent  arrivez  à 
Venise,  adonc  on  les  ficha  en  forte  prison.  »  — 
Sens  innombrables  ;  Jeter,  placer,  donner,  faire, 
au  diable  (allez  vous  f  lire  fiche  .'),  se  mettre  à, 
s'habiller,  se  poster,  se  moquer,  tromper,  etc. 
(L.  Larchey.)  —  Ne  peut  venir  directement  de 
Figere,  mais  d'un  type  Figicare.  (Cf.  fodicare,  de 
fodere  ;  vellicare,  de  vellere.)  (Scheler.) 

Ficheur  (Mj.),  adj.  q.  —  Syn.  de  Fouteur. 
Dér.  de  Ficlier,  Moqueur. 

Fichu  (Mj.,  By.),  part.  pas.  du  v.  Ficher. 

—  Capable.  Ex.*^  :  T'es  pas  fichu  de  sauter 
ceté  foussé-là.  —  N.  Fiché  n'a  jamais  cette 
acception.  —  Syn.  atténuât,  de  Foutu.  || 
Lancé,  jeté,  jl  Lue.  • —  Terme  de  mépris  et 
sens  vulg.  i|  Mal  fichu,  —  mal  portant,  indis- 


pose; ou  mal  vêtu. 
fichu  de  moi. 


Se  moquer.  —  11  s'est 


adv.  —  Beaucoup,  à 
mal.)  —  Velà  du  vin 
Syn. 


Fichument  (Mj.,  By. 
l'excès  (en  bien  et  en 
qu'est  fichument  bon,  —  ou  mauvais, 
de  Foutrement,  Foutument,  Bougrement. 

Ficre  (My.),  adj.  q.  —  Creux. 

Flcter  (Mj.),  v.  n.  —  Godiller,  faire  avancer 
un  bateau  à  l'aide  de  l'aviron.  ||  Inconnu  à 
By.  où  l'on  godille  à  l'aide  d'un  aviron  droit 
spécial  pour  cette  manœuvre. 

N.  —  C'est  là  une  manœuvre  toute  spéciale  et 
peu  connue,  qui  ne  ressemble  en  rien  à  l'action 
de  ramer.  Laviron  est  passé  dans  une  boucle  en 
corde,  fixée  sur  la  partie  médiane  de  l'arrière  du 


FI-DE-QUATRE-ÉPÉES  —  FIÈVRE 


389 


bateau,  et  plonge  dans  l'eau  sous  un  angle  de  40 
à  60°.  Lorsqu'il  est  dans  sa  position  initiale, 
c.-à-d.  situé  dans  un  plan  vertical  et  l'intersection 
de  sa  lame  avec  l'eau  étant  perpendiculaire  à 
l'axe  du  bateau,  le  marinier  lui  imprime  un  léger 
mouvement  de  rotation  sur  son  axe  propre,  de 
manière  que  l'intersection  de  la  lame  avec  le  plan 
d'eau  devienne  oblique  à  l'axe  du  bateau.  En  même 
temps,  il  incline  l'aviron  vers  la  gauche  ou  vers  la 
droite,  selon  que  la  rotation  a  été  «  dextrorsum  «  ou 
«  sinistrorsum  »  ;  c.-à-d.  que  ce  mouvement  laté- 
ral est  calculé  de  sorte  que  l'action  oblique  de  la 
lame  sur  l'eau  repousse  celle-ci  en  arrière.  Avant 
de  ramener  l'aviron  d'un  angle  égal  sur  l'autre  côté 
du  plan  vertical,  il  lui  imprime  sur  son  axe  un  mou- 
vement de  rotation  inverse.  De  cette  manière,  le 
manche  de  l'aviron,  tout  en  tournant  alternative- 
ment sur  lui-même,  exécute  un  mouvement  pen- 
dulaire, d'une  amplitude  totale  de  70  à  80"  de  part 
et  d'autre  du  plan  vertical  passant  par  l'axe  du 
bateau. 

Ce  mouvement  a  lieu  dans  un  plan  dont  l'inter- 
section avec  le  plan  d'eau  est  perpendiculaire  au 
plan  axial  du  bateau,  mais  est  en  même  temps 
incliné  sur  l'horizontale  de  45  à  60°.  Or,  si  le  manche 
est  situé  dans  ce  plan  que,  pour  l'explication, 
j'appelle  plan  pendulaire,  on  remarque  que  la 
lame,  par  suite  de  la  rotation  alternative  que  j'ai 
indiquée,  est  sans  cesse  oblique  à  ce  plan,  dans 
lequel  se  meut  son  axe  de  figure.  Il  suit  de  là 
qu'elle  exerce  sur  l'eau,  par  son  mouvement 
latéral  ou  pendulaire,  une  pression  dont  les  réac- 
tions produisent  : 

1»  Un  mouvement  pendulaire  du  bateau  autour 
d'une  verticale  menée  sur  le  milieu  de  son  axe  ; 
20  un  mouvement  pendulaire  du  bateau  autour  de 
son  axe  horizontal,  en  raison  de  son  élévation  au- 
dessus  de  cet  axe,  de  la  boucle  qui  est  le  point 
d'application  des  réactions  ;  3°  enfin  et  surtout  un 
mouvement  de  propulsion  du  bateau  suivant  son 
axe. 

Ce  dernier  mouvement  est  encore  favorisé 
par  ce  fait  que  le  marinier  ne  fait  pas,  en  réalité, 
mouvoir  le  manche  de  l'aviron  dans  ce  que  j'ai 
appelé  le  plan  pendulaire,  mais  bien  sur  la  surface 
d'un  conoïde,  ayant  son  sommet  à  la  boucle, 
conoide  dont  la  génératrice,  située  dans  le  plan 
vertical,  est  inclinée  de  45°  environ  sur  l'horizontale 
et  passe,  pour  les  positions  latérales  extrêmes  de 
l'aviron,  à  une  inclinaison  de  60"  à  peu  près. 

En  résumé,  l'action  de  l'aviron  tient  à  la  fois  de 
celle  de  la  rame  et  de  celle  des  propulseurs  héli- 
coïdaux, et  le  bateau,  en  même  temps  qu'il  reçoit 
un  mouvement  de  roulis,  progresse  dans  la  direc- 
tion de  son  axe  longitudinal,  son  avant  et  son 
arrière  décrivant  une  ligne  sinueuse,  aux  inflexions 
inverses,  de  part  et  d'autre  de  cet  axe. 

On  comprend  que  cette  manœuvre  ne  peut  se 
pratiquer  que  sur  ces  bateaux  légers  qu'on  appelle 
barhuts.  Les  mariniers  de  la  l>oire  y  sont  fort 
habiles  et  elle  leur  est  d'autant  plus  précieuse 
qu'elle  permet  à  un  seul  homme  de  mener  un  ba- 
teau à  son  gré.  La  vitesse  obtenue  en  fictant  est  au 
moins  égale,  malgré  les  réactions  nuisibles,  à  celle 
que  l'on  obtient  par  celle  plus  directe  de  la  rame. 
En  outre,  le  bachot  une  fois  lancé,  il  suffit  au  mari- 
nier, pour  le  diriger,  de  ramener  la  lame  de  l'aviron 
dans  le  plan  vertical,  ce  qui  en  fait  un  véritable 
gouvernail.  (R.  O.) 

Fi-de-quatre-épécs  (Z.  135),  s.  m.  —  Va- 
riété de  lézard.  —  V.  Quaterpée. 

Fidèle  (Mj.),  adj.  q.  —  Honnête,  intègre, 
loyal.  Syn.  de  Fiscal,  Catholique,  Solvable. 


Fié  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  cépage  blanc. 
V.  Fiers. 

Fiel  (Mj.,  By.),  Fig.,  s.  m.  —  Toupet, 
aplomb.  On  dit'^d'un  individu  qu'il  a  du  fiel 
quand  il  fait,  sans  sourciller,  des  propositions 
inacceptables.  —  Eh  !  ben,  tu  ne  manques 
pas  de  fiel,  té  !  —  On  dit  aussi  :  T'es  pas 
bileux  !  —  Remarquer  la  concordance.  Syn. 
de  Culot,  Santé. 

Fiel-de-terre  (Sp.),  s.  m.  —  Petite  cen- 
taurée, ainsi  appelée  à  cause  de  son  amertume. 

—  Fumaria  officinalis.  Bat. 

Fiement  (Sp.,  Z.  145,  Mj.,  Tlm.,  By.),  s.  m. 

—  Confiance.  Syn.  de  Fiéte,  Fiance.  ||  Sécu- 
rité. Ex.  :  Y  a  point  de  fiement  à  illi  prêter 
son  argent  ;  —  à  champoyer  eine  bête  de 
même  (une  bête  aussi  méchante).  H  En 
fiement,  —  en  toute  confiance,  en  toute  sécu- 
rité. Ex.  :  Moi  qui  illi  avais  donné  ça  en  fie- 
ment. —  Du  fr.  se  Fier. 

Fienge,  s.  f.  —  Fiente. 

Et.  —  Fiente.  Le  sens  propre  est  fumier  ;  la 
forme  anc.  est  Fien,  du  lat.  :  fimus,  fumier  ;  d'où 
on  a  tiré  un  nom  fém.  avec  l'épenthèse  d'un  t,  aidé 
en  cela  par  le  lat.  fimetum,  lieu  rempli  de  fumier, 
qui  a  un  t.  (Litt.)  —  Lat.  pop.  *  femita,  dér.  du 
lat.  pop.  fémur,  femoris.  (Class.  fimus,  i.) 

Fier  (se)  (Mj.,  By.),  v.  r.  —  Se  fier  en  qqn. 

Hist.  —  «  Se  fiant  en  eux,  nous  serions  trop 
elongnez  de  la  victoire.  »  (J.  Dt;  Bell.,  Déf.  et  IlL, 
n,  2,  34.) 

Fiers,  s.  m.  —  Sorte  de  raisin.  V.  Fié. 

Et.  Hist.  —  Fiers,  sorte  de  raisin,  appelez  autre- 
ment des  fumez  :  «  Car  notez  que  c'est  viande 
céleste  à  desjeuner  raisins  avec  fouaces  fraîches  -. 
mesmement  des  pineaux,  des  fiers,  des  musca- 
deaux,  de  la  bicane  et  des  foyrards.  »  On  prononce, 
en  Anjou  :  fiez  ;  mais  on  dit  :  figers  en  Poitou  :  ce 
qui  me  fait  croire  que  ce  mot  de  fiers  a  été  formé 
de  ficarii  et  qu'on  appelle  ces  raisins  de  la  sorte  à 
cause  de  leur  douceur,  qui  approche  de  celle  de  la 
figue  ;  et,  ce  qui  me  confirme  dans  cette  créance, 
c'est  ce  que  dit  M.  Borrel,  qu'on  les  appelle,  à 
Montauban,  des  raisins  goust  de  figue.  (Ménage.) 

Fiette,  Fiéte,  Fiement  (Te,  Z.  146,  149,  By., 
Mj.),  sf.  —  m.  —  Confiance,  sécurité.  Ex.  : 
N'y  a  point  de  fiéte  à  le  laisser  tout  par  li. — 
V.  Fiement,  Fiance.  —  On  a  trop  élossé  cet 
arbre  ;  n'y  a  pas  de  fiette  à  passer  dessous. 

Fieuvre  (By.).  —  Pour  Fièvre.  —  Cf. 
Feuve.  d.  fève. 

Fieux  (Mj.),  s.  m.  —  Fils.  Ne  s'emploie 
guère  qu'en  plaisantant.  —  Uoubl.  du  fr.  P'ils. 
Vieilli.  Syn.  de  Affîaux. 

Hist.  —  «  Par  ma  foy,  nos  fieulx,  j'aimerais 
mieulx  voir  un  bon  et  gras  oison  en  broche.  »  — 
Employé  par  I^a  Fontaine. 

Fièvre  (Mj.,  Lg.,  By.),  pron.  fiève.  —  || 
Absolument  :  Avoir  les  fièvres,  —  avoir  les 
fièvres  de  marais  intermittentes,  communes 
dans  la  vallée  de  la  Loire.  ||  Les  grands 
fièvres,  —  la  fièvre  tyhpoïde.  jl  Fièvre  mu- 
tueuse,  ou  muteuse,  —  i.  muqueuse.  !|  Fièvre 
célébrale,   —   fièvre   cérébrale.   ||  Fièvre  mi- 


390 


FIFILLE  —  FIL-FERRÉ 


nante,  —  fièore  sourde.  !|  Les  mauvaises 
fièvres,  —  typhus,  fièvre  typhoïde,  fièvre 
muqueuse. 

N.  —  A  Sp.,  pour  faire  passer  les  fièvres  inter- 
mittentes, on  va  enterrer  dans  une  fourmilière  une 
douzaine  d'œufs  et  on  les  y  abandonne.  On  aura 
peine  à  croire  à  cette  affirmation  et,  cependant, 
rien  n'est  plus  vrai.  En  fait  de  superstition,  rien 
ne  doit  étonner.  L'effet  de  cette  médication  phara- 
mineuse  est,  on  le  pense  bien,  immanquable.  A 
Montjean,  le  malade  doit,  chaque  matin,  à  jeun, 
aller  mordre  dans  l'écorce  d'un  pêcher  ;  quand 
l'arbre  est  mort  (car,  disent  les  commères,  il 
gagne  la  maladie),  le  malade  est  guéri.  Cette  pra- 
tique, au  moins,  est  logique,  le  pêcher  étant  un 
amer  et  un  fébrifuge  énergique  ;  mais  on  pourrait 
appliquer  ce  remède  d'une  manière  plus  commode, 
et  l'explication  que  l'on  donne  des  effets  très  réels 
qu'il  produit  est  absurde  et  confine  à  la  supersti- 
tion. 

Fifllle  (Mj.),  s.  f.  —  Fille.  Forme  cares- 
sante. 

Fifine  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Joséphine,  pré- 
nom féminin.  Forme  hypocoristique,  fami- 
lière et  caressante,  par  réduplication  de  la 
dernière  syllabe. 

Fi-de-garse  !  (By.,  etc.).  —  Interj.  expri- 
mant simplement  la  surprise,  sans  idée  d'in- 
jure ;  très  employée. 

Et.  —  Garce  n'avait  autrefois  aucun  sens 
déshonorant  ;  c'était  simplement  le  fém.  de  gar- 
çon et  signifiait  jeune  fille.  Le  sens  ancien  s'est 
conservé  dans  qqs  localités.  «  C'est  une  fameuse 
garce  »  est  un  éloge  peu  compris  que  recueillit 
\\me  (Je  Staël  dans  un  petit  canton  du  Vendomois.  » 
(Honoré  de  Balzac,  Les  Chouans.)  —  Cette  ten- 
dance à  prendre  les  mots  en  mauvaise  part  produit 
de  fâcheux  effets.  Garce  avait  un  sens  très  bon,  on 
l'a  rendu  déshonnête  ;  il  a  fallu  prendre  fille. 
Aujourd'hui,  fille  est  devenu  déshonnête  en  cer- 
tains cas  ;  on  ne  peut  plus  dire  :  une  pension  de 
filles  ;  il  faut  dire  :  de  jeunes  filles,  ou  :  de  jeunes 
personnes.  Où  s'arrêtera-t-on? 

Fifrelin  (Ag.),  s.  m.  —  Très  petite  quantité, 
presque  impondérable.  Ce  mot  est  de  la 
langue  des  potards. 

Fignoler  (Mj.,  Sp.,  By.),  v.n.  et  a.  —  Faire 

.   un   ouvrage   remarquable,   le   parfaire   avec 

soin.  Il  Se  distinguer  par  un  travail  très  soigné, 

une  tenue  afTectée,  un  langage  recherché.  «  Il 

a  fait  ça  pour  fignoler  ;  il  a  voulu  fignoier.  » 

Et.  —  Trévotjx  écrit  :  fignoler,  ou  finioler,  ce 
qui  le  rattacherait  à  :  fin,  fine  ;  raffiner.  —  Grand- 
GAGNAGE  :  fignou,  =  élégant,  pimpant  ;  propose 
dubitativement  comme  primitif  le  mha.  Fin,  am. 
fein,  etc.,  fin,  délicat,  joli.  L'angl.  fine,  beau,  et 
l'express,  ail.  Schônthun,  cajoler,  mignoter, 
appuient  cette  supposition.  Pour  la  consonne  gn, 
on  peut  alléguer  Cligner,  pr.  cliner,  et  le  vx  fr. 
Crigne,  du  lat.  Crinis. 

Figure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Figure  de  papier 
mâché,  —  figure  hâve,  défaite.  ||  Figure  de 
sot,  et,  absolument  Figure,  —  imbécile. 

Fil  (Mj.,  By.),  s,  m.  —  Avoir  un  fil,  —  se 
dit  d'un  homme  qui  parle  beaucoup  avec 
aplomb.  Cela  revient  à  dire  :  Il  a  la  langue 
bien  pendue,  il  a  du  bagout.  Syn.  alors  de  : 


Losse,  Babille,  Platine,  Tapette.  V.  Filoux.  H 
Par  le  menu,  dans  le  détail  (Mj.).  Il  m'a  tout 
conté  de  fil  en  aiguille,  —  de  point  en  point. 
Sens  difïérent  du  franc.  ||  Alliance  en  or, 
très  mince  ;  jonc,  anneau  de  mariage. 

Fil  d'alouette   (Auv.),  s.   m.   —    Cuscute, 

plante  parasite  des  trèfles,  des  luzernes  et  du 
lin.  Syn.  de  Teigne,  Cirounette,  Filouse. 

Filandaines  (Sgp.),  s.  f.  plur.  — Fils  d'arai- 
gnées que  l'on  voit  tendus  sur  l'herbe  des 
prés,  sur  les  chaumes,  etc.,  en  septembre, 
octobre.  Elles  passent  pour  donner  la  toux 
aux  bestiaux.  On  les  appelle  aussi  semailles, 
mais  ce  dernier  terme  a  vieilli.  A  Sa.,  on  les 
nomme  Semeuses,  jj  Sa.,  au  sing.  Stolon  de 
fraisier,  syn.  de  Courance,  Filongue.  \\  Segr. 
—  Aiguillée  de  fil,  de  laine,  outre  le  sens  pré- 
cédent. (Mék.). 

Et.  -^  Ce  mot  tient  au  fr.  Filandres,  au  pat. 
Filongue  et  Filondrée.  —  Filandre,  pour  Filande, 
de  Filer. 

Filandreaux  (Lg.),  s.  m.  pi.  —  Fils  de  la 
Vierge,  fils  d'araignée  qui  flottent  en  l'air  ou 
qui  s'attachent  aux  plantes  et  aux  guérets 
par  certaines  journées  d'automne.  Syn.  de 
Semailles,  Semeuses,  Filandaines. 

Filanza  (Li..  Br.),  s.  m.  —  L'influenza.  Syn. 
Flûte  en  l'ar. 

Filasse  (Sal.),  s.  f.  —  Avoir  du  goût  «  comme 
à  manger  de  la  filasse  »,  c.-à-d.  n'avoir  pas 
d'appétit. 

Fil  de  bergère  (Vendée).  —  Gros  fil  obtenu 
des  étoupes  de  lin  (MÉîf.). 

Fil  de  bœuf  (Segr.),  s,  m.  —  Plaie  rongeante 
au  pied  d'un  bœuf  qu'on  guérit  par  l'herbe  à 
fil;  le  guérisseur  prend  une  feuille  de  plantain 
dans  sa  poche,  la  suspend  à  un  arbre,  le  fil 
s'en  va.  (Mén.) 

Filée  (Mj.),  s,  f.  —  File,  enfilade,  rangée  ; 
suite  de  pensonnes  ou  d'objets  placés  à  la 
file. 

Filer  (Mj.,  By.).  v.  a.  —  Filer  son  nœud, 
—  filer,  passer,  s'en  aller  sans  rien  dire.  || 
V.  n.  —  Filer  du  doux,  —  mettre  les  pouces, 
baisser  le  ton,  n'oser  répliquer,  se  faire 
humble.  —  Filer  doux,  jj  Filer  ein  mauvais 
coton.  V.  Coton. 

Filerie  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  filer.  Cf. 
Brocherie,  etc. 

Filet'  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  brin  de  fil.  || 
Couper  le  filet,  —  inciser  le  frein  de  la  langue, 
lorsqu'il  est  trop  court.  ||  Pardre  son  filet,  — 
baver,  en  parlant  d'une  personne.  ||  V.  Lignou. 

Hist.  —  «  L'ung  contrefaisant  le  ladre,  s'estant 
lié  la  gorge  avec  ung  filet.  >'  (Noël  du  Fail,  Propos 
rustiques,  ch.  vn.  —  Jaub.) 

Fil-far  (Mj.),  s.  m.  —  Fil  de  fer. 

Fil-ferré  (à)  —  (Ag.,  By.),  s.  m.  —  Uh-fil- 
ferré.  —  Pieu  avec  pointe  de  fer.  Serait,  ce 
semble,  mieux  écrit  :  Afïil  ferré.  Corrupt. 
évidente  de  Affitre  ferré. 


FIL-FOUET  —  FIN 


391 


Fil-fouet  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Sorte  de 
petite  ficelle  dont  on  fait  les  mèches  de  fouet  ; 
fouet. 

Filières  (By.).  —  V.  Cossards. 

Fillâtre  (fiâtre)  —  (Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Beau- 
fils,  garçon  né  d'un  premier  lit  du  conjoint.  1| 
s.  f.  —  Belle -fille. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Fils,  Fille,  qui  correspond  à 
Parâtre  et  à  Marâtre.  Ital.  figliastro. 

Hist.  —  «  II  m'est  tombé  en  mémoire  que  nos 
ancestres  par  un  honneste  silence  furent  trop 
plus  copieux  es  paroles  de  consanguinité  et  affinité 
que  nous  autres...  »  (Ménage.)  —  L.  G.  (Chan- 
son de  Roi.,  V.  743.) 

«  Guesnes  respunt  :  RoUanz,  cist  miens  flUastre.  » 

Filles  (Baillée  des).  V.  Folk-Lore.  II.  Cou- 
tumes. 

Fillette  (Lue,  By.,  Ag.,  Cho.).  —  Demi- 
bouteille  de  vin  bouché,  soit  environ  0,30  cent. 
Il  Les  fillettes  de  Beaufort.  Ce  nom  se  donnait 
à  sept  paroisses  qui  dépendaient  autrefois  de 
Beaufort  ou  succursales.  La  Possonnière,  dit 
Méxage,  était  la  fillette  de  Savennières. 
(Affiches  d' Angers,  1821).  Mén. 

Et.  —  Au  !«'■  sens.  Pour  Feuillette,  de  l'ital. 
foglieta  ;  qui  signifie  aussi  une  mesure  de  vin. 
P.-ê.  les  Ital.,  au  contr.,  ont-ils  emprunté  ce  mot 
au  français.  —  La  queue  de  vin,  mesure  et  jauge 
de  Dijon,  contient  2  muids,  ou  poissons,  le  muid 
2  fillettes,  la  fillette  9  stiers,  le  stier  8  pintes,  par 
ainsi  la  queue  contient  288  pintes.  »  (L.  G.)  — 
P'olietta  ;  feuillette,  fillette  ;  demi-pinte,  vulgo 
chopine,  a  fiala,  ou  phiala.  (D.  G.)  —  La  pinte  de 
Bourgogne  (voir  plus  haut)  équivalait  à  1  litre 
33  centil.  (Guillemaut.)  —  Scheler  réfute  l'étym. 
de  D.  G.  phiala. 

Hist.  —  «  La  journée  de  mercredi  (des  Gendres) 
a  été  humide  et  froide...  Les  bateaux  n'ont  fait 
que  des  voyages  très  médiocres...  Les  trams 
d'Erigné  et  de  Trélazé  ont  eu  un  peu  plus  de 
chance  et  un  assez  grand  nombre  de  voyageurs  ont 
bravé  quand  même  les  averses. . .  pour  aller  par- 
tager le  pot  de  rillettes  et  boire  la  dernière  fillette 
du  carnaval.  (Petit  Courrier,  14  févr.  1907,  2,  3.) 

Filleii  (Mj.,  P.y.),  s.  m.  —  Filleul. 

Filocliée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Grand  nombre 
d'objets  enfilés.  Ex.  :  Il  avait  eine  belle  filo- 
chée  de  guernouilles,  —  de  dards,  —  y  en 
avait  eine  belle  cuisine.  —  Enfilade. 

Filoir  (filoué)  —  (Mj.),  s.  m.),  s.  m.  —  Syn. 
do  Guinegau.  Dér.  du  v.  Filer,  parce  que  c'est 
sur  cet  organe  que  l'on  file  ou  (^ue  l'on  freye 
un  câble. 

Filondrée  (Fu.,  Mj.),  s.  f.  —  File,  enfilade, 
série,  séquelle,  procession.;  personnes  ou 
choses  qui  se  suivent  à  la  queue  leu-leu.  Ex.  : 
Illy  avait  toute  une  fiilondrée  de  monde.  — 
Pour  Filandrée,  dér.  du  fr.  Filandre. 

Filon gée.  V.  Défilongée. 

Filongues  (Sp.),  s.  f.  —  Filandre.  ||  Tige 
rampante  du  fraisier.  Syn.  de  Courances. 
Corr.  du  mot  fr.  —  V.  Filandaines. 

Filoseille  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Filoselle. 

Et.  —  Ital.  filosello,  altérât.,  sous  l'influence  de 


fil,  de  folisello,  du  lat.  pop.  follicellus  (class.  folli  - 
culus),  proprement,  enveloppe,  cocon  de  ver  à  soie. 
(G'est  la  soie  irrégul.  ou  bourre  qui  entoure  les 
cocons  véritables.) 

Filou,  Filoux,  ouse  (Lue,  Mj.,  By.),  adj. 
q.  —  Trompeur  et  flatteur.  Patelin,  patte- 
pelu,  papelard,  câlin  avec  une  arrière-pensée 
d'intérêt,  flagorneur. 

N.  —  Du  mot  :  fil?  Etre  filoux,  c'est  mettre  sa 
langue  bien  affilée  au  service  de  ses  intérêts.  Filou, 
voleur,  et  filoux,  flatteur,  seraient  le  même  mot. 
Le  premier  ne  dérive  pas  de  Filer  ;  un  voleur  ordi- 
naire file,  sans  doute,  et  se  sauve  :  un  Filoux,  non. 
(R.  O.)  —  «  Il  existe  un  arrêt  du  Parlement  en  date 
du  16  août  1623,  dans  lequel  les  voleurs  sont  qua- 
lifié d'hommes  hardis,  se  disant  filous.  —  A  dû  être, 
à  l'origine,  le  voleur  qui  file  (suit)  le  pigeon,  comme 
l'agent  de  police  le  file  lui-même.  (L.  G.) 

Filouse  (Lg.),  s.  f.  —  Cuscute  du  lin.  Ex.  : 
La  filouse  rend  le  lin  pelassoux,  râchoux.  Syn. 
de  Fil  d'alouette.  Cf.  Cirounette,  Teigne.  — 
Du  fr.  Filer,  parce  que  les  tiges  de  cette 
plante  sont  longues  et  ténues. 

Filouser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Câliner  par 
intérêt,  flagorner.  —  V.  Filoux.  \\  Chercher  à 
se  concilier  par  des  flatteries.  Syn.  Filouter. 

Filouter  (Sp.),  v.  a.  —  V.  Filouser. 

Fil  de  pierre.  —  Direction  d'une  couche  de 
schiste.  La  galerie  est  faite  dans  la  direction- 
du  fil  de  pierre  (Mén.).  —  By. 

Fil- terre  (Sa.),  s.  m.  —  Chiendent  commun. 

Fil-en-trois  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Mélange 
d'eau-de-vie  et  d'eau  sucrée  ;  grog.,  syn.  de 
Canard,  Pigeon.  P.-ê.  de  ce  qu'il  y  entre  deux 
tiers  d'alcool  et  un  tiers  d'eau.  —  Non.  Il  y 
a  trois  ingi-édients  :  eau,  eau-de-vie,  sucre. 

Fin  (Sp.,  Mj.,  Sa.,  By.),  s.  f.  —  Locutions. 
—  A  la  fin  des  fins,  —  par  renforcement  de 
sens  :  «  Vas-tu  te  taire,  à  la  fin  des  fins  !  » 
Marque  l'impatience,  l'irritation.  ||  Avoir  la 
fin  de,  —  venir  à  bout  de.  On  dit  aussi  avoir 
l'about  de.  ||  By.  A  cette  fin,  —  dans  le  but 
de,  pour.  Et  non  pas  :  à  seule  fin.  Y.  Açalfin. 
V.  le  suivant.  Mj.  A  seule  fin,  à  surfin.  Bret. 
Acel  fin"=  afin  que. 

Fin,  e  (St-P.,  Mj.,  St-A.),  adj.  q.  —  Fin 
comme  de  la  toile  à  quatre  sous  l'aune,  — 
très  sotte,  en  parlant  d'un  personne.  ||  S'em- 
ploie adverbialement  devant  un  adj.,  en 
étant  lui-même  précédé  de  l'adj.  tout,  et 
prend  néanmoins  le  genre  de  l'adj.  -\Iors  il 
signifie  :  absolument,  exactement.  Ex.  : 
C'est  tout  fin  pareil  ;  ceté  poule-là  est  toute 
fine  pareille  h  l'autre.  ||  Dire  le  fin  mot,  — 
dire  le  fond  de  l'alTaire.  jj  La  fine  pointe,  — 
l'extrême  pointe,  jj  A  fine  fin  de,  à  fine  force 
de,  —  Ex.  :  A  fine  force  de  le  supplimenter,  il 
a  tout  de  même  aconsenti.  A  fine  force  de 
hanetiner,  j'ai  tout  de  même  ôvri  la  clà.  H 
Tout  fin,  toute  fine,  —  Ex.  :  Il  était  tout  fin 
plein  de  pouées  ;  aile  est  toute  fine  pleine  de 
brossons.  (Voir  ci-dessus).  V.  Fincan.  Le 
seillot  est  tout  fin  plein.  ||  Lue.  —  Tout-à-fait. 
C'est  fin  plein.  V.  le  précédent. 


392 


FINABLEMENT  —  FISTON 


Et.  —  DiEZ  le  tire,  par  apocope,  de  finitus,  fini, 
achevé,  parfait.  —  L'or  fin,  c'est  l'or  fini,  parfait  ; 
puis  viennent  les  sens  d'excellence,  de  perfection  ; 
puis  celui  de  svelte,  menu,  délié,  —  fig.  spirituel, 
rusé.  (LiTT.) 

Hist.  —  «  Jamais,  jamais,  au  grand  fin  jamais.  « 
(Rab.,  i*.,ni,  XI,  236.) —  «Si  me  la  voulez  laisser,  je 
vous  sacrifiray  un  bon  et  grand  pot  de  laict,  tout 
fin  couvert  de  belles  frayres.  »  (Id.,  P.,  iv,  Prol., 
353.)  —  Les  femmes  et  les  filles  vont  s'assemblant 
au  beau  soleil,  afin  d'y  faire  leurs  ouvrages,  ou  bien 
vont  cueillans  les  violettes  de  mars  à  cellefin  d'en 
faire  des  bouquets...  »  (Brun,  de  Tartif., 
Philand.,  344.)  —  «  Le  roy  feist  oster  la  couverture 
du  temple  de  Saint-Denis,  qui  estoit  d'argent,  à 
cellefin  d'en  ayder  les  plus  nécessiteux.  »  (En  649, 
Louis  II,  dans  une  famine.  —  Id.,  Ibid.,  566.)  — 
«  A  celle  fin  que  nous  soyons  plus  assurés  du  fait.  » 
(Bonav.  Desper.,  C.  m.,  p.  39.) 

Finablement  (Mj.),  adv.  Finalement. 

Fincan  (Mj.,  Sa.),  adj.  q.  —  C'est  une  sorte 
de  forme  superlative  invar,  de  l'adj.  fm  ; 
forme  qui  ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  adv. 
Tout  fincan,  et  seulement  devant  l'adj.  plein. 
Ex.  :  Son  jardin  est  tout  fincan  plein  de  séne- 
çon. 

Fine  (Av.),  s.  f.  —  Fissure  dans  une  ardoi- 
sière. 

Hist.  —  «A  son  avis,  c'est  une  fine,  ou  fissure 
horizontale,  invisible  à  l'œil  nu,  qui  a  été  la  cause 
de  la  mort  de  G. . .  »  (1906.  Ang.  de  Paris,  no  34, 
2,  3.)  Cf.  Feint.  Cela  donne  à  croire  qu'il  faudrait 
écrire  :  Fin  ce  dernier. 

Finer  (Lue),  v.  a.  —  Mener  à  bout  (D'où  : 
maufiner,  mal  tourner).  ||  Finir,  mourir.  — 
Ainsi  fina  le  conte  d'Anjou  (Odoacre)  sans 
laisser  aucuns  enfans  (495  environ).  J.  de 

BOURDIGNÉ. 

Finette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Sorte  de  flanelle 
très  fme.  Ex.  :  Je  illi  ai  fait  faire  deux  gilets  de 
peau  en  finette. 

Fini,  ie  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Parfait, 
complet,  absolu.  Ex.  :  A  nous  a  fait  ein  mal 
fini  avec  sa  mauvaise  langue.  —  ||  Adverbia- 
lement, très.  Ex.  :  C'est  fini  bon.  —  |1  C'est 
ein  soulard  fini,  eine  souane  finie.  ||  Z.  146.  — 
V.  Fin,  Vrai,  Raide,  Parfait,  Franc. 

Finir  o.  —  (Z.  153.) 

Finissement  (Mj.,  Lg.,  Tlm.  By.),  s.  m.  — 
Fin,  terminaison,  conclusion,  achèvement. 

Hist.  —  xiv-xv«  s.  «  ...Dieu...  Et  qui  jamais 
n'avra  finissement.  »  (Eust.  Desch.)  —  Ces  affaires- 
là  ne  prendront  donc  pas  finissement.  (G.  Sa>'d, 
Claudie.  —  Jaub.)  Esp.  Fenecimiento  =  id. 

Finition  (By.),  s.  f.  —  Fin.  Ex.  :  Ça  n'aura 
donc  point  de  finition,  c't'afl'aire-là? 

Finoche  (Lé.),  s.  m.  —  Fin,  rusé  (Mén.). 

Finte  (Segr.,  Lms,  Sal.,  Z.  196,  By.),  s.  f. 
—  Foi.  Dans  ces  locut.  :  Ma  finte  oui,  —  ma 
foi  oui  —  Il  fait  un  temps  superbe,  aujour- 
d'hui. Ma  finte  oui.  V.  Feinte. 
i  Et.  —  Ménage  lui  donne,  sans  raison,  une  origine 
obscène  que  désapprouve  L.  C.  Ce  mot  remplace  : 
foi,  que  l'on  hésitait  à  prononcer  trop  souvent.  — 


«  Par  ma  finte,  ou  :  En  bonne  finte,  par  ma  foy. 
Jamais  ces  gens,  qui  font  tant  la  petite  bouche,  ne 
furent  qu'hypocrites,  ils  jurent  par  ma  finte  ;  ils 
n'osent  proférer  le  mauvais,  ils  ne  sçavent  dire  les 
choses  par  leur  nom.  »  (Bér.  de  Verv.,  i,  149.  — 
L.  C.  )  —  On  a  dit  :  ma  figue,  ma  fine. 

Fio,  s.  m.  —  Pour  F/éau. 

Et.  —  Fiau.  Lat.  Flagellum,  dimin.  de  Flagrum. 
Radie.  Flag  ou  Flig  (Af-fligere),  —  frapper,  blesser, 
appuyer  sur.  —  Fieau  vaut  mieux  que  Fio.  ||  By. 
Flo,  Oé-iau.  ||  Mj.  Fléau,  Cleau. 

Fioc  —  Interj.  —  V.  Floue,  Fiac. 

Fiole  (Mj.,  By.),  s.  i.  —  Figure.  —  S'em- 
ploie en  ce  sens  dans  la  loc.  :  «  Se  foutre  de 
la  fiole  de  qqn,  se  payer  sa  fiole,  —  se  moquer 
de  lui.  «  Te  payes-tu  ma  fiole,  par  hasard?  » 
—  Lat.  phiala,  autrefois  :  phiole.  —  Syn.  de 
Trombine,  Bobine.  Binette. 

Fion  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Air  afîecté,  genre, 
coquetterie.  Ex.  Il  fait  du  fion.  \\  Coup  de 
fion,  dernière  main  mise  à  l'ouvrage.  —  Cf. 
i'angl.  Fashion,  et  le  v.  Fignoler.  |i  (Sa.).  — 
Sorte  de  jeu  d'enfants,  assez  analogue  au  jeu 
de  Saule-poulain,  de  Ligne,  ou  du  cheval- 
fondu.  V.  F.  Lore,  vu. 

Fionner  (Mj.)  v.  n  Coqueter,  mugueter. 
Syn.  de  Farauder. 

Et.  —  Fignoler  pourrait  être  pour  Finioler  et  se 
rattacher  à  fin.  V.  Fion. 

Fioque,  Fiouque  !  Interj.  V.  Fioc. 

Fiqueter  (Sal.),  v.  n.  —  Godiller.  V.  Ficter. 

Piquette.  —  V.  Fixe. 

Firli mousse,  s.  f.  —  Figure.  —  V.  Frimousse 

(MÉN.). 

Fiscal, e  (Ag.,  Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Honnête, 
probe,  digne  de  confiance,  loyal.  En  parlant 
d'une  personne  dont  la  conduite  n'est  pas 
sans  reproche,  surtout  au  point  de  vue  de 
l'honnêteté,  on  dit  :  Il  n'est  guère  fiscal.  — 
Syn.  de  Fidèle,  Catholique,  Solvable. 

Et.  —  C'est,  proprement,  être  zélé  pour  le  fisc, 
être  exempt  de  fraude.  Fisc,  panier  dans  lequel 
les  collecteurs  d'impôts  mettaient  l'argent.  —  J.\ub. 
Régulier,  légal.  Le  procureur  fiscal,  l'avocat  fiscal, 
le  fiscal,  comme  on  disait  par  abréviation,  étaient, 
sous  l'ancien  régime,  les  représentants  de  la  loi  dans 
nos  campagnes.  De  là  à  faire  du  fiscal  le  représen- 
tant de  la  légalité,  il  n'y  a  pas  loin.  —  Ne  s'emploie 
guère  qu'avec  la  négation  :  «  Cette  a/Taire  n'est 
pas  bien  fiscale  »,  c.-à-d.,  il  y  a  du  louche.  Et,  par 
une  extension  encore  plus  singulière  :  En  bon  état, 
bien  portant.  —  «  Depuis  sa  dernière  maladie,  il 
n'est  pas  bien  fi.-ical.  »  —  Ce  poinçon  n'est  pas  ben 
fiscal.  »  —  Et  même  :  «  Le  temps  n'est  pas  fiscal.  » 
(P.  EuDEL.  Le  vocab.  blésois.) 

Fisicle.   —  \'x  mot  ang.  —  Physique,  pour 

Médecine. 

Hist.  —  «  Car  fisicle  le  me  defent.  »  —  Renart, 
7316. 

FJsqucr  (By.),  v.  a.  pr.  Fixer.  —  Fisque, 
pr  Fixe  !. 

Fiston  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fils.  S'emploie 
comme  interpellation  amicale  Ex.  :  Oui,  mon 
fiston.  Dimin.  de  Fils. 


i 
I 


FISTONNEAUX  —  FLANCHER 


393 


FistonneauY  (Sp.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  Les  seins  d'une  femme.  Mot 
égrillard.  Syn.  de  Nénés,  Avant-train,  Avont- 
lait,  Bossoirs,  Fr'stonneaux. 

Fixer  (Mj.),  v.  a.  —  Regarder  fixement,  en 
face  et  avec  insolence,  dévisager.  V.  Fisquer. 

N.  —  Grosse  faute  ;  fixer  qqn,  c'est  le  rendre 
fixe  ;  fixus,  de  figere. 

Flac  !  (Mj.),  interj.  —  Représente  le  bruit 
que  fait  un  corps  tombant  dans  l'eau  ou 
dans  la  boue.  On  prononce  souvent  Fiac  ! 
Onomat.  Cf.  Fioc,  Fiouc. 

Hist.  «  Au  branle  du  navire  et  an  flot  des 
vagues  de  la  mer,  l'eaue  entroit  dedens  par  la 
passée,  tout  à  flac  »    (L.  C.) 

Flâche  (Lg.,  Mj.,  Sp.,  By.),  s.  m.  —  Défaut, 
concavité  dans  une  pièce  de  bois  ou  une 
pierre  de  taille.  Syn.  de  Défourni.  V.  Lâche. 

N.  —  Jaub.  :  «  Se  dit  de  l'état  de  dépression 
d'une  surface,  d'un  creux  :  ainsi  les  fîâclies  d'une 
route.  Il  Partie  du  bois  équarri  que  la  hache  ou  la 
scie  n'ont  point  atteinte  et  qui  est  en  dessous  du 
plan  ou  de  l'arête  d'équarissage  :  «  Ce  soliveau  a 
bien  du  flâche.  »  Dér.  de  Fléchir.  —  ?  —  S.  et  adj. 
du  lat.  flacceo  ;  exacte  traduction  de  Flaccus 
(oreilles  pendantes).  Cf.  Flasque.  Ang.  Flaw,  même 
sens  ;  esp.  Flaco,  maigre. 

Flâcheux  (Mj.,  Lg.,  Sh.,  By.),  adj.  q.  —  Qui 
a  du  flâche,  ou  des  flâches,  en  parlant  d'un 
madrier. 

Flafla  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Étalage,  ostenta- 
tion. Syn.  de  Epate,  Empatte. 

Flageole  (Mj.),  s.  m.  —  On  dit  :  insépa- 
rablement, pois  flageole,  —  flageolet,  espèce 
de  haricot. 

Et.  —  Barbarisme.  II  faudrait  dire  :  Fageolet' 
du  lat.  phaseolus,  haricot  ;  dimin.  de  fageol.  (Litt.) 
—  Lat.  pop.  fabeolum,  altérât,  du  lat.  class. 
faseolum,  sous  l'influence  de  faba,  fève.  Cf. 
faséole.  (Darm.)  —  Ménagk  prétend  que  tous  les 
mots  de  cette  famille  viennent  de  flare,  soufller. 

Flagoter  (Lg.),  v.  n.  —  Clapoter.  Syn.  et 
doublet  de  Clagoter.  N.  Une  fois  de  plus  on 
constate  l'équivalence  des  articulations  fl  et 
cl  dans  notre  patois.  Cf.  Cleau,  Cleumer, 
Bidet,  etc.  —  Cf.  aussi  Jaubert  à  Flaboter. 
En  tenant  compte  de  ce  dernier  mot,  on  a  la 
série  des  formes,  tant  françaises  que  patoises  : 
Clapoter,  Flaboter,  Flagoter,  Clagoter.  Flabo- 
ter c'est  :  Rendre  un  son  comme  celui  d'un 
liquide  dans  une  bouteille  qui  n'est  pas  pleine 
et  qu'on  remue,  d'une  amande  ou  d'une  noix 
sèche,  dans  sa  coque  sèche,  de  l'eau  que  l'on 
a  prise  dans  son  sabot  en  marchant. 

Flaître,  adj.  q.  —  Flétri.  Syn.  et  d.  de  Flaire. 

Et.  —  Rerry,  flâtrir.  —  DiEZ  a,  adj.  flaistre, 
flesire,  fané,  qu'il  tire  d'une  forme  -.  flaccaster,  de 
flaccere,  être  flasque.  —  Du  lat.  flaccidum  (flaisde, 
flaiste,  flaistre.)  Darm. 

Flamaçon  s.  m.  (Sp.).  —  Franc-maçon. 


F/.  —  Ces  deux  lettres  sont  souvent  mouillées  : 
f/amber,  pron.  flamber. 


Flamand  (Mj.),  s.  m.  —  Flandrin,  halle- 
breda,  individu  grand,  fluet  et  dégingandé. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Flamand,  habitant  des 
Flandres.  Il  est  curieux  de  constater  que  le  fr.  et 
le  pat.  attribuent  aux  habitants  des  Flandres  le 
même  défaut  de  conformation.  Pourquoi  cette 
épigramme  passée  dans  notre  langue  et  de  quelle 
époque  date-t-elle?  Probablement  du  temps  de 
Philippe-deValois  ou  de  Charles  VI.    . 

FIambant-neuf°  (By.,  etc.).  —  Tout  neuf 
(habit,  chapeau,  casquette,  gilet),  si  neufs, 
jetant  tant  d'éclat  qu'ils  en  flambent  (Jaub.). 
—  Cf.  Un  chapeau  à  huit  reflets.  V.  Bouge. 

Flambard  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Individu  qui 
fait  de  l'embarras.  ||  Petit  maître,  coq  de 
viUage.  i|  Vaniteux  et  maniéré,  affecté  dans 
sa  tenue.  ||  Bellâtre,  piafTeur.  Syn.  de  Epateur, 
Fernacul,  Emballeur.  Dér.  du  fr.  Flamber, 
syn.  de  Briller. 

Flambe  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  s.  f.  —  Flamme. 
Ex.  :  Je  n'avons  ni  feu  ni  flambe.  \\  Fig.  —  Le 
grand  flot,  le  maximum  d'une  crue.  Ex.  : 
C'est  la  grande  flambe  de  la  crue  qui  passe. 
On  dit  aussi  :  la  houée  ou  la  vouée  de  la  crue. 
Il  Mj.  Nom  vulg.  de  l'iris  de  nos  marais,  à 
fleurs  jaunes,  et  non  de  l'iris  germanica,  à 
fleurs  bleues,  appelé  Casse-pierre.  V.  Fambe. 

Et.  —  Flamma  ;  m  =  b.  Cf.  Marmor,  marbre. 
L'iris  est  ainsi  nommé  de  ses  couleurs  qui  rap- 
pellent celles  de  l'arc-en-ciel  et  aussi  de  ses  feuilles 
qui  ressemblent  à  des  langues  de  feu.  (Cf.  Gladio- 
lus,  petit  glaive,  glaïeul.)  —  (Traduit  de  Ch. 
Etienne,  dans  son  De  re  hortensi.  Iris,  sive 
flammula  :  des  flambes.  (Ménage.)  —  Flambe,  pour 
Flamhle,  lat.  flammula.  (Schel.)  —  Hist.  :  «  Car 
la  véhémence  de  la  flambe  du  feu  avait  porté  quan- 
tité de  cendres  contre  mes  pièces.  »  (B.  de  Palissy, 
cité  par  R.  Jagnacx,  Hist.  de  la  Chimie,  t.  II, 
p.  444,  1.  11.)  —  «  Comme  si  tu  coupois  de  travers 
avec  ton  bragmard  une  flambe  de  feu  ardent,  j 
(Rab.,  p.,  ni,  2.3,  266.)  —  «  La  partie  ligneuse, 
laquelle  est  inutile,  fors  qu'à  faire  flambe  lumi- 
neuse. »  (Id.,  ibid.,  m,  50,  326.)  —  «  Et  ne  voyoit- 
on  autour  que  feu,  flambe  et  fumée.  »  (Rab., 
Sciomachie,  598.) 

Flambé  (By.,  Mj.),  part.  pas.  —  Fig.  — 
Perdu  complètement.  Syn.  de  Frit,  Cuit,  Fumé. 

Flambée  (Tlm.,  By.),  s.  f.  —  Soûlée  com- 
plète. Syn.  de  Tripotée,  Culottée,  Muffée, 
Cuite,  etc.  —  Cf.  Etre  briilé  soiil. 

Flamber  des  yeux  (.Mj.).  —  Avoir  des  yeux 

étincelants.  |i  On  prononce  souvent  Fambler, 
et  même  Fambier  et  Flamber.  ||  Grez-Neuville  : 
Flambé,  flamber.  —  Flambeu. 

Flamuie-nue,  s.  f.  —  Voir  Chenarde,  col- 
chique d'automne  (Mén.),  Bâtard  :  Petite 
flambe,  —  gladiolus  communis.  Flambe,  — 
Iris  germanica. 

Flammée,  s.  f.  —  Pour  Flambée,  flammèche 

(MÉN.). 

Flancher  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Fléchir, 
Plier,  céder.  Syn.  de  Caler,  Caner,  Quéner. 

Et.  —  Paraît  être  un  doubl.  du  v.  Fléchir.  En 
tout  cas,  c'est  le  même  que  l'angl.  to  Flinch, 
même  sens.   Syn.  et  d.   de  Plancher.  —  Jaub. 


39^ 


FLANCHIR  —  FLEMME 


Franchir,  francher.  —  Dikz  tire  le  mot  :  flanc  du 
lat.  flaccus,  mou,  faible,  avec  l'épenthèse  de  l'n 
(comme  dans  ancolie,  pour  acolie)  ;  mais  d'autres 
le  tirent  de  l'aha.  lancha,  hlancha,  flanc.  D.  C. 
flanchus.  —  Ce  serait  :  tourner  par  le  flanc,  ne  plus 
faire  face. 

Flanchir  (.Mj.),  v.  n.  —  V.  Flancher. 

Flandre  (Tlm.),  s.  f.  —  Iris.  Syn.  de  Flambe, 
Casse-pierre.  —  Gorr.  de  Flambe. 

Flâner  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  L'a  est  très  bref. 
Pour  Flâner. 

Flanquer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Donner,  jeter, 
appliquer,  infliger.  Syn.  plus  convenable  de 
Foutre  et  de  Ficher,  Fiche.  On  dit  :  Je  m'en 
se  flanqué  eine  bosse  ;  tu  t'es  flanqué  à  bas  ; 
je  nous  sommes  flanqué  des  coups  de  poings; 
le  caporal  illi  a  flanqué  quatre  jours  de  bloc. 
—  C'est  le  V.  fr.  en  un  sens  local. 

Et.  —  Flanquer  (2«  sens).  Lancer  un  coup.  Ce 
paraît  être  le  v.  flaquer,  avec  intercalation  d'une 
nasale.  Cependant,  on  cite  le  scand.  flengja,  frap- 
per ;  angl.  to  fling,  lancer.  —  Hist.  :  «  Manasses  lui 
va  flaquer  ce  fourmage  mou  dans  le  bagoulier,  si 
proprement  qu'il  entra  tout  et  que  rien  n'en  sortit,  -i 
(B.  DE  Verv.,  p.  258.) 

Flanquette  (By.,  etc.),  s.  î.  —  Dans  la  loc. 
A  la  bonne  flanquette,  c.-à-d.  simplement, 
sans  cérémonie.  Syn.  de  Bonneda. 

Et.  —  Franquette,  de  franc,  forme  picarde.  La 
forme  fr.  serait  :  franchette. 

F/aquer  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Lancer  avec 
force  une  matière  molle  qui  se  plaque  sur 
l'objet  atteint.  Ex.  :  Il  te  illi  a  flaque  eine 
bouse  de  vache  sus  la  goule  !  »  —  De  flac,  fiac. 
Pron.  Fiaquer,  a  breL  —  Anglais  to  Flash, 
faire  jaillir,  frapper  l'eau,  éclabousser.  — 
Onomat.  de  Flac  !  —  N.  Une  flaque  d'eau 
viendrait  du  flam.  vlacke,  lagune. 

F/aquoir  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Faquoir. 

N.  —  Jatjb.  :  Flictouère,  —  Fic-fouère.  Seringue 
faite  avec  un  morceau  de  branche  de  sureau,  qui 
sert  de  jouet  aux  enfants  et  avec  laquelle  ils 
s'amusent  à  flaquer  de  l'eau  aux  passants. 

F/aquoire  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Faquoire.  —  On 
mouille  souvent  fl.  —  Dér.  de  Fiac 

Flasque  (Lp.),  s.  î.  —  Pour  Flaque. 

Et.  —  Flasque.  B.  L.  flaco,  du  fl.  vlacke,  lieu 
bas  au  bord  de  la  mer  où  il  se  forme  des  mares 
après  la  marée.  (Litt.)  —  «  Tous  poissons  de 
vivier,  d'estang  ou  d'une  fosse  entour  d'une  for- 
teresse, sont  tenus  pour  héritage,  et  tous  autres 
poissons...  comme  des  vuez,  de  flasques  ou  de 
rivières,  sont  tenus  pour  meubles.  »  (L.  C.) 

Flâtre  (Mj.,  Sal.),  adj.  q.  —  Flétri,  à  demi- 
desséché.  V.  Flâtrir.  ||  Z.  149.  —  Flasque, 
ratatiné.  Cf.  Flètre,  Flaitre.. 

Flâtrir°  (Mj.),  v.  a.  —  Flétrir.  ||  v.  n.  Se 
flétrir,  se  dessécher  à  demi. 

Et.  —  Orig.  germ.  ;  angl.  flat,  plat  ;  dan.  flad  ; 
a.  scand.  fletia,  rendre  plat.  Le  sens  propre  est  : 
jeter  à  plat,  d'où  frapper  à  plat,  marquer  d'un  fer 
chaud.  La  forme  flastrir  est  la  plus  ancienne. 
(Litt.)  —  Le  vx  fr.  flastrir,  tomber  à  plat,  est  pro- 
bablement distinct  de  :  Flaistrir  (d'où  :  flétrir,  — 
ternir,  décolorer)  et  a  laissé  sa  trace  dans  flàtrer, 


appliquer  un  fer  chaud  à  un  animal  mordu,  se 
flâtrer,  se  mettre  sur  le  ventre  (terme  de  vénerie). 

SCHELER. 

Hist.  —  «  Et  pour  ledit  cas,  fut  flastré  au  fronti 
le  poing  couppé. . .  »  (L.  C.)  —  «  Hz  en  restoient 
tous  effilés,  tous  évirés,  tous  énervés  et  flatris.  » 
(Rab.,  p.,  6,  226.) 

Flatteur  (Mj.),  adj.  q.  —  On  dit  aussi  dans 
ce  sens  :  Flatteux.  ||  s.  m.  —  Vantard.  Dans 
ce  sens  on  fait  sonner  l'r  final. 

Flau  (flo)  —  (Ec),  s.  m.  —  V.  Anguille. 

Flaupée  (Do.,  By.,  Z.  136,  Q.,  Mj.),  s.  î.  — 
Raclée,  rossée,  volée  de  coups.  Ex.  :  Ils  se 
.sont  foutu  eine  sacrée  flaupée,  le  poil  en  volait. 
—  Syn.  de  Pile,  Bondée,  Boustée,  Lâtrée,  Lau- 
dée.  Il  Grande  quantité.  Syn.  Tournée,  etc. 

Flauper  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Rosser,  fouetter, 
battre,  rouer  de  coups.  Je  l'ai  flaupé  ;  i  s'  sont 
flaupés.  Syn.  de  Douéner,  Bouster,  Bonder, 
Lauder,  Lâtrer. 

Et.  —  «  Flôpe,  tout  vêtement  long  et  large, 
comme  une  redingote,  une  soutane,  etc.  —  Flôper  : 
Rosser,  rouer  de  coups.  On  dit  encore,  aujour- 
d'hui, qu'on  a  donné  sur  la  friperie  de  qqn,  pour 
dire  qu'on  l'a  battu  ;  or,  friperie  et  flesperie  (qui 
est  quasi  flosperie)  étaient  synon.  —  Ingénieux, 
plus  que  concluant. 

Flautre  (Ché.).  —  Étoffe  de  laine  servant 
à  égoutter  la  pâte  destinée  à  faire  du  papier. 

(MÉN.) 

Fléau  (Do.,  Mj.,  By.),  pron.  flo,  s.  m.  — 
Fléau,  instrument  qui  sert  à  battre  le  blé.  Ne 
s'emploie  pas  au  figuré.  V.  Cleau.  Cf.  Beau- 
preau,  Marpeau. 

N.  —  Le  fléau,  ou  cleau,  se  compose  d'un  toulot 
ou  manche  et  d'une  verge.  Celle-ci,  qui  est  une  lame 
épaisse  de  bois  de  frêne,  était,  autrefois,  un  simple 
houssin,  de  là  son  nom.  La  verge  est  rattachée  au 
toulot  par  un  virolet  que  des  peaux  d'anguiUes 
relient  à  la  chape.  \\  Au  plur.  Grande  balance  à 
peser  les  denrées  agricoles. 

Et.  —  Lat.  Flagellum.  Dans  Marot,  fléau  est 
monosyllabe. 

Fléger  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Se  figer.  Ex.  :  La 
graisse  est  toute  flégée.  Corr.  du  mot  fr.  — 
\'.  Féger,  Fliger. 

Hist.  —  «  MÉNAGE  dit  que  la  ville  de  La  Flèche 
est  appelée,  dans  les  vx  titres  latins  :  Castrum  fissa, 
il  ajoute  qu'on  y  a  inséré  un  1.  Et,  à  ce  propos,  il 
est  à  remarquer,  dit-il,  que  les  Angevins  disent 
Fléger,  pour  Figer. 

Flegme  s.  m.  —  Pour  paresse.  Corr.  de 
Flemme. 

Et.  —  Vx  fr.  Fleume,  flume,  timidité,  manque 
d'énergie.  —  Pituite  ;  du  grec  phlegma,  pituite, 
proprement,  ce  qui  est  brûlé,  ce  qui,  n'a  plus  de 
vertu.  (Litt.)  —  Scheler  :  lymphe,  lymphatique  ; 
caractère  froid,  calme. 

Flemmard,  e  (Mj.,  Sy.,  By.),  adj.  q.  — 
Paresseux,  nonchalant,  mou,  sans  énergie.  || 
Syn.  de  Vesse,  Niant,  Fointroux.  —  \'.  Flegme- 
Flemme  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Paresse,  non- 
chalance, mollesse,  manque  d'énergie.  i|  Sp. 
' —  Fig.  Alarme,  peur,  venette.  Ex.  :  Il  m'a 


FLETRE 


FLUX 


395 


donné  la  flemme,  avec  son  histoire  !  |j  Battre 
sa  flemme,  —  paresser,  fainéanter. 

Et.  —  Corrupt.  de  Flegme,  malgré  la  différence 
de  sens  et  de  genre.  V.  Flegme. 

Il  Mj.  Individu  paresseux,  un  fainéant. 
Ex.  :  Ceté  gars-là,  c'est  eine  grande  flemme 
—  et  ienne  souane. 

Hist.  —  «  Flemme  est  froide  et  moiste.  »  (Bru- 
NETTO  Latini,  Le  «  Trésor  »,  xin»  s.) 

Fletre  (Do.).  —  Flétri.  V.  Flaitre. 

F/eumer  (Lg.),  v.  n.  —  Flamber. Syn.  et  d. 
de  C/eumer,  C/ômer. 

Fleumenette  s.  f.  —  V.  Houdin  (Mén.). 

Fleur  (Mj.),  s.  f.  —  Loc.  A  fleur  —  à  fleur 
de.  On  dit  :  A  fleur  peau,  —  à  fleur  terre.  «  Les 
racines  de  frêne  ça  file  à  fleur  terre.  »  Mais  :  à 
fleur  d'eau.  N.  A  Sp.,  les  anciens  mouillaient 
i'I.  Ex.  :  Aile  est  morte  à  la  f/eur  de  soun  âge 
(a  bref). 

Fleur  de  l:iit  (Lg.),  s.  f  —  Crème.  Syn.  de 
Lie  de  lait. 

Fleuré  (Lg.),  s.  m.  —  S'emploie  dans  la  loc. 
Pêcher  au  fleuré,  —  p.  à  la  ligne  volante  en 
faisant  courir  une  mouche  à  fleur  d'eau. 

Et.  —  C'est  le  part,  pas.,  pris  substantivement 
du  V.  fr.  Fleurer,  employé  au  sens  de  Efïleurer. 

Fleuret'  (Mj.),  s.  m.  —  Petites  plantes  du 
genre  champignon  qui  se  développent  sur 
les  vins  mal  bouchés  et  qui  affectent  la  forme 
de  petites  lamelles  rondes  et  blanches. 

Et.  —  Dimin.  de  Fleur;  doubl.  du  fr.  fleurette. 

Fleuri  (Lg.),  part.  pas.  —  Dont  la  robe  est 
parsemée  de  taches  blanches.  Se  dit  des  bêtes 
bovines.  Est  souvent  appliqué  comme  nom 
propre  aux  bœufs  de  ce  pelage.  —  Syn.  de 
Garre.  Prononc.  P'ieuri. 

Fleurir»  (Mj.,  Lg.).  —  De  la  loc.  Faire 
lleurir  les  cartes,  les  escamoter,  faire  des  tours 
de  cartes.  ||  By.  —  Les  vagues  fleurissent.  — 
En  hiver,  pendant  les  grandes  eaux,  quand 
les  vagues  déferlent  au  large,  on  dit  qu'elles 
llt'urissent. 

Fliac  !  (Mj.),  interj.  —  Exprime  un  l)ruit 
de  clapotis  dans  l'eau  ou  dans  la  boue.  Doubl. 
de  Floc,  Floue,  Ploc,  etc. 

Fliger  (By.),  v.  n.  —  Pour  Figer.  V.  Fé-gcr, 
Fléger. 

Flingot  s.   m.  —  Fusil.   Mot  d'argot    qui 
nous  vient  probablement  de  l'Allemand.  — 
Sal.  /d.  Aiit,^l.  Fling.,  silex,  pierre  à  feu. 

Flip  ou  Flipe  (Sp.,  Segr.),  s.  m.  —  Grog 
chaud.  Mélange  sucré  d'eau  et  d'eau -de- vie, 
et  qqf.  d'eau-de-vie  et  de  cidre.  V.  Pirre.  Syn. 
de  Maquereau.  —  Angl.  Flip,  boisson  cordiale. 

Hist.  —  «  Pendant  que  la  ménagère  surveillera 
la  soupe  à  la  pire. . .  préparera  le  flip  ou  les  châ- 
taignes. .  .   i>  (Anj.  Histor.,  2®  an.,  p.  59'i). 

Flôpe  (Mj.),  s.  f.  —  Grande  redingote- 
S'emploie  ironiquement.  —  V.  Flaupée, 


Flopée  (Lue,  Sal.,  Mj.)s.  f.  —  V.  Flaupée. 

Se...    fiche  eine   flopée,   —  se    rosser.  Syn. 
Draillée,  Dramée. 

Flôper  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  V.  Flauper.  Cf. 
l'angl.  to  Flap,  frapper,  battre. 

Floquette.-Xev.  —  Nom  vulg.  du  coucou. 

(MÉN.). 

Florence  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Pour  :  Crin  de 
florence. 

Florir°  —  Dans  la  loc.  Faire  florir  les 
gourdes,  —  faire  des  embarras  (By.). 

Flottes  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Au  fig.  —  Grande 
quantité  ;  se  dit  surtout  au  plur.  Ex.  y  a  pas 
des  flottes  de  patades,  cette  année;  —  gn'y  ara 
des  flottes  de  vin.  |!  Engin  de  pêche  formé 
d'un  morceau  de  bois  flottant  auquel  est 
suspendue  une  ligne.  C'est  le  français  pris 
dans  un  sens  spécial. 

Et.  —  Flote,  dans  le  vx  fr.,  ainsi  que  les  mots 
congénères  des  langues  romanes,  signifie  :  multi- 
tude et  vient  du  lat.  fluctus,  flot,  pris  métaphori- 
quement pour  :  abondance.  L'a.  f.  ne  s'en  servait 
pas  pour  désigner  une  réunion  de  vaisseaux,  mais 
de  :  estoire.  On 'a  dit  :  flotte  de  nefs,  comme  flotte  de 
gens.  —  Mais  les  lang.  gerrn.  ont  un  mot  qui  signi- 
fie :  réunion  de  vaisseaux  ;  holl.,  vloot  ;  suéd., 
flotta  ;  anglo-sax.,  flict  ;  angl.,  fleet.  Ce  dernier 
mot  a  fourni  flete,  directement,  comme  on  peut  le 
voir  à  l'historique  :  «  Après,  avironna  (rama)  le 
suppliant  et  mena  la  flette  du  côté  du  port.  »  D.  C. 
V'  Avirunatus.  —  Dans  tous  les  cas,  les  mots  ger- 
man.  ont  agi  sur  flotte,  multitude,  pour  y  déter- 
miner le  sens  de  :  réunion  de  vaisseaux.  (Litt.^ 

Flottes  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —.Molles.  Des 
pommes  de  terre  flottes,  flasques.  Cf.  Flâtre. 

Floue  !  (Mj.),  interj.  V.  Fiouc,  Ploc.  —  Cf. 
l'angl.  Flowk. 

Fluchsia  (Mj.  By.),  s.  m.  —  Fuchsia,  plante 
d'ornement. 

Et.  —  Du  nom  de  I^éonard  Fuchs,  botaniste 
bavarois  du  xvr'  s. 

Flumatique  s,  m.  —  Vulg.  Geum  urba- 
nurn  (Méx.).  Benoite  commune  (Bat.). 

Flustrer  v.  a.  (Mj.).  —  Frustrer,  dépouiller, 
voler.  —  Cf.  Flamaçon,  Escolter. 

Flûte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Fig.  et  ironique- 
ineiil.  Jambe  longue  et  maigre,  li  Se  tirer  des 
flûtes,  —  décamper,  déguerpir,  s'esquiver. 
V.  Pied.  Il  Interj.  zut  !  ||  Fu.  —  Canon  de 
sureau,  jeu  d'enfants.  Voir  Bonde,  Poussoué, 
Ficoire.  \\  Flûte  en  bas,  influenza  (Lg.,  mais  non 
Mj.,  ni  Tlm.  où  l'on  dit  :  Flûte  en  Var.)  ||  Au 
sens  de  Décamper:  Syn.  s'Esbigner,  se  Cavaler, 
Prendre  sa  discampette. 

Flùter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Jouer  de  la  flûte. 
Hist.  —  J.  DU  Bell.,  Epigr.  pastor.,  p.  306. 
—   «  Tant  Perot  fluste  bien,  fredonne  et  sonne  icy 
«  Du  flageol,  du  rebec  et  du  cornet  aussi.  » 

Flux  (Lg.),  s.  f.  —  Ancien  jeu  de  cartes 
encore  en  usage  dans  le  pays  il  y  a  une  ving- 
taine d'années; 


396 


FLUXION  —  FOIRER 


N.  —  Rabelais  mentionne  ce  jeu  parmi  ceux 
de  Gargantua.  —  Jaub.,  au  mot  Beuverie,  cite  : 
«  Combien  des  vostres  voit  on  plus 
(I  A    qui    le    jeu    des    dez    ou    flus, 
«  Le  long  veiller,  les  beuveries 
«  Ont  engendré  des  resveries 
«Et  des  fureurs. . .  » 

Cl.    Maeot,    !«'■    Colloq.    cT  Erasme. 

Fluxion  (Mj.),  s,  m.  —  Ironiquement.  — 
Fluxion  de  pavé,  —  ecchymose  à  la  face  pro- 
duite par  une  chute  sur  le  pavé. 

Et.  —  Fluxionem,  de  fluere,  couler. 

Foée  s.  L  —  V.  Fouée.  —  Du  lat.  Focata, 
de  focum,  feu. 

Foi,  s.  î.  I!  Mj..  Anneau  à  large  chaton  que 
les  femmes  portaient  autrefois  (il  y  a  cin- 
quante ans)  au  petit  doigt,  tandis  que  l'al- 
liance, ou  fil,  se  portait  à  l'annulaire.  ;]  Sp.  — 
Ma  grand  foi.  Ma  grand  foi  jurée,  —  sur  ma 
parole,  en  vérité.  |î  Tlm.  —  Foi  de  la  messe, 
—  la  seconde  sonnerie  de  cloches,  à  neuf 
heures,  qui,  le  dimanche,  annonce  la  grand'- 
messe.  C'est  ce  qu'à  Mj.  on  appelle  le  second 
son.  —  Lat.  Fidem. 

Foidre  (By.),  s.  f.  —  «  Foudre,  maladie  du 
blé  par  laquelle  les  grains  sont  réduits  en 
poussière  noire  comme  du  charbon.  Cf. 
Fouédre.  —  On  confond  sous  ce  nom  la  Tilletia 
caries  et  l'Ustilage  segetum  (Dott.). 

N.  —  «  Foudre  ne  signifie  pas  du  tout  que  cette 
maladie  envahisse  le  blé  avec  la  rapidité  de  la 
foudre,  comme  on  le  dit  qqf.  et  comme  on  serait,  en 
effet,  tenté  de  le  croire,  d'après  Teflet  indiqué. 
L'épi  devenant  noir  comme  du  charbon,  il  faut 
rapporter  l'étym.  à  Faude,  que  l'on  trouve  dans 
le  Gl.  de  D.  C.,  sous  Falda,  1.  »  (De  Mont.)  — 
Pourquoi  pas  :  noirci  comme  un  objet  frappé  de  la 
foudre?  (A.  V.) 

Foidré,  part.  pas.  ■ —  V.  Foidre. 

Hist.  —  «  c(  Le  seigle  d'une  qualité  admirable,  le 
froment  foidré.  »  (1783.  —  Inc.  Arch.,  S,  s,  E, 
p.  358,  col.  1,  mil.) 

Foidrer  (Sal.),  v.  n.  —  Mal  finir,  —  sens 
moral.  Syn.  Maufiner.  ||  S'effondrer.  Tout  a 
foidré,  —  tout  s'est  écroulé. 

Foie  (Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  Les  foies,  —  les 
poumons.  V.  Pyre,  Pirre. 

N.  —  A  Sp.,  on  évite  que  les  moutons  mangent 
des  glands,  parce  que,  dit-on,  cela  leur  pique  les 
foies.  Il  Lg.  —  Foie  dur,  —  foie.  ||  Foie  mou,  — 
poumons,  pirre. 

Et.  Hist.  —  «  Du  lat.  ficatum,  proprement  : 
jecur  (foie  d'oie)  ficatum  (engraissé  avec  des 
figues)  : 

«  Pinguibus  et  ficis  pastum  jecur  anseris  albi.  » 
(Horace,  Sat.,  ii,  vni,  88.)  —  Ce  mol,  ficatum,  (jui 
était,  chez  les  Latins,  un  terme  de  cuisine,  est 
devenu,  dans  toutes  les  langues  romanes,  le  nom 
du  foie  et  a  fait  disparaître  complètement  le  mot 
propre  jecur.  —  Nombreux  exemples  de  ce  fait. 
(LiTT.)  —  Lat.  pop.  fidicum,  pour  ficatum,  devenu  : 
fedigo,  fedio,  fedjo,  feie,  foie.  (Darm.)  —  Cf. 
Truie,  trojanus  porcus;  soie,  seta  serica,  écheveau 
de  soie  ;  réverbère,  lanterne  à  réverbère.  »  (Schel.) 

«  Ladite  beste  l'a  tout  à  fait  mangé,  fors  les 
foys  et  quelques  petits  os.  (1697.  Inv  Arch-,  E.  m, 
282,  L) 


Folé  ',  s.  f.  —  Pour  :  Foi.  Ma  fait  oui  (Méx.) 

Foille  (Sa.),  s.  f.  —  Feuille.  —  Cf.  Poisser, 
Poiser,   Adroisse,   Regroit.   Doubl.   du   fr.   du 
Mj.  Feille.  Du  lat.  folium. 
Hist.  —  «  Couci,  xnr'  s.  (L.  C.) 

a  Quand  li  estes  et  la  douce  saisons 
«  Font  faille  et  flor  et  les  prés  reverdir.  » 

Foillu  (Sa),  adj.  q.  —  Feuillu.  V.  Foille. 

Foin  (Mj.,  By.,  etc.),  s.  m.  —  Avoir  du /om 
dans  ses  bottes,  être  riche.  On  dit  aussi  en  ce 
sens  :  avoir  du  pain  sur  la  planche. 

Et.  —  Fœnum,  devenu  :  frain,  fain,  fein,  faings. 
folng. 

Foindre  (Mtl.),  v.  n.  —  Craindre,  avoir 
peur,  se  contraindre.  Ex.  :  A  foint  de  causer, 

—  elle  a  peur  de  parler,  elle  s'y  contraint. 

N.  —  Je  relève  ce  verbe,  qui  est  encore  employé 
à  Montrelais,  près  d'Ingrandes,  bien  que  cette 
localité  ne  fasse  pas  partie  de  l'Anjou.  J'estime 
qu'il  a  dû  appartenir  à  notre  patois  montj.,  car  il  y 
a  laissé  un  dérivé,  Fointroux,  bien  vieilli  lui- 
même  et  désormais  presque  inusité.  —  Rappro- 
cher Feindre.  —  Cf.  se  Feindre,  Feignant,  Faint. 

Fointroux,  ouse  (Mj.,  Sal.),  adj.  q.  —  Fai- 
néant, indolent,  dépourvu  d'énergie  (vieilli), 
mou,  veule,  paresseux.  Sj'n.  de  Flemmard, 
Niant.  —  Cf.  fr.  Faitardise.  V.  Littré. 

Foirard,  e  (Mj.),  adj.  q.  —  Foireux.  V- 
Foirer. 

Et.  Hist.  —  Du  lat.  foria.  —  Scaliger  l'explique 
par   l'adv.    foras,    dehors,    «   quia   stercora   liqui- 
diora  facile  feruntur  foras  »,  ajoute  Méxage. 
—   «  Renard  fait  comme  pute  beste  : 
«  Quand    il    li    fu    de    sus    la    teste, 
«  Drece  la  queiie  et  aller  lesse 
«  Tôt  contreval  une  grant  lesse 
«  De  foire  clere  à  cul  overt, 
«  Tout  le  vilain  en  a  covert.  » 

Roman  de  Renart.  (Delvatj.) 

Foire  (Mj.),  s.  f.  —  Foire,  marché.  ||  Part 
de  foire,  —  petit  cadeau  que  le  père  rapporte 
de  la  foire  pour  les  enfants  qui  sont  restés  à 
la  maison.  ^1  Foire  d'empoigne,  —  vol.  On 
dit  d'un  objet  volé  qu'il  a  été  acheté  à  la 
foire  d'empoigne.  Cela  rappelle  cette  plaisan- 
terie :  Ça  t'a  coûté  cher,  ce  coutiau?  —  Non  ; 
le  marchand  n'était  pas  là  quand  je  l'ai 
ieu.  Il  J'peux  pas  sortir  aujourd'hui,  j'ai  la 
foire  chez  moi.  —  Plaisanterie.  !|  On  dit  pro- 
verbialement de  deux  objets  dépareillés  :  y 
en  a  ieun  de  la  foire  et  l'autre  du  marché, 

—  de  deux  paroisses. 

Et.  —  Lat.  Feria.  L'anc.  lang.  avait  le  verbe 
Foirer,  chômer.  —  On  distingue  les  Foires  maigres, 
qui  ont  lieu  dans  le  courant  du  Carême,  et  les  Foires 
grasses,  où  Ton  expose  principalement  en  vente  du 
bétail  gras  ;  elles  précèdent  le  carnaval,  ou  ont  lieu 
à  Pâques.  ||  Lg.  —  Tiff.,  Ch.  —  Foires  grasses. 

Foirée  (Mj.),  s.  L  —  Flaque  d'excréments 
demi-liquides.  Cf.  Bousée,  Mardée.  \\  Lg.  — 
Ce  qu'il  y  a  de  bestiaux  dans  une  foire. 
Ex.  :  Y  en  avait  ine  foirée  de  bœufs  à  Cholet  ! 
pus  de  1.500  pièces  de  bêtes. 

Foirer  (Lg.,  Craon).  v.  a.  —  Exposer, 
mettre   en   vente   sur   un   champ   de   foire 


FOIREUX 


FOLS 


397 


Ne  s'emploie  qu'au 
:   Les  Foiriées  de  la 


Ex.  :  Y  avait  pus  de  bœufs  de  foires  que  je 
n'avais  pensé.  ||  Avoir  la  foire,  le  cours  de 
ventre,  ou,  au  Fig.  Rester  en  afîront. 

Foireux,  s.  m.  —  Ceux  qui  vont  à  la  foire. 
V.  Foireux. 

Foiriées  (Sp.),  s.  f.  — 
plur.  Grande  foire.  Ex. 
Toussaint,  à  Vihiers. 

Et.  —  Du  lat.  Feriag,  dont  le  nombre  même  s'est 
conservé. 

Hist.  —  No'éls  angevins,  p.  27. 
—  «  Au  Saint  Nau 

(c  Chantira   sans   point   m'y   feindre, 
«  Je  n'en  daignerois  rien  craindre, 
K  Car  le  jour  est  fériau, 

«  Nau,  Nau,  Nau.  » 
—  Foeries  de  Penthecouste,  —  de  Pâques,  —  de 
Noël  ;  —  foiriées  de  Noël.  (1390.  L.  C.)  —  «  Lequel 
arbitre...  en  pourra  ordener.  . .  toutesfois  que  il 
li  plaira  à  jour /oi>ié  ou  non  foirié.  (1314.  —  D.  C.) 
V.  Citation  à  Marion. 

Foiriens  s.  m.  —  Marchands  étalagistes. 

Foiroux  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Foireux. 
\'.  Fnirard.  \\  Ceux  qui  vont  à  la  foire  ou 
qui  en  reviennent.  Plaisanterie  basée  sur  un 
jeu  de  mots.  Syn.  et  d.  de  Foireux..  —  Cf. 
Noçoux. 

Fois  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Locut.  Des  fois 
que,  —  si  toutefois,  si  parfois.  Ex.  :  Dame  ! 
des  fois  qu'a  voudrait  ,  ça  pourrait  tout  de 
même  se  faire.  —  Dame  !  des  fois  que  ça 
serait  vrai,  pourtant  !  —  Des  fois  qu'y  ferait 
beau  dimanche,  j'pourrions  aller  voir  nout' 
cousin.  —  Des  fois  qu'il  arriverait  à  matin 
(s'il  arrivait  ce  matin).  — ■  Cf.  Queuquefois.  \\ 
Autre  sens  ;  parfois.  ||  Mj.  —  Par  les  fois, 
loc.  adv.  —  Parfois.  Ex.  :  Sa  femme  est-elle 
ben  eumable  ?  —  Par  les  fois,  quand  le  diable 
la  berce.  —  Plaisanterie  courante. 

Et.  —  Le  provenç.  et  le  vx  fr.  présentent  deux 
formes,  l'une  :  fois,  vetz  ,-  l'autre  :  feiede,  foiée, 
fiée,  fie,  vegada.  La  première  vient  du  lat.  vices, 
fois,  avec  changement  du  v  en  f.  dans  le  fr.,  et 
même,  pour  une  seule  forme  :  fetz,  dans  le  prov.  ; 
la  deuxième  en  est  dérivée,  comme  si  le  lat.  vices 
avait  donné  vicata.  (Litt.)  —  «  Et  si  ce  n'est  trop 
dire,  il  y  a  mesme  des  fois  que  je  ne  voudrais  pas 
qu'il  fût  arrivé  autrement.  »  (Voiture.)  —  A  des 
fais,  il  s'imaginait  voir  et  entendre  son  besson.  » 
(G.  Sand,  La  Petite  Fadelle.)  —  Jaub. 

Foisance  (Mj.),  s.  f.  —  Foison,  abondance. 
Syn.  de  Afoisance,  Flaupée,  Bénédiction, 
Crarnassée,  Foissée,  Fouaillée,  Dégabârée. 

Et.  —  Lat.  fusionem,  de  fusum,  de  fundere, 
fondre.  La  foison  est  ce  qui  se  répand  en  abon- 
dance. (Cf.  Il  y  en  a  une  confusion.)  Litt.  —  Fui- 
son,  plus  près  du  latin.  «  Un  grant  fuison  d'années,  u 
Froissard.  (L.  c.) 

Foissat  s.  m.  —  Verge,  bâton  pour  frap- 
per. (Mén.)  Syn.  Scion,  Feurte. 

Foissée  (Sa.,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Fessée, 
volée  de  coups.  Cf.  Moitier.  \\  Grande  quan- 
tité de.  Syn.  de  Fouaillée,  etc.  —  N.  Le  mot 
a  vieilli,  surtout  au  sens  propre.  V.  Fessée. 

Foisse-niêie  (Sa.),  s.  m.  —  Oiseau  de  proie 


diurne  qui,  pour  la  plupart,  est  l'épervier 
ou  riflet,  et,  pour  d'autres,  le  tiercelçt.  V. 
Fesse-merle. 

Et.  —  Foisser  et  Merle.  Proprement  :  Qui  fesse 
les  merle.-,  qui  bat  le  merle,  chasseur  de  merle. 

Foisser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fesser.  A  vieilli. 
Cf.  Moitier. 

Foissis,  s.  m.  pi.  —  Branchages  verts,  ser- 
vant à  retenir  les  quelles  de  chanvre  dans  la 
Loire  (Mén.).  —  Quelles.  =  Tielles.  Cf. 
Fesser,  Fesseter. 

Folaision  (Lg.),  s.  f.  —  Accès  de  folie, 
affolement. 

Folaison  (Bu.,  Tlm.,),  s.  f.  —  S'emploie 
dans  la  loc.  :  Etre  en  folaison,  —  faire  des 
folies,  des  extravagances.  C'est  le  syn. 
exact  de  la  loc.  de  Tlm.  :  Etre  en  berdin- 
daine. 

Et.  —  Bas-bret.  foll.  ;  B.  L.  follis  (ix«  s.),  soufflet, 
ballon,  le  fou  étant  comparé  à  un  ballon,  à  une 
vessie  gonflée.  D'ailleurs,  Fol  se  trouve  aussi  au 
sûns  de  :  soufflet  :  xiii«  s.  Li  fous  à  fevre  (le  soufflet 
de  forgeron),  8  deniers  et  li  doi  (les  deux)  foel  à 
fevre  16  deniers.  »  (Litt.)  —  Scheler  :  B.  L. 
foUus.  —  L.  Follere,  se  remuer  çà  et  là,  qui  vient  du 
lat.  Follis,  soufflet,  pour  :  qqch.  qui  est  toujours  en 
mouvement  de  va-et-vient.  Cette  idée  de  mouve- 
ment, de  ballottement  était  encore  propre  à  l'a. 
v.  foler,  folier,  errer  ça  et  là,  marcher  de  côté  et 
d'autre,  flotter,  puis  :  extravaguer,  errer,  etc.  — 
D'autres  insistent  moins  sur  l'idée  de  remuement 
que  sur  celle  gonflé  de  vent.  AfTaire  de  goût. 

Folasse  (Lg.),  adj.  q.  —  Folâtre,  folichon. 

Folayer,  Foleyer,  Foléier  (By.,  Mj.),  v.  n.  — 
Devenir  fou.  V.  Affoler,  Perdre  la  boussole,  la 
termontade. 

Et.  —  De  fol,  avec  le  sufl.  verb.  irichoat,  éier.  — 
L.  C.  Folier,  foloyer 

—  «   . .  .trop  doluser 

a  Est    racine    de   foloier.    » 

—  D.  C.  —  '(  Infollare,  proprie  est  buccam  inflare  ; 
et  quia  folles  inflantur  quasi  quadam  re  inani, 
inde  est,  quod  follis  dicitur  stultus,  superbus, 
vanus,  inflatus.   » 

—   «  Car  plus  qu'aultre  homme  se  desroie 
«  Unq    sages    homs    quand    il    folloie.     » 

—  «  Quelquefois,  le  sage  faict  ce  qui  est  de  la 
folie,  non  pour  ce  qu'il  folaye,  mais  pour  ce  qu'il  est 
homme.  >>  (Br.  de  Tartif.,  Phil.,  p.  458.)  —  Le 
manant...  contempla  vaguement  ces  vapeurs 
fantastiques.  Et  son  imagination  chancelante 
dominée  par  l'effrayante  assurance  de  son  compa- 
gnon, il  foleya  devant  ce  brouillard  familier  :  il  vit!... 
Au.ssi,  tombant  à  genoux. . .  »  {Hist.  du  vx  tps,  p. 
445.) 

Follet,  s.  m.  —  Ménière  dit  que  :  «  Au- 
trefois le  follet  était  le  chef  de  ces  bandes 
de  jeunes  gens  qui  visitaient  les  paroissiens 
pour  obtenir  d'eux  des  secours  pour  le  lumi- 
naire de  l'école  paroissiale,  et  qui  étaient 
employés     en     débauches,     banquets,     etc. 

(Statuts   de  Ch.  Miron.) 

Fols.  —  «  Les  fols,  chez  Beaumont  », 
prov.  popul.  faisant  allusion  à  la  gaieté  et 
folâtre  humeur  de  René  Bault  et  de  sa  fa- 
mille, —  ancien  échevin  d'Angers.  (1"  mai 
1564),  Ménière. 


398 


FOMBRAYER 


FOXTAISIE 


Fombrayer  (Segr.,  My.,  Craon),  v.  a  —  Se 
dit  en  parlant  des  étables  ;  enlever  le  fumier 
de  dessous  les  bestiaux  :  «  As-tu  fombrayé 
les  étables  ?  —  as-tu  nettoyé  les  étables.  || 
Fu.  —  Fomberrier,  Fombrier,  —  faire  la 
litière.  —  V.  Fombréier,  —  breyer.  \\  Lrm. 
Rouler  le  fumier,  la  terre  ;  transporter  à 
la  charrette  ou  à  la  brouette  un  engrais 
quelconque.  |i  Sal.  —  Nettoyer. 

Et.  —  Fim(a)retu,  de  fimarium,  de  fimum,  fien. 
On  trouve  aussi  :  fembrier,  fumier  ;  et  les  verbes  : 
fembrer.  fembroier.  (D'  A.  Bos.) 

Fombrèche  (Mj.),  s.  f.  —  Flammèche, 
étincelle  qu'emporte  le  vent.  —  Syn.  Bueite. 

Et.  —  Ce  mot  pourrait  bien  être  tout  simple- 
ment une  corr.  et  un  doubl.  du  fr.  Flammèche,  de- 
venu Flambèche  et  Famblèche-  Il  n'est  pas  rare 
d'entendre  prononcer  :  Fambler,  pour  Flamber. 
—  Syn.   deBerton,  Auvis. 

Fombréier,  Fombréyier  ÇSlh.,  Mj.),  v.  a. 
et  n.  —  Comme  Fembrayer.  <  Je  m'en  vas 
fombréier  les  vaches.  ||  Nettoyer,  en  général  ; 
enlever  les  ordures.  !|  Fig.  —  Jeter  à  la  porte, 
qqn.  Ex.  :  Il  n'a  qu'à  venir  icit',  je  te  vas 
joliment  le  fombréier.  ||  Cho.  —  On  pron. 
Fombredier,  Fomberdhier. 

Et.  —  V.  Fombrayer.  Le  b  est  épenthétiq.  et 
amené  par  la  rencontre  de  l'm  et  de  l'r,  suite  de 
l'aphérèse  de  l'a,  exactement  comme  dans  Fom- 
brèche. La  termin.  est  inchoative.  Cf.  Foléier- 

Fonçailles  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  plur.  Planches  ou  panneaux  qui  gar- 
nissent le  fond  d'une  charrette.  —  V.  Foncer.  !| 
Lg.  —  Fond  de  culotte  ;  chacune  des  pièces 
qui  forment  le  fond  d'un  pantalon.  Lang. 
des  taill.  et  des  couturières.  —  C'est  le  mot 
fr.  dans  un  sens  spécial. 

Et.  —  Lat.  fondus  ;  vx  fr.  fons,  —  fond,  fonds  ; 
fonsaille. 

N.  —  «  L's  final  étant  considéré  comme  radie,  le 
dér.  fonser,  foncer,  est  tout  naturel. 

Foncée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Approfondisse- 
ment d'un  puits  de  mine,  d'une  carrière.  || 
Méx.  :  ((  Faire  une  foncée  dans  une  carrière, 
ç.-à.-d.  3  mètres  de  profondeur.  On  dit  qu'une 
carrière  a  tant  de  foncées  (ce  que  l'on  voit  sur 
les  faces  ou  grands  côtés  des  bancs  de 
schistes,  et  non  sur  les  chefs,  ou  petits 
côtés.)  Trélazé.  —  Vx  mot.  Enfoncée.  V. 
Foncer. 

Hist.  —  «  Par  la  faute  de  la  troupe  et  l'insou- 
ciance de  l'ancienne  municipalité,  le  presbytère 
Maurille  est  complètement  dévasté,  les  portes 
sont  foncées.  »  —  Cité  par  ab.  Bretaudeau,  155. 

Foncer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Mettre  un  fond. 
i!  Rempailler  une  chaise.  Syn.  de  Fesser, 
Joncer,  Corder.  Cf.  Fesseter.  \\  V.  n.  S'enfon- 
cer dans  la  boue.  !|  Céder  sous  les  pas.  Ex.  : 
Ne  va  pas  par  là,  ça  fonce.  \\  Foncer  un  ter- 
rain, —  le  défoncer.  V.  Foncée. 

Hist.  —  Lorsqu'il  a  fait  bastir  une  maison  et 
défricher  et  foncer  à  quatre  pieds  de  terrain. 
(1777.  Ino.  Arch.,  E,  m,  p.  262,  col.  2,  m.) 

Fonces  (Mj.),  s.  f.  plur.  —  Fanes  de  la 
pomme  de  terre.  Syn.  de  Cholailles,  Cho- 
Ions,  Feuillées,  Chavoils,  Fournes. 


Fonceur  (Av.,  Tr.),  s.  m.  —  Ouvrier  qui 
travaille  à  l'extraction  de  l'ardoise,  qui 
l'abat  au  fond  d'une  carrière. 

Hist.  —  «  Il  était  10  h.  25  quand  les  fonceurs 
A.  et  P.  L.,  occupés  à  l'abatage,  entendirent  un 
craquement.  »  (1906.  Ang.  de  Paris,  n"  34,  2,  .3.)  — 
«  M.  P.  accourut  et,  accompagné  de  M.  M.,  fonceur, 
se  mit  à  la  poursuite  de  E.  (Id.,  12  mai  1907,  3,  5.) 

Fonceux  (Mj.),  s.  m.  —  Journalier  employé 
à  défoncer  un  terrain.  V.  Foncer. 

Foncis  (Mj.),  s.  m.  —  Terrain  nouvelle- 
ment défoncé  ;  novale. 

Fond  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Aller  à  fond,  — 
couler,  sombrer,  être  submergé.  1]  Piquer 
en  fond,  —  s'enfoncer.  Ex.  :  Les  racines 
d'umeau,  ça  court  à  fleur  terre,  mais  les 
siennes  de  chêne,  ça  pique  en  fond. 

Et.  —  Vx  fr.  fonz,  fons  ;  du  lat.  pop.  fundus, 
fundoris  (class.  fundus,  i).  Dabm. 

Fondement  (Mj.),  s.  m.  —  Anus.  Ex.  : 
Ça  me  mord  au  fondement,  je  vas  manger  de 
la  bonne  soupe  de  soir  .  Prov.  —  '|  Avoir  des 
épreuntes  (démangeaisons)  au  fondement.  — 
Ag.,  By. 

Fondis  (Lue),  s.  m.  —  Endroit  bas  et  em- 
broussaillé. 

Et.  —  De  :  fondre,  —  s'affaisser.  Eboulement  du 
sol  dans  une  carrière  ou  un  édifice.  (Dakm.) 

Fondrée  (Lg.),  s.  f.  —  Dépression  longi- 
tudinale et  assez  étendue  dans  un  terrain. 
Syn.  de  Coulée,  Canche.  |;  Endroit  d'un  champ 
où,  dans  une  dépression  du  roc,  la  couche  de 
terre  arable  est  plus  épaisse  qu'ailleurs. 

El.  —  Filiation  des  sens  :  fundere,  fondre, 
répandre,  d'où,  d'une  part,  rendre  liquide,  mettre 
en  fusion  ;  —  d'autre  part,  verser,  renverser, 
tomber,  se  précipiter.  (D"^  A.  Bos.) 

Fondrillon  (Mj.),  s.  m.  —  Ce  qui  reste  d'un 
mets  au  fond  d'un  plat  ou  d'une  casserole, 
effondrilles.  ]|  Ce  qui  reste  d'un  peloton  dont 
la  plus  grande  partie  est  employée.  ||  Petit 
bouchon  de  papier  ou  de  linge,  objet  quel- 
conque qui  fait  le  noyau  d'un  peloton.  ||  On 
dit  aussi  Fondrilles,  au  premier  sens. 

Hist.  — «  Espoincter  les  fuseaulx,  . .  .calumnier 
les  bobines,  . .  .condemner  les  frondrillons.  défiler 
les  pelotons  des  Parces.  »  (Rab.,  P.,  m,  28,  278.) 

Fonds  (Mj.,  By.),  s.  m.  pi.  —  En  fonds. 
c.-à-d.  comme  propriété  foncière,  par  oppo- 
sition à  :  en  usufruit.  Ex.  :  C'est  à  lui  en  fonds 
mais  sa  mère  en  a  V usurfruit. 

Fontaine  (Lg.),  s.  f.  —  Dépression  que  le 
bourrelier  pratique  dans  le  rembourrage  du 
collier  d'un  cheval  blessé,  pour  que  la  garni- 
ture ne  porte  pas  sur  la  plaie.  !i  Fu.  —  ^  . 
Baratte.  Mj.  Fontanelle,  chez  les  enfants. 

Fontaine-brûlée  (Lg.),  s.  f.  —  ^^  Douci- 
neux. 

Fontaisie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Exaspéra- 
tion, colère  violente  et  muette.  Ex.  :  Aile 
était  d'eine  fantaisie  !  Syn.  de  Veson,  Foute- 
foute,  Fenouillon,  Fousquenette,  Foutillon. 


FOPIR  —  FORIEUX 


399 


Et.  —  Con.  du  fr.  Fantaisie,  détourné  de  son 
sens.  —  Du  grec  phantasia,  action  de  se  montrer, 
apparition,  —  autrefois  :  imagination,  —  d'où  : 
sans  réalité  ;  —  esprit,  pensée,  idée,  —  volonté 
passagère,  —  caprice,  boutade. 

Fôpir  (fôpi)  —  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Froisser, 
chifîonner,  foupir.  —  Syn.  Aricasser.  V.  Fau- 
pir. 

Et.  —  Foupir,  —  pour  :  feupir,  felpir,  du  rad. 
felp,  d'origine  incert.,  qui  se  trouve  dans  :  friper'^. 

Forbi  (Mj.),  part.  pas.  ||  s.  m.  —  Saint- 
frusquin,  saint -crespin,  avoir.  Ex.  :  Il  a 
mangé  tout  son  forbi  Syn.  de  Bazar.  ||  En- 
semble d'objets  mobiliers.  Ex.  :  A  fallu 
déménager  tout  le  forbi.  \\  Histoire,  aventure. 
Ex.  :  En  velà  d'ein  forbi  !  Syn.  Averneite. 

Forbir"  —  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fourbir.  |i  Sp., 
Tlm.  Forbir  la  marmite,  —  en  parlant  des 
parents  d'une  jeune  fille,  aller  faire  un  repas 
chez  les  parents  d'un  jeune  homme  qui  s'est 
posé  en  soupirant,  afin  de  constater  de  visu 
l'état  de  la  maison  qui  recevra  l'épousée  et  de 
régler  les  conditions  du  mariage.  C'est  le  pré- 
liminaire obligé  de  toute  noce  et  ce  n'est  qu'à 
la  suite  de  cette  démarche  que  les  futurs  sont 
réputés  être  :  par  accord.  En  un  mot,  ce  sont 
les  accordailles. 

Et.  —  Aha.  furban  nettoyer.  xi«  s.  furbir  ;  xn®, 
forbir. 

Hist.  —  «  Avaient-ils  bonne  parole  (les  parents 
d'un  prétendant),  on  faisait  au  plus  tôt  ce  qu'on 
appelait  «  l'entrée  de  la  maison  »,  ou  «  la  fourbis- 
sure  de  la  marmite  »,  c.-à-d.  un  repas  où  mères, 
frères,  sœurs,  oncles  et  tantes  des  deux  parties 
s'assemblaient  et  qui  était  donné  dans  la  maison 
de  la  future  mariée.  »  (Deniau,  Hist.  de  la  F.,  i, 
68.) 

Forbissure  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  fourbir. 
Ex.  :  Le  chaudron  a  ben  gangné  sa  forbissure, 

—  c.-à-d.  il  est  assez  sale  pour  avoir  besoin 
d'être  fourbi. 

Forçable  (Lg.),  adj.  q.  —  Qui  exige  beau- 
coup de  travail  et  d'efforts.  Syn.  de  Forçant, 
Travaillant  1|  s.  m.  —  Le  moment  le  plus 
pénible,  celui  où  on  est  le  plus  pressé.  Ex.  : 
Le  mois  de  juillet,  c'est  le  forçable  pour  méti- 
ver. 

Forçant,  e  (Mj.,  Tlm.),  adj.  verb.  —  Pé- 
nible, fatigant,  qui  exige  beaucoup  de  force, 
se  dit  d'un  travail.  Ex.  :  C'est  ben  forçant  de 
monter  eine  pièce  de  toile.  —  C'est  eine 
ôvrage  ben  forçante  pour  toi.  Syn.  Forçable. 

Force  (Mj.),  s.  f.  —  A  la  force  !  —  au  secours 
à  l'aide  ;  cri  que  jette  un  homme  assailli  par 
des  ennemis.  V.  Crier.   \\  Sp.  —  D'eine  force, 

—  à  la  fois,  d'un  coup.  Ex.  :  J'avaiscinq  atouts 
d'eine  force.  \\  Lue,  Mj.,  By.  —  Obligation. 

—  Il  n'y  a  pas  force.  —  T'en  feras  ce  que  tu 
voudras,  n'y  a  point  de  force.  ||  Mj.  Trou 
de  force,  —  trou  produit  dans  une  étoffe  par 
un  accroc,  déchirure.   ||  Ensemble.  Ex.  :  Ils 


For.  —  Interversion  de 
fromage,  etc. 


fro  ;  formage,  pour  : 


sont  arrivés  trois  d'eine  force  pour  faire  la 
veillée.  ||  Mj.  —  A  fine  force  de,  —  à  force  de. 
il  Dans  la  force  de,  —  dans  le  fort  de.  Ex.  : 
Je  serons  dans  la  force  des  ôvrages.  By.  || 
Etre  en  force,  —  être  fort,  valide.  Ex.  :  Ses 
gars  vont  commencer  à  être  en  force  ;  ça  va 
illi  tirer  la  faim  du  cou.  ||  A  toute  force,  — 
malgré  tout. 

Et.  —  B.  I^.  fortia,  forcia,  de  fortis  ;  mais  plur. 
neutre  pris  pour  un  fém.  sing.  sans  doute.  —  Hist.  : 
«  Et  la  vouloit  embrasser,  mais  elle  fit  semblant  de 
se  mettre  à  la  fenestre  pour  appeler  les  voisins  à  la 
force.  »  (Rab.,  P.,  Il,  21,  170.)  —  «  Meschante, 
c'estoit  on  dortouoir,  pourquoy  ne  criois-tu  à  la 
forçai  »  (Rab.,  P.,  m,  19,  257.)  —  «  Et  nous 
vouloit  pareillement  les  pieds  baiser  à  toutes 
forces.  »  (Rab.,  P.,  iv,  48,  439.) 

Forcer  (^Ij.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Forcer  à, 
mettre  avec  abondance,  employer  en  excès. 
Ex.  :  Faudra  forcer  au  beurre.  H  Absolument. 
Abonder.  Ex.  :  La  pêche  est  bonne?  —  Ça  ne 
force  pas.  li  Insister.  Ex.  :  Je  forçais  pour 
nous  en  aller. 

Forces  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Sorte  de 
grands  ciseaux  sans  ressort,  et  que  l'on 
manœuvre  des  deux  mains.  Servent  à  tondre 
les  haies.  —  Sens  un  peu  différent  du  fr. 

Et.  —  Lat.  forfices,  ciseaux.  (Litt.)  —  L. 
forpices,  plur.  de  forpex.  Cf.  herse,  de  hirpex-icis. 

(SCHELER.) 

Foré.  —  Vx  mot  angevin.  —  Forain? 

Hist.  —  «  Jehanne. . .,  fille  de  l'argentier  foré.  » 
—  Dans  une  épitaphe.  Citât,  de  l'ab.  Bretaudeau, 
258. 

Forgane  (Bg.,  By.),  s.  f.  —  La  figure  ;  la 
bouche.  —  «  J't'y  ai  envoyé  une  mandale  par 
la  forgane  !  »  Y.  Fergane. 

N.  —  «  Fourgane,  fourgonne.  Arrière-bouche  ou 
pharynx.  Dans  notre  idiome,  toutes  les  parties  du 
corps  où  il  y  a  bifurcation  ou  simplement  jonction 
portent  un  nom  qui  se  rapporte  à  fourche  ou  four- 
chu. La  rencontre  du  larynx  et  de  l'œsophage  a 
créé  fourgane,  qui  se  donne,  par  ext.,  à  la  bouche, 
au  palais,  au  visage,  à  la  gueule  d'un  animal.  » 
(De  Mont.) 

Forge  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de  petite 
enclume  portative,  que  le  faucheur  peut 
enfoncer  au  milieu  du  pré,  et  sur  laquelle  il 
bat  de  temps  à  autre  la  lame  de  sa  faux  pour 
en  amincir  le  tranchant,  avant  de  l'aiguiser. 

Et.  —  Du  lat.  fabricia  ;  prov.  forga.  Étym. 
incontestable  et  appuyée  sur  de  nombreux 
exemples.  Dans  un  texte  de  1790,  Forges,  hameau 
de  l'arrondissement  de  Loches,  est  dit  Fabricise.  — 
Forge  est  la  forme  presque  régul.  pour  Fabrica  ; 
il  n'y  a  que  la  chute  du  b  d'irrégulière.  Mais,  ica 
se  rendant  par  :  ge  (pedica,  —  piège),  le  b  est 
devenu  incompatible  ;  il  ne  pouvait  y  avoir 
fabrge,  et  le  b  est  tombé. 

Forger  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fig.  —  Forger 
dans  la  tête,  —  faire  entrer  dans  la  tête  une 
chose,  à  force  de  la  répéter.  ||  v.  n.  —  Heur- 
ter ses  fers  les  uns  contre  les  autres,  en  trot- 
tant. Se  dit  d'un  cheval.  ||  Souffler  longtemps 
le  feu. 

Forieux  (Ti.,  Zig.  152),  adj.  q.  —  V.  Fé- 
rieux. 


400 


FORMAGE  -  FORTERESSE 


Formage  (Mj.),  s.  m.  —  Fromage.  Vieilli. 

Et.  —  Lat.  Formaticum,  de  :  formare;  ce  à  quoi 

on  a  donné  une  forme,  le  fromage  se  faisant  dans 

des  formes  d'osier.  —  Le  patois  est  plus  près  du 

lat. 

Hist.  —  «  Le  pot  pourry  estoit  plein  de  potages 
d'espèces  diverses,  sallades,  fricassées...,  for- 
mages, joncades,  gelées,  fruicts  de  toutes  sortes.  » 
(Rab.,  p.,  V,  23.)  —  J.  DU  Bell.,  Moretum, 
p.  260  : 
—   «  Mais  seulement  le  rond  d'un  vieux  fourmage 

«  Par  le  milieu  traversé  d'un  genêt.  » 

Formaige  (By.),  s.  m.  —  Fromage.  —  V. 

Formage. 

Formailler  (Mj.),  v.  a.  —  Planter  des  clous 
dans.  Garnir  de  clous  le  groin  d'un  porc  pour 
l'empêcher  de  jauger.  Ex.  :  Faut  que  je  faise 
formailler  ce  gorin-là,  n'y  a  gens  de  l'empê- 
cher de  fouger.  Syn.  de  Clouter,  Chuiller, 
Claver,  Quiaver,  Chéveiller,  Enformailler, 
Enfornailler,  Fernailler. 

Formature  (Mj.),  s.  f.  —  Fermeture,  clô- 
ture. Syn.  de  Formure.  De  :  former,  pour  : 
fermer. 

Forme  (Sp.),  s.  f.  —  Motte  de  beurre.  Syn. 
de  Façon,  Coin.  ||  (Mj.)  Fruits  des  cucurbi- 
tacées,  lorsqu'ils  commencent  à  nouer.  Ex.  : 
Y  a  des  formes  de  palourdes  dans  le  palour- 
dier.  |i  Lg.,  Tf.  —  Raisin  avant  la  floraison. 
Syn.  de  Lame.  \\  Forme  de  fumier  :  Tas  de 
fumier  (By.).  Syn.  et  d.  de  Fourme. 

Forment  (Mj.),  s.  m.  —  Froment. 
N.  —  Cette  forme,  uniquement  employée  il  y  a 
cinquante  ans,  a  vieilli  aujourd'hui.  —  Cf.  For- 
mage, Corpion. 

Et.  —  Lat.  frumentum,  contract.  pour  :  frugi- 
mentum,  se  rapportant  à  :  fruges. 

Hist.  —  «  Le  premier  jour  d'avril,  le  fourmant 
valoit  Lxx  sols  le  boisseau.  »  (1630.  —  Inv.  Arch., 
E,  n,  p.  164.)  —  J.  DU  Bell.,  Moretum,  p.  259  : 
«  D'un  morcelet  de  fourmenl  il  va  prendre 
«  Autant  que  peut  la  mesure  comprendre.  » 
—   «  Si  plein  de  fein,  de  fourment  et  de  vin.  » 
(Id.,   A   Cérès,  à  Bacch.,  p.   266.) 

Former  (Mj.),  v.  a.  —  Fermer,  jj  Plier  et 
attacher  ensemble  les  tiges  d'arbrisseaux 
dans  les  haies,  de  manière  à  fermer  les  pas. 
Syn.  de  Plesser  ou  Piesser.  ||  Entourer  d'une 
clôture.  Doublet  de  :  fermer.  Par  niétalh.  on 
dit  aussi  Fromer.  |j  By.  Foermer. 

Formi  (Li.,  Br.,  Mj.,  By.),  s.  m.,  rarement 
fém.  —  Fourmi.  —  On  dit  encore  :  Frémi, 
Fromi,  Froumi.  —  Qqf.,  mais  rarement. 
FormiC  \\  Lg.,  s.  f.  —  Nom  d'une  espèce  de 
poire.  Ex.  :  Les  poires  de  formi,  a  sont 
grousses  assez,  mais  a  sont  guermeillouses. 

Et.  —  Lat.  Formica  ;  esp.  Hormiga.  —  Hist.  : 
«  Le  formy  est  ainsi  nommé  pour  ce  qu'il  porte  des 
grains  de  froment.  »  (.Iaub.) 

Formière  (Mj.,  Tlm.  Lg.),  s.  f.  —  Fourmi- 
lière. On  dit  aussi  Formitière  à  Mj.  Dér.  dir. 
de  Formi. 


For  mit'  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Formi.  Ex.  : 
C'est  un  formit'  rouge  qui  l'a  mordu.  Par 
métath.,  on  dit  aussi  Fromit. 


For  mitée  (Mj.),  s.  f.  —  Grouillement.  Syn. 
de  Groulonnée.  Cf.  Formiter,  Formitière. 

Formiter  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  éprouver  une 
sensation  de  fourmillement.  Ex.  :  Ça  me 
formite  dans  le  poignet  du  bras. 

Formitière  (Mj.),  s.  f.  —  Fourmilière.  Syn. 
de  Formière.  —  Dér.  de  Formit'.  Syn.  de 
Formière. 

Formure  (Mj.),  s.  f.  —  Fermeture,  clôture. 
V.  Former.  Syn.  de  Formature. 

Fort,  e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Il  est  fort 
comme  eine  charte,  ij  Fort  pour,  —  très  porté 
à.  Ex.  :  Il  est  fort  pour  se  moquer  du  monde. 
Il  Fort  sus,  —  qui  aime  beaucoup,  très  habile 
à  :  1°  Il  est  fort  sus  la  boite  ;  aile  est  forte  sus 
le  poisson  ;  2°  Il  est  fort  sus  le  violon.  ||  Fori 
de  bois,  —  invraisemblable,  diflicilement  ad- 
missible ;  étonnant,  inouï,  incroyable.  On  dit 
aussi  :  Fort  de  café,  fort  de  moka,  fort  de  chi- 
corée, —  difficile  à  avaler,  jj  C'est  pus  fort 
que  de  jouer  au  bouchon  avec  des  pains  à 
cacheter  par  un  temps  de  neige,  'j  Ça,  c'est 
pas  fort,  ce  que  tu  dis  là,  —  pas  malin.  ||  En 
dire  de  fortes,  —  des  plaisanteries  plus  que 
gauloises,  très  épicées  ou  peu  croyables.  ||  Fort 
temps,  —  tempête,  ouragan,  au  propre  ;  et,  au 
fig.  —  difficultés,  grabuge.  N.  ô  long.  H  s.  m.  — 
Goût  de  fort,  —  goût  de  rance,  pour  le  beurre, 
le  lard  ;  goût  fort  et  désagréable  dans  le  lait 
des  vaches  qui  approchent  de  leur  terme  ou 
qui  sont  noyères.  \\  s.  m.  —  Le  côté  le  plus 
bombé  et  le  plus  lourd  d'une  boule  de  fort.  \\ 
Prendre  sonfort, — s'incliner  ducôtédu  forten 
parlant  de  cette  boule.  [[  Prendre  son  fort 
à  l'envers.  —  Excepté  dans  certains  coups 
de  tirage  ou  de  charge,  le  fort  doit  être  en 
dehors  (et  le  faible,  la  partie  concave,  en 
dedans  du  jeu).  Le  prendre  à  l'envers,  par 
distraction,  c'est  se  tromper  lourdement,  et 
les  quolibets  pleuvent  dru  sur  le  joueur,  ij  La 
boule  de  fort,  dont  un  côté  est  plus  bombé 
que  l'autre,  est  opposée  à  la  boule  ronde.  || 
Trop  dru,  —  se  dit  d'un  semis  trop  épais.  N. 
L'o  est  assez  bref,  excepté  dans  :  Un  fort 
temps.  Mj.  —  Point  fort,  —  non  seulement  : 
faible,  mais  aussi  :  souffrant,  mal  portant, 
malade.  Ex.  :  Mon  père  n'est  point  fort  de 
ceté  temps-là,  il  a  comme  eine  manière  de 
chaud  referdi. 

Fortage,  s.  f.  —  Vieille  corde  goudronnée 
utilisée  dans  les  bateaux.  (Mén.)  V.  Fertage. 

Fortau,  s.  f.  —  Lien  cylindrique  en  fer 
qu'on  met  aux  brancards  d'une  charrette  à 
laquelle  on  attelle  les  bœufs,  pour  consolider 
une  pièce  de  bois  qu'on  ajoute  à  l'extrémité. 
(Mén.)  —  Fréter,  frette.  —  Cf.  Ferquiau. 

Fort  en  diable  (Ag.),  s.  m.  —  Étoffe  résis- 
tante fabriquée  à  Rouen  sous  ce  nom.  — 
(P.  Eudel).  Je  crois  qu'on  la  nomme  aussi 
Peau  de  taupe.  —  Du  fort  en  diable. 

Forteresse  (Lg.),  s.  f.  —  Dispute,  explica- 
tion vive.  Il  Faire  des  forteresses,  —  faire  des 


FORTOUPER  —  FOUDRE  DE  VENT 


401 


scènes  violentes,  du  tapage.  —  C'est  le  mot 
fr.  dans  un  sens  spécial. 

Fortouper,  v.  a.  —  Crosser.  Xe  serait-ce 
pas  Tauper,  pour  :  taper  fort?  (Mén.).  V. 
Fertouper. 

Fort-temps,  s.  m.  —  V.  Fort. 

Hist.  —  «  A  cause  du  fort  temps  qui  est  sur  la- 
dicte  rivière,  n'ont  peu  yjasser  pour  aller  à  l'église 
de  Sainte-Gemme.  (1628.  —  Irw.  Arch.,  S,  s,  E, 
285,  1,  m.) 

Fortuner  (Lue),  v.  n.  —  Réussir. 

Et.  —  Fortuné  ne  devrait  jamais  être  pris  pour  : 
riche.  (Fortuné,  dans  l'a.  langue,  avait  aussi  bien 
le  sens  de  malheureux  que  celui  d'heureux,  en 
raison  du  double  sens  qu'avait  fortune.)  Litt.  — 
Dans  Malherbe,  traduct.  de  Senèque,  de 
Beneficiis,  iv,  35,  fortuné  veut  dire  :  avoir  la  for- 
l^une  contraire. 

Fou,  folle  (Mj.),  adj.  q.  —  Fou,  dénient.  || 
Idiot,  imbécile,  crétin.  ||  M].,  By.  —  Enragé, 
hydrophobe.  Ex.  :  Illy  a  des  chiens  fous.  ||  Mj. 
Eter  comme  ein  piron  fou,  —  être  comme  un 
fou,  s'agiter  comme  un  insensé.  ||  Porter  la 
folle  enchère.  ||  Lg.  —  Folle,  se  dit  d'une 
manille  accompagnée  d'un  trop  grand  nombre 
de  cartes  de  la  même  couleur  pour  avoir  des 
chances  de  passer.  Ex.  :  J'ai  eine  maneille, 
aile  est  folle.  ||  Lg.  —  Mouton  fou,  —  atteint 
de  l'avertin  ou  tournis.  —  V.  Folaison, 
Foléier. 

Fouace  (Partout),  s.  f.  —  Galette.  ||  Lg.  — 
Cadeau  que  les  parrains  et  marraines  des 
époux  leur  font  le  jour  de  leurs  noces.  V.  au 
Folk-Lore  II,  Syn.   de   Chantenau.   \\   Interj. 

—  Zut  !  Syn.  Flûte,  Miel,  Ust,  Ut.  —  V.  Foua- 
cières. 

Et.  —  B.  L.  Focacius,  cuit  au  foyer,  focus.  — 
D.  C.  Fouhacea.  (Litt.)  —  Focacia  (pasta).  Darji. 

—  On  fait,  à  Lernay,  paroisse  du  Poitou,  «  une 
espèce  de  galette  ou  tourteau  cuit  au  feu,  que  ceux 
du  pais  appellent  fouace,  et  ceux  du  Languedoc 
disent  fougace,  et  le  petit  peuple  de  Touraine 
fouée,  dans  la  même  signification  ».  (Le  Duchat.) 

—  Cuite  sous  la  cendre.  (L.  C.)  —  «  Cinere  coctus  et 
reversatus  est  et  focacius.  »  (Isid.  de  Séville,  xx.) 

—  Pline  distingue  le  «  panis  focacius  »,  cuit  dans 
l'âtre,  de  «  panis  fornaceus  »,  cuit  au  four  (xviii,  2). 

—  Eveillé. 

Fouace-à-râne  (Sp.),  s.  f.  —  Chardon- 
Roland.  Syn  de  Chardon-roulant.  Eryiigium 
campestre.  Bat. 

Fouacier  (Mj.),  s.  m.  —  Mauve.  —  Malva 
sylvestris.  Bat.  —  N.  Ainsi  appelée  parce  que 
les  graines,  en  forme  de  petits  disques,  res- 
semblent <à  des  fouaces.  Les  gamins  s'amusent 
à  les  croquer. 

Fouacii^res  (Les).  —  Nom  de  lieu.  Banlieue 
d'Angers,  où  l'on  fabi'i(iuait  spécialement  les 
fouaces.  —  Dans  l'expression  :  La  rotte  à  la 
fouace  (Als,  Msu).  «  Tiens,  c'a  encore  été  dans 
la  rotte  à  la  fouace,  —  voilà  que  j'ai  encore 
avalé  de  travers,  et  je  tousse. 

Fouâillée  (Mj.),  s.  f.  —  Grande  quantité, 
abondance.  Syn.  de  Tapée,  Craniassée,  Tour- 


née.   V.    Fessée,    Fouée.    \\    Volée    de    coups, 
rossée.  C'est  le  sens  propre.  Syn.  Roustée. 

N.  —  Jaub.  cite  Une  fouâillée  de  poulets  ; 
couvée.  V.  Grouée. 

Fcuâiller  (Mj.),  v.  a.  —  Fouetter  un  enfant. 
Il  V.  n.  —  Fouetter.  Ex.  :  La  p/ée  fouâille,  — 
il  fait  une  pluie  battante.  Syn.  de  Draper.  \\ 
S'adonner  aux  plaisirs  vénériens  ;  coïter.  — 
Fréquent,  de  fouetter. 

Fouâilleur  (Mj.),  s.  m.  et  adj.  q.  —  Paillard, 
coureur  d'aventures  galantes.  Syn.  de  Chien, 
Chenassier,  Vessier,  Fumellier,  Putassier, 
Marrainier,  Saillant. 

Foucade  (Mj.,  Sal.,  By.),  s.  f.  —  Fougasse, 
emportement,  frénésie,  accès  de  colère  subit 
et  violent,  Syn.  de  :  Fenouillon,  Veson, 
Foute-foute,  Fousquenette,  Fusseguené,  Fou- 
tillon.  Il  Coup  de  tête. 

Et.  —  «  Fougade  a  signifié  une  mine,  et,  par  une 
métaphore  aisée  à  saisir,  un  coup  de  tête.  —  Même 
mot  que  fougasse,  pour  le  radical.  —  Focus, 
foyer.  —  Foucade  (fouk  *,  fulke  *,  folk,  la  foule, 
le  monde;  flock,  troupeau,  bande.  Ces  quatre  mots 
sont  congénères  et  possèdent  la  même  acception 
générale),  s.  f.  Course  désordonnée  d'un  troupeau 
de  moutons,  de  bœufs,  etc.,  laissés  en  liberté  dans 
les  pâtures,  espèce  de  panique  et  d'effarouchement 
dont  la  cause  n'apparaît  pas  toujours.  —  Se  dit 
aussi,  par  métaphore,  pour  :  coup  de  tête,  action 
irréfléchie.  —  EfTouquer  (m.  rac),  eiïaroucher, 
effrayer.  S'applique  particulièrement  aux  ani- 
maux domestiques  réunis  en  bandes.  Effouquer, 
c'est,  à  proprement  parler,  disperser  une  troupe 
d'animaux  en  les  effrayant,  ce  que  l'on  appelle,  en 
pat.  norm.,  causer  une  foucade.  (MoisY.)  —  Foie, 
troupe,  multitude  : 

—   «  Cum  foie  en  aut  grand  adunet 
«  Lo  règne  prist  à  dévaster.'  »  {x"  s.) 
Lorsqu'il  en  eut  réuni  une  grande  multitude,  il 
se  mit  à  dévaster  le  royaume.  —    V^ie    de   saint 
Léger.  (CoNstaxs.) 

Foucadier  (Eg.),  adj.  q.  —  «  Mon  chien  est 
moins  foucadier  que  l'an  dernier,  —  moins 
jouasse. 

Foucage,  s.  m.  —  Travail  particulier  opéré 
par  les  ouvriers  d'à-bas  dans  le  fond  des  car- 
rières :  c'est  l'ouverture  d'une  rigole  ayant 
3'"33  de  profondeur,  composée  entre  deux 
chefs  de  règle  qui  limitent  la  carrière  dans  le 
sens  du  fil  de  la  pierre  ou  de  la  longueur. 
Chaque  ban  ouvert  porte  le  nom  de  foncée. 
Ce  travail  se  fait  à  la  poudre  et  à  la  pointe, 
espèce  de  pique  dont  un  seul  bout  est  acéré. 
(Travail  sur  les  Ardoisières,  par  M.  Blavieb. 
Cité  par  Ménière.) 

Fouchet"  (Lg.),  s.  m.  —  Maladie  des  mou- 
tons qui  les  fait  boiter.  Elle  consiste  dans  une 
inflammation  dont  le  siège  est  entre  les 
soteilles  ou  onglons.  Probablement  le  piétin. 

Foudon,  s.  m.  —  V.  Reliques. 

Foudre  de  vent  (Mj.),  s.  m.  —  Cyclone. 

Et.  —  Fulgur,  même  radie,  que  fulgere,  briller. — 
Fouldre  de  mer,  —  horrible  tempête  :  «  Si  avoit  si 
grant  suytte  de  chevaliers,  d'une  partie,  et  d'autre, 
que  ce  sembloit  fouldre  de  mer  de  la  fumée,  et  de  la 
poussière  que  tous  les  chevaux  faisoient.   »  (Per- 

26 


402 


FOUDRER  —  FOUIX 


ceforest.  —  L.  C.)  —  «  Ce  désastre  épouvantable, 
causé  par  la  foudre  des  vents  opposés  les  uns  aux 
autres...  »  (1751.  —  Inv.  Arch.,  S,  s,  E,  p.  170, 
2,  m.) 

Poudrer  (se)  —  (Lg.),  v.  pron.  —  Se  bai- 
gner dans  la  poussière,  comme  font  les  oiseaux 
et  spécialement  les  poules. 

Foudret  (Pc),  s.  m.  —  Se  dit  au  lieu  de 
Encros,  dans  le  Pays-haut. 

Fouédre  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Carie  du 
blé.  Blé  carié.  Maladie  qui  donne  au  grain  des 
céréales  une  odeur  de  sardine.  —  N.  Ne  pas 
confondre  avec  Y  Eteint.  V.  Foidre.  —  Causée 
par  un  champignon. 

Fouédré  (Mj.),  adj.  q.  —  Carié,  en  pari,  du 
blé,  du  froment,  du  seigle.  —  \'.  Foidre. 

Foliée  (Auv.,  Mj.,  By.,  Lue,  etc.),  s.  f.  — 
Feu  vif  et  clair,  qui  ne  dure  que  peu  de  temps 
et  s'élève  subitement.  Syn.  de  Eigalée,  Ri- 
gâillée,  Fergâillée,  Frisée,  Baulée,  Ricaillée 
(Bg.).  Il  Galette  mince  que  l'on  met  au  four 
avant  le  pain  et  qui  cuit  très  rapidement.  — 
A  Mj.,  on  appelle  cette  même  galette  :  Ga- 
lette à  la  fouée.  Syn.  de  Gâte-mâche.  \\  Sensa- 
tion subite  de  chaleur  à  la  tête  ;  —  ressentie 
surtout  par  les  femmes  au  commencement  de 
l'âge  critique.  ||  Chaleur  de  bonne  femme.  — 
Chpt.  Il  Lg.  —  Grande  quantité,  abondance. 
Syn.  de  Fouâillée,  Fessée,  Tapée,  Tournée,  etc. 

Et.  —  Focata.  V.  Fouace.  —  L.  C.  Fagots  de 
chauffage.  —  En   Norm.,  une  fouée,  —  flambée. 

Fouesser  (se)  —  (Zig.  151),  v.  réf.  —  Se 
jouesser  la  goule  à  bas.  —  J'y  verrais  l'atté- 
nuation du  mot  grossier  Foutre.  —  V. 
Fouetter.  \\  Ti.,  Zig.  153,  v.  a.  —  Fesser.  ||  v. 
n.  —  Cogner,  heurter.  Ex.  :  Le  queniau 
fouessait  sus  eine  castrolle.  ||  Ti.,  Zig.  159  v.  n. 
Fouesser  ou  Foisser.  Frapper.  Ex.  :  Ça  foues- 
sait dans  la  porte.  Doubl.  du  fr.  Fesser. 

Fouetter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Forme  atté- 
nuative  de  Foutre,  dans  un  grand  nombre 
d'expressions.  Ex.  :  Je  te  vas  fouetter  ma 
main  sur  la  goule  ;  il  s'est  fouetté  à  bas.  — 
Il  ne  faut  donc  pas  y  voi  ■  le  v.  fouetter,  se 
servir  d'un  fouet.  Cf.  Flanquer,  Ficher. 

Fougeâlller  (Lg.,  By.),  v.  n.  — •  Bouleverser, 
retourner  sa  litière,  en  parlant  des  animaux 
et  surtout  du  porc  :  fouger.  \\  Par  ext.  Cher- 
cher partout  en  bouleversant  les  objets.  Syn. 
de  Furgâiller,  Fouineter,  Rafouiner,  Chaf- 
fourrer.  Fréquent,  de  Fouger. 

Fouge-niarde  (Sp.),  s.  m.  —  Stercoraire, 
gros  insecte  coléoptère  qui  creuse  des  galeries 
dans  les  fumiers.  ||  Csp.  Fermier,  ouvrier 
agricole  qui  a  l'habitude  de  travailler  jusque 
dans  la  nuit,  comme  les  vidangeurs.  Syn.  de 
Tard-à-jouc. 

Et.  —  De  fouger  -f-  merde.  Ce  mot  exprime  la 
même  idée  que  Stercoraire,  mais  d'une  manière 
plus  pittoresque. 

Fouger  (Z.  149,  etc.),  v.  a.  —  Vermiller.  || 
Fouiller  le  sol  avec  son  groin.  —  By.,  Sal. 
id.  —  V.  Châler. 


Et.  —  Lat.  Fodicare.  —  «  Se  dit  des  pourceaux 
qu'il  est  deffendu  de  laisser  aller  dans  les  prez  ou 
dans  les  étangs  vuides,  par  ce  qu'ils  mangent  le 
fray  et  les  œufs  du  poisson  qui  se  conservent  sous 
le  limon.  »  (L.  C.)  —  Fogerare,  —  humum  rostro 
fodere.  (D.  C.)  —  «  Ce  que  faisans,  semblent  es 
coquins  de  villaige  qui  feugent  et  escharbotent.  » 
(Rab.,  p.) 

Fougère-bâtarde  (Lg.),  s.  f.  —  Scolo- 
pendre. Syn.  de  Herbe-à-la-rate. 

Et.  —  Du  lat.  Filix,  développé,  à  l'aide  d'un 
sufTixe,  en  une  forme  non  latine  Filicaria. 

Fougis  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Bouleverse- 
ment, fouillis,  chaos.  —  \'.  Fouger.  —  By. 
Foûgis. 

Fouigneter,  Fouineter  (Mj.),  v.  n.  —  Far- 
fouiller. Syn.  de  Furgâiller,  Fougeâiller. 

Et.  —  P.-ê.  pour  Feuilleter,  dim.  de  Fouiller. 
P.-ê.  de  la  même  famille  que  Fouger.  —  Plutôt 
dérivé  de  Fouine  :  comme  fait  la  fouine.  V. 
Fouinard. 

Fouillard  (Mj.),  s.  m.  —  Feuillard.  \'.  Ef- 
fouiller.  —  V.  Trolet. 

Fouillardes  (Mj.),  s.  f.  pi.  Syn.  et  d.  de 
Feillardes.  —  Branches  sèches  garnies  de 
feuilles.  Pour  Feuillardes,  inus.  du  fr.  Feuille. 
Cf.  Effouiller,  Foille.  —  Lat.  folium.- 

Fouillée  (By.,  Zig.  179),  s.  f.  —  Rangée  de 
branches  coupées  figurant  des  arbres,  un 
bocage,  pour  la  chasse  aux  canards.  Doubl. 
du  fr.  Feuillée,  voisin  de  Fouillis.  V.  Chasse 
au  canard.  F.  Lore,  ii. 

Fouiller  (se)  —  v.  réf.  —  Expr.  vulg.  «  Tu 
peux  te  fouiller  !  »  —  ce  que  tu  pourras  faire 
ou  dire  est  inutile,  tu  ne  trouveras  rien. 

Fouillet  1  (Z.  124),  s.  m.  —  Feuilles, 
graines  et  menus  débris  de  foin. 

Fouillet  '■'  (Mj.),  adj.  q.  —  Follet.  —  Se  dit 
dans  :  Poil  fouillet.  —  V.  Pouliot. 

Fouillouse  (Mj.),  s.  f.  —  Poche  d'un  vête- 
ment, surtout  considérée  comme  renfermant 
l'argent  de  poche.  —  Xe  se  dit  qu'en  plaisan- 
tant. Syn.  de  Profonde,  Mallette,  Pochette. 
Et.  —  Dér.  de  Fouiller. 

«  Richelieu  et  Chastellerault 

«  Avecque  Foye  la  Vinouze 

«  Qui  aviant  bain  dos  métaux 

«  Dos  peces  dans  lou  fouillouse.    n 

Noëls  popul. 
Ainsi,  ce  mot  d'argot  est  emprunté  à  notre  vieux 
patois.  —  «  Car  il  arrapoit  l'un  par  les  jambes, 
î'aultre  par  les  espaules,  l'aultre  par  la  besace, 
l'aultre  par  la  fouiÙouze.  »  (Rab.,  G.,  i,  38,  74.)  — 
«  Plus  d'aubert  n'estoit  en  la  fouillouse  pour  solli- 
citer et  poursuivre.  »  (Rab.,  P.,  rn,  41,  309.) 

Fouilloux  (By.),  adj.  q.  —  Feuillu.  — 
Saint-Martin-du-Fo!fz7/oifj  (en  Anjou).  —  Se 
trouve  aussi  dans  l'arrondissement  de  Laval 

(DOTT.). 

Fouin,  s.  m.  —  Putois.  —  Dans  le  Roman 
de  Renart  :  foinez,  v.  9046.  —  (Li.,  Br.,  Lue, 
Mj.)  Fouine.  V.  Chat-fouin  \\  Au  fig.  Individu 
malpropre.  Ex.  :  Hue  !  le  petit  vilain  fouin  ! 
Il  Interj.  de  mépris  et  de  dégoût,  mal  écrit  : 


FOUINAGE  -  FOURCER 


403 


join  /  Il  Sal.,  id.  et,  en  général,  les  bêtes  qui 
dévalisent  les  basses-cours.  —  Puer  comme 
ein  jouin  (blaireau). 

Et.  —  La  forme  primit.  était  Faine  (xm®  s.),  ce 
qui  donne  fagina  pour  étymol.,  faîne,  fruit  du 
hêtre.  En  efTet,  la  fouine  se  nomme  :  martre  des 
hêtres.  (Litt.) 

Hist.  —  G.-C.  Bûcher,  181,  p.  189. 
«  Mais  elle  sent  le  musc  et  le  Ijinjouin 
«  Et  toy  tu  es  puant  comme  un  fou  in.  « 

Fouinage  (Lg.),  s.  m.  —  Pluie  légère.  Syn. 
de  Veni-vole,  Serinée.  \\  Pluie  fréquente.  Syn. 
de  Mouillasse.  Dér.  de  Fouiner. 

Fouinard,  e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Tatillon. 
Il  Lambin.  —  Berdin,  Berginier,  Berzinier, 
Berdinier.  —  V.  Fouiner.  \\  Lutin,  espiègle.  || 
Celui  qui  va  furetant  dans  tous  les  coins,  qui 
épie.  Syn.  de  Bafouin,  Echaupiard.  La  fouine 
entre  dans  un  poulailler  comme  elle  s'en 
dérobe,  avec  ruse  et  rapidité.  (L.  Labchey.) 

Fouine  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Sorte  de  trident 
avec  lequel  on  prend  des  anguilles  dans  la 
vase. 

Et.  —  Lat.  fuscina,  trident.  (Litt.)  —  Dimin. 
de  Furca.  (Daem.)  —  Remarquez  les  trois  vieux 
mots  :  a)  foine,  fouine,  faine,  faine,  —  fouine, 
l'animal  ;  —  b)  foine,  fouine,  action  de  creuser, 
fouille,  tranche,  de  fodina,  de  fodere  ;  —  c)  foine, 
fouine.  —  fourche,  de  fuscina.  (D''  A.  Bos.) 

Hist.  —  «  Qu'il  attrape  la  fièvre  à  piquer  des 
anguilles  avec  la  fouine.  »  (R.  Bazin,  La  Terre 
qui  meurt,  43.) 

Fouineau  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  cordage 
de  la  grosseur  du  petit  doigt.  V.  Cincenelle. 
Terme  de  marine. 

Fouinée  (Lg.),  s.  f.  —  Bruine,  légère  averse. 
Syn.  de  Serinée,  Pissée  de  guernouille,  Foui- 
nage,  Vent-voie. 

Fouiner  (Mj.,  Sal.,  By.),  v.  n.  —  Tâtil- 
lonner.  ||  Lambiner,  vétiller.  Syn.  de  Berdi- 
ner.  \\  Pêcher  à  la  fouine,  fouiller  la  vase 
avec  la  fouine  pour  pêcher  des  anguilles.  || 
S'attarder.  Ex.  :  Que  fouinent-\\s  comme  ça,' 
qu'ils  ne  s'en  vennent  point  ?  —  Qu'as-tu  à 
fouiner  partout  ?  fureter.  ||  Syn.  de  Bérouiner, 
Bersouiner ,  Bèrouasser ,  Seriner,  Serinoter, 
Serinâiller.  V.  Fouine,  pour  l'étymol. 

Fouincfer  (Mj.),  v.  n.  —  V.  Fouigncter. 

Fouir  (Lg.),  V.  a.  et  n.  —  Fuir. 

Foule,  s.  f.  —  Pêcher  à  la  foule,  en  foulant 
le  sable  avec  les  pieds.  (Mén.).  Surtout  pour 
les  goujons. 

Et.  —  D'un  radie,  lat.  qui  se  trouve  dans  Fullo, 
foulon,  et  Fulcire,  appuyer. 

Fouiyard  (Lg.),  adj.  q.  —  Fuyard. 

Fouler  (Mj.),  v.  a.  —  Foulé  de  monde.  Ex.  : 
C'était  pas  foulé  de  monde,  —  il  n'y  avait  pas 
foule.  Il  i^'ow/éd'ôvrage,  —  accablé  de  besogne. 
Il  Ein  pas  (enjambée)  foulé,  l'autre  mou,  — 
sans  se  presser.  Ex.  :  Le  velà  qui  s'en  veint 
là-bas,  ein  pa.s  foulé,  l'autre  mou.  |i  Sp.,  Lg.  — 
Fouler  qqn,  —  le  charger  devant  la  justice, 
apporter  contre  lui   des  témoignages  acca- 


blants. Il  V.  réL  —  Se  fouler  la  rate,  ou  sim- 
plement se  fouler,  se  la  fouler,  —  se  donner  de 
la  peine.  Ex.  :  1\  ne  se  foule  pas  la  rate,  il  se  la 
coule  douce.  Mj.,  By.  — Surcharger  d'imposi- 
tions, de  frais.  Ex.  :  Si  chacun  payait  son  dû, 
parsonne  ne  serait  foulé.  ||  By.  —  Fouler  des 
âchées,  —  les  faire  lever  ou  sortir  de  terre, 
en  foulant  la  terre  avec  les  pieds. 

Hist.  —  «  Et  en  la  F*rovince  ;  tempérant  les  diffé- 
rends qui  naissent  de  la  diversité  des  jugements 
précédents,  et  afin  que  personne  ne  soit  excessive- 
ment/ow/é.  (Coust.  (T Anj.,  t.  II,  col. 

V 


Canard. 

s.  f.  —  Foule,  multitude, 
d'importation  récente,  est  un 


Foulque  (By.). 

Foultitude  (Mj. 
Et.  —  Ce  mot, 
hybride  des  deux  mots  qu'il  synthétise. 

Foupir  V.  a.  —  Chiffonner,  froisser,  en 
parlant  d'étoffes,  de  papier,  etc.  V.  Faupir, 
Fôp  ir. 

Et.  —  Fourpir,  dont  foupir  est  une  altération, 
de  l'anc.  fr.  Ferpe,  felpe,  qui  est  le  mot  actuel 
Fripe  (orig.  obsc).  Litt.  —  Hist.  :  «  Bonnetz 
foupiz,  —  bonnets  fripés.  »  (Rab.,  G.,  36.) 

Fouquet  (Auv.),  s.  m.  —  Ecureuil.  Syn.  de 
Chat-écureuil,  Chat  de  perche,  Ecuroil.  \\  Jeu 
qui  consiste  à  éteindre  avec  son  nez  un  flam- 
beau allumé.  —  Rabelais  en  parle  (G.,  I,  22, 
43),  —  et  La  Curne  en  donne  la  description. 

N.  —  Ce  nom  est  inconnu  à  Montjean  et  à  Sp. 
Par  un  jeu  de  mots  fréquent  dans  la  science  héral- 
dique, le  célèbre  surintendant  Fouquet  l'avait 
choisi  pour  emblème,  avec  cette  devise  :  Quô  non 
ascendam? 

Et.  —  Dimin.  de  Foulque,  nom  propre.  Cf. 
Martin,  Robin,  etc. 


La  bouche  ouverte. 
Lat.  furnus. 


Four  (Mj.,  By.),  s.  m. 

Syn.  de  Freu,  Fergane. 

Fourbi  (By.,  Sal.,  etc.),  s.  m.  —  L'avoir, 
le  bien,  ce  qu'on  possède.  Syn.  de  Bazar.  \\ 
Affaires  compliquées,  désagréables.  —  Bien 
faire  son  fourbi,  —  bien  tirer  son  épingle  du 
jeu.  V.  Forbi. 

Et.  —  «  Se  fourbir  se  dit  des  soldats  de  cavalerie 
cuirassiers,  p.  ex.,  qui  nettoient  leur  armure.  » 
Le  cuirassier  a  tant  par  jour  pour  se  nourrir,  se 
fourbir.  De  l'aha.  furban,  nettoyer. 

«  Vous  avez  tuit  bouche  à  court  ; 

«  Mais  l'on  vous  fait  d'avoir  gaiges  le  sourt. 

«  Et  si  n'avez  rien  pour  fourbir  vos  dens 

«  Fors  bouche  à  court,  sans  rien  mettre  dedans.  » 
(Eust.  Deschamps,  xv«  s.  —  Littké.) 
—  Piège,  malice,  dans  l'argot  du  peuple,  qui  ne 
sait  pourtant  pas  que  le  fourby  (le  Trompé)  était 
un  des  214  jeux  de  Gargantua.  Connaître  le  fourbi, 
être  malin.  (Delvau.)  —  Cf.  Polisson,  de  polir,  et 
Filou,  de  filer?  (Schel.) 

Fourbis  (Sal.),  s.  m.  —  Nettoyage.  De 
Fourbir.  V.  Fourbi. 

Fourcelle  (Seg".),  s.  f.  —  Avoir  la  fourcelle 
à  bas  ;  quand  on  a  mal  à  l'estomac,  on  relève 
la  fourcelle  avec  un  peigne  bénit.  (MÉx.)  V. 
BrtcJiet.  Ce  mot  est  mis  pour  fourchette. 

Fourcer  v.  n.  —  Frayer  (Le  Petit  Courrier 
du  20  fév.  1908,  2,  2). 


404 


FOURCHÉ  —  TOURNES 


Et.  Hist.  —  «  Fourcer  »,  v.  Frayer.  (Bouteiller, 
Somme  rurale,  p.  507  ;  Cotgrave).  «  Fource  »,  s. 
m.  et  f.  Frai,  action  de  frayer  :  «  Qu'aucuns  ne 
prennent  secquetaux  (poissons  secs)  du  fource 
de  l'année.  »  {Nouveau  Coutumier  général,  II,  p. 
150  a.) 

Les  trois  mères,  pour  le  peuple  édifier. 

Qui    mortes    sont,    est    Franchise    première  ; 

Raison  aussi,  pour  tout  fructifier  ; 

Et  Justice  est  auques  la  derrenière  ; 
Et  la  f  ourse  est  du  peuple  la  matière 
Que  l'en  destruit  pour  les  tenir  roit. 
(Eustache  Desch.\mps,  138  a.)  L.  C. 
Mais  d'où  vient  ce  mot?  Frayer  est  formé  du 
latin  Fricare,  frotter.  En  parlant  de  la  femelle  du 
poisson,  déposer  ses  œufs,  —  ce  qu'elle  fait  le  plus 
souvent  en  frottant  son  ventre  contre  le  sable,  les 
herbes,   pour  faciliter  l'émission.   En  parlant  du 
mâle,  féconder  les  œufs  en  passant  dessus. 

Il  était  téméraire  de  rattacher  directement 
Fourcer  à  Fricare,  frayer. 

Ce  vocable  était-il  une  corruption  de  Forcer,  des 
efforts  faits  pour  émettre  les  œufs?  C'était  pos- 
sible. 

J'aime  mieux  le  rattacher  à  Froisser,  —  vieux 
français  Frouesser,  Froissier,  Fruissier,  du  latin 
frictiare,  fréquentatif  de  fricare.  On  disait  : 
«  Frouesser  son  serment  »,  manquer  à  son  serment. 
{Ancien  Coutumier  de  Bretagne,  folio  86  a.) 
Rommain  queurent  à  la  rescousse  ; 
Qui  lance  porte,  tost  la  frousse. . . 

(Roman  de  Brut,  folio  91  d.) 
Cette  explication  par  F'rictiare  est  proposée, 
sous  réserves,  par  le  D""  A.  Bos.  «  Mais  cela  ne  rend 
pas  compte  de  ui  ou  oi  qui  appartiennent  à  ce 
verbe.  Les  deux  ss  paraissent  indiquer  st,  comme 
dans  Brosse  (bas-latin  brustia  ;  ancien  haut-alle- 
mand burst,  brusta  ;  allem.  moderne  Burste). 
V.  Effreuser,  où  les  mots  B.  L.  indiquent,  ce 
semble,  que  fruisser  ou  froisser  provient  du  lat. 
frustum,  morceau,  d'où,  barbarement,  frustare, 
mettre  en  morceaux  ;  heurter,  comprimer  brusque- 
ment :  friper  brusquement  (froisser  du  papier).  Le 
Dictionnaire  général  est  de  cet  avis. 

Fourché  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  fourche 
aj'ant  une  corne  très  longue,  droite  et  dans 
l'axe  du  manche,  et  une  autre  corne,  très 
courte,  oblique  à  la  première.  On  s'en  sert 
pour  porter  des  faix  de  fourrage.  Syn.  de 
Paufourche.  Lat.  Furca. 

Hist.  —  «  Lettre  du  fermier  de  Trêves,  portant 
plainte  au  supérieur  de  Cunaud,  de  la  mauvaise 
façon  dont  lui  a  été  servie,  l'année  précédente,  la 
redevance  d'une  pièce  de  bœuf  «  présentée  par  je 
ne  sçay  quel  gardeux  de  bois,  embrochée  dans  un 
fourchai/,  comme  pour  faire  la  curée  à  des  chiens.  » 
(1657.  Jnv.  Arch.,  G,  123,  1.)  —  Li  dous  fourcat 
fan  pas'  no  gibo.  —  Les  deux  araires  ne  font  pas 
une  inflexion.  (Mireille,  350,  3.)  Le  bâti  de  l'araire 
primitif  n'était  autre  qu'une  sorte  de  fourche  ou 
fourché. 

Fourcliée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  La  quantité 
de  foin,  de  paille,  de  fourrage  qu'on  peut 
porter  avec  une  fourche.  Syn.  de  Broquée. 

Fourche-ferrée,  s.  f.  —  Centaurée  noire 
(MÉx.). 

Fourchette  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  La  bifur- 
cation des  jamljes.  Syn.  de  Vézet,  Carrefour- 
Briion.  On  dit  aussi  Califourchetle.  \\  Marquer 
à  la  fourchette,  —  marquer  plus  qu'il  n'est  dû. 
(Vient,  je  pense,  de  ce  qu'avec  une  fourche,  à 


2  ou  à  4  dents,  on  marquerait  2  ou  4  fois  la 
somme  due  ;  comme  font  ces  élèves  qui 
écrivent  un  pensum  avec  deux  plumes).  |1 
Sorte  d'enjolivement  en  forme  de  fourchette 
sur  un  bas,  à  la  hauteur  de  la  cheville  du 
pied.  Il  Fourchette  du  père  Adam,  les  cinq 
doigts.  Il  Aux  cartes,  avoir  la  fourchette  — 
2  cartes,  telles  que  le  roi  et  le  valet,  qui  pren- 
dront forcément  la  dame  et  l'as,  ou  le  dix  de 
l'adversaire  jouant  le  premier. 

Fourchetter  (Mj.),  v.  n.  —  Manier  sa  four- 
chette. Ex.  :  Faut  savoir  de  fourchetter  pour 
aller  manger  de  la  grand  viande  avec  les 
monsieurs. 

Fourgailler,  v.  a.  —  Nettoyer  le  four  avec 
le  fourgon  (Mén.).  V.  Fergâilîer. 

Et.  —  Fourgon,  même  radie,  que  l'a.  v.  fourgier, 
fourger  (fouiller,  fourgonner)  ;  lat.  pop.,  foricare, 
tiré  de  forare.  (Darm.)  —  Prov.  :  La  pelle  se  moque 
du  fourgon.  Se  dit  de  deux  personnes  également 
ridicules  qui  se  moquent  l'une  de  l'autre,  sans 
valoir  mieux  qu'elle. 

Fourgancer  (Tlm.),  v.  n.  —  Nettoyer  dans 
une  maison,  faire  le  nettoyage.  Syn.  de  Fer- 
gancer,  Fertoirer. 

Fourgane,  s.  f.  —  V.  Forgane. 

Fourme  (Auv.,  Mo.),  s.  f.  —  Tas  de  fumier- 
Corr.  du  fr.  Forme,  fosse  à  fumier.  —  V- 
Frome,  Forme. 

Et.  —  Fumarium?  pour  Fimarium.  —  Ou  plu- 
tôt doublet  de  Forme,  motte  de  beurre.  La  fourme 
est  une  motte  de  fumier.  Lat.  Forma. 


Four  ment,  s.  m. 


Froment. 


Fournâilier  (Mj.),  v.  n.  —  Activer  le  feu, 
surtout  dans  un  four  ;  tisonner.  Syn.  de  Fer- 
gâilîer. 

Et.  —  Du  fr.  Four,  et  mieux  du  lat.  Furnus. 
Cf.  Dormâiller,  Tournailler. 

Hist.  —  «  La  contrainte  de  foumoyer  à  aucun 
four,  dépend  des  droits  de  basse  juridiction.  » 
(Coût,  du  Poitou,  t.  I,  149,  46.) 

Fourneille  (Lg.),  s.  f.  —  Fagot  de  menues 
branches,  bourrée.  Syn.  et  d.  de  Fournille,  S. 
de  Râchage,  Serpage.  Cf.  Feille,  Cheveille. 

Fournelier  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Chaufour- 
nier. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Fourneau,  a,  f.  Fournel.  — 
N.  P.-è.  faut-il  distinguer  le  fournelier,  ouvrier 
préparant  le  bois  ou  fournil  qu'on  met  dans  le 
fourneau  pour  faire  la  chaux,  du  Chaufournier, 
fabricant  de  chaux.  (Mén.)  —  V.  Fournil.  — 
Ménière  a  raison  et  tort.  Le  fournelier  est  bien 
l'ouvrier  chaufournier,  et  le  patron  s'appelle  de  ce 
dernier  nom,  jamais  fournelier.  Mais  celui-ci  ne 
prépare  pas  la  fournille,  vu  que  l'on  chauffe  exclu- 
sivement au  charbon  de  terre.  Il  l'a  peut-être  pré- 
parée autrefois,  il  y  a  deux  siècles.  D'après  M.  Port, 
c'est  un  Clémanceau  de  la  Lande  qui  le  premier, 
à  Mj.,  chauffa  à  la  houille  les  fours  à  chaux,  au 
xviir=  s.  —  En  tout  cas,  il  est  inutile  de  faire  inter- 
venir Fournille  pour  expliquer  Fournelier,  qui  est 
le  dérivé  direct  et  régulier  du  vx  fr.  Fournel.  || 
Sal.  —  Spécialement  celui  qui  tire  la  chaux  à  la 
goule  du  four. 

Fournes  (Sal.),  s.  f.  —  Feuilles  de  pommes 
de  terre.  Syn.  Fonces,  Chavoil,  Chahouet. 


FOURNIL  —  FOUTEAU 


405 


Fournil,  s.  m.  —  Fagot  d'épines  destiné  à 
chauffer  le  four.  S'emploie  aux  deux  genres 
dit  Mén.,  mais  au  fém.  il  doit  prendre  la 
forme  Foumille. 

Et.  —  De  four,  par  l'anc.  forme  forn  ou  fourn.  — 
D.  C.  cite  :  fornilia,  fournilles.  V.  Foumelier. 

Foiirnille  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  s.  f.  —  Bourrées, 
bois  propre  à  chauffer  le  four  ;  fagot  de  brin- 
dilles, de  ronces,  d'aubépines,  etc.  V.  Fournil, 
Fourneille. 

Hist.  —  «  Le  feu  fut  mis  avec  une  quenouille 
d'honneur  aux  fagots  de  foumille  qui  garnissaient 
le  haut  mai  planté  au  bord  de  la  route.  »  (Semaine 
Belig.  d'Ang.,  42'=  an.,  n»  43,  p.  1162,  mil.) 

Fourniiler  (Segr.),  v.  a.  —  Heurter,  Fureter 

(MÉN.). 

Fourniments  (Sp.),  s.  m.  plur.  —  Les 
quantités  de  marchandises  qui  complètent 
les  unités  commerciales  usuelles.  Ainsi  il  est 
d'usage  de  livrer  105  fagots  au  cent,  105 
livres  de  foin  au  cent,  soit  21  pour  20.  Cette 
quantité  de  21  est  ce  qu'on  appelle  à  Mont- 
jean  Fourniture.  A  Sp.,  les  livres  ou  unités 
quelconques  complémentaires  sont  les  Four- 
niments. —  Œufs,  13  pour  12.  (Jadis,  peut- 
être  ;  mais  pas  de  nos  jours  !)  —  V.  Fournir. 
—  By.,  id. 

Fournir  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Egaler  de 
vitesse  dans  l'exécution  d'un  ouvrage.  Ex.  : 
Je  ne  pouvais  le  fournir  à  motiver.  ||  v.  n.  — 
Avancer,  aller  assez  vite  en  besogne.  Ex.  :  Je 
ne  sarais  fournir  à  ramasser  les  prennes.  Syn. 
de  Avanger.  By.,  id.  \\  Mj.  —  Fournir  à,  — 
fournir  de.  Ex.  :  Je  ne  sais  pas  qui  pourrait 
fournir  à  la  monnaie.  ||  Mj.,  Lg.,  v.  n.  — 
Abonder,  foisonner,  donner  un  rendement 
abondant.  Syn.  de  Sucéier,  Soucéier.  Faire 
du  souc.ès,  Repondre,  Ranger.  ||  Au  sens,  ci- 
dessus,  de  Avancer  (Y'peux  pas  fournir  à  le 
tenir  propre,  ceté  sapré  lucifar-là)  on  dit  pro- 
verbialement au  Lg.  :  Il  est  comme  la  misère, 
il  fournit  partout. 

Et.  —  Germ.  frunjan,  devenu  :  fromir,  formir, 
fornir,  fournir.  (Daem. ) 

Fourniture  (Lue).  V.  Molle  (Mj.,  Lg.). 
Nombre  de  21  objets.  C'est  une  unité  souvent 
employée  dans  le  commerce  local.  V.  Four- 
miments.  Fourniture  de  chaux,  21  barriques, 
soit  52,5  ou  47,25,  ou  même  42  hcctol., 
selon  les  localités  où  la  chaux  est  li\Tée. 

Hist.  —  «  La  fourniture  se  compose  de  22  pipes 
de  42  boisseaux  chaque.  »  (Anj.  Hist.,  5*=  an.,  n°  5, 
p.  507.) 

Fournoyer,  v.  a.  —  Faire  cuire  une  fournée 
de  pain  au  four  (MÉx.).  V.  Fournâiller. 

Fourraîjère  (Sp.),  s.  L  —  Partie  mobile  que 
l'on  fixe  au  rebord  supérieur  des  ridelles 
d'une  charrette,  et  au-dessus  des  roues, 
quand  on  veut  y  charger  du  foin.  1|  (Lg.).  — 
Claies  mobiles  placées  à  l'avant  et  à  l'arrière 
d'une  charrette. 

Et.  —  Feurre,  foere,  foure,  —  paille,  qui  avait 
donné  fourrer,  d'où  fourrage. 


Fourt!  —  Interj.  pour  chasser,  un  chat,  un 
chien.  —  De  l'ail.  Fort  !  Souvenir  de  1814.  — 
Cf.  le  lat.  Foras,  par  curiosité.  —  Simple 
onomatopée.  Cf.  Foute-foute. 

Fousquenette  (Tlm.),  s.  f.  —  Colère  subite 
et  brève.  Syn.  de  Foucade,  Foute-foute, 
Foutillon,  Vezon,  Rondon.  V.  Fusseguené. 

Fousse  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Fosse.  V. 
Foussê.  Il  Chpt.  —  Réservoir  au  milieu  d'un 
grand  jardin. 

Hist.  —   «  Et  pensoient  qu'on  les  eust  mis  en 
quelque  basse  fousse  des  prisons.  »  (Rab.,  G.,  i,  38.) 
—   «  Icy  davant,  en  ceste  large  fousse, 
«  Gist  le  mortel,  ennemy  de  famine, 
«  Qu'on  appelloit  maistre  Jehan  Malesfousse.  » 
(G.-C.  Bûcher,  282,  p.  255.) 
—   «  Veux-tu  sçavoir  ou  sera  mon  tombeau 
«  Apres  ma  mort?  non  point  en  terre  doulce, 
«  Non  point  en  l'air,  encores  moins  en  l'eau, 
«  Mais  je  feray  en  tes  membres  ma  fosse.  » 
(/f/.,  114,  p.  149.  —  Fosse  rime  avec  doulce.) 

Fousse  (Lue,  Lg.,  Mj.,  By.,)  s.  m.  —  Il  V. 
Clous. 

Hist.  —  «  Thibaud  de  Mathefelon  et  de  Durtal 
désavoue  ses  sergents  qui  ont  pris  «  dedenz  la 
cloison  des  murs  et  des  faussez  dou  priorre  de  Goiz 
(Gouis)  des  chevaus,  qui  estoient  à  l'abé.  «  (1282. 
Inv.  Arch.,  H,  I,  p.  54,  col.  2.)  —  «  Fortiffîer  son 
dit  prieuré  et  y  faire  muralles  crénelées  et  autres 
barbecanes,  pons  levis  et  faussez.  »  (1437.  —  Id., 
ibid.,  p.  37,  col.  2.)  —  «  Lui  donne  congé  et  licence 
de  fortifier  et  remparer  sa  maison  des  Noyers- 
Ourceau  «  de  murs,  tours,  faussés,  portes,  pons 
leveys. . .  »  (1445.  —  Id.,  G,  185,  2.)  —  «  Sépulture 
dans  l'église  (Saint-Aignan)  «  d'un  cappitaine 
nommé  Le  Fresne,  lequel...  estoit  tombé  dedans 
les  faussez  du  chasteau.  »  (1585.  Id.,  S,  E,  sup.  A, 
55,  l,b.) 

Fousset°  (Lg.,  Sal.),  s.  m.  —  Fausset,  che- 
ville de  bois  qui  bouche  le  trou  percé  au  cul 
d'une  barrique.  Ij  Sorte  de  clef  en  bois  pour 
tirer  le  vin. 

Fousscyeur  (Mj.),  s.  m.  —  Fossoyeur. 

Hist.  —  «  Si  premièrement  ils  n'avoient  en  leurs 
propres  pastifz  fuussoyé  et  bêché.  »  (Rab.,  P., 
III,  5,  224.) 

Foutaise  (Sp.,  By.),  s.  f.  —  Chose  sans 
importance.  «  T'as  pardu  cent  sous?  Eine 
belle  foutaise  f  >>  Syn.  Chiée. 

Foutant  (Mj.,  By.),  adj.  verb.  —  Ennuyant, 
vexant,  embêtant.  — Syn.  de  Chiant,  Fichant, 
Foutimassant. 

Hist.  —  «  Ce  fut  le  mot  de  Pierrerit  lorsqu'il 
apprit  le  rejet  de  son  pourvoi  :  C'est  foulant  de 
mourir  lorsqu'on  a  amassé  tant  de  bien,  dit-il. 
(V.  Le  drame  du  Moulin  d'  Yvray,  par  L.  BÉCHET, 
in  fine.) 

Foutard,  e  (Mj.),  adj.  q.  —  Moqueur.  Syn. 
de  Moquard,  Fouteur,  Moqueret. 

Fouteau  (Bg.,  By.),  s.  m.  —  Hêtre.  —  Ce 
mot  est  français.  —  Cité  pour  la  note  de 
Ménage. 

N.  —  «  Les  Parisiens  et  les  Normands  croiraient 
«dire  une  ordure  en  disant  fouteau.  Je  rapporteray 
ici,  à  ce  propos,  un  conte  que  fait  Mont.vgne  tou- 
chant à  cette  obcénité  prétandue.  l\  est  plaisant. 


406 


FOUTE-FOUTE  —  FOUTRE 


Le  voicy  :  «  Nous  dressons  les  filles,  dès  l'enfance, 
aux  entremises  de  l'amour.  Leur  grâce,  leur  attifure 
leur  science,  leur  parole,  toute  leur  instruction  ne 
regarde  qu'à  ce  but.  Leurs  gouvernante.^  ne  leur 
impriment  autre  chose  que  le  visage  de  l'amour  : 
ne  fust  qu'en  le  leur  représentant  continuellement 
pour  les  en  dégouster.  Ma  fille  ;  c'est  tout  ce  que 
j'ay  d'enfans  ;  est  en  âge  auxquelles  les  Loix 
excusent  les  plus  échaufïées  de  se  marier.  Elle  est 
d'une  complexion  tardive,  mince  et  molle  ;  et  a  été 
par  sa  mère  élevée  demesme  :  d'une  forme  retirée 
et  particulière  ;  si  qu'elle  ne  commence  encore 
qu'à  se  desniaiser  de  la  naïveté  de  l'enfance.  Elle 
lisoit  un  livre  François  devant  moy.  Le  mot  de 
Fouteau  s'y  rencontra  :  nom  d'un  arbre  connu.  La 
femme  qu'elle  a  pour  sa  conduite,  l'arresta  tout 
court  un  peu  rudement  :  et  la  fist  passer  par 
dessus  ce  mauvais  pas.  Je  la  laissay  faire,  pour  ne 
troubler  leurs  reigles  :  car  je  ne  m'empesche  aucune- 
ment de  ce  gouvernement.  La  police  féminime  a 
un  train  mystérieux.  Il  faut  le  leur  quitter.  Mais, 
si  je  ne  me  tromi)e,  le  commerce  de  vint  laquais 
n'eust  su  imprimer  en  sa  fantaisie,  de  six  mois, 
l'intelligence  et  usage,  et  toutes  les  conséquences  du 
son  de  ces  syllabes  scélérates,  comme  fist  cette 
bonne  vieille  par  sa  réprimande  et  son  interdic- 
tion. »  (Mont.,  IO,  ch.  v.) 

Et.  —  «  Le  fagitellus,  de  Littré,  est  inadmis- 
sible ;  mieux  vaut,  avec  Diez,  voir  dans  Fouteau 
une  variété  de  forme,  avec  t  intercalaire,  du 
rouchi  joiau  (fagellus  *).  A  l'appui  de  cette  expli- 
cation, on  peut  citer  le  norm.  Foutille,  faîne. 
Pour  l'emploi  du  t  dans  un  but  de  dérivation,  cf. 
Cloutier,  de  clou  ;  Feutier,  de  feu.  »  (Schel.)  — 
«  La  furie  des  vipères  expire  par  l'attouchement 
d'un  rameau  de  fouteau.  »  (Rab.,  P.,  iv,  62.) 
«  Or,  puisqu'il  faut  chanter,  allon  sous  le  feuillage 
«  De  ce  large  fouteau  qui  rend  si  doux  ombrage.  » 

(Rémy  Belleaxj.  —  Berg.,  V^  journ.,  t.  L) 

Foute-îoute  (^Ij.),  s.  m.  —  Virevouste, 
mouvement  désordonné.  ||  En  îoniQ-foute,  — 
en  colère.  —  Onomat.  —  Syn.  de  Veznn,  Pké- 
jiiou.  Fantaisie,  Fenoutllon,  Fousquenette,  Fus- 
seguené. ,  Foutillon ,  Rondon.  —  ||  Exclam, 
employée  pour  mettre  en  fuite  un  chat. 

Fouleur  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  — ^Moqueur. 
On  dit  aussi  Foulard,  comme  on  dit  Moquard. 

Voir  une  citation  de  Rabelais,  par  trop  gau- 
loise. [P.,  V,  29,  546.) 

Foutillon  (Sal.),  s.  m.  —  Etre  en  -foutillon, 
de  mauvaise  humeur,  jeter  tout  par  les  places. 

Foutimassant  (Mj.),  adj.  q.  —  Tout  à  fait 
vexant.  Ex.  :  Si  c'est  pas  foutimassant  de 
voir  son  pouvre  fait  se  pardre  sans  être  en  le 
cas  d'en  empêcher.  —  Fichumassant.  —  Syn. 
de  Foutant. 

Foutimasser  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Faire  peu 
de  travail  et  le  mal  faire  ;  mettre  en  désordre, 
s'occuper  de  riens,  dire  des  niaiseries.  <(  Que 
fouiimasses-iw  là?  »  (Dott.)  !|  Hist.  —  Après 
beaucoup  de  telles  foutimasseries  capitulaires, 
il  fut  résolu...  »  (B.  de  Verville.  M.  de 
parc.) 

Foutre  (Partout).  —  Avant  d'expliquer  ce 
mot  je  demande  à  nos  lecteurs  de  lire  la  note 
suivante  de  Génin  {Récréations  philologiques, 
t.  II,  p.  153). 

N.  —  GÉNiN,  mis  au  défi  d'expliquer  ce  mot,  de 


mauvaise   compagnie,   répliqua   :    a   Et  pourquoi 
non?   La  science   purifie   tout  ce  qu'elle   touche. 
Est-ce  qu'il  y  a  des  obcénités  dans  la  médecine  et 
l'anatomie?. . .   C'est  le  but  qui  décide  de  tout. 
Si   vous   vous  adressez   aux  sens,  l'expression  la 
plus   innocente   devient   incendiaire.    Si   vous   ne 
voulez   parler  qu'à  la  raison,   à  l'intelligence,  la 
pureté  de  l'intention  calme  et  refroidit  la  matière, 
et  des  hauteurs  de  la  philosophie  il  n'est  de  détail 
qu'on  ne  puisse  examiner  sans  péril  de  souillure. . . 
(je  résume  la  suite.  A.  V.)  —  Le  mot  Foutu  est  de  la 
même  famille  que  féal  et  féauté.  Au  mot  Fidelitas, 
D.  C.  dit  que  fouté  s'employait  pour  signifier  la  foi 
jurée,  le  serment  prêté  au  suzerain.  De  là  le  mot 
foutu,  pour  désigner  celui  qui  avait  trahi  ce  ser- 
ment.  Ce  mot,   devenu,   par  longueur  de   temps, 
banal  et  vague,  était,  dans  l'origine,  une  injure 
précise  et  la  plus  sanglante  de  toutes.  «  Cela  devait 
être,  puisque  tout  l'édifice  féodal  reposait  sur  le 
principe  de  la  foi  réciproque  entre  le  vassal  et  le 
suzerain.    »   Nous   trouvons   dans   des   lettres   de 
grâce  de  1416  :  «  Berthelemy  Gentil  dist  de  Mau- 
giron   d'Estissac  qu'il   estoit  un  faulx,   mauvais, 
traistre  et  faitif  et  foutu  chevalier.    »  (D.  C.  V° 
fidelitas.)  . .  .On  finit  par  dire  :  un /om«m  savetier,  un 
foulu  gredin,  sans  y  ajouter  d'autre  idée  que  celle 
de  l'abjection  et  du  mépris...    «  Une  équivoque 
accrut  encore  cette  énergie  et  contribua  au  succès 
de   l'expression.    Cet    adj.,    issu    du   subst,   foulé, 
était,  pour  la  forme,  identique  au  part,  passé  d'un 
vx  V.  fr.  formé  du  lat.  futuere  (qui  a,  en  effet,  un 
sens  obscène),  mais  qui  n'a  rien  à  voir  dans  ces 
locut.  :  un  foutu  soldat,  il  a  foutu  le  camp  ;  c.-à-d., 
c'est  un  soldat  parjure,  il  a  trahi  le  camp,  il  a 
déserté.    D'où   :   Fous-moi  le  camp,  —  sauve-toi 
au  plus  vite,  honteusement,  comme  le  soldat  qui 
déserte...   Et,  malgré  l'erreur  où  l'on  est  sur  la 
véritable  racine,  le  peuple  a  maintenu  la  direction 
du  sens  originel.  Qu'est-ce  qu'un  Jean-Fowrre?  un 
débauché?  Nullement  ;  c'est  un  lâche,  tout  ce  qu'il 
y  a  de  plus  abject  dans  la  lâcheté,  un  homme  à 
foutre  (trahir)  le  camp,  s'il  était  soldat. . .  —  Tout 
ce  qui  précède  peut  se  résumer  en  cinq  mots  qui 
présentent  l'ordre  des  déductions  depuis  le  moyen 
âge  jusqu'à  nous  :  Foi,  —  parjure,  —  désertion,  — 
lâcheté,   —   mépris.    «   Un   malheureux  hasard   a 
voulu    que    l'identité    de    deux    formes,    dont   les 
racines  n'avaient  d'ailleurs  rien  de  commun,  ait 
fait  prendre  le  change  et,  par  suite  de  cette  confu- 
sion, répandu  sur  tout  un  groupe  de  locut.  excel- 
lentes une  odeur  de  grossièreté  désormais  indélé- 
bile.   »  —  Cf.  fieffé  ;  —  un  maraud  fieffé,  —  un 
fieffé  voleur,  —  une  coquette  fieffée.  —  L'Acadé- 
mie, en  repoussant  ces  mots  de  son  asyle.  s'est 
jointe   à  la  fortune,   pour  achever  d'accabler  la 
vertu  malheureuse  et  le  mérite  méconnu.    > 

Ce  mot,  quelle  qu'en  soit  l'origine,  est  trop 
employé  pour  qu'on  puisse  l'omettre  dans  ce 
glossaire. 

V.  a.  —  Coïter,  faire  l'amour.  ||  Jeter, 
lancer.  H  Foutre  sus  ou  par  la  goule,  la  gueule, 
—  battre,  rosser.  ||  Sp.  —  Foutre  par,  sus  le 
nez  à  qqn.  —  l'humilier.  ||  Foutre  à  l'air,  — 
Sp.  —  Jeter  dehors  un  objet  hors  d'usage.  !! 
!!  Sp.  —  Foutre  par  le  corps,  —  accorder  ino- 
pinément à  l'acheteur,  pour  le  prix  qu'il  vient 
de  promettre,  l'objet  marchandé.  Ex.  :  Il 
m'a  dit  30  écus  de  mon  gorin  ;  ma  feinte  je 
illi  ai  foutu  par  le  corps.  ||  Aller,  se  faire 
foutre,  —  aller  au  diable.  Ex.  :  Qu'il  aille  se 
faire  foutre.  \\  Envoyer  faire  foutre,  —  envoyer 
au  diable,  promener.  Syn.  de  Envoyer  din- 


FOUTREAU  —  FRAISIER 


407 


guer,  baigner,  paître.  ||  Se  foutre  dedans,  —  se 
tromper.  ||  Interj.  Diable  ! 

Hist. —  '(  Pompons  la  goutte, 

«  Pompons-la  souvent, 
«  Envoyant  faire  foute 
«  Ceux  q\ii  n'sont  pas  contents.   » 
(Refr.    popul.) 
—  Donnons  une  lettre  que  reçurent  Lombardel  et 
J(oseph)   Clémanceau   d'un   frère   de   celui-ci,   qui 
s'était  débaptisé  et  avait  pris  le  nom  romain  de 
Probus.  Probus  Clémanceau  écrit  donc,  le  30  dé- 
cembre 1793,  de  Montjean,  où  il  s'était  réfugié  : 
«  ...J'ai  eu  une  peur  bougre  que  ces  honorables 
messieurs  ne  vous  eussent  foutu  la  patte  sur  le 
corps.  »  {Anj.  Hist.,  i,  712,  29.)  En  note  :  «  Joseph 
Clémanceau  de  la  Lande,  né  à  Montjean,  membre 
de  la  Législative,  président  du  Comité  révolution- 
naire   de    Cholet,    membre    du    Conseil    des    Cinq 
Cents,  juge  de  paix  de  Saint-Florent-le-Vieil  sous 
l'empire,  mort  à  Mj.  en?  » 

Foutreau,  s.  m.  — •  C'est  le  jeu  de  bourrique 
à  Moutrelais  et  à  Saint-Pierre-Quiberon. 

N.  —  Je  cite  ce  mot  parce  que,  Montrelais 
étant  à  la  limite  même  de  l'Anjou,  il  est  probable 
qu'il  sera  usité  dans  qqs-unes  de  nos  communes 
voisines  de  la  Bretagne. 

Foiitreraent  (Mj.,  By.),  adv.  —  Diable- 
ment, terriblement,  extraordinairement.  Ex.  : 
C'est  foutrement  difficile.  Syn.  de  Foutu/nent, 
Bougrement.  V.  Foutre. 

Foutu,  e  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Perdu 
sans  espoir.  Il  Capable.  Ex.  :  T'es  pas  foutu 
de  porter  ça.  ||  Se  joint  à  une  appellation 
injurieuse.  Ex.  :  C'est  ein  foutu  sot,  eine 
foutue  bête,  —  c'est  un  fieffé  sot,  une  fichue 
bête.  —  V.  Foutre.  \\  Lue.  — •  Terme  de  mépris 
et  sens  vulgaire.  ||  Mal  foutu,  —  dilTorme,  ou 
mal  portant.  ||  Foutu  comme  quatre  sous,  très 
mal  vêtu,  très  mal  fait. 

Hist.  —  «  As-tu  récité,  chaque  soir,  la  prière  que 
je  t'avais  indiquée?  —  Oui  !. . .  Mé  rin  n'y  fait  !. .  . 
Y  se  ine  homme  foutu.  »  (H.  Bourgeois,  Hist.  de  la 
Gr.  Guerre.)  —  Foutu  chevalier.  D.  C.  —  Parjure  à 
son  serment  de  fidélité.  (V°  Fidelitas.) 

Foutunient  (Mj.),  adv.  —  Diablement, 
.terriblement,  diantrement.  Ex.  :  Il  est  foutu- 
nient sot.  Syn.  de  Foutrement,  Bougrement, 
Fichument. 

Fouyer  (Lé.,  Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Foyer, 
âtre.  i  Chpt.  —  Foyers  d'un  puits,  —  les 
deux  jambages  en  maçonnerie  qui  avancent 
de  part  et  d'autre  de  l'ouverture  et  sur  les- 
quels on  dispose  les  seaux.  —  Lat.  Focarium. 

Fracfur»'  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Bris,  effraction. 
Ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Faire  fracture, 
faire  effraction  ;  casser,  briser  qqch.  —  C'est 
le  mot  français,  avec  extension. 

Et.  —  Lat.  Frangera,  fractum,  fractura. 

Fragile  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  De  santé 
chancelante.  ||  Lg.  —  Incertain,  changeant, 
en  parlant  du  temps.  —  C'est  le  fr.  pris  au 
fîg.  et  dans  un  sens  spécial. 

Prâgne  (Lg.),  s.  m.  —  Frêne.  Forme  très 
vieillie.  Aujourd'hui  on  dit  Frêgne.  Cf. 
Châgne.  Lat.  fraxinus. 


Frâgner  (Mj.),  v.  a.  —  Frôler,  frotter  légè- 
rement, érafler.  ||  v.  réf.  —  Se  frotter,  se 
gratter.  —  Corr.  du  fr.  Frôler.  Cf.  Tirâgner, 
pour  tirailler. 

N.  —  L'I  s'est  mouillé  d'abord,  puis  a  passé  à 
i  articulation  gn.  Le  changement  de  ô  long  en 
â  long  et  lourd  n'infirme  pas  cette  explication. 

Fragonelie  (Lg.),  s.  f.  —  Fragon,  petit 
houx.  Syn.  de  Fergonnière,  Fringounelle, 
Hudin.  —  La  forme  la  plus  anc.  est  Fregon. 

Fraîcheur  (Mj.),  s.  f.  —  A  la  fraîcheur,  — 
quand  il  fait  frais,  le  soir.  Ex.  :  Je  nous  sommes 
en  venus  à  la  fraîcheur.  By.,  id.  —  Au  plur. 
Des  fraîcheurs,  —  un  chaud  et  froid.  Ex.  :  Il 
a  attrapé  des  fraîcheurs. 

Et.  —  Frais.  De  l'aha.  frise  ;  am.  frisch. 

Fraîchun  (Mj.),  s.  m.  —  Fumet  particulier 
des  tripes  fraîches.  —  Jaub.  Fraîchin. 

Cf.  «  Sus  la  fruchais  que  trelimo.  »  —  (Sur  les 
viscères  palpitants.  —  Mireille,  246,  2.) 

Fraide  (By.),  adj.  q.  —  Froide.  —  V.  Fred, 
Fret. 

Fraillcr,  v.  a.  —  Frotter  en  se  salissant,  sa 
robe  (Mg.).  Mén. 

Et.  —  Fraier,  froier,  froër,  frier,  —  frotter.  Lat> 
Fricare. 

Frairies  (Cho.,  Mg.),  s.  f.  —  S'emploie  sur- 
tout au  plur.  —  Fête  patronale.  Kermesse, 
Assemblée.  —  Vogue.  —  Syn.  Prévail, 
Préveil,  Pervail  ou  Patinons. 

Et.  —  C'est  le  mot  fr.,  par  ext.  —  B.  L.  Fratria, 
collège,  corporation  (en  grec  :  phratria,  tribu), 
même  rad.  que  frater,  frère.  Le  sens  propre  est  : 
assemblée  ;  de  là  :  fête,  gala.  —  Fête,  régal.  De  là- 
en  parlant  de  qqn  dont  les  doigts  sont  gras  et  mal- 
propres :  «  Les  doigts  comme  landiers  de  frarie.  » 
(Rab.,  IV,  134.)  L.  C.  —  «  Un  loup  étant  de  frairie. 
(La  Fontaine.)  —  «  Si  gens  d'Eglise,  Frairies 
(confréries),  communautez,  ou  autres  Mains- 
mortes,  acquièrent...  »  (Coût.  d'Anf.,  art.  131, 
p.  91.)  —  «  L'assemblée  du  village.  Ce  sont  les 
mêmes  types...  dans  le  décor  d'une  ballade  ou 
frairie.  »  {La  Trad.,  p.  58,  1.  41.)  —  «  Les  assem- 
blées, prévails,  frairies,  bachelleries,  ballades  (car 
elles  portent,  en  Poitou  et  en  Angoumois,  ces 
noms  variés)  représentent...  »  (Id.,  p.  328, 
1.  17.) 

Frais,  fraîclie  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Fig.  En 
bol  état.  Dans  ce  sens,  il  ne  s'emploie  qu'iro- 
niquement ou  avec  la  négation.  Ex.  :  Eh  ! 
bien,  te  velà  frais  !  —  dans  de  beaux  draps. 
—  Je  ne  te  vois  pas  frais  !  —  |i  Frais  comme 
ein  petit  gardon.  j|  Ironiquement.  Il  est  frais 
le  coco  !  Il  II  est  frais  comme  ein  petit  cochon 
qui  a  la  teigne.  ||  Adverbialement  ;  —  nou- 
vellement, récemment.  Ex.  :  Frais  fait,  frais 
arrivé,  frais  pont  (pondu),  frais  éclous. 

Fraisenne,  s.  f.  —  Pour  Freselle.  V.  Fais- 
selle. 

Fraisier  (Mj.),  s.  m.  —  Potentille  ou  Quin- 
tefeuille.  N.  Cette  rosacée  est,  en  effet,  très 
voisine  du  fraisier. 

Et.  —  Fragum,  par  l'intermédiaire  d'un  type 
Fragea. 


408 


FRAISIER-SAUVAGE  —  PRÊCHE 


Fraisier-sauvage  (Sp.),  s.  m.  —  Potentille. 
V.  Fraisier.  —  Potentilla  fragaria. 

Fraissure,  s.  f.  —  «  La  jraissure  est  en 
Vendée  un  mets  fort  goûté,  fait  avec  le  sang 
du  porc  fraîchement  tué.  (Reçue  de  V Anjou, 
t.  XXXXIX,  p.  228.)  \.  F.  Lore,  xii,  et 
Fressure,  plus  loin. 

Frait.  —  Pour  :  froid.  V.  Fret,  fred. 

Franiinous,  s.  m.  —  Frères  mineurs. 

Hist.  —  i(  Frères  mineurs,  fratres  minores.  » 
(Lettre  de  René  d'Anjol',  20  juin  1453.)  Anj. 
Hist.,  28  an.,  n»  4,  janv.  1902,  p.  370,  note.  — 
Frères  menus.  Les  Frères  Mineurs  ou  Cordeliers  ; 
d'où,  par  corr.,  on  les  appelle,  en  Languedoc, 
«  Lous  Framenous  ».  —  Mehun,  au  Codicille,  dit  : 
«  J'ay  mes  petits  enfants,  à  qui  ie  suis  tenus 
«  Plus  qu'aux  poures  Estrangiers  ne  qu'aux 
Freres-Menus.  (Borel. ) 

Franc,  clie  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Brave. 
Deux  hommes  qui  se  provoquent  ne  manquent 
pas  de  s'adresser  ce  défi  :  Avance  donc  si  t'es 
franc.  ||  Sain,  non  pourri.  On  dit  ironique- 
ment de  qqn  qui  manque  de  franchise,  de 
loyauté  ou  de  courage  :  11  est  franc  comme 
eine  poume  pourrie.  ;î  Franc  du  collier,  —  se 
dit  d'un  cheval  de  trait  plein  de  feu  et  qui 
tire  sans  plaindre  ses  efforts.  ||  S'emploie 
adverbialement  devant  certains  adj.  dans  le 
sens  de  :  très,  fort,  tout  à  fait.  Ex.  :  C'est 
franc  bon,  franc  beau,  franc  usé.  —  Bien 
qu'adverbe,  il  s'accorde  avec  l'adjectif  ou  le 
partie.  Ex.  :  Velà  eine  culotte  qu'est  franche 
usée.  V.  Fin,  Raide,  Vrai,  Fini,  Parfait.  — 
On  dit  :  Franc-io\\Q  ou  Franche-ioWQ. 

Français,  e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Franc, 
loyal,  probe.  [|  Sp.  —  Brave,  hardi.  —  Le 
mot  fr.  a  un  sens  un  peu  diiïérent.  ||  Pour 
François.  —  Bords  de  la  Loire  (AIén.,  By.). 

Francliipane  s.  f.  —  Frangipane. 

Francine.  Prénom  ;  Françoise. 

Francormier,  s.  m.  —  Vulg.  Aigremoine 
Empotoire  (Mén.).  —  Aigremoine  eupatoire. 
Bâtard. 

Frandouiller  (Segr.),  v.  a.  —  Rincer  une 
barrique.  (MÉx.). 

Franger  (By.),  v.  a.  —  Réduire  le  bas  de 
sa  robe  à  l'état  de  frange.  Syn.  Effranger. 

Et.  —  Frange.  Du  lat.  fimbria,  par  transpos.  de 
l'r,  frimbia,  où  bi  se  change  en  g  doux  (cf.  Plonger), 
comme  mi  se  ctiange  en  g  doux  :  simius,  singe.  — 
On  a  dit  :  frianger. 

Frangin  (Mj.),  s.  m.  Frère.  —  Mot  d'argot 
assez  usité. 

Frapialasse  (Segr.),  s.  î.  —  Grand  nombre. 
Cette  femme  a  une  frapialasse  d'enfants. 
(MÉx.). 

Frappage  (Tr.),  s.  m.  —  Travail  particulier 
des    ouvriers    d'à-bas    dans    les    ardoisières. 

(MÉN.) 

Frapper  (Mj.),  v.  a.  —  Dans  la  langue  des 
mariniers  :  fixer,  assujettir  très  solidement 
un  cordage. 


Frappette  (Bss.),  s.  f.  —  Sorte  de  chasse 
nocturne  aux  oiseaux.  —  N.  Je  n'ai  pas  de 
détails  sur  la  manière  dont  elle  se  pratique, 
mais  tout  semble  indiquer  que  c'est  la  même 
que  la  Tapette  de  Saint-Paul. 

Frappeur-devant  (Mj.,  Lg.,  Spb.),  s.  m.  — 
Aide  d'un  forgeron. 

Fraquedale  (Mj.),  adv.  —  Bredi-breda, 
dare-dare,  brusquement. 

Frase,  s.  f.  —  Fraise.  Corr.  du  fr.  Lat.  pop. 
Frasa,  tiré  de  :  frasum,  pour  fragum. 
Frâsier  (Sp.),  s.  m.  —  Fraisier.  V.  Frase. 

Frâsil    (Br.,    By.,   Mj.),   s,    m.   —   Fraisil, 

poussier*^  d'escarbilles. 

Et.  —  Fraisil,  pour  :  fraisil,  du  lat.  facem,  torche, 
tison.  Répond  à  un  type  du  lat.  pop.  :  facile,  î 
long. 

Fratres  (fratrèce)  —  (Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Barbier.  On  dit  :  Je  vais  chez  le  fratres. 

Et.  —  Vient  peut-être  des  anciens  moines  chi- 
rurgiens ;  garçon  chir.,  puis  :  chir.  ;  puis  :  barbier. 

Hist.  —  «  Par  mov  Denvs  Chenuau,  f  rater  chi- 
rurgien. »  (1678.  —  Ini.\irch.,  S,  E,  m,  369, 
2,b.) 

Frayant  (Mj.),  adj.  q.  —  Affriolant.  \\  Spr. 
—  Où  l'herbe  pousse  drue.  Se  dit  d'un  pré. 

Et.  —  Douteuse.  De  frai,  de  l'a.  v.  froier,  lat. 
fricare?  —  De  frire,  friand.  Proprement  :  qui 
grille  d'impatience?  Syn.  Gouleyant. 

Frayer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  S'unir  pour  la 

fécondation.  \e  se  dit  pas  que  des  poissons. 
V.  Loche.  !1  Frayer  avec,  —  hanter.  —  Lat. 
Fricare. 

Frayeur  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Xe  s'emploie 
guère  que  dans  la  loc.  :  Faire  frayeur,  —  faire 
peur.  Ex.  :  Ça  faisait  frayeur  de  voir  ça.  Cf. 
Faire  affre. 

Et.  —  Lat.  fragorem,  bruit  violent.  De  bonne 
heure  il  a  pris  le  sens  actuel,  par  confus,  avec  : 
esfreor,  dér.  de  :  esfréer.  (Dabm.  )  —  Littré  pro- 
pose :  frigorem  (de  frigidus,  froid),  frigdorem. 
Provenç.  esfreidar. 

Frayon  (Sp.),  s.  m.  —  Bande  de  fer  appli- 
quée latéralement  le  long  du  sep  d'une  char- 
rue, pour  la  garantir  de  l'usure.  —  Syn.  de 
Gorde. 

Et.  —  Pièce  de  bois  qui  forme  chapeau  sur  le 
gros  fer  d'un  moulin.  De  frayer,  —  frotter  contre  ; 
de  fricare,  qui  devait  former  :  frier.  —  Frion,  — 
au  sens  de  notre  patois.  (Litt.) 

Frâziller  (By.),  v.  a.  —  Frâziller,  le  feu. 
Le  défaire,  le  curer  pour  prendre  les  braises 
et  les  mettre  dans  la  chaufferette.  Cf.  Frâsil. 

Fréclie  (Auv.,  Pc,  By.),  s.  f.  —  Friche. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  et  rac.  de  Défréchir.  — 
Friche,  B.  L.  friscum,  fractitium,  champ  auquel  on 
a  donné  le  labour  pour  la  première  fois,  de  :  frac- 
tum,  brisé  ;  cela  a  pu  donner  :  friez  ou  fractis  ; 


Fre.  —  Syllabe  initiale  et  intercalaire  ;  inter- 
version de  :  fer,  dans  :  frenier,  renfretner,  etc.  C'est 
le  contraire  de  Fer,  pour  Fre< 


FRED  —  FRESSURE 


409 


mais   comment   friche   ou   frictum   en   ont-ils  pu 
naître?  —  Douteux. 

Fred,  Frède  (Mj.),  adj.  q.  Froid.  —  Lat. 
Frigidus. 

Hist.  —  «  Cellarium  quod  dicitur  Freide  Ecuelle... 
in  feodo  prioratus  eorum  de  Thorigne.  »  (1264.  — 
Im:  Arck.,  S,  H,  157,  l,bas.) 

Fred-au-cul  (Lg.),  s.  m.  —  Celui  qui 
manque  de  décision,  individu  pusillanime, 
surtout  en  affaires.  Ex.  :  Je  ne  veux  pas  illi 
vendre  mes  bœufs,  c'est  ein  vrai  fred-au-cul. 

Fredennes  (Do.),  s.  f.  —  Sorte  de  beignets 
creux.  On  découpe  la  pâte  avec  l'orifice  d'un 
verre,  par  ex.  pour  qu'elles  aient  toutes  la 
même  forme.  V.  Bottereau. 

Fredurier,  adj.  q.  —  Qui  est  trop  sensible 
au  froid.  Syn.  Èfferdillé,  Ferdeilloux. 

Frêgne  (Lg.),  s.  m.  —  Syn.  et  d.  de  Frâgne. 

Frégnelle  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  d'herbe  com- 
mune dans  les  prés  et  les  haies,  de  laquelle 
les  tiges  creuses  sont  employées  par  les  tisse- 
rands pour  y  envider  leurs  trames  ou  épelles. 

Freinnâs  (Les)  —  (By.),  n.  pr.  —  Les  Frê- 
naies ;  frein,  très  nasal  et  a  long. 

Fremer,  v.  a.  —  Fermer.  V.  la  Remarque  à 
Frémis  et  Fre  (en  note). 

Freiiii,-mis  (Mj.),  s.  f.  et  m.  —  Fourmi  par 
métathèse.  Cf.  Fromit,  Forma. 
Hist.  —  «  Plus  tost  en  un  tas  de  paille, 

«  Si  m'aïst  Dieu  et  Saint  Rémi, 
«   Trouveroit  un  oef  de  frémi.  " 

Rom.  de  la  Rose.  14872. 

Frénelle  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Flanelle. 
Doubl.  du  mot  fr.  Cf.  l'esp.  Franela,  même 
sens.  Il  Sorte  d'étofîe  de  drap  grossier  dont 
on  faisait  jadis  des  robes,  des  pantalons.  — 
C'est  le  mot  fr.,  mais  avec  un  sens  un  peu 
différent.  ||  By.  Reine  des  prés.  —  Spirœa 
ulmaria.  Bat.  Syn.  Ebaupin  de  rivière. 

Et.  —  Darm.  propose  l'angl.  flamel,  emprunté  du 
gallois  gwalen.  Cf.  Frégnelle.  Tout  simplement 
parce  que  les  feuilles  sont  découpées  comme  celles 
du  frêne,  ou  frêgne. 

Frénellier  (Mj.),  s.  m.  —  Tisserand  qui 
fabrique  de  la  frénelle.  N.  Cette  mdustrie  a 
aujourd'hui  disparu,  et  le  nom  n'est  plus 
qu'un  souvenir. 

Frépefte  (Mj.),  s.  f.  —  Jeune  lille  qui  fait 
trop  la  mijaurée  ;  petite  ouvrière  trop  pincée, 
trop  coquette.  Syn.  de  Pécusse,  Pince-fesses, 
Pince-cul. 

Et.  —  P.-ê.  de  Friquet,  —  un  galant,  un  amou- 
reux. Friquenelle  ou  Friquet  te,  "  jeune  coquette 
qui  suivait  la  cour  ».  (1560.  —  Borel.)  —  De  fri- 
quet, passereau,  moineau,  diminut.  de  frique,  gai, 
vif  ;  vx  fr.,  —  anglo-sax.  frec,  vif. 

Fréquenter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Courtiser, 
une  jeune  fille. 

Frère  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Frère  quatre  bras. 
Frère  de  la  Doctrine  chrétienne.  Ils  sont 
ainsi  nommés  à  cause  du  manteau  qui  fait 
partie  de  leur  uniforme,  et  dont  les  manches 


restent  toujours  flottantes,  jj  Lue.  —  Se  dit 
pour  Beau-frère  et  Sœur  pour  Belle-Sœur. 

Et.  —  Frater,  proprement  :  celui  qui  porte,  qui 
soutient  la  sœur,  du  rad.  bahr,  porter. 

Fresche,  s.  f.  —  Vieux  terme  de  droit  cou- 
tumier  que  l'on  retrouve  à  chaque  instant 
dans  les  anciens  actes  et  quittances, ainsi  que 
ses  dérivés  freschcur,  cofrescheur,  frerescheur, 
cofrerescheur. 

N.  —  Partout,  dans  les  actes  de  vendition  du 
xvnF  s.,  on  lit  que  l'acquéreur  devra  payer  les 
cens  et  devoirs  féodaux  et  seigneuriaux  «  en 
fresche  ou  hors  fresche».  Les  quittances  de  fermages 
qui  furent  délivrées  à  mon  quadrisaieu!  Mathurin 
Bastard  (V.  Trépas  de  Loire)  par  les  procureurs  de 
la  mense  épiscopale,  Mézeray,  Voisin,  Fleury,  pour 
la  ferme  de  Brodeau  qu'il  tenait  de  l'évèché  (1756 
à  1789)  portent  invariablement  la  mention  : 
«  Donc  quitte  sans  préjudice  de  la  solidité.  « 

Que  faut-il  entendre  par  ces  termes?  La  solidité, 
c'était  la  solidarité  entre  cofrescheurs  ou  fermiers  du 
même  domaine,  responsables  les  uns  pour  les 
autres.  La  fresche,  c'était  le  statut  même  des  co- 
frescheurs, ou  ce  mode  de  fermage  imposé  abusi- 
vement par  les  seigneurs  à  leurs  tenanciers  et  qui 
établissait  entre  ceux-ci  la  solidité  ou  responsa- 
bilité collective. 

Je  possède  un  «  Extrait  de  la  remambrance  de  la 
tenue  des  assises  de  la  chàtellenie  de  Champtocé 
en  1774  »,  qui  fixe  bien  le  sens  que  j'ai  donné.  Il  y 
est  dit  qu'à  ces  assises  (23  août)  «  a  comparu  sieur 
François  Trottier,  marchand  fermier,  demeurant 
au  bourg  et  paroisse  de  Montjean,  lequel  s'est 
avoué  sujet  censitaire  immédiat  de  cette  chàtel- 
lenie de  Champtocé  pour  raison  )i  de  divers  biens 
situés  en  l'île  Hazard  qu'il  avait  acquis  indivisé- 
ment avec  plusieurs  autres.  «  Pour  raison  de  quelles 
choses  ledit  sieur  Trottier  audit  nom  a  reconnu  et 
confessé  qu'il  est  dû  chacun  an  au  terme  de  Tous- 
saint à  la  recette  de  cette  cour  six  deniers  de  cens 
et  quatorze  livres  de  rente  foncière  annuelle  et 
perpétuelle  en  fresche  des  autres  cy-dessus  dénom- 
més propriétaires  du  surplus  de  ladite  Isle  Ha- 
zard. »  Ces  assises  avaient  été  tenues  par  Louis- 
François  Papin.  avocat  au  Parlement  de  Bretagne, 
sénéchal.  J'ajoute  que  ce  sieur  François  Trottier 
fut  mon  trisaïeul  dans  la  ligne  paternelle  et  qu'il 
fut  aussi  le  grand-père  de  M.  Trottier,  fondateur 
des  fameuses  forges  d'Hennebont,  où  une  rue 
porte  son  nom.  (R.  0.) 

Frescheurs.  —  Cohéritiers. 

Et.  —  Frerescheurs,  s.  m.  pi.  Cohéritiers,  copar- 
tageans.  Terme  coutumier  qui  subsiste  dans  qqs 
provinces.  On  trouve  :  «  partage  de  cohéritiers  et 
frarescheurs  »  dans  le  Coutum.  général.  (L.  C.)  — 
Frérâgeux.  —  Cofrerescheur,  dans  un  acte  de 
notaire  du  xvir»  s.,  au  Blanc.  (Jaub.)  —  Fraresche, 
freresche,  —  héritage  entre  frères,  —  fratrestica, 
fratraticum,  de  fratrem.  (D''  .\.  Bos.)  —  Fraterni- 
tas,  —  fratriogium,  frareschia,  —  frairescam,  — 
fraireschiam,  —  frarescheurs.  (D.  C.) 

Fressure  (Lg.,  Tlm.,  Sp.,  Sal.),  s.  f.  —  Pré- 
paration culinaire  qui  consiste  en  une  sorte 
de  bouillie  de  sang  et  de  graisse  de  porc 
mélangés  de  mie  de  pain,  dont  on  se  régale 
lorsqu'on  tue  le  noble.  On  la  cuit  longuement 
dans  un  vaste  chaudron  où  on  la  remue  sans 
cesse.  La  préparation  de  cet  amalgame  indi- 
geste est  une  fête  de  famille  ;  on  invite  les 
amis  à  y  assister  et  à  venir  brasser  la  fressure. 
' —  V;  au  Fôlk^Lore  un  très  curieux  article  de 


410 


FRET   —   FRICASSÉ 


M.  Ch.  Leroux-Cesbron-,  hymne  en  l'hon- 
neur de  ce  mets.  —  V.  Fraissure  et,  aux 
Récits,  la  Mort  du  gorin. 

Hist.  —  Les  viscères.  «  Il  fist.  mettre  un  orfèvre 
en  l'eschiele  à  Cezaire,  en  braies  et  en  chemise,  les 
boiaus  et  la  fressure  d'un  porc  en  tour  le  col.  » 
(JoiNv.,  §  685.)  —  Rabelais  cite  les  fressures 
parmi  les  mets  que  les  Gastrolâtres  offrent  à  leur 
dieu  Manduce.  (P.,  iv,  59.)  —  «  Depuis  le  matin, 
à  la  grande  cheminée  cuisait  la  fressure,  mets  gâti- 
nais  composé  de  sang,  de  chair,  de  pain  et  de  graisse 
bouillis  ensemble.  «  {La  Trad.,  p.  228,  1.  27.)  — 
On  dansait  aussi  quand  il  y  avait  réunion  pour 
brasser  la  fraissure.  »  (Deniau,  Hist.  de  la  T.,  i, 
58.) 

Fret'  (Mj.,  By.,  Sal.),  adj.  q.  et  s.  m.  et  f.  — 
Froid.  Lorsqu'on  l'emploie  comme  subst.  on 
le  fait  indifféremment  des  deux  genres.  Ex.  : 
Il  fait  eine  fret  à  matin  !  —  Y  fait  fretie  à 
nuit  ;  le  vent  est  haute  galarne.  —  Queune 
fret  qu'y  fait  !  —  Syn.  et  d.  de  Freud. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Froid,  avec  la  pronoc.  du  xvr-  s. 
et  la  finale  forte. 

Freteau,  s.  m.  —  Cercle  en  fer  ajouté  à  un 
maillet  pour  l'empêcher  de  se  fendre.  On 
prononce  foerteau.  Il  est  destiné  à  fendre  le 
reparton.  (Mén.).  —  Cf.  Forleau,  Ferquiau. 

Et.  —  Fretter  ;  garnir  d'une  frette,  p.-ê.  contract. 
de  ferrette,  petit  morceau  de  fer. 

Hist.  —  «  La  hanste  est  de  pumier/reZée, 

«  Ne  puet  brisier,  tant  est  bendée.  » 

(Partono;>ex,  v.  3007.  —  L.  C.) 

—  «  ...Et  estoit  cauchiés  d'un  housiax  et  d'un 
sollers  de  buef  frétés  de  tille  dusque  deseure  le 
genol.  »  (Il  était  chaussé  de  houseaux  et  de  souliers 
en  cuir  de  bœuf  garni  d'écorce  de  tilleul  jusqu'au- 
dessus  du  genou.  «  [Aucassin  et  Nirolette.) 

Frettoir  (Craon),  s.  m.  —  Herse.  Lat. 
Fractor  ? 

Freu  (Mj.),  s.  m.  —  Bouche  ouverte.  Ex.  : 
Il  ôvrait  ein  freu  à  illy  fourrer  ein  moyen 
sabot.  Syn.  de  Ganache,  Fergane,  Four.  Corr. 
de  Four. 

Freud"  (Te),  s.  m.  —  Froid.  Syn.  et  d.  de 
Fret,  Fred. 

Freuler  (Bg.,  By.),  v.  a.  —  Frôler.  ||  Segr. 

—  Se  dit  quand  qqn.  ne  sait  pas  commencer 
la  conversation.  (Mén.). 

Freulon,  Frûloii  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Frelon. 
Syn.  de  Bergot,  Burgol,  Breui/aud.  Cf.  Feuve, 
Orfeuve. 

Et.  —  Pour  :  frulon,  farion  ;  du  lat.  pop.  fur- 
lonem  (Isid.  dk  Séville),  qui  paraît  composé  de  : 
fur,  voleur,  nom  donné  au  frelon  dans  Varron,  et 
de  :  leonem,  lion.  (Cf.  Fourmi-lion,  et  cette  glose  du 
vin"  s.,  crabrones  :  furs  leones.)  Darm. 

Freyer  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Dans  la  langue 
des  mariniers,  laisser  filer  doucement  une 
amarre  enroulée  à  plusieurs  tours  sur  un  point 
d'attache  fixe,  en  retenant  à  la  main  l'extré- 
mité libre. 

Et.  —  P.-ê.  de  l'ail.  Freien,  libérer.  Serait-ce  le 
même  que  Frayer?  —  Fricare. 

Friand  (Ti.,  Zig.  153),  adj.  q.  —  V.  Frayant, 
Gouleyant.  Sert  de  superlat.  (Z.  153,  By.)  Il 


est  tout  friand  neuf,  —  Syn.  de  Tout  rouge 
neuL 

Et.  —  Partie,  pr.  de  frire.  —  Appliqué  aux  ama- 
teurs de  chère  fine  et  délicate,  au  pr.  et  au  fig.  : 
«  Si  tu  vois  que  le  faucon  est  bien  friant  à  la  char 
et  qu'il  mengue  bien  volontiers.  "  —  Appliqué  aux 
mets  et  boissons  délicats  qui  semblent  frire  sur  la 
langue  : 

«  Il  n'est  si  bonne  armeure  que  de  ce  vin  friant 
«  Et  de  ces  pastez-là  qui  vont  souez  flairant.    » 

L.    C. 

Friblée  (friblée  ou  fribiée)  —  (Sp.),  s.  f.  — 
Frisson.  V.  Friblon.  Dér.  de  Fribler. 

Fribler  (fribler  ou  fribier)  —  (Mj.,  Sp.,  Lg., 
Sal.),  V.  n.  —  Frissonner.  Angl.  to  Fribble. 

Et.  —  Friller,  frissonner.  —  On  lit  dans  un  gloss. 
du  fonds  Saint-Germain  :  Frigutire.  soy  démener 
ou  traveiller  pour  le  froit  ;  friller,  frilleux.  (L.  C.) 

Frib/on  (Mj.,  Lg.,  Sp.),  s.  m.  —  Frisson.  ^^ 
Fribler.  On  prononce  le  plus  souvent  Fribion. 
Syn.  et  d.  de  Frilon. 

Frlb/onner  (Lg.),  v.  n.  —  Frissonner.  Syn. 
de  Fribler.  Dér.  de  Friblon. 

Fribolée  (Lg.),  s.  f.  —  Bonne  écuellée,  bon 
plat.  Syn.  de  Migolée.  ||  Régal,  régalade. 

N.  —  Doubl.  du  mot  Fribolère  de  Sp.,  mais 
dans  un  sens  différent,  quoique  voisin. 

Fribolère  (Sp.),  s.  f.  —  Grande  réunion  de 
fermiers  et  de  leurs  attelages  pour  un  charroi. 
Il  Sens  primitif  :  Grand  repas,  grands  prépa- 
ratifs. 

N.  —  Jadis,  dans  tout  le  pays,  au  bon  vieux 
temps  où  chacun  cousinait  avec  la  i)aroisse  entière 
—  et  quibusdam  aliis  —  il  était  d'usage  de  se 
réunir  pour  faire  en  commun  et  gratuitement  cer- 
tains ouvrages,  comme  essarter  un  champ  de  genêts, 
battre  et  peigner  le  lin,  faire  un  transport  de  maté- 
riaux, etc.  Le  fermier  pour  lequel  se  réunissait  la 
fribolère,  qui  faisait  la  fribolère.  devait  régaler  ses 
ouvriers  volontaires  et  leur  rendre  le  même  ser- 
vice à  l'occasion.  Cet  usage  patriarcal  a  presque 
disparu.  Seuls,  les  boulangers  et  les  charrons  font 
encore  des  fribolères  et  invitent  leurs  clients  à 
venir  faire  leurs  transports  de  bois.  Aux  environs 
de  Cholet,  ces  réunions  prenaient  le  nom  de 
Guérouées.  A  Auverse,  on  en  use  encore  ainsi  pour 
l'égrenage  du  chanvre  et  l'épluchage  des  noix.  V. 
Enoulée.  —  Friboler,  dans  Jaub. 

Et.  —  Par  curiosité  :  «  Frigoler,  faire  griller. 
Ce  mot  s'applique  surtout  à  la  cuisson  des  marrons 
et  châtaignes.  —  Frigolé,  grillé.  —  Vx  fr.  frigoler, 
faire  des  fritures.  —  Frigoloire,  poêle  ou  casse 
percée  de  trous  dans  laquelle  on  fait  griller  des 
marrons.  —  De  Frigere,  frire.  (Guillem.)  —  P.-ê. 
les  marrons  —  ou  les  fritures  —  faisaient-ils  le 
fond  de  ces  repas.  —  Friboler,  voltiger,  papillon- 
ner, par  contr.  de  fariboler  ;  a  de  l'analogie  avec 
Frivole.  (Jaub.) 

Fricasse-à-fré  (Fu.).  —  Nom  de  lieu. 

Fricassé  (pain),  ad-,  q.  —  Lorsque  la  noix 
destinée  à  faire  de  l'huile  a  été  écrasée  sous 
la  meule,  on  la  met  dans  une  chaudière  pour 
la  chauffer.  Lorsqu'on  la  retire,  il  reste  dans 
le  fond  un  gras,  dans  lequel  on  roule  des  lèches 
de  pain,  assez  agréables  au  goût. 

N.  —  On  prend  une  ou  plusieurs  miches  très    j 
fraîches  (quatre,  c'est  assez)  et  on  les  fend  dans'  | 


FRICASSÉE  —  FRIPE 


ill 


leur  longueur  en  huit  morceaux  égaux.  On  les  met 
dans  la  poêle  et  l'ouvrier  continue  de  brasser  la 
chaude.  Après  cinq  minutes,  le  pain  est  fricassé  ; 
il  s'est  légèremi^nt  approprié  tout  ce  qu'il  a  pu 
du  gros  et  de  la  chaufîe.  On  le  bat  à  deux  ou  trois 
fois  sur  une  pelle  pour  le  débarrasser  de  ce  qu'il 
aurait  pris  de  trop  et  l'on  sert  chaud  et  bouillant. 
C'est  un  régal  pour  les  enfants.  (Galleau.  L'huile 
de  noix.  Article  paru  dans  le  Petit  Courrier.) 

Fricassée  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Ce  qui  est 
ou  doit  être  fricassé.  Ex.  :  Je  vas  ramasser 
eine  fricassée  de  pourrée.  |i  La  quantité  de 
poisson  qu'un  pêcheur  a  pris,  sans  préjudice 
de  la  sauce  à  laquelle  ils  seront  mangés. — 
Syn.  de  Cuisine.  j|  Fr.  de  museaux,  —  une 
embrassade. 

Fricasser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Frotter  d'une 
manière  répétée.  Ex.  :  J'ai  beau  me  fricasser 
les  mains,  je  peux  pas  me  les  réchaler.  i|  Sens 
fig.  —  Dévorer.  Ex.  :  Son  père  illi  avait  laissé 
de  bon  fait,  mais  il  a  bentout  ieu  fricassé  tout. 
—  Syn.  de  Friper,  Fricoter. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Fricare,  qui  a  donné  l'ital. 
Fregare,  employé  dans  le  même  sens  :  Fregaro  le 
rnani. 

Fricher.  —  Vx  mot  ang.  Défricher. 

Hist.  —  1662,  27  février,  sépulture  de  la  femme 
de  René  Morin,  «  lequel  était  venu  pour  abattre 
et  fricher  la  chaisnaie  de  la  Haulte-Roche  ».  {Inv. 
Arck.,  Il,  E,  S,  353,  1.) 

Frichti  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fricot.  Mot  d'ar- 
got importé.  —  Cf.  l'ail.  Fruhstuck,  déjeuner. 

Fricot,  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Tout  ce  qui  se 
mange  avec  le  pain.  Syn.  Fripe  \\  Bl.  — 
Même  rad.  que  fricasser.  —  Orig.  incert.  — 
il  Fu.  —  Fricot  de  treus  de  bettes  !  —  Au 
fig.  —  mauvais  ouvrage,  ou  :  histoire,  aven- 
ture peu  honorable.  «  Queu  fricot  de  treus 
(troncs)  de  bettes  !  —  En  effet,  ce  mets 
serait  peu  gouleyant.  N.  Mais  treu  est  mal 
traduit  par  tronc.  Il  s'agit  des  côtes.  Tronc 
est  le  doublet  de  Trou,  Treu,  mais  non 
l'équivalent.  Ce  fricot  est  très  bon  quand  il 
est  bien  préparé  ;  ce  sont  :  les  asperges  de 
cordonnier. 

Fricoter,  v.  a.  —  Dévorer,  son  bien.  Syn. 
do  Fricasser,  Friper. 

Fricoton  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Petit  fricot. 

Fridolin  (Ag.),  adj.  q.  —  Sensible  au  froid. 
Syn.  et  voisin  de  Ferdeilloux,  Fredurier. 

Frigousse  (Segr.),  s.  f.  —  Aimer  ou  sentir 
la  frir^ousse,  c'est  être  gourmand  (Mén.). 

Et.  —  Frigge"*,  culotte  de  bœuf  ou  de  mouton, 
s.  f.  viande  en  ragoût.  La  désin.  ousse  indique  un 
sens  péjoratif,  comme  dans  le  mot  pop.  frimousse. 

Frilon  (Csp.),  s.  m.  —  Frisson.  Syn.  et  d. 
de  Frihlon. 

Friloiix,  se,  adj.  q.  —  Frileux. 

EL.  —  Frileux;  frigorosum,  friolos,  friuleus, 
frieleus,  frileus,  frileux.  (Darm.)  —  Frillousement, 
frigorose  ;  frillousetc,  frigorositas.  (L.  C.) 

Frime  (Sa.,  Lue,  By.),  s.  f.  —  Gelée  blanche 
qui  s'attache  aux  branches  des  arbres,  givre. 


—  Fr.  Frimas.  «  Y  a  beaucoup  de  frime  à 
matin.  »  —  Ij  Ruses. 

Et.  —  Ane.  fr.  frimer,  geler  :  de  l'a.  scand. 
hrim  ;  angl.  rime  ;  le  h  =  f  : 

«  En   cel   temps   ke   voi  frimer 
«  Les  arbres  et  blanchoier.  » 

(Avant  1300.   L.   C.) 

—  Dans  le  sens  de  :  ruses  : 

«  Renart  qui  scet  de  toutes  frumes 
<(  Luy  esracha  quatre  des  plumes.  » 

{Rom.  de  Renart.  —  Delvaxt.) 

—  Frimé,  gâté  par  le  brouillard,  les  frimas  : 
Bled  frimé.  —  Frimer,  se  couvrir  de  frimas. 
(L.  C.) 

Fringant  (Mj.),  adj.  q.  —  Chatouilleux,  en 
parlant  d'une  personne.    ||  Très  sensible  au 
fouet,  en  parlant  d'un  cheval.  —  C'est  le  mot 
fr.  dans  un  sens  voisin.  ||  Sémillant.  Syn.  de  ' 
Dringuet.  Cf.  Fringuenette. 

Et.  —  Lat.  Frigere,  sauter,  bondir,  avec  intercal. 
de  la  nasale  n.  (Litt.  )  —  V.  fr.  Fringuer. 

Fringounelle  (Lg.),  s.  f.  —  Fragon,  petit 
houx.  Syn.  de  Fergonière,Haguin,  Fragonnelle, 
Hudin.  Ruscus  aculeatus.  Bat. 

Fringuenette  (Sal.),  adj.  —  Léger,  sautil- 
lant. Pensée  fringuenette.  V.  Fringant. 

Frinqiiis  (Lg.),  s.  m.  —  Action  de  battre 
pour  la  première  fois  la  surface  d'une  airée. 
On  dit  :  faire  le  frinquis  ;  le  frinquis  est  battu. 
C'est  ce  qu'on  appelle,  à  Mj.,  rompre  l'airée. 

Et.  —  D.  du  lat.  Frangere. 

Fripe  (Sp.,  By.,  etc.),  s.  f.  —  Tout  ce  qui  se 
mange  sur  le  pain.  Syn.  de  Fricot.  \\  Frian- 
dises :  beurre,  crème,  confitures. 

N.  —  GÉNIN,  Récréât,  philolog,  i,  409.  «  La 
frippe  était. . .  de  la  friandise,  beurre,  <;rème,  confi- 
ture. »  Voilà  de  la  frippe,  terme  aujourd'hui 
vivant  en  Anjou.  (Et  il  cite  un  passage  de  Balzac  : 
Eugénie  Grandet.)  —  Grandet  dit  à  Nanon  qu'il  y 
aura  suiTisamment  de  pain...  «  D'ailleurs,  ces 
jeunes  gens  de  Paris,  tu  verras  que  ça  ne  mange 
point  de  pain.  —  Ça  mange  donc  de  la  frippet  dit 
Nanon.  »  —  En  Anjou,  la  frippe,  mot  du  lexiq. 
popul.,  exprime  l'accompagnement  du  pain, 
depuis  le  beurre  étendu  sur  la  tartine,  frippe  vul- 
gaire, jusqu'aux  confitures  d'alberge,  la  plus 
distinguée  des  frippes.  Et  tous  ceux  qui,  dans  leur 
enfance,  ont  léché  la  frippe  et  laissé  le  pain  com- 
prendront la  portée  de  cette  locution.  »  —  Talle- 
MAXT  dit  de  M"*"  de  Puisieux  :  «  .Jamais  il  n'y  eut 
une  si  grande  friande...  Elle  endetta  le  couvent 
des  Dix- Vertus  d'une  somme  considérable,  et  cela 
pour  des  friponneries,  car  le  pâtissier  seul  demanda 
I^eaucoup.  »  —  Je  vois  dans  Trévoux  que  des 
boîtes  de  cotignac  d'Orléans  s'appelaient  des 
iripons.  Cela  s'explique  tout  seul  par  l'étymol. 
fripe,  mais  il  paraît  difficile  d'en  rendre  raison  à 
l'aide  de.s  fripiers.  —  (Précédemment.  Génin  avait 
écrit  :  )  «  A  propos  de  fripiers,  je  trouve  dans 
l'ouvrage  de  M.  Louis  Delatre  (Des  rapports  du 
français  avec  le  sanscrit)...  une  explication  du 
mot  fripon  que  je  crois  absolument  fausse  : 
«  Fripon,  dans  l'origine,  désignait  un  homme  cou- 
vert de  fripes,  ou  guenilles  :  même  racine  que 
fripier.  «  —  Oui  (dit  Génin),  même  rac.  que  fripier, 
j'y  consens,  mais  non  pasàce  que  fripe  ait  jamais 
signifié  guenille,  ni  fripon  un  homme  déguenillé.  » 

—  ScHELER  pense  que  friper  aurait  pour  acception 
originelle  chiffonner,  de  là  gâter  par  usure,  consu- 
mer, enfin  :  manger  goulûment. 


412 


FRIPÉE  —  FRITEUR 


Fripée  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  quantité  de 
matière  étendue  sur  une  surface.  —  V.  Friper. 
Syn.  de  Lichèe. 

Friper  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Essuyer  avec  le 
doigt  le  reste  d'une  sauce,  la  crème  adhé- 
rente au  vase,  pour  la  lécher.  ||  Lécher.  Sal. 
—  Prendre  le  dessus  de  qqch.  —  Friper  sa 
beurrée,  le  gratin.  —  Embrasser.  Friper  la 
goule  à  qqn.  ij  S'en  friper  les  barbes,  —  s'en 
lécher  les  lèvres.  ||  Manger  avec  gourmandise 
et  complètement.  Ex.  :  Il  a  tout  fripé  ben  net. 
Il  Friper  son  pouce,  —  n'avoir  rien  pour  sa 
part. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Friper,  avec  une  extens.  de  sens 
très  logiquement  déduits  les  uns  des  autres.  Le  fr. 
emploie  Fripe-sauce. 

Hist.  —  «  Trajan  estoit  pescheur  de  grenoilles,  — 
Hector  estoit  //-//je-saulce.  »  (Rab.,  P.,  n,  30, 
193.)  —  GÉxiN,  Récréai.  phiL,  i,  409-410,  cite 
FuRETiÈEE.  «  Fripper,  manger  goulûment  (il  eût 
mieux  dit  :  sensuellement).  Il  y  avait  à  ce  festin 
assez  de  quoi  fripper.  Et,  en  ce  même  sens,  on 
appelle  des  goulus,  des  parasites,  des  frippe-sauces. 

Fripi  (Li.,  Br.),  part.  pas.  —  Léché.  C'est 
ben  fripi. 

FripoDDer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Faire  le 
fripon,  le  gourmand. 

Et.  —  GÉxix,  Récr.  phiL,  i,  410.  —  «  Friper,  de 
notre  temps,  n'est  plus  qu'un  syn.  de  chiffonner  : 
du  linge  fripé  ;  mais,  au  xvii«  s.,  il  signifiait  : 
dérober  en  cachette,  à  la  façon  des  écoliers  qui 
dérobent  des  friandises...  Furetière  reproche  à 
Charpentier  son  embonpoint,  son  parasitisme  et 
surtout  une  prodigieuse  avarice  :  «  Son  cabinet 
même  n'était  rempli  que  de  livres  donnés  ou 
frippés.  »  —  Dans  son  Dictionn.,  il  explique  : 
friponner  :  «  Manger  en  cachette  ou  hors  des  repas 
quelque  friandise.  «  Les  fempies  ont  toujours  en 
poche  de  quoi  friponner.  »  —  «  Ce  galand  a  tou- 
jours dans  son  cabinet  quelque  langue  de  bœuf, 
quelques  confitures  pour  friponner.    » 

Cette  acception  s'est  tout  à  fait  perdue  :  nous 
n'avons  conservé  à  fripon  et  friponner  que  le  sens 
dérivé  du  primitif  et  qui  s'applique  à  une  probité 
douteuse.  En  effet,  de  convoiter  la  fripe  à  la  déro- 
ber, il  n'y  a  qu'un  tour  de  main.  Voleur  est  le  gros 
mot  ;  fripon  en  est  un  aimable  diminutif.  — 
Fripon,  —  dérivé  de  friper,  lécher  avec  sa  langue 
la  sauce  d'un  plat,  en  Berry.  Le  sens  primitif 
est  donc  :  gourmand.  —  Friponner,  —  bien 
manger. 

«  Feste  n'est  que  de  vieux  chappons, 
«  Comme  dient  tous  bons  fripons.  » 

(Leroux  de  Lency,  i,  155. 

Friponnier.  ère  (Mj.,  By.,  Sal.),  adj.  q.  — 
Fripe-sauce,  goinfre,  goulu,  gourmand.  De 
Friper.  —  Cf.  Lainbinier. 

Fripouille  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Canaille,  vau- 
rien, crapule. 

Et.  —  C'est  probablement  un  dér.  irrég.  du  fr. 
Fripon.  —  Frape  ;  frapaille,  s.  f.  —  frap  ;  frapin  ; 
frapail  ;  frapon,  s.  m.,  —  coup,  verge  ;  bagarre  ; 
foule,  vile  multitude,  populace,  canaille  ;  goujats 
qui  servent  les  soldats,  t^tymol.  ?  —  On  dérive  ordi- 
nairement tous  ces  mots  de  fraper,  dont  on  ne 
trouve  des  exemples  qu'à  partir  du  xiv«  s.,  tandis 
que  ces  mots  sont  plus  anciens.  Frape,  de  fraper, 
frapper,  aurait  passé  du  sens  de  coup  à  celui  de 
foule,  comme  foule  et  presse,  de  fouler  et  presser.  -^-^ 


Frape  est  aussi  une  autre  forme  de  frepe,  ferpe, 
felpe,  qui  signifie  haillon  ;  de  là  pourrait  venir  le 
sens  de  :  foule  déguenillée.  (D'  A.  Bos.)  —  Fra- 
paille (frape  *,  as.semblée,  réunion  de  personnes), 
s.  f.,  bande,  troupe  de  valets  d'armée,  de  goujats.  — 
Terme  de  mépris.  (Mois y.) 

Frippe  (Zig.  50),  s.  f.  —  V.  Fripe. 

Friquet  (Lue,  Sar.,  Mj.,  Lrm.,  Sal.),  s.  m. 
—  Ecumoire. 

Frisée  (Mj.),  s.  f.  —  Flambée.  Syn.  de 
Fouke.,  Joie  de  mariage,  Baulée,  Èigalée, 
Rigâillée,  Fergâillée.  —  Feu  vif  et  clair.  Ex.  : 
J'allons  faire  eine  frisée  pour  nous  réchaler. 

Et.  —  Du  V.  friser.  Le  mot  fait  image.  Les 
copeaux,  les  rifles  de  menuisier  se  recroquevillent  ; 
déjà  frisés  par  eux-mêmes,  ils  semblent  se  friser 
dans  la  flamme.  —  Cf.  le  rad.  germ.  Frisle,  crépu. 

Frise-poulet  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Appella- 
tion ou  interpellation  ironique  que  l'on 
adresse  parfois  à  un  gamin  sans  conséquence. 
Syn.  de  Jaquedale,  Jacquot-Pignard. 

Friser  (Mj.,  By.),  v..  n.  —  Friser  comme  des 
baguettes  de  tambour,  être  raides  et  lisses, 
en  parlant  des  cheveux.  1|  Friser  comme  ein 
guéion,  —  avoir  les  cheveux  lisses.  ||  Ne  pas 
friser,  —  être  penaud,  avoir  peur,  n'être  pas 
fier,  rassuré  ;  n'en  pas  mener  large.  ||  Friser 
à  plat,  —  même  sens. 

Frison  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Copeau 
mince  et  frisé,  enlevé  par  le  riflard,  la  var- 
lope ou  le  rabot.  Syn.  de  Rifle,  Coquille.  \\ 
Mèche  de  cheveux  frisés.  ]]  Surnom  donné  aux 
enfants  qui  ont  les  cheveux  frisés, 

Hist.  —  (Il  y  a  une  herbe  que  nous  nommons 
l'erbeto  di  frisoun,  —  l'herbette  aux  boucles. 
Mireille,  170.  3.)  —  «  Elle  avait  caché  le  cadavre 
de  son  enfant  sous  des  frilons.  »  (Le  Petit  Courrier. 
Tl  faut  lire  Frisons,  sans  doute.) 

Frisquelande  (Mj.),  s.  f.  —  Nom  d'une 
ancienne  espèce  de  poire. 

Fristonneau  (Lg.),  s.  m.  —  Sein.  Syn.  de 
Fistonneau,  Néné,  Bossoir,  Avant-train,  Avont 
lait.  N.  Une  jeune  personne  très  avantagée 
sous  ce  rapport  portait  naguère  le  nom  de 
Fristonneau.r  dorés. 

Frisure  (Tlm.),  s.  ï.  —  Partie  antérieure  et 
tuyautée  d'une  coifîe. 

Frit  (By.),  part.  pas.  Au  fig.  —  Perdu, 
ruiné.  Syn.  de  Cuit,  Flambé,  Fumé. 

Hist.  : 

«  Muchez-vous  tost  en  quelque  lieu, 

«  S'il    vous    trouve,    vous    êtes    frit.     » 

{Farce   de  frère    Guillebert.    Ane.    th.    fr.,   I,    315.) 

Eveillé. 

Friteur,    s.    m.    (Ag.).    —    Établissement 
annexe  à  un  débit  de  vin,  où  l'on  fait  frire. 
«  A  céder  après  décès.  —  Très  pressé.  Bon  I 
débit  et  friteur.  —  Hôtel  garni.  Très  bonnes  | 
conditions.  S'adresser  place  de  la  R.    )>  — 
Annonce  du  Petit  Courrier,  18  juillet  1905. 

Et.  —  De  frire.  —  Cuisinier  chargé  spécialement  j 
des  fritures;  Lat.  frigerê.  (Litt.)  \ 


PRÔGNE  —  FROUX 


413 


Frogne  (Sal.),  s.  f.  —  Air  sournois.  Cf.  Ren- 
frogné. 

Froid  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  et  s.  —  Ma- 
çonner à  froid,  —  sans  mortier.  ||  Mur  en 
pierre  froide,  —  en  pierre  sèche. 

Froit'  (Cs).  —  La  froit  ne  tiendra  pas,  — 
ne  continuera  pas.  V.  Fret. 

Frôlée  (Lg.),  s.  f.  —  Volée  de  coups.  Syn. 
de  Pile,  ,Roustée,  Laudée,  Lâtrée,  Bondée, 
Dégelée,  Aubade. 

Et.  —  Berry,  frôler,  battre.  —  Pour  :  frotter, 
dirnin.  de  frotter.  (Litt.) 

Frôler  (se)  —  (Lg.),  v.  réf.  — ■  Se  remuer,. 
se  tortiller  comme  qqn  c[ui  a  des  démangeai- 
sons dans  le  dos.  Cf.  Défrôler. 

Fromage  de  forme  (Z.  130),  s.  m.  —  Gruyère. 
—  V.  Formage. 

Frorae  (Pell.,  By.),  s.  f.  —  Tas  de  fumier. 
V.  Fourme,  Forme. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Forme. 

Froment  s.  m.  —  «  Porte  difTérents  noms  vul- 
gaires :  le  poulard,  blé  poulard  et  aubron  rouge, 
froment  petit-roux.  L'aubron,  la  gouape  diffère 
du  précédent  par  ses  épis  blanchâtres  ;  la  gouape 
sans  barbe,  ou  gros  blé  sans  barbe  ;  le  pétonielle  ou 
froment  renflé,  ou  blé  poulard  :  blé  à  six  carres. 
.\ubron,  goua,  gouape,  goise,  gloise,  goile,  gros.  — 
Le  mot  gouape,  d'après  Desvaux,  viendrait  d'un 
mut,  celtique  qui  voudrait  dire  faucille,  en  raison  de 
la  disposition  courbe  de  l'épi.  Blé  à  mailloche,  blé 
de  miracle  ou  froment  renflé,  rameux  froment  de 
trois  mois,  blé  trémois,  petit  froment  blanc,  barba 
ou  froment  barbu  trémois,  blé  joanet,  blé  barbu, 
froment  gris  à  barbe,  froment  gris,  froment  breton 
blanc,  barbichon  ou  froment  barbu  rouge,  froment 
rouge  ou  froment  sans  barbe  gros  grains,  blé  de 
î-iint-Laud,  de  Saint-Nazaire  ou  froment  sans 
barbe,  blé  sans  barbe,  froment  trique,  froment 
raque  ou  raze,  petit  froment  grillé,  petit  rouge, 
petit  breton  sans  barbe,  froment  rouge,  blé  tri- 
quet,  rouge  ou  froment  d'Alsace  sans  barbe,  fro- 
ment renflé  ou  gouape,  blé  souris,  blé  à  mailloche 
cultivé  à  Saint-Florent,  le  trémois,  cultivé  à  Beau- 
préau,  et  le  talaver,  cultivé  à  Saumur,  Beau- 
préau,  Segré.  (Mémoire  de  Desvaxjx.  Soc.  industr.- 
t.  V,  p.  117,  n°  4.)  MÉNiÈRE.  V.  F.  Lore,  iv,  pour 
compléter  ou  rectifier. 

Fromentui,  s.  m.  — ■  Vulg.  Avena  elatior 
ayant  du  rapport  avec  le  froment.  (Méx., 
Bat.) 

Fromentoaii  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Grande 
graminée  à  épi  lâche,  qui  croît  sur  les  berges 
de  la  Loire,  dans  les  lucettes.  Hauteur,  2  m. 
On  dit  aussi  :  Herbe-fromenteau.  —  De  fro- 
ment. 

Fromer  (Mj.),  v.  a.  —  Fermer.  ||  Entourer 
d'une  clôture.  Pour  Former,  par  métath.  de 
l'r.  Cf.  Fromit.  —  V.  Fro.  Note. 

Fromit"  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fourmi.  Par 
métath.  pour  Formil.  On  dit  aussi  Frémi.  My. 

Hist.  —  «  Dist  la  fromiz  :  or  chante  à  mei.  » 
(Marie,   Fables,   ii,   124.   —   L.    C.) 


For,  Frou.  —  Interversion  de  For,  Four.  —  Ex.  : 
Fromi,  frourni,  fromillLère. 


Fronde  (Mj.,  Lg.,  By.),  pron.  fronque. — 
s.  m.  —  Furoncle. 

Et.  —  Lat.  furunculus,  de  fur,  larron,  ainsi  dit 
par  une  plaisanterie  dont  maintenant  on  ne  peut 
plus  voir  que  vaguement  le  sens. 

Front  (à)  —  (Lg.),  loc.  adv.  —  S'applique 
au  mode  d'attelage  de  deux  bœufs  qui,  seuls, 
traînent  une  charrette,  une  charrue. 

Fronteau  (Mj.),  s.  m.  —  Cloison  transver- 
sale dans  un  bateau  de  marinier.  V.  Biez. 

Frontevault  Pour  Fontevrault. 

Et.  —  De  Fons-Ebraldi.  ce  qui  explique  la  pro- 
nonciation ci-dessus...  Mais  il  faut  dire  Fron- 
tevaux  avec  les  peuples  d'Anjou  et  du  Poitou. . .  On 
y  a  inséré  un  r  comme  dans  fronde,  de  funda. 

Frontière  (Mj.),  s.  f.  —  Sus  les  frontières  de 
Ponet,  —  au  Diable-Vauvert. 

N.  —  Ponet  est  un  lieu  dit  sans  importance  situé 
au  bord  septentrional  de  la  boire  de  Champtocé,  à 
mi-chemin  de  ce  bourg  à  Ingrandes.  C'est,  d'ail- 
leurs maintenant  un  lieu  très  fréquenté,  puisque 
la  grande  ligne  ferrée  Angers-Nantes  y  passe. 
Mais  c'est  le  cas  de  le  dire  :  Habent  sua  fata  libelli, 

—  les  blagues  ont  leurs  destinées. 

!|  Lg.  —  Solive  dans  laquelle  est  encastré 
un  linçoir.  i|  Lg.  - —  Front  d'un  bœuf.  Ex.  : 
Noute  petit  veau  a  eine  lune  à  la  frontière. 

N.  — -  L'ancien  sens  de  r  frontière  est  :  front  de 
bataille,  d'une  troupe,  —  faire  frontière,  —  se 
mettre  en  bataille  pour  combattre,  se  défendre,  et 
comme  on  faisait  frontière  particulièrement  sur  les 
limites  d'un  pays,  le  mot  a  pris  le  sens  d'Etat  à 
Etat.  (Litt.)  —  11  y  avait  le  v.  frontier,  confiner. 

Frote-Penil.  —  «  Curage  du  ruisseau  de 
Frote-Penil.  —  (Petit  Courrier  du  13  octobre 
1901).  —  Le  pénil  est  la  partie  de  l'abdomen 
située  au  devant  de  la  symphise  pubienne. 

Frottée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Raclée,  rossée, 
volée  de  coups.  Syn.  de  Lâtrée,  Bâchée,  Bon- 
dée, Roustée,  Frôlée,  Triffouillée,  Aubade. 

Frotter  (.AIj.,  By.),  v.  a.  —  F.  les  oreilles  à 
qqn,  le  gifller.  ||  Fr.  du  linge,  —  Vessanger. 
Syn.  de  Echanger. 

Frou,  s.  m.  —  Cheintre.  V.  Défrou. 

Froiichement  (Sar.),  s.  m.  —  Bruissement. 
Cf.  Frou -frou. 

Froussard  (Lg.),  adj.  q.  —  Peureux,  lâche. 
\  .  Frousse. 

Frousse  (Craon,  Mj.,  Lg.,  By.,  etc.),  s.  f. 

—  Peur,  frayeur,  venette.  Avoir  la  frousse. 

—  Semble   pouvoir  être  rapproché  de  Fris- 
son. Syn.  de  Pou,  Trac. 

Frouster  (Lg.),  v.  a.  —  Battre,  donner  une 
volée  de  coups.  Syn.  de  Bouster,  Lâtrer,  etc. 

Et.  —  Pourrait  venir  d'une  forme  de  Fruci- 
tare  ou  P>icitare,  fréquentât,  du  lat.  Fricare. 
Il  serait  le  prototype  du  fr.  Frotter,  dont  IIatzfeld 
déclare  l'orig.  inc.  —  D'autre  part,  il  est  bien  vrai- 
semblable que  le  montj.  Rou-iter  en  est  une  alté- 
ration. 

Froux,  vx  mot  angev.  —  En  friche. 
Hist.  —  «  Le  2  mai  nOG  a  esté  bénite  la  croix  de 
pierre  donnée  en  l'honneur  de  Saint-Pierre,  située 


414 


FRUITAGE  —  FURET 


en  l'extrémité  des  landes  froux  de  cette  paroisse; 
(Inv.  Arch.,  Il,  E,  S,  250,  1.)  Syn.  Gât,  Vaste. 

Fruitage  (Mj.),  s.  m.  —  Fruits,  en  général. 
Ex.  :  De  ce  temps  chaud-là,  je  ne  mangerais 
que  du  fruitage.  \\  Au  plur.  Les  fruits,  pris 
collectivement.  Ex.  :  Faut  pas  manger  des 
jruitages  quand  on  a  la  va-vite.  Rac.  de  Affrui- 
tagé.  Il  By.  Du  frûtège. 

Hist.  —  «  De  bledz,  de  fruitages  et  legumages 
on  n'en  veit  oncques  tant,  si  les  soubhaytz  des 
pauvres  gens  sont  ouïs.  »  (Rab.,  P.,  Prognost, 
IV,  588.) 

—   «  Oranges,  citrons,  fruitages 
«  Raye  sèche  et  merlan.  « 

{Noëls  angev.,  p.  61.) 

—   «  Et  haissoit  laict,  cerises  et  pommes 

«  Figues,  raisins  et  tout  aultre  fruytaige.  « 
(G.-C.  Bûcher,  248,  237.) 
—    «  Lors  sçavoir  est  que  les  humains  plus  copieu- 
sement usent  de  fruictages  qu'en  aultre  saison.    » 
(Rab.,  p.,  ni,  13,  244.) 

Fruitier  (Mj.),  s.  m.  —  Arbre  fruitier.  Ex.  : 
Y  a  de  Idéaux  fruitiers  dans  son  jardin.  ||  By. 
Frûtiers. 

N.  —  Fruitière,  même  sens.  Verger.  «  Planter 
fruitière.  »  L.  C. 

Frûlon  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  V.  Freidon. 

Frusques  (Mj.,  By.,  Sal.),  s.  f.  pi.  —  Nippes, 
habits,  vêtements  ;  qqf.  meubles  ou  collection 
de  biens  meubles.  S'emploie  le  plus  souvent 
dans  le  sens  péjoratif. 

Et.  —  Ce  mot  doit  avoir  la  même  rac.  que 
Défrure,  et  cette  racine  est  probablement  le  mot 
Froc.  —  Frusques  est  le  rad.  des  mots  fr.  Frus- 
quin  et  Saint  Frusquin,  dont  le  sens  a  passé,  au 
moyen  de  l'assonnance,  au  mot  Saint  Crespin. 

Fuée,  s.  f.  —  Mauv.  prononc.  de  Fouée. 

Fumé  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Fig.  Com- 
plètement perdu  ;  près  de  mourir.  Syn.  de 
Cuit,  Foutu,  Flambé,  Frit. 

Fumelle  (Mj.,  By.),  s.  f.  et  adj.  q.  — 
Femelle.  ||  Personne  du  sexe  fém.,  femme  ou 
fille.  Corr.  du  mot  fr.  —  Syn.  de  Pisseuse.  — 
Surtout  en  mauvaise  part.  ||  Enlever  la 
fumelle  du  chanvre,  c'est  l'elTumeler.  (Méx.). 

Hist.  —  «  Arrivé  depuis  trois  jours  en  ceste  pa- 
roisse, mallade.  avec  une  fumelle  sov  disant  sa 
femme.  >.  (1647.  —  Inv.  Arch.,  E,  n,' 288,  1.)  — 
«  Li  royaumes  de  Franche  est  bien  si  nobles  que 
il  ne  doie  mie  aller  à  fumelle,  ne  par  conséquence  à 
fil  de  fumelle.  »  (Froissart.) 

Fumellier  (Sp.,  By.,  Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  — 
Débauché,  qui  aime  trop  les  femmes,  pail- 
lard. Syn.  de  Vessier,  Chenassier,  Fouâilleur, 
Chien,  Putassier,  Saillant,  Marrainier. 

Fumereau  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fumeron, 
tison  qui  fume,  jj  Ironiquement.  Grand 
fiimeui'.  En  ce  sens  on  dit  aussi  :  Fumier. 

Fumerie  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  fumer. 

Funierole  i  (Mj.,  Sp.,  Sal.),  s.  f.  —  Planche 
qui  forme  un  des  rebords  d'une  charrette. 
Lorsque  le  rebord  est  à  claire-voie,  on  le 
nomme  Rancher,  ou  Echaton,  Echilon. 

Et.  —  La  fumerole  s'adapte  à  la  charrette, 
surtout  pour  transporter  le  fumier,  d'où  son  nom. 

Fumerole  -   (Mj.),   s.   f.   —  Courtilière  ou 


Taupe-grillon.  Syn.  de  Jardinière,  Chien  de 
terre.  Taupe-jardinière.  —  Tire  son  nom  de 
ce  qu'elle  se  plaît  surtout  dans  les  terrains 
bien  fumés.  —  Le  même  que  le  précédent, 
étymologiquement. 

Fumeterre.  —  Français,  mais  du  masculin. 

Fumeux  (Mj)."s.  m.  —  Fumeur, 

Fumier    (Mj.),    s.    m.    —    Ironiquement. 

Grand  fumeur.  ||  Personne  très  méprisable, 
crapule.  —  Au  1"  sens,  syn.  de  Fumereau. 

Fumoué  (Do.,  By.),  s.  m. —  Tison  enflammé, 
fumant.  Syn.  de  Fumereau. 

Fune,  s.  f.  —  Corde.  V.  Fène. 

Et.  —  Du  lat.  funis.  —  «  Item,  cordage,  appelée 
fune,  pour  encorder  bestes  à  mettre  en  pastures, 
pezera  une  livre  et  demie,  et  aura  sin  brasses.  » 
(C.  Port.,  Inv.,  p.  332.) 

Funer,  Funicler,  v.  a.  —  Attacher  avec  une 
fune.  Cf.  Enfener. 

Funérail,  s.  m.  —  V.  le  suivant. 

Funéraille  (Lue,  By.,  Mj.,  etc.),  s.  f.  — 
S'emploie  au  sing.  et  au  plur.  —  Grande  céré- 
monie quelconque,  aussi  bien  pour  une  noce 
que  pour  un  enterrement.  On  dit  d'un  repas 
de  noces  que  c'étaient  de  grandes  funérailles. 
V.  F énér ailles. 

X.  —  Les  Anglais  emploient  leur  mot  Funeral 
dans  ce  même  sens  général.  .Je  lisais  dernièrement 
dans  le  Strand  Magazine  de  février  1902,  n"  134, 
une  Nouvelle  de  Richard  Marsh,  intitulée  : 
Brealing  the  ire  (La  glace  rompue).  Une  jeune  fille 
et  son  amoureux  ont  été  faire  une  partie  de  pati- 
nage :  la  glace  s'est  rompue  et  la  demoiselle  a  pris 
un  bain  froid,  qu'a  partagé  le  jeune  homme  en 
sauvant  sa  belle,  ainsi  qu'il  sied.  Dans  cette  mate- 
lote, cuisinée  selon  la  formule,  je  n'ai  trouvé  de 
piquant  que  le  mot  de  la  fin.  L'héroïne,  qui  est 
aussi  la  narratrice,  raconte  qu'au  retour  son  frère 
Dick  leur  fit  un  singulier  compliment  :  «  Well,  old 
man,  you  bave  escaped  one  funeral,  but  you  're 
booked  for  another,  —  that  's  a  cart  !  »  The  opi- 
nions wich  brothers  allow  themselves  to  utter  of 
their  sisters  are  astonishing.  Fancy  Dick  calling  me 
a  funeral  !  «  (R.  0.) 

Funicler  v.  a.  —  V.  Funer. 

Furet  1,  s.  m.  —  Appareil  placé  à  l'extré- 
mité d'une  perche  et  qui  sert  à  effrayer  le 
poisson  ;  à  l'extrémité  se  trouvent  quatre 
anneaux  en  fer  qu'on  agite  pour  chasser  le 
poisson,  au  moment  où  on  lève  le  filet.  (MÉx.). 

Et.  —  Furet.  Lat.  pop.  furittum,  dimin.  de  fur, 
le  petit  voleur. 

Furet  ^  s.  m.  —  Jeu  d'enfants. 

N.  —  Ainsi  décrit  par  .Jaub.  «  Les  personnes  qui 
jouent  au  furon  (Berry)  sont  rangées  en  cercle  et 
tiennent  un  cordon  formant  une  chaîne  sans  fin, 
passé  dans  un  anneau  qui  est  le  furon.  Les  joueurs, 
le  faisant  glisser  le"  long  du  cordon,  se  le  passent 
vivement  les  uns  aux  autres,  en  ayant  soin  de  le 
cacher  autant  que  possible  avec  leurs  mains  et  en 
chantant  les  paroles  suivantes  : 

c  II    court,   il   court,   le   furon, 
n  Le  furon  du  bois,  mesdames, 
«  Il  court,  il  court,  le  furon, 
«  Il  a  passé  par  ici, 

«  Le  furon  du  bois  joli 

«  Il  court,  il  court. . .  » 


FURGAILLER  —  FUTREAUf 


415 


Cependant,  l'un  des  joueurs,  placé  en  pénitent  au 
milieu  du  cercle,  cherche  à  saisir  le  furon.  S'il  y 
parvient,  il  est  reçu  dans  le  rond,  et  celui  dans  les 
doigts  duquel  il  a  saisi  le  furon  donne  un  gage  et 
prend  sa  place.  —  Quelquefois,  la  corde  et  Tanneau 
sont  remplacés  par  un  simple  morceau  de  bois,  ou 
un  mouchoir  roulé,  etc. 

Furgâiller  (Lg.),  v.  n.  —  Remuer  la  braise 
dans  un  four  ou  dans  un  foyer.  Syn.  de  Fer- 
gâiller.  ||  Par  extension,  —  chercher  partout 
en  bouleversant  les  objets.  —  Syn.  de  Fou- 
geâiller,  Fouineter,  Rafouiner,  Chaffourrer.  \\ 
Froufrouter.  Syn.  de  Ferler,  Ferdasser,  Guer- 
gnoler. 

Et.  —  Furger,  même  sens.  —  Furgon  :  «  Un 
baston  appelle /wr^o»  de  four.  «  L.  C. 

Furieux  (By.,  etc.),  adj.  q.  — •  Gros,  bien 
venu,  solide.  «  Ah  !  il  est  furieux  (feurieux) 
son  petit  gars,  et  point  délicat,  mais  diverse 
(BL).  —  V.  Férieux.  N.  Furieusement  sert  de 
superlatif.  —  Voir,  pour  la  discussion  de  cet 
emploi,  le  mot  infiniment,  dans  Littbé.  — 

—  Enfeurieusir,  devenir  gros.  «  Comme  il 
enfeurieusit  !  «  —  ||  Un  homme  très  furieux, 

—  très  gras  (Craon).  —  ||  By.  Forieux  ou 
foérieux. 

Fusée  II  Sp.  —  Fig.  Vomissement  d'ivrogne. 

Et.  —  Lat.  Fundere,  fusum,  fusus  ;  lat.  pop. 
Fusata. 

Fuselier,  s.  m.  (Mj.).  —  Planchette  percée, 
placée  à  demeure  dans  la  cheminée  sur 
laquelle  la  fileuse  fiche  ses  fusées  pour  les 
faire  sécher. 

Et.  —  Dér.  du  vx  fr.  Fusel  ;  fr.  mod.  Fuseau. 

Fusil  (Mj.),  s.  m.  —  Pour  exprimer  l'incré- 
dulité ou  signifier  un  refus,  on  répond  ironi- 
quement :  Oui,  mon  fusil  !  V.  Sabot.  \\  Pierre 
à  fusil,  silex,  jj  N.  On  dit  de  certains  vins, 
poussés  sur  les  grès  et  sujets  à  jaunir,  qu'ils 
ont  le  goût  de  pierre  à  fusil.  \\  Estomac, 
ventre.  By.  Ex.  :  Je  n'ai  ren  dans  le  fusil.  V. 
Cornet,  sifflet.  Coco,  Fanal.  Etre  à  jeun.  || 
Pierre  à  aiguiser,  jj  Changer  son  fusil  d'épaule, 

—  changer  de  parti,  changer  sa  ligne  de  con- 
duite. 

Fusotier  (Gn.),  s.  m.  —  Le  fusotier,  l'arti- 
ficier. 

Fusseguéné  (Tlm.).  —  S'emploie  dans  la 
loc.  :  En  fusseguéné,  —  en  colère.  Syn.  de 
Foucade.  Doubl.  de  Fousquenette.Y.  V-ezon. 

Fût,  s.  m.  Il  Sp.  —  Bois  sur  lequel  sont 
fixées  les  dents  d'un  râteau.  ||  Lpos.  —  Poutre 
qui  formait  le  levier  principal  de  l'ancien 
pressoir  à  casse-cou. 

Et.  —  Fustaille  signifiait  autrefois  :  tout  ce  qui 
est  de  bois...  «  Quiconnue  veut  être  esctieiliers  à 
Paris,  c'est  à  savoir  venderes  de  auges,  fourches, 
pelés,  beesches,  pesteuz  et  toute  autre  fiistaille, 
estre  le  puet  fran(;hement.  )>{Livredes  M(^ticrs,  112.) 

Fut.  —  Du  verbe  Etre.  Très  usité  dans  la 
locut.  :  Un  temps  /;//,  —  Autrefois.  —  Bv.,  Mj. 
—  Fû. 

Futé  (BL),  adj.  q.  —  Flétri.  Cf.  Ratéroui, 
Rouète  ou  Rouèire.  \\  Mj.  —  Défiant.  ||  By. 
Dégoûté  de.  Syn.  Ratatouille. 


Et.  —  «  Futé,  en  Norm.,  se  dit  d'un  corps  poli, 
terni  par  un  souffle,  par  une  fumée  :  les  carreaux 
sont  futés,  on  ne  saurait  voir  à  travers.  »  —  A 
Dives  (Calvados),  rassasié  :  «  -Je  n'ai  jamais  été 
futé  d'huîtres.  »  —  Le  sens  propre  de  futé  est  : 
battu,  du  v.  fuster,  qui,  très  employé,  signifiait  : 
battre,  placer  à  l'affût,  fouiller,  piller.  —  De  : 
battu,  il  a  passé  au  sens  de  :  rebattu,  las,  fatigué, 
ennuyé  ;  enfin,  de  :  rebattu,  il  en  est  venu  à  signi- 
fier :  qui  a  de  l'expérience,  habile,  rusé.  On  a  qqch. 
de  semblable  dans  les  acceptions  de  :  roué.  (Litt.) 

—  Fustetz  :  Dans  L.  C.  : 

«  As  oi  com  Girars  contre  toi  gronce  et  parle  ! 

«  Tu  es  li  plus  fustetz,  li  plus  déshonorez, 

«  Se  celz  or  vilz  Bourgoins  n'est  par  toi  acorez.  « 

—  Fût,  bois  coupé,  arbre...!"  Futaie;  2°  Fu- 
taille ;  3°  Fuster,  fustiger  ;  se  dit  en  vénerie  de 
l'oiseau  qui  s'échappe  des  bois,  c.-à-d.  de  la  trappe  ; 
de  là  l'expression  :  futé,  fin,  rusé  ;  4"  Affûter, 
affût  ;  .5°  Futier,  anciennement  Charpentier,  etc. 
(ScHELER.)  —  Ennuyé,  —  d'une  personne  ou  d'une 
chose.  Ex.  :  J'avons  tant  mangé  d'naviots  qu'j'en 
sommes  futés. 

Futeau  (Lg.),  s.  m.  —  Se  dit  dans  :  Chêne 
de  futeau,  —  chêne  à  haut  vent,  marmenteau. 
Du  fr.  Futaie.  —  Lat.  fustis. 

Fûter,  V.  a.  (Sal.,  By.,  etc.).  —  Donner  au 
vin  le  goût  de  fût.  ||  Fig.  Rendre  défiant.  V. 
Futé.  N.  Le  fr.  emploie  le  part.  pas.  de  ce 
verbe  soi-disant  comme  adj.  dans  un  sens 
très  voisin  de  celui-ci.  Cf.  Tangl.  Fusty. 

Fûtreau-(Fustreau)  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  — 
Petit  bateau  des  riverains  de  la  Loire,  aux 
extrémités  trapézoïdales  et  relevées.  —  Aussi: 
Futereau.  \\  By.  —  C'est  une  grande  galiotte 
à  deux  levées  ;  il  se  manœuvre  avec  une  ou 
deux  gâches  munies  d'une  palle  de  gâche  et 
avec  le  gournâs,  muni  de  son  taugourt  ou 
manche. 

Hist.  —  ...Un  jeune  gars  des  4ireaux,  éner- 
gique et  robuste,  qui  manie  son  futreau  avec 
adresse  et  le  dirige  vers  les  points  où  émerge  un 
naufragé.  {Angev.  de  Paris,  18  août  1907,  1,4.) 

FA.  —  Fuste.  Long  bâtiment  qui  va  à  voiles  et 
à  rames.  —  B.  L.  Fusta,  merrain,  et  aussi  fuste,  ou 
fût,  boi':.  (LiTT.)  —  MÉNAGE  l'explique  ainsi  :  De 
fusta,  dit  pour  :  fustis,  qui  signifie  toute  sorte  de 
bois.  De  fusta,  nous  avons  fait  fuste,  pour  une 
espèce  de  vaisseau  de  mer  de  bas  bord  à  rames.  De 
fusta,  on  a  dit  (?  !)  fustarus,  et  ensuite  fustarellus, 
dont  nous  avons  fait  fustereau,  mot  angevin,  qui 
signifie  un  bateau.  —  Hist.  :  Le  passeur  «  dirige  à 
la  godille  ou  à  la  perche  le  futreau  des  piétons.  » 
{Anj.  Hist.,  2«  an.,  n»  3,  579,  26.)  —  N.  Le  futreau 
de  Mj.,  muni  d'une  pôtre,  ne  saurait  se  mener  qu'à 
la  perche  (bourde)  ou  à  la  rame  (gâche).  On  ne 
godille  (ficte)  qu'en  bachot.  Le  futreau  des  Varan- 
nas  se  mène  au  f;ournâ.  (R.  0.)  —  Navires,  galleres, 
galbons,  brigantins,  fustes  et  aultres  vaisseaux  de 
son  arsenac  de  Thalasse.  »  (Rab.,  P.,  m,  334,  52.) 

—  Le  suppliant  et  icelui  toutefoy  entrèrent  en- 
semble en  certain  vaisseau  ou  fustereau.  »  (1 459.)  — 
Fusterie.  Chantier  de  bois.  (L.  C.) 

—  «  Ces  jours  passez  en  certain  navigage 

«  Les  chevahers  hardiz,  francs  et  robustes 
«  Ont  envesty  de  rame  et  de  courage 
«  Sans  perdre  un  seul  de  leurs  gens  quatre 

{fustes.  » 
(G.-C.  Bûcher,  280.) 

—  a  Croy  qu'il  v  a  tant  de  fustes  sur  mer. 

\fd.,  280.) 


416 


FUTROLÊE  -  GABOTAGE 


N.  —  Notre  mot  fûtreau  étant  le  dimin.  de  ce 
mot  fuste,  il  faudrait  l'écrire  Fustereau,  Fûtereau. 

Fûtrolée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ce  que  peut 
contenir  ou  porter  uu  fûtreau.  —  Pour 
Fûtrelée,  dér.  rég.  de  Fûtreau.  Cf.  Tomberolée. 

Fuyard  (Mj.),  adj.  q.  —  Farouche,  sauvage. 
Ex.  :  La  fumelle  n'est  pas  fuyarde. 


Et.  —  Du  mot  Fuie,  colombier,  de  fugia,  dit  par 
métaplasme  pour  :  fugium,  refugium.  La  Fuie  est  le 
refuge  des  pigeons,  ou,  comme  parlaient  les  an- 
ciens, le  refui.  Les  pigeons  fuiards,  les  pigeons  de 
fuie,  à  la  différence  des  pigeons  domestiques.  — 
«  Ça,  que  l'on  se  depesche,  garçon,  au  vin.  au  poula- 
lier,  au  crochet,  à  la  fuye,  serviettes  blanches.  » 
(Moy.    de   parv.,    p.    32.3.) 


o 


OBSERVATIONS 

Pbokonciation.  —  Souvent  muet  à  la  fin  des 
mots.  Se  prononce  qqf.  comme  c  ;  joug,  joue.  — 
Gu,  son  dur,  de  Gh  ;  Guerlage,  Gherlage. 
ERMUTATioN.  —  Remplace  : 

b.  0.  —  Le  g  dur  remplace  qqf.  le  b  et  le  v,  deux 
lettres  qui  elles-mêmes  se  permutent  aisément. 
"  ne  faut  pas  trop  s'étonner  si  nous  faisons 
Oariau,  Garreau  et  Barré  de  Varius,  et  Garaud  de 
Varus,  de  même  que  Guêpe  vient  de  Vespa. 

c.  —  Dans  :  Ganif,  DiffiguUé,  Segond,  Segret, 
Segrétaire. 

ch.  —  Déniger,  p.  Dénicher. 

d.  —  Giries,  p.  Diries  ;  Guiette,  Diète. 

g.  doux,  ou  le  son  j.  —  Garbe,  pour  Gearbe, 
gerbe. 

h.  —  Giquet,  p.  Hiquet,  Hoquet  ;  Gouspiller. 

n.  —  Gnaiae,  p.  niaise  ;  Ginau,  Gnièce. 

".  —  Fatigue,  pour  Fatigue.  (Ici  q  remplace  g). 

(V.  Germanique.  —  Guinche ,  de  winden  ; 
Guindas,  pour  Vindas,  de  winden. 

z.  —  Bigearre,  p.  Bizarre. 

Addition.  —  Par  prosthèse  :  Gingin,  p.  Engin  ; 
Giron,  p.  Arum  ;  Gniau,  pour  Niau.  Par  épenthèse  : 
Pégnier,  p.  Panier. 

Caractérise  le  subjonctif  :  Que  je  veinge  (vienne)  ; 
que  je  sége  (sois). 

Sert  d'aspiration  :  Gourgueille,  de  Orgueillir. 

Retranchement.  —  Par  aphérèse.  Biarre,  pour 
Bigarre. 

Notes  particulières,  à  leur  place.  —  Ghi  ;  Gl  ; 
Gn  ;  Gre  ;  Guer  ;  Gui. 

Gabârage  (Mj.),  s.  m.  —  Action  de  gabârer. 
Il  Toue  de  gabârage,  —  gabare,  petit  bateau 
servant  à  décharger  et  à  charger  les  grands. 
V.  Gabârer.  \\  Fig.  —  Course,  tracas.  —  Ex.  : 
Ils  en  ont  fait  d'ein  gabârage  par  le  jardin 
pour  repêcher  ceté  poule-là  ! 

Et.  —  Inconn.  —  On  lit  Gabarotus  (1399).  — 
«  Ung  autre  gabarrier...  lequel  amarra  sa  gabarre 
joignant  celle  du  suppliant.  »  (1478.  D.  C.) 

Gabâreau-rot  (Mj.),  s.  m.  —  Grande  toue 
de  gabârage.  ^'.  Gabârer. 

Gabârer  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Conduire  un 
bateau  en  marinier  inexpérimenté.  ||  Fig.  — 
Pourchasser.  Ex.  :  Gabâre  donc  les  poules  qui 
sont  dans  le  jardin.  (Fu.),  id.  —  J'te  l'ai 
gabârré,  fallait  vouerre  !  ||  Syn.  Pergaler.  \\ 
Transporter  à  petite  distance,  au  moyen  de 
toues  de  gabârage.  Ex.  :  Ils  gabârentla  chaux. 
Il  v.  n.  —  Faire  des  voyages  fréquents,  aller  et 
venir.  ||  Tourner  de  côté  et  d'autre,  en  parlant 
du  vent.  Ex.  :  Le  vent  ne  fait  que  de  gabârer 
enhuit.  ||  Fig.  —  Délirer.  Se  débattre  dans  le 


cauchemar  ou  dans  la  fièvre.  Syn.  de  Batailler. 
|l  Q.,  Ag.  —  Marcher  en  zigzags,  d'un  côté 
de  la  route  sur  l'autre.  Cf.  Bourneyer  ;  — 
rappelle  la  manœuvre  d'une  gabare  en  des- 
cendant le  courant.  —  V.  F.-Lore.  Phrases, 
VIII,  67.   Il  Fu.  —  Errer,  courir,  ne  rien  faire. 

Gabârier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Marinier  qui 
conduit  une  toue  de  gabârage.  ||  Tuffeaux 
d'une  certaine  dimension,  ainsi  nommés 
parce  qu'on  les  transportait  par  gabares.  V. 
Barreaudes,   Gabârage, 

Gabegie-gis  (Mj.,  By.),  s.  m.  ou  f.  —  DifTi 
culte,  malentendu,  brouille,  bisbille.  Syn.  de 
Chahail.  \\  Manœuvre  louche,  frauduleuse  ; 
machination,  manigance.  Ex.  :  Y  a  du 
gabegie  là-dedans.  —  Quelle  gabegie  !  —  fu- 
misterie, tromperie,  escroquerie.  V.  Galbazou. 

Et.  —  Paraît  tenir  au  v.  Gaber.  Du  scand. 
gabb,  raillerie,  qui  a  p.-ê.  un  rapport  avec  le  rad. 
gav,  du  lat.  gaudere,  se  réjouir.  (Litt.)  —  P.-ê. 
apparenté  à  Grabuge.  Vx  fr.  Gabuser,  tromper. 
(Daem.)  —  Gab,  raillerie,  plaisanterie  ;  moquerie  |; 
tromperie,  fausseté.  (L.  C.)  —  A  rapprocher  du 
provenç.  Galéjade.  —  «  En  provenç.,  un  coq  est, 
comme  vous  savez,  un  gai,  et  un  petit  coq  un  gale. 
Et  galéja,  dans  l'esprit  où  ce  mot  est  employé  ici, 
donne  bien,  en  effet,  l'impression  de  celui  qui  fait, 
à  une  personne,  des  manières  de  petit  coq.  —  Lors- 
qu'on dit  d  un  jeune  homme  :  que  galéja  une  jeune 
fille,  cela  veut  dire  qu'il  lui  conte  fleurette,  qu'il 
joue,  auprès  d'elle,  le  rôle  de  coq  sautillant  autour 
de  sa  poule.  D'une  façon  générale,  son  syn.  en  fr. 
n'est-il  pas  :  «  plaisanterie  inoffensive  >?  —  En  tout 
cas,  les  galéjades  sont,  ici,  quelque  chose  de  léger, 
de  riant  et  d'aimable.  N'est-ce  pas  bien  méridio- 
nal, avant  d'être  français?  »  {Annales  pol.  et  lit., 
n-î  1120,  Dim.  11  déc.  1904.) 

N.  —  Est  toujours  masc.  à  Mj.,  Gabegis.  —  Le 
rapprochement  avec  Galéjade  me  paraît  forcé. 
La  galéjade  est  la  plaisanterie,  la  fanfaronade 
inoffensive  et  sans  conséquence.  —  Le  gabegis  est 
la  machination  louche  et  même,  et  surtout,  la  chi- 
cane, la  brouille,  le  grabuge.  C'est  de  ce  dernier  mot 
autrefois  garbuge,  qu'il  convient  de  le  dériver.  (R.O.) 

Gabionner  (se)  —  (Bg.),  v.  réf.  —  Se  bien 
couvrir. 

Et.  —  Gabion  ;  proprement  ;  grand  panier, 
grande  cage,  de  Gabbia,  cage.  —  Rac  Gab.  saisir, 
prendre.  —  «  Ils  avaient  en  partie  (par  la  vertu  des 
femmes  qui  se  gabionnoient  de  corps  morts)  repoussé 
l'ennemi.  »  (D'Acb.,  H,  i,  50.) 

Gaborias  (Cho),  s.  m.  —  Mêlé-cassis. 

Gabotagc  (Mj.),  s.  m.  —  Transports  flu- 
viaux à  courte  distance.  —  Ne  s'emploie 
qu'au  sing. 


GABOTER  —  GADILLOUX 


417 


Et.  —  C'est  le  fr.  Cabotage,  pris  dans  un  sens 
voisin.  Cf.  Gamion,  Ganif.  —  De  Cabo,  forme 
espagn.  du  mot  Cap.  —  Proprement  :  aller  de  cap 
en  cap. 

«aboter  (Mj.),  v.  a.  —  Transporter  par 
bateau  à  petite  distance.  Ex.  :  Il  gabote  la 
chaux.  V.  Cabotage. 

Oabrl  (Lg.),  s.  m.  —  Dimin.  de  Gabriel,  ou 
(By.)  Gabrielle  et  Bériaud  (Boériô)  Gabriel, 
masc. 

Gâche  1  (Ec,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Rame 
manœuvrée  sur  le  côté  du  fûtreau.  —  Ex.  : 
Passe  donc  le  taugourt  de  gâche  dans  Vétrou. 

Et.  —  Aha.  waskan,  laver  ;  waschen  •  angl.  to 
wash.  Le  sens  propre  est  :  Instrument  à  battre 
l'eau.  «  Jehan,  qui  estoit  à  un  port  de  la  rivière  de 
Loire,  print  un  aviron  nommé  gaiche.  »  (D.  C.  — 
Gachum.)  Cité  par  Littré.  —  «  Guasche  sera  dit 
l'aviron,  parce  que  ceux  qui  voguent  es  vaisseaux 
de  rame  battent  et  froissent  l'eau  avec  les  rames  ; 
et  guascher,  pour  brouiller  parmy  l'eau  :  comme  on 
dit  Guascher  du  plâtre.  «  (Ménage.)  —  «  Le  sup- 
pliant et  icellui  Toutefoy  entrèrent  ensemble  en  un 
certain  vaisseau  ou  fustereau...  ayant  une 
gasche. . .  pour  aider  à  menir  ledit  fustereau.  » 
(1459.  —  L.  C.)  —  «  Guaische,  gaische,  guasche, 
gâche,  gace,  wace,  —  gâche  ;  instrument  à  battre 
l'eau,  battoir  ;  aviron,  rame,  godille  ;  bourbier, 
gâchis  ;  tas  d'ordures  ;  flaque  d'eau,  marécage, 
marais.  —  Et.  Subst.  verb.  de  Guaschier.  Germ. 
waskan,  laver.  (D"'  A.  Bos.) 

Il  Tlm.  —  C'est  dans  ce  dernier  sens  qu'il 
s'emploie  dans  la  loc.  «  Laisser  le  cul  dans  la 
gâche,  —  c.-à-d.  laisser  dans  une  situation 
critique  et  embarrassée.  Correspond  à  la  loc. 
vulg.  :  Laisser  dans  la  panade,  dans  la  purée. 
Il  Lg.  —  Attraper  la  gâche.  Syn.  de  Gâcher. 
Il  By.  —  La  gâche  est  une  rame  composée  de 
deux  parties,  le  manche,  ou  taugourt,  et  la 
pelle  (palle),  lame  mince  de  chêne  fendu 
(merrain  de  chêne,  de  forme  pentagonale,  à 
deux  côtés  parallèles  et  clouée  par  son  angle 
aigu  sur  le  bout  du  manche.  N.  La  rame  pro- 
prement dite  est  d'un  seul  morceau. 

Gâche  ^  (Lg.,  Sp.),  s.  f.  —  Galette,  gâteau. 
Et.  —  Du  V.  fr.  gâcher,  qui  signifie  :  délayer, 
pétrir. 

Gâche  ^  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —  Frais.  «  Je 
veux  du  pain  ben  gâche,  —  bien  frais. 

Gâche- mâtre  (r  muet)  —  (Sp.),  s.  f.  — 
Sorte  de  galette,  appelée  à  Auverse  :  Fouée,  et 
à  Mj.  Galette  à  la  fouée. 

Et.  —  De  Gâche  ^  et  de  l'adj.  pat.  maire  ;  parce 
qu'en  effet,  cette  sorte  de  galette  est  molle  et 
flasque.  —  Orain  donne  à  Gâche  le  sens  de  :  pain 
mal  cuit,  plat,  mou. 

Gâcher  (Sp.,  Lg.),  v.  n.  —  Etre  surpris  par 
la  pluie  au  moment  où  l'on  bat  le  blé  dans 
l'aire.  A  Mj.  on  dit  dans  le  même  sens  : 
Attraper  la  galette.  Ainsi,  à  Mj.  et  à  Sp.,  la 
même  déconvenue  est  exprimée  par  la  même 
métaphore,  bien  qu'avec  des  mots  diiîérents. 
Il  By.  —  Manœuvrer  la  gâche,  ou  les  deux 
gâches.  Manœuvrer  le  gourneau  (gournâs) 
comme  une  longue  rame  se  dit  :  gourner  ;  le 
manœuvrer  comme  gouvernail  se  dit  :  tenir 


au  droit  (au  dré),  à  l'aide  de  deux  mouve- 
ments qu'on  désigne  par  :  se  serrer  et  se 
que  Hier. 

ISâchette  (Lg.),  s.  f.  —  Petite  trappe  qui 
ferme  un  tape-cul.  C'est  le  mot  fr.  en  un  sens 
spécial. 

Gade,  s.  f.  —  Jeu  d'enfants  (Ag.). 

N.  —  On  commence  par  rabuter,  pour  savoir 
qui  sera  dessous,  en  lançant  un  palet  ou  une  pierre 
vers  le  but,  la  gade,  sorte  de  quille  placée  dans  un 
rond  de  0,  50  c.  de  diam.  —  Celui  dont  le  palet 
est  le  plus  éloigné  de  la  gade  se  place  aun-'^s  d^  celle- 
ci,  prêt  à  la  relever  quand  elle  sera  abattue.  Avant 
que  le  jeu  commence,  il  faut  qu'il  ait  touché  du 
pied  son  palet.  Il  s'agit,  pour  les  autres  joueurs, 
d'abattre  la  gade,  puis  de  revenir  avec  son  palet  vers 
la.sawf'esans  être  pris.  Celui  qui  est  dessous,  lorsque 
la  gade  a  été  abattue,  doit  d'abord  la  relever  et  la 
faire  tenir  debout,  puis  courir  après  l'un  des 
joueurs,  qu'il  doit  toucher  avant  qu'il  arrive  à  la 
sauve.  Si.  pendant  qu'il  le  poursuit,  la  gade  tombe, 
soit  qu'elle  ait  été  mal  placée,  soit  abattue  par 
un  joueur,  il  doit  revenir  la  relever.  Pendant  ce 
temps-là,  les  autres  joueurs  cherchent,  évidemment, 
à  l'abattre.  Si,  en  jouant,  on  touche  de  son  palet  le 
palet  d'un  autre  joueur,  les  deux  joueurs  sont 
délivrés  et  peuvent  revenir  à  la  sauve  sans  être 
poursuivis.  Celui  qui  est  pris  prend  la  place  du 
perdant.  —  V.  Galette.  —  Faut-il  rapprocher  ce 
mot  du  vx  fr.  Gadel,  s.  m.,  chèvre,  chevreau? 
N.  Probablement  le  même  que  Got,  Gau,  par  ext. 
de  sens.  V.  à  Galette.. 

Gadille  (gaguille)  —  (Li.,  Br.,  SI.  Mj.,  By.),  s. 
f.  :  1°  Rouge-gorge,  petit  oiseau  des  haies. 
Syn.  de  Vache.  \\  2°  Roupie,  goutte  de  mucus 
nasal.  vSyn.  de  Reusse.  =  L'oiseau  est  la  Mota- 
cilla  rubecula.  V.  Gadrille,  Vachette,  Bedue, 
Gorge-rouge,  Russe.  \\  Br.  Bergeronnette,  = 
Il  (Do.),  Berrichon,  Bourichon,  roitelet.  ||  Lue. 
—  Petit  oiseau  tel  que  :  Rouge-gorge,  mou- 
che!;, roitelet,  troglodyte. 

?\.  —  «  Fauvette  rouge-gorge.  Cette  fauvette, 
la  plus  répandue  de  toutes  et  la  seule  qui  soit 
sédentaire  en  Anjou,  est  presque  méprisée  dans 
toutes  les  contrées  qu'elle  habite.  Le  nom  popu- 
laire qui  lui  est  donné  dans  plusieurs  campagnes 
vient  ajouter  encore  au  ridicule  attaché  à  sa  triste 
existence.  On  l'appelle  gadille.  Cette  dénomination, 
cependant,  comme  le  nom  commun  et  le  nom  scien- 
tifique du  rouge-gorge,  est  fondée  sur  le  plastron 
rouge  qui  couvre  sa  poitrine,  en  remontant  jusqu'à 
la  gorge.  En  effet,  d'après  Ménage,  gadille  dérive 
de  rubiadilla,  rubjadilla,  jadilla,  gadilla  ;  dès  lors 
la  racine,  dont  la  terminaison  seule  aurait  pré- 
valu, serait  :  ruhia,  «  rouge  »,  ce  qui  expliquerait 
pourquoi  gadille  est  syn.  de  «  roupie.  »  Belon  dit 
qu'on  appelle  le  rouge-gorge  la  roupie  ou  la 
gadille,  parce  qu'on  voit  cet  oiseau  venir  aux 
villes  et  aux  villages  lorsque  les  «  roupies  »  pendent 
au  nez  des  personnes  ;  ce  qui  signifierait  que  ces 
oiseaux  voltigent  même  pendant  les  plus  grands 
froids,  qui  font  rougir  le  nez  des  villageois.  »  (Abbé 
ViNCELOT,  p.  202.) 

Hist.  : 

«  Philomele  en  avril  ses  plaintes  y  jargonne  ; 

«  L'arondelle  l'esté,  le  ramier  en  automne  ; 

«  Le  pinson  en  tout  temps,  la  gadille  en  hyver.  » 
Ronsard,  297. 

Gadilloux  (By.),  adj.  q.  —  Qui  a  la  gadille, 
la  roupie,  la  morve  au  nez. 

27 


418 


GADOLAINE  —  GALANDAGE 


•  Cadolaine  (Mj.,  hg.),  s.  f.  —  Hallebreda, 
grande  fille  mal  bâtie,  pei'che.  On  dit  tou- 
jours :  grande  gadolaine.  j|  Molle,  sans  éner- 
gie. Il  —  Faut-il  rapprocher  ce  mot  de  Gade  ? 
—  de  Gondolée? 

Gadoues  (Mj.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Lieux  d'ai- 
sances. Il  Sal.  —  Eau  sale  et  boueuse. 

Et.  —  «  Gadoue  ;  prostituée,  entremetteuse.  En 
B.  L.,  Gadalis  a  eu  le  même  sens.  «  Similiter  de 
gadalibus  et  meretricibus  volumus  ut  apud 
queraque  inventée  fuerint,  ab  ils  portantur  ad 
mercatum,  ubi  flagellandœ  sunt.  »  —  En  bas-bret., 
Gadal,  entremetteuse.  La  véritable  origine  de  ce 
mot,  applique  aux  femmes  de  mauvaise  vie  de  la 
plus  basse  condition,  paraît  être  le  wallon  Gadau, 
jus  de  fumier,  et  le  vx  fr.  Gadoue,  matière  fécale, 
qui  avait  encore  ce  sens  au  xvn,=  s.  —  PacHELET 
définit  Gadoue,  ordures  et  excréments  qu'on  tire 
des  lieux.  Gadoûard,  vidangeur.  {Dict.  fr.  Edit. 
de  1680.)  —  Mercier  l'a  employé  dans  le  même 
sens.  Tableau  de  Paris.  (Eveillé.) 

Gadouiller,  v.  a.  —  Agiter  l'eau  avec  une 
rame  (Méx.). 

Gadrale  (Z.  136,  Q.),  s.  f.  —  Mauvaise 
chaussure. 

Gadras  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Grand  parleur, 
bavard.  S'emploie  surtout  dans  la  loc.  :  Gou- 
1er  comme  ein  gadras.  Mot  vieilli.  —  Serait-ce 
le  nom  de  qq.  oiseau  sauvage?  A  rapprocher 
de  l'angl.  Gander,  jars. 

Gadrille  (Sa.),  s.  f.  —  Rouge-gorge.  Syn. 
de  Gadille,  Vache,  Reiisse,  Russe,  c'est  le  mot 
Mj.  Gadille,  avec  épenthèse  d'un  r,  comme 
dans  Jardrin,  Sardrine. 

Gadrilloux  (Tlm.),  adj.  q.  —  Boueux,  en 
pari,  d'un  chemin.  Le  même  que  le  mtj. 
Godilloux,  avec  épenthèse,  d'un  r.  Cf.  Jar- 
drin, etc. 

Et.  —  Pour  :  gaudrilloux,  de  Gaudrer. 

Gadroilloux  (Lg.),  adj.  q.  —  Pluvieux. 
Syn.  de  Mouillé,  Mouillasseux,  Mouillassoux, 
Gassoilloux,  Gadrilloux,  Godilloux.  Cf.  Gau- 
droux  ;  Jatjb.,  Suppl.  —  Pour  Gaudrilloux, 
dér.  de  Gaudrer. 

Gadron  (Do.),  s.  m.  —  Mauvaise  chandelle 
de  résine.  V.  Rousillarde,  Oribus,  Esprit. 

Gafïe  (By.),  s.  f.  —  V.  Bourde. 

Gageas  (Mj.),  s.  m.  —  Gageure.  Ne  s'em- 
ploie que  dans  la  loc.  adv.  En  gageas,  —  à 
l'envi,  par  gageure. 

Et.  —  Deux  étym.  probables.  La  l'«  latine  ;  vas, 
vadis,  répondant,  caution,  garant  ;  2»  germ.,  goth. 
vadi  ;  aha.  wetti  ;  frison,  ved,  gage,  caution,  pro- 
messe. 11  est  probable  que  les  deux  étyraol.  ont 
concouru  pour  former  le  mot  roman.  (Litt.) 

Gagerie  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Foire  où  se 
gagent  les  domestiques.  Syn.  de  Louerie. 
C'est  le  mot  fr.  dans  un  sens  spécial.  ||  Louage 
des  domestiques.  Ex.  :  Eine  foire  de  gagerie. 

Gagne  (Ag.,  By.),  s.  f.  —  Dans  la  loc. 
Avoir  la  gagne  (pron.  :  gangne),  —  avoir  le 
dernier  mot,  l'emporter.  «  T'en  auras  pas 
la  gagne  ;  on  n'peut  pas  'n  n'avoir  la  gagne  de 
ce  failli  gas-là  ! 


Et.  —  Curieuse.  —  Gagner,  de  l'aha.  weidan- 
jan,  faire  paître  ;  weida,  pâturage,  sens  qui  figure 
dans  Gangnage.  Du  sens  rural  de  paître,  la  langue 
d'oïl  a  passé  au  sens  rural  de  :  labourer  :  puis  le 
profit  fait  par  la  culture  a  désigné  toutes  sortes  de 
profits,  le  gagner,  ce  qui  est  le  seul  sens  resté 
aujourd'hui  en  usage.  —  Au  xvf  s.,  gaigner.  — 
«  Le  subst.  Gain  témoigne  de  la  vie  agricole  de  nos 
ancêtres.  Gagner  (gaaignier),  c'était  :  faire  paJtre  ; 
un  gagnage,  c'était  un  pâturage  :  le  gaigneur  était 
le  cultivateur  :  le  gain  (gain)  était  la  récolte.  Il  en 
est  demeuré  un  témoin  qui  ii'a  pas  varié  :  c'est  le 
regain.  Quant  au  simple  ga  n,  à  mesure  que  la  vie 
s'est  compliquée,  il  a  étendu  sa  signification  ■  il  a 
désigné  le  produit  obtenu  par  toute  espèce  de 
travail,  et  même  celui  qui  est  acquis  sans  travail.  » 
(Michel  BrÉal,  Essai  de  Sémantique,  p.  129.) 

Gagner  son  avoine.  —  Se  dit  d'un  cheval 
qui  se  roule  dans  les  champs.  ||  By.  —  Gan- 
gner.  V.  Gagne. 

Gaguenette  (Mj.),  s.  f.  —  Canal  pour 
l'écoulement  des  eaux. 

Et.  —  De  l'ail.  Gange,  issue?  —  Peu  probable. 
Se  rapproche  du  fr.  Goguenot. 

Gaigner  Pour  Gagner. 

Hist.  —  «  En  dehors  des  gens  qui  vont  et  qui 
viennent  en  tout  temps  dans  Tîle  pour  travailler 
et  gaigner,  il  en  vient  d'autres  au  beau  temps. . .  » 
(Anj.  Hist.,  2"'  an.,  p.  .579.  —  L'Ile  Saint-Aubin. 
M.  l'abbé  Houdeelse.) 

Gailleret  (Fu,  Zig.  196),  s.  m.  —  Nom  de 
bœuf.  Dim.  du  fr.  Gaillard. 

Gaillert  (Lms,  Zig.  196).  V.  Gailleret. 

Gailloêber  (Sp.),  v.  n.  —  Syn.  de  Galocher. 
y.  Galoche. 

Gailloches  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  Neige  qui  s'attache  sous  la  semelle  des 
chaussu.'es.  Syn.  de  Galochée.  V.  E galoche. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Galoche. 

Gain  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Du  gain,  c'est  du 
gland  ;  par  suite  de  la  prononc.  de  gl  mouillé. 
Il  Lg.  —  Regain,  herbe  qui  repousse  dans  un 
pré  après  la  fauchaison. 

Et.  —  Regain,  pour  :  regain,  regaïm,  subst.  verb. 
de  l'anc.  v.  regaïner,  repousser.  De  re  -|-  waim.  Ce 
dernier  mot  paraît  correspondre  au  lat.  vulg. 
vuadimen,  où  se  trouve  le  rad.  germ.  de  :  gagner. 
V.  Gagne. 

Gaine  (Sal.),  s.  f.  —  Rosée  dans  l'iierbe.  Se 
gainer,  se  mouiller  de  gaine.  Y.  Guène. 

Gain-gain  (Mj.),  s.  m.  —  Raisin,  mot  enfan- 
tin. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Grain,  débarrassé  de  l'r.  dont 
l'articulation  est  trop  dure  pour  les  petits  enfants, 
et  répété.  —  Ou  tout  .simplement  la  dernière  syll. 
de  Raisin,  modifiée.  len,  ien. 

Galandage  (Tlm.),  s.  m.  —  Action  de  cour- 
tiser une  jeune  fille,  galanterie.  —  Dér.  de 
Galander. 


Qal.  —  Syll.  préfixe  d'origine  celtiq.,  donnant  à 
presque  tous  les  mots  auxquels  elle  est  associée  une 
signification  injurieuse  et  dépréciante.  V.  Bar  et 
Ber. 


GALANDER  —  GALEAU-LOT 


419 


Et.  —  Vx  fr.  Gale,  d'où  l'a.  v.  Galer,  se  réjouir, 
faire  la  noce,  mener  du  train.  —  Orig.  vha.  Geil: 
luxurians,  libidinosus.  Le  sens  foncier  est  donc  , 
plaisir,  joie.  Dans  tous  les  mots  de  cette  famille  se 
dessine  le  culte  de  la  femme  dans  ce  qu'il  a  de  noble 
et  d'élevé,  aussi  bien  que  dans  ce  qu'il  présente 
de  sensuel.  (Voyez  à  ce  sujet  le  Dici.  phil.  de 
Voltaire,  au  mot  Galant.)  Toutes  ces  acceptions 
se  rapportent,  en  dernier  ressort,  aux  relations  de 
l'homme  avec  la  femme.  »  (Scheler.) 

Cialander  (Mj.),  v.  a.  —  Courtiser,  galan- 
tiser.  Ex.  :  C'est  eine  marraine  qui  aime  beii 
se  faire  galnnder. 

Galants  (Eu.).  —  Faire  venir  les  galants. 
Se  dit  d'une  fille  bonne  ménagère  qui  fait 
ronfler  le  fuseau,  ce  qui  indique  qu'elle  est 
active  et  digne  d'être  recherchée  en  mariage. 
Il  Sal.  —  On  se  fait  craquer  les  articulations 
des  doigts  pour  compter  ses  galants. 

Galapias  (Mj.,  By.,  Sal.),  s.  m.  —  Batteur 
d'estrade,  vagabond,  chemineau,  trimar- 
deur.  Ne  se  dit  qu'en  mauvaise  part.  Syn.  de 
Calureaux,  Hâlots,  etc. 

Et.  —  Pour  Galopias,  du  fr.  Galoper,  avec  le  sens 
primitif  de  vagabonder,  rôder.  —  P.-ê.  forme  péjor. 
de  Galopin. 

Oalarne  (Partout),  s.  f.  —  Le  Nord.  Ex.  : 
1  fait  du  grand  vent  de  galarne.  ||  Mj.  Avoir  un 
eil  de  bise  et  l'autre  de  galarne,  —  bigler, 
loucher.  V.  Pertoire.  \\  La  Galarne.  —  Tout 
le  pays  au  N.  de  la  Loire.  On  dit  proverbiale- 
ment d'un  dépensier  :  «  I  mangerait  ben 
Galarne  et  tout  ce  qui  en  reveint.  »  !|  Sp.  — 
Galarne  L'Ouest.  ||  By.  —  La  Galarne,  vallée 
de  la  Mayenne  et  de  l'Oudon.  Vers  le  N.  C'est 
le  Pays-haut  (pai-guî  haut,  vallée  de  la 
Sarthe).  —  La  vallée  de  la  Loire  est  le  Pays-bas. 
V.  Enie. 

N.  —  Ainsi,  on  appelle,  à  Sp.,  Galarne  ce  qui,  à 
Mj.,  s'appelle  Le  Bas  :  et  le  point  cardinal,  appelé, 
à  Mj.,  Galarne,  s'appelle,  à  Sp.,  le  Haut. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Galerne,  qui  désigne  le  vent  du 
nord-ouest.  V.  Bise.  —  Bas-bret.  Gwalarn  ;  Gai, 
vent. 

Hist.  —  «  Le  vent  de  Galerne,  dist  Panurge, 
avoit  donc  lanterné  leur  mère.  »  (Rab.,  P.,  iv,  9.) 

«  Hz  ne  se  contentent  de  santé,  d'abondant  ilz 
souhaitent  gaing,  voire  les  escuz  de  Gadaigne. 
(Rab..  p.,  IV,  Prol.    355.) 

N.  —  Ceci  nous  donne  l'explication  de  la  locu- 
tion curieuse  :  Il  mangerait  ben  galarne  et  tout  ce 
qui  en  reveint.  Evidemment,  Galarne  a  été  pris 
par  confusion  pour  Gadaigne,  personnification  du 
gain,  de  la  richesse,  —  lat.  Guadagnare.  (R.  O.) 
François  de  Gadagne,  financier  du  temps,  prêta 
de  l'argent  à  François  pr,  prisonnier.  (A.  V.) 

«alarne  (Mj.),  adj.  q.  —  Qui  vient  du  Nord. 
Se  dit  du  vent.  Cf.  Bas-Galarne,  Soulère,  Bise. 
Il  By.  —  Galarne,  prononciation  de  Galerne, 
côté  N.  O.,  d'où  :  le  vent  va  se  galarner,  pour  : 
se  galerner. 


Oalarnois  (Mj.),  s.  m. 
au  Nord  de  la  Loire. 


Habitant  du  pays 


N.  —  Ce  n'est  jamais  sans  une  pointe  d'ironie 
qu'un  Montjeannais  pur  sang  parle  des  Gnlarnois. 
(Je  tiens  de  M.  Bompois,  instituteur  à  Tiercé  et 


natif  de  Gennes,  que,  dans  cette  dernière  localité, 
le  même  sentiment  existe  vis-à-vis  des  voisins  de  la 
rive  droite.)  Use  moqueravolontiers  de  leur  langage, 
de  leur  costume,  de  leurs  usages,  ce  qu'il  ne  fera 
guère  pour  les  habitants  de  la  rive  gauche,  même 
pour  ceux  qui  habitent  loin  dans  l'intérieur  des 
terres.  Ceux-ci  seront  pour  lui  des  chouans,  comme 
il  est  pour  eux  un  pataud.  Mais  l'antipathie  des 
riverains  des  deux  bords  de  la  Loire  est  plus  pro- 
fonde, date  de  plus  loin  et  est  d'ailleurs  générale 
dans  notre  département.  Elle  ne  tient  pas  simple- 
ment a  des  dissentiments  politiques  :  elle  provient 
d'une  rivalité  de  races  et  de  pays.  L'habitant  de  la 
rive  gauche  a  plus  de  sang  celtique  et  romain  ;  c'est 
un  homme  de  langue  d'oc,  par  les  affinités,  tout 
au  moins. 

L'habitant  de  la  rive  droite  est  un  français  de 
langue  d'oil,  de  sang  germain  et  normand.  Celui-ci 
a  été  l'envahisseur,  le  conquérant  ;  et,  si  le  vaincu, 
l'homme  de  la  rive  gauche,  ignore  aujourd'hui  que 
la  Loire  a  formé  jadis  les  Marches  de  l'Aquitaine  et 
de  la  Neustrie,  il  a  malgré  tout  conservé,  sinon  le 
ressouvenir,  au  moins  le  ressentiment  vivace, 
instinctif  et,  pour  ainsi  dire,  inné  des  luttes,  des 
pillages  et  des  cruautés  de  jadis.  Du  reste,  cette 
antipathie  tend  tous  les  jours  à  s'effacer  et,  bien- 
tôt, il  n'en  demeurera  plus  de  traces.  —  V.  Mar- 
peau.  (R.  O.) 

ttalas  (Mj.,  By.),  s.  m.  Bombance.  C'est  le 
fr.  Gala,  mais  qui  s'emploie  isolément  et  abso- 
lument dans  le  sens  indiqué,  le  seul  que  notre 
patois  lui  attribue. 

Et.  —  V.  Galandage. 

Cialatas  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Galetas,  grenier 
perdu.  Se  rapproche  le  plus  du  mot  Galata, 
d'où  il  vient. 

Et.  —  Galathas  a  été  le  nom  donné  à  une  tour 
de  Constantinople  ;  puis  le  nom  d'un  apparte- 
ment dans  la  maison  des  Templiers,  etc.  —  Com- 
ment en  est-il  venu  à  signifier  une  chambre  sous 
les  combles?  (Littbé.)  —  Au  xiv«  s.,  le  haut  de 
tout  édifice  important. 

Oalau  (Cho.),  s.  m.  —  Œuf  (ou  noix?)  — 
Doublet  de  Caleau,  Calot. 

Hist  —  «  Même  qu'une  fois  on  avait  jeté  sur  la 
tête  de  la  mère  Fanchette  un  vieux  galau  qu'elle 
nous  avait  donné.  »  —  N.  H  s'agit  d'une  niche  de 
choraux  quêtant  les  œufs  de  Pâques.  (La  V.  catho- 
liq.,  31  mars  1907,  1,  6.) 

Oalbazou  (Do.),  s.  m.  —  Brouille.  — 
Inconnu  à  Mj.  —  Mais  nous. voici  revenus  à 
Garbuge,  Grabuge  et  Gabegis,  qui  est  synon. 

Galçon  (By.,  Zig.  189),  s.  m.  —  Caleçon.  Cf- 
Ganif,  Ganiion. 

Cale  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Squame,  eschare, 
croûte,  exfolialion  épidermique  du  genre  de 
celles  que  produit  la  gale,  quelle,  d'ailleurs, 
qu'en  soit  la  cause,  jj  Méchant  comme  la 
gale,  —  très  méchant.  ||  Mauvaise  gale,  — 
personne  méchante,  harpie.  Syn.  de  Chipie. 

Et.  —  LiTTRÉ  en  propose  cinq  et  penche  pour  la 
5«  :  Galla,  galle  des  arbres,  maladie  des  végétaux 
qu'on  a  transportée  aux  hommes  et  aux  ani- 
maux. 

Galé,  ée  (Mj.),  part.  pas.  —  Squameux, 
recouvert  de  croûtes,  en  pari,  d'une  plaie. 

Galeau-lot  (Lg.),  s.  m.  —  Perche  dont 
on  se  sert  pour  porter  de  la  paille.  N.  Deux 


420 


GALÉE  —  GALICHETTE 


>,lileaiix  portés  par  deux  hommes  forment  une 
!î  jrte  de  civière.  Syn.  de  Pau,  Pot. 

Et.  —  A  p.-ê.  qq.  rapport  avec  le  fr.  Galée, 
j)lanchette  dont  se  servent  les  imprimeurs. 

Cîalée  (Lg.),  s.  f.  —  Quantité  de  paille  que 
l'on  peut  porter  sur  deux  galots  ou  galeaux. 

<jialège  (Segr.),  s.  f.  —  N'avoir  pas  assez  de 
galège,  c.-à-d.  pas  assez  d'espace  pour  faire 
tourner  une  charrette.  (Mén.)  — •  Garage?  |I 
By.  —  Garège. 

tialenée  (Lg.),  s.  f.  —  Porclie  d'une  église, 
auvent  placé  en  avant  de  la  grande  porte, 
comme  il  en  existait  partout  autrefois.  N. 
Pron.  Gainée. 

Et.  —  Galilée,  —  porche  d'église.  «  Et  ils  es- 
gardent  si  com  ils  issoient  de  l'iglise  ;  si  voient 
devant  la  porte  du  mostier  de  fors  la  galilée  un 
perron  tôt  caré.  »  D.  C.  Galilœa.  (Cité  par  L.  C.)  — 
N.  By.  —  Est-ce  la  même  chose  que  le  Balleil 

Galer  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Se  couvrir  de 
croûtes,  en  parlant  d'une  plaie,  d'une 
eschare.  N.  Littré  donne  ce  mot  avec  un  sens 
voisin  :  se  gratter 

Gâler  (Sa.),  v.  n.  —  Se  gercer,  se  fendiller. 
Il  By.,  id.,  produire  des  gâlures  ou  geales 
(a  bref).  V.  Folk-Lore.  Remèd.  popul.  XIV. 

Et.  —  Cf.  l'angl.  to  Gai,  écorcher,  blesser,  —  et 
le  mot  fr.  Gale,  parce  que  les  galeux  se  frottent 
continuellement.  —  Terre  galée,  gercée  par  la 
chaleur. 

Oalére  (pron.  galéere).  —  (Mj.,  By.),  s.  m. 

—  Galère.  ||  Fig.  —  Petite  exploitation  où  le 
fermier  travaille  beaucoup  pour  ne  rien  gagner. 
On  dit  :  C'est  ein  petit  galère.  ||  Direction 
dans  le  fil  de  la  pierre  qu'on  approprie  pour 
fendre  les  ardoises.  (Mén.) 

Et.  —  Nom  d'un  bâtiment  à  rames  et  à  voiles, 
Parait  dérivé  du  même  rad.  que  Galée,  même 
sens.  —  Emprunté  du  B.-grec  Galaïa,  petit  navire 

—  «  Elle  n'a  (la  galée)  qu'une  rangée  de  25  à 
32  rames  par  bande  ou  bord.   ■  (L.  C.) 

Oalerne  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  \'ent  d'ouest. 
Etre  sous  la  galerne.  —  Cf.  Galarne,  Erne.  \\ 
Lue.  Vent  du  Nord.  ||  Th.  —  Quand  le  vent 
est  à  l'Est,  on  dit  qu'il  est  dans  la  galerne.  — 
N.  La  direction  varie  donc  suivant  les 
régions.  ||  Haute  et  Basse  Galerne,  —  Sud- 
Ouest,  Nord-Est.  (Tiercé.)  ||  Sal.  —  Occident. 
N.-O.  —  Gâs  de  la  galarne  ;  le  vent  vient  de 
galarne.  Vire  la  piautre  en  galarne. 

Et.  —  Legonidec  l'explique  par  :  Gwall,  mau- 
vais, méchant,  et  Arné,  orage.  —  Dans  le  Berry, 
c'est  le  vent  d'est.  —  Hist.  :  Lorsque  le  vent, 
passant  de  la  galerne  au  nord,  devient  dreit  haut, 
lorsque  le  froid  pique...  »  (Anj.  Hist.,  2^  an., 
n°  3,  379,  3,  4.)  —  N.  P.  —  Il  est  clair  que,  pour 
l'auteur  (M.  l'abbé  Houdebine),  la  galerne  est  le 
N.  W.,  tandis  qu'à  Mj.  c'est  le  Nord  ;  mais  il  prend 
haut,  comme  nous,  dans  le  sens  de  E.,  ou  au  moins 
N.-E.  —  «  Avoir  échappé  à  tant  de  dangers  dans 
la  Galerne  et  venir  se  faire  prendre  à  sa  porte  !  » 
(Deniau.  h.  de  la  V.,  t.  IV,  p.  512.)  —  «  On  sait 
où  le  soleil  s'est  levé,  où  le  soir  il  se  couchera,  que 
le  nord  et  l'est,  «  pays  haut  »,  sont  plus  riches  et 
moins  religieux  que  le  sud  ;  le  «  pays  bas  », 
devenant   poitevin   a  des   gens   d'humeur   moins 


alerte  ;  volontiers  on  le  regarde  comme  légère- 
ment arriéré.  Reste  l'ouest  ;  c'est  la  galerne  d'où 
viennent  les  bœufs  maigres  et  les  mauvais  vents.  » 
(P.  GouRDON,  Le  Pays  des  Mauges.  Correspondant, 
n°  du  25  avril  1907.)  —  Région  de  l'Ouest,  a  Abu- 
tant  de  galerne.  »  Désignation  de  bornage.  (P. 
EUDEL.  V.  Blés.) 

dlalernée  (Pell.),  s.  f.  —  Pluie  froide.  Cf. 

Marée 

dlalerner  (se)  —  (Mj.,  Pell.),  v.  réf.  — 
Tourner  au  N.,  en  pari,  du  vent. 

Oaleter  (gal'ter,  ghel'ter)  —  (By.,  )  v.  a.  — 
Battre  l'air  avec  les  bras,  en  proie  à  une  suffo- 
cation violente.  V.  Daleter,  Saleter,  Essaleter. 

Galette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Galette  à  la  fouée. 
—  galette  peu  épaisse,  que  l'on  met  cuire 
rapidement  dans  un  four  très  chaud  et  que 
l'on  mange  brûlante.  On  en  fait  aussi  de  la 
Soupe  à  la  pie,  soupe  au  cidre.  Se  servent  dans 
des  bols.  Il  Fig.  —  Averse  subite  qui  sur- 
prend les  batteurs  et  mouille  le  blé  étendu 
sur  l'aire.  On  dit  :  Attraper  la  galette,  — 
être  ainsi  surpris.  V.  Gâcher.  \\  Sp.  —  fig.  — 
Bévue,  impair,  lapsus.  ||  Mj.,  Sp.,  By.  — 
Fig.  —  Individu  dépourvu  d'énergie  physique 
ou  morale,  poule  mouillée,  ganache,  ij  Quibus, 
espèces  sonnantes,  argent  comptant.  Syn.  de 
Braise,  Pépettes,  Monacos,  Poignon. 

Et.  —  De  Galet,  par  assimilation  de  forme.  Vx 
fr.  Gai,  caillou  ;  du  celt.  ;  B.-br.  Kalet,  dur  ;  gaël. 
Gai,  caillou. 

N.  —  Gai  faisait  au  plur.  Gaux.  «  Nos  enfants  ap- 
pellent gais  ou  gaux  deux  pierres  plantées  et  posées 
en  telle  distance  que  l'on  veut,  dans  quelque 
grande  place  où  ils  jouent  avec  des  crosses,  dont  ils 
frappent  et  poussent  une  balle,  ou  autre  chose  ;  et, 
partant  promptement  du  lieu  où  est  leur  gai, 
tâchent  de  la  pousser  jusqu'à  l'autre  gai,  ce  qu'ils 
peuvent  faire,  sans  que  les  compagnons  qui  jouent 
contre  eux  les  empêchent;  cela  s'appelle  :  avoir  ou 
gagner  le  gai  ;  c.-à-d.,  gagner  la  partie. . .  Il  faut 
présentement  parler  de  l'origine  du  mot  Gai.  Il 
vient  de  Calculus,  callus,  gallus,  gai  :  calculi, 
calli,  galli,  gaux.  On  a  dit  :  dégoter,  pour  dire  : 
commencer  à  pousser  cette  balle  dont  il  vient 
d'être  parlé.  Et,  dans  notre  province  d'Anjou, 
quand  celui  qui  la  pousse  est  sur  le  point  de  la 
pousser,  il  crie  aux  autres  joueurs  :  Dégot  s'en  va  ; 
et  les  autres  joueurs  lui  répondent  :  Quand  il  vou- 
dra :  ce  qui  montre  que  ce  Gaux  a  été  aussi  appelé 
Got.  »  (Ménage.)  De  là  Yot,  Ayoter,  Déyoter. 

Galettier  (Lg.),  s.  m.  —  Syn.  de  Galettoire. 
N.  Au  Lg.  on  fait  surtout  des  galettes  de 
farine  de  mil. 

Galettoire  (Mj.,  Cra.,  Segr.,  Ag.),  s.  f.  — 
Vase  de  fonte,  large  et  très  peu  profond,  sou- 
tenu par  trois  pieds  et  ressemblant  à  un  cou- 
vercle de  marmite  renversé,  dans  lequel  on 
fait  cuire  les  galettes  de  blé  noir. 

Galeux  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Fig.  —  Chiche, 
pingre.  Dans  le  même  sens,  le  fr.  emploie 
Ladre.  Syn.  Nacre,  Chiard,  Râchoux. 

Galibaiides   (Bg.),   s.   f.   pi.   —  Giboulées, 

grésil.  Il  tombe  des  galibaudes. 

Galichette.  —  «  Bravo,  la  galichette  !  » 
Dans  l'article  La  Fressure,  de  M.  Ch.  Leroux 


GALIERE  —  GALOPE 


421 


Cesbrox.  —  Angevin  de  Paris.  —  jj  Xe  serait- 
ce  point  un  nom  propre?  J'ai  connu  des  per- 
sonnes de  ce  nom,  à  Sp.  R.  O. 

Cialière  (Bg.,  Pell.,  Sa.),  s.  f.  —  Veste, 
carmagnole,  blouse,  souquenille.  —  Apportez- 
moi  ma  galière.  — Ce  mot  a  vieilli.  Syn.  Bâche. 

Galiet,  s.  m.  —  Contraction  de  Caille-lait. 
—  Lat.  Galium  ;  de  la  famille  dse  Rubiacées. 

Oaliinache  (Sp.),  s.  f.  —  La  bouche. 

Et.  —  Dér.  du  préf.  Gali  et  du  fr.  Mâcher,  dont 
le  pat.  fait  souvent  l'a  bref.  V.  Mâcher.  —  Le  fr. 
Galimafrée  paraît  avoir  qq.  rapport  avec  ce  mot. 

Galimatias  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Mélange 
incohérent  de  toutes  sortes  de  matières,  gali- 
mafrée. 

Et.  —  Incertaine.  —  Préf.  Gali. 

Galinette  (Sp.),  s.  f.  —  Xe  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Se  mettre  en  galinelte  ;  —  se 
dévêtir  presque  complètement,  surtout  le 
torse,  pour  se  livrer  à  un  travail  pénible  de 
culture.  Il  Galignette  (My.).  — •  Etat  d'une 
personne  qui  ne  conserve  que  sa  chemise  et, 
par  conséquent,  peu  gênée. 

N.  —  Gallinet  (être  en).  Favke,  Poitou. 

Galiote  (Jv.,  Bch.,  Lpc,  By.),  s.  f.  —  Yole, 
bachot.  Il  (Mj.).  —  Faîtage  qui  soutient  les 
panneaux  du  pontage  d'un  bateau  à  leur  bord 
supérieur.  V.  Hiloirc,  Galère. 

Hist.  —  En  une  minute  ils  embarquent  dans  la 
galiote  de  mon  beau-père.  (Ang.  de  Paris,  18  août 
1907,  1,  2.)  —  Une  galiote  a  été  volée  dans  la  nuit 
de  samedi  à  dimanche  à  M.  G. . .,  pêcheur  à  Bou- 
chemaine.  {Id.,  7  avril  1907,  3,  3.) 

N.  —  La  galiote  à  une  levée  force  sur  le  bâton  et 
plonge.  Elle  a  une  côme  et  une  cabane.  A  rarrière 
la  commande  (c'mande),  corde  pour  s'amarrer.  — 
La  galiote  à  deux  levées  va  dans  les  deux  sens  ; 
elle  est  bien  nageante  au  bâton.  —  Ce  mot  est 
inconnu  à  Mj. 

Galipettes  (Sp.),  s.  f.  —  Xe  s'emploie  qu'au 
plur.  et  seulement  dans  la  loc.  Virer  des  gali- 
pettes. Sens  obscène. 

Hist.  — «Puis  c'était  le  Noël  des  Pastoureaux, 
en  patois  poitevin,  lequel  commençait  ainsi  : 
u  Voisin  Colas,  dame  o  lé  a  thio  cot 
«  Qu'o  faut  prindre  en  mains  ses  deux  bots  ; 
«  Et  pis  courir  le  trot, 
«  Le  trot  et  la  galipotte 
«  Sans  soulay,  ni  bots,  ni  bottes, 
«  Per  veure  dans  la  grange  à  Guillot 
«  Un  Dieu  dans  un  maillot.  » 

(La  Trad.,  p.  193,  1.  14.) 
(Voisin  Colas,   dame,  c'est  à  ce  coup,  Qu'il  faut 
prendre  en  mains  ses  deux  sabots. . .  etc.  —  Gali- 
pote  veut  dire  ici  Aller  au  galop,  du  cell.  Galoupa.) 

Galipot  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Nœud  coulant 
que  l'on  fait  avec  la  corde  ou  fène  autour  du 
mufle  d'un  bœuf,  d'une  vache,  pour  les  main- 
tenir plus  facilement.  Syn.  de  Lipol.  \\  Brissac. 
La  tête. 

Et.  —  Etant  donné  que  Pot,  dans  notre  patois 
signifie  :  moue;  on  peut  voir  dans  Galipot  ce  vo- 
cable avec  le  préf.  péjor.  Gali  ;  et  alors  le  mtj. 
Lipot  en  serait  une  corrupt.  Ou  bien,  puisque 
Lipot  signifie  aussi  Lèvre,  on  peut  admettre  que 


Galipot   est    pour  Galilipot.  et  i!    faudrait   l'écrire 
Gallipot. 

Galipoter  (Ag.,  By.),  v.  a.  —  Manier,  avec 
une  idée  de  dégoût. 

Et.  —  Galipot.  Térébentine  impure  ;  mastic 
particulier  à  la  marine,  composé  de  résine  et  de 
matières  grasses.  Galipoter,  c'est  donc  :  enduire  de 
galipot.  —  Dér.  de  l'ail.  V.  Scheler  à  ce  mot. 

Galistrade  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Courre  la  galistrade,  — 
courre  la  pertentaine,  le  guilledou. 

Et.  —  Ce  mot  est  formé  du  celt.  Gali,  Gai, 
Gwal,  mauyais,  et  d'une  rac.  Strad,  qui  se  rétrouve 
dans  le  fr.  Estrade,  le  pat.  Estrader,  l'ital.  Strada, 
l'angl.  Street,  l'ail.  Strasze.  Galistrade  signifie 
littéralement  :  Mauvaise  voie. 

Galivage  (Mj.),  s.  m.  —  Littéralement  : 
Action  d'errer.  Ce  mot  ne  s'emploie  que  dans 
qqs  loc.  prov.  ij  Etre  en  galivage,  —  courir  la 
prétentaine,  etc.  ||  Envoyer  au  galivage, 
envoyer  qqn  au  loin  pour  s'en  débarrasser, 
envo3^er  promener. 

Et.  —  Du  préfixe  Gali  et  du  lat.  Vagus.  Cf. 
Galistrade.  — ■  Jaub.  Gallouage. 

Gallise.  vx  mot  ang.  Probablement  Calice, 
mal  écrit,  avec  adoucissement  de  c  en  g,  com. 
dans  Gamion. 

Hist.  —  Inventaire  du  mobilier  de  l'église  de 
Montjean  (Montejehan).  —  «  1°  La  grande  croix 
et  les  deux  gallises,  le  tout  d'argent  doré.  »  [Inv. 
Arch.,  t.  III,  E,  S,  s,  445,  2,  m.) 

Galmasseux,  se(Mj),  adj.  q.  —  Dontl'écorce 
est  irrégulière,  rugueuse,  crevassée. 

Galoche,  s.  f.  —  Jeu  d'enfants.  —  C'est  le 
jeu  de  bouchon.  ||  Neige  incrustée  à  la  semelle 
des  sabots.  ||  By.  —  De  plus  :  Galoches,  syn. 
de  Echasses.  V,  Egaloche. 

Galochée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Xeige  ou  boue 
qui  s'est  attachée  aux  chaussures.  Syn.  de 
Gailloches,   Galocher,  Débotture,  Bette,  Bottée. 

Et.  —  Probablement  de  Gallicae,  sorte  de  chau- 
sure  gauloise.  V.  L.  Curne  et  D.  C.,  v°  Galochia, 
1382.  (LiTT.)  —  Darm.  préfère  :  Lat.  pop.  Galopia, 
dérivé  de  Galopus,  —  podos,  transcription  du 
grec  Kalopous,  —  podos  (Cf.  calopodes  solea;, 
galoches, dans  un  scoliaste  d'HoRACE). Proprement  : 
pied  de  bois.  —  Ne  pas  confondre  le  s.  Kâlon,  bois, 
et  l'adj.  Kaloç,  beau.  —  «  Cum  gallicis  et  lacernâ 
conrurristi.  »  Cicér.,  2%  Pkilipp.  (EvEiLLÉ.) 

Galocher  (Mj.),  v.  n.  —  Prendre  de  la  boue 
ou  de  la  neige  à  ses  chaussures.  ||  Patauger 
dans  la  boue.  V.  Galochée,  Egaloche,  Gail- 
loches, Gaillocher,  Engalocher,  DégalocJier, 
Galoche. . 

Galop  (Mj.).  —  Dans  la  loc.  :  Etre  guéri  du 
galop,  —  ne  plus  songer  à  courir  (au  sens  de  : 
faire  la  noce,  la  fête.) 

Galope  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  adv.  :  A  la  galope,  —  très  vite,  à  la  hâte  ; 
sans  soin.  V.  Galopée.  \\  Li.,  Br.  —  Il  est  tou- 
jours en  galope,  il  ne  reste  jamais  tranquille. 
Il  Galope-chopine  (Cho.,  By.).  Gobeloteur.  || 
Galope  la  fripe,  —  gourmand,  parasite,  cher- 
chant de  bons  repas.  —  C'est  le  sens  primitif- 


422 


GALOPÉ  E  —  GAMMER 


Cialopée  (Mj.),  s.  f.  —  A  la  galopée,  —  à  la 
hâte,  sans  précaution,  à  la  dépêche-compa- 
gnon. Ex.  :  On  voit  ben  que  ça  été  fait  à  la 
galopée.  Il  By.  —  On  dit  :  A  l'égalope,  à 
l'égalopée,  comme  on  dit  :  égaloper,  pour  : 
galoper,  pourchasser. 

CSaloper  (Mj.),  v.  n.  —  Courir  de  çà  et  de 
là,  vaguer,  errer.  H  v.  a.  —  Poursuivre,  pour- 
chasser, Ex.  : 

Galopez,  galopez,  galopez, 
Galopez-moi  ce  moine, 
Galopez-moi  ce  moine-là. 

(Refrain  connu.) 

Galopias,  s.  m.  —  Pour  :  galopin.  V.  Ga- 
lope. Il  Lg.  —  Vagabond.  Syn.  de  Vacabond, 
Galapias,  Galopin,  Meillaud.  Cf.  Jaub.  à 
Vallaupien. 

Galopin  (Fu.,  Lg.,  Msm.),  s.  m. —  Mendiant, 
bohémien,  vagabond,  trimardeur.  Ex.  :  Il  a 
passé  eine  chârtée  de  galopins.  Syn.  V.  Galo- 
pias, Camillaud,  Halot.  \\  Lg.,  By.  —  Pleutre, 
syn.  de  Plat-cul. 

Galot"  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Galeau. 

Galoux  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Galeux.  Cf. 
Morvoux,  Mardoux. 

Hist.  —  «  Item  pour  oile,  ointg  vieil  et  œufs 
achetés...  pour  faire  oingture  à  oingdre  lesdits 
chiens  qui  estaient  galoux.  4  sous.  »  (1365.  —  Inv. 
Arch.,  E,  p.  100,  col.  2.) 

Galter  (Sa.),  v.  a.  —  Chasser,  envoyer  pro- 
mener, pourchasser.  Ex.  :  Qu'ils  ne  illy  re- 
viennent pas,  ces  bohémiens-là,  je  te  les  gal- 
îerais  !  Patois  norm.  :  remuer,  trembler. 

N.  —  Notre  v.  Daleter  n'est  p.-ê.  qu'une  corrupt. 
de  celui-ci.  —  «  Cf.  .Jor.  :  Galter,  se  choquer,  en 
pari,  des  fenêtres  des  portes  agitées  par  le  vent  ; 
claquer,  en  parlant  des  dents,  et,  par  ext.,  trem- 
bljr.  —  DoTTix,  —  se  tordre  dans  l'agonie,  s'agiter 
convulsivement.  —  God.,  —  galetage,  carillon 
produit  avec  des  galets.  Et  la  note  :  «  Dans  la 
campagne  de  Saint-Lô,  on  dit  encore  Galleier  pour  : 
carillonner.  «  (G.  de  G.:  p.  298,  Note.)  —  By.  — 
Est  employé  seulement  dans  le  sens  de  :  trembler, 
être  en  convulsions.  V.  Galeter. 

Gâlure  (Sa.,  Va.,  Tr.,  Zig.  138,  By.),  s.  f.  — 
Fente,  craquelure,  gerçure  aux  mains.  Syn. 
de  Partissure  \\  Engelure.  Syn.  de  Geale, 
Pigeonneau,  Péchon.  —  Te.  V.  Péchon.  \\  Terre 
gercée  par  la  sécheresse.  By. 

Et.  —  Semble  venir  de.  Geale,  avec  durcisse- 
ment de  la  consonne  initiale.  Cf.  Garbe  =  Gerbe. 

Galurin  (Bg.,  Mj.,  By.),  s.  m.  —  Chapeau 
et  surtout  chapeau  haute  forme.  Argot.  Iro- 
nique. V.  Taf,  Capsule,  Tube,  etc. 

Et.  —  Delvau  le  rapproche  de  Galea,  casque,  ou 
mieux  de  Galerum,  chapeau.  —  Borel,  de  Galerus, 
à  cause  de  sa  figure  de  bateau.  —  Hist.  :  «  Bientôt, 
les  tailles  brodées  de  velours,  les  capots  et  les 
coiffes  disparaîtront,  pour. . .  le  plus  grand  profit 
des  fabricants  de  galurins  à  4  fr.  80  et  le  triomphe 
de  la  laideur  universelle.  »  (Angev.  de  Par.,  i"'  sept. 
1907,  1,  5.) 

Galvauder  (Lu.,  Mj.,  By.),  v.  n.  — Vagabon- 
der. Syn.  de  Courre  la  galistrade.  ||||Regarder 
son  ouvrage  et  ne  pas  le  faire,  ou  le  faire  mal. 
Il  SaL  — ■  Gambader  de  ci  et  de  là. 


Et.  —  Incon.  —  Dans  le  Berry  :  Balvauder.  — 
Ce  n'est  jtas  tout  à  fait  le  sens  du  v.  français. 

Galvaiideiir  (Lg.,  Sal.),  s.  m.  —  V.  Galvau- 
de ux. 

Galvaudeu.v  (Mj.,  Sal.,  By.),  s.  m.  —  Indi- 
vidu aux  allures  suspectes,  vagabond  sans 
aveu.  Syn.  de  Galvaudeur,  Halos,  Meillaud, 
Camillaud,  Galopin,  Galopias,  Trimardeur. 

Et.  —  Viendrait-il  du  préf.  Gai,  Gali  et  de  la 
racine  qui  se  trouve  dans  le  v.  lat.  Vadere,  aller? 
De  l'idée  de  vagabonder  à  celle  du  français  Gâter. 
Déshonorer,  il  n'y  a  pas  loin.  V.  Galistrade,  Gali- 
vage. 

Gamache  (Lg.,  Sal.,  SI.),  s.  f.  —  Guêtre  de 
toile  sans  sous-pied,  à  mettre  par-dessus  les 
sabots.  Le  même  que  les  Gaffignonsdu  Berry. 
(Jaub.).  —  On  n'en  porte  plus.  Se  dit  souvent 
au  plur.  Il  Tlm.  ^-  Sorte  de  guêtre  en  cuir,  à 
sous-pied.  A  été  remplacée  par  le  Chabiron 
ou  Clopette.  Il  Pom.  —  Sorte  de  guêtres. 

Et.  —  1°  Bl.  Gamba,  jambe.  —  2"  Emprunté,  par 
l'intermédiaire  du  prov.  Garamacha,  galomacha, 
de  l'espagn.  Guadamaci,  sorte  de  cuir  ;  propre- 
ment :  Cuir  de  Gadamès  (ville  de  l'Etat  de  Tripoli). 

Hist.  —  «  Le  pantalon  a  définitivement  pris 
la  place  des  culottes  et  des  gamaches.  »  (La  Trad., 
p.  61,1.  42.) 

Gainatte  (Lg.),  s.  f.  —  Auge,  boîte  où  l'on 
place  le  mortier  pour  les  maçons.  Voisin  de 
Gamotte  et  du  fr.  Gamelle. 

Gamber  (se)  —  (Sal.),  v.  réf.  —  Se  mouiller, 
surtout  les  jambes. 

Ganibillard  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Celui  qui 
gambille.  Individu  boiteux.  —  V.  Gambiller. 
—  Cf.  Gambi  (Jaub.). 

Gambiller  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Marcher  avec 
un  mouvement  des  jambes  extraordinaire, 
qq.  déhanchement  particulier.  —  Boiter. 

Et.  —  Pour  :  gambeyer.  emprunté  de  l'ital.  : 
gambeggiare,  qui  correspond  à  l'a.  fr.  jambéier.  — 
Du  lat.  Gamba,  jambe.  —  Cf.  Ingambe. 

Hist.  —  «  ...Se  gambayoit,  penadoit  et  paillar- 
doit  parmy  le  lict.  >'  (Rab.,  i,  21.)  —  Rac.  celtiq. 
Gamb,  courber,  fléchir  ;  proprement  :  le  membre 
qui  fait  liexion. 

Gamion  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Camion.  Corr, 
du  mot  fr.  —  Cf.  Ganij,  pour  Canif. 

Hist.  —  «  Le  suppliant  chargoit  ladite  terre  en 
ung  gamion  que  le  filz  de  Pierre  Pageon  faisuit 
mener  à  son  cheval.  »  (1455.  —  L.  C) 

Gaiiiioniieur(Mj.),  s.  m.  —  Camionneur. 

Gauiiot'  (Mj.),  s.  m.  —  Vilebrequin. 

Et.  —  Probablement  de  Guimblot,  doubl.  de 
Guimblei.  Syn.  Guimberlet,  Vireberquin. 

Gamine  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Accès  de  ragfri 
chez  un  chien  ;  de  violente  colère  chez  un 
homme.  —  «  Quand  la  gamme  le  prend,  il  ne 
se  connaît  pas.  » 

Et.  —  De  la  3'=  lettre  de  l'alphabet  grec,  Gamma, 
qui,  au  xi«  s.,  commençait  une  série  de  sons,  dans 
la  notation  musicale,  elle  a  donné  son  nom  à  cette 
série. 

Gammer  (Mj.),  v.  n.  —  Rager.  V.  GamiHet 


GAMOTTE  —  GANIF 


423. 


Ciaiuotte  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  marmite 
conique  à  couvercle.  ||  Syn.  moins  usité  de 
Marmotte.  Cf.  Ganiatle. 

Gana  (à)  —  (Mj.,  By.,  Sal.),  loc.  adv.  —  A 
l'abandon,  en  désordre.  ||  Z.  149.  — sans  pré- 
caution, sans  apprêt,  en  pagaie.  On  dit  : 
Etre  à  gana,  —  tout  est  par  les  places. 

Ganache  (Mj.),  s.  f.  —  Vieille  savate,  vieille 
chaussure.  Syn.  de  Pavane.  \\  Sp.  —  La  bouche 
grande  ouverte.  V.  Freu. 

Et.  —  Le  !'='■  sens  n'est  dû  qu'à  l'assonance  du 
mot  avec  Galoche.  —  Pour  le  2",  il  se  rapproche 
du  pat.  Galimache.  —  Une  vieille  savate  est 
lamentablement  béante  comme  une  mâchoire.  — 
Ital.  Ganascia.  —  A  rapprocher  soit  du  lat.  Gêna 
-)-  ascia  (suiT.  péjor.  —  Litt.),  soit  du  grec  Gna- 
thoç,  mâchoire.  —  Pat.  norm.  Gognache,  tête, 
allure,  physionomie. 

Gaoacher  (Mj.),  v.  n.  —  Patauger.  Syn.  de 
Patouiller,  Paguenêcher.  —  Pour  Galocher.  V. 
Galochée  ;  Ganouiller. 

Et.  —  Dér.  prob.  de  Guéne- 

Ganaiiat  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Un  gamin.  — 
Galapiat  ?  Syn.  Moutard,  Gosse. 

Ganche,  s.  f.  —  Nom  vulg.  de  l'iris  des 
marais,  et  cypéracées  à  feuilles  dures.  (Mén.) 
Cf.  Guinche. 

Gandé  (Segr.),  pa 't.  pas.  Ganté.  Un  ouvrier 
travaille  mal  s'il  est  gandé.  (MÉx.). 

Gandilleiix,  se  (Li.,  Bri.,  Mj.),  adj.  q.  — 
Scabreux,  hasardeux,  chanceux,  aléatoire  ; 
épineux.  —  Qqs-uns  disent  :  GandriUoux. 

Et.  —  Guandie,  échappatoire,  subterfuge.  Part, 
pas.  fém.  de  Guandir,  s'enfuir,  se  sauver.  Germ. 
Wantjan,  aller,  s'en  aller.  —  Guandiller  est  le 
fréquent,  de  Guandir.  (Di"  A.  Bos.) 

Il  Ex.  :  C'est  gandilleux. . .,  Hum!  c'est 
ben  gandilleux,  c't'alïaire-là,  —  cela  demande 
réflexion. 

Gandio,  s.  f.  —  Vulg.  Digitale  oourprée,  — 
gant  de  Dieu  (Mén.).  —  Gant  de  Notre-Dame 
(D.A.RM.)  Bâtard  appelle  Gant  Notre-Dame 
la  Campanula  ti'achelium  et  l'aquilegia  vul- 
garis. 

Et.  —  Pour  Gantiau,  dimin.  de  Gant. 

Gaudole  (Mj.),  adj.  q.  —  Cagneux.  Gondolé. 

Et.  —  Gondole,  petit  bateau  long  et  plat  dont 
les  extrémités  se  relèvent.  —  Gondolé,  —  déjeté. 

Gundrillcux  (Mj.),  adj.  q.  —  V.  Gandilleux. 

Gands,  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  l'Ancolie 
commune  ;  bonnes  femmes  (Mén.).  Il  faut 
lire  Gants.  V.  Gandio. 

Gangnant  (Mj.,  By.),  part.  prés.  —  Ga- 
gnant. Il  Adj.  verb.  Avantageux,  lucratif, 
qui  permet  de  gagner  beaucoup.  Ex.  :  C'est 
ein  métier  ben  gangnant.  V.  Gangner. 

Gangne  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Avoir  la  gangne,  —  avoir  le 
dessus,  triompher,  l'emporter,  prévaloir. 
N'y  a  gens  d'en  avoir  la  gangne,  de  ce  sapré 
queniau-là  I  —  Cependant,  à  Angers,  il  s'em- 


ploie comme  snbst.  masc,  au  sens  de  :  gain, 
salaire.  Ex.  :  J'irai  point  prendre  sus  mon 
gangne  pour  illi  payer  ine  bicyclette.  Lg., 
Sep.  id,  Dér.  de  Gangner  doubl.  du  fr.  Gain 
et  de  Gangne,  fém. 

Gangue-paiD  (Mj.),  s.  m.  —  Gagne-pain. 

Gangner  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Gagner.  || 
Gangner  qqn,  loc.  prov.  —  amener  qqn  au 
mariage,  faire  sa  conquête  par  des  avances, 
des  prévenances,  des  petits  soins,  des  faveurs 
accordées.  Ex.  :  Pouvre  fille  !  aile  espérait 
toujours  le  gangner.  \\  By.  —  Gangner  l'avoine 

—  se  rouler  sur  le  dos,  les  quatre  fers  en  l'air, 
comme  font  les  chevaux  et  les  ânes  ;  par  ext. 
tomber  à  la  renverse,  en  pari,  d'une  personne. 
Il  Décider,  convaincre.  ||  Séduire,  enjôler.  || 
Venir  au-dessus  de,  se  tirer  de  —  une  maladie. 
V.  Suscomber.  Ex.  :  C'est  eine  manière  de 
purésie  qu'il  a  ;  il  ara  ben  du  mal  à  gangne'' 
ça.  [|  Gangner  ie  vent  debout,  —  loc.  prov. 
ironiquement,  —  ne  rien  gagner  du  tout, 
faire  des  pertes. 

Et.  —  V.  Gagne.  —  Le  pat.  fait  longue  la  pre- 
mière syll.  de  ce  verbe  ;  l'ancien  fr.  faisait  de  même 
Guaigner,  par  contract.  des  deux  prem.  syll.  du 
B.  L.  Guadagnare. 

Hist.  : 
«  l^oint   ne   luy   fault   flammeaux.   dartz   ou   gui 

sarmes 
«  Pour  les  amans  gangner  et  conquérir.  » 

(G.-C.  BUCHER,  vm,  p.  83.) 

—  «  Il  y  perdra  ses  aelles  dont  il  bat, 

*  «  Et  gangncras  son  arc,  flesches  et  trousse.  » 

{Ici.,    60,    113.) 

—  «  Qui  gangner  a,  qui  sera  le  vaincqueur?  » 

{Id.,  140,  166.) 

—  «  Puis,  à  tout  son  baston  de  croix,  guaingna  la 
bresche  qu'avaient  faicte  les  ennemis.  »  R.  G., 
I,  27,  57.)  —  (Etat  et  profession  des  habitants  des 
Ponts-de-Cé.)  «...  Voiturié  qui  gangne  leur  vie 
à  fairre  des  voitures  pour  le  public.  »  (Cité  par 
l'abbé  Bretaudeac,  p.  109.) 

Gangnerie,  s.  f.  —  Nom  d'un  village  de 
La  Pommeraye,  à  la  limite  de  M].  Ce  mot  est 
e.icore  usité  en  Berry,  comme  syn.  de  Bor- 
dsrie,  Closerie.  V.  Jaub.  à  Gâgnage.  —  N. 
J'ai  connu,  vers  1850,  à  Saumur,  une  excel- 
lente famille  de  ce  nom.  A.  V. 

Hist.  —  «  Icellui  Jehan  avoit  certaine  maison..., 
joignant  une  petite  gangnerie  ou  mestairie.  » 
1482. —  L.  G.) 

Ganicelles  (Bg,  Mj.,  By.),  s.  f.  plur.  — 
Lo(pies,  nippes  ;  l'ensemble  des  vêtements  ou 
de  la  literie,  avec  le  sens  péjoratif.  Ex.  :  Ils 
illi  ont  vendu  toutes  ses  ga/iicelles.  Syn.  de 
Frusques.  \\  Chiffons.  Tas  de  choses,  de  vête- 
ments de  peu  de  valeur.  «  Ramasse  donc  tes 
ganicelles.  —  Syn.  de  Hanicelles,  Nampilles, 
Pernampilles,  Penilles,  Râpioles.  —  A  rap- 
procher de  Guenilles.  —  Qqf.  Ganielle. 

Ganiî  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Canif.  Cf. 
Ganivelle,  Gamion.  —  Les  Bretons  disent  de 
même. 

Et.  —  Canif  (vx  fr.  Ganif)  ;  du  nordiq.  Knifr. 
(Cf.  Canivet.)  —  1441,  Quenif,  ds  un  texte  de 
l'Anjou.  Voir  Godefroy,  Suppl.  —  Hist.  «  Dont 
tout  le  monde  commença  à  bruire  et  parler  de  son 


424 


GANI-GANAS  —  GARDE-A-MA\GER 


sçavoir  si  merveilleux,  jusques  es  bonnes  femmes 
lavandières,  courratieres. . .,  ganivettières,  et 
aultres.  »  (Rab.,  P.,  n,  10,  138.)  Faiseuses  de  canifs. 

Gani-ganas  (à)  (Va.),  loc.  adv.  —  Syn.  de 
A  gana. 

Ganivelle  (Mj.),  s.  f.  —  Bois  fendu,  pour 
faire  de.s  clôtures,  des  palis,  des  pai.sseaux 
des  échalas. 

N.  —  «  On  appelle  ainsi  le  bois  débité  en  merrain, 
de  forme  oblique,  comme  un  ganif,  et  qui,  ne  réunis- 
sant pas  certaines  conditions  requises,  est  admis 
seulement  dans  une  proportion  déterminée  et  pour 
ainsi  dire  comme  appoint  dans  les  livraisons  du 
merrain  destiné  à  la  fabrication  des  tonneaux.  » 
(Jaub.) 

Ganne  (Lg.),  s.  f.  —  On  appelle  Ganne, 
lorsqu'elle  est  verte,  cette  même  herbe  que 
Ton  nomme  Guinche  lorsqu'elle  est  sèche  et 
qui,  ailleurs,  prend  le  nom  de  Paleine. 

Hist.  —  «  Dans  le  pays  (Cholet),  on  appelle  : 
ganne  un  roseau  très  fluet  et  qu'on  emploie  à  faire 
les  tuyaux  des  trames  de  tisserands  ou  des  fdeuses 
de  laine.  «  (Dexiau,  H.  de  la  V.,  i,  283.^  —  Gan- 
niau,  roseau  commun,  dér.  de  Canne,  par  le  chang. 
de  c  en  g  ;  cf.  Gairf. 

Ganoiiille  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Rosée,  serein, 
eau  de  pluie  déposée  sur  l'herbe,  etc.  :  toute 
eau  considérée  comme  pouvant  mouiller  les 
personnes.  Ex.  :  Ne  va  pas  dans  la  ganouille. 
Cf.  Ganouiller. 

Et.  —  Dim.  de  Gu^ne. 

Ganouiller  (BL,  Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  — , 
Mouiller,  couvrir  d'eau  ou  de  boue.  Syn.  de 
Touiller,  Gaudrer,  Guéner.  ||  Patauger.  Syn. 
de  Ganacher.  Cf.  Gâne,  dans  Jaubert.  — 
Ex.  :  T'avais  ben  besoin  d'aller  ganouiller 
dans  les  prés  !  |i  By.  Se  ganouiller. 

Et.  —  Dér.  de  Guener,  avec  suff.  péjoratif. 

Ganouilloux  (Mj.),  adj.  q.  —  Mouillé, 
boueux.  Dér.  de  Ganouille,  Ganouiller.  — 
Syn.  de  Gassoilloux,  Gassouilloux,  Pitroil- 
loux,  PatouiUeux,  Cassoux. 

Gapi.  —  V.  Agapi. 

Gapiers  (Sar.),  s.  m.  pi.  —  Balles,  déchets 
de  battages.  Y.  Baquets,  Cosses,  Pigriers, 
Epigots.  (Méx.)  —  On  dit  d'une  personne  qui 
va  difïïcilemeat  qu'elle  va  «  comme  un  limas 
dans  les  gapiers  ».  (Jaub.)  Syn.  et  d.  de 
Gabier.  \\  Lm.  —  Tu  ne  viendras  pas  piler  — 
ou  pisser  —  sus  mon  gâpier,  —  c.-à-d.  Nous 
n'aurons  plus  de  rapports  ensemble. 

Garais  (Mj.,  Sa.),  s.  m.  —  Fusain  d'Eu- 
rope, dit  aussi  Bonnet  carré  ou  Bonnet  de 
prêtre.  Syn.  de  Garas.  —  Evonimus  euro- 
péens de  Bat.,  qui  l'appelle  encore  Bois 
carré,  Bois  à  lardoire. 

Garance.  —  Un  scribe,  ayant  à  copier  un 
procès-verbal  de  carence  et  ne  comprenant 
pas  ce  mot,  comme  il  se  servait  d'une 
chemise  rouge  pour  envelopper  son  manus- 
crit, crut  mieux  fai.-e  d'écrire  :  garance. 
(Authentique.  A.  V.) 

Garanne  (Mj.),  s.  f:  -^  Ten'ier  de  lapin.  |1 
Cavité  souterraine: 


Et.  —  C'est  le  fr.  Garenne.  B.  L.  Warenna  ; 
même  rad.  que  Garer  (garenne  signifiait  propre- 
ment :  lieu  réservé.  Cf.  Varanne.  —  Hist.  :  «  Auto- 
risation de  édifiîer  et  faire  édiffier  garanne'^  et 
murgis  tant  en  son  gast  que  à  l'entour  de  sa  mai- 
son de  Bignon.  ,>  (1478.  —  Inv.  Arch.,  H,  I,  p.  90, 
col.  2.)  —  «  Aveux  rendus  à  la  baronnie  de  Cha- 
lonnes...  pour  l'oustel,  garannes,  bovs,  terres  de 
BrufTières,  en  Sainte-Christine.  »  (1555.  Jd.,  G, 
p.  14,  col.  2.) 

Garant  (Mj.),  s.  m.  —  Mettre  au  garant, 
—  mettre  en  sûreté.  —  Dér.  de  l'ail,  wëren, 
garantir. 

Garanti  (Mj.),  s.  m.  —  Garant,  garantie, 
abri,  couvert.  Ex.  :  Eine  haie  d'arçons,  ça 
fait  ein  garanti  contre  les  vimaires  d'eau. 

Garantir  (en)  (Mj.),  v.  n.  —  Se  faire  fort,  se 
porter  garant,  —  en  répondre. 

Garas  (Lg),  s.  m.  —  V.  Garais. 

Garatas.  —  V.  Galatas. 

Garbansos,  s.  m.  —  Pois  chiche  (Mén.) 

Garbe,  s.  f.  —  Gerbe.  ||  By.  —  V.  Gearbe  ; 
d'où  Engearber,  pour  :  engerber. 

Et.  —  C'est  la  graphie  pic.  et  norm.  de  gerbe. 
Aha.  garba  ;  am.  garbe.  On  peut  le  rapprocher  du 
lat.  carpere,  cueillir.  —  Hist.  :  «  On  n'avoit  nuls 
fourages,  blés,  ne  avaines  en  garhes  ne  en  estrains.  » 
(Froiss.  ,  VI,  235.) 

Garçaille  s.  f.  (Aé.).  —  Petit  garçon  ou 
petite  fille.  Syn,  Queneau. 

Et.  —  Garçon.  Orig.  incert.  —  Voir  à  Fi-de- 
garse.  —  Cf.  le  sort  du  mot  Fille.  (Litt.) 

Garçon  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Faire  le  garçon, 
— -  s'amuser  avec  les  garçons  de  son  âge.  Ex  .: 
Tiens,  te  velà  cent  sous  pour  faire  le  garçon. 

Garçonnière  (Lg.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'une 
jeune  fdle  un  peu  évaporée,  qui  aime  trop  la 
société  des  garçons. 

Garde  (Ec,  Mj.),  s.  f.  —  V.  Ancreau.  || 
Se  donner  de  garde  de,  —  se  garder  de. 
Ex.  :  Donne  té  ben  de  garde  de  tomber.  W 
Sorte  de  boucle  ou  d'embrasse  que  les 
femmes  font  avec  l'extrémité  du  fd  sur  l'éche- 
veau,  pour  l'empêcher  de  s'embrouiller  ou 
de  se  défaire.  Syn.  de  Tontaine.  i|  Garniture 
ou  doublage  solide  formé  d'une  planche  de 
chêne  découpée  et  fixée  au  rebord  externe  du 
bordage  d'un  fùtreau,  sur  la  pointe  triangu- 
laire qui  est  chevillée  avec  la  levée.  \\  Prendre, 
avoir  en  garde,  —  p.,  a.  sous  sa  garde,  sous 
sa  surveillance.  Ex.  :  A  me  réclame  sa  tie  ; 
ma  foi,  je  ne  l'aï  point  en  garde.  \\  By.  — 
Etre  de  bonne  garde,  être  soigneux.  ||  Se 
donner  à  garde,  —  prendre  garde.  Syn.  de 
Se  donner  de  garde,  mais  moins  employé.  || 
Etre  en  garde  de,  —  être  dans  l'impossibilité 
de.  On  dit  aussi  :  Etre  engardé  de. 
Et.  —  Aha.  Warten,  prendre  garde. 

Garde-eau  (Mj.),  s.  f.  —  Anneau  ou  ron- 
delle de  cuir  dont  lesperrayeursentourentleur 
foret  pour  empêcher  de  jaillir  l'eau  dont  le 
trou  de  mine  est  humecté. 

Garde-à-tnnnger 

manger. 


(Lg.),    s.    m.  Mj.   Gard?' 


GARDER  —  GARGATON 


425 


Garder  (Mj.),  v.  a.  —  Garder  le  vent,  — 
être  garé  en  attendant  le  vent  favorable 
Marine.  ||  Garder  le  chat.  V.  Chat.  \\  V.  réf. 
Se  garder,  se  conserver.  Ex.  :  Les  gogues, 
ça  ne  se  garde  guère.  1|  Se  garder  à,  —  conser- 
ver des  cartes  maîtresses  de  la  couleur  de.  — 
Ex.  :  Je  me  garde  à  pique.  —  Qui  se  garde  à 
carreau  n'est  jamais  capot.  Prov.  ||  En  gé- 
néral ;  se  garder  à  carreau,  conserver  une 
garantie  dernière.  —  By. 

Gardeux  (Mj.),  s.  m.  —  Gardeur. 

Cîarde-viUe  (Tf.),  s.  m.  —  Sergent  de  ville. 

Gardiataire,  Gardiétaire  (Mj.,  By.),  s.  m. 
—  Gardien,  dépositaire.  —  On  trouve  en- 
core Gardataire. 

Et.  —  De  Garder.  —  Hist.  :  Je  retrouve  ce  mot, 
qui  pourrait  bien  avoir  appartenu  à  l'ancienne 
langue  du  droit,  dans  un  ordre  du  jour  de  d'Elliée, 
cité  en  note  par  M.  Port,  dans  la  Légen  de  de  Catlie- 
lineau,  p.  132.  —  u  Les  scellés  furent  apposés  et 
Dutertre  établi  gardiataire. . .  »  (Anj.  Hist., 
5«,an.,  p.  284.)  —  Gardataire.  {Id.,  p.  228.) 

Gardon  (Sp.),  s.  m.  —  Vairon,  ou  veron, 
sorte  de  petit  poisson,  long  au  plus  de  .5  à 
6  cent,  et  gros  comme  un  fort  brin  de  chaume, 
qui  abonde  dans  les  petits  ruisseaux  de  la 
région.  A  Vihiers  et  au  Voide,  on  le  nomme 
Guéion.  Il  est  inconnu  à  Mj.,  où  l'on  ne 
trouve  dans  la  Loire  que  le  véritable  gardon. 
Il  By.  —  On  distingue  bien  :  a)  le  Gardon, 
b)  la  Rosse  (ou  gardon  de  BrioUay),  c)  le 
Vairon,  petit  poisson  que  Ton  ne  trouve  pas 
dans  les  rivières  parcourues  par  les  brochets, 
perches  et  autres  carnassiers,  mais  dans  les 
ruisseaux.  J'en  ai  vu,  l'été,  dans  certains 
passages  de  la  Grume,  petit  affluent  de  la 
Sèvre,  à  Tiiïauges,  en  telle  quantité  qu'il  y 
avait  presque  autant  de  poisson  que  d'eau. 
(Que  dirait  le  Marseillais?)  et  d)  le  Gouéion, 
prononciation  de  :  goujon.  Certaines  per- 
sonnes appellent  :  sapiâs  tous  les  petits  pois- 
sons, sans  distinction. 

Et.  —  B.  L.  Gardio  ;  —  orig.  incert.  —  Hist.  : 
«  Nus  (nul)  poissoniers  ne  autre  ne  puet  ne  ne  doit 
vendre  gardons  freans  (frayant)  ;  c'est  assavoir 
gardons  entre  le  mi  avril  et  le  mi  moi.  »  {Lii're  des 
Métiers.)  On  dit  :  Frais,  ou  Sain  comme  un  gardon. 

Gare.  —  V.  Gareau  (Sal.),  adj.  q.  —  Blanc 
et  noir.  On  dit  :  La  pie  saute  plus  longtemps 
gare  (quand  elle  est  bigarrée)  que  pas.  — 
S'applique  aux  personnes  qui  grisonnent. 
(Sal.)  V.  Garre. 

Gareau,  s.  m.  —  De  couleur  pie. 

Et.  —  «  Nos  paysans  d'Anjou,  en  parlant  a  un 
bœuf  bigarré,  l'ajjpellent  Gareau.  De  Varellus, 
dimin.  de  varus,  varius.  Cf.  Bigarreau.  —  Au  mot 
Bigarrer  :  On  appelle  Garre  une  vache  pie,  —  de 
Bis,  variare.  —  Sorte  de  cerises  bigarrées  de  noir, 
rouge  et  blanc. 

Gâréier  (Sp.),  v.  a.  —  Suivre  en  zigzaguant. 
On  dit  d'un  ivrogne  :  Il  s'en  allait  en  gâréiant 
la  route»  la  riote. 

Gareillé,  adj.  q.  (Segr.).  —  Temps  nuageux, 
semé  d'éclaircies,  moutonné.  (MÉx.) 


Garelle  (Lms,  Fu.,  Zig.  196),  s.  f.  et  adj.  — 
Nom  de  vache.  Cf.  Garde,  Gare.  Syn.  de 
Garrette.  Bigarré,  piguenoté.  ||  Gârelle  se  dit 
au  Fu.  des  vaches  à  robe  rouge  tachée  de 
bandes  blanches.  Souvent  employé  comme 
nom  propre  :  «  Té,  té,  té,  ravire  donc  Gârellel  » 
Lorsque  les  taches  sont  petites  et  que  la  robe 
en  a  une  de  couleur  grise,  la  vache  ou  le  bœuf 
s'appelle  fréquemment  Farinel. 

Garenne  (Mj.),  s.  f.  —  C'est  le  nom,  à  Mj., 
d'une  colline  située  à  l'O.  du  bourg  et  qui  a 
été  de  tout  temps  un  véritable  nid  à  lapin.  || 
Galerie  de  lapins.  Halot.  i|  Toute  galerie 
étroite  et  profonde.  ||  Terrier,  rabouillère.  — 
V.  Bêcher. 

Et.  —  B.  L.  Warenna.  Même  rad.  que  Guérir  et 
Garer.  —  «  ...  Celtiq.  gwaré,  plur.  gwarénou.  — 
culture  au  milieu  des  forêts.  —  Gaéliq.  Gwara. 
B.-bret.  gvvarer,  —  défendre  l'accès  d'un  lieu  clos. 
«  Qui  est  trouvé  tendant  aux  perdrix  en  pays  de 
garenne,  il  chet  en  amende  de  10  livres,  et  le  har- 
nas  perdu.  »  (Bouteiller,  Somme  rural,  n,  40, 
xiV'  s.  —  Eveillé.) 

Garer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Ranger  de  côté. 
Ex.  :  Gare  donc  ta  tête,  que  je  voye.  —  Syn. 
de  Parer. 

Garette  (Sal.).  —  V.  Garelle.  Cf.  Cerise  de 
bigarreau,  blanche  et  rouge. 

Garfouiller  (Lg.,  Lseg.),  v.  a.  et  n.  —  Far- 
fouiller, tripoter,  patauger.  Syn.  de  Gassoter, 
Gassoiller,  Gassouiller. 

Et.  —  Me  semble  dérivé  du  fr.  Fouiller  et  d'un 
préf.  Gar,  qui  serait  le  même  que  Gai  ou  Gali.  Il 
n'est  pas  impossible  que  le  fr.  Farfouiller  (V. 
Hatzfeld)  soit  un  doubl.  de  ce  mot.  En  effet,  le 
préf.  Gai  ou  Gar  devient  souvent  Hal,  ou  Hari. 
Cf.  Halbourrer,  Harbeugner,  Harihauder,  et  de 
cette  forme  aspirée  à  Vf  il  n'y  a  qu'un  pas.  Par  ail- 
leurs il  est  évident  que  le  montjean.  Grafougner  est 
aussi  un  doublet  de  ce  mot,  l'articulation  gn  rem- 
plaçant souvent  ill. 

Gargamelle  (Mj.),  s.  f.  —  La  gorge.  Mot 
vieilli  et  qui  ne  se  dit  qu'en  plaisantant. 

Et.  —  D'un  rad.  Garg,  qui  se  trouve  avec  le  sens 
de  gosier  dans  plusieurs  langues  et  dialectes.  Cf. 
Gargouille,  Gargantua.  —  «  L'élément  de  ce  mot 
se  trouve  dans  le  vx  fr.  Gargate.  —  V.  Gargoter, 
pr  Gargater,  —  faire  du  bruit  en  bouillonnant. 
D'où  :  Gargote,  restaurant  de  bas  étage,  où  l'on 
mange  malproprement.  —  Cf.  Gargariser,  d'un  mot 
grec,  —  la  luette.  (Darm.)  —  «  Le  suppliant 
coppa  la  gorge  audit  Guillaume,  ou  quoy  que  ce 
soit,  la  gargamelle  ou  gosier.  »  (1468.  —  L.  C.)  — 
«...  Probablement  une  onomatopée,  du  bruit  que 
l'on  fait  dans  la  gorge  en  se  gargarisant...,  ou 
bien  Gar  serait  une  corr.  de  Gor,  dans  Gurges, 
gouffre,  comme  semble  l'indiquer  l'ital.  Gorgo- 
gliare  et  Gargagliare,  qui  ont  le  même  sens  de  : 
couler  en  faisant  glouglou  :  de  gurgulio,  de  gurges. 
(D--  A.  Bos.) 

Gargantois  (Mj.),  —  Prononciat.  de  Gar- 
gantua. 

Gargari  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Gargarisme. 
Cf.  Gargamelle. 

Gargaton  (By.),  s.  m.  —  La  gorge.  — ■' 
S'esgargater^  s'égosiller;  -^  V.  Gargoliun. 


426 


GARGNE  —  GAS 


Hisl.  —  (I  La  maiivis  et  l'alouette 

«  Chante  si  gay,  et  s'esgarguete.  >< 

(//.  (les  Trois  Maries.  —  L.  C.) 

ttargne  (Mj.),  s.  f.  et  interj.  V.  Game. 

«argotton  (Z.  153,  Ti.,  By.),  s.  m.  —  Gosier. 
V.  Gargaton.  Cf.  Gorgosser. 
Hist.  : 

«  0  grant  couteaulx  et  o  coingnies 
«  Lor  ont  les  gargaiins  Irenchies.  »  (L.  C 
On  trouve  dans  Wace  :  Gargotes  pour  :  gorger  V. 
Jaub.  à  Garganet. 

Garilier  (Mj.),  v.  a.  —  Jeter  des  pierres. 
Serait-ce  pour  Garéier,  obliger  un  animal  à  se 
garer  en  lui  lançant  des  pierres?  —  Syn.  de 
Garrocher. 

Et.  —  Guarïer,  garïer,  warïer,  —  persécuter. 
Ital.  Angariare  ? 

Garne  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  et  interj.  —  Forme 
atténuative  de  Garce,  qui  est  considéré 
comme  un  juron.  Cela  n'empêche  pas  que 
l'un  et  l'autre  mot  sont  sans  cesse  employés 
à  Sp.  par  les  femmes  et  même  par  les  jeunes 
filles.  Il  By.  —  Carne. 

N.  —  On  l'accole  au  nom  d'une  personne  ou 
d'un  animal,  ou  bien  on  l'emploie  comme  interpel- 
lation pour  marquer  la  mauvaise  humeur.  Ce  mot 
entre  encore  dans  l'exclam.  :  Queun  garne  !  —  qui 
marque  une  surprise  plutôt  désagréable,  la  co- 
lère, etc.  —  A  Mi.,  le  père  Game,  un  bon  métayer 
de  rO.,  mort  vers  1900,  avait  gagné  son  surnom 
par  l'usage  qu'il  faisait  de  cette  exclamation  inof- 
fensive. 


—   Sorte    de    petite 


Garnil    (Mj.),    s.    m. 
seine,  engin  de  pêche. 

Garnir  (Mj.),  v.  a.  —  Féconder.  Ex.  :  Je 
vas  mener  ma  taure  au  bouvard  pour  la 
faire  garnir.  Syn.  de  Emplir. 

Garniture  (Lg.),  s.  f.  —  Vingt  bobines  de 
fil  de  coton,  à  retordre.  Lang.  des  ouvriers 
fileurs.  Il  (Mj.,  Jui.)  Bande  de  linge  dont  les 
femmes  se  servent  pour  certains  soins  intimes. 
Il  Dans  les  marchés,  unités  données  en  plus. 
Par  ex.,  13  œufs  pour  12  ;  104  cottrets  pour 
100.  Cf.  Fourniment. 

Garou  (Mj.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie  que  dans 
la  loc.  interject.,  marquant  Tétonnement  ou 
le  dépit  :  Queun  garou  !  —  diable,  diantre, 
fichtre  !  —  C'est  toujours  ben  le  garou  que  ça 
vilain  !  —  V.  Birou.  \\  Do.  —  Le  diable, 
Satan.  ||  Mj.  On  dit  aussi  Garou  de  Garoutage. 

Et.  —  Le  mot  Garou  signifie  à  lui  seul  :  Loup- 
garou,  et  est  emprunté  de  l'anglo-saxon  Verewolf, 
proprement  :  Homme-loup.  Cf.  Lycant'.rope.  — 
sW'  s.  Garwalf.  —  Pi;t  «  Adven'ante  la  lumière 
du  clair  soleil  disparent  touts  lut  ns,  l.-irves,  lé- 
mures, guaroux.  »  (Rab.,  in,  134.)  —  «  Le  garou  est 
une  personne  condamnée  par  Satan  à  prendre  la 
forme  d'un  animal  et  à  parcourir  .sept  communes 
dans  la  nuit  de  sa  transformation.  A  l'aube,  elle  est 
chez  elle,  à  moins  d'accident  mortel.  La  pin.-  légère 
atteinte  d'une  arme  ou  d'un  projectile  b.'nit  la 
ramène  à  sa  forme  vaie.  »  (La  Trad.,  p.  238.)  — 
N.  P.  —  La  croyance  au  Loup-garou,  tant  à  Mj. 
qu'à  Tlm.,  est  à  peu  près  identique  à  celle  exnosée 
ci-dessus.  A  Mj.,  on  croit  aussi  au  pouvoir  des 
balles  bénites  pour  arracher  la  victime  à  son  ensor' 


cellement.  A  Tlm.,  ce  détail  superstitieux  est 
■oublié.  On  se  contente  de  mettre  une  Guée  sur  le.s 
échaliers  pour  que  le  loup  garou  s'y  pique  et  soit 
délivré.  —  On  dit  :  Il  fait  un  froid  de  Garou 

Garouil,  s.  m.  —  Maïs  zea.  (Mén.). 

Garre  (Mj.),  adj.  q.  —  Dont  la  robe  est 
marquée  de  taches  blanches.  Se  dit  des  ani- 
maux de  l'espèce  bovine.  Syn.  de  Fleuri.  V. 
Gare,  Gareau.  ||  By.  —  Se  dit  de  tous  les  ani- 
maux, vaches,  chiens,  canes,  etc. 

Hist.  —  «  Un  tas  de  villaines,  immondes,  pes- 
tilentes  bestes,  noires,  guarres,  fauves,  blanches, 
cendrées,  grivolées. . .  »  (Rab.,  P.,  in,  22.)  —  «  En 
temps  garré  et  bigarré  reçu.  »  [Id.,  ibid.,  v,  1, 
490.) 

N.  —  Rabelais  pourrait  bien  avoir  écrit  garre  et 
bigarre,  car  les  accents  sont  dus  à  l'éditeur.  Ce  qui 
a  trompé  celui-ci,  c'est  que  le  fr.  n'a  plus  que 
bigarré.  Bigarre,  dans  notre  patois,  par  la  chute 
du  g,  est  devenu  Biarre.  —  «  \\  parla  à  ses  bœufs  : 
«  Garreau,  fromentin,  brichet,  chatan.  »  (Box.  des 
PÈR.  —  C.  et  et  j.  devis,  nouvelle  238.  —  Eveille.) 

Garret-ette  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Syn.  de 
Garre.  \\  S.  m.  et  f.  Nom  souvent  donné  aux 
animaux  de  ce  pelage.  V.  Gare,  Garelle, 
Garre. 

Garroclicr  (Sa.,  Lg.,  Sp.),  v.  a.  —  Frapper, 
rouer  de  coups.  —  S'écrit  parfois  et  se  pro- 
nonce Gârocher.  —  Ex.  :  Ils  le  gârochaient  à 
coups  de  pierres.  ||  Lg.  —  Lancer  des  pierres. 
Ex.  :  Ils  se  sont  gâroché  des  pierres.  —  Dér. 
de  Gârot.  —  Autre  forme  de  Garroter.  Syn.  de 
Garilier.  Cf.  Arrocher,  et  Jatjb.  à  Guarreyer.  |; 
V.  réf.  —  Se  battre,  se  frapper. 

Garrot  (Mj.),  s.  m.  —  Bâton,  gourdin. 
Et.  C'est  le  fr.  Garrot'dans  le  sens  primit.  — Esp. 
Garrote,  bâton,  trique. 

Garroter  (Tlm),  v.  a.  —  Frapper  à  coups 
de  bâton.  ||  Improprement  :  Frapper  d'une 
façon  quelconque.  Ex.  :  Il  l'a  garrotêe  à  coups 
de  pierres.  Syn.  de  Garrocher.  \\  Z.  139.  — 
Lancer. 

Hist.  —  «  Le  suppliant  trouva  d'avanture  ung 
garrot  ou  levier  à  quoy  on  levoit  le  branle  du  mou- 
lin. »  (1461.  —  L.  C.)  —  «  Et.  —  Vient  probable- 
ment de  la  même  racine  que  Garret,  jarret,  du 
celt.  Gar,  tibia,  os  de  la  jambe,  jarret.  (Di^  A.  Bos.) 

Garrouaige   (Bg.),  s.   m.  —  Etre  en  gar- 
rouaige,  —  être  en  bordée,  en  partis  de  plai- 
sir dans  des  lieux  suspects.  Dér.  de  Garou. 
«  Que  Jupiter  était  en  garouage. 
«  De  quoi  Junon  était  en  grande  rage.  » 

(La  Fontaine.) 

Gars  (Do.,  Lue,  etc.),  s.  m.  —  Garçon. 

Et.  —  C'est  l'ancien  nominatif  du  mot  dont 
Garçon  était  le  régime. 

Hist.  —  «  Le  masle  est  gars  à  quatorze  ans 
«  Et  la  femelle  est  garce  à  douze.  » 

(MoNTFAUCON.  Tolosain.  Dits  moraux.  —  Borel.) 
—  «  La  plupart  sont  des  gars  d'Epinard  ou  d'Ecou- 
flant.  >i  (Anj.  Hist.,  2«  an.,  p.  57.)  —  Et.  «  Gars. 
être  supérieur.  Variante  de  Vars,  même  sens.  — 
D'où  gars,  garçon,  proprement  :  mâle.  (Le  fém. 
Garse  et  son  dimin.  Garcette  sont  postérieurs.)  — 
Gars  et  Jars,  mâle  de  î'oie.  »  (Malvezin.) 

Gas  (By.),  s.  m.  — ^  Autre  prononc.  de  Gars. 


GASPÉNADE  —  GAUBRETIÈRE 


427 


Et.  —  P.-ê.  le  bas-bret.  Gwas,  latinisé  en  la 
forme  vassus,  garçon,  serviteur,  d'où  vassal. 

N.  —  «  Un  p'tit  gâs,  —  mon  gâs  (mon  fils,  mon 
ami),  —  un  vieux  gâs,  —  un  vx  garçon.  —  On  ne 
nomme  pas  un  jeune  homme  sans  faire  préréder 
son  nom  du  mot  gâs  :  Vgâs  Pierre.  —  Pour  hêler  un 
bande  de  jeunes  gens,  on  crie  :  hé  !   les  gâs  '   » 

(OCTT.t 

Gaspénade  (Tlm.),  s.  f.  —  S'emploie  dans 
la  loc.  Etre  en  gaspénade,  —  être  en  ronte,  en 
train  de  courir  par  monts  et  par  vaux  ;  être  à 
courre  là.  galistrade.  V.  Gaspinier. 

Oaspinîer  (Tlm.),  s.  m.  —  Coureur,  celui 
qui  aime  les  voyages,  les  courses  fatigantes. 

Et.  —  Ce  mot  et  son  correspondant  Gaspénade 
doivent  venir  d'un  v.  Gaspéner  ou  Gaspiner,  que 
je  n'ai  pas  entendu  employer,  mais  qui,  malgré  la 
li''gpre  différence  de  sens,  pourrait  bien  être  le 
montj.  Jus  pi  lier. 

Gassécon,  Gasséconner  (Lg.).  —  Gascon, 
gasconner. 

Gasserote  (Lg.),  s.  f.  — •  Mare  ou  flaque 
d'eau  bourbeuse. 

Et.  —  Tient  à  Gassoler,  Gassouiller.  et  à  Tall. 
Wasser,  eau. 

Gassoil  (Lg.),  gas-so-ille,  s.  m.  —  V. 
Gassouil. 

Gassoiller  (Lg.),  v.  n.  —  V.  Gassouiller. 

N.  —  Le  son  naturel  de  l'o  est  conservé.  ||  Lrm. 
—  Gâter,  faire  tomber,  répandre  de  l'eau  maladroi- 
tement sur  soi  et  autour  de  soi. 

Gassoilloux  (Lg.),  adj.  q.  —  Sale,  boueux 
(pron.  gas-so-illoux).  Se  dit  d'un  chemin. 
Syn.  de  Cassoux,  Pitroilloux.  —  Syn.  et  d. 
de  Gassouilleux,  dér.  de  Gassoil. 

Gassoter  (Mj.),  v.  n.  —  Tapoter  dans  l'eau 
ou  dans  la  boue,  comme  font  les  petits  en- 
fants. 

Et.  —  P.-ê.  de  l'ail.  Wasser,  eau,  le  w  devenant 
g  en  fr.  —  On  peut  remarquer  qu'il  y  a  entre 
Gassoter  et  Gassouiller  le  même  rapport  de  forme 
qu'entre  Griboter  (By.)  et  le  fr.  Gribouiller.  —  Syn. 
de  Gourganger.  —  Cf.  Jaub.,  à  Gassot. 

Gassouil  (Mj.),  s.  m.  —  Ordure,  saleté,  eau 
répandue,  boue  délayée,  liquide  sale  et 
trouble.  —  N.  L'angl.  a  Wassail,  boisson 
faite  avec  des  pommes,  du  sucre  et  de  la 
bière  ;  un  vrai  gassouil. 

Et.  —  V.  Gassouiller.  —  Hist.  :  «  Je  n'ay  point 
aucun  baschot  ni  vaisseau,  comme  vous  av^z  le 
vostre,  dans  lequel  je  jette  un  gassouil  de  pollu- 
tion et  d'ordure.  »  (Brant.,  D.  G.,  i,  38,  2.) 

Gassouille  (Bg.),  s.  f.  —  Flaque  d'eau  ; 
mauvaise  auberge.  V.  Gassouil.  1|  Sal.  — 
Faire  de  la  gassouille  ;  jeter  de  l'eau  de  tout 
côté  hors  de  propos,  —  Gassouiller. 

Gassouiller  (.Mj.),  v.  a.  et  n.  —  V.  Gassoler. 
Il  Bg.  —  Patouiller,  faire  de  mauvaise  cui- 
sine. 

Et.  —  Guassier,  Guaschier,  —  laver,  agiter  ds 
l'eau,  etc.  —  Germ.  Waskan,  laver.  (D^  A.  Bos.)  — 
Gassouiller,  augment.  de  souiller  ;  salir,  gâter, 
détériorer.  «  Voilà  pourquoi  il  ne  faut  se  vanter  de 
nous  gassouiller  de  vos  ordures,  »  (Brant.,  D.  G;) 


I,  38,  15.)  Gas,  en  Norm.,  bourbier,  fumier.  Gasse- 
rotte,  —  petite  mare  d'eau  bourbeuse.  Gassouillal, 
Gassouillis.  (Jaub.)  —  «  Farfouiller  avec  la  main 
ou  avec  un  bâton  dans  une  eau  fangeuse,  dans  un 
ruisseau,  p.  ex.  —  Gassouillat  est  cette  eau  ou  ce 
ruisseau.  Ce  mot  est  emprunté  à  l'italien  :  guazza- 
toio,  mare,  guazzabulio,  tripotage.  C'est  le  : 
quassare  des  Latins.  »  (Ch.  Nisard,  123.) 

Gassouilleux  (Mj.),  adj.  q.  —  Boueux, 
bourbeux.  Syn.  de  Gassoilloux,  Pitroilloux, 
Cassoux,  Ganouilloux.  —  V.  Gassouil. 

Gast,  s.  m.  —  Friche.  «  Défense  de  laisser 
les  vignes  et  terres  en  gast.  »  {Coût,  d' Anj., 
art.  107,  p.  75.)  V.  Gât. 

Et.  —  Gâter.  Du  lat.  vastare,  ravager  de  vastus, 
vaste,  —  rendre  vaste,  désert,  désoler.  —  Cepen- 
dant, il  y  a  un  mot  german.  Wasfjan,  ravager,  qui 
a  pu  contribuer  à  changer  le  v.  latin  en  g  ou  gu, 
mais  qui  aurait  donné  plutôt  gastir  (qui  a  existé 
en  effet).  Plateau  de  Gâtine. 


et  Gatis.  —  Bois  pourri.  V. 


Gastis,  s.  m. 
Gast. 

N.  —  Gastis,  le  même  que  Gastine,  friche.  «  Tout 
le  pays  estoit  tourné  en  gastine  ;  nul  n'estoit  qui 
osât  les  terres  labourer.  »  (L.  C.) 

Gastrie  (Mj.),  s.  f.  —  Gastrite.     . 

Gât  (Mj.),  s.  m.  —  Terrain  inculte,  lande, 
bruyère.  Cf.  Vaste. 

Et.  —  V.  Gast.  —  Rac.  du  v.  Dégâter.  Du  reste, 
on  ne  l'emploie  plus  isolément,  mais  on  le  retrouve 
dans  le  nom  de  certains  villages,  de  certaines 
fermes,  de  certains  champs.  Ainsi,  il  y  a,  à  Mont- 
jean,  le  village  du  Gât-Robin  ;  et,  près  de  Saint- 
Paul-du-Bois,  dans  la  commune  de  Cléré,  la  ferme 
du  Gât-Guitton.  A  Sp.,  les  Prés-Gâts  sont  un  lot 
de  prés  de  mauvaise  qualité,  anciennes  landes, 
situés  au  midi  du  bourg.  —  V.  Garanne. 

Hist.  —  Autorisation  de  édiffîer  et  faire  édiiTier 
garannes  et  murgis  tant  à  son  gast  que  est  à  l'entour 
de  sa  maison  de  Bignon.  (1478.  Inv.  Arch.,  H,  1, 
90,  2.) 

Gâté,  ée  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Versé, 
répandu.  |î  Fig.  Enragé,  hydrophobe,  en 
pari,  d'un  chien. 

Gâteau  (Auv.),  s.  m.  —  Présent  de  noces. 
V.  Chanteneau.  \\  Lg.,  au  plur.,  m.  ss. 

Et.  —  Mha.  Wastel,  gâteau.  —  Peut-on  rappro- 
cher ce  mot  de  Gâter?  aurait-il  été  dit  :  farine 
perdue,  à  cause  de  la  dépense  qu'il  causait?  Nous 
connaissons  le  pain  perdu,  ou  :  pain  de  chasseur. 

Gâter  (Mj.,  15y.),  v.  a.  —  Verser,  répandre. 
Ex.  :  La  vache  ne  faisait  que  de  ginguer  ;  a 
m'a  tout  fait  gâter  la  moisson.  \\  Gâter  de 
l'eau,  uriner.  ||  Gâter  la  sauce,  —  gâter  les 
afl"aii-es.  Ex.  :  C'est  son  mariage  qui  a  gâté 
la  sauce. 

Hist. —  «  . .  .Avec  de  la  brande  à  perte  de  vue 
(à  peine  im  buissonncL  pour  se  cacher  à  gâter  de 
l'eau).  »  (Hist.  du  v.r  tps,  251.)  —  V.  Gast. 

Gauacher  (Fu.),  v.  n.  —  Marcher  les 
jambes  nues  dans  l'eau.  «  Lé  gars  !  allons 
gauacher  !  »  Syn.  et  d.  de  Guêcher  ;  syn.  de 
Gauiller. 


Gaubretière  (Lg.),  s.  f. 
Poires  de  Gaubretières, 


S'emploie  dans  : 
espèce  de  poire 


428 


GAUCHE   -   GAVOUILLOX 


très  petite,  mais  assez  estimée,  analogue  aux 
poires  de  Saint-Quentin,  qui  vient  en  abon- 
dance dans  les  grands  poiriers  des  haies,  sur 
la  lisière  des  champs. 

Et.  —  C'est  p.-ê.  le  nom  de  la  Gaubretière, 
bourg  de  Vendée,  distant  d'une  douzaine  de  kilom. 
Toutefois  l'omission  de  l'article  rend  la  chose  dou- 
teuse. 

Gauche  (Tlm.),  s.  f.  et  adj.  q.  —  Garce. 
«  Fils  de  gauche  !  est  une  sorte  de  juron 
atténué  très  usité.  —  Syn.  de  Garne. 

Ciaudin,  ine  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Une  oie.  Cf. 
l'ail.  Gans?  V.  Godine. 

Gaiidrer  (Tlm.,  Lg.,  Fu.),  v.  a.  —  Salir, 
couvrir  de  boue,  embourber.  «  Je  vas  joli- 
ment me  gaudrer  à  aller  dans  le  jardin.  »  || 
V.  n.  —  Se  salir,  se  mouiller,  s'embourber. 

Gaufrier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Outil  de  lin- 
gère  servant  à  gaufrer  le  linge.  —  Godron, 
Gaufre.  —  petit  fer  à  un  doigt  pour  tuyauter 
les  bonnets. 

Et.  —  Gaufre.  Proprement  :  rayon,  gâteau  de 
miel  ;  pâtisserie  cuite  entre  deux  fers,  par  compar. 
avec  le  rayon  :  façon  qu'on  donne  à  une  étoffe  avec 
un  fer  chaud.  —  B.  L.  Gafrum.  (D.  C.  Gaufra)  ;  de 
même  rad.  que  Wabe,  ruche  à  miel  ;  ail.  WafTel  ; 
angl.  Wafer. 

Oaugognard  (Lg.),  adj.  q.  —  Qui  plonge 
avidement  dans  le  plat.  :  Fig.  —  Gouailleur, 
goguenard.  \\  Gaugogner.  Doubl.  du  fr. 
Goguenard. 

Gaugogner  (Lg.),  v.  n.  —  Plonger  avide- 
ment, patauger.  Ex.  :  As-tu  fini  de  gaugo- 
gner dans  la  soupière  !  —  Syn.  de  Tinguer.  \\ 
Fig.  —  Taquiner,  lancer  des  propos  piquants, 
gouailler,  goguenarder. 

Et.  —  Ce  verbe  paraît  être  de  la  même  famille 
que  Gourganger.  Dans  l'un  et  l'autre  on  distingue 
un  préf.  péjor.  Gau  {Gai.  Gali).  ou  Gour.  et  un  radi- 
cal Gogner,  Ganger,  qui  pourrait  se  rattacher  à 
Guener.  Ganouiller,  ou  p.-ê.  à  Gauiller.  C'est  très 
probablement  la  vraie  racine  du  fr.  Goguenarder  et 
de  Goguenot. 

Gauiller  (Chpx.),  v.  n.  —  Marcher  dans 
l'eau  jusqu'à  mi-jambes.  «  Les  gars  ont 
gauillé  «,  —  ils  ont  les  pieds  mouillés.  Syn.  de 
Guêcher,  Gouacher.  —  Ce  mot  signifie  aussi  : 
faire  l'école  buissonnière.  Cf.  Grabouiller. 

Et.  —  Guaër,  gaër,  gaier,  waër,  —  guéer  ; 
baigner,  tremper,  mouiller,  plonger,  laver  dans 
l'eau  :  mouiller  ;  passer  à  gué,  guéer.  —  Germ. 
Watan,  mouiller.  Guéer,  c'est  passer  en  se  mouil- 
lant. Gué  :  lat.  vadum,  de  :  vadere,  aller  ;  influencé 
par  le  germ.  vat,  gué  (de  watan).  Cf.  Jaub.,  à 
Gauger,  Gouiller. 

Gaule  (Lg.),  s.  f.  —  Instrument  dont  on  se 
servait  autrefois  en  guise  de  fléau,  pour  battre 
le  blé.  Il  Lg.  —  Ancienne  mesure  agraire  en 
usage  autrefois  dans  la  région.  Je  n'ai  pu 
avoir  d'indication  sur  la  contenance. 

Et.  —  Du  lat.  vallus,  pieu.  Celtiq.,  bret.  gwalen. 

N.  —  Au  premier  sens.  C'était  une  longue 
branche  de  chêne  dont  la  pointe  avait  été  repliée 
et  rattachée  à  la  verge,  de  manière  à  former  une 
large  boucle  plate  ou  raquette,  que  garnissaient  des 


entrelacs  d'osier.  On  aimait  mieux  battre  à  la 
gaule  qu'au  fléau,  duquel  il  semble  qu'on  ne  savait 
guère  se  servir.  Les  batteurs,  rangés  côte  à  côte, 
frappaient  tous  à  la  fois  Tairée  du  plat  de  leurs 
gaules  et  chacun  d'eux  menait  son  échemmelée. 
On  voit  que  ce  mode  de  battage  différait  très  nota- 
blement du  battage  au  fléau,  ou  c/eau,  dans  lequel 
les  batteurs  frappent  alternativement  et  en  mesure 
sur  la  même  vargée. 

Gaule-à-coudre  (Tlm.),  s.  f.  —  Baguette  à 
laquelle  on  fixe  l'extrémité  des  fils  de  chaîne 
d'une  pièce  de  toile  lorsque  celle-ci  touche  à 
sa  fin,  pour  la  terminer  et  y  rattacher 
ensuite  la  chaîne  de  la  pièce  suivante,  qui, 
de  la  sorte,  se  trouve  montée  sur  le  métier. 

Gauléier-eyer  (Sf.),  v.  n.  —  Se  dit  d'un 
ivrogne  qui  va  d'un  gaulis  sur  l'autre.  V. 
Bournéyer.  ||  Bg.  —  Plier.  — -  Le  vent  fait 
gauléyer  les  branches  des  arbres,  jj  (Mj., 
By.)  Osciller,  trembloter,  vaciller,  comme 
une  branche  agitée  par  le  vent.  Ex.  :  Queune 
haie  de  vent  !  la  chandelle  ne  fait  que  de 
gauléier.  —  De  Gaule.  —  V.  Branseau.  Syn. 
de  Houssiner,  Vargetter. 

Gaulette  (Sal.),  s.  f.  —  Petite  gaule.  —  Jeu 
de  la  gaulette.  Il  consiste  à  casser  des  œufs 
les  yeux  bandés,  avec  une  petite  gaule. 

Gaupeler-pler  (Li.,  By.,  Sal.),  v.  a.  — 
Prendre  la  meilleure  partie  d'une  chose.  — 
Il  ne  faut  pas  gaupler  la  soupe,  commencer  à 
la  manger  ou  à  la  servir  par  le  milieu  de  la 
soupière,  mais  par  le  bord.  —  Tu  fais  que 
gaupler  les  pommes,  —  tu  ne  ramasses  que 
les  plus  belles.  ||  Bg.  —  Cueillir,  à  la  dérobée, 
des  fruits,  des  récoltes.  ||  Se  dit  des  gens  peu 
travailleurs  qui,  d'un  travail,  ne  font  que  la 
partie  la  plus  facile.  V.  Gôpler. 

Gavé  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Latte  très  étroite, 
qui  sert  aux  charpentiers  en  bateaux  à  faire 
les  ferris.  \'oisin  de  Ganivelle. 

Gavignole  (Lue),  s.  f.  —  Etre  en  gavi- 
gnole,  avoir  bu  plus  que  de  raison  ;  être 
chaud,  éméché,  en  ribote,  Brindezingue. 

Gavoche.  —  Jeu.  ^^   au  F.-Lore. 

Gavotter  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Siffloter  ou 
chantonner  l'air  d'une  danse,  pour  remplacer 
l'orchestre  absent. 

Et.  —  lo  «  Gavotte,  danse  originaire  des  Gavots, 
habitants  du  pays  de  Gap.  »  (Litt.)  —  2°  «  N"a 
rien  à  voir  avec  la  ville  de  Gap  :  est  plutôt  appa- 
renté à  Gavoche  ;  esp.  Gavacho,  terme  de  mépris 
appliqué  aux  montagnards  des  Pyrénées  surtout.  >■ 

Hist.  —  «  Quand  il  n'y  avait  pas  de  violon  dis- 
ponible, une  personne,  une  ou  deux  filles  ,  le  plus 
souvent,  gavotaient  avec  la  langue.  »  (Déniai*. 
Hist,  de  la  Vendée,  I,  58.) 

Gavouillon  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  bachot. 

X.  —  Au  temps  où  florissait  l'industrie  des 
transports  fluviaux,  tuée  par  les  chemins  de  fer,  la 
Loire  était  sillonnée  de  trains  de  bateaux,  portant 
chacun  de  70  à  80  tonnes.  Les  patrons  des  trains 
montants  embauchaient  des  manoeuvres  supplé- 
mentaires, ou  gobeux,  qu'ils  licenciaient  à  Orléans, 
Gien   ou   Nevers.   Ces   mariniers   congédiés,   pour 


GAYOX  -  GEMME 


429 


retourner  vers  Nantes,  achetaient,  en  se  cotisant, 
un  bateau  léger,  appelé  Gavouillon,  avec  lequel,  en 
qqs  jours,  ils  redescendaient  la  Loire  et  qu'ils  ven- 
daient à  l'arrivée.  Ils  baissaient  en  gavouillon.  La 
loc.  a  vieilli,  comme  l'usage  qu'elle  rappelle. 

Oayon  (Bg.),  s.  m.  —  Frison.  Gayonné, 
frisé,  en  parL  des  cheveux.  V.  Gueillon. 

Gaz  (Mj.),  s.  m.  —  E.ssence  de  pétrole.  || 
Sp.  —  Fig.  Ivresse.  «  Il  a  du  gaz  »,  —  il  est 
ivre,  éméché.  Syn.  de  Vent  dans  les  voiles. 

Gazenue  (By.),  s.  f.  —  Tresse,  natte  de 
cheveux,  en  trois  torons.  «  Faut  y-i  gazenner 
les  cheveux,  à  ta  fille,  pour  pas  qu'i  s'mêlent.  » 

Gazenné  (Mg.,  By.),  adj.  q.  —  Tressé. 

N.  —  «  Gazaner,  gazener,  gazoner,  —  tresser. 
Gazen,  gazin,  gazon,  —  tresse,  natte.  —  Petite 
queue  de  cheveux  liée  sur  le  dos  que  les  hommes 
portaient  autrefois.  »  (Dott.)  —  A  rapprocher  de 
Cadenne,  cadenette? 

Gazenner  (Ti.,  Zig.  151),  v.  a.  —  Tresser 
les  cheveux  en  gazenne.  —  Gazennée.  Se  dit 
d'une  jeune  fille  dont  les  cheveux  sont  ser- 
rés sur  le  front. 

Gazon  (Mj.),  s.  m.  —  Glaçon  flottant.  Corr. 
du  mot  fr.  H  By.  Pron.  Glâzon.  Cf.  Eglâser. 

Gazouille  (Sp.),  s.  f.  —  Vieille  toupie  hors 
d'usage,  ou  morceau  de  bois  grossièrement 
arrondi,  dont  les  enfants  se  servent  dans  cer- 
tains jeux.  Syn.  de  Bigane,  Bidrouille. 

Et.  —  C'est  une  sorte  de  dimin.  du  poitev. 
Gazeau,  bourrique,  doubl.  du  fr.  Gazelle,  qui  s'est 
conservé  en  Anjou  comme  nom  de  famille.  Poiu" 
l)ien  comprendre  comment  ce  nom  a  été  appliqué  à 
une  vieille  toupie,  il  faut  observer  que  partout  les 
enfants  s'amusent  à  fabriquer  des  vaches,  biques 
ou  bourriques  avec  des  morceaux  de  bois  informes, 
et  souvent  même  des  citrouilles  ou  des  concombres 
auxquels  ils  adaptent  quatre  brins  de  bois  en  guise 
de  pattes,  plus  un  cinquième  pour  figurer  la  queue. 

Geai  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  Individu  ridicule, 
ou  peu  redoutable  par  sa  force  physique.  Ex.  : 
Ein  beau  geai  f  —  V.  Ricard. 

Geaise  (Sp.),  s.  f.  —  Noulet,  noue  ou  gout- 
tière placée  à  Tintersection  de  deux  toits  ou  à 
l'héberge  de  deux  bâtiments.  V.  Gesse.  \\  Mj., 
Sp.  Caniveau.  Syn.  Cassis. 

Geale  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Engelure.  — 
N.  Ne  se  dit  au  Lg.  qu'au  plur.  —  Syn.  de 
Rouges-bœufs  (partissure). 

Et,  —  Pour  Gèle,  du  v.  Geler. 

Gearbe  (By.,  Mj.,  Sp.),  s.  f.  —  Gerbe.  — 
D'où  :  Engearber,  mettre  en  gearbes. 

Gcarbée  (Sp.,  By.),  s.  f.  —  Rangée  de 
gerbes  dans  un  champ.  —  Pour  Gerbée. 

Et.  —  Aha.  garba  ;  am.  Garbe.  On  peut  le  rap- 
procher du  lat.  carpere,  couper,  cueillir. 

Gearne  (Sp.,  Tlni.,  Lg.),  s.  m.  —  Germe. 
By.,  Gearme,  gearmer. 

Gearner  (Lg.),  v.  n.  —  Germer. 

Gearnon  (Sp.,  Tlm.),  s.  m.  —  Germe,  gem- 
mule, plantule. 

N.  —  «  Gearme,  Gearmer,  Gearner,  Gearne, 
Gearnon   :    «   Les   blés   vont  sortir   de   terre,   ils 


montrent  déjà  le  gearnon.  —  «  Un  gearnon  de  noiy, 
de  châtaigne,  de  gland.  »  (Jatjb.) 

Geau  1  (Li.,  Br.,)  ou  Jau,  s.  m.  —  Un  coq. 

Geau  ^  (Lg.),  s.  m.  —  Gelée.  Ex.  :  Y  a  du 
geau  blanc,  à  matin,  —  il  y  a  de  la  gelée 
blanche.    —  Vieux. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Gel.  Il  est  probable  aussi 
qu'il  y  a  là  une  sorte  de  jeu  de  mots  sur  Jau,  car 
nos  ancêtres  aimaient  à  personnifier  le  Gel.  Cf. 
Chiens-blancs,  Jument-blanche. 

Gégêne  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Forme  enfan- 
tine et  caressante  du  prén.  Eugène.  —  J'ai 
entendu  dire,  aux  Ponts-de-Cé  :  Yéyène. 

Gégier  (Li.,  Br.,  By.),  s.  m.  —  Le  gésier. 
^'.  Gigier. 

Et.  —  Le  g  se  trouve  dans  beaucoup  de  pro- 
vinces. Lat.  Gigeria,  entrailles  de  poule. 

Geignée  (P.C.,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Asthme.  1| 
Avoir  la  geignée,  —  être  asthmatique.  || 
Simplement  :  Se  plaindre. 

Et.  —  Tiré  du  part,  prés,  du  v.  Geindre  ;  lat. 
gemere  ;  gémir  vient  d'une  forme  barbare  : 
gemire. 

Gelant,  e  (Mj.,  By.),  adj.  verb.  —  Très 
froid,  en  parlant  du  temps,  du  vent,  de  la 
pluie.  Il  Où  les  plantes  gèlent  facilement,  en 
pari,  d'un  terrain.  1|  Qui  gèle  facilement,  sen- 
sible à  la  gelée,  en  pari,  d'une  plante. 
i'Gelasser  (Sp.,  Mj.),  v.  impers.  —  Geler 
légèrement. 

Gelif,  ve  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Dent  gelive, 
—  dent  sensible  non  seulement  au  froid,  mais, 
en  général.  [|  Temps,  arbres,  pierres,  —  gelifs. 

Gelinage,  s.  f.  —  V.  Gélinier.  (Mén.) 
Et.  —  Lat.  Gallina,  poule,  dér.  de  Gallus,  coq, 
qui    veut   dire    :    chanteur  ;   il   est   pour   Garlus. 

(Cf.  Garrulus.) 

Gélinier,  s.  m.  —  Poulailler.  «  Dans  le 
gélinier,  une  poule  pond  par  le  bec,  c.-à-d. 
qu'il  faut  bien  la  nourrir.  (Mén.) 

Hist.  —  «  Le  suppliant  monta  en  un  gélinier,  où 
il  y  avoit  deux  gelines,  lesquelles  il  tua.-  »  (1399. 
L.  C.) 

Gellerat,  n.  pr.  —  Si  le  temps  est  à  la  gelée, 
on  dit  que  M.  Gellerat  va  arriver.  —  In- 
fluence de  respect  et  de  crainte  exercée  par  la 
famille  Gellerat  sur  Chalonnes  et  les  environs 
et,  plus  tard,  sur  Angers.  —  Tous  ont  dis- 
paru. 

Gellerit  (Sp.),  s.  m.  —  Gringalet,  avorton. 
Syn.  da  Rinot,  Riclet,  Muser  in,  Chivrille. 

Gemme  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Sorte  d'on- 
guent très  poisseux,  formé  de  cire  et  de  résine. 
Il  Terre  glaise  très  tenace.  ||  Toute  substance 
poisseuse  et  tenace.  ||  Poix  de  cordonnier.  — 
Cf.  Cire. 

Et.  —  Gemer,  gemmer,  —  couler,  faire  couler 
par  des  entailles  la  résine  des  pins  ;  enduire  de 
poix. 

Gemme,  s.  f.  —  Bourgeons  placés  sur  les 
branches  de  la  vigne,  sur  le  rameau  princi- 
pal. (MÉx.) 


i30 


GENANCE  —  GENS 


Et.  —  Le  lat.  Gemma  veut  dire  :  |)ierre  précieuse 
et  bourgeon. 

CJênance  (Mj.,  By.),  .s.  f.  —  Gêne  physique, 
sensation  de  constriction,  d'oppression.  Ex.  : 
J'ai  de  la  gênance  sur  l'estomat,  —  j'éprouve 
de  la  difficulté  à  respirer,  de  l'oppression 
dans  la  poitrine. 

Et.  —  Gêne.  —  1°  Contr.  de  Géhenne  ;  propre- 
ment :  vallée  près  de  Jérusalem,  où  les  Juifs 
brûlaient  leurs  fils  et  leurs  filles  en  l'honneur  des 
idoles.  —  Puis,  Enfer,  en  style  de  l'Ecriture.  — 
Hébreu  :  Geia  Hinnon,  —  vallée  de  Hannon. 
(LiTT.)  —  2°  Gi'ne  est  pour  -.  geïne,  plus  ancienne- 
ment gehine,  de  l'a.  v.  gehir,  avouer  ;  orig.  germ.  : 
aha.  Jehan,  déclarer.  Le  subst.  gehine  a  été 
confondu  de  bonne  heure  avec  :  géhenne.  Aveu 
arraché  par  la  torture  ;  puis  :  torture.  Cf.  Ques- 
tion. (Daem.1 

'Ciênante  s.  f.  —  Avoir  la  gênante,  ou  la 
colique,  loc.  vulg.  (Méît.) 

Gendarme  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Hareng- 
saur. 

N.  —  C'est  une  ellipse,  pour  :  Pied  de  gendarme, 
nom  que  l'on  applique  également  au  hareng-saur, 
sans  doute  parce  que  l'odeur  forte  de  ce  poisson, 
duquel,  d'ailleurs,  la  forme  est  celle  d'un  pied 
d'homme,  est  censée  analogue  à  celle  de  l'essence 
que  distillent  les  abattis  de  nos  braves  Pandores. 
On  sait  que  la  science  a  dénommé  cette  essence  : 
protoxyde  de  gendarmium  et  lui  a  donné  la  for- 
mule :  100  H  O  7  H  O.  Rien  de  Wiirtz. 

Dormir  en  gendarme,  avoir  un  sommeil  très 
léger,  ne  dormir  que  d'un  œil.  ||  Fig.  Femme 
hommasse,  ou  revêche,  ou  autoritaire.  V. 
Cogne,  Grippe-Jésus.  —  By. 

Genderme  (Lg.,  By.).  —  Corr.  de  Gen- 
darme. Syn.  de  Cogne,  Grippe-Jésus. 

CJendive  (Lg.),  s.  f.  —  Gencive.  Syn.  de 
Dentier.  Le  mot  a  vieilli.  —  Lat.  Gingiva. 

Gêne,  s.  f.  —  On  donne  ce  nom  à  un  ban- 
dage herniaire.  1|  Sp.  —  Au  plur.  Id.  —  Syn. 
de  Rétreint. 

Gêné,  ée  (Mj.),  part.  pas.  —  Oppressé. 

Gêner  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Giner.  \\  Forcer, 
obliger.  Ex.  :  T'as  tombé?  C'est  bé  fait  ! 
T'étais  pas  gêné  de  courir. 

Génération  (Mj.),  s.  m.  —  Engeance,  ij 
Généalogie,  filiation. 

Genetai  (Sp.),  s.  m.  —  Champ  de  genêt. 

Génetière  (By.),  s.  f.  —  Disposition  de 
genêt,  de  chaume,  etc.,  pour  prendre  les 
alouettes  au  collet. 

Genêt-renîs  (Mj.),  s.  m.  — •  Sorte  de  petit 
genêt,  employé  dans  la  médecine  des  cam- 
pagnes. V.  Genêt  sauvage. 

Génetrole  (Mj.),  s.  f.  —  Prêle,  plante  de  la 
famille  des  équisétacées.  Syn.  de  Cœur- 
hanète,  Quoue-de-poulain,  Quoue-dc-ral,  Tire- 
hanète,  Pinier. 

Et.  —  Cette  plante  est  ainsi  nommée  sans  doute 
à  cause  de  la  ressemblance  vague  qu'elle  a  avec 
le  genêt.  Génetrole  est,  en  effet,  le  dimin.  du  't. 
Genêt  ;  c'est  le  même  mot  que  le  fr.  Genestrole  ; 


mais  ce  dernier  nom  désigne  une  plante  toute  diffé- 
rente, qui  est  le  Genista  tinctoria,  ou  Genêt  des 
teinturiers,  appelé  à  Mj.  Genét-renis. 

Génêt-sauvage  (Pell.),  s.  m.  —  Genêt  des 
teinturiers.  V.  Genêt-renis. 

Génevelle  (Lg.  et  environs),  s.  f.  —  Pen- 
ture  de  porte.  Syn.  de  Bande. 

Et.  —  Paraît  être  pour  Génuelle,  dérivé  de  Génue. 
La  coexistence  de  ces  deux  mots  me  paraît  indi- 
quer que  j'ai  eu  raison  de  dériver  le  dernier  du 
lat.  Janua. 

Génie  (Mj.,  Lg  ),  s.  f.  —  Dimin.  famil.  du 
prénom  Eugénie.  Se  confond  avec  Jenny.  On 
dit  aussi  Ugénie,  Ninie.  \\  By.  —  Jenny,  pour 
Jeanne. 

Genou  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Tête  chauve. 
Syn.  de  Chou-poume.  \\  Couper  comme  ein 
genou,  comme  ein  genou  de  nonne,  —  couper 
très  mal,  être  émoussé.  ||  Coiffé  comme  ein 
genou,  ou  comme  ein  genou  malade,  —  mal 
coiffé.  Il  De  genoux,  —  à  genoux,  —  Vx  fr. 
Genouil.  V.  Genoil. 

Et.  —  Lat.  Geniculum,  dim.  de  Genu.  —  Hist.  : 
La  Sainte  Vierge  tenant  son  petit  Jésus...,  plus 
deux  anges  de  genouil.  »  (Inv.  Arch.,  H,  i,  p.  72, 
c,  2.) 

Genouil,  s.  m.  —  Génération,  degré  de 
parenté  :  «  Le  lignage  se  tient  au  6^  genouil.  » 
(L.  C.)  V.  Genou. 

Genouillée  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  plante 
rampante,  de  la  famille  des  caryophyllées,  à 
tige  lierbacée,  noueuse,  coudée  et  ramifiée  ; 
à  feuilles  linéaires,  aciculées,  épaisses  et  un 
peu  grasses,  disposées  en  verticilles  autour  des 
nœuds,  d'où  les  rameaux  partent  à  angle 
droit.  Commune  dans  les  vallées  de  la  Loire. 
La  graine  est  appelée  Chapeau-bordé.  Syn. 
de  Châssion.  C'est  la  spergulaire,  spergularia 
arvensis. 

Et.  —  Plantes  genouilleuses,  celles  qui  ont  des 
racines  épaisses,  peu  enfoncées  dans  la  terre  et 
faites  de  plusieurs  pièces  jointes  ensemble  comme 
la  jambe  et  la  cuisse  le  sont  par  le  genou. 

Gens,  s.  m.  et  f.  (By.).  —  Bonnes  gens.  — 
Ces  mots  sont  souvent  joints  à  un  nom  ou  à 
un  pronom,  soit  sing.,  soit  plur.  Cette  oppo- 
sition marque  une  commisération  réelle  ou 
ironique.  Ex.  :.  Il  fait  ben  de  son  mieux, 
bonnes  gens,  encore  il  ne  illy  arrive  point.  — 
A  Mj.  et  partout,  cette  exclamation,  à  sens 
plus  vague,  revient  sans  cesse  dans  la  conver- 
sation. Ex.  :  Il  crayait  ben  faire,  bonne  gens. 
Il  Nos  gens,  le  maître  et  la  maîtresse,  le  fer- 
mier et  la  fermière.  |!  Craon.  Le  père  et  la 
mère.  Je  vais  chez  mes  gens,  —  chez  mes 
parents.  —  C'est  bien  la  Gens,  des  Latins,  la 
famille.  ||  Chpt.  —  Nous  gens,  —  nos  voisins. 
il  Nous  gens,  au  sens  de  :  famille,  ne  se  dit 
guère  à  Mj.,  mais  très  bien  dans  toute  la 
Vendée,  à  partir  de  La  Pommeraye.  Ex.  : 
Vous  tombez  ben  mal  ;  nous  gens  ne  sont 
point  là,  ils  sont  tortous  partis  au  pervail.  — 
C'est  la  familia,  au  sens  le  plus  large,  tous  les 
gens  de  la  maison,  de  la  ferme.  ||  Mj.  Loc.  remar. 
quable  :  N'y  a  gens  de,  —  il  est  impossible  de.^ 


GENT  —  GERNON 


431 


Ex.  :  N'y  a  gens  d'entendre  ce  qu'il  dit.  Cette 
loc,  très  usitée,  est  une  ellipse  pour  :  Il  n'y 
a  pas  de  gens  capables  de.  ||  By.  —  Qu'ein 
potin,  —  ou  :  qu'eine  odeur  !  n'y  a  gens  à  y-i 
résister.  On  dit  dans  le  même  sens:  N'y  a  pas 
de  gens  de,  —  n'y  a  parsonne  de.  ||  Fu.  — 
N'y  a  de  gens  d'avanger  à  illi  brocher  des 
chausses,  à  c'te  brise-barrière-là  !  —  Ag.  — 
N'y  a  gens  de  tenir  dans  ma  cuisine,  par  la 
chaud  qu'y  fait.  (Une  cuisinière,  rue  Bressi- 
gny.)  Il  «  I  a  gen  de  pibo  !  »  (Il  n'y  a  point  de 
peuplier.)  Mireille.  \\  On  dit,  à  tort  :  Gens 
qui  branlent,  pour  désigner  l'harbe  à  la  per- 
drix. V.  Gentil-branle,  prononc.  Genqui- 
branle. 

Hist.  Holos,  Holos,  dist.  Graddgousier:  qu'est 
cecy,  bonnes  gens  ?  R.,  G.,  i,  27,  58. 

—  Au  sens  négatif  : 

«  Vers  mun  seignur  le  rei  n'i  at  giens  de 
huntage.  »  (Il  n'y  a  aucune  honte  pour  mon- 
seigneur le  roi.)  Voyage  de  Charlemagne  à 
Jérusalem.  Cité  par  Devillard,  68,  dernier 
vers. 

Et.  —  Genti-nm,  ou  mieux  gen-us,  comme  si 
l'on  disait  :  non  genûs,  non  geritium,  minime 
gentium,  nullement.  Cf.  Personne  avec  la  négat. 
Dr  A.  Bos. 

Gent  (Lue,  Z.,  152),  s.  f.  —  Une  gent,  c'est 
une  bonne  gent,  se  dit  aussi  bien  d'un  homme 
que  d'une  femme.  ||  Décancher  une  gent,  — 
débarrasser  une  personne.  H  Ti.  —  On  dit  : 
Eune  gent,  —  une  personne. 

(lîente,  s.  f.  —  Petite'charrette  à  bras,  ou 
pour  un  petit  attelage.  (Mén.) 

«entil»  (Sp.,  By.,  Mj.),  adj.  q.  —  Fluet, 
mince  de  la  taille. 

N.  —  Au  masc,  l'I  final  est  absolument  muet, 
comme  dans  Filleu(l)  ;  au  fém.,  il  n'est  pas  mouillé, 
Gentile,  ce  qui  explique  le  fr.  Gentiment.  —  Leux 
petite  fille  est  vrai  gentile. 

Et.  —  Lat.  gentilis,  qui  est  de  bonne  race.  — 
Hist.  : 

«  Nymphes  des  jardins  fertiles, 
:(  Hamadryades  gentiles.    » 
(J.  DU  Bellay,  Louanges  d" Anjou,  p.  104.) 
a  Une  belle,  courtoise  et  gentile  maîtresse.  » 
(Id.,  Les  Regrets,  p.  214.) 

Gentil-branle  (Lpm.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Harbe  à  la  pardrix  et  de  Zyeux  de  pardrlx.  Se 
prononce  Genquibranle  et  s'écrit,  à  tort  : 
Gens  qui  branle.  C'est  l'amourette  brize 
moyenne.  Cf.  en  fr.  Bois-gentil  ;  daphné.  — 
Bâtard  :  Briza  média,  —  Amourette,  Herbe 
tremblante,  Pain  d'oiseau. 

N.  —  Un  correspondant  avait  proposé  :  Champ 
qui  branle.  R.  O.  répond  :  Cela  est  inacceptable 
pour  plusieurs  raisons.  D'abord,  on  ne  prononce 
pas  Chan,  mais  ./an.  Ensuite,  personne  n'a  vu  un 
champ  plein  de  Zyeux  de  pardrix  se  balançant  au 
souffle  de  la  brise.  C'est  une  graminée  assez  rare 
et  dont  il  est  même  difficile  de  trouver  assez  pour 
faire  un  bouquet  de  la  grosseur  du  poignet.  V. 
Zyeux  de  pardrix. 

Génue  (Mj.,  By.,  Lms,  Z.  196),  s.  f.  —  Pas- 
sage étroit,  petite  fenêtre  ;  petite  ouverture, 


guiche,  trou  dans  un  mur  ;  jour  de  cave.  V. 
Géne\>eUe. 

Et.  —  Aucune  n'est  satisfaisante.  —  Hist.  -. 
«  Voyant  que  ce  bois  était  transféré  vis-à-vis  et 
au-dessous  d'une  génue  mal  fermante  et  d'ouver- 
ture infiniment  facile  par  dehors...  »  (Extrait 
des  Arch.  du  Greffe  de  la  Cour  d'appel  d'Angers. 

—  Anj.  Hist.,  5«  an.,  n°  3,  nov.  1904,  p.  283, 
1.  16  et  33.)  —  Cependant,  je  proposerais  le  lat. 
Janua,  porte. 

Génusse  (Craon).  —  Le  même  que  Génue. 

George  (Mj.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'une  espèce 
de  noix  très  grosses.  Des  noix  georges.  Cf. 
yoix-?nuscat. 

Et.  —  «  Je  soupçonne  Gauge  :  noix  gauge, 
grosse  noix,  par  opposit.  aux  noisettes,  ou  petites 
noix.  Germ.  vvalah,  wale,  walsch,  —  étrangère, 
welche.  En  ail.,  wallnuss.  .\ngl.  walnut,  ou  gallica, 
*  galja.   "  (D"'  A.  Bos.)  —  Scheler,  même  explic. 

—  «  GroUier.  La  noix  que  Rabelals  nomme  grol- 
lière  est  celle  qu'ailleurs  on  nomme  noigobe... 
Elle  est  beaucoup  plus  grosse  que  la  noix  commune 
et,  comme  sa  coquille  est  beaucoup  plus  tendre  que 
celle  des  autres  noix,  il  se  peut  qu'on  l'aura  nom- 
mée groUière  à  cause  que  la  grole,  espèce  de  cor- 
neille, qui  en  est  fort  friande,  trouve  le  moyen  de 
l'entamer  de  son  bec.  »  (Le  Duchat,  sur  Rabelais, 
I,  242.) 

Geouriflée  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Giroflée. 

Et.  —  Forme  assez  fréquente,  quoique  moins 
usitée,  de  Girouflée,  résultant  de  l'interversion  des 
voyelles  dans  les  deux  premières  syllabes  de  ce 
mot.  Cf.  Çurigien.  —  De  Girofle.  C'est  l'odeur  qui 
a  fait  donner  le  nom  à  ces  fleurs.  En  lat.  :  caryo- 
phyllum  ;  grec  :  karuon',  noyer,  et  phuUon,  feuille. 
Il  By.,  id.  et  Girouflée  et  même  Girouflère. 

Gerbier  (Lme.,  Ché.,  Mj.,  Ts.),  s.  m.  — Tas 
de  gerbes.  Syn.  de  Mouche,  Mouéche. 

Hist.  —  «  Guischart  Trafi'oy. . .  s'en  alla  en  ung 
champ...  où  estoient  quatre  gerbiers...  esquelz 
il  mist  le  feu.  »  (1460.  —  L.  C.)  —  Tous  les  gerbiers 
qu'on  avait  dans  différents  endroits  sont  transpor- 
tés icy,  et  mis  dans  la  cy-devant  église  de  Saint- 
Pierre,  pour  les  battre,  et  les  grains  me  seront 
ensuite  livrés.  »  (L.  B.,  98,  18.)  —  «  Des  voisins  ont 
averti  M.  B. . .  que  son  gerbier  était  en  feu.  {Ang. 
de  Paris,  l'"-  sept.  1907,  3,  5.)  Ag.  —  nom  de  famil. 

Gerfaut  (Fu.),  s.  m.  —  Le  gerfaut  est  le 
bec,  le  crochet  avec  un  ressort  qui  sert  à 
accrocher  la  buée  (ou  bue)  que  l'on  descend 
dans  le  puits.  Syn.  de  Chabut,  Clenche,  Far- 
geot. 

Gerle  (Guérie,  Gherle)  (Sal.),  s.  f.  —  Ins- 
trument en  peau  trouée,  ou  grillage.  Dessous, 
le  grain  tombe  comme  grêle.  —  N.  Mais  grêle 
n'a  pas  formé  Gerle.  V.  Guérie. 

Gerler  (Guerler)  (Sal.),  v.  a.  —  Passer  à  la 
guérie  le  blé  du  guernier  (grenier)  pour  le 
nettoyer. 

Gerner  (Lg.),  v.  n.  —  Germer.  Syn.  et  d. 
de  Gearner. 

Et.  —  Lat.  Germinare.  ||  Puisque  la  lettre  n  se 
trouve  dans  le  latin,  ne  pourrait-on  pas  supposer 
que  le  berrichon  l'a  conservée  de  préférence  à  m? 
La  même  observ.  s'appliquerait  alors  à  Sener,  de  : 
seminare.  (Jatjb.) 

Gernon  (Lg.),  s.  m.  —  Germe.  Syn.  et  d. 
de  Gearnon.  V.  Gerner. 


432 


GÉROMION  —  GILER 


Ciérômion  (Tlm.),  s.  m.  —  Géranium.  V. 
Girômion.  \\  By.  Géromiomm,  giromiomm,  les 
0  brefs. 

Et.  —  Géranium.  Du  grec,  par  le  latin,  —  bec  de 
grue.  Le  fruit  est  formé  de  cinq  capsules  terminées 
chacune  par  une  arête,  d'où  résulte  une  forme  en 
bec  de  grue 

Gesses,  s.    f.    pi.  Gouttière.  —  Cf.  Geaise. 
Hist.  —    «  Goutière  ou  gesse,  pour  porter  les 
eaux  communes.  »(L.  C.) 

Gessonner  (Chpt.),  v.  n.  —  Drageonner. 
V'nez  étêter  nos  choux  pour  les  faire  gesson- 
ner. »  Cf.  Guesson,  Guesser. 

Geste  (Mj.),  s.  f.  —  Acte  , action.  Ex.  :  Tu 
fais  de  belles  gestes  !  —  agir  de  façon  ridicule, 
avoir  une  conduite  déplorable. 

Et.  —  C'est  le  plur.  n.  de  Gestum,  gesta,  actions 
mémorables.  N.  On  peut  remarquer  que  notre 
patois  a  conservé  à  ce  mot  son  sens  primitif,  de 
même  que  le  fr.  dans  la  loc.  :  Faits  et  gestes.  Du 
reste  il  redevient  fort  à  la  mode  dans  la  littéra- 
tuic  contemporaine. 

Gêtée  (Mj.),  s.  f.  —  Chasse  aux  canards 
sauvages,  cpii  se  fait  en  restant  longtemps  à 
l'affût,  accroupi,  ou  couché  dans  les  lucettes, 
pour  guetter  le  passage  de  ce  gibier  défiant. 
On  dit  :  Faire  à  la  gêtée.  Syn.  de  Accourpie. 

Et.  —  Du  fr.  Gésir,  être  couché. 

Getro.  m.  pi.  —  Glandes  qui  viennent  au 
cou  des  enfants.  V.  Jottereaux. 

Gevau.  —  Prononc.  vicieuse  de  Chevau, 
pour  Cheval,  au  sing.  ;  mon  gevau.  (Ti.,  Zig. 
159  ;  J'vau,  Lx.,  Zig.  143.  —  By.)  Cf.  Chevau. 
Chuau. 

Giber  (Sp.,  Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Ruer,  lancer 
des  coups  de  pied  ;  regimber.  Syn.  de  Gin- 
guer. 

Et.  —  Ce  mot  a  la  même  rac.  qui  se  retrouve,  un 
peu  allongée,  dans  le  fr.  Regimber.  Cf.  Giper. 
(Jaub.) 

Gibier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Individu,  en 
mauvaise  part,  particulier,  paroissien.  Ex.  : 
Je  ne  sarais  me  remettre  éioù  que  je  l'ai  vu, 
ceté  gibier-lâ.  \\  Gibier  de  malheur,  —  indi- 
vidu qui  n'apporte  pas  la  chance  avec  lui  ;  un 
fâcheux.  Il  Gaillard.  Ex.  :  Queun  gibier  pour 
faire  rire.  ||  J'ai  rencontré  ein  gibier  qui  avait 
point  l'ar  trop  catholique.  —  Je  ne  sais  pas 
de  qui  est  ceté  gibier-lk,  —  ce  particulier-là. 

Et.  —  La  locut.  primordiale  est  :  Aller  en  gibier  ; 
c'est  donc  un  nom  verbal  d'un  verbe  :  gibeer, 
giboyer.  On  a  les  formes  du  B.  L.  Gibicere. . .,  oii 
on  trouve  un  radie.  Gib  (cf.  Gibet),  sorte  de  bâton, 
d'arme,  d'engin.  Faut-il  entendre  que  Gibicere, 
gibeer,  c'est  chasser  avec  la  Gibe?  (Litt.) 

«  Un  jour  d'aoust,   après   mangier, 
«  Allèrent  tous  trois  en  gibier.  » 


Ghf.  —  Prononciat.  assez  fréquente  de  di  entrant 
dans  la  composit.  d'une  diphtongue.  Ex.  :  Diable, 
pron.  Ghiâble,  Ghiâhe.  —  Et  même  dans  Midi,  — 
mighi  (mais  cette  graphie  n'en  donne  qu'une  idée 
imparfaite).  —  Y  allez-vous î  —  Ghi  ail'  vous?  — 
i'ghi  dis,  —  je  lui  dis. 


Gibe,  sorte  de  serpe  :  «  Bâton  ferré  en  forme  de 
serpe  ou  pays  de  Perigort,  dont  on  coupe  les 
maies  herbes  des  champs.  »  (14.51.  —  L.  C.)  Qqs-uns 
le  dérivent  de  Cibarium  (nourriture).  D.  C. 

Gibrou    (Auv.),   s.    m.   —  Marmelade     de 

prunes. 

Giclée.  (Mj.),  s.  f.  —  Jet  de  liquide.  Dér.  du 
fr.  Gicler.  |i  By.  Gilée. 

Gicler.  —  «  Vira  la  bano  au  giscle.  »  — 
tourner  la  corne  au  vent,  à  l'embrun.  (Dau- 
det. Lettres  de  mon  moulin.  La  Camargue.)  — 
Devrait  s'écrire  par  un  j,  jicler,  lat.  jaculare. 
(LoR.  Lar.)  By.  Giler. 

Gidelle  (Bg.,  Li.,  By.),  s.  f.  —  Une  jatte. 

—  Plat  dans  lequel  on  prépare  le  beurre  en 
sortant  de  la  baratte.  Syn.  Jède. 

Hist.  —  «  La  femme  tomba...  dans  sa  gidelle, 
sur  son  beurre.  «  (B.  de  Verv.,  M.  de  p.,  n,  13.) 

Gigier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Gésier,  estomac 
des  oiseaux.  —  Corr.  du  mot  fr.  —  V.  Gégier, 

—  Pat.  norm.  Gisier. 


Gigougner     (S. -P.),    v.    n.    — 
Doubl.  de  Gisouiller.  Cf.  Tirâgner. 


Gigotter. 


Gigouilier  (Mj.,  By.,  Sal.).  —  V.  Gigougner. 
Remuer  vivement  les  jambes,  les  gigues.  Syn. 
de  Giguenâiller. 

Et.  —  ScHELKB  dit  :  «  Je  suis  porté  à  croire, 
sans  être  à  même  de  le  démontrer,  que  de  la  rac. 
germ.  Gig,  se  remuer,  s'est  produit  d'abord  : 
gigue,  jambe  ;  d'où  gigot,  jambon  ;  gigotter,  se 
remuer  ;  giguer,  faire  aller  les  jambes,  danser,  et 
que  de  ce  giguer  s'est  dégagé  le  fr.  gigue,  danse, 
puis  air  de  danse,  et  enfin  instrument  de  musique 
pour  faire  danser.  » 

Gigouillette  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Sorte  de 
danse.  Dér.  de  Gigouilier,  Cf.  le  fr.  Gigue. 

Hist.  —  La  Gigouillette  ne  se  danse  pas. . .,  elle 
se  gigouille.  —  elle  se  chante  aussi.  (Ang.  de  Paru;, 
du  24  fév.  1907,  p.  1,  col.  3.)  —  «  Ce  fut  le  signal 
des  danses. . .,  valses,  polkas,  schottishes,  et  aussi 
la  frétillante  gigouillette,  la  danse  angevine  si 
caractéristique...  »  (Ang.  de  Paris,  16  déc.  1906, 
1,  3.) 

Gigouré  (Va.),  s.  m.  —  Purin.  Syn.  de  Gi- 
gourit,  Suint,  Juin,  Pus. 

Gigoiirit,  s.  m.  —  V.  Jigourit. 

'jiiguenâiller  (Lg.),  v.  n.  —  Gigoter.  Syn. 
de  Gigouilier,  Gigougner. 

Gilbert  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Girbé. 

Gilée  (Mj.),  s.  f.  —  Se  dit  dans  :  Gilée  de 
vent,  —  courant  d'air,  vent  coulis.  Ex.  :  Il 
fait  eine  gilée  de  vent  qui  n'est  point  chaude. 
V.  Giler.  il  Filet  de  liquide  qui  jaillit.  Syn.  de 
Giclée,  Guichée.  By.,  id. 

Giler  (Mj.),  v.  n.  —  Jaillir,  pisser,  en  pari. 
d'un  liquide.  Syn.  Guicher.  ||  Envoyer  un 
liquide  par  pression.  Faire  giler  de  l'eau.  — 
En  faisant  giler  du  lait  de  femme  dans 
l'oreille,  on  guérit  du  mal  d'oreille.  (Croyance 
populaire.)   V.   F.-Lore,  xiv,  Lait. 

Et.  —  C'est  un  doubl.  de  Gicler  ou  Jicler  et,  par 
conséq.,  un  dér.  du  lat.  Jaculare  et  un  doubl.  du 
fr.  Jaillir. 


GILET  —  GIRONNÉE 


433 


Oilet  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Gilet  rond,  —  sorte 
de  veste  courte  que  portaient  les  paysans  il  y 
a  une  centaine  d'années.  Ce  n'était  nullement 
un  gilet,  mais  bien  un  vêtement  dans  le  genre 
de  la  carmagnole.  ||  Mj.  —  Gilet  de  peau,  — 
gilet  de  flanelle. 

Et.  —  Ou  de  :  Gille  le  niais  (personnage  de  la 
foire),  qui  portait  une  sorte  de  veste  sans  manche  ; 
ou  du  nom  du  premier  fabricant  de  gilets,  Gille, 
dit-on.  {LiTT.) 

Gillebers.  —  V.  Hait. 

iiiUe  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  jeu  de  cartes.  || 
Celui  qui  perd  à  ce  jeu.  ||  Paillasse,  pierrot, 
clown.  Ex.  :  Faire  le  Gille,  —  faire  l'idiot.  || 
Rester  ou  se  trouver  Gille,  —  rester  ou  se 
trouver  nigaud.  —  By. 

Et.  —  Gille,  nom  propre,  corrompu  de  Egidius. 
L'origine  du  proverbe  est  obscure. 

Giloire  (Auv.),  s.  f.  —  Clifoire.  Syn.  de 
Chicoire. 

Gînance  (Mj.),  s.  f.  —  Gênance. 

Gîne  (Mj.),  s.  f.  —  Gêne. 

Giner  (Mj.),  v.  a.  —  Gêner.  —  Cf.  Licher. 

Hist.  —  «  Si  curieusement  réglée,  ou  plus  tost 
liée  et  geinnée.  »  (J.  du  Bellay,  Déf.  et  lit.,  li, 
9,  18.) 

Gingeoler  (Lg.),  v.  n.  —  Branler,  se  balan- 
cer. Ex.  :  Le  vergne  gingeole,  il  va  bétôt 
tomber.  ||  Tituber.  Syn.  de  Brancholer. 

Et.  —  Doit  tenir  à  la  rac.  Gigue  et  être  un  dimin. 
de  Ginguer.  —  Gigue. 

Gingin  (Mj.),  s.  m.  —  Ingéniosité,  esprit 
d'invention,  intelligence.  Syn.  de  Engivane, 
Ingénie.  j|  By.  —  Avoir  du  gingin,  c'est  être 
ingénieux.  Avoir  de  l'engin,  c'est  avoir  les 
instruments  propres  à  la  pêche  ou  à  la  chasse 
(de  l'équipage),  sans  compter  les  autres  sens 
de  engin,  —  piège,  arme,  machine. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Ingenium,  par  réduplication 
du  g,  s'ajoutant  comme  augment  avant  la  première 
syll.  Syn.  de  Ingénie,  Devinoire.  —  Hist.  : 
«  Et  toutesfois  je  n'en  approuve  pas 
«  Tant  seulement  la  mesure  ou  compas 
«  De  son  beau  corps,  ny  les  trayctz  de  sa  face 
«  Qui  chascune  aultre  embrunist  et  efface, 
«  Mais  quand  et  quand  Vengin  et  bonnes  meurs 
«  J'estime  tant  que  pour  elle  je  meurs.  » 

(G.-C.   Bûcher,  83,   128.) 

N.  —  Je  remarque  en  passant  l'express.  :  quand 
et  quand,  qui  signifie  :  bien  plutôt,  et  j'observe  que 
c'est  le  bret.  :  quentoh  quent, —  le  plus  tôt  pos- 
sible. 

«  Prenez  y  tous,  rois,  ducs,  rocs  et  pions, 
«  Enseignement  (\\i'engin  vaut  mieux  que  force.  » 
(Rab.,    p.,   II,    27,    182.) 

I  Gingourct  (Segr.),  s.  m.  —  Jus  noir  du  fu- 
mier coulant  dans  une  cour.  (Mén.)  —  Cf. 
'^Gigounl. 

I  Gingiicr  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Gigotter.  || 
iRuer,  lancer  des  coups  de  pied.  ||  Regimber.  || 
iLg.  —  Se  tirer  des  diflicultés  à  force  d'éner- 
[gie.  I|  By.  —  Gin-gher,  jouer  en  se  bouscu- 
ant.  Syn.  de  Gouincer. 

Giquet  (gikiète)  (Mj.),  s.  m.  —  Hoquet. 


Et.  —  A  Auv.,  on  dit  Hiquet.  Giquet  est  le 
même  mot  dans  lequel  la  gutturale  g  remplace  la 
gutturale  h.  C'est  l'angl.  Hiccup  et  le  fr.  Hoquet. 

Girard,  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  la  mâche. 

(MÉN.) 

Giraiide,  s.  f.  —  Giraude  de  moine.  V. 
Gouet.  (Mén.) 

Girbé  (Mj.),  s.  m.  —  Coupe-bourgeon, 
petit  insecte  coléoptère  qui  pond  ses  œufs 
dans  les  jeunes  pousses  des  poiriers  et  incise 
ensuite  ces  mêmes  pousses  d'xin  trait  circu- 
laire, fait  avec  son  bec  fort  et  pointu.  C'est 
un  rhynchite,  ou  bruche.  A  Sp.,  on  l'appelle 
Eribé.  Syn.  de  Gilbert,  Girbère.  —  N.  C'est 
le  Durbec  de  Jaub.,  qui  cite  aussi  Urbet. 

Girbère  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Girbé. 

Girie,  s.  f.  —  Mauvaise  raison,  mensonge, 
tromperie.  S'emploie  surtout  au  plur.  :  Tout 
ça,  c'est  des  giries.  \\  By.  Chirie. 

Hist.  —  «  Aussitôt  nous  avons  fait  une  perqui- 
sition dans  les  meubles  et  effets,  et  nous  sommes 
emparés  de  plusieurs  drogues  et  giries  sacerdo- 
tales. »  (Anj.  Hist.,  6«  an.,  n»  6,  p.  643.)  Cf.  D(>ies. 

Giroflée  à  cinq  branches  (Sal.,  etc.),  s.  f.  — 
Gifile.  Ce  sont  les  cinq  doigts  de  la  main. 
«  J'vas  te  donner  une  giroflée  à  cinq  branches!» 
V.  Girouflée.  Syn.  Mandale,  Ognon. 

Girôniiome  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Géranium. 
V.  Gérômion. 

Girôniion  (Mj.),  id. 

Giron  (Mj.),  s.  m.  —  Gouet  ;  arum  macula- 
tum.  Il  La  partie  inférieure  d'un  épervier,  qui, 
relevée  par  les  cambres,  forme  une  sorte  de 
ventre  ou  de  chambre  où  le  poisson.se  trouve 
emprisonné.  ||  Estomac  du  porc.  Sans  doute 
parce  que  la  concavité  de  cet  organe  rappelle 
un  giron.  Syn.  de  Port-Girault,  Chaudin. 

Et.  —  Au  !"■  sens  :  «  1°  Giron,  pan  coupé  obli- 
quement en  pointe,  en  forme  de  triangle  :  pan  de 
la  robe,  de  la  tunique  ou  du  haubert. . .,  —  partie 
du  corps  qui  va  de  la  taille  aux  genoux,  la  per- 
sonne étant  assise-  Aha.  Gerô,  ace.  Gêrun.  A. 
frison  :  Gar,  de  Ger,  pointe  de  lance.  —  2"  Tour, 
rond,  cercle  ;  ce  qui  entoure,  ce  qui  est  rond  : 
giron,  sein,  lit,  tablier,  ceinture,  jupon,  bord,  bor- 
dure ;  revers  de  bottes  ;  tuile  ronde.  —  Augmentât, 
de  Gire.  (Lat.  Gyrum.  cercle.  Cf.  Girer.)  —  Ces 
deux  mots,  qui  avaient  deux  sens  bien  différents, 
l'un  de  pan  en  pointe,  l'autre  d'objet  en  rond,  et 
dont  le  premier  est  beaucoup  plus  ancien,  ont  fini 
par  confondre  leurs  sens  ;  p.  ex.,  le  sens  de  tablier 
peut  aussi  bien  venir  de  giron  1,  vêtement  qui 
occupe  les  flancs,  que  de  giron  2,  vêtement  qui 
entoure  la  taille.  Giron  et  Sein  ont  fini  par  être 
équivalents. 

Gironnée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ce  qui  peut 
tenir  dans  le  giron  ou  dans  le  tablier  d'une 
femme.  Ex.  :  Je  vas  aller  clir  eine  gironnée 
de  pois  de  mai.  —  Une  gironnée  de  choux. 
Tout  plein  et  :  tout  fin  plein  son  devanteau. 
—  V.  Giron.  Syn.  de  Bornée. 

Hist.  —  «  Icellui  Roussel  qui  avait  une  gironnée 
de  cailloux,  en  suiant  le  suppliant.  »  (1405.  —  L.  C.) 
«  Et  leur  pleine  gironnie 
i(  De  lour  bain  ilgs  baillerant.  »  (.Voë/s  pop.) 
(Et  leur  pleine  gironnée  De  leur  bien  ils  baillèrent.  » 

28 


434 


GIROUFLËE  —  GLIEUVE 


Girouflée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Giroflée.  || 
Giroiiflée  à  cinq  feuilles,  ou  à  cinq  branches, 
ou  simplement  Girouflée,  —  soufflet,  calotte 
bien  appliquée.  Ex.  :  Je  t'ai  illi  envoyé  eine 
girouflée  à  cinq  branches  qu'il  n'en  a  vu  que 
des  chandelles.  Syn.  de  Ognon,  Mandale.  — 
N.  On  dit  aussi  Geouriflée. 

GirouDée  (Lg.,  By.,  Sp.),  s.  f.  —  Plein  le 
giron.  J'ai  toute  une  girounée  de  choux,  —  un 
plein  tablier.  (Li.,  Br.)  V.  Gironnée. 

Gissant  (Lg.),  part.  prés.  —  Se  dit  dans  : 
Meule  gissante,  —  pour  gisante. 

Gître  (Lue,  By.),  s.  m.  — •  Gîte. 
Et.  —  B.  L.  Gistrum,  du  v.  Gésir. 

Gîtrer  (se)  (Lue.  Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se 
gîter,  se  cacher,  se  tapir,  se  blottir.  —  Syn.  de 
S'amurgner,  se  Boumir. 

G/ace  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Glace.  Cette  forme 
avec  gi  mouillé  a  vieilli  à  Mj. 

Glacive  (Lue),  adj.  q.  —  Terre  glacive,  — 
forte  et  argileuse.  —  Comme  on  dit  Gelif, 
gelive.  —  Syn.  de  Boutasse. 

G/açon  (Lg.),  s.  m.  —  Glaçon.  Syn.  et 
doubl.  de  Gazon,  Glazon. 

Glaine  (gléne),  s.  f.  —  Pour  Glane.  Y. 
Glane,  Gléne. 

Et.  incert.  —  Hist.  «  Icelle  Mabille  avoit 
emblé  et  fait  ses  glennes  en  temps  d'aoust.  »  (1377.) 
—  «  Ainsi  que  le  suppliant  batoit  un  pou  de 
glaines  ou  gerbes  de  blé.  >>  (1427.  —  L.  C.) 

G/and  (Mj.,  S.-A.),  s.  m.  —  Gland.  ||  S. 
fémin.  Glands,  comme  nourriture.  Ex.  : 
Notre  gorin  veint  ben  mieux  dempis  qu'il 
mange  de  la  gland.  —  Pour  gl  mouillé,  cf.  Glé- 
ner,  Liéner.  —  V.  Charte. 

Et.  —  Lat.,  glandem,  fém.  —  Hist.  :  «  Les 
années  où  il  y  avait  de  la  gland  es  bois.  »  [Anj. 
Hist.,  n,  3«,  585,  29.) 

Glandée  (By.),  s.  f.  —  Récolte  du  gland, 
dans  la  Coutume  d' Anjou,  art.  497.  —  «  Les 
porcs  vont  à  la  glandée,  manger  des  glands 
sous  les  chênes.  »  (Mén.) 

Glanduleuse,  ,adj.  q.  —  Année  glandu- 
leuse, produisant  beaucoup  de  glands.  Voir  : 
hannetonneuse.  (Mén.) 

Glane  (Mj.),  s.  f.  —  Corde,  filin,  haussière, 
grelin.  Terme  de  marine.  1|  Glane,  poignée 
d'épis  ramassée  en  glanant.  V.  Gléne. 

Et.  —  La  Glane,  ou  Glène,  au  l^^  sens,  est  le  rond 
d'un  cordage  roulé  sur  lui-même.  (Darm.) 

Glaude  (By.).  —  Prononciation  vicieuse 
de  Claude,  dans  :  prunes  de  Reine-Glande, 
sans  mouiller  le  gl. 

Glazon,  s.  m.  —  Glaçon.  Cf.  Gazon. 

Hist.  —   «  A  cause  que  les  glazons  courent  à 


6/.  —  Le  gl  est  souvent  mouillé,  de  même  que 
dans   la   langue   italienne  ;    ainsi    :   gland,   glotte, 
sonnent     à  peu  près  comme  la  syll.  finale  de   : 
aillant,  papillote. 


plein  eau  par  la  rivyère.    »  (1628.  —  Inv.  Arch  , 
S,  s,  E,  28.'3,  1,  m.)  Cf.  Aglâser. 

iilitnt  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Glane.  \'.  Glaine, 
Glane.  Cf.  Liéne.  ||  By.  Gléne,  gléner,  glé- 
neuse.  ||  Fig.  Collecte  que  faisaient  autrefois, 
dans  la  paroisse,  les  sacristains  et  les  chantres. 
Pris  au  figuré.  Rappelle  la  Poignée  d'épis 
(glane)  ramassée  en  glanant. 

Hist.  —  ((  Pour  le  partage  de  la  glène  entre  le 
chapelain  et  le  vicaire.  »  (Corné,  xvm*  s.  —  Inc. 
Arch.,  G,  p.  89,  2.) 

—  Sal.  —  Gléne,  et  plus  souvent  Liéne,  est 
la  petite  gerbe  cueillie  après  la  moisson. 
Liéner,  c'est  ramasser  les  épis  échappés  aux 
moissonneurs. 

Gienée.  —  Vx  mot.  Cf.  Galenée. 
Hist.  —  Sépulture  d'un  enfant  sous  la  glence  de 
l'église.  (1669.  Inv.  Arch.,  m,  E,  S,  s,  416,  2.) 

GZener  (Mj.,   By.,  Lg.),  v.  a.  —  Glaner. 

Hist.  —  «  Et  si  ne  soit  si  hardis  gleneres  ou  gle- 
neresses  ki  voist  à  camp  glener  en  jour  de  feste  ne  en 
diemence  sous  le  forfait  de  cinq  sols.  »  —  Glesner. 
(L.  C.)  —  «  Et  si  la  cour  n'y  donne  ordre,  il  fera 
aussi  mal  glener  cette  année.  »  (Rab.) 

G/eneux  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Glaneur.  Cf. 
Liéneux,  Glenoux.  V.  Jatjb.,  à  Gléneur. 

G/enot  (Lg.),  s.  m.  —  Petite  glane. 

GZenoux,  se  (Lg.),  s.  m.  et  f.  —  Glaneur, 

euse. 

Glétron  (Li.,  Br.),  s. .m.  —  Cardon  sauvage. 

Et.  —  Glaiteron  ;  nom  vulg.  du  Grateron.  Le 
même  que  Glouteron.  La  bardane  ;  ou  le  :  caille- 
lait  accrochant.  —  Altéré  de  Gletteron,  dér.  lui- 
même  de  l'a.  fr.  Gleton,  dér.  de  l'aha.  Chlelto, 
ace.  chlettun,  glouteron. 

N.  —  R.  O.  rectifie  :  1°  Ne  serait-ce  point  plutôt 
la  Cardère,  ou  chardon  à  foulon,  celle  qu'à  Mj.  on 
appelle  Peignet  (Batakd  nomme  peigne  la  car- 
dère sauvage,  Dipsacus  sylvestris  et  le  ScandixJ 
pecten.)  Je  ne  connais  pas  de  Cardon  sauvage,! 
tandis  que  la  Cardère  est  commune  partout.  — 
2°  Il  est  vrai  que  Glétron,  Glaiteron.  Grateron, 
Glouteron  soat  le  même  mot  au  point  de  vue  éty- 
mol.  ;  mais  ils  désignent  plusieurs  plantes  accro- 
chantes distinctes.  E)éjà.  en  franc,  (v.  Hatzf.)  la 
forme  Glouteron  a  le  sens  spécial  et  exclusif  soit 
de  Bardane,  soit  de  Gaillet  ou  Caille-lait,  deux' 
plantes  accrochantes,  mais  qui  ne  se  ressemblent 
nullement  :  l'une  est  une  composée  et  l'autre  une 
rubiacée.  Il  est  vrai  que  le  cardon,  si  cardon  il  y  a, 
et  la  rardcre  sont  aussi  des  composées,  mais  on  ne 
saurait  dire  que  c'est  le  même  que  la  bardane.  ni 
surtout  que  le  gaillet.  —  (Bâtard  donne  le  nom 
de  Glouton  à  la  Lappa  minor,  bardane  à  petite 
tête.) 

G/eu  (Mj.),  s.  f.  —  Glu.  X.  Gl.  parfois 
mouillé. 

Et.  —  Lat.  Glutem,  ace.  de  Glus. 

GZeuroux  (Lg.),  adj.  q.  —  Glaireux,  vis- 
queux. Syn.  et  d.  de  Liogroux  et  du  fr. 
Glaireux. 

Glieuve  s.  f.  —  Pour  Gliève,  Lièvre. 

Hist.  —  «  J'ai  trouvé  le  git  du  gliem'e, 
«  Mais  le  glieuve  n'y  était  pas  ; 
«  Le  matin,  quand  il  se  leuve, 
0  II  emporte  tous  les  draps.  » 


GLISSÉE  —  GOBALE 


4  H  5 


(M.    Talbert,    Ronde    du    pays    angevin,    tiré    du 
Pédagogue,  p.  37.  —  Méaière.) 

«lissée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Glissade. 

Et.  —  Le  mot  le  plus  ancien  est  non  pas  Glisser, 
mais  Glacier,  qui  vient  de  Glace  ;  xii"  s.  (S.  Ber- 
nard.) LiTT.  —  A.  f.  Glier,  emprunté  de  l'aha. 
glilan  ;  am.  gleiten,  devenu  régulièrement  :  glider, 
glier,  —  puis  glisser,  par  l'influence  de  -.  glacer 
(plus  anciennement  :  glacier),  gliier,  xru?  s.  (Darm.) 

Glissoire,  s.  f.  —  Pour  :  clissoire. 

N.  —  Glisoirée,  contenu  d'une  clissoire.  (L.  C.) 

Globe  (Mj.),  s.  m.  —  Manchon  de  verre 
sous  lequel  on  conserve  les  couronnes  des 
mariées.  —  C'est  le  rnot  fr.  dans  un  sens  très 
spécial  et  d'ailleurs  unique.  1|  By.  Plus  :  bou- 
quets artificiels,  etc. 

Et.  —  Lat.  globus  ;  à  rapprocher  de  Gleba, 
glèbe,  et  de  Glomerare,  pelotonner.  On  trouve  le 
dimin.  Globeau  au  xv«  s. 

Glogner  (Do.),  v.  a.  —  Chiooter.  Cf.  Gnâ- 
gnard. 

Gloire,  pr.  glouère  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  — 
Vanité.  ||  Coquetterie.  — •  Vx  fr.  Glorie  (lat. 
Gloria).  Ex.  :  Ces  petites  fumelles-là,  la 
gloire  les  prend  aussitout  que  ça  peut  gouler. 
Il  Chanter  la  gloire,  —  chanter  comme  un 
homme  ivre. 

GZond,  gl  m.  (Lg.),  s.  m.  —  Gland. 

Glorieux  (Mj  ,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Vain, 
vaniteux.  ||  Coquet,  faraud. 

Glossé  adj.  q.  —  V.  Lait  glossé. 

G/ouer,  gl.  m.  (Lg.),  v.  a.  —  Faucher,  le 
chaume.  Le  mot  a  vieilli  parce  qu'on  ne  fait 
plus  de  chaume.  —  N.  On  prononce  en  une 
seule  syllabe  :  youer. 

Gnâ  (Lg.,  Th.),  s.  m.  —  Agneau.  —  Par 
aphérèse  de  la  l""*^  syll.  de  Aigneau.  Syn.  de 
Zegnâ,  Aigneau,  Igneau.  \\  Fig.  —  Morve  qui 
pend  au  nez.  Svn.  de  Cloche,  Chandelle, 
Licoche. 

Gnaffe  (Lg.),  s.  m.  —  Nez,  museau,  figure. 
Ex.  :  Je  te  illi  ai  envoyé  ein  coup  de  poing 
sus  le  gnaffe  ! 

Gnâgnard  (Sp.),  adj.  q.  —  Hésitant,  indé- 
cis, sans  volonté  arrêtée,  lambin.  —  Cf. 
Gnangnan,  même  sens.  Onomat.  rendant  bien 
la  mollesse  d'une  personne  sans  énergie.  || 
Qui  marchande  longtemps.  Syn.  de  Fred-au- 
cul.  Chipoteur,  Chipaud.  Cf.  Glogner. 

Gnaise,  adj  q.  —  Nonchalante  (Ad.).  Ex.  : 
Ah  !  mamzelle,  vous  avez  l'ar  ben  gnaise,  à 
matin.  Syn.  Niant. 

Et.  —  Pron.  vicieuse  de  :  niaise.  —  Lat.  nidacem, 
de  nidum,  nid,  —  cfui  n'a  pas  encore  quitté  le 
nid. 

Gnangnan  (By.,  Ag.),  s.  m.  et  f.  —  Fai- 
néant, indolent,  mou.  V.  Gnâgnard,  Niant. 


6n.  —  Dans  un  grand  nombre  de  mots,  n  prend 
le  son  nasal  de  gn.  Ainsi,  nous  disons  :  commugnion, 
magnier,  pagnier,  preugnier,  gniau,  faignianl, 
frtgnp,  pour  :  communion,  etc.  (Jaub.)  —  By.  id. 


Et.  —  Par  redoublement  du  vx  mot  Niant,  qui 
est  :  néant,  et  signifiait  :  rien.  (Litt.) 

Guiafe  (Mj.,  Lg.,  By.,  etc.),  s.  m.  —  Cor- 
donnier, ou  plutôt  savetier  de  bas  étage.  Ce 
nom  ne  s'emploie  qu'en  goguenardant. 

Et.  —  Incert ■  Se  trouve  avant  1300.  (Litt.)  — 

Paraît  être  une  onomatopée  imitant  le  bruit  du 
chégros  que  tire  le  savetier.  (Darm.)  —  La  Curne 
signale  les  variantes  :  Gnaf,  gnof,  gnauf,  gnif, 
nouf.  —  A  rapprocher  de  l'angl.  Knave,  drôle, 
coquin,  fripon,  valet  ;  ail.  Knabe,  garçon. 

N.  —  A  défaut  d'étym.  sérieuse,  on  peut  citer 
celle  que  donnent  les  plaisants  D'après  eux,  ce 
sont  les  chiens  qui  ont  baptisé  les  gniafes,  et  voici 
dans  quelle  circonstance.  Au  temps  jadis,  un 
membre  besogneux  de  l'honorable  corporation 
des  savetiers,  manquant  de  cuir,  avisa  un  veau 
crevé,  une  brunette,  que  la  Loire  avait  rejeté  sur 
une  grève,  et  se  mit  en  devoir  d'en  enlever  la  peau. 
Mais,  comme  on  sait,  chaque  corporation  était 
jalouse  de  ses  privilèges.  Aussi  les  chiens  du  voisi- 
nage, furieux  de  se  voir  disputer  leur  proie,  se 
mirent  à  poursuivre  le  pauvre  diable  en  l'accom- 
pagnant de  leurs  aboiements  :  gniafe  !  gniafe  ! 
gniafe  !  Le  nom  lui  en  resta  et  passa  à  tous  les 
chevaliers  du  tranchet,  ses  confrères.  (R.  O.)  — 
Sal.  —  Du  latin  Ignavus,  paresseux,  faignant. 
(C'est  ingénieux  !) 

Gniau  (Mj.,  Lg.,   My.,   By.),  s.  m.  —  V. 

Niau. 

Gnièce  (By.,  Mj.),  s.  L  —  Nièce. 

Gniole,  s.  m.  ou  f.  —  Sot,  imbécile.  —  Une 
grande  gniole.  —  A  rapprocher  de  Gnangnan. 

Gnognot  (Lg.),  adj.  q.  —  Niais,  nigaud. 
Syn.  de  Niguedouille,  Bégaiid,  Gniole. 

Gnognote  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Ne  s'em- 
ploie qu'au  sing.  —  Fadaises,  chose  sans 
valeur,  sans  importance,  sans  intérêt.  Ex.  : 
Tout  ça,  c'est  de  la  gnognote.  —  Vin  de  qua- 
lité inférieure.  —  Ou,  avec  une  négation  : 
Fichtre  '-  ce  vin-là,  c'est  pas  de  la  gnognote  ! 

Et.  —  Cf.  Niant,  néant,  rien. 

Gnon  (Mj.,  By.),  comme  dans  oignon,  s.  m. 
—  Horion,  atout,  torgnole,  gourmade,  mor- 
nifle.  Ex.  :  J'y  ai  flanqué  ein  gnon  !  —  Syn. 
de  Hampane,  Mandale,  Ognon. 

Go  (By.).  Dans  la  loc.  Tout  de  ^o. 

Et.  —  On  dit  encore  :  Tout  de  gob.  Subst.  verb. 
du  V.  Gober,  —  tout  d'un  trait  :  «  Il  l'avala  tout  de 
gob,  sans  mâcher.  »  (Darm.) 

Gô.  —  V.  Jeu.  F.-Lore,  vu. 

Gobage  (Mj.),  s.  m.  —  Aubaine,  bénéfice, 
gain,  chape-chute,  revenant-bon,  héritage, 
surtout  inattendu.  Ex.  :  Leux  tonton  est 
mort,  ils  vont  faire  ein  bon  gobage.  —  De 
Gober. 

Gobaille,  s.  f.  —  Aller  à  la  gobaille,  à  la 
gobée,  à  la  suite  d'un  baptême,  attraper  des 
dragées  ou  des  liards.  (Mén.)  V.  Grippe, 
Gratta  il  le. 

Gobale  (Lg.,  Lrm.),  s.  f.  —  Coquille  de  noix. 
N.  C'est  bien  la  coque,  et  non  l'enveloppe 
verte. 
.    Et.  —  Tient,  malgré  la  légère  différence  de  sens, 


436 


GOBASSE  —  GODET 


au  franc.  Bogue  et  à  notre  v.  pat.  Egobler.  Pour 
Bogale. 

Gobasse  (Sp.),  s.  f.  ■ —  Syn.  de  Gobier  et 
de  Bogue.  Pour  Bogasse. 

Gobeaux  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Egobleaux. 

Gobe-chuchoD  (By.,  Mj.),  s.  m.,  ou  Gobe- 
suchon.  —  Le  suchon,  ou  chuchon,  est  le 
nom  donné  au  cousin,  culex.  |i  Sp.  —  Celui 
qui  tient  la  bouche  ouverte,  d'un  air  niais. 
Syn.  de  Boie-goule,  Gobe-étron.  —  Gobe 
mouches. 

Gobe-étron  (Mj.),  s.  m.  —  Individu  qui 
tient  habituellement  la  bouche  ouverte.  Syn. 
de  Gobe-chuchon,  Boie-bec,  Boie-goule.  \\ 
Dadais,  nicodème.  ||  Gobe-mouches. 

Gobe-figues  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  instru- 
ment qui  sert  à  cueillir  les  figues.  C'est  un 
petit  goblet  de  fer-blanc,  à  rebords  dentés  et 
muni  en  dessous  d'une  douille,  au  moyen  de 
laquelle  on  le  fixe  au  bout  d'une  perche 
longue  et  légère. 

Gobelettée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'un 
gobelet. 

Gober  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fig.  Saisir,  arrêter, 
pincer,  surprendre.  Syn.  Piger.  ||  Attraper, 
duper.  Il  Absolument  :  La  gober,  —  subir  les 
conséquences.  Ex.  :  Il  va  la  gober,  —  il  va  en 
payer  les  pots  cassés.  Syn.  de  Porter  la  foUe- 
enchère.  —  «  A  ben  fallu  la  gober.  »  —  Avec 
tout  ça,  va  falloir  que  ça  seye  moi  qui  la 
gobe  !  —  Syn.  de  Ecoper,  Adorer.  ||  Lue.  — 
Recevoir  des  coups.  «  Tu  vas  gober  !  »  || 
Gober  qqn,  —  le  trouver  absolument  de  son 
goût,  en  être  infatué.  ||  V.  réf.  Se  gober,  — 
être  infatué  de  soi-même. 

Et.  —  «  Gob,  saisir,  prendre.  Variante  de  Gab. 
Dans  le  gaéliq.  gob,  le  gallois  gwp,  bouche,  —  et  le 
fr.  gober,  manger,  avec  ses  dérivés  :  gob,  bouchée 
(avaler  tout  de  gob,  d'un  seul  trait,  d'une  seule 
bouchée).  —  gobet,  petite  bouchée  ;  gobeter, 
crépir  en  faisant  entrer  le  plâtre  ou  le  mortier  dans 
les  joints.  —  J'ajoute  Gobel.  avec  son  dimin. 
Gobelet,  et  Jobe,  pour  Gobe,  au  sens  de  niais,  qui 
croit  tout  exactement,  qui  gobe  tout,  avec  son  aug- 
ment.  Jobard,  pour  Gobard.  )>  (Malv.) 

Gobeter  (Mj.),  v.  a.  —  Crépir  grossière- 
ment un  mur  neuf.  Syn.  de  Clôtoyer.  On  dit 
aussi  Regobeler. 

Et.  —  Voir  celle  de  Gober. 

Gobeur  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Gobeux. 

Gobeux  (Mj.),  s.  m.  pi.  —  Ouvriers  mari- 
niers qui,  jadis,  flânaient  sur  les  ports  de  la 
Loire,  offrant  leurs  services  aux  bateaux  de 
passage  pour  les  manœuvres  lourdes,  telles 
que  le  comble  des  ponts.  Aux  Ponts-de-Cé,  en 
particulier,  il  y  en  avait  toujours  de  relais.  — 
Ainsi  nommés  parce  qu'ils  faisaient  des  Go- 
bages.  —  On  dit  aussi  Gobeurs. 

N.  —  Cette  espèce  n'existe  plus  :  mais,  autrefois, 
aux  abords  des  ponts,  qui  alors  étaient  bien  rares 
sur  la  Loire,  comme  à  Nantes,  Ancenis  et  aux 
Ponts-de-Cé,  les  maîtres  mariniers  étaient  sûrs  de 
trouver  des  gobeurs  qui  les  aidaient  à  faire  le 
comble  des  ponts.  Aujourd'hui,  les  Gobeurs  ont  été 


remplacés  par  les  tape-nez,  et  surtout  par  les 
remorqueurs.  Ceci  a  tué  cela.  —  Cité  en  ce  sens  par 
Littré. 

Gobier  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Glumes,  enve- 
loppes du  grain  des  céréales,  débris  de  ces 
enveloppes.  Syn.  de  Ventin,  Pous,  Bigaux, 
Barbillon.  —  Jaub.  Gapier. 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Boguier,  dér.  inus.  de 
Bogue,  par  métathèse  du  b  et  du  g,  et  cette 
transposition  s'est  produite  dans  presque  tous  les 
mots  de  cette  famille  :  Gobasse,  Gobeau,  Egobleaur. 

Gocheter,  v.  a.  —  Avaler.  Faire  le  mouve- 
ment de  déglutition.  (Mén.)  Probablement 
pour  Gorgeter. 

Godan,  s.  m.  —  Un  veau.  —  Pour  Bodan, 

bodin. 

Et.  —  «  Gode  :  vieille  brebis.  »  L.  C. 

Godard  (Sp.,  Do.),  s.  m.  —  Jars,  mâle  de 
l'oie.  Syn.  de  Jarc.  \\  Lg.  —  La  plus  grande 
des  neuf  quilles  d'un  jeu.  ||  Faire  le  godard  (Sp.) 
être  père  d'un  nouveau-né. 

Et.  —  A  rapprocher  de  l'ail.  Ganse,  de  l'angl. 
Goose. 

N.  —  «  Servez  Godard,  sa  femme  est  en  couches  » 
Façon  de  parler  pour  refuser  qqch.  à  un  imperti- 
nent qui  veut  se  faire  serviren  maître,  ou  bien  à  un 
impatient.  —  Cette  loc.  se  rattache  à  une  vieille  et 
bizarre  coutume,  trouvée  en  beaucoup  de  pays, 
d'après  laquelle  le  mari  d'une  femme  en  couches  se 
mettait  au  lit  pour  recevoir  les  visites  de  ses 
parents  et  prenait  ainsi  ses  aises  pendant  plusieurs 
jours. 

Hist.  —  «  Mole  leur  a  dit  :  Ergo  glu  ! 

«  Servez  Godard,  sa  femme  accouche  ! 
«  Ce  ne  sera  pas  par  ma  bouche 
«  Que  l'édit  sera  lu,  s'il  l'est  ; 
«  Il  ne  me  plaît  pas.  « 
{Courrier   burlesque,    1650,    2'    partie.    —    LoRÉn. 
Larch.) 

Godendart  (Mj..  Lue,  Do.),  s.  m.  —  Grande 
scie  à  débiter  les  troncs  d'arbres  en  billes. 
Il  By.  —  Ou  en  planches  :  les  gros  blocs  de 
pierre. 

Et.  —  Godendac,  ou  Godendart.  Arme  à  hampe 
dont  le  fer  porte  une  pointe,  un  croc  et  un  tran- 
chant. Du  flam.  Gooden,  bon,  et  de  Dac,  jour  ;  nom 
soldatesque  de  cette  arme  avec  laquelle  les  Fla- 
mands donnaient  le  boniour  à  l'ennemi. 
Hist.  —  «  A  grans  bastons  pesans  ferrez 
Cl  A  un  long  fer  agu  devant. 
«  Vont  ceux  de  France  recevant. 
«  Tiex  baston  qu'ils  portent  en  guerre 
«  Ont  nom  godendac  en  la  terre. 
«Godendac,  c'est,  bon  jour,  à  dire, 
«  Qui  en  français  le  veut  descrire.  » 
(1298.    L.    C.) 

.Godet  '  (By.),  s.  m.  —  Têtard  de  grenouille. 
Ex.  :  Y  a  ben  des  godets  dans  les  foussés.  Syn. 
de  Tête,  Téte-d'âne.  ||  Sal.  —  Gars  godet,  — 
qui  a  des  manières  de  fille.  A  donné  son  nom 
au  suivant. 

Godet  -  (Auv.,  Lue,  By.),  s.  m.  —  Ustensile 
servant  à  puiser  de  l'eau  dans  un  seau.  C'est 
un  vase  en  bois  avec  un  long  manche  percé 
d'un  trou  qui  va  s'ouvrir  au  fond  du  vase  et 
par  lequel  s'écoule  l'eau  (ju'on  a  puisée.  —  1 


GODETÉE   -   GONELLE 


437 


On  dit  :  Boire  au  godet,  c.-à-d.,  directement, 
sans  verser  dans  un  verre. 

Godetée  (Auv.,  By.),  s.  f.  —  Le  contenu 
d'un  godet. 

Godi  (gogui)  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Godet, 
rempli  fait  à  l'étoffe  d'une  robe,  d'une 
manche,  et  qui  permet  de  rallonger  le  vête- 
ment en  défaisant  la  couture.  —  Ce  pli  est 
fait  surtout  en  vue  de  la  croissance  d'un 
enfant.  ||  By.  Gôdi.  ||  Syn.  Rentrait,  Remploi. 

Et.  —  De  Goder,  faire  un  pli  un  peu  rond  'res- 
semblant à  un  godet)  là  où  l'étoffe  doit  être  à  droit 
fil.  (LiTT. )  —  Goder  paraît  ûtre  pour  Gauder,  qui 
se  déduit  très  régulièrement  du  goth.  walljan, 
am.  walzen.  rouler.  —  Pli  rond.  (Scheler.) 

Goc?iche  (goguiche)  (Mj.,  Sal.,  By.),  adj.  q. 

—  Gauche,  niais,  qui  a  un  maintien  ou  une 
tournure  ridicule.  Syn.  de  Rachas,  Rajole.  Cf. 
Godet. 

Et.  —  A  p.-ê.  la  même  rac.  que  Godard,  Godine, 
jars.  oie.  P.-ê.  aussi  est-ce  le  même  que  le  berri- 
chon Goudiche.  sorte  de  galette.  —  Je  remarque,  à 
ce  sujet,  que  Tourte  prend  le  sens  de  niais  :  T'as 
l'air  d'eine  tourte.  —  Du  radie,  de  Godon,  forme 
hypocoristique  de  Claude,  qui  se  dit  aussi  pour  : 
nig-aud.  —  Cf.  pat.  norm.  La  Godiche,  jeu  de  bou- 
ction.  li  Se  prononce  régulièrement  à  By. 

Godille  (Sp.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
sing.  —  Ramille,  pointe  des  branches  de  tail- 
lis. Il  Fagot  fait  avec  ces  branches. 

GodiWoux,  ouse  (goguilloux)  (Mj.),  adj.  q. 

—  Mouillé,  boueux,  en  parlant  d'un  chemin. 
— -  Syn.  de  Poquerassoux,  Gadrilloux.  \\ 
Mouillé,  couvert  de  boue,  en  parlant  des 
vêtements.  ||  Pluvieux,  en  parlant  du  temps. 
Cf.  Gaudrer.  \\  By.  Ghéghilloux. 

GodioeMSp.),  s.  f.  —  Oie. 

Et.  —  C'est  la  forme  fémin.  de  Godard. 

Godine  S  s.  f.  —  Une  femme  riche. 

«  On  dit  qu'elle  est  de  Doué, 

«  Car  elle  est  bien  godine.  » 
Nous  avons  la  carrière  du  Grand-Godinet,  à 
Chalonnes.  (Mén.) 

Et.  —  Godinette,  grisette.  De  Godin,  joli,  mi- 
gnon. P.-ê.  de  l'anc.  v.  Goder.  Du  celtiq.  God, 
luxure,  exubérance.  (Litt.) 

Godron  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Goudron.  V. 
Godronner. 

Et.  —  De  l'arabe  Kathran,  ou,  avec  l'article, 
alkathran,  de  kathara,  couler  goutte  à  goutte. 
(Litt.)  —  Venu  sans  doute  par  les  croisades. 

Godrouner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Goudronner. 

N.  —  Goildronner  est  employé  par  Rabelais,  au 
Prol.  du  L.  III  de  Pant. 

Gogane  (Mj.,  By.,  Sal.),  s.  f.  —  Tulipe  sau- 
vage, commune  dans  les  prés  humides,  au 
printemps.  Syn.  de  Clocane,  Lausane,  Au- 
sane.  \\  Fig.  —  Nœud  de  ruban  au-dessus 
d'une  coiffe.  |1  By.  Damier,  chaudron. 

Et.  —  Corr.  de  Clocane.  —  Bat.  —  Fritillaria 
meleagris. 

Gogars,  Gogas  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Petit 
garçon.  Forme  enfantine  et  caressante  de 
Gars.  Cf.  Dodas. 


Gogu,  uë  (Sp  ),  adj.  q.  —  Gai,  réjoui.  Syn. 
de  Révestoui. 

Et.  —  De  Gogue,  pour  Gode.  —  Hist.  :  «  Un 
jour  li  prince  de  Galles  était  en  gages.  »  (Fkoiss., 
VII,  245.)  Cf.  Goguette.  (L.  C.)  Voisin  du  fr. 
Goguelu. 

Gogue  (Mj.),  s.  f.  —  Préparation  culinaire. 

Les  gogues  se  font  avec  l'estomac  et  les  gros 
intestins  du  porc,  que  l'on  bourre  du  sang 
de  l'animal,  mélangé  de  morceaux  de  lard  et 
de  poirée  ou  bette  hachée  menu.  Le  tout  est 
cuit  à  l'eau  bouillante.  Pour  manger  les 
gogues,  on  les  découpe  par  tranches  que  l'on 
fait  rôtir  sur  le  gril.  (V.  Zigz.  162,  sqq.)  || 
Fig.  Triple  menton.  On  dit  d'un  homme  gras 
et  sanguin  :  Il  en  a  eine  gogue  !  ||  Bg.,  Segr., 
By.  —  Tête  :  II  s'est  mis  cela  dans  la  gogue. 
Syn.  de  Ciboulot,  Micâmeau.  N.  Les  gogues 
d'Angers  sont  célèbres  :  elles  sont  encore  un 
mets  traditionnel  de  Pâques.  On  les  fait 
meilleures  en  campague  qu'en  ville. 

Et.  —  Incert.  —  Hist.  :  «  Et  quand  vous  auray-je 
dignement  loué  les  membres  internes,  les  espaules, 
les  esclanges. . .,  le  foye,  la  râtelle,  les  trippes,  la 
gogue,  la  vessie. .  .  »  (Rab.,  P.,  iv,  7.)  —  «  Au  son 
des  vezes  et  piboles,  des  goguez  et  des  vessies.  » 
(Rab.,  p.,  IV,  36,  418.)  —  Le  bref,  a  Goêd,  sang. 
N.  P.-ê.  pour  Glogue,  du  lat.  Cloca,  de  même  que 
Gogane  =  Clocane.  V.  Goguéier. 

Gogiléier  (Mj.,  Sa.),  v.  n.  —  Se  boursoufler, 
se  couvrir  d'élevures,  d'ampoules,  de  phlyc- 
tènes,  de  cloches. 

Et.  —  De  gogue,  avec  la  termin.  verb.  inchoat. 
éier. 

Goguéiure  (Mj.),  s.  f.  —  Ampoule,  élevure  à 
la  peau.  V.  Goguéier. 

Gogueneaii-  —  not  (partout),  s.  m.  —  Ba- 
quet à  ordures.  Syn.  Jules.  \\  Au  plur., 
Latrines. 

Et.  —  Incert. 

Goincer  (Li.,  Br.),  v.  n.  —  S'amuser.  Ce  que 
l'on  va  goincer  !  —  Les  jeunes  gens  ont  ben 
goincé.  —  V.  Gouincer. 

Goise  (Mj.),  s.  f.  —  Blé  barbu,  froment  de 
miracle,  variété  à  farine  rude  et  grossière. 
Epeautre.  —  Gouape. 

Gomme. . .  pétoire. 

Hist.  —  «  J'aimais  mâcher  de  la  gomme  élas- 
tique et  imiter  le  bruit  de  la  puce  qu'on  écrase  avec 
le  petit  ballon  que  l'on  fait  saillir  de  la  gomme  bien 
mâchée.  »  (Coquelin  Cadet.  —  Quelques  souvenirs. 
La  pension  Taverne.  —  Annal,  pol.  et  litt.  dini. 
16  juillet  1905,  p.  38,  col.  3.)  —  Et  nous  aussi, 
au  collège  de  Saumur,  vers  1850-60,  nous  connais- 
sions ce  Jeu,  peu  ragoûtant. 

Gondor  (Lg.),  v.  a.  —  Munir  de  gonds,  une 
porte,  un  volet.  Doubl.  de  Gonter. 

Gond-paumelle,  s.  m.  (Do.).  —  Le  gond 
assez  long  pour  qu'il  faille  se  servir  de  la 
paume  de  la  main  pour  ouvrir  une  porte. 
(Méx.)  —  Explication  peu  satisfaisante. 

Gonelle,  s.  f.  —  Casaque  d'homme. 
Et.  —  Du  celt.  Gwn,  robe?  —  Hist.  :  «  Les  cha- 
noines les  plus  robustes  de  leur  église  revêtus  de 


4  38 


GONFLE  —  GORGOSSER 


]eur  f;onne . .  .  prirent  le  corps  sur  leurs  épaules. . .  » 
(Celui  de  l'évêque  d'Angers,  Nicolas  Gellent.  — 
Anj.  Hist.,  2"  an.,  p.  136.)  —  Grisegonnelle  :  sur- 
nom de  Geoffroy,  comte  d'Anjou.  Gonnelle,  de 
Gunella,  dimin.  de  Guna.  (Ménage.)  —  Cette 
gonelte  de  Geoffroy  était  faite  de  la  fourrure  d'un 
animal  nommé  (Griseum,-  Grisium)  en  franc.  Vair. 
C'était  aussi  un  cotillon  de  femme. 

«  Em  piez  s'en  drece  dam  Simon  de  Paris, 
«  Grise  gonnelle,  un  duc  de  moit  haut  pris.   » 

—  V^  Griseum.  —  «  Gaufridus  cornes  indiitus 
tunica  illius  panni  quem  Franci  Grisetum  vocant.  « 
(■.)78.  —  D.  C.)  —  Cottes  longues  jusqu'au  bas  des 
jambes,  sans  manches,  faites  de  soye  et  blason- 
nées  des  armes  des  chevaliers.  (Borel.)  Cf.  Hane. 

Gonfle  (sonfe)  (Mj.),  adj.  q.  —  Gêné  par 
une  sensation  de  gonflement  à  la  suite  d'une 
ingestion  d'aliments  lourds  et  indigestes, 
ballonné.  —  By.  ||  Syn.  Guède,  Embednuflé. 

Et.  —  Provincialisme  à  éviter.  —  Lat.  Conflare, 
souffler  avec,  et,  dans  les  bas  temps,  gonfler 
(intestina  conflata). 

—  «  Déjà  sur  le  figuier  la  figue  s'engrossit 

«  Pleine  et  go/î/?e  de  lait. . .  »  (Rémy  Belleau.) 

Goiise  (Mj.),  s.  m.  ■ — •  Gamin,  galopin.  Syn. 
de  Moutard,  Ganafiat,  Maininot. 

N.  —  Ce  mot  est  peu  employé,  à  l'inverse  de  sa 
forme  fém.  Gonzesse  :  il  est  délaissé  pour  son  dou- 
blet Gosse.  Toutefois,  je  n'oserais  dire  qu'il  n'ap- 
partient pas  au  fond  même  de  notre  patois. 

Conter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Monter  sur 
gonds,  munir  de  gonds.  Doubl.  de  Gonder. 

Gonzesse  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Gamine,  petite 
fille.  Il  Jeune  fille,  en  mauvaise  part  ;  drô- 
lesse. 

Et.  —  Ce  mot,  de  formation  ou  d'importation 
récente,  mais  assez  couramment  employé,  dér. 
de  Gonse. 

Gôpler  (Mj.),  v.  a.  —  Manier,  manipuler 
sans  précaution.  ||  Abîmer  ;  écrémer,  déflorer. 
Il  Prendre  le  dessus  du  plat  ;  choisir  les  bons 
morceaux.  ||  Sp.,  v.  n.  badiner,  folâtrer.  Syn. 
de  Gouincer.  —  V.  Gaupler. 

Et.  —  Je  regarde  ce  verbe  comme  un  doubl.  de 
Pôgler,  formé  par  métath.  du  p  et  du  g,  analogue 
à  celle  qui  s'est  produite  pour  Gohier,  Maupoyer. 

Gorde  (Som.,  Lg.),  s.  f.  —  Syn.  de  Frayon. 
Bande  de  fer  fixée  sur  le  côté  externe,  droit,  du 
sep  ou  brayaud  d'une  charrue,  pour  en  em. 
pêcher  l'usure. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Garde,  parce  que  celte  bande 
de  fer  garde,  protège  le  sep. 

Gorbilleaux,  Goiirbilleaux  (Sal.),  s.  m.  — 
Gras-double.  V.  Goiirhilleaux. 

Goreau.  —  Mot  trouvé,  sans  explication, 
sur  une  liste  dont  l'auteur  est  décédé.  — 
Sans  doute  le  même  que  Goret. 

Goret  (Tlm.,  By.,  Lrm.),  s.  m.  —  Porc.  || 
Preune  de  goret,  —  espèce  de  prune.  ||  Lg.  — 
Celui  qui  lance  la  gorette,  au  jeu  de  ce  nom 
By.  Goret,  petit  porc  ;  gorin,  porc  adulte. 

Et.  —  Vx  fr.  Gore,  truie  ;  bourg.,  Gouri  ;  berry, 
Gouret.  —  Au  xv"  s.,  on  trouve  :  Gorin,  goron, 
goreau,  goreton.  —  Diez  le  tire  de  l'ail,  gurren, 
gorren,  —  grogner,  et  il  cite  Gorre,  cavale,  maii- 
vaise   jument.   —   Angl.    Gore,   —   boue,    limon. 


(LiTT.)  —  Le  peuple  de  Paris  appelait  Isabeau  de 
Bavière  r  la  Grand'  Gore.  (Jaub.) 

Gorette  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Jeune  truie.  || 
Sp.  —  Cloporte.  Syn.  de  Trée.  N.  Il  est  re- 
marquable que  cet  annelé  a  reçu,  à  Mj.,  et  à 
Sp.,  deux  noms  totalement  difl^érents  et 
ayant  cependant  le  même  sens  propre.  Lg.,  id. 
V.  Gâcher.  \\  Lg.  —  S'emploie  dans  la  loc.  : 
Ami  de  la  gorette,  —  paillard,  amateur  du 
sexe.  Syn.  de  Vessier.  \\  Lg.,  s.  f.  Boule  dont 
on  se  sert  au  jeu  du  même  nom.  V.  au 
Folk-Lore,  vu. 

Et.  —  Fém.  du  fr.  Goret.  V.  Gorin. 

Goretter  (Lg.),  v.  n.  —  Mettre  bas,  en 
pari,  d'une  truie.  —  Syn.  de  Gorichonner, 
Goriner. 

Gorgane,  s.  f.  —  Pour  Gourgane,  Fève  de 
marais. 

Gorge  (Sp.),  s.  f.  —  Donner  de  la  gorge,  — 
avancer  la  perche  ou  âge  d'une  charrue  sur 
l'avant-train,  de  manière  que  le  soc  pique 
moins  profondément.  On  règle  cet  avance- 
ment au  moyen  du  hardier  et  de  la  jauge.  V. 
Hardier,  Jauge,  Jauger,  Entrure. 

Et.  —  Lat.  Gurges,  gouffre  ;  la  gorge  ayant  été 
comparée  à  une  ouverture  béante.  —  L.  pop. 
Gorga. 

Gorgeoire  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Trachée- 
artère  et  larynx.  Cf.  l'esp.  Garguero,  gosier. 

Hist.  —  «  Leur  maie  angine,  qui  leur  suffoquast 
le  gorgeron  avec  l'épiglotide.  »  (Rab.,  P.,  v,  19, 
521.) 

Gorgeon  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  gorgée. 

Gorgeonner  (Vr.),  v.  n.  —  Comme  Piâ- 
chonner  ;  mâcher  longtemps  et  du  bout  des 
dents  qqch.  qui  ne  passe  pas,  qui  ne  plaît 
pas.  Syn.  de  Miâcher. 

Gorgeot  (Mj.),  s.  m.  —  Partie  antérieure  du 
cou.  Syn.  de  Gorgit.  —  Fr.  Gorge. 

Gorge-rouge  (Lg.),  s.  f.  —  Rouge-gorge, 
oiseau.  Syn.  de  Bedue,  Vachette,  Vache, 
Reusse,  Russe,  Gadille,  Gadrille. 

Gorgette  (Mj.),  s.  f.  —  Petit  oiseau  à 
gorge  bleue,  qui  vit  au  bord  de  l'eau  et  fait 
son  nid  dans  les  lucettes.  C'est,  je  crois,  le 
gorge-bleue,  fauvette  du  genre  rubiette, 
groupe  des  becs-fins,  motacilla  suecica.  |j 
Lg.  —  Le  gosier.  Syn.  de  Gorgeoire. 

N.  —  Nom  vulg.  (Gorgerette)  de  la  fauvette  à 
tête  noire.  —  Gorgeret,  —  gobe-moucnes,  oiseàu. 

(LiTT.) 

Gorgit'  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  La  gorge  ex- 
terne et  le  soin.  —  Syn.  de  Gorgeot. 

Gorgossage  (Mj.),  s.  m.  —  Gargouillement, 
gargouillis.  Cf.  Borborygme. 

Gorgosser  (Mj.),  v.  n.  —  Gargouiller,  faire 
entendre  des  glouglous.  Se  dit  des  liquides. 
Ex.  ;  Ça  me  gorgosse  dans  le  ventre,  —  j'ai  des 
borborygmes.  —  Syn.  de  Ragouiller.  Cf. 
l'esp.  Gargajear,  cracher  avec  force. 

Et.  —  Il  est  probable  que  ce  mot  et  son  syn. 


GORGOTON  —  GOUÊPE 


439 


fr.  Gargouiller  ont  la  même  rac.  cl  que  tous  deux 
ili  r.  du  fr.  Gorge.   Syn.  Boerdouiller. 

N.  —  Je  lis  dans  la  Géographie  de  VOise,  par 
.luANNE,  p.  12  :  «  La  Troène. . .  sort  de  la  fontaine 
'\r  la  Gourgoussoire,  à  Neuville-Bosc.  » 

Ciorgoton  (Sar.,  Ag.),  s.  m.  —  La  trachée- 
artère.  Cf.  Gorgette.  Syn.  Fausse-gorge. 

Gorichon  (Bg.),  s.  m.  —  Cochon  de  lait.  j| 
Sp.,  Vh.  —  Et  Gourichon.  Noms  de  famille. 

Gorichonner  (Aiiv.),  v.  n.  —  Cochonner. 
Syn.  de  Goret/er,  Goriner.  —  Dér.  de  Gori- 
chon, dér.  lui-même  du  fr.  Goret  et  de  Gorin. 

Gorin  (partout),  s.  m.  —  Porc,  cochon. 

Et.  —  Ce  mot  est  comme  le  fr.  Goret,  un  dim. 
d'un  vx  mot  Gore,  auquel  doit  se  rattacher  le  fr. 
Verrat,  et  qui  a  donné  de  nombreux  dérivés  : 
Goret,  Gorette,  Gouron,  Gorine,  Goriner,  Gorinier. 
Couronner,  Gouronnière,  Gorichon,  Gorinas. 

N.  —  Gorin,  c'est  le  mâle  ;  Gorine,  la  femelle  ; 
Goret,  le  jeune.  —  Hist.  :  «  En  l'hostel  Jehan  Rous- 
seau avoient  esté  trouvez  sept  gorins  ou  cochons 
de  laict.  »14,51.  —  L.  G.  —  Espagnol,  Gorrino. 

Gorinâille  (Sa.,  By.),  s.  f.  sing.  —  Les  bêtes 
porcines  prises  collectivement. 

Gorinas,  s.  m.  —  Porc.  (By.)  V.  Gorin. 

Gorine  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Truie,  Trée. 

Goriner  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Mettre  bas,  en 
pari,  de  la  truie.  Syn.  de  Gorichonner,  Goret- 
ter.  Il  Do.  —  Travailler  grossièrement. 

Gorinier  (Auv.,  Bg.,  By.),  s.  m.  —  Tablier 
de  toile  très  grossière  dont  les  filles  de  ferme 
se  munissent  pour  faire  le  pansage  des  co- 
chons. Il  Par  ext.  —  Tablier  en  général.  Syn. 
de  Devanteau,  Dorne. 

Gorinière  (By.,  Zig.  188),  s.  f.  —  Toit  à 
porcs.  Syn.  de  Soue. 

Gosse  (Mj.,  By.,  Lg.),  s.  m.  —  Gamin, 
galopin.  Syn.  de  Gonse,  Moutard,  Maminot. 

N.  —  Le  suédois  a  ce  môme  mot  avec  le  même 
sens.  V.  Ganafiat. 

Gosser  (Sp.,  Lg.,  My.),  v.  n.  —  Bûcher, 
s'amuser  à  travailler  le  bois  avec  un  couteau. 
Syn.  de  Chapuser.  —  V.  Bourgne. 

Got  (Sal.),  s.  m.  —  Trou  en  terre,  spéciale- 
ment pour  planter  la  vigne.  ||  Trou  pour  le 
pirli,  —  ou  pour  la  balle  au  got,  ou  au  pot.  — 
\  .  F.-Lore,  Jeux,  vii. 

Goter  (Sal.),  v.  n.  —  Paire  des  gots. 

Gotliille,  n.  pr.  —  Dimin.  de  Marguerite. 

Goton  (Mj.),  s.  f.  —  Ribaude.  ||  Souillon.  l| 
Pécore.  ||  Maîtresse,  concubine.  V.  Dorothée, 
Pouffiasse,  Diane.  \\  Dimin.  famil.  ou  plutôt 
méprisant  de  Margot,  Marguerite,  Margoton. 
Il  II  s'est  ruiné  pour  sa  Goton.  —  By.,  id. 

Gouaille  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Plaisanterie. 
Ex.  :  Il  entend  ben  la.  gouaille.  Goguenarderie. 

Et.  —  C'est  le  s.  verb.  de  Gouailler,  qui  est  reçu 
en  fr.  —  Orig.  incert.  Lat.  cavillare?  —  Hist.  : 
«  Les  bons  paysans  vendéens,  dit  encore  Bour- 
NisEAU,  ont  presque  tous  une  naïveté  afToctée  dont 
il  faut  prendre  garde  d'être  la  dupe.  Tel  les  croit 


imbéciles  qui  ne  s'aperçoit  pas  qu'ils  se  moquent 
de  lui  :  ils  appellent  ce  genre  de  moquerie  :  la 
gouaille.  Ih  y  sont  fort  adonnés  et  aiment  à  gouail- 
ler même  dans  les  occasions  les  plus  graves. . .  La 
plus  grande  politesse  qu'un  noble  puisse  faire  à 
son  métayer,  c'est  de  le  gouailler  et  de  s'en  laisser 
gouailler.'  «  (Dexiau,  Hist.  de  la  V.,  i,  39.) 

Gouape  (Lg.),  s.  f.  —  Homme,  ou  femme 
peu  recommandable,  propre  à  rien.  ||  By. 
Gouape,  gouâper  ;  gouêpe,  er. 

Gouapeur  (Lg.),  s.  m.  —  Syn.  de  Gouape, 
Gouêpe,  Souane,  Souaneur.  .\\  Voleur.  Syn. 
de  Gouêpeur. 

Gouas  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  cépage 
blanc,  dont  le  raisin  a  des  grains  arrondis, 
peu  nombreux,  dorés  par  le  soleil  à  la  matu- 
rité et  possédant  une  saveur  très  sucrée  et 
légèrement  musquée.  ||  Z.  141.  —  Tr.  Pous- 
sière bleuâtre  très  fine  qui  provient  de  la 
taille  de  l'ardoise. 

N.  —  Gouais  (Goet,  Gouais).  Variété  de  raisin 
médiocre.  (Litt.)  —  «  Sorte  de  raisin  si  peu  estimé 
qu'une  ordonnance  d'un  duc  de  Bourgogne  pros- 
crivit cette  espèce  de  vigne  sous  peine  de  3  livres 
d'amende  pour  chaque  cep  conservé.  »  (Jaub.) 

Goubelet  (Li.,  Sp.,  Tlm.),  s.  m.  —  Gobelet. 
Hist.  —  «  Gargantua  se  pignoit  (peignait)  d'un 
goubelet.  (Rab.) 

Goubin  (Do.),  s.  m.  —  Un  très  petit  mor- 
ceau de  pain.  Pour  Gobin,  du  fr.  Gober. 

Goudrillard  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Syn.  de 
Goudrille.  Dér.  de  Goudriller. 

Goudrille  (Mj.,  Sp.,  By.,  Sal.),  s.  f .  — Vieux 
couteau  disloqué  et  ébréché.  Syn.  de  Senard, 
Gourde ille  ,  Guerne  ,  Guillaume  ,  Guiaume , 
Surin.  ||  Sp.  —  Changer  son  couteau  contre 
eine  goudrille,  —  changer  son  cheval  borgne 
pour  un  aveugle,  le  meilleur  —  ou  le  mauvais 
—  pour  le  pire.  ||  Do.  —  Couteau  de  six  liards. 
Il  Sal.  —  Pierre  la  goudrille,  —  sobriquet. 

Goudriller  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Etre  dislo- 
qué, en  pari,  d'un  couteau  ;  être  réduit  à 
l'état  de  goudrille. 

Goué  (By.,  Ag.).  —  Pour  :  Dieu,  dans 
les  jurons  atténués.  Nom  de  Goué.  V.  Gouet. 

Goucche  (Mj.),  adj.  q.  —  Feuve-gouêche. 
Variété  de  fève  à  grains  très  gros  et  aplatis. 

Goueffe  (Sp.,  Mj.),  adj.  q.  —  Légèrement 
enflé.  1!  Sp.  —  Dont  le  biseau  est  peu  affilé,  en 
parlant  d'un  instrument  tranchant.- N.  C'est 
le  fr.  Goffe. 

Gouênc  (Auv.),  s.  f.  —  Excavation  dans  le 
lit  ou  dans  les  rives  d'un  ruisseau.  Doubl.  de 
Gouine.  V.  Goure,  Gourde,  Ragot,  Ragane. 

Gouêner  (Auv.),  v.  n.  —  Prendre  à  la 
main  les  poissons  qui  se  sont  réfugiés  dans  les 
excavations  des  rives.  Syn.  de  Crôner.  Doubl. 
de  Gouiner.  V.  Gouêne. 

Gouêno  (Mj.),  s.  m.  —  Guano. 

Gouêpe  (Mj.),  s.  f.  —  Viveur,  noceur.  || 
Voleur.  V.  Gouape.  —  Sal.,  id. 


440 


GOUÊPER  —  GOULE 


Et.  —  C'est  l'esp.  Guapo,  —  brave,  bien  mis, 
galant. 

Clouêper  (Mj.,  Sa  ),  v.  a.  —  Voler.  Cf. 
Sourdre,  Soulever,  Dégauchir. 

ftouêpeur  —  peux  (Mj.),  adj  q.  —  Voleur. 
Syn.  et  d.  de  Gouape ur. 

Gouet  '  (partout),  s.  m.  —  Dieu.  V.  GouL 
Nom  de  Gouet  !  —  Cf.  l'ail.  Gott,  l'angl. 
God,  le  bret.  Doué. 

Gouet  ^  s.  m.  —  Arum  maculatum. 

Gouet  ',  ou  Gouette  (Sp.,  Bl.,  My.,  Sal.),  s. 
m.,  f.  —  Couteau  à  lame  forte  et  recourbée, 
servant  dans  les  étables  à  fendre  les  bette- 
raves, navets,  tiges  de  choux,  etc.,  destinés 
à  la  nourriture  des  bestiaux.  ||  Petite  ser- 
pette pour  tailler  les  arbres  au  lieu  de  sécr- 
teur. 

Et.  —  Dimin.  du  vx  fr.  Goi.  (V.  Gouge.)  B.  L. 
Guvia,  Gubia,  etc.  (Litt.)  —  Goe,  goil,  goiz,  goy. 
«  Icellui  Jehan. .  .  a  roingé  de  toutes  icelles  tasses 
de  chascune  un  pou  d'argent  à  un  hostil  (outil) 
appelé  ^ouet.  n  (1382.  —  I>.  C.)  —  Cf.  Egohine, 
m.  rac.  (Ja'jb.)  —  Elle  devait  avoir  une  partie 
.convexe  au  dos  :  «  Le  suppliant  feri  ung  coup  d'un 
Goy,  autrement  appelé  vougesse,  dçquoy  l'on 
arrache  les  buissons,  de  la  louppe,  qui  est  devers  le 
dos  d'icellui  Goy,  sur  le  front  dudit  Jehan.  »  (D.  C.) 
—  Méchant  petit  couteau  camus  qui  ne  ferme  point 
et  que,  pour  cette  raison,  on  pend  à  la  ceinture  des 
enfants,  qui,  dans  la  saison,  se  servent  de  ces 
gouets  à  cerner  les  noix.  »  (Rab.)  —  V"  Gouisô. 
«  Nom  apparemment  venu  de  Nogent-le-Rotrou, 
capitale  du  PeTche-Gouet,  où  l'on  travaille  beau- 
coup en  coutellerie.   »  (B.  de  la  Monnaye.) 

Hist.  —  «  Savez-vous  de  quels  ferremens?  A 
beaux  gouets,  qui  sont  petits  demi  couteaus  dont 
les  petits  enfants  de  notre  payis  cernent  les  nois.  » 
(Rab.,  I,  27.)  Qqs  éditions  ont  Gouvets  ;  Gouet  est 
plus  correct. 

Gougette  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  —  Poche  de  vête- 
ment. Vieux.  —  Cf.  Bougette,  dont  les  Angl. 
ont  fait  Budget,  qui  nous  est  revenu.  —  V. 
Gou  jette. 

Hist.  —  «  Ha,  mon  amy.  dist-il.  je  t'en  prie,  et 
ce  faisant  je  te  donne  ma  bougette  -,  tiens,  vois  la 
là  :  il  y  a  six  cens  seraphiz  dedans.  »  (Rab.,  P., 
II,  14,  149.)  —  En  son  saye  avoit  plus  de  vingt  et 
six  petites  bougettes  et  fasques.  »  (Id.,  ib.,  ii, 
16,  156.) 

Gougettée  (Mj.,  Sp.),  s.  f.  —  Le  contenu 
d'une  poche  de  vêtement.  Syn.  de  Pochettèe, 

Mallettée. 

Gouincer  (Z.  137,  Sp.),  v.  n.  —  Batifoler, 
badiner,  folâtrer,  entre  garçons  et  filles.  Syn. 
de  Grincher,  Gôpler.  —  Se  lutiner.  ||  Do.  — 
Jouer  en  pinçant,  ''iant,  lutinant.  C'est  le 
flirt  aux  champs.  ||  Crier,  comme  un  ricard 
auquel  on  arrache  les  pieumes.  (Dott.)  || 
Bl.  —  S'amuser  en  ennuyant  les  autres.  — 
Syn.  de  Badifoler. 

Gouine  (Sp.,  Sa.),  s.  f.  —  Gouje,  ribaude. 
Syn.  Goton,  Pouffiasse.  \\  Souillon.  ||  (Mj.) 
Braconnage  du  poisson.  Ne  s'emploie  que  dans 
la  loc.  :  Aller  à  la  gouine.  —  \'.  Couiner. 

Et.  —  P.-ê.  de  l'angl.  Quean,  femme  de  mau- 
vaise  vie.   (LiTT.)  —   Semble   dérivé  du   rad.   de 


Gouje  (cf.  Goujat),  même  sens.  (Darm.)  —  Femme 
de  mauvaise  vie  dans  Rab.  (i,  14).  L'origine  peut 
être  Godine,  par  la  chute  du  d.  —  Godine,  jeune 
fille  qui  court  les  bois  et  les  godins.  —  Godin,  bri- 
gand qui  vit  dans  les  gauis.  ou  bois.  —  Anglo-sax. 
cwen,  femme,  et  cven,  prostituée.  En  angl.  mod. 
quean,  id,  et,  par  un  rapprochement  malheureux, 
queen,  reine.  —  Roquefort  pense  que  Gouine 
vient  de  Gohine,  nom  que  porte  une  princesse  très 
méchante  dans  le  roman  de  Tristan  de  Léonoia.  — 
xvir  s.  —  C'est  une  franche  gouine.  (Richelet, 
Dict.  fr.  —  Citât,  de  Eveillé.) 

Braconner  le 


Gouiner  (Mj.),  v.  a.  et  n. 


la  souine. 


V. 


poisson.  On  dit  aussi  :  Aller 
Gouèner'.  Cf.  Giner. 

Gouis.  —  Localité  près  de  Durtal.  On  dit 
(Ponts-de-Cé,  Cercle  de  la  Paix)  :  Aller  à 
Gouis,  quand  on  a  lancé  sa  boule  trop  loin. 
«  Il  va  à  Gouis,  manger  des  pattes  de  ferzaie.  » 

Goujar  (Bl.),  adj.  q.  —  Qui  n'est  pas  rai- 
sonnable. 

Goujat  (Lg.),  s.  m.  et  adj.  —  Goinfre,  glou- 
ton, gourmand.  Syn.  de  Goulif,  Pochelon, 
Porchard,  Happaud.  C'est  le  mot  fr.  détourné 
de  son  sens. 

Et.  —  Or.  incert.  —  Semble  le  maso,  de  Gouje. 

Goulage  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Goulerie. 

Goulard,  e  (Li.,  Br.,  By.,  Mj.),  adj.  q.  — 

Bavard,  gueulard. 

Goularde  (Lg.),  s.  f.  —  Hotte  de  cheminée. 
Il  Ouverture  servant  d'abat-foin.  Dér.  de 
Goule. 

Goulassage  (Mj.),  s.  m.  —  Bavardage.  Syn. 
de  Goulasserie,  Goulage.  V.  Goulasser. 

Goulasser  (Mj.,  By.,)  v.  n.  —  Bavarder, 
cancaner.  De  Gouler,  — sufi",  péjor.  asser. 

Goulasseries  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie 
guère  qu'au  plur.  —  Bavardages,  cancans, 
caquets,  commérages. 

Goulayant  (Lue,  By.,  Sal.),  adj.  q.  — 
Appétissant,  friand.  ||  Sal.  Qu'on  aimerait  à 
embrasser.  Y.  GouUiant. 

Goule  (Mj.,  Sp.,  By.),  s.  f.  —  Ouverture 
d'un  vase,  d'un  puits,  d'un  fourneau  ;  gueu- 
lard. Il  Bouche  de  l'homme,  gueule  des  ani- 
maux. Il  Tendre  la  goule,  —  crier,  pleurer.  !| 
Avoir  la  goule  ben  chaude,  —  être  à  demi 
ivre.  Il  Sp.  —  Se  battre  la  goule  de,  ou  que,  — 
bavarder,  se  vanter.  Ex.  :  Il  s'est  battu  la 
goule  qu'il  allait  illi  foutre  eine  tatouille.  V. 
Bagouler.  ||  \'isage,  figure,  face.  —  Ex.  : 
Veins  que  je  te  lave  la  goule  ;  —  Je  illi  ai  foutu 
par,  ou  sus  la  goule.  \\  Tortre  la  goule,  —  pleu- 
rer, faire  la  grimace,  sur  un  plat,  un  mets.  || 
Tendre  la,  ou  sa  goule  sus,  —  regarder  d'une 
façon  indiscrète.  Syn.  de  Bignoler.  \\  Foutre 
sus,  ou  par  la  goule,  —  gifler,  battre,  dauber, 
rosser.  ||  Se  foutre  la  goule  à  l'envers.  —  tom- 
ber, en  pari,  d'une  personne.  ||  Sp.  Se  foutre 
la  goule  au  bas,  —  même  sens.  ||  Ovrir  la  goule, 
de  \sl  goule,  —  pleurer,  crier.  ||  Goule  douce,  — 
individu  difllcile,  dégoûté.  Goule  fine,  même 
sens.  Svn.  Bec-menu.  \\  Goule  enfarinée.  Ne  se 


GOULE  AU  —  GOUPILLEAU 


441 


dit  que  dans  la  loc.  :  Il  est  arrivé  là  avec  sa 
goule  enfarinée,  — •  comme  un  curieux,  ou 
comme  un  indiscret  ;  —  mais  il  a  été  déçu.  || 
Se  faire  la  goule  ben  aise,  —  se  payer  des  dou- 
ceurs. Il  Lg.  —  Tourner  la  goule,  —  ne  pas 
faire  attention  aux  reproches,  aux  répri- 
mandes. Il  Donner  la  goule,  —  même  sens.  i| 
Mj.  —  Taire  sa  goule,  —  se  taire.  On  dit  : 
Tais  ta  goule,  pour  :  Tais-toi.  ||  Th.  —  La 
bouche.  Il  Avoir  de  la  goule,  —  c.-à-d.  une 
parole  audacieuse.  —  Z.  141.  ||  Goule  d'er- 
minette,  visage  maigre.  ||  Wi\\Q-goules,  — 
bavard.  Syn.  de  Gueulard,  Govlard.  \\  Lg. 
Profondeur  à  laquelle  la  charrue  pénètre 
dans  le  sol.  Ex.  :  La  charrue  n'a  pas  assez 
de  goule.  Syn.  de  Entrure.  \\  Goule  de  corneau 
bouilli,  —  injure.  ||  Sal.  La  goule  y  en  pète,  — 
indique  un  vif  désir. 

Et.  —  C'est  le  fr.  Goule,  dans  un  sens  plus 
général.  Lat.  Gula  :  fr.  Gueule.  L'ital.  Gola  s'em- 
ploie exactement  dans  le  même  sens  que  notre 
mot  pat.  Goule,  même  dans  le  style  soutenu. 

Gouleau  (Lg.),  s.  m.  —  Bouchée  ;  gobet. 
Ex.  :  Je  vas  manger  ein  gouleau.  Syn.  de 
Gaulée,  Boucherée,  Goubin,  Goulin. 

Coulée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Morceau,  gobet, 
petite  quantité  de  nourriture.  Ex.  :  J'allons 
manger  eine  goulée  ;  donne  donc  eine  goulée 
aux  vaches  ;  —  a  n'avait  point  mangé  que 
dessetrois  goulées  de  soupe.  ||  Un  bébé,  à 
table,  à  un  autre,  qui  cause  :  «  N'perds  donc 
point  ta  goulée.  —  Toute  brebis  qui  bêle  perd 
sa  goulée.  (DoTTiN.)  Il  Tenir  la  goulée,  —  ne 
pas  lâcher  prise,  jj  Emporter  la  goulée,  — 
emporter  le  morceau.  ||  Causer  à  la  grand 
goulée,  —  ne  pas  bien  articuler  ses  paroles. 

Gouléiant  (Bg.),  ajd.  q.  —  V.  Goulayant- 
Qui  flatte  la  goule,  agréable  au  goût.  Syn- 
Frayant,  \\  Sar.  —  Toute  chose  savoureuse, 
délicieuse.  Ex.  :  Le  vin  de  93.  Se  dit  aussi 
des  personnes  ;  ainsi,  une  belle  fille  est  une 
fille  gouléiante. 

Gouler  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Bavarder,  caque- 
ter, cancaner.  Cf.  Goulasser. 

Goulerie  (Mj),  s.  f.  —  Bavardages,  cancans» 
caquets  ;  giries,  commérages.  Syn.  de  Gueu- 
lerie,  Gueulage.  —  N.  A  noter,  toutefois,  que 
ces  deux  derniers  se  prennent  en  mauvaise 
part,  mais  non  Goulerie  et  Goulage  ;  la  nuance 
est  très  marquée. 

Goiilif  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Goulu,  goinfre, 
goui'maiid  ;  pifTre  ;  plus  souvent,  Goulifre. 
Syn.  de  Happaud,  Pocheton,  Porchard,  Gou- 
jat. —  V.  Jaub.,  à  GalaiTre. 

Goulin  (Sp.),  s.  m.  —  Bouchée.  Syn.  de 
Boussin,  Boucherée,  Goulée,  Gouleau.  —  X.  Au 
Croisic,  on  nomme  Gueulin  l'appât  placé  sur 
l'hameçon  pour  la  pêche  au  maquereau. 

Gouliiie  (Sp.,  By.,  Bg.,  Mj.),  s.  f.  —  Visage, 
figure,  frimousse.  Terme  caressant.  Ex.  : 
Donne,  que  je  bise  gouline.  —  Bisez  gouline, 
—  embrassez-moi,  dit-on  à  un  bébé. 

Goulinette   (Mj.,    By  ),   s.    f.   —   Sorte    de 


coiffe  de  femme,  sans  tuyaux,  qui  serre  étroi- 
tement les  tempes,  avec  des  brides  qui 
s'attachent  sous  le  menton.  Elle  se  porte  les 
jours  ordinaires.  Cf.  Bride-goule. 

N.  —  On  peut  regarder  ce  mot  comme  un  dimin* 
de  Gouline  et  de  Goule.  Mais  c'est  p.-ê.  plutôt  une 
corr.  de  Câlinette,  qui  serait  le  dimin.  rég.  de 
Câlinp.  Il  est  probalDle  qu'il  y  a  là  une  de  ces 
confusions  de  racines  amenées  par  une  ressem- 
blance vague  de  son  et  de  sens,  confusions  com- 
munes dans  le  patois  et  dont  le  fr.  classique  lui- 
même  offre  des  exemples. 

Goulipate.  —  Mot  inconnu  de  moi,  signalé 
comme  angevin  par  Jaubert.  Gourmand, 
goinfre. 

Goulot  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Le  gosier.  — 
Rincer  le  goulot  à  qqn,  —  lui  payer  à  boire.  || 
Chelinguer  du  goulot.  Sentir  mauvais  de  la 
bouche,  avoir  une  haleine  fétide. 

Goulu  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Crampe  doulou- 
reuse des  doigts  et  de  la  main,  produite  par 
la  fatigue,  un  effort.  (Ouvriers  menuisiers, 
charrons,  etc.) 

N.  —  Pour  l'empêcher,  on  se  met  un  brin  de 
laine  autour  du  poignet.  De  même,  un  brin  de 
laine  attaché  au  bas  de  la  ]ambe  passe  pour  empê- 
cher de  se  blesser  la  cheville  avec  le  bout  du  sabot 
en  marchant  jambes  nues.  Enfin,  une  ficelle  de 
chanvre  portée  à  nu  sur  la  peau  autour  de  la  taille 
prévient  infailliblement  les  maux  de  reins  et  guérit 
les  courbatures.  Les  ficelles  de  pains  de  sucre  sont 
tout  particulièrement  souveraines  pour  cet  objet. 

GouDier  (Mj.),  v.  n.  —  Se  renfler,  se  gonfler. 
Il  Devenir  turgescent,  en  pari,  d'une  bouture 
qui  va  émettre  des  rejets  ou  des  racines.  Ex.  : 
Je  vas  faire  goumer  mon  plant  de  vigne.  || 
V.  réf.  Se  goumer,  même  sens. 

Et.  —  Du  lat.  Gemma,  bourgeon  ;  gemmare, 
bourgeonner?  —  Douteux. 

Gouuiitée  (Mj.),  s.  f.  —  Ratatouille,  gali- 
mafrée.  Syn.  de  Mazarinée.  Cf.  Gormiler 
(Jaub.) 

Gouninie,  s.  f.  —  Gomme. 

Gounions  (Ec,  By.),  s.  m.  pi.  —  Oreillons, 
oripeaux.  «  Pauv'  petite,  aile  est  malade,  aile 
a  les  goumons.  »  Syn.  de  .fottereaux,  Eri- 
peaux,  Oripeaux. 

Goumouuer  (Lg.),  v.  n.  —  S'enfler,  se 
gonfler,  ij  Part.  pas.  —  Mouton  goumouné,  — 
atteint  de  la  pourriture,  —  dont  la  mâchoire 
inférieure  est  gonflée  par  l'inflammation.  — 
De  Goumer. 

Gouner  (Auv.),  v.  n.  —  Prendre  l'eau  dans 
ses  chausses.  Syn.  de  s'Enaiver. 

Et.  —  Dér.  de  Gouêne  et  d.  de  Gouêner.  Même 
rac.  que  Guéne,  Ganouiller. 

Goupilleau,  s.  m.  —  Goupillon. 

Et.  —  (ioupil.  renard.  Le  goupillon  fut  d'abord 
une  queue  de  renard,  ou  était  assimilé  à  une 
queue  de  renard.  Norm.,  vipillon.  Lat.  Vulpes, 
vulpis.  par  l'interméd.  de  qq.  diminut.  vuIpiUus, 
(I.ITT.) —  Celte  étym.  est  contestée.  —  Vulpiculum. 
lat.  popul.  :  lat.  class.  vulpecula.  n'a  pas  formé 
Goupillon.  —  Altération,  par  étymol.   popul  ,  de 


442 


GOUPILLER  -   GOURGUEUILLE 


Guipillon,  dérivé  du  rad.  Guip   qui  se  trouve  dans 
Guipon.    —    MÉNAGE    mentionne    Guépillon.    — 
xm*  s.  Guipillon,  as[)erj:fitornjm.  —  D'un  rad.  ba. 
wipp,  se  mouvoir,  proprement  :  ce  qu'on  agite  pour 
asperger,  frotter.  —  Qqf.  altéré  en  Gipon. 
«  Quatre  guippons  à  yaue  benoite.    > 
(GoD.  —  V"  Guippon.  —  Cité  par  Darm.) 
—   «  Item,  donne  aux  amans  enfermes  (infirmes! 
«  A  leurs  chevetz,  de  pleurs  et  lermes 
«  Trestout  fin  plain  ung  benoistier 
m  Et  ung  petit  brin  d'esglantier 
«  En  tout  temps  vert  pour  goupillon.  >< 

(VllioN.  g.  Testament.) 
—  «  Un  benoist  (bénitier)  d'estain  avee  le  gipellon.  » 
(L.  C.)  —  Paris  repousse  l'étym.  par  Goupil  et 
identifie  le  mot  avec  le  vx  fr.  Guespeillon  (propre- 
ment :  Chasse-guêpes).  Notez  cependant  que 
l'anc.  langue  présente  aussi  Guipillon  et  qu'il  se 
pourrait  bien  que  les  étymol.  vulpeculus  et  guespa 
se  fussent  rencontrées  dans  Goupillon.  »  (Scheler.) 

Goupiller  (se)  (Mj.,  By.),  v.  pron.  — 
S'arranger,  se  manigancer.  Ex.  :  Si  c'est 
comme  ça  que  ça  se  goupille  ! 

Et.  —  Dér.  du  vx  fr.  Goupil,  renard.  C'est  par  les 
gens  renarés  que  les  affaires  se  goupillent.  —  Mais 
LiTTRÉ  dit  :  Le  mot  fr.  et  le  v.  Goupiller,  —  garnir 
de  goupilles  ;  Genev.  coupille,  du  lat.  cuspicula  ; 
dimin.  de  cuspis,  pointe.  —  Préféiabh  k  l'étym. 
par  Goupil,  de  Diez. 

Gonr.  —  Préfixe.  N.  En  breton.  Goal  est 
l'adv.  qui  sert,  avec  Forh,  ou  Bras,  à  former 
le  superlat.  des  adj.  «  Il  faut  remarquer  que 
Goal  se  met  mieux  quand  l'adj.  exprime  une 
mauvaise  qualité.  »  (Guillome.) 

Gourbeille  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Corbeille.  Cf. 
Gamion,  Ganif.  —  Doubl.  du  fr.  —  Provenç. 
Gourbiho.  i  By.  —  Gourbeillon,  pron.  gour- 
boeillon,  corbeille  pour  le  pain  bénit. 

El.  —  Lat.  Corbicula,  de  Corbem. 

Gonrbillaux  (Mj.),  s.  m.  —  Xe  s'emploie 
qu'au  plur.  Tripes  de  bœuf  ou  de  vache.  || 
P.  ext.,  Tripes, 'intestins,  entrailles,  boyaux 
quelconques.  —  V.  Gorhillaux. 

Et.  —  Dér.  de  Beille,  avec  le  préf.  péjor.  Gour. 
Angl.  Gorbelly  ;  belly,  —  ventre.  Le  préf.  péjor. 
Gour  se  retrouve  dans  Gourveil,  Gourveiller, 
Gourmâcher.  —  A  rapprocher  aussi  de  l'angl. 
Garbage,  Garbidge,  hoyaux. 

Gourd,  e  (Pell.),  adj.  q.  —  Jeu  gourd,  — 
jeu  (de  boules  de  fort)  dont  la  sole  est  molle, 
peu  élastique  et  roule  mal.  il  Lue,  Mj.  — 
Engourdi  par  le  froid.  V.  Engourdeli  et  Dé- 
gourdeli.  —  A  la  fois  syncope  et  apocope  de 
Engourdi.  —  By.,  Sal.,  id. 

Et.  —  Lat.  Gurdus,  mot  espagn.,  d'après 
QuTNTiLiEX  :  «  Et  gurdos  quos  pro  stolidis  accipit 
vulgus  et  Hispania  duxisse  originem  audivi.  » 
(LiTT.)  —  Blé  gourd,  enflé  par  l'humidité,  —  qui 
n'est  pas  suffisamment  sec.  —  Avoir  les  mains 
gourdes,  —  engourdies  par  le  froid. 

Gourde  (Sp.,  By.),  s.  f.  —  Gourde,  courge, 
cougourde.  \\  Sp.  —  Dépression  dans  le  lit 
d'un  ruisseau,  où  l'eau  reste  stagnante  en  été. 
il  Mj.,  By.  —  Individu  balourd,  gauche  et 
niais.  Ex.  :  T'as  l'air  d'eine  gourde.  ||  Lg. 
Anse  au  bord  d'une  rivière.  Syn.  de  Molle, 
Mouille.  —  X.  Il  V  a  évidemment  confusion 


entre  les  mots  fr.  Gourde,  subst.,  et  Courte, 
adj.  —  Syn.  de  Goure. 

Et.  —  Lat.  Cucurbita.  Gourde  est  une  contract.on 
de  Cougourde,  usité  jusqu'au  xvii*  s.  —  Dan?  le 
pat.  berr..  Gorle,  trou  dans  un  arbre.  V.  .Jaub.  — 
En  russe.  Gorlo,  gorge,  gosier. 

Gourdeille  (Lg.),  s.  f.  —  Vieux  couteau  usé 
et  disloqué.  Syn.  de  Goudrille,  Senard. 

Et.  —  Doubl.  de  Goudrille.  Pour  la  termin.  en 
eille.  Cf.  Béteille,  Feille.  Il  y  a  métath.  de  Tr  et  du  d. 

Gourdier,  s.  m.  —  Plante  qui  produit  la 
gourde.  X.  Plutôt  la  tombe  ou  couche  où  l'on 
sème  les  gourdes.  Cf.  Palourdier,  Civier , 
Melonnière. 

N.  —  «  Si  tu  veux  avoir  un  bon  gourdier, 
«  Sème-le  en  février.  »  —  (Mén.) 

Goure  (Sp.),  s.  f.  —  V.  Gourde.  Dépression 
dans  le  lit  d'un  rui.sseau,  où  l'eau  reste  stag- 
nante en  été.  ij  Lg.  —  Bief,  partie  du  cours  de 
la  Sèvre,  entre  deux  chaussées  de  moulins 
consécutives.  Ex.  :  La  goure  de  Gallard  est 
belle  et  quelle  à  Jean-Marie  aussi  ;  mais  c'est 
ren  que  quelle-là  du  moulin  de  la  Berrie. 

Et.  —  Corr.  de  Gourde.  Syn.  de  Rigot,  Ragane^ 
Gouéne. 

Gourfoule  (en)  (Lg.),  loc.  adv.  —  En  foule 
compacte.  Ex.  :  Le  monde  arrivent  en  gour- 
foule.  Il  Foule,  cohue,  s.  f.  Ex.  :  La  gourfoule 
est  passée. 

Gourfouler  (Mj.),  v.  a.  —  Froisser,  presser 
au  point  de  meurtrir,  contusionner  ;  contondre 
un  bobo  ;  fouler,  un  membre,  une  articula- 
tion. Cf.  Gourmâcher.  ||  Lg.  —  Gourfouler  de 
pansion  un  animal,  —  lui  donner  plus  de 
fourrage  qu'il  n'en  faut.  I|  Ex.  pour  presser  : 
Faudra  faire  attention  de  ne  pas  gourfouler 
ceté  mal-là,  pasqu'il  s'envelimerait. 

Et.  —  Du  fr.  Fouler  et  du  préf.  Gour.  V.  Gour- 
mâcher. —  «  Laquelle  chamberiere  bailla  sur  la 
teste  au  suppliant  trois  ou  quatre  coups  le  plus  fort 
qu'elle  peut.  Et  quand  le  varlet  vit  qu'elle  le  gour- 
fouloit  aussi  fort. . .  »  (1453.)  —  «  Icellui  suppliant 
voyant  ledit  Estienne  énormément  batu  et 
gourfoule.  »  (1462.  —  L.  C.)  —  Garfouler.  —  Les 
syll.  gas,  gât,  gar  entrent  souvent  dans  la  composi- 
tion des  mots  qui  indiquent  une  idée  soit  de  des- 
truction, soit  de  plaisanterie  burlesque.  (Gargan- 
tua, Gourfouler,  Dégâter,  Gâtine.)  Jaub. 

Gourïoulure  (Do.,  By.,  Mj.),  s.  f.  —  Fou- 
lure, contusion,  mâchure.  Syn.  de  Refoulure. 
—  C'est  l'enflure  qui  se  produit  à  une  articu- 
lation foulée. 

Gour<!aDdin  (Sal.). —  Coureux.  Syn.  Hâlo!^. 

Gourganes  (Bg.,  Mj.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Fève.-^. 
Il  Sal.  Gourgane,  —  grande  goule.  Cf.  Fergane. 

Gourganger  (Sp.),  v.  n.  et  a.  —  Barboter. 
se  vautrer  dans  la  boue.  Syn.  de  Gassoter.  ' 
Fig.  Cochonner,  saveter,  un  travail.  H  V.  a. 
Tripoter  salement.  Syn.  de  Griboler 

Et.  —  Je  ne  vois  pas  l'origine,  quoiqu'on  y 
distingue  le  préf.  Gour.  Mais  il  semble  que  le  fr. 
Gourgandine  en  dérive.  Toutefois  Cf.  Ganacher. 

Gourgueuille  (Auv.),  s.  f.  —  Ampoule,  éle- 


GOURIN  —  GOUSPILLER 


443 


vure  à  la  peau.  V.  Orgueilli.  Syn.   de  Bou- 
roillc,  Bouffie.  Syn.  et  d.  de  Bourbeille. 

Et.  — ■  Dér.  de  Orgueillir,  avec  aspiration  ini- 
tiale qui  a  passé  à  la  gutturale. 

(liourin  (Tf.),  s.  m.  —  Cochon  de  lait.  Doubl. 
de  Gorin,  Gouron.  Syn.  de  Goret. 

Goiirinière  (Sal.),  s.  f.  —  Trée,  —  truie 
pour  reproduction.  Syn.  de  Lubrine. 

Uoiirit'  (Li.,  Mj.),  s.  m.  —  Un  jeune  porc, 
gorin,  goret. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Goret,  dér.  du  prim.  Gore. 
V.  Gorin,  Gouron,  etc. 

Oonriton  (Mj.),  s.  m.  —  Goret,  petit  co- 
chon. 

Gourniâcher  (Mj.),  v.  a.  —  Serrer,  secouer, 
brutaliser,  rudoyer  ;  fouler,  contusionner.  \\ 
Tourmenter,  angoisser,  soit  physiquement, 
soit  moralement.  Ex.  :  Il  savait  ben  ce  qu'il 
avait  fait  et  faut  ben  craire  que  ça  le  gour- 
mâchait  ben  fort. 

Et.  —  Du  fr.  Mâcher,  pris  dans  le  sens  de 
Ecraser,  froisser  ;  et  du  préf.  Gour,  qui  se  retrouve 
dans  le  synon.  Gourfouler  et  dans  les  mots  fr- 
Gourmand,  Gourmander.  Ce  préf.  exprime,  évi- 
demment, une  idée  péjor.  ;  c'est  sans  doute  le  pat. 
Gour  ci-dessus  et  le  celtiq.  Gwr. 

Gourme  (Lg.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Faire  la  gourme,  —  se  gourmer, 
prendre  des  airs  hautains,  pinces,  dédaigneux. 
—  Syn.  de  :  Faire  sa  poire,  Faire  sa  merde. 

Goiirmeler  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Grommeler, 
maugréer.  Syn.  de  Gourmiter,  Grouméler, 
Batouner,  Mogonner,  Mohonner,  Grognasser, 
Gourmouler.  —  V.  Jaub.,  à  Grommeler. 

Et.  —  Du  german.  Groumen,  même  sens,  — 
aa.  grummeln  ;  flam.  grommelen;  angl.  to  grumble. 

Goiiniiitai^e  (Mj.),  s.  m.  —  Grommellement. 

Gourmiter  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Grommeler, 
pester,  murmurei',  marmonner,  bougonner. 
Syn.  de  Gourmeler,  Mohonner,  Mogonner, 
Grouméler,  Grognasser,  Grimonner,  Grimou- 
ner,  Batouner.  —  V.  Jaub.  à  Gormiter. 

Gourmouler  (Sar.,  Do.),  v.  n.  —  Gromme- 
ler. \'.  Gourmeler.  Syn.  Bourbiter. 

Goûrnaison  (Mj.),  s.  f.  —  Tendance  et  faci- 
lité à  obéir  au  gouvernail.  ||  N'avoir  pas  de 
goûrnaison,  —  gouverner  mal.  —  V.  Goûrner. 

Gournard  (Vz.,  Co.),  s.  m.  —  Buveur, 
ivrogne,  soûlard.  —  Dér.  de  Gourner. 

Goûrnas  (Mj.,  Va.,  By.),  s.  m.  —  Large 
rame,  dont  le  taugourt,  ou  manche,  muni  à 
son  extrémité  d'une  sorte  de  béquille  (ânille), 
est  passé  dans  un  étrou  fixé  sur  un  des  côtés 
et  vers  l'arrière  du  fûtreau.  Le  goûrnas  sert 
à  la  fois,  ou  plutôt  alternativement,  de  pro- 
pulseur et  de  gouvernail. 

Et.  —  Dér.  de  Goûrner  et  doubl.  du  fr.  Gouver- 
nail. 

N.  —  Ne  pas  confondre  avec  une  godille. 

Gourner  (Sp.,  Vz.,  Co.),  v.  n.  —  Boire, 
l)inter,  se  soûler. 


Et.  — •  Probablement  par  contract.  de  Gouronner, 
boire  comme  un  gouron,  un  cochon.  —  N.  Dans 
l'été,  il  fait  grand  chaud  et  les  hommes  boivent. 
a  Gourne  donc  pas  comme  ça,  tu  vas  te  rendre 
malade.  "  —  Le  dimanche,  l'homme  va  au  bourg 
passer  la  soirée  à  la  Société  avec  ses  amis.  «  Les 
v'ià  partis,  va;  quand  vont-ils  ervenir?  Ah!  ils  vont 
en  gourner  du  vin  toute  la  soirée.  Ben  sûr  ils 
vont  r'arriver  saouls,  tertous.  —  Voir  le  suivant. 

Goûrner  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Gouverner, 
diriger  au  moyen  du  goûrnas  ou  du  gouvernail. 
Par  contract.  ||  By.  C'est  manœuvrer  le 
gournâs  comme  rame,  et  non  gouverner.  — 
Terme  de  petite  batellerie  ;  —  manier  le 
gournâs  (ou  goûrneau),  longue  gâche.  V.  ce 
mot.  On  s'en  sert  comme  rame  ou  bien  comme 
gouvernail.  N.  Lorsque  le  bateau  va  à  la 
voile,  ou  est  tiré  à  la  hâlée,  deux  mouve- 
ments :  se  queiller  et  se  serrer.  —  N.  La  mère 
D.  était  forte  comme  deux  hommes  :  «  Quand 
j'ai  mis  mes  deux  poignes  sur  l'anille  du 
gournâs,  disait-elle,  ils  ont  beau  gâcher,  je  les 
défie  ben  de  faire  deux  tjouts  »,  c.-à-d.  de 
faire  tourner  le  bateau. 

Gouron  (Sp.,  Lg.,  Chpt.,  Th.).  s.  m.  — 
Porc,  cochon.  \\  Fig.  Salaud.  —  Dér.  du  pri- 
mit.  inus.  Gore.  V.  Gorin. 

Gouronni^re  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Se  dit 
d'une  truie  portière,  que  l'on  appelle  Trée 
gouronnière.   V.   Gouron,    Gorinière,    Lubrine. 

Hist.  —  «  Le  bail  de  1625  (île  Saint-.\ubin)  dit 
que  le  fermier  pourra  avoir.  . .  deux  truyes  gou- 
ronnières.    »   (Anj.  Hist.,  Il,   S",  585,   32.) 

Gourouner  (Sp.),  v.  n.  —  Mettre  bas,  en 
pari,  d'une  truie.  [|  Fig.  Cochonner,  saveter, 
faire  mal  un  ouvrage.  V.  Gouron. 

Gourri  !  interj.  —  Cri  pour  appeler  les 
codions. 

Gourt  (de)  (Mj.),  loc.  adv.  —  Brutalement, 
maladroitement.  —  Syn.  de  De  bédée.  ||  Tenir 
de  gourt,  —  tenir  de  court,  laisser  pou  de 
liberté. 

Gourvegner  (Segr.),  v.  a.  —  Dominer.  «  On 
est  gourvrgné  par  le  mal.  -'  —  De  gubernare, 
gouverner,  dominer,  diriger.  (Mén.)  —  V. 
Gourveiller,  mieux  dit. 

Gourveil  (.Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  F'atigue  exces- 
sive, épuisement  produit  par  des  veilles  pro- 
longées. Ex.  :  Il  n'a  point  de  maladie,  il  a 
du  Gourveil.  V.  Gourveiller.  —  Gourveille  (Sal.), 
s.  f.  Avoir  de  la  gourveille,  —  être  fatigué  par 
des  veilles  prolongées. 

Gourveillage  (Lg.),  s.  m.  —  ^'eilles  pro- 
longées, manque  de  sommeil.  Syn.  de  Gour- 
veil, —  veille. 

Gourveiller  (Mj.),  v.  n.  —  Se  fatiguer  à 
veiller. 

Et.  —  Du  fr.  Veiller,  avec  le  préf.  péjor.  Gour. 

Gouspiller  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Déchi- 
queter, abîmer.  Syn.  de  Sôdigner,  Gouziller. 

Et.  —  Houspiller  ;  alté".  de  houspigner,  plus 
anciennement  houspignier,  de  housse  et  pignier, 
pour  peigner  :  proprement  :  peigner  le  manteau, 


444 


GOUSSAUT 


GRABOTTER 


battre.  —  Maltraiter  qqn  en  le  secouant  ;  malme- 
ner, en  faisant  des  reproches. 

Goussaut,  n.  pr.  pris  pour  n.  c.  —  Un  sot. 

Hist.  —  «  M.  Bautru  avait  de  l'esprit  et  ses 
reparties  vives  et  plaisantes  réjouissaient  beau- 
coup la  Cour  et  surtout  la  reine.  Un  jour  qu'il 
avait  mal  écarté  au  piquet,  il  dit  :  «  Je  suis  un  vrai 
Goussaut  !  »  —  Un  abbé  de  ce  nom,  qui  se  ren- 
contra là  par  hasard,  s'imaginant  que  M.  Bautru 
avait  voulu  l'insulter,  lui  répondit  qu'il  était  un 
sot  de  parler  ainsi  :  à  quoi  Bautru,  qui  se  douta 
que  l'abbé  s'appelait  Goussaut,  répondit  sans 
hésiter  :  «  C'est  aussi,  M.  l'Abbé,  ce  que  j'ai  voulu 
dire.  »  —  En  Anjou,  Goussaut  signifie  :  un  sot. 
{Andegavania.  Anj.  Hist.,  4«  an.,  n°  6,  mai  1904.) 

Gousse,  s.  f.  —  Œnaiithe  fistulosa.  (Mén.) 

Gousseau  (Mj.),  s.  m.  —  Gousse  ;  petite 
gousse.  Il  Champ  de  pois  en  gou.sse  (Am.).  — 

MÉN. 

Gousse-pain  (Sar.),  s.  m.  —  Mauvais  sujet, 
sans  souci,  demi-bohême.  Cf.  Galopin. 

Gousseur.  —  Pour  Gausseur.  Celui  qui 
compte  des  gausses. 

Gousson  (Mj.),  s.  m.  —  Gousset,  pièce 
carrée  placée  sous  l'aissel  e,  entre  la  manche  et 
le  corps  de  la  chemise. 

Et.  —  Gousset.  Dimin.  de  Gousse,  le  creux  de 
l'aisselle  ayant  été  comparé  à  une  gousse.  Cepen- 
dant, on  a  cité  le  celtiq.  gaéliq.  Guiseid,  poche  ; 
kimry,  cwysed.  Cf.  le  bret.  Gazai,  aisselle. 

Hist.  —  «  Pour  sa  chemise  furent  levées  neuf  cents 
aulnes  de  toille  de  Chasteleraud,  et  deux  cens  pour 
les  coussons,  en  sorte  de  carreaux,  lesquelz  on  mis 
sous  les  esselles.  »  Rab.  G.,  i,  8,  18. 

Goût  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Eter  en 
goût,  —  être  bien  portant  ou  de  bonne  hu- 
meur. Il  Ne  pas  être  en  goûl,  ou  de  goût,  — 
être  de  mauvaise  humeur,  ou  indisposé.  — 
«  Il  n'est  guère  agrâlant,  il  est  d'ein  vrai 
mauvais  goût.  V.  Tour.  \\  Etre  mal  en  goût. 
(Lue),  —  être  indisposé,  physiquement.  Ex.  : 
C'est  pas  que  je  seye  malade,  mais  je  m'sens 
mal  en  goût.  —  Etre  de  mouas  goût,  ou  de 
mauvaise  humeur.  Z.  153.  ||  Mj.  En  goût  de, — 
en  humeur  de,  disposé  à.  Ex.  :  Je  ne  se  point 
en  goût  de  travailler,  de  rire.  —  Mj.  Hauts 
goûts,  —  saveurs  très  marquées,  sauces  très 
épicées.  Ex.  :  Il  n'eume  que  les  hauts-goûts. 

Goûté,  e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Savoureux. 
Syn.  de  Goûteux.  Ce  poulet  est  très  goûté. 

Goûter  (Lg.),  v.  a.  —  N'avoir  pas  goûté  de 
boire,  —  n'avoir  pas  bu  du  tout,  n'avoir  pas 
goûté  au  vin. 

Goûteux  (Lg.),  adj.  q.  —  Savoureux.  Syn. 
ae  Goûté. 

Goutte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Le  premier  vin 
qui  s'écoule  du  pressoir  avant  tout  serrage. 
Mère-goutle,  moût,  vin  non  cuvé.  \\  Au  plur. 
Les  gouttes,  —  la  goutte,  maladie.  Ex.  :  Il  a 
les  gouttes  dans  n'eine  main.  —  By.,  id.  ||  Lg. 
Avoir  la  goutte  au  nez,  la  loupie.  Syn.  Reusse, 
Gadillc. 

Et.  —  C'est  le  même  mot  (au  2'^  sens)  que  le  mot: 
goutte  (d'eau).  On  attribuait  la  goutte  à  des  gouttes 


d'une  humeur  viciée  qui  arrivaient  aux  articula- 
lions. 

Goutte-grampe  s.  f.  —  V.  Goutte-grappe. 
Hist.  —   «  Les  Angevins  disent  :  Goutte-grappe' 
et  qqs  autres  provinciaux  disent  :  Goutte-crampe- 
Il  faut  dire  Goutte-Grampe  : 

«  Quand  nous  fusmes  dans  Etampe, 
«  Nous  parlasmes  fort  de  vous. 
«  J'en  soupirai  quatre  coups 
«  Et  j'en  u  la  goutte-grampe.   » 

(Voiture.  —  Cité  par  Ménage.) 

Goutte-grappe  (-Mj.),  s.  f.  —  Crampe,  ou 
contraction  douloureuse  des  muscles  de  la 
main  ou  du  poignet.  Ex.  :  Je  se  pourtant  si 
lasse  de  filer  !  J'en  ai  la  goutte-grappe.  \  . 
Goulu,  Goutte-grampe. 

Hist.  —  «  D'autres  ai-je  ouy  dire  qui  roidissent 
et  tendent  si  violemment  leurs  nerfs,  artères  et 
membres,  qu'ils  engendrent  la  goute-crampe  ». 
(Braxt,  D.  g.,  VII,  .382).  —  «  Les  taureaux  furieux 
et  forcenés  approchans  des  figuiers  sauvages  dicts 
caprifices  se  apprivoisent  et  restent  comme 
grampes  et  immobiles.  »  (Rab.,  P.  iv,  62,  464.)  — 
Goutte-Grampe  se  trouve  dans  Voiture.  =  Goûte- 
crappe  :  dans  J.  Marot,  p.  227  ;  Faifeu,  p.  26  ; 
COTGRAVE.  —  (I>.  C). 

Goutter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Dégoutter. 

Gouttes  (Mj.),  s.  f.  plur.  —  La  goutte,  ma- 
ladie. 

Hist.  —  K  La  racine  d'icelle,  cuicte  en  eau,  remol- 
lit les  nerfs  retirés,  les  joinctures  contractes,  les 
podagres  quirrhotiques  et  les  gouttes  nouées.  » 
(Rab"!,  p.,  m.  51,  330).  —  «  Ledit  Hardouin  étant 
lors  détenu  au  lit  de  la  douleur  et  maladie  des 
gouttes.  »  (Coust.  d'Anj.,  t.  II,  col.  397.)  —  Ainsi 
preschoit  à  Sinays  un  caphart,  que  sainct  Antoine 
mettoit  le  feu  es  jambes  :  sainct  Eutrope  faisoil 
hs  hydropiques  ;  saint  Gildas  les  fols,  sainct  Genou, 
es  gouttes.  (Rab.,  G.,  I.  45,  86). 

Gouttier  (Mj.),  s.  m.  —  Ivrogne,  buveur  de 
gouttes. 

Gouvet,  s.  m.  —  Couteau.  V.  Gouet. 

Hist.  —  «  Voir  la  citât,  de  Rab.  à  Gouet.  »  = 
Gouyer.  «  Icellui  Mâthe  print  ung  gouyer,  et  en 
frappa  ledict  Pessoul  deux  cops  sur  la  teste.  »  (1144. 
—  I.,.  C.)  =  Icellui  Perrot  prjst  un  Gouet  qui  estoit 
à  sa  courroye.  »  (1405.  D.  (!;.). 

Gouziller  (Do.,  My.,  By.,  Sal.),  v.  a.  — 
Couper  en  petits  morceaux  malproprement. 
Coupiller  avec  une  goudrille.  —  Gaspiller  en 
coupant.  Cf.  Gouspiller. 

Goyer  (go-iller)  (Sal.).  —  Le  blé  goyé  est 
celui  qui  épaissit  en  yessant.  V.  Yesser. 

Grabotte  (Mj.),  s.  f.  —  Capsule  qui  contient 
les  graines  du  lin. 

Et.  —  Grabeau,  —  répond  à  l'a.  v.  Grabeler, 
éplucher.  B.  L.  Garbellare,  passer  au  crible,  et  Gra- 
botum,  ce  qui  est  rejeté  du  van.  —  Cf.  Jaub.  à  Gra- 
boter. 

Grabottée,  s.  f.  —  De  l'eau  et  du  pain  for- 
ment une  grahottéc.  (Mén.)  ||  By.  Des  œufs  à 
la  grabottce,  brouillés.  Cf.    Griboter. 

Grabotter  (Do.,  Ag.,  By.),  v.  n.  —  Agiter 
l'eau  avec  ses  mains.  —  Des  œufs  grabottés, 
brouilles.  Cf.  Griboter. 


GRABOUILLER  —  GRAIN  D'ORGE 


445 


Grabouiller,  v.  n.  —  Agiter  et  troubler 
l'eau  avec  ses  pieds  ou  ses  mains. 

Grabucher  (se)  (Lg.)>  v.  réciproq.  —  Se 
chamailler.  Syn.  de  se  Dagoter,  se  Gringoter. 
Pour  :  se  Grabuger,  du  fr.  Grabuge. 

Grâce  (Mj.). —  En  grâce,  —  par  grâce.  Ex.: 
Aile  l'a  supplimenté  en  grâce,  —  elle  l'a 
conjuré.  [[  Bonnes-graces.  Vcm. 

Gracieusement  (Mj.,  By.),  adv.  —  Généreu' 
sèment,  libéralement.  Ex.  :  Me  semble  que 
c'est  payé  ben  gracieusement. 

Et.  —  C'est  le  fr.,  dans  un  sens  voisin.  A  rappro- 
cher de  Grassement. 

Gracigner  (Sp.,  By.),  v.  a.  —  Egratigner. 
V.  Egracigner. 

Et.  —  Pour  :  Grattigncr,  dimin.  de  Gratter.  On  a 
dit  jadis  Egratiner. 

Graciner  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Egratigner. 
Doubl.  de  Gracigner. 

Grafougner  (Mj.,  Sp.),  v.  a.  —  Gratter  for- 
tement ;  fouiller  avec  ses  ongles,  creuser  avec 
ses  doigts,  fouir  ;  tâtonner. 

Et.  —  Dérive  probablement  de  l'ail,  zu  greifen, 
et  du  fr.  Gratter,  par  une  confusion  analogue  à  celle 
que  j'ai  signalée  pour  Goulinette.  C'est  ainsi  que  le 
fr.  Haut  dérive  à  la  fois  du  lat.  Altus  et 
de  l'ail.  Hoch.  V.  Egracignnr,  Gracigner  et 
les  citations  suivantes  (R.  O.).  =  Grafignier.  Et.? 
Grafe  i,  poinçon,  stylet  à  écrire,  petit  poignard  :  et 
Grafe  -,  croc,  griffe,  par  l'intermédiaire  d'un 
dimin.  Grafin.  —  P.  ê.  du  provenç.  Grafinar,  beau- 
coup plus  ancien  que  Graffignier  qui  ne  date  que 
du  xv  s.  D^  A.  Bos. 

Grafugner  (Lg.),  v.  n.  —  Essayer  de  gravir 
avec  beaucoup  d'elTorts  une  pente  abrupte  ou 
f  bouleuse. 

Et.  —  Doubl.  de  Gravougner,  et  p.  ê.  corrupt.  de 
ce  mot,  par  l'influence  de  l'ail,  zu  greifen  et  de  : 
Grafougner.  De  fait,  Gravougner  vient  indiscuta- 
blement du  fr.  Gravir.Or,  quoi  qu'en  dise  Hat/.feld, 
ce  dernier  mot  doit  dériv.  de  la  rac.  lat.  Grad,  par 
Graduare,  ainsi  qu'en  témoigne  notre  doublet  pat. 
Graver.  (R.  O.) 

Grageline,  s.  f.  —  Matricaire  ;  Lamosana 
minima.  (Mén.)  —  Lampsane  ;  espèce  d'iierbe 
à  feuilles  velues  que  Ton  mange  en  salade. 
(Jaub.)  —  Grasse  geline.  (Favre.)  Ce  qui  est 
curieux.   ||  By.  Grangeline.  V.  Grâseline. 

Grâillard  (Mj.),  adj.  q.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  :  Roûti  grâillard,  —  rôti  cuit  à 
l'étoufTée  au  fond  d'une  marmite  et  sans 
grande  surveillance.  Cuisine  de  marinier. 

Et.  — «  De  l'a.  fr.  graille  =  grille,  gril.  Scheler 
y  verrait  (dans  graillon)  une  confr.  de  :  gratiUon, 
ce  qu'on  gratte  au  fond  de  la  marmite.  >>  (Lirr.)  = 
Etym.  peu  vraiseml)lable,  dit  Dar.m,  Graillon  étant 
trop  récent.  =  Graviller,  Graelier,  Griller  : 
«  Touts  vifs  les  faisoit  escorcher 
«  Puis  mettre  es  rez  et  graailler 
«  Pour  sa  grande  ire  saouler.  » 

Brut,  f"  26". 

Graillon  (By.),  s.  m.  —  Eau  de  vaisselle,  à 
l'odeur  fade.  —  Sentir  le  graillon,  avoir  goiît 
de  graillon. 


Graillonnage  (By.),  s.  m.  —  Restes  de 
repas  bons  pour  le  fumier,  à  l'odeur  rance. 
«  Ça  sent  le  graillonnage.  » 

Grain  (Mj.,  By.,  Fu  ),  s.  m.  —  Froment. 
Ex.  :  J'allons  motiver  noute  grain.  I|  Grain 
d'eau,  —  goutte  d'eau.  Ex.  :  Il  c'mence  à 
tomber  des  grains  d'eau.  ||  Avoir  écrasé  un 
grain  (de  raisin),  —  être  un  peu  ivre.  |  Lue.  — 
Ce  mot  désigne  le  froment  ;  le  blé  désigne  sou- 
vent le  seigle.  ||  Mj.  Avoir  ein  grain,  —  être 
un  peu  fou,  à  demi  toqué, 

Hist.  —  «  M.  de  la  Forest  levoit  les  rentes  en 
grain  qui  lui  sont  dues  par  ses  vassaux  et  sujets  à 
une  mesure  plus  forte  que  celle  d'Angers.  »  {Coust. 
d'Anjou,  t.  II,  col.  1226.)  —  «  Certaines  années  la 
pluie  a  esté  excessive  et  navoit  le  grain.  >  (Rab., 
P.,  IV,  61,  'iri2.) 

Grainard  (Mj.),  adj.  q.  —  Qui  a  levé  de 
graine,  en  parlant  d'un  arbre.  Ex.  :  Ein 
léiard  grainard.  \\  Spr.  —  Qui  donne  beau- 
coup de  grain.  Se  dit  du  blé. 

Graine  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  —  Graine  de 
culotte,  —  les  enfants.  ||  Fig.  Rester  à 
graine,  —  n'être  pas  admis  à  faire  sa  première 
communion,  en  parlant  d'un  enfant.  — 
N.  De  même,  en  fr.,  on  dit  d'une  vieille  fille 
qu'elle  est  montée  en  graine.  \\  Graine  de 
patience,  —  patience.  Besogne  minutieuse  et 
longue.  N.  Il  y  a  ici  probablement  un  jeu  de 
mots  sur  la  patience-pàveMe.  \\  Tlm.  —  Au 
plur.  Testicules.  Syn.  de  Rouleaux,  Mar- 
teaux. Il  Tlm.  —  Eine  graine,  —  un  petit 
verre  d'eau-de-vie.  ||  Lg.  —  Ecraser  eine 
graine,  —  boire  un  coup  de  vin.  Avoir  écrasé 
eine  graine,  —  être  ivre.  ||  Lg.  —  Pas  la 
graine,  —  pas  du  tout,  pas  le  moins  du 
monde.  —  Cette  loc.  a  vieilli. 

Et.  —  Lat.  Grana,  plur.  n.  de  Granum,  pris  pour 
un  f.  s. 


Graineaux 

qu'au  plur. 


(Mj.),  s.  m.'  —  Ne  s'emploie 
-  Graines  de  pois,  de  haricots 
êcosses.  —  On  pron.  souvent  Greneaux.  || 
By.  Prononc.  Greneaux.  Se  dit  de  haricots 
écossés,  mais  non  de  pois.  Des  greneaux, 
c'est  des  graines  de  «  pois  de  mai  »  en  vert. 

Graines-au.\-doulcurs  (Mj.),  s.  f.  plur.  — 
Baies  d'un  rose  vif,  que  l'on  voit,  à  l'entrée 
de  l'hiver,  suspendues  en  grappes  dans  les 
haies,  le  long  de  tiges  minces  et  desséchées.  Ce 
sont  les  fruits  de  la  bryone,  ou  Grous-naveau 
ou  Naveau-puant. 

Et.  —  Dans  nos  campagnes  ces  fruits  sont  em- 
ployés contre  les  douleurs  rhumatismales,  sur  les- 
quelles elles  agissent  plutôt  comme  palliatif  que 
comme  Temède,  grâce  au  princijje  narcotique 
qu'elles  renferment,  la  bryonine. 

Grainif  (.Mouzillon),  adj.  q.  —  Qui  produit 
beaucoup  de  raisins.  Ex.  :  J'avons  pris  les 
greffons  sus  les  ceps  les  pus  grainifs.  —  N. 
Mouzillon  est  de  la  Loire-Inférieure,  mais 
limitrophe  de  Tilliers,  où  ce  mot  est  sans 
doute  usité. 

Grainon,  s.  m.  —  Choux  en  bouton.  (My.) 

Grain  d'orge  (Mj.,  B^),  s.  m    —  Orgelet, 


446 


GRAISSAGE  —  GRANDIR 


chalaze,  compùre  loriot.  Syn.   de  Hardillon, 
Bourguignon,  Parpillon,  Biroillon,   Derzillon. 
Et.  —  Comme  le  fr.  Orgelet  et  le  pat.  Ardillon  ou 
Hardillon,  ce  mot  est  employé  i)ar  catachrèse. 

Graissage  (Mj.),  s.  m.  —  Sauce  où  la 
graisse  domine. 

Et.  —  Gras.  Lat.  Crassus,  BL.  grassus.  Lat, 
pop.  Crassia. 

Graissas  (INIj.),  s.  m.  —  \'.  Graissage.  Pré' 
paration  culinaire  trop  grasse. 

Graisse  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Graisse  de  cœur  ; 
rancœur,  rancune,  haine.  Ex.  :  Il  a  toujours 
ieu  eine  graisse  de  cœur  contre  moi.  Syn.  de 
Rogne.  Il  Net  de  graisse,  —  sobriquet  que  l'on 
applique  à  un  individu  très  maigre.  ||  Graisse 
d'aveugle,  —  remplissage  de  mastic  destiné 
à  masquer  qq.  défaut  d'un  bois  d'œuvre. 

Graissée  (Lg.),  s.  f.  —  Tartine  recouverte 
d'une  couche  de  matières  comestibles  quel- 
conques. Ine  graissée  de  beurre.  Syn.  de 
Beurrée.  V.  Graisser. 

Graisser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Fumer  une 
terre.  V.  Graissier^  \\  Tlm.,  Lg.  — •  Battre  à 
plate  couture,  au  jeu.  Syn.  de  Baiser,  Rincer, 
Rouler.  IJ  Mj.  Graisser  la  patte,  —  donner 
un  pourboire  ou  un  pot  de  vin.  ||  Graisser 
avec  du  fumier  d'alouette,  —  loc.  prov.,  ne 
pas  fumer,  ses  terres.  ||  Syn.  Beurrer,  Em- 
beurrer ,  au  sens  de  :  Faire  une  graissée. 
Etendre,  faire  adhérer  une  matière  molle 
quelconque.  Ex.  :  Attends  que  je  te  graisse 
ta  beurrée  avec  des  confitures.  —  Quelle 
alliance  de  mots  ! 

Graisset  (Mj.,  Sa.,  Pell.,  By.),  s.  m.  — 
Sorte  de  rainette.  Syn.  de  Cloue,  Arneite, 
Pissouse,  Râillard,  Râillon,  Crapuchon,  Cra- 
piche,  Roillard. 

Et.  —  En  ail.  rainette  se  dit  :  laubfrosch  (gre- 
nouille de  feuillage)  et  aussi  Grasfrosch  ;  on  serait 
autorisé  à  penser  à  l'ail.  Gras,  herbe,  ou  plutôt  à 
l'angl.  Grass. 

Graissette  (Lg.),  s,  f.  —  Brosse  de  bruyère 
ou  de  crin  qui  sert  à  lisser  une  parée  lorsque  le 
châs  est  séché.  Langue  des  tisserands. 

Graissier  (Sp.),  s.  m.  —  Engrais,  fumier. 
Syn.  de  Mânis. 

Graissin  (Lg.),  s.  m.  —  Touffe  d'herbe  dans 
un  regain  beaucoup  plus  drue  et  plus  vigou- 
reuse que  le  reste  du  pré,  parce  que  la  place  a 
été  fumée  par  la  fiente  des  animaux  au 
pacage.  Ex.  :  Les  chevaux  ramassent  ben  les 
graissins  :  les  vaches  ne  voulant  pas  y 
mordre. 

Graissoux,  se  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Grais- 
seux. Il  Poisseux.  Il  Boueux.  Ex.  :  Les  che- 
mins sont  ben  graissoux.  \\  S.  m.  Gamin, 
galopin.  Ex.  :  Attends,  mon  méchant  grais- 
soux !  —  Cf.  Huiloux,  Morvoux. 

Grâler  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Rôtir  à  demi  sous 
la  cendre.  Ex.  :  Des  patac^es  grâlées;  des  châ- 
tains grâlées.  \\  Cuire  ou  faire  cuire,  des  châ- 
tains, sur  une  flamme  claire,  dans  une 
poêle  dont  le  fond  est  percé  de  trous.  N.  On 


dit  aussi  Grêler.  V.  plus  bas,  note  de  Mireille.  \\ 
Se  sécher  un  peu  au  soleil,  en  ])arl.  des  mottes 
de  terre.  |I  Grêlé,  —  dont  les  vêtements 
annoncent  la  misère.  \.  Guerler.  ||  Grêlé  se  dit 
aussi  des  personnes  dont  la  figure  est  mar- 
quée de  petite  vérole,  couverte  de  dépressions 
imitant  les  trous  de  la  grêloire. 

N.  —  A  Royan,  j'ai  entendu  :  Ça  va  grâler  tantôt, 

—  il  va  faire  chaud  cette  après-midi.  !|  By.  Gherler. 
Et.  —  Ane.  verbe  Grailler,  crier  comme  la  cor- 
neille (BL.  gracula,  fém.  de  graculus.  dimin.de  gra- 
cus,  auquel  on  compare  l'ail.  Krâhe.  corneille  (Litt.  ). 

—  «  C'est  dans  le  BL.  Craticula  qu'il  faut  chercher 
la  racine  des  mots  :  Graîle,  grâloir,  grêler,  grêloir, 
gril,  griller.  Par  analogie  :  Poêle  percée  de  trous,  à 
faire  rôtir  les  châtaignes  (Jacb.)  =  Graîler  le  blé. 
le  passer  au  crible  (id.).  =  Hist.  «  Le  vieux  bon- 
homme Grandgousier,  son  père,  qui...  attendant 
graisler  des  chastaignes,  escript  au  foyer  avec  un 
baston  bruslé  d'un  bout.  »  (Rab.,  G.  i,  28).  =  (Les 
cigales)  que  grasihavo  l'herbo  caudo  (que  grillait 
l'herbe  chaude.  —  Mireille.  308,  3).  —  N.  Grâler 
ou  Grêler  est  pour  Grailler,  v.  inus.  qui  a  donné 
le  fr.  Graillon  (goût  de):  or  Grailler  est  upe  con- 
tract.  de  Grasiller,  identique  à  la  forme  provençale 
ci-dessus. 

Grâloir  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Grâloire. 

Grâloire  (Tlm.),  s.  f.  —  Poêle  dont  le  fond 
«st  percé  de  trous  et  qui  sert  à  faire  rôtir  des 
marrons.  Syn.  de  Grâloir,  Grâloux.  ||  By. 
Gherloire.  \'.  Grêloire. 

Grâlouv  (Lg.),  s.  m.  —  V.  Grâloire. 

Gramâter  (By.),  v.  n.  —  Farfouiller.  V. 
Conversations,  au  F.-L.,  24.  Cf.  Dégramatiser. 

Grand  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Grand  et 
ample,  —  largement.  Ex.  :  Y  en  a  tant  que 
n'en  faut,  ce  que  illi  en  faut,  grand  et  ample.  || 
En  grand,  —  complètement  ;  juste.  Ex.  : 
Laisse  venir  le  mât  en  grand.  —  Ça  illi  a 
tombé  en  grand  sus  la  tète.  ||  Grande,  — 
haute,  débordée,  en  pari,  de  l'eau.  —  Ex.  : 
La  rivière  était  grande.  \\  A  son  grand,  —  en 
grand,  entièrement.  Ex.  :  La  porte  est  à  son 
grand  ôvarte.  ij  Mj.  —  Avoir  grand  de  terres, 
—  avoir  une  bonne  étendue  de  terres. 

Grandet  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Un  peu 
grand,  déjà  grand,  grandelet.  Cf.  Jeunet. 

Grandezir"  (T.  le  M.,  Lg.),  v.  n.  —  Gran- 
dir. Cf.  Apetitezir. 

Grand-Gnerre    (Mj.),    s. 
Vendée.  V.  Chouan. 

(Mj- 


f.    —   Guerre    de 


s.   f. 


Arrière- 


Grand-^rand-iuère 

grand-mère. 

Grand-Jirand-père  (Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Arrière-grand-père. 

Grandiliet  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Un  peu 
grand,  déjà  grand.  V.  Grandet. 

Grandillon  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  V.  Gran- 
det, Grandiliet. 

Grandir"  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Monter, 
croître,  en  pari,  de  l'eau. 

N.  —  Tu  ne  grandiras  plus.  —  «  S'il  advient  que 
aucun  ou  aucune  engambe    par-dessus    un   petit 


GRANDISSINE 


GRATTOGNER 


447 


enfant,  sachiez  que  jamais  f>lus  ne  croistra,  se 
cellui  ou  celle  mesmes  ne  rengarnhe  au  contraire  et 
retourne  par  dessus.  »  (Les  Evangiles  des  que- 
nouilles, 1/8  journée,  ch.  xxiv.  —  Cité  par  Cli. 
NisARD,  244).  Se  dit  et  se  croit  en  Anjou. 

CIrandissine  (Mj.),  adj.  q.  super.  —  Gran- 
dissime. 

Grand- Levant  (Sar.),  s.  m.  —  Tablier  atta- 
ché aux  quatre  coins  servant  à  porter  le  four- 
rage sur  les  épaules.  Pour  :  Grand-devanteau. 
(Mén.)  Syn.  de  Barneau. 

(jirand'nière,  s.  f.  —  Réséda  jaune.  (^îén.)  |î 
Tf.  Meille  truie  portière.  Syn.  de  Trée-gou- 
ronnière,  Lubrine.  \\  Grand'?nère  un  pain,  — 
s.  f.  Sorte  de  jeu  de  société,  jadis  en  usage  aux 
environs  de  Gholet,  d'après  Deniau.  —  V. 
Citations  à  Bague-bergère.  V.  au  Folk-Lore  : 
Pain-chaud.  Jeux,  vu. 

Grand- muguet  (Lg.),  s.  m.   —  V.  Muguet. 

Grand-pas  (Sp.,),  s.  m.  —  Sorte  de 
chairue  dont  on  se  sert  pour  enterrer  les 
semences.  On  l'appelle  aussi  Charrue  à  cou- 
vrir. Il  Lg.  Avant-train  de  charrue  à  roues 
écartées. 

Et  . —  Ainsi  nommée  à  cause  du  grand  écarte- 
ment  des  ruelles  qui  la  soutiennent. 

Grapiligner,  v.  a.  —  V.  Grajougner.  — 
Egratigner.  Dér.  de  Gratter,  par  chan^.  de  t 
en  f.  Cf.  Eclafer  et  Eclater.  —  By.  —  Egras- 
signer. 

Ilist.  —  Les  petits  chiens  de  son  père  {à  Gargan- 
tua) mangeoient  à  son  escuelle. . .  il  leur  mordoit 
les  oreilles,  ilz  luv  graphinoienl  le  nez.  (Rab. 
Garg.\,\\). 

Grappauder  (Mj.),  v.  a.  —  Grappiller. 

Grappe  s.  f.  —  V.  Grippe.  \\  Lg.  —  s.  f. 
Engourdissement  des  mains.  Ex.  :  J'ai  la 
grappe.  Cf.  Goutte-grappe.  \\  Poigne,  force  de 
la  main.  Ex.  :  Il  a  eine  bonne  grappe.  \\  Adj. 
q.  Gourd,  engourdi  des  mains.  Ex.  :  Je  se 
grappe.  Syn.  de  Pogne,  Engourdéli,  Gourd. 

Fit.  —  Grippe,  ba.  gripan  ;  ha.  grifan. 

Grappeille  (Lg.),  s.  f.  —  Grappille.  Syn.  de 
Grappiche.  Cf.  Feille,  Béteille. 

Grapper  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Grappillei'.  || 
Sal.  —  Ramasser  les  grappes,  après  la  ven- 
dange. 

Et.  —  BL.  Grapa,  Grappa,  aha.  chrapfo,  crochet; 
am.  Krappen.  Ainsi  appelée  parce  qu'elle  a  qqch. 
de  croch\i,  d'accroché.  —  Hist.  «  Qui  grappeni  au 
moins  mal  qu'ils  peuvent. . .  et  qui. . .  vendangent 
le  clos.  (Rab.,  P.  v,  16,  517). 

Grappiche  (Lg.),  s.  f.  — Grappille.  \  .  Grap- 
peille. 

Grappille,  s.  f.  (Do.).  —  La  chair  de  poule, 
le  frisson.  —  Ex.  :  Quand  i  fait  gi-and  fret, 
j'ai  la  grappille.  —  Cf.  Goutte-grappe,  pour 
Crampe,  Crampille.  Syn.  de  Peau  d'oie. 

Gras,  grasse  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Boueux. 
Ex.  :  Les  chemins  sont  ben  gras.  \\  Poisseux.  || 
Avoir  la  poitrine  grasse,  —  expectorer  beau- 
cTûup.  Il  Terre  grasse,  argile.  ||  Y  a  gras,  —  il  y 


fait  bon.  Ex.  :  Y  a  pas  gras  à  s'y  frotter.  — 
N.  De  là,  p.-è.,  l'adj.  Agrâlanù  \\  Gras  de 
jambe,  —  mollet.  ||  Faire  ses  choux  gras  de,  — 
se  contenter,  se  délecter  de.  ||  En  parlant  d'un 
bien  léger  profit  obtenu  par  qqn.  :  Ça  lui 
fait  un  beau  gras  de  jambe!  —  il  est  bien  avancé  ! 
Il  Tlm.  —  Poume  de  gras,  —  vieille  espèce 
de  pomme.  ||  Mj.,  s.  m.  Excès  d'épaisseur,  de 
matière,  dans  la  coupe  d'une  pierre,  d'une 
pièce  de  bois,  d'un  assemblage.  Cf.  Maigre.  \\ 
Sar.  —  Nom  que  prend  le  cachet  quand  il  a 
été  écrasé.  On  fait  un,  deux,  trois  gras.  Il 
forme  alors  un  tout  compact  et  malléable,  qui 
a  à  peu  près  la  consistance  de  la  pâte  à  faire 
le  pain,  au  moment  où  elle  va  sortir  du  pétrin. 
(Fabrication  de  l'huile  de  noix.) 

Et.  —  Lat.  Crassum,  devenu  Gras  sous  linnuence 
de  Gros. 

Gras-cuit  (Mj.,  By.,  Ag.),  adj.  q.  —  V. 
Bacoui.  (Z.  130.)  On  dit  :  du  pain  gras  cuit.  Et, 
en  effet,  le  pain  ainsi  mal  cuit  a  une  apparence 
de  gras  et  manque  de  fermeté.  Le  pain  gras- 
cuit  est  désagréable  à  manger,  surtout  dans  le 
potage,  la  soupe,  où  il  donne  la  sensation  de 
qqch.  de  gluant.  ||  En  pari,  d'un  œuf  à  la 
coque  :  Cuit  de  telle  sorte  que  le  jaune  ne  soit 
plus  liquide,  sans  être  dur.  ||  Mal  dit,  pour 
Bacoui. 

Gras  de  jambe  (j\lj.),  s.  m.  —  Mollet.  — 
Ex.  :  Il  s'est  fourré  eine  épine  dans  le  gras 
de  jambe.  —  N.  On  dit  aussi  :  Le  gras  de  la 
jambe.  V.  Gras. 

Grâseline  (Pell.),  s.  f.  —  Syn.  de  Che- 
nilletle.  A  Tlm.,  on  dit  Grâsine.  Mauvaise 
herbe  commune  dans  les  récoltes.  |I  Au  Long., 
Grasseline,  Grassine.  —  Chenopodium,  dans 
ses  diverses  |variétés.  Syn.  de  Herbe-grasse, 
Chenillette.  \\  V.  Matricaire.  (Mén.) 

Grâsine,  s.  f.  —  Plante.  Chenopodium. 
N.  Ilyal.àtouteune  famille  demots:  Grassine, 
Grâseline,  Grasseline,  herbe  grasse,  qui  re- 
présentent tous  les  Chenopodium,  ou  Che- 
nillette de  Mj.  Il  est  probable  que  Grageline 
n'est  qu'une  corrupt.  de  ce  mot,  bien  que, 
d'après  Mék.,  il  représente  une  plante  toute 
différente.  —  Toutes  ces  formes  sont  oubliées. 

Grasiée,  s.  f.  —  Pour  Grêlée.  Une  graslée, 
grâlée  de  marrons.  V.  Grâler. 

Grassigner,  v.  a.  —  V.  Gracigner,  Grafu- 
gner,  etc.  ||  By.  Plutôt  Egrassigner. 

Grattaille  (Auv.),  s.  f.  —  Distribution  de 
dragées  et  de  gros  sous  que  les  parrains  et 
marraines  jettent  aux  enfants  à  l'issue  d'un 
])aptême.  Syn.  de  Grippe,  Gobaille. 

Grattaud  (Mj.,  Lg.,  Do.,  By.),  n.  pr.  — 
Le  diable,  Lucifer,  Belzébuth.  Syn.  de 
Pi  pet. 

Gratteilles  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  ]\Ienus  grains, 
grains  échappés,  déchets  du  criblage.  Syn. 
de  (Juiriances,  Créiances,  Ecrèiances 

Grattûgner  (Mj.),  v.  n.  —  Gratter  fréquem- 
ment. 


448 


GRATTON 


GRELEAU 


Oratton  '  (Mj.,  Lg.,  Fu.),  s.  m.  —  Gratin. 
Syn.  de  Râchon,  Râclon,  Grillon,  Râgetles, 
Riinettes.  «  Licher  le  gratton.  » 

Gratton  ^  s.  m.  —  Gratteron. 

Et.  —  "  On  donne  ce  nom  aux  calices,  globuleux 
et  crochus  à  la  maturité,  de  la  bardane  ou  glouteron 
et  qui  s'attachent  aux  habits,  et  aux  graines  du 
gratteron,  ou  gaillet  accrochant.  »  (Ja'Jb.) 

Grattounée  (Lg.),s  .  f.  —  Pain  trempé  dans 
la  graisse  fondue  qui  reste  au  fond  de  la  chau- 
dière où  l'on  a  cuit  les  rillots.  —  Dér.  de 
Gratton. 

Grave,  s.  f.  —  Sable,  terrain  sablonneux.  |j 
By.  Terrain  de  sable  et  de  cailloux.  Tirer  de 
la  grave,  séparer  les  cailloux  pour  empierrer 
les  chemins. 

Et.  —  Le  même  q.  grève.  Rad.  Grav.  ou  Grau, 
qui  se  trouve  dans  le  b.  bret.  Grouan,  sable.  — 
L.  pop.  Grava,  d'orig.  celtiq.  =  Hist.  «  Se  mist  sur 
mer  et  devint  à  Bordeaulx,  auquel  lieu  ne  trouva 
grand  exercice,  sinon  des  gabariers  jouant  aux 
luettes  sur  la  grâce.  >.  (Rab.  II,  36,  37.)  =  Cf.  Les 
vins  de  Grave,  par  opposit.  aux  vins  de  Palus, 
récoltés  dans  les  terres  plus  ou  moins  humides.  = 
«  Ce  matin  (5  avril  1905),  vers  10  h.,  M.  B.  était 
cocupé  à  tirer  de  la  grave  dans  la  carrière  de  La 
Vallée  (Durtal),  quand  en  désagrégeant  un  bloc  de 
pierre,  il  se  produisit  un  éboulement  de  5  à  6  m.  de 
pierres  et  de  sable,  qui  ensevelit  le  malheureux.  « 
(Le  Petit  Courrier  du  vendredi  7  avril  1905). 

Graver  (Cho.,  Mj.,  Lg.,  Lrm.),  v.  n.  — 
Grimper,  gravir.  Doubl.  du  fr.  —  Syn.  de 
Grafugner,  Gravougner. 

Hist.  —  «  Si  quelqu'un  gravait  en  un  arbre  pen- 
sant y  être  en  sûreté,  iceluy  de  son  baston  empa- 
loit  par  le  fondement.  »  (Rab.,  G.  27.)  —  «  Issant 
de  l'eau,  roidement  montait  encontre  la  montagne 
et  devalloit  aussi  franchement,  gravait  es  arbres 
comme  un  chat.  »  (Rab.,  G.,  i,  23.) 

Gravette  (Mj.),  s.  f.  —  Grimpereau,  oiseau 
qui  grimpe  le  long  des  arbres.  —  Y. Graver. 

Gravogner  (Sal.),  v.  n.  — •  Ne  faire  que  peu 
de  chose. 

Gravougner  (Mj.),  v.  n.  —  Essayer  de 
grimper.  V.  Graver.  \\  Syn.  et  d.  de  Grafu- 
gner et  Gravouiller. 

Gravouiller  (Ag.),  v.  n.  —  Chatouiller.  — 
C'est,  non  pas  Gratter,  mais  plutôt  être 
démangé,  ce  qui  excite  à  se  gratter.  «  Je  sens 
eune  bête  qui  me  gravouille  le  long  des 
jambes.  >'  —  Après  avoir  pris  une  purgation, 
ça  vous  gravouille  dans  le  ventre,  ça  vous 
gargouille  dans  les  boyaux.  —  By.,  id.  — 
By.  Gravouiller,  c'est  grimper.  Les  enfants 
aiment  à  gravouiller  dans  les  âbres  pour 
déniger  des  nids.  —  Je  sens  eine  bête, 
eine  puce  qui  me  gravouille  le  long  de  la 
jambe. 

Et.  —  Ail.  Grabeln,  ramper  en  tâtonnant- 
(ScHEL.).  —  Se  dit,  en  particulier,  d'un  animal 
enfermé  vivant  dans  un  sac  ;  —  agiter  l'eau  avec 
la  vase  ou  le  gravier  ;  gratter  la  terre  ;  —  chatouil- 
ler ;  se  dit  particulièrement  des  insectes  qui  courent 
sur  la  peau  (Dott.).  —  Agiter  l'eau  avec  la  vase  ou 
a  grave  (de  Montess.). 


Gré  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  A  gré,  loc.  adj.,  — 
convenable,  comme  il  faut,  accommodant,  en 
parlant  des  personnes  ;  commode,  en  pari, 
des  ch.  —  Ex.  :  C'est  ein  homme  qui  est  ben 
à  gré.  —  C'est  point  n'a  gré  de  faire  comme 
ça.  N.  La  loc.  ital.  :  A  grado,  a  exactement  le 
même  sens.  j|  A  gré,  loc.  adv.  —  soigneuse- 
ment, avec  précaution.  Ex.  :  Mets  donc  ça 
là  ben  à  gré.  Syn .   Paré,  Sainement. 

Grefferies  (Mj.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Les  tra- 
vaux du  greffage  de  la  vigne.  Dér.  du  v. 
Greffer.  A  noter  que  ce  mot,  comme  la  chose, 
ne  date  que  d'une  dizaine  d'années  et  qu'il 
est  sans  doute  appelé  à  disparaître  bientôt.  Il 
a  été  formé  sur  le  modèle  de  Batteries,  Arra- 
cheries,  etc.  Ij  Au  sing.  Atelier  de  greffage  de 
la  vigne.  Cf.  Raserie. 

Et.  —  Grefe  était  un  mot  très  usité  dans  l'an- 
cienne langue  et  signifiait  :  poinçon  à  écrire.  Du 
grec  :  gràpheïn  (LItt.  ) 

—    «  Les  uns  se  prennent  à  escrire 
«  De  greffes  en  tables  de  cire, 
«  Les  autres  suivent  la  coustume 
B  De  fourmer  lettres  à  la  plume.  »  D.  C. 
—  Enchaînement  logique  :  1°  Greffe,  instrument  ; 
2°  greffer  avec  cet  instrument  :    3°  Greffe,   nom 
de  l'opération. 

Grégne  (Mj.,  Sp.),  s.  f.  —  Bout  d'un  pain, 
croûton.  i|  Donner  la  grégne,  —  passer  à  un 
autre  l'obligation  de  faire  l'ofTrande  du  pain 
bénit,  il  Au  fig.  —  Lorsqu'une  femme  est 
accouchée,  on  dit  qu'elle  a  donné  la  grégne  à 
celle  de  ses  voisines  dont  l'état  fait  prévoir 
qu'elle  sera  bientôt  mère  à  son  tour.  —  Autre 
forme  de  Grigne,  qui  se  dit  à  By.  ||  V.  Gri- 
gnoter. 

Gréier  (Mj.,  By.),  v.  a.  — ■  Gréer.  \\  Instal- 
ler, disposer,  organiser,  arranger,  en  général. 
Cf.  Agréier.  —  Ex.  :  Te  v'ia  ben  gréié,  —  il 
ne  te  manque  rien.  —  Gréier  un  cheval. 

-  Et.  —  Néerl.Gereide,gerei,  appareil;  all.gereiten, 
préparer,  mots  dér.  d'un  rad.  red  ou  reit,  disposer. 

Grêle  (Lue,  Lg.),  s.  f.  —  Un  crible.  —  Syn. 
et  d.  de  Guérie.  V.  Gréleur.  \\  By.  Ce  mot 
et  les  suiv.  se  pron.  Gherle,  etc. 

Grêlé,  ée  (Mj.),  part.  pas.  —  Rôti,  cuit 
dans  la  gréloire.  Syn.  Grâlé.  ||  Dont  les  habits 
annoncent  la  misère.  1  Marqué  de  petite 
vérole.  Syn.  de  Picoté. 

N.  —  On  dit  communément  de  qqn  dont  la  petite 
vérole  a  gâté  le  visage,  qu'il  est  grêlé,  et  l'on  consi- 
dère cette  express,  comme  le  part.  pas.  du  v.  Grêler, 
qui  indique  l'action  de  la  grêle.  —  Grêlé  ne  pourrait- 
il  pas  aussi  bien  se  rapporter  à  grêle  (crible),  puis- 
qu'on dit  de  ceux  qui  sont  fortement  marqués  par 
la  maladie  en  question  qu'ils  sont  «  criblés  »?  — 


Gre.  —  Beaucoup  de  mots  commençant  par  Gre 
se  prononcent  habituellement  comme  Gueur.  (V. 
Observât,  à  Bre),  et  même  comme  Gher,  gh'r, 
gheur.  Nous  aurions  même  préféré  l'orthogr.  par 
gh,  comme  exprimant  mieux  ce  que  cette  pronon- 
tciaion  a  de  sec  et  en  q(j.  sorte  d'aspiré  ou  de  gut- 
tural, si  elle  ne  nous  eût  point  semblé  parfois  très, 
bizarre.  (V.  Guer  et  Gueur.)  Jaub. 


GRELER  —  GRIBAUD 


449 


i'iiiir  les  marrons,  est-ce  parce  que  la  poêle  est 
pircée  de  trous,  comme  ungrêle,  ou  si  c'est  parce  que 
(ireil  était  syn.  de  Gril?  —  D.  C.  Graticula  (Mon- 

•>F.^). 


(jireleaii  (Mj.),  s.  m. 
«li^  Guérie,  Grêle. 

Grêler  (Mj.,  By. 

il. -s   marrons.   Ex. 
SUIS    de    châtains 
(i  râler 
li'inps 


Petit  crible.  Dim. 

V.  a.  —  Rôtir  au  feu, 
J'ai  acheté  pour  deux 
grêlées.     —     Doubl.     de 
Grêler  le  temps,  —  perdre  ou  tuer  le 
Cribler.  —  Dans  ce  sens  on  emploie 
aucoup  plus  souvent  Guerler.   Il  n'en  est 
pas  de  même  pour  les  acceptions  suivantes  : 
Cri.  1er  des  châtaignes,  —  les  rôtir  superficiel- 
lement, à  feu  nu,  dans  une  poêle  dont  le  fond 
ust  percé  de  trous  comme  un  crible,  comme 
une  guérie.  On  dit  aussi,  dans  ce  sens,  Grâler. 
—  On  prononce  qqf.  Grêler  et  Guierler. 
Hist.  —  V.  la  cit.  de  Rab.  à  Grâler. 
—   «  Aussi  viendront  de  Quelaines 
«  En  grand  nombre  les  fouassiers  ; 
«  Peuton  donra  des  châtaignes 
«  Pour  grâler  à  pleins  panie  s.  » 

[Noël  du  comté  de  Laval.  —  Dottin.) 

Greleur  (By.),  s.  m.  —  L'ouvrier  qui  ta- 
mise le  grain  à  la  grêle. 

Hist.  —  «  On  dit  en  Anjou  :  Grêler  de  l'avoine, 
qui  signifie  ce  qu'on  dit  à  Paris  :  cribler  de  l'avoine. 
Et  Grêle,  en  Anjou,  c'est  le  crible.  Dans  la  recette 
de  la  Prévosté  d'Angers,  imprimée  à  la  fin  de  la 
Coutume  de  V  Anjou  :  «  Tous  marchands  de  sâs  et 
de  grêles. —  De  cribulum  et  decribulare  (Mésage.) 

Grêleux  (By.),  s.  m.  —  V.  Greleur.  ||  On 
dit  :  Le  temps  est  grêleux,  —  à  la  grêle. 

«rêloire  (By.),  s.  f.  —  Poêle  percée  de 
trous  très  rapprochés  et  dans  laquelle  on  fait 
rôtir  les  marrons.  V.  Grâloire. 

tiréloux  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Celui  qui  crible 
le  blé.  Syn.  et  d.  de  Guerleux,  dér.  de  Grêle.  || 
By.  Pauvre,  avare.  Les  enfants,  après  un 
baptême,  crient  :  Parrain,  marraine  grêloux  ! 
lorsqu'on  ne  leur  jette  pas  assez  de  dragées  ou 
de  sous. 


adj. 


Rompu  de 


Grémi  (Z.  152,  Ti. 
fatigue,  foiiibu. 

Gré  mil,  s.  m.  —  Vulg.  Lilhospermurn.  Du 
celt.  Graun,  grain,  et  mil,  pierre.  (Mén.) 

Gr:-iiiillage  (AIj.,  Lg.),  s.  m.  —  Petites 
miettes.  ||  Grésil  fin,  petite  pluie  fine  et  très 
peu  abondante.  Ex.  :  Il  tombe  des  gréniillages. 
—  Ne  s'emploie  guère  qu'au  plur.  Cf.  Egre- 
miller. 

El.  —  De  granum  milii,  grain  de  mil?  (Litt.) 
Gréiiiilles  (Mj.,  By.),  s.  f.  pL  —  Petits 
grains  ou  granules  nombreux,  Syn.  moins 
usité  de  Gréinilluges.  \\  Z.  142.  —  Tout  petit 
niiirceau,  miette,  Grémillon  ;  petite  quan- 
lil''  formée  de  plusieurs  miettes  ou  gré- 
nulles  rassemblées.  —  V.  Jaub.,  à  Grume. 

<<remilleu\  (Lg.),  adj.  q.  —  Granuleux. 

«ireulilloa  (Sa.,  By.,)  s.  m.  —  Petit  gru- 
m.Mu,  petite  miette.  Syn.  de  Gremillage.  \\ 
Au  plur.  —  Rillots  ;  flocons  de  neige.  (Do.) 


Grenadier,  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  (gueriia- 
dier).  —  Au  fig.  Pou.  Ex.  :  lUy  a  des  grena- 
diers dans  cette  tégnasse-là.  Syn.  de  Pouée, 
Poueil.  Loup,  Loulou,  Groulaud,  Guin.  Gf 
Noble.  Ministre,  Monsieur.  \\  Sp.  —  Tirer 
au  grenadier,  —  s'esquiver. 

Et.  —  De  Grenade  ;  Granatum  (malum),  pomme 
à  grains.  —  G  enade,  sorte  d'obus,  —  insigne  de 
compagnies  d'élite,  dans  l'armée.  —  Serait-ce  des 
pous...  d'élite?  Cf.  Garnison  (et  :  punaises, 
troupes. . .  de  couverture.) 

Greneaux,  Grenots,  s.  m.  pi.  (Lue,  Ag., 
By.:  etc.).  —  Pois  ou  haricots  que  l'on  mange 
en  grains  verts,  par  opposit.  à  ceux  dont  on 
mange  la  gousse.  —  De  Grain.  V.  Graineaux. 

Gresillon  (Lue),  s.  m.  —  Grillon.  V.  Guer- 
zillon  (Li.,  Br.)  ;  au  pluriel,  Grelots.  —  Cf. 
Guerlet,  —  etler. 

Et.  —  DiEZ  tire  ce  mot  du  lat.  Gryllus,  grillon, 
gré-sillon,  comme  Oi-sillon,  d'avis,  et  pu-celle  de 
puila  ;  avis  a  donné  avicellus.  d'où  :  oisel,  et  dimi- 
nut.  secondaire  oisillon  ;  puUa,  puUicella,  pucelle  ; 
gryllus,  gryllicellus,  grisel,  gresillon.  —  Grillon 
vient  de  Gryllus  (Litt.) 
"■■  —   «  Le  gresillon  aux  prés  réjargonnoit, 

;       «  Perçant,  criard,  d'une  voix  égrissante.  » 
J  (L-  C.) 

B?.? —  «  Les  Poitevins  disent  :  un  grelet,  les  Ange- 
vins disent  un  :  gresillon,  et  les  Normands  un  : 
criet.  Il  faut  dire  un  :  grillon,  avec  les  Parisiens 

(MÉNAGE). 

Grète  (Lg).  —  V.  Guerte. 

Grétoiix,  ouse  (Lg.),  adj.  q.  —  Se  dit  du 
lin,  de  la  filasse  dans  lesquels  il  est  resté  des 
grêles.  Cf.  Guertes. 

Greune  (Sp.),  s.  f.  —  Graine.  .V.  Grune. 
Corr.  du  mot  fr. 

Greuselle  (Lg.),  s.  f.  —  Groseille.  Syn.  et  d. 
de  Gruselle,  Groiselle,  Guéroiselle,  Guer^ 
nioiselle,  Guermo inselle. 

Et.  —  Du  germ.  ha.  krausbeere,  Krauselbeere, 
proprement  fruit  crêpé  ;  de  Kraus,  crêpé,  et  beere, 
baie.  L'ail,  dit  Grosselbeere,  m.  à  m.  baie  du  grossel; 
c'est  de  là  que  vient  le  Grossulus  des  botanistes. 
Cf.  le  celt.  Groseid  ;  irl.,  Groseid,  emprunté  au  fr., 
selon  DiEz. 

Grezeller  (Do.),  v.  n.  — •  Grelotter.  Syn. 
de  Guerletter.  —  Sans  doute  pour  Grésiller,  de 
Gresillon.  Cf.  la  loc.  montj.  :  Trembler  comme 
ein  Guerlet,  et  aussi  Guerletter.  A  rapprocher 
de  Grezou.  V.  aussi  Guerzéler. 

Grezillé  (By.),  adj.  q.  —  Gelé  par  le  grésil. 

Grez-\eville  (Mj.),  n.  pr.  —  Grez-Neuville. 
L'e  de  la  syll.  ne  se  prononce  à  peine.  V 
Nevy.  N.  Cf.  Grenevelle,  petite  grenouille  des 
prés.  (Favre.)  —  By.  On  dit  Grez-Xeuville  et 
on  distingue  Neuville  et  Grez.  Natif  de  Neu- 
ville ;  aller  à  Grez.  Ce  sont  deux  pays  diffé- 
rents, quoique,  «  a  c't'heure  »,  un  pont  les 
relie. 

Grezou  (Do.),  adj.  q.  —  Frileux.  —  Faire 
le  grezou,  —  trembloter.  Cf.  Grezeller. 

Gribaud,  s.  m.  —  Tache  d'encre  sur  le 
papier.    Faire   des   gribauds   en   écrivant.    || 

29 


4  50 


GRIBICHE  —  GRIGOCHER 


By.  —  Je  préfère  Gribot,  d'où  Griboter.  Pé- 
trir de  la  boue,  comme  font  les  enfants,  se  dit 
Graboter,  d'où  Grabotage.  (R.  O.  est  du 
même  avis.) 

Et.  —  Gribouiller  ?  —  Du  holland.  Krabbelen, 
griffonner,  de  Krabben,  gratter,  même  mot  que  le 
ha.  graben,  creuser  ;  lat.  scribere. 

Oribiche  s.  f.  —  Personne  aigre  et  que- 
relleuse. Syn.   Griche-midi,  Harguégnoux. 

Gribot,  s.  m.  —  V.  Gribaud.  \\  By.  —  Insecte 
aquatique,  l'hydrophile,  et,  par  ext.,  tous 
gros  insectes,  coléoptères  et  autres  ;  en  par- 
ticulier les  cafards  ou  blattes.  Cf.  Barbot. 

Oribotage  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Saleté,  gri- 
bouillage. V.  Griboter.. 

Gribotas  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  V.  Gribotage. 
Cf.  Graissas. 

Griboter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Tapoter  dans 
l'eau,  pétrir  de  la  boue,  comme  le  font  volon- 
tiers les  enfants.  ||  V.  a.  Salir.  Ex.  :  Il  a  tout 
griboté  la  table.  —  Ce  mot  a  des  analogies 
avec  le  fr.  Gribouiller.  —  Syn.  de  Gassouiller, 
Gassoter,  Gourganger.  Syn.  et  d.  de  Graboier. 
Pour  Hatzf.  les  v.  fr.  Gribouiller,  Barboter, 
Barbouiller,  qui  sont  des  chefs  de  familles, 
ont  des  origines  inconnues.  Or,  avec  l'aide 
de  notre  patois,  nous  pouvons  établir  deux 
lignées  parfaitement  symétriques. 

Barbouiller     Gribouiller 

Barboter         Griboter 

Barbot.  Gribot 

dont  les  deux  termes  primitifs  sont  des  syn. 
exacts  et  p.  ê.  des  doublets  (R.  O.) 

Gribotier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Qui  aime  à 
barboter  dans  l'eau,  à  patauger  dans  la 
saleté.  V.  Griboter. 

Griclie-dents  (My.,  By.,  Mj.),  s.  m.  — 
Grince-dents.  {Revue  d'Anjou,  1880,  p.  182. 
Cél.  Port.) 

Hist.  —  «  Et  il  gela  le  jour  de  saint  René  si  fort 
que  toute  la  terre  estoit  couverte  de  neige,  et  les 
raisins  estoient  comme  s'ils  eussent  esté  deux  fois 
dans  le  four,  et  comme  cela  n'estoit  point  mur,  ils 
ne  rendoient  point  de  vin  ;  il  falloit  dix  ou  douze 
sommes  pour  faire  une  pippe,  non  pas  de  vin  mais 
de  verjus.  Ceux  qui  avoient  vendangé  avant  la 
gelée  furent  les  plus  heureux  ;  leurs  vins  ne  furent 
pas  roux  comme  les  autres  ;  mais  tout  cela  ne  fut 
pas  bon,  au  contraire  très  mauvais,  et  aussi  on  a 
nommé  le  vin  de  cette  année  1692,  le  vin  griche- 
dents.  » 

Grichée  (Mj.,  Lg.,  By.,  Sa..,  Bl.,  Do.),  s.  f. 
—  Grimace,  contorsion  qcque  du  visage.  Ex.  : 
A  fait  des  vilaines  grichées.  \\  Sp.  — -  Cri,  hur- 
lement, aboiement.  V.  Gricher.  ||  Fu.  —  I 
m'faisait  des  grichées  pendant  la  messe.  || 
Pat.  norm.  Grigée,  froncis  à  la  taille  d'une 
jupe. 

Grichc-iuidi  (Ag.,  By.,  Sal.),  s.  m.  —  Har- 
gneux, mauvais  caractère,  qui  n'est  jamais 
content  et  rechigne  sur  tout.  Cf.  Gribiche. 

Griclier  (Mj.,  Lg.,  Do.,  Li.,  Br.,  By.,  Sal.), 
V.  a.  —  En  pari,  des  dents,  les  découvrir  en 
relevant  les  lèvres,  comme  fait  un  homme  ou 


un  animal  en  colère.  —  On  dit  :  Gricher  les 
dents,  ou  :  des  dents.  «  Il  griche  des  dents  »,  — 
il  se  fâche.  —  Syn.  et  d.  de  Grincher.  Syn.  de 
Dépigner. 

Et.  —  Ce  mot  a  une  certaine  analogie  avec  le 
fr.  Grincher  et  Grincheux  ;  il  en  a  aussi  avec  le  latin 
Rictus,  qui  est  passé  en  français.  —  Syn.  et  d.  de 
Grincher. 

Gricheux  (Do.),  adj.  q.  —  Dur  et  calleux, 
en  parlant  d'une  surface. 

N.  —  Grincher  ;  se  dit  du  pain,  dont  la  chaleur 
du  four  fait  trop  lever  la  croûte.  Probablement  le 
même  que  grincer. 

Griesehe.  —  «  Nous  tenons,  en  Anjou,  que 
ce  fut  René,  roy  de  Sicile,  qui  les  (perdrix 
griesches,  rouges)  apporta  en  Anjou,  et  qu'on 
les  lui  avait  envoyées  de  Grèce.  »  (Ménage.) 

Grictte  (Sa.),  adj.  q.  —  V.  Guériette. 

Griffée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Coup  de  griffe, 
griffade.  Syn.  de  Oquerée. 

Et.  —  Griffer.  Ail.  greifen  ;  aha,  grifan  ;  goth., 
greipan  ;  angl.  to  gripe.  —  Griffe,  ail.  Griff. 

Grigne  (Mj.,  Te,  By.),  s.  f.  —  Endroit  par 
où  l'on  peut  saisir.  Ne  s'emploie  en  ce  sens 
que  dans  l'express.  :  la  grigne  du  cul.  Ex.  : 
Attends,  mon  méchant  clampin  ;  si  je  t'em- 
poigne par  la  grigne  du  cul,  je  te  vas  faire  pir- 
voler  à  pus  de  trois  pas  loin.  ||  By.  La  grigne 
du  cou.  Il  Grignon,  le  bout  d'un  pain.  \\  Gros 
morceau  de  pain  bénit  que  le  donateur  du 
jour  offre  à  la  personne  qu'il  présume  être 
disposée  a  offrir  le  pain  bénit  la  fois  suivante. 
V.  Grégne.  C'est  une  invitation  directe  à 
faire  cette  offrande,  et  celui  qui  accepte  s'y 
engage  par  le  fait  même.  —  Ce  mot  est  la 
rac.  du  fr.  Grignon.  —  Syn.  et  d.  de  Grégne, 
Guergne.  \\  S'emploie  dans  la  loc.  :  Chercher 
grigne,  —  chercher  noise,  querelle.  Syn.  de 
Niagre,   Nargue. 

Et.  —  Aucune  de  celles  que  j'ai  vues  n'est  accep- 
table. 

Hist.  —  «  A  l'égard  du  pain  bénit,  il  fut  présenté 
premièrement  au  célébrant  et  à  son  diacre,  à  l'autel 
secondement  à  lui  en  particulier,  la  grigne  seule 
sur  le  panier.  »  {Livre  des  Procureurs,  à  la  fin,  et 
Bullet.  histor.  et  monumental,  2«  série,  tome  II,  p.  157 
—  Cité  par  V  Abbé  Bretaudeau,  p.  94.) 

Grignoter  (Jm.),  v.  n.  —  Gronder.  V.  Gro- 

gnasser. 

Grignote  (Lg.),  s.  f.  —  Bribe  de  viande,  au 
fond  d'un  plat. 

Grignoter  (Mj.),  v.  n.  —  Remuer  sans  cesse, 
s'agiter,  avoir  de  petits  mouvements  brusques 
d'impatience,  se  trémousser.  N.  Ne  s'emploie 
pas  dans  le  sens  du  fr.  Grignoter,  dont  l'équi- 
valent est  Rôdigner.  Syn.  et  d.  de  Guergnoter. 
V.    Grégne. 

Grigocher  (Lg.),  v.  n.  —  Crisser.  Syn.  de 
Riqueter,  Grincher,  Ricoiner.  Ex.  : 

«  J'ai  vu  eine  anguille 
«  Qui  coiffait  sa  fille, 
«  Ein  vilain  hareng 
«  Qui  grigoch'  des  dents.  » 

(  Vieil'e  chun<t  >n  ) 


I 


GRILLE  —  GRIPPE 


451 


Oriile  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Gril.  Ex.  :  Mets 
donc  les  gogues  sus  la  grille. 

Et.  —  Grille  est  la  forme  fémin.  de  Gril.  Grille  est 
pour  Graille,  et  vient  du  B.  L.  graticula,  corr.  de 
craticula,  dimin.  de  crates,  claie,  grille. 

Grillé,  s.  m.  —  Coup  de  soleil  sur  la  ven- 
dange. (Méx.) 

Griller  (Mj.),  v.  n.  —  Eprouver  une  sensa- 
tion de  chaleur  à  l'épiderme,  causée  par 
l'impatience,  l'appréhension,  l'émoi. 

Grillettes  (Sp.),  s.  f.  plur.  — ■  Rillettes.  Syn. 
de  Grillons. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Griller.  Le  mot  fr.  Rillettes  est 
une  corr.  de  ce  mot.  V.  Rillois.  =  Darm.  tire  Ril- 
lette  du  vx  fr.  Rille,  tranche,  d'orig.  incert. 

Grillonnée  (Z.  149«,  Br.),  s.  f.  —  Rillettes. 

Grillons  (Tlm.,  Sp.),  s.  f.  plur.  —  Rillettes. 
Syn.  de  Grillettes,  Rille.  Dér.  du  fr.  Griller. 
L'existence  de  ce  mot  semble  prouver  que 
Rillettes  et  sa  rac.  Rille  sont  pour  Grillettes, 
Grille.  ||  Grillon,  —  Lg.  —  S.  m.  Portion  d'un 
mets  qui  s'est  attachée  au  fond  d'une  cas- 
serole et  qui  a  partiellement  rôti  ;  gratin. 
Syn.  de  Gratton,  Rochon,  Râclon,  Rimettes. 

Grillounnée  (Lg.),  s.  f.  —  Dépôt  plus  riche 
en  parcelles  de  viande  et  plus  pauvre  en 
graisse,  qui  se  trouve  au  fond  des  pots  de 
rillettes  ou  grillons. 

Grimaud  (Do.),  adj.  q.  —  Grognon. 

Et.  —  Dér.  de  Grime.  Grimaud  a  deux  sens,  celui 
de  mauvaise  humeur,  qui  se  rapporte  à  Grimer.  — 
Se  peindre  des  rides,  —  ital.  grimo,  ridé,  que  Diez 
tire  de  l'aha  Grim,  colère,  furieux,  avec  le  front 
ridé.  —  Aha.  Grimmizôn,  être  courroucé  (Ritt). 
Dabm.  y  voit  la  rac.  de  Grimoire,  pour  Gra- 
moire,  variante  dialectale  de  Grammaire  (latine, 
ininlelligil)le  au  m.  â  pour  le  vulgaire).  —  A  rap- 
procher du  latin  Acrimonia,  me  propose-t-on. 
Hum  ! 

Griiubolerie  (Ag.),  s.  f.  —  Gens  sans  aveu. 
C'est  de  la  grimholerie,  du  mauvais  peuple. 
Syn.  de  Pouillerie,  Meillauderie,  Hâlosserie. 

Grimoner  (Cp.),  v.  n.  —  Faire  des  efforts 
répétés,  se  fatiguer  beaucoup.  Syn.  de 
Odigner,  Bédasser.  \\  Sp.,  Sar.,  Do.,  By.  — 
V.  a.  Gronder,  réprimander,  rabrouer.  || 
V.  n.  Manifester  son  mécontentement  ;  gron- 
der, se  fâcher.  —  Syn.  de  Griniouner,  Gro- 
gnasser,  Gounneler,  Gourmiter,  Ratouner, 
Mogonner,  Mohonner,  Grouméler,  Grignoler, 
Gourinouler.  «  J'vas  grimoner  après  té  »,  dit 
une  grand'mère  à  son  petit-fils,  qui  fait  le 
méchant.   —  Cf.    Grimaud. 

Griuiouner  (My.,  Do.).  —  \'.  Grimoner. 
Grommeler. 

Griiupard  (Mj.),  s.  m.  —  Crépide  vireuse, 
herbe  commune  dans  les  prés,  assez  sem- 
blable au  pissenlit  et  qui  est  une  chicoracée 
lactucée.  Syn.  de  Bonhomme,  Cochet. 

Grimper,  (Mj.)  v.  n.  Hisser.  —  Forme 
nasalisée  de  Gripper,  s'accrocher  en  grim- 
pant. Ex.  :  Aile  avait  grimpé  son  queneau 
sur  eine  chaire. 


Grimpor  (Pell.),  s.  m.  —  Syn.  de  Grim- 
pard. 

Griucbe  (Sa.),  adj.  q.  —  Pierreux,  sablon- 
neux et  formé  de  granit  décomposé,  en  pari, 
du  sol,  de  la  terre.  Syn.  de  Guériette,  Griette. 
N.  Le  fr.  Grinchu,  grincheux,  pourrait  bien 
être  rapproché  de  ce  mot. 

Grincher  (Lg.),  v.  n.  —  Batifoler,  folâtrer, 
se  faire  des  agaceries  entre  garçons  et  filles. 
Syn.  de  Gouincer.  j|  Lg.  —  Grincer,  crisser. 
Ex.  :  Le  bœuf  grinche  des  dents.  Syn.  de 
Riqueter,  Grigocher,  Ricoiner. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Grincer  ;  a  donné  directe- 
ment le  fr.  Grincheux.  ||  Lg.  —  Découvrir  dans  un 
rictus  les  dents.  Syn.  et  d.  de  Gricher  et  du  fr. 
Grincer,  entre  lesquels  il  forme  la  transition.  = 
Malvezen  y  voit  la  rac.  celt.  Ger,  produire  un  son, 
un  cri.  Greîet  Grelot,  insecte  crieur  et  petite  boule 
creuse  qui  résonne.  —  Grillon,  insecte  crieur.  Grin- 
cer et  Grincher,  rechigner,  criailler,  en  parlant  des 
personnes,  et  racler  sur  la  pierre  ou  autres  corps 
durs,  en  parlant  des  choses.  Grincheux,  qui  est 
d'humeur  désagréable.  Gringoter.  pousser  de  petits 
cris,  en  parlant  des  oiseaux.  V.  Gringoter. 

Gringoter,  v.  n.  —  Chantonner,  gazouiller. 
Il  Lg.  —  V.  a.  Taquiner.  Syn.  de  Atticocher. 
Ex.  :  N'y  a  pas  à  le  gringoter,  car  il  n'est  point 
mangeant.  (Noter  le  jeu  de  mots.)  —  Doubl. 
de  Grignoter,  avec  un  sens  voisin.  i|  Lg.,  v. 
récipr.  se  Gringoter,  —  se  harpailler,  se  cha- 
mailler. Syn.  de  se  Dagoter,  se  Grabucher. 
V.  Bousine. 

Hist.  —  «  As- tu  ouï  le  rossignolet 

«  Tant  joliet  qui  i^T-tngoMaû.  " 

(Noéls  angev.,  11,  2). 

Gringuenette  (Lg.),  s.  f.  —  Gringuenaude. 
Touffe  de  poils  agglomérés  par  de  la  fiente. 

Gringuenotcs  (Do.),  s.  f.  pi.  —  Petites 
friandises,  menus  objets  de  frivolité,  de  toi- 
lette. 

Grioche  (Sa.),  s.  f.  —  Sorte  de  bézi,  ou 
poire  sauvage.  On  prononce  souvent  Gué- 
rioche. 

Et.  —  Griotte.  La  forme  première  est  Agriote  et 
semble  venir  du  grec  Agrioç,  sauvage. 

Grionnée  (Br.,  Zig.  149.)  V.  Grillonnée. 

Gripon,  s.  m.  —  Vulg.  Crucianella  rubia  à 
feuilles  rudes.  V.  Grippon. 

Grippe  (Mj.),  s.  f.  —  Action  de  gripper,  de 
saisir  avidement  et  adroitement. 

N.  —  A  l'issue  d'un  baptême  il  est  d'usage  que 
le  parrain  et  la  marraine  jettent  des  poignées  de 
dragées  et  de  menue  monnaie  aux  enfants  qui  se 
bousculent  pour  les  ramasser.  Cela  s'appelle  Jeter 
à  la  grippe.  —  By.,  id. 

Syn.  de  Grattaille,  Gohaille.  \\  De  grippe  et  de 
grappe,  —  en  grappillant  de  droite  et  de 
gauche.  Ex.  :  Il  a  ramassé  ça  de  grippe  et  de 
grappe,  —  de  bric  et  de  broc. 

Et.  —  Grippe  vient  du  fr.  Gripper,  ail.  zu  greifen, 
saisir.  —  Dans  l'express.  -.  de  grippe  et  de  grappe, 
ce  dernier  mot  est  amené  par  une  certaine  asso- 
nance qui  n'exclut  pas  une  grande  analogie  de 
sens,  témoin  le  fr.  Grappiller.  Du  reste  Grappe  a 
p.  ê.  la  même  origine  que  Grippe.  V.  Goutte-grappe 


452 


GRIPPE-JÉSUS  —  GROISELLE 


—  Cf.  Prendre  ses  cliques  et  ses  claques  ;  de  bric 
et  de  broc. 

Grippe-jésus  (Tlm.),  s.  m.  —  Gendarme. 
Syn.  de  Cogne,  Genderme. 

Hist.  —  Nom  donné  aux  gendarmes  parce  qu'ils 
arrêtent  même  des  innocents  et  qu'ils  n'ont  pas 
même  épargné  Jésus.  »  (Ch.  Nisakd,  p.  108). 

Gripper  (Li.,  Br.,  By.),  v.  a.  —  «  Tu  vas  te 
faire  gripper  »,  —  attraper  par  le.s  aspics.  Ij 
By . . .  par  les  épines,  et  même  par  le  garde, 
le  gendarme  ou  le  propriétaire.  Syn.  Piger. 

Grippe-tout-nu  (Lg.),  s.  f.  —  Sage-femme. 
Syn.  de  Bonne-femrtie,  Bonne  femme,  Mar- 
chande de  poupons,  Mère  tape  à  la  porte. 

Grippon  (Pell.,  By.),  s.  m.  —  Bardane. 
Syn.  de  Poires  de  vallée.  Poires  de  chiottes,  de 
chiots.  V.  Gripon.  ||  Insecte  dont  on  se  dé- 
barrasse au  moyen  de  certain  onguent  gris. 

Et.  —  Du  fr.  Gripper,  parce  que  les  fruits,  héris- 
sés de  crochets,  s'agrippent  aux  vêtements  et  aux 
cheveux. 

Grisard,  (Mj.),  adj.  q.  —  Grisâtre.  V. 
Blanchard. 

Et.  —  B.  L.  Griseus,  du  ix«  s.  ;  du  germ.,  anc. 
sax.  Gris,  qui  a  les  cheveux  blancs  ;  am.  Greis, 
vieillard. 

Grise  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Une  grive.  Orig. 
incert. 

Grise-gonelle,  s.  f.  —  Surnom  de  Geoffroy, 
comte  d'Anjou.  V.  Gonelle. 

Grisette  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Etoffe  grisâtre, 
à  chaîne,  fil  et  trame  coton,  qui  se  fabrique  à 
Gallard.  Très  solide,  elle  sert  à  faire  des  dou- 
blures. Elle  se  faisait  autrefois  de  couleur  gris 
uni  ;  aujourd'hui,  elle  est  plutôt  bleue. 

Grisou  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Granit  gris  de 
Bécon.  Il  Lg.  —  Granit. 

Hist.  —  «  1657,  28  avril,  sépulture  de  René  Guit- 
teau. . .  qui  estoit  de  présent  à  travailler  la  pierre 
de  •prison.  (Inv.  Arch.,  E  III,  393,  c.  2).  —  «  C'estoit 
de  pierres  de  gryson,  dont  un  esclat  coupa  la  gorge 
tout  oultre  à  Epistemon.  «  (Rab.,  P.,  II,  29,  198). 

—  «  Il  y  a  dans  le  cimetière  de  cette  paroisse  une 
pierre,  qu'on  appelle  du  grizon.o^m  sert  de  tombe.  ». 
(1736,  Inv.  Arch.,  E  II,  353,  2).  —  «  Thibault 
Chaussée,  sieur  de  la  Guisterie,  fit  planterunecroix 
de  grisou  près  le  verger  de  Villemoisant.  »  (1583, 
Id.,  S.  s.  E,  253,  1,  h).  —  «  Au  mois  d'octobre  1775, 
un  particulier  bêchant  un  champ  du  sieur  Cellier' 
en  la  paroisse  de  Chênehulte,  découvrit  un  tom- 
beau en  pierre,  connue  sous  le  nom  de  grison,  car- 
rière de  Doué...  (Extrait  des  Affiches  d'Angers. 
Anj.  hisL,  IIIo  an.,  137,  7).  —  Avec  le  granit  ou 
grison  de  la  Gâtine  et  du  Bocage.  »  (La  Trad.,  p.  38, 
1.8). 

Grisonuier  (Lg.),  s.  m.  —  Ouvrier  qui  taille 
le  granit.  —  V.  Grison. 

Gris-sourit  (Mj.),  adj.  q.  —  D'un  gris  qui 
rappelle  le  pelage  de  la  souris. 

Grivelin,  s.  m.  —  Nom  vulg.  du  chêne  à 
grappe.  (Mén.) 

Grivolé  (Lg.),  adj.  q.  —  Bringé.  Se  dit  du 
poil  d'un  animal.  Syn.  de  Pigarrelé,  Pivaré, 
Tapiné.  ||  By.  Grivelé,  verdelé,  pivéré. 


Et.  —  Grivelé  ;  mélangé  de  gris  et  de  blanc  ;  de 
Grive,  dont  c'est  la  couleur. 

Groas,  s.  m.  —  Gravier,  sable.  —  On  dit 
aussi  Croas.  Croas  de  Martigné;  terrain  sa- 
blonneux mêlé  de  gravier.  V.  Grave.  — 
Grohan,  Guérouas. 

Grocer,  Grosser,  v.  n.  —  Grogner,  gronder. 
V.  Grosser.  ||  By.  —  Crosser. 

Et.  et  Hist.  —  Grognir,  gronir,  grunir  grondir, 
groindre,  gondre;  —  gromir,  —  er  ;  groncier,  grocier, 
groucier,  v.  n.  Grogner,  gronder,  grommeler,  etc. 
—  Lat.  Grunnire,  grundire.  Germ.  Grumen.  — 
Grunzen  =  groucier. 

Groger  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Cueillir,  déta- 
cher, —  les  feuilles  des  arbres.  Ex.  :  Groger 
du  brout.  Syn.  de  Erufer,  Erufler. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Gruger.  Du  ba.  grusen,  écraser  ; 
holl.  gruisen  ;  rad.  gruis,  grain.  —  Groger  du  sel. 

Grognasser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Grom- 
meler souvent,  bougonner.  Syn.  de  Grimon- 
ner,  Grignoler,  Ratourner.  Cf.  Jatjb. 

Et.  —  Fréquent,  du  fr.  Grogner.  L.  Grunniro. 
Cf.  l'aha.  Grunî  :  angl.  groan  ;  kymri,  grwn.  La 
forme  régul.  est  Grunir,  xn«  s. 

Grogner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  G:onder.  Ex.  : 
La  mère  l'a  grognée  quand  aile  a  arrivé. 

Grognoux,  ouse  (Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Gro- 
gnon. 

Grohan,  s.  m.  —  Sable.  V.  Grave,  Groas, 
Guérouas,  Croas. 

Hist.  —  «...  et  dit-on  pour  vérité  que  César 
estant  au  pays  d'Anjou  fist  ediffier  et  construire 
un  chasteau  et  théâtre  pour  sa  demeure  hors  la 
ville  d'Angiers  et  prez  lun  des  portaulx  dicelle. 
lequel  est  à  présent  en  ruyne  et  est  en  langage 
angevin  appelé  grohan  (Bourdigxé,  16-)  —  «  Dans 
un  des  faubourgs  de  la  ville  d'Angers,  appelé  le 
faubourg  de  Bressigné,  il  y  a  une  hotelerie  appelée 
la  Côte  de  Baleine  ;  où  il  y  a  un  jardin  ;  et  auprès 
de  ce  jardin  il  y  avoit  une  vigne,  il  y  a  cinquante 
ans,  dans  le  milieu  de  laquelle  il  y  avoit  une  place 
en  ovale,  où  l'on  voyait  des  restes  d'un  amphi- 
théâtre ancien,  qu'on  appeloit  Grohan...  du  mot  B. 
bretgro\van,qui  signifie  encore  aujourd'hui  sable... 
on  appelait  Arènes  la  plupart  des  amphithéâtres... 
ocmme  il  paraît  par  la  rue  des  Arènes,  voisine  de 
cet  amphithéâtre  lorsqu'il  existait.  »  (MÉN.\f:E). 
N.  Il  serait  curieux  que  l'une  des  côtes  de  baleine 
qui  se  trouvent  au  Musée  provînt  de  rhôtellerie 
ci-dessus  désignée.  (A.  V.)  =  «  Vente  d'une  petite 
perrière,  en  1642,  avec  buttes,  groi's  et  rochers  qui 
sont  aux  environs  d"icelle.  «  Buttes,  rochers  et  vieux 
groys,  à  Trélazé,  à  la  carrière  de  l'Aireau.  »  — 
Grouas,  commune  des  AUeuds  ;  —  la  groaie,  la 
grouaie  ;  en  1342  ;  Locus  qui  dicitur  Les  Groes  en 
1239.  —  Les  croies  à  Chaloches,  en  1244.  (Cité  par 

MÉNIÈRE). 

Groiselle,  Guéroiselle  (Mj.,  By.),  s.  f.  — 
Groseille  à  maquereau.  Cf.  Castille.  Syn.  et  d. 
de  Gruselle,  Guermoiselle,  Guermoinselle. 

Et.  —  AU.  Kraûsel,  dans  Krauselbeere.  Le  radie, 
kraus,  crépu  ;  la  groseille  (à  maquereau)  a  la  sur- 
face crépue  et  épineuse  (ail.  stachelbeere,  baie  à 
épines).  Le  nom  s'est  communiqué  à  la  petite  gro 
seille,  qui  vient  par  grappes  (en  Anjou,  castille) 

Hist.  —  «  S'ensuit  la  mise  et  despense  pour. . . 
le  pain  à  faire  l'aumône...,  en  gros  boys,  fagods 
et  menaige,  8  sous  ;  en  groiselles,  12  s.  6  d.  ;  en 


GROISELLIER  —  GROUS 


453 


serises,  10  ri.  (1536.  —  Inv.  Arch.  G.  II,  296,  1).  — 

«  En  groyseiÙes,  12  d.,  en  sucre  candy  pour  deux 

pauvres  débiles,  6  d.  (1553,  ihid.,  H.  Suppl.,  57,1). 

«  Barbier,  or  viennent  les  groiseles, 

«  Li  groiselier  sont  boutonné.  » 

(Rutebeuf,  215.) 

Oroisellier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Groseillier 
à  maquereau. 

Cirôles  (Bg.),  s.  f.  —  Savates.  J'vas-t-y 
ben  me  mettre  dans  mes  grôlesl  Syn.  Pavanes. 

«rolle  1  (Br.,  By.),  s.  f.  —  Plante  ;  le  da- 
mier ;  Turnera  aphrodisia. 

Orolle  -,  s.  f.  —  Jeu  d'enfants.  Marelle. 
V.  au  Folk-Lore,  vu.  V.  Tire-poil,  Chaudron, 
Pied-pourri. 

Cirolle  ■'  (Li.,  Br.,  Do.,  By.,  Lue,  Mj.),  s.  f. 

—  Corbeau. 

Et.  —  D. après  Diez,  Graculus  ou  Gracula:  acul 
donnant  d'ordinaire  ail,  il  est  vrai,  mais  aussi  ol 
ou  eul,  com.  dans  l'a  f.  Seule,  desseculuni. 

Grolle  ^  (Mj.),  s.  f.  —  Pic  de  mineur  à 
manche  court  et  n'ayant  qu'une  seule  pointe. 

—  Le  même  que  le  précédent,  au  figuré. 

<)lrolleau  (Mj.),  s.  m.  —  Corneille.  Dim.  de 
GroUe..  \\  Mj.  —  Grolleau,  Gros-lot.  Sorte  de 
cépage  rouge  à  jus  peu  coloré,  de  maturité 
hâtive  et  très  productif,  mais  de  qualité 
infériuere. 

Càronclie  (Bo.),  s.  f.  —  Ne  se  dit  que  dans  : 
Poire  de  Gronche,  —  ancienne  espèce  de  poire. 

<{iroseillcs.  —  Chant  des  groseilles.  Paquet 
d'œufs  de  grenouilles,  ressemblant  à  des 
grappes  de  groseilles,  castilles,  cassis  (Segré). 
Les  paysans  soutiennent  mordicus  que  le 
chant  entendu  provient  de  ces  œufs.  Cf. 
Guernâselle.  Il  y  a  eu  confusion  avec  ce  mot 
et  Guermoiselle. 

Gros-lait  —  V.  Lait  glossé. 

«rosser  (Z.  141,  By.),  v.  n.  —  V.  Grocer.  Ni 
grosser,  ni  musser  ;  ni  remuer,  ni  faire  le 
moindre  bruit.  ||  Mj.  —  Bouger,  remuer.  L'o 
est  très  bref.  Ex.  :  I  n'en  grossait  pas.  ||  Mur- 
murer. I|  By.  On  dit  plutôt  Crosser. 

Hist.  —  «  Aucun  de  ses  familiers  groussoient  de 
ce  que  ilfesoit  desi  larges  aumosnes.  «(Saint  Louis. 
JoiNviLLE).  —  Greugia,  gravamen.  Gall.  Grief. 
«  Et  se  gens  encontre  moi  gror.ent 
«  Qui  se  tormentent  et  se  corrocent.  » 
{Rom.  de  la  Rose.) 

Grosserie  (Lg.),  s.  f.  —  Les  gros  ouvrages, 
les  travaux  peu  délicats.  Nom  collectif.  Ex.  : 
Dans  la  forge,  c'est  la  grosserie  qui  rapporte 
le  pus.  Il  By.  Grousserie. 

Grossier  (Lg.),  s.  m.  —  Marchand  en  gros 

Groiie  (Lg.),  s.  f.  —  Forte  gelée.  Dér.  de 
Grouer.  Ex.  :  Y  a  de  la  groue  à  matin. 

N.  —  Chose  curieuse,  je  retrouve  ici  ce  mot  qui 
vient  de  Grouer,  verbe  usité  à  Saint-Michel  ■  et 
Chanveaux,  mais  inconnu  au  Longeron  et  à  Mont- 
jean. 

Grouée  ',  s.  f.  —  V.  Groue.  —  \'.  aussi 
A  grouer. 


Grouée  ^  Pron.  Guerouée  (Do.,  Bg.,  By.), 
s.  f.  —  Grande  quantité  d'enfants,  —  d'oi- 
seaux ;  couvée.  —  Réunion  nombreuse. 

Grouer  ■'  (Do.),  v.  n.  —  Couver.  Se  dit  d'une 
poule  qui  cache  ses  poussins  sous  son  aile. 

Grouer  '  (Smc),  v.  n.  —  Geler.  —  A  Saint- 
Mars-la-Jaille  (Loire-Inf.),  on  pron.  Gué- 
rouer. 

Grouin  (Mj.,  By.).  .s.  m.  —  Groin. 

Et.  —  De  :  grogner  ;  lat.  grunnire.  Bourg,  groi- 
gnô  ;  prov.  groing,  grong,  et  au  fém.  groingna  ; 
ital.  grugno. 

Groulaud  (Mj.),  s.  m.  —  Larve  aquatique 
du  cousin.  ||  Pou.  Syn.  de  Pouée,  Poueil, 
Grenadier,  Guin,  Loulou. 

Et.  —  Du  pat.  Grouler,  parce  que  ces  larves,  par 
bandes  innombrables,  vont  et  viennent  sans  cesse, 
en  se  tortillant  sur  elles-mêmes  en  spirales,  du 
fond  à  la  surlace  des  eaux  stagnantes. 

Grouler  (Mj.,  Lg.,  By.,  Sal.,  Cho.,  Li.,  Br.). 
V.  n.  —  Bouger,  remuer.  Ex.  :  J'avais  eine 
peur  que  je  n'ousais  grouler.  \\  V.  a.  Remuer, 
mouvoir.  ||  Ça  groule  dans  la  coque  !  —  Cri 
des  marchandes  d'huîtres.  V.  Grouiller. 

Et.  —  Ce  mot  est  une  forme  adoucie  du  vx  fr. 
Crousler,  fr.  mod.  Crouler.  C'est  donc  un  doublet  de 
Crôler,  et  du  fr.  Grouiller.  Cf.  Boulir.  pour  Bouillir. 
—  Hist.  —  Parlant  à  un  homme  qui  a  le  mal  véné- 
rien :  «  Vous  n'avez  dent  qui  n'en  grolc.  >>  (L.  C).  — 
«  Ung  autre  jour  s'exerçoit  à  la  hache,  laquelle  tant 
bien  croulloyt  qu'il  feut  passé  chevalier  d'armes  en 
campaigne.  »  (Rab.,  G.,  23.). 

Groulonnée  (Mj.),  s.  f.  —  Grouillement. 
Ex.  :  Il  a  eine  groulonnée  de  pouées.  ||  Four- 
millement, cohue. 

Groulonner  (Mj.),  v.  n.  —  Remuer,  bou- 
ger un  peu.  Il  Grouiller,  fourmiller. 

Grouméler  (Lg.),  v.  n.  —  Grommeler.  Syn. 
et  d.  de  Gourméler. 

Grons  —  ousse  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Gros.  || 
Grousse -gorge,  —  goitre,  jj  Grous-houi,  — 
gros  bout,  et,  au  fig.,  le  derrière.  Ex.  :  Il  m'a 
tourné  le  grous-houi.  \\  Sp.  —  Avoir  le  grous 
ventre,  —  être  grosse,  enceinte.  ||  Fig.  — 
Prendre  queuque  chouse  ben  au  grous,  —  en 
être  très  affecté.  «  J'en  ai  grous  su'  l'cœur.  — 
Il  a  pris  ça  ben  au  grous.  N.  Cet  adj.,  devant 
une  voyelle,  est  toujours  suivi  d'un  t  eupho- 
nique :  Ein  grows-t-homme.  ||  Syn.  de  Magni- 
niagnas,  Grousse-Ugume.  Grous-c\x\,  gros  bon- 
net, personnage  d'importance.  ||  Lg.  —  S.  m. 
La  partie  la  plus  grossière  de  la  filasse  pei- 
gnée. Syn.  de  Reparon.  Ex.  :  Toile  de  grous.  \\ 
5lj.  —  Grous  riche,  —  richard.  Syn.  de  Ri- 
chaud.  Il  Mj.  —  Grous  de  la  grousse,  —  per- 
sonnage considérable.  ||  A  la  grousse,  —  gros- 
sièrement, sans  soin,  grosso-modo.  ||  N'avoir 
pas  grousse  mine,  —  n'avoir  pas  l'air  bien  por- 
tant. Il  A  grous,  —  par  grosses  bouchées,  lar- 
gement, sans  retenue.  On  dit  :  Manger  à 
grous,  se  moquer  à  grous,  mentir  à  grous,  etc. 
il  Sp.  Lalettre  en  est  hengrousse,  —  cen'est  pas 
compliqué,  pas  difficile  à  faire  ou  à  com- 
prendre. (De  même  qu'il  est  facile  de  lire  dans 


45^ 


GROUS-NAVEAU  —  GUÉCHER 


un  livre  imprimé  en  gros  caractères.)  !|  N. 
C'est  une  croyance  populaire  qu'il  ne  faut 
pas  entamer  un  œuf  à  la  coque  autrement  que 
par  le  gros  bout  :  entamer  le  petit  bout,  c'est 
s'exposer  à  empêcher  les  poules  de  pondre. 

Hist.  —    «  Et  rencontra  la  vendange  si  doulce 
«  Que  de  sa  peau  il  feist  une  bodine 
«  A  tout  le  peuple  admirablement  grousse 
(G.  C.  BUCHER,  282.  p.  256.) 
—   «  Aveux  rendus  à  la  baronnie  de  Chalonnes... 
par  René  de  la  Jumellière,  pour  son  hoste),  cour, 
douves,  jardrins. . .,  chesnayesdegroMsbois.  »  (Inv. 
Arch.,  G.  14,  2).  —  «  Mon  grand-père  autrefois  lisa 
«  Dans  in  grous  livre.  » 

{La  Trad.,  p.  202,  1.  33). 

Grous-naveaii  (Mj.,  By.,)  s.  m.  —  Bryone  : 
plante  cucurbitacée  dont  la  tige  longue  et 
grêle  s'accroche  par  des  vrilles  aux  arbres  et 
arbustes.  Syn.  de  Naveau-puanl,  Naveau- 
bourge.  Parc.  Ses  fruits  sont  appelés  :  Graines 
aux  douleurs. 

Et.  —  Cette  plante  est  ainsi  nommée  à  cause  du 
volume  de  sa  racine,  qui  atteint  souvent  la  grosseur 
de  la  cuisse.  V.  les  mots  Grous  et  Naveau. 


Grousse-gorge  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Goitre. 
\'.  Grous. 

Grousse-légume  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Person- 
nage d'impoî'tance.  Syn.  de  Grous-cul,  Magni- 
magnas,  Grous  de  la  Grousse.  V.  Grous. 

Grousseries  (Lg.),  s.  f.  pi.  —  Tous  les  effets 
de  laine,  de  coton,  de  couleur,  dans  une  les- 
sive, par  opposition  au  linge.  Lang.  des  la- 
vandières. Syn.  de  Dégraisserie.  Y.  Grosserie. 

Grousseur  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Grosseur. 

Groussier  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Grossier.  || 
Z.  146.  —  Frais  et  gras,  en  parlant  d'enfant. 
—  A  un  enfant  qui  revient  du  collège  :  «  Ah  ! 
comme  v's  êtes  groussier  (devenu  gras,  profi- 
té), mais  v's  êtes  plus  léger  d'esprit  (plus  ins- 
truit). »  —  ^lorannes. 

Groussièrement  (Mj.,  By.),  adv.  —  Gros- 
sièrement. 

Groussinière  (Sp.),  s.  f.  —  Nom  d'un  vil- 
lage de  la  commune  de  Saint-Maurice-la- 
Fougereuse,  situé  à  la  limite  des  Deux-Sèvres 
et  du  Maine-et-Loire  et  distant  de  Saint- 
Paul  de  trois  kilomètres.  ||  Fait  à  la  Groussi- 
nière, —  loc.  prov.,  —  fait  à  la  grosse,  sans 
soin.  Cette  expression,  très  usuelle,  est  un 
jeu  de  mots  local.  —  Fr.  Passer  au  gros  sas. 

Groussir  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Grossir.  || 
V.  réf.  se  Groussir,  —  se  couvrir  de  nuages,  en 
parlant  du  temps. 

Grousson,  s.  f.  —  Mamelle  gonflée  de  lait. 
—  Vx  mot  angev. 

—   «  Une  couverture  de  laine, 
«  Mais  elle  n'a  pas  de  grousson 
«  La  Vierge  et  mère  du  poupon.  » 

{Vieux  Noëls.) 

Grousteau  (Mj.),  s.  m.  —  Ancien  cépage  de 
mauvaise  qualité.  —  N.  C'était  sans  doute  le 
même  que  V Egrustaud. 

Grous   trenfle    (vallées   d'alluvions    de   la 


Loire),  s.  m.  ■ —  Appelé  aussi  Roulée.  Variété 
de  trèfle  à  fleurs  jaunes,  à  feuilles  tachées  de 
noir,  à  gousses  garnies  de  crochets  et  enrou- 
lées en  hélices,  dont  les  longues  tiges,  cou- 
chées et  liées  entre  elles  par  des  vrilles, 
forment  comme  un  immense  tapis  mouvant. 
Il  fait  le  désespoir  des  faucheurs,  qui  ne  sau- 
raient en  arracher  leurs  dards,  et  aussi  celui 
des  propriétaires,  car  il  déprécie  considéra- 
blement les  foins.  (René  Oxillox,  De  Vexploi- 
tation  des  terrains  alluviaux  du  val  de  Loire. 
Mémoire  couronné  par  la  Société  Industrielle 
et  Agricole  d'Angers,  le  29  septembre  1907.) 

Grous-ventre  (Lg.),  s.  m.  —  Maladie  des 
lapins,  caractérisée  par  l'enflure  du  ventre. 
V.  au  F.-Lore,  xvi.  ||  Sp.  —  Avoir  le  grous 
ventre,  —  être  enceinte.  V.  Grous. 

Gruau  (Lg.),  s.  m.  —  Terrain  très  rocail- 
leux et  où  la  couche  de  terre  labourable  est 
peu  épaisse.  Syn.  de  Guéruette,  Rochette, 
Rureau.  Cf.  Griette,  Guériette. 

Et.  —  C'est  le  radie,  de  Guéruette  ;  il  tient  au  fr. 
Gravois.  V.  Groas. 

Grucher  (Sar.,  Gp.),  v.  a.  —  Jucher,  —  un 
pot  sur  une  planche  ;  le  placer  en  l'élevant.  — 
Hucher?  Syn.  et  d.  de  Grucher.  —  Grimper,  — 
sur  les  toits.  (Li.,  Br.,  By.)  ||  Monter,  —  (Lue.) 

Grue  (Ag.),  s.  f.  —  Femme  de  mauvaise  vie, 
prostituée.  Syn.  Peau,  Pouffiasse. 

Gruère  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Gruyère.  Cf. 
Rruère,  Craion  (crai-on). 

Gruesche,  s.  f.  —  Jeu  de  volant,  ou  de  la 
gruesche. 

Et.  — «  Le  volant  était  paré  des  plumes  des  ailes 
de  perdrix  grièches.  »  —  Rab.,  G.,  dit  :  des  Griesches 

(MÉSAGE). 

Grugir  (By.),  v.  n.  —  Si  le  blé  est  en  pousse, 
le  soleil  le  fait  grugir,  c.-à-d.  sécher,  se  dorer. 
(Mén.)  — Cf.  Drugir. 

Grune  (Sp.),  s.  f.  —  Graine.  X.  Ce  mot  a 
vieilli  ;  on  dit  mieux,   aujourd'hui,   Greune. 

Gruselle  (Sp.),  s.  f.  —  Groseille. 
Et.  —  Doubl.  du  mot  fr.  et  de  Guéroiselle,  Guer- 
moiselle,  Guermolnselle,  Groiselle,  Greuselle. 

Grusellier  (Sp.),  s.  m.  —  Groseillier  à  ma- 
quereau. 

Guaisser  (Z.  137,  By.),  v.  n.  —  V.  Guesser. 
Se  dit  des  plantes  qui  poussent  en  étalant 
leur  pied,  en  bouées,  en  bouillées. 

Guana  (à)  (By.),  loc.  ad.  —  Arroser  à 
guana,  —  en  grand,  largement,  sans  ména- 
ger l'eau.  V.  Gana  (à). 

Guarir,  v.  a.  —  Guérir. 

Hist.  —  «  Je  le  pansai.  Dieu  le  guarit.  »  Ambr. 
Paré. 

Guayer  v.  a.  —  Agiter  le  linge  dans  l'eau 
en  le  lavant.  ||  By.  Guayer,  guécher,  guéné  ; 
pron.  :  ghéyer,  ghéé-cher,  ghéné. 

Et.  —  P.  f^.  pour  Aiguayer,  de  Aiguë.  V.  Eau, 
Guéyer. 

Guécher  (Br.,  Pc,  By.,  Do.,  Mj.),  v.  n.  — 


GUÈDE  -    GUENEILLON 


455 


Marcher  dans  l'eau  jusqu'à  mi-jambe,  ou 
plus  haut  ;  passer  à  gué,  guéer.  Syn.  de 
Gauiller.  —  Patouiller  dans  l'eau.  !|  Prendre 
de  l'eau  dans  sa  .chaussure  en  passant  un  gué. 
1  Mb.  —  S'embotter  de  boue,  avoir  les  pieds 
trempés.  ||  Sal.,  Guècher. 

Et.  —  Germ.  Waskan,  laver.  —  Cf.  Jaub.  à 
Gaujer.  Esp.  Esguazar. 

Guède  (Sp.,  Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans 
l'express.  :  Soûl  comme  eine  guède,  —  com- 
plètement rassasié,  tout  à  fait  ivre.  j|  Adj.  q. 
—  Ag.  —  Je  suis  guède,  —  je  n'ai  plus  faim.  !j 
Lg.  —  Gonflé,  ballonné.  Se  dit  de  l'homme  et 
des  animaux.  Syn.  de  Gonfle,  Embedouflé. 

Et.  —  Guéder,  rassasier,  est  :  Traiter  le  corps 
comme  le  teinturier  traite  une  étoffe  qu'il  guède, 
en  la  plongeant  dans  la  guède,  pastel,  teignant  en 
bleu  foncé.  Aha  weil  ;  ail.  Weid.  (Litt.).  =  «  Va. 
weidon  ;  am.  weiden,  paître.  «  Dont  je  me  suis  tant 
guéd'^  et  remply  que  j'en  crève.  »  Staparole.  (Éveil- 
lé.)) —  Bat.  Isatis  tinctoria.  —  V.  Guesdon. 

Guédé  (Sp.),  adj.  q.  —  Complètement 
perdu,  condamné  par  les  médecins.  —  A  rap- 
procher de  Guède.  —  Ménage  cite  ce  mot, 
dont  il  déclare  ignorer  l'origine.  Syn.  de 
Cuit,  Frit,  Foutu,  Rousti. 

Guée'  (Mj.),  s.  f.  —  Petit  peigne  à  carder. 

La  guée  est  un  petit  seran.  —  P.-ê.   pour 

Gueille,   dér.   de  Gueiller,  comme   Pouée  est 
pour  Poueil. 

Guée  ^  (By.,  Zig.  197),  s.  f.  —  Espace  non 
glacé  au  milieu  des  marais  ou  des  prairies. 

Gué^ane  (Mj.),  s.  f.  —  Charogne.  Doubl.  de 
Digane. 

Gueille  '  (Z.  145,  Br.),  adj.  —  Frisée.  On  dit 
d'un  enfant  frisé  naturellement  que  ses  che- 
veux gueillonnent. 

Gueille  '^  (Lg.),  s.  f.  —  Pan  de  vêtement 
par  lequel  on  tient  une  personne.  On  dira  d'un 
enfant  qui  suit  sa  mère  en  tenant  le  coin  de 
son  tablier,  qu'il  la  suit  à  la  gueille.  —  Se 
suivre  à  la  gueille,  c'est  se  suivre  à  la  queue 
leu-leu.  Il  Filaments  enchevêtrés.  Ex.  :  Quelle 
laine  est  par  matons,  a  se  tient  toute  par 
la  gueille .  ||  Au  figuré  se  tenir  par  la 
gueille,  —  être  intimement  lié,  associé, 
être  de  connivence.  A  Mj.,  on  dit  dans  le 
même  sens  :  Ils  se  tiennent  pa'  le  cul  comme 
des  hannetons. 

Et.  —  .le  proposerais  le  lai.  Caudicula,  diinin. 
de  Cauda.  D'ailleurs  il  me  paraît  évident  que  ce 
mot  a  donné  le  Mj.  Gueiller  (et  non  Guéier)  et  par 
suite  Guée,  pour  Gueille  (R.  O.). 

Lg.  —  S.  f.  plur.  —  Frusques,  hardes. 
Ex.  :  Si  t'as  fret  aux  dés,  folirre  tes  mains 
sous  tes  gueilles. 

Et.  —  Probablement  contr.  et  d.  du  fr.  Guenille, 
et  par  conséq.  de  Guenellle,  Ganicelle,  Hanicelle, 
H  en  icellc. 

Gueiller  (Sp.,  Lg.),  v.  a.  —  Carder.  H  Rin- 
cer, essanger.  Syn.  de  Aiguancer,  Tantouiller, 
Aiguaiccr.  ||  Pell.  —  Rincer  du  linge  à  l'eau 
claire.  Gorr.  et  abréviat.  de  Aiguayer.  Syn. 
de  Egaisser. 


Gueillon  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  guée. 

N.  —  La  signification  propre  de  ce  mot,  que  je 
viens  d'indiquer  d'après  rétymol.,est  oubliée,  et  i 
ne  s'emploie  plus  que  dans  la  loc.  pr.  Frisé  com.  ein 
gueillon,  —  se  dit  de  qqn  qui  n'est  pa.s  frisé.  Cette 
comparaison  est  plaisante  par  l'antinomie  qu'elle 
comporte.  V.  Friser.  Cf.  Frisé  comme  des  baguettes 
de  tambour.  |{  adj.  q.  —  Hérissé,  ébouriffé.  Ex  : 
Eine  poule  gueillonne.  C'est  le  nom,  pris  adjecti- 
vement. 

Gueillonner  (Ag.),  v.  n.  —  Friser,  en  pari, 
des  cheveux,  poils,  plumes.  . 

Guéion  (LVo.),  s.  m.  —  Syn.  de  Gardon, 
Vairon.  —  Dér.  probablement  du  fr.  Gué, 
parce  que  ce  petit  poisson  ne  vit  que  dans  les 
parties  peu  profondes  des  cours  d'eau. 

Guelte  (Ag.),  s.  f.  —  Remise  sur  une  mar- 
chandise défraîchie,  que  le  patron  fait  au 
commis  lorsque  celui-ci  réussit  à  la  vendre 
au-dessus  du  prix  de  liquidation. 

Guelté  (Ag.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'un  article 
défraîchi  et  mis  en  liquidation,  dans  la 
langue  des  commis  de  magasin.  V.  Guelte. 

Et.  —  Geld,  argent,  en  ail.  ? 

Guémanter  (se)  (Bg.,  By.,  Ag.,  Sal.),  v.  réf. 

—  S'informer,  se  renseigner.  ||  Qqf.  Se 
plaindre.  Syn.  de  Guimenter  {se).  V.  Guer- 
menter. 

Et.  —  Très  douteuse.  —  Ménage  le  fait  venir  du 
lat.  Quœrere  ;  cite  R.\b.  :  «  Et  toujours  se  gué- 
menle  à  tous  estrangiers  de  la  venue  des  coqueci- 
grues.  »  (G.  I,  49V  —  Au  sens  de  :  se  plaindre, 
du  lat.  queri.  —  On  trouve  Guermenter.  de  Quae- 
ritare  (Menace)  =  Guaimenter,  de  l'interjection 
Guai,  Wai,  exprimant  le  malheur,  la  douleur  ; 
aujourd'hui  Ouais  !  sur  le  patron  de  Lamenter.  — 

—  La  forme  Gairmenter,  Guermenter,  Garmenter, 
se  rattache  probablement  au  celtique  Gairm, 
Garmi,  —  crier.  (D'  A.  Bos.)  =  «  B.  L.  Gementare 
dim.  de  Gemere.  Se  guermanter  est  resté  dans  le 
pat.  norm.  avec  le  sens  de  :  se  tourmenter,  se  préoc- 
cuper. Dans  CoTGRAVE  :  s'enquérir,  s'informer 
(outre  l'autre  sens).  —  Moisy. 

Guène  (Lue,  Mj.),  s.  L  —  Humidité,  eau 
provenant  de  la  pluie  ou  du  brouillard.  Ro- 
sée, aiguail.  —  \'.  Aivail.  Cf.  Gàne,  dans 
Jatjb.  —  Gouttelettes  d'eau  suspendues  aux 
brins  d'herbe.  C'est  un  nom  collectif  toujours 
employé  au  singulier.  Ex.  :  T'as  été  te  pro- 
mener dans  la  guène,  te  voilà  tout  enfondu. 
V.  Guéner.  ||  Li.,  Br.  —  Id.  —  Tu  vas  dans  la 
guène,  ça  cottit  sus  ton  cotillon. 

Guéné  (Z.  136,  By.,  Ag.,  Mj.),  part  pas. — 
Mouillé,  trempé.  ||  Lue.  —  De  rosée,  ou  par  les 
herbes  humides,  —  plutôt  que  par  la  pluie.  \\ 
Fig.  Ivre.  Syn.  de  Inondé,  Vinaigré,  Verzélé 
etc. 

Gueneille  (Lg.),  s.  f.  —  Guenille.  Cf.  Feille, 
Béteille. 

Gueneillé  (Lg.),  adj.  quai.  —  Loqueteux. 
Syn.  de  Guenilloux,  Pénâillier.  \.  Gueneille. 

Gueneiller  (Lg.),  v.  n.  —  S'occuper  à  des 
futilités,  perdre  son  temps.  De  Gueneille. 

Gueneillon  (Lg.),  s.  m.  —  Guenillon. 


456 


GUENEILLOUX  -  GUERLAGE 


Oueneilloux  (Lg.),  adj.  q.  —  Loqueteux. 
Syn.  de  Impenâillé^  Gueneillé,  Emeillaudé.  \\ 
S.  m.  Marchand  de  guenilles.  Syn.  de  Guenil- 
lonnier. 

Guéner  (Mj.,  By.,  Lrin.),  v.  a.  —  Mouiller, 
en  pari,  de  la  pluie  ou  de  la  rosée.  !|  V.  n. 
Etre  trempé,  mouillé.  Ex.  :  J'ai  guéné  ein 
petit  en  m'en  venant.  ||  Cho.  —  Crotter. 

Guénette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Sainte  imagi- 
naire qui  a  pour  fonction  de  fesser  les  vieilles 
filles.  V.  Ebobeluche,  Guernuchon.  \\  By.  Sainte 
Ghenetle. 

Guenille  s.  f.  (Ag.).  —  La  voile.  «  T'amène- 
ras la  guenille.  »  Batellerie. 

Guenillon  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Petite  gue- 
nille, méchant  torchon.  ||  By.  Ghenillon. 

Guenillonnier  (Mj.),  s.  m.  —  Marchand  de 
guenilles.  Syn.  de  Guenilloux,  Gueneilloux. 

Guenilloux  (Tlm.,  By.,  Mj.,  Sp.),  s.  m.  — 
Marchand  de  guenilles.  Syn.  de  Guenillon- 
nier. Il  S.  et  adj.  q.  Loqueteux,  pauvre 
diable  dont  les  vêtements  sont  décliirés.  Syn. 
de  Impenâillc,  Emeillaudé,  Gueneillé'. 

Guenon  (Lg.),  s.  m.  —  Méchant  gamin.  Ne 
se  dit  que  des  garçons.  Ex.  :  Attends,  mon 
vilain  guenon.  —  C'est  le  mot  fr.  détourné  de 
son  sens. 

Et.  —  MÉNAGE  le  fait  venir  de  Genone,  ablatif 
de  l'inusité  Geno,  qui  a  de  grandes  joues  ;  de  même  : 
Naso,  qui  a  un  grand  nez;  Capito,  une  grosse  tête; 
Labeo,  grosses  lèvres  ;  Dento,  de  grandes  dents.  = 
ScHELEBle  tirs  du  vha  Quena,  femme  :  angl.  quean. 
Cf.  ital.  Monna,  même  sens,  contract.  de  Madonna. 

Guénoux  (Lg.),  adj.  q.  —  Mouillé,  humide. 
Syn.  de  Guéné.  \\  Boueux.  —  Syn.  de  Cas- 
soux,  Ganouilleux,  Gassoilloux,  Pitroilloux. 

Guenuclie  (Lg.),  s.  f.  —  Méchante  ga- 
mine. Ex.  :  Attends,  va,  ma  petite  guenuche  ! 
Diminut.  fantaisiste  de  Guenon. 

Guêper  (Tlm.),  v.  a.  et  n.  —  Piquer,  taqui- 
ner qqn.  le  faire  monter  à  l'échelle.  On  dit 
aussi,  improprement  :  Faire  guêper,  —  faire 
enrager.  — -  N.  Beaucoup  pron.  Guimper. 

Et.  —  Guêpe.  L.  Vespa,  p.-ê.  avec  influence  du 
germ.,  aha  Wafsa  ;  am.  Wespe,  comme  le  témoi- 
gnerait le  gu,  si  toutefois  le  mot  ail.  ne  vient  pas  du 
lat.  (Li"T.). 

Guêpere  (Lg.),  s.  f.  —  Guêpier.  V.  Guê- 
pier e. 

Guêpière  (Lg.),  s.  f.  —  Guêpier.  V.  Guê- 
père.  Syn.  de  Burgaudière. 

Guêpiner  (Lcg.),  v.  a.  —  Taquiner.  «  Une 
telle  me  reprend  parce  que  je  ne  parle  pas 
bien  ;  elle  ne  fait  que  de  me  guêpiner.  V. 
Guêper. 


Guer.  —  Se  dit  souvent  pour  Gr.  Guerdin,  giier- 
nouille,  pour  Gredin,  grenouille.  —  Se  pron.  aussi 
Gueur.  (V.  G  et  Gre.)  S'est  écrit  par  Gh.  —  Jean 
Gherdeau.  Syll.  initiale  ou  intercalaire  (Jaub.)  1|  By 
—  PréfèreGher. 


Guêrche  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  La  crèche.  Syn 
et  d.  de  Querche. 

Guërcliette  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Un  roitelet. 
Syn.  de  Bourrichon,  Babertaud.  Doubl.  de 
Gorgette?  N.  Plutôt  pour  Grieschette,  dim.  de 
Griesche,  parce  que  le  plumage  de  cet  oiseau 
rappelle  celui  de  la  perdrix. 

Guerdeau  (Segr.),  s.  m.  —  Mauvais  lit  ou 
galetas.  Le  guerdon  était  le  lit  qu'on  donnait 
au  soldat  pour  se  reposer  pendant  qu'il  était 
en  campagne.  (Mén.)  Syn.  Chénier. 

Guerdin  (Mj.),  s.  m.  —  Gredin.  |!  Pell.  — 
Lepte  automnal.  Syn.  de  Bouget,  Bougeon.  — 
C'est  le  mot  fr.  prononcé  à  l'angevine  (Y. 
Guer)  et  pris  à  Pell.  au  fig.  ||  Lg.  —  Adj.  q. 
et  s.  Grigou,  avare,  ladre,  pingre.  Pas  d'autre 
sens.  Syn.  de  Bâpin,  Bâchoux,  Tacarin. 
C'est  le  mot  fr.  pris  dans  un  sens  spécial. 

Et.  —  Gredin.  Du  germ.,  a.  scand.  Grad,  faim  ; 
goth.  Grêdus  ;  angl.  Greed.  l®"'  sens  :  mendiant. 

Guerdon,  s.  m.  —  Récompense.  I|  My. 
Danse. 

Et.  —  BL.  Widerdonum  sous  Charles-le-Chauve 
—  Suivant  Diez,  le  mot  german.  d'où  guerredon 
dérive  est  l'aha  widarlôn,  de  widar,  en  retour, 
contre,  et  lôn  récompense,  avec  cette  remarque  que 
le  lat.  donum,  don,  a  influé  sur  la  forme  du  mot.  Il 
est,  en  efl'et,  très  probable  que  c'est  donum  qui  a 
donné  le  d  dans  toutes  les  langues  romanes  (LiTT.) 
=  «  Pour  ce  que  je  ne  vueil  que  nulz  face  jamais 
bien  pour  le  guerredon  de  paradis  avoir,  ne  pour  la 
poour  d'enfer,  mais  proprement  pour  l'amour  de 
Dieu  avoir,  qui  tant  vaut,  et  qui  tout  le  bien  nous 
puet  faire.  »  [Joinville.  —  L.  G.) 

Guère,  adj.  —  Peu.  On  dit,  à  tort  :  pas 
guère,  pour  pas  beaucoup,  peu  :  «  Je  n'en 
ai  pas  guère,  —  signifie  réellement:  je  n'en  ai 
pas  peu,  donc  :  beaucoup 

Et.  —  Le  mha  a  unvveiger,  pas  beaucoup,  qui 
suppose  un  simple  :  weiger,  beaucoup.  Le  w  =  g. 

Guerger  (Z.  152,  Ti.),  v.  a.  —  Gruger, 
écraser,  émietter.  Cf.  Egro'igner.  Du  fr. 
Gruger. 

Guergne  (Lg.),  s.  f.  — -  V.  Grégne,  Grigne. 

Guergneau  (Lg.),  s.  m.  —  Gros  morceau 
de  pain.  Syn.  de  Calibier,  Bine,  Cargnon, 
Calot. 

Et.  —  Pour  Grégneau,  dim.  de  Grégne.  C'est  pro- 
bablement le  doubl.  de  Cargnon,. 

Guergnoter  (Lg.),  v.  n.  —  Remuer  sans 
cesse,  frétiller.  Syn.  et  d.  de  Grignoter.  \\ 
Grignoter.  Syn.  de  Bôdigner. 

Guériette  (Sa.),  adj.  q.  —  Pierreuse, 
caillouteuse,  en  pari,  d'une  terre.  On  dit  aussi 
Terre  griette.  Syn.  de  Grinche.  Cf.  Gruau. 

Et.  —  Sous  sa  forme  Griette,  ce  mot  pourrait  se 
rapprocher  de  Grinche.  Le  subst.  Mj.  Guéruette  est 
un  doubl.  de  cet  adj. 

Guérioche  (Sa.),  s.  f.  —  V.  Grioche. 

Guerlagc  (By.,  Mj.),  s.  m.  —  Pron.  Gher- 
lage,  pour  Grêlage,  nettoyage  à  l'aide  de  la 
guérie.  —  Guerler,  Guerleux,  pour  Grêle, 
Grêler,  Grêleux  (gu  =  gh).  —  On  dit  aussi  : 


GUERLE  —  GUERNE 


457 


un  grêleux  ou  un  guerleux.  —  C'est  le  cri- 
blage. 

Guérie  (Lue,  Mj.,  etc.),  s.  f.  —  Crible  pour 
le  blé  ;  un  tamis,  une  grêle  (Bl.) 

Hisl. —  «  Pour  l'achat  d'une  grêle  pour  nectaier  les 
bledz.»  (1439.  —  Inv.  Arch.,  H.  Suppl.,  51,  2). 

Giierleau  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Sorte  de 
guérie  à  larges  trous  ronds,  qui  laissent  passer 
le  grain  et  retiennent  les  pierres.  On  l'ap- 
pelle aussi  :  Rond.  V.  Guérie. 

Guerler  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Cribler.  Cf 
Grêler.  De  là,  probablement,  l'angl.  to 
whirl,  faire  tourner,  faire  tourbillonner.  Le  w 
angl.  remplace  très  souvent  notre  gu.  (R.  O.) 

Hist.  —  «  Recette  de  M.  Faultrier  l'aîné  des 
rentes  qui  sont  dues  au  prieuré  de  Juigné-la-Prée, 
paroisse  de  Morannes,  nettes  et  grêlées,  mesure  de 
Morannes,  rendues  audit  prieuré.  »  (1776.  —  Inv. 
Arch.,  H  I,  147,  2.)  —  «  Aporter  les  bledz  des  gre- 
niers en  l'aire  et  iceulx  faire  grêler.  »  (1467.  —  Id. 
H.  Suppl.,  54,  2).  —  «  Plainte  contre  le  fermier  du 
temporel  qui  prétend  lui  payer  le  gros  qui  lui  est 
dû  «  net  de  poussière  seulement  «,  et  non  «  net  et 
grdé  »  comme  l'obligent  la  pratique  et  les  aveux.  » 
(1729.  —  Id.  G,  30,  2,  mil)  —  «  Pour  le  sallaire  de 
six  hommes  mis...  à  apporter  les  blez  des  gre- 
niers en  l'aire  et  iceulx  faire  grêler.  »  (1467.  —  Id., 
S,  s.  H,  54,  2,  30).  —  V.  F.-Lore.  I,angage,  vm. 

Guerler  l'eau  :  c'est  retirer  la  seine  sans 
prendre  de  poisson  ;  il  y  a  qq.  rapport  avec 
grale,  grêler.  (Mén.)  ||  Als.  —  «  Mon  gars  est 
lâche  et  mou  comme  si  le  guiâbe  (diable) 
l'avait  gherlé.  » 

Guerlet'  (Mj.),  s.  m.  —  Grillon  domestique- 
Il  Trembler  comme  un  guerlei,  —  très  fort- 
Syn.  de  Guerzillon,  Cri-cri.  N.  On  sait  que  le 
grillon  est  très  frileux  et  qu'il  se  tient  le  plus 
qu'il  peut  dans  les  foyers  des  maisons.  ||  Lg. 
—  Trou  dans  une  chaussée  qui  laisse  couler 
l'eau.  Syn.  de  Pissoux,  Renard.  —  Cf.  Jaub., 
à  Grelet.  ||  P>y.  Gherlé,  petit  gibier,  genre 
canard. 

Et.  —  Pour  Cxrelel,  doubl.  du  fr.  Grillon. 
L'express,  proverb.  citée  ci-dessus  est  curieuse,  car 
elle  indique,  selon  moi,  que  le  verbe  Grelotter  dér. 
de  Guerlet  ou  Grelet.  Le  nom  fr.  Grelot  est  un  dé- 
rivé et  non  le  rad.  de  Grelotter.  (R.  O.) 

Guerletter  (!\Ij.),  v.  n.  —  Grelotter,  ti'em- 
bler  menu.  V.  Guerlet.  Syn.  de  Grezelter. 

Guerleuv  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Individu  qui 
crible  le  blé.  —  N.  Au  Lg.,  on  dit  plutôt 
Greleur. 

Giierlotter  (Lg.),  v.  n.  —  Grelotter.  Syn. 
et  d.  de  Guerletter. 

Guermeille  (Lg.),  s.  f.  —  Grain,  miette,  petit 
fragment  dur  d'un  corps  émincé,  petit 
nodule  dur  dans  un  fruit.  —  Doubl.  et  syn. 
de  Grémille. 

N.  —  Nous  avons,  dans  notre  patois,  toute  une 
série  de  mots  appartenant  à  cette  famille  :  Gré- 
mille,  Guermille,  Guermeilloux,  Grémillages.  Le  fr. 
lui-même  en  a  au  moins  un,  Grémil,  plante  borra- 
ginée,  à  graines  lisses  et  dures,  duquel  Hatzfei.d 
croit  devoir  rattacher  le  nom  au  fr.  Mil,  avec  un 
préf.  Gré.  d'origine  indéfinie.   J'estime,  pour  ma 


part,  que  tous  ces  vocables  dérivent  d'un  mot 
hypothétique  Gremicella,  ou  Gramicella,  pour 
Granicella.  dimin.  du  lat.  Granum.  Autre  chose.  La 
forme  Guermeille  nous  ramène  directement  à  ce 
vx  mot  Mj.  si  curieux  :  Guermoiselle  ou  Guermoin- 
selle,  qui  s'est  altéré  en  Guéroiselle,  Groiselle,Gru- 
selle,  Greuselle,  et  qui,  j'ose  le  dire  maintenant,  est 
le  prototype  du  fr.  Groseille.  Ce  dernier  vocable  est 
dérivé  par  Hatzfeld  de  l'ail.  Kraus.  On  me  per- 
mettra de  mettre  en  doute  la  valeur  de  cette  éty- 
mologie,  en  présence  de  la  filiation  si  nette,  du 
pedigree  si  authentique  que  je  viens  de  découvrir. 
Est-il.  du  reste,  un  fruit  plus  Guermilloux  que  la 
Groseille,  la  Guermoiselle,  la  Gremicella"?  (R.  0.) 

Guermeilloux,  ouse  (Lg.),  adj.  q.  —  Gra- 
nuleux. Il  Dont  la  pulpe  renferme  des  nodules 
ligneux  et  durs  sous  la  dent.  Se  dit  des  fruits, 
et  spécialement  des  poires.  Sjm.  de  Pierreux. 
Dér.  de  Guermeille.  Pour  Grémilloux,  dér. 
de  Grémilles. 

Guermenter  \'.  Guementer. 

Et.  —  Ce  verbe  présente  deux  sens  :  Se  plaindre, 
s'occuper,  se  donner  des  soins.  =  «  Guermenter, 
Garmenter.  Se  plaindre.  «  Laquelle  Jehannelte  qui 
moult  s'était  guennentie  et  complainte  audit  Jehan- 
nin,  demoura  et  ne  les  voult  plus  suyr.  »  (L.  C.)  = 
Querimoniare.  Se  garmenter,  se  guermentir.  —  Se 
plaindre.  «  .Jehan  Bressaict  ayant  trouvé  un  jeune 
homme,  qui  se  garmentoit  estre  herbergié  en  un 
hostel  où  il  n'eut  point  de  jeu,  etc.  (1389).  —  «Après 
que  la  suppliante  sceut  que  sa  maîtresse  se  gar- 
mentoit iceulx  biens  avoir  perduz,  les  rendi...  » 
(1145).  —  Désirer,  marquer  de  l'empressement.  — 
Se  donner  des  soins.  «  L'empereur  se  guermenta 
d'aller  voir  la  royne  ;  si  luy  mena  le  roy.  »  (1375.) 

—  i<  Lesquelz  six  compagnons  se  garmentoient  de 
trouver  du  vin  et  vivres  pour  leurs  maîtres.  »  (1375) 

—  «  Lequel  Jehan  dist  à  yceulx  gens  d'armes,  qui 
se  garmentoient  d'avoir  des  femmes,  que  Colin  avoit 
une  ribaude  à  un  village  près  d'illec.  »  (D.  C.) 

Gueriuoinselle  (Mj.),  s.  f.  —  \".  Guermoi- 
selle. 

Guernioirer  (Mj.),  v.  a.  —  Etreindre, 
pétrir,  écraser,  fouler.  Ex.  :  Guernioirer  la 
vendange.  Syn.  et  très  voisin  de  Eguermeiller. 
Il  Manier  sans  précaution.  Ex.  :  Son  petit 
frère  n'aime  point  du  tout  qu'a  le  prenne  à 
son  cou,  pasqu'a  le  guermoire  trop  fort.  Syn. 
de  Biiul<tiig(*r,  Hnrbeugner. 

Guermoiselle  (Mj.),  s.  f.  —  Groseille  à  ma- 
quereau. Syn.  et  d.  de  Guermoinselle,  Groi- 
selle,  GruseUe.  Cf.   Guermeille.   Bret.   Grenozel. 

Guermoisellier,  Guermoinsellier  (^Ij.),  s. 
m.  —  Groseillier  à  maquereau. 

Guernâselle  (Auv.),  s.  f.  —  Syn.  de  Pou- 
poute.  Longue-haleine. 

Et.  -^  Ce  mot  est  pour  Grenâselle,  qui  est 
presque  un  doubl.  du  fr.  Grenouille.  En  effet, 
Guernâselle  ou  Grenâselle  dérive  d'un  diminut. 
Ranuncella,  du  lat.  Rana,  très  voisin  du  dim. 
Ranuncula,  qui  a  donné  Grenouille. 

N.  —  Pour  ne  pas  avoir  de  puces  dans  l'année,  il 
sutTit,  la  première  fois,  qu'on  entend  la  Guernâ- 
selle, de  frapper  sur  un  lit  qqs  coups  de  baguette. 
Telle  est,  du  moins  à  .\uverse,  la  croyance  popu- 
laire. Cf.  Groseille. 

Guerne  (Do.),  s.  f.  —  Mauvais  couteau, 
Syn.  de  Goudrille,  Senard. 


^i58 


GUERNETTE  —  GUÉROUÉE 


Guernette  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Rainette. 
Doubl.  de  Arnette.  H  Sal.  Il  est  guernette,  —  il 
a  bu  un  coup.  Syn.  Verzelé,  Pompette. 

Giiernier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Grenier.  —  Cf. 
Angl.  Garner. 

Hist.  «  Monsieur  l'curé,  cirez  vous  bottes 
«  Pour  venir  m'y  marier, 
«  Car  dans  mon  cœur  l'amour  galope 
«  C'est  com'  des  rats  dans   n'ein  guernier. 

Giiernillonnier,  s.  m.  —  Marchand  de  gue- 
nilles. Syn.  de  Guenilloux.  Dér.  de  Gue- 
nilloux.  V.  Guenillonnicr. 

Guernollle.  —  Bruit  qu'on  obtient  en  pres- 
sant sur  le  ventre  d'un  animal  qui  a  trop  bu. 
(Mén.)  L'eau  est  souvent  appelée  :  jus  de 
grenouille.  V.  GuernouiUe,  Gnernouiller.  \\ 
Lg.  —  Grenouille. 

Guernoiselle  s.  f.  —  Triton  aquatique.  — 
Signe  de  beau  temps  lorsqu'il  chante  le  soir. 
(G.  Fkaysse,  p.  146.)  Cf.  le  doubl.  Guer- 
nâselle. 

GuernouiUe  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Grenouille. 
V.  Guer.  \\  Pissée  de  guernoiiilles,  —  averse 
insignifiante.  ||  Bouillon  de  guernouille,  eau 
pure.  Il  Fig.  —  Magot,  trésor.  Syn.  de  Cra- 
paud, Magousse,  Boursée.  N.  A  Mj.,  comme 
au  Lg.,  on  dit,  proverbialement,  d'un  nigaud  : 
C'est  pas  de  sa  faute  si  les  guernouilles  n'ont 
point  de  queue  !  V.  Guernoille. 

Guernouiller  (Z.  145,  Br.,  By.,  Mj.,)  v.  n.  — 
Faire  un  bruit  ressemblant  au  coassement  de 
la  grenouille,  en  parlant  des  boyaux,  —  des 
borborygmes.  Ex.  r  Ça  me  guernouille  dans  le 
ventre.  ||  Br.  Zig.  145.  _  V.  a.  —  Guer- 
nouiller les  boyaux,  les  secouer.  ||  Barboter. 

Guernouillère  (By.),  s.  f.  —  Marécage 
peuplé  de  grenouilles.  —  Un  quartier  de 
Montjean,  la  partie  basse  du  Rivage,  située 
immédiatement  au  pied  du  coteau,  s'appelle 
la  Guernouillère.  Non  sans  raison,  car  ce  fut 
certainement  et  pendant  longtemps  un  maré- 
cage. 

Hist.  —  «  Si  je  ne  boy,  je  suis  à  sec,  me  voilà 
mort.  Mon  âme  s'enfuira  en  quelque  grenoillère.  » 
(Rab.  g.  I,  5.  13.) 

Guernouselle  (Sa.),  s.  f.  —  Rainette,  ou 
sorte  de  petit  crapaud.  Syn.  de  Cloue,  Grais- 
ser, Guernâzelle.  Doubl.  de  Guernoizelle. 

Guernucher  (Do.),  v.  n.  —  Boire  avec  bruit 
dans  un  vase.  ||  Sal.  —  Remuer  l'eau  sans 
raison,  —  ou  les  lèvres  sans  boire. 

Guérois.  —  V.  Aférouer. 

Gueroiseau  (Sp.),  s.  m.  —  Grésil.  Pour 
Groiseau,  qui  est  un  doubl.  du  mot  fr. 

Guéroisélier  (Mj.),  s.    m.   —   Groseiller   à 
maquereau. 

Guéroiselle  (Mj.),  s.  f.  —  Groseille  à  ma- 
quereau. V.  Castille.  Corr.  du  fr.  Groseille. 
Syn.  et  d.  de  Gruselle,  Groiselle,  Guermoiselle, 
GuermoinselJe.  \.  GuermeiUe. 

Guérouâillage  (Mj.),  s.  m.  —  Menus  gra- 
vois  ;  dimin.  de  Guérouas. 


Guérouâiller  (Sp.),  v.  a.  —  V.  Eguérouail- 
1er. 

Guérouas  (^Ij.),  s.  m.  —  Pierre  cassée  en 
morceaux  de  diverses  grosseurs,  dont  on  se 
sert  pour  remblayer.  On  désigne  surtout  sous 
ce  nom  les  déblais  des  carrières  et  des  fours  à 
chaux.  Il  Fu.  —  Guérouai,  —  groas.  —  Terre 
pierreuse  qu'on  retire  au-dessus  de  la  bonne 
pierre,  quand  on  veut  ouvrir  une  carrière. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Gravois.  —  Hist.  —  «  Chacun 
pescheur  doibt  mettre  sur  ladite  turcye  (levée) 
chacun  an  deux  challondrées  de  groy^  de  chacune 
deux  chartées.  «  (1561.  —  /ne.  Arrh.,  H.,  Supp  , 
p.  58,  col.  2.) 

N.  —  Challondrée.  Le  contenu  d'un  chaland  ou 
chalon.  Cette  dernière  forme,  souvent  usitée  vers 
les  xv"  et  XVI'  s.,  a  disparu,  aussi  bien  que  son  déri- 
vé :  challondrée.  |I  Ordinairement  Grouas,  Groas, 
Grohan.  L'amphithéâtre  de  Grohan,  à  Angers.  Nul 
rapport  d'étym.  avec  gravier.  C.  Port. 

Guéroué-bouilli  (By.),   —    «  Quand,   dans 

une  famille,  une  jeune  fille  n'est  pas  économe, 
on  dit  d'elle  :  «  A  verra,  quand  a  s'ra  à  son 
guéroué-bouilli,  »  —  c.-à-d.  à  son  ménage,  à 
son  compte,  à  ses  coches.  (Pc.)  Cette  locut. 
est  expliquée  par  la  prononciation  Guériau- 
bouilli,  —  où  Guériau  est  pour  Gruau.  Syn. 
de   Pouilloux. 

Guérouée  (Mb.,  My..  Mj.,  Sal.,  By.,  Cho., 
Lue,  Z.  136),  s.  f.  —  Rassemblement,  foule, 
amas  de  personnes  ou  d'animaux.  Aux  envi- 
rons de  Cholet,  ce  mot  est  syn.  de  Fribolère. 
V.  Carroil.  \\  Aller  en  guérouée,  —  pour  arra- 
cher les  genêts.  (Mb.)  Les  fermiers  venaient 
en  nombre  et  prenaient  chacun  trois  sillons 
dans  toute  la  longueur  du  champ.  Celui  qui 
arrivait  le  premier  après  avoir  arraché  les 
genêts  était  victorieux.  ||  Prononcez  G'rouée. 
—  Mon  correspondant  donne  comme  ex.  : 
Une  boule  qui  n'a  plus  de  vitesse  s'arrête, 
elle  est  g'rouée.  —  Ce  n'est  plus  le  même  sens. 
V.  Guérouer.  \\  Guérouée,  Bouillard,  Bouillée. 
(Bri.)  Il  y  a  des  nuances.  On  dit:  Une  g- lérouée 
de  poulets  ;  ils  sont  réunis  en  tas,  autour  de 
vous  ;  —  un  bouillard  de  canards  ;  ils  sont 
éloignés  et  un  peu  dispersés  ;  —  une  bouillée 
de  joncs,  —  une  liasse  de  joncs.  Ces  trois  mots 
ne  vont  pas  l'un  pour  l'autre.  (By.)  ||  Une 
couvée.  Il  Une  grande  quantité  de  n'importe 
quoi,  il  V.  à  Sarper  la  citât,  de  Déniait. 

Et.  —  Guérouée  est  pour  Grouée  et  me  paraît  se 
rattacher  à  la  rac.  lat.  Greg.  de  Grex,  gregis,  trou- 
peau, par  Gregatam,  part.  pas.  de  Gregare.  La 
forme  primitive  a  dû  être  Grevete.  puis  Greuéte  et 
enfin  Grouée,  et  Guérouée,  par  la  chute  du  t. 
Agrouer  serait  le  d.  du  fr.   .\gréger  (R.  O.). 

Hist.  —  «  Tôt  de  même,  fallut  bé  faire  querame 
lé-z  aôtres,  et  y  partchis  avec  tote  ine  grouée  dau 
pays  qu'étchiant  (qui  n'étaient)  jà  pus  décidés 
que  ma  (H.  Bourgeois.  Histoires  de  la  Grande 
Guerre,  p.  219.)  —  «  Alors  les  paysans  organisaient 
une  guérouée,  c.-à-d.  une  réunion  de  travailleurs  à 
laquelle  étaient  convoqués  une  vingtaine  de  gars 
des  plus  vigoureux. . .  S'agissait-il  encore  de  broyer 
ou  de  nettoyer  le  lin  ?  une  guérouée  de  filles  se  ras- 
semblait aussitôt. . .  les  guerouées  étaient  tellement 
à  la  mode  qu'on  en  convoquait  toujours  quelqu'une 
quand  il  s'agissait  d'un  travail  important.  »  (De- 


GUÉROUER  —  GUERZILLON 


459 


\rACr,  Histoire  de  la    V.,  t.   I,  p.   60,  61). 


Le 


iidi  saint,  la  mère  Victoire  avec  ton  le  la  ouerrouée 
il(  ses  petits  enfants  revenait  de  visiter  le  paradis 
.!'■  Chanteloup  (Vendée  Cath.,M  mars,  1907,1,  6). 

(iiiérouer  (Z.  102),  v.  n.  —  Engourdir,  par 
le  l'ioid.  Il  Fr.,  Cnd.  —  Geler.  —  V.  Guérouée. 
(.)ni)ad  une  boule  s'arrête,  faute  de  vitesse,  on 
<lil  qu'elle  est  gu'rouée.  ||  Z.  102.  Cajoler,  ber- 
ciT.  —  Bg.  ||  V.  Guerrouer  et  Grouer. 

<Juerouèt,  adj.  q.  —  Caché  (Bl.)  Les  oi- 
si_'aux  sont  guérouèt  sous  les  ailes  de  leur  mère. 
V.  Guérouée.  —  T  final  du  lat.  Gregatum. 

Ouerpi,  ie  (Mj.),  adj.  q.  —  Infesté;  grouil- 
lant. Ex.  :  Aile  est  guerpie  de  pouées,  ceté 
pâgnon-là.  —  Velà  ein  voiler  qui  est  guerpi 
de  rainsins.  Syn.  de  Confondu,  Ejoisé. 

Et.  —  Je  trouve  bien  :  guerpi,  vx  m.  fr.  inusité, 
laisser,  abandonner,  —  d'où  Déguerpir.  De  l'ail, 
werpen,  jeter,  B  L.  werpire  (Ménage)  ;  mais  Je  ne 
vois  pas  le  rapport  avec  le  sens  de  notre  patois.  — 
N.  Mj.  —  L'origine  de  ce  mot  est,  en  effet,  bien 
obscure,  surtout  à  cause  de  ses  synon.  et  voisins  : 
Guertu,  Guerti.  Guersi.  Si  Ton  s'en  tenait  à  la  forme 
mont].,  on  pourrait  le  rapprocher  de  l'angl.  Warp, 
chaîne,  touée,  ou  Wharf,  entrepôt,  magasin.  Mais 
les  autres  formes  se  rapportent  plutôt  à  Guérie. 
Pour  Guerpi  il  y  a  encore  le  fr.  Crépi  ?  ? 

Ouerpins  (Z.  26^^  Als:),  s.  m.  pi.  —  Ai- 
guilles de  sapin,  tombées  à  terre. . .  Pourrait 
être  pour  Guerte  de  pins.  V.  Raviée,  By. 

ftuerrouer.  V.  Guérouer,  Grouer.  Avoir  les 
maïni>  gi/errouées,  c'est  les  avoir  glacées.  — Le 
linge  est  giierroué,  gelé.  (Segr.)  —  On  dit  alors 
que  M.  de  Serrant  a  passé  par  là.  —  La  terre 
est  guer rouée. 

Giierseler  (Tlm.),  v.  n.  —  Faire  entendre 
un  léger  bruit.  Ce  mot  a  probablement  la 
même  rac.  que  Guerzillon.  \\  Se  trouver  inter- 
dit, rester  sans  réponse  à  une  observation. 
(Segr.)  — ]\IÉNIÈRE. 

Giiersille  (à)  loc.  pr.  —  En  abondance.  — 
Ce  pommier  a  des  pommes  à  guersille.  — 
Guersillée,  grande  quantité.  —  A  guerzi, 
à  foison.  Il  By.  Ghersille. 

Oiicrsiller  (Lg.),  v.  n.  —  Pétiller.  Se  dit  du 
feu.  C'est  le  fr.  Grésiller,  dans  un  sens  local.  || 
By.  Gherziller. 

Guerte  (Mj..  By.,  Sal.),  s.  f.  —  Fragment 
ligneux  de  la  tige  du  lin  ou  du  chanvre  que 
l'on  a  broyé.  Ex.  :  Je  vas  chauffer  le  four  avec 
des  guertes.  —  N.  Ne  s'emploie  guère  qu'au 
pluriel.  —  V.  Grète.  \\  Pell.  —  Petit  chien- 
dent, chiendent  roquart?  Il  Bg.  V.  Piqueriées. 
Enveloppe  du  grain  dans  l'épi  de  blé,  d'a- 
voine, de  seigle,  etc.   ||  By.  Gherte. 

N.  —  Paraît  être  le  même  q>ie  l'angl.  Hards, 
Hurds,  —  chénevottes. 

Guerti  (Bg.,  By.),  adj.  q.  —  Bondé,  farci, 
couvert.  Eti-e  guerti  de  vermine,  de  pouées  ; 
de  dettes.  —  Ça  n'n'est  guerti,  —  c'en  est 
plein.  V.  Guerpi,  Guersi,  Guertu.  \\  Bv, 
Gherfi. 

Guertu  (Pell.),  adj.  q.  —  Tout  infesté,  tout 


grouillant,   garni,   couvert,   rempli.   Syn.   de 
Guerpi,  Guerti,  etc. 

Guéruette  (Sa.),  s.  f.  —  Outil  de  labour 
assez  semblable  au  huau,  ou  vau,  et  servant 
également  à  ouvrir  les  raizes  ;  mais  la  Gué- 
ruette a  des  versoirs  hélicoïdaux  en  fonte, 
tandis  que  ceux  du  huau,  ou  vau,  sont  plans 
et  formés  de  simples  planches.  La  Gué- 
ruette est  un  huau  perfectionné. 

Guéructtes  (Mj.),  s.  f.  plur.  —  Terrain  très 
pierreux.  Ex.  La  vigne  veint  vrai  ben  dans 
ces  guéruettes-Xk.  —  Cf.  Griettes,  Guériette, 
Masureau,    Gruau,    Rackette,    Rureaux. 

Et.  —  Ce  mot  est,  par  métathèse  très  commune» 
pour  Grevette,  Gravette  (Cf.  les  Graves  du 
Bordelais).  C'est  ce  mot,  Grave,  qui  a  donné  Gra- 
vois  ou  Guérouas.  Quant  aux  formes  Guériette  et 
Grieite  ce  sont  des  corruptions  de  Guéruette. 

Guerzais  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Feu  guerzais,  —  feu  follet, 
effluve  lumineuse,  lueur  phosphorescente. 
Le  mot  est  vieux  et  de  sens  peu  précis.  — 
Ce  vocable  curieux  est  pour  Grézais,  Grégeais, 
Grégeois. 

Guerzeiller  (T.,  Zig.  203).  v.  n.  —  Trembler 
de  froid.  Syn.  de  Fribler,  Guerletter. 

Guerzeler  (Bri,  By.),  v.  n.  —  Pour  Grézeler, 
de  grésil.  Comme  Aguerrouer,  pour  agrouer 
(ager,  agri)  ;  bérouette  (boérouette),  pour 
brouette  ;  quercir  pour  :  crécir,  crévir.  Cf. 
Occire,  jj  Bg.  —  C'est  une  nouvelle  que  j'ai 
entendue  querzeler,  —  raconter  à  voix  basse.  || 
Z.  155.  —  Attraper  froid.  ||  Tlm.  —  Faire 
entendre  un  léger  bruit.  ||  By.  Gherzeler. 
Attraper  froid,  avoir  des  frissons.  ||  V.  Gré- 
zelier.  —  Guersiller,  Guerzeler,  Guerzeiller. 
C»>s  trois  doublets  sont  aussi  des  syn.  Je 
n'admets  pas  l'explication  par  Grésil.  Je 
je  les  dérive  du  fr.  Crécelle,  que  je  ferais 
venir  du  lat.  Granicella.  Les  sens  de  Tlm. 
et  du  Lg.  viennent  à  l'appui  de  ma  thèse. 
V.  Guerzillon  (R.  O.) 

Guerzille  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la 
loc.  :  Poire  de  guerzille,  —  ancienne  espèce  de 
poire  à  peau  très  brune  et  ayant  la  forme 
d'une  pomme.  Cf.  Guersille  (à). 

N.  —  Variété  de  besis  ou  poires  à  demi-sauvages 
qui  ont  pour  caractère  d'être  très  pierreuses  (Mj.). 

Et.  —  Je  regarde  ce  mot  comme  un  doublet 
indiscutable  du  fr.  Gvose'iWe,  pui.Groiselle.GreuseUe, 
Gruselle,  Guéroisellc,  Guernoiselle,  que  je  dérive  du 
lat.  Gramicella,  Gremicelle.  V.  Guermcille. 

Guerzillon  (Mj.),  s.  m.  —  Grillon  des 
champs.  Syn.  de  Guerlet.  ;|  Fig.  —  Petit 
jouet  d'enfant,  hochet,  formé  d'un  grelot  en- 
fermé dans  un  petit  tambour  ajouré,  sup- 
porté par  un  manche.  ||  On  désigne  aussi  sous 
ce  nom,  à  cause  de  la  forme  du  calice,  une 
herbe  commune  le  long  des  chemins  ;  tige 
carrée  haute  de  0"^30  ;  feuilles  penninervées, 
simples,  dentées,  opposées  décussées  ;  fleurs 
jaunes  à  calice  gamosépale,  renflé  en  bourse, 
ou  grelot,  et  aplati  ;  '»  divisions  ;  corolle  ga- 
mopétale irrégulière  ;  la   lèvre  supérieure  à 


f,C^O 


GUERZOU  —  GUEULE  DE  LION 


2  lobes  peu  marqués,  l'inférieure  à  3  lobes 
égaux  ;  4  étamines  épigynes  réunies  par  leurs 
anthères  ;  ovaire  aplati,  surmonté  d'un  long 
style.  Lorsqu'elle  est  abondante  dans  un  pré, 
elle  en  déprécie  le  foin,  car  elle  passe  pour 
vénéneuse.  (Va.)  —  N.  Peut-être  le  Rhi- 
nanthus  major.  Encore  nommé  Cocriste, 
Crête  de  coq  (Alectorolophos).  Famille  des 
Personées  ou  Scrofulariées,  tribu  des  Mélam- 
pyrées.  Toutes  celles-ci  sont  semi-parasites  et 
certaines  radicelles  s'implantent  dans  les 
racines  des  végétaux  voisins.  En  particulier, 
Melampyrum  arvense  (vulgo  ;  rougeole,  blé 
rouge,  blé  de  vache,  rougette,  queue  de 
renard). . .  cause  du  ravage  dans  les  champs 
de  blé  des  terrains  calcaires  en  épuisant  la 
plante.  —  Plutôt  :   silène. 

Et.  —  Corr.  de  Grillon.  —  Hist.  —  «  Les  gre- 
zillons  de  dévotion.  »  (Rab.,  P.  II,  7).  —  «  Au  cricri 
cadencé  et  monotone  des  suersillons.  »  {Anj.  hi-t., 
2«  ann.,  n'>3,  578.) 

N.  —  Hatzf.  dérive  le  fr.  Grillon  d'une  forme 
popul.  Grillionem,  et  du  lat.  class.  Grillus,  tout  en 
observant  que  le  fr.  popul.  dit  Grelet  ou  Gresillon. 
En  Anjou,  nous  disons  en  effet  Guerlet  et  Guerzillon. 
Or,  malgré  tout,  je  suis  tenté  de  croire  que  c'est 
cette  dernière  forme  qui  a  donné  le  fr.  Grillon. 
J'observe,  en  efTet,  que  nous  ne  donnons  pas  seule- 
ment le  nom  de  Guerzillon  à  l'insecte  de  nos  foyers, 
mai»  aussi  au  hochet  des  petits  enfants,  sorte  de 
tambour  dans  lequel  dansent  des  graines  (granicella) 
sonores.  Ce  serait  par  un  trope  que  le  nom  aurait 
passé  à  l'insecte,  comme  il  a  passé  aussi  à  une 
plante  dont  le  calice  est  renflé  en  forme  de  tambour 
(silène)  Il  a  pu.  du  reste,  y  avoir  rencontre  et 
contamination  de  deux  formes,  l'une  dérivée  de 
Grillum,  Grillionem,  l'uatre  de  Gronicella.  En  tout 
cas  je  ne  puis  plus  admettre  que  Guerzillon  soit 
une  corr.  du  fr.  Grillon  (R.  O.). 

Guerzon  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Maladie  des 
poules.  «  La  poule  a  le  guerzou  ;  elle  est  triste 
au  réveil,  ne  cherche  pas  à  manger.  »  V.  Choc 

«uesde,  s.  f.  —  Plante  tinctoriale.  V. 
Guède,  Guesdon. 

Giiesdon,  s.  m.  —  Id.  «  Nous  disons,  en 
Anjou,  Guesdon,  herbe  dont  se  servent  les 
teinturiers.  » 

Et.  —  De  Guastum  ou  Guasdum  (Pline,  xxn> 
1  ).  Cité  par  Mékage.  —  Bat.  Isatis  tinctoria,  pastel 
des  teinturiers.  Guêdé. 

Giiesse,  s.  f.  —  Ce  nom  se  donne  aux  îlots 
boisés  de  la  haute  et  basse  Loire.  B.  Gué. 
(MÉN.)  V.  Guesser. 

Guesser  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  n.  —  Taller, 
drageonner,  produire  des  rejets,  des  tiges 
secondaires.  Syn.  de  Jitouner.  —  Cf.  Jaub.,  à 
Gâcher.  [1  Cho.  —  V.  a.  Mettre  en  terre  une 
plante  pour  la  faire  taller. 

N.  —  De  là,  Guesson,  dimin.  très  usité  de  Guesse- 
Ce  dernier,  dérivé  direct  de  Guesser,  n'est  pas  em- 
ployé comme  nom  commun,  mais  il  existe  comme 
nom  propre  à  Montjean  et  à  Chalonnes.  L'île  de 
la  Guesse,  à  Mj.,  est  un  petit  îlot  secondaire,  latéral 
à  la  grande  île  et  situé  dans  la  boire  du  Moulin.  A 
Chalonnes,  la  Guesse  est  un  village  et  un  lieu  dit  qui, 
font  partie  de  la  grande  île.  Mais  celle-ci  est  formée 
très  évidemment  d'une  foule  d'îlots  que  des  atter- 


rissements  ont  soudés  les  uns  aux  autres.  —  V. 
Guesse. 

Guesson  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Rejet,  talle, 
œilleton,  pousse  au  pied  d'une  plante.  V. 
Chiasse,  Nule,  Jiton, 

Gnétin  (Lg.),  s.  m.  —  Dimin.  familier  de 
prénom  Augustin.  Syn.  de  Gustin,  Tintin. 

Guétrage,  s.  m.  —  Réception  d'un  compa- 
gnon qui  n'avait  le  droit  de  porter  des  feutres 
aux  jambes  pour  son  travail  aux  ardoisières 
qu'après  avoir  été  guêtre  par  un  ouvrier.  Au 
moment  du  guétrage,  le  parrain  faisait  avec 
un  clou  une  croix  sur  la  guêtre,  puis,  au 
4«  point,  offrait  l'outil  destiné  à  l'apprenti  ; 
c'est  alors  que  le  vin  blanc  coulait  à  flots. 

(MÉNIÈRE.) 

Guêtre  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Traîner  ses 
guêtres,  —  rôder,  errer,  vagabonder.  ||  Dévi- 
rer ses  guêtres,  —  mourir.  On  dit  dans  le 
même  sens  :  Tourner  de  l'œil. 

GuétroD,  s.  m.  ^^  Houdin. 

Guette  (à  la)  (Lg.).  —  Etre  à  la  guette,  — 
çiu  guet. 

Guette-à-cheniin  (Sp.),  s.  m.  —  Bandit, 
voleur  de  grand  chemin  ;  Guettei'  à  chemin. 

Hist.  —  «  Là  nous  fut  dict  être  une  manière  de 
gens,  lesquels  ils  nommaient  guetteurs  de  chemins 
et  batteurs  de  pavés.  «  (Rab.,  P.,  v,  36.) 

Guelte-guette  (Ag.).  —  Dans  la  loc.  : 
Etre  en  guette -guette,  dans  l'attente,  dans 
l'anxiété. 

Guetter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Barrer  le 
chemin  à,  empêcher  de  passer.  Ex.  :  J'ai  mis 
un  lusset  à  la  cour  pour  guetter  les  poules.  || 
Guetter  le  chat.  V.  Chat. 

Et.  —  Aha.  Wathan,  veiller,  garder. 

Gueulage  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Gueulerie. 

Gueulard  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Bavard. 
C'est  un  syn.  de  Goulard,  mais  qui  ne  se  prend 
qu'en  très  mauvaise  part.  Un  goulard  est  un 
bavard  bon  enfant,  qui  cause  pour  causer  et 
sans  penser  à  mal.  Un  gueulard  est  un  ba- 
vard indiscret,  frondeur  et  insolent. 

Gueule-  (ou  Goule)  d'empeigue  (By.,  etc.), 
s.  f.  —  Mauvaise  langue.  «  Queu  gueule 
d'empeigne  !  »  By.  —  Plutôt  :  goule.  \\  Se  dit 
aussi  d'un  ivrogne  invétéré  :  «  Parce  que, 
à  force  de  boire,  on  s'est  endurci  la  gueule  en 
manière  de  cuir  d'empeigne  ;  on  est  blindé.  » 
(LoR.  Larch.)  —  Au  mot  Gueule,  je  relève 
cette  singulière  expression  :  «  Se  faire  jeter 
la  gueule,  —  s'embrasser.  (Pc.)  Faut-il 
comprendre  :  jotter,  c.-à-d.  se  faire  frotter  la 
gueule  sur  une  joue,  lat.  ganta.  Cf.  Jotté, 
Jottereaux. 

Gueule  de  lion  (Lg.,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Petit 
mufliei-  à  fleurs  jaunes,  mauvaise  herbe 
commune  dans  les  champs.  C'est  une  des  deux 
plantes  appelées,  à  Mj.,  Homblet.  N.  Il  faut 
noter  qu'à  côté  de  l'espèce  ci-dessus,  la  seule 
connue  à  Mj.,  il  existe  au  Lg.  un  autre  mu- 


GUEULERIE  —  GUIBOUR 


461 


flier  ou  gueule  de  lion,  qui  est  plus  commun 
encore.  Elle  a  le  même  port  que  sa  congénère, 
mais  la  plante  est  plus  forte  et  les  fleurs  sont 
violacées.  ||  Gueule  de  loup,  fleur  d'orne- 
ment. 

Hist.  —  «  Avec  ses  allées  de  buis  bordées,  tout 
le  long,  de  touffes  de  giroflées,  de  gueules  de  lion, 
d'œillets  saignant  dans  la  verdure.  »  (C.  Leroux- 
Cesbron.  m.  Lardent,  p.  226.) 

Oueulerie  (Mj.),  s.  f.  —  Bavardage,  can- 
can. S'emploie  surtout  au  plur.  ■ —  Syn.  de 
Gueulage,  Goulerle. 

Gueuleton  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Bon  repas» 
festin,  bombance.  Syn.  de  Dévorée. 

Ouculetonoer  (Mj.,  By.),  v.  n.  — Se  gober- 
ger, faire  un  bon  repas,  faire  bombance,  fes- 
tiner.  Syn.  de  Becqueter. 

Gueurgne,  Guergne  (Lg.),  s.  f.  —  Le  bout 
d'un  pain.  Syn.  et  d.  de  Grigne,  Grègtie.  Syn. 
de  Guergneau. 

Gueusard  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Gueux,  fri- 
pon, misérable,  coquin.  S'emploie  comme 
interpellation  bienveillante  et  amicale,  sur- 
tout avec  les  enfants.  Ex.  :  Te  velà,  petit 
gueusard  !  V.  Fouinard.  - —  Un  père,  en  pari, 
de  son  fils,  qui  vient  d'avoir  un  succès  ines- 
péré :  «  Il  en  a  eine  chance,  le  gueusard  !  » 

Et.  —  Un  exemple  du  xv"  siècle  prouve  que  ce 
mot  a  signifié  :  cuisinier  et  est  une  autre  forme  de 
queux  (coquus).  Ce  mot  a  passé,  par  dénigre- 
ment, des  marmitons  aux  mendiants,  aux  mau- 
vais sujets  (LiTT.)  =  G.  Paris  rejette  queux.  Le 
sens  serait,  non  pas  :  mendiant,  mais  :  compagnon, 
et  rappelle  le  :  gayeux,  emp  loyé  avec  le  même 
sens  dans  le  Jargon  A%  Villon  (Scheler). 

Gueux  (Bg.),  s.  m.  —  Ecuelle  de  chauffe- 
pied.  —  Pot  de  terre  dont  le  dessus  est  percé 
de  trous  (p.-ê.  comme  les  guenilles  d'un 
gueux).  —  A  moins  que  l'on  n'y  voie  le  même 
l'ad.  que  dans  queux  (coquus).  !|  By.  — 
Vn  gueux  se  dit  :  une  Seille  à  feu,  ou  :  une 
Seille.   Il   Mj.,   Marmotte. 

Guéyer  v.  a.  —  Mettre  le  linge  à  tremper, 
dans  une  eau  courante  surtout,  avant  de  le 
laver.  P.-ê.  pour  Guayer,  guailler,  avec  aphé- 
rèse de  l'é  de  éguailler,  aiguail.  V.  Eau.  — 
D'autres  proposent  :  laver  au  courant  du 
gué.  V.    Egaisser,    Aiguancer . 

Ilist.  —  «  Guéyer,  passer  l'eau  à  gué.  «  Aucuns 
proposoicnt  que  dès  que  les  ennemis  entendroient 
notre  arrivée,  ils  passeroient  la  rivière  de  la  Dou 
en  Bearn,  pour  ce  qu'elle  estoit  fort  basse  et  se 
gueyoit  en  plusieurs  lieux.  »  (Mém.  de  Montluc).  — 
Guéer  un  cheval,  le  laver  en  le  passant  par  la  rivière. 
Guéer  un  linge,  un  drap,  le  laver  légèrement 
a  la  rivière.  —  Abreuver.  —  Gayer  les  chevaux 
(L.  C). 

Guéjons  (Z.  130).  s.  m.  —  Petits  poissons, 
goujons.  —  Parce  qu'ils  se  tiennent  dans  la 
partie  la  plus  basse,  le  gué  d'un  coui-s  d'eau? 
N.    Plutôt  :   vairons    =   gardons. 

Gugusse  (Mj.),  s.  m.  —  Diminutif  fami- 
lier du  prénom  Auguste.  Syn.  de  Dudu, 
Augusse. 


Guiapin,  s.  m.  —  Vulg.  Genista   angiica. 
\'.  J/nguin.  (MÉN.) 

Guiare  (Fu.,  Zig.  196,  Lms.),  adv.  —  Guère. 


Guiaume  ',    n.    pr. 
Guillaume. 


En  une    seule  syll., 


Guiaume^  (Lg-),  s-  m.  —  Couteau.  V. 
Guillaume.  Cf.  Biot,  Vier. 

Guiavard  (Bl.),  s.  m.  —  Iris  d'eau.  C'est 
Liavard,  prononcé  avec  l'I  mouillé.  —  Bat. 
Iris  pseudacorus,  liaverd. 

Guibet  (Lue),  s.  m.  —  Moucheron.,  Syn. 
de  Chuchon,  Suchon,  Suçon,  Guibot. 

Et.  —  Gibelet,  altérât,  de  guibelet,  guimbelet. 
Cf.  Angl.  wimble,  vilebrequin,  foret.  L-'insecte 
aurait-il  pris  son  nom  de  l'outil?  (Darm.)  =  Il  est 
probable  que  Guibet,  cousin,  et  Guiblet,  Guimbelet, 
tarière,  ont  la  même  origine,  du  Germ.  Flam.  weme, 
wemel,  à  cause  de  la  bouche  de  ces  insectes,  en 
forme  de  tarière.  (D''  A.  Bos.)  =  Bibet,  moucheron, 
maringouin.  Du  lat.  Bibere.  Suiv.  Cotgrave,  le 
mot  est  d'origine  normande.  Bibel  signifie  littéra- 
lement :  petit  insecte  qui  boit,  c.-à-d.  qui  pompe 
le  sang  au  moyen  de  sa  trompe.  L'idée  de  buveur 
et  celle  du  moucheron  se  rencontrent  de  même 
associées  dans  le  latin  Bibio.  —  En  vx  dial.  norm. 
la  forme  était  vvibez  ou  wibet.  —  Hist. 

«  L'araigne,  tous  les  ans, 

«  Faisoit  son  nid  dedans, 

«  Avec  mouches  et  bibets 

«  Qu'elle  prenoit  en  ses  rets.   » 

{Ane.  chans.  norm.  —  MoisY.) 

Guibole  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Gigue,  jambe. 
Syn.  de  Baie,  Quiolle,  Caramelle.  Surtout 
longue  et  maigre.  Sal. 

Et.  —  Ce  mot  semble  se  rattacher  au  v.  Giber,  et 
celui-ci  pourrait  bien  être  une  autre  forme  de  Gin- 
guer,  pour  Giguer.  En  effet,  le  v.  remplace  facile- 
ment le  g,  et  le  b  remplace  le  v.  On  peut  supposer 
que  Giguer  est  devenu  successivement  Giver,  puis 
Giber,  d'où  Guibole.  Cette  hypothèse  paraîtra 
moins  risquée  si  l'on  veut  bien  remarquer  qu'il 
semble  nous  être  resté  une  trace  de  la  forme  inter- 
médiaire Giver  ou  Guiver  dans  le  nom  Gulvre.  = 
La  forme  Guibon  se  trouve  fréquemment  au 
xviii«  siècle  dans  le  même  sens,  jambe.  (Darm.). 

Guibol  (Bg.),  s.  m.  —  Moustique.  V.  Gui- 
bet. 

Guibour  —  Vieux  mot  angevin.  Mesure. 

Hist.  —  «  Le  prieuré  de  Pruniers  dépend  de 
l'abbaye  de  Saint-Aubin  d'Angers...  a  droit  de 
prendre,  au  temps  des  vendanges,  sur  chaque 
quartier  de  vigne,  en  son  fief...  guibour  de  ven- 
dange, qui  est  une  très  grande  mesure  pour  ceux 
qui  font  faire  les  vignes.  (Br.  deTart.,P/jiV.,p.  75.) 
—  «  1246,  quatuor  summas  vindemie  ad  quandam 


Gui  (Z.  TU).  —  Prononciation  de  di  dans  le  Cho- 
letais.  Il  Gui  s'emploie  pour  di  toutes  les  fois  que 
celui-ci  fait  partie  d'une  diphtongue.  On  prononce  : 
Guieu,  guiâble,  étuguier,  salaguier,  pour  :  Dieu,  etc. 
Nous  n'avons  pas  mentionné  dans  le  Gloss.  tous  les 
mots  où  cette  prononciation  se  fait  plus  ou  moins 
sentir.  »  (Jaub.)  En  dehors  des  diphtongues,  di, 
se  prononce  dghi,  avec  une  nuance  impossible  à 
rendre  par  lettres  ;  il  faut  entendre  un  Choletais 
dire  :  Il  est  midi.  —  Ce  mot  pourrait  remplacer  le 
Schiboleth  des  Hébreux. 


462 


OUICHE  -  GUILLAUME 


mensuram  que  vocatur  Guihort.  »  (Inv.  Arch.,  G  I, 
113.  -2.  h). 

Guiche  (Lty.,  Sp.,  SI.,  Sal.),  s.  f.  —  Petit 
passage  soâs  une  haie,  par  où  se  faufile  le 
gibier.  Syn.  de  Musse.  Le  fr.  Guichet  est  le 
dimin.  de  ce  mot.  (Angl.  wicket),  rac.  de 
Enguicher,  —  p.-ê.  de  Aguicher. 

Et.  —  A  scand.  vik,  réduit,  cachette  (Guichet). 
petite  porte  pratiquée  dans  une  grande  (Litt.)  = 
MÉNAGE  y  voit  un  dimin.  de  hiiis.  Ital.  usciette 
(usset,  Vusset.). 

Guichée  (Lg.),  s.  f.  —  Filet  de  liquide  qui 
jaillit.  Syn.  de  Gilée.  V.  Guicher. 

Guicber  (Sp.,  Sal.),  v.  n.  —  Passer  par  une 
guiche,  spécialement  dans  les  haies,  se  musser, 
se  glisser  par  une  ouverture,  un  passage 
étroit,  entre  des  difficultés.  ||  Se  Guicher,  v. 
réfl.  Se  cacher.  V.  Guiche.  Cf.  pat.  norm. 
Guichet,  de  tonneau,  et  Guichon,  pot  à  cidre.  || 
Guicher  (Lg.),  v.  n.  —  Jaillir,  gicler.  Syn.  de 
Giler. 

Guideau,  s.  m.  —  En  1772,  aux  Ponts-de- 
Cé,  on  prenait  les  saumons  au  guideau,  espèce 
de  carrelet.  (Mén.)  —  Littré  donne  le  même 
sens. 

Guidon, ^s.  m.  —  Celui  qui  guidait  autrefois 
ceux  qui  portaient  les  torches  aux  proces- 
sions du  Sacre.  Douze  torches,  ou  plutôt 
douze  pavillons,  sur  lesquels  on  représentait 
les  scènes  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testa- 
ment. (Méx.) 

Et.  — A.  fr.  Guier,  du  goth.  witan,  proprement  : 
remarquer.  Guider  s'est  substitué  à  Guier  sous 
'influence  du  prov.  Guidar,  et  de  l'ital.  Guidare. 

Giiiéner  (Vr.),  v.  a.  —  Glaner.  V.  Liéner. 

Guiette  —  Vx  mot  angev.,  s.  f.  Diète. 

Hist.  —  (Après  une  année  de  famine)  1771. 
«  Cela  nous  fait  connaître  qu'il  est  de  la  prudence 
de  faire  des  provisions. . .  afin  de  ne  pas  se  mettre 
dans  le  cas  de  faire  guiette  malgré  soi.  »  {Inv.  Arch., 
E.  S.  s,  t.  III,  224,  1),  suivent  des  renseignements 
très  curieux  sur  les  prix  des  vins,  œufs,  blé,  poulets, 
poulardes,  etc.  Chalonnes  sous-le-Lude. 

Guif  (Li.,  Br.),  adj.  q.  —  Désert.  «  C'est 
ben  guif.  »  1|  Guiffe,  s.  m.  Un  passage  dan- 
gereux   est    un    guif,    à    Montreuil-Bellay. 

(MÉN.) 

Guigne.  — ■  Mot  fr.  —  Je  le  cite  parce  que 
cette  espèce  de  cerise  sert  à  faire  la  liqueur 
connue  sous  le  nom  de  Guignolet,  célèbre  en 
Anjou.  V.  Guignier. 

Et.  —  BoBEL  prétend  que  ce  mot  vient  de 
Guyenne,  nom  du  pays  où  abonde  ce  fruit,  que  les 
lat.  appelaient  -.  cerasa  aquitanica. 

Hist. 
«Le  verre  est  le   pinceau   duquel  on   t'enlumine, 

«  Le  vin  est  la  couleur 
«  Dont  on  t'a  peint  ainsi  plus  rouge  qu'une  guigne 
«  En  beuvant  du  meilleur.    » 

(O.  Basselin,  Vau  de  Vire,  6.) 

Guigner  (Do.,  Lue,  By.),  v.  a.  —  Regarder 
à  travers  un  trou  de  serrure.  —  Simplement  : 
regarder.  —  Vieilli.  !|  By.,  et  Aguigner. 

Et.  —  t  V°  Guingoi.  —  De  Guigner,  qui  vient  de 


Guigner,  en  écrivant  cuin  à  la  picarde,  pour  :  coin, 
parce  que  Guigner,  c'est  regarder  du  coin  de  l'œil. 
cette  façon  de  regarder  du  coin  de  l'œil, 
attribuée  à  l'envie,  a  de  tout  temps  été  regardé, 
comme  une  fascination  qui  portait  malheur  : 

«  Non  istic  obliquo  oculo  mea  commoda  quisquam 

«  Limât. . .  (Horace,  Epist.  I,  14.) 

La  même  superstition  règne  aujourd'hui  en 
Espagne.  —  Guignon  en  vient.  Porte  guignon,  — 
porte  malheur.  (B.  de  la  Monnaye). 

Guignette  (Mj.),  s.  f.  —  Serpette,  sorte  de 
petit  couteau  à  lame  courbe,  qui  sert  à  ven- 
danger. 

Et.  —  Ce  mot  est  évidemment  un  dimin.  du  vx 
fr.  Gouet.  Il  est  pour  Gouégnette.  V.  la  citât,  au 
mot  Gouette.  =  Guignette,  traduit  par  Depilatorium 
dans  un  Glossaire.  N.  Le  pat.  berrich.  a  Gueugne, 
coup  qui  laisse  une  trace  profonde.  Jaub. 

Guignier  (Sa.),  s.  m.  —  Cerisier  sauvage.  V. 
Guigne. 

Hist.  —  Sépulture  de  François  Gazeau  «  qui 
morut  en  tombant  d'un  guignier.  »  (1644.  —  Jnv. 
Arch..  S.  E  III,  49,  1,  h.)^ 

Guignoclie,    s.    f.   —   Bâton. . .    Guignole, 

petit  bâton  percé  où  l'on  suspendait  les 
petites  balances.  (Mén.) 

Guignolant,  e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Gui- 
gnonnant.  Du  fr.  Guignon. 

Et.  —  Esp.  guinon,  signe  de  l'œil.  Guignon  vient 
de  Guigner,  et  se  rapporte  à  qq.  idée  de  mauvais 
œil  qui  ensorcelle,  porte-guignon.  Cependant  on 
trouve  aussi  Guillon  (Litt.). 

Guilanleu,  Guilanneu,  Guilannée,  Guilânée, 
Guillâneuf  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  — Cadeau  que  les 
marguilliers  allaient,  jadis,  au  premier  de 
l'an,  quémander  pour  la  fabrique  ou  pour  le 
curé. . .  On  dit  encore  :  Courre  la  guillânée, 
dans  le  sens  de  :  Quêter  des  cadeaux  de  pre- 
mier de  l'an,  comme  font  les  enfants.  —  Au 
Lg.,  le  mot  est  presque  oublié,  comme  la 
chose.  V.  Aguilanneuf. 

Et.  —  Hist.  — ■  Notes.  =  Voir  dans  De  la  Ville- 
MARQTJÉ  (Barzaz-Breiz)  une  longue  dissertation  sur 
ce  mot.  Il  conteste  l'explicat.  par  Au  gui  l'an  neuf. 
=  Voir  un  long  récit  de  cette  fête  célébrée  à  Mor- 
laix  le  dernier  jour  de  l'an.  — •  Renvoie  à  Aguilanleu 
(Ménage).  =  «  Qui  s'estoient  assemblés  jusques  au 
nombre  de  trois,  six,  neuf,  dix,  pour  aller  à  Faguil- 
laneuj,  le  premier  trou  de  l'an.  »  (Rab.  P.,  II,  M). 
=  Pour  exciter  les  garçons  et  filles  de  la  paroisse 
d'aller  à  la  guillanleu,  afiln  de  ramasser  quelques 
deniers  pour  emplover  à  l'entretien  du  luminaire 
de  ladite  églize.  ..(1691.  — /ne  .•lrc/(..G.  II,  275,  1). 
—  Pour  V aguilanleu  des  serjans  du  roy  Lovs,  10  s. 
(1403.  —  Id.,  H.  Suppl.,  50,  1).  —  Don  de  30  s.  aux 
officiers  et  aux  serviteurs  pour  V aguilanleu,  «  pro 
isto  anno  novo  a  guilanleu.  »  (1486.  fd.  G.  102,  2, 
h.).  —  Etienne  Oger  a  baillé  à  Jacques  Pelletier  la 
somme  de  7  1.  t.  qu'il  debvoit  pour  ung  haquilan- 
neuf  qu'il  avoit  achepté  de  la  paroisse  de  Ville- 
moysant  (1603.  —  Id.  S.  s.  E,  253,  1,  6). 

GuiUaret  (Ti.,  Zig.  159),  s.  m.  —  Sorte  de 
gâteau  sec,  en  pâte  pliée  en  forme  d'enve- 
loppe de  lettre.  Je  crois  qu'il  nous  vient  de 
Nantes,  où  il  est  très  connu. 

Guillaume  (Lg.),  s.  m.  —  Couteau.  Syn.  de 
Goudrille,  Gourdeille,  Senard.  N.  On  prononce 
souvent  Guiauine,  en  une  syll. 


GUILLEBOGUE  —  GUINDAS 


463 


Et.  —  C'est  le  mot  franc,  dans  un  sens  local.  Cf. 
Euslache. 

Oiiillebogue  (Pell.),  s.  f.  —  Datura,  stra- 
moine,  pomme  épineuse.  Syn.  de  Pomme  du 
diable. 

Et.  —  Ce  mot,  inconnu  à  Mj.  et  à  Sp.  est  un  des 
[ilus  curieux  du  patois  angevin.  On  y  trouve  indu- 
bitablement le  mot  Bogue,  et  par  conséquent  une 
rac.  Guille,  que  je  ne  retrouve  dans  aucun  mot  fran- 
çais, qui  doit  indiquer  qqch.  de  piquant.  Faudrait- 
il  écrire  Dillebogue  (car  notre  prononciation  le  per- 
mettrait) et  voir  dans  Dille  la  rac.  de  Dillet  ou 
Di^uet  ? 

«uilleri  (Tlm.),  s.  m.  —V.  Cuilleri. 

Oiiimander  (se)  (Craon),  v.  n.  —  Se  tour- 
menter. V.  Se  Guémanter,  ou  —  der.  —  On  dit 
aussi  :  se  Guimanter.  V.  se  Guimenter. 

Oui  mande.  —  Pour  Guimauve. 

Guimaiive{Mj.), s. m. etf.  —  Ex.rJe  sais  pas 
éyoù  que  je  vas  prendre  du  guimauve  pour 
faire  ein  pâteau. 

duimbarde  (Tlm.,  By.),  s.  f.  —  Méchante 
voiture.  ||  Faire  la  guimbarde,  —  faire  le  ta- 
page. P.-ê.  par  comparaison  avec  le  bruit  de 
ferraille  de  la  guimbarde. 

Giiiinbarre  (Mj.),  s.  m.  —  Vacarme,  bruit, 
taj)ago,  tintamarre.  Ex  :  Voulez-vous  ben 
finir  do  faii'C  le  guimbarre  !  —  V.  Guimbarde. 

Guiiubarrer  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  du  tapage- 
V.  Guimbarre.  Syn.  de  Chahuter. 

Giiiiiiberlet  (Sal.,  Lg.),  s.  m.  —  Perce-vin. 
V.    Guimblet. 

Ciiiiiinblet  (Lg.,  Tlm.),  s  m.  —  Vrille,  et  sur- 
tout petite  vrille.  Syn.  de  Vrillette,  Percette. 

Et.  —  Dimin.  d'un  vx  mot  Guimble,qui  semble 
avoir  disparu,  mais  qui  se  retrouve  dans  l'angl. 
vvimble,  vilebrequin.  —  Doubl.  du  fr.  Giblet.  V. 
LiTTRÉ.  Cf.  Gainiot.  —  D'ailleurs  l'anj^l.  a  encore 
Gimblet  et  Gimlet,  vrille,  qui  sont  notre  mot 
angevin  lui-même.  Cf.  Guibet  ;  du  Flam.  vvemefen, 
aller  çà  et  là,  percer  en  tournant  et  retournant, 
avec  une  tarière. 

Giiiment  (Mj.,  By.),  s.  m.  — •  Action  de 
s'informer.  ||  Eter  d'ein  grande  guiment  ;  — 
s'enquérir  avec  une  grande  curiosité.  ||  Aller 
au  guiment,  —  Aller  aux  informations.  — 
Dér.  de  :  Se  guimenter. 

Guimenter  (se)  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  S'infor- 
mer, s'enquérir,  prendre  ou  demander  des 
informations,  des  nouvelles.  Ex.  :  A  s'est  ben 
guimentée  de  vous  tortous.  —  Guimentez- 
vous  donc  s'il  est  arrivé.  —  On  dit  aussi  : 
Se  guémenter  (ou  avec  un  a). 

Et.  —  Doubl.  du  franc.  Quémander,  du  vx  fr. 
Caimand,  mendiant.  Cette  étymol.  nous  donne 
bien  les  deux  sens  fondamentaux  de  ce  mol  inté- 
ressant :  1°  Demander  ;  2°  Se  plaindre.  .le  me 
connais  le  second  que  de  réputation.  (R.  O.) 

Hist.  —  «  Et  toujours  se  gucmante  à  tous  les 
estrangiers  de  la  venue  des  cocquecigrues.  »  (R.a.b., 
G.,  I,  49).  —  Si  commencèrent  courir,  s'enquérir, 
guémanter,  informer  par  quel  moyen,  à  quelle 
heure,  comment  et  à  quels  propos  luy  estoit  ce 
grand  thesaur  advenu.  »  (Id.,  P.,  IV,  Prol.) 


Guimpeler  (By.),  v.  a.  —  Couvrir  d'un 
linge  (d'une  guimpe?)  le  goulot  d'un  vase, 
d'une  potine,  d'un  bocar  (bocal). 

Guimper  (Tlm.),  v.  a.  et  n.  —  V.  Guêper. 

Gain  (Ci-aon),  —  Pou.  Syn.  de  Pouée, 
Poueil,  Loulou,  Grenadier,  Groulaud. 

Guinclie  (Sp.,  Lg.,  Lue),  s.  f.  —  Grande 
herbe  qui  i>oussc  dans  les  bois  et  que  l'on  va 
ramasser,  à  la  fin  de  l'hiver,  pour  rembourrer 
les  matelas.  On  l'appelle-  aussi  Paleine, 
Plume  de  cerf.  C'est  une  graminée  dont  le 
nom  scientifique  est  Molinie.  Cf.  Ganne, 
Ganche.  \\  Mj.  —  Par  analogie,  longue  herbe 
en  forme  de  rubans  légèrement  froncés  et  de 
couleur  brune,  que  le  commerce  vend  pour 
le  rembourrage  des  matelas.  C'est  un  varech 
(zostera)  desséché.  N.  A  Mj.,  où  il  n'y  a  pas 
de  bois  digne  de  ce  nom,  on  ne  connaît  pas 
la  guinche  vraie.  ||  Lg.  Vendre  en  guinche,  — 
vendre  en  cachette,  en  fraude,  sans  payer 
les  droits.  Ex.  :  Il  vend  de  la  tiaule  en  guinche, 
—  il  tient  un  débit  clandestin  de  boissons.. 
L'expression  vient  très  probablement  de  ce 
qu'une  pratique  courante  aura  été  de 
dissimuler  les  fûts  sous  de  la  guinche.  |]  Fu.  — 
Ou  Rouche.  Mauvaise  herbe  des  marais  ou  des 
bois  marécageux  dont  on  rembourre  les 
paillasses.  Mauvais  fourrage.  —  Le  cri  est  : 
Qui  veut  d'ia  guinche? 

Et.  —  «  Guiche.  Du  lat.  pop.  vitica,  tiré  de  vitis, 
vigne  ;  proprement  :  chose  qui  s'enroule  comme  les 
vrilles  de  la  vigne,  —  devenu  :  guiche,  guige, 
guinche,  formes  usitées  concurremment  en  a.  f.  Le 
chang.  du  v.  en  g,  et  la  forme  :  guinche  paraissent 
dus  à  l'influence  de  l'ail,  winden,  s'enrouler. 
(Darm.)  =  Feuilles  de  Molinia  cœrvilea,  dont  on 
remplit  les  paillasses  ;  —  feuilles  de  Sparganium, 
dont  on  fait  des  parons  (collier  de  cheval):  —  feuille 
de  carex,  surtout  de  c.  riparia,  dont  les  jardiniers 
se  servent  pour  lier  la  chicorée.  —  N.  Ne  pas  con- 
fondre matelas  de  guinche  et  matelas  de  varech. 
Guinche,  nom  vulg.  de  la  molinie  bleue  (molinia 
cœrulea)  ou,  melica  (Linné),  monocotylédone  plu- 
macée  graminée,  dédiée  à  Jean  Ignace  Molina, 
botaniste  espagnol,  1782,  vulg.  guinche,  ou  ganne. 
Se  vend  à  .\ngers  surtout  sur  la  butte  du  Pélican. 
By. 

Guinchoire  (Sa.),  s.  f.  —  Matelas  de 
guinche.  Syn.  de  Guinckonné. 

Guinclionné  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Un  guin- 
chonné  est  une  paillasse  qui  contient  de  la 
guinche.  \.  Guinchoire. 

Guindas  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Guindeau,  ou 
vindas,  treuil  simple,  entièrement  en  bois, 
sans  frein,  et  le  plus  souvent  dépourvu  de 
taquet  d'arrêt,  ou  du  moins  d'encliquetage, 
dont  les  mariniers  se  servaient  naguère  pour 
hisser  le  mât  et  la  voile  de  leurs  bateaux. 
Depuis  une  cinquantaine  d'années,  ces  en- 
gins encombrants  et  dangereux  ont  été  par- 
tout remplacés  par  des  treuils  à  engrenages 
munis  de  tous  les  perfectionnements  de  la 
mécanique  moderne.  ||  Virer  au  guindas,  — 
manœuvrer  le  guindas.  V.  Pantin,  Jambe, 
Taquet.   \\  A  double  guindas,  —  à  profusion. 


i64 


GUÏNDEAU  —  GYSSE 


le  triple  et  le  double.  Cette  très  vieille  et  très 
curieuse  loc.  est  toujours  en  usage.  On  pro- 
nonce :  doubeille  pour  :  double. 

El.  —  Ce  mot  se  trouve  servir,  pour  ainsi  dire 
de  transition  entre  ses  deux  doublets  français  : 
Guindeau,  Guindas,  Vindas.  Tous  ces  mots  dérivent 
du  fr.  Guinder,  ail.  zu  winden,  guinder  ;  angl.  to 
wind  :  windlass. 

Guindeau.  —  V.  Guindas. 

N.  —  «  La  Possonnière.  —  Accident.  Le  nommé 
G.  Joseph,  employé  comme  marinier  aux  travaux 
de  la  Loire  navigable,  a  été  blessé  grièvement  à  la 
tête  par  le  guindeau  d'un  treuil  à  bras...  »  (Le 
Petit  Courrier  du  dimanche  13  mai  1906.) 

Ouindole  (Lg.  ),  s,  f.  Sorte  de  cerise 
blanchâtre,  très  grosse  et  à  très  long  pédon- 
cule. 

Guinebertier,  adj.  q.  —  Qui  marche  de 
travers.  (En  double,  à  Jumhertier.  —  Mén.) 

Guinegau  (Mj.),  s.  m.  —  Taquet  ;  poutre 
horizontale  solidement  fixée  en  dedans  du 
bordage  d'un  bateau  et  dont  les  deux  extré- 
mités libres  —  semblables  à  deux  marmousets 
—  servent  à  fixer  les  amarres  qu'on  \  attache 
en  les  croisant  plusieurs  fois.  —  Technique- 
ment :  Chomard.  —  Syn.  de  Filoir. 

Guinevesée  (Mj.),  s.  f.  —  Prétentaine.  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Courre  la  guine- 
vesée. Syn.  de  Galistrade. 

Guingonrage  (Sp.),  s.  m.  —  Travail  mal 
fait,  saboulé.  ||  Fig.  Clabaudage.  Syn.  de 
Besague,  Bicouène.  A  rapprocher  de  Gour- 
ganger,  qui  serait  pour  Guingour'ager. 

Et.  —  Ce  mot  a  pour  syn.  Besague,  que  j'ai  trouvé 
au  Lg.,  et  Bicouène  qui  se  dit  à  Segré,  d'après 
MÉNiÈRE.  Or,  Besague  se  rapproche  beaucoup  de 
Besaigre  et  Bicouène  n'est  pas  sans  ressembler  à 
Bijane  et  à  ce  mot  Bicane  employé  par  Rabelais. 
Et  Guingourage  ?  Si  nous  supprimons  le  sufF.  âge, 
nous  tombons  sur  la  rac.  Guingour.  Aussitôt  il 
•aute  aux  yeux  que  c'est  le  bret.  Gwin,  plus  Gour 
(goal,  gwal)  mauvais.  Cf.  Gourveiller,  Gourmâ- 
cher,  etc.  Ainsi  les  trois  synon.  ont  comme  sens 
propre  :  vin  aigre,  ou  mauvais  vin  (R.  O.) 

Guingueler,  v.  a.  —  Badiner,  folâtrer, 
(Segr.)  (MÉN.)  —  De  Ginguer. 

Guinguette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Bouchon, 
cabaret.  !|  Eter  en  guinguette,  —  en  goguette, 
pris  de  boisson.  Syn.  de  Brindezingue,  Cigale, 
Bombe,  Berdindaine,  Dévarine,  Biole. 

Et.  —  De  ginguet,  ou  guinguet,  petit  vin  ;  lieu 
où  on  le  vend  (Litt.). 

Guinguin  (Tlm.,  Mj.),  s.  m.  —  Rosse.  Ex.  : 
Dix  guinguins  ne  valent  pas  un  bon  che- 
val. V.  Haguin,  Biroquin,  Harou,  Bicard, 
Bourrin,  Bochon,  Carabi.  Canasson. 

Et.  —  Guilledin.  Ancien  nom  d'un  cheval  angl.- 
qui  va  l'amble.  Angl.  Gelding,  —  de  to  geld,  châ- 
trer? (Litt.). 


Guinouée,  s.  f.  —  Appareil  qu'on  met  sur 
les  yeux  des  chevaux  qui  tournent  continuel- 
lement. Rac.  Guigner,  regarder  en  cligno- 
tant des  yeux. . .  (Mén.)  —  De  Guigner?  ou 
de  l'ail,  zu  Winden,  tourner. 

Guipe  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Guêpe. 

Guipon  (Mj.),  s.  m.  —  Gros  pinceau  pour 
goudronner  les  bateaux. 

Et.  —  Angl.  to  wipe,  essuyer,  nettoyer  (Litt.) 
=  Goupillon  —  wipp,  mouvoir  ;  qqf.  gipon  (ce 
qu'on  agite  pour  asperger,  frotter).  Darm. 

Guippon.  s.  m.  —  V.  Bouillon-noir,  Arc- 
tium  lappa.  (Mén.)  Bat. 

Guiret'  (Mj.),  s.  m.  —  Guéret,  terre  bien 
ameublie  ;  terre  labourée,  mais  non  ense- 
mencée. Il  Guiret  de  saison,  —  guéret  fait  à 
l'automne  pour  les  semis  de  printemps.  Syn. 
de  Levaille. 

Et.  —  Du  lat.  pop.  Varactum  (class.  Vervactum), 
terre  laissée  en  jachère,  mais  d'abord,  terre  labou- 
rée, non  ensemencée.  —  Puis,  champ  cultivé. 

Guiretter  (Mj.),  v.  a.  —  Guéretter. 

Guiroué  (By.),  s.  m.  —  C'est  la  partie  en 
bois  de  la  girouette  fixée  au  haut  du  mât  de 
la  Gabarre.  V.  F.-Lore.  Coutumes  ;  Bateaux, 
II. 

Guissoux,  adj.  q.  —  Graisseux,  ou  plutôt 
qui  colle  aux  mains  ;  visqueux.  (Ag.) 

Guivre  (Sp.,  Mj.),  s.  m.  —  Longue  pièce  de 
bois  qui,  dans  les  moulins  à  vent  à  l'anglaise, 
sert  à  faire  tourner  la  toiture  et  à  orienter  les 
ailes.  Remplacé  aujourd'hui  par  les  Tourne- 
au-vent. 

Et.  —  Je  crois  qu'il  y  a  là  une  métaphore  :  le 
guivre  s'allonge  comme  une  grande  jambe  en  ar- 
rière du  moulin.  Le  sens  propre  du  mot  serait  : 
jambe,  et  il  dériverait  de  Giver,  comme  de  Giber 
dér.  Guibole.  L'r  serait  épenthétique,  comme  dans 
le  fr  Chanvre.  V.  Chambe.  Ce  n'est  qu'une  hypo- 
thèse, mais  elle  me  paraît  assez  plausible.  —  P. -et 
simplement  le  fr.  Guivre,  au  fig.  (R.  O.) 

Guste  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Auguste. 

Gustin  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Augustin. 
Syn.  de  Guétin,  Tintin. 

Gustine  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Augustine. 
Cf.  Delaide,  Stasie,  Bastien.  Syn.  de  Titine. 

G'val,  G'vau  —  Pour  Cheval. 

Gymnase,  Gymnasse  (a  très  bref)  (Mj.),  s. 
m.  —  Gymnastique.  Mouvement,  remue- 
ment, surtout  insolite  ou  violent.  Ex.  :  En 
velà  d'ein  gymnasse  !  —  C'est  le  fr.  Gym- 
nase, défiguré,  de  prononc.  et  de  sens. 

Gysse,  s.  m.  —  Vulg.  Lathyrus  pratensis  ; 
mitrouillet,  louisette,  jagnerotte.  (Mén.)  — 
Bat.  —  Gesse  tubéreuse.  On  mange  ses  tu- 
bercules que  l'on  nomme  jagnerottes. 


H  —  HACHER 


465 


K 


OBSERVATIONS 

Prononciation.  —  «  L'aspiration  du  H  a  été 
longtemps  facultative,  et  pour  ainsi  dire  arbitraire  ; 
elle  a  prévalu  ensuite  dans  certaines  circonstances 
rigoureusement  déterminées  par  l'usage  ;  à  cet 
égard,  c'est,  selon  nous,  par  une  simple  omission 
que  le  Dict.  de  l'Académie  n'a  pas  mentionné  l'as- 
piration du  h  dans  le  verbe  :  huiler.  On  dit  sans 
doute  partout,  en  parlant  d'une  serrure  dont  on  a 
adouci  le  frottement  avec  de  l'huile  -.  «  Je  viens  de 
la  huiler  »,  et  non  pas  de  l'huiler.  Ouate,  onze, 
onzième,  oui,  subissent  aussi  une  sorte  d'aspiration: 
on  prononce  :  de  la  houate,  le  honze  de  ce  mois,  le 
houi,  dire  son  houi,  etc. 

«  L'aspiration  du  h  n'a  pas  lieu  chez  nous  dans 
une  foule  de  mots  où  elle  est  indiquée  dans  le  fran- 
çais ;  on  prononce  :  hareng,  haricot,  haïr,  hasard, 
honte,  comme  s'il  n'y  avait  pas  de  h  aspiré.  Au 
contraire,  l'aspiration  reste  fortement  prononcée 
dans  :  hargne,  hache,  harde,  etc. 

i<  Dans  le  latin,  l'usage  d'aspirer  le  h  s'est  intro- 
duit assez  tard,  suivant  la  remarque  de  Quintilien 
(l,  V,  19,  20).  Cet  auteur  va  même  jusqu'à  douter 
que  le  h  soit  une  véritable  lettre  :  «  Si  h  littera  est, 
—  dit-il,  —  non  nota.  »  (C^"  Jaubert.) 

Il  By.  —  On  n'est  pas  trop  fixé  sur  la  prononcia- 
tion de  l'h.  On  dit  :  la  hache  et  :  eine  ache  (einache), 
mais  non  :  ein  nache.  —  I  fait  tout  à  Vasard  {au 
hasard,  sans  réflexion.)  —  On  dit  :  un  haricot  (h 
aspiré)  et  des  zharicots  (h  muet)  ;  ein  huissier  (h 
asp.),  et  l'huissier.  Passe-moi  l'haveneau,  tô'n'ha- 
veneau. 

Permutation.  —  Qqf.  remplacé  par  c  :  Canne- 
ton,  pour  Hanneton. 

Addition.  —  «  Pour  donner  plus  de  force  et  de 
poids  à  certains  mots,  on  fait  précéder  d'un  h  leur 
première  syllabe,  en  l'aspirant  fortement  :  him- 
mense,  hunorme,  hancien,  hcinnemi,  hinsenliel  : 
henpouvantable.  C'est  ainsi  qu'en  Normandie  (et 
dans  certaines  régions  de  l'Anjou  A.  V.)  on  dit  : 
le  huissier,  à  cause  du  rôle  important  que  cet  ofTi- 
cier  ministériel  joue  dans  les  habitudes  de  cette 
province. 

■  C'est  l'emploi  emphatique  de  la  lettre  h.  — 
Par  euphonie  aussi  ou  par  mignardise.  —  Le  poète 
lat.  Catulle  signale  la  même  affectation  de  son 
temps  (73).  —  llannibal,  dans  Cicéron.  — V.  AriJj- 
Gelle.  »  {Id.) 

N.  —  Le  h  muet  vient  du  lat.  ;  le  h  aspiré  du  ger- 
manique. (D""  A.  Bos.) 

Ilû  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Haie.  ||  Souvent,  à 
ceux  qui  font  des  oh  !  et  des  ah  !  on  répond 
par  le  calembour  :  «  N'y  a  point  de  hâs  ni  de 
bussons.  Vieilli.  V.  Clâ. 

Et.  —  Aha.  Haga  ;  a.  Hag.  —  Cf.  angl.  Haw. 

Mj.,  By.  Avoir  vu  dire  par  dessus  les  hâs, 
Avoir  appris  par  la  rumeur  publique.  Syn. 
de  Ahaie. 

Ilalteçoii  (L^.),  s.  ni.  —  Hameçon. 

Et.  —  Lat.  Ilamum  -|-  icionem  (diminut.). 

Habillé  (Mj.),  part.  pas.  —  D'habillé,  — 
opposé  à  :  De  sus  semaine,  en  parlant  d'un 
vêtement.  Ex.  :  Le  coton,  c'est  point  d'ha- 


billé. —  C'est  ben  d'habillé,  ceté  drap'  là.  || 
Habillé  de  soie.  —  C'est  le  cochon,  à  cause  de 
ses  soies.  On  ajoute,  quand  on  se  sert  de  ce 
mot  :  sauf  votre  respect.  On  l'appelle  aussi  :  le 
Monsieur,  le  Noble,  le  Sénateur,  de  même 
que  l'on  appelle  les  baudets  des  :  Ministres. 

Et.  —  «  De  habile,  dans  le  sens  de  :  commode, 
qui  est  à  point,  qui  va.  Habiller  est  proprement  , 
rendre  dispos,  mettre  à  point,  d'où  :  vêtir.  L'histo- 
rique le  prouve  de  toute  évidence.  —  D.  C.  habili- 
tare  :  Armer,  —  tendre  (de  tentures),  —  tuer,  — 
préparer  (un  gibier,  un  repas),  —  maltraiter, 
seller  (un  cheval),  —  gréer  (un  bateau),  —  habiller 
(un  malade  que  l'on  va  opérer,  etc.)  (Litt.)  =  «  Le 
sens  actuel  s'est  développé  sous  rinfluence  de  : 
habit.  »(Darm.).  ||  i/atii/er  et  amender  les  mauvais 
chemins,  —  habiller  un  logis,  —  hab.  à  manger  ;  un 
dîner,  —  les  cuirs  (dans  une  tannerie),  —  un  bateau, 
—  un  cheval,  un  blessé,  une  plaie.  »  (L.  C)  =  Sche- 
ler  prétend  que  habiller  ne  répond  pas  à  la  forme 
habilire,  mais  à  celle  de  habillare  ;  or,  celle-ci  ne 
peut  remonter  à  habilis,  mais  à  un  adj.  barbare  , 
habilus.  habillus.  —  Habit,  de  -.  habere,  manière 
d'être  habituelle,  état,  constitution,  apparence 
extérieure,  puis  :  habillement,  costume,  mise. 

Habiller  (Mj.),  v.  a.  —  Peigner,  lisser  et 
achever  de  préparer  pour  la  vente  une  matière 
textile,  lin  ou  chanvre.  ||  Habiller  un  porc,  le 
nettoyer,  une  fois  tué,  enlever  ses  soies,  le 
vider,  préparer  les  morceaux. 

Et.  —  V.  Habillé.  ■ —  N.  «  Le  seul  cas  où  il  puisse 
être  légitimement  parlé  de  pathologie,  c'est  le  cas 
où  un  mot  est  employé  par  erreur  pour  un  autre, 
soit  à  cause  d'une  ressemblance  de  son,  soit  par 
suite  de  quelque  autre  accident.  Telle  est  la  confu 
sion  qui  s'est  faite  dans  les  esprits  entre  habit  et 
habillé  :  ce  dernier,  qui  devrait  s'écrire  abillc,  est 
une  expression  métaphorique  dont  la  signification 
est  «  apprêté,  arrangé.  )>  Elle  a  été  d'abord  employée 
en  parlant  du  bois  en  bille.  Le  souvenir  de  l'ancien 
sens  s'est  conservé  dans  quelques  locutions,  telles 
que  :  habiller  un  poulet. . .  »  (Etymologie  emprun- 
tée à  une  communication  verbale  de  M.  G.  Paris 
à  la  Société  de  linguistique.  —  M.  Bréal,  la 
Sémantique,  p.  33.3.  —  Lïttré  :  I^a  Pathologie  du 
langage,  dans  :  Etudes  et  Glanures). 

Habitude  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Prendre 
par  habitude,  ■ —  prendre  pour  habitude. 

Hac  î  (Mj.,  By.),  interj.  —  Pouah!  Pour 
détourner  un  enfant  de  toucher  à  un  objet 
sale,  on  lui  dit  :  Hac  !  c'est  caca,  faut  pas 
touch'  !  Il  Adj.  quai.  Sale,  dégoûtant.  Cf. 
Heure. 

Hacliail  (Lg.),  s.  m.  —  Grande  quantité, 
foison  de  choses  coupées  ou  cassées,  telles  que 
branches,  feuilles,  etc.  Ex.  :  Queu  hachait 
d'émondes  qu'il  a  fait  quiô  chègne  !  —  Syn. 
et  d.  de  Chahail.  Dér.  du  v.  fr.  Hacher. 

Hacher  (Bg.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Déchirer. 
Haelier  ses  bardes,  déchirer  ses  vêtements. 

Et.  —  Selon  Forster,  le  seul  type  qui  explique 
toutes  les  formes  romanes  est  l'ail.  *  hapjâ,  devenu 

30 


466 


HACHEUSE  —  HAIRÉ 


vha,  happa,  auj.  happe,  heppe,  hippe  (faux,  fau- 
cille, serpette).  Schelee. 

Ilacheuse  (Bd.),  s.  f.  —  Machine  servant  à 
broyer  le  chanvre  ou  le  lin.  Syn.  de  Braie. 

Hist.  —  Pendant  les  jours  pluvieux...  on 
entend  le  bruit  des  hacheuses.  Ce  sont  de  très  pri- 
mitives machines  de  bois  ayant  l'apparence  de 
ciseaux  à  trois  lames  ;  l'un  des  bras,  seul  mobile, 
s'élève  et  s'abaisse.  Le  chanvre  sec  est  brisé,  haché. 
—  (Ang.  de  Paris,  25  août  1907,  1,  3). 

Hacbis  i  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  crêpe. 

Et.  —  Ce  mot  n'a  rien  à  voir  avec  le  v.  Hacher. 
Il  résulte  d'une  confusion  abusive,  d'une  conta- 
mination produite  par  le  fr.  Gâchis. 

Hachis  ^  (Lg.),  s.  m.  —  Omelette  mélangée 
de  farine. 

Et.  —  Ainsi  nommée  parce  qu'on  y  ajoute 
parfois  des  herbillettes  hachées  menu. 

Harfir  «,  —  hagiii  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Haïr, 
détester.  ||  Hadir  son  nid,  —  l'abandonner, 
en  pari,  des  oiseaux.  Cf.  Achouir.  ||  By.  —  On 
dit  :  Hanguî{r)  son  nid. 

«  Prends  ben  garde,  p'tit  gârs,  faut  jamais 
déniger  ein  nid  de  berrichon,  car  t'aurais  les 
mains  croches  ;  faut  même  pas  toucher  aux  œufs, 
ça  le  ferait  hanguir  son  nid.  (L'oiseau  s'en  aperce- 
vrait, parce  qu'en  essayant  de  passer  la  main  par 
l'entrée  très  étroite  du  nid,  on  démancherait 
la  goule  du  nid).  Haïr  et  ses  dérivés  se  prononc. 
hagui  (ha-ii). 

Et.  —  Anglo-sax.  :  hatian.  Le  t  est  tombé 
com.  dans  meûr,  de  maturus  ;  ouïr,  de  audire. 
Am.  hassen  ;  angl.  to  hâte.  —  Cf.  lat.  :  odisse  ; 
esp.  odiar. 

IlarZissable,  —  haguissab'  (Mj.,  Lg.),  adj. 
q.  —  Haïssable.  V.  Hadir. 

Hagiie  !  (Mj.,  By.),  interj.  — "  Han^!  Ono- 
mat.  indiquant  un  effort  ;  qqf.  la  surprise, 
l'ennui,  etc.  ||  By.  —  Son  particulier  de  l'a, 
comme  :  heingne.  H  très  aspiré. 

Hagné  (By.)  V.  F.-Lore,  Langage,  vm. 

Hagnoche  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  V.  Hanoche. 

Haguin  i  (Va.,  Mj.,  ),  s.  m.  —  Arrête-bœuf. 
Ononis  spinosa.  Syn.  de  Arquebœuf,  Equio- 
pereau.  ||  Chardon.  ||  Sar.  —  Petites  plantes  à 
feuilles  piquantes  ;  genre  des  houx  ;  se 
trouvent  dans  certaines  prairies  défectueuses. 
• —  Se  rattache  au  celtique  Ac,  pointe? 

Uagnin^  (Sp.),  s.  m.  —  Rosse,  vieux  che- 
val, haridelle.  —  Syn.  de  Gainguin,  Canas- 
son, Carabi,  Harou.  N.  Ce  mot  a,  sans  doute, 
qq.  rapport  avec  le  fr.  Haquenée  et  il  doit 
être  la  rac.  du  pat.  Aquenir,  qui  dès  lors,  doit 
s'écrire  Haquenir.  Cf.  angl.  Hack,  hackney, 
rosse. 

Et.  —  Inconn.  Vx  fr.  haghenée,  haquette. 

llaha  !  (Mj.,  By.),  interj.  —  Marque  la 
satisfaction,  le  triomphe.  Ex.  :  Haha  !  je  vous 
l'avais-t-i  point  dit? 

Haï,  Haïdi,  Haïdu  î  interj.  —  Pour  faire 
avancer  un  cheval.  ||  By.  —  Ha-î,  haiil-du, 
a  bref.  ||  Mj.  Ahue. 

Haini  (Mj.,  By.,  etc.),  s.  m.  —  Hameçon. 
Syn.  de  Claveret.  V.  Sembler. 


N.  —  Ce  mot  est  français  ;  mais,  com.  on  prononce 
un  haim,  en  faisant  sonner  l'n  devant  l'h  muette, 
on  a  cru  que  l'n  faisait  partie  du  nom,  et  l'on  a  dit  : 
un  naim,  des  naims.  J'ai  dit  moi-même,  étant 
jeune,  à  Saumur  :  je  vas  acheter  pour  deux  sous 
de  naims.  — De  même  un  enfant  qui  entend  dire  : 
un  petit  oiseau,  prononce: un  toiseau.  Nombreux 
exemples.  —  En  Périgord  on  dit  :  un  clou. 
—  Et.  Lat.  Hamum.  —  Je  ne  puis  y 
voir  la  racine  Ac  (grec  akè,  pointe).  —  On  a 
rapproché  le  breton  Héguen,  même  sens.  Ce  der- 
nier mot  paraît  être  le  même  que  le  vocable 
Haguin,  terme  générique  sous  lequel  on  désigne 
les  plantes  piquantes,  ajonc,  etc.  —  Hist.  :  «  Uns 
peschierres  gela  iluec  son  hain,  et  quant  il  cuida 
avoir  pris  un  grand  poisson. . .  »  (L.  C.) 
a  A  bien  juger,  femme  sans  grac 

«  Semble    un    apast    sans    haim.     » 

(G.  C.  Bûcher,  205,  p.  207. 

—  «  En  l'aultre,  force  provisions  de  haims 
et  claveaux.  »  (Rab.,  P.,  n,  16,  156.) 

Haïr,  v.  a.  —  Prend  partout  un  tréma. 
J'haïs,  t'haïs,  il  haït,  etc.  —  V.  Haït. 

Haire  (Tlm.),  s.  f.  —  Malechance  ou  mala- 
die. Ex.  :  La  haire  est  tombée  sus  ces  pouvres 
gens-là.  il  Lg.  Mauvais  état  de  santé.  Misère, 
au  propre  et  au  figuré  ;  infortune,  maladie. 
Syn.  de  MaUtrie,  Maledringue.  \\  Avoir  de  la 
haire,  —  être  mal  portant,  tirer  le  diable  par 
la  queue.  Il  (Lg.,Tlm.)Au  plur.  Loques,  vieilles 
hardes.  —  X.  Ce  mot,  qui  ne  s'emploie  plus 
à  Mj.,  y  a  laissé  le  dérivé  :  mal  hairé.  —  X.  Le 
sens  propre  est  :  cilice,  chemise  de  crin  (ail. 
haar),  puis,  par  ext.,  vêtement  qcque.  De 
là  vient  qu'au  Lg.  on  appelait  haire.  la  peau 
de  loup  dont  étaient,  croyait-on,  revêtus 
ceux  qui  couraient  le  loup-garou.  Délivrer 
ces  infortunés  c'était  les  déhairer.  De  cette 
acception  à  celles  de  :  infortune  et  maladie, 
il  n'y  a  qu'un  pas. 

Et.  —  Haire,  xv»  s.  Affliction,  peine.  Aha, 
hâra,  tissu  de  poil  ;  am.  haar.  cheveu,  poil  ;  — 
proprement  :  Petite  chemise  de  crin,  —  ou  de 
poil  de  chèvre,  portée  sur  la  peau.  (Litt.) 

—  «  E  aspre  haire  aveit  de  piel  de  chievre 
gros.  »  —  «  En  l'abeie  du  Lis  sont  les  heires  que 
saint  Loys  portoit,  une  fête  à  manière  de  gar- 
de cors,  longue  jusque  desouz  la  ceinture,  et 
l'autre  fête  à  manière  de  ceinture  ;  trois  ou  quatre 
desquelles  les  unes  sont  lées  (larges)  à  manière 
de  la  paume  d'une  main  et  les  autre  à  manière 
de  la  leesse  (largeur)  de  3  dois  ou  de  4.  »  —  Af- 
fliction, chagrin  : 

«  Marie    toy    donc,    et    me    croy, 
«  Qu'à  mener  vie  solitaire 
«  A  ben  plus  de  mal  et  de  Aatre 
«  Mil    foiz    que    les    mariez    n'ont.    » 
Hairier,  affliger  (L.  C). 

—  (I  En  laquelle  furent  veus  plus  de  six  cent 
mille  et  quatorze  chiens  à  l'entour  d'elle,  lesquelz 
lui  faisoient  mille  haires  (misères).  (  Rab.,  P.,  n, 
22,  173-4.)  —  «  J'ai  différé  à  cause  de  la  maladie 
contagieuse  dont  le  père  et  la  mère  sont  touchez, 
et  attendu  leur  reconvalescence  et  déhairement 
pour  ce  faire.  »  (1639.  Inv.  Arch.,  S.  s.  E.  332, 1.) 

Hairé  (mal)  (Mj.),  adj.  q.  —  Mal  portant. 

Hist.  «  Et  d'autant  que  l'on  tenoit  ladicte 
deffuncte  estre  malade  de  peste,...  nous  diffé- 
râmes à  la  quarantaine  en  attendant  le  déhaire- 
ment.  »  (1640.  Inv.  Arch.,  S.  s.  E.  332,  2,  h.) 


HAIRER  —  HALER 


467 


Halrer  (Lg.),  v.  a.  —  Gâcher,  cochonner 
l'ouvrage,  faire  de  la  besague.  Vient  de  Haire, 
Hairier,  affliger.  V.  haire,  aux  citations.  Syn. 
de  Sabouler,  Sabourer,  Goriner. 

Hais'  (Lg.,  Sgn.),  s.  m.  pi.  —  Etagères  sur 
lesquelles  les  briqueliers  mettent  sécher  leurs 
tuiles  et  briques.  V.  Haise. 

Ilist.  «  Haieon  (étal)  .  —  L.  C.  —  Haise,  porte 
faite  de  branches  entrelacées  les  unes  dans  les 
autres  en  forme  de  claie.  Haisellus.  (Les  haiz 
du  hourdéiz.)  —  Haison,  —  espèce  de  claie  où 
l'on  étale  la  marchandise  ;  échoppe  portative. 
«  Comme  icellui  mercier  eust  levé  ou  drecié  un 
liaison  ou  estai  en  la  place  de  la  ditte  ville  de 
Bailleul.  »  (1407.  D.  C.) 

Et.  —  C'est  le  franc.  Ais,  avec  aspiration  ini- 
tiale et  appui  sur  la  consonne  finale.  —  Dans  le 
Berry  aussi  l'on  fait  sonner  l's  final  du  mot.  V. 
Jaubert. 

Haise,  Haisiau.  —  «  Petite  porte  ou  claie 
qui  n'est  en  hauteur  que  la  moitié  d'une  porte 
ordinaire.  Elle  sert  à  barrer  l'entrée  quand 
cette  dernière  est  ouverte.  —  Sans  doute  : 
petite  haie.  (De  Montesson.)  Syn.  de  Lucet, 
Lusset,  Husset.  —  A  rappr.  de  Huis?  |1  By.  — 
On  ne  connaît  que  le  mot  Clan.  V.  Hais\ 

Hait  (Lg.),  s.  m.  —  Gré  ;  agrément,  consen- 
tement, adhésion,  assentiment.  Syn.  de 
Assent,  Agé.  Lorsqu'un  métayer  vend  des 
bœufs  qu'il  possède  en  commun  avec  son  pa- 
tron, il  a  soin,  en  concluant  le  marché,  de 
'(  mettre  le  hait  du  maître  »,  c.-à-d.  de  réser- 
ver le  consentement  du  propriétaire.  N.  Je 
retrouve  ici  ce  vx  mot,  hait,  qui  a  fourni  à 
notre  patois  :  Haiter,  Déhaite,  et  au  fr.  Sou- 
haiter. Il  De  bon  hait,  loc.  volontiers. 

Et.  —  Hist.  Joie  :  «  N'en  eurent  pas  tel  hait 
en  l'ost  (l'armée)  ne  hier  ne  avant  hier.  »  —  Diez 
assigne  pour  origine  à  ce  mot  le  nordiq.  Heit, 
promesse,  vœu.  —  A  hait,  promptement,  gaillarde- 
ment. A  souhait  :  «  Le  vent  lui  estoit  si  à  point, 
comme  à  son  hait.  »  (Froiss.)  —  De  hait,  avec 
plaisir  :  «  Il  picquarfeèon  hait  vers  \e  lieu  où  les 
escuz  pendaient.  »  (Perceval.)  —  De  bonne  dis- 
position corporelle  ou  spirituelle.  (L.  C.)  —  V. 
D.  C.  v°  Alacrimonia.  —  ...  «  et  d'advantage 
allant  de  bon  hait  du  castel  à  la  chaulmine.  » 
(/f™  du  vx  tps,  p.  47.)  V.  Haiter. 

Haït  (Mj.,  Lg.),  V.  a.  ,  avec  tréma  à  toutes 
les  formes.  —  V.  Haïr. 

Hist.  : 

«  Elle    est    aussy    en    amour    indomptée 

«  Et  n'en  haït  l'accueil  et  privauté, 

«  Se  disent  ceulx  qui  pour  ce  l'ont  hantée.  » 

(G.  C.  Bûcher,  40,  p.  103.) 

Haîtée  (Mj..  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Le  bois  d'une 
haie.  Ex.  :  Illy  a  eine  belle  haîtée  de  frênes.  — 
On  dit  aussi  :  Hâtée. 

Haiter  (Mj.),  v.  n.  —  Agréer,  convenir, 
plaire.  Ex.  :  Ça  me  haitait  si  ben  de  le  voir 
s'en  aller, . . 

Et.  —  V.  liait.  —  Haitier,  réjouir  -.  «  Procès 
qui  guère  ne  me  haicte.  (L.  C.)  —  «  Lesquelles 
galloises  vohmtiers  et  de  bon  hait  font  plaisir 
à  gens  de  bien.  »  —  (  Rab.,  P.,  in,  2.)  —  «  Ell?s 
commencèrent  escorcher  l'homme...  par  la 
partie  qui  plus  leur  haite  :  c'est  le  membre  nerveux. 


caverneux.  »  (Rab.,  P.,  m,  18.)  —  «  Accompagné 
de  Pierre  Fenouzet,  Maistre  boucher,  compagnon 
de  bon  het.  »  (1.533.  Inv.  Arch.,  S.  E.  sup.  A,  125, 
1,2.) 

«  Buvons  sur  ce   verset 

«  De  la  Grappe  Angevine, 

«  Priant  Dieu   de  bon  hait 

«  Qu'il  conserve  nos  vignes 

«  De   gelée,   grêle   et   bruine 

«  De  grilles  et  gillebers ....    » 
(Bruine,=brime  ;    gillebers ,^girb ère  ?)    —    V 
Gilbert. 

HaïtioD  (Vc),  avec  h.  muet.  —  Action  de 
haïr.  Prendre  en  haïtion,  en  haine. 

Halbourrer  (Sp.),  v.  a.  —  Bourrer,  bouscu- 
ler, secouer,  malmener,  manier  rudement.  — 
Syn.  de  Harheugner,  Bourrasser,  Rudanger, 
Huttanger. 

Et.  —  Bourrer,  et  préf.  Hal,  =  Gai. 

Haie  a  très  bref  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Courant 
d'air,  rafale.  Ex.  :  Forme  donc  la  porte,  ça 
fait  eine  haie  de  vent.  Syn.  de  Bohalée.  \\ 
Endroit  où  il  passe  des  courants  d'air.  Ex.  : 
C'est  comme  une  vraie  haie,  là-dedans.  N. 
Il  ne  peut  y  avoir  confusion,  ici,  avec  le  fr. 
Halle. 

Et.  —  Se  rattache  directement  au  lat.  Hali- 
tus. 

Hist.  : 

(C  Levez    ces    cuevres-chiefs    plus    hault 

«  Qui  trop  cuevrent  ces  beaux  visaiges  ; 

«  De  riens  ne  servent  tels  ombraiges 

a  Quand   il   ne    fait   haie    ni   chault.    » 

(Ch.  d'Orléans  ;  ch.  103.) 

Hâle  (Pell.),  s.  f.  —  Fig.  Gerçures  à  la 
peau  ou  aux  muqueuses  produites  par  le 
hâle  ou  le  froid  ;  partissures,  rimes.  Syn.  de 
Hâlures.  Cf.  Gealles. 

Et.  —  Du  flamand  Hael,  sec.  Ancien  adj. 
Halleus. 

Halebaudée(Tlm.),  part.  pas. —  Déplumée, 
en  pari,  d'une  poule. 

N.  —  Hallebrenée.  Oiseau  de  fauconnerie  qui 
a  les  pennes  rompues,  —  d'où  :  fatigué,  (parce 
qu'ils  ont  de  la  peine  à  voler.) 

Halée  (By.),  s.  f.  —  Tirer  à  la  halée  ;  terme 
de  marine  ;  ou  tirer  à  rencontre  du  vent.  On 
est  bouclé  pour  tirer  à  la  halée.  (Mén.)  — 
Sans  doute  :  On  s'est  passé  en  bandoulière  la 
boucle  rattachée  à  la  corde  de  hâlage.  ||  By. 
Hâlée.  La  corde  de  hâlage  est  le  billon. 

Et.  —  Aha.  halân,  tirer,  haler  ;  a  scand.,  hala  ; 
angl.  to  haie. 

Halefessier  (Ag.,  By.),  s.  m.  —  Fainéant, 
mauvais  sujet,  peu  scrupuleux,  batailleur. 
Cf.  Al  fessier. 

Haleine,  s.  f.  —  Longue-haleine,  ou  fau- 
vette locustelle,  à  cause  de  son  chant  pro- 
longé. (Mén.)  V.  Longue-haleine. 

Halequiner  (Mj.),  v.  n.  —  Peiner,  ahaner. 
V.  Haletiner.  flanetiner.  \\  By.  —  Hanequi- 
ner. 

Hâler  (Lg.),  v.  n.  —  Se  gercer,  se  fendiller 
légèrement,  en  pari,  de  la  peau.  Ex.  :  J'ai  les 
balleaux  hâlés.  Svn.  de  Rimer.  J'ai  les  lèvres 


468 


HALETIGNERIE  —  HANNEQUIN 


gercées.  —  X.  C'est  le  fr.  Hâler,  avec  un  sens 
détourné,  car  les  hâlures  ou  rimes  ne  sont  pas, 
en  général,  causées  par  le  hâle.  ||  (Mj.)  Faire 
chaud  et  sec.  Ex.  :  Ça  hâle  dur  anhuit.  N. 
S'emploie  peu  comme  verbe  transitif. 

Haletignerie  s.  f.  —  Fatigue  ;  ouvrage 
pénible. 

Haletiuer  (Mj.),  v.  n.  —  Hanetiner,  Hale- 
qiiiner. 

Et.  —  Haleter?  pour  :  aleter,  dér.  de  aile  ^ 
proprement  :  battre  de  l'aile,  puis  :  palpiter.  — 
L'aspiration  paraît  due  à  une  sorte  d'onomatopée 
(LiTT.)  =  Respirer  comme  quand  on  est  hors  d'a- 
leine  ;  halitare  (Darm.). 

Haleux  (Mj.),  s.  m.  —  Haleur. 

Hâ!eu\  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Très  sec,  en 
parlant  du  temps. 

Et. —  du  fr.  Hâle. 

Hist.  ^-  «  Il  est  venu,  un  temps  après  fort  alleux 
qui  a  tellement  retiré  les  eaux,  qu'on  a  semé  par- 
tout. »  (Inv.  Arch.,  E.  III,  p.  252,  col.  1). 

Hallebotte  s.  f.  —  Grappe  de  raisin  chétive. 

Hist.  —  «  Halleboter,  grapiller  :  Halleboter  est 
un  verbe  que  les  Angevins  ont  fait  d'hallebotte  ; 
nom  qu'ils  ont  donné  aux  petites  grappes  que  les 
vendangeurs  oublient  en  coupant  le  raisin.  »  (Le 
DucHAT,  sur  Rabelais,  I,  191)  =  A  rapprocher 
de  Caillebotte?  =  «  Je  me  donne  au  diable  s'ils  ne 
sont  en  nostre  clos,  et  tant  bien  coupent  et  ceps  et 
raisins,  qu'il  n'y  aura,  par  le  corps-Dieu,  de  quatre 
années,  que  haleboter  dedans  (Rab.,  G.  27). 

Halnir"  (Lg.),  v.  a.  —  Rabougrir,  ratatiner. 
Syn.  de  Rabousiner,  Agricher.  \\  Part.  pas. 
Harni,  desséché  dans  l'épi  avant  d'être  mûr. 
Syn.  de  Echaudé.  —  Doubl.  de  Harnir, 
Harner. 

N.  «  Havir,  vx  fr.  brûler,  dessécher.  »  (L.  C). 

Halos,  osses  (Sp.),  s.  m.  —  Vagabonds,  gi- 
tanes, bohémiens.  Syn.  de  Camillaud.  — 
X.  Le  même  que  le  vx  fr.  Hurlus,  gueux,  et 
que  l'angl.  Harlot,  femme  de  mauvaise  vie. 

Et.  —  Herlot,  harlot,  arlot,  s.  m.  —  Garçon 
jeune  homme  ;  polisson,  débauché,  glouton,  fai 
néant,  ribaud.  —  Celtiq.  herlawd,  herlot,  garçon 
(D"'  A.  Bos)  =  Halot,  otte.  —  Petit  domestique  qui 
fait  les  commissions,  clerc  saute-ruisseau.  Verbes 
halocer,  —  faire  le  gros  d'un  ménage  et  les  commis- 
sions ;  et  Haloter.  Syn.    Gourgandin. 

Halosserie  (Sp.),  s.  f.  —  Bande  de  vaga' 
bonds,  de  bohémiens.  Ex.  :  Tout  ça,  c'est  de 
la  halosserie.  Syn.  de  Meillauderie,  Grim- 
bolerie,  Pouillerie. 

Ilâiure  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Gerçure  légère 
de  la  peau  ou  de  la  muqueuse.  Svn.  de  Rime, 
Hâle. 

Ilaiu'  î  (Mj.,  By.),  interj.  —  Marque 
l'action  de  happer.  —  X.  La  langue  russe  a 
cette  même  interj.,  qui  n'est,  d'ailleurs, 
qu'une  onomat.  —  Une  maman  dit  Ham'  / 
pour  faire  avaler  une  cuillerée  de  bouillie  à 
sofi  bébé. 

Ha  mages  (Lg.),  s.  m.  —  Menus  débris  de 
jilanlcs;  feuilles  sèches,  brindilles  dont  on 
lait  des  composts. 


Hambe  (Sa.),  s.  f.  —  V.  Hante.  Manche  de 
fourche,  hampe. 

Et.  —  Hampe  ;  d'après  Diez,  contract.  du  vha. 
Hanthabe  (auj.  handhabe).  —  partie  d'un  instru- 
ment ou  d'un  outil  par  laquelle  on  le  tient  (d'abord 
hantbe,  d'où,  par  transposit.,  hampte,  et  enfin 
hampe).  Malgré  la  communauté  de  sens,  il  n'y  a 
aucun  rapport  étym.  avec  le  vx  fr.  Hante  ou  Hanste 
bois  de  lance,  lequel  vient  du  lat.  Ames,  amitis, 
perche  (l'étymol.  :  hasta  étant  peu  probable),     r-, 

Hainer  (partout),  v.  a.  —  Happer.  ||  Hu- 
mer, aspirer  pour  avaler.  Dér.  de  Ham. 

Hanipane  (Mj.),  s.  f.  —  Taloche.  Syn.  de 
Ognon,  Atout,  Mornifle,  Gnon.  —  P.-ê.  de  : 
hampe.  Coup  de  hampe.  Cf.  Houpane. 

Hampe  (Cho.),  s.  f.  —  Diaphragme  de 
bœuL  Syn.  et  d.  de  Rampe.  Lang.  des  bou- 
chers. Syn.  de  Falange,  Entrevire. 

Haiopier  (Sa.),  s.  m.  —  Marîche  de  faux. 
Syn.  de  Faux-manche. 

Haner  (Lg.),  v.  a.  —  Habiller,  vêtir.  Syn' 
de  Fouiller.  \\  Part.  pas.  Mal  hané,  —  mal 
vêtu. 

Et.  —  Dér.  de  Hane.  V.  Hanicelles,  Déhaner.  N. 
Haner  ne  se  dit  pas  à  Mj..  où  l'on  emploie  Déhaner 
et,  en  revanche,  ce  dernier  mot  est  inconnu  au 
Long. 

Haneter,  Hanéter  (Mj.),  v.  n.  —  Haleter, 
être  essouflé.  Cf.  Caneçon,  Panetot. 

Et.  «  De  halitare,  fréquent,  de  halare,  soufïler.  » 
(LiTT.)  =  Pourquoi  pas  de  Hanl  «  A  ung  tendeur 
de  boys,  fait  grand  soulaigement  celui  qui,  à  chas- 
cun  coup  près  de  luy,  crie  :  Han,  à  haulte  voix.  » 
(Rab.  Pant.). 

Hanetiner  (Mj.),  v.  n.  —  S'épuiser  en 
efforts  violents  et  répétés.  Syn.  de  Odigner, 
Jâgnoter,  Haricoter.  Dimin.  et  fréquent,  de 
Haneter. 

Hanguir"  (By.). — V.  Aillir,  Achouir,  Hadir. 

Hanicelles  (Lg.,  By.),  s.  f.  plur.  —  Hardes, 
plutôt  en  mauvaise  part,  guenilles,  haillons. 

Et.  —  L'identité  évidente  de  ce  mot  avec  Gani- 
celles  me  donne  à  penser  que  l'un  et  l'autre,  et 
aussi  Guenille  doivent  avoir  pour  rac.  le  mot  Han< . 
Syn.  de  Nampilles,  Pernampilles,  Penilles,  Héni- 
celles,  Gueille. 

Hanne  s.  f.  —  Pour  :  hardes  déguenillées. 
Ressanner  ses  hardes,  c'est  les  réparer  gros- 
sièrement. (Segr.)  Méx.  Il  Do.  —  Vieille  rosse. 
Syn.  de  Canasson,  Harou,  Carabi,  Rochon, 
Ricard,  Carcan.  \\  Je  préférerais  le  voir  écrit 
Hane,  qui  existe  aussi,  très  vieilli,  à  Mj.,  où 
son  dérivé  Déhaner  est  fort  employé.  Je  le 
rapprocherais  de  l'angl.  Gown  et  du  lat. 
Vagina,  donc,  du  fr.  Gaine.  (R.  O.) 

Hannequin  (By.).  —  Chasse  Hannequin, 
ou  AUequin,  chasse  fantastique  qui  parcourt 
les  airs  pendant  la  nuit.  (Chasseur- Xoir  de 
l'Allemagne  ;  le  Mau-Piqueur,  de  \'endée  ; 
chasse  à  Ribaud,  dans  l'Orléanais  (corrupt. 
de  Thibault  de  Champagne)  ;  plus  loin,  la 
Chasse-Baudet  ;  la  Chasse  Gallery,  souvenir 
du  fameux  bandit  Guillery.)  —  L'origine  du 
mot    est    discutée.    On    y   rattache    parfois 


HANNEQUIGNERIE  —  HAQUETOXNER 


t69 


celui  de  Arlequin.  —  Voir  Gén.,  Récr.  phil.  — 
(Ifist.  du  vx  temps,  253,  4,  5.  —  Note  très 
longue  où  je  renvoie  le  lecteur.)  V.  F.-Lore,  x. 

Ilanneqiiignerie  (By.),  s.  f.  —  Queune 
haiinequ  ignerie  !  \  .H  aletignerie ,  H  aquenassage 

llannequiner  (Bg.,  By.),  v.  n.  —  Fatiguer 
en  marchant.  Une  bonne  femme  dira  :  J'ai 
hannequiné  pour  arriver.  ||  Ag.  —  Prendre 
dur  pour  enlever  qqch.  ||  Bl.  —  Se  donner  du 
mal  pour  faire  qqch.  que  l'on  ne  peut  réussir. 
Cf.  Hanetiner,  Haletiner. 

Hannetonneuse  (By.),  adj.  q.  —  V. 
Années. 

Et.  —  Ail.  Hahn,  coq.  —  Angl.  Cock-Chafer, 
coq  scarabée. 

Hanoche  (Mj.,  Ti.,  By.,  Sp.,  Lue,  Ag.),  s.  f. 

—  Trique,  souche,  rondin,  bûche,  gros  tron- 
çon de  racine.  —  Syn.    de    Riboule,  Mobule. 

—  X.  Il  y  a  :  La  jambe  de  bique,  La 
hanoche,  Le  rondin.  Le  gros  rondin.  Cf. 
Ifagnoche. 

Et.  —  Dtr  Cange  cite  Hentich,  peut-être  de 
Ilenel,  palus,  stipes.  «  Jehans  Pains  faisoit  amener 
à  Corbie,  bos  à  voiture  qui  devoit  fouée  ;  par  raison 
de  le  voiture  le  gent  de  l'église  prisent  un  Aenel  en 
le  carete  ;  jehans  Gains  devant  dis  s'en  dolu  à 
le  gent  le  roy,  et  disoit  que  li  Henyaus  estoit  siens  ; 
et  li  fu  li  Henyaus  recreus.  » 

ilansart  (Sa.),  s.  m.  —  Hache  ou  couperet 
de  boucher.  Doubl.  et  syn.  de  Haussera  , 
Pnltré. 

liant  (Lue,  By.),  s.  m.  —  Crottes  prove- 
nant d'un  terrier  qui  est  hanté. 

Et.  —  Hanter.  On  a  proposé  Habitare  ;  probable, 
de  Habere,  fréquent,  avoir  souvent.  —  Scheler 
propose  Ambire,  par  un  fréquent.  Ambitare,  qu'il 
explique. 

Hante  (Sa.),  s.  f.  —  Manche,  de  fourche. 
Ex.  :  Eine  hante  de  broc.  —  Corr.  du  fr. 
Hampe.  La  preuve  en  est  que  l'on  dit  par- 
fois :  Hambe. 

Et.  —  Hansle,  hante,  —  Hampe:  bois  de  lance, 
poignée  d'une  arme,  d'un  outil.  «  \\  cuida  frapper 
du  bout  de  la  hante  de  sa  faux.  «  (B.  de  Verville, 
M.  ie  parv.,  p.  75). 

Hanter  (Lue,  By.),  v.  a.  —  Fréquenter, 
surtout  pour  le  gibier.  Un  terrier  a  l'air  bien 
hanté  quand  on  voit  à  son  entrée  des  traces 
fraîches,  comme  des  crottes,  du  hant. 

Hantier  s.  f.  —  V.  Hampier.  Hampe  qui 
sert  à  emmancher  la  faux.  «  Nostris  han- 
chier  est  crux  in  cruce  implicare.  »  D.  C.  — 
Ou  de  hames,  long  bâton.  (IMén.) 

Happaiid,  e  (Mj.),  adj.  q.  —  Goulu, 
glouton,  goinfre,  goulifre,  gourmand.  De 
Happer.  —  Syn.  de  Goulif,  Porchard,  Poche- 
ton,  Goujat. 

Et.  —  Ou  bien  le  holl.  happen,  mordre,  ou  sim- 
plement une  onomat.  tirée  de  la  bouche  qui  saisit, 
qui  happe. 

Happauder  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  le  gour- 
mand, le  goinfre. 

Happe,  Happée  (Z.  118,  By.),  s.  f.  —  Petite 


quantité,  négligeable.  ||  '<  \'oici  une  belle 
happe  !  —  par  déri.sion,  pour  :  petite  part,  un 
peu  de  telle  chose.  »  (Méx.)  Cf.  Lichée. 

Happe-lopin  (Mj.),  s.  m.  —  Batteur 
d'estrade,  bohème,  individu  dont  l'aspect 
n'inspire  pas  confiance  ;  croquant,  esco- 
griffe, maraud,  truand,  malandrin.  V.  Acclo- 
pin. 

Et.  —  Hapelopin.  Parasite  ;  qui  happe  des  lopins 
(MÉNAGE.)  =  «  A  nos  amez  happclopin 
«  Sert  de  brouet  et  galopin.  » 

(E.  Desch.,  f.  416).  L.  C. 
=  Y"  happe  —  de  happer,  saisir  ;  happe-lopin, 
écornifleur,  et  surtout  attrape-lourdaud  (Scheler) 
=  Les  oultragèrent  grandement,  les  appellans  trop 
diteux,  . .  .rustres,  challans,  hapelopins.  (Rab.  G. 
I,  25,  52). 

Haquégner  (Lg.),  v.  a.  —  \'.  Haquenir.  Cf. 
Démnquégner. 

Haquenassage  (Mj-),  s.  m.  —  Travail  fati- 
gant, efforts  réitérés.  —  Syn.  de  Haquenas- 
serie,  Harihaudage,  Harquélage,  Haricotage, 
H  annequinerie. 

Haqiienas.ser  (Mj.,  Sp.),  v.  n.  —  Travailler 
beaucoup,  faire  des  efforts  fatigants,  ahaner. 
Ex.  :  J'ai  haquenassé  tout  mon  soûl.  Syn.  de 
Harquéler,  Haribauder,  Bédasser,  Timonner, 
Bouvisser,  Jâgnoter,  Odigner,  etc.  —  Tient  au 
fr.  Haquenée  et  au  pat.  Haguin. 

Haqnenasserie  (Sp.),  s.  f.  —  Travail  fati- 
gant, effort  pénible.  Syn.  de  Haribaudage, 
Harquélage,  Haricotage.  \\  Ouvrage  qui 
donne  un  maigre  profit.  ||  Fig.  —  Au  plur.,  — 
choses  de  peu  de  valeur.  Syn.  de  Harquaille- 
ries,   Boutelages. 

Haquenée  (Ag.),  s.  f.  —  Une  bande,  une 
société,  une  foule.  «  Y  en  avait  une  haquenée 
de  monde  à  ceté  noce  !  «  ||  (Mj.)  Aller  la 
haquenée,  —  aller  l'amble,  en  pari,  d'un  che- 
val ;  prendre  une  allure  à  la  fois  traînante  et 
sautillante,  en  pari,  d'une  personne.  —  N. 
Cette  loc.  est  pour  :  Aller  comme- une  haque- 
née ;  seulement,  ceux  qui  l'emploient  ignorent 
absolument  le  sens  du  mot  fr. 

Et.  —  Germ.  Hack,  Hacke,  cheval  ;  angl.  Nag  ; 
holl.  Negge,  bidet  (Litt.). 

Haquenir»  (Mj.),  v.  a.  —  Amollir,  eflemi- 
ner  par  des  caresses  ou  des  soins  exagérés,  en 
pari,  des  animaux  domestiques.  Syn.  de 
Arosser,  Aniqueler,  Avesser,  Aladrer,  Acai- 
gner,  Acaignarder,  Anianter,  Anicer.  —  P.-ê. 
doubl.  de  Acaigner.  Cf.  Haquégner. 

Haquetonner  (By.).  —  Cf.  Hoquetnnner  et 
Jaquetonner,  y.  n.  Parler  avec  difficulté, 
bégayer,  hésiter  en  parlant.  ||  Faire  de 
grands  efforts  pour  faire  qqch. 

Et.  —  Hoquet,  hoqueter.  Génev.  loquet  (où  l'art. 
le  s'est  confondu  avec  le  mot,  faute  d'aspirer  l'h), 
Onomatopée.  —  B.  bret.,  hok,  hik  ;  angl.  hickup. 
En  ce  cas  il  faut  penser  que  hoquet  signifiant  : 
coup,  difficulté,  chicane,  et.  dans  La  Fontaine, 
choc,  a  pris  ces  sens  métaphoriques  parce  que  le 
hoquet  lui-même  est  un  co\ip,  ou  choc  que  le  corps 
éprouve  très  sensiblement  (Litt.). 


\i.. 


470 


HAQUILANNEUF  -  HARDELLE 


Haquilanneiif.  —  Vx  mot  angevin.  V. 
Aguilanneuf. 

Hist.  —  »  Le  22«  jour  de  décembre  1600... 
Estienne  Oger  a  baillé  à  Jacques  Péletier  la  somme 
de  7  1.  t.  qu'il  debvoict  pour  un  haquilanneu]  qu'il 
avoit  acheté  de  la  paroisse  de  Villemovsant.  (Inv. 
J/-cA.,  E.  S.  p.  253,  1). 

Haranier,  s.  m.  —  Une  des  cloches  de  la 
cathédrale  d'Angers.  J'extrais  l'intéressante 
dissertation  suivante  de  la  Monographie  de  la 
Cathédrale  d' Angers,  par  M.  L.  de  Farcy.  — 
Tome  II,  p.  96. 

—  «  Le  Haranier  {Campana  argenti,  campana 
chiri,  dans  les  anciens  comptes)  est  refondu  en  1561. 
Quelle  peut  bien  être  l'origine  de  ce  nom  bizarre? 
Suivant  Brossier  (secrétaire  du  Chapitre  en  1761), 
c'était  «  une  petite  cloche  fort  vieille,  fêlée  et  même 
rompue  en  plusieurs  endroits,  dont  le  son  faux  et 
désagréable  est  particulièrement  destiné  pour 
annoncer  l'office  en  carême,  apparemment  pour 
mortifier  les  oreilles,  n 

«  Thorode,  son  successeur  en  1772,  dit  la  même 
chose,  et  conclust  ainsi  :  «  C'est  ce  qui  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  Haranier,  sans  doute  à  cause  du 
hareng  qu'on  mangeait  en  carême.  » 

«  Plus  anciennement,  au  commencement  du 
xviii«  siècle,  Lehoreau  écrit  dans  son  Cérémonial  : 
«  Cette  cloche  ne  servait  qu'en  carême  pour  l'abso- 
lution, et  aussi  pour  avertir  les  sonneurs,  lorsqu'ils 
ne  sonnaient  pas  juste.  Aux  processions  générales 
on  la  tinte  pour  avertir  le  chœur  de  la  fin  du  sermon 
et  du  départ  en  procession.  »  Ici,  il  n'est  pas  ques- 
tion de  la  mortification  des  oreilles  ;  son  vrai  rôle 
était  d'avertir  les  sonneurs  et  de  leur  donner  le 
signal. 

«  Le  jeudi  14  mars  1762,  M.  le  Maréchal  de  la 
Meilleraye  arriva  en  cette  ville  et  alla  descendre  à 
l'évêché,  où  il  est  demeuré  jusqu'au  19  mars  :  ce 
jour-là,  il  partit  fort  en  colère  contre  les  habitants, 
parce  que  le  jour  précédent,  environ  9  h.  1/2  du 
soir,  un  de  ses  gardes  a  été  tué  en  la  rue  Baudrière 
d'un  coup  de  fusil  dans  une  émotion  populaire 
causée  par  un  son  de  la  cloche  du  hananie  qu'on 
tirait  en  tintant  pour  appeler  les  sonneurs  pour  la 
recommandation  de  l'âme  de  feu  M.  René  Bruslé, 
vivant  chanoine  de  l'église  d'Angers. 

«  Le  vieux  mot  français  ylra/sne,  harainne  avait 
le  sens  de  :  trompette  d'airin.  Araisnier  voulait 
dire  :  adresser  la  parole. 

«  C'était  bien  là  la  destination  de  cette  petite 
cloche.  Appel,  Signal,  Avertissement,  Commande. 
L'explication  de  Brossier  et  de  Thorode  est  mau- 
vaise :  le  vrai  sens  de  Haranier  est  :  Appel,  Com- 
mande. 

«  Il  y  avait  aussi  un  Haranier  à  l'église  du  cha- 
pitre de  Saint-Laud. 

«  Dès  le  xv*  siècle,  le  clocher  couvert  de  plomb, 
qui  s'élevait  au-dessus  de  la  croisée  de  l'église,  por- 
tait le  nom  de  Haranier  (1462). 

Dans  une  lettre  particulière  que  M.  de  Farcy  a 
eu  l'extrême  obligeance  de  m'écrire,  il  ajouté  : 
«  Elle  était  pendue  dans  une  élégante  flèche  cou- 
verte de  plomb,  démolie  en  93,  afin  de  procurer  des 
balles  aux  patriotes. 

«  Il  y  avait  à  Saint-Martin  de  Tours  une  petite 
cloche  :  Campana  Irata.  qui  avait  un  son  perçant. 
Le  peuple  l'appelait  La  Braillarde  {Irainier,  Harai- 
nier)  :  c'est  la  même  origine  :  Irata  ou  Haranier.  » 

M.  l'abbé  J.  Rangeard  parle  de  cette  cloche  :. . . 
on  la  sonne  en  carême,  et  son  nom  de  Haranier 
annonce  le  genre  du  poisson  de  mer  le  plus  commun 
dans  le  temps  d'abstinence  de  viandes  prescrite  par 
l'Eglise.  »  (Cité  dans  VAnj.Hist.,  6^  an.,  n»  6,  mai- 
juin  1906,  p.  573.) 


L'explication  donnée  par  M.  de  Farcy  est  la 
seule  qui  puisse  être  acceptée. 

Harassages  (Mj.),  s.  m.  plur.  —  Menues 
récoltes.  \\  Aliments  de  peu  de  valeur  nutri- 
tive. Ex.  :  Comment  veux-tu  ne  pas  être 
fâli  ?  tu  ne  manges  que  des  harassages  !  — 
Il  n'a  ni  force  ni  vartu,  il  ne  mange  que  des 
harassages.  —  Orig.  incert. 

Harasse  (Lg.,  By.,  Sp.),  s.  î.  —  Sorte  de 
claie  que  l'on  couche  transversalement  à 
l'avant  et  à  l'arrière  des  charrettes,  de  façon 
qu'elles  débordent  notablement  sur  les  côtés, 
ce  qui  permet  de  donner  au  chargement  une 
base  plus  large  dans  cette  partie  qui  n'est  pas 
occupée  par  les  roues.  — N.  Dans  le  Berry, 
sorte  de  grande  caisse  à  claire-voie,  de  grand 
panier  d'emballage  pour  les  poteries.  ||  By.  — 
Id.,  pour  les  choux-fleurs,  les  dârées.,  etc. 

Hist.  —  «  ...3.000  harasses  ou  cadres  sont 
nécessaires  pour  l'emballage  (du  gui).  »  —  Le 
Petit  Courrier  du  24  février  1905. 

Harassé(Sgr.).  — Effronté.  (Mén.) 

Harasser  (Sp.,  By.),  v.  n.  —  Se  fatiguer 
beaucoup,  faire  un  travail  pénible. 

Harasserie  (Lg.),  s.  f.  —  Travail  pénible. 
Syn.  de  Harquélagc,  Harquélerie,  Haribau- 
dage,  Haricotage,  Haquenasserie,  Haquenas- 
sage. 

Harauder  (Lg.),  v.  n.  —  Se  livrer  à  des  tra- 
vaux pénibles  et  qui  conviennent  surtout  aux 
hommes,  en  pari,  d'une  femme.  Syn.  et  voisin 
de  Haribauder,  Harasser. 

Harbager  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Mettre  au  pré, 
—  les  bêtes  à  cornes.  Pour  :  herbager. 

Harbe.  —  V.  Herbe,  pour  toute  la  série. 

Harbeuguer  (Mj.),*  v.  a.  —  Bousculer, 
rudoyer,  secouer  violemment.  Xe  se  dit  qu'en 
pari,  des  personnes.  ||  Tracasser.  —  Voisin  de 
Haribauder.  Syn.  de  Bourrasser,  Halbourrer, 
Rudanger.  —  Cf.  Arbeuiller.  (Jatjb.) 

Harboriste,  s.  m.  —  Herboriste.  —  V. 
Herbe. 


Harboiiler  (Th.),  v.  a. 
la  faucille. 


Couper  l'herbe  à 


Harceler  (Tlm.),  v.  n.  —  Se  livrer  à  un  tra- 
vail pénible  et  épuisant,  se  tuer  au  travail.  N. 
Le  même  que  le  Mj.  harqueler  et  que  le  mot 
fr. 

Et.  —  Af.  harce.  diminut.  de  hart,  baguette  ; 
proprement  :  frapper  d'une  baguette.  —  Diez  y 
voit  un  dér.  de  :  herser,  puis  fig.  tourmenter, 
comme  la  herse  tourmente  la  terre.  Et  il  cite 
l'angl.  to  harrow.  qui  a  les  deux  sens.  (Litt.) 
Darm.  est  pour  cette  seconde  explication. 

Hardelle  (Do.),  s.  f.  —  Fille  de  ferme. 

Et.  —  Haridelle.  Orig.  incert.  —  Wallon,  hari- 
dèle,  personne  frivole,  légère  ;  harote,  —  haridelle, 
rosse  :  Hainaut,  haroute,  id.  ;  norm.,  harousse  ; 
angl.  harridan.  (Litt.)  —  h  Hardeau.  ainsi  ap- 
pellent-ils a\ix  champs  un  garçon  et  une  garse  une 
hardelle.  >>  (Contes  de  Desperriebs,  I,  rn. )  «  La- 
quelle   Jehanne    eust    deslengiés    les    dites    trois 


HARDI  —  HARIAS 


471 


jeunes  filles,  pour  ce  qu'elles  mengeoient  du  fruit  de 
la  dite  Jehanne...  et  leur  dist  qu'elle  les  feroit 
battre,  en  les  appelant  sanglantes  hardelles.  » 
(1380.  L.  C.)  —  Cf.  Marias. 

«  Jeanne  de  Solles 
«  De  ses  herbolles 
«  Fist  un  bouquet  plus  bon  que  beau 
«  Quel  donna  au  petit  hardeau.   « 

(Noêlz  nouveaux.  —  De  Montess.) 

—  Haraeau  est  le  plus  souvent  pris  en  mauvaise 
part  :  c'est  celui  qui  sent  la  hard  «  de  cent  pas  à  la 
ronde  »,  comme  le  valet  de  Marot.  Cf.  Harbouler. 

Hardi  (Mj.),  adj.  q.  —  N.  pr.  Monsieur 
Hardi,  le  vent.  Ainsi  nommé  parce  qu'il  se 
permet  d'ouvrir  les  portes,  d'entrer  sans  frap- 
per et  de  découvrir  les  gens.  ||  Lue.  — 
Presque,  —  loc.  explétive. 

Et.  —  Hardit  est  le  part,  du  v.  hardir,  que  nous 
disons  aujourd'hui  :  enhardir  ;  hardir  répond  à 
l'aha.  harljan,  endurcir,  rendre  fort  ;  de  l'aha. 
harti,  dur,  en  pari,  des  choses  ;  fort,  hardi,  en  pari, 
des  personnes.  —  C'est  le  sanscrit  kratu  et  le  grec 
kratuç. 

Hardiaiitin,  s.  f.  —  Rose  églantine.  Vulg* 
Rosa  canina.  (Mén.)  Cf.  Arlantier.  ||  By.  — 
On  dit  :  Arcancié  pour  :  long  rameau  d'églan- 
tier. (Ce  long  rameau  se  courbe  en  arc  fleuri 
au-dessus  de  la  hâ,  comme  un  arc-en-ciel.) 
On  prononce  plutôt  :  argancié. 

Hardier  (Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Chaîne  de  fer 
fixée  à  l'avant-train  de  la  charrue  et  terminée 
à  l'autre  extrémité  par  une  large  boucle  qui 
embrasse  l'âge,  sur  lequel  elle  est  fixée  plus 
ou  moins  loin,  au  moyen  d'une  cheville  de 
fer  appelée  jauge.  Syn.  de  Prouillère. 
Et.  —  Hardière  :  crémaillère. 

«  Et  met  de  l'eve  en  la  chaudière 
«  Et  la  pendent  a  la  hardière.    » 

—  «  Câble.  «  Lequel  varlet  print  la  hardière  ou 
hemye  faite  de  grosse  corde,  propre  à  mettre  un 
verrin  ou  grosse  cheville  de  bois,  qui  est  mise  parmi 
la  viz  du  pressoir.  »  (1441.  —  Cité  par  L.  C.)  — 
De  :  hard. 

Hardillon  (h  muet)  (Sp.),  s.  m.  —  Orgelet, 
compère  Iciriot.  Syn.  de  Grain  d'orge,  Biroillon, 
Bourguignon,  Parpillon,  Derzillon.  \\  By.  — 
Pour  Emerillon. 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Ilordillon  ;  il  dérive  direc- 
tement du  lat.  Horde\im,  orge,  au  moyen  du  suff. 
dimin.  illon  :  il  a  donc  le  même  sens  propre  que  le 
fr.  Orgelet  cl  le  pat.  Grain  d'orge.  Cf.  Orbillon. 

'.Iapb.) 

Hardiiiient  (.Mj.,  P>y.),  adv.  —  Largement, 
ail  moins.  Ex.  :  Y  en  a  hardiment  ein  cent.  — 
Il  est  hardiment  aussi  grand  que  moi.  —  I 
z'étaient  hardiment  cent  personnes. 

Hardise  (tout  d'une)  (By.).  —  A  la 
queue  leuleu.  —  D'eine  enfilée,  tout  à  l'enfilée. 

Ilaré,  adj.  q.  —  Lié,  attaché.  De  hard,  ou 
h  are. 

Hargne  (.Mj.,  By.,  Sal.),  s.  f.  —  Averse, 
ondée,  giboulée,  guilée,  grain,  rafale.  ||  Sp.  — 
Fig.  Etre  en  hargne,  —  être  en  délicatesse, 
avoir  qq.  difTiciillé  ou  bisbille. 

Et.  —  C'est  la  rac.  du  fr.  hargneux,  dont  le  sens 
a  été  transporté  du  physique  au  moral.  —  Breton  : 


harnan.  —  Mauvaise  humeur  ;  n'est  p.-ê.  pas  le 
même  que  hargne,  hernie.  (Litt.)  —  Hargne... 
2"  Peine,  tourment,  chagrin,  inimitié.  «  Entre  les 
habitans  de  Bisance  et  les  Athéniens...  s'estoit 
mise  une  hargne  grande. . .  les  uns  couroient  sans 
cesse  sur  les  autres.  »  (L.  C.)  —  B.  bret.  Arne,  arneo 

—  giboulée  ;  angl.  rain  ;  ail.  regnen.  —  On  pourrait 
le  placer  dans  la  même  famille  que  harer,  harasser, 
harceler,  la  série  des  formes  serait  :  hariner,  hari- 
nier,  haringer,  harigner,  hargner,  modifications 
littérales  qui  n'ont  rien  que  de  très  ordinaire.  — ■ 
Aucun  rapport  avec  hernie.  (Scheler.)  —  «  Ainsi 
y  a-t-il  qqf.  de  petites  hargnes  et  querelles  quoti- 
dianes  entre  le  mari  et  la  femme.  (Amyot,  Plu- 
larq.  Préceptes  de  mariage.)  —  «  Harée,  ou  horée, 
ondée  de  peu  de  durée,  —  volée  (d'oiseaux).  — 
CoTGRAVE  traduit  :  a  great  shower  of  rain.  —  God., 

—  oré,  orré,  vent,  orage,  tempête,  pluie  d'orage. 
(G.  DE  GuER.  —  En  note.  ) —  Breton  :  Harnan  ; 
pat.  norm.  Harée,  même  sens. 

Hargner  (Lg.),  v.  a.  —  Taquiner,  agacer. 
Syn.  et  d.  de  Harguégner. 

N.  —  Harer,  harier,  —  exciter.  Cf.  l'angl.  to 
harry,  tourmenter.  «  Huquenin  et  sa  femme... 
harerent  et  firent  courir  lesdis  chiens  aus  dis  mou- 
tons. »  (1300.  —  L.  C.) 

Hargneux  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Temps 
hargneux.  V.  Hargne. 

Et.  —  Malvezin  le  dérive  de  la  rac.  Ar,  eau, 
«  Arnia,  pluie,  brume,  dénoté  par  notre  agne.  pour  : 
arnie,  sans  h  ;  —  argneus  pour  arnieus,  employé 
d'abord  en  pari,  du  temps,  et  passé  au  sens  de  :  qui 
est  d'humeur  irascible.  —  Bret.  Arnev,  pluie  tor- 
rentielle, orage. 

Hargnon  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  bourrasque, 
légère  averse. 

Hargnoux  (Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Hargneux, 
maussade,  difficile  à  vivre.  Syn.  de  Hargué- 
gnoux,  Ragaçoux,  Rechignoux,  Malcommode. 

Harguégner  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Agacer, 
indisposer,  irriter,  énerver.  De  Hargne. 
«  Tâche  de  ne  pas  venir  tcC harguégner  !  » 
N.  L'h  est  peu  aspiré  dans  ce  mot,  tandis 
qu'il  l'est  fortement  dans  le  dérivé  :  hargué- 
gnoux.  Cf.  Aguégner.  Syn.  de  Aquiner,  Cha- 
crogncr,  Ahargner. 

Harguégnoux,  ouse  (Mj.,  Lg.,  Bj'.),  adj. 
q.  —  Grincheux,  hargneux,  d'humeur  maus- 
sade, difficile  à  vivre.  Se  dit  des  personnes. 
Syn.  de  Ragaçoux,  Rechignoux,  Malcommode, 
Hargneux,  Pétounard,  Gribiche,  Griche-midi, 
Blèche.  —  Corr.  du  fr.  Hargneux  et  dér.  de 
Harguégner. 

Haria,  s.  m.  —  Entreprise  difficile. 

Et.  —  Comme  Aria.  Paraît  tenir  à  l'a.  v.  harier. 
V.  hargne.  (Litt.)  —  «  Ung  grand  haria.  »  Coquil- 

LART.  —  PaLSGRAVE.  (L.  C.) 

Harias  (Mj..  By.),  s.  m.  —  Personne  qui  se 
livre  avec  ardeur  et  même  avec  exagération 
aux  plus  lourds  travaux  ;  virago  ;  femme 
d'un  caractère  difficile. 

N.  —  Bien  que  ce  nom  soit  masc,  il  ne  se  dit  que 
des  femmes.  Ex.  :  Queun  harias  que  ceté  marraine- 
là  !  Dér.  irrég.  de  Hara.sserl  \\  Non.  —  U  est  pro- 
bable que  ce  mot  devrait  s'écrire  llarià.  J'y  vois 
une  corrui)tion  du  mot  Hardeau,  valet  de  ferme, 
cité  à  Hardelle.  Le  d  s'est  mouillé,  puis  a  disparu,  et 


472 


HARIBAUDAGE  —  HARON 


eau  est  devenu  iâ,  comme  dans  une  foule  de  mots. 
Cf.  Bertriâ,  Zegnâ. 

Ilaribuiidage  (Mj.),  s.  m.  —  Ensemble  de 
besognes  nombreuses  et  harassantes.  Syn.  de 
Haquenasserie.  Ex.  :  Faut  en  faire  d'ein 
haribaudage,  dans  noutre  métier  de  bor- 
dagers  ! 

Et.  —  N.  En  dépit  de  Vh  qui  est  fortement  as- 
piré, mais  qui  doit  être  prosthétique,  je  soup- 
çonne que  Haribauder,  ou  Aribauder,  est  le  dér. 
du  fr.  Ribaud,  qui  aurait  eu  primitivement  le  sens 
de  :  homme  de  peine,  journalier.  R.  0. 

Haribauder  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  une 
besogne  pressée  ou  fatigante.  Ex.  :  Aile  ont 
ben  assez  haribaudé  après  leux  buée.  —  Syn. 
de  Haquenasser,  Marauder,  Harquéler,  Bédas- 
ser,  Timonner,  Bouvisser,  Odigner,  Jâgnoter, 
Haronner,  Haricoter.  — Pat.  norm.  Harivêlier, 
qui  marchande. 

Haricoleur  (Segré),  s.  m.  —  Homme 
affairé  avec  minutie  ;  qui  spécule  sur  des 
riens.  —  Plutôt  Haricoteur. 

Haricotajîe  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Série 
d'efforts,  travail  pénible.  Ex.  :  Ils  en  ont  fait 
d'ein  haricotage  après  leux  chambe  !  —  Syn. 
de  Haribaudage.  \\  Tergiversation,  chicane, 
trigauderie.  Syn.  de  Haquenasserie.  Ex.  : 
J'aime  point  des  haricotages  comme  ça.  ^^ 
Haricoter. 

Haricoter  (:\Ij.,  Lg.,  Sal.),  v.  n.  —  Tra- 
vailler beaucoup  pour  un  maigre  bénéfice. 
Il  Chicaner,  marchander,  tergiverser,  trigau- 
der,  chipoter,  chicoter.  —  Etre  long  à  finir 
un  marché,  chercher  différents  moyens  pour 
se  tirer  d'embarras  ;  par  ex.,  un  charretier  qui 
est  embourbé  et  qui  essaye  de  toutes  ma- 
nières à  se  retirer.  (Craon.)  ||  Et  Haricoter, 
V.  a.  Haricoter  qqn,  lui  susciter  des  chicanes. 
Ex.  :  J'aime  point  qu'on  venne  me  haricoter. 
■ —  Au  premier  sens,  syn.  de  Haribauder,  etc. 
Voir  ce  mot  et  Harricoter.  X.  A  Mj.,  l'h  est 
aspiré,  à  Sp.,  il  est  muet.  Syn.  Biganer. 

Et.  —  Génin  dit  que  c'est  l'a.  v.  harigoter,  qui 
signifiait  :  décfiiqueter.  On  a  dit  aussi  que  ce  mot 
vient  de  l'usage  de  jouer  en  marquant  les  points 
avec  des  haricots.  —  Origine  incon.  (Litt.)  —  On  a 
proposé  :  haricot  de  mouton,  désignant  t'idée  de 
viande  coupée  menu...  C'est  tout  ce  qu'on  peut 
en  dire.  (Scheler.)| 

Haricotier  (Bg.,  By.,  Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  V. 
Harquelier.  \\  Craon.  —  Homme  qui  n'en 
finit  point  dans  ses  marchés.  ||  Gagne 
deniers.  ||  Chicaneur,  trigaud.  Ex.  :  Je  veux 
point  avoir  affaire  avec  ceté  haricotier-\k 

Haricots  (By.).  —  Ce  mot  est  peu  usité  ; 
on  dit  des  :  pois  de  mai.  Xe  pas  confondre 
avec  des  pois  ronds,  ou  pois  proprement 
dits.  Mj.,  id. 

Harier,  v.  a.  —  Faire  des  arias,  importu- 
ner. 

Hist.  : 

«  Bref,  tout  conclud,  tant  l'alla  harier 
«  Que  content  fut  qu'on  l'allast  marier.  » 

(Ch.    BouRU.,    P.    Faifeu,    98.) 


a  La  mariée  est  bien  du  marié 
«  Pour  le  présent,  mais  soubdain  haric 
«  On  l'a  vers  elle,  et  par  faulx  raportz  faire 
a  Tant  que  vouldroit  du  marché  se  défaircj» 
(Id.,    ibid,   99.) 

Harisson,  s.  m.  —  Hérisson.  (Li.,  Br., 
Mj.) 

Et.  —  Lat.  hericius,  ou  ericius  ;  hericionem, 
forme  augmentée.  —  Hérisser  ;  ital.  arriciare,  par 
un  a. 

Harissonné,  ée  (Mj.),  adj.   q.  —  Hérissé, 

hirsute,  ébouriffé. 

Hist.  —  «  Tu  es  tout  hérisonné,  tout  hallebrené, 
tout  lanterné.  »  (Rab.,  P.,  v,  7.) 

Harnacher  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Par  ext.,  on 
dit  :  Harnacher  eine  charte,  harnacher  eine 
table,  —  munir  une  charrette  de  ses  agrès, 
mettre  sur  la  table  la  nappe  et  le  couvert.  Cf. 
s' Amouracher. 

Et.  —  Harnais,  harnois.  —  Celtiq.,  Bas-br., 
Harnez.  ferraille  ;  même  rac.  que  l'angl.  iron,  fer  ; 
ail.  Eisen.  —  I^e  mha.  Harnash  et  l'am.  Harnish 
viennent  des  langues  romanes.  —  Le  sens  propre 
est  :  engin  en  fer,  armure  ;  puis  de  là  le  mot  a  passé 
au  sens  de  toute  espèce  d'engin,  soit  pour  le  cheval, 
soit  pour  la  chasse,  la  cuisine,  etc. 

Harnais  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Attelage, 
équipage,  ensemble  de  chevaux  dont  se  sert 
un  charretier  ou  un  fermier.  Syn.  de  Charrue, 
Attelée.  Ex.  :  Il  a  ein  fort  harnais.  \\  Lg.  — 
Tous  ustensiles  de  charrue. 

Hist.  —  «  Le  cadet,  en  effet,  ne  paraît  avoir 
aucun  goût  à  conduire  le  harnais.  »  (R.  Baztn",  La 
Terre  qui  meurt,  p.  96.) 

Harner  (Lg.),  v.  a.  —  Attacher,  lier,  relier' 
Syn.  de  Harnir,  Brételer,  Brêler,  Baguer- 
Doublet  de  Harnir,  Halnir.  —  De  là  le  fr- 
Harnais. 

Harni  (Mj.),  part.  pas.  - —  Attaché,  amarré. 
Il  Fig.  —  Xoué,  qui  ne  grandit  pas,  en  pari, 
des  enfants.  —  Syn.  de  Boudé,  Babousiné, 
A  ^egriché. 

Et.  —  Au  dernier  sens,  le  mot  pourrait  bien  être 
le  même  que  le  norm.  Erné,  éreinté,  que  G.  de 
GuER  rapporte  avec  raison  au  vieux  ifr.  :  esréner. 
Par  là  on  est  conduit  à  penser  que  Harnir,  au  sens 
de  :  attacher,  aurait  pu  prendre  cette  acception 
par  confusion  de  Esréner  et  du  franc.  Enrêner. 

Harnicou  (Mj.),  s.  m.  —  Galant  ;  celui  qui 
vit  en  concubinage  avec  une  femme.  Xe  s'em- 
ploie qu'ironiquement  ou  en  mauvaise  part. 
Syn.  de  Marcou.  Cf.  Garnipiou.  (Jatjb.) 

Et.  —  Ce  mot  doit  être  pour  Harnit-cou,  bien 
qu'il  ait  un  h  muet,  tandis  que  celui  du  v.  Harnir 
3st  aspiré. 

Harnir  (Mj.),  v.  a.  —  Attacher,  lier. 

Et.  —  C'est  très  probablement  un  dér.  du  fr. 
Hart,  que  nos  paysans  emploient  parfois,  quoique 
moins  souvent  que  les  formes  pat.  Hert  et  Rôrte.  — 
Syn.  et  d.  de  Halnir,  Harner. 

Haron  (Mj.),  s.  m.  —  Héron.  Syn.  de 
Hégron. 

Et.  —  Aha.  Heigero.  Presque  tous  les  pat.  ont 
un  a.  Berry,  aigueron  (ce  qui  autoriserait  à  tirer 
de  Aiguë  le  nom  de  cet  oiseau  aquatique  ;  ce  qui 


HARONNER*—  HATIVEAU 


473 


a  été  fait).  Ital.,  aghirone.  (Litt.)  —  Pour  :  hairon, 
de  hagironem,  forme  latinisée  de  l'aha.  heigir.  L'a. 
f.  a  aussi  la  forme  haigron,  aigron. 

Haronncr,  a  très  bref  (Mj.),  v.  n.  —  Faire 
un  travail  fatigant.  Syn.  de  Haribauder, 
Bouvisser,  Bédasser,  Haricoter,  Timonner, 
Odigner,  Jâgnoter,  Harquéler. 

Harou  (Lg.),  s.  m.  —  Haridelle,  mauvais 
cheval.  Syn.  de  Haguin,  Guinguin,  Hanne. 

Harpan  (Lg.),  s.  m.  — ■  V.  Harpon. 

Harpigner  (Mj.),  v.  n.  —  Faire  à  la  hâte  une 
foule  de  besognes  diverses.  —  Voisin "■■  de 
Harasser,  Haronner,  Haribauder,  Haricoter, 
Harquéler. 

Harpon  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Syn.  de  Scitow 
Godendard.  N.  Pas  d'autre  sens. 

Et.  —  Harper,  aha.  harfan,  saisir.  Cf.  le  lat.  har- 
pagare  et  rapere,  ravir. 

Harpusse  (Sal.).  —  Petit  piège  en  crin  pour 
les  oiseaux.  V.  Arpusse. 

Harqiiaillcries  (Chpt.),  s.  L  plur.  —  Fatras. 
Syn.  de  Boutelages,  Haquenasseries.  —  Dér. 
de  Harquéler. 

Harquélage  (Mj.),  s.  m.  —  Travail  'fati- 
gant. Syn.  de  Haribaudage,  Haricotage,  Ha- 
quenasserie,  Haquenassage. 

Harquéler  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Travailler 
beaucoup  ou  à  la  hâte,  peiner,  ahaner.  Syn. 
de  Haquenasser,  Haribauder,  Harpigner.  || 
Bg.  —  Faire  œuvre  de  harquelier.  \\  Mj.  — 
Harceler,  taquiner.  Syn.  de  Atticocher.  Ex.  : 
Les  filles  sont  toujours  à  le  harquéler.  — 
Forme  plus  dure  du  fr.  Harceler. 

Harquélerie  (Mj.),  s.  f.  —  Travail  pénible. 
\'.  Harquilage. 

Harquelier   (Mj.,    By.),    s.    m.   —   Gagne- 
deniers.  !t  Pauvre  hère,  gueux.  V.  Harquéler. 
Syn.  de  Hartillar.  —  CL  Arcandier.  (Jafb.)  || 
V.  Breulier.  \\  Fainéant  :  Trois  pêcheux,  trois 
chasseux,  trois  oiseliers  font  entre  eux  neuf 
harqueliers.    (Mén.)     l|    Bg.    —    Haricotier, 
homme  de  mauvaise  foi,  dont  les  rapports 
donnent  lieu  à  différend.  ||  CL  Hartillar. 
Hist.  —  «  Tous  viendront  vers  la  vesprée, 
«  vSe  plaignant  furoutre  leur  gré 
«  Les  herqucliers  (i'Argentré 

«  Par  leur  bourgade 
«  Ont  allongé  les  chemins, 
«  C'est  pour  mieux  vendre  leurs  vms.  » 
{Noël  du  comté  de  Laval.  —  Dott.) 

Harre  et  mieux  Hart,  s.  L  —  Branche 
fli^xible  servant  de  lien.  «  Il  n'y  a  chéti  fagot 
(]ui  ne  trouve  sa  harre.  »  (Te.) 

Uurricoter  (By.),  v.  n.  —  Travailler  péni- 
blement avec  de  mauvais  instruments  que  la 
misère  empêche  de  remplacer. 

HarriroUer,  s.  m.  —  Se  dit  ordinairement 
d'un  pitit  laboureur  qui  n'a  que  de  chétifs 
animaux  et  de  mauvais  instruments  aratoires. 
—  V.  Haricoier. 

Harse  i  (Mj.,  P.y.),  s.  L  —  Herse.  ||  Faire  la 


harse,  —  avoir  la  forme  d'un  trapèze,  en  pari, 
d'un  terrain. 

Et.  —  B.  L.  hercia  ;  ital.  erpice  ;  du  lat.  hirpex, 
hirpicis,  qui  était  une  herse  particulière  pour  les 
mauvaises  herbes. 

Harse  ^  (Lg.),  s.  f.  —  Sternum  du  cheval. 

Harser  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Herser.  || 
Ti.  Se  harser,  v.  réf.  —  Se  traîner,  se  rouler  à 
terre.  Syn.  de  se  Verluter,  se  Bouteler,  se 
Vouétrer. 

Harsoir.  adv.  —  Pour  :  hier  soir.  Ou  :  her- 
soir.  Ronsard  s'en  est  servi  dans  un  de  ses 
sonnets.  Les  Ital.  disent  de  même  :  iersera. 

Harter  (Sa.),  v.  a.  —  Pincer  dur,  répri- 
mander vertement.  De  hart. 

Hartillar  (Tlm.),  s.  m.  —  Miséreux,  pauvre 
hère. 

Et.  —  Doubl.  et  syn.  du  mj.  Harquelier.  Paraît 
dérivé  de  hère.  L'h  est  fortement  aspiré.  —  P.-ê. 
de  :  hart,  digne  de  la  hart? 

Has  (Lp.),  s.  L  —  Une  haie.  V.  Hâ. 

Hasard  (Mj.,  St-P.,  Bg.),  s.  m.  —  Ein 
hasard,  à' hasard,  —  loc.  ellipt.  et  prov.  qui 
exprime  le  doute.  ||  Ein  hasard  que,  —  il  est 
probable  que.  Ex.  :  Ein  hasard  qu'il  va  s'en 
revenir  avec  sa  taure.  ||  A  Phasard,  —  à  tout 
hasard,  à  tout  événement.  —  N.  On  prononce 
qqL  Hasard  et  l'h  est  rarement  aspiré.  !| 
D'hasard,  —  peu  probablement.  —  C'est  ben 
d'hasard  si,  —  c'est  ben  étonnant  si. 

Et.  —  De  toutes  les  étym.  proposées,  la  plus  pro- 
bable est  celle  de  Guillaume  de  Tyk,  à  savoir  :  que 
le  hasard  est  une  sorte  de  jeu  de  dés,  et  que  ce  jeu 
fut  trouvé  pendant  le  siège  d'un  château  de  Syrie 
nommé  Hasart,  et  prit  le  nom  de  cette  localité.  G. 
de  Tyr  est  du  temps  des  Croisades  et  a  vécu  dans  les 
lieux  où  elles  se  sont  faites.  Ce  serait  donc  le  ha- 
sard, jeu  de  dés,  qui  aurait  dénommé  le  hasard, 
chance,  événement,  et  non  le  contraire.  —  L'his- 
toriqiie  le  prouve.  (Litt.)  —  El  Azar,  château  de 
Palestine.  (Darm.)  —  Ménage  prétend  que  G. 
de  Tyr,  au  lieu  indiqué,  non  seulement  ne  parle 
point  de  cette  étymol.,  mais  il  ne  parle  même  pas  de 
ce  jeu  de  dé  en  ce  château.  —  La  Cukne  cite  le 
passage  de  G.  de  Tyr,  cité  par  de  Laborde, 
Emaux,  p.  247.  —  Lequel  croire?  Il  faudrait  vari- 
er. —  D'après  Mahn,  ce  mot  vient  de  l'arabe  : 
'^ehàr,  contracté  :  zàr,  —  dé  ;  combiné  avec  l'art, 
u,  il  est  devenu  :  assahar  et  assar.  L'h  initial  est 
parasite  et  n'était  pas  aspiré  dans  le  principe. 
(V.  GÉNix.  —  Scheler.) 

ilasardéiuent  (Mj.),  adv.  —  Par  hasard, 
fortuitement.  Du  fr.  :  hasardé.  1|  Sa.  —  Pro- 
bablement,  vraisemblablement,   sans  doute. 

Hâtée  (Mj.),s.  L  —  Ce  qu'il  y  a  de  bois  dans 
une  haie.  Ex.  :  N'y  a  eine  belle  hâtée  de  frênes. 

Et.  —  C'est  la  forme  ancienne  et  qq.  peu  vieillie 
de  Hattée.  Elle  correspond  à  Hâ.  Cf.  Clâton. 

Hâtiveau  (-Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  raisin  pré- 
coce. Du  l'r.  :  hàtiL  —  CL  Tardiveau. 

Et.  —  De  l'ail,  hast.  (Litt.)  —  L'a.  m.  vient  du 
fr.  —  Gothiq.  haifsts  ;  am.  heftig.  —  «  Figues, 
poires  de  hastiveau. . .,  nom  d'un  raisin  précoce.  » 
Le  Dcchat,  sur  Rab.,  i.  270.)  —  Hâtii'iaou. 
Petite  galette  épaisse,  cuite  à  la  gueule  du  four  pen- 
dant qu'on  le  chauffe.  De  :  hâtif,  précoce,  préma- 


klk 


HAUBAN  —   HAUTÉIER 


turé,  fait  avant  le  temps,  prêt  avant  l'heure,  etc. 
Les  hâtiviaoux,  qu'on  appelle  qqf.  tourteaux,  sont, 
en  effet,  des  petits  pains,  ou  galette  épaisse  qu'on 
fait  avec  la  pâte  avant  que  celle-ci  soit  complète- 
ment préparée  pour  le  pain  et  qu'on  fait  cuire  à 
l'entrée  du  four  avant  qu'il  soit  complètement 
chaud.  Petit  pain  hâtif. 

Hauban  (Mj.),  s.  m.  —  Haubans  de  pied 
de  mât,  —  les  deux  qui  sont  dans  un  plan  ver- 
tical avec  le  mât.  i|  By.  —  Tous  cordages  ser- 
vant par  leur  écart  à  maintenir  un  appareil 
vertical,  un  mât,  une  grue  mobile,  etc. 

Et.  —  Hobant,  pour  hoofband,  de  hoof,  tête,  et 
band,  lien  :  lien  de  la  tête,  du  sommet  du  mât. 
Bien  nommé.  (Litt.) 

Haubande  (Mj.),  s.  f.  —  Aller  à  la  hau- 
bande,  —  aller  en  se  balançant  beaucoup,  en 
pari,  d'un  bateau. 

Haubaiider  (Mj.),  v.  n.  —  Avoir  un  mou- 
vement de  roulis,  se  balancer  d'une  manière 
inquiétante. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Hauban,  ou  mieux  de  :  Haut- 
Bande.  En  effet,  on  dit  d'un  navire  qui  penche  qu'il 
donne  de  la  bande. 

Haussé  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Fou  de 
rage,  en  démence.  Ex.  :  J'étais  comme  un' 
haussé,  tant  que  j'avais  mal  aux  dents  !  — 
tant  que  les  moustiques  m'agaçaient!  (Pc.)  1| 
Fu.  —  Ecumant  de  colère  :  «  AI'  tait'  haus- 
sée !  »  \\  Enragé,  en  pari,  d'un  chien,  Gâté. 

Hausséier  (se)  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  V.  Se 

Hautéier. 

Haussement  (Mj.),  s.  m.  —  Remblai, 
exhaussement.  S'emploie  surtout  au  plur. 
Ex.  :  A  fallu  en  faire  des  haussements  dans  les 
îles  !  Il  Lg.  —  Haussement  du  temps,  —  allon- 
gement des  jours,  lorsque  vient  le  printemps  ; 
ascension  droite  du  soleil. 

Hausser  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Devenir  fou. 
Syn.  de  Affoler.  Foléier.  \\  Devenir  enragé. 
Ex.  :  chien  haussé,  chien  hydrophobe.  ![ 
V.  réf.  S'occuper,  se  préoccuper.  Ex.  :  Ça 
illi  est  ben  égal  :  il  ne  s'en  hausse  pas.  ■ —  Je  ne 
veux  ni  m'en  hausser,  ni  m'en  baisser.  ||  V.  a. 
Exaspérer,  mettre  en  fureur,  en  rage  (V. 
Haussé),  outrer,  irriter,  mettre  hors  de  soi, 
rendre  fou.  Ex.  :  Il  était  comme  un  homme 
haussé.  Il  V.  réf.  Se  hausser,  —  tourner  à 
l'Est,  en  pari,  du  vent.  V.  Haut.  \\  Lg.  —  Le 
temps  se  hausse,  —  le  soleil  monte  en  as- 
cension droite,  les  jours  allongent,  le  prin- 
temps vient. 

Haussière  (Ag.),  s.  f.  —  L'hôpital.  «  Ça  ne 
te  mènera  pas  à  Vhaussière  (tu  n'en  mourras 
pas),  d'avoir  acheté  une  robe.  ^^  Hostière. 

Haut  (Mj.),  s.  m.  —  Le  haut,  —  l'Est, 
l'Orient.  Le  vent  est  du  haut.  —  N.  Cette 
express,  a  sa  raison  d'être,  puisque  la  partie 
amont  du  cours  de  la  Loire  se  trouve  à  l'Est 
de  ^lontjean.  ^^  Bas.  \\  Sp.  —  Le  haut,  —  le 
Nord.  C'est  l'azimut  appelé  à  Mj.  Galarne.  \\ 
Adj.  q.  Il  (Ec,  By.),  s.  m.  Faire  ses  hauts  et  ses 
bas,  —  s'agiter,  s'irriter  et  se  calmer  tour  à 
tour  au  sujet  d'une  affaire  difficile  ou  contra- 


riante. H  En  tomber  de  son  haut,  —  être  stu- 
péfait. On  dit  en  fr.  :  C'est  renversant  !  !| 
Entendre  haut,  dur,  —  avoir  l'oreille  dure,  jj 
Haut  d'honneur,  —  qui  tient  à  son  point 
d'honneur.  —  N.  On  dit  aussi  :  Chaud,  Grous 
d'honneur.  \\  Qui  arrive  plus  tard  que  sa  date 
moyenne.  Ex.  :  Pâques  est  haut,  cette  année.  || 
S.  m.  Appartement  qui  n'est  pas  au  rez-de- 
chaussée.  «  Ils  demeurent  dans  n'ein  haut.  \\ 
By.  —  Vent  du  N.  E,  vers  l'amont,  le  haut  de 
la  Sarthe  et  du  Loir.  Cf.  Galarne,  Soulaire, 
Mar,  etc.  |!  Y  a  des  hauts  et  des  bas,  —  il  y  a 
des  succès  et  des  revers.  ||  Z.  151.  —  Si  le 
temps  reste  haut,  —  clair.  Il  Fu.  —  Des  Hauts 
qui  baissent.  Pays  très  accidenté.  «  Ça  n'est 
que  des  hauts  qui  baissent  »,  que  des  montées 
et  des  descentes.  ||  Qqf.  l'h  n'est  pas  aspiré  ;  il 
ne  l'était  pas,  jusqu'au  xvi<"  s.  «  Ce  nid  est 
dans  Vhaut  du  peuplier.  «  (MÉx.)  ||  Le  haut  du 
jour,  l'heure  de  midi. 

Et.  —  Lat.  altus.  qui  serait  le  partie,  de  alere, 
nourrir,  proprement  :  accru  par  la  nourriture. 
L'h  est  dû  à  la  tendance  qu'a  eue  la  langue  à  la 
prosthèse  de  cette  lettre  :  huile,  huître,  hurler,  etc. 

—  Hist.  :  «  Sur  le  haut  du  jour  fut,  par  Xenomanes, 
monstre  de  loing  l'isle  de  Tapinois.  »  (Rab.,  P., 
IV,  29,  408.)  —  «  Mais,  le  6  janvier. . .  le  vent  se 
tourna  au  haut  nord.  »  (1709.  —  Inv.  Arch.,  S.  s., 
E,  197,  2,  m.) 

N.  —  Haut,  vers  l'amont  ;  Bas,  vers  l'aval. 
Direction  différentes  suivant  les  lieux.  En  général, 
le  Pays  haut  (pai-guî  haut),  vers  la  vallée  de  la 
Sarthe,  et  le  Pays  bas,  vers  la  vallée  de  la  Basse- 
Loire. 

Hautains  s.  m.  pi.  —  Treilles  élevées  le  long 
des  murs.(MÉN.) 

N.  —  «  Hautain.  Espèce  de  vigne  à  deux  ou  trois 
rangs  de  longs  sarmans  cordés  et  tressés  d'arbre  en 
arbre,  plantés  en  droite  ligne  par  égale  distance. 
(MOXET.  —  L.  C 

Hautcœurée  (Segr.).  —  Mal  de  cœur,  sans 
vomir.  (Mén.) 

Haut-le-corps  (Mj.),  s.  m.  —  Effort  pour 
vomir.  Faire  des  haut-le-corps.  Cf.  Haut- 
cœurée. Il  By.  Haut-Ie-cœur. 

Haute  (Z.  141.  By.),  s.  f.  —  Etre  de  la 
haute,  s.  ent.  société.  C'en  est  un  de  la  haute.  \\ 
Etre  arrivé  au  point,  avoir  fini  sa  tâche. 

Haute-galarne  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Le 
Nord-Est.  Ex.  :  Le  vent  est  de  la  haute 
galarne.  Syn.  de  Bise.  C'est  le  point  situé  entre 
le  Haut  et  la  Galarne. 

Haute-heure  (Mj.,  Lg.,  By.,  Li.,  Br.),  adv. 

—  Tard,  à  une  heure  avancée  de  la  matinée. 
Ex.  :  Faudra  pas  se  lever  ben  haute  heure.  — 
Cf.  Ba$se-heure.  \\  S.  f.  La  haute  heure  va  nous 
prendre.  N.  C'est  par  la  même  association 
d'idées  que  l'on  dit  en  fr.  :  Le  haut  du  jour. 

Hist.  —  «  Tant  qu'il  l'esveilla,  et  luy  demanda 
comment  il  dormoit  ainsi  si  haulte  heure.  "  (Amyot, 
Alex,  le  G.,  p.  20.)  ||  Fu.  —  «  Oui'  tait  trop  haute 
heure  quand  je  m'sé  levé,  j'ai  pas  pu  aller  à  la 
messe.   '> 

Hautéier  (se)  (Mj.),  v.  réf.  —  Tourner  à 
l'est,  en  pari,  du  vent.  —  Les  nuages  sont 
hauts,  le  temps  s'éclaircit  ;  il  n'y  a  pas  me^ 


HAUTEILLER  —  HEGUISSABLE 


475 


nace  de  pluie.  —  Syn.  et  d.  de  :  se  Hautoyer. 
N.  Qqs-uns  disent  :  se  Hausséier.  C'est  le 
contr.  de  :  se  Raser.  V.  Haut,  A-haut.  ||  By., 
V.  a.  —  Porter  dans  des  endroits  plus  élevés, 
de  manière  à  mettre  à  l'abri  des  eaux  qui 
craîssent  (croissent).  V.  Hautoyer,  Hauteiller. 

Haiitciller  (se),  v.  rél'.  — ■  Tourner  à  l'est,  en 
pari,  du  vent.  V.  Hautéier.  \\  V.  a.  Elever.  On 
hauteille,  une  barge  de  foin,  pour  qu'elle  ne 
soit  pas  marée.  (Mén.) 

Haute-mar  (Mj.),  s.  f.  —  Le  Sud-Est.  Ex.  : 
Le  vent  est  de  la  haute-mar.  Syn.  de  Sou- 
lère.  N.  C'est  le  point  situé  entre  le  Haut  et  la 
Mar. 

Haute-soulère  (Sp.),  s.  f.  —  Le  Nord-Est. 
C'est  le  point  appelé,  à  Mj.  :  Haute-Galarne 
ou  Bise.  V.  Haut,  Soulère. 

Ilaut'-heurier  (Lg.),  adj  ([.  —  Qui  se  lève 
tard,  qui  n'est  pas  matinal,  qui  commence 
tard  à  travailler.  Ex.  :  Ils  ne  sont  pas  haut- 
heuriers  dans  ceté  ferme-là. 

Haut-murée  (Mj.),  s.  m.  —  Gros  amas, 
grande  quantité.  Syn.  de  Amassée.  Entasse- 
ment. Il  Adj.  q.  Empli  jusqu'au  bord  ;  une 
assiette  de  soupe  haut-murée.  (Do.)  —  Zig. 
137.  Et  même  par  dessus  les  bords. 

Haiit-murer  (Tlm.),  v.  a.  —  Combler,  sur- 
charger. Dér.  de  Haut  et  de  Mur.  N.  Le  Mj. 
Haut-murée  vient  de  ce  verbe,  qui  n'est  pas 
usité  à  Mj. 

N.  —  Ce  qui  dépasse  au-dessus  de  la  mesure  dans 
les  choses  qui  ne  se  rasent  pas  comme  les  céréales. 
(F'avre.) 

Hautoyer  (Mj.),  v.  a.  —  Relever,  exhaus- 
ser. Ex.  :  J'avions  /lautov?  l'armoire  à  cause  de 
la  crue.  ||  V.  réf.  Tourner  à  l'Est,  en  pari,  du 
vent.  Syn.  de  :  se  Remonter.  On  dit  aussi  :  se 
Hautéier.  V.  Hauteiller. 

Ilaiit-Pé  (Sp.),  s.  m.  —  Nom  que  l'on 
donne  à  Sp.  à  l'ensemble  du  pays  situé  vers 
Thouars,  Le  Fuy-Notre-Dame  et  Doué-la- 
Fontaine,  par  oppos.  à  Bas-Pé.  Pé  est  ici 
pour  Pays. 

Hauture,  s.  f.  —  Taille.  Etre  de  la  petite 
hauture.  (Mén.)  V.  Hoture,  —  de  Haut. 

N.  —  Se  retrouve  dans  Ilauturier  :  pilote  hautii- 
rier,  qui  sait  diriger  dans  la  haute  mer,  par  oppos. 
à  pilote  routier,  ou  côtier. 

Haut-vent,  s.  m.  (Fu.).  —  Un  chêne  de 
7  ou  8  ans  est  dit  Chêne  de  haut  vent.  C'est  le 
contraire  de  un  Mousard,  qui  a  été  émondé.  || 
INIj.  —  Chêne  à  haut-vent,  —  même  sens. 

IIaut-voi\  (S|).,  Tlm.),- s.  ni.  —  iiiiiil  (!»> 
conversation  animée,  de  disi)u{(\  j|  Mniit 
public.  Ex.  :  Ça  n'est  qu'ein  haut-voix  dans 
tout  le  bourg. 

Haveneau  (Ec),  s.  m.  —  Epuisette  ou 
basse.  On  aspire  l'h  dans  ce  mot  et  on  dit,  en 
faisant  Fli  muet,  au  contraire,  un  hameçon, 
qu'on  appelle  ordinairement  un  ain  (aim  ;  lat, 
hamum);  Ci.  Aveneau.  \\  By.,  Mj.  —  h  muel. 


Havet,  h  aspiré  (Mj.),  s.  m.  —  Croc  à  deux 
dents  et  à  long  manche  dont  les  fourneliers 
se  servent  pour  attirer  la  chaux  hors  du  four. 

Et.  —  .\1!.  Haft,  agrafe,  dér.  du  goth.  hafjan, 
soulever  :  am.  heben.  (Litt.)  —  Ménage  le  tire  de 
hamus  par  une  de  ces  dérivations  fantaisistes  dont 
il  est  coutumier  :  hamus,  hami,  hamivus,  hamive- 
tus,  havetus,  havet.  —  «  Dimin.  de  Hef.  »  Et. 
*  havum,  du  germ.  haben,  avoir,  tenir,  saisir.  Cf. 
Haver,  —  croclier. 

Hist.  —  «  Plus  de  trois  cens  caudrons  pendans  à 
havés  de  bois.  «  (Froissard.  —  L.  C.)  —  Passe- 
mentées  de  testes  de  mouton,  de  cornes  de  bœufz  et 
de  grands  havetz  de  cuisine.  »  (Rab.,  P.,  iv,  13, 
380.) 

Havrer  (Sal.),  v.  a.  —  Tirer  de.  «  Haver' 
donc  mon  gilet  rond  du  basset.  »  V.  Avrer. 

Hébétant  (Mj.,  By.),  adj.  verb.  —  En- 
nuyeux, importun.  Syn.  de  Embêtant.  \\  Prê- 
cher la  vie  de  Saint  Hébétant,  —  tenir  des 
propos  ennuyeux. 

Et.  —  Lat.  hebetare,  de  hebes,  hebetis,  émou.ssé. 
—  V.  Montaigne,  i,  429. 

Hébétation  (By.),  s.  f.  —  Ennui.  «  Quelle 
hébélation  !   »  Cf.  Dégoûiation. 

Hébété  (Z.  131,  By.),  adj.  q.  —  Ennuyé. 

Hébéter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Ennuyer,  im- 
portuner, agacer.  Syn.  de  Embêter.  «  Si  tu 
savais  comme  tu  m'hébètes  !   » 

Hébétement  (By.),  s.  m.  —  Ennui.  Syn. 
de  Embêtement,  Hébétation. 

HèbZe  (Lg.).  —  Hièble.  Syn.  et  d.  de 
Zèble,  Euble. 

Hedin  (Craon),  s.  m.  —  Ajonc,   Ej'onc.  V. 
Ajonc.    Ajoncs    épineux,    Ulex    Europœus  ; 
petit  hudin,  T'iex  nanus.  Cf.  Hudin,  Haguin. 
il  By.  —  On  dit  Houdin,  mais  le  houdin  n'est 
pas  du  tout  de  l'ajonc.  Le  Ruscus  aculeatus, 
ou  Fragon  piquant,  vulgairement  Petit  houx, 
houx    frelon,    houx    fragon,    épine    de    rat, 
curieux  par  ses  baies  rouges,  semblables  à  des 
cerises,  portées  par  les  feuilles,  est  connu  sous 
le  nom   de   Houdin.   En   particulier,   comme 
usage,  les  couvreurs  en  font  des  paquets  avec 
lesquels  ils  ramonent  les  cheminées. 
Ilist.  —  «  Les  morfondus  d'Anthenoise 
«  Et  leurs  plus  proches  veisins 
«  Viendront  sans  débat  ou  noise 
«  Chantant  Nau  par  les  chemins, 
«  Portant  fougère  et  hedins 

«  Tout  à  leur  aise 
«  Pour  faire  un  biau  lit  tout  neuf 
«  Où  coucher  l'âne  et  le  bœuf.  » 
(Noël  du  comte  de  Laval.  —  DoTTIN.) 

Hédissable   (Auv.),   adj.   q.   —    Haïssable. 

Doubl.  de  Ihulissable. 

Ilé<lr()i<|ue  (Mj.),  àdj.  q.  —  Hydraulique 
On  d'il  :  ciiaux  hédroïque. 

Hé<!ron  (Pell.,.Sa.),  s.  m.  —  Syn.  de  Haron. 
Cf.  Aigueron.  (Jaub.) 

Hist.  —  «  Et  quelques  douzaines  d'oiseaux  de 
rivière...,  tadournes,  poche-cullieres,  pouacres, 
he^ronncait.r,  foulques.  »  {Rab.,  G.,  i,  37,  73.) 

Héguissabic  (Auv.),  adj.  q.  -^  Haïssable* 
Corr.  de  Hédissable,  Hadissable. 


476 


HÉLAISOX  —  HERBE  DE  LA  BOUNE  VIARGE 


Hélaison  (Lg.),  s.  f.  —  Exhalaison.  Pour 
Halaison,  du  lat.  Halitus.  —  Ex.  :  C'est 
Vhélaison  de  la  terre  qui  pousse  les  feux- 
follets. 

Helleqiiin  (chasse).  —  V.  Hannequin. 

Hist. —  «  De  equitibus  vero  nocturnis,  qui  vul- 
gari  Gallicano  Hellequin,  et  vulgari  Hispanico 
Exercitus  antiquus,  vocantur,  nondiim  tibi  satis- 
feci,  quia  ndndum  declarare  intendo  qui  .sint,  nec 
tamen  certum  est  eos  malignos  spiritus  esse.  » 
(Guill.  Paeis,  in  Tractu  de  Universo,  part.  2,  rap. 
12.)  —  «  La  mesgnée  de  Hellequin,  de  dame 
Habonde  et  des  esperis  qu'ils  appellent  Fées,  qui 
apperent  es  estables  et  es  arbres.  »  (Citât,  de  D.  C. 
V°  Hellequinus.  ) —  «  Hellequin,  herlequin,  tiale- 
quin,  harlequin,  —  diablotin,  feu  follet,  diable 
enragé.  —  La  maisnie  Hellequin  (troupe),  bande 
infernale  et  bruyante  de  diablotins,  de  mauvais 
génies  dont  Hellequin  était  le  chef.  —  Ital.  Ali- 
chino,  nom  d'un  diable  de  Dante.  Et.  Germ., 
Flam.  Hellelda,  dimin.  de  l'ail.  Hell,  Angl.  Hell, 
enfer.  C'est  probablement  le  même  personnage  qui 
nous  est  revenu  d'Italie  sous  le  nom  d'Arlequin.  » 
(D-- A.  Bos.) 

Hémecter  (Mj.),  v.  a.  —  Humecter. 

Et.  —  L.  humeclare,  du  rad.  hum,  qui  est  dans 
humor. 

lléniorriiites  (Mj.),  s.  f.  —  Hémorroïdes. 
Corr.  du  mot  fr. 

Et.  —  De  deux  mots  grecs  :  Sang,  couler.  — 
Hist.  «  Un  jour,  dist  frère  Jean,  je  m'estois  à 
Sceuillé  toché  le  cul  d'un  feuillet  d'unes  mes- 
chantes  Clémentines...  :  je  me  donne  à  tous  les 
diables  si  les  rhagadies  et  hœmornUes  ne  s'en 
advinrent  si  très  horribles  que  le  pauvre  trou  de 
mon  clous  brumeau  en  fut  tout  déhinguandé. 
(Rab.,  p.  444.) 

Hénâ  (Lg.),s  .  m.  —  Seau,  vase  quelconque 
pour  puiser  ou  conserver  l'eau  potable.  Ex.  : 
Prends  donc  les  hénâs  et  t'en  va  au  puits.  N. 
Ce  mot  est  désormais  désuet. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Hanap  ;  aha.  hnapf  ;  a.  m. 
napf. 

Hène  h.  asp.  (Mj.) —  s.  m. — Oiseauaqua- 
tique  à  plumage  gris  noir,  de  la  taille  d'un 
gros  canard  ;  pattes  noires  et  longues  ;  bec 
terminé  par  un  crochet  ;  se  nourrit  de  pois- 
son ;  chair  huileuse  et  détestable. 

N.  —  Ce  signalement  le  rapproche  du  cormoran 
plutôt  que  du  canard. 


Héneté  (Lg.),   part. 
Ahéneté. 


pas. 


Essouflé.   V. 


.),  s.  f.  pi 


V.    Hanicelles. 

V.    n.    —    Faire    des 
travaillant.    Svn.     de 


Hénicelle  (L 

s7  Henueqiiiner    (Bg.), 
efforts    pénibles    erf 
Haneiiner,  Halequiner. 

N.  • —  Pour  Hellequiner,  faire  un  sabat  du  diable, 
comme  Hellequin.  (D"'  À.  Bos.)  —  Hannequin, 
boiteux,  qui  traîne  la  jambe  en  marchant.  Hennc- 
quin.  Ce  mot  et  Halequiner,  Hanequiner  viennent 
soit  de  Haleter,  soit  de  Han  (Ahaner).  R  .0. 
Hennequiner.  (De  Montesson.) 

Ilensauver  (se)  (By.,  Zig.  203),  v.  réf.  — 
^  .  s'J:însauver. 

Hep  î  interj.-^^-^  Hé  !  hop  !  Sert  à  appeler  à 


courte  distance  ou  à  répondre  à  un  appel. 
(Mj.,  By.) 

Hérace  (Lg.,  Sp.),  s.  f.  —  Lierre.  Syn.  de 
Brout  et  de  Lierru,  Hierre. 

Et.  —  Dér.  de  l'adj.  lat.  Ilederacea  (planta), 
par  aphérèse  de  la  2«  syll.  —  Méxage  cite  Tur- 
NÈBE  :  «  Fibulse,  in  Catone,  sunt,  quas  ab  hœrendo 
Galli  héraces  appellant,  quibus  aliquid  adligatur.  » 
Ce  qui  n'est  pas  contraire  à  l'explication  ci-dessus. 
Le  lierre  peut  bien  servir  à  lier. 

Héraceux  (Lg.),  adj.  q.  —  V.  Héraçoux. 

Héraçou.Y  (Lg.),  ajd.  q.  —  Couvert  de 
lierre.  Se  dit  d'un  arbre,  d'un  mur.  V. 
Héraceux,  Hérace.  Ex.  :  Les  mêles  se  mussent 
dans  les  chênes  héraçoux. 

Hérantaigner  (Bg.),  v.  a.  —  Enlever  les 
toiles  d'araignée.  V.  Hiraigne,  Hirantaigne. 

Herbault,  s.  m.  —  Chien  basset  ou  briquet 
«  Il  se  jette  sur  son  troupeau  comme  herbault 
sur  les  pauvres  gens.  »(Mén.) 

Horbe,  —  Ce  mot  se  prononce  ordinaire- 
ment Harbe. 

N.  —  Dans  la  classification  suivante,  nous 
n'avons  tenu  compte  ni  de  la  préposition  ni  de 
l'article  pour  l'ordre  alphabétique.  De  plus,  nous 
avertissons  que  bien  des  explications  données 
prêtent  à  la  disoission. 

Herbe  à  l'aiguillette,  —  Scandix  pecten. 
(Bâtard,  souvent  cité,  confirme.) 

Herbe  alelluia  (Lg.),  s.  f.  —  Oxalide  cor- 
niculée.  Syn.  de  Vinette  de  crapaud.  Elle 
passe  pour  préserver  des  sorciers  .(Bat.) 

Herbe  à  l'aveugle.  —  «  Yeble.  Probable- 
ment à  cause  qu'on  peut  acheter  le  terrain  sur 
lequel  elle  végète,  à  l'aveugle.  Profite  dans 
les  bons  terrains  seulement.  »  (Mén.) 

Herbe  au  beurre  (Mj.),  s.  f.  ■ —  Gaillet  croi- 
sette.  Petite  herbe  à  tige  carrée  ;  feuilles  en 
verticelles  de  4  ;  petites  fleurs  jaunâtres  à 
l'aisselle  des  feuilles  ;  4  pétales  ;  forte  odeur 
de  miel.  —  N.  Les  ménagères  en  frottent 
l'intérieur  des  pots  à  lait  pour  faire  monter 
la  crème.  On  l'appelle  aussi  Crémette. 
(La  Cornuaille.)  —  Hellébore  blanc. 

N.  —  C'est  Vherbe  aux  sourciers  de  Montj.  —  A  la 
Corn,  comme  à  Mj.,  on  croit  que  cette  herbe 
éloigne  les  sourciers  voleurs  de  beurre  et  que  ceux- 
ci  viennent  de  nuit  l'arracher  dans  les  jardins  où  on 
en  a  planté. 

Herbe  à  la  bique  (Mj.),  s.  f.  —  Plante  de  la 
tribu  des  aspérulées  (rubiginées),  à  fleurs  odo- 
rantes, à  feuilles  verticillées  par  5  ou  6  ;  c'est 
le  rièble,  ou  gaillet  accrochant. 

Et.  —  Ainsi  nommée  parce  qu'elle  grimpe  dans 
les  haies,  comme  une  chèvre,  en  s'accrochant  à 
l'aide  de  ses  feuilles  rugueuses. 

Herbe  aux  bœufs,  à  setons,  pied  de  griffon. 
—  Pommerai  rose  de  serpent  (?)  Hellébore 
fétide.  (MÉx.) 

Herbe  de  la  boune  Viarge  (Sp.),  s.  f.  — 
Hellébore.  Syn.  de  Harbe  aux  sourciers.  || 
Tiercé.  —  Herbe  des  haies,  qui  est  la  stellaire 


HERBE  A  BOUTONS  —  HERBE  GRASSE 


477 


holostée.  Syn.  de  Pétereau,  Pétard,  Langue. 
Elle  a  des  (leurs  d'une  blancheur  immaculée. 

Herbe  à  boutons.  —  Filago.  (Mén.) 

Herbe  à  la  capucine.  —  Vinca  minor. 
(Mén.)  Petite  pervenche.  (Litt.) 

Herbe  carrée,  ou  Toute  bonne  (Mén.).  — 
Sauge  sclarée,  ou  Scrofularia  aquatica.  (Bat.) 

Herbe  à  la  carte,  ou  Quarte.  —  Douce 
amère.  Guérit  de  la  fièvre  quarte.  (Mén.) 

Herbe  au  chancre  (Lg.),  s.  f. — Herbe  dont 
on  se  sert  pour  guérir  le  chancre  des  mou- 
tons. V.  au  Folk-Lore,  xiv  :  Chancre.  N.  Ne 
l'ayant  pas  vue,  j'ignore  si  c'est  la  chancrelle 
de  Mj.  Il  Herbe  à  la  chancrée,  —  Géranium, 
herbe  à  Robert.  (Méx.) 

Herbe  aux  chantres.  —  Sisymbrium  offi- 
cinale.  (Bat.) 

Hist.  —  «  L'érysimum,  crucifère  très  répandue, 
doit  son  surnom  d'//eW>e  aux  chantres  à  un  chantre 
de  Notre-Dame  qui  fit,  au  xyii*  s.,  connaître  ses 
propriétés  éclaircissantes  de  'la  voix.  »  (D''  E. 
MoNix.  —  Petit  Courrier  du  12  juillet  1905.) 

Herbe  au  ou  à  charpentier,  s.  f.- —  A  Pel- 
louailles,  c'est  le  plantain,  ou  Harbe  à  cinq 
coûtes,  et  nullement  l'Herbe  au  charpentier, 
ou  Mille-feuilles.  (Bat.)  —  Achillea  mille- 
folium  (Composées.  —  Litt.)  —  Plantago 
lanceolata  et  Achillea  (Mén.)  —  Saigne-nez. 
(DoTT.)  —  Guérit  les  coupures. 

N.  —  Lg.  —  Il  paraît  que  l'herbe  ainsi  appelée 
au  Lg.,  et  que  je  n'ai  pas  vue,  n'est  nullement  celle 
qui  porte  le  même  nom  en  franc.,  c.-à-d.  l'Achillée 
mille-feuilles. 

Herbe  aux  chats.  —  Nepeta  cataria  ; 
Sedum  telephium  ;  valériane  officinale  des 
étangs.  (MÉN.)  Labiée.  (Bat.) 

Herbe  aux  chevaux.  —  Hanebane,  jus- 
quiame  noire  ;  herbe  aux  dents,  médecine 
vétérinaire.  De  l'angl.  hanebane,  c.-à-d.  poi- 
son des  poules.  (Mén.)  V.  Hanebane. 

Herbe  à  la  chèvre  (Sp.),  s.  f.  —  Esule 
grande  Euphorbe. 

Et.  —  A  cause  du  suc  laiteux  que  renferme  cette 
plante. 

Herbe  à  cinq  coûtes  (Mj.),  s.  f.  —  Plan- 
tago lanceolata,  plantain  lancéolé,  ou  plan- 
tain long.  Syn.  de  Herbe  au  charpentier. 

Et.  —  La  feuille  de  cette  plante  est  soutenue  par 
cinq  coûtes  (côtes)  ou  nervures  longitudinales 
saillantes  sur  la  face  inférieure.  Dans  certains 
pays,  on  l'appelle  Herbe  aux  cinq  coutures. 

Herbe- close.  —  Filago  germanica,  coto- 
nière.  (Mén.) 

Herbe  à  cinq  coutures.  —  V.  Herbe  à 
cinq  coûtes. 

Herbe  à  cochon.  — •  Renouée  des  oiseaux  ou 
traînasse.  (Mén.)  —  Polygonum  aviculare. 

Herbe  aux  cocus  (Lg.),  s.  f.  —  Primevère. 
Syn.   de   Ausanne,   Lausanne,    Suzanne, 
Chausses  aux  cocus.  —  Sans  doute  à  cause^^de 
sa  couleur. 


Herbe  à  la  coupure.  —  Achillea  mille- 
feuilles  ou  saigne-nez  ;  linaire  velvote  dans 
les  étangs,  id.,  herbe  à  la  hache.  (Mén.) 

Herbe  aux  dents.  —  Jusquiame  noire. 
Voir  Herbe  aux  chevaux.  (Mén.)  —  Herbe 
aux  cure-dents,  amni  visnaga. 

Herbe  à  la  détourne  (Sa.),  s.  f.  —  C'est  la 
Boilobe.  N.  On  l'appelle  aussi  Herbe  tour- 
nante. Syn.  de  Eguerre,  Egaire. 

Herbe  au  diable.  Scabieuse.  (Mén.)  ||  Lg,  — 
Sorte  d'herbe  ou  de  plante  que  l'on  n'a  pu 
me  décrire  et  que  je  n'ai  pas  vue.  Elle  pré- 
sente cette  particularité  que  toujours  la  ra- 
cine se  trouve  coupée  en  terre  lorsqu'on 
l'arrache,  et  cette  section  est  attribuée  au 
diable.  C'est  p.-ê.  le  sceau  de  Salomon. 

Herbe    d'éclairé    (Lg.),    s.    f.    —    Eclaire, 

grande  chélidoine. 

Herbe  aux  écus,  ou  Monnoyère.  —  Lysi- 
maquc  numfîiulaire  ;  ses  fleurs  jaunes  si- 
mulent une  pièce  d'or.  (Mén.)  —  Bat. 

Herbe  à  l'empereur.  —  Brachilobus  syl- 
vestris.  (Mén.) 

Herbe  à  l'épurée.  —  Euphorbia  lathvris. 

(MÉN.) 

Herbe  à  l'esquinaucie.  —  Asperula  cynan- 
chica.  (Mén.)  Bat. 

Herbe  à  la  Farcion.  —  Sceau  de  Salomon  ; 
p.-ê.  farcion  pour  :  farcin,  sorte  de  gale,  de 
rogne  qui  vient  aux  chevaux.  (Boreatj.) 
M.  le  comte  Jaubebt,  dans  son  Glossaire, 
ainsi  que  les  personnes  de  la-  campagne, 
trouve  que  la  racine  contournée  de  cette 
plante  représente  tous  les  membres  du  corps 
humain.  —  Id.  Herbe  à  la  rupture.  (Mén.) 

Herbe  à  la  femme  battue  (Th.).  —  Ainsi 
appelée  parce  que  ses  feuilles  servent  à  faire 
un  cataplasme  bon  pour  les  gnons.  —  Tamus 
communis.  (Asparaginées.) 

Herbe  au  fi,  pour  Fie.  —  Scrofulaire 
noueuse  ;  fie,  ou  abcès,  tumeur,  sorte  de 
rogne  particulière  aux  bœufs.  —  Id.  Hellé- 
bore fétide.  (Mén.) 

Herbe  à  la  lièvre.  —  Douce  amère.  (Mén.) 
—  Petite  centaurée.  (Litt.) 

Herbe  à  la  foire  (Mj.),  s.  f.  —  Salicaire.  V. 
Chie-niou. 

Herbes-fortes  (Mj.,  Lg.).  —  Nom  collec- 
tif, de  sens  très  vague,  sous  lequel  on  désigne 
toutes  les  herbes  employées  dans  la  méde- 
cine populaire. 

Herbe  au  grand  bois.  —  Androstomum 
officinale.  (Mén.) 

Herbe  grasse  (Pell.),  s.  f.  —  Crassulacée  à 
tubercules  et  à  fleurs  rouges.  ||  (Tlm.,  Mj.) 
Chenopodium  dans  ses  diverses  variétés.  Syn. 
de  Grassine,  Grasine,  Grasseline,  Clienillelte, 
Passe-merde.  \\  Sedum  telephium  et  myosotis. 
(MÉN.)  —  Bat.      ^ 


478 


HERBE  A  LA  GUERXOUILLE  —  HERBES  ROUGEAUX 


Herbe  à  la  guernouiUe  (Sp.),  s.  f.  —  Persi- 
caire.  Syn.  de  Sauleau,  Pied  rouget,  Pouzé. 

Herbe  aux  gueux.  —  Clématite  des  haies, 
plante  caustique  à  l'aide  de  laquelle  les.  men- 
diants simulent  les  plaies  aux  jambes.  (Méx.) 
—  Clematis  vitalba.  (Litt.)  Bat. 

Herbe  aux  hémorroïdes.  —  Sedum  re- 
flexum.  (Méx.) 

Herbe  à  l'hirondelle.  —  Umbilicus  pendu- 

linus.  (Méx.)  Syn.  Poupette.  |j  Stellera  pas- 
serina  (Bat.)  (Thymélées),  ou  Chelidonium 
majus.  L.  (Papav.)  Litt.  ||  Perce-pierre. 

Herbe  aux  magiciennes.  —  Circsea  lute- 
tiana.  (Méx.)  —  Datura  stramonium.  L. 
Solan.  (Litt.)  —  Bat. 

Herbe  de  Marguerite.  — •  Erys  barb.  (Méx.) 

Herbe  à  la  meurtrie.  —  Valériane  ofTici- 
nale.  (Méx.) 

Herbe  à  midi.  —  Jasione  montana.  (Mén.) 
Bat. 

Herbe  à  la  migraine.  —  Hermaria  ;  c.-à-d. 
à  mille  graines.  Jaub.  observe,  dans  son 
Gloss.,  qu'il  y  a  plus  d'un  exemple  de  ces 
attributions  médicinales  motivées  par  son 
aspect  dans  les  maux.  (Méx.)?  —  Probable- 
ment par  la  ressemblance  des  mots  :  migraine, 
mille  graines. 

Herbe  à  mille  trous.  —  Mille  pertuis. 
(Méx.) 

Herbe  à  la  mite  (Lg.),  s.  f.  —  Maroute.  X. 
On  en  met  parmi  les  vêtements  pour  écarter 
les  mites.  —  Verbascum  blattaria.  (Bat.) 

Herbe  de  mort.  —  Menthe  crépue,  parce 
qu'on  la  brûle  dans  la  chambre  des  morts. 

Herbe  noire.  — Senecio  erucaefolius.  (Méx.) 

Herbe  nouée  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  grami- 
née  à  tiges  rampantes,  s'étalant  en  toufîes  et 
très  envahissante,  parce  qu'elle  prend  racine 
à  tous  les  nœuds.  Syn.  de  Çarnue,  Çarnure, 
Nouée.  C'est  l'Agrostis  blanche.  On  donne 
aussi  ce  nom  à  la  Renouée.  Syn.  deiVowéeet 
Nouette  (Sp.,  Mj.) 

Herbe  à  l'oie  (Mj.),  s.  f.  Potentille  quinte- 
feuille.  Ji  Petite  crucifère  à  fleurs  jaunes, 
profondément  découpées,  racines  traçantes, 
touffes  étalées,  trop  commune  dans  les  val- 
lées de  la  Loire.  On  l'appelle  aussi  Persil  à 
Voie.  C'est  le  Nasturtium  palustre  (Morax- 
DEAU).  Sp.  V.  Persillée  et   le  suivant. 

Herbe  aux  oies  (Lg),  s.  f.  Petite  ciguë, 
ainsi  nommée  parce  que  les  oies  en  mangent 
sans  inconvénient.  Syn.  de  Herbe  aux  pirons, 
Persillée. 

Herbe  à  l'opération.  —  Pariétaire  offici- 
nale. (Méx.) 

Herbe  qui  pard  (Ti.,  Zig.  146),  s.  f.  — 
Herbe  à  la  détourne,  Herbe  tournante,  Boilobe. 

Herbe  à  la  pardrix,  s.  f.  (Sp.).  —  Petite  gra- 
minée  commune  dans  les  prés,  à  tige  grêle,  à 


épillets  courts  et  serrés,  portés  sur  des  pé- 
doncules longs  et  minces,  en  sorte  que  le 
moindre  souffle  les  agite.  On  en  fait  des  bou- 
quets. Syn.  de  Zyeux  de  pardrix  et  de  Gentil- 
branle. 

Herbe-pâtisse  (Mj.),  s.  f.  —  Nom  collectif 
sous  lequel  on  désigne  toutes  les  graminées 
des  prés  et,  en  général,  toutes  les  herbes 
propres  au  pâturage.  —  Pâtisse  a  pour  frère 
le  fr.  Pâtis. 

Herbe  aux  perles.  —  Lithospermum  offi- 
cinale. (MÉX.)  (Bat.) 

Herbe  au  pied  de  griffon.  (Méx.) 

Herbe  à  la  pierre  (Lg.),  s.  f.  —  Nom  d'une 
plante  que  je  n'ai  pas  vue  et  qui  serait  sou- 
veraine contre  la  gravelle. 

Herbe  aux  pies.  —  Alopecurus  agrestis, 
vulpin.  (MÉX.) 

Herbe  à  piquer  (Sp.),  s.  f.  —  Hellébore. 
Syn.  de  Herbe  à  la  pointe,  Herbe  aux  sour- 
ciers. 

Et.  —  Parce  que  les  vétérinaires  se  servent  des 
feuilles  de  cette  plante  pour  herber  les  bestiaux, 
c.-à-d.  pour  leur  faire  sous  la  peau  des  sortes  de 
sétons  dont  l'âcreté  de  l'hellébore  détermine 
promptement  la  suppuration. 

Herbe  aux  pirons  (Lg.).  —  V.  Herbe  aux 

oies. 

Herbe  au  pivart  (Lg.),  s.  f.  —  Sorte  d'herbe 
commune  dans  les  haies,  mais  que  je  ne  puis 
décrire,  ne  l'ayant  pas  vue.  C'est  probable- 
ment la  même  que  Langue  de  pivart.  —  Ainsi 
nommée  parce  que  le  pivart  s'aiguise  la 
langue  et  le  bec  sur  cette  plante  pour  percer 
les  arbres  {sic). 

Herbe  à  la  pointe"(Sp.),  s.  f.  —  Hellébore. 
Syn.  de  Herbe  aux  sourciers.  Herbe  à  piquer, 
Herbe  au  beurre. 

Herbe  aux  puces  (Sp.),  s.  f.  —  Syn.  de 
Menthard.  Elle  passe  pour  chasser  les  puces.  |! 
Plantago  arenaria,  Mentha  pulegium.  (Mén.) 
—  Bat. 

Herbe  à  la  rate  (Mj.,  Lg.),  s.  f.  —  Scolo- 
pendre, ou  Langue  de  cerf,  sorte  de  fougère 
qui  pousse  dans  les  puits.  Parce  que  les 
feuilles  ont  la  forme  de  la  rate.  ||  Syn.  de 
Fougère  bâtarde.  Scolopendrium  officinale.  '[ 
Sa.  —  Cynoglosse.  Syn.  de  Langue  de  chien. 

Herbe  à  la  remise  (Lg.,  Sp.),  s.  f.  —  Ar- 
moise. V.  Arnoise.  Ces  trois  mots  sont  une 
corruption  de  Artemisia,  nom  lat.  de  la 
plante.  Syn.  de  Remise,  Arnoise. 

Herbe  à  la  reue  (Sp.),  s.  f.  —  Ruta  gra- 
veolens,  Rue.  —  Même  observ.  que  pour  le 
Savigné. 

Et.  —  Rue  est  une  corr.  du  nom  fr.,  par  confu- 
sion avec  le  pat.  Reue. 

Herbe  à  la  Robert.  —  Géranium,  bec  de 
grue.  (Méx.)  —  Bat. 

Herbes  rougeaux.  —  Herbes  rouges  qui 
servent  de  refuge  aux  poissons.  (Méx.) 


HERBE  A  RUBANS  —  HERBIÈRE 


479 


Herbe  à  rubans.  —  CalamagrostisTcolo- 
rata.  (Mén.) 

Herbe  à  la  rupture.  —  V.  FarcAon. 

Herbe  sai;{ne-nez.  —  Achillée  mille-feuilles. 
(MÉx.) 

Herbe  sainte  (Mj.),  s.  f.  —  Absinthe. 
(Confusion  de  son  et  do  sens.)  Arthemisia 
absinthium. 

Herbe  à  la'sainte  armoire.  —  Absinthe.  Il 
y  a,  ici,  corruption  du  mot.  Les  Berrichons 
disent  :  La  sainte  oreille,  pour  :  La  centaurée  ; 
le  saint  foin.  (Méx.)  X.  Armoire,  pour 
Armoise. 

Herbe  de  sainte  Barbe.  —  Erysimum  bar- 
barea  (Méx.).  Bat. 

Herbe  dc8aint  Ktienne.  —  Circa^a  lutetiana 
(MÉN.).  —  Bat. 

Herbe  de  Saint  Honoré.  —  Centaurée 
petite  (Mén.).  Confusion  de  mots  ? 

Herbe  de  Saint  Jean  (Mj.).  —  Petite  herbe 
rampante,  à  fleurs  bleues,  à  odeur  forte  et 
aromatique,  de  la  famille  des  labiées.  Lierre 
terrestre.   |j  Glechoma  hederacea  (Bat..) 

N.  —  Au  plur.  «  Herbes  de  la  Saint-Jean  se  dit 
ue  toutes  les  bonnes  plantes,  précoces.  Au  fig.  : 
.l'y  ai  mis  toutes  les  herbes  de  la  Saint-Jean,  — 
je  n'ai  rien  négligé.  —  D'après  les  anciennes  tra- 
ditions, les  herbes  cueillies  dans  la  nuit  de  la 
Saint-Jean  avaient  une  quantité  de  propriétés  mer- 
veilleuses :  «  Un  fétu  de  paille  cueilli  dans  la  nuit 
de  la  Saint  Jehant,  tandis  qu'on  sonne  nonne,  et 
placé  dans  la  serrure  du  coffre,  contraint  les  maris  à 
donner  beaucoup  d'argent  à  leurs  femmes.  » 
(Evang.  des  Quenouilles.  —  Favke.) 

Herbe  à  Saint-Joseph  (Lg.),  s.  f.  —  Achillée 
mille-feuilles  :  h.  au  charpentier.  Syn.  de 
Queue  de  renard. 

Herbe  de  Saint-Julien.  —  Urvs.  barb. 
(Méx.). 

Herbe  de  Sainte-Marguerite  (Mj.). —  Petite 
herbe  commune  dans  les  haies,  dont  les 
feuilles  passent  pour  cicatriser  les  plaies  enve- 
nimées. 

Herbe  à  Saint-KocU  (Mj.).  —  Herbe  de  la 
famille  des  composées.  Chicoracée  à  fleurs 
jaunes  portées  sur  des  pédoncules  inégaux 
naissant  de  presque  toutes  les  aisselles  des 
feuilles  ;  tiges  ramifiées,  feuilles  petites,  ses- 
siles,  entières  et  gaufrées.  Haut.  20  à  3,5  cen- 
timètres. Inula  dysenterica  (Bat.). 

Herbe  au  sang  (Mj.),  s.  f.  —  Aspérule  à 
grandes  feuilles.  Syn.  de  Prend-main. 

Et.  —  Cette  plante  s'emploie  contre  la  pléthore, 
circonstance  qui  suffirait  à  expliquer  le  nom  ci- 
dessus.  Mais  il  est  plus  probable  que  la  véritable 
raison  de  cette  dénomination  est  la  suivante.  Les 
enfants  s'amusent  souvent  à  se  faire  saigner  la 
langue  ou  le  nez  en  y  passant  une  feuille  de  la 
plante.  Les  fins  crochets  qui  garnissent  les  bords 
et  la  nervure  de  la  face  inférieure  ont  vite  fait  de 
déchirer  la  muqueuse  et  de  faire  sortir  le  sang,  sans 
causer,  d'ailleurs,  de  douleur  appréciable. 

Herbe  à  la  serpent,  réséda  gaude.  God.  en 
celti([.  jaune  (Mén.). 


Herbe  aux  sourciers'^(Sp.),  s.  f.  — 'Sorte 
d'herbe  qui,  détachée  de  son  pied,  a  la  pro- 
priété de  végéter  encore  longtemps,  même 
sans  eau.  On  en  fait  de  petits  paquets  que 
l'on  suspend  au  plafond  la  tête  en  bas.  Les 
tiges  se  redressent  et  souvent  même  fleu- 
rissent, et  elles  restent  verdoyantes  pendant 
plus  d'un  mois. 

Ainsi  nommée  parce  qu'on  croit  qu'elle  se 
flétrit  dès  qu'un  sorcier  entre  dans  la  maison 
où  elle  est  suspendue.  i|  (Mj.)  Hellébore  blanc. 
Syn.  de  H.  à  piquer,  H.  à  la  pointe,  H.  à  la 
bonne  Viarge.  V.  au  Folk-Lore,  xiv. 

Herbe  à  la  teigne.  —  Jusquiame.  (Mék.). 

Herbe-tcrrette.  —  Lierre  terrestre  (Mén.). 

Herbe  tire-goutte.  —  Renoncule  flottante. 

(M  EX.). 

Herbe  au  tonnerre  (Sp.),  s.  f.  —  Éclaire  ou 
grande  chélidoine.  ,|  Joubarbe.  ||  H.  à  la 
tonnerre.  (Lg.).  —  Joubarbe. 

N.  —  On  voit  que  ce  nom  est  appliqué  à  deux 
plantes  bien  différentes.  Pour  la  première,  il  y  a 
eu  sans  doute  confusion  du  nom  Eclaire  aVec 
Eclair,  coup  de  foudre.  La  seconde  pousse  sur  les 
toits,  au  premier  en  descendant  du  ciel  ;  il  est  natu- 
rel qu'on  la  regarde  comme  spécialement  exposée 
à  être  frappée  par  le  tonnerre. 

Au  l^ong.,  les  paysans  ont  soin  d'en  avoir  sur 
leurs  toits,  parce  que  cette  plante  détourne  la 
foudre.  Je  ne  crois  pas  que  cette  croyance  existe 
encore  à  Saint-Paul,  mais  elle  y  a  probablement 
existé  autrefois,  comme  l'indique  le  nom  d'Herbe 
au  tonnerre. 

Herbe  tournante  (Sa.).  —  \'.  H  crue  à  la 
détourne. 

Herbe  à  tourner  (Tlm.),  s.  f.  —  Herbe  ima- 
ginaire qui  a  la  propriété  de  faire  égarer  ceux 
qui  marchent  dessus.  C'est  VHerbe  à  la  dé- 
tourne de  Saint-A.,  la  Boilobe  de  Mj. 

Herbe  tremblante.  —  Amourette,  pain  des 
oiseaux.  Briza  média  (Mén,).  C'est  le  Gentil- 
branle.  (Bat.). 

Herbe  aux  verrues.  —  Euphorbe,  ou 
réveille-matin  (Mén.)  —  Héliotrope  d'Eu- 
rope ;  borrag.  (Mén.)  Bat. 

Herbe  aux  vers.  —  Chrysanthemus  (Méx.). 
Tanaisie  (Litt.). 

Herbe  au  vendangeron.  —  Matricaire 
blanche.  (Mén.). 

Herbe  aux  vipères.  —  p]ehium  vulgare. 
(MÉN.).  Bat. 

Herbcrger.  —  «...  et  en  cette  ordonnance 
se  mettent  sur  les  champs  et  vont  vers  leurs 
ennemis,  et  tant  chevauchent  qu'il  fut  temps 
de  herbcrger.  Si  font  loger  leur  ost.  . .  »  (J.  de 
BouRDiGNÉ.  Chron.,  24^).  Le  sens  serait  donc 
Bivouaquer,  camper. 

Et.  —  Du  germ.  ;  aha.  heriberga,  campement 
militaire,  de  heri,  armée,  et  berge,  logement  ; 
proprement  :  logement  des  gens  de  guerre,  puis,  par 
ext.  du  sens,  logis  en  général,  et  même  :  auberge.  || 
Heer,  armée,  bergen,  abriter.  (D^  A.  Bos.) 

Hcrbière  (Mj.),  s,  f.  —  Œsophage  des>  her- 


480 


HERBILLETTES^—  HEURDRIR 


bivores  et,  par  ext.,  de  tous  les  animaux  de 
boucherie,  en  général. 

Herftillettes  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Menues 
herbes,  telles  que  :  oignon,  ciboulette,  etc., 
employées  comme  assaisonnement  ;  cive, 
civette. 

Herboula,   s.    f.   —   Ou   chamaran,   vulg. 

Anthémis  (MéN.). 

Hère  (Mj.),  adj.  q.  —  Gueux.  X.  C'est  le 
fr.  hère,  qui  de  nom  est  devenu  adj. 

Et.  —  Du  lat.  Herus,  maître?  De  l'ail.  Herr,  id., 
avec  un  sens  péjoratif  qui  se  rencontre  qqf.  ?  Ex.  : 
Ross,  cheval  de  guerre,  coursier,  dont  nous  avons 
fait  :  rosse. 

Hist.  —  «  Ne  sont-ils  assez  enfumez  et  parfu- 
mez de  misère  et  de  calamité,  les  paovres  haires.  » 
(RAB.,m,  p.  119.) 
«  Gros  nez  qui  te  regarde  à  travers  un  grand  verre 

«  Te  juge  encore  plus  beau  ; 
«  Tu  ne  ressembles  point  au  nez  de  quelque  hère 
«  Qui  ne  boit  que  de  l'eau.  » 

BaSSELIN,    VI. 

Hergne  (Sa.),  s.  f.  —  Averse,  rafale  de  pluie. 
Doubl.  et  syn.  de  Hargne.  Cf.  Hert.  \\  s.  m. 
Pour  :  hargneux.  (Segr.).  Cet  homme  est 
hergne. 

Hérisson  (Mj),  s.  m.  —  Fig.  Grande  roue 
dentée  du  moulin.  —  X.  On  prononce  volon- 
tiers Harisson.  \\  Huile  d'Hérisson,  —  h.  de 
ricin.  —  On  donne  encore  ce  nom  à  une 
herse  armée  de  chevilles  de  bois  pour  pré- 
parer la  terre  à  recevoir  la  semence  (Mé>-.). 

Héris«nnée,  s.  f.  —  Vulg.  Caucalis  lati- 
folia  (MÉx.).  Bat. 

Héritaiix,  adj. 
plur.  dans  la  loc. 
par  héritage. 

Hist.  —  Langue  du  droit  coutumier  au  xvF  s. 
Désuet.  Y.  Revue  de  l'Anjou,  t.  LIV,  p.  313. 

Héritège  (By.).  —  Corr.  de  Héritage. 

«  J'aimons  notre  villege, 

«  Là  vous  (où)  qu'on  parle  ben, 

«  Où  que  j'on  notre  herite^e 

«  Que  j'y  manquons  de  ren.  »  (Mén.) 
Et.  —  Du  lat.   Hereditare  ;  de  hères,  heredis, 
héritier.    Au   xvi''   s.,   on   prononçait   :   héritaige. 
(Palsgr.,  p.  8.) 

Herné  (Lg.),  adj.  q.  —  Harassé,  fatigué.  || 
Usé  par  l'âge  ou  par  les  excès.  Mot  vieilli.  — 
A  rapprocher  de  Halni. 

N.   —   Heriener,   Ereinter.    (L.    C.)   —   Pour   : 

Ereiné. 

Héro  (Th.).  —  V.  Aireau,  Areau.  C'est 
une  sorte  de  charrue  à  deux  versoirs,  qui 
sert  à  disposer  la  terre  en  ados,  dits  Rénaux, 
et  à  ouvrir  des  sillons  d'écoulement  pour  les 
eaux,  que  l'on  appelle  aussi  Rénaux,  ou 
encore  Ségoires,  Essigoires.  On  dit  d'un  champ 
labouré  en  ados  ou  en  gros  billons  qu'il  est 
en  rénaux. 

Ilerqiielier.  —  V.  Harquelier. 

N.  —  Dicton  :  12  chassoux,  12  pêchoux,  12  oise- 
liers et  12  bessonniers,  ça  fait  en  tout  48  herque- 


q.  —  Xe  s'employait  qu'au 
:  Biens  Mritaux,  biens  acquis 


liers.  (Fougères.)  — 'Homme  qui  n'avance  pas  au 
travail,  qui  s'y  prend  mal,  qui  est  paresseux. 

Herquenier  (Lue),  s.  m.  —  Terme  de  mé- 
pris, vagabond,  pillard.  V.  Harquelier, 
Herquelier.  Syn.   de  Hersier. 

Herruer.  —  Pour  :  Herser.  La  terre  doit 
être  charruée  et  herruée  (Mauges.  Mén). 

Herse,  adj.  q.  —  Acre  (My.). 

Herser  (Z.  151),  v.  réf.  —  Se  herser  le 
croupion,  se  traîner  le  derrière,  com.  on 
traîne  une  herse.  V.  Harse. 

Hersier  adj.  q.  —  Galvaudeur,  coureur. 
C'est  un  hersier,  un  rien  du  tout,  (Cht.). 

Hersoir,  Harsoir.  —  Pour  Hier  soir. 

Hert»  (Mj.),  s.  f.  —  Syn.  de  Rôrte  ;  moins 
usité  que  ce  dernier.  Doublet  du  mot  fr. 
Cf.  Hergne. 

Hestolitre  (Mj),  s.  m.  —  Hectolitre.  X. 
Ce  mot,  jadis  en  grand  honneur  parmi  les 
fourneliers  et  les  mariners,  commence  à 
tomber  en  désuétude. 

Hêter,  h.  asp.|(Mj.),  v.  a.  —  Visiter,  ins- 
pecter. Ex.  :  Ils  ont  été  hêter  le  lieu,  —  ils 
sont  allés  visiter  l'endroit. 

N.  Ce  mot  ne  s'emploie  plus  que  très  rarement  et 
presque  uniquement  dans  la  loc.  citée  plus  haut. 

Hétoudeau,  s.  m.  —  Chapon. 

Et.  —  «  B.  L.  Haistaldus,  colon,  de  l'aha. 
Hagastalt,  célibataire,  apprenti.  D'après  D.  C,  le 
hétourdeau  a  été  ainsi  nommé  du  Haistaldus  qui  le 
fournissait  à  ses  maîtres.  D'après  Diez,  le  nom  de 
Haistaldus,  célibataire,  novice,  a  été  transféré  par 
plaisanterie  au  chapon.  C'était  le  jeune  chapon,  et 
le  poulet  assez  gros  pour  être  chaponné.  (Litt.)  — 
Hétoudeau,  pour  :  hestaudeau,  hastadel,  dér.  de 
l'aha.  Agustalt,  qui  signifie  proprement  :  posses- 
seur de  haie,  et  s'est  appliqué  au  fils  cadet  (par  op- 
pos.  au  fils  aîné,  possesseur  du  manoir  de  la  fa- 
mille), puis  à  un  célibataire,  et,  par  plaisanterie,  à 
un  chapon.  (Darm.)  —  Voir  la  singulière  explicat. 
de  Mèxage  :  de  ad-ustus,  —  castration  par  le  feu. 

Heuclier  (Lg.),  v.  a.  —  V.  Hucher. 

Heugner  (Mj.),  v.  n.  —  Grommeler, 
hogner  ;  Doublet  de  ce  mot  fr.  ;  faire  une 
grimace  de  dégoiit,  de  répulsion. 

Et.  —  Hogner.  Orig.  inc.  ;  houiner,  higner, 
hinner,  ouiner,  crier,  se  plaindre  Cf.  Ouigner.  Pat. 
norm.  Honner  (hon  nasal  ;  i  hon-nent,  ils  grognent). 

Heune,  s.  f.  —  Douleur  rhumatismale 
qui  tient  aux  articulations  ;  les  rebouteurs 
saignent  dans  la  bouche,  ou  bien  font  une 
légère  incision  aux  articulations  (Mén.). 
Segré.  Syn.  et  doubl.  de  Hurnes.  \\  Po.  — 
Hulne,  h  muet. 

Heure!  (Mj.)interj.  —  Pouah!  Exprime  le 
dégoiit.  Syn.  de  Hac  f  —  Onomat.  indiquant 
que  le  cœur  se  soulève.  Pouah  !  c'est  la  bouche 
qui  crache  un  objet  dégoûtant,  au  propre  et 
au  fig.  ;  Hac  n'est  qu'une  forme  enfantine 
et  adoucie  de  Heure. 

Heurdrir°  (Sa.),  v.  n.  —  Moisir.  Syn.  de 
Voirir,     Vairir,    Hounir,    Hourdrir,    Ouérir, 


HEURE  —  HIVARGNER 


481 


Chauguenir,  Chaumeiur.  —  Cf.  Jaub.  à 
Oudrir.  ||  By.  —  Ourdrir,  —  d'où  :  ourdris- 
sure,  pour  :  moisissure. 

Heure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  La  basse  heure,  — 
le  soir,  la  brune.  Ex.  :  Velà  la  basse  heure 
qui  va  nous  prendre.  ||  A  la  basse  heure,  — 
au  soir,  sur  le  tard.  Ex.  :  Ils  ne  sont  point  en 
allés  qu'à  la  basse  heure.  —  N.  C'est  l'ital.. 
Alla  bass'  ora.  ||  La  haute  heure,  —  une 
heure  avancée,  surtout  de  la  matinée.  Ex.  : 
Ça  va  me  mettre  à  la  haute  heure,  —  ç.-à.-d. 
me  retenir  jusque  vers  midi.  —  Se  mettre 
dans  la  haute  heure,  —  se  mettre  en  retard. 
V.  Haute  heure.  —  Je  me  se  levé  haute 
heure  ;  il  est  ben  haute  heure.  ||  D'heure  et  à 
temps,  —  à  une  heure  convenable,  pas  trop 
tard.  Ex.  :  Faudra  tâcher  d'arriver  d'heure 
et  à  temps.  —  N.  On  dit  encore  :  D'heure 
et  d'à  temps,  —  à  l'heure  dite,  précise.  || 
A  une  demi  heure  (Z.  139.)  C'est  midi  et  demi. 
Il  Eine  heure  de  temps,  —  une  heure.  !|  Eine 
heure  d'horloge,  —  id.  Ex.  :  Aile  ont  été  trois 
grandes  heures  d'horloge  (o  long)  à  gouler 
ensemble.  |!  Tout  à  l'heure,  —  presque, 
quasi,  à  peu  près.  Ex.  :  A  gagne  tout  à 
l'/iewre  moitié  pus.  jj  A  la  bonne  heure  !  —  in- 
terj.  —  marque  l'acceptation,  l'approbation. 
Signifie  à  peu  près:  Bravo,  tant  mieux,  c'est 
bien  ! 

Hist.  —  «  Tant  qu'il  resveilla  et  luy  demanda 
comment  il  dormoit  ainsi  si  haute  heure,  en  homme 
qui  a  desjà  vaincu.  »  (Amyot,  Vie  d' Alex.-lc-G.) 
—   «  L'occasion  est  chauve  par  devant, 

«  Pour  desmontrer  que  qui  ne  la  prend  d'heure, 
«  De  son  bien  mesme  il  se  va  decepvant.  " 

G.-C.  Bûcher,  198,  p.  200. 
—   «  Faudra  s'iever  de  bon  matin 
«  Pour  biger  le  cul  à  Martin  ; 
«  A  la  haute  heure  y  ara  la  presse.    » 

(Prov.    popul.    nng.) 

Hêver  (Mj.),  v.  —  Faire  éprouver  une 
sensation  de  pesanteur  à  l'estomac,  avec 
envie  de  vomir,  en  pari,  d'un  mets,  d'une 
boisson.  On  dit  :  Ça  illi  a  hévé  le  cœur  ;  il  a  le 
cœur  hêvé.  On  dit  encore  dans  le  même  sens  : 
Ça  illi  a  chargé  sus  le  cœur.  N.  L'h  est  as- 
piré. 

Et.  —  D'après  ce  qui  précède,  il  est  probable  que 
ce  mot  se  rattache  à  î'adj.  angl.  Heavy,  lourd, 
pesant.  —  P.-ê.  pour  Ilaver,  soulever.  Et.  Hef.  croc, 
crochet,  crampon.  Et.  *  Havum,  du  germ.  haben, 
avoir,  tenir,  saisir??  (D''  A.  Bos.)  ||  Toutefois, 
malgré  la  légère  tispiration  initiale,  c'est  p.-ê. 
Aiver,  du  lat.  Aqua.  On  sait  que,  dans  certaines 
indispositions  de  l'estomac,  la  bouche  se  remplit 
d'eau,  «  les  vers  pissent  au  cœur  ». 

Iliar,  adv.  —  Hier  (Z.  146,  Mj.,  By.).  — 
Hiar  de  nuit,  —  l'avant-dernière  nuit.  || 
Il  Avanze-/iia/-,  —  avant-hier. 

Hicetd'Hoc(d')  (Q.,  Zig.  136),  loc.  adv. — 
Cahin-caha. 

Ilicrrc.  s.  m.  —  Lierre,  plante  grinipant(\ 
Syn.  de  Hérace,  Lierru,  Brout. 

Et.  —  Hierre,  herre,  ierre.  Véritable  orthogr.  de 
Lierre,  du  lat.  Hedera,  avant  la  suture  de  l'article. 


—   «  Là  vous  verrez  mille  peuples  divers 

M  D'habits,  de  mœurs,  de  langages  couverts, 
«  L'un  de  laurier,  l'autre  vestu  d'hierre.  » 

(Ronsard,  p.  68L  —  L.  C.) 

—  Exemples  curieux  de  cette  suture  de  l'article  , 
Luette,  —  l'uette,  l'uvette  ;  Alerte,  —  à  l'erte  ; 
Alarme,  —  à  l'arme  ;  Alors,  —  à  l'ore  ;  Bruttium: 

—  Abruzze,  pour  la  Bruzze  ;  Alcoran,  —  Al  Coran  : 
Algèbre,  Almanach.  —  id.  —  Et.  au  contraire  :  La 
Pouille,  pour  l'Apulie  ;  la  Natolie,  pour  L'Anato- 
lie.  (Comte  Jaub.) 

Hiloire  (Mj.),  s.  î.  —  Planche  fixée  au  bord 
interne  du  plat-bord  d'un  bateau,  et  qui 
retient  à  leur  extrémité  inférieure  les  pan- 
neaux du  pontage. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Hile.  —  Corrupt.  faite  dans  le 
milieu  du  xvn"  s.,  de  l'anc.  Eslure.  qui  leprésente 
Tesp.  Esloria,  dont  l'orig.  est  incert. 

Himour  (By.),  s.  f.  —  L'humeur.  Vhi- 
meur,  pour  le  vulgaire  est  la  cause  de  toute 
maladie  ;  elle  attaque  toutes  les  parties  du 
corps  (Mén.). 

Hindiuer  (Lg.),  v.  n.  Hennir.  Syn.  de 
Ouindir,  Ouigner.  Mot  vieilli.  Cf.  Jaub.  à 
Hendiner. 

Hingre  (Lg.),  adj.  q.  —  Maigre,  décharné. 

Et.  —  Malgré  la  légère  aspirât,  initiale  et  la 
transformation  en  nasale  de  la  voyelle,  je  dérive 
carrément  ce  mot  du  lat.  iEgruni,  malade.  Par 
ailleurs,  il  est  très  évidemment  le  rad.  du  fr.  Ma- 
lingre, duquel  Hatzfeld  déclare  ne  pas  voir  l'ori- 
gine. (R.  O.) 


lliouc  !    (Fu).    interj. 
Youc. 


A    gauche  !    V. 


Hippopoiube  (Lpz.,  Zig.  146).  ' 

llippoponte  (Z.  124),  s.  m.  —  Sans  énergie, 
impotent.  Corrupt.  de  hypocondre.  Cf. 
I inpopoinpe.  By.  —  Impopondre. 

Et.  —  Hypocondre.  De  Deux  mots  grecs,  — 
sous  les  cartilages  des  côtes,  —  où  la  mélancolie 
était  supposée  avoir  son  siège. 

Hiquet  (Auv.,  Craon),  s.  m.  —  Hoquet.  (| 
By.  —  Jiquet. 

El.  —  Le  mot  est  intermédiaire  entre  le  fr. 
Hoquet  et  le  patois  Jiquet.  —  Syn.  de  Loquet.  — 
Hoquetus.  —  Hoqueter,  —  ébranler  en  secouant. 
D.  C. 

Hiraigne,  s.  f,  —  Araignée.  Cf.  Iraigne. 

Hist.  —  «  Un  beau  miroir  «  en  façon  d'une 
hiraigne  de  mer.  »  Comptes  de  ménage  de  Jeanne 
de  Laval.  {Anj.  Hi.st.,  1™  an.,  p.  528.) 

lliraiitaigne  (Lue),  s.  f.  —  Araignée.  V. 
Irantcignr.  \\  By.  —  l'h  est  muet.  Toile  d'a- 
raignée ornant  mal  un  plafond  ;  d'où  :  hiran- 
taigner,  enlever  les  toiles  d'araignée  ;  hirai' 
gner  et  herigner,  enlever  les  chasse-galants. 

Hirondelle  (Lg.),  s.  f.  —  Fig.  Clavette 
double  dont  les  branches  s'écartent  en  queue 
d'aronde. 

Hisser,  v.  a.  (Mj.).  —  Syn.  de  Rauder. 

Hivar  (Mj.),  s.  m.  —  Hiver. 

Hivargncr  (Mj.),  v.  n.  -^  Se  déliter  à  la 

31 


482 


HIVERNAGE 


HOPER 


gelée,  en  parlant  de  la  terre.  ||  v.  a.  Déliter  la 
terre,  en  pari,  de  la  gelée. 

Et.  —  C'est  un  doubl.  du  fr.  Hiverner,  pris  dans 
un  sens  spécial.  —  L.  Hibernus  (hi  =  hie,  de 
hiems,  hiver). 

Hivernage  (By.),  s.  f.  —  Fourrage  pour 
l'hiver.  (MÉx.). 

Ilôbion  (Mj.),  s.  m.  —  Houblon.  Cf.  Ovrir, 
Otil. 

Et.  —  Du  holl.  Hop,  houblon,  à  l'aide  d'une  for- 
mation diminut.  :  hop-e-lon,  hub-i-llon,  etc.  Le 
B.  L.  humulo,  humulus,  tient  au  flam.  hommel. 

Hist.  —  «  Mais  le  hobelon  de  Picardie  craindra 
quelque  peu  la  froidure.  »  (Rab.,  P.,  Prognost.,  iv, 
587.) 

Hogiiigner  (Lpos.).  —  V.  Odigner. 

Hoiiices  (My.)  ou  Ouinees,  s.  f.  plur.  — 
Articulations  de  la  main. 

Holopherne  (Ag.),  s.  m.  —  Usité  dans  la 
loc.  Avoir  une  tête  d' Holopherne,  —  être 
entêté,  obstiné.  —  Est-ce  une  allusion  à  la 
Bible?  Faut-il  rapprocher  ce  mot  de  Infernal? 

Homblet  (Mj.),  s.  m.  —  Tithymale  réveille- 
matin.  Syn.  de  Lait  de  couleuvre,  Embrun- 
chun.  Petite  euphorbiacée.  ||  Petite  personnée, 
sorte  de  muflier  à  fleurs  jaunes  qui,  par  son 
port  et  sa  taille,  ressemble  beaucoup  au 
réveille-matin.  Syn.  de  Gueule  de  lion.  C'est 
la  Linaire.  (Mobaxdeatt.) 

N.  —  On  confond  sous  le  même  nom  ces  deux 
plantes,  assez  semblables  au  premier  coup-d'œil,  et 
qui  croissent  dans  les  mêmes  terrains. 

Et.  —  Dér.,  au  moyen  du  sufF.  dimin.  et,  du  fr. 
Humble,  pris  dans  le  sens  de  sa  rac.  lat.  Humilis,  de 
terre,  bas.  Les  deux  plantes  sont  de  petite  taille. 

Homicide  (Mj.),  adj.  q.  —  Coupable  de 
meurtre.  Ex.  :  Je  ne  veux  point  être  homicide 
de  ma  mort. 

N.  —  Un  maire  de  campagne  s'était  plaint  à  son 
préfet  qu'un  de  ses  administrés  avait  menacé  de 
le  suicider.  «  Soyez  tranquille,  Monsieur  le  Maire, 
lui  répondit  le  préfet,  vous  ne  serez  jamais  suicidé 
que  par  un  imbécile.  » 

Homme  (^Ij.,  By.),  s.  m.  —  Faire  de 
rhomme,  ou  F.  son  homme,  —  affecter  de 
prendre  les  manières  et  le  langage  d'un  homme 
fait,  en  parlant  d'un  gamin  ;  trancher  de 
l'homme  d'importance,  en  parlant  d'un 
homme  fait.  [|  Un  homme  de  bois,  de  pierre, 
déplume,  pour  :  un  charpentier,  un  maçon,  un 
écrivain.  En  bas  lang.,  not'  homme,  pour  : 
mon  mari  ;  nos  hommes,  pour  :  nos  parents.  i| 
By.  —  Les  hommes,  nos  hommes,  pour  :  ceux 
qui  travaillent  avec  nous,  à  notre  compte.  On 
dirait  aussi  :  les  gars,  pour  :  les  hommes. 

Hommée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  «  Mesure  agraire 
des  vignes,  33  ares  aujourd'hui  ;  c'est  la 
mesure  de  la  terre  qu'un  homme  peut  bêcher 
dans  sa  journée.  (Bkux.  de  Tartif). 

En  lang.  romane,  une  faulcye,  pour  ce  qu'un 
homme  pouvait  faucher  dans  sa  journée.  En  lat., 
on  disait  :  bovata  terrœ,  ou  simplement  bovata,  une 
journée  de  bœuf.  En  lat.,  Homata,  un  homme  de 
vignes.  «  Vocari  quantum  vinearum  homo  per 
annum  colère  potest.  »  Un  homme  (j'aurais  pensé 


à  hommée.  A.  V.)  égale  6  ares  8  centiares  ;  8  hommes 
égalaient  48  ares  62  centiares  ;  c'est  la  journée  de  la 
Bretagne  ;  un  homme  de  pré  était  de  .39  ares  57  cen- 
tiares. (H.  D.,  1674))  —  Cet  article  est  en  entier  de 
MÉNiÈKE.  il  Mj.  —  Le  mot  ne  s'emploie  plus,  à  ma 
connaissance.  V.  Hist.  au  mot  Bêcheux.  ||  Cf. 
Boisselée,  Chaînée,  etc.,  anciennes  mesures  de 
terres  labourables.  !|  By.  —  Mesure  agraire,  encore 
employée  en  certaines  parties  de  l'Anjou,  inconnue 
aux  environs  d'Angers.  La  mesure  principale  est  la 
boisselée,  ce  qu'on  ensemencerait  avec  un  boisseau 
de  blé,  mesure  variable,  comme  le  contenu  du  bois- 
seau d'autrefois. 

Hist.  —  160L  Sépulture  de  .Jean  Couet,  métayer 
à  Mégné,  «  qui  a  fondé  une  chanterie  annuelle  et 
pour  cet  effet  hypothéqué  deux  hommées  de  jar- 
din à  Saint-Martin-des-Bois.  »  (/«p.  Arch.,  E,  S, 
t.  II,  416,  1.) 

Hondir,  v.  a.  —  «  Faire  hondir  les  troils.  » 
c'est  faire  grincer  les  verroux.  (Vendée.  — 
MÉX.).  Cf.  Ouindir,  V.  Troils.  Cf.  Hendiner 
(Mj.,  By.). 

Honnêteté  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Générosité. 
Ex.  :  Ça  sera  à  voutre  honnêteté.  On  dit  de 
même  en  fr.  :  Récompense  honnête..  || 
Sp.  —  De  son  honnêteté,  — "grâce  à  sa  géné- 
rosité. Ex.  :  Il  m'a  douné  ça  de  son  honnêteté. 

Honneur  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Chaud  d'hon- 
neur, —  qui  aime,  qui  recherche  les  honneurs, 
les  distinctions,  ij  Haut  d'honneur,  —  orgueil- 
leu>J^,  vaniteux.  —  N.  On  dit  aussi  :  Grous 
d'honneur.  V.  Grous. 

Hontable  (Lg.,  Mj.,  Tlm.),  adj.  q.  —  Hon- 
teux, capable  de  faire  honte. 

Et.  —  Aha.  Hônida  ;  vx  sax.  honda,  de  m.  radie, 
q.  hounir  (aha.  hônjan  :  am.  hohnen,  moquer,  faire 
honte).  LiTT. 

Honte  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Timidité.  Ex.  : 
Faut  pas  avoir  honte  de  parler  au  monde.  || 
Rester  à  la  honte,  —  ne  pouvoir  payer  son 
écot. 

Honteux  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Timide, 
craintif,  intimidé.  Ex.  :  Ça  ne  voit  si  guère  de 
monde,  ces  queneaux  là,  ça  les  rend  honteux. 

Hist.  —  Modeste. 

«  Moult  ert  (était)  pros  et  coragos, 

«  Et   dois   et   humbles   et  hontes.    »    (L.    C.) 

HontoHx  (Lg.),  adj.  q.  —  Honteux,  craintif, 
timide. 

Hooo  (Bv.),  interj.  —  Pour  arrêter  un  che- 
val. Cf.  Drrr  f 

Hop  !  (Mj.,  By.),  interj.  —  V.  Houp.  Hope- 
là  !  V.  Houpe-là.  Houpe  laiette. 

Hope-laniaire  (Sal.).  —  Un  gobe-tout,  qui 
croit  tout  ce  qu'on  dit. 

Hoper  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Appeler  de  loin, 
en  criant,  héler.  Syn.  de  Jupper. 

Et.  —  Dér.  de  Hop  f  A  donné  l'angl.  to  Hop. 
Doubl.  de  Houper.  —  Hopperie,  —  huée.  (L.  C.)  — 
En  Normandie,  lever.  —  A  un  repas  de  noces,  un 
convive,  au  moment  des  toasts,  se  lève  et  dit  à 
ceux  qui  sont  en  face  de  lui,  à  l'autre  extrémité  de 
la  table  :  «  A  la  santé  du  haut  bout,  yhope  du  cul 
pour  vous.  » 


HOQUET  —  HOTTER 


483 


Hoquet  "  (Lg.),  s.  m.  —  Inégalité  du  sol  des 
routes.  Mot  vieilli.  —  Cf.  Jaub.  à  Hoca,  hocas, 
pour  Cahot?  Cite  La  Fontaine  : 
<(  L'un  contre  l'autre  jetés 
«  Au   moindre  hoquet  qu'ils  Ireuvent.    » 
(La  Font.  Le  pot  de  terre  et  le  pot  de  jer,  V,  n.) 
—   «  Nous  disons,  en  Anjou,  Hiquet.  Ce  qui  me 
fait  croire  que  Hoquet  et  Hiquet  sont  des  dimin. 
de  fioc  et  de  hic,  par  onomat.  »  (Ménage.) 

Hoquetonné  (Ag.,  By.),  adj.  q.  —  Mal  mis; 
engoncé  dans  ses  vêtements  ;  trop  couvert. 

Et.  —  Hoqueton,  —  arabe  :  al,  le,  et  coton  ; 
prov.,  alcato  ;  esp.,  algodon,  alcoton  ;  port., 
alcotô.  Vx  fr.  auqueton.  Syn.  Pouillancé. 

Horcliée  (Mj.),  .  f.  —  Mouvement  brusque 
que  fait  une  personne  qui  achoppe,  pour 
éviter  de  tomber.  —  De  l'adv.  Hors? 

Hist.  ■ —  «  Descouvrismes  une  navire  marchande 
faisant  voile  à  horche  (à  gauche)  vers  nous.  »  A 
bâbord.  (Rab.,  P.,  iv,  5,  364.) 

Horloge  (By.),  s.  f.  —  Horloge.  Deux  heures 
dliôrloge,  — -  deux  longues  heures.  V.  Reloge. 

Et.  —  Lat.  Horologium  :  du  grec  :  indication  de 
l'heure. 

Horloger  (Br.,  Jm.),  v.  a.  —  Bêcher.  Ces 
gens  hoiiiigent  leurs  choux. 

Horlogier  (Lg.),  s.  m.  —  Horloger.  Cette 
terminaison  est  remarquable,  car  la  tendance 
du  pat.  longer,  est  au  contraire  de  supprimer 
ri  dans  les  syllabes  en  ier,  ière.  Cf.  Tesser,  etc. 

Hormis  (Mj.),  loc.  conj.  Hormis  que,  —  à 
moins  que,  sauf  q.,  excepté  q. 

Et.  —  Hors  mis,  —  mis  hors.  Dans  l'origine, 
hormis  étaii  un  vrai  participe,  qui  s'accordait. 

Horpoulé,  s.  m.  —  Eruption  ou  clochette 
sur  la  peau.  Syn.  de  Redotifle  et  Ampoule. 
(Mén.).  Cf.  Poulette. 

Hors  (Mj.),  adv.  et  prép.  —  L'ô  très  long. 
—  Aller  hors,  —  aller  à  la  selle.  Ex.  :  lUy  a 
trois  jours  qu'il  n'a  point  été  hors.  \\  Hors 
d'état,  —  incapable.  Ex.  :  Il  était  hors  d'état 
de  dire  ein  mot.  ]|  Hors  de  marque,  —  qui  ne 
compte  plus,  qui  n'est  plus  bon  à  rien.  Se  dit 
à  Sp.,  par  plaisanterie,  d'une  femme  qui  a 
dépassé  l'âge  critique.  —  Se  dit,  au  propre, 
d'un  joueur  qui  n'a  plus  qu'un  point  à  faire. 
Par  exemple,  si,  jouant  à  l'écarté,  en  5  points, 
on  en  a  déjà  4  de  marqués,  on  peut  les  démar- 
quer. Ce  qui  n'empêche  pas  que  l'on  peut 
perdre,  si  l'adversaire  fait  5  points.  (By.).  1| 
S'emploie  le  plus  souvent  sans  adjonction  de 
la  préposition  de  ;  ainsi  on  dit  :  Hors  France, 
hors  prix,  hors  saison,  hors  raison.  Toutefois 
on  dit  :  hors  de  blague,  —  sans  plaisanterie.  || 
Adv.  —  Pousser  hors,  —  pousser  au  large  un 
bateau.  ||  Enormément,  incroyablement.  Ex.  : 
Y  a  du  foin  hors  raison,  cette  année.  (By.).  || 
Lg.  Hors  de  bord,  très  ivre. 

Et.  —  Al. '.lu  forme  de  Fors,  par  une  transforma- 
tion très  rare  en  franc,  régul.  en  esp.,  de  l'f  latin 
en  h. 

Hors  venu  (Mj.),  s  m.  —  Etranger  au  pays, 
imniigraul  (jui  s'est  établi  dans  la  commune. 


Hosanne,  s.  m.  —  Buis  bénit  du  dimanche 
des  Rameaux.  Lat.  Hosanna.  V.  Osanne, 
Ausanne,   Lausanne. 

Hossine,  s.  f.  —  Houssine. 

Et.  —  Houx.  Aha.  Hûliz  ;  am.  hulse  ;  angl. 
holly. 

Hosteati  (Sp.,  Mj.),  s.  m.  —  Maison,  logis. 
Ex.  :  On  va  rentrer  à  Vhosleau.  ||  Prison.  Ex.  : 
Les  gendarmes  l'ont  emmené  à  Vhosteau.  V. 
Séminaire.  \\  Hôpital,  hospice.  ||  Syn.  de 
Boite,  Clou,    Ours. 

Et.  —  Lat.  hospitalis?  (Litt.)  —  Hosto,  prison  : 
de  hostel.  Dans  la  Flandre  fr.,  on  dit  :  ostiau,  pour  ; 
prison. 

Hist.  —  a  Et  sa  Mère  tôt  intere  (intègre) 

«  L'infontit  en  in  pouvre  hosteau.  » 
(Et  sa  mère  toute  pure  L'enfanta  en  un  pauvre 
logis.  —  No'éls  popul.) 

—   «  .loseph  à  (avec)  un  peu  de  mèche 
«  Eclaroit  parmi  Vhosteau, 
Il  Nau,  Nau.  » 

{Noëls  an^.,  p.  18.) 

Hostièrc  (^I.).),  s.  f.  —  Hôpital  ou  maison 

de  refuge.  Ne  s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Se 
mettre  à  Vhostière,  —  se  ruiner. 

Et.  —  Ce  mot,  dont  le  sens  propre  est  oublié, 
doit  dériver  d'un  mot  latin  Hospitiaria. 

Hist.  —  Plusieurs  gueux  de  Vhostiaire,  souffre- 
teux et  misérables,  lesquelz. . .  •>  (Rab.,  G.,  I,  1,  6.) 
—  «  Nous  dist  un  gueux  de  Vhostière  auquel  nous 
avions  donné  demy  teston.  »  (Rab.,  P.,  v,  11, 
505.)  —  Gueux  d'hôpital. 

Hôtel  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  fém   —  Cf.  Autel. 

Hottage  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Terreau  que 
l'on  transporte  dans  les  terres  pour  les  fumer, 
les  hotter. 

Et.  —  Du  suisse  :  hutte,  —  hotte; 

Hotte  (Mj.),  s.  f.  —  Ennui,  désagrément. 
On  dit  :  Allons,  bon,  la  hotte,  astheure  !  Et, 
proverbialement  :  La  diable  de  hotte,  comme 
aile  a  le  cul  fait  !  —  ce  qui  revient  à  dire  : 
Voyez-vous  cela! —  Cf.  En  avoir  plein  le  dos. 

Hotte-baissis  (Auv.),  s.  m.  —  Remblayage, 
action  de  transporter  vers  le  centre  d'un 
champ  la  terre  amoncelée  à  la  longue  vers 
les  cheintres  par  les  labours.  Cette  opération 
ne  s'exécute,  à  ma  connaissance,  ni  à  Mj.,  ni 
à  Sp.,  seulement  on  hotte  les  vignes. 

Et.  —  Composé  du  v.  Hotter  et  d'un  nom  Bais- 
sis,  signifiant  :  Dépression.  Du  v.  Baisser. 

Hottée  (Lp.,  By.),  s.  f.  —  Le  contenu  d'un 
bassicot  (d'ardoise).  —  h  muet. 

N.  —  Chaque  fils  de  tendeur  avait  droit,  autre- 
fois, à  10  ans.  à  inie  hottée,  à  12  ans,  à  deux  bottées, 
à  15  ans,  à  quatre.  Mais,  à  ce  dernier  âge,  il  devait 
la  travailler  lui-même.  Les  vieillards  avaient  droit 
à  quatre  bottées.  Les  hotices  se  louaient  0  fr.  50  au 
profit  du  titulaire.  Ces  usages,  restes  du  système 
corporatif,  ont  aujourd'hui  disparu. 

Hotter  1  (Mj.),  v.  a.  —  Porter  à  la  hotte.  || 
Remblayer  à  la  hotte.  Hotter  les  vignes,  c'est 
y  transporter  à  la  hotte  soit  des  engrais  et 
amendements,  soit  la  terre  entraînée  par  les 
pluies,  li  Lg.  —  Ramener  la  terre  des  raiseg 


HOTTER   —   HOURDRIR 


sur  les  sillons  pour  recouvrir  les  semences. 
Syn.  de  Asseillonner.  \\  Mj.,  Sp.    —  Chausser, 
recouvrir,   de  terre,   butter  une  plante  sen- 
sible à  la  gelée,  ou  que  l'on  veut  étioler. 
Ex.  :  Voutre  céleri  est  bon  à  hotter. 

Hotter  MSp.).  —  Voter.  Corr.  du  mot   fr. 

Hotteiix  (Mj.).  —  Celui  q.  porte  la  hotte. 

Hist.  —  «  Mesme  au  paiement  des  journalliers  et 
hoUeurs  qui  travaillent  journellement  aux  fortifi- 
cations. »  {1594.  —  Irw.  Arch.,  E,  n,  28,  1.) 

Hottoir  (Lp.,  By.),  s.  m.  —  Lieu  où  l'on 
entasse  les  débris  "d'ardoises  des  carrières.  V. 
Hnttnué.  Il  By.  et  toutes  les  vidanges,  les 
décombres  provenant  de  terrassements,  démo- 
litions, constructions,  etc. 

Hottoni  (Tlm.),  s.  m.— Petite  hotte,  hotte- 
reau. 

Hotton  ^  (Pell.),  s.  m.  —  Syn.  de  Coché, 
Quériances.  V.  citât,  à  Huteau. 

Hottoué.  —  Versant  de  la  butte  où  les  ten- 
deurs d'ardoises  jettent  leurs  déchets.  (Te). 
V.  Hottoir. 

Hoture,  s.  f.  —  Espèce.  C'est  de  la  petite 
hnture.  Personne  ou  chose.  (Ag.).  V.  Hauture. 

llouâler  (Sa.,  By.),  v.  n.  —  V.  Ouâler. 
Pleurer,  gémir,  se  lamenter.  Syn.  de  Ouigner. 
V.  Houêler. 

N.  —  II  faut  noter  d'abord  que  le  bret.  a  le  v. 
Ouilein,  qui  a  exactement  le  même  sens.  D'autre 
part,  le  patois  montj.  emploie  Houêler,  au  sens  de  : 
héler,  appeler  de  loin,  donc  :  crier  fort.  —  Ce  mot  ; 
houêler,  selon  moi,  est  le  même  que  houâler  et  tient 
au  bret.  ouilein,  à  l'angl.  to  howl,  au  vx  fr.  uller  ; 
lat.  ululare.  Quant  à  Ouigner,  en  dépit  des  appa- 
rences, il  n'est  pas  de  la  même  famille.  C'est  l'angl. 
to  whine.  (R.  O.) 

Houclie.  V.  Ouche. 

Houdin  (Segr.),  s.  m.  — Ajonc.  — V.  Hmlin. 
Il  Sa.  Epine-noire.  ||  By.  Fragon. 

Houée  (Mj.),  s.  f.  —  Le  grand  flot  ;  le  maxi- 
mum d'une  crue.  V.  Flambe,  Vouée. 

Et.  —  C'est  le  part.  pas.  de  Houer  et  le  doubl.  de 
Vouée.  Donc,  le  mot  signifie  :  épanchement  ou 
vomissement. 

Houêler  (Mj.),  v.  n.  et  a.  (V.  Jaub,  à  Hôler). 
Crier  très  fort  pour  appeler  qqn.  Ex.  :  Je  les  ai 
houélés,  y  n'ont  point  entendu.  H  Houâler.  Sa., 
v.  n.  —  Gémir,  se  lamenter,  pleurer.  Syn.  de 
Ouigner.  V.  Houâler  pour  l'étymol. 

Houer  (Mj.),  v.  n.  ■ —  Se  déverser  par  dessus 
les  bords  d'un  vase,  déborder,  en  pari,  d'un 
liquide.  ||  Fig.  Vomir. 

Houêtier  (houée-tier)  (Mj.).  s.  m.  —  Grande 
tripe  qui  sert  d'enveloppe  à  l'andouille. 

Et.  —  On  peut  songer  à  l'ail.  Haut,  peau  ;  mais, 
comme  qqs-uns  disent  :  Vouêtier,  il  est  possible 
aussi  que  Houêtier  dérive  du  lat,  Vestiarium,  Ves- 
tis,  Vestire,  dans  lequel  l'aspirée  h  aurait  remplacé 
l'aspirée  V.  Toutefois,  cette  raison  n'est  rien  moins 
que  péremptoire,  et  l'autre  hypothèse  est  tout 
aussi  plausible.  R.  O. 

Houiller  (My.),  v.  a.  —  Dédaigner.  Peut  se 


rapporter  soit  à  Huyer  (œiller),  soit  à  Heu- 
gner. 

Houldry,  adj.  q.  —  «...  et  n'est  pas  chose 
licitte  que  en  ouvrage  de  bon  cables. . .  soit 
mis  ne  employés  aucuns  chambres  brayés 
houldry.  (C.  PoRT  Invenl.  p.  330.)  Cf.  Heur- 
drir,  hourdrir. 

Houler  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Hurler,  pousser 
des  cris  prolongés,  d'une  voix  puissante  et 
profonde.  Syn.  de  Bauler. .  —  V.  Jaub.  à 
Hôler. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Hurler,  dér.  comme  lui  du 
lat.  Ululare.  Au  xvi«  s.,  on  disait  Uller.  C'est  de  la 
forme  pat.  que  dérive  l'angl,  to  Howl,  —  ViRr;,,  G., 
I,  486,  —  «  Per  noctem  resonare  lupis  ululantibus 
urbes.  »  —  «  Autour  de  lui  aboyent  les  chiens, 
ullent  les  loups,  rugissent  les  lions.  »  (Rab,,  P., 
m,  13,)  —  «  Puis  crient  et  ullent  comme  diables.  » 
{Ici.,  ihid.,  TA.) 

Houme  (Som.,  Ma.,  Z.  207,  Sp.),  s.  m.  — 
Homme.  Cf.  Bounhoume. 

N.  —  H  est  curieux  de  comparer^notre  locut. 
ang.  :  N'y  a  gens  de,  —  il  n'y  a  pas  moyen  de,  il 
n'y  a  pas  de  gens  capables  de  (V.  Gens),  avec  la  loc. 
berrich.  :  Y  a  houme  de  lever  cette  pierre,  pour  :  il 
n'y  a  personne  capable  de  lever  cette  pierre, 

Hounier  (Lg.),  v.  n.  —  Se  mettre  sur  la 
défensive,  prendre  une  attitude  provocante. 
Ex.  :  Ein  crapaud,  quand  on  veut  le  prendre, 
ça  houme. 

Hounir  (Sa),  v.  n.  —  Moisir.  Syn.  de  Heur- 
drir,  Hourdrir,    Voirir,    Vairir,  Veurir. 

Houpune  (Li.,)  s.  f.  —  Rossée,  flaupée.  Je 
vas  rfoute  une  houpane  !  —  te  battre.  Doubl. 
de  Hampane 

Houpe  !  (Mj.)  interj.  —  On  s'en  sert  pour 
marquer  un  bond  que  l'on  fait  soi-même,  ou 
un  saut  que  l'on  fait  faire  à  une  autre  per- 
sonne. Il  Sert  aussi  à  appeler  de  loin.  ||  Houpe 
la  !  1'^''  sens.  ||  //oupe-laïette  !  Forme  enfan- 
tine et  caressante,  même  sens.  (By.) 

Houper  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Appeler  de  loin, 
héler.  Syn.  de  Jupper.  Dér.  de  Houp,  doubl. 
de  Hoper.  —  A  donné  l'angl.  to  whoop,  faire 
des  huées.  ||  Lg.  —  Soutenir  une  note  ou  une 
mélopée  très  élevée  le  plus  longtemps  pos- 
sible. Syn.  de  Bauler,  Noter,  Bauder,  Hisser. 
Onomat. 

Hist.  —  «  Lorsque  Sarrazins  courent  par  la  mer, 
ce  n'est  autre  chose  fors  en  houpant  et  larchineu- 
sement.  »  (Froissart,) 

Houpet  (Z.  150),  s.  m.  —  Très  petite  quan- 
tité ou  dislance.  —  Etre  à  un  petit  houpet, 
à  deux  pas  —  à  une  petite  distance.  P.  ê.  à  la 
distance  où  l'on  peut  être  entendu,  d'une 
personne  en  houpant  modérément. 

Hourdé  (Lg,),  adj.  q.  —  Voûté,  en  parlant 

des  personnes.  C'est  le  franc,  dans  un  sens 
figuré. 

llourdée  (Bg.),  s.  f.  —  Charge.  Une  hourdée 
de  linge,  de  bois. 

Hourdrir  (Sa.),  —  V.  Heurdrir. 


HOUSEAU  —  HUCHET 


485 


Houscau,  s.  m.  —  Sorte  de  chaussure 
contre  la  pluie  et  la  boue.  Cf.  lieuse.  (Mén.). 
Housiaux. 

Et.  —  Aha.  Hosa,  chausse  ;  am.  Hose.  —  Le 
celt.  a  aussi  ce  mot  :  Hos  ;  bas-bret.,  heûz. 

Ilouser,  V.  a.  —  Mettre  ses  houseaux. 
Hist.  —  Chaus.ser.  On  lit  dans  la  Satire  Ménip- 
pé.e,  à  propos  des  fameux  Seize  de  la  Ligue  : 
i<  De  seize  ils  sont  réduits  à  douze, 
«  Il   faut   que   le   reste   se   houze.    » 

Hougsat,  s.  m.  —  Baguette  ou  tige  do 
houx.  Syn-  de  Houssin. 

Houssée  (Mj.),  s.  f.  —  Quantité  d'herbe, 
haute  et  drue  ;  toison  touiïue.  —  Fr.  Housse. 
Syn.  de  Pelée. 

Et.  —  Housse.  B.  L.  housia,  houcia,  hucia, 
hussia.  —  DiEZ  le  rattache  à  l'aha.  :  hulst,  four- 
reau. Kimry,  hws,  couverture,  li  Autre  sens  : 
corr.  de  Hosée,  bourrasque,  tempête.  Lat.  uddata. 
D'après  Borel,  si  cette  pluie  ne  durait  qu'une 
heure,  horata  (D.  C),  horaria,  quasi  ad  horam. 
(MÉx.) 

«  J'alloys  chantant  dans  un  pré   verdoyant, 

«  Ceinct  d'une  hâve  houssuc  et  verdurée.   « 
(G.-C.  Bûcher,  71, 119.) 

Houssera,  rat  (Sp.,  Mj.,  Bg.),  s.  m.  —  Gros 
hachoir,  pour  couper  la  viande.  —  Syn.  de 
H  ans  art,  Paltré. 

Houssin  (Mj.),  s.  m.  —  Branche  de^ioux. 
Doubl.  masc.  du  fr.  Houssine.  Cf.  Haussât. 

Houssiner  (Segr.,  By.),  v.  a.  —  Frapper 
avec  une  houssine,  qui  est  une  petite  baguette 
flexible.  «  Je  vas  te  houssiner  !  »  Syn.  de 
Scionner,  Feurter,  Roter. 

Ilouste  !  Interj.  très  usitée  partout,  mais 
surtout  chez  les  perreyeurs.  —  Allons,  houste  ! 
Onomat.  —  C'est  la  langue  houste  ! 

H 0H\'- bâtard  (Lg.),  s.  m.  —  Espèce  de 
houx  dont  la  feuille  n'a  qu'un  seul  piquant 
à  son  extrémité.  Elle  est  assez  rare.  On  l'ap- 
pelle aussi  :  Houx-laurier. 

Hoiix-laiiricr   (Lg.),    s.    m.    —    \'.    ffoux- 

bâtnrd. 

Huasse  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Oiseau  de  proie 
diurne  d'assez  grande  taille,  qui  doit  être  la 
buse.  Il  Sa.  —  Plumage  gris,  ailes  blanches  en 
dessous.  C'est  p.-ê.  la  bondrée. —  Cf.  Huard 
(LiTTRÉ)  ;  Ouasse  (Jaub).  H  By.  —  h  aspiré. 
Terme  méprisant,  désignant  à  la  campagne 
les  gros  oiseaux  de  proie  de  notre  pays  qui 
(avec  les  corbeaux,  les  pies  et  les  petits  car- 
nassiers) font  de  grands  ravages,  parmi  les 
petits  canards  surtout,  et  qui  sont  connus 
sous  le  nom  de  Bondrêes.  Buses,  busards  et 
même  Ballusards.  —  X.  On  sait  que,  en 
général,  les  petits  canards  ne  sont  pas  élevés 
à  la  maison,  qu'on  les  envoie  tout  petits  à  la 
rivière  avec  leur  mère  qui  les  conduit  et  les 
réchauffe  et  leur  apprend  à  se  suffire.  Quand 
ils  sont  gros,  on  va  les  chercher  dans  les  prés, 
les  fossés,  la  rivière,  et  on  les  ramène  en  masse. 
(11  y  a  quelques  jours,  il  en  a  été  ainsi  ramené 
un  bouiUard  de  près  de  400).  Chacun  recon- 
naît  les  siens  grâce   un   mer  (marque)   fait 


sitôt  après  l'éclosion.  Ces  petits  canards  sont 
ainsi  très  exposés  à  la  rapacité  de  leurs  enne- 
mis. 

Et.  —  Huard,  de  :  huer,  à  cause  du  cri  qu'il 
pousse.  (LiTT.)  —  Huau.  On  appelle  ainsi  un  mi- 
lan dans  les  provinces  d'Anjou,  du  Maine,  de  Tou- 
raine.  De  :  huer,  parce  que  les  paysans  huent  et 
crient  après  les  milans  quand  ils  s'approchent  de 
leurs  maisons.  (Ménage.)  —  Hua,  milan.  «  Nous 
ne  pouvons  nourrir  aucuns  poulets  que  ce  diable 
de  hua  ne  les  mange  tous.  »  (Nuits  de  Strap.,  i, 
'.10.) 

Huau  (Sa.),  s.  m.  —  Sorte  de  charrue  à 
deux  versoirs,  qui  sert  à  ouvrir  les  sillons 
entre  deux  planches  de  terre.  Syn.  de  Veau, 
Rabale. 

N.  —  Ce  mot,  comme  l'instrument,  est  le  même 
que  le  Veau  de  Mj.,  La  Pommeraye  et  Le  Lg.  — 
F'our  Houau,  dér.  du  fr.  Houe  et  de  l'ail,  zu 
Hauen. 

Hubereau,  s.  m.  —  Vagabond  (MÉx.).  — 
Serait-ce  Hobereau,  par  dérision? 

Hubir°  (Mj.),  v.  a.  —  Huer,  honnir,  bafouer. 

—  L'angl.  a  Hubbub,  vacarme,  tintamarre. 

Huche,  s.  f.  —  Venir  comme  pâte  en  huche, 

—  en  pari,  d'un  enfant  bien  nourri,  qui  pro- 
fite. 

Hucheque,  Huchque  (By.,  Zig.)  203  prép. 
jusque.  Syn.  et  d.  de  Duchque.  Syn.  de  En- 
jusque. 

HucIkt  (Mj.,  Lg.,  My.  Seg.  Lé,  Lz,  Br.) 
Appeler  à  haute  voix.  Huche  donc  le  gas  qui 
passe.  Syn.  de  Hoper,  Houper,  Houèler.  Ré- 
primander, gronder,  tancer,  Syn.  de  Déves- 
ser,  Sal.,  id.  Manifester  son  mécontentement, 
ta  mamam  va  Hucherf  (Lrm,  By.) 

N.  —  A  Rp.,  ce  mot  est  employé  dans  son  sens 
français  ;  à  Mj.,  on  n'en  use  que  dans  le  sens  spé- 
cial au  patois.  Cf.  angl.  to  Hush,  imposer  silence. 

El.  —  B.  L.  Huccus.  —  DiEz  le  tire  de  l'adv.  lat. 
Hue,  ici  :  de  sorte  qiuî  Hucher  serait  :  appeler  ici, 
faire  venir  ici.  —  CeUiq.,  Kimry  :  hwchw.  (Litt.) 

—  D'où  Huchet.  Ménage,  qui  cite  Pèrion.  «  Hucher 
veut  dire,  en  français  :  appeler,  et  vient  du  lat. 
vocare  ;  o  tombe  par  syncope  et  forme  d'abord 
vcer,  par  allongement  ;  une  h  est  placée  par  pros- 
thèse  pour  indiquer  l'aspiration  et  une  autre  par 
épenthèse,  d'où  :  hucher.  »  (Traduit  du  lat.)  Les 
Picards  disent  encore  aujourd'hui  :  veucher  et 
huquer.  Bret.  Huch,  cri. 

Hist.  —  <i  Voire,  si  je  ne  l'eusse  fait  taire,  il  eût 
hûchc  jusques  à  demain.  »  (B.  de  Verv.,  .1/.  de  p. 
n,  53.)  —  «  A  la  fin.  il  se  met  à  appeller  et  crier 
qu'on  lui  portât  de  la  chandelle.  Il  se  mettoit  à 
hacher,  puis  se  reposoit,  plus  il  huchoit  et  moins  on 
s'en  soucioit,  aussi  que  sa  voix  n'étoit  point  enten- 
due, venant  de  si  bas  (de  la  cave).  —  Id.,  ibid. 
p.  139.) 

—  «  Alors  Catou  il  huche  hautement.   » 

(J.  DU  Bellay,  Moretum,  259.) 

—  «  Huche,  Catou,  demande  le  mortier.  « 

{Id.,  ibid.,  262.) 

Huchet,  s.  m.  Cornet  dont  on  appelle  les 
chiens  à  la  chasse.  V.  Huchet,  petite  trompe. 

Hist.  : 
«  Dieu  préserve  en  chassant  toute  sage  personne 
«  D'un  porteur  de  hucliet  qui  mal  à  propos  sonne.  » 
(Molière,  Fâcheux.) 


^86 


HUDIX 


HUREUX 


.   de  faire  faire  des 
{Anj.  Hisi.,  4'=  an., 


I  «  Derrière  lui  cheminait  au  second  ranj;:  Lezin,  le 
valet  de  limiers,  son  huchet  sur  le  flanc  passé  en 
bandoulière.  »  (Hist.  du  vx  tps,  p.  263.) 

Hudin  (Pell.,  Segr.),  s.  m.  —  Fragonnière, 
petit  houx.  —  Ajonc.  —  Cf.  Haguin.  Syn.  de 
Fragonelle,  Fergonnière.  Cf.  Houdin.  —  V. 
Ejon. 

Hue  !  (Mj.),  interj.  —  Cri  dont  les  charre- 
tiers se  servent  pour  exciter  les  chevaux.  || 
On  l'emploie  aussi  pour  faire  honte  à  un 
enfant  de  qq.  action  repréhensible.  Ex.  : 
Hue,  hue  donc,  vilain  laid  !  ||  Fu.  —  Hue, 
hiâh  !  à  droite.  |j  Terme  enfantin  pour 
désigner  un  cheval  :  Aller  à  hue. 

N.  phonét.  —  P.-ê.  le  v.  Huer  vient-il  de  là. 

Hue  !  ohî(Mj.).  Huau.  —  Interj.  Cri  dont 
les  charretiers  se  servent  pour  diriger  les 
chevaux  à  droite.  V.  Dia. 

Huée   (Lue),  S.  f.  Cri. 

Hist.  —  «  Nous  mandons, 
chasses  et  huées  aux  loups.  : 
p.  630.  Note.) 

Huge  (Bl.,  Mj.,  Sal.),  s.  f.  —  Huche. 

Hist.  —  MÉNAGE  constate  cette  prononciat.  en 
Anjou.  —  «  On  a  trouvé  un  coffre  ou  une  huge.  » 
(Ch.  BoTJKD..  Lég.  de  P.  Faifeu,  p.  75.)  —  V. 
Mette.  Au  sujet  de  la  substitution  de  g  à  ch,  cf. 
Râget.  «  Belle  huge  n'est  pas  pain.  »  (Prov.)  —  N. 
C'est  sur  la  huge  que  s'assoient  les  amoureux.  — 
«  Quand  je  cogne  à  la  huge,  j'sé  sur  qu'y  a  des  pains 
d'dans.  »  (Sal.) 

Huile,  s.  f.  —  (Mj.).  —  Huile  de  cœur, 
salive  ;  h.  de  bras,  effort  musculaire,  fatigue  ; 
h.  de  cotret,  coups  de  bâton  ;  h.  d'Henri  V,  — 
de  ricin  ;  h.  d'acier,  —  l'instrument  du  den- 
tiste ou  du  chirurgien.  Plaisanterie.  Ex.  : 
Pour  ceté  dent-là  faudra  de  Vhuile  d'acier. 

Huilier  (Mj.),  s.  m.  — Huilière  ;  burette  à 
huile. 

Huillé  (Lg.,  Tlm.),  adj.  q.  ou  part,  pas.  V. 
ŒilU.  Au  Lg.  on  prononce  hu-ï-illé,  en  3  syll. 

Huiloux-  (Mj.),  adj.  q.  —  Huileux.  Cf. 
Graissoux,  Mardoux,  Bavoux,  Morvoux,  etc. 
—  Sali  par  l'huile. 

Huissier  (Mj.),  s.  m.  —  N.  On  fait  toujours 
l'h  fortement  aspiré  ;  ainsi  on  dit  :  Il  ara 
affaire  au  huissier  ;  le  huissier  l'a  saisi.  i|  By. 
h  muet  :  l'huissier,  les-z-huissiers. 

Et.  —  Lat.  Ostiarius,  portier,  de  Ostium,  huis. 
Fabricant  ou  gardien  d'huis  ;  puis  le  gardien  des 
huis  des  tribunaux  est  devenu  un  officier  de  jus- 
tice. (LiTT.)  —  Ostium  est  devenu  de  bonne  heure 
Ustium,  d'où  Uis,  écrit  Huis  pour  indiquer  la 
prononc.  vocale  de  l'u  (et  le  disting.  du  v  ^=  v). 
(Dakm.) 

N.  —  On  raconte  qu'Alexandre  Dumas,  le  père, 
qui  avait  eu  trop  souvent  maille  à  partir  avec  ces 
peu  sympathiques  fonctionnaires  et  qui  n'admi- 
rait que  médiocrement  leurs  exploits,  affectait  de 
les  appeler,  lui  aussi  :  les-huissiers.  Lorsqu'on  lui 
demandait  la  raison  de  celte  prononciation  anor- 
male :  «  C'est,  répondait-il,  (]ue  je  ne  veux  avoir 
aucune  liaison  avec  ces  gens-là.  » 

Huitième  (Sp.),  s.  m.  —  Mesure  de  capacité 


pour  les  graines  sèches,  qui  est  à  peu  près  1^ 
huitième  de  l'hectolitre,  ou  égale  à  125  déci- 
litres. Le  huitième  est  toujours  en  usage,  en 
dépit  de  tous  les  vérificateurs  des  poids  et 
mesures.  C'est  sans  doute  l'ancien  boisseau 
du  pays,  conservé  par  routine. 

Et.  —  Lat.  Octo  ;  la  très  ancienne  forme  Oidme> 
uime,  représente  un  type  Octimus,  et  Witisme. 
octesimus. 

HuHée  (Mj.),  s.  f.  —  Hurlement.  Syn.  de 
HuUement. 

Huilement  (Mj.),  s.  m.  —  Id. 

Hulier  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Hurler.  Syn.  et 
d.  de  Houler.  Angl.  to  Howl. 

Et.  —  Lat.  Ululare  ;  rad.  Ul,  onomatopéique, 
redoublé  pour  renforcer.  La  forme  ancienne  et 
correcte  est  Uller,  ou,  avec  prosthèse  d'un  h. 
Huiler  ;  l'r,  dans  Hurler,  est  une  corruption.  Cf. 
allem.  Eùle.  angl.  Owl,  hibou,  qui  semblent  appar- 
tenir à  la  même  famille. 

Hunieau   (Ag.),   s.   m.   —  Ormeau.   —  ^'. 

Uni  eau. 

Hist.  —  «  A  vendre. . .  Le  tout  situé  à  VHumeau- 
Blanc,  commune  de  Sa.nt-Barthélemy,  sur  la 
route  de  Saint-Barthélémy  à  Trélazé.  »  (Petit 
Courrier  du  21  avril  1907.)  —  .le  connais  très  bien 
ce  lieu.  On  prononçait  :  VHomoblin 

Humeur    (Mj.,    By.),    s.    masc.    —    Ex.    : 

Allons  !  de  l'action  et  du  bel  humeur.  ||  Avoir 
rhumeur  à  l'envers,  —  être  de  mauvaise 
humeur.  |1  Inflammation.  Ex.  :  Y  a  encore 
de  rhumeur  dans  ceté  doigt-là  !  i!  Absolt.  — 
Etre  d'humeur,  —  être  de  bonne  humeur. 

N.  —  On  peut  remarquer  que,  dans  le  pat.,  ce 
mot  a  conservé  le  genre  du  lat.  Humorem.  —  L'adj. 
se  met  au  masc.  ou  au  fém.,  selon  qu'il  précède  ou 
qu'il  suit  le  nom.  On  dit  :  Il  est  à'ei-i  ben  mau- 
vais humeur,  à  matin;  —  Il  est  d  eine  humeur 
massacrante  , —  on  ne  sait  guère  de  queun  bout  le 
prendre. 

Et.  —  Lat.  Humorem.  Au  xvi«  s.,  on  essaya  par 
latinisme  et  contre  l'analogie  fr.  de  faire  ce  mot  du 
masc. 

Hunorme.  —  L'h  fortement  aspiré.  Enorme. 
Prononciation  habituelle  et  emphatique  du 
mot  français.  ||  By.  —  Inorme. 

Huooo  (By.),  interj.  pour  diriger  les  che- 
vaux à  droite.  Cf.  Huyooo.  —  Huooo  drrr.  se 
dit  pour  faire  faire  au  cheval  un  tour  complet, 
par  ex.,  au  bout  d'un  champ,  quand  on  la- 
bours 

Huper,  s.  m.  —  V.  Houpet,  Houper. 

Hurard  (Z.  156),  s.  m.  —  Arbre  émondable, 
hiire.  —  Orig.  incert.  Cf.  l'a.  adj.  huré,  qui 
signifiait  :  hérissé.  Syn.  de  Mousard,  Troi- 
gnard,  Truisse,  Têtaud,  Emousse. 

Hure  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  Tête  ;  chêne  auquel 
on  a  coupé  les  branches.  Cf.  Hurgne. 

Hurer  (Fu.),  v.  n.  —  Abandonner  les  œufs 
et  le  nid.  :  La  mère  a  huré.  Syn.  de  Hadir. 

Hureux  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Heureux.  V. 
Hurreux. 

Et.  —  De  :  heur,  du  lat.  Augurium  (et  non  da 


HURF  —  HYDRIE 


487 


Tlora)  ;  au  xiv  s.,  aûr  ;  du  itil.  Avis,  oiseau  (le 
V  =  u),  et  d'un  radie,  qui  est  dans  le  lat.  Garrire, 
bavarder.  C'est  le  présage  tiré  des  cris  des  oiseaux. 

—  Selon  BÉZE,  au  xvr'  s.,  tout  ce  qui  prononce 
bien,  en  France,  prononce  hureux.  Et,  au  xvir, 
Chifflet,  Gramm.,  dit  qu'on  pron.  également  bien 
heureux  ou  hureux.  L'a.  langue  disait  plutôt  ; 
beneiiré.  (Litt.)  —  Cf.  Eu,  part.  pas.  du  v.  Avoir, 
que  l'on  pron.  U. 

Hiirï  (Ag.,  By.),  adj.  q.  —  Chic,  beau,  épa- 
tant. Syn.  de  Chouette,  Chique,  Chicard,  Chi- 
cocandard.  Chenu,  Rupin. 

Et.  —  Produit  de  la  fantaisie  de  qq.  désœuvré  de 
cette  époque,  ce  vocable  fit  florès  sur  le  boulevard, 
c.-à-d.  depuis  la  rue  Saint-Aubin  Jusqu'au  café  de 
la  Mairie,  vers  1875-80.  Je  ne  sais  s'il  est  encore 
en  usage. 

Hurgne  (Mj.),  s.  f.  —  Loupe  d'arbre. 

Et.  —  Hargne,  hergne.  hernie?  V.  Hure. 

Hiirliibicr  (Ag.),  s.  m.  —  Mauvais  sujet. 
Cf.  Rehtbier.  —  Vagabond  ;  idiot,  fou.  Voisin 
de  Hubereau. 

Et.  —  Le  vx  fr.  avait  Hurel,  fou.  En  pat.  dam., 
on  dit  :  hurlu,  pour  :  hurleur.  —  Cf.  Hurluberlu. 

Humes  (Mj.),  s.  f.  —  Ne  s'emploie  qu'au 
plur.  Rhumatisme  articulaire.  V.  Hurre.  Syn. 
et  doubl.  de  Heune. 

N.  —  D'où  viennent  ces  mots  si  curieux?  On 
sait  que  le  rhumatisme  articulaire  aigu  produit  des 
nodosités  aux  articulations  ;  et  alors  nous  serions 
ramenés  à  Hurs.ne.  loupe  d'arbre. 

Iliirra,  llurbau  !  Interj.  —  Exclamation 
fréquente  des  toucheux  de  bœufs,  pour  les 
faire  tourner  à  droite.  V.  Hue,  oh  !  —  Opposé 
à  Dia. 

Hist.  —  «  A  propos  un  chartier  sans  fouet 
«  Qui  ne  dit  dia  ne  hurehau.  >) 

(R.    COLLERYE,  p.  P2.) 

Ilurre.  —  V.  Humes. 

Hist.  —  «   De  pao\ir  des  hurmes 

i(  Et  des  grumes 

«  Rasurez-voz  en  droguerie.  » 

(Villon,  Jargon,  Ballade  m.) 

Ilûr(«'r  (Li.,  By.,  Br.),  v.  a.  —  Heurter.  Ex.  : 
Il  s'a  hurlé,  jj  Mj.  —  Forme  vieillie.  Cf.  Jûner. 
Vx.  franc. 

Hist.  —  «  Celle  part  est  alée,  s'a  à  Tlmisset 
hurtp.  »  {Bote,  c.  45.) 

—   «  .\  un  grant  arbre  s'est  hurlez 

«  Arere   chet,    tut   reversez.    »   (L.   C.) 

Husset  (Ag.),  s.  m.  —  Petite  porte  basse, 
demi-porte  ;  la  seule  qui  reste  fermée  quand 
on  est  à  la  maison.  De  ostium,  huis.  V.  Lucet. 

—  Cf.  la  citation  à  Hurler. 

lliissier  (Lg.,  By.).  —  L'h  n'est  pas  aspiré, 
comme  à  Mj.  —  Cf.  Menusier.  V.  J.vub.  Hus- 
serie,  hussier. 

Ilustaud,  s.  m.  —  Gros  chapon.  Iluteau. 
Cf.  Hétoudeau.  V.  Huteau. 

Hist.  : 

«  Vos  Angevins  vont  deux  à  deux, 
«  Courant  comme  un  lièvre  de  Beausse, 
«  De  peur  qu'ils  ont,  un  pet  breneux 
«  Ils  laissent  aller  en  leur  chausse,         î^ 
«  Qu'ils  portent  pour  faire  la  sauce  "" 
«  D'un  Ilustaud,  chez  Mathie  aux|bœufs. 
«  Il  n'est  que  d'aller.  <> 


(Mathie  aux  bœufs,  sur(veillant?)  du  jeu  de  paume 
du  Pélican  (?),  hors  la  porte  de  Saint-Michel,  qui 
tenait  le  plus  célèbre  brelan  de  la  ville.) 

Bruneau  de  Taktifume,  Philandin.,  p.  493. 
Extrait  du  Pique-mouche  du  Sieur  de  la  Vallée. 
En  1592.  —  Fait  après  la  déroute,  devant  Craon, 
d'une  armée  qui  assiégeait  cette  ville  et  où  se 
trouvaient  plusieurs  seigneurs  angevins.  Le  duc 
de  Mercœur  y  fut  vainqueur.  —  69  couplets  de 
6  vers,  avec  le  7«  : 

«    Il    n'est    que    d'aller.    » 

Ilut  î  (Mj.).  —  L'h  très  aspiré.  Interj.  Zut  ! 

Huteau.  —  V.  Hustaud. 

N.  —  Hautondeau,  Hutaudaulx.  Chaponneau 
gras  et  bien  conservé. . .  On  les  appelle  ainsi  parce 
que,  ne  valant  pas  la  peine  d'être  nourri  de  bon 
blé  comme  les  vrais  chapons  qu'on  veut  engraisser, 
on  ne  lui  donne  que  des  hotons  ou  hautons,  c.-à-d. 
de  ces  petites  gousses  qu'on  ôte  du  bled.  »  (Le 
DiJCHAT,  sur  Rabelais.  Cité  par  Borel.) 

Huttanger  (Ti.,  Tr.,  Zig.  138),  v.  a.  —  Mal- 
mener, rudoyer,  lancer  de  droite  et  de  gauche. 
Syn.  de  Rudanger.  ||  By.  —  Hutanger.  Tra- 
casser, molester,  battre.  —  Un  cheval  s'est 
échappé  ;  on  court  après  pour  le  ramener  et 
qqf.  on  y  met  un  peu  trop  d'ardeur.  Le  patron 
crie  :  Allons,  allons,  va  guy  (y)  donc  douce- 
ment ;  faut  pas  le  hutanger  comme  ça  !  L'h 
est  aspiré.  —  Ses  chevaux  ne  vont  point  (ils 
lui  obéissent  mal),  c'est  y  étonnant,  il  est 
toujou  après,  à  les  hutanger  ! 

Hutte  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  cabane  de  bran- 
chages dans  laquelle  se  cachent  les  chasseurs 
de  canards  sauvages.  —  V.  F.  Lore  IL  |1  A  la 
hutte.  (Z.  141,  Tr.)  Dans  l'obscurité.  S'emploie 
pour  :  A  tâtons. 

Huttier  (Mj.).  —  \'.  Hutte.      . 

Hist.  —  «  Les  huiliers  viennent  amarrer  leurs 
toues  à  la  tête  des  souches.  Ils  bâtissent  là  un  petit 
abri  de  branchages  et  de  roseaux,  où  ils  passeront 
de  longues  journées,  des  nuits  qqf.,  surveillant  les 
canes  qui  servent  d'apf)eaux.  »  (Anj.  Hist.,  2"  an., 
p.  579.)  V.  F.-Lore,  ii. 

ISutu-Batu.  Pour  :  Hurluberlu,  Estuberlu 
(Po.).  —  Personnage  ou  idée  fantastique... 

(MÉN.). 

Huy,  adv.  de  temps.  Pour  :  aujourd'liui. 

Iluyau.  Pour  :  tuyau. 

Huyer  (Lg.),  v.  a.  —  Rassasiei-  jusqu'au 
dégoût.  Ex.  :  Les  bêtes  finissent  par  se  huyer 
des  choux. 

Et.  —  Pour  Œiller.  doubl.  de  Ouillere^  de  AvouiU 
1er,  avec  prosth.  de  l'h  aspiré. 

Huyooo.  Interj.  pour  diriger  un  cheval  à 
droite.  Cf.  Hue-oh,  Hueau,  Huooo,  etc. 

Hyacinthe  (Mj.),  s.  f.  —  Jacinthe.  —  h 
muet,  2  syllabes.  —  Pat.  norm.  Guiacinthe. 

Hydrie.  —  Sorte  de  vaisseau.  Cruche  à 
mettre  de  l'eau. 

Bo'JRniGNÉ.  dans  sa  Chronique  d'Anjou,  en  la 
vie  de  René.  Roy  de  Sicile,  au  f"  173,  v"  :  «  .\ussi 
donna-il  l'une  des  Hi/dries,  esquelles.  aux'nopces, 
en  la  Channe  de  Galilée,  Nostre-Seigneur;  mua 
l'eau  en  vin  :  laquelle  est  gardée  en  grant  rêvé- 


488 


HYME  -  IDÉE 


rence.  »  —  Rab.,  4,  64  :  «  Flaccons,  tasses,  hanaps, 
bassins,  hydries.  «  Ménage  ajoute  :  «  Ce  mot, 
d'ailleurs,  est  encore  aujourd'huy  en  usage  à 
l'église  cathédrale  de  la  ville  d'Angers.  »  —  Du 
grec. 

—   «  Là  où  se  voit  Vhydrie 
«  De  chez  l'Architriclin, 
«  Où  Christ,  devant  Marie, 
«  Change  l'eau  en  bon  vin.  -> 

(Noiis  ang.,  Venez  à  St-Maurice.) 

Hynie,  Hime  (Mj.),  s.  f.  —  Hymne. 


Hist.  —  Plusieurs  himes  patriotiques  ont  été 
répétées,  à  la  suite  duquel  on  a  remarché  en  le 
même  ordre  au  bout  occidental  du  bourg...,  où 
d'autres  hismes  ont  été  pareillement  répé/r-s.  (Rap- 
port de  Gourdon,  administrateur  de  Beau-Site  : 
Revue  de  V Anj.,  t.  LIV,  321.)  —  On  dit  :  Yhyme 
russe. 

Hyiupothiijiier  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Hypo- 
théquer. 

Et.  —  De  deux  mots  grecs  :  mettre  sous,  mettre 
en  gage. 


OBSERVATIONS 

Prononciation.  —  Très  long  dans  certains 
mots  où  il  est  plutôt  bref  en  français.  Par  ex.  le; 
infinitifs  de  la  2»  conjugaison,  où  l'on  supprime  tou- 
jours l'r  final  :  courî,  mentî,  etc.  —  Ainsi  désignés  : 
couri  o,  menti  °. 

Permutation.  —  I  devient  E  ;  déligence,  bé- 
tume,  cémetière.  —  Ei  ;  ckeveilie,  feille,  fourneille.  — 
Pour  la  terminaison  iau,  au  lieu  de  eau,  V.  eau, 
observations  à  la  lettre  E. 

I  remplace  a  et  ai  :  1°  dans  tous  les  prétérits  ;  je 
tombis,  il  changit  ;  2°  dans  un  grand  nombre  de 
mots  :  igneau,  iragne.  Il  remplace  E  dans  :  licher  ; 
Ei  ;  dans  pigner,  tiller. 

I  remplace  u  ;  liméro,  lindi,  himeur,  in,  pipitre 
(numéro,  lundi,  humeur,  un,  pupitre). 

Addition.  —  Pour  donner  à  certains  mots  une 
prononciation  mouillée  et  plus  adoucie,  on  les  fait 
précéder  d'un  i  :  ielle,  ieux,  ieun,  ieune. 

Eeenthêse.  —  I  s'intercale  dans  :  créiaturey 
agreiabe  (agréable). 

Aphérèse.  —  I  se  supprime  parfois  entre  deux 
voyelles  :  Crayon  devient  Créon  ;  bruyère,  bruèrc  ; 
perrer,  pour  pierrer  ;  et  même  ailleurs  ;  clar,  pour 
clair. 

Groupes  de  lettres.  —  le  devient  ée  ;  compa- 
gnie, compagnée  ;  1er  devient  oué  ;  encherrier, 
encherroué.  Les  verbes  en  ier  font  cet  infinitif  en  er  ; 
bénéficer,  officer. 

In  est  remplacé  par  e  dans  Installer,  qui  devient  : 
estaller.  Et,  au  contraire,  in  remplace  e  dans  édu- 
quer,  essentiel,  qui  deviennent  :  induquer,  insen- 
tiel.  —  In  devient  un  dans  :  pruntemps,  juun,  pour  : 
printemps,  juin. 

Iste  devient  isse  dans  :  buralisse,  ébénisse, 
modisse,  etc. 

I.  —  (Mj.),  pron.  pers.  —  Lui,  à  lui,  à  elle. 
Ex.  :  Vous  i  direz.  Pour  illi,  ou  /i  =  gui.  — 
Cf.  Jaub.  —  Le  fémin.  est  a,  dev.  une  cons. 
et  aile  dev.  une  voy.  —  Le  plur.  ils,  devant 
une  cons.  se  réduit  de  même  au  son  i,  i  vont, 
i  courent.  Mais,  dev.  une  voy.  la  lettre  1  repa- 
raît, et  la  lettre  s  est  éliminée  :  le  tout  par 
euphonie  :  il  arriveront.  Trompé  par  la  pro- 
nonc,  on  a  écrit  y  pour  il  et  ils.  ||  Employé 
dans  le  corps  des  phrases  exclamatives  à 
toutes  les  personnes  :  J'suis-t-i  content  ! 
Vous  avez-t-i  bonne  mine  !  i|  By.  —  Lui  se 
prononce  lî.  —  C't'afTair'là  (cet  objet-là)  est 
à  II  et  pas  à  lé.  —  Mais  on  dit  :  Vous  z  i  direz, 
ou  vous  illi  direz.   (On  dira  aussi  :   C'est  à 


ielle  ;  toujours  au  pluriel  :  à  ielles,  et  :  Vous 
Ieux  direz,  ou  vous  leuz-z-t  direz  (à  eux  ou  à 

elles). 

lavard  (Z.  121),  s.  m.  —  Lézard  vert. 

Iau,  s.  f.  —  Pour  Eau.  —  Peut  s'écrire  leau, 
iaue.  Il  Faire  de  Viau,  —  laisser  pénétrer  l'eau, 
en  parlant  d'un  tonneau,  d'un  bateau.  ^^ 
Eau. 

Hist.  —  «  De  la  bénite  iaue.  «  (Froissart.).  — 
Se  trouve  souv.  dans  le  lang.des  paysans  de  Molière. 

Ichelette  (Mj.),  s.  f.  —  Xom  d'une  ancienne 
espèce  de  poire.  V.  Monte -ichelette. 

Icit".  Pour  ici,  ci.  —  CL  pour  ce  t  final,  JeuC 
Marcif,  TabaC.  Fx.  :  Dans  ce  temps  icit  ; 
dans  ce  moument  icit'.  jj  By.  —  t  final  très 
rarement  sonore. 

Et.  —  Ecce  hic,  —  vois  ici.  —  Hist.   «  Le  curé 
de  Pantin,  à  une  lieue  de  Paris,  pria  les  marguilliers 
de  sa  paroisse  de  luy  laisser  faire  l'inscription  d'une 
verrière   qu'ils  avaient  fait   mettre  à  l'église,   et, 
après  avoir  rêvé  longtemps,  il  fit  ces  deux  vers  : 
«  Les  marguilliers  de  Sainte-Marguerite 
«  Ont  fait  bouter  cette  verrière  ycite.  » 
(Tall.  des  Rèaux.  —  De  Montesson.) 

—  «  Je  concluds  donc,  en  cest  endroit  icy, 

«  Que  je  suis  plus  mallade  que  vous  n'estes.  » 
(G.-C.  Bûcher,  67-117.) 

—  «  Paings  en  ton  fronc  et  sourcilz  long  fendu 
«  Ces  mots  icy  :  Je  suys  de  tel  nature.  » 

(Id.   —   189-193.) 

—  «  Mes  pleurs,  hélas  !  estaignez,  sans  demeure, 
«  Le  feu  qui  m'ard  en  cest  endroit  icy.  » 

{Id.,    p.    233.) 

—  «  Lors  Luce  dist  :  Estaignez  la  chandelle, 
«  Ma  sœur  Gylon,  que  ces  puces  icy 

«  Ne  voyent  plus.  Vêla  plus  grand  cautelle 
«  Qu'en  Gylon  n'a  d'amoureuse  mercv.  » 

{Id.,' m.) 

—  Employé  ainsi  par  Régnier,  Descartes, 
Pascal.  —  Au  Canada,  les  habitants  d'origine  fran- 
çaise ont  conservé  cette  locution  :  ici,  pour  -.  ci. 

—   «  Les  Bourgeois  de  Chartres 
«  Et  ceux  de  Monlhéri, 
«  Menez  tous  grande  Joie 
«  Cette  journée  ici, 
«  Que  naquit  Jésus-Christ.  » 

NoHs  angevins,  p.  63. 

Icoii,  Iquclle  (G.),  pr.  pers.  —  Lui,  elle  ; 
icelui,  icelle.  CL  Quiô,  quiou,  quelle. 

Idée  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  L  —  Avoir  dans  son 
idés  de  —  être  résolu  à.  V.  Toupet.  ||  Petite 


lELLE  —  ILAIS 


489 


quantité.  Ex.  :  Sa  robe  est  eine  idée,  eine 
petite  idée  trop  longue.  Cf.  Brin,  Soupçon, 
Scrupule,  Larme,  Goutte,  etc.  ||  Passer  par 
Vidée,  —  sortir  de  la  mémoire,  être  oublié.  |( 
Attention,  application.  Ex.  :  Il  n'a  point 
Vidée  à  ce  qu'il  fait.  ||  Intention.  —  Ex.  : 
A  n'a  point  Vidée  au  mariage.  ||  Esprit, 
intelligence  :  Il  n'a  point  d'idée.  ||  Avoir 
bonne  idée  de  :  Ex.  :  Il  avait  ben  bonne  idée 
de  ben  faire.  ||  N'avoir  pas  ses  idées  à  soi,  — 
être  un  peu  fou.  On  dit  aussi  :  N'avoir  pas  sa 
tête  à  soi. 

Et.  —  I.at.  Idea,  du  grec  idéa,  du  v.  eïde'n, 
voir,  lequel  est  le  même  que  le  lat.  videra,  de  sorte 
que  c'est  le  fait  de  la  vision  qui  a  fourni,  par  figure, 
la  dénomination  au  fait  intellectuel. 

lelle  (Mj.,  By.).  —  Pron.  pers.  Elle.  Cette 
forme  est  le  cas  régime  du  pron.  A,  Aile, 
c.-à-d.  qu'elle  ne  s'emploie  que  comme  com- 
plément d'un  verbe  ou  d'une  préposition.  Ex.: 
Aile  a  tombé  en  faisant  sa  folle  ;  c'est  ben  fait 
pour  ielle.  —  Le  plur.  est  leules.  Ex.  :  Ailes 
ont  dai-..é  à  l'assemblée  ;  j'aurais  pas  cru  ça 
de  ieules.  —  Corr.  du  mot  fr.  A  rapprocher  de 
leun,  leux  (By.)  «  A  sont  trop  liarguégnouses, 
n'y  a  gens  de  s'entendre  avec  ieules.  —  Cepen- 
dant cette  forme  s'emploie  aussi  comme  sujet 
à  la  fm  d'une  phrase  elliptique.  «  Sa  sœur 
n'est  pas  près  si  jolie  comme  ielle.  »  ||  By.  — 
Ielle,  ielles  ;  ieulle,  ieuUes  ;  ieux,  pour  :  elle, 
elles,  eux. 

len,  pr.  hi-an.  Lui-en.  Ex.  :  Donne  ien- 
Mieux.  Donne  i-en  ;  donne-v-  en  ;  gui,  illi  en 
(By.). 

leii,  ieue  (.Mj.,  By.)  Part.  pas.  du  v.  être- 
Eu,  eue.  Ex.  :  Il  a  ieu  tort.  V.  Yu. 

IeuUes.  —  Pron.  pers.  féni.  plur.  Elles.  \'. 
Ielle,    Ëulles. 

leun,  ieune  (Mj.).  —  Adj.  num.  et  pron. 
indéf.  Un,  une.  S'emploie  'exclusivement 
lorsqu'il  n'est  pas  accompagné  d'un  nom. 
V.  Ein.  K  J'en  ai  ieu  ieun  qui  pesait  ein  cent. 
Il  Ne  pas  en  dire  ieune,  —  ne  pas  soufïler  mot. 
Il  leun  par  ieun,  —  \m  à  un.  Syn.  et  d.  de  Yin. 
Il  By.  —  Ieun  et  lein  ;  ieune  et  ienne  (cette 
forme-ci  plutôt). 

Ieux  (Mj.).  —  Pron.  pers.  masc.  plur.  — 
Eux.  Ex.  :  C'est  tonjours  ben  ça  ieux  que  je 
vois  lâ-bas.  —  Corr.  du  fr.  V.  IeuUes. 

lèvre  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Lièvre. 

Igné.  —  Terminaison  d'un  grand  nombre  de 
noms  de  lieux  en  Anjou,  Martigné,  Contigné, 
Erigné.  On  serait  porté  à  la  tirer  du  lat.  ignis,  feu. 
Et,  en  eiïel,  igné  est  un  adj.  q.  très  usité.  On  dit  : 
des  phénomènes  ignés  (gn  dur),,  couches  de  ter- 
rains de  formation  ignée,  par  oppos.  à  aqueuses. 

Mais  il  faut  renoncer  à  cette  explication.  Igné 
vient  d'une  terminaison  lat.  iacum,  qui  affecte  à  elle 
seule  une  vingtaine  de  noms  les  plus  anciens.  File 
représente  un  suflixe  celtique  qui  a  servi  pour  la 
composition  au  moins  jusriu'au  \iV  s.  de  notre  ère, 
de  sorte  que  ce  suffixe  a  donné  naissance  à  une  infi- 
nité de  produits  hybrides  par  son  union  avec  des 
radicaux  latins,  et  plus  tard,  avec  des  noms  ger- 
maniques. Le  iacum  avait  une  signification  si 
claire  que  les  scribes  l'employaient  à  la  place  des 


mots  «  villa  »  (a  formé  environ  mille  mots  géogra- 
phiques) et  «  curlis  "  (cour  de  ferme,  enclos  pour 
les  bestiaux,  puis  fermes,  châteaux  bîtis  par  des 
colons  romains  dans  les  provinces  de  l'empire,  puis  : 
cour,    palais  ;    des    centaines    de    composés».    — 

COCHERIS. 

Ia~us,  suivant  les  régions,  s'est  transformé  en  : 
ay,  at,  ac,  ais,  az,  eat,  e,  c,  et,  ieu,  ieux,  ey,  ier,  in, 
oy,  ye,  y,  is,  iers,  ié,  ai,  an,  oux. 

De  sorte  que,  par  ex.,  Martigné  signifie  :  le 
domaine  de  Martin  ;  intoign",  le  domaine  d'An- 
toine. 

Igneau  (Fu.,  By.,  St-P.,  Segr.,  Mj.),  s.  m. 

—  Agneau.  Ce  mot  a  vieilli  à  Mj.,  mais  il  est 
toujours  usité  à  St-Paul  et  aux  environs. 
Syn.  et  d.  de  Aigneau,  Zegnâ,  Gnâ.  \\  V. 
Chambe.  \\  Chl.  —  Morve  au  nez  qu'ont  par- 
fois les  enfants.  Syn.  et  d.  de  Gnâ  ;  syn.  de 
Chandelle,  Cloche,  Licoche. 

•'ist.  : 

«  Comme  un  aigneau  qui  sa  nourrice  appelle.    > 
{.I.  DU  3ell.,  Les  Regret'!,  p.  206.) 
«  Les  aigneaux,  les  chevreaux  et  les  'eunes  bou- 

veaux.  » 
(/(/.,  Epigr.  pastor.,  p.  306.) 

—  «  Ces  gro.s  loups-là  s'entendent  tous  pour  dévo- 
rer les  pauvres  igneaux.  »  (H.  de  Bat,'..,  César 
Birotleau,  90.) 

Ignelle  (Auv.,  By.),  s.  f.  —  Agnelle.  —  V. 

Igneau.  \\  (Mj.)  Pièces  de  bois  qui  se  plaçaient 
entre  le  mouton  et  les  carreaux  dans  les  anciens 
pressoirs.  La  chose  existe  encore  dansles nou- 
veaux, mais  le  mot  a  disparu  de  l'usage  cou- 
rant. 

BU.  —  Les  ignelles  étaient  métaphoriquement 
les  femelles  du  Mouton. 

Ignorumus  (Mj.,  By.).  s.  m.  —  Ignorantin. 
On  dit  :  Frèie  ignoramus. 

Ignore  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ignorance.  Ne 
s'emploie  que  dans  la  loc.  :  Eter  en  ignore,  — 
ignorer.  Ex.  :  Moi,  je  se  en  ignore  qui  que  c'est 
qui  l'a  fait,  si  c'est  li  ou  ben  ielle.  —  C'est- 
il  Pierrot  ou  Margot, j'en  séenignore.X.  Igno- 
rer. 

Ignorer  (Mj.,  Lg.,  By.,  St-P.),  v.  n.  —  Ne 
s'emploie  que  précédé  du  pron.  en.  Ex.  : 
C'est-il  ben  vrai?  moi,  j'en  ignore,  —  c.-à-d. 
je  n'en  sais  rien. 

Et.  —  I>at.  ignor^re  ;  de  i,  pour  m  privatif,  et 
d'un  rad.  iniis.  Gnorus,  très  voisin  de  Gnarus,  — 
qui  sait. 

Il  (Mj.,  By.),  pron.  pers.  —  N.  L'I  final  ne 
sonne  jamais  devant  une  consonne.  ||  Pour  : 
ils  :  l's  ne  sonne  pas  :  //  ont  dit,  il  ont  couru. 

—  N.  Se  supprime  souvent  :  N'y  en  a  pas  ; 
n'en  faut  point. 

H  ist.  : 
«  Je    me   complains    d'un    maudit    garsonneau 
«  Qui  a  cassé  mon  verre  le  plus  beau . . . 
>'  Hélas  !  hélas  !  il  estanchoit  si  bien 
«  Qui  n'y  falloit  aprez  adiouster  rien. 
(Qui,  mis  pour  :  que  i,  pour  :  qu'il.  —  G.-C.  Bûcher, 
257,  ?'»3.) 

Hais  (Mj.),  s.  m.  —  Habitant  des  îles  de  la 
Loire,  ))ar  opposition  à  Champnas,   Valléias. 

—  On  dit  qqf.  Ilicrs  ;  —  pas  à  Mj. 


490 


ILLI 


INDIEN 


un  (gui)  (Mj.,  By.).  —  Pron.  pers.  —  Lui, 
à  lui.  Ex.  :  Je  vas  illi  dire. 

Et.  —  C'est  le  vx  .'r.  Illiiy,  du  dat.  lai.  Illi  huic- 
Ne  s'emploie  qu  au  cas  datif. 

Illy  (Mj.,  By.),  adv.  —  Y,  là.  Ex.  Je  iUy 

(gui)  vas. 

Et.  —  Dér.  du  lat.  Illic. 

Im.  «  Il  faut  chercher  à  En  (dit  le  D^ 
A.  Bos)  les  mots  qui  manqueraient  ici.  Im, 
graphie  savante,  est  :  en,  em  en  franc.  Impor- 
ter est  savant,  enporter  ou  emporter  est 
popul.,  et  les  mots  en  im,  au  lieu  de  en,  em, 
ne  sont  pas  popul.,  ou  ont  été  revêtus  d'une 
graphie  savante.   » 

Imagineur,  adj.  q.  —  Se  dit  en  pari,  d'un 
cheval  ombrageux.  Il  s'imagine  qu'une  ombre, 
une  feuille  de  papier  est  un  danger  réel,  un 
obstacle  sérieux.  Qqf.  Emagineur. 

Imbibé,  part.  pas.  —  Légèrement  ivre. 

Imbicile  (BL,  By.,  Tr.,  Zig.  141),  adj.  q.  — 
Imbécile. 

Imboivable  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Que  l'on 
ne  saurait  boire.  Syn.  et  d.  de  Imbuvable. 

Imbougeable  (Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Que  l'on 
ne  saurait  remuer,  bouger.  Syn.  de  Inre- 
muahle,  Imbranlahle.  \\  Soûl  imbougeable,  — 
ivre  mort. 

Imbranluble  (Mj.,  Lg.).  —  Prononc.  im- 
branlabe,  (la  terminaison  ble  se  prononce 
be  ;  capabe,  etc.),  adj.  q.  —  Complètement 
ivre.  Ex.  :  Il  est  soûl  imbranlable,  ou,  absolt.  : 
Il  est  imbranlable.  Syn.  de  Paf,  Rond,  Plein, 
Incendié,    Verzelé,    Inremuable,    Imbougeable. 

Et.  —  Du  préf.  in,  négat.,  et  du  fr.  Branler. 
Littéralement  :  Qui  ne  peut  bouger. 

Immanquable  (Mj.,  By.).  —  Im,  nasal  ; 
ein.  —  adj.  q.  —  Immanquable.  ||  Adv.  Im- 
manquablement. Ex.  :  Il  va  se  faire  baiser, 
im-manquable  ! 

Immédiat  (Mj.,  By.).  —  Im,  nasal  ;  ein. 
aj.  q.  Il  Adv.  pour  Immédiatement.  Ex.  Je 
illy  (gui)  vas  immédiat. 

Et.  —  In,  privât.,  et  médius,  moyen.  Donc  : 
qui  est  sans  intermédiaire. 

Immédiatement  (Mj.,  By.).  —  Im,  nasal, 
ein.  On  dit  le  plus  souvent,  et  inséparable- 
ment :  Immédiatement  tout  de  suite. 

Imparceptible  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Imper- 
ceptible. 

Impenaillé  (Lg.),  adj.  q.  —  Loqueteux,  en 
haillons.  Syn.  de  Guénilloux,  Emeillaudé, 
Gueneillé. 

Et.  —  Pour  Empenillé,  dér.  de  Penille. 

Implantcuse  (Ag.),  s.  f.  —  Ouvrière  qui 
plante  les  cheveux  postiches  dans  le  canevas 
des  perruques  —  ou  dans  la  cire  des  Têtes  de 
rire  des  coiffeurs. 

Hist.  —  A.  D....  coiffeur...,  et  L.  P..., 
iinplanteuse.  (Publication  de  mariages)  Ang.  dr 
Paris,  29  septembre  1907,  3,  3.) 


Impopompe  (Mj.),  adj.  q.  —  Gauche,  mala- 
droit, balourd.  |1  Ag.  —  Maladroit  de  ses 
mains.   1|  Ec.  Impopondre.  i  Syn.  Podagre. 

Imporvue  (à  1')  —  (P.  C),  adv.  —  A  l'im- 
prévue. 

Hist.  —  Montaigne  disait  :  à  l'improveu.  — 
Improcuratus  :  «  Comme  le  suppliant  impourveu 
de  conseil  eust  appelle  en  nostre  cour  de  parle- 
ment... »  1370.  D.  C. 

Impossible  (Mj.,  By.),  adj.  q.  ||  s.  m.  — 
L'impossible,  une  quantité  incroyable.  Ex.  : 
Y  a  V impossible  de  mêles  cette  année.  ||  C'est 
à  r impossible,  —  c'est  impossible. 

In  '  • —  «  Cherchez  à  En,  dit  le  D'  A.  Bos,  les 
mots  manquant.  La  prép.  lat.  in,  im,  devant  b,  p, 
m,  est  en,  en  fr.,  aussi  bien  isolée  qu'en  composi- 
tion. In,  im  est  une  graphie  savante  et  relative- 
ment moderne,  comme  Intention,  pour  Enten- 
cion. 

«  Même  observ.  pour  le  préf.  nég.  in.  Inimicum 
a  donné  régulièrement  Enemi,  Ennemi,  Anemi. 
Inimitié  est  un  mot  savant  ;  la  forme  popul.  est 
Enemistié,  Anemistié.  D'ailleurs,  la  plupart  de  ces 
mots  avec  In,  nég.,  n'existaient  pas  dans  les  pre- 
miers siècles  de  la  langue  ;  «  mais  covient  per  cor- 
ruption et  per  diseite  des  mots  fransois,  dire  lou 
romans  selonc  lou  latin,  si  con  :  iniquitas,  «  ini- 
quiteit.   »  (Prolop^ue  du  Psautier  de  Metz,  xiv«  s.) 

In  -,  Ine  (Lg.),  art.  ind.  et  adj.  num. —  Un, 
une.  Syn.  et  d.  de  Ein,  Y  in,  leun. 

Hist.  —  «  Le  vieux  Vendéen...  ne  manquait 
jamais  de  conclure  par  ces  mots  :  Ah  !  man 
pauvre  gâs  !  la  douleur  en  fait  faire  de  pu?  à.' ine 
manière  !    »    (H.    Bourg.,    Hist.    de   la   G.    Guerre 

p.  27.) 

Incamo,  s.  m.  —  Chimère.  Se  mettre  des 
incamo  dans  la  tête  (Segr.).  Mén.  Cf.  Micâ- 
meau. 

Incarculable  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Incalcu- 
lable. Cf.  Carcul,  Carculer. 

Incendie  (Mj.),  s.  f.  —  Ex.  :  Illy  a  ieu  eine 
fameuse  incendie,  je  vois  ben. 

Et.  —  In,  en,  et  cendere,  qui  tient  à  candere,  être 
blanc,  brillant,  très  chaud. 

Incendié  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Fig.  Très 
ivre.  Syn.  de  Paf,  Rond,  Verzélé,  Plein, 
Imbranlable,  Inondé  (ce  qui  est  curieux). 

Incmoder  (Mj.),  v.  a.  —  Incommoder, 
gêner.  Cf.  Racmoder. 

Inconcevable  (^Mj.,  By.)  — adj.  qua.  Cf. 
Concevoir.  —  Qqf.  le  bl  est  mouillé,  ce  qui 
arrive  pour  cette  terminaison  ble. 

Incrayable  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Incroyable. 
Cf.   Craire,  Crai/anl. 

Indécence  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Remplace  le 
mot  cul,  dans  le  langage  des  pécusses  :  «  Une 
indécence  de  veau.  »  Le  boucher  comprend. 

Indécis,  s.  m.  —  Indécision.  Ex.  :  J'sé  dans 
V indécis  de  vendre  mon  viau.  Cf.  Décis  (en) 
Il  By.  —  Endécis. 

Indien  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Individu,  Qui- 
dam, en  mauvaise  part.  Ex.  :  Je  n'ai  jamais 
vu  ein  indien  si  sot.  V;  Chrétien:  —  On  dit  de 


INDIFFÉRER  —  IXTERBELLIR 


i91 


même  en  fi'.  Iroquois.  —  Syii.  de  Cadet,  Client, 
Citoyen,  Type,  Gibier,  Paroissien. 

Indifférer  (Ag.,  Cho.),  v.  n.  —  Etre  indiffé- 
rent. Ex.  :  Ça  m'indiffère. 

Indigession  (Mj.),  s.  f.  —  Indigestion.  Di 
=  gui. 

Indigne  (Mj.),  adj.  q.  ^1  Affreux,  horrible. 
Ex.  :  Aile  est  indigne,  avec  sa  robe  varte  !  — 
Impossible  de  sortir,  les  chemins  sont  indignes. 

Indomptable  (Mj.),  adj.  q.  —  On  fait 
sonner  fortement  le  p.  Cf.  Dompter. 

Inducation  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Education. 
Ex.  :  J'ai  point  ieu  à' inducation,  moi  ;  mon 
père  ne  m'a  point  acheté  d'esprit'. 

Induces.  —  ?  —  Vieux  mot  angevin. 

Hist.  —  «  ...  Habitans  d'Angers,  et  de  présent 
à  la  campagne,  en  cette  paroisse,  et  y  passant  les 
induces.  »  (Montjean.  —  Inv.  Arck.,  E,  S,  s., 
t.  III,  p.  446,  2,  h.)  Trêve,  armistice  ? 

ludiilgencier  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Bénir  un 
chapelet,  en  y  attachant  des  indulgences. 

Et.  —  liât.  Indulgere,  accorder. 

Induquer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Eduquer. 

Infarnal  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Infernal. 

Intatiquable  (Mj.),  ti  =  qui  ;  ble  =  bye,  adj. 
q.  —  Infatigable. 

Infect  (Mj.),  adj.  q.  —  Abominable,  odieux, 
indigne.  C'est  infect,  c'que  t'as  fait  là. 

Infecter  (Mj.).  —  Pour  Infester.  Confusion 
de  sens. 

N.  —  «  Il  ne  faut  pas  confondre  Infecter  avec 
Infester.  1>a  Fontaine  et  Buffok  ont  commis  cette 
faute.  —  Infecter,  imprégner  d'émanations 
puantes  (infect,  de  inficere,  proprement  .-  teint, 
imprégné  de  ;  in  —  facere,  faire  dans,  mettre  dans.) 
—  Infester,  de  Infestare,  qui  se  décompose  en  : 
In  —  festus,  heureux,  propice,  —  ou  de  :  Infensus, 
infenstus,  de  infendere,  attaquer  ;  in  —  fendere, 
tourmenter  par  dos  irruptions. 

Infection  (Mj.),  s.  f.  —  Abondance,  grande 
quantité.  Se  prend  le  plus  souvent  en  mau- 
vaise part  ;  mais  aussi,  par  ext.,  en  bonne 
part.  y.  Infecter.  Syn.  Confusion. 

Infectionner  (Mj.),  v.  a.  —  Infecter.  ||  In- 
fester. Dér.  du  fr.  Infection.  Cf.  Démolitionner, 
Inventionner. 

Hist.  —  «  Par  sa  fumée  et  évaporation  elle 
■nfectionne  l'air.  »  (Rab.,  P.,  iv,  26,  40.3.) 

Inférieur  (Ag.,  Cho.,  By.),  adj.  q.  —  Fig. 
Indilïéreiit.  Ex.  :  Ça  m'est  inférieur.  Syn.  de 
Equiangle,  Equilatêral.  ||  De  médiocre  qualité. 
«  Voilà  du  vin  qui  n'est  point-z-m/é/-te»v.  » 

Influencer  (s')  (Mj.,  By.)  v.  réf.  —  S'affecter. 

Ingénie  (Lg.,  T.  le  M.),  s.  m.  —  Intelligence, 
ingéniosité.  Ex.  :  Les  maçons  de  l'ancien 
temps,  ils  n'avaient  point  d'ingénié.  —  Syn. 
de  Gingii).  Lai.  Ingenium. 

Ingence,  s.  f.  —  Engeance.  Se  dira  d'un 
enfant  turbulent.  Se  trouve  dans  La  Fontaine. 

Ingle  de  chat,  s.  m.  —  Ongle  de  chat.  V. 
Mâche. 


Ingrat  (Mj.),  adj.  q.  —  Peu  usité  dans  le 
sens  du  fr.  I|  Inhumain,  barbare.  Ex.  :  Il  se 
paraît  que  c'est  un  coureux  qui  l'a  moitié  tué. 
Faut  être  ben  ingrat,  tout  de  même  ! 

Injusse  (Mj.),  adj.  q.  —  Injuste.  Cf.  Trisse. 

Innianquable  (Mj.)  V.  Immanquable. 

Innia  (Mj.),  s.  m.  —  Zinnia,  plante 
d'ornement. 

Et.  —  Ce  mot,  tout  naturellement,  est  d'impor- 
tation récente,  comme  la  plante  même,  et,  déjà, 
notre  patois  l'a  travaillé  à  sa  façon.  La  plupart  des 
gens  croient  de  bonne  foi  qu'on  doit  dire  :  Ein 
innia,  puisqu'on  dit  :  Des  (z)  innia.  On  saisit  là  sur 
le  fait  ce  mode  de  corr.  des  mots,  qui  nous  a  donné  : 
Zyeux,  Labbé,  etc. 

Inondé  (Mj.,  By.),  part.  pas.  et  adj.  q.  — 
Très  ivre.  V.  Incendié.  Souvent  :  Innondé. 

Inonder  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Etre  inondé. 
Ex.  :  Velà  l'eau  qui  est  ronde-,  j'allons  inonder 
encore  eine  fois.  Parfois  :  Enonder. 

Inquemoder  (By.),  v.  a.  —  Incommoder. 

Inrac(oni)niodable  (Mj.,  By.),  adj.  q.  — Que 
l'on  ne  saurait  raccommoder.  V.  Raquemoder. 

Inreniuable  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Que  l'on 
ne  saurait  remuer.  ||  Soûl  inreniuable-,  ivre- 
mort.  —  Syn.  de  Imbranlable,  Imbougeable. 

Insarvab'.e  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Qui  ne 
saurait  servir,  inutilisable. 

Insensé  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Incroyable, 
invraisemblable. 

Insensiblement  (Mj.,  By.),  adv.  —  Fina- 
lement, en  fui  de  compte. 

Insentiel  (Mj.),  adj.  q.  —  Essentiel.  Ex.  : 
Le  pus  insentiel  de  tout,  c'est  de  n'être  point 
malade. 

Inservable  (Lg.).  —  V.  Insarvable.  Cf.  Ser- 
vable. 

Insoufirable  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  — 
Insupportable,  intolérable.  Se  dit  des  pers.  et 
des  choses.  Syn.  de  Souverable. 

Hist.  —  M  Et  comme  tel  visce  soit  à  Dieu  com.me 
insouf^rable.  »  (Christine  de  Pisan.  —  L.  C.) 

Installement,  s.  m.  —  Installation. 

Insunifîant  (Mj.),  adj.  q.  —  Insignifiant, 
sans  valeur,  sans  intérêt.  Cf.  Sunifîer. 

Insuparable  (Mj.),  adj.  q.  —    Inséparal)le. 

Intardir"  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Interdire.  Cf. 
Maudir". 

Inlaresser  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Intéresser. 

Infarêt  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Intérêt.  |!  Ladre- 
rie, avai'ice. 

Iiitarmittent  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Inter- 
mitli'nl.  \.  On  n'appuie  pas  sur  les  deux  tt. 

Intention  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Attention.  N. 
Beaucoup  de  gens  confondent  ainsi  les  deux 
mots. 

Interbellir  (Ti.,  Zig.  20.3).  v.  a.  —  V.  Intet- 

bolir. 


492 


INTERBOLER 


ITOU 


Interboler  (Sa,),  v.  a.  —  V.  Interholir. 

Interbolir  (Mj.,  Sal.),  v.  a.  —  Interlo- 
quer, troubler,  interdire.  ||  By.  —  Intar- 
bolir.  —  Intarboélir,  li.  ||  Du  lat.  In  -)-  tur- 
bulare'. 

Interbolisc.  —  V.  Inlerboli. 

Intérêt  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Ladrerie,  ava- 
rice. Ex.  :  U intérêt  le  mange.  V.  Intarêt. 

Et.  —  L.  Interest,  3''  p.  s.  ind.  prés.,  de  Intér- 
esse, il  importe.  —  Le  fr.  a  donné  au  mot  lat. 
l'acception  de  ce  qu'il  importe  d'éviter,  dommage, 
préjudice,  et,  chose  remarquable,  l'historique  de  ce 
mot  prouve  qu'il  joue  facilement  entre  Dommage  et 
Dédommagement  :  de  là  le  sens  particulier  de 
Profit  retiré  de  l'argent  et  de  :  Dédommagement 
accordé  par  la  justice. 

Interpide  (Mj.),  adj.  q.  V.  Intrépide. 

Interrompre  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Inter- 
rompre de,  —  déranger  de.  Ex.  :  Je  sais  pas 
que  faire  qu"il  est  venu  m'' interrompre  de  mon 
travail. 

Interrupter  (Ag.),  v.  a.  —  Troubler  dans 
la  jouissance  d'un  acquêt. 

N.  —  Ce  mot  est  de  la  langue  barbare  des  chi- 
canons angevins  du  xviii'  s.  —  Dans  une  reque^te 
présentée  le  17  avril  1778  à  M.  le  lieutenant  géné- 
ral de  la  sénéchaussée  d'Anjou  par  Alain,  procu- 
reur des  dames  religieuses  du  couvent  de  Sainte- 
Catherine  en  Saint- Laud,  contre  le  sieur  Michel 
Boucler,  marchand-boucher  à  Montjean  (pièce  que 
je  possède),  il  est  dit  :  «Les  suppliantes  furent  ins- 
instruittes  que  Boucler  avait  vendu  certains  héri- 
tages au  sieur  Comte  de  Serrant,  l'année  1775,  pour 
une  somme  de  douze  cents  livres.  Les  suppliantes 
prirent  le  party  de  faire  interrupter  ledit  sieur 
Comte  de  Serrant  par  exploit  du  7  mars  1776.  »  (R.  0.) 

Intrépide,  adj.  q.  —  Ladre,  avare.  ||  s,  m. 
—  Pincemaille,  âpre  au  gain.  —  N.  Ne  s'em- 
ploie pas  dans  le  sens  de  Brave.  (Du  lat.  Qui 
ne  tremble  pas.) 

Invaille  (Chpt.),  s.  f.  —  Le  brouillard.  Dou- 
blet de  Aivail.  ii  Sal.  —  Rosée  du  matin. 

Inventaire  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Le  bien 
laissé  à  un  mineur  par  ses  parents.  Ex.  :  Aile 
est  pour  être  ben  ;  son  père  illi  a  laissé  un  bon 
inventaire.  Souvent  :  Eventaire. 

Et.  —  L.  Inventarium  ;  de  :  invenire,  trouver. 
(Cf.  Invention.) 

Inventer  (s")  (Mj.),  v.  pron.  —  S'aviser. 
Ex.  :  Il  ne  s'invente  de  ren. 

Inventionner  (Mj).,  By,)  v.  a.  Inventer. 
Il  V.  réf.  —  Inventer  de,  s'ingénier  de,  ima- 
giner de.  Cf.  Démolitionner,  Injectionner. 

Inventionneus,  euse  (Mj.,  By.),  adj.  q.  — 
Inventif,  ingénieux. 

Invitant  (Mj.,  By.),  adj.  verb.  —  Qui 
invite  volontiers. 

lot,  lot  (Sp.),  s.  m.  —  Cale.  Ce  qui  sert  à 
caler  un  meuble. 

loter  (voté)  (Sp.),  v.  n.  ■ —  Etre  d'aplomb. 
être  posé  carrément  sur  ses  pieds,  en  pari, 
d'un  meuble.  |1  Ne  pas  chanceler,  en  parlant 
d'un  homme.  Cf.  Yoter,  Aloter. 


lou  !  (By.),  interj.  —  Se  dit  pour  exciter 
les  chevaux  attelés. 

loù,  adv.  où.  —  Là  ioù  =  là  où.  —  Là  ioù 
qu'il  est  allé?  J'en  ignore. 

Ipécacouêna  (Mj.),  s.  m.  —  Ipécacuana. 

Ipoppondre,  s.  m.  —  Hypocondriaque.  || 
Paralytique.  ||  Maladroit, 'inactif.  T'es  là 
comme  ein  ipopondre.  Y.  Impopompe,  — 
pondre. 

Iragne,  Irsigne  (By.,  Sal.),  s.  f.  —  Arai- 
gnée. Il  Li.,  Br.,  Fu.  —  Crochet  de  fer  à  plu- 
sieurs grifTes  pour  retirer  les  seaux  du  fond 
d'un  puits.  Y.  Irain. 

Iraignée  (By.),  s.  f.  —  Araignée.  Cf.  Iragne, 
Iraigne,  Iranselée,  Irantaigne.  Syn.  de  Irain, 
A  irgné. 

Hist.  —  «  Item,  je  laisse  aux  hospitaux 

«  Mes  cliâssis  tissus  à'iraignées.  » 

(Villon.) 

Irain  (Mj.),  s.  f.  —  Araignée,  annelé.  i| 
Crochet.  V.  Iragne. 

Et.  —  Corr.  du  vx  fr.  Aragne,  lat.  Aranea.  Pour 
le  changement  de  l'a  en  i,  cf.  Igneau.  Doubl.  du  fr. 
Erigne.  Syn.  de  Airgné.  —  Irain  est  pour  Iraingne 
ou  Iraigne,  qui  se  disent  aussi.  Le  vx  fr.  avait 
Araigne.  Breton  :  Iraignen.  —  Voir  la  citation  à 
Hiraigne. 

Iranselée-celée,  s.  f.  (Chai.,  Li.,  Br.,  Mj., 

Sal.),  s.  f.  —  Toile  d'araignée.  Du  lat.  Aranea 
tela.  V.  Les  mots  précédents.  Syn.  de  Iran- 
teignes.  —  Cf.  Ancelée,  Jaub.,  Suppl. 

N.  —  Se  rappeler  que  le  sens  primitif  de  :  arai- 
gnée était  :  toile  d'araignée. 

«  Ne  saurait-on  ôter  toutes  ces  araignées  ?  » 
(La  Font.,  L'œil  du  Maître.) 

Irant,  3^  pers.  plur.  de  l'ind.  fut.  du  v. 
Aller.  Aile  irant  et  aile  revenirant,  —  elles 
iront  et  elles  reviendront. 

Irantaigne  (Pell.,  By.),  s.  f.  —  Syn.  de 
Iranselée. 

Et.  —  Ce  mot  est  pour  Iranteilies  (aranea  tela), 
par  confusion  des  doubles  consonnes  mouillées- 
Cette  forme  est  la  meilleure  confirmation  de 
l'étymol.  donnée  à  Iranselée. 

N.  —  Jaubert,  à  Iragne,  dit  que,  d'après  le 
Dict.  de  Trévoux,  Irantaignes  ne  se  disait  plus  en 
Anjou.  J'affn'me  que  le  mot  est  toujours  en  usage 
à  Pellouailles  et  à  By.,  etc.  — Cf.  jAL'B.,àArantèlc. 
V.  Hiranlaigne. 

Iris-gigot,  s.  m.  —  Iris  fœtidissima,  à  odeur 
d'ail. 

Isc.  —  Prononciation  vicieuse,  mais  habi- 
tuelle, de  la  lettre  x.  (By.). 

Islenne.  —  Petite  île.  Grosse  toufïe  d'herbe 
(MÉK.).    Syn.   Busson. 

Isse.  —  Terminaison  pour  Isme,  Iste.  — 
Sinapisse,  catéchisse,  Rhumatisse.  —  Ebé- 
nisse  (Mj.,  By.). 

Istraël  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Israël. 

îstraélite  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Israélite. 

Itou  (Sp.,  Mj.,  Lg.,  By.),  adv.  —  De  même, 
ainsi,  aussi.  Ex.  :  Tu  vas  faire  la  marienne,  et 


lUX  —  JACQUIXE 


493 


moi  itou.  Ce  mot  a  vieilli  et  ne  se  dit  plus  guère 
qu'en  plaisantant. 

Et.  —  Le  même  que  l'a.  f.  Itel,  qui  vient  de  Hic, 
ce,  et  Talis,  tel.  |1  Mis  pour  :  atou  (ad  totum),  et  l'i 
est  emprunté  au  vx  fr.  itel  (lat.  /Eque  talis). 
G.  DE  G.  —  Y. 

lun,  adj.  num.  —  Un.  V.  leun. 

Ivier,  s.  m.  —  Evier.  V.  évier. 

Ivrê  (Lg.).  s.  f.  —  Nœuds  de  rubans  que, 
au  sortir  de  la  messe  de  mariage,  la  mariée 
donnait  autrefois  elle-même  à  chacun  des 
invités  en  les  embrassant.  C'était  là  Vivre  de 
la  noce.  Usage  disparu.  ||  P.  ext.  Cocarde  de 
conscrit. 

Et.  —  Ce  mot  est  une  corr.  du  fr.  Livrée,  par 


apiiérèse  de  l'I  initial,  et  confus,  avec  Ivraie.  Cf. 
Innia.  Availles.  V.  aussi  Jaub.,  à  Livrée.  —  Lat. 
Liberare. 


Ivrer  (Sp.,  By.),  v.  a. 
Et.  —  L.  Ebrius. 


Enivrer.  Il  S'ivrer. 


Hist. —  ((  Ceux  ont  l'âme  nlus  divine 

«  Qui  boivent  l'eau  crystalline 
«  Que  Pégas.=e  fit  sortir, 
«  Et  qui  bouillants  de  jeunesse 
«  ^'ivrent  au  cours  du  Permesse.  » 
(Amadis    Jamyn.) 
—  «  Ces  là  le  reproche  que  je  leur  ai  fait,  disant  que 
le  Comité  nété  point  pour  tenir  table  ouverte  à  tous 
le  monde  et  que  ce  nété  que  pour  les  affer  du  temps... 
et  non  de  ce  ivrer.   »  (iLettre  de  Denais,  commis- 
saire des  vivres  de  l'armée  chrétienne.  —  C.  Port, 
Lég.  de  CatheL,  p.  247.) 


OBSERVATIONS 

Permutation.  —  Remplace  souvent  eh  ;  J\>al, 
J\rux,  Ajcier,  Huje.  —  Jiquei,  pour  :  hoquet 
(Mj-,  By.) 

Prosthèse.  —  .Jaquetonner,  pour  :  haquetonner 

Jâ  (Lg.),  adv.  —  S'employait  autrefois 
dans  le  sens  de  :  Pas,  désormais  pas.  Voici 
quelques  phrases  typiques  où  on  le  trouve 
ainsi  employé,  et  qui  étaient  encore  sur  les 
lèvres  de  qqs  anciens  il  y  a  moins  de  quarante 
ans.  «  Faut  pas  vous  amuser  à  quieu,  c'est 
jâ  vrai,  —  il  ne  faut  pas  vous  arrêter  à  ces 
balivernes,  ce  n'est  pas  vrai.  »  —  Quelqu'un 
que  l'on  attendait  n'arrivait-il  pas,  on  disait  : 
«  Il  veut  jâ  venir,  il  veindra  vanters  jâ,  —  il 
ne  viendra  pas,  il  ne  viendra  probablement 
pas. 

N.  —  Il  faut  noter  la  construction  remarquable 
de  la  première  de  ces  propositions.  Non  seulement 
l'adv.  ne  y  est  supprimé,  mais  le  futur  y  est  formé 
au  moyen  de  l'auxiliaire  vouloir.  C'est  le  :  he  will 
not  come,  angl. 

Et.  —  Lat.  Jam,  qui  est  pour  :  diam,  diem,  ce 
jour,  par  chute  du  d  initial,  comme  dans  Jovis, 
Janus,  pour  :  Diovis,  Dianus.  —  Hist.  :  Voiture, 
cité  par  Jaub.  : 

«   Quand   tel   ribaud   serait   pendu, 
«  Ce  ne  serait  jà  grand  dommage.  » 

.lâbler  (Ag.,  By.),  v.  a.  —  Corriger  ;  frapper, 
battre.  J'vas  te  jâbler  !  Syn.  de  Douêner.  \\ 
By.  et  Jouabler. 

Et.  —  P.-ê.  est-ce  jâbler,  terme  de  tonnellerie, 
faire  le  jable  des  douves,  la  feuillure  qu'on  fait  aux 
douves  des  tonneaux  pour  arrêter  les  pièces  du 
fond  ;  par  ext.  et  au  fig.  —  «  Il  semblerait  mieux 
d'écrire  :  chai)ler,  qui,  dans  le  vx  lang.,  signifiait  : 
abattre.  Chablis  est  resté  dans  la  lang.  forestière.  » 
(Jaub.)  —  Se  dit  surtout  de  la  récolte  des  noix. 

Jabotée  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Le  contenu 
d'un  jabot.  Ex.  :  Les  poules  s'en  sont  fait 
einc  jabotée  d'âches.  —  By.  d'âchées. 

Et.  —  Jabot,  pour  Gibot,  d'après  Diez,  dér.  du 
L.  Gibba,  bosse.  Cf.  Jaloux,  pour  Geloux  ;  Aronde, 
de  hirundo.  (Scheler.) 


.labotière  (Mj.),  s.  f.  —  S'employait  autre- 
fois, dans  la  loc.  :  Chemise  à  la  jabotière,  — 
chemise  à  jabot.  L'expression  a  vieilli. 

Jâcole  (Ag.,  By.,  Mj.),  s.  f.  —  Courroie  ou 
corde  passant  sur  le  cou  et  sur  les  épaules  — 
ou  une  épaule  —  et  soutenant  par  ses  extré- 
mités les  mancherons  d'une  civière,  d'une 
brouette.  V.  Lace. 

Et.  —  Cf.  «  Vercolenum,  Bricolle.  «  Icellui  var- 
let  se  ferma  une  corde  au  col  en  manière  d'une 
Vercolle,  pour  soustenir  le  limond  dudit  demy 
char.  Pendant  qu'ils  tiroient  et  halloient  à  Ta 
Vercollel. .  »  (1460.  —  D.  C.)  —  Mais  ce  n'est  pas 
notre  mot,  si  c'est  le  même  sens.  —  Inventaire  : 
«  4  jacoles  à  porter  le  dais.  »  (Abbé  Bretaudeatj, 
p.  284.)  —  Les  écoliers,  petits  et  grands,  transpor- 
taient leur  collation  quotidienne  dans  un  sac 
appelé  :  pochet,  soutenu  par  un  cordon  passé  en 
jincole,  c.-à-d.  en  bandoulière  sur  l'épaule  et  sur  la 
poitrine.  »  {La  Trad.,  p.  82, 1.  2.) 

Jaquedale  (Mj.),  s.  m.  —  Jacquot,  Pierrot. 
S'emploie  comme  désignât,  ou  appellat. 
vague,  mais  toujours  ironique.  Syn.  de  Frise- 
poulet,  Jacquot- pignard. 

N.  —  «  Prétentieux,  pédant.  (Dottix.)  —  Petite 
fille  qui  veut  se  mêler  de  tout  ;  pédante.  (De 
Moxtess.) 

Jacqucdar  (Chpt.),  s.  m.  —  V.  Jacquedale 
et  Jaquedale.  On  dit  :  Jacquedar,  qui  mène  les 
poules  pisser. 

Jacqueline  s.  m.  —  «  Martinet  en  cordes 
ou  en  lanières.  Serait-ce  en  souvenir  de  l'asso- 
ciation des  paysans  révoltés  en  Picardie,  en 
1358,  pendant  la  captivité  du  roi  Jean,  dans 
le  but  d'exterminer  les  nobles?  —  Vx  fr. 
jaque,  corset  (Mén.).  —  Sans  doute  du  fém. 

Jacques  (Mj.),  s.  m.  —  Faire  le  Jacques,  — 
faire  le  Gilles. 

N.  —  Dans  cette  locul.,  mais  là  seulement,  l'a 
de  Jacques  se  prononce  très  bref.  —  Forme  vulg. 
de  Jacob.  —  «  Le  pendart,  il  fait  Jacques  Déloges, 
c.-à-d.  Jacques  déloge,  —  c.-à-d.  il  s'enfuit.  » 
(Comédie  des  Pro^>erbes.  —  L.  C.) 

Jacquine  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Dimin.  famil. 


JACQUOTEAU  —  JALOUSIE 


de  Jacques,  employé  comme  prénom  fém.  — 
Très  commun  autrefois  ce  prén.  a  vieilli.  Fr. 
Jacqueline. 

Hist.  —  «  Et  est  décédée  ladite  Jacquine  Allayre 
ledit  jour.  »  (1606.  —  Inv.  Arch.,  E,  ni,  42.5-6.) 

Jacquoteau  (Mj.),  s.  m.  —  Interpellation 
ou  dénomination  ivonk[ue.\.Jacqiiot-pignard. 
iî  Quidam,  individu  quelconque.  Ex.  :  C'est 
chouse,  Jacquoteau,  qui  a  dit  ça. 

Jacquot-pignard  (Mj.),  s.  m.  —  Interpella- 
tion ironique  que  l'on  adresse  surtout  aux 
enfants,  aux  gamins  :  Te  velà,  té,  Jacquot- 
pignard.  Cf.  Jacquoteau.  V.  Pignard. 

JafBer,  s.  m.  (Li.,  Br.).  —  Fumier,  ordure. 
Cf.  Maffier.  \\  Ag.  — •  Gourme.  —  Jeter  son 
jaffier,  —  se  dit,  au  sens  propre,  de  l'écume 
produite  par  une  oie  mise  au  pot  ;  au  fig.  :  Un 
jeune  homme  qui  s'amuse  et  fait  qqs  sottises, 
jette  son  jafTier.  j|  By.  —  Une  femme,  en 
faisant  son  ménage,  a  réuni  en  tas  quelques 
«  saletés  »,  quelques  «  bourriers  »  ;  en  faisant 
sa  cuisine,  elle  a  laissé  des  épluchures  :  «  Ah  ! 
quel  jaffier  !  —  Va  donc  jeter  ton  jaffier  sus  le 
fumier.  —  Les  lumas  qu'on  ébigorge  jettent 
leur  jaffier. 

Jagnerotte  Janerotte.  —  Œnanthe.  V, 
Cochet -mitrouillet.  (MÉx.).  —  Lathyrus  tube- 
rosus  (Bat.).  Cf.  Jaugnerotte. 

JâgDoter  (Sp.),  v.  n.  —  S'épuiser  en  efforts 
réitérés.  Ex.  :  J'ai  pus  jâgnoté  pour  ouvrir  la 
porte  !  Syn.  de  Odigner,  Jaspiner,  Jarnusser, 
Bédasser,  Biganer. 

Et.  —  Vient  probablement  de  Jagne  (v.  Jaub.), 
qui  est  une  contract.  de  Géhenne,  fr.  Gêne.  Donc, 
Jâgnoter  serait  pour  Gègnoter,  dim.  de  Gêner.  V. 
Jagner,  id. 

Jagoin  (Sa.,  By.),  s.  m.  —  Jargon,  bara- 
gouin. Syn.  de  Maragouin. 

Hist.  —  «  Varro.  —  Quoi,  belle  dame,  qu'est-ce 
que  coquebin?  —  Sœur  Jeanne.  —  Ce  que  les  Tou- 
rangeaux appellent  coquebin,  les  Angevins  le 
nomment  jagois,  et,  à  Paris,  les  femmes  le  huchent  : 
bringuenel.  »  (B.  de  Verv.,  M.  de  p.,  i,  100.) 

Jagroiiner  (Mj.,  Sp.),  Jagrougner,  Jagroner 

(Li.  Br.),  V.  n.  —  Maugréer,  murmurer.  —  «  Le 
patron  a  jagrouné  anuite,  —  a  grondé,  ce 
matin.  ||  Baragouiner.  Syn.  de  Jargouiner, 
Maragouiner,  Bamagouiner.  Du  fr.  Jargon, 
par  métathèse,  par  ext. 

Hist.  —  «  Le  voyant  et  oyant  jargouner  en  son 
jargonnoys  puéril.  »  (Rab.,  P.,  ni,  18.) 

Jagiielier,  s.  m.  —  Ajonc. 

Hist.  —  «  Et  si  le  genêt  se  repose,  regardez  à 
côté  :  c'est  que  la  bruyère  est  rose,  c'est  que  l'ajonc 
est  fleuri.  Car  le  printemps  ne  quitte  pas  la  lande  ; 
il  en  fait  le  tour  d'un  bout  de  l'année  à  l'autre,  et 
les  paysans,  qui  le  savent,  avaient  coutume  de  dire  : 
«  A  toutes  les  fêtes  de  Vierge,  le  jaguelier  fleurit.  » 
/R.  Bazin,  Angers  et  V Anjou,  p.  11.) 

JîuUe  (Mj.,  By.),  s.  L  —  Gadoue,  vidange, 
poudrette,  boue,  ordures  domestiques.  — 
Syn.  de  Pufflne. 

N.  —  Je  ne  résiste  pas  au  plaisir  de  citer  ici,  en 
entier,   l'article   Jau,   de   Ménage.    «  On   appelle 


ainsi  un  coq  en  plusieurs  provinces  de  France  :  et 
particulièrement  dans  le  Berri.  Théodore  de  Beze, 
dans  son  «  de  Francicœ  linguae  recta  pronunci;i- 
tione  »,  page  24.  «  Germani  nonnulli  pro  Ego. 
perperam  pronunliant  Ejo  :  et  pro  gallus,  jallus. 
Unde  Bituricenses  Jau,  pro  Gallo,  et  Ajace,  pro 
Agace,  id  est,  pica.  Et  c'est  par  cette  prononcia- 
tion que  le  mot  Jau  a  été  introduit  dans  notre 
langue.  Gallus,  jallus,  jau.  Nous  aurons  fait  de 
mesme  en  Anjou  le  mot  la  ./aille,  qui  est  un  nom  de 
terre  :  de  Gallia.  Gallia,  JaUia,  Jaille.  Gallia,  c'est 
la  maison  de  Gallus  et,  la  Jaille,  la  maison  de  Jau. 
Nous  avons,  en  Anjou,  deux  familles  illustres  du 
nom  de  la  Jaille. . , 

Hist.  —  A  l'établissement  des  boues  et  immon- 
dices de  «  la  Jaille  »,  route  d'Avrillé.  (Ang.  de 
Paris,  7  avril  1907,  2,  6.) 

Jâilleur  (Mj.),  s.  m.  — Vidangeur,  gadouard. 
Syn.  et  d.  de  Jâilloux. 

Jâilloux  (Mj.),  s.  m.  —  V.  Jâilleur. 

Jalai  (Z.  171,  Q.),  s.  m.  — Ancienne  mesure 
de  vin.  V.  Jalayée.  \\  Au  N.  d'Angers,  une 
jalettée,  pour  :  à  pleins  bords  :  «  Quée  jalet- 
tée  !  »  V.  Jallay,  jallaye.  —  Tient  p.-ê.  à  Jède, 
Jedée  —  donc  au  fr.  jatte  et  p.  ê.  à  Godet.  V. 
la  citât,  de  Littré  à  Jalosse. 

Jalayée  (Z.  171,  Q.),  s.  f.  —  Le  Quincéen 
évalue  cette  mesure  à  18  pintes.  ||  By.  — 
Jalettée,  un  plein  pot,  —  de  lait,  par  ex. 

Hist.  —  «  V»  Guedelle  :  «  Icellui  Jaquemart  dist 
au  suppliant  que  il  lui  devait  la  disme  de  trois 
jalois  de  guedelle.  »  (L.  C.) 

Jaler,  v.  a.  —  Jaler  avec  une  trole,  c'est 
frapper  avec  un  bois,  un  fouet,  sangler  qqn. 
(Segr.  —  MÉX.).  Cf.  Jâbler. 

Jalets  (Sep.),  s,  m.  pi.  —  Grande  liliacée 
appelée  ailleurs  Alets  et  Pirates. 

Jallai,  Jallaye.  —  V.  Jalai.  ||  Sal.  —  Forte 
seille  pour  porter  le  vin  nouveau  de  la  cuve  à 
la  barrique. 

N.  —  «  Mesure  de  vin.  La  coutume  de  Tours  : 
Et  tiendra  chacune  pique  36  jallays  ;  chacune 
jallay  de  12  pintes.  —  Celle  d'Orléans  :  Et  contient 
le  poinsson  12  jallayes  ;  et  chaque  jallaye  16  pintes.  » 
(MÉNAGE,  qui  cite  D.  C.  V"  Gallo.)  —  «  Contenu 
d'une  jale  :  «  Ge  donne  et  laisse  à  tousjours  mes 
aux  parroissiens  afïluans  chacun  an  en  l'église  de 
Juigné  au  jour  de  Pasques,  une  jalaye  de  vin. 
1382.  (L.  C.)  —  Jalleata.  (D.  C.)  —  Quand  j'allais 
à  Jallais,  j'allais  à  Jallais.  Dicton  popul.  »  (Mén.) 

Jalle  (Ti.,  By.,  Lrm.),  s.  f.  —  Engelure.  V. 

Geale. 

Jâlonnier  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Corde  qui 
raltache  l'extrémité  de  la  seine  au  morceau 
de  bois  vertical  qui  la  termine. (Poinçonnière?) 

Jâlosse  (Mj.),  s.  f.  —  Fîit  à  goudron  ou  à 
coaltar. 

Et.  —  Jallot.  Baquet  dans  lequel  on  coule  le  suif 
fondu  et  clarifié  par  l'acide  sulfurique.  —  De  Jale, 
espèce  de  grande  jatte  ou  de  baquet.  Même  rac.  que 
l'angl.  Gallon.  (Litt.) 

Jalousie  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Œillet  de 
poète.  Syn.  de  Louise. 

Et.  —  Jaloux.  L.  jelosus,  de  zelus,  zèle.  — 
Œillet  barbu.  (Litt.)  Dianthus  barbatus.  (Bat.) 


JAMAIS  —  JAQUETONXER 


49Î 


Jainais    (Mj.,    By.),    adv.   —   Pas,   point  ; 

négation.  Ex.  :  N'y  a  jamais  (Tamain,  —  n'y 
a  jamais  moyen,  —  il  n'est  pas  possible  de.  [j 
s.  m.  —  Ein  jamais  de  temps,  —  une  longue 
période,  un  temps  indéfini,  très  long.  Ex.  : 
A  m'a  fait  droguer  ein  jamais  de  temps  ;i 
l'attendre  (Mj.,  Tlm.).  Illy  a  ein  jamais  de 
temps  qu'on  ne  vous  avait  point  vu,  —  il  y  a 
une  éternité  que. . .  ||  C'est  jamais  vrai  !  — 
ça  n'est  pas  possible  !  Marque  la  surprise.  || 
Au  grand  jamais,  —  jamais  de  la  vie  (By.).  — 
Formules  superlatives.  (Ti.,  Zig.  203.)  Jamati- 
du  grand  jamais.  (Mj.),  Jamais  pour  jamais, 
jamais  au  grand  jamais.  Même  sens. 

Et.  —  Jà  et  mais  (niagis),  dans  le  sens  de  plus- 
Jà  plus. 

Jainbard  (Lg.),  adj.  q.  —  Qui  a  de  longues 
jambes.   ||  V.  Cuissart. 

Et.  —  Lat.  Gamba,  qui  est  dans  Végèce,  avec  le 
sens  de  :  jarret,  du  grec  kampè,  flexion,  courbure. 

Jambe  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Ça  me  fait  einc 
belle  jambe  !  —  Ça  m'avance  bien  !  |1  Jambes 
en  manches  de  veste,  ^  jambes  torses,  de 
manière  que  les  genoux  soient  écartés  et  les 
chevilles  rapprochées,  comme  les  ont  certains 
Dancroches.  C'est  le  contraire  des  jambes 
cagneuses.  Cette  expression  pittoresque  est 
d'une  justesse  saisissante  pour  qui  a  examiné 
la  forme  que  gardent  les  manches  d'un  habit 
longtemps  porté.  ||  Le  soulé  a  des  jambes,  — 
le  s.  lance  à  travers  les  nuages  de  longs 
rayons  divergents,  que  l'atmosphère  humide 
reflète,  formant  ce  qu'en  fr.  on  appelle  une 
gloire.  Il  Fig.  Estroppe,  corde  solidement 
fixée  par  une  de  ses  extrémités  à  une  pièce  de 
la  charpente  du  bateau,  et  ayant  à  l'autre 
extrémité  une  boucle  où  l'on  engageait  un 
des  bras  du  guindas  pour  en  enrayer  le  mou- 
vement lorsque  le  mât  ou  la  voile  étaient 
hissés.  C'était  un  mode  d'encliquetage  simple 
et  même  qq.  peu  sommaire.  ||  Jambe  de  force, 
—  étai,  étançon,  arbalétrier,  pièce  de  char- 
pente. Il  Dans  un  faux-manche,  partie  comprise 
entre  la  douille  et  la  poignée  la  plus  rappro- 
chée. Ex.  :  Mon  faux-manche  a  la  jambe  ti'op 
courte.  Il  Jeter  sa  jambe  au  chien,  —  marcher 
en  se  déhanchant  et  en  lançant  la  jambe  de 
côté.  Il  Jambe  à  Jules,  —  tige  de  bois  ou  de  fer 
qui  sert  à  dégager  un  conduit  de  lieux  d'ai- 
sances. —  Jules  doit  bien  ce  service  à  Tho- 
mas. Il  Mj.,  Lg.  —  Trouver  des  jambes,  — 
s'enfuir,  et  (p.ext.),  être  emporté,  être  volé. 
Ex  :  Mes  palourdes  ont  trouvé  des  jambes  ceté 
nuit. 

Jambe  de  bigiie  (Lg.).  s.  m.  Individu  l)oi- 
teux,  bancal.  Bigue  est  le  doublet  du  fr. 
Bique.  Cf.  Béguion,  Béguette,  etc. 

Jambe  (Lg.),  adj.  quai.  S'emploie  avec  les 
adv.  bien,  mal.  Ex.  :  Mal  jambe,  —  qui  a  de 
mauvaises  jambes,  ou  les  jambes  mal  faites. 

Jambée  (Mj.),  s.  f.  Pas.  enjambée. 

Jambcr  (Sp.),  v.  n.  —  Jouer  des  jambes, 
arpenter  le  terrain. 


Jambes,  s.  f.  — ""k  Lep'chaufournierl^a  soin 
de  garnir  les  jambes  du  four  en  ajoutant  des 
pierres  qui  servent  de  base  à  la  petite  voûte. 
(MÉx.). 

Jambette  (La.,  By.,  Mj.),  s.  f.  — "Croc  en 
jambe.  S'emploie  dans  l'expression  :  faire  la 
jamheKe,  —  passer  la  jambe.  ||  Petit  couteau 
à  manche  de  bois  et  à  lame  arrondie  du  bout  ; 
eustache  —  portant  à  l'extrémité  du  manche 
une  boucle  qui  sert  à  l'attacher  à  une  ficelle 
fixée  à  la  ceinture  du  pantalon  (Mj.,  By.). 

Et.  —  Dimin.  du  fr.  jambe.  Sans  doute  parce 
que  l'instrument  est  articulé  comme  une  jambe,  — 
et  que,  d'ailleurs,  il  coupe  comme  un  genou  (R.O.). — 
Le  manche  des  premiers  aiïectait  la  forma  d'une 
jambe.  (A.  V.)  —  Hist.  «  Pour  bailler  l'estrapade  à 
ces  vins  blancs  d'Anjou,  qui  font  la  jambette  collet 
à  collet,  à  la  mode  de  Bretaigne.  »  (Rab.,  P.,  ii, 
12,  145.)  —  «  Jehan  Robin  prist  ledit  Drouet  par 
la  chevessailie  en  soy  efforçant  de  luy  faire  la 
jainbete  et  le  faire  cheoir.  »  (L.  C.) 

Jambeyer,  v.  a.  et  n.  —  Marcher,  se  pro- 
mener ;  mesurer  une  longueur  par  le  nombre 
de  ses  pas.  Cf.  Jamboyer. 

Hist.  —  «  Ceulx  qui  sont  vestuz  en  chappe  de 
soye,  ne  doibvent  pas  aller,  ne  venir,  jamhayanl 
parmi  l'église.  »  {Cérémonial  de  Saint- Brieuc.  — 
L.C.) 

Jambion  (Z.  134,  Q.,  Ag.,  Sar.,  Sal.,  Mj., 
By.),  s.  m.  —  Courbature  ou  fatigue  des 
muscles  du  jarret,  à  la  suite  d'une  danse  pro- 
longée ou  d'une  ascension  pénible. 

N.  —  «  Dv.  Gange.  V°  Cambagno,  Cambajonus, 
Perna.  —  Jambon,  Chambion.  «  Toutes  les  ventes, 
tous  les  chambions  des  porqz,  et  toutes  les  langues 
des  grosses  bêtes,  que  on  tue  à  Tournus.  »  (1328.) 
—  De  l'anc.  Gaul.  chambe,  pour  :  jambe.  —  «  Oïe, 
oie  !  gémit-il,  j'ai  les  gambillons  et  mes  articula- 
tions refusent  le  service.  »  (A.  Theuriet,  Mon 
oncle  Flo.) 

Jamboiinean,  s.  m.  (^tj.).  —  Filet  de  porc. 
Ce  n'est  pas  le  sens  du  mot  fr. 

Jamboyer  (Mj.).  —  V.  Jambeyer,  v.  a.  — 
]\Iesui'er,  arpenter  par  jambées.  \\  Sar.  —  Mesu- 
rer un  terrain  au  pas. 

Hist.  —  «  Puis  se  gambayoit,  penadoit  et  paillar- 
doit  parmy  le  lict  quelque  temps.  »  (Rab.,  G.,  i, 
21,  40.)  —  N.  La  forme  employée  par  Rabelais 
tient  le  milieu  entre  le  pat.  Jamboyer  et  le  fr. 
Gambader,  dont  elle  a  plutôt  le  sens. 

Jappe,  s.  f.  —  Avoir  de  la  jappe  ;  être 
bavard.  Syn.  de  Babille,  Losse,  Fil. 

Japper  (Sal.),  v.  n.  —  Causer.  Se  dit  sur- 
tout lorsqu'il  s'agit  de  divulguer  des  nouvelles 

Jaquedale  (Mj.).  —  \'.  Jacquedale. 

Et.  —  Le  mol  pourrait  bien  être  le  même  que 
Joquard,  angl.  Jackdaw,  et  avoir  désigné  primiti- 
vement un  coq  ou  un  choucas.  Cette  suppos.  est 
corroborée  par  le  dipton  champtocéiais  :  Jacquedar, 
qui  mène  les  poules  pisser.  Syn.  de  Frise-poulet, 
Jacqiiot-  l'ignard. 

Jaqiietoiiiier  (Mj.,  Fu.,  By.),  v.  n.  — 
Bégayer.  Syn.  de  Àlacasser,  Bégasser,  Cacos- 
ser,  Bégicer.  Cf.  Haquetonner.  Dér.  de  ce  der- 
nier par  la  transformation  de  l'aspirée  en 


496 


JARBE  DE  BLÉ  -  JARS 


chuintante.   By.   —  Plus  souvent   :   Haque- 
tonner. 

Jarbe  de  blé,  s.  f.  —  Gerbe  de  blé. 

Hist.  —  «  Par  vo  perdi  ge  mon  froment, 
«  Ou  j'avoie  la  quarte  jarbe.  » 

(Rom.  de  BenarU  20425.)  —  I^.  C. 
—  «  Alelmus. . .  ducet  Monachis  partem  suam  vel 
bladi  vel  jarharum.  »  (D.  C.) 

Jarc  (Lg.),  s.  m.  —  Jars,  mâle  de  l'oie.  Sj^n. 
de  Godard.  \\  Laine  grossière  et  entremêlée 
de  poils  rudes  et  piquants.  Syn.  de  Jars.  Poil 
de  jarc.  Cf.  Troue    (k). 

Jardinage  (Mj.),  s.  m.  —  Produits  du  jar- 
din. Ex.  :  Vous  avez  du  parfait  beau  jardinage 
V.  Jardrinage.  Vieilli. 

Et.  —  Du  German.  —  Goth.  :  gards,  maison  ; 
aha.  Karto,  gardo  ;  ail.  Garten.  Le  lat.  hortus,  le 
grec  korthoç,  le  lat.  chors,  chortis  (cour  de  ferme), 
le  B.  L.  curtis  ;  le  fr.  la  cour,  sont  de  la  même 
famille.  Ce  qui  corrobore  notre  opinion  sur  les 
langues  sœurs  et  non  pas  filles  du  latin.  —  liist. 
On  ne  leur  osait  entamer  aucun  propos  d'amour, 
si-non  que  de  mesnagerles,  de  leurs  jardinages, .de 
leurs  chasses  et  oiseaux.  -<  (Brant.,  i,  110,  33.)  — 
«  Dit  la  ]\Iesse  parochiale,  fait  le  Prône,  se  retire  au 
Presbitere,  jouit  des  jardinages,  se  fait  payer  des 
prémices.  «  (Coust.  d' Anjou,  t.  II,  col.  866.) 

Jardiuière  (Bh.),  s.  f.  —  Courtillière,  taupe- 
grillon.  Par  conséquent,  syn.  exact  de  Cour- 
tillière, qui  vient  de  Courtil.  Syn.  de  Fumerole, 
Chien-de-terre,   Taupe- jardrinière. 

Jardrin  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  By.),  s.  m.  —  Jardin. 
Et.  —  Corr.  du  mot  fr.  par  épenthèse  d'un  r, 
comme  dans  le  fr.  Perdrix,  du  lat.  Perdicem  ; 
Chanvre,  du  lat.  Cannabim  ;  Trésor,  de  Thesau- 
rum,  etc.  Cf.  Sardrine,  pour  Sardine.  —  Mot 
vieilli.  —  Qqf.,  l'r  remplace  un  1  ;  coronel,  pour 
colonel.  —  Le  breton  a  pris  ce  mot  :  Jardrin. 

Hist.  —   «  Aveu  rendu  à  la  baronnie  de  Cha- 
lonnes. . .  par  René  de  la  Jumellière,  pour  son  hos- 
tel,   court,    douves,   jardrins   et   cloustures   de   la 
Jumellière.  »  (1455.  Ini>.  Arch.,  G.,  p.  14,  2.) 
—    «  Je  me  suis  adventuré, 

«  En  noz  jardrins  suis  entré.   » 

(Chanson  du  X]'"  s.  —  L.  C.) 

—  «  Item  une  croix,  ung  calice  d'argent  doré  et 
autres  joyaux,  que  aucuns  desd.  sieurs  du  Chapitre 
avoient  caché  en  un  certain  endroit  du  jardrin.  » 
(Ini'.  Arch.,  G,  U,  208,  col.  1,  1569.) 

—  «  Estre  es  jardrins  des  nymphes  Hespérides 
«  Et  ne  cueillir  nv  violettes  ny  fleurs.  » 

(G.-C.    BrcHKR,    146,    170.) 

—  «  Loin  des  jardrins,  vignobles  et  vergiers.  » 

(Id.,  257,  244.) 
— -  «  S'ensuit  le  marchié  fait  avecques  Jehan 
Patart  et  Jehan  Gaudin,  pour  le  grant  jardrin  du 
chasteau.  »  (1453.  ■ —  Marché  fait  par  MM.  de  la 
Chambre  des  Comptes  d'Angers,  pour  les  jardins  du 
roi  René  au  château  des  Ponts-de-Cé.  —  P.  Mak- 
cHECiAY,  p.  11.)  —  «  Le  6  novembre  en  la  présence 
du  magister  à  l'issue  des  vespres,  marchande  aux 
massons  de  Turcan  la  muraille  du  jardrin.  »  (1458. 

—  Inv.  Arch.,  G,  201,  2,  m.) 

Jardrinage  (Mj.,  St-P.,  Lg.,  By.),  s.  m.  — 
Culture  des  jardins.  1|  Ce  que  produisent  les 
jai'dins.  V.  Jardinage.  By.  —  Jardrinège. 

Hist.  —  «  L'on  commençoyst  fort  à  semer 
febves,  lins  et  autres  légumes  de  jardrinages.  » 
/15G4.  —  Inv.  Arch.,  E,  m,  304,  1.) 


Jardriner  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  By.),  v.  n.  et  a.  — 
Jardinai'. 

Jardrinier  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  Lue,  By.),  s.  m. 

—  Jardinier. 

Jargonner,  v.  n.  et  a.  —  Parler  confusé- 
ment. 

Et.  incert.  —  On  dit  :  Le  jars  jargonne,  pour 
exprimer  le  cri  de  cet  oiseau.  (Litt.)  —  1°  Chant 
des  oiseaux  : 

—   «  Il  n'y  a  beste  n'oyseau 

«  Qu'en  son  jargon  ne  chante  et  crie.  » 

(Charles  d'Orléans.) 
2    Argot.  (Villon.)  —  3°  Chiffre. 

—   «  Je  congnois  quant  pipeur  jargonne.    » 

(Villon.) 
—    «  Et  plus  causer  et  jargonner 
«  Qu'une    vieille     qui     teille.     » 

(Basselin.) 

Jargoiiin,  s.  m..  Jargon. 

Jargouinement  (Lg.),  s.  m.  —  Baragoui- 
nage. Syn.  de  Maragouinage. 

Jargouiner  (Cs.,  By.),  v.  n.  —  Parler  en 
jargon,  jargouin.  \\  Lg.,  v.  a.  et  n.  —  Bara- 
gouiner. Syn.  de  Maragouiner,  Ramagouiner, 
Jégronner,  Jâgrougner. 

Jarnusser  (Mj.),  v.  n.  —  Maugréer,  bou- 
gonner. —  Meilli.  —  Grommeler.  ||  Travailler 
beaucoup  et  avec  effort.  Syn.  de  Jaspiner, 
Jâgnoter,  Odigner,  Haricoter,  Bédasser(hrm.). 

—  Parler  à  tort  et  à  travers.      Cf.    Vernusser. 

Jarreter  (Mj.),  v.  a.  —  Entourer  d'une  jar- 
retière, la  jambe,  maintenir  avec  une  jarre- 
tière, un  bas.  ||  By.  Jarreteler,  se  jarreter,  — 
mettre  ses  jarretières. 

Et.  —  Jarret.  Celtiq.  ;  bret.  Gâr,  garr,  jambe. 

Jarretier  (Mj.),  s.  m.  —  Jarretière. 

Hist.  —  «  Aulcuns  des  moinetons  emportèrent 
les  enseignes  et  guidons  en  leurs  chambres,  pour  en 
faire  des  jartiers.  »  (Rab..  G.,  i,  57.)  —  «  Le  bon- 
heur des  Morin  était  grand  ;  leurs  succès  extraor- 
dinaires firent  dire  aux  campagnards  qu'ils  avaient 
le  Jarretier,  c.-à-d.  une  jarretière  qui,  selon  l'opi- 
nion superstitieuse  du  pays  (il  s'agit  de  Voutré, 
dans  le  Bas-Maine),  a  la  puissance  de  rendre  invul- 
nérable et  donne  une  puissance  surnaturelle.  " 
(Deniatj,  VI,  222.)  —  N.  Nous  n'avons  pas  connais- 
sance que  cette  croyance  existe  en  Anjou.  —  Pat. 
norm.  Guerquier. 

Jarreture  (^Ij.),  s.  f.  —  Ligature  qui  em- 
brasse et  réunit  au  moyen  d'une  hart,  ou 
rôrte  les  pointes  des  arçons  et  des  limandes. 

Jarrie  (Sp.),  s,  f.  —  Cépée,  touffe  de  bois 
dans  un  taillis.  —  Syn.  de  Coupée. 

Hist.  : 

«  Oh  !    long    di    gaudre    bourda    d'éuse 

«  Leissas  me  perdre  pensatiéu, 

«  Dins  li  garnis  et  dins  li  féuse 

«  Ounte  jouinas  iéu  me  perdiéu.    » 
(Oh  !  le  long  des  ravins  bordés  d'yeuses  —  Laissez- 
moi  me  perdre,  pensif,  —  Dans  les  cépées  et  les  fou- 
gères —  Où,  jouvenceau,  je  me  perdais  !  —  Mis- 
tral. Tiré  du  Monde  poétique,  n"  du  10  avril  1885.) 

Jars  (^Ij.),  s.  m.  —  Mâle  de  l'oie.  V.  Godard. 
Il  Laine  dure  et  grossière  qui  forme  certaines 
parties  de  la  toison  des  moutons.  [\  Portion  du 


JAR2EAU  —  JAUDAlS 


497 


lit  d'une  rivière  formant  un  haut-fond  semé  de 
rochers  et  de  pierres.  V.  Jarc.  \\  Lue.  — Courette 
devant  les  toits  à  porcs.  ||  (By.)  —  Français, 
au  sens  de  Mâle  de  l'oie.  Alors  il  se  prononce 
Jâ.  —  Au  sens  de  Portion  du  lit. . .  provenant 
d'une  accumulation  de  sable  ou  de  vase,  où 
poussent  des  herbes  aquatiques,  il  se  pro- 
nonce Jar,  a  bref.  —  C'est  surtout  le  Jar  de 
Reculée  qui  a  fourni  le  sable,  mêlé  d'abon- 
dants petits  coquillages  pour  faire  la  place 
Larochefoucauld-Liancourt.  On  se  rappelle 
les  importants  remblais  faits  par  déversement 
à  travers  la  levée  de  la  Haute-Chaîne.  Ce  jar 
s'était  produit  par  des  sédiments  au  confluent 
de  la  Sarthe  et  de  la  Mayenne.  |!  V.  F.  Lore, 
XI,  a. 

Et.  —  1°  Au  sens  de  mâle  de  l'oie.  Incert.  ;  p.-ê. 
le  scand.  Gassi,  qui  tient  à  l'ail.  (îans,  oie.  (Litt.)  — 
«  Nous  avons  à  choisir  entre  trois  étym.  :  a)  Un 
type  Jarg,  d'où  jargauder,  jargon,  mais  dont  la 
provenance  reste  obscure  ;  b)  Un  rad.  Gar,  revêtu 
d'un  s  nominatival  ;  c)  Un  rad.  Gas,  nordiq.  Grassi 
(d'où  jaser),  avec  insertion  d'un  r.  (Scheler.)  — ■ 
2"  Gros  gravier,  gros  sable.  Renvoie  à  Grouaille 
(Jaub.) 

Hist.  : 
—   «  Cil  (saint  Pierre)  desnoiet  devant  toz  et  se  dit: 
«  Ne  ni  sai,  ne  ni  n'entent  ce  ke  tu  dis. 
«  Si  issit  fuers  davant  la  cort, 

«  Se  chanteit  li  jas.  » 
{Fragment  de  la  Passion  selon  S.   Mathieu.)   L.   C. 
Suite  :  «  Lo  parax  (aussitôt)  quant  une  aultre  ancele 
(servante)    l'ot    veut...     Et    cil    encommençoit 
excommunier  et  jurier  ke  ju  ne  sai  ke  cist  hom  soit 
ke  vos  dites.  Maintenant  lo  parax  chanteit  li  jas. 
(Et  continue  Gallus  cantavit.)  —  Sous  la  Fronde, 
on  fit  ces  vers  contre  le  commandeur  de  Jars  -. 
«  Monsieur  le  commandeur  de  Jars 
«  Vous  plaisantez  à  toute  outrance, 
«  Mais  vous  discourez  comme  un  jars 
«  Qu'on  appelle  un  oison  en  France.  » 
Et  plus  anciennement,   Béroalde  de  Vervtlle 
avait  dit  :   «  Il  fit  mettre  une  oie  en  mue...  elle 
était  fille  du  jars  si  gras  qui  fut  mangé  à  Grenoble.  » 
(M.  de  parv.,  ch.  Lxxviii.)  D'où  jaser.  Voir  V lllus- 
tration  du  28  février  1857,  p.  139.  (De  Montess.)  — 
«  Les  bateliers  de  la  rivière  de  Loire  appellent  Jar, 
ou  Jart,  cet  amas  de  sable  ou  de  cailloux  qui  se 
forme   naturellement   et   qui,   résistant   contre    la 
rivière,  en  rejette  le  cours  de  l'autre  côté.  »  Orig. 
incert.  (Ménage.)  —  «  La  chaussée  est  recouverte  et 
s'entretient   en    cailloux    roulés,    espèce    de    silex 
connu  dans  le  pays  sous  le  nom  de  jars.    >  {Anj. 
Hist.,  6®  an.,  n"  2,  septembre-octobre  1905,  ]i.  127.) 

Jarzeau  (Mj.),  s.  m.  —  Mauvaise  herbe, 
ti'ès  seiulilable  à  la  jarosse,  commune  dans  les 
blés.  C'est  le  fr.  Gerzeau.  V.  Littré.  Pour 
Jarosseau,  dimin.  du  fr.  Jarosse.  Syn.  et  d. 
de  Jerzeau.  \\  V.  Poir;  à  crapaud  ;  vulg.  ^'esce. 
A  Segré  :  jarziau  (Mén.). 

N.  —  Jarosse,  Jaroufle,  Jarouge,  Jarousse.  D.  C. 
Jarossia.  —  (Litt.)  Lathyrus  cicera.  (Bat.) 

Jarzéler  (Lg.,  Sp.),  v.  n.  —  Produire  un 
bruil  sifllant,  être  sibilante,  en  pari,  de  la 
respiration.  Ex.  :  Ça  illi  jarzelle  sus  restomal. 
Syn.  de  Romionner,  V.  Roinion. 

Et.  —  Dér.  du  fr.  Jars,  avec  suff.  verb.  diniinut. 
—  On  sait  aue  les  jars  poussent  un  sifflement  assez 
ort. 


Jasper  (Pell.,  By.),  v.  n.  —  Syn.  de  Jaspi- 
ner. 

Jaspiner  (Mj.,  Lg.,  By.,  Sai.),  v.  n.  —  En- 
rager, marronner,  maugréer,  être  vexé. 
Il  S'épuiser  en  efforts  répétés  et  inutiles. 
Syn.  de  Jâgnoter,  Odigner,  Jarnuser,  Timori' 
ner,  Bédasser,  Vernusser,  se  Picasser.  \\  Mau- 
gréer. 

Jau  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Coq.  !]  Sp.  — 
Avoir  de  la  mine  comme  ein  jau  bouli,  —  être 
blême,  hâve,  jj  Ironiquement  :  Ein  beau  jau  ! 

—  un  joli  Monsieur  !  1|  Lg.  —  Manger  le  jau, 

—  terminer  les  batteries.  Autrefois,  en  effet, 
on  mangeait  un  coq  à  cette  occasion.  Mainte- 
nant, avec  les  machines,  tout  le  battage  d'une 
grande  ferme  se  fait  en  une  journée,  et  les  40 
ou  50  personnes  qui  y  sont  employées  ban- 
quettent comme  à  une  noce.  ||  Cf.  Joe.  \\  Tlm. 

—  Fig.  Robinet  servant  à  vider  un  fût.  Syn. 
de  Quenelle.  Ex.  :  Le  jau  est  au  cul  de  la  bar- 
rique. Et.  «  A  forma  rostri  et  cristae  galli 
gallinacei.  »  (Scaliger.  —  Ménage.) 

Et.  —  Lat.  Gallus.  —  Hist.  «  Les  faisoit  des- 
pouiller  devant  tout  le  monde  ;  les  aultres  danser 
comme  jau  sus  breze,  ou  bille  sus  tabour.  «  (Rab., 
P.,  n,  16.)  —  «  Qu'ils  sont  crestez  comme  petits 
coqs  ou  jolets  qui  ont  mangé  force  millet  le  soir.  » 
(Brant.,  d.  g.,  I,  56,  17.)  —  Le  11  dudit  mois  a 
esté  remise  la  croix  du  clocher  et  y  a  été  mins  un 
coq  ou  jau  pour  servir  de  guide.  (1596.  /ne.  Arch., 
E,  n,  211,  2.)  Il  «  Jau  ne  geline.  ->  1479.  —  «  Le 
quatrième  jour  de  février,  auquel  jou''  les  enfans  de 
l'esGolle  avoient  entreprins  pour  parfaire  leurs 
esbatements  de  la  jouste  des  jaulx,  d'aller  courir  la 
poulie  aux  champs.  »  (1482.  L.  C.) 
«  A  Nau 

«  D'un  pas  de  jau  ; 
«  Aux  Rois, 

«  D'un  pas  d'oie 

(ou)  «  D'une  aiguillée  de  soie  ; 

«  A  la  saint  Antoine, 

«  D'un  pas  de  moine, 

«  (ou)  D'un  repas  de  moine.  » 
Ces  dictons  indiquent  l'allongement  des  jours  à 
partir  du  21  décembre.  ||  Chanter  le  jau.  Chanter 
comme  un  coq  ;  se  dit  des  poules  qui  imitent  le 
chant  du  coq  ;  ce  qui  passe  pour  être  de  mauvais 
augure  ;  c'est  ce  que  les  Italiens  expriment  par  le 
V.  Gallugare.  ||  Œuf  de  jau.  —  Œuf  de  couleuvre, 
que  ce  reptile  a  déposé  dans  les  fumiers  de  basse- 
cour  et  qu'on  suppose  avoir  été  pondu  par  le  coq 
(jau).  Cet  œuf  produit,  dit-on,  la  cocadrille.  \\  Noms 
de  lieux-dits.  (Jaub.)  V.  la  note  à  J aille. 

.laucou,  —  coue,  —  coiix  (Li.,  Br.,  Lue, 
Tlm.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la  loc.  :  Ivraie- 
jaucoux,  —  sorte  d'ivraie  sans  barbes,  par 
oppos.  à  Ivraie-penoille.  N.  Au  Lg.,  on  dit  : 
De  la  jaucoux,  dans  le  même  sens  et  l'ivraie 
pénoille  s'appelle  simplement  :  ivraie.  H 
C'est,  prononcé  d'une  façon  abrégée,  le 
nom  commun  de  la  plante  :  Queue  de  cheval  : 
Ch'vau  coue  (de  la  Perr.) 

Jauciiler  (Ti.,  Zig.  151.),  v.  n.  —  Se  re- 
muer, s'agiter.  V.  Joguer. 

.laudais,  (Mj.),  s.  m. —  Nicodème,  balourd, 
individu  niais.  Syn.  de  yiguedouiUe,  Dédais, 
Colas,  Jeannot.  —  Nigaud,  jobard,  jocrisse. 
Cf.  Jaquedale.  V.  Jageais  (Jaub.). 


32 


498 


JAUGANE  —  JEAN 


Jaugane  (Mj.),  adj.  q.  —  Se  dit  d'une  poule 
dont  la  crête  et  ses  annexes,  très  développées, 
la  font  ressembler  à  un  coq.  De  Jau,  ou 
Joe. 

Jauge  (Sp.),  S-  f-  —  Cheville  de  fer  qui  se 
loge  dans  l'un  des  trous  espacés  le  long  de 
l'âge  de  la  charrue,  et  rattache  celui-ci  au 
hardier,  réglant  ainsi  l'avancement  de  l'âge 
sur  l'avant  train,  et,  par  suite,  la  profondeur 
du  labour.  V.  Jauger. 

Et.  —  Incert.  —  P.-ê.  le  vx  fr.  Jale,  Jalaie,  qui 
a  donné  Jalagium,  droit  de  jaugeage.  —  Tient  à 
Gallon.  (LiTT.)  —  ?  AH.  Galgen,  goth.  galga,  qui 
signifie  :  potence.  (Darm.)  —  N.  Pourquoi  pas? 
Pour  jauger  ou  bauger  un  conscrit  ne  le  fait-on  pas 
passer  sous  une  sorte  de  potence?  Le  sens  primitif 
peut  avoir  été  celui  de  Verge.  C'est  avec  une  verge 
que  les  douaniers  et  les  commis  d'octroi  mesurent  la 
capacité  des  futailles.  —  «  Se  un  jaugeur  jau^e,  et 
cil  qui  vende  ou  cil  qui  achate  se  doute  de  la  jauge 
qui  n'est  mie  droitement  jaugée,  rappeler  en  puet 
devant  un  des  autres  jaugeurs.  »  (Livre  des  Métiers.) 
—  Partie  de  la  charrue  :  «  Desqueles  charues  le 
supliant  print  et  emporta  les  ceps,  la  jauge,  deux 
chevilles  de  fer  et  la  tune.  »  (1386.  —  L.  G.)  — 
V.  Bauge.  —  Guauge,  gauge,  —  jauge,  mesure. 
Guauger,  gauger,  mesurer.  «  Il  avait  la  tête  aussi 
grosse  qu'un  tonneau  de  sept  muids,  les  yeux  gros 
comme  un  boisseau  de  gauge.  »  —  «  Pour  avoir 
fait  tout  de  neuf  et  de  potin  (mastic  de  vitrier  et  de 
peintre)  ce  qui  estoit  de  plomb,  c'est  assavoir  les 
pois  de  24  livres,  12  livres  et  6  livres,  servant  pour 
guaugerles  tonneaulx.  »  (Moisy.) 

Jauger  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  et  a.  —  Régler  la 
profondeur  du  labour,  Ventrure  du  soc,  en 
avançant  plus  ou  moins  la  perche  de  charrue 
sur  la  selle  de  l'avant  train.  C'est  le  mot  fr. 
dans  un  sens  spécial. 

Et.  —  Jauge,  ou  Gauge,  signifiait  en  premier 
lieu  une  verge  à  mesurer  et  a  pour  radie.  le  même 
Gai,  ou  Jal,  d'où  procède  Jalon,  perche  d'arpen- 
tage. Le  type  serait  Galica  ou  Jalica.  Quant  au 
radie.  Gai,  on  peut  le  rapporter  soit  au  bret. 
Gwalen,  perche,  ou  au  goth.  Valus,  bâton,  ou  enfin 
au  lat.  Valhis,  pieu,  échalas.  Cf.  Gaule.  (Scheler.) 

Jaugnero-e  (Mj.),  s.  f.  —  Petite  légumi- 
neuse  à  fleurs  roses  d'une  odeur  agréable,  dont 
les  racines  tuberculeuses  sont  sucrées  et 
bonnes  à  manger.  Syn.  de  Luzeau  et  Pois- 
joli.  Lathyrus  tuberosus  (Bat.). 

Jangroller  (Cho.,  Lg.).  v.  n.  —  Perdre  ses 
plumes,  se  déplumer,  en  pari,  d'une  poule. 
Dér.  de  Jau  et  de  Grolle. 

Jaulet  (Lg.).  —  V.  Jolet. 

Jaunâille.  V.  Rairée. 

Jaunard  (Mj.,),  adj.  q.  —  Jaunâtre.  Syn- 
de  Jaunasse.  Dér.  de  jaune  et  d.  de  Jaunâtre. 

Et.  —  Jaune.  L.  Galbinus,  jaune  verdàtre,  dér- 
de  Galvus,  jaune  ;  ail.  geib  ;  angl.  yellow. 

Jannassc  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Jau- 
nâtre. 

Jaunereau  (Mj.)  —  Renoncule  ou  Bou- 
ton d'or.  Il  Mj.  et  Lg.  —  Verdier,  oiseau. 
Syn.  de  Parse-jaune.  ||  Au  premier  sens, 
Bat.  donne  Jaunau,  Ficaria  ranunculoides. 

Jaunet,  s.  m.  —  Un  louis  d'or.  (By.). 


Jaunets  (Segr.),  s.  m.  pi.  —  Ajoncs.  Em- 
ployés pour  débouser  les  vaches,  enlever  le 
plus  gros.  Ce  qui  expliquerait  le  mot  :  Dé- 
peigne.  V.    Jean- Dépeigne. 

Jaunezir  °  (Lg.),  v.  a.  et  n.  —  Jaunir. 
Cf.  Mollezir,  Rapproprezir,  Aplatzir.  V.  Obser- 
vât, à  S. 

Jaunisse  (Sp.,  By.,  Mj.),  s.  masc.  —  Ex.  :  Il 
a  le  jaunisse. 

Jaupitrer  (Sb.),  v.  n.  —  Jouer,  s'amuser. 
V.  Jôpitrer,  Jupitrer. 

N.  —  Je  connais  une  famille  du  nom  de  Jau- 
pitre. 

Javard,  —  vart.  (Sar.),  s.  m.  —  Le  lézard 
vert.  Il  Lg.  —  Sorte  de  panaris  du  bout  des 
doigts.  C'est  le  mot  fr.  pris  dans  un  sens 
local.  —  V.  lavard,  Liavard. 

Javasse  (Sp.),  s.  f.  —  Femme  bavarde, 
qui  fait  des  commérages.  —  N.  Le  mot  a 
sans  doute  la  même  rac.  que  le  fr.  Jaboter. 
Syn.  de  Robote,  Pétasse,  Cacasse. 

Javeau  (Sp.,  Bl.),  s.  m.  —  Petit  paquet 
de  sarment.  Doubl.  masc.  du  fr.  Javelle. 

Et.  —  DiEZ  tire  Javelle  du  lat.  Capulus,  poignée, 
d'où  le  dimin.  Capellus,  ou  Capella.  C  =  g  ou  j. 
Ex.  :  Jambe,  Geôle.  (Litt.)  —  Daem.  suppose  une 
orig.  celt. 

Javelin  (Lg.),  s.  m.  —  Javelle.  Syn.  de 
Piron,  qui  est  aussi  employé  com.  à  Mj.  — 
Doubl.  masc.  du  fr.  Javeline. 

Javelle,  s.  f.  —  Sarment  coupé  et  séché, 
destiné  à  faire  une  jouée  (Slg.).  — Les  ouvriers 
des  ardoisières  placent  les  ardoises  en  ja- 
velle lorsqu'ils  les  placent  les  unes  sur  les 
autres,  d'après  leurs  grandeurs.  ||  On  dit  : 

«  Quand  il  pleut  sur  la  chandelle, 

«  Il    pleut   sur   la   javelle.    » 
C.-à.-d.,  s'il  pleut  le  jour  de  la  Chandeleur, 
il  pleut  à  la  moisson  (vendange  ?)  au  moment 
de  faire  la  javelle.   De  capulus,  poignée.    » 

(MÉN.). 

Je  (Mj.,  Sp.,  Lg.,  Sa.,  By.),  pron.  pers. 
sing.  —  Remplace  Nous,  toutes  les  fois  que  ce 
dernier  est  sujet,  et  précède  toujours  le 
verbe,  même  dans  les  phrases  interrogatives  : 
J'avons,  je  faisons,  je  mangeons  ;  j'érons-t-i  ? 
j'arions-t-i  ? 

Hist.  —  «  Pensez  à  vous,  ô  courtisans, 

«  Qui,  lourdement  barbarisans, 
«  Toujours  j'allions,  je  venions,  dites.  » 
(Henry  Estiexxe.  Du  langage  français  italianisé.  — 
\j.  C)  —  Voir,  dans  .Molière,  les  observât,  de 
Bélise  à  Martine.  Fem.  sav.  —  et  Génix,  Varia- 
tions du  langage.  —  «  Comme  j'étions  attentif  :  Et 
qui  somme-nous?  —  Je  somme  ce  que  je  somme, 
je  jouon.  —  Et  que  jouon-je?  —  Je  jouon  ce  que 
j'on.  —  Et  qu'on- jet  —  J'on  ce  que  j'on.  —  On-je 
en  jeu?  si  je  n'y  on,  j'y  fon.  Foin,  ces  Parisiens-ci 
me  troublent.  «(B.  de  la  Monnaye.)  —  N.  Semble 
être  une  contraction  de  deux  idées  :  eux,  vous  et 
moi,  j'étions. 

Je  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  L'n  jars.  Cf.  Jers. 

Jean  (Mj.),  s.  m.  —  Fig.  Nigaud,  qui  se 
laisse    mener    par    sa    femme.    —    Mari... 


JEAX-LE-BLAXC 


JEMEXT 


499 


trompé  ;  —  qui  n'a  point  d'enfants.  !|  A 
certains  jeux  de  cartes,  jeu  de  relais,  qu'un 
des  joueurs  peut  échanger  contre  le  sien.  On 
l'appelle  aussi  :  Petit-Jean,  ou  :    le  Mort. 

Et.  —  De  l'hébreu  Jéhovah,  —  est  clément. 
(LiTT.)  —  Cf.  Claude,  Thomas,  Benoît.  (Schel.)  — 
Hist.  «  Mais  c'est  ce  que  l'on  dit  que  le  Jan  en 
vault  deux,  et  Hercules  seul  n'osa  contre  deux 
combattre.  —  Je  suis  Jant  dit  Panurge.  —  Rien, 
rien,  répondit  Pantagruel.  »  (R.4b.,  P.,  m,  12, 
239.)  —  BÉRANGER  l'a  chanté  [Le  Sénateur). 

«  II    m'embrasse    au   jour   de   l'an, 

«  Il  me  fête  à  la  Saint- Jean.  » 

Jean-le- Blanc,  s.  m.  —  «  Espèce  d'aigle. 
Il  doit  son  nom  vulg.  de  Jean-le-Blanc  aux 
gens  de  la  campagne,  dont  il  visite  souvent  la 
basse-cour,  et  qui  l'appelèrent  Maître-Jean, 
parce  qu'il  venait  exercer  sans  leur  consen- 
tement les  droits  de  grand  seigneur,  et  choisir 
à  son  gré  les  plus  belles  pièces  parmi  leurs 
volailles.  Puis,  comme  Maître-Jean  avait  le 
ventre  fauve  et  de  couleur  blanchâtre,  il 
fut  désigné  sous  le  nom  de  Jean-le-Blanc.  » 
(Abbé  Vincelot,  76.) 

Jean-des-Bois  (Lg.),  s.  m.  —  Le  hibou.  Se 
dit  par  plaisanterie. 

Jean-cal  (Mj.),  s.  m.  —  Syn.  de  Jean,  au 
fig.  —  t!  Jean  foutre.  Homme  malhonnête, 
capable  de  tout,  hormis  du  bien.  V.  Jean- 
sucre. 

Jean  Dépeigne,  ou,  en  un  seul  mot,  Gen- 
dépeigue.  ^'.  A'ien,  Dépeigne.  Ajonc  (ou,  pour 
'Epine,  Epeigne-veignette  —  l'Epine-vi- 
nette.) 

Et.  —  Jan  est  sans  doute  mis  pour  Jonc,  et 
Dépeigne  pour  :  d'épine.  V.  Jaunets.  —  P.-ê.  pour  : 
Ajonc  de  peigne,  qui  sert  à  peigner?  !|  Jonc  à 
épine,  ajonc.  Dott.,  Pléch. 

N.  —  Il  y  avait,  à  Segré,  un  vieil  ivrogne  (le 
père  P.).  La  langue  lui  pelait  ;  il  s'en  arrachait  des 
morceaux  avec  son  couteau.  Il  disait  :  «  Il  me 
semble  que  j'ai  des  gendépeignes.  »  —  «  Oui,  des 
aïens.  »  —  Haguins. 

Jeandet",  Jeondet"  (Lg.),  s.  m.  —  Dimin. 
famil.  du  prén.  Jean. 

Jeanjean  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Homme  qui 
se  laisse  mener  ou  tromper  par  sa  femme. 
Réduplication  du  mot  Jean.  \\  Lg.  — ■  Xom 
de  famille. 

Jean  des  Loges  (Lg.),  s.  m.  —  Se  dit  dans  : 
Prendre  Jean  des  Loges,  —  décamper,  s'es- 
quiver. Syn.  de  Prendre  sa  décanche,  sa 
décampe,  la  discampette. 

Et.  —  Jeu  de  mots  sur  le  v.  Déloger  et,  sans 
doute,  sur  le  nom  de  qq.  habitant  d'une  ferme 
appelée  Les  Loges. 

Jeanneton  (Mj.,  By.),  n.  pr.  —  Pour 
Jeanne,  diminutif.  —  On  se  rappelle  les  vers 
de  Bérangp"  :  Et.  couronné  par  Jeanneton,  etc. 

Jeannetio  (Sp.,  Mj.).  Fig.  —  Homme  qui 
se  laisse  mener  par  sa  femme  ou  qui  s'occupe 
des  soins  du  ménage.  !|  Faire  la  Jeannette,  — 
faire  les  travaux  d'une  femme  dans  l'intérieur 
d'une  maison,  en  pari,  d'un  homme.  V.  Jean. 


Jeannoille,  jan-no-ille  (Sp.),  s.  f.  —  Le 
sens  propre  de  ce  mot  est  inconnu.  On  l'em 
ploie  seulement  dans  la  loc.  prov.  Fumer 
comme  une  jeannoille^  —  fumer  beaucoup  en 
parlant  d'une  cheminée  ou  de  l'intérieur 
d'une  maison.  Cette  express,  est  syn.  de 
Fumer  comme  des  écôbus,  cf.  ce  mot  et  Tau- 
pineau. 

Et.  —  Il  me  paraît  très  probable  que  le  sens 
propre  de  ce  mot  a  été  celui  de  :  feu  de  la  Saint- 
Jean.  V.  Jal'b.,  à  Jeannée,  Jouannée,  Jônée. 

Jeannot  (Lg,),  s.  m.  —  Soutien  du  Bâillaud 
dans  une  cheminée. 

N.  —  C'était  une  sorte  de  chandelier  rustique, 
composé  d'une  épaisse  rondelle  de  bois  formant 
pied  et  supportant  une  tige  de  bois  verticale  percée 
de  nombreux  trous,  dans  lesquels  on  fichait  le 
bâillaud  à  diverses  hauteurs.  A  Mj..  cet  ustensile 
était  inconnu  :  on  fixait  directement  le  bâillaud,  ou 
chandelier  à  rousine,  dans  les  trous  du  mur  de 
l'âtre.  Qqf.,  cependant,  une  planchette  trouée  et 
appliquée  à  demeure  le  long  de  ce  mur  remplaçait 
je  Jeannot. 

Il  Dadais,  nigaud.  Syn.  de  Jaudais,  Dédais, 
Colas,  Coco,  Pierrot,  Nicodème.  Cf.  Jean. 
Lg.  t.  final  muet. 

Hist.  —  «  Le  suppliant  lui  dist  :  Eudet,  vous 
avés  un  toreau  qui  hurte  les  gens  et  ne  osent  aler 
aux  champs  pour  luy  :  lequel  Eudet  luy  répondit  : 
As- tu  nom  Jehannott  Ouyl,  dist  ledit  suppliant, 
j'ay  nom  Jehannot  ;  et  ledit  Eudet  luy  dist  : 
Jehannot,  es-tu,  car  à  toy  n'en  appartient  de  riens, 
en  le  huchant  plusieurs  fois  Jehannot.  » 

Jean-sucre  (Lg.),  s.  m.  —  Forme  atténua- 
tive  pour  Jean-foutre,  ou  Jean-cul. 

Jeau  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Coq.  —  V.  Jau. 

Jède  (Mj.),  s.  f.  —  Jatte,  vase.de  bois  large 
et  évasé,  de  forme  quasi  hémisphérique,  dans 
lequel  les  ménagères  élaitent  le  beurre  et  le 
mettent  en  mottes.  ||  By.  —  Plus  souvent  : 
gidelle. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Jatte,  qui,  au  xvi«s.,  devait 
se  prononcer  Jade,  puisqu'il  avait  donné  le  dimin. 
Jadeau.  —  Littré  donne  Jale  dans  un  sens  iden- 
tique ou  très  voisin.  Il  est  facile  de  voir  que  notre 
mot  Jéde  forme  la  transition  entre  Jatte  et  Jale.  — 
Syn.  de  Jidellc.  —  Lat.  Gabata.  —  Hist.  «  Car  il  a 
les  yeux  rouges  comme  un  jadeau  de  vergue.  » 
(Rab.  g.,  I,  39.,)  —  «  La  préparation  et  la  conser- 
vation des  aliments  et  des  liquides  réclamaient  des 
marmites,  pots. . .,  jadeaux,  mazarines,  pâtissières, 
ponettes.  »  {La  Trad.,  p.  78, 1.  13.) 

N.  —  Notre  mot  Jède,  avec  son  diminutif 
Jidelle.,  tiennent  au  vx  fr.  Jadeau  et  au  fr.  actuel 
Jatte.  Tous  ces  mots  viennent  du  lat.  Gabata.  Il  y 
a  encore  un  autre  doublet  :  Jale,  que  donne  Littré 
avec  un  sens  très  voisin,  et  qui  n'est  qu'un  adou- 
cissemp-at  de  Jade,  prototype  de  Jadeau.  De  ce 
mot,  Jale  dérive  indubitablement  notre  mot 
angevin  Jalai  ou  Jallai,  mesure  de  capacité.  De 
plus,  Jède,  Jade,  Jale,  Jatte  ont  dû  avoir  un  autre 
doublet  :  Gode,  dérivé  comme  eux  de  Gabata,  et 
duquel  nous  est  resté  le  diminutif  Godet,  que 
Hatzkeld  ne  sait  à  quoi  rattacher.  (R.  O.) 

Jédée  (Mj.),  s.  f.  —  Jattée.   Le  contenu 

d'une  jède. 

Jenient  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Jument.  Beau- 
coup de  gens  prononcent  ainsi.  Cf.  Jeument 


500 


JENE  —  JIDELLE 


Et.  —  L.  JumenUim,  proprement  :  Bête  de 
somme  ;  particularisé  à  Cavale.  Gontract.  de  Jug- 
mentum,  action  de  lier,  de  joindre  ;  Jugum,  joug. 

Jéne  (Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Jeune. 
Et.  —  Lat.  Juvenis.  —  Hist.  {Rom.  de  la  Rose, 
8804.) 

«  Ains  li  faisoit  la  genne  dame 
«  Bien  entendant  et  bien  letrée.    » 
■ —  «  01  était  in  ptchit  jéne,  ine  manière  d'officier 
bé-n-habillé.    »    (H.    Bourgeois,    Hist.    de   la    G. 
Guerre,  p.  52.) 

Jener,  yéner,  v.  a.  —  Glaner  (Mb.). 

Jerdin,  s.  m.  —  Jardin. 

Jerdrin,  s.  m.  —  Jardin.  —  V.  Jardrin. 

Jers  (Sp.),  s.  m.  —  Jars,  mâle  de  l'oie.  Syn. 
de  Godard.  \\  Fig.  —  Faire  le  cou  de  Jers,  — 
se  dit  des  tiges  de  blé  qui  s'infléchissent  sous 
le  poids  de  Tépi  mûr.  Cf.  Je. 

Jerzeau.  V.  Jarzeau  (Lg.),  s.  m.  —  Mau- 
vaise herbe  de  la  famille  des  légumineuses, 
assez  semblable  à  la  jarrosse.  On  distingue  le 
grous-/er:;eau  et  le  \)Qiii- jerzeau,  ce  dernier 
appelé  aussi  :  luzette. 

Et.  — Voisin  du  fr.  Jarrose.  Complètement  difTé- 
rent  de  Gerzeau,  que  Hatzfeld  définit  :  la  nielle. 
Doubl.  et  syn.  de  Jarzeau.  —  Vicia  sativa.  (Dot- 
tin.) 

Jésus  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Faire  bon  Jésus, 
—  joindre  les  mains  d'un  air  pieux.  C'est  un 
des  premiers  gestes  que  les  mères  apprennent 
à  faire  à  leurs  petits  enfants.  Les  Ital.  disant 
dans  le  même  sens.  Far  Gesu  colle  due  mani. 

Et.  —  D'un  mot  hébreu  :  Sauveur. 

Jetée  (Sa.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la  loc. 
Porte  à  deux  jetées,  —  individu  faux,  fourbe. 
Syn.  de  Couteau  à  deux  laines,  Ficelle,  Sac  à 
diable. 

Et.  —  Lat.  jactus,  de  jacere,  jeter,  lancer.  — 
Dans  le  vx  fr.,  sens  de  :  lien,  jeton. 

Jeter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Se  jeter  à,  —  se 
mettre  avec  ardeur  à.  On  dit  proverbt  :  S'y 
jeter  comme  au  feu.  ||  Se  jeter  à  qqn, 
—  l'implorer.  ||  v.  a.  Jeter  sa  jambe  au 
chien,  —  faucher  en  marchant.  V.  Jambe, 
Chien.  ||  Jeter  des  pierres  dans  le  jardin  de 
qqn,  —  lui  décocher  des  allusions  mordantes. 
Il  Sp.,  Tlm.  Jeter  des  coups  de  pied,  —  lancer 
des  c.  de  pied. 

Et.  —  Lat.  pop.  .lettare,  —  altération  inexpli- 
quée du  lat.  class.  jactare. 

Jeton  (Sp.),  s.  m.  —  Rejet,  rejeton.  V. 
Jicton,  Chiasse. 

Jeu  (Mj.,  By.,  Ag.,  Sal.),  s.  m.  —  Jeu  de 
chien,  —  jeu  qui  tourne  mal,  qui  dégénère  en 
querelle,  en  rixe.  ||  Faire  du  jeu,  —  chercher 
à  amuser  un  petit  enfant.  1|  Faire  ou  donner 
bon  jeu,  —  amuser,  faire  rire.  Ex.  :  Il  m'a 
toujours  ben  fait  bon  jeu,  de  la  manière  qu'il 
a  ramené  ça  !  ||  (Lg.).  ■ —  Y  a  jeu  de  rire,  —  il 
y  a  de  quoi  rire.  ||  Avoir  du  jeu,  avoir  bon  jeu, 
"—  être  amusé.  ||  Entendre  le  jeu,  —  entendre 
la  plaisanterie.  1|  Fu.  —  Jeux.  —  La  Gavoche 
(à  Ang.  la  Gade).  Au  pied  de  la  Gavoche,  en 


avant,  du  côté  des  joueurs  est  un  trou  appelé 
le  Gô,  dans  lequel  on  met  l'enjeu,  le  tas 
d'épingles.  —  La  Trinée  (Traînée).  On  met 
des  sous  sur  la  Gavoche  ;  le  coup  de  palet  les  j 
éparpille  en  traînée,  et  les  joueurs  se  les  par-  S 
tagent,  d'après  la  position  sur  le  .sol  plus  ou 
moins  proche  du  palet  de  chacun.  —  La  Trée 
—  Le  Goret  —  La  Crosse.  V.  Folk-Lore,  vu. 

Et.  —  Lat.  Jocus,  pour  Diocus  ;  sanscr.  div, 
jouer.  Cf.  Jam,  pour  diam.  —  V.  Jâ. 

Jeu  d'eau  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Jet  d'eau 

N.  —  Il  y  a  ici  confusion  entre  les  deux  mots  : 
Jeu  et  Jet  ;  mais  il  convient  de  noter  qu'en  fr.  on 
dit  :  Faire  jouer  les  grandes  eaux. 

Jeudi  absolu.  —  Le  jeudi  de  l'Absoute. 
Voir  dans  D.  C.  Absolutionis  dies  ;  le  jeudi- 
saint. 

Hist.  —  Savez-vous  pas  que  le  C  est  la  tête  de 
Caresme,  et  A  est  le  col?  Otez  ledit  A  ;  le  col  sera 
coupé,  et  ainsi  il  demeurera  Cresme.  Le  corps, 
joint  à  la  tête  sans  cou,  est  tout  vif,  et  ce  à  la  catho- 
lique, d'autant  que  le  Jeudi  absolu  on  fait  le 
Cresme.  »  (Béroalde  be  Verville.) 

Jeument  (Lg.),  s.  f.  —  Jument.  Syn.  et  d. 
de  Jenient. 

Jeune  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Faible,  en 
pari,  d'une  pesée.  Ex.  :  La  demi-livre  est  ein 
peu  jeune.  \\  Jeune  temps,  —  jeunesse.  Ex.  : 
Dans  mon  jeune  temps,  le  monde  vivait 
mieux  qu'ast'heure.  V.  Jéne. 

Jeunesse  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Jeune  fille.  |1 
Jeune  bête,  surtout  de  l'espèce  bovine.  Ex.  : 
Ils  ont  ben  des  jeunesses  dans  ceté  ferme-là.  — 
La  jeunesse  se  vendait  ben  à  ceté  foire.  || 
De  jeunesse  —  dès  l'enfance.  Ex.  :  Faut  avoir 
appris  ça  de  jeunesse,  —  la  tendre  enfance. 
Ex.  :  :  Ça  se  disait  comme  ça  dans  ma  petite 
jeunesse. 

Hist.  —  «  De  jeunesse  ils  apprenoyent  à  estre 
tesmoings.  »  (Rab.,  P.)  — V.  Jaub.  Citation. 

Jeut'  (Sp.),  s.  m.  —  Jeu. 

Ji,  s.  m.  —  Jet,  rejeton,  pousse  d'un  arbre  ; 
scion.  —  El  ji,  —  le  gît.  ||  By.  —  î  long.  On 
dit  aussi  r'jî  (jet,  rejet).  V.  Jit. 

Jicler  (Mj.),  v.  n.  —  Jaillir.  Ex.  :  Le  sang 
jiclait  à  pus  d'un  pied  loin.  —  ||  By.  —  Jiler, 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Jaillir  et  du  pat.  GHer  -.  du 
lat.  jaculare. 

N.  —  Privât  Deschanel  et  Focillon  {Dict. 
des  Sciences)  indiquent  Giclet  comme  nom  vulg. 
de  l'Ecbalium  élastique.  On  sait  que  le  fruit  de 
cette  petite  curcurbitacée,  en  se  détachant  de  son 
pédoncule,  se  contracte  et  fait  jaillir  au  loin  les 
graines  et  le  suc  amer  dont  il  est  plein. 

Jicton  (Lg.,  Mj.),  s.  m.  —  Petit  jet,  petite 
pousse  d'arbre.  —  Dim.  du  pat.  Jit.  Syn.  et 
d.  de  Jeton  ;  syn.  de  Chiasse,  Jiton,  Guesson. 

Jictionner  (M].),  v.  n.  —  Pousser  des  rejets 
au  pied,  en  parlant  d'une  plante.  Syn.  de 
Jitonner,  Jitouner,  Chiasser,  Guesser. 

Jidelle  (Pell.,  By.),  s.  f.  —  Syn.  et  dim.  de 
Jéde. 


JIGOURÉ  —  JOGUETER 


501 


Jlgouré  (Sa.,  By.),  s.  m.  —  Pui'in.  Syii.  et 
(i.  de  Jigoiirit,  syn.  de  Juin,  Suint,  Pus. 

Jigourif  (Mj.),  s.  m.  —  Purin,  urine  sor- 
tant des  étables  ou  des  fumiers.  Syn.  de 
Jigouré,  Juin,  Suint,  Pus,  Pureau,  Gingouret. 
Il  Sal.  —  Liquide  épais  de  fruits  écrasés. 

Et.  —  P.-ê.  pour  Jus  de  Gourit. 

Jiler  (By.),  v.  a.  et  n.  —  Seringuer,  jaillir. 

—  Le  sang  jile  d'une  coupure  d'artère.   V. 
GUer. 

.linguer  (By.),  v.  n.  —  Remuer,  jouer.  Ex.  : 
J'avions  toujours  jingué  ensemble.  —  Jouer 
en  se  bousculant.  ||  Lue.  —  Jouer  com.  font 
les  enfants,  les  petits  animaux.  —  Autre 
forme  de  Giguer,  Ginguer. 

Jipon,  s.  m.  —  Jupon. 

Et.  —  Arabe  Djoubba,  veste  de  dessous.  (Darm.) 

Jiqiiet  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Hoquet.  Syn.  de 
Hiquet,  Loquet.  —  Mj.,  Sal.  : 

—  J'ai  le  jiquet. 

—  Qui  l'a  fait. 

—  C'est  Jésus. 

—  Je  n'I'ai  plus.  — 

Jirù".  —  V.  Girie. 

Jit  (Mj.),  s.  m.  —  Jet,  rejet,  pousse  d'un 
arbre.  Préférable  à  Ji.  t  muet. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Jet,  anc.  fr.  Ject.  Il  est  pro- 
bable que  ce  mot  se  prononçait  autrefois  Jict, 
puisqu'il  a  donné  le  dimin.  Jicton. 

Jite  (Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Taillis  d'un  à  deux 
ans. 

Ex.  : 
«  Voulez-vous  venir  z  avec  moi  dans  la  jite, 
«  Voulez-vous  venir  z  avec  moi  dans  ce  bois.  » 
{Chansons  pop.) 

\\  Jet,  pousse,  jeune  branche  (Lg.).  Cf. 
Jaub.  à  GiTTE,  citation. 

.ïiton  (Lg.),  s.  m.  —  Jet,  rejet  au  pied  d'une 
plante.  Syn.  de  Jicton,  Chiasse,  Guesson.  — 
Dimin.  de  Jit. 

Jitonner  (Lg.,  Tini.),  v.  —  \\  Jitounen 
Jictonner. 

Jitonner  (Lg.),  v.  n.  —  Pousser  des  rejets. 
Tallei'.  Syn.  de  Chiasser,  Guesser.  De  Jitnn. 

mut  (Fu.,  Zig.  196),  V.  a.  —  Jeter.  Cf. 

Sujillc 

.l'ium  (lîy.),  prononc.  de  Genou. 

.lô  (By.,  Lrm.,  Sal.),  s.  m.  —  Pour  Joe  : 
Les  poules  sont  à  jô.  \\  Jô,  coq.  Jau.  \\  Th.  — 
On  appelle  aussi  Jô  le  clef  d'une  cannelle. 
V.  Jâille,  Jau. 

•loaniict-eltt'  (Lue),  adj.  q.  —  Précoce,  en 
pari,  des  fruits,  de  récoltes.  |j  Œnanthe  pim- 
pinelloides.  On  dit  aussi  Jouannette,  rappe- 
lant l'époque  de  la  Saint-Jean  (Mén.,  By.). 

—  V.  Jouanet,  pour  plus  d'explications. 

Job  •  (IMj),  s.  m.  —  Bateau  de  la  Maine. 
Syn.  de  M  ai  nier. 

N.  —  Muni  d'un  fort  guindas  à  l'arrière  pour  le 
passage  des  portes,  à  fond  très  épais  et  à  levée  por- 


tant deux  cornes  pour  retenir  les  cordes  de  hâlage. 
L'espèce  en  a  presque  disparu.  ]|  Lg.,  Tlm.,  Sa.  — 
S'emploie  dans  l'express.  :  Monter  le  Job,  —  mon- 
ter le  coup,  monter  un  bateau,  duper,  tromper. 
C'est  probablement  un  mot  d'argot.  Toutefois, 
puisque  le  Job  est  un  bateau,  on  peut  voir  là  une 
traduction  littérale  de  l'express,  fr.  :  Monter  un 
bateau  (R.  0.).||  By.  —  Inconnu  comme  nom  de 
bateau  surles  rivières  formant  la  Maine.  Sur  la  Sarthe 
etsansdoutesu  la  Mayenne  (vuigairementlaMaine), 
on  avait  le  Jau.  C'était  une  très  grosse  corde,  dite 
aussi  Corde  à  quoue,  servant  à  descendre  les  portes. 
Un  marinier,  dans  sa  galiote,  ou  niole,  tenait  le 
jau  très  solidement  amarré  au  pieu  d'amont  ;  ce 
jau  se  défilait  doucement  à  l'arrière  de  la  gabarre  et, 
quand  on  sentait  que  le  bateau  était  bien  cndrémé, 
on  faisait  amener  le  Jau.  —  On  criait  :  Amène-té, 
jau  !  —  La  porte  de  Morannes  était-elle  particuliè- 
rement difficile  à  descendre,  ou  les  gens  du  pays 
aimaient-ils  à  plaisanter?  Il  paraît  que  la  locution  : 
Jau  de  Morannes  était  usitée  parmi  les  mariniers. 
De  là  (?)  Job  de  Morannes,  pour  :  jobard  comme  à 
Morannes.  Mais  je  ne  vois  pas  bien  la  concordance 
des  idées.  —  Voir  Job  '■'. 

Job  S  n.  c.  —  Niais,  nigaud.  —  Job  de 
Morannes.  —  C'est  la  femme  à  Job  (pour  dire 
qu'elle  est  acariâtre).  Les  Jobs  passent  pour 
avoir  attaché  au  clocher  une  corde  afui  de 
déplacer  l'église.  (Mén.). 

Hist.  —  «  Il  aura  plus  tost  conquis  ce  qu'il 
prétend,  avec  un  mot  bien  couché. . .  que  par  ser- 
vir et  faire  le  mignon  longtemps,  qui  est  l'office 
d'un  jobe  ou  caillette.  (Noël  du  Fail.) 

Joe  S  s.  m.  —  V.  Choc. 

Joe  "■'  (Mj.),  s.  m.  —  Coq. 

Et.  —  Un  certain  nombre  de  personnes  pro- 
noncent ainsi  notre  mot  Jau,  qui  est  la  vraie  forme 
et  la  plus  employée.  Il  ne  faut  voir  dans  le  c  final 
que  la  consonne  d'appui  chère  à  nos  compatriotes. 
Le  plus  souvent,  c'est  la  dentale,  ici  c'est  la  guttu- 
rale, mais  toujours  une  forte. 

Joculer  (Z.  151  —  écrit  jauculer),  v.  n.  — 
Remuer,  se  donner  du  mouvement. 

Jo(l.  s.  m.  (Segr.).  —  Potiron.  La  soupe  de 
jod  (Mén,).  Syn.  Palourde,  Citron. 

Jodelle  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Oiseau  aquatique, 

sorte  de  poule  d'eau.  —  N.  C'est  sans  doute 
l'oiseau  connu  à  Sp.  sous  le  nom  de  Jôserelle. 
—  Cf.  Judelle.  Foulque.  V.  Canard. 

Jôgiierotte  (Mj.),  s.  f.  —  Gesse  tubéreuse, 
lathyrus  tuberosus.  Cf  Jagnerole.  —  Petite 
légumineuse  à  fleurs  roses  d'une  odeur 
agréable,  dont  les  racines  tuberculeuses  sont 
sucrées  et  bonnes  à  manger. 

Joguer  (Mj.),  v.  n.  — Faire  danser  son  cava- 
lier, en  pari,   d'un  cheval.   On  chante  aux 
enfants,  en  les  faisant  danser  sur  les  genoux  : 
«  Jogue,  jogue,  mon  chevau, 
«  J'érons  demain  à  Morvault.  » 
Aller  au  petit  trot,  trottiner.  C'est  l'angl. 
to  Jog,  to  Joggle,  même  sens. 

Et.  —  Doubl.  de  Chauchcr,  et  du  fr.  Chevaucher. 
Cf.  Jaub.,  à  Jauger,  Jaucher. 

Jogiieter,  Joquetor  (I^g.),  v.  n.  —  Jouer 
dans  les  assemblages,  sonner  la  ferraille.  Se 
dit  d'une  charrette  disloquée,  d'un  méca- 
nisme usé. 


502 


JOIE   DE  MARIAGE  —  JOTTE 


Et.  —  Diminut.  et  fréquent,  de  Joguer.  Le  sens 
primitif  a  dû  être  :  aller  cahin-caha. 

Joie  de  mariage  (Mj.,  Tlm.,  Lg.),  s.  f.  — 
Flambée,  feu  de  bourrées,  vif  et  bref.  Syn.  de 
Foute,  Rigalée,  Rigaillée,  Baulée.  —  Courte 
joie? 

Joindre  (Mj.),  v.  n.  —  Joindre  à,  —  at- 
teindre à.  Ex.  :  J'arais  ben  bu  ein  coup  à  la 
fontaine,  mais  je  ne  pouvais  joindre  à  l'eau 
—  Syn.  de  Ranger  à,  Jûtre.  Avère  donc  le 
pot  qui  est  sus  l'armoire.  —  Je  ne  sarais  illy 
joindre.  Syn.  de  Ajoindre. 

Joindii  (Lg.),  part.  pas.  Joint. 

Joint  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Faire  le  joint,  — 
s'adapter  exactement,  convenir  précisément, 
faire  juste  le  compte.  !l  Trouver  le  joint  en 
pari,  d'une  affaire  difficile  à  résoudre.  (By.). 

Joinvif.  —  Le  pont  de  Montreuil-  Bellay. . . 
était  fondé  sur  une  simple  plate-forme  de 
madriers  joinvifs  sans  pilotis  ni  grillages.  » 
(Anj.  hist.,  6<î  an.,  n"  2,  septembre-octobre 
1905,  p.  134.)  —  P.-ê.  Jointif. 

Jolet  "  (Lg.),  s.  m,  —  Cochet,  jeune  coq- 
Syn.  de  Coquereau.  Dimin.  de  Jau.  Devrait 
s'écrire  Jaulet. 

Jonc  (Sa.),  s.  m.  —  Sorte  d'énorme  cou- 
leuvre d'eau,  longue  de  plus  d'un  mètre  et 
mesurant  5  à  -6  centimètres  de  diamètre  ; 
plus  grande  que  le  Suceron.  Cf.  Serpente. 

Joncer  (Mj.,  Li.,  Br.),  v.  a.  —  Garnir  de  jonc, 
le  siège  d'une  chaise  (le  rempailler).  Syn.  de 
Fesser,  Foncer,  Corder.  —  Distinct  de  : 
pailler.  —  N.  Le  jonc  des  chaisiers  est  le 
scirpe  des  étangs.  Il  sert  également  aux  ton- 
nelliers.  (By.)  —  Joncher. 

Hist.  —  «  En  la  chambre  entre  ou  li  gonc  sont 
joriciés.  »  (L.  C.) 

Joncliée  (Lue),  s.  f.  —  Claie  ou  paillasson 
de  jonc  ou  de  guinche  pour  faire  égoutter  les 
laitages. 

Hist.  —  «  ...  Il  est  du  debvoir  d'offrir  la  crème, 
le  laict  espais,  le  formage  en  jonchée  et  aultres 
choses  semblables.  »  (Brun,  de  Tart..  Philand  . 
345.) 

Jonchère,  s.  f.  —  Botte  de  joncs.  —  Fais- 
ceau de  jonc  dont  les  enfants  se  servent  pour 
se  soutenir  sur  l'eau.  (Méx.). 

Joncliets  (By.),  s.  m.  —  Jeu  où  l'on  se  sert 
de  pailles. 

N.  —  Les  premiers  jonchets  lurent  de  petits 
brins  de  jonc. 

Jonc-marin  (Mj.),  s.  m.  —  Statice  armeria, 
petite  plante  d'ornement  dont  on  fait  des 
bordures.  Bat.  Gazon  d'Olympe. 

Jonquière  (Mj.),  s.  f.  —  Pré  bas  et  humide 
où  il  pousse  des  joncs. 

Jopettes  (By.),  s.  f.  pi.  —  Sorte  de  bé- 
quilles, reposant  par  le  pied  sur  chaque  côté 
du  futreau,  et  jointes,  à  leur  partie  supérieure, 
par  une  corde,  sur  laquelle  repose  une  extré- 
mité du  bâton,  Iuvrou.'  ir-.-;  ni"-,ln^ii;v;  (''tjTbli^-^pnt 
leur  cabane. 


N.  —  Autrefois,  les  pêcheurs  couchaient  dans 
leur  fûlreau.  Us  n'avaient  guère  d'autre  habitation 
pendant  la  saison  de  pêche.  Cet  usage  est  moins  ' 
fréquent  aujourd'hui,  cependant  ils  ont  assez 
souvent  l'occasion  de  le  mettre  en  pratique.  Le 
soir,  alors,  ils  faisaient  la  cabane  et  pouvaient  vivre 
en  nomades  dans  leur  cantonnement.  Ils  tendaient 
leur  voile  en  forme  de  toît  sur  un  bâton  (gaffe),  qui 
portait,  à  l'ajrière,  sur  un  petit  pieu, fourchu, 
appelé  pontonnier,  et  était  maintenu  à  l'avant  sur 
des  jopettes,  appareil  consistant  en  deux  bâtons 
reliés  par  une  corde  emboîtant  à  moitié  le  bâton,  et 
s'appuyant  par  leur  pied  fourchu  sur  chaque  bord 
du  bateau.  Èa  voile  était  nouée  sous  la  quoue  du 
fûlreau  et  tendue  serrée  à  l'aide  de  commandes 
(c'mandes).  ou  cordes  passant  dans  les  trous  du 
bord.  —  Jopettes  est  employé  comme  syn.  de 
béquilles,  —  et  béquilles  comme  syn.  de  :  échasses 
(quelquefois,  pas  toujours). 

Jôpitrer  (Mj.,  Lg.),  v.  n.  —  Folâtrer  faire 
du  tapage.  |i  Batifoler.  Syn.  de  Gouinccr. 
Corr.  de  Jupitrer,  qui  lui-même  dér.  de  Jupi- 
tar.  V.  Jaupitrer.  \\  Se  battre  pour  rien. 

Joquard  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Corneille, 
choucas,  corbeau. 

Et.  —  Cf.  angl.  JackdaVï%  choucaé.  Le  mot  angl. 
et  Choucas  sont  probablement  notre  mot  Joquard. 
Quant  à  celui-ci.  il  pourrait  bien  dériver  de  Joe, 
coq.  Cf.  J arquedale  ou  Jaquedale. 

Joqoeter  (Lg.),  v.  n.  —  Jouer  dans  sa 
douille,  en  parlant  d'un  manche  d'outil. 
Jouer  dans  leurs  a.ssemblages,  en  parlant  des 
rais  ou  des  pièces  qcques  d'une  charrette, 
d'une  herse,  etc.  Syn.  de  Berloquer. 

José  (Lg.),  n.  pr.  —  Joseph,  vieilli.  V.  Joson. 

Jôselle  (Lg.),  s.  f.  —  Petit  échassier  aqua- 
tique, p.-ê.  la  sarcelle.  Syn.  de  Jôserelle, 
Judelle,  Jodelle. 

Jôserelle  (Sp.),  s.  f.  —  Oiseau  de  marais, 
plus  gros  et  moins  délicat  que  la  poule  d'eau, 
noire  comme  elle  avec  une  tache  blanche  au 
front.  C'est  probablement  \^  Judelle.  Syn.  de 
Jôselle. 

Joson  (Mj.),  s.  m.  —  Dimin.,  plutôt  iro- 
nique du  prén.  Joseph.  V.  José. 

Jote  (Sp.),  s.  f.  —  Grosse  joue.  Doubl.  du 
fr.  Joue,  dér.  comme  lui  du  lat.  Gauta.  || 
Ravenelle.  Syn.  de  Ravoyon,  Rosse,  Sarvante 
de  curé.  —  Raphanus  raphanistrum  (Bat.). 

Joté  (Mj.),  adj.  q.  —  Qui  a  de  grosses  joues, 
ou  le  maxillaire  inférieur  très  dépeloppé  laté- 
ralement en  pari,  des  personnes.  \\  Qui  a  de 
grosses  bajoues,  en  pari,  de  certaines  poules. 
V.  Jote,  Joiereau.  Cf.  Jottad  (breton)  soufflet. 

Jotereaux  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  plur.  —  Oreil- 
lons, inflammation  de  la  parotide.  De  Joie.  — 
On  dit  encore  :  Jottereaux,  Jettereau.z  ;  MÉx. 
l'écrit  :  Gétro.  —  Syn.  de  Eripeaux,  Goumons, 
Oripeaux. 

Hist.  —  «  Pour  le  chancre,  le  goitre,  les  (lux  de 
sang,  les  migraines,  les  jottras  (oreillons),  les 
dartres...  >.  (La  Trad.,  p.  256,  1.  8.)  —  Sal.  — 
Ressemble  aux  orchis  des  boutons  d'or.  —  Bou- 
ton d'or,  avec  ses  orchis. 

.lotte  (Sp.).  s.  f.  —  Ravenelle.  V.  Joie. 


JOUAILLOX  —  JOURNAL 


503 


Et.  —  «  Un  des  noms  vulgaires  de  la  bette.  De 
Joue.  Gabata.  jatte?  contract.  Gauta  ;  bas-bret. 
Gaved.  (Litt.)  —  Quel  rapport  avec  joue  !'  !| 
Sinapis  arvensis  (Mén.),  que  Bat.  nomme  Russe, 
Rosse,  Reusse. 

Joaaillon,  s.  m.  —  Celui  qui  aime  beau- 
coup le  jeu,  de  cartes  ou  autre,  et  qui  joue 
très  mal.  «  Quel  jnuaillon  qu'tu  fais  !»  Syn. 
de  Jouasse. 

Jouanet,  ette.(Auv.)  V.  Joaneile,  adj,  q.  Pré^ 
coce.  N'est  autre  qu'un  diminut .  de  celte  vieille 
forme  Joenne,  et  un  doubl.  du  fr.  Jeunet.  H 
Des  pois  joiianets.  N.  Cet  adj.  s'emploie  à  Mj., 
mais  seulement  pour  qualifier  certaines 
pommes  de  terre.  On  dit  :  des  patades  joua- 
nettes,  ou  simplement  des  Jouanettes.  Ce 
n'est  pas' le  nom  du  tubercule,  mais  son  qua- 
lificatif. —  Syn.  de  Primaud,  Prime. 

Hist.  —  «  On  appelle  ainsi,  en  Touraine,  les  feux 
de  la  Saint-Jean  (Johannes),  que  nous  appelons,  en 
Anjou  :  chalibaudes.  »  (Méxage.)  —  «  On  devrait 
p.-è.  écrire  Johannet,  puisqu'il  est  d'usage  de  qua- 
lifier ainsi  surtout  les  légumes  ou  les  fruits  qui 
mûrissent  à  la  Saint- Jean,  ainsi  que  les  terres  sur 
lesquelles  on  fait  des  récoltes  à  cette  époque.  » 
(De  Montess.)  —  «  Conopodium  denudatum,  petit 
tubercule  bon  à  manger,  que  l'on  trouve  auprès 
des  haies  ;  petites  pommes  di  terre  précoces,  dont 
le  fond  des  j'eux  est  coloré  en  bleu  violacé  ;  — 
pomme  de  terre  en  général.  »  (Dott.)  —  Le  roi 
Louis  XI)  avait  «  un  chapel  de  coton  en  sa  tête, 
que  moult  mal  lui  séait.  pour  ce  qu'il  était  alors 
joenne  homme.  «  (Citât,  de  Joixville.  —  J. 
BoDix,  R.  //.,  I,  340.)  Ici,  le  sens  est  Jeune. 

Jouasse  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Qui  aime  à 
jouer,  à  s'amuser  comme  un  enfant.  ||  Sp.,  s. 
f.  —  Jouereau,  grimelin,  mauvais  joueur.  — 
Syn.  de  Jouaillon. 

Jouasser  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Jouer,  s'amu- 
ser comme  une  personne  peu  sérieuse.  ||  Sp.  — 
Grimeliner,  jouer  petit  jeu,  ne  pas  jouer  cor- 
rectement. Il  Badiner,  folâtrer,  jouailler. 

Jouasserie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Jeu,  en  mauv. 
part.  Cf.  Jouerie. 

Jonc  (Mj.,  Lg.,  Sal.,  Ssl.,  My.,  Chpt.),  s.  m. 

—  Juclioir,  perchoir.  Corr.  de  Juc.  —  Cf. 
Angl.  Juke  —  et  Juc,  dans  Jaubert.  ||  Z.  142. 

—  Le  joue,  —  poulailler,  mais  plus  spéciale- 
ment le  juclioir.  «  A  joue  »,  perché  sur  le 
juchoir. 

Et.  —  De  jugum,  perche  mise  en  travers.  — 
(Parlant  d'un  avocat  qui  francisait  le  latin)  :  «  Il 
usoit  qqf.  de  si  rudes  termes  que  les  poules  en 
fussent  tombées  du  joug.  »  (Des  Perr.,  i.  p.  102.) 

—  Non  de  jugum,  mais  du  holland.  hukken,  ou  du 
goth.  juck,  fourche,  support.  (G.  de  G.) 

Joucailler  (Sp.,  Tlm.,  Bl.),  s.  m.  —  Pou- 
lailler. De  Joue,  Jouquer.  Syn.  de  Poulaillerie, 
Volailler. 

Joue  à  uiouclies,  s.  m.  —  Senecio  jacobsea. 
\'.  .foc  à  mouches  (Mén.).  Bat. 

Joucquer  (Sal.).  —  V.  Jouquer. 

Joue.  —  «  Si  qqn  a  une  joue  j^lus  grosse 
que  l'autre,  on  dit  qu'il  est  de  Joué  et  non  pas 
de  Gonnord.  »  (Méx.).  —  Doux  localités  de 
l'Anjou, 


Et.  —  Joue  ;  de  Gabata,  écuelle  ;  B.  L.  Gavata, 
contr.  en  Gauta  (cf.  parabola,  paraula,  parole). 
Le  rapport  logique  entre  Jatte  et  Joue  est  conforme 
à  ces  comparaisons  bizarres  que  fait  le  peuple 
entre  certains  objets  et  les  parties  du  corps.  — 
Cf.  Tête,  de  Testa,  tesson  de  pot.  —  Fiole,  Gourde, 
etc. 

Jouer  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Jouer  de  son 
reste,  —  jouir  de  son  reste. 

Jouerie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Jeu,  en  mauvaise 
part.  «  En  velà-t-i,  eine  belle  jouerie  f  »  —  Cf. 
Décossirie,  V.  Jouasserie. 

Jouettes,  s.  f.  —  «  Endroits  particuliers  où 
les  enfants  s'amusent  ;  un  trou  dans  la  terre 
est  une  jouelte.  »  (MÉx.) 

N.  —  Jouette  de  lapins,  —  l'endroit  où  les  la- 
pins ont  gratté.  —  En  Norm.,  terriers,  petits  en- 
foncements pratiqués  dans  le  sable  par  les  lapines 
pour  mettre  bas. 

Joug  (Lg.),  s.  m.  —  Ustensile  servant  à 
porter  les  seaux  d'eau.  C'est  une  barre  de 
bois  aplatie  qui  s'applique  sur  le  dos  et  sur 
les  deux  épaules.  Une  échancrure  embrasse  le 
cou,  et  deux  cordes  munies  de  crochets,  atta- 
chées aux  extrémités,  soutiennent  les  seaux 
qui  sont  suspendus  à  droite  et  à  gauche.  — 
Ùl.  Courge.  !|  Se  dit  qqf.  pour  Joue,  juchoir. 

Jouir  (By.),  v.  n.  —  Venir  à  bout  de,  en 
pari,  d'un  enfant,  p.  ex.  :  «-On  ne  peut  en 
jouir,  de  ceté  queneau-là  !  » 

Et.  —  L.  Gaudere.  —  Génev.  Gaudir  de  qqn.  en 
venir  à  bout.  —  Norm.  «  Cette  poutre  est  lourde, 
mais  j'en  jouirai  bien,  —  je  viendrai  bien  à  bout 
de  la  porter.  »  (Litt.)  —  L.  pop.  Gaudire.  —  Pro- 
vincialisme, Gaudir. 

Jouque,  s.  m.  pour  Joue.  (Li.,  Br.). 

Jouquer  (Mj.,  Lg.,  SU.,  BL,  Ssl.),  v.  n.  — 
Jucher,  percher.  —  De  Joue.  —  Pat.  norm. 
Juquer. 

Hist.  —  «  Il  ne  nous  laissa  mie  ci  joquer  longue- 
ment. »  (L.  C.) 

Jour  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  De  jour,  en  jour' 
sus  jour,  pendant  le  jour,  jl  De  vue  et  de  joun 

—  nendant  qu'il  fait  jour.  ||  Jour  sus  semaine, 

—  jour  ordinaire,  jour  ouvrable.  ||  De  clarté 
de  jour,  —  pendant  qu'on  y  voir  clair.  ]|  Au 
jour,  —  à  l'aurore,  à  l'aube.  I|  Lg.  —  Percer 
jour  à  jour,  —  complètement.  Syn.  de  :  De 
travers  en  travers  ;  de  part  en  part  (souv.  pro- 
noncé :  parque).  ||  Etre  en  tous  les  jours,  — 
être  revêtu  de  ses  habits  de  tous  les  jours,  par 
oppos.  à  :  être  en  dimanche,  ou  endimanché. 

Et.  —  Lat.  Di)irnus,  de  dius  (conservé  dans  : 
sub  dio)  :  Dies  aurait  donné  Diernus. 

Journal,  s.  m.  (Lue,  By.).  —  Mesure  agraire 
valant  à  Laval,  Craon,  Châteaugontier, 
52  ares  72  ;  à  Mayenne,  Landivy,  48  ares  ;  à 
Ernée,  Lassay,  40  ares,  83.  (Dott.).  —  De 
Diurnalis.  —  V.  Jour. 

(Tis.)  —  Mesure  agraire  de  6  a.  60  c,  soit 
15  à  rh<M"tare.  C'est  exactement  la  boisselée 
à  Montjean.  ||  By.  —  7  et  10  boisselées,  pour 
les  terres  labourables  (15  bois.selées  àl'hftct.). 


504 


JOURNALIER   -  JUXE 


Journalier  (Lg.,  By.),  adj.  q.  —  D'humeur 
variable,  capricieuse,  fantasque  ;  quinteux.  || 

Journalière  (Sa.),  s.  f.  —  Sorte  de  herse 
munie  de  mancherons  et  dont  les  dents  se 
terminent  inférieurement  par  une  lame  hori- 
zontale et  triangulaire.  C'est  la  Trimballe  de 
Montj. 

Journau  (Lg.,  Sp.),  s.  m.  —  Journal.  —  En 
revanche,  on  dit  très  bien  :  des  journals.  Cf. 
Chevau,  Mau,  Marichau.  Assez  usité. 

Jonrnean,  s  m  —  Corvée  d'un  jour  de  tra- 
vail ;  —  mesure  agraire  V.  Journal  —  Jour- 
née. 

Journée  (Mj.),  s.  f.  —  :\Iesure  de  compte 
qu'employaient  les  anciens  mariniers  (fin 
du  xviiie  siècle  et  commencement  du  xixe) 
pour  évaluer  leurs  livraisons  de  chaux.  L.-'. 
journée  de  chaux  était  de  96  ceverées,  soit 
8  douzaines.  ||  Lg.,  Tlm.  —  Mettre  à  la 
journée,  ajourner  —  un  conscrit.  ||  Etre  à  la 
journée,  —  être  ajourné.  —  Probablement 
pour  :  l'ajournée,  jeu  de  mots  commun.  V. 
Jean  des  Loges,  etc. 

i^Hist.  —  Dans  le  livre  de  comptes  de  François 
Trottier,  maître  marinier  à  Chateaupanne.  que'jje 
possède,  et  qui  va  de  1781  à  1820,  je  lis  entre 
autres  mentions  :  «  En  prerial  lan  12«™-  jay  charge 
sept  journée  quatre  vingt  quatre  sevrée  qui  fait 
766  s.  «  N.  Il  y  a  une  petite  erreur  ;  cela  ne  faisait 
que  756  ceverées.  (R.  0.) 

Journélier  (Mj),  s.  m.  —  Journalier. 

Jouse  (Mj.,  Lg.),  V.  a.  —  Subj.  prés,  du  v- 
Jouer.  —  Ex.  :  Si  je  voulons  gangner,  faut 
que  je  jousions  mieux  que  ça. 

N.  —  Cette  forme  à  s  épenthétique  n'existe  pas 
dans  les  autres  verbes  en  ouer.  Il  faut  remarquer 
encore  que  :  jousions,  jousiez  sont  emplovés  aux 
deux  prem.  pers.  plur.  de  l'imparf.  de  l'indicatif. 

Joute,  s.  f.  —  «  Eau  chargée  des  principes 
astringents  du  tan,  servant  à  la  conservation 
des  filets  des  pêcheurs.  Rac.  Jus,  suc.  On  dit 
Juter,  rendre  du  jus.  »  (Mén.). 

N.  —  «  Jusée,  Eeau  acide  qu'on  emploie  dans  les 
tanneries  pour  faire  gonfler  les  peaux  et  aider  à 
leur  débourrement  et  qui  provient  de  la  macéra- 
tion dans  l'eau  de  l'écorce  de  chêne,  déjà  épuisée 
parle  tannage.  »  (Darm.)  ; 

Jouvrier,  adj.  q.  (Xuaillé).  —  Ouvrable,  en 
pari,  d'un  jour  de  la  semaine.  On  disait  :  un 
jour  jouvrier.  —  Le  mot  est  tombé  en  désué- 
tude. —  Contraction  des  2  mots  fr. 

'  Jubé,  s.  m.  —  Sorte  de  galerie  ou  de  galetas 
dans  une  église. 

N.  —  Dans  l'ancienne  église  de  Mj.,  devenue 
beaucoup  trop  étroite  pour  la  population  à  l'époque 
(1864)  où  elle  fut  désaffectée,  on  avait  dû  cons- 
truire au-dessus  de  la  grande  porte  et  dans  deux 
j^iles  trois  de  ces  jubés  ou  greniers.  —  Sens  diffé- 
rent du  français. 

Juc  (Auv.),  s.  m.  — Juchoir,  perchoir.  Syn. 
de  Jonc. 

'^'Hist.  —  «  Et,  quand  tout  étoit  couché,  il  s'en 
alloit  au  juc  et  vous  prenoit  tantôt  un  chapon, 
tantôt  une  poule.  »  (Bon.  des  Pekk.,  Contes,  156.) 


Jugé  (Mj.,  By.),  part.  pas.  —  Saisi,  hagard 
Il  Jugé  à  pendre,  —  consterné,  démonté.  — 
Dans  le  m.  ss  on  dit  aussi  simplement  :  Jugé. 
—  Stupéfait,  abattu  par  la  peine.  «  T'as  l'ar 
jugé,  mon  pouv'  gas  !  » 

Juge  à  l'eau  (Segr.,  By.),  s.  m.  —  Rebou- 
teur  examinant  les  urines.  V.  Jugeux. 

Jugeotte  (Lé,  Mj.,  By.),  s.  f.  —  Judiciaire, 
jugement,  bon  sens.  «  Eh  !  ben  oui,  c'est  moi 
qu'a  trouvé  ça  dans  ma  petite  jugeotte.  » 

Juge  de  paix  (Mj.),  s.  m.  —  Solide  gourdin  ; 
permission  de  minuit. 

Jugeurs.  —  \'.  Juge  à  Veau. 

Jugeux  (Mj.),s.  m.  —  V.  Eau,  Juge  à  l'eau. 

Juiï  (Mj.),  s.  m.  —  Pingre,  avare.  |!  Pioche 
ayant  d'un  côté  une  large  lame  et  de  l'autre 
deux  cornes.  Syn.  de  Bicorne,  Louette. 

Juin  (Bg.,  By.,  Pell.),  s.  m.  —  Purin.  — 
Juin  de  fumier.  Syn.  de  Jigourit,  Jigourc, 
Suint,  Pus,  Pureau,  Jingouret.  Sal.,  id.  — 
idée  d'eau  mal  propre.  Ou  Suin. 

Juivresse,  s.  f.  —  Femme  juive. 

Jules  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Pot  de 
chambre,  syn.  de  Thomas  (non  plus  nom 
propre,  mais  mal  propre).  V.  Jambe. 

Julot  °  (Lg.),  s.  m.  —  Dimin.  famil.  du 
prén.  Jules. 

Jumelles  (Mj.),  s.  f.  pi.  —  Pièces  du  pres- 
soir. 

X.  —  Dans  les  anciens  pressoirs  à  casse-cou, 
c'étaient  deux  fortes  pièces  de  bois  verticales  et 
parallèles,  fixées  à  environ  un  pied  l'une  de  l'autre 
à  la  tête  du  pressoir.  Elles  étaient  percées  d'une 
série  de  trous  correspondants  où  l'on  passait  une 
forte  cheville  qui  maintenait  un  des  bouts  de  la 
grosse  poutre  servant  de  levier.  On  abaissait  cette 
cheville  en  relevant  le  levier  au  préalable,  au  fur 
et  à  mesure  que  le  cep  s'écrasait  sous  la  pression. 

Hist.  —  «  Il  y  a  eu  une  réparation  entière  du 
pressoir  avec  des  jumelles  neuves.  »  (1729.  —  /nv. 
Arch.,  E,  n,  351,  1.) 

Jument  (Mj.),  s.  f.  —  La  grand  jument 
blanche,  —  la  gelée  blanche,  les  frimas.  |1 
(Mj.,  Lg.).  La  grand  jument  noire,  —  la  loco- 
motive (By.). 

JunFertier,  s.  m.  —  Boiteux,  ou  Guineber- 
tier,  q  ii  marche  de  travers.  (MÉ>'.) 

Jui.e  (Ti.,  Zig.  159),  adj.  q.  —  Jeune,  peu 
âgé.  V.  Jène. 

Jûne,  s.  m.  Jûner,  v.  n.  —  Jeiine,  jeûner. 
Cf.  Leune.  Contract.  du  mot  fr.  —  On  dit 
aussi  :  Déjiiner.  A  noter  que  ces  deux  mots 
ont  vieilli,  et  l'on  ne  dit  plus  :  Jûne. 

Hist.  —  G.-C.  Bûcher,  130,  p.  158. 

((  Hz  ne  sont  pas  de  nos  poules  communes.  .  . 

«  Ce  sont  des  œufs  ponnuz  entre  deux  lunes, 

«  Dont  le  moyeul  est  de  telle  efficace 

«  Qu'Amour  s'en  paist  et  en  casse  les  jeusnes.  >. 

N.  —  L'exemple  cité  n'a  rien  de  probant.  En 
effet,  Jeusne  y  rime  avec  Lune  et  Commune. 
Dans  une  autre  citation,  au  mot  Parsonnier,  on 
verra  Lune  rimant  avec  Aucune.  Mais,  en  pat.,  on 


] 


JUNQUER  —  K 


505 


dit  indifféremment  Leune  et  Lune,  Commeune  et 
Commune,  Aucune  et  Auqueune,  comme  on  dit 
Jeûner  et  Jûner.  Il  me  semble  que  la  seule  conclu- 
sion à  en  tirer,  c'est  qu'il  en  était  de  même  au 
XVI»  s.  (R.  0.) 

Junquer  (Z.  157,  153,  Ti.),  v.  n.  —  Faire  du 
bruit  en  jouant  ;  jouer,  s'amuser  bruyam- 
ment. V.  Jinguer.  \\  By.  —  Jinguer.  Transi- 
tion entre  ce  mot  et  Joguer. 

Jupitar,  —  ter  (Mj.,  Lg.,  Sal.),  s.  m.  — 
Enfant  turbulent,  brise-tout.  V.  Jôpitrer, syn. 
de  Lucifar,  Lion. 

Et.  —  C'est  le  lat.  Jupiter,  le  nom  du  roi  des 
dieux  et  du  maître  de  la  foudre  et  de  la  tempête, 
employé  métaphoriquement.  ^  «  Ju-pitar,  —  le 
Ciel,  père.  —  xvi«  s.  —  Juppin,  polisson  ;  de  juper, 
jupper,  crier.  (Litt. )  —  «  Les  gens  du  commun 
s'imaginent  souvent  atteindre  au  style  noble  en  se 
servant  de  termes  étrangers  qu'ils  ne  comprennent 
pas.  C'est  ainsi  que  Molière  fait  dire  plaisamment 
pas  Gros-René  à  Marinette  : 
«  Crocodile  trompeur,  de  qui  le  cœur  félon 
«  Est  pi.T  qu'un  satrape  ou  bien  qu'un  Lestrygon.  » 
{Dépit  amour.,  V,  1.)  —  P.-ê.  emprunté  à  la  loc. 
suiv.  :  ((  Trait  de  Jupiter.  —  terme  de  charpentier. 
—  Mode  d'assemblage  de  {)outres  entées  l'une  au 
bout  de  l'autre.  Cette  coupe  de  bois  imite  assez 
bien  les  traits  en  zigzag  sous  lesquels  on  figure  la 
foudre.  »  (Jaub.) 

.lupitrer  (Sp.,  Sal.),  v.  n.  —  Jouer  avec 
turbulence.  V.  .Jôpitrer.  \\  Sal.,  en  se  prenant 
C  rps  à  corps. 

Jupper  (Lue).  —  Appeler  en  criant.  Syn. 
de  Hoper,  Houper. 

Hist.  —  «  Li  Escot  fisent  entre  mienuit  et  jour 
si  grant  bruit  de  corner  de  leurs  grans  cors  tous  à 
une  fié,  de  jupper  apriès  tous  à  une  voie  que  il 
pooit  sambler  as  Englès  que  ce  fuissent  tous  les 
diaubles  d'enfer.  »  (Froissart.)  —  Huer.  (L.  C.)  — • 
Icellui  Alain  oy  en  un  huis  cifïler  deux  ou  trois  fois, 
et  lors  il  commença  à  jupner  ou  huer.  «  (1397.  — 
D.   C.) 

Jurer  (Mj.,  By.).  —  Crier  contre,  v.  n.  — 
Se  dit  des  oiseaux  irrités.  Ex.  :  La  pie  a  pus 
juré  après  moi,  pendant  que  je  dénigeais  son 

nid  !   » 

Jureur,  s.  m.  ^  Nom  que  l'on  donna  aux 
prêtres  assermentés,  intrus.  Syn.  de  Trulon. 

Hist.  —  i(  Ceux  qui,  séduits  par  les  jureurs  ou 
leurs  adeptes,  se  laissaient  entraîner  dans  le  che- 
min de  l'erreur.  »  (Déniait,  Ilisi.  de  la  Vendée,  i, 
L^5.)  —  «  Le  plus  grand  nombre  de  ces  malheu- 
reux prêtres  jureurs,  par  une  impénétrable  justice 


de  Dieu,  moururent  dans  des  sentiments  plus  ou 
moins  défdorables.  »  [Id.,  vi,  160.) 

Jureuv  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Jureur,  blas- 
phémateur. 

Jus"  (à)  (Lg.).  —  Hermétiquement.  Ex.  : 
Il  avait  la  goule  fermée  à  jus.  —  V.  Juste. 

Et.  —  C'est  l'a.  adv.  jvis,  lat.  jusum,  qui  signi- 
fiait :  en  bas,  détourné  de  son  sens.  —  Cf.  Jusant, 
descente  de  la  marée. 

Jusqu'à  ci,  loc.  adv.  —  Jusqu'à  aujour- 
d'hui. By.  —  Huch'  qu'à  aujord'hui. 

Jusqu'à  tant  que  (Mj.),  loc.  conj.  —  Jus- 
qu'à ce  que.  Ex.  :  11  ne  durera  pas,  jusquà 
tant  que  je  le  douêne.  V.  Jaub.,  citât,  de  Ron- 
sard. Il  Lg.  Jusquà  cest  que,  —  même  sens.  || 
By.  —  Huch'  qu'à  temps  que. 

Juste  (Mj.,  By.).  —  A  juste,  loc.  adv,  — 
Juste.  Ex.  :  La  porte  prend  ben  à  juste.  Cf. 
Jus.  —  N.  On  prononce  souv.  Jusse.  — 
Comme  de  juste,  —  comme  il  est  juste. 

Justin  (Lg.),  s.  m.  —  Sorte  de  justaucorps 
que  les  femmes  portaient  autrefois.  Ce  vête- 
ment ne  se  voit  plus,  et  le  mot  n'est  guère 
qu'un  souvenir  presque  oublié. 

Hist.  —  «  J'avais  des  lettres  cousues  dans  la 
doublure  de  mon  Justin.  »  (H.  Bourgeois,  Hist.  de 
la  G.  Guerre,  p.  167.) 

Jutée  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Quantité  abon- 
dante de  jus. 

Juter  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Suinter,  s'humec- 
ter de  jus.  Se  dit  surtout  des  pipes  qui  con- 
densent la  fumée  de  tabac. 

Jûter  (Lg.).  —  V.  Jûtre. 

Jûtre  (Lg.),  V.  n.  —  Atteindre,  toucher. 
Ex.  :  Je  peux  pas  illi  jûtre,  oui  est  trop  haut. 

Et.  —  Doubl.  du  fr.  Jouxter.  Pour  la  tcrmin.  V. 
Boutre.  —  Syn.  de  Ranger,  Joindre,  Jûter. 

Juun  (Mj.,  By.),  s.  m.  =—  Juin.  N.  Au  suj. 
du  changement  de  in  en  un,  cf.  Pruntemps. 

J'va  (By.),  s.  m.  —  Prononc.  vicieuse  de 
cheval. 

J'veux  (By.),  s.  m.  —  Pron.  vie.  de  che- 
veux. —  «  Il  a  du  toupet,  mais  guère  de 
j'veux  »,  prov.  —  Quand  une  personne  em- 
ploie souv.  la  loc.  :  Si  je  veux,  on  dit  :  si 
/'  veux  (six  cheveux),  ça  ne  fait  pas  une  forte 
perruque  !  »  (Dott.). 


k: 


OBSERVATIONS 

Prononci.-vtiox.  —  Beaucoup  de  mots,  inscrits 
sous  cette  lettre,  pourraient  être  écrits  par  Q,  Qu, 
ou  même  C. 

Jaubert  dit  :  «  Equivalent  graphique  du  C  dur 
et  de  Que,  dans  le  vx  fr.  L'Académie  elle-même 
y  a  recours  pour  représenter  la  prononciation  de 
certains  mots.  Ex.  :  Cueillir.  —  Nous  avons  em- 
ployé assez  fréquemment  la  lettre  K  dans  le  môme 


but,  surtout  quand  la  prononciation  est  sèche  et 
brève  :  l'emploi  du  K  est  même  indispensable  [)Our 
les  mots  OÙ  il  y  a  interversion  des  lettres  rc,  dans  la 
syllabe  initiale  Cre,  qui  fait  alors  Ker,  Keur  ; 
cresson  (Kerson)  :  crever  {Keun'er). 

.(  Dans  d'autres  moLs  il  y  a  interposition  eupho- 
nique du  son  affaibli  de  l'e  muet.  Ex.  :  Kerier 
(crier). 

Il  Si  l'on  voulait  indiquer  un  degré  de  plus  dans 
l'affaiblissement    du    son,    il    faudrait    substituer 


506 


RAILLER   -   L 


l'apostrophe  à  la  lettre  e,  et  l'on  écrirait  :  K'rver, 
K'rier. 

«  Remplace  le  t  dans  la  prononciat.  de  la  syll- 
il  faisant  partie  d'une  diphtongue  ;  Amitié,  fait 
Amikié,  ou  Amiquié. 

«  Ker,  Keur,  prononc.  de  la  syll.  init.  Cre.  Voir 
obs.  à  Ber. 

Kailler,  v.  a.  —  Kaille-ioi  vers  le  rivage, 
pour  :  dirige-toi,  —  vers  la  chaussée,  le  quai. 
Terme  de  marine.  (Méx.).  V.  Queiller.  \\  By. 
Keiller. 

Kékcékça?  —  Kcétickça?  Kçammféti?  — 
Les  étrangers  ont  sans  doute  dansleurs  langues 
des  agglutinations  de  mots  de  ce  genre.  Mais 
ils  doivent  être  désorientés  en  nous  enten- 
dant prononcer  les  sons  baroques  ci-dessus, 
pour  :  Qu'est-ce  que  c'est  que  cela?  Que 
c'est-il  que  cela?  Qu'est-ce  que  cela  me  fait?... 
Il  By.  Kiékcékça. 

Kekéye  (Ag.),  s.  f.  —  Sentir  la  kékéye,  la 
viande,  en  parlant  d'un  chat  qui  cherche  à 
ouvrir  un  panier,  un  sac.  Et,  des  gens  :  «  Il 
aime  la  kékéye,  —  Je  certifie  l'authenticité  de 
ce  vocable.  V.  Quéquée. 

Kelle,  s.  f.  —  Meule  de  chanvre  à  rouir 
dans  une  rottière.  V.  Quelle.  \\  By.  —  Tielle, 
jamais  kelle. 

Kenaille  (Do.),  s.  f.  —  Cf.  Queneau.  Fille 
du  commun,  domestique.  —  V.  Keneau. 

Keneau  (Do.),  s.  m.  —  Enfant.  Queniau. 

Herté,  ée  (Li.,  Br.,  Ag.,  By.),  —  adj. 
q.  —  Mis,  habillé.  —  Velà  eine  petite  fille  ben 
mal  Kertée.  Pour  :  Querter. 

Kervée  (Fu.),  s.  f.  —  Grande  quantité,  foule. 
«  La  Kervée  du  Marilais.  «  Souvenir  des  pèle- 
rinages. 

Kervon,  s.  m.  (My.).  ■^-  Buon  à  l'huile  qui 
doit  alimenter  le  Crésot.  (Méx.). 

Keute,  Kutc  (Mj.),  s.  m.  —  Jeu  de  cache- 
cache.  Il  Jouer  à  Keute,  — •  jouer  à  cache- 
cache.  Il  Faire  Keute,  ou  Kute,  —  allonger  la 
tête,  se  m.ontrer  à  demi  hors  d'une  cachette. 
Syn.  de  Loup,  Loup-cache.  Doubl.  et  Syn  de 
Kute.  Il  By.  —  Kute,  kiute. 

Et.  —  Du  grec  Keuthô?  Peu  vraisemblable. 

Hist.  —  «  Là  jouoit  :  Au  flux,  à  la  prime . . . ,  à  la 
c£t«e-cache.  (Rab.,  G.,  i,  22,  44.) 

Keuter  (Mj.),  V.  n.  —  Syn.de  Faire  Keute.  \\ 
Se  Keuter,  v.  réf.  Se  cacher,  se  dissimuler.  ||  By. 
Se  Kuler  (kiuter),  Keuter,  pour  kieuter,  veut 


dire   chercher   (quêter,   chercher  de  côté   et 
d'autre). 

Ke vielle  (Li.,  Br.),  s.  f.  —  L^ne  kéviche  est 
une  natte,  une  tresse. 

Kif-kiï,  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  — Tout  pareil.  On 
dit  aussi  :  kif-kif  bourricot.  —  On  sait  que  ce 
mot  nous  vient  de  l'Algérie.  C'est  du  sabir. 
Il   Adv.   Pareillement,  de  même. 

Kilo  (Lg.),  s.  m.  —  Bouteille  d'un  litre. 
Ex.  :  Servez-moi  in  kilo,  —  dit-on  couram- 
ment à  l'aubergiste.  Cf.  Mètre. 

Kiou,  s.  m.  —  Clou. 

Kitter,  v.  n.  —  Pousser  un  petit  cri.  Un  rat 
kitte.  (Sp.,  Mj.).  Cf.  Quiter,  Cuïter. 

Klir  (Li.,  Br.),  v.  a.  —Cueillir.  ^/tV de 
la  chambe,  —  cueillir  du  chanvre. 

Kneau  (Bl.,  By.),  s.  m.  —  Enfant.  V.  Que- 
neau. 

Knillée  (BL,  By.),  s.  f.  —  Herbe  verte  qui 
se  trouve  sur  l'eau  des  fontaines,  grenouil- 
lette.  Syn.  de  Nâtille,  Canetée. 

Kramouâ,  s.  m.  —  La  tête.  «  I  te  y  a  sauté 
sus  Vkramouâ  !  »  —  Mieux  écrit  :  cramois.  || 
By.  —  Kramâ. 

Krir"]  (By).  —  Pour  Quérir,  v.  a.  —  C'est 
aller  chercher  une  chose  que  l'on  est  sûr  de 
trouver.  Chercher  a  conservé  qqch.  de  sa 
signifie,  étymologiq.  (circare,  de  circum)  ; 
c'est  aller  chercher  qqch.  que  l'on  est  pas  sûr 
de  trouver.  —  Lat.  Quaerere. 

Kue  !  (Lg.,  By.),  interj.  —  Cri  que'poussent 
les  enfants  au  jeu  de  cache-cache  pour  avertir 
qu'on  peut  les  chercher. 

Kute  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  V.  Keute. 

Et.  —  Il  y  a  là  une  famille  de  mots  :  Kue,  Kute, 
Kuter,  Keute,  Keuter,  que  nous  pourrions  être  ten- 
tés de  dériver  directement  du  grec  Keuthô.  Nous 
nous  en  abstiendrons,  car  il  est  bien  invraisem- 
blable que  nps  grands-pères,  les  Jacques  du 
moyen-âge,  aient  connu  ce  mot,  alors  que  nos 
lettrés  ne  commencèrent  à  étudier  le  grec  qu'à 
l'époque  de  la  Renaissance.  Mais  nous  observons 
que,  pour  exprimer  cette  même  idée  de  cacher,  le 
breton  a  cuhein  ;  l'ail,  zu  hutten  ;  l'angl.  to  hide  ; 
et  que  le  russe  même  a  les  deux  verbes  okoutyvate 
et  zakoutyvate  qui,  dépouillés  de  leurs  préfixes  et 
suffixes,  nous  révèlent  la  même  racine  koute.  Qu'est- 
ce  à  dire  ?  Tout  simplement  qu'il  y  a  au  fond  de  toutes 
nos  langues  indo-européennes  des  racines  com- 
munes exprimant  les  idées  simples,  élémentaires  et 
desquelles  chaque  idiome  a  tiré  des  dérivés  d'un 
parallélisme  parfois  étonnant.  (R.  0.). 

Kiiter  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  V.  Keuter. 


OBSERVATIONS 

Prononciatioîi.  —  «  L  final  est  le  plus  souvent 
muet  :  Avril",  bacul»,  bagoul°,  braisil",  aul°^ 
dousil",  orteil",  souleil".  (By.,  etc.)  A  Mj.,  l'I  final 
fie  Avril  sonne  fortement  è't  se  mouille  !  Avrille. 


«  Le  pron.  (7,  devant  une  consonne,  se  pro- 
nonce comme  i  simple,  ou  y.  De  même  ils°. 

«  Dans  les  mots  terminés  par  les  syll.  muettes 
hle,  de.  Ile,  pie,  etc.,  on  ne  fait  pas  sentir  le  l  : 
Aimabe,  meube,  tabe,  sensibe,  souffe,  onque  (oncle). 

«  Z,  a  disparu  9.us9i  dans  la  pronono.  usuelle  de 


LA 


LACER 


507 


l'adv.  plus.  Ex.  :  pus,  pu.  De  même  :  Punger,  Pin- 
ger,  =  Plonf^er. 

«  L  est  très  souv.  mouillé  lorsqu'il  est  précédé, 
dans  la  même  syllabe,  des  lettres  b,  c,  f,  g,  p.  Ex.  : 
b/é,  clef,  c/ar,  f/amber,  pleume,  emp/âtre,p/aisir,  etc. 
Mais  cette  particularité  est  surtout  remarquée 
dans  le  gl,  auquel  nous  avons  consacré  une  note 
spéciale.  (Nous  indiquons  /  mouillé  par  une  ita- 
lique. A.  V.) 

«  Se  mouille  encore  :  1°  dans  certains  mots  où  il 
est  placé  entre  deux  voyelles  autres  que  Ti,  dont, 
pourtant,  la  réminiscence  se  fait  sentir,  ex.  : 
as;u/e,  pour  :  aiguille  ;  2°  au  commencement  et 
dans  le  corps  des  mots,  lorsqu'il  est  immédiate- 
ment suivi  d'un  i  faisant  partie  d'une  diphtongue  : 
ainsi,  /iard,  lier,  lieuv,  Ziesse,  /iénot,  sou/ier,  rou- 
/ier,  etc.  »  (Jaubert.) 

—  Les  anciens  aimaient  beaucoup  à  mouiller 
1'/,  surtout  dans  les  diphtongues  ;  ils  prononçaient  : 
hieu,  bianc.  pour  :  bleu,  blanc.  Cette  habitude  a  à 
peu  près  disparu  à  Montjean.  Il  n'en  est  pas  de 
même  à  Tout-le-Monde,  où  elle  sévit  avec  fureur. 
En  presque  toute  circonstance,  les  indigènes 
mouillent  )'/,  surtout  devant  un  i  ;  ils  /isent  un 
Hvre  (guisent),  —  ils  vont  au  lit  (gui,  ghi).  Il  faut 
noter,  toutefois,  que  certains  mots  montj.  ont  gardé 
l'I  mouillé,  tel  le  pron.  leux  ou  /eux  (ieux).  (R.  O.) 

Permutation.  —  Les  permutations  entre  les 
lettres  liquides  1,  m,  n,  r  sont  fréquentes.  {By.,  etc.) 
L  remplace  n  dans  :  encelimer.  liméro  ;  r  dans  la 
2-  syll.  de  râle  .pour  rare. 

Addition.  —  L  s'agglutine  au  subst.  Labbé,  etc. 

La  (Partout),  art.  fém.  —  Sert  à  désigner 
fes  femmes  du  commun,  au  nom  desquelles 
on  donne  en  même  temps  une  termin.  fém.  : 
la  Bouyère,  la  Coiiîarde.  la  Chii'onne,  pour  : 
la  femme  Bouyer,  Coifîard,  Cliiron.  Cette 
désignation  devient  méprisante  quand  elle 
s'applique  à  une  femme  de  condition  plus 
élevée,  ou  lorsque  F  article  est  accolé  au  pré- 
nom :  la  Jeanne,  la  Marguerite.  \\  Sert  à  inter- 
peller de  loin,  au  m.  et  au  f.  :  Eh  !  /'homme  ! 

—  eh  !  Za  femme  ! 

Là,  ady.  —  Descendez  donc  de  là.  On  dit 
qqf.  de  delà.  \\  Là  loin  (Bg.,  Li.,  Br.,  Lue,  Mj.). 

—  Là-bas. 

Hist.  —  (Rab.,  p.,  m,  10.  234.) 

«  Qui  est  cestuy  qui  là  loing  en  sa  main 

<(  Porte    rameaux    d'olive    illustrement?  » 

Là,  s.  f.  (Mj.).  —  Vase,  limon,  boue  que  dé- 
pose la  Loire.  Est  mis  pour  Laie.  Cf.  Clâ,  Hâ, 
Va,  etc.  Semble  être  le  même  q.  l'angl.  Latch, 
boue.  Il  By.  Laie,  jl  Syn.  de  Nappe. 

Et.  —  Laie  ^.  Terme  d'eaux  et  forêts.  Route 
étroite  percée  dans  une  forêt.  —  Ane.  scand.  leid  : 
a.  sax.  lâde,  passage,  voie.  (Cf.  Saint-Germain-en- 
Laye.)  Litt.  —  I^ais,  atterrissement,  alluvion, 
forme  verb.  de  laisser.  C'est  le  nom  que  la  Coutume 
de  Bourbonnais  donne  aux  «  isles  nouvellement 
nées  »  ou  «  accroissemens  »  formés  par  la  rivière. 
«  Sera  la  croissance  que  la  rivière  donne,  vray 
domaine  du  seigneur  haut  justicier,  qui  s'appelle 
communément  laiz.  »  (C.-G.,  n,  p.  29.S.)  —  Cette 
explication  me  semble  bonne.  —  Jaub.  le  fait  venir 
de  lac,  ainsi  que  Favre  :  Lac,  pour  La,  mare, 
étang.  Lacquant,  e,  ruisselant  d'eau,  comme  en 
sortant  d'un  lac.  Du  celt.  lagen,  lac,  bourbier.  — 
liacquasse,  flaque  d'eau.  V.  Laça. 

Lâ-bas  (Mj.),  s.  m.  —  L'Ouest,  l'Occident. 


Ex.  :  Le  vent  est  de  lâ-bas.  ij  En  lâ-bas,  à 
l'Ouest.  Mis  pour  Là-bas,  ou  :  l'à-bas.  V.  A  bas. 

Labbé  (Mj.,  Sp.,  Z.  139),  s.  m.  —  Abbé, 
vicaire.  Ex.  :  C'est  au  labbé  que  j'ai  été  en 
confesse.  H  Prêtre  quelconque.  !|  Séminariste. 
<(  Je  sais  pas  qui  est  ceté  labbé-là.  By.  L'abbé. 

Et.  —  Ce  mot  est  formé,  comme  le  fr.  Lierre 
par  soudure  de  l'art,  le  au  commencement  du  mot 
Abbé.  V.  Lâchet.  L.  Abbas,  abbatem,  venu  par  le 
grec  Abbas  du  syriaque  Abba,  père. 

Labboii  (Lx,  Zig.  143),  s.  m.  —  Abbé.  V. 
Labbé,   Preu. 

Laboiiraison,  s.  L  —  Labourage.  Se  disait 
déjà  du  temps  de  Corneille,  Vaugelas. 
«  Mieux  vaut  saison 
«  Que    labouraison.     »    —    (MÉN.) 

Laboureu.v  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Laboureur, 

LaboiiroiiK  (Lg.,  Lrm.),  s.  m.  —  Id.  Désuet. 
V.  La  fille  du  labouroux.  F.  Lore,  I. 

Laca,-cas  (Auv.,  Pell.,  Lue),  s.  m.  —  Pluie 
torrentielle,  averse  abondante.  Ex.  :  Il  a 
tombé  ein  laça  d'eau  (ces  mots  sont  insépa- 
rables). Syn.  de  Aqua,  Accas.  V.  Là,  Etym. 
fin. 

Et.  —  Formé  du  pat.  Aqua,  par  soudure  de  l'art, 
comme  dans  Labbé.  C'est  le  même  que  Aca  d'eau, 
ou  Aga  d'eau  de  Mj.,  mais  il  est  difficile  de  décider 
lequel  est  une  corrupt.  de  l'autre.  —  V.  Acadeau. 
Acadiau.  —  «  Lagout.  —  Eau  à  boire.  M.  à  m, 
l'agout.  Du  vx  mot  provenç,  agua,  eau  (pron. 
agoue.  —  Lor.  Larch.).  —  Lagan.  Abondance, 
quantité,  multitude,  largesse,  don.  P.-ê.  à  rajtpro- 
cher. 

(1  Celé  année  furent  vin  bon 

«  Et  blé  si  fu  à  grant /a?ara 

«  Pour  quatre  sols  avait  l'ère  tel    . 

«  Qui  fist  bon  pain  en  grand  ostel.  «  (1287.  D.  C.) 
—  Laka,  m.,  lakasé,  f.,  amas  d'eau,  fiaque.  (Dott.) 

Laçage,  s.  m.  (Ag.).  —  Action  de  mettre 
trop  d'eau  dans  une  sauce  :  —  celte  sauce 
même.  Ex.  :  On  a  beau  essayer  de  Famender, 
laçage  c'était,  laçage  ce  sera.  —  A  rapprocher 
de  Laça,  Acas,  Acadiau. 

Lace  (Tlm.),  s.  f.  —  Sorte  de  nœud  que 
fait  un  tisserand  pour  rattacher  un  fd  de 
chaîne  cassé  à  une  demi-portée  voisine.  C'est 
Fangl.  Lace,  dentelle,  lacs.  V.  Lacer.  ||  By.  — 
La  courroie  en  fd  tressé  ou  en  corde  dont  les 
deux  bouts  se  «  pouillent  »  dans  les  bras 
d'une  «  boérouette  »  et  qui  passe  par  dessus 
le  cou  est  une  jâcole.  Celle  dont  les  deux  bouts 
sont  réunis  et  se  termine  par  une  corde  munie 
d'un  terzillon  (petite  manette  ou  poignée  en 
bois)  permettant,  après  un  simple  enroule- 
ment, de  la  fixer  sur  un  billon  (corde  pour 
tirer  à  la  hâlée)  ou  sur  un  quarantin  (corde 
pour  tirer  la  senne  à  terre)  est  un  lace.  Un 
lace  se  passe  en  bandoulière  portant  sur  une 
seule  épaule.  Cf.  Lacs. 

Et.  —  Lat.  Laqueus.  Franc.  Lacs. 

Lacer  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Faire  du 
fdet.  Syn.  de  Mailler.  —  Appartient  à  la 
famille  dos  mots  fr.  Lacs,  Lacis  et  du  lat. 
Laqueus.  ||  Lg.  —  Lacer  une  vache,  lui  appli- 


508 


LACEUSE 


LAID 


quer  un  bandage  dans  le  cas  de  renversement 
de  la  matrice,  pour  contenir  cet  organe.  On 
dit  aussi  Boucler.  Lang.  des  mégeilleurs. 
Et.  —  Lacer.  L.  pop.  *  laciare  (class.  laqueare). 

Laceuse  (By.),  s.  L  —  Ouvrière  en  filets  de 
pêche.  Lacer,  lacet.  V.  Appetissures. 

Lâche  (Mj.),  adj.  q.  —  Hardi  comme  un 
lâche,  —  comparaison  ironique  et  prover- 
biale. I|  A  longue  et  à  lâche,  —  lentement,  sans 
se  presser,  indolemment.  Ex.  :  Il  s'en  venait 
à  longue  et  y  à  lâche.  V.  Long.  \\  Mj.  —  s.  m. 
Manque  de  raideur,  de  tension,  dans  un  cor- 
dage, p.  ex.  1!  Faire  du  lâche,  —  se  montrer 
lâche,  mou,  fainéant.  ||  By.  Lâche,  s.  m.  — 
Manque  de  tension.  On  dit  aussi  : 
du  :  flâche  (sans  doute  pour  :  flasque) 
surtout  lorsqu'il  s'agit  d'un  filet  de  pêche.  — 
Flâche  est  aussi  une  expression  usitée  chez 
les  ouvriers  qui  travaillent  le  bois  ;  flâche  et 
floche. 

Et.  —  Lat.  Laxus,  large,  lâche,  partie,  de  lan- 
guere,  languir.  (Litt.)  —  L.  pop.  lascare,  1.  class. 
laxare,  cf.  Laisser  (laschier,  lascher,  lâcher).  Darm. 

—  L.  laxus,  transposé  en  lascus.  Filiation  :  ample, 
large,  —  détendu,  desserré,  —  sans  ressort,  sans 
courage.  —  G.  Paris  considère  :  lâche  comme  un 
adj.  verb.  de  lâcher. 

Lâcher  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Lâcher  \s.  poignée, 

—  lâcher  prise,  laisser  échapper  ce  que  l'on 
tenait  avec  la  main,  ij  Lâcher  la  goulée,  — 
lâcher  prise,  en  pari,  des  dents,  ou  d'organes 
qui  leur  sont  comparables.  Ex.  :  Les  tenailles 
ont  lâché  la  goulée. 

Lâcheron  (Mj.),  s.  m. —  Petit  boulon  dou- 
loureux au  bout  de  la  langue. 

Lâchet  (Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Lombric,  ver  de 
terre. 

Et.  —  C'est  le  mj.  Ache,  Achée.  avec  soudure 
de  l'art,  le.  V.  Labbé.  —  Jaitr.  :  Laîche. 

Lacs  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Etre  dans  le  lacs, 

—  être  pris  au  piège,  et,  au  fig.,  se  trouver 
dans  une  situation  difficile.  N.  Dans  cette 
loc,  on  pron.  Lac.  \\  Mj.,  Courroie  qui  embrasse 
en  écharpe  l'épaule  et  le  buste  des  haleurs  de 
bateaux.  Pronon.  :  la.  Cf.  Lace. 

Et.  —  Lat.  pop.  lacium  (class.  laqueum)  , devenu 
laz,  las,  —  écrit  plus  récemment  lacs,  d'après 
lacer. 

Lade  (Sep.),  s.  f.  —  Plate-bande  de  jardin. 
Syn.  de  Planchette. 

Et.  Probablement  corruption  du  fr.  Latte  ou 
doublet  du  fr.  Lé,  lat.  Latus. 

Ladre  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  —  Apathique, 
dont  la  sensibilité  est  émoussée.  Ex.  :  T'es 
donc  ladre,  que  tu  ne  te  trouves  pus  !  C'est 
le  fr.  dans  un  sens  spécial. 

Et.  —  Lazarus,  de  l'Evangile,  couvert  d'ulcères, 

—  que  le  moy.  âge  disait  :  lépreux.  —  Lazre, 
I^azdre,  Ladre.  —  Le  d,  mis  à  la  place  de  z  ou  s 
devant  une  liquide,  comme  :  medler,  pour  mesler, 
niôler.  —  «  Les  Faux-bourgs  sont  plus  longs  que  la 
ville  :  l'un  dit  de  Saint-Gilles  ;  ...  et  hors  l'enceinte 
des  murs,  une  chappelle  de  Saint-Lazare,  dit  com- 
munément   Saint-Larfre.     »    (D'J    Chesne,     Anti- 


quités de  France,  au  chapitre  de  la  ville  de  Chinon' 

MÉNAGE.) 

Lagnoux-  (Ad.,  Pc),  adj.  q.  —  Nonchalant. 
V.  Langnoux.  Syn.  de  Landoiix.  \\  Poss.  Lam- 
bin, paresseux. 

Et.  —  Lanier,  oiseau  de  proie.   Homme  sem- 
blable au  lanier,  lâche,  paresseux. 
Hist.  —  (!  Garde  que  tu  sois  de  cheus 

«  Qui  lanier  sont  et  perecheus. 
■   •  «  Qui  perecheus  et  laniers, 

«  De  nouveauté  est  parchonniers.  » 
(Caton  en  roman,  dans  D.  C.) 

—  Laignier;  se  lamenter,  geindre.  Et.  Laniare, 
déchirer,  dans  l'expression  :  Laniare  se  prœ 
dolore.  —  I^anier.  laignier,  lainier,  lasiner,  faucon 
lanier,  —  lâche,  couard,  paresseux,  fainéant.  —  Et. 
Laniarium,  qui  déchire,  de  laniare,  déchirer.  Le 
sens  de  :  couard,  lâche,  est  venu  probablement  de 
ce  que  cette  espèce  de  faucon  ne  s'attaque  qu'à  des 
animaux  plus  faibles  que  lui.  «  Le  lanier  est  mol  et 
sans  courage  »,  dit  le  Miroir  de  iauconnerie  de 
Harmont.  —  Au  lieu  de  I>aniarium,  qui  déchire,  on 
a  aussi  rattaché  Lanier  à  Laine,  Lanarium,  à  cause 
de  son  plumage.  «  Lanier,  lanarius,  oyseau  de 
proye.  sic  dictus  vel  a  laniandis  avibus,  vel  quod 
plumas  multas  densasque  et  molles  in  modum 
lanœ  habet.  »  (Dict.  de  Rob.  Estienne.  —  D'  A. 
Bos.)  —   «  In  lâgnoux  qu'a  s'ment  pas   d'état.   » 

(BURGEAXTD.  F'avEE.) 

Lagosser  (Z.  122,  Lg.),  v.  a.  —  Tapoter 

dans  l'eau,  tremper  en  secouant.  Syn.  de 
Patouiller,  d.  de  Liagosser. 

Et.  —  Lagasser.  Laver  mal  du  linge.  Du  celt. 
Lagen,  lac.  mare  ? 

Lâ-haiit  (Mj.),  adv.  —  Là-haut.  i|  s.  m. 
L'Est,  l'Orient.  Ex.  :  Il  fait  du  vent  de  lâ- 
haut,  d'Est. 

Et.  —  Pour  :  là-haut,  ou  plus  probablement 
pour  :  L'à-haut.  V.  A  haut.  Cf.  Lâ-bas. 

Lai  (Lpot.,  Vz.,  Nu.),  s.  m.  —  P>ang  de 
briques  posées  à  plat  sur  une  seule  largeur. 
Ex.  :  Ils  faisaient  leux  fours  à  deux  lais  de 
briques.  Et.  Cf.  Lay,  même  sens  en  angl. 

Et.  —  Latum,  led,  let,  lé.  (Darm.) 

Laîche  (Ec),  s.  f.  —  Se  dit  presque  exclusi- 
vement des  tailles  minces  de  pain  pour  la 
soupe.  On  coupe  du  pain,  pour  manger  ;  on 
le  taille,  pour  la  soupe. 

Et.  —  Ha.  lisca,  bruyère,  roseau.  (Litt.)  — 
Lèche,  pour  :  Lesche.  —  Id.  —  Carex.  (Darm.)  — 
«  Lesche,  lische,  laische,  loische,  —  lèche,  roseau, 
fétu,  tranche,  mince  et  longue,  morceau,  miette.  — 
Ital.,  lisca,  arête  de  poisson. . .  (D"'  A.  Bos.)  —  Il 
est  très  probable  que  le  a'x  fr.  laische,  lesche. 
lame  de  fer,  a  donné  son  nom  à  la  plante,  à  cause 
de  la  forme  de  ses  feuilles  en  sabres,  et  que  celui-ci 
ait  été  attribué  à  la  tranche  mince,  de  pain  ou 
d'autre  chose.  «  L'on  doit  laver  le  lart  afin  qu'il 
en  soit  plus  bel  à  mettre  par  les  lesches  sur  la  char.  " 
(Le  Mènagier  de  Paris,  n,  135.)  —  GriLLEMAUT. 

Laid,  prononc.  léte  (Mj.),  adj.  q.  et  s.  m.  — 
Polisson.  Ex.  :  Hue  !  le  petit  vilain  laid  ! 

Et.  —  Du  germ.  ;  anglo-sax.  ladh,  odieux  ;  aha. 
leid,  désagréable.  —  Laid  a  donc  signifié  haïs- 
sable, avant  de  signif.  :  vilain.  (Litt.)  —  Hist. 
«  S' aucuns  dit  lait  à  l'autre  dans  la  ville...,  il 
paiera  pour  l'amende...  ((1247.)  —  Injure 
outrage,  d'où  :  laidanger.  — «  Si  avenit  que  Ber- 


LAIDAIX 


.AITEAU 


509 


trand  (du  Guesclin)  étoit  parti  de  leur  compaignie.., 
sa  mère  le  laidan^eoit  et  blasmoit  moult  durement.  » 

—  Laidir  :  insulter,  outrager,  etc.  (L.  C.)  —  Lada  ; 
lait,  Laid,  laidir,  laidange,  —  injure.  Faire  lait  à 
qqn.  «  Item,  la  femme  qui  dira  Laidange  à  l'aultre... 
payera  V  sols  à  nous,  IV  sols  au  Maire.  (1263.  — 
D.  C.)  —  Ne  pas  confondre  lait,  suhst.  verb.,  laid, 
leit,  let,  —  laide,  injure,  outrage,  vilenie,  affront. 
Etym.  Indic.  prés,  de  laidir  (germ.  laidjan),  —  avec 
l'adj.  laid,  lait,  —  germ.  ladh,  laid,  leid,  odieux; 
d'où  vient  le  v.  laidir.  (D''  A.  Bos.)  N.  Il  semble 
bien  que  ces  deux  sens  se  confondent  dans  notre 
mot  patois. 

Il  By.  —  Prononcez  :  lèce,  quoique  au 
fémin.  laide.  On  dit  aussi  :  laid.  —  C'est  ben 
lèce,  éç'  que  tu  fais  là.  —  T'es  ein  petit  lèce. 
Mais  :  t'es-t-ein  p'tit  laid  (prononc.  le)  gar- 
nement. —  Lé  gâs,  va  ! 

Laidain,  s.  m.  (Segr.),  s.  m.  —  Individu 
marqué  de  petite.variole,  de  verrette,  de  brû- 
lui'e.  Pour  :  laideron.  «  Allez  voir  Saint  Lai- 
dain. »  (Mén.).  Syn.  de  Picoté. 

Laie  (Mnl.,  By.,  Ig.),  s.  f.  —  Vase  ou  limon 
que  dépose  la  Loire.  N.  Syn.  de  Nappe.  A 
Mj.,  on  dit  plutôt  Là.  —  Du  fr.  Laisser.  V.  Là. 

Et.  —  Lais.  Terrain  abandonné  par  l'eau  de  mer 
ou  d'une  rivière.  —  Laisser.  —  Laisse,  mélange  de 
vase  et  de  sable  que  la  vague  dépose  en  sillons  sur 
la  plage.  —  Cf.  Relais.  —  (Darm.) 

Laine  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Moisissure  qui 
ressemble  à  de  la  laine.  ||  Jambes  de  laine, 
jambes  molles  qui  ploient  sous  le  poids  du 
corps.  A  rapproch.  de  la  loc.  Mains  de  beurre, 

—  qui  laissent  tout  échapper.  —  V.  Agnelins 
(MÉx.). 

Lainer  (se)  (Mj.,  By.),  v.  réf.  —  Se  couvrir 
de  moisissures.  V.  Laine.  Syn.  Pousser. 

Lairrai  (Sp.,  Mj.,  By.),  v.  a.  —  Futur  du 
V.  Laisser,  par  contraction  des  2  premières 
syll.  —  Naturellement  le  conditionnel  est 
Lairrais.  A  beaucoup  vieilli.  —  L'sité  à  Mj. 

Hist.  —  Rab.,  G.,i,  .58,  107. 

«  Le   clair  soleil,    ains   qu'estre   en    occident 

«  Lairra  esi)andre  obscurité  sus  elle.  /< 

—  «  Aux  survenans  occuper  le  lairront.  » 

(Id.,   ibid.,   p.    108.) 
—   «  Or,  dictes,  Maistre  Françoys, 

«  Me  layrez-vou?,  en  ung  si  beau  chemin?  » 
(G.-G.  Bûcher,  99,  140.) 

—  «  Je  lairai  mes  brebis  et  mon  bourre, 
«  Ne  me  chaud  où  je  me  fourre 

«  Pour  voir  le  doux  Messiau, 
«  Nau,  Nau  !  » 

(Noëls  ang.,  p.    18.) 

Lairiie.  —  Lierre  (.My.).  Cf.  Lierru. 

Lais.  V.  Là,  Laie. 

Hist.  —  «  Autant  est-il  des  lays,  que  le  défunt 
prédécesseur  avait  laissé  es  bois  taillis,  posé  que  ce 
fust  depuis  trente  ans.  »  (Coût.  dWnj.,  Art.  273, 
p.  185.)  —  Laie  (Layer,  diviser  un  bois  par  des 
laies).  «  Prenant  un  matin  son  chemin  par  une 
grande  laie  de  la  forêt  de  Lafère.  »  —  Cf.  Saint- 
Germain-en-Laye.  (L.  C.)  —  Lais,  laiz,  leis,  lés,  — 
ce  qui  est  laissé...  :  cession,  don...  :  laisse,  dé- 
bris, alluvions  laissés  par  la  mer  ou  un  fleuve  ;  lais, 
balivaux  qu'on  laisse  en  coupant  un  taillis.  —  Et. 
Laissier.  —  N.  On  voit  qu'il  y  a  confusion  entre  ces 
mots  qui  viennent  de  Laisser. 


Laise  (By.),  s.  f.  —  Pour  :  une  élaise,  bande 
étroite  d'une  planche  détachée  par  la  scie, 
lors([u'on  en  met  le  bord  droit.  —  Bande  de 
bois  servant  à  fermer  une  fente  dans  une 
planche,  ou  un  écart  entre  deux  planches.  — 
La  laise  (le  lé),  sens  français  (laize).  —  Un  li, 
lisière  d'une  pièce  de  drap  dont  les  bonnes 
femmes  se  font  des  jarrelelières. 

Laisi  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Loisir.  ||  Aller  à 
son  laisi,  sans  se  presser.  —  V.  Adelaisi. 

Et.  —  Loisir  est  un  infinit.,  anciennement  usité, 
qui  signifiait  :  être  permis,  du  lat.  licere.  Le  loisir 
est  donc  proprement  :  licence,  permission,  d'où  le 
sens  de  :  temps  accordé,  laissé  libre.  —  xi«  s.  lei- 
sir.  [Ch.  de  Roi.)  —  L'aphérèse  de  l'r  final  est  dans 
le  génie  de  notre  patois.  —  (Avec  un  amant)  on  a 
toujour  lesi,  —  du  loisir.  (Mireille,  110,  2.) 

Laisse  i  (Mj.),  s.  f.  —  Abandon.  S'emploie 
dans  la  loc.  :  Faire  eine  laisse,  —  laisser  en 
plant,  abandonner.  Ex.  :  Je  voulais  me  bro- 
cher ein  cotillon  de  dessour,  mais  j'en  ai  fait 
eine  laisse.  Du  fi-.  Laisser.  ||  A  la  laisse  de  .son 
corps,  —  tout  doucement,  sans  se  presser, 
sans  se  fatiguer.  Pour  :  A  l'aise  de.  —  Du  v. 
Laisser. 

Hist.  —  «  Et  gaiment  lisez  le  reste,  tout  à  Vaise 
du  corps  et  au  profit  des  reins.  «  (Rab.,  G.,  Prol.  5.) 
—  Touchant  la  maison  que  M.  le  prieur  a  fait  com- 
mencer à  Cullay,  que  est  de  42  piez  de  long  et 
20  piez  ou  environ  de  laisse  à  maczonnerie  tout 
entour.  (1642.  —  Inv.  Arch.,  S,  s,  H,  54,  2,  20.)  — 
(Avec  les  reliques)  santi  laissa  (legs  sacrés).  Mi- 
reille, 438,  4. 

Laisse  -  (Tr.).  s.  f.  —  Laid,  vilain  (MÉx). 
V.  Laid. 

Laisser  (se),  v.  réf.  —  Se  laisser  dire.  ■«  Je 
me  suis  laissé  dire  qu'y  cheyerait  de  la  piée 
demain,  —  je  crois,  j'ai  la  conviction  que, 
j'incline  à  penser  que. 

Lait',  laite  (Mj.),  s.  m.  —  Lait. 

N.  —  Il  y  a  un  proverbe  courant  : 

«  Il    aime   le    vin    et   le   lait, 
«  C'est   ein    ivrogne    parfait.    » 

Il  Lait  moucheron,  —  colostrum  ;  lait  de 
la  première  traite  qui  suit  le  vêlage. 

N.  —  A  Saint-Paul,  les  commères,  pour  faire 
passer  le  lait  d'une  nouvelle  accouchée,  emploient 
un  moyen  selon  elles  infaillible.  Elles  glissent  sous 
ses  oreillers  un  fer  de  cheval,  et...  cela  suffit.  Tou- 
tefois, il  est  essentiel  que  le  fer  soit  neuf  et  qu'il  soit 
mis  dans  le  lit  à  l'insu  de  la  patiente,  pour  que  le 
sortilège  soit  efficace.  Rien  de  nouveau  sous  le 
soleil,  pas  même  la  métallolhérapie. 

Il  En  lait  {Lg.),  loc.  adv.  ou  adj.  —  Qui  a 
du  lait.  Ex.  :  Je  n'avons  plus  que  deux  vaches 
en  lait.  —  Syn.  de  En  sarvice. 

Et.  —  L.  lactem,  accus,  archaïq.  de  Lac. 

Lait-de -beurre  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Babeurre. 

Lait  de  couleuvre   (Pell.,   By.),  s.   m.    — 
Tilhymale   réveille-matin.   Syn.  de  Homblet, 
Emhrunchun.  —  \*ariété  d'euphorbe.  —  A 
cause  de  son  suc  laiteux  et  corrosif.  —  Bat. 
Euphorbia  helioscopia. 

Laîteau  (Mj.),  s.  m.  —  Jeune  arbre. 


510 


LAIT  GLOSSÊ  —  LAN  DOUX 


Lait  glossé,  s.  m.  —  Caillé,  caillebote. 

Laitière  (Mj.),  s.  f.  —  Grand  vase  de  grès, 
verni  intérieurement,  tronconique  et  très 
évasé  dans  lequel  on  met  le  lait  frais.  —  Syn. 
de   Trasse. 

Laitiérée  (Mj.),  s.  ï.  —  Le  contenu  d'une 
laitière.  Syn.  de  Trassée. 

Laiton  (Lue,  Segr.,  Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Cochon  de  lait  ;  celui  qui  tette  le  lait  de  sa 
mère,  jusqu'à  un  an. 

Hist. —  «  Les  laitona  se  cotaient  de  15  à  20  fr.  la 
pièce.  »  [Petit  Courrier  du  13  novembre  1903.) 

Laitteaux,  s.  m.  —  Bois  piqué  en  terre  et 
destiné  à  servir  de  limite,  ou  ceinture  à  un 
bois,  à  une  prairie  (Mén.).  Cf.  Laiteau. 

Laiture  (Mj.),  s.  f.  —  Laitue.  Cf.  Etendure. 

Et.  —  L.  Lactuca  :  de  lac,  lait,  à  cause  du  suc 
laiteux  de  cette  plante. 

Laia  !  (Mj.,  By.),  interj.  Hélas!  holà! 
marque  la  souffrance.  Syn.  de  Léla,  Lélou, 
Lalou.  \\  S'emploie  plus  ordinairement  pour 
marquer  la  dérision,  le  mépris.  Ex.  :  Oh  ! 
lala  !  qu'il  a  donc  pourtant  ben  l'ar  d'ein  sot  ! 
—  N.  Je  voyais  ici  l'adv.  là,  répété.  Oh  !  là  là  ! 
(A.  V.).  —  Oui,  mais  il  y  a  Lélà,  etc.  (R.  O.). 

Lalie  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Eulalie,  nom 
de  femme. 

N.  —  Au  Long.,  on  mouille  le  2«  1. 

Là-lin  (Lx,  Zig.  143),  adv.  —  Là-bas.  Syn. 
et  d.  de  Là-loin.  Désuet  à  Mj.,  où  il  s'est  dit 
autrefois. 

Lalou  !  (Lg.),  interj.  —  Hélas,  holà  ! 
Marque  la  soulïrance.  Ex.  :  Lalou  !  que  tu  me 
fais  grand  mau  !  —  On  dit  aussi  Lélou.  Syn. 
de  Léla,  Lala. 

Lambardine  (Mj.,  Mvt.),  s.  f.  —  Sorte  de 
faux  à  longue  et  large  lame.  On  en  fait  peu 
d'usage  à  Mj.,  mais  elle  est  fort  emplovée 
vers  Montrevault.  Syn.  de  Dard,  Dardine, 
Darine.  \\  Lg.  —  Pierre  à  aiguiser  les  faux.  Cf. 
Pimont. 

Lambinard  (Lg.),  adj.  q.  et  s.  —  Lambin. 
Syn.  de  Lambinier. 

Lambinerie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Action  de 
lambiner.  Syn.  de  Trainerie,  Trainasserie. 

Lambinier  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Lambin. 
Cf.  Friponnier.  Syn.  de  Lambinard,  Loitri- 
nard. 

Lambriiiiciie,  —  bruclie,  —  brusqne  (Lue, 
Mj.),  s.  f.  —  Cep  de  vigne  sauvage.  Cf.  Ram- 
brunche. 

Et.  —  Lat.  Labrusca,  —  forme  nasalisée.  —  Cf. 
Runche,  pour  Ruche.  —  Hist.  «  Le  reste  estoit 
embrunché  de  guy  de  Flandres.  »  (Rab.,  G.,  i,  53.) 

Lame  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  La  fleur  de  la  vigne 
ou  plutôt  la  jeune  grappe  avant  sa  floraison. 
Syn.  de  Forme. 

Et.  —  Lat.  Lamina.  Horace  :  Lamna.  Od.  ii,  2. 

Hist.  —  «  Les  vignes  n'ont  cependant  pas  man- 
qué de  produire  des  lames  en  abondance.  »  (1771.  — 


Inv.  Arch.,  p.  233,  col.  2.)  —  «  Les  vignes  furent 
entièrement  gelées,  excepté  les  jeunes  ceps,  qui  -'• 
défendirent  un  peu.  Il  parut  pourtant  quelqu'^ 
lames,  mais  la  brime  les  ruina.  »  (1709.  —  Id.,  E, 
II,  198,  1.)  —  Cette  année  a  été  une  année  de  brime 
et  le  peu  de  ceps  qui  étoient  restés,  assez  bien  mar- 
qués d'abord,  mais  les  lames  tombèrent.  (1710.  — 
Ibid.,  198,  2.) 

Lamer  (Mj.,  By.),  v.  n.  —  Émettre  des 
lames.  Ex.  :  Les  treilles  sont  ben  lamées. 

Lampraie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Lamproie. 
C'est  le  mot  fr.  avec  la  prononc.  du  xvi<=  siècle. 
V.  Crailre.  Pour  la  dérivât,  probable  du  mot 
fr.  et  du  mot  pat.  V.  Envrogne.  —  Angl.  Lam- 
prey. 

Et.  —  Du  lat.  Lampetra,  murène  (le  nom  avant 
passé  d'un  potsson  à  l'autre)  ;  on  l'interprète  par  : 
Lambere  petram,  lécher  les  pierres.  (Litt.)  — 
Da3i.  y  voit  Prœda,  proie. 

Lamproies,  s.  f.  —  (Tr.)  Les  mouches,  les 
blancs,  les  pyrites  de  fer  ou  quartzites.  (Méx.) 

Lancé  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Un  peu  gris, 
pris  de  boisson. 

Lanceron,  s.  m.  —  Lancereau.  Espèce. de 
terrain  allongé  en  fer  de  lance  (Mén.). 

Lancis  (Lg.),  s.  m.  —  Pierre  de  taille  pour 
une  ouverture,  qui  se  place  en  rôti.  Contraire 
de  Crochette. 

N.  —  «  Pierres  de  taille  de  forme  allongée  dont 
les  parements,  placés  deux  à  deux,  font  partie 
d'une  encoignure  de  mur,  d'un  tableau  de 
porte,  etc.,  et  dont  la  queue  est  engagée,  comme 
lancée,  dans  la  maçonnerie  du  mur.  Les  lancis 
alternent  avec  les  écoinçons.  (Voir  Boutisse,  au 
Dict.  de  r  Acad.)  —  Jaub. 

Lande  (Tlm.),  s.  f.  —  Br.uyères,  brande, 
ajoncs  et  plantes  des  landes  en  général.  Ex.  : 
Il  a  emmené  eine  chârtée  de  lande.  Cf.  Landin. 

Et.  —  ScHEL,  conteste  l'ail.  Land,  proposé  par 
LiTTKÉ,  et  admet  le  celtiq.  Lann,  buisson  d'épines, 
plur.  Lannou.  V.  Londe. 

Landier  (Ag.),  s.  m.  —  Gros  menton.  V. 
Languier,.  Papot.  Syn.  de  Gogue. 

Landier,  s.  m.  —  Ajonc  qui  pousse  dans  les 
landes.  V.  Lande. 

Landin.  s.  m.  —  Vulgaire  ajonc.  V.  Lan- 
dier. Cf.  Hudin. 

Landon  (Chg.,  Sa.),  s.  m.  —  Morceau  de 
bois  que  l'on  fixe  transversalement  au  cou 
d'une  oie.  Syn.  de  Tribard.  ||  Bois  pour  entra- 
ver les  vaches  (By.). 

Et.  et  Hist.  —  Billot  attaché  au  cou  des  chiens 
pour  les  empêcher  de  chasser  ou  d'entrer  dans  les 
vignes.  «  H  avoit  esté  signifié  que  chacun  qui 
auroit  chiens  leur  mist  à  chacun  un  baston  appelé 
landon  au  col,  à  ce  qu'ilz  n'entrassent  ne  feissent 
dommage  es  vignes.  »  (1411.  L.  C.)  —  Entrave 
pour  chiens,  vaches,  chevaux.  N'est  p.-ê.  que  le 
dér.,  l'augment.  de  latte,  late,  planchette  longue 
et  étroite  ;  l'n  de  landon,  qui  est  la  forme  la  plus 
commune,  ayant  été  ajouté,  comme  dans  lanterne, 
de  laterna,  et  pour  mieux  soutenir  le  d,  qui  est 
tombé  dans  laon.  Landon,  laidon  serait,  dans  cette 
hypoth.,  le  même  mot  que  Laon,  même  sens. 

Landoiix',  ouse  (Mj.,  Lg.),  adj.  q.  —  Len- 


LANGEOLE  _  LAXTIMECHË 


511 


dore,  mou,  sans  énergie,  lambin.  Ne  se  dit 
que  des  personnes.  V.  Lagnoux,  Langnoux. 

Hist.  —  «  Se  grattent  la  leste  avec  un  doigt, 
comme  landores  desgoustés.  )  (Rab.,  P.,  ni,  Prol., 
210.) 

Langeoie,  s.  m.  —  Queue  de  renard  (Méx  ^ 
Bat.  Melampyrum  arvense,  id.,  et  Blé  de 
vache.   Rougeole. 

Langeou  (Mj.),  s.  m.  —  Lange. 

Et.  —  Lana,  laneus  ;  lange,  étoffe  de  laine  ;  par 
oppo.s.  à  Linge,  étoiïe  de  lin.  (Litt.)  —  Faisant 
parler  Hérode  qui  se  repent  du  massacre  des  Inno- 
cents : 

«  Puis  il  dira  :  leur  vie  j'estimois 
«  Sans  nul  honneur  de  l'honneur  que  j'aymois 
«  Voire  et  leur  mort  honteuse  et  très  vilaine 
«  Dans    leurs    langeons    et    drappaulx    et    simois 
i<  Dessous  deux  ans,  d'un  an,  d'un  jour,  d'un  mois 
«  Blancs,  noirs  et  blonds  ont  passé  par  la  paine 
«  Du  glaive...   »  (L.  C.) 

Langnoux,  ouse.  —  V.  Lagnoux,  Landoux. 
Ex.  :  (A  un  joueur  qui  pousse  sa  boule  molle- 
ment, avec  l'idée  bien  arrêtée  de  ne  pas  chan- 
ger un  beau  coup  en  déplaçant  une  boule). 
Ça,  c'est  jouer  en  langnoux  (Pc), 

Langue  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Passer  par 
les  langues  du  monde, —  faire  causer  sur  son 
compte,  donner  à  jaser.   ||  Avaler  sa  langue, 

—  mourir.  Syn.  de  Tourner  de  l'œil,  casser 
sa  pipe,  poser  sa  chique.  i|  Faire  la  langue  à 
qqn,  —  le  styler,  lui  faire  la  leçon,  lui  ensei- 
gner ce  qu'il  doit  dire  et  taire. 

Langue-de-bœuf,  (Sa.).  —  Espèce  de  plan- 
tain, il  Lg.  —  Herbe  des  prés  humides,  dits 
prés  de  coupe,  ou  prés  de  tallage,  à  feuilles 
tomenteuses  et  rudes,  assez  semblables  à 
celles  de  la  consoude,  mais  plus  petites  et 
plus  arrondies  du  bout.  N.  Buglosse  officinale 

—  et  scolopendre  (Litt.)  Bat.  Anchusaitalica. 
Langue   de   chat   (Mj.,   By.),   s.    f.   —   V. 

Oreille  de  chat.  \\  Nom  d'un  petit  gâteau.  I| 
Bidens  tripartita,  que  Bat.  nomme  Cornuet, 
Chanvre  aquatique. 

Langue  de  chien  (Mj.).  —  Cynoglossum 
oiïicinale  (Mén.)  |j  Sp.  —  Scolopendre,  sorte 
de  fougère  qui  pousse  dans  les  puits.  Syn. 
de  Herbe  à  la  rate. 

Langue  d'oie,  s.  f.  —  Buglosse  vipérine. 
(Mén.).  —  Grassette  (Litt.). 

Langue  de  pivart  (Lg.),  s.  f.  —  C'est  l'herbe 
des  luiies  à  lleurs  l)lanches  que  l'on  appelle  à 
Mj.  Pctrrcnu,  eL  qui  est  la  stellaire  holoslée. 
On  l'appelle  encore  au  Lg.  Pétard  et  à  Tiercé  ; 
Herbe  à  la  Vierge. 

Et.  —  A  cause  de  la  forme  des  feuilles,  qui  sont 
étroites,  pointues,  raides  et  âpres. 

Languet  (Lue,  By.),  s.  m.  —  Pièce  de  porc 
fumé.  —  Langue  et  gorge.  —  V.  Languier. 

Languette  (Li.),  s,  l.  —  Des  enfants,  dans 
une  chanson,  s'adressent  à  une  tige  de  seigle  : 

«  Languette,  languette, 
«  Si  tu  ne  veux  pas  marcher, 
«  Je  te  coupe  le  cou  ras, 
«  Comme  un  petit  poulet  gras.  » 
V.  F.  Lore,  jeux,  vu. 


Languéyer  (By.),''v.  a.  — ^"«Visiter  la  langue 
du  porc  pour  voir  s'il  est  atteint  de  ladrerie. 
Il  Tirer  les  vers  du  nez,  en  sachant  se  servir 
de  la  parole,  de  sa  langue.  Ex.  :  «  J'voudrais 
aller  à  Angers.  »  —  Eh  !  ben,  va  gui  donc,  té. 

—  Ma  bonne  femme,  a  ne  veut  pas,  a  m'a 
langueyé,  c.-à-d.  elle  m'a  attrapé  avec  sa 
langue,  elle  m'en  a  dit  de  toutes  les  couleurs. 

Hist.  —  «  Elle  (une  petite  fille  du  peuple)  m'a 
frappé  en  passant...,  je  l'ai  un  peu  langueyée  ; 
demain  elle  viendra  chez  moi.  »  (Sats't- Simon, 
t.  Vin,  ch.  v,  355,  180.)  Ici,  prendre  langue,  causer 
avec.  —  Styler,  faire  la  leçon,  préparer  qqn  à  ce 
qu'il  doit  dire.  (Jaub.)  —  «  Mouvoir,  agiter  la 
langue  ;  faire  jouer  la  langue,  parler,  causer,  jaser, 
bavarder  ;  médire  ;  faire  jaser,  tirer  les  vers  du 
nez  ;  visiter  la  langue  des  porcs.  De  Langue,  et 
désin.  oïer,  Icare.  (D""  A.  Bos.) 

N.  —  Il  y  a  cinquante  ans  environ,  alors  que  la 
race  porcine  était  souvent  atteinte  de  ladrerie, 
un  droit  de  langueyage  de  0  fr.  10  par  tête  d'ani- 
mal exposé,  était  perçu  sur  les  marchés  de  Baugé. 
Le  droit  était  dû  par  le  vendeur,  si  l'animal  était 
reconnu  ladre  ;  dans  le  cas  contraire,  il  était  ac- 
quitté par  l'acheteur. 

L'opérateur,  le  languéyeur,  comme  on  l'appe- 
lait, introduisait  dans  la  gueule  de  l'animal  un 
petit  bâton,  renversait  le  porc  et  se  rendait  compte 
si  des  pustules  existaient  sous  la  langue.  Il  était 
responsable  des  dommages  que  pouvait  causer 
l'examen,  ainsi  que  de  l'erreur  qu'il  pouvait 
commettre. 

L'article  12  du  Règlement  de  police  fait  défense 
au  charcutier  de  vendre  du  porc  ladre  «  sans  expo- 
ser une  lumière  sur  l'étal,  ainsi  qu'il  est  d'usage  ». 

—  «  Le  prevost  de  Montlehery  lui  defendi  vendre 
et  langoijer  pourceaux.  «  (1378.  —  L.  C.) 

LanguéyeuK  (Cha.),  s.  m.  —  Mouchoir. 
Il  By.  —  Mouchoué  d'nez,  d'poche?  de  cou? 
Probablement  simple  foulard  pour  garantir 

la  gorge. 

Languier,  dier  (Ag.,  Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Gros  menton,  avec  une  sorte  de  fanon  de 
peau  et  de  chair.  V.  Papot.  «  Queu  grous 
languier  qu'il  a  !  »  Cf.  Gogue. 

Languir  °  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Languir  ses 
jours,  —  couler  ses  jours  dans  l'ennui  et  le 
chagrin. 

Lanjou  (Chpt.),  s.  m.  —  L'n'lange.  V.  Lan- 
geou. 

Lantarne  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Lanterne.  — 
Lai.  Lanterna,  Laterna. 

Lantarnier  (Mj.),  s.  f.  —  Feu  follet.  Syn. 
de  Leutin. 

N.  —  Dans  l'esprit  des  campagnards,  le  Lantar- 
nier est  une  sorte  de  lutin  qui  se  promène  dans  les 
prés  avec  une  lanterne.  On  l'appelle  aussi  le  Far- 
fadet et  on  lui  attribue  certains  méfaits,  comme  de 
tresser  pendant  la  nuit  la  crinière  ou  les  crins  de 
la  queue  des  chevaux.  Les  fortes  têtes  affectent 
de  n'y  pas  croire  et,  le  soir,  lui  lancent,  non  sans 
trembler  un  peu,  la  traditionnelle  invocation,  non 
moins  incongrue  que  narquoise  : 
«  Lantarnier  ! 
«  Viens  m'éclarer  ch » 

Lanferne,  s.  f.  —  Coccigrue  (Mén.). 

Lantinièche  (Mj..  By.),  s.  m.  —  Appellation 


512 


LAXTURLUTE  —  LAUDÊE 


ou  interpellation  familière  et  un  peu  ironique, 
que  l'on  adresse  à  un  individu  quelconque,  à 
un  indifférent.  Ex.  :  Te  velà,  té,  lantimèche  ! 
Syn.  de  Jaquedale,  Balzeux,  Frise-poulet,  etc. 

Lanturlute  (Mj.),  s.  f.  —  V.  Enturlute. 

Et.  —  Lanturelu.  Lanturlu.  Refrain  d'un  fa- 
meux vaudeville  fait  du  temps  du  cardinal  de 
Richelieu  et  dont  le  nom,  pris  adverbialement,  a 
servi  pour  indiquer  soit  un  refus  méprisant,  soit 
une  réponse  évasive. 

Lanvrin  (Bg.),  s.  m.  —  Lézard  ;  toute  bête 
qui  rampe.  Cf.  Envrun. 

Laperiaii,  s.  m.  —  Lapereau,  petit  lapin. 

Hist.  —  «  La  counille...,  porte  ore  deux,  ore 
trois,  ore  quatre,  ore  cinq  laperiaux.  (G.  Phébits, 
Livre  de  chasse,  vrr.)  L.  C.  Syn.  Bassiner. 

Lapider,  v.  a.  —  Ennuyer  à  force  d'ins- 
tances. «  As-tu  bentout  fini  de  me  lapider  !  d 

Et.  —  Lapis,  lapidis,  pierre.  —  Extension  de 
sens.  —  Hist.  «  Madame,  c'est  bientost  commencé 
de  tourmenter  un  serviteur  et  le  lapider.  «  (Mak- 
GUER.,  X^  Nom'elle.  —  L.  C.)  Syn.  Bassiner. 

Lapin  (By.),  s.  m.  —  Porter  des  pattes  de 
lapin,  —  des  favoris  taillés  d'une  certaine 
sorte,  il  Mj.,  s.  m.  —  Fig.  Solide  luron,  gail- 
lard déterminé.  —  C'est  ein  rude  lapin.  X. 
Il  faut  croire  que  nos  paysans  ne  se  sont  pas 
fait  de  Jeannot  Lapin  la  même  idée  qu'en 
avait  conçue  le  bonhomme  La  Fontaine. 

Lapinean  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  lapin. 
Dérivé  régul.  de  Lapin.  —  Plus  régul.  que 
Lapereau. 

Lapinée  (Mj.),  s.  f.  —  Portée  de  petits 
lapins. 

Lapiner  (Mj.),  v.  n.  —  Mettre  bas,  en  pari, 
d'une  lapine. 

Lapinet'  (Mj.),  s.  m.  —  L'a  jeune  lapin. 
Syn.  de  Lapineau,  Laperiau. 

Lappe,  s.  m.  —  Bouillon  blanc  (MÉy.)  Bat. 
—  \'erbascum  thapsus. 

Laquer  (Lg.),  v.  a.  • —  Absorber  glouton- 
nement. Ex.  :  Les  paisans,  ils  en  laquent,  de 
la  soupe  1  :>  Syn.  de  Flûter,  Truter,  etc.  — 
Pour  Laper? 

Lard  (M j.),  s. m. Morceau  de  calcaire  impropre 
à  la  fabricat.  de  la  chaux  et  que  l'on  vend 
pour  la  construction  ou  pour  l'entretien  des 
levées. 

Les  lards  sont  ainsi  appelés  peirce  que,  formés 
d'un  calcaire  blanc  confusément  cristallisé,  ils 
ressemblent  à  de  gros  morceaux  de  lard.  Il  n'y  a 
que  le  calcaire  absolument  amorphe,  le  marbre, 
qui  puisse  servir  dans  les  fours  à  chaux  ;  les  lards  y 
pétillent  et  s'égrènent. 

Il  Faire  du  lard,  —  s'adonner  à  la  mollesse, 
se  lever  tard,  —  ce  qui  engraisse.  !|  Xe  pas 
savoir  si  c'est  du  lard  ou  du  cochon,  —  ne  pas 
savoir  comment  prendre  une  chose  ;  rester 
tout  étourdi  par  un  coup  violent,  par  une 
rebuffade  ;  ne  pas  savoir  comment  entendre 
un  propos,  comment  apprécier  un  procédé 
(By.).  Mj.,  id.  et  Ramasser  son  lard,  se  rele- 
ver après  une  chute.  V.  Viande. 


Lardier,  s.  m.  —  «  Dimanche  gras,  ou  lar- 
dier.  "(Mék.)  CL  Crépelier.  [\  By.  Ou  Charnier, 
vase  où  on  conserve  le  lard  dans  la  saumère 
(saumure). 

Large  (By.,  Mj.),  adj.  q.  —  Pas  large  des 
épaules,  —  pingre,  ladre,  peu  généreux.  ||  Xe 
pas  la  mener  large,  —  être  ennuyé,  ne  pas 
savoir  comment  se  tirer  d'une  affaire,  être 
dans  ses  petits  souliers. 

Et.  —  Lat.  Largus,  abondant,  copieux.  —  Hist. 
K  Lar^e  de  bouche  et  estroit  de  ceinture.  «  (Cot- 
GRAVE.)  —  «  Donnant  de  belles  paroles,  mais 
dénouant  peu  sa  ceinture,  sa  bourse.  »  (L.  C.) 

Larme  (Mj.,  By.),  fig.  s.  f.  —  Très  petite 
quantité.  S'emploie  souvent  en  ce  sens  dans 
la  loc.  typique  :  11  ne  fait   pas  larme  de  vent, 

—  pas  un  souffle.  —  Lat.  Lacryma. 

L'arraise,  s.  L  —  Remise  ou  Tanaisie  (Mén.) 

Lâron  (Lg.),  s.  m.  —  Mal  de  reins  chez  les 

bœufs. 

Las  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Lassitude,  fatigue. 
S'emploie  en  ce  sens  dans  la  loc.  :  Avoir  du 
vieux  las,  —  être  fatigué  d'avance,  de  longue 
date.  H  Quervé  las,  mort  las,  à  demi  mort  de 
fatigue.  I|  Lg.,  adj.  q.  —  Epuisé.  Se  dit  d'une 
terre.  Ex.  :  Ine  terre  lasse,  in  champ  las 
d'aller.  ||  Se  dit  même  des  instruments  d'in- 
térieur de  ferme,  des  appiés,  lorsqu'ils  sont 
fatigués  et  usés.   «  Ine  charte  lasse  d'aller.   » 

Et.  —  Lat.  Lassus,  forme  plus  assimilée  de 
laxus,  lâche,  jl  Autre  ex.  du  l*^'  sens  :  C'est  pas 
étonnant  s'il  va  tout  à-dents  ;  il  a  du  vieux-Za^. 

Lasome  (Lpos.),  s.  m.  —  Enfant  maigre, 

indolent. 

Lassé  (point)  (Mj.,  By.).  —  Loc.  adj.  Fort, 
vigoureux,  qui  n'a  pas  froid  aux  yeux.  Se  dit 
d'un  jeune  homme. 

Lastic    (By.),   s.  m.  —    Pour    Élastique, 

—  de  bretelle  ;  gomme  élastique.  —  X.  Je 
suppose  même  l'astic.  «  J'ai  outé  Vastic  de 
mes  bretelles  pour  en  faire  une  fronde.  »  Du 
moins,  je  parlais  ainsi  vers  1850. 

Et.  —  Elastique.  Lat.  scientllque  Elasticus, 
tiré  du  grec  Elastéon',  verbal  de  Elauneïn,  repous- 
ser. 

Lateron  (^Ij.),  s.  m.  —  Laiteron.  Syn.  et 
d.  de  Liéteron. 

Lâtrée  (Sa,),  s.  f.  —  Rossée,  volée  de  coups 
(Pour  :  plâtrée?  être  battu  comme  plâtre?) 

—  Syn.  de  Bondée,  Roustée,  Pleumce,  Dégelée, 
Laudée,  Pile,  Flopée,  Bondrée,  Brûlée,  Raflée, 
Frôlée,  Suée,  Tournée,  Trifouillée. 

Lâtrer  (Sa.),  v.  a.  —  Rosser,  dauber.  Syn. 
de  Douêner,  Rouster. 

Et.  —  Pourrait  tenir  à  l'angl.  Slaughter,  mas- 
sacre, et,  par  conséquent,  à  l'aJl.  .Schlacht,  même 
sens. 

Lau,  ou  mieux  Lo  (Lrm.),  pron.  pers.  —  Le, 
cela  :  1  veut  pas  lau,  lo  faire,  —  il  ne  veut  pas 
le  faire.  ||  Lg.  Mieux  :  ô,  Ou. 

Laudée  (Sa.),  s.  f.  —  Volée  de  coups.  Syn. 
deLâirée,  Flopée,  Roustée,  Aubade,  Frottée,  etc. 


LAUDER  —  LE 


513 


Et.  —  Doubl.  ou  corr.  de  Lstrée  ;  syn.  de  Frôlée, 
Brûlée,  Suée,  etc. 

Lauder  (Sa.),  v.  a.  —  Rosser,  battre.  Syn. 
de  Lâlrer,  Bouder,  Rousler,  Flôper,  Dnuêner, 
FroHSter. 

Laudier  (Ag.),  s.  m.  —  V.  Breidier.  Vaga- 
bond, vaurien. 

Et.  Hist.  —  Lodier,  vaurien. 

«  Vous  y  mentez,  par  saint  Nicaise, 
«  Comme  faulx,  lodier  et  parjure.  » 
—  Lourdaut.  «  Homme  grossier,  vêtu  à  la  paii- 
sane  d'une  chemise  remplie  de  coton.  >'  (Le  Duchat 
sur  Rab.,  IV,  36.)  —  Loudier.  —  Terme  d'injure, 
vaurien,  débauché  :  «  Laquelle  Raoule  dist  au 
suppliant  qu'il  estoit  un  malvais  loudier.  »  1372.  — 
«  Il  entendy  moult  fort  comment  il  peuist  estre 
saisy  des  quatre  loudier.t  qui  avoient  estranglé  le 
duc  de  Glocester.  «(Froiss.  ) 

—  «  Gens  de  l'église,  on  doit  purgier 
«  D'entrer  ens  tout  paillart  loudier  ; 
«  Truandes  n'y  doivent  manoir.  » 
...  «  Vous  mentez,  très  orde  loudi'>re.  »  (Des- 
CHAMFS.  —  L.  C.)  —  Loudier,  celui  qui  habite  une 
cabane  qu'on  appelle  Lodia,  tugurium.  —  «  Au- 
cunes de  ces  personnes  donneront  plusieurs  coups 
orbes  de  bastons. . .,  en  disant  :  ferez  (frappe?)  sur 
ce  Loudier  Pierret.  »  —  «  Pierre  dit  aux  invaseurs, 
que  faites-vous,  Loudiersl  »  (1389  —  D.  C.)  — 
Lodier,  paresseux,  fainéant,  manant,  gueux, 
vaurien,  paillard.  Etym.  Lodier  (surcot  d'étoffe 
grossière,  souquenille,  couverture  de  lit,  courte- 
pointe, couvre-pied,  matelas.  —  Et.  Germ.  Lôdo, 
vêtement  de  dessous),  soit  parce  que  le  lodier  était 
porté  par  les  gens  de  rien,  soit  par  ext.  du  sens  de  : 
couverture,  matelas,  objet  de  couchage,  à  celui 
de  :  paresseux  ;  comme  paillard,  de  :  paille,  et,  en 
Ital.,  poltron,  fainéant,  d'où  notre  mot  ■.  poltron,  de 
l'aha.  Polstar  ;  angl.,  Bolster,  coussin,  traversin. 
(D"'  A.  Bos.)  —  ScHELEB,  même  explication. 

Laurier  (Fu.).  —  V.  ChuiUe. 

Laurier  de  Saint  Antoine.  —  Vulg.    Epilo- 
bium  spicatum  (Mén.)  Bat.,  id. 

Lauriole,  vulg.  Daphné.  Bat.  Daphne  lau- 
reola.  V.    Oriole. 

Lausanne  (Sp.),  s.  f.  —  Primevère.  Syn.  de 
Cocou,  Suzanne,  Herbe  aux  cocus.  Chausse  aux 
cocus.  Il  Tulipe  sauvage  qui  fleurit  au  prin- 
temps dans  les  prés  humides.  Syn.  de  Chau- 
dron, Clocane,  Cocaneau,  Gogane  —  Doublet 
de  Ausanne  par  soudure  de  l'article. 
Hist.  —  «  J'on  ein  eignea 

«  Don  nôtre  troupea 
M  Nâquieu  dès  VOuzanne, 
«  Don  ine  ragane, 
«  Glen  aral  la  pea. .     » 
(Nous  avons  un  agneau,  dans  notre  troupeau,  né 
dès  les  Rameaux  (hosannah),  dans  un  ravin  :  il  en 
aura  la  peau.)  Noëls  populaires. 

Lavage  (Sp.),  s.  m.  —  Lavoir,  endroit  où 
on  lave. 

Lavailles  (Tlni.),  s.  f.  j)l.  —  Lavures.  Cf. 
Acailles. 

Lavasse  (By.),  s.  f.  —  Boisson  sans  saveur 
parce  qu'elle  est  trop  étendue  d'eau  ;  bouillon, 
café.  >(  C'est  de  la  laçasse  !  Cf.  Liavassée. 


Lave-mains  (Sp.),  s.  m. 
l'eau,  Laverasse. 


Svn.  de  iace- 


Lavement  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Individu 
insupportable,  important.  Il  vous  agace 
comme  un  lavement  ;  on  a  envie  de  le  rendre. 
Cf.  Canuler. 

Laver  (Mj.,  Ag.,  By.),  v.  a.  —  Fig.  Dépen- 
ser entièrement.  Ex.  :  Il  a  lavé  eine  pièce  de 
cent  sous.  —  Il  a  lavé  ses  vingt  francs  en 
n'eine  heure  de  temps.  —  Son  gage  en  huit 
jours  !  Il  Laver  la  tête,  —  réprimander,  mori- 
géner. Cf.  Savon.  Syn.  de  Bassin. 

Et.  —  C'est  envoyer  ses  effets  à  une  hssive  dont 
ils  ne  reviennent  jamais.  (Lor.  Larchey.)  —  «  Les 
lavandières  ont  un  prov.  ordinaire  :  Si  vous  lavez 
ne  me  le  prêtez  pas  ;  si  vous  ne  lavez  pas,  prêtez-le- 
moy.  »  (H  s'agit  d'un  battoir.  Jeu  de  mots  sur  les 
V.  avoir  et  laver.)  —  Des  Accords.  —  L.  C. 

Laverasse  (Lg.),  s.  f.  —  Syn.  de  Lavereau, 
Lave-mains. 

Lavereau  (Mj.),  s.  m.  —  Vase  dans  lequel 
on  se  lave  les  mains.  Syn.  de  Lave-mains, 
Laverasse.  —  Sal. 

Laverie  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Petite  lessive. 

Lavette  (Tlm.,  By.),  s.  L  —  Petit  instru- 
ment formé  d'un  torchon  ou  de  peines  fixés 
au  bout  d'un  manche  court,  dont  les  ména- 
gères se  servent  pour  laver  la  vaisselle.  ||  By. 
—  Ou  :  lavote.  Syn.   de  Bouchon  de  vaisselle. 

Lavier  (By.),  s.  m.  —  Évier  destiné  à  laver. 

Lavoter  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Laver  souvent. 

Lavoteries  (Mj.,  By.),  s.  f.  pi.  —  Petits 
lavages  fréquents,  laveries  répétées. 

Lavoué  (By.),  s.  m.  —  Linge  qui  sert  à 
enlever  la  graisse  des  assiettes.  V.  Lavette. 

Lavoux  (Lg.),  s.  m.  —  Pierre  plate  posée 
au  bord  de  l'eau  et  sur  laquelle  la  laveuse 
frotte  et  bat  son  linge. 

Layard  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Peuplier.  V. 
Léiard. 

Et.  —  Léard,  peuplier  noir  (Anjou).  Corr.,  p.-ê., 
de  liard,  ancien  nom  de  la  couleur  noirâtre.  (Litt.) 
Bat.,  Poiiulus  nigra. 

Layons,  s.  m.  pi.  —  Petits  chemins  tracés  en 
ligne  droite  et  parallèle. 

Et.  —  De  Laie.  V.  Là.  Laye.  —  Hist.  «  Les  chas- 
seurs suivent  les  Layons.  »  (Le  Temps,  18  octobre 
1903.  —  Chasse  à  Rambouillet.) 

Le  (Mj.,  By.),  pr.  pers.  —  Le. 

N.  —  C'est  le  cas  régime  ou  accusatif.  Il  faut  bien 
remarquer  que  la  prononciation  de  ce  mot  est  essen- 
tiellement différente  de  celle  de  l'article  :  le,  qui 
se  prononce  comme  le  français.  Mais  :  le,  pron.  pers., 
est  touj.  prononcé  comme  s'il  avait  deux  1  très 


Le.  —  M  Les  deux  lettres  le  faisant  partie  d'une 
syll.  muette,  dans  le  corps  des  mots,  se  trans- 
posent souvent.  Ex.  :  Fnsembclmenl,  Gonielment  ; 
interversion  analogue  à  celle  de  re  dans  :  bre,  cre, 
dre.  (.Iaub.)  ||  By.  —  Se  transpose  en  Oel.  On  dit  : 
Ensembléement,  Ensemboelment.  ||  Te.  —  Se 
soude  souvent  avec  le  nom.  Lhermine,  pour 
l'Hermine  (nom  de  personne)  ;  le  gas  Lalfred, 
Alfred. 


33 


514 


LE 


LENDON 


lourds.  Ex.  :  Je  //'ai  vu,  tu  //'as  prLs.  Aussi,  comme 
il  serait  impossible  de  faire  sentir  ces  deux  1  lors- 
qu'une consonne  précède  le  pronom,  tout  bon 
Montjeannais  ajoute  instinctivement  un  e  initial, 
en  sorte  que  le  pron.  Le,  et  même  La,  devient  : 
Elle.  Il  Le,  pour  Elle.  (Z.  146.)  !|  Le  (Ségr.),  pour  : 
lui  ou  elle.  Va  donc  avec  le,  pour  :  va  donc  avec  lui 
ou  avec  elle. 

Lé  (Mj.,  Va.,  By.),  pron.  pers.  féni.  —  Elle. 
—  Ne  s'emploie  que  comme  compl.  d'un 
verbe  ou  d'une  prépos.  Ex.  :  C'est  ben  fait 
pour  lé\  Il  By.  —  C'est  lé  qui  l'a  fait.  ||  Peut 
toutefois  se  mettre  en  appsoition  à  un  sujet. 
Ex.  :  A  n'est  pas  la  plus  sotte,  lé.  Est  toujours 
du  sing.  —  On  emploie  plutôt  lelle,  aujour- 
d'hui. 

N.  —  Ce  mot,  qui  a  beaucoup  vieilli  à  Mj.,  est 
toujours  en  grand  usage  dans  la  Varanne.  Il  me 
souvient  d'un  bonhomme  Varannas  avec  qui 
j'avais  lié  un  jour  conversation.  Il  s'arrêta  tout  à 
coup  dans  la  voyette,  entre  deux  planches  de 
ch;anvre,  et,  me  montrant  sa  bonne  femme,  qui 
marchait  toute  courbée  devant  nous  :  «  Moue,  je 
me  tiens  au  moins  dret,  dit-il,  mais  lé-là,  aile  est 
toute  codée.  «  Notez  qu'il  était  absolument  sérieux 
et  affirmatif,  le  bonhomme,  mais  qu'il  avait  exac- 
tement le  profd  d'un  point  d'interrogation.  On  ne 
se  voit  point,  dit  le  proverbe.  (R.  O.) 

Et.  —  Corrupt.  du  fr.  Elle  par  le  transport  de 
l'accent  tonique  sur  la  dern.  syllabe.  —  V.  Citât,  à 
Cotir.  Jaubert. 

Léard,  s.  m.  (Lue).  —  Sorte  de  peuplier.  V. 
Layard. 

Lèche,  s.  f.  —  Petite  tranche  de  melon* 
Légère  traînée.  Syn.  Lichée.  \\  By.  et  de  pain. 
V.  Lège. 

Et.  —  Cf.  anglais  Slice.  Cf.  Pliette,  Coinquer, 
pour  l's  initial.  V.  Laiche. 

Hist.  —  «  Des  ce  qu'il  illucesce  quelque  minutule 
lesche  de  jour.  »  (Rab.,  P.,  n,  6,  125.)  —  «  Duquel 
pasté  ayant  mangé  deux  ou  trois  lèches  à  l'espargne. 
(Desperr.,  Contes,  xvi.) 

Léchepot.  —  L'index,  dans  la  dénomina- 
tion enfantine  des  cinq  doigts  de  la  main  : 
Pouçot,  léchepot,  longi,  malachi  et  le  petit 
riquiqui.  V.  ces  mots.  Cf.  Lichepot. 

Leçon  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Leçon. 

Lège  (Mj.),  s.  f.  —  Chacun  des  disques  du 
liège  qui  servent  de  flotteurs  à  un  engin  de 
pêche.  Ex.  :  Y  a  eine  lège  de  pardue.  ||  L'en- 
semble de  ces  disques,  la  garniture  d'un 
engin.  Ex.  :  Velà  la  lège  qui  punge  :  y  a  des 
poissons  dans  le  boille  de  la  sine.  \\  By.  — 
Ensemble  de  ces  disques  garnissant  une  senne 
un  tréma  (tramail  ou  trois-mailles)  nappe  ou 
nappereau,  etc.  Chacun  de  ces  disques  est  un 
Cossard.  Le  bord  inférieur  porte  les  plombs 
(plombs  ou  ardoises).  —  Ex.  :  V'ià  la  lège  qui 
pinge  (plonge),  c'est  que  y  a  eine  accroche  ; 
c'est  embêtant,  car  j'ai  vu  le  boèdre  de  beaux 
poissons.  Quoué  qu'çà,  il  n'en  restera  tout 
de  même  dans  le  paressef. 

Et.  —  Dér.  dir.  de  Icvis  (pour  :  legvis). 

Legear  (Mj.),  e  nul,  adj.  q.  — Léger.  Forme 
vieillie.  —  Le  fém.  légère,  jj  By.  —  Ligear, 
igère. 


Legnou  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Ligneul,  fil  de 
cordonnier.  Syn.  et  d.  de  Lignou.  ||  By.  — 
Lignoux. 

Et.  —  Lat.  Linea,  de  linum  ;  proprement  :  un 
fil  de  lin. 

Légume  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Ne  s'em- 
ploie que  comme  nom  collectif  au  sing.  — 
Ex.  :  Je  vas  allé  quérir  de  la  légume  pour 
mettre  dans  la  soupe.  1|  Fig.  —  Les  grousses 
légumes,  —  personnages  d'importance,  —  les 
gros  bonnets.  Syn.  de  Grous-cul.  N.  Un  vx 
jardinier  de  Mj.  avait  pour  signorie  :  Belle- 
légume.   II  Mj.  Parfois  Légueume. 

Et.  —  Lat.  Legumen,  de  légère,  cueillir  :  récolte, 
chose  cueillie  (le  sufT.  men  est  participial  et  passif). 

Hist.  —  «  Le  dommage  n'a  porté  que  sur  les 
lé'^iimes  des  jardins,  qui  ont  toutes  gelées.  (1789.  — 
/ne.  Arch.,  E,  m,  1.50,  2.) 

Légumier  (Mz.),  s.  m.  —  Cultivateur  qui 
s'adonne  à  la  culture  des  légumes,  maraîcher. 
I!  Légumiste.  Ag. 

N.  —  Ces  cultivateurs  habitent  'surtout  la  partie 
méridionale  de  la  commune,  c.-à-d.  la  Vallée.  Or. 
une  tradition  locale,  assez  désobligeante,  prétend 
que,  lorsque  Jeanne  de  Laval  eut  construit  la  levée, 
elle  peupla  la  Vallée  en  y  établissant  des  forçats. 
Descendant  de  forçats  est  une  injure  que  l'on  jette 
encore  à  la  tête  des  lésumiers.  —  Chose  curieuse, 
une  tradition  toute  semblable  existe  aussi  à  Saint- 
Germain-des-Prés  en  ce  qui  concerne  les  Varannes, 
qui  ont  longtemps  formé  une  population  à  part. 
Ils  descendraient  de  forçats  importés  par  les  sei- 
gneurs de  Serrant.  C'est  sans  doute  une,  simple 
calomnie. 

Léiard  (Mj.,  By.),  s.-  m.  —  Léard,  peuplier. 
V.  Layard.  Syn.  de  Ziard.  Cf.  Alovard,  Ayard 
(Jaub.), 

Et.  —  L'étymol.  de  ce  mot  reste  obscure.  Je 
soupçonne  toutefois  que  Léiard  est  pour  le  Eiard, 
par  soudure  de  l'article,  et  que  Eiard  devrait  s'é- 
crire Eff/ard,  avec  gl  mouillé,  en  sorte  qu'il  dérive- 
rait de  Eg\er  Ou  Egler.  Le  Lé<ard,  Eiard  ou  Ziard. 
c'est  par  excellence  l'arbre  que  l'on  egle,  que  l'on 
élague.  Léard  est  une  forme  corrompue  et  d'ailleurs 
rare  en  Anjou. 

Hist.  —  «  Dans  cette  année  1739,  M.  le  Curé  de 
Denée. . .  m'a  vendu  la  coupe  des  léards  et  autres 
arbres.  >>  (Itw.  Arch.,  E,  n,  315,  2.) 

Lélà  !  (^Ij.),  interj.  —  Hélas  !  Exprime  la 
douleur  physique.  Syn.  de  Lalou,  Lélou,  Lala. 
W  By.  —  Ne  s'emploie  pas  seul.  Oh  !  lélà. 

Lélou  I  (Lg.),  interj.  V.  Lalou  f 

Lende,  Lande,  s.  f.  —  Sorte  de  cocon  où 
séjourne  le  pou  avant  son  éclosion.  Œuf  de 
pou  (Mj..  Lg.).  Double  du  mot  fr.  —  Lat.  : 
Lens,  tendis.  ||  By.  —  Toujours  :  lente. 

Lendif  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  de  composée  à 
fleurs  jaunes,  à  racines  traçantes,  à  suc  laiteux, 
voisine  de  la  chicorée.  C'est  le  fr.  Endiv», 
avec  termin.  masc.  et  soudure  de  l'article. 
Cf.  Labbé,  Lierre. 

Et.  —  Endive.  B.  L.  Endivia,  qui  se  rattache 
au  grec  :  en'tubon'  par  l'intermédiaire  de  la  pro- 
nonciation byzantine  :  en'dibon'. 

Lendon.  s.  m.  —  V.  Landon. 


LENDORMI  —  LEUNE 


515 


Lendormi.  —  Sans  doute  pour  :  l'Endormi. 
Paresseux,  nonchalant.  Ce  nom  se  donne  aux 
bœufs  de  labour,  com.  :  la  Blanche,  la  Grise, 
la  Fainéante,  la  Pailleuse  (Mén.). 

Lenfoué  (By.),  s.  m.  —  Dépôt  vaseux. 

N.  —  «  Dans  ce  moment  ici,  l'eau  est  sortie  de 
dessus  les  prés,  l'harbe  est  d'ein  sale  et  pue  le  ma- 
récage (marcage).  Elle  est  toute  couvarte  de 
nappe.  Faudrait  ben  quarante-huit  heures  de  pluie 
à  varse  pour  la  netti.  »  —  Ne  pas  confondre  la 
nappe  avec  le  lenfoué.  La  nappe  est  un  dépôt  de 
vase  qui  salit  l'herbe  ;  le  lenfoué  est  comme  un 
tapis  de  ouate  sale,  forme  f)ar  les  bourriers  (menues 
herbes  aquatiques)  pourris  qui,  d'abord,  flotte  le 
long  des  chantiers  à  la  fui  de  l'été,  puis  tombe  au 
fond  de  l'eau.  Sans  doute  pour  :  l'enfoui,  le  dépôt 
au  fond  de  l'eau  des  herbes  pourries.  Syn.  Prâs. 

Lengrois,  s.  f.  —  Cheville  en  bois,  faite  en 
l)iseau,  destinée  à  consolider  l'outil  nommé 
Pointe-foncée  (Tr.)  Mén. 

L'en  l'ar  (Lue),  s.  m.  —  Ce  qui  pousse  sur 
le  sol. 

Lent  (mal  de).  —  «  Saint  Méen  est  invoqué 
pour  la  guérison  des  enfants  atteints  du  mal 
de  lent  (ou  de  lang)  qui  se  manifeste  chez  eux 
par  des  pleurs  incessants  sans  cause  précise 
connue,  ou  lorsqu'ils  tardent  à  marcher,  ou 
encore  lorsque  la  maladie  les  tient  en  état  de 
langueur  (G.  Fbaysse,  p.  98).  |!  By.  —  Il  est 
lent  comme  une  vielle,  comme  einlumâs.t  muet. 

Lente  (Lg.),  adj.  q.  —  Lent.  Ex.  :  Il  est 
lente  comme  ine  vielle.  Cf.  Sèche,  Lent. 

Lentille  de  pigeon.  —  V.  Vesce. 

Et.  —  Lenticula,  dimin.  de  lens,  lentis,  lentille. 
«  Il  faut  dire  :  de  la  poirée  et  des  nentilles  avec  les 
Parisiens,  et  des  lentilles  avec  les  Angevins.  » 
(MÉNAGE.)  «  Plusieurs  prononcent  :  nentille  ;  il  faut 
dire  ;  lentille.  »  (Marg.  Buffet.) 

Lequel  (Mj.),  pron.  rel.  —  Ne  s'emploie 
sous  celte  forme  que  dans  la  loc.  :  Comme  par 
lequel  que,  —  comme  quoi.  Ex.  :  Je  illi  expli- 
qué comme  par  lequel  que.  .  .  —  J'veux  illi 
donner  ce  qu'i  m'demande,  mais  faut  qu'i 
m'en  faise  ein  écrit  comme  par  lequel  il  l'ara 
reçu.  V.  Lequeul.  \\  By.  —  On  dit  plutôt  : 
comme  par  laquelle. 

Hist.  —  Ce  qu'il  y  a  de  corruption  a  été  occa- 
sionné par  un  vicaire,  nommé  Coudroy,  qui  s'est 
rétracté,  ensuite  duquel  il  a  été  poursuivi  par 
l'Administration,  qui  l'a  fait  condamner  à  six  mois 
de  détention,  d'après  lequel  il  s'est  rendu  au  Plessis- 
Macé,  où  il  y  exerce  ses  abominables  projets. 
(Rapport  de  Gourdon,  de  Saint-Georges-sur-Loire. 
Revue  de  V  Anj.,  t.  LIV,  320.) 

Lequeul,  laqueule  (Mj.,  By.).  —  Pron.  rel. 
et  interrogat.  —  Lequel,  laquelle.  Est  tou- 
jours suivi  de  la  conj.  que.  Ex.  :  Lequeul  que 
c'est  ?  —  lequel  est-ce.  —  V.  Clous. 

Hist.  —  «  Lesqueulz  habillements  de  guerre  ledit 
Lecuilleriez  promet  rendre  ou  cas  qu'il  ne  les  perd 
par  fortune  de  guerre.  »  (/ne.  Arch.,  E,  384,  2,  10.) 

Les.  —  S'emploie  pour  désigner  les 
membres  d'une  même  famille.  «  Les  Bouchu 
ont  pardu  leur  fille.  »  (By.) 

Lési  (Lrm.),  s.  m.  —  Loisir.  A  son  lêsi. 


Lésir  (Lé),  s.  m.  —  Loisir.  V.  Laisi. 

Hist.  —  Leisir  (Loisir).  —  a  Que  ne  li  die  :  Se  tant 
ai  de  leisir.  »  {Roi.,  v.  459.)  —  De  là  l'express,  à 
leisir,  à  loisir.  —  «  Sa  custume  est  qu'il  parolet  à 
leisir.  i>  (Id.,  141  ;  L.  G.) 

Less,  adj.  q.  (Jum.).  — -  Laid.  «  Il  est  less.  » 
y.  Laid,  Laisse. 

Lessif  °  (Lue,  By.,  Mj.),  s.  m.  —  Eau  de  la 

lessive. 

Et.  —  Lixivium  ou  làxivia.  D'après  Nonius, 
lixa  est  le  nom  ancien  de  l'eau,  et  :  lix,  le  nom  de  la 
cendre,  ou  de  l'eau  mêlée  à  la  cendre.  (Litt.) 

Leste  (du)  (Mj.,  By.),  loc.  adv.  —  Allons, 
du  leste  !  —  dépêchez-vous. 

Let  (Segr.),  s.  m.  —  Lit.  Guerdeau,  mau- 
vais lit.  (Méx.). 

Létanies  (Mj.,  By.),  s.  ï.  plur.  —  Litanies. 
Cf.  Emiter.  On  dit  souvent  :  Etanie. 

Et.  —  D'un  mot  lat.,  par  un  mot  grec  qui  veut 
dire  prière,  xht-  et  xiv"  s.  Letanie.  —  Hist.  «  Et 
faisoit  une  belle  procession  avec  force  létanies  et 
beaux  preschans.  »  (Rab.,  P.,  n,  2,  118.)  —  «  Ce 
disant,  ouyt  la  letanie  et  les  mémentos  des  prestres 
qui  portoient  sa  femme  en  terre.  »  {Id.,  ibid.,  3, 
119.) 

Letière,  pron.  Ttière  (Mj.),  s.  f.  —  Litière. 
Syn.  de  Retière,  Bourrée.  —  On  pron.  même 
qqf.  l'quière. 

Et.  —  B.  L.  Lectaria,  de  lectus,  lit. 

Letord,  s.  m.  —  Mélange  de  trois  quarts 
de  vin,  qui  n'a  pas  encore  fermenté,  auquel 
on  ajoute  un  quart  d'eau  de  vie  (Mén.).  — 
V.  Létors. 

Létors,  Ictorc  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Vin 
bourru,  tocane,  jus  de  raisin,  moût  non 
cuvé,  mais  seulement  la  partie  extraite  par 
expression,  et  qui  sort  limpide. 

Et.  —  Pour  Le  Etors,  avec  soudure  de  l'art. 
Quant  au  mot  Etors,  il  est  composé  du  préf.  E  et 
du  part.  Tors,  de  Tortre.  lat.  Torsum,  de  Torquere. 
Syn.  de  Remâche.  Cf.  Effore. 

Letron.  —  V.  Laitron,  Laiteron. 

Lettre  (Sp.),  s.  f.  —  De  ses  lettres,  —  de 
son  nom  de  fille.  —  Ex  :  Telle  femme  est 
Neau  ou  Sauvêtre,  de  ses  lettres,  —  ç.-à.-d. 
q.  son  nom  de  famille,  antérieur  au  mariage, 
est  Neau  ou  Sauvêtre.  —  On  dit  aussi  : 
Dans  ses  lettres.  ||  La  lettre  en  est  ben  grousse, 

—  ce  n'est  pas  difficile  à  faire  ou  à  comprendre. 

—  C'est  un  peu  notre  :  Cousu  de  fil  blanc 
(By.). 

Leu  (Z.  139),  pron.  pers.  —  Elle.  C'est 
leu,  —  c'est  elle.  —  V.  Leurs,  Leux.  Syn.  et 
d.  de  Lé. 

Leune  (Mj.,  By.),  s.  f.   Lune.    1|  Souvent, 
pour   marquer   que  l'on   n'a  pas   confiance, 
on  répond  :  Oui,  la  leune  et  le  soulé.   ||  By. 
Et  lenne.  —  V.  Vin  de  lune.  V.  Jûne. 
Hist.  : 

«  Ce  sont  des  œufs  ponnus  entre  deux  lunes 
«  Dont  le  moyeul  est  de  telle  efficace 
»  Qu'Amour  s'en  paist  et  en  casse  les  jeusnes.  » 
(G.-C.  BucHEE,  158.) 


516 


LEUNETTE  —  LÈVRE 


N.  —  Donc,  lune  rime  avec  jeune,  et  u  =  eu.  — 
A  moins  que  jeune  ne  rime  avec  lune,  et  que  eu=u. 

Leunette  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Lunette. 
Forme  vieillie.  ||  By.  Très  usité. 

Leure  (Lg.),  s.  f.  —  Loutre. 

Et.  —  Syn.  et  d.  de  Loire  et  du  fr.  Loutre.  — 
Berry  :  leûtre.  Lat.  Lutra  (d'après  Vaukox),  pour 
lythra,  et  vient  de  Luô,  parce  qu'on  dit  que  la 
loutre  coupe  les  racines  des  arbres  sur  les  rives  ; 
mais  ce  mot  ne  se  trouve  pas  en  grec.  (Litt.) 

Leurs,  Leux  (Mj.,  By.),  pron.  pers.  Leur. 
Ex.  :  Je  leurs  ai  dit.  —  La  forme  Leux  est  la 
plus  employée,  et  souvent  on  prononce  ieux. 
Ne  pas  confondre  avec  ieux,  corrupt.  du 
franc,  eux. 
Hist.  : 

«  Le  juge  vendange, 
«  Le  greffier  égrappe, 
«  Le  sergent  n'a  rien,  si  ne  leurs  échappe.   » 
(1517.  Inv.  Arch.,  H,  i,  86,  2.) 
—  «  Aussi  bien  ne  leurs  a  il  rien  ordonné  par  tes- 
tament. »  (Rab..  P.,|m,  23,  264.)  — «  Quant  à  ma 
pratique,' aim"adore,ietîje  /eu.rjparle  à  mon  idée.  » 
H.  DE  Balzac,  César  Birotteau.) 

Leutin  (Lg.),  s.  m.  —  Lutin,  esprit  do- 
mestique qui  se  plaît  à  faire  des  niches  aux 
fermiers.  C'est  le  Farfadet  de  Mj.  V.  au  Folk- 
Lore,  X. 

Et.  —  Altération  de  l'a.  fr.  Netun,  qui  paraît 
être  le  1.  Neptunus,  dieu  de  la  mer.  Netun  a  été 
altéré  en  Nuitun,  Nuiton,  sous  l'influence  de  : 
nuit  (  le  lutin  se  manifestant  pendant  la  nuit),  puis 
en  Luitun,  Luiton,  sous  l'influence  de  Luiter,  lut- 
ter. La  Fontaine  emploie  encore  Luiton  (Contes, 
Chos.  impos.),  qui  s'est  contracté  en  Luton,  puis 
est  devenu  Lutin,  par  substitution  de  suffixe. 
(Daem.) 

Leutte  (Lg.),'s.  f.  — ^Lutte. 

Et.  —  L.  pop.  *  luctare  (class.  luctari),  devenu 
régulièrement,  au  xi*  s.,  loïtier,  altéré  plus  tard  en 
Luitier,  d'où  :  luiter,  luter. 

Leutter  (se)  (Mj.,  Lg.),  v.  réf.  —  Lutter.  |1 
V.  réciproq.,  lutter  ensemble,  se  bousculer,  se 
battre.  V.  Leutte. 

Et.  —  Corr.  du  fr.  Lutter,  vx  fr.  Luiter.  —  Syn. 
et  d.  de  Loiter.  —  Hist.  «  Aux  bonnes  festes  solen- 
nelles elles  chantoient,  dansoient  publiquement 
toutes  nues  avec  les  garçons,  voire  luitoient  en 
belle  place  marchande.  »  (Brant.,  D.  G.,  n,  256, 
37.) 

Leutteur  (Lg.),  s.  m.  —  Lutteur. 

Leuveresse  (Sp.),  s.  f.  —  Bonne  amie, 
amante,  maîtresse.  C'est  l'angl.  Lover,  avec 
termin.  féminine. 

Leux  (Mj.,  Ti.,  Zig.  203),  pron.  pers.  — 
Leur,  à  eux,  à  elles.  Ex.  :  Dites-moi  donc, 
les  gars,  qu'i  leux-y  dit.  I  leux  a  dit.  Syn.  de 
Ieux.    Il  Adj.  poss.  Leux  père.  —  V.  Leurs _ 

Hist.  —  Molière,  Festin  de  Pierre  :  «  Ils  avont 
des  cheveux  qui  ne  tenont  poinct  à  leux  teste.  » 

Le  vailles  (Tlm.),  s.  plur.  —  Grosses  mottes, 
dans  un  labour  superficiel  d'été.  Du  fr.  Lever. 
Il  Lg.  —  Labour  d'automne  sur  un  terrain 
que  l'on  n'ensemence  qu'au  printemps. 
Svn.  de  Guiret-de-saison. 


Levain  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Fig.  Reste  de 
compte  impayé,  destiné  à  être  reporté  sur  un 
nouveau  compte. 

Levé  (Mj.,  Lg.,  By.,  partout),  s.  m.  — 
Levée  aux  cartes.  Syn.  de  Pli.  —  V.  Jaubebt. 
—  N.  Hatzfeld  donne  ce  mot  comme  vieilli 
et  dialectal. 

Lève-cul  (Mj.),  s.  m.  ou  f.  —  Enfant,  et 
surtout  petite  fille  qui  prend  volontiers  une 
posture  indécente,  ou  veille  trop  peu  à  celles 
qu'elle  prend. 

Levée  (Mj.,  By.),  s.  f.  — Avant  des  anciens 
grands  bateaux  et  des  fûtreaux  actuels, 
en  forme  de  plan  incliné  et  trapézoïdal,  qui  se 
relève  sous  un  angle  d'environ  40  degrés. 
Presque  tous  les  bateaux  des  mariniers  sont 
aujourd'hui  à  nez  rond,  ç.-à.-d.  à  proue  avec 
étrave  ;  il  y  a  trente  ans  ,  tous  avaient  la 
forme  d'un  fûtreau,  avec  ché  ou  levée.  V. 
Chef.  Il  Assise  de  maçonnerie.  ||  Levée  de 
foussé,  —  remblai  de  terre  provenant  d'un 
fossé,  espace  (0™50)  que  couvre  ce  remblai. 
Ex.  :  J'ai  levée  de  foussé  de  ceté  coûté-là. 
C'est  un  terme  de  coutumes  cantonales.  || 
Lg.  —  Boîte  contenant  cent  bobines  de  coton 
filé. 

Et.  —  Lat.  Levare,  qui  est  le  dénominatif  actif 
de  Levis,  voulait  dire  d'abord  Alléger,  puis,  de  là, 
lever  une  chose  en  haut,  la  traiter  comme  une 
chose  légère.  (Litt.) 

Il  Compteur  des  levées,  —  celui  qui  établit 
le  compte  des  ardoises  (Trélazé). 

Lève-nez  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Celui  qui  re- 
garde sans  cesse  de  tous  côtés,  au  lieu  de  s'oc- 
cuper de  son  travail. 

Lever  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Lever  ^m  jugement 
contre  qqn,  —  obtenir  un  jugement.  —  N. 
On  dit  :  relever  ein  jugement  pour  :  en  appeler. 
Il  Lever  le  cul,  —  se  rouler  à  terre,  se  vautrer, 
sans  prendre  garde  à  la  décence  ;  ruer,  en 
pari,  d'un  cheval.  1|  Lever  le  pied.  —  Dispa- 
raître à  la  suite  de  mauvaises  affaires,  ss 
régler  ses  comptes.  ||  Lever  des  ancreaux, 
des  bosselles,  —  les  tirer  du  fond  de  l'eau.  || 
Détacher,  découper,  —  un  morceau  de  chair. 
On  lève  la  cuisse  avant  l'aile;  d'où  un  dicton 
trop  leste  pour  être  cité.  ||  Lever  la  peau  à 
qqn.,  —  le  maltraiter  ,  le  rouer  de  coups.  || 
Lg.  —  Labourer  entièrement  à  l'automne  un 
terrain  qui  sera  ensemencé  au  printemps  ; 
déchaumer.  |1  By.  —  Lever  une  carte,  — 
la  prendre  au  talon  pour  la  mettre  ds  son 
jeu.  Il  Lg.  —  Lever  du  lait,  —  le  mettre  de 
côté  pour  un  client.  Ex.  :  Je  vous  ai  levé 
trois  sters.de  lait. 

Levier,  s.  m.  —  V.  'Evier. 

Levis  (Sp.),  s.  m.  —  Double  billon,  ou 
ados.  On  laboure  souvent  en  levis. 


Lièvre. 


By.  — 


Lèvre    (Lg.),   s.   m. 
Lieuvre. 

Et.  —  Doubl.  du  mot  fr.  —  On  y  pourrait  voir 
un  dérivé  plus  direct  du  lat.  Lepus,  leporis  :  mais 
c'est  sans  doute  plutôt  une  corrupt.  explicable  par 
la  tendance  qu'a  le  patois  longeronnais  à  supprimer 


LEVREAUX  —  LIBARTÉ 


517 


l'i  dans  les  dipht.  ié,  iè.  Cf.  Vanters.  —  Se  pron. 
qqf.  Guièvre.  —  On  dit  bien  :  levraut,  lévrier, 
levrette  (leporarius,  lévrier  ;  s.  e.  canis.)  Litt.  — 
Hist.  Roland,  v.  1780. 

«  Pur  un  sul  lèvre  vait  tut  le  jour  cornant.  » 

Levreaux,  s.  m.  —  Nom  que  l'on  donne 
aux  bœufs  en  raison  de  la  couleur  de  la  robe 
(Segr).  Mén. 

Levrette  (Lg.),  s.  f.  —  Hase,  femelle  du 
lièvre.  N.  Et  non  du  lévrier.  —  Dér.  dir.  de 
Lèvre.  Doubl.  et  syn.  de  Liévrette. 

Lexandre  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Alexandre, 
nom  d'homme.  Syn.  de  Sandret,  Sandrou. 

Lexandrine  (Sp.),  s.  f.  —  Alexandrine.  1| 
By.  —  Sandi'ine  (Mj.). 

Lexis  (Mj.),  s.  m.  —  Alexis,  n.  pr.  ;  syn.  de 
Zizi. 

Lézarder,  v.  n.  —  Faire  com.  le  lézard. 
Se  chaulTer  au  soleil  le  long  d'un  mur.  Syn. 
de  Soulailler,  Souleiller,  Couârer. 

Li  ^  (Mj.),  pron.  pers.  masc.  Lui.  C'est  le 
cas  régime  direct.  Dans  celui-ci  l'I  n'est  pas 
mouillé.  [|  Com.  compl.  indirect.  , c'est  le  cas 
oblique,  ds  lequel  l'I  est  mouillé.  —  Cette 
remarque  n'a  de  valeur  que  pour  Mj.,  où 
d'ailleurs  la  distinction  des  cas  est  absolu- 
ment nette.  A  Tlm.,  on  mouille  tous  les  1, 
surtout  suivis  d'un  i.  On  dit  :  ein  lit  (ghui)  ; 
lire  ein  livre  (ghuire  ein  gliuivre)  ;  et,  consé- 
quemment  :  c'est  li,  c'est  ghui  ;  ;  com.  je  li  ai 
dit.  A  ^Ij.,  au  contr.,  on  dit  :  C'est  /i  ;  et  :  je 
li  (ghui)  ai  dit.  —  Nous  représenterons  cette 
prononc.  par  :  illi.  —  Compl.  des  prépos.  :  C'est 
ben  fait  pour  li.  ||  By.  —  Li,  pour  Lui.  C'est 
le  cas  indirect,  cpiel  qu'il  soit,  mis  après  le 
verbe  ou  après  une  prépos.  —  C'est  à  li  que 
i'cause.  C'est  li  que  j'appelle.  C'est  pour  li  que 
je  travaille.  Mis  devant  le  verbe,  il  se  pro- 
nonce comme  Gui  :  J'/i  (gui)  disais.  Je  li  ai 
(j'gu'ai)  ben  dit. 

Hist.  —  «  Vos  li  durrez  urs  e  leons.  »  {Bol.,  v. 
30.)  —  «  Madame  d'Angoulesme  se  recommande 
à  vostre  bonne  grâce  et  vous  prie  que  vous  // 
envevés  quelque  chose  de  beau.  »  (1590.  —  Inv. 
Arch.,  S,  E,  231,  2,  19.)  «  Et  par  icèle  cause 
baillé  pour  //  en  achaler,  10  den.  »  {I'i03.  —  Id., 
II,  S,  50,  1.) 

Li '■'  (Lg.),  part.  pas.  —  Lu.  Syn.  de  Lisn. 

Lî  ■'.  —  V.  Laise. 

Liabar  (Mb.).  —  Faire  péter  le  liabar,  c'est 
embrasser  qqu  avec  effusion  el  avec  Ju'uit. 
(MÉN.).  Cf.  Clabard. 

Liaee  (Cha.),  s.  f.  —  Glace. 


Liage  (Mj 

câble. 


),  s.  m.  —  Amarre,  gros  cordage, 


Liagossée  (Mj.),  s.  f.  —  Délayage,  rata- 
touille. V.  Liagnsser.  —  A  rappr.  de  Délayer. 

N.  —  Il  est  assez  difiîcile  de  discerner  la  véri- 
table étymol.  de  ce  nom.  Celle  que  je  donne  ci- 


Li.  —  Li  équivaut,  ou  peu  s'en  faut,  à  la  pro- 
nonc. du  Gli.  Se  rapproche  de  la  prononc.  Gui,  dans 
Liesse. 


dessus  me  paraît  plausible.  Mais,  d'autre  part,  il 
paraît  évident  que  ce  mot  est  im  doubl.  de  Lia- 
vassée,  qui  se  rattache  non  moins  certainement  à 
Liavassoux  et  à  Liogroux. 

Liagosser  (Mj.),  v.  n.  —  Gargouiller.  1|  Cla- 
poter. 

Et.  —  Forme  adoucie  de  Clagoter.  Liagosser  est 
pour  :  Clagosser,  comme  Liapis  et  Licner,  pour 
Clapis  et  Glaner.  Cf.  Lagosser. 

Liânoiix,  ouse  (Mj.),  adj.  q.  —  Fade  et 
aqueux,  en  parlant  d'un  fruit  ;  peu  farineux, 
en  pari,  de  la  pomme  de  terre. 

Liaper  (Mj.),  v.  a.  —  Laper. 
Liapis  (Mj.),  s.  m.  —  Clapotis. 
Et.  —   Pour  Glapis  ou   Clapis.   (V.   Liagosser. 
Liéner).   Ce  mot  a  la  même  rac.  que  clapoter. 

Liaprè  (Mj.),  s.  m.  —  S'emploie  dans 
l'express.  :  Prenne  de  liaprè,  —  vieille  espèce 
de  prune  dont  le  vrai  nom  est,  je  crois,  Prune 
diaprée.  C'est  une  corr.  de  ce  dernier  mot. 

Liard  (Mj.),  s.  m.  —  Mettre  son  liard,  — 
dire  son  mot,  formuler  son  avis,  surtout 
quand  on  ne  vous  le  demande  pas.  Ex.  : 
Fallait  ben  qu'a  venne  mettre  son  liard  !  — 
qu'elle  se  mêle  à  la  conversation. 

Liassée  (Lg.,  Tlm.),  s.  f.  Liasse,  surtout 
d'oignons.  —  Syn.  de  Trichotée. 

Liavard  (Sp.),  s.  m.  —  Lézard.  ||  Fig. 
Phlegmon.  ||  Iris  des  marais,  vulg.  Flambe 
d'eau.  Iris  pseudo-acorus.  Cf.  Yavard.  N.  Au 
Lg.  ce  nom  ne  s'applique  qu'au  lézard  vert. 
V.  Lizarde. 

Et.  —  Ce  mot  est  1res  probablement  pour  Gla- 
vard.  comme  Liéneur  est  pour  Glaneur.  Dès  lors, 
il  serait  un  dér.  du  fr.  Glaive,  el  ce  nom  viendrait 
tout  naturellement  à  l'Iris  de  la  forme  de  ses 
feuilles.  Cf.  Liavert. 

Liavassée(Mj.),  s.  f.  —  Délayage, ratatouille. 
Ex.  :  J'avons  mangé  eine  linvassée  de  soupe  à 
la  palourde.  —  Doubl.  de  Liagossée.  Cf.  Lia- 
vassoux et  Lavasse. 

Liavassoux  (Tlm.),  adj.  q.  —  Humide,  vis- 
queux, gluant,  de  la  nature  des  mucosités, 
glaireux.  Syn.  de  Liogroux. 

Et.  —  Même  rac.  que  l'angl.  Slab,  visqueux  ; 
Slobber,  Slaver,  —  bave. 

Liavert,  s.  m.  —  Iris  pseudo  acorus.  V. 
Liavard. 

Libage  (Ag.,  By.),  s.  f.  —  Fondation. 

N.  —  Quand  on  veut  faire  une  petite  construc- 
tion un  peu  lourde,  par  ex.,  poser  un  monument 
funèbre,  sur  un  terrain  dont  la  solidité  est  faible  ou 
douteuse,  on  fait  d'abord  un  bon  libage  (dans  notre 
pays,  cela  se  fait  avec  des  pierres  d'ardoises  sufTi- 
samment  grandes  pour  avoir  une  bonne  portée). 
Ces  pierres  s'appellent  :  pierres  de  libage,  terme 
usité  chez  les  entrepreneurs  de  maçonnerie. 

Et.  —  A.  f.  Libe,  bloc  de  pierre.  Orig.  inc.  Cf. 
Luberder. 

Libaiie  (Bg.),  s.  f.  —  Vieille  truie.  Syn.  et 
d.  de  Lubrine  ;  syn.  Gorinière.  \\  Sal.  —  Fri- 
cotour,  mange-tout. 

Libarté  (By.,  Mj.),[s.  f.'— ^Liberté. 


518 


LIBRODER  —  LIÉGÉ 


Libroder  (Mj.),  v.  a.  —  Couvrir  de  traînées 
luisantes,  comme  font  les  limaces.  ;|  Sal.  — 
ou  de  quelquechose  de  mou  qui  peut  s'étendre. 
Sa  culotte  est  toute  librodée  de  boue. 

Lican  (Mj.),  s.  m.  —  Bout  de  corde  attaché 
à  la  tête  du  bâton  de  quartier,  et  qui  sert  à  le 
retenir  et  à  le  rattirer. 

Et.  —  Lat.  Ligamen  ;  doubl.  du  fr.  Lien. 

Licardenne  (Sp.),  s.  f.  —  Lambeau  de  chair 
ou  d'étoiïe.  Il  149'^  Z.  —  Licardaine.  — 
Tranche  longue  et  mince. 

Lice^  (Mj.)s.  f.  —  Chienne.  Ne  s'emploie 
que  dans  la  loc.  :  Eter'  en  lice,  —  être  en  cha- 
leur, en  pari,  d'une  chienne.  Syn.  de  Feu, 
Chasse,  Marois.  C'est  le  mot  fr.  détourné  de 
son  sens. 

Lice  ^  (Ag.,  Lue),  s.  f.  —  Haie,  barrière. 
Cf.  Rue  des  Lices.  —  N.  11  paraît  que,  dans 
ce  sens,  lices  est  une  expression  bien  angevine, 
très  heureusement  transportée  dans  la  lang. 
littér.  par  M.  L.  Cesbron  (V.  ci-dessous). 

Et.  —  Lice  (lieu  préparé  pour  les  courses,  etc.,  et 
fermé  de  clôtures).  Pour  Liste,  de  son  sens  primit. 
de  Barrière,  clôture.  L'angl.  a  encore  List,  au  sens 
de  bord,  marge,  lisière,  et  Lists,  au  sens  du  fr. 
Lice.  —  B.  L.  Licia,  pieu  :  licise,  défense  mise  au- 
tour d'un  camp.  —  D.  C.  Licium,  trame,  à  cause 
que  les  pieux  sont  rangés  comme  les  fils  dans  une 
trame...  (Litt.)  —  Hist.  «  Furent  faites  lices  de 
bois  en  la  rue  devant  laditte  église. . .  pour  mieux 
garder  la  grant  presse  de  gens  qu'elle  ne  fut  trop 
grant.  »  (Parlant  du  baptême  du  premier  fils  de 
Charles  V,  en  1368.  —  Chron.  de  Saint-Denis.  — 
L.  C.)  —  «  Au  bout  d'un  moment,  comme  ils  s'ap- 
prochaient des  lices  blanches  derrière  lesquelles 
galopaient  follement  les  jeunes  chevaux.  »  (L. 
Cesbeon,  L  Etrangère.) 

Lichard  (By.).  —  V.  Licheur. 

Liche  (Sp.,  By.,  Sal.),  s.  f.  —  Bonne  chère, 
ripaille.  Ex.  :  Aile  aime  ben  la  liche.  |l  Fu.  id. 
Dans  les  noms  des  cinq  doigts,  il  y  a  Lichepot. 
«  Poussot,  lichepot,  longî,  malagî,  petit  petit 
petit. 

Et.  —  De  Lécher.  D.  C.  Gallis  olim  Lichard.  — 
Lecalor. 

Liché  (By.),  s.  f.  —  Petite  surface  douce  au 
toucher,  coupant  en  tout  sens  la  fissilité  des 
ardoises.  (Trél.).  Mén. 

Liche-cul  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Petit  chien 
de  manchon.  ||  Fig.  Plat  adulateur,  âme 
damnée  de  qqn;  rampant,  flatteur,  flagorneur. 

Lichée  (Mj.),  s.  f.  —  Trace  luisante  laissée 
par  un  doigt  malpropre.  Ij  Trace  humide, 
visqueuse,  com.  celle  que  laisse  la  langue  d'un 
chien,  le  passage  d'une  limace,  etc.  Syn. 
Lochis.  Il  Petite  quantité  de  matière  étalée 
sur  une  surface.  Ex.  :  Faudra  mettre  eine 
petite  lichée  de  chaux  sus  ceté  bout  de  mur 
là.  —  Syn.  de  Fripée  (By.). 

Lichepot  !  (Mj.),  t.  sonore,  s.  m.  —  Doigt 
index.  Terme  enfantin,  s'emploie  sans  article. 
V.  Pouzot,  Liche,  Lèchepot. 

N.  —  C'est  de  l'index  que  se  sert  un  enfant  pour 
iicher  —  orbiculaireraent,  comme  dirait  Rabelais 


-—  le  pot  au  lait,  c.-à-d.,  pour  enlever  la  crème  qui 
s'est  attachée  aux  parois. 

Lîcher  (Mj.,  Lg.,  Sal.)  v.  a.  —  Lécher.  H 
V.  n.  —  Godailler,  faire  bombance,  se  payer 
des  friandises.  Doubl.  du  fr.  Lécher.  |fSe 
Iicher  les  barbes,  —  se  pourlécher.  Syn.  de 
Relicher.  \\  By.  —  i  bref  jj  v.  n.  et  absolument 
s'empiffrer,  boire  d'autant,  godailler,  se 
payer  des  douceurs.  Cf.  l'angl.  to  Lick,  lécher. 
i  Se  lever  en  mottes  compactes  devant  la 
charrue,  en  parlant  de  la  terre.  Syn.  de 
Louâbrer.  Cf.  Giner. 

Hist.  —  «  Et  en  la  manière  des  ours,  à  force  de 
leicher,  leur  donner  forme  et  façons  de  membres.  » 
(.J.  DU  Bell.,  Déf.  et  IlL,  n,  11,  55.) 
—  «Le  chat  à  Jeannette 
«  Est  une  jolie  bête, 
«  Quand   i   veut   s'fair'   beau, 
«  I  s'iicke  le  museau.  » 

(La  Trad.,  p.  361,  \.  16.) 

—   « Alors  le  flot  qui  voit 

«  Que  le  bord  luy  fait  place,  en  glissant  la  reçoit 
«  Au  giron  de  la  terre,  appaise  son  courage 
a  Et,  la  lichant,  se  joue  à  l'entour  du  rivage.  » 
RoxsAKD,  cité  par  jArsERT. 

Licheur  (Mj.,  Lg.,  By.),  adj.  q.  et  s.  — 
Celui  qui  aime  à  satisfaire  sa  gourmandise. 

Licoches,  s.  f.  pi.  (Ag.).  —  Morve  du  nez. 
«  Alexandre,  laisse  donc  tes  licoches  !  »...  à 
un  enfant  qui  tire  avec  le  doigt  ces  chan- 
delles jaune-vert-brun.  Syn.  de  Cloche,  Chan- 
delle, Gnâ,  Igneau. 

Licochet.  s.  m.  —  Laitue  vivace,  ou  laitue 
vireuse  (Méx.),  Bat. 

Lie  (Lue,  Mj.),  s.  m.  —  En  ce  sens,  le  mot 
est  plus  souvent  fémin.  —  Grosse  corde, 
liure,  qui  sert  à  fixer  le  chargement  d'une  char- 
rette. Il  By.  —  féminin,  en  ce  sens.  Mais 
masc.  dans  celui  de  bord  ou  extrémité  d'une 
pièce  de  drap,  formé  d'un  tissu  plus  grossier, 
dont  on  fait  des  liens  ou  des  jarretières.  11 
faudrait  p.-ê.  Lis  ou  lî.  —  V.  Lis. 

Hist.  —  (C  II  a  été  trouvé  une  lie  de  grande  char- 
rette sur  le  vieux  chemin  d'Epinard.  La  réclamer 
à. . .  »  [Petit  Courrier  du  26  octobre  1906.) 

Lie-de-blé,  s.  f.  —  Excréments.  Au  1"  avril 
on  envoie  souvent  les  gens  crédules  acheter 
de  la  lie  de  blé  chez  l'épicier  ou  le  pharmacien 

(DOTT.). 

Et.  —  Incert.  «  Lia,  dans  un  manusc.  lat.  du 
yj'  s..  «  fecla  sive  lias  vini.  »  Paraît  d'orig.  celtique. 
Cf.  l'irl.  Lige,  dépôt,  couche,  et  le  bret.  Leit,  boue, 

sédiment. 

Lie-de-lait  (Tlm.,  Lg.),  s.  f.  —  Crème. 

N.  —  Pour  singulière  que  soit  la  métaphore,  cette 
expression  n'en  est  pas  moins  très  usuelle.  —  Syn. 
de  Fleur-de-lait. 

Liée  (Lg.,  Tlm.),  s.  f.  —  Une  demi-journée 
de  travail  dans  les  champs,  ou  ce  travail 
même.  Ex.  :  J'avons  fait  eine  bonne  liée  de 
matinée.  Syn.  de  Bourdée,  Rabinée,  Repue. 

Et.  —  De  Lier.  Une  liée,  c'est,  proprement,  le 
temps  pendant  lequel  les  bœufs  restent  liés  et 
travaillent. 

Liégé,  ée  (Mj.),  adj.  q.  —  Subéreux,   en 
pari,  d'un  fruit  ou  d'une  racine  comestible. 


LIÉNARD  —  LIGNY 


519 


Et.  —  Liè£:e.  L.  levium,  devenu  Leuio.  (Darm.) 

—  Hist.  M  C...  fiatry...,  c.  disgracié,  c.  liégé, 
c.  flacqué.  »  (Rab.,  P.,  m,  28.)  —  Syn.  de  Miche, 
Boiibe. 

Liénard  (Craoïi),  s.  pr.  —  Léonard    ||  By. 

—  d'Angers  on  allait  par  le  faubourg  Bressl- 
gné  et  le  pavé  de  la  Madeleine  vers  Saint 
Guénard. 

Liéne  (Mj  ),  s.  f.  —  Glane.  Pour  Gléne  ou 
Gliéne.  Corr.  du  mot  fr. 

Liéner  (Mj.),  v.  a.  —  Glaner.  Pour  Gléner 
ou  Gliéner.  Cor.  du  fr.  ;  gl  mouillé. 

Hist.  —  «  Et,  si  la  court  n'y  donne  ordre,  il 
fera  aussi  mal  glener  cette  année,  qu'il  fit  ou  bien 
fera  des  guobeletz.  »  (Rab.,  P.,  n,  12.) 

Liéneu.Y,  enneux  (Mj.),  s.  m.  —  Glaneur. 
V.  Liéner.  —  Pour  Glenneur,  en  mouill.  le  Gl. 
Cf.  Aglasser. 

Hist.  —  «  Car,  ce  faisant,  j'espargne  les  ser- 
cleurs,  qui  gaignent  argent  ;  les  mestiviers,  qui 
beuvent  volun tiers  let  sans  eau  ;  les  gleneurs, 
esquelz  fault  de  la  fouace.  »  (Rab.,  P.,  m.  2.)  — 
(J.  DU  Bell.,  Antiquités,  p.  249.)  —  «  Que  chascun 
va  pillant,  comme  on  voit  le  glenneur.  » 

Lier  (Mj.,  Lg.),  v.  a.  —  Mettre  sous  le  joug  ; 
atteler  des  bœufs. 

Lierrii  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Lierre.  Syn.  de 
lUrace,  Brout,  Hierre,  Hierru. 

Et.  —  L.  Hedera  (avec  agglutin.  de  l'article). 
Paraît  se  rattacher  au  rad.  Hendere  (dans  pre- 
hendere)  et  signifier  la  plante  qui  prend,  qui  s'at- 
tache. —  Cette  agglutin.  n'apparaît  ({u'au  xv'  s.  — 
Avant  :  herre,  yeire,  edre. 

Liêtre  (Tlm.),  s.  f.  —  Boucle  de  fd  qui 
entoure  les  écheveaux  livrés  par  les  fabri- 
cants de  mouchoirs.  Elle  diffère  de  la  Ton- 
taine  que  font  les  fdeuses  locales.  La  Hêtre,  en 
effet,  ne  tient  pas  à  l'écheveau,  ou  plutôt  aux 
écheveaux  qu'elle  enserre  ;  elle  est  faite  avec 
un  autre  bout  de  fil.  De  plus,  elle  entoure  et 
sépare  plusieurs  petits  écheveaux  distincts 
en  s'entrecroisant  avec  eux. 

Et.  —  Du  L.  Ligatura  ;  doubl.  du  fr.  Ligature, 
d.  de  Y  être. 

Liêtrée  (Mj.),  s.  f.  —  Grosseur  dans  un  brin 
de  fil.  Syn.  de  Trée.  \\  Amas  de  raisin  dans  un 
cep.  Syn.  de  Lochée,  Trochetée.  ||  Grande 
quantité,  en  général.  Syn.  de  Lochée.  \\  Paquet 
(i'herlies,  de  fdasse,  etc.,  emmêlées.  —  Doubl. 
de  Lictre,  qui  ne  se  dit  pas  à  Mj. 

Liétroii,  LIéleron,  (Cho.)  s.  m.  —  Herbe  à 
lapins.  Pron.  du  Y'hjiétron.  |]  Mj.  —  Laiteron. 
Corr.  du  mot  fr.  Plante  de  la  famille  des  lac- 
tucées.  V.  Guélron. 

Lictte  (Partout),  s.  f.  —  Tiroir  d'armoire. 
Ce  mot  a  vieilli.  Pour  Layette  ;  cf.  Balietle. 
Syn.  de  Tirette.   \\  Cho.,  te,   Sal.  —  Liette 
ou  Tirette  ;  tiroir  du  buffet  où  l'on  met  les  ' 
cuillers,    les    fourchettes,     ij    Ec.    Tiroir    de  ! 
meuble  (armoire,   table,  buffet),    pron.    lieC  ' 
en  une  syll. 

Et.  —  Layette.  Du  dam.  laeye,  Irode  :  ail.  lade.  ■ 
tiroir  d'armoire,  caisse,  coffre  ;  puis  :  contenu  du 
coffre,  et  spécialement  le  linge  d'un  enfant  nou- 
veau néi  V 


Lieu  (Mj.),  s.  m.  —  Place  que  chaque  bête 
occupe  à  retable.  Cf.  Jaub.  Tonlieu.  ||  Faire 
ein  lieu  de  motives,  se  louer  pour  la  moisson, 
tenir  un  lieu  de  moissonneur  dans  une  ferme 
donnée.  I|  Amener  à  lieu,  —  mettre  sur  le 
lapis,  soulever  une  question  (By.).  Ij  Ne  tenir 
ni  en  lieu  ni  en  place,  —  ne  pouvoir  rester 
tranquille.  i|  Hêter  le  lieu,  —  visiter,  inspec- 
ter l'endroit.  ||  Lg.  —  En  lieu  de,  —  au  lieu 
de.  On  dit  aussi  :  Au  Heur  de.  ||  By.  —  En 
diss  de,  —  en  guise  de. 

Hist.  —  «  Il  savait  le  nom  des  bœufs  de  chaque 
ferme,  et  leur  lieu  dans  chaque  étable.  »  (Anj. 
Hist.,  m,  283,  17.)  —  A  ton  lieu  !  dit-on  aux  vaches 
en  les  ramenant  des  champs.  (Mén.)  —  Lat. 
Locus. 

Lieue,  s.  m.  (par  erreur  sans  doute).  —  Une 
lieue  de  moulin,  ou  2000  pas  ;  chaque  pas 
valait  5  pieds  ;  ou  mille  tours  de  la  roue  d'un 
moulin,  ayant  15  pieds  de  tour  et  de  circuit 
par  dehors,  à  prendre  depuis  ladite  maison 
jusqu'audit  moulin  {Coût.  Gén.,  art.  2)  —  ou 
bien  à  prendre  de  la  huche  du  moulin  venant 
à  l'entrée  de  l'enclos  de  l'estage.  Du  celt.  leii. 
(Mén.).  —  C'est  le  ressort  du  moulin  banal. 
Voir  La  Curne. 

Et.  —  Leuca,  que  les  auteurs  lat.  disent  être  un 
mot  gaulois.  —  Celtiq.  ;  Gaël.,  leig  ;  bret.,  leô,  leu. 

(LiTT.) 

Lieur  (Lg.).  —  En  Heur  de,  pour  :  au  lieu  de 
X.  Lieur  se  dit  exceptionnellement  à  Mj. 

Lieuvre  (By.,  Ti.,  Zig.  173),  s.  m.  —  Lièvre. 

Lièvre  (Sa.),  s.  m.  —  Fig.  Écart  que  fait  une 
charrue  mal  dirigée  en  traçant  un  sillon.  Un 
laboureur  maladroit  fait  des  lièvres.  —  Sans 
doute  par  allusion  aux  écarts  de  cet  animal 
fuyant  le  chasseur.  Cf.  Codâiiler. 

Liévrette  (Tlm.),  s.  f.  —  Hase,  femelle  du 
lièvre.  Doubl.  et  syn.  de  Levrette. 

Ligear,  fém.  ligère  (Mj.,  By.),  adj.  q.  — 
—  Léger,  mot  vieilli.  On  dit  mieux  Legear, 
pron.  :  l'geare. 

Ligne  (AIj.,  By.),  s.  f.  —  Jeu  d'enfants.  — 
\.  au  Folk-Lore,  vu. 

Ligner  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Tracer  au  cor- 
deau des  lignes  sur  une  pièce  de  bois.  Ce  mot 
est  de  la  langue  des  charpentiers  et  des  scieurs 
de  long. 

Ligneur  (Mj.),  s.  m.  —  Pêcheur  à  la  ligne. 
Il  By.  —  Ligneux. 

Hist.  —  Dimanche,  dès  5  heures  du  matin,  place 
Larochefoucault,  la  Société  des  pêcheurs  à  la  ligne 
se  réunissait. . .  Après  le  pesage  (du  poisson,  bien 
entendu),  en  cortège,  les  ligneux  se  rendent  à  la 
Maine.  (Petit  Courrier  du  .SO  juillet  1906,  2,  2.) 

Lignou'^(Sp.,  By.),  s.  m.  —  Ligneul.  |l  Fig. 
Filet  ou  irein  de  la  langue.  On  dit  d'un 
bavard  :  La  bonne  femme  qui  illi  a  coupé  le 
lignou  n'a  pas  volé  ses  cinq  sous.  —  C'est  le 
fr.  Ligneul,  altéré.  Doubl.  et  syn.  de  Légnou. 

Ligny  (le  port),  s.  m.  —  Quartier  d'Angers. 

'      Hist.  —  n  . .  .Hz  vindrent. . .  et  de  là  sur  la  rive 

du  fleuve  de  la  Mayenne  s'espandirent,  en  la  place 

•Llaquelle  (pour  l'habondance  des  boys  et  bûchera 


520 


LIGOINER 


LIPPE 


qui  y  sont)  l'on  appelle  le  port  Lignier.  »  (J.  de 
BouÈd.,  C.  L.,  I,  212.)  —  Et.  De  :  portus  lignarius, 
originairement  le  Port  Lignier,  ou  Legnier,  Lenier, 
et  enfin  Lanier,  p.-ê.  à  cause  de  qq.  personne  du 
nom  de  Lanier,  qui  avait  fait  qq.  réparation  à  ce 
port.  (MÉNAGE.)  —  Non  ;  J.  de  Bourd.  a  mieux 
rencontré.  Lat.  Lignum,  bois. 

Ligoiner  (Pell.),  v.  a.  —  Mâcher,  masti- 
quer longuement.  Syn.  de  Mâtroyer.  \\  Même 
explicat.,  de  plus  :  Probablement  le  même 
que  Digoiner,  ou  Guigoiner,  qui  vient  de 
Digane  ou  Guigane. 

Lilas  de  terre  (Mj.),  s.  m.  —  Petite  plante 
d'ornement,  à  tige  herbacée,  et  dont  la  fleur 
a  une  certaine  ressemblance  avec  celle  du 
lilas.  C'est  le  muscari  monstrueux. 

Et.  —  Esp.  :  lilac,  de  l'arabe,  lilata,  d'orig.  per- 
sane. Lilas  est  pour  :  lilacs,  plur.  de  lilac. 

Lilas-terrien  (Pt.),  s.  m.  —  Syn.  de  Lilas 
de  terre. 

Limande  (i\Ij.,  By.),  s.  f.  —  Branche  de 
saule  que  l'on  attache  avec  les  arçons,  pour 
renforcer  la  haie,  mais  qui  n'est  pas  fichée  en 
terre,  comme  les  arçons  eux-mêmes. 

Et.  —  Du  lat.  Ligamentum  ?  —  Hist.  «  Les  autres 
faces  avec  leurs  tournons  estoient  toutes  de  tables 
et  limandes.  »  (Rab.,  Sciomachie,  p.  594.)  —  «  Un 
enjoliveur. . .  fit. . .  des  séparations  avec  des  ais,  les 
unes  de  bois  de  chêne,  les  autres  de  sapin,  tenans 
à  clous,  fers  et  chevilles,  et  enmortaisées,  en 
limandes  ou  sableres.  ><  {Coust.  d' Anj.,  t.  II,  544.) 

Limas,  along(Lg.,  Tlm.),  s.  m.  —  Limaçon, 
escargot.  Doubl.  et  syn.  du  Mj.  Luma,  a  bref, 
rac.  du  fr.  Limaçon.  Syn.  Coquet.  \\  Lg.  — • 
>,'.  On  distingue  le  limas  à  coqueille,  ou  escar- 
got, et  le  limas  rouge.  —  Au  Lg.,  le  nom  de  : 
loche  ne  s'applique  qu'aux  autres  espèces  de 
limaces. 

Et.  —  L.  limax  :  grec,  leïmax,  de  leïmôn',  lieu 
humide.  (Cf.  Limon.)  —  Hist.  «  Un  limas  dans  les 
gapiers  (balle  d'avoine).  "  (Mont.,  Essais,  ni,  13.) 
Rappelle  le  :  mus  in  pice,  des  anciens.  Jaub.  — 
«  Les.  intelligences  comme  limaz  sortant  des  fraires 
(fraises).  »  (Rab.,  P.,  iv,  30.) 

Limer  (Mj.),  v.  n.  et  a.  —  Au  billard,  im- 
primer à  la  queue  des  mouvements  rapides  en 
avant  et  en  arrière  avant  de  lancer  le  coup. 

Et.  —  L.  lima,  qui  se  rapporte  à  :  limus,  oblique 
à  cause  de  l'obliquité  ou  de  la  courbure  des  dents 
de  la  lime. 

Liméro,  s.  m.  —  Corrupt.  du  fr.  Numéro. 

N.  —  L'I  remplace  n,  comme  dans  :  envelimer, 
et  i  remplace  u,  comme  dans  Lindi.  —  Qqf-, 
Luméro.  (Jatjb.) 

Limon  (Z.  127,  By.),  s.  m.  —  Timon  ; 
brancard. 

Et.  —  Wallon,  limon,  poutre?  —  Hist.  «  Icel- 
luy  varlet  se  ferma  une  corde  au  col,  en  manière 
d'une  vercoUe  pour  soustenir  le  limon  du  dit  demi- 
char.  H  (1460.  L.  C.) 

Limonade  (Sp.),  s.  f.  — ■  Syn.  de  Merline. 
Vient  des  lang.  orientales.  —  Qqf.  mauvaises 
affaires.  Cf.  Purée,  Pétrin.  «  Il  est  tombé 
dans  la  limonade.  » 

i  >  Limouges.  —  Espèce  de  champignon  qu'on 
recueille  à  Tigné. 


Limounade  (St-P.),  s.  f.  —  Mauvaise  pro- 
nonc.  de  Limonade. 

Limousin  (Lg.),  s.  m.  —  Gratte-cul,  fruit 
de  Véronfier.  X.  Il  doit  y  avoir  là  qq.  allusion 
maligne. 

Et.  —  Lemovices,  nom  gaulois  du  pays  de  Li- 
moges. 

Lin,  s.  m.  —  Lin  sauvage.  Achillea  ptar- 
mica  ;  mille-feuille  ou  saigne-nez. 

Linceul  (Lue),  s.  m.  —  Drap.  '\  By.  —  Lin- 
ceuil. 

Et.  —  Lat.  Linteolum,  petit  linge,  dimin.  de 
linteum,  linge,  de  linum,  lin.  —  Hist.  «  Frère  .Jean 
emporta  la  couverte,  le  matelas  et  aussi  les  deux 
linreulx.  »  (Rab.,  t.  V,  f.  66.)  L.  C. 

Linçoir  (Mj.,  Tlm.,  Lpos.,  Lg.),  s.  m.  — 
Pièce  de  bois  formant  la  partie  interne  du 
linteau  d'une  porte  ou  d'une  fenêtre,  'i  Pièce 
de  charpente  fixée  transversalement  au 
devant  d'une  cheminée,  entre  deux  soliveaux, 
et  supportant  les  extrémités  d'autres  soli- 
veaux. —  Chevêtre.  V.  Littké.  —  Voisin  du 
fr.  Lintreau. 

Lin  des  marais.  —  Eriophorum  polysta- 
chium.  (Bâtard). 

Lindi  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Lundi,  il  Mais  pas 
à  Mj.,  ni  à  Sa. 

Line,  s.  m.  —  V.  Lait  de  couleuvre  (Bâtard, 
Méx.). 

Linge  (Lg.),  adj.  q.  —  Léger.  Doubl.  de 
Lège  et  du  fr.  Liège.  Lat.  :  levis.  N.  Il  con- 
viendrait p.-ê.  d'écrire  :  leinge.  ||  Long  et 
mince,  fluet,  effilé.  Se  rappr.  de  l'angl.  Lean. 

N.  —  Mince,  délié.  Encore  en  usage  en  cette 
signification  dans  le  Languedoc  et  dans  la  Pro- 
vence. (Ménage.)  —  «  Sa  personne  estoit  et  fut 
toujours  lin^e  et  menue.  »  (L.  C.)  —  «  Faible 
comme  une  toile  de  linge,  *  lintium,  *  lintj  -j-  e 
d'appui,  *  lintja,  pour  :  linteum,  linteam,  de 
linum,  lin.  »  (D''  A.  Bos.) 

Linguet  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Déclic,  taquet 
qui  retient  une  roue  à  rochet.  Du  lat.  Lingua, 
avec  le  suffixe  et,  diminutif. 

Linot  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Linotte. 

Et.  —  Ainsi  nommé  parce  qu'il  aime  les  linières, 
la  graine  de  lin.  (Litt.)  —  V.  Jaub.  Citât,  de 
Marot.  Cf.  Chardonneret,  de  Chardon. 

Liogroux,  ouse,  (Mj.),  adj.  q.  —  Visqueux.  || 
Sali  par  des  matières  visqueuses,  gluantes  ou 
glaireuses.  Syn.  Gleuroux.  \\  Boueux. 

Et.  —  Pourrait  être  une  corr.  du  fr.  Glaireux,  par 
métath.  du  G.  —  V.  Gobicr,  etc.  —  Plus  probable- 
ment a  la  même  rac.  que  son  synon.  Liavassoux. 
On  sait  que  le  v.  et  le  g  se  remplacent  sans  cesse. 
—  Cf.  Liagossée  et  Liacassée. 

Lippe  (Lg.),  s.  f.  —  La  langue,  considérée 
comme  servant  à  lécher,  à  laper.  —  C'est  le 
mot  f:-.  détourné  de  son  sens  par  assimil.  avec 
Laper.  !|  Faire  la  lippe,  allonger  les  lèvres, 
bouder  (By.,  id.).  C.  Franche  lippée.  ||  Sal.  — 
Grosse  lèvre.  —  N.  Un  ancien  inspecteur 
d'Académie  d'Angers  (M.  de  L.)  s'appelait 
le  Père  la  Lippe,  de  sa  lèvre  inférieure  proé- 
.  minente. 


LIPPEREAU  —  LIZARD 


521 


Hist.  —  «  Icellui  Mullot  par  manière  de  desri- 
sion  commença  à  faire  la  lippe  ou  la  moe  aux  sup- 
plians.  »  (1457.  —  L.  C.)  —  Et.  Ail.  Lippe.  Lat. 
Lab-rum. 

Lippereau  (Mj.),  s.  m.  —  Lippe,  lèvre.  Cf. 
Nippereau. 

Lippot'  (-Mj.),  s.  m.  —  Moue,  avancement 
de  la  lèvre  inférieure.  «  Faire  son  lippot.  »  V. 
Pot.  Il  Nœud  coulant  fornné  avec  la  jène  dont 
on  enserre  le  nez  des  vaches,  pour  les  conduire 
aux  champs.  Syn.  de  Galipot.  Du  fr.  Lippe. 

Liqiiet  (Do.),  s.  m.  —  Le  hoquet.  Syn.  de 
Hiquet,  .Jiquet,  Loquet. 

Lire  (Sal.).  —  Boire  à  la  lire,  c.à.d.  en  lais- 
sant tomber  d'une  certaine  hauteur  le  liquide 
dans  la  bouche  ouverte,  sans  appuyer  sur  les 
lèvres  le  goulot  de  la  bouteille.  V.  Lyre,  meil- 
leure graphie. 

Lirou  (Sp.),  s.  m.  —  Loir,  lérot.  1|  Dormir 
coni!  le  ein  lirou,  —  dormir  comme  un  loir. 

Et.  —  Corr.  du  vx  fr.  Liron,  dér.  du  lat.  Glis, 
gliris.  Syn.  de  Aliron,  Rat-liron.  —  Lat.  pop.  Gli- 
ronem  ;  class.,  glirem.  —  Hist.  «  Puis  grands 
pâtés  de  venaison,  d'allouettes,  de  lirons.  »  (Rab., 
P.,  IV,  59.)  —  «  Soubdain  deviennent  gras  comme 
glirons,  qui  par  avant  étaient  maigres  comme 
pics.  »  (Id.,  ibid.,  v,  4.) 

Lis  (Mj.),  s.  m.  —  Lisière  d'une  étoffe. 
Et.  —  P.-ê.  de  liste,  bordure  ;  aha.  lista,  bor- 
dure ;  am.  leiste.  —  Cf.  Lisière,  liseré. 

Lisandier,  s.  m.  —  Un  malin  en  affaires, 
celui  qui  sait  lire  couramment.  —  V.  Lisoux, 
Liseux. 

Lisette  (Sp.,  Lg.),  s.  f.  —  Betterave  blanche 
cultivée  pour  la  nourriture  des  bestiaux. 

Et.  —  Corrupt.  du  fr.  Disette.  On  sait  qu'une 
variété  de  betterave  s'appelle  Betterave  disette. 
Mais  Lisette  s'emploie  absolument  et  dans  le  sens 
le  plus  général  pour  désigner  la  betterave  cultivée 
comme  fourrage.  On  dit  Lisette,  et  non  Betterave 
lisette. 

Liseux  (Mj.),  s.  m.  —  Liseur.  Syn.  et  d.  de 
Lisoux.  V.  Lisandier. 

Lisière  (Lg.),  s.  f.  —  Visière  d'une  casquette 
Syn.  de  Bonjour.  Confus,  des  deux  mots 
Visière  et  Lisière.  V.  Lis.  N.  On  mouille  Tl. 

Lisou.v  (Mj.,  By.),  s.  m.  et  f.  —  Celui  ou 
celle  qui  aime  la  lecture,  grand  liseur.  Syn.  et 
d.  du  fr.  Liseur.  Cf.  pour  la  forme,  Mardoux, 
Bavoux,  etc.  Y.  Lisandier,  Liseux. 

Lisse  (Do.),  s.  f.  —  Diminut.  de  :  palisse, 
prépare  pour  les  bœufs  (Mén.).  —  Palisse? 
Prépare? 

Lissée  (Mj.),  adj.  q.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  l'express.  Gueule  lissée.  C'est  une 
croyance  populaire  qu'une  soûlée  de  loup 
dure  neuf  jours,  pendant  lesquels  l'animal  ne 
pe\it  remuer  les  mâchoires.  11  est  probable 
qu'on  aura  vu  parfois  des  loups  ayant  la 
mâchoire  désarticulée  à  la  suite  d'un  bâille- 
ment ou  de  l'effort  fait  pour  saisir  une  proie 
trop  grosse.   V.   Bâillonné,  Enclacelé. 

Lissurc  (Tlm.),  s.  f.  —  Double  fd  formant 


au  milieu  une  boucle  où  passe  un  fd  de  chaîne. 
L'ensemble  des  lissures  constitue  une  lame. 
(Lang.  des  tisserands). 

Lisii  (Mj.,  Tlm.).  part.  pas.  Lu.  —  N.  N'est 
employé  que  par  les  enfants  ou  par  les  per- 
sonnes tout  à  fait  ignorantes  à  ^Ij.,  mais  il 
l'est  couramment  à  Tlrn.  où  on  mouille  Tl. 

Lit  à  l'ange  (Mj.),  s.  m.  —  Ancienne  forme 
de  lit,  à  pieds  élevés  et  à  carrée  ou  baldaquin. 

N.  —  C'est  le  lit  à  la  duchesse.  (V.  Hatzfeld.) 
Autrefois,  la  carrée  était  supportée  par  quatre 
colonnes  ;  plus  récemment,  elle  ne  l'était  que  par 
un  fort  panneau  de  menuiserie  qui  formait  la  tête 
du  lit  et  que  masquaient  les  bonnes  grâces.  Des 
vargette^  de  fer,  courant  tout  autour  de  la  carrée, 
soutenaient  les  grands  rideaux  de  serge  verte,  qui 
tombaient  perpendiculairement  et  formaient  une 
sorte  de  chambre.  Le  lit  à  l'ange  était  flanqué 
d'un  coiïre  ou  marchepied,  qui  servait  à  y  monter. 

Lit  à  bateau  (Mj.),  s.  m.  —  Lit  de  forme 
basse.  ||  By.  —  A  dos  renversé. 

Hist.  —  «  On  trouve  dans  une  même  habitation 
ces  trois  formes  de  lit,  auxquelles  on  mêle  la  forme 
moderne,  dite  :  lit-bateau.  [La  Trad.,  p.  42, 1.  34.) 

Litran,  s.  m.  —  Litron.  Ancienne  mesure 
ou  16e  partie  d'un  boisseau,  ou  36  pouces 
cubes  ;  un  litron  de  pois,  de  fèves.  [Privilèges 
delà  ville  d' Angers, —  1.3  juillet  1615. —  Mén.) 

Et.  —  L.  litra,  mesure  de  liquide  ;  grec,  litra, 
une  livre. 

Liure  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Agrafe,  petit  cro- 
chet de  fd  de  fer  servant  à  raccommoder  la 
vaisselle  cassée. 

Et.  —  Lat.  Ligatura. 

Livre  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Feuillet,  le  troi- 
sième estomac  des  ruminants,  tout  tapissé  de 
replis  muqueux  rappelant  les  feuillets  d'un 
livre.  Sens  métaphor.  ||  Passer  ein  livre,  —  le 
lire  d'un  bout  à  l'autre. 

Livrer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Donner  ou 
prendre  livraison. 

N.  —  L'emploi  de  ce  mot  dans  les  deux  sens 
contraires  ou  réciproques  est  à  rapprocher  de 
l'emploi  analogue  que  l'on  fait  en  fr.  du  v.  Louer, 
donner  ou  prendre  en  location.  —  Cf.  Arenter, 
Aviager. 

Et.  —  L.  Liberare,  rendre  libre.  «  L'idée  mo- 
derne, dit  ScHELER,  se  déduit  naturellement  du 
sens  classique  :  affranchir,  détacher  une  chose  ou  la 
laisser  partir,  la  livrer,  ne  plus  la  retenir,  sont  des 
idées  qui  se  tiennent.  « 

Lizard  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Lézard.  On  dit 

proverbialement  d'un  homme  chanceux  :  Il 

.  a  eine  queue  de  lizard  dans  sa  poche.  Selon  la 

croyance  popul.,  une  queue  de  lézard  est  une 

amulette  équivalente  à  la  corde  d'un  pendu. 

—  Doubl.  du  fr.  ;  angl.  Lizard.  Syn.  de  Lia- 
vard,  Lizardc. 

N.  —  La  voyelle  i  s'est  changée,  au  xvr'  s.,  en  e. 
En  Berry,  lizard  :  lat.,  lacertus  ou  lacerta,  lézarde. 
«  Petit  //cart/ courant  à  travers  le  pampre.  »  (Rab.) 

—  Un  mur  se  lizardc.  «  Le  roi  Gontran,  un  jour,  à  la 
chasse,  s'endormit,  une  petite  bête  en  façon  de 
lizard  lui  yssit  de  la  bouche.  »  (J.  de  Bourdigné.) 

—  «  Mais  singulièrement  y  apparoissoient,  au 
demy-jour  aucuns  limaçons,  en  un  lieu,  rampant 


522 


LIZARDE 


LOITER 


sus  les  raisins,  en  autres,  petits  lisars  courant  à 
travers  le  pampre.  »  (Rab.,  P.,  v,  38.)  —  «  Avec 
le  chameleon,  qui  est  une  espèce  de  lizart.  »  (Id. 
ibid.,ï\,  2,  359.) 

Lizarde  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Lézarde.  '|  Lg. 
—  Lézard  gris.  N.  Le  lézard  vert  s'appelle 
Liavard. 

Lizarder  (Mj.,  By.),  v.  a.  et  n.  —  Lézarder. 

Lizette,  s.  f.  —  Betterave  rouge  (Li.,  Br.). 
Il  Th.  —  B.  fourragère.  —  V.  Lisette. 

LZaverd.  —  V.  Llois.  Mén.  Iris  pseudacorus. 
Bat.  qui  l'appelle  encore  Iris  jaune,  ou  des 
marais.  Liaverd. 


LZere,  s.  m. 


Lierre.  ]\lÉx. 


LZois,  s.  m.  —  Iris  des  marais  et  Liaverd, 
qqf.  flambe.  (Mén.)  Bat.  id.  Ou  l'Iris  germa- 
nica. 

Loce.  —  Espèce  de  vrille  pour  percer  le  bois. 
{Rei'ue  d'Anjou,  1883.  V.  Losse.) 

Loche  (Mj.,  By.),s.  f. — Limace.  Syn.  Limas. 
Il  Petit  poisson  très  gras,  de  la  grosseur  d'un 
goujon,  qui  se  tient  caché  sous  les  pierres,  au 
bord  de  la  Loire.  On  dit  proverbialement  :  Gras 
comme  eine  loche,  —  en  pari,  des  personnes  ou 
des  animaux.  By.  —  Très  souvent  appelé 
lotte,  et  j'ai  entendu  appeler  loche  la  grosse 
lotte. 

N.  —  On  sait  que  les  limaces  sont  hermaphro- 
dites, comme  tous  les  animaux  de  ce  groupe. 
Chaque  individu  possède  donc  un  organe  mâle, 
présentant  la  forme  d'un  petit  cône  qui,  au  mo- 
ment de  l'accouplement,  fait  saillie  sur  un  des  côtés 
de  la  tète,  en  même  temps  que  l'organe  femelle 
s'ouvre  vers  le  milieu  du  corps  et  du  même  côté. 
Or,  à  Sp.,  les  gens  de  la  campagne  prétendent  que 
ce  côté  change  chaque  année  et  que  l'accouple- 
ment a  lieu  alternativement  par  la  droite  et  par  la 
gauche  du  corps.  Il  y  aurait  là  un  détail  de  phy- 
siologie intéressant  à  vérifier.  J'ai  observé  qu'en 
1888,  l'accouplement  se  faisait  par  le  côté  droit, 
qui  répondrait  alors  aux  années  paires.  (R.  O.)  — 
Hist.  «  En  l'an  1661,  le  bledz  sur  la  fin  de  l'année 
valoit  XLV  s.  le  seigle  et  4  s.  le  froment,  pour  la 
cause  des  loche  et  autre  intempérie  de  l'air.  » 
(Inv.  Arch.,  E,  n,  165,  col.  2.)  —  «  Mainte  nourrice 
du  Poitou  et  d'ailleurs  prétend  encore...  qu'un 
collier  de  dents  de  loup  ou  d'os  de  loche  (c'est  la 
coquille  rudimentaire  de  certaines  limaces)  fait 
«  percer  les  gencives  ».  (La  Trad.,  p.  72,  1.  15.) 

Locliée  (Mj.)  s.  f.  —  Forte  note  à  payer. 
Ex.  :  Illy  en  a  eine  fameuse  lâchée  à  payer, 
chez  le  phormacien.  jj  Forte  trochée  de  fruits. 
Syn.  de  Lictrée,  Trochetée. 

Locliis  (By.),  s.  m.  —  Trace  visqueuse 
laissée  par  les  lumas  et  les  loches.  Syn. 
Lichée.  ||  Matière  visqueuse  qui  se  trouve  sur 
le  corps  des  anguilles,  des  tanches.  Y.  F.  Lore,ix. 


loddier  de  toille  teinte  garny  de  filasse ...  » 
N.  —  Hatzf.  donne  ce  mot  avec  le  sens  de 
couverture. 

Loge  à  bourre  (Lg.),  s.  f.  —  Loge  ou  hangar 
rustique,  édifié  en  perches  et  branchages,  et 
recouvert  de  paille,  genêts,  grètes,  etc.,  de 
bourre  ou  de  bourrage,  en  un  mot.  ||  Sal.  — 
Loge,  id. 

Et.  —  BL.  Laubia,  lobia,  lobium,  aha.  lauba, 
laubja  ;  am.  Laube,  feuillée,  parce  que  de  telles 
cabanes  étaient  faites  en  feuillage.  —  Ne  peut 
être  rattaché  à  Locare.  V.  cependant  loger. 

Logereau  (Lg.),  s.  m.  —  Logette.  V.  Loge 
à  bourre. 

Logeur  (Mj.),  s.  m.  —  Ouvrier  qui  est  logé 
et  pensionnaire  dans  une  maison  particulière. 

Logis,  s.  m.  —  Logis. 

X.  —  Ce  mot  est  bien  français,  mais  il  semble 
qu'il  ait  eu  dans  notre  région,  surtout  du  xv«  au 
xvTCP  s.,  le  sens  spécial  de  :  maison  importante, 
située  dans  une  ville  ou  un  gros  bourg,  et  servant 
de  résidence  à  un  seigneur  ou  à  un  riche  bourgeois, 
ce  que  l'on  appelle  aujourd'hui,  en  fr.,  un  hôtel. 
Il  y  a  encore,  à  Angers,  le  logis  Barrault.  Le  bourg 
de  Champtocé  a  le  Petit  Logis  ;  Mazières  a  le 
Logis,  etc.  (By.) 

Loguier  (Sp.),  s.  m.  —  Matelas  sur  lequel 
on  couche.  Ce  mot  a  vieilli  à  Mj.,  mais  il  est 
très  usité  à  Sp.  —  V.  Lodier. 

Et.  —  Ail.  zu  liegen,  être  couché?  —  Hist. 
«  Passant  oultre,  je  vis  un  averlant  qui,  saluant 
son  allié,  l'appela  mon  matraz  :  elle  le  appeloit 
mon  lodier.  »  (Rab.,  P.,  iv,  9.) 

Loi  (Lg.,  By.),  s.  f.  —  Etre  à  la  loi,  —  être 
légal,  en  conformité  avec  la  loi.  i|  Tlm.  — 
Religion,  confession.  Ex.  :  Les  Petite  Église 
ne  sont  point  de  la  même  loi  que  nous,  il  Mj. 
—  Ribon  la  loi.  V.  Ribon. 

Loibres,  s.  m.  pi.  —  Pelures  de  terre  cou- 
vertes d'herbes  servant  à  retenir  les  épines 
sur  un  fossé  neuf  (Mén.).  V.  Louâbre. 

Loin  (Mj.,  By.),  adv.  Loin-à-loin,  —  de  loin 
en  loin.  Ex.  :  On  a  queuques  fois  queuques 
bonnes  journées,  mais  a  sont  ben  loin  à  loin. 
Il  A  longue  distance  l'un  de  l'autre.  Ex.  :  C'est 
loin  à  loin,  comme  les  collations  de  chien. 
hk-loin,  —  là  bas.  Ij  Atteindre  de  loin,  — 
être  influent,  avoir  le  bras  long.  !l  Ça  ne  va 
pas  loin,  —  cela  n'a  pas  de  portée,  c'est  de  peu 
d'importance  !|  En  loin,  —  au  loin.  Ex.  Je 
l'ai  vu  en  loin  qui  passait. 

Lointer  (Segr.),  v.  a.  —  Jouer,  prendre  ses 
ébats  en  s'amusant  ;  opposé  à  lutter  (MÉx.). 
\\  Loiter. 

Loire  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Loutre.  N.  La 
loire  n'est  nullement  le  loir.  —  Cf.  Leûre, 
Loure  (Jaub.). 


Loclion  (Mj.,  Lg.),  s.  m.  —  Boulot,  enfant 
très  gras.  Ex.  :  Queun  grous  lochon  de  que- 
neau  !  Augment.  de  Loche.  Syn.  de  Pape, 
Pâté,  Daubier,  Tourteau,  Maloquais. 

Lodier  (Mj.,  Chl.),  s.  m.  —  V.  Loguier. 
Matelas  sur  lequel  on  couche.  Cf.  Loguier. 
Mot  vieilli.  Je  le  retrouve  dans  l'inventaire  de 
Brodeau,  de  1745  (V.  Charlit)  :  «  Item...  un     Leuter.  A  vieilli.  Doubl.  des  mots  fr;  et  pat.     : 


Loiriers,  s. 
de  la  Loire. 

Loïse  (Lg., 
femme. 


m.  pi.  —  Habitants  des  bords 
By.),  s.  f.  —  Héloise,  prén.  de 


Loiter  (Chpt,),  v.  n.  —  Lutter.  Syn.  de  se 


LOITRINARD  —  LOPIN 


523 


Hist.  «  A  braz  ambsdons  (deux)  prenent  sei 
pour  loite  »  Roi.,  v.  2552. 

Loitrinard  (Mj),  adj.  q.  —  Lambin.  Syn.  de 
Lambinard,  Lainbinier.  —  V.  Loitriner. 

Loitriner,  louè-tri-né  (Mj.,  SaL),  v.  n.  — 
Aller  lentement,  en  lambinant,  en  lanternant. 

—  Syn.  de  Rafouiner. 

Et.  —  Cf.  l'angl.  to  Loiter,  même  sens,  avec  une 
terminaison  diminutive.  Faut-il  rapprocher  ce  mot 
du  fr.  Lanterner,  dont  il  serait  une  corruption  ? 

Loleaii  (Partout),  s,  f.  —  Eau,  terme  en- 
fantin. Ex.  :  Veux-tu  hume  de  la  loleau?  — 
C'est  deux  fois  le  mot  l'eau.  V.  Lolo. 

Lolo  (Mj.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la  loc.  ; 
Faire  lolo,  —  caresser  doucement  avec  sa 
main.  Terme  enfantin.  V.  Loleau. 

Londain  (Lg.,  By.),  s.  m.  —  Rangée  d'herbe 
fauchée,  en  forme  d'ados,  telle  que  la  laisse 
la  faux  de  l'ouvrier. 

Et.  —  Syn.  de  Ondain.  C'est  le  même  mot,  avec 
prosthèse  de  l'article  1',  comme  dans  Lierre. 

Long,  ue  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Long  comme 
ein  jour  sans  pain  —  très  long.  —  On  dit  : 
Jour  sans  pain,  misère  en  Prusse,  quand  on 
tire,  au  jeu  de  loto,  le  n"  3L  Les  soldats 
n'étaient  pas  payés  le  31  des  mois  ayant  ce 
nombre  de  jours.  ||  Au  long  de,  —  le  long  de. 
Il  Tout  du  long,  —  tout  au  long.  H  De  long  en 
long,  —  de  long  en  large.  Ex.  :  Il  se  promenait 
de  long  en  long  de  la  cour,  li  De  long  en  long, 

—  tout  au  long.  Ex.  :  A  m'a  raconté  ça  de 
long  en  long.  \\  A  longue  et  à  lâche,  —  lente- 

,  ment,  sans  se  presser.  Ex.  :  Le  velà  là  loin  qui 
s'en  veint  à  longue  et  à  lâche  (pron.  et  ia 
lâche).  Il  Lg.  —  En  dire  long.  V.  Dire.  ||  N'en 
savoir  plus  guère  long,  —  être  à  bout.  Ex.  : 
Tes  chausses  n'en  savent  pus  guère  long,  — 
tes  bas  sont  à  peu  près  usés.  ||  A  la  longue  du 
temps,  —  à  la  longue,  avec  le  temps.  ||  Au 
long  de,  —  au  bord  de.  Ex.  :  N'y  a  ren  qu'il 
aime  tant  que  d'être  au  long  de  l'eau,  !|  Mj.  — 
A  longue  d'année,  —  tout  le  long  de  l'année. 
Ex.  :  Y  a  de  l'harbe  à  couper  à  longue  d'année. 
On  dit  aussi  :  A  longue  année.  Ex.  :  Les  mari- 
niers mangent  de  la  salade  de  pissenlits  à 
longue  année  (By). 

Hist.  —  ((  Si  leur  furent  les  portes  ouvertes  et 
passèrent  un  a  un  en  saye  au  long  de  son  lict.  » 
(Amyot,  Alex.-le-G.)  —  «  Plan  d'un  accroissement 
de  grève  formé  au  lon<î  de  la  rivière  de  Loire.  » 
(1768. /ne.  Arch.,  H,i,p.  i5;i,  1.)—  «  Il  est  tombésur 
la  cure  le  feu  du  cieL  . .  qui  perça  les  poutres  de 
/ong  en /ortg  et  brûla  partie  des  chevrons.  «(1750.  Id., 
E,  II,  268,  2.)  —  «  Eugène  était  muet  et  se  prome- 
nait, de  long  en  long,  dans  sa  pauvre  chambre  en 
désordre.  »  (H.  de  Balzac,  Père  Goriot,  193.)  — 
«  Vûë  doit  être  faite  aux  quatre  angles  de  l'héri- 
tage, de  bout  en  bout,  de  long  en  long,  au  doigt  et  à 
l'œil.  »  (Coût,  de  Poil.,  t.  il,  6'J3,  407.) 

Longe  (Mj.  ),  s.  f.  Drap  plié  dans  toute  sa 

longueur  que  l'on  passe  sous  un  cercueil  pour 

le  porter.  ||  Chv.  —  Corde  pour  attacher  une 

vache.  «  Donne  donc  la  longe  (By).  Syn.  Fène. 

Hist.  —  «  Sans  faille,  ce  n'est  pas  mençonge, 

«  Bel  Acueil  a  trop  longue  longe.  » 

(Rose,  v.  3588.) 


Lougéier  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Longer,  aller 
le  long  de.  Ex.  :  «  11  s'en  allait  en  longéiant  les 
haies.  »  ||  S'étendre  le  long  de,  jouxter,  être 
adjacent.  Cf.  Rondéier,  Gauléier,  Foléier. 

Longe-pied  (Lg.),  s.  f.  —  Courroie  que  les 
vétérinaires  fixent  d'une  part  aux  pattes  pos- 
térieures et  d'autre  part  au  cou  d'un  cheval 
ou  d'un  taureau  pour  l'empêcher  de  ruer  et 
pratiquer,  sans  danger,  certaines  opérations. 

Longère  (Lg.),  s.  f.  —  Lisière,  morceau 
allongé,  bande  longue  et  relativement  étroite. 
—  Syn.  de  Ringlette.  Cf.  Longuerelle  (Jaub.). 

Hist.  —  «  En  cette  année,  j'ay  fait  construire 
une  longère  de  bâtiment  et  toits  à  porcs.  »  (1729. 
Inv.  Arch.,  p.  351,  C.  1.) 

Longerette,  s.  f.  —  Longerette  des  prés,  en 
forme  de  langue  ;  id.,  longuerette.  Ne  serait- 
ce  pas  plutôt  :  languerette,  ou  languet.  Autre- 
fois :  longeret  (H.  D.  1614).  Mén. 

Long-grain.  —  Sens  perpendiculaire  du 
schiste.  V.  Repartons.  (Mén.) 

Longi,  gie  (Mj.),  s.  m. —  Le  doigt  majeur; 
terme  enfantin.  S'emploie  sans  article.  Syn. 
Bougi.  V.  Pouzot.  Il  Lambin. 

Longue  (Mj.),  s.  m.  —  Sorte  d'oiseau  aqua- 
tique à  grandes  pattes,  plus  voisin  de  l'oie  que 
du  canard  ;  pèse  de  5  à  6  livres.  —  Plonge  beau- 
coup ;  pattes  demi-palmées,  plumage  bigarré, 
noir  et  jaunâtre.  —  On  peut  l'écrire  Longuet. 
Il  By.  —  Une  languée. 

Longue-lialeine  (Mj.),  s.  f.  —  Insecte  aptère, 
dont  le  corps  cylindrique  est  de  la  grosseur 
d'un  brin  de  chaume,  long  de  cinq  à  six  cen- 
timètres, et  de  couleur  jaune-verdâtre.  On 
le  trouve  dans  les  haies,  et  c'est  lui  qui  rem- 
plit les  nuits  d'été  de  son  chant  très  doux, 
mais  agaçant  par  sa  continuité.  De  là  son 
nom.  Syn.  de  Sirène. 

Longuerette.   —  ^^   Longerette. 

Louvoyer  (Mj.),  v.  n.  —  Louvoyer,  tirer 
des  bordées. 

Et.  —  Ce  pourrait  bien  être  la  forme  originelle 
du  mot  fr.  Notre  mot  pat.  semble,  en  effet,  dériver 
du  fr.  Lont^-Voie.  Louvoyer,  tirer  des  bordées, 
n'est-ce  pas  allonger  sa  route,  prendre  la  voie  la 
plus  longue?  A  remarquer  encore  qu'entre  les 
formes  pat.  et  fr.  il  existe  le  même  rapport  qu'entre 
Caillou  et  Caillou  (R.  O.)  —  Darm.  tire  ce  mot  de 
Lof  (orig.  scandin.),  ce  qui  me  semble  préférable. 
(A.  V.) 

Lopin  (Mj.,  Sp.,  Lg.),  s.  m.  —  Paquet  de 
rognures  de  fer  et  de  vieux  fers  à  chevaux, 
que  les  maréchaux  ressuent  et  soudent  pour 
en  forger  des  fers  neufs.  ||  Tlm.  —  Lopins  de 
forge,  s.  m.  —  Sorte  de  roche  que  l'on  trouve 
en  certains  endroits  par  lils  de  cailloux  ou 
rognons  rappelant  le  mâchefer  rouillé.  C'est 
ce  qu'on  appelle,  à  Sp.,  Merde  du  diable,  et 
au  Lg.  Noue  de  forge,  en  fr.  Poudingue.  — 
Dim.  du  fr.  Loupe.  ||  Fortune,  avoir  ;  lopin 
de  terre,  petite  pièce  de  terre  ;  guonillf.  mor- 
ceau d'étoffe. 

Hist.  —  «  Lopiner  est  un  mot  fort  en  usage  dans 
le  Palais  d'Angers  :  où  on  s'en  sert  particulière- 


524 


LOQUEBANNER  -  LOSSE 


ment  au  sujet  des  partages.  Ex.  :  On  y  (dans 
chaque  lot)  doit  mettre  les  pièces  entières,  et  non 
pas  les  lopiner.  »  (Ménage.) 

Loquebaiiner  (Bf.,  By.),  v.  n.  —  Être  mal 
fixé.  «  Petit,  t'as  un  joli  coutieau.  —  Vère, 
mais  la  lame  loquebanne  dans  le  manche. 
Syn.  Berloquer.  \\  Bg.  —  Secouer  un  loquet, 
une  porte  mal  close  ;  loqueter. 

Et.  —  Loquet.  Af.  loc,  or.  german.  —  Cf.  angl. 
Lock,  serrure. 

Locjjuence  (Mj..),  s.  f.  —  Bagout,  loquèle, 
facilité  de  parole.  \'.  Babille.  —  C'est  le  fr. 
Eloquence,  mais  non  dans  le  sens  relevé  de  ce 
mot.  Le  latin  faisait  la  distinction  entre 
I^oquentia  et  Eloquentia.  Julius  Candidus 
avait  coutume  de  dire  :  aliud  esse  eloquentiam 
aliud  loquentiam.  —  Ex.  :  Il  a  eine  bonne 
loquence. 

Et.  —  Loquèle,  de  loqui.  —  Hist.  «  Lequel 
Mahieu  est  affolez  d'un  bras  et  d'une  jambe  et  de 
la  parleure  ou  loquence.  »  (1375.  —  L.  C.)  —  «  Li 
défaut  de  la  letreure  et  de  loquence.  »  (Dom  Bou- 
quet. —  Id.)  —  Adage  normand  : 

—  «  En  prinche  loyalté, 
«  En  clerc  humilité, 
«  En  prélat  sapience, 
i(  En  advocat  loquence.    » 

Loquet  i  (By.),  s.  m.  —  Pris  à  tort  pour  la 
clef.  C'est  le  morceau  de  fer  sur  la  partie  plate 
duquel  on  pèse  et  qui  soulève  une  autre  lame 
de  fer.  1|  Mj.,  Lg.  —  Hoquet.  Syn.  de  Jiquet, 
Hiquét,  Liqnet. 

Et.  —  Dimin.  de  l'a.  f.  Loc,  venant  du  germ. 
anglo-sax.  Loc,  fermer.  —  Au  sens  de  Hoquet, 
c'est  encore  un  exemple  de  la  soudure  de  l'article 
avec  le  nom.  —  «  Item  pro  serraturis,  clavibus  et 
locetis,  xiiij  sols.  »  (1358.  —  D.  C.) 

Loquet  MMj.),  s.  m.  —  Hoquet.  Syn.  de 
Jiquet.  V.  à  ce  mot  une  formule  pour  l'arrêter. 

Loquetâiller  (Mj.),  v.  a.  et  n.  —  Agiter  le 
loquet.  Syn.  Loquebanner.  \\  Fig.  —  Ahanner, 
faire  des  eflorts  violents  et  répétés.  Ex.  :  Ils 
ont  ben  loquetaillé  à  charmer  ceté  terre-là. 
—  Fréquent,  de  Loqueter.  Syn.  Bédasser,  etc. 

Loqueter  (Mj.,  Lg.,  By.),  v.  a.  —  Fermer 
au  loquet.  |î  Secouer  une  porte  en  cherchant 
à  l'ouvrir.  Ex.  :  J'ai  ieu  beau  loqueter,  illy  a 
pas  ieu  moyen  d'entrer  ;  j'ai  trouvé  visage 
de  bois.  j|  Agiter,  secouer  le  loquet. 

Hist.  —  «  Lequel  huyz  ils  trouvèrent  fermé,  et 
pour  ce  hurlèrent  et  loqueterent  ensemble.  » 
(1393.  —  L.  C.) 

Loqueterie  (Bg.),  s.  f.  —  Petite  closerie. 
Syn.  de  Borderie,  Bordage,  Biquerie,  Valoirie. 

Loquetier  (Bg.),  s.  m.  —  Petit  closier.  || 
Les  personnes  qui  n'ont  qu'une  chambre 
pour  habitation  à  Baugé  :  dans  d'autres 
contrées,  ce  sont  des  chambriers.  (Mén.) 

Loricard.  —  Nom  d'une  place,  à  Angers. 

N.  —  Sur  l'emplacement  de  la  petite  place 
Loricard,  dit  M.  A.  de  Soland  (Bullet.  hist.  et 
monum.  de  V  Anjou),  se  trouvait,  en  1619,  l'auberge 
de  voie  rou^e,  tenue  par  Jean  Guillou.  Le  mot 
Loricard,  donné  à  la  place,  est  un  vx  mot  qui  signi- 
fie :  étourdi.  On  disait,  au  commencement  :  «  H  est 
du  Loricard  »,  pour  parler  d'une  personne  peu  rai- 
sonnable. Le  sens  d'espion  fut  aussi  attribué  au 


mot  Loricard.  L/es  Bretons,  dit  un  vieil  auteur,  y 
loricardaient  pour  surprendre  la  ville  et  le  château 
d'Angers. 

Et.  —  Originairement,  ce  mot  a  signifié  :  lorica 
indutus,  c.-à-d.  cuirassé,  portecuirasse.  Du  tans  de  la 
Fronde,  on  appelait,  à  Angers,  Loricards  les  Fron- 
deurs. (MÉNAGE.)  —  Nom  donné  aux  Allemands 
mercenaires  du  xvi''  s.,  puis  aux  frondeurs  d'An- 
gers ;  ils  avaient  toujours  le  pot  en  tête  et  la  cui- 
rasse (lorica)  au  dos.  (L.  C.)  —  Noëls  angev.,  p.  30, 
1  : 

—   «  Marche    devant,    i)auvre    mular, 
«  Et  t'appuie  sur  ton  Inllard  : 
«  Et    toi,    Loquard,    vieux    Loricard, 
«  Tu  dois  avoir  grande  honte. . .   " 
—  «  Lorikar,  vieux  coureur  ;  personne  ridicule.  Et 
de  même,  dans  Godefroy,  au  sens  de  :  fanfaron, 
guilleret,  qui  fait  le  galant  et,  qqf.,  qui  fait  le  mau- 
vais.  De   même   :  loricarder,   Hâner,   vagabonder. 

(G.  DE  GUER.  ) 

2'=  sens.  —  Jambon  (Mj.),  s.  m.  —  Le  mot 
n'est  plus  guère  usité  ;  cependant  les  jeunes 
gens  chantent  encore,  dans  la  chanson  du  mois 
de  mai  : 

—   «  Avec  ce  bon  loricard 

«  Qui  pend  à  la  cheminée.  » 

N.  —  Cf.  pat.  norm.  :  Lorique.  guenille.  (G.  de 
G.)  —  Ceci  me  donne  l'étymol.  de  ce  mot  curieux 
et  explique  en  même  temps  le  passage  de  notre 
vieux  Noël  angevin  que  j'ai  cité.  Un  loricard,  c'est 
im  loqueteux,  un  guenilloux.  De  fait,  on  enveloppe 
un  jambon  de  guenilles  avant  de  le  pendre  dans  la 
cheminée.  (R.  O.) 

Loricarder.  —  Espionner.  V.  Loricard. 

Loriou  (Lg.,  Li.,  Br.,  By.).  —  Loriot. 

Et.  —  Berry  -.  Louriou  ;  ailleurs  :  oriol,  ouriou. 
L.  Aureolus,  couleur  d'or.  (Litt.)  —  «  Dans 
Compère  Loriot,  désignant  l'orgelet  ou  bouton  qui 
vient  sur  les  paupières,  de  :  ordeolus,  orgelet.  — 
Hist.  «  Pour  pissier  entre  deux  maisons  ou  contre 
le  soleil,  on  en  gagne  le  mal  des  yeux  qu'on  appelle 
le  leurieul  .{Ei'angile  des  quenouilles.  —  Guille- 

MAUT.) 

Loris  (Do.),  s.  m.  —  Wagonnet  servant  à 
transporter  l'outillage  des  cantonniers  de 
chemin  de  fer.  Ou  Lorry. 

Hist.  Le  chef  de  gare  de  Doué,  prévenu,  envoya 
aussitôt  deux  emploj'és...  avec  le  petit  Loris... 
chercher  le  blessé.  (Ang.  de  Paris,  1"  sept  1907.) 

Loroux.  —  Nom  propre.  Le  Louroux  (By.). 

Et.  —  «  Ce  mot  vient  de  Oratorio,  oratoire.  »i 
(En  note.)  —  «  Entre  les  autres  dévotz  et  méri-| 
toires  actes  du  comte  Foulques,  il  fonda  l'abbaye 
de  l'Oratoire  au  pays  d'Anjou,  laquelle  on  appelle 
le  Loroux.  »  (J.  de  Boubd.,  Hist.  aggr.,  i,  298.)  — 
Encore  la  soudure  de  l'article. 

Losse  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  de  vrille  ou  per- 
çage, en  forme  de  cuiller  allongée  et  pointue 
dont  les  tonneliers  se  servent  pour  faire  les 
bondes  des  fûts.  —  Doubl.  du  fr.  Louche  et 
du  bret.  Lons,  cuiller  à  pot.  ||  Lg.  —  Grande 
cuiller  de  bois,  dont  on  se  servait  autrefois 
pour  tremper  la  soupe  et,  au  fig.,  langue 
bien  pendue.  Syn.  de  Platine  (Lrm.,  id.) 

Et.  —  Semble  se  rattacher  à  l'ail.  Locher,  même 
sens,  de  Lochen,  percer.  —  «  Couteau  à  l'usage  des 
bouchers.  Bret.  Loa-bôd  (A.  V.). 

Hist.  —  «  L'on  print  la  propre  losse  du  boucher, 
de  quoy  le  dict  mal  faitteur  avoit  couppé  la 
gourge   à   son    maistre   et   maîtresse,   et    d'icelle 


LOSTRE  —  LOUPRA 


525 


mesme  l'en  lui  en  frappoit  trois  ou  quatre  grands 
coups  parmi  la  gourge.  »  (L.  C.) 

Lostre  (Ag.),  s.  m.  —  Mauvais  sujet,  garne- 
ment, vaurien.  «  Oh  !  lostre  d'enfant  !  »  — 
P.-ê.  pourl'ostre?  Il  By.  —  Les  deux  à  Angers  ; 
le  l'^''  beaucoup  moins  usité. 

Loté  (Mj.),  adj.  q.  —  Loti,  qui  a  reçu  un  lot. 
Ex.  :  Il  est  ben  mal  loté  avec  sa  maladie  et 
ienne  femme  méchante. 

Et.  —  Germ.  ;  aha.  hloz  ;  am.  Loos  ;  angl.  Lot,  — 
sort,  part,  lot.  (Litt.) 

Louàbre  (Chp.,  Sa.),  s.  f.  —  Grosse  motte, 
fortement  agglomérée.  ||  Syn.  de  Calot. 

Louâbrer  (Chp.),  v.  n.  —  Se  lever  devant 
le  soc  en  mottes  fortement  agglomérées,  en 
pari,  de  la  terre.  Syn.  de  Licher. 

Louâbreiix  (Chp.),  adj.  q.  —  Humide, 
tenace,  fortement  agglutiné,  en  pari,  du  sol. 
Syn.  de  Louâbru. 

Louâbrii  (Lg.),  adj.  q.  —  V.  Louâbreux. 

Louage  (Lg.),  s.  m.  —  Gage  que  touche  un 
domestique. 

Et.  —  L.  Locare  ;  proprement  :  placer,  de  : 
locus,  lieu. 

Louange  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Tenir  ou  tiendre 
des  grandes  louanges  de,  —  parler  en  termes 
élogieux  de,  vanter.  Syn.  de  Allouser.  Louer 
hautement  de,  se  louer  beaucoup  de. 

Et.  —  L.  Laudare  —  suffixe  :  ange  ;  d'un  lat. 
fictif  laudemia,  comme  vendange  représente  vin- 
dem  ia. 

Loue  (Lg.),  s.  m.  —  Loup.  Cf.  Troue,  Noue. 

Louche  (Lg.),  s.  f.  —  Langue  bien  pendue. 
Syn.  de  Fil,  Tapette,  Losse.  —  C'est  le  mot  fr. 
au  fig.  Il  ig*'  Z.  —  Ag.  Dicton  :  11  regarde  Saint- 
Serge  en  Reculée,  —  deux  points  opposés.  i| 
A  Mj.  on  dit  de  celui  qui  louche  :  11  regarde  le 
bon  Dieu  dans  eine  pertoire  ;  ou,  surtout  si 
les  yeux  sont  divergents  :  Il  a  ein  œil  qui  dit 
marde  à  l'autre. 

Loudier,  s.  m.  —  Rustre.  —  V.  Laudier. 
Hist.  : 

«  Voirs  est  dou  Mouton  fa-ge  un  priestre 

«  Et  un  abé  d'un  cornabus, 

«  D'un  mais  loudier  bien  un  rendus 

«  Et  un  evesque  d'un  guinau.  » 
(RoTHE,  p.  332.  Couronnement  de  Renart,  vers  3072.) 

Louer  (Mj.,  By.),  v.  a.  —  Donner,  ou  prendre 
à  bail,  il  Se  louer,  —  v.  réf.  —  Se  donner,  se 
transmettre,  être  contagieux,  en  pari,  d'une 
maladie.  «  La  péritonie,  ça  se  loue.  N.  — 
Erreur  répandue.  Cf.  se  Gagner. 

Louerie  (Mj.,  Lg.)),  s.  f.  —  Grande  quan- 
tité, grouillement,  fourmilière;  assemblage 
de  gens.  Ex.  :  Il  en  a  eine  louerie  de  pouées  !  » 

Et.  —  Ce  mot  dérive  du  fr.  Louer.  Dans  certains 
pays,  on  appelle  Louerie  une  foire  où  les  domes- 
tiques se  louent.  De  là  le  sens  figuré  indiqué  ci- 
dessus  et  qui  est  le  seul  que  le  mot  ait  dans  notre 
patois.  V.  Gagerie. 

Louette'  (Sa.),  s.  f.  —  Petit  insecte  jau- 
nâtre, de  la  forme  d'une  punaise,  gros  comme 
une  tête  d'épingle,  commun  dans  les  bois  et 


qui  s'introduit  sous  la  peau  de  l'homme  à  la 
manière  de  la  tique.  Les  biicherons  croient 
qu'à  la  longue  elle  engendre  le  cancer. 

Louette  ^  (Sa.),  s.  f.  —  Sorte  de  pioche 
appelée  à  Mj.  Juif.  Ce  dernier  mot  est  d'ail- 
leurs usité  à  Saint-Aug.  et  à  Champtocé. 

Louise  (Sp.,  By.),  s.  f.  —  Nom  commun. 
Œillet  de  poète.  Syn.  de  Jalousie.  Bat. 
Dianthus  barbatus. 

Louisct,  Louisot°  (Lg.),  s.  m.  —  Dim. 
famil.  du  prénom  Louis.  V.  Louison. 

Louisette(Mj.,  Lg.  By.),s.  f.  —  Dimin.  famil. 
du  prén.  Louise.  Syn.  de  Louison  ||  n.  c.  — ■ 
^'.  Mitrouillet. 

Louison  (Mj.,  Lg.,  By.),  s.  f.  —  Dimin. 
famil.  du  prén.  Louise.  Syn.  de  Louisette.  \\ 
By.  —  Et  de  Louis.  V.  Louiset. 

Loulou  (Do.,  Ag.,  Sp.,  Mj.,  By.),  s.  m.  — 
Pou.  Nom  enfantin.  Formé  par  la  répétition 
du  mot  Loup.  (Le  pou  est  com.  un  loup  dévo- 
rant.) Interpellation  caressante  à  l'adresse 
des  tout  petits.  Ex.  :  Pô  p'tit  loulou  !  (Rg.). 
Il  Cf.  Loup,  Grenadier,  Syn.  de  Pouée,  Poueil, 
Guin,  Groulaud. 

Loup  (Mj.),  s.  m.  —  Avoir  vu  le  loup,  — 
connaître  par  expérience  les  mystères  de  la 
vie,  en  parlant  des  jeunes  personnes  ;  ne  pas 
s'effrayer  facilement.  |!  Fig.  —  N'avoir 
jamais  vu  petit  loup,  —  se  dit  des  hâbleurs 
qui  se  plaisent  à  tout  exagérer.  !|  Fig.  —  Pou, 
terme  enfantin.  V.  Loulou.  I|  (By.,  Sp.).  —  Fig. 
Malandre,  défaut  dans  une  pièce  de  bois  ;  carie 
d'un  arbre  ;  plaie  suppurante  aux  jambes.  || 
Sp.  fig.  —  Faire  le  chien  et  le  loup,  —  mon- 
trer de  la  duplicité  ;  jouer  un  double  rôle  ; 
servir  deux  partis  ennemis,  ij  Enfermer  le 
loup  dans  le  bois,  —  guérir  superficiellement 
un  abcès  qui  devrait  suppurer.  ]|  Rimure.  \\ 
Cf.  l'angl.  Louse,  pou.  ||  Ssl.  —  S.  m.  Tine, 
tonneau  ouvert  d'un  bout  et  muni  de  deux 
anses  dans  lesquelles  on  passe  deux  perches 
pour  les  porter.  Syn.  de  Boyard  ou  Boillard.  \\ 
By.  —  Anneau  d'une  chaîne  retournée  et 
produisant  une  diminution  de  la  longueur 
normale  de  cette  chaîne. 

Loup-cuclie,  e  muet  (Lg.),  s.  m.  —  Jeu  de 
cache-cache.  Syn.  de  Loup,  Keule.  \\  By.  — 
Et  Loup-caché.' 

Loup-garou,  s,  m. 

N.  —  N'est  pas  :  lupus  varius,  comme  on 
l'explique  parfois.  Garou  est  l'ancien  saxon  Vere 
wolf,  littéralement  :  homme-loup,  comme  l'at- 
testent les  formes  Garwalf  et  Garwolf.  (G.deG. —  Y.) 

Loupier  (Mj.),  s.  m.  —  Louvetier.  Dér.  dir. 
du  mot  Loup.  Il  Sa.,  By.  —  Adj.  q.  et  s.  m. 
Lourdaud,  mastoc,  de  tournure  grossière  et 
peu  élégante.  Syn.  de  Loupra. 

Loupiot"  (Lg.),  s.  m.  —  Gamin.  Syn.  de 
Mousse,  Gosse,  Gonse,  Môme,  Queneau, 
Affiau,  Maininot. 

Loupra,  prat  (Z.  1.34,  Q.,  Mj.),  adj.  q.  invar. 
-—  Grossier,  en  pari,  des  choses.  Lourdaud, 
inélégant  en  pari,  des  personnes. 


526 


LOUPS  —   LUGET* 


Loups,  s.  m.  —  Les  vieux  ouvriers  des 
ardoisières  donnent  ce  nom  à  celui  qui  n'a  pas 
reçu  le  baptême  traditionnel  du  vin  blanc, 
qui  coulait  à  flots  dans  les  orgies  du  guê- 
trage.  (Mén.) 

Lourd  (Mj.),  adj.  q.  —  En  pari,  du  vin,  — 
qui  est  visqueux,  filant,  atteint  de  la  maladie 
de  la  graisse.  i|  Adv.  —  Tonner,  venter 
lourd,  —  tonner,  venter  fort.  H  Adj.  q.  De 
digestion  difficile,  en  pari,  d'un  mets.  || 
Le  notaire  a  la  main  lourde,  —  c.-à-d.  que  ses 
honoraires  sont  élevés. 

Et.  —  B.  L.  lurdus,  sale,  immonde  ;  du  lat. 
luridus,  jaunâtre,  livide.  Le  sens  d'immonde,  de 
pourrissant  est  une  altération  très  anc.  du  lat. 
luridus.  —  Du  sens  de  pourri,  lourd  est  passé  à 
celui  d'inerte  d'esprit,  pesant  d'esprit  ;  puis,  par 
une  singularité  très  grande,  du  sens  moral  au  sens 
physique  de  pesant. 

Lourdeiller,  v.  n.  —  C'est  marcher  comme 
un  mriuton,  en  s'arrètant  souvent.  (Mén.) 

Lourtol,  toit,  dois  (Segr.),  adj.  q.  — 
Lourdaud.  i|  Lourdois,  Langage  grossier  ou 
manière  grossière.  (L.  C.) 

Hist.  —  A  mon  lourdois,  —  naïvement,  sans 
chercher  finesse. 

Loutre  (Br.),  s.  f.  —  Loir.  La  loutre  s'ap- 
pelle Loir,  qui  est  du  fém.  «  La  loir  nous 
mange  tous  nos  poissons.  «  !|  By.  —  V. 
Loire. 

N.  Je  ne  comprends  plus.  Je  croyais  que  l'animal 
carnassier  aquatique  de  la  famille  des  Mustaliens 
qui  laisse  le  matin  des  restes  de  beaux  poissons 
sur  la  berge  (chantier)  avait  nom  ,  en  français, 
loutre,  et  que  le  nom  de  Loire  (louère),  qu'on  lui 
donne  à  la  campagne,  n'était  qu'une  signorise  — 
Nager,  pinger  (plonger)  comme  eine  Loire  —  ;  et 
que  le  petit  rongeur,  genre  écureuil,  hibernant, 
s'appelait  :  ein  loir  (du  lat.  Glis,  gliris),  quoique 
qqf.  on  s'oublie  à  prononcer  :  ein  loire.  Dormir 
comme  ein  loir  (By).  —  Il  y  a  en  effet  confusion, 
dans  le  langage  populaire  (A.  V.) 

Et.  —  LiTT.,  le  tire  du  1.  lutra.  —  Darm.  conteste  ; 
ce  mot  eut  donné  Leure.  —  Le  Berry  possède 
cette  forme  régul.  :  Leure,  et  Loure,  ce  qui  donnerait 
raison  à  Littré.  Nous  avons  aussi    Leure . 

Louve  (Mj.),  s.  f.  —  Fig.  —  Sorte  de  ver- 
veux  ou  d'ancreau  à  deux  ouvertures  et  à 
deux  gardes.  Syn.  de  Bourrache.  \\  By.  — 
Tambour  en  fil.  Le  même  appareil,  en  fil  de 
fer  greillagé  (en  mailles  de  fil  de  fer),  s'ap- 
pelle un  Tambour. 

L'quière,  s.  f.  Litière.  (Z.  134.  Q.)  —  Prov.  : 
«  A  fait  p't'être  ben  pu  de  fumier  qu'a  n'a 
dTquière  !  »  —  Elle  veut  se  faire  croire  plus_ 
riche  qu'elle  n'est  ;  elle  fait  plus  d'embarras 
qu'elle  n'a  d'argent.  V.  Letière. 

Luberder  (Lg.),  v.  a.  —  Déliter,  un  bloc  de 
pierre,  le  séparer  de  la  masse  sous-jacente  à 
la  carrière.  —  Etym.  Probablement  pour 
Liberder,  dér.  du  vx  fr.  Libe.  Cf.  Libages. 

Lubrine  (Sa.,  By.),  s.  f.  —  Truie  portière. 
Syn.  de  Trie  gouroniiièrc,  Libane.  |j  Salope,  — 
en  pari,  d'une  femme.  N.  J'ai  entendu  ce  mot 
occasionnellement  à  Mj.,  où  il  est  rare  et  sans 
doute  vieilli. 


N.  —  «  Lubin.  Truie  maigre  qui  a  eu  des  petits  ; 
eine  mère  lubin.  —  Lubre,  pesant,  lourd,  mal- 
propre (DoTT.).  —  De  Mont,  donne  ces  derniers' 
sens. 

Il  By.  —  Trée,  coche,  gorine.  —  J'aime 
ben  ein  morceau  de  lard,  mais  il  faut  que  ça 
vienne  d'ein  gorin  de  six-vingts,  à  six-vingt 
dix,  au  plus.  Mais  si  ça  venait  d'eine  grande 
lubrine  de  3,  4  ans,  dame  !  je  ne  peux  pas  le 
manger,  ça  me  dégoûte,  avec  son  gras  tout 
grumeleux. 

Luc.  —  «  A  revoir,  Luc  !  »  —  Se  dit  au  jeu 
de  boules,  quand  une  boule  est  lancée  trop 
fort.  (Pc.  La  Paix.) 

Lucarne  (By.),  s.  f.  —  Chapeau  de  dame.  — 
«  Prends  jamais  la  lucarne,  ma  chère,  ça 
vous  fout  des  mais  de  tête.  »  Syn.  CastroUe. 

Luce  (Mj.),  s.  f.  —  Sorte  d'osier  qui  pousse 
dans  les  luceties. 

Lucet'  lueète  (Mj.),  v  Lusset,  s.  m.  ||  Petite 
porte  légère  et  basse  fermant  une  cour.  || 
Partie  inférieure  d'une  porte  brisée.  ||  Bouti- 
que à  poisson  établie  transversalement  à 
l'arrière  et  à  l'intérieur  d'un  futrau. 

]|  By.  —  On  dit  un  Clan,  qu'on  prononce  qqf. 
Clan,  petite  porte,  ou  demi  porte,  fermant  au 
loquet,  devant  une  porte  d'habitation  —  fermant 
une  cour  —  On  dit  :  une  Côme.  boutique  à  poisson 
établie  rers  l'arrière  et  à  l'intérieur  d'une  galiote 
de  pêcheur  à  la  ligne.  —  Il  ne  peut  pas  être  installé 
de  côme  dans  un  fûtreau  ni  dans  une  galiote  de 
pêcheur  de  profession.  —  N.  On  voit  que  j'accueille 
toutes  les  explications ,  même  contradictoires. 
D'ailleurs,  les  usages  ne  sont  pas  partout  les  mêmes, 
et  le  sens  des  mots  varie  suivant  les  régions. 
(A.  V.  )  Je  maintiens.  (R.  O  ) 

Etym.  —  1°  «  Je  crois  que,  malgré  la  différence- 
apparente  des  significations,  il  n'y  a  là  qu'un  seul 
et  même  mot  et  que  ce  mot,  qui  serait  pour  le 
Ucet  (cf.  Labbé,  Lierre)  est  l'angl.  Wicket,  et  le 
franc.  Guichet.  Il  faut  remarquer  que  le  fond  d'une 
boutique  à  poissons,  percé  de  nombreux  trous, 
ressemble  à  un  Guichet  et  qu'on  a  pu  confondre 
une  porte  légère  avec  la  palette  ou  planchette 
d'un  guichet.  «  (R.  O.)  —  2°  Je  demande  la  per- 
mission de  le  tirer  de  Huis,  porte  ;  huisset,  petite 
porte,  husset  :  lucet,  le  lucet.  Toujours  la  soudure 
de  l'article.  (  A.  V.  ) 

Etym.  et  Hist.  —  «  Heket.  Porte  de  basse-cour 
(1367).  Le  suppliant  estoit  à  son  huis,  appoié  sur 
son  hec,  qui  fait  aussi  que  demi-clôture  d"un  huis.  » 
—  «  Ils  allèrent  ensemble  heurter  au  hec  de  l'huis 
de  l'hôtel  dudit  Obery,  duquel  hec  ils  rompirent 
un  ais  ou  deux.  »  (1400.  Du  Gaî.-ge.)  —  «  Huisset. 
Petit  huis.  «  Par  une  petite  entrée  ainsy  com.  par  " 
ung  petit  huisset.    »  (La  Curxe,  v»  Huisset.)  — 
«  Contre-hus.   «  (Littké,  Suppl.)  En  Normandie,, 
partie  d'une  porte  coupée  en  deux,  le  haut  pouvanti 
s'ouvrir,  tandis  que  le  bas  reste  fermé  ;  le  con«re-| 
hus  se  rencontre  à  l'entrée  des  boutiques,  et  le  hec\ 
à  celle  des  maisons  de  fermiers.  Contre  et  huis.  — | 
Contru.  Le  bas  de  la  porte,  dans  les  portes  s'ouvrantj 
en  deux  parties,  celle  d'en  haut,  celle  d'en  bas. 
(DoTTiN   :   Moitié  de  porte  adossée  à  une  portej 
entière,  à  l'extérieur  d'une  maison  de  ferme. 
Contra  ustium.)  —  N.  Se  rappeler  que  l'h  de  huis-j 
sier  n'est  pas  aspirée  dans  notre  patois  ;  on  dit 
Ij'hussier. 

N.  ^  Cependant  à  Mj.  l'h  de  huissier  est  toujours 
aspiré.  Se  trouve  dans  de  nombreux  noms  de  lieux  : 


LUGETTE  —  LUNE 


527 


L'Huis  Morin,  l'Huis  Picard.  —  Huisseau,  l'Hus- 
seau,  Ussiau.  —  Huisset. 

—  «  Quand  li  dus  vit  cloure  l'uisset.   » 
(Fabliau   de   la   Châtelaine   de   Vergy,   v.    477, 

Jaubert.) 

N.  —  Huis  rime  à  Benedicamus  ;  donc  il  était 
prononcé  Hus  : 

—  Puis   li   a   dit,   levez-vos   en 

Et  si  allez  fermer  ce  huis. 
Je  dirai  Benedicamus. 

Renan,  21.371. 

—  «  Au  sépulchre  qui  estoit  en  la  dicte  chapelle 
y  avoit  des  huissetz  jusques  au  nombre  de  quatre, 
fermans  l'un  sur  l'autre  à  double  joinct  et  demy 
rond  par  le  hault...,  lesquels  huissets  ont  été 
arrompus,  brisez  et  effroignez  en  plusieurs  en- 
droictz.  »  (Procès-verbal  dressé  à  la  requête  du 
chapitre  de  la  cathédrale  du  Mans,  après  le  pillage 
de  1562,  dont  les  Huguenots  se  rendirent  coupables. 
—  Cité  par  Chardon  :  Le  sépulcre  de  la  cathé- 
drale du  Mans  et  les  Iconoclastes.  Le  Mans,  Mon- 
noyer  1869.  —  Communiqué  par  M.  R.  de  la  P.) 

—  Dans  le  pat.  lorrain,  une  porte  s'appelle  : 
une  huss  ou  une  heuss  et  on  dit  :  Thuss  ou  l'heuss 
(ancien  mot  :  huis).  Rien  d'étonnant  alors  qu'une 
petite  porte  devienne  :  heussette  ou  hussette  : 
mais,  s'il  en  est  ainsi  ,  on  devrait  écrire  :  l'hussette, 
avec  la  même  prononciation  que  dans  :  l'huissier. 
Les  deux  mots  ont  du  reste  la  même  étymologie. 
(M.  J.  F.,  notaire  à  Angers.) 

Lucette  (Mj.),  s.  f.  —  Taillis  d'osier,  dont, 
dans  le  Maine-et-Loire  tout  au  moins,  les 
bords  de  la  Loire  sont  garnis  à  peu  près 
partout,  et  souvent  sur  une  largeur  assez 
grande.  Ces  plantations  ont  pour  but  de 
consolider  les  berges  et  de  les  garantir  des 
aiïouillements.  |1  Sorte  d'osier  commune  dans 
les  luceltes.  Syn.  de  Luce.  V.  Luisette. 

Et.  —  J'ai  vu  ce  mot  écrit  parfois  Luisette.  Je 
l'écris  com.  il  se  prononce  à  Mj.  —  Luce  et  son 
diminutif  Lucette,  viendraient-ils  du  lat.  Lucus.  bois 
sacré  ;  bien  que  Luce  désigne  seulement  l'osier  lui- 
même?  Toutefois  l'angl.  Wicket  siernifie  :  d'osier. 
Cela  indique  que  Lucette  est  pour  La  Ucette.  Cf. 
Lucet  (R.  O.).  —  Je  le  tirerai  moi,  du  v.  lat. 
lucere,  briller,  à  cause  du  reflet  luisant  des  feuilles. 
V.  Luisette  (A.  V.)  —  Hist.  «  De  canaux. . .  bordés 
de  frênes,  de  saules  et  de  luisettes.  »  (Anj.  Hist., 
2»  an.,  n"  3,  577,  15.)  —  «  Le  long  de  la  lauset. 
{Mireille,  254,2.),  le  1.  de  la  grève.  C.  Pokt  propo- 
sait :  diminutif  de  Lices  (barrières,  garrage). 
Mais  il  ajoutait  :  à  vue  de  nez,  —  avec  raison. 

Liicit'ur  (Mj.),  s.  m.  —  Lucifer,  j;  Fig. 
Enfant  turbulent.  Syn.  de  Jupiter,  Lion. 

Luisette,  s.  f.  —  Pour  :  Osier,  petite  Louise 
(?)  Mén.  —  Employé  par  M.  R.  Bazin, 
Angers  et  V  Anjou,  p.  3.  —  V.  Lucette.  \\  By.  — 
Prononcez  Luzettes,  arbrisseau  de  la  famille 
des  Salicinées,  n'est  pas  employé  comme  osier 
lequel,  dans  ses  variétés,  est  aussi  une  sali- 
cinée.  Les  luisettes  garnissent  abondamment 
les  rives  de  la  Loire.  Sur  la  Sarlhe,  on  en 
fait  des  haies  dans  les  prairies.  Il  y  a  75  ou 
80  ans,  à  Angers,  entre  la  rue  Boisnet  et 
la  rivière,  les  petites  îles  découpées  par  plu- 
sieurs bras  plus  ou  moins  marécageux  de  la 
Maine,  en  étaient  couvertes,  d'où  le  nom  de 
Quartier  des  Luisettes  donné  encore  à  celte 
partie  de  la  ville. 


Et.  —  De  Luire,  feuillage  luisant.  (Dakm.)  C'est 
la  véritable. 

Luizarne  (Lue.,  By.),  s.  f.  —  Luzerne. 

Et.  —  Emprunté  au  provenç.  moderne  Luzerno, 
même  sens,  dont  le  rapport  avec  luzerno,  ver  lui- 
sant (lat.  Lucerna),  est  inexpliqué.  P.-ê.  à  rap- 
proclier  de  Luisette.  —  Bat.  Medicago  sativa. 

Liilii  (By.),  s.  f.  —  Alouette  huppée,  ainsi 
nommée  à  cause  de  son  chant. 

Luiiia  (Mj.,  Sal.),  s.  m.  —  Limaçon.  Ex.  : 
—   «  Nicolas  Bajas  avait  eine  épée  ; 

«  Y  avait  ben  dix  ans  qu'il  l'avait  tirée, 
«  Lorsque,  le  jour  de  la  Saint-Nicolas, 
«  Il  la  tira  sur  de  petits  lumas  : 
«  Les  petits  lumas  tirèrent  leurs  cornes  ; 
«  Nicolas  Bajas  recula  d'un  pas.  » 

(Chanson  enfantine.) 
\\  By.  —  Prononc.  Lumâ.  J'écrirais  : 
lumas,  pour  limaçon  —  et  :  Bourbillon  de 
panaris  ou  de  furoncle.  Aller  comme  un 
lumas.  —  Aie  pas  peur,  va,  ton  clou  est  guéri, 
le  lumas  est  sorti.  ||  Toutoute.  «  Corne  de  fer 
blanc,  et  lumat,  coquille  de  strombe  perforée 
au  sommet,  dont  le  :  tou,  tou,  tou  accompa- 
gnait, matin  et  soir,  la  marche  des  métiviers.  » 
[La  Trad.,  p.  80,  1.  21).  ||  Sp.  —  Espèce  de 
panaris.  ||  Bourbillon,  —  Ital. ,  Lumaca.  V. 
Liimac.  Syn.  de  Limas. 

Luinacf'  (Mj.),  s.  m.  —  Limaçon.   «   Aller 

comme  ein  lumac  sus  la  cendre.  —  marcher 

très    lentement.    Syn.  Limas,  Coquet.    \\    Sp. 

Fig.    —   Espèce   de    panaris,    ou  plutôt  le 

bourbillon  qu'il  renferme.  —  Ital.  Lumaca. 

Hist.  —  «  Quaresmeprenant. . .  a. ..  les  intelli- 
gences, comme  limaz  sortant  des  fraizes.  »  (Rab., 
P.,  IV,  30.) 

Liiiiielie  (^ly.),  s.  f.  —  Lame  de  couteau. 
C'est  le  franc.  Alumelle. 

Liiméro  (Mj.,  By.),  s.  m.  —  Numéro.  V. 
Liméro.  Cf.  Calonner,  pour  canon ner. 

Luminaire  (Segr.),  s.  m.  —  Enlever  son 
luminaire,  ou  humeur  chassieuse  (Mén.) 

Luiiiination  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Illumination. 

Luminer  (Mj.),  v.  a.  —  Illuminer.  —  Ce 
n'est  pas  un  dér.  direct  du  lat.  Lumen,  mais 
une  corr.  du  mot  fr. 

Lundi.  \'.  Mardi.  \\  Sp.  —  Cigale.  Syn.  de 
de  Midi. 

Lune  (Mj.,  Lg.),  s.  f. —  Faire  lune,  —  s'ar- 
rêter dans  une  position  d'équilibre  presque 
irréalisable.  —  Sens  contraire  ci-dessous, 
cependant. 

Il  Lg.  —  Liaie  tendre,  /.  dure  —  premier, 
dernier  quartier  de  la  lune.  Vieux. 

Il  Sp.  —  Faire  lune,  —  passer  comme  un 
tourbillon,  brûler  le  pavé.  ||  V.  Leune.  \\ 
Mj,  Donner  des  coups  de  pied  dans  la  lune, 
—  faire  des  pataquès,  des  fautes  grossières 
de  franc.,  en  voulant  affecter  de  bien  parler, 
Il  Faire  voir  la  lune,  —  montrer  son  derrière  : 
«  Veux-tu    voir   la   lune, 

«  Mon  gas, 
«  Veux-tu    voir    la    lune? 
«  Si  tu  nTas  pas  vue, 

«  La  voilà...    »  (Chanson.) 


528 


LUNE  —  L'Z 


Il  Vin  de  lune  ;  fait  avec  du  raisin  volé  la 
nuit.  Cf.  Mireille,  172,  4  (Ainsi  eux  deux 
semaient  à  la  brune,  leur  blé,  leur  joli  blé  de 
lune  : 

—  ...  Soun  poulit  blad  de  luno. 
(Commerce  amoureux). 

Luné  (Mj.,  By.),  adj.  q.  —  Disposé.  Se  dit 
dans  :  Bien  ou  mal  luné.  —  de  bonne  ou  de 
mauvaise  humeur. 

N.  —  En  fr.,  on  emploie  lune  dans  le  sens  de 
caprice. 

Et.  —  De  :  lune,  évidemment,  à  cause  des 
phases  et  des  variations  de  cet  astre.  Cf.  Luna- 
tique. Toutefois  l'ail,  a  Laune  =  caprice. 

Luneau  (Lg.),  s.  m.  —  Nom  que  l'on  donne 
fréquemment  à  un  bœuf  orné  d'une  lune  à  la 
frontière.  V.  Lunereau. 

Lunereau  (Sp.),  s.  m.  —  Petite  lune  au 
front  d'un  cheval,  d'une  bête  bovine  :  V. 
Luneau. 

N.  —  Lorsque  la  lune  se  trouve  au  voisinage 
d'une  planète  ou  d'une  grosse  étoile,  on  fait  ac- 
croire aux  gens  simples  que  la  lune  a  fait  un  petit 
lunereau. 

Lunier.  —  V.  Luné  ;  de  caractère  fantasque. 

—  «  L'homme  par  trop  lunier 

«  Du  fruit  ne  remplit  pas  son  grenier.  » 

(Il  ne  faut  pas  trop  se  fier  à  la  lune.)  Mén. 
Syn.  de  Journalier. 

LunoD,  s.  m.  —  Nom  vulg.  de  l'asphodèle. 
Syn.  Alets,  Jalets,  Pirotes. 

Lunot  (Li.,  Br.),  s.  m.  —  Un  linot.  i]  By.  — 
Luneau,  pour  Linot  (et  même  Lénéau), 
lunotte,  petite  tête  folle.  Prononcé  qqf. 
Lénotte. 

Lunotte,  s.  f.  —  Pour  :  linotte  (By.). 

Lurelure  (à)  (Mj.,  By.),  loc.  adv.  —  Au  jugé 
et  à  peu  près.  Ex.  :  J'ai  mis  ça  à  lurelure.  — 
Cf.  Lure,  Jaub.  supp.  Dér.  de  Lurer.  ^  Sal.  — 
Sans  application.  «  Fait  à  lure-lure,  comme 
le  bon  Dieu  fait  les  bossus.  »  Syn.  A  vue  de 
nez.    j 

Lurer  (Mj.),  v.  n.  —  Pêcher  à  la  main  et  à 
tâtons  le  poisson  qui  s'est  tapi  dans  les  trous 
de  la  rive.  Syn.  Crôner,  Gouéner.  De  là  l'ex- 
près. :  Alure-îure,  sans  doute?  V.  Barraquine. 

Et.  —  Est  pour  Leurer  :  prendre  le  poisson  à 
la  manière  de  la  heure,  Loire  ou  Loutre. 

Lurette  (Sa.),  s.  f.  —  S'emploie  dans  la  loc.  : 
Faire  voir  lurette,  —  f.  v.  qqch.  d'inattendu, 
jouer  un  tour  qcque.  —  Même  sens  que  : 
Faire  voir  le  tour  de  la  bique  à  Gautier,  il 
Sal.  —  Il  y  a  heWe-lurette  (beau  temps,  long- 
temps) que  c'est  fait  ! 

Lusette,  s.  f.  —  Nom  vulg.  du  saule  (Mén.) 
Ij  By.  —  Pour  Luisette  ;  mais  non  pour  saule. 

Lusset',  s.  m.  —  Petite  porte.  V.  Lucet. 
Et.  —  Je  maintiens  ce  que  j'ai  dit  à  Lucet,  pris 


dans  le  sens  de  Boutique  à  poisson.  Mais  Lusset, 
petite  porte,  est  un  mot  différent  ;  il  est  pour  Le 
Usset,  ou  Le  Huisset,  du  lat.  Ostium  ;  fr.  Huis.  — 
V.  Jaub.,  Suppl.  aux  deux  mots  cités.  (R.  0.) 

Lustre  (Mj.,  By.),  s,  m.  —  Lustre,  éclat. 
S'emploie  dans  la  loc.  ironique  :  Relever  d'ein 
beau  lustre,  —  avoir  bonne  mine.  Ex.  :  Ils 
étaient  guénés  d'ein  bout  à  l'autre  ;  je  vous 
promets  qu'ils  relevaient  d'un  beau  lustre. 

Et.  —  L.  Lustrare  ;  purifier,  nettoyer. 

Lutois  (Sa.),  s.  m.  —  Ne  s'emploie  que 
dans  la  loc.  Terre  de  lutois,  —  sorte  de  terre 
argileuse,  tenace  et  coulant  à  la  gelée.  C'est 
ce  qu'on  appelle  à  Sp.  :  Terre  boutasse,  et  la 
même  dont  on  dit  à  Mj.  qu'elle  brèche. 
Et.  —  Lat.  Lutum  ;  terre  servant  à  luter. 
Hist.  —  «  Comme  le  lut  qu'ung  potier 

«  Torne  à  quanque  est  de  son  meslier.  » 

L.   C. 

Luzarne  (Mj.,  By.),  s.  f.  —  Luzerne. 

Luzeau  (Sp.,  By.),  s.  m.  —  Petite  légumi- 
neuse  à  tige  grêle  et  carrée,  à  rac.  tubé- 
reuse, portant  des  feuilles  semi-ovales  oppo- 
sées, de  l'aisselle  desquelles  sort  une  vrille. 
Les  fleurs,  roses,  sont  très  odorantes,  et  toute 
la  plante  est  d'un  vert  glauque.  C'est  une 
mauvaise  herbe  dont  les  graines  se  retrouvent 
mêlées  à  celles  du  blé.  Syn.  de  Pois-lièvre,  et 
Jôgnerotte.  Ce  mot  est  de  la  famille  du  fr. 
Luzerne.  |1  V.  Jarzeau.  \\  Li.,  Br.  —  Res- 
semble à  la  verveine.  ||  Bat.  Lathyrus  tube- 
rosus.  cf.  Liseau  (Jaub.) 

Luzet  (Mj.),  s.  m.  —  Petit  Jarzeau.  Même 
racine  que  le  fr.  Luzerne.  |i  By.  —  Prononcez 
Luizet  (luizé). 

Luzette  (Lg.),  s.  f.  —  V.  Luzeau.  On  l'ap- 
pelle aussi  :  Petit  Jarzeau.  Syn.  et  d.  de  Luzet. 

Lyre  (Sp.),  s.  f.  —  Dispositif  ingénieux 
employé  pour  permettre  à  un  liquide  de  sortir 
d'une  bouteille  en  filet  mince  et  régulier,  et 
pour  éviter  les  glouglous.  A  cet  effet,  le  bou- 
chon est  percé  de  deux  trous,  dans  lesquels  on 
fixe  deux  tuyaux  de  plumes  d'oie,  s'ouvrant 
l'un  et  l'autre  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur  de 
la  bouteille.  Mais  un  de  ces  ajutages  dépasse 
de  huit  à  dix  centimètres  la  face  interne  du 
bouchon,  et  n'a  pas  de  saillie  sur  la  face 
externe,  tandis  que  l'autre  est  disposé  d'une 
façon  exactement  contraire.  Si  l'on  incline  la 
bouteille  pleine,  le  liquide  sort  en  veine  con- 
tinue par  ce  dernier  tuyau,  tandis  que  l'air 
rentre  par  le  premier.  On  se  sert  de  cet  appa- 
reil pour  boire  à  la  régalade,  sans  toucher  des 
lèvres  le  goulot  ni  même  le  tuyau,  le  liquide 
étant  versé  directement  au  fond  du  gosier.  — 
Et.  —  Ail.  Leere,  vide.  —  V.  Lire. 

L'z.  —  Pour  :  Les.  «  Tu  vas  vanquiers  Vz 
apercevoir  ;  L'z  uns  après  l'z  autres.  By. 


¥JN    DU    TOME    PREMIER 


TABLE  DES  MATIERES 


Pages 
Vive  l'Anjou  !  Polka  chantée. 

Avant-propos ix 

Mes  correspondants  (A.  J.  V.) xvni 

Mes  sources  (R.  Onillon), xix 

Expressions  techniques xxiv 

Auteurs  et  ouvrages  cités xxv 

Noms  de  lieux  cités  dans  le  Glossaire xxvii 

Abréviations  grammaticales,  historiques,  géographiques,  etc xxx 

Direction  des  vents  en  Anjou.  Figure  et  texte xxxi 

Carte  du  département  de  Maine-et-Loire. 


Angers,  imp.  Germain  et  <i.  Grassiii.  —  5-8 


2r- 


,P^  V 


PC 
2956 

t.l 


Verrier,  A.  J. 

Glossaire  étymologique 
et  historique  des  patois  et 
des  parler s 


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